:
Monsieur le Président, je tiens d'abord à souligner que nous nous trouvons, comme c'est le cas tous les jours à la Chambre, sur les terres ancestrales du peuple algonquin.
[Français]
En septembre dernier, aux Nations unies, j'ai pris la parole devant les délégations des quatre coins du monde. Je leur ai fait part des dures vérités au sujet de la relation longue et complexe qu'entretient le Canada avec les Premières Nations, les Inuits et la nation métisse. J'ai parlé de l'approche coloniale qui a mené à la Loi sur les Indiens, une loi discriminatoire et paternaliste.
[Traduction]
Il s'agissait d'une approche colonialiste qui a systématiquement ignoré l'histoire de la nation métisse, qui a privé son peuple de ses droits et qui, au nom de la souveraineté canadienne, a forcé la réinstallation de communautés inuites entières, faisant mourir des gens de faim, déracinant des familles et causant des préjudices à des générations entières.
[Français]
Les événements dont j'ai parlé sont, j'en suis convaincu, bien connus de tous les députés de cette Chambre, mais ce qui est remarquable, c'est à quel point ces événements tragiques sont aussi bien connus des Canadiens.
[Traduction]
Je viens de terminer une série d'assemblées publiques aux quatre coins du pays. Où que je sois allé, il y avait au moins une personne qui voulait savoir ce que le gouvernement fait pour contrer le racisme, pour favoriser la réconciliation et pour améliorer la qualité de vie des Autochtones. On m'a posé des questions au sujet des droits de pêche, des revendications territoriales et de l'approbation des pipelines, mais également au sujet de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, de l'eau potable et du nombre alarmant d'enfants autochtones qui vivent en foyer d'accueil.
Il s'agissait de questions pertinentes, et il était très évident que, chaque fois qu'on les posait, les gens dans la salle tendaient l'oreille pour entendre la réponse. Pour ces gens, c'était notamment une façon de manifester leur appui envers les personnes qui prenaient la parole pour poser des questions difficiles, mais c'était aussi un signe que les Canadiens veulent obtenir des réponses à ces questions, des questions qui touchent à l'essence même de notre identité et au genre de pays où nous souhaitons vivre.
On nous a notamment posé la question suivante: que fait le gouvernement pour reconnaître et respecter les droits des Autochtones? Les questions de ce genre se sont faites plus insistantes et elles ont été plus fréquentes depuis quelques jours, car de plus en plus de Canadiens se rendent compte qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire reculer le racisme systémique dont sont concrètement victimes de nombreux Autochtones et pour rassurer les nombreuses personnes qui craignent que le Canada et les institutions canadiennes ne soient jamais justes et équitables envers les Autochtones et que la véritable réconciliation à laquelle ceux-ci ont droit ne se réalise jamais.
Il y a des raisons d'espérer. Hier, j'ai eu l'honneur de m'entretenir avec les membres de la famille de Colten Boushie: sa mère, Debbie, sa cousine, Jade, et son oncle, Alvin. Malgré leur deuil, leur colère et leur frustration, ils ne pensaient pas à eux-mêmes et à la tragédie qu'ils viennent de vivre, mais plutôt aux moyens d'unir nos efforts pour améliorer le système et nos institutions de façon à mieux servir les intérêts des jeunes Autochtones, des familles autochtones et de l'ensemble des Canadiens.
Nous avons le devoir d'améliorer les choses, de nous améliorer nous-mêmes et de faire de notre mieux pour qu'aucune autre famille n'ait à vivre ce que celle-ci a vécu.
Il est urgent de réformer le système de justice pénale, mais ce n'est pas la seule chose qui a besoin d'être revue. De telles réformes s'imposent parce qu'il faut notamment que les Autochtones retrouvent confiance dans les institutions qui, trop souvent, les ont mal servis. C'est pourquoi nous mettrons en oeuvre de vastes mesures concrètes de réforme du système de justice pénale, notamment en ce qui concerne la sélection des jurés.
[Français]
Il est évident que les peuples autochtones et tous les Canadiens savent qu'il est temps, plus que jamais de faire un changement.
En même temps, certains voient les engagements ambitieux de notre gouvernement avec une certaine méfiance. Si on considère la façon dont les choses ont été gérées par le passé, il est difficile de dire honnêtement que cette méfiance n'est pas justifiée.
Après tout, ce n'est pas comme si nous étions le premier gouvernement à reconnaître le besoin d'apporter des changements et à promettre que nous ferions les choses différemment.
Plus de 20 ans se sont écoulés depuis que la Commission royale sur les peuples autochtones a réclamé la reconnaissance des peuples autochtones comme nations se gouvernant elles-mêmes et occupant une place unique au pays. Plus de 30 ans se sont écoulés depuis le rapport Penner et les conférences des premiers ministres sur les droits des peuples autochtones.
[Traduction]
L'année dernière a marqué le 35e anniversaire de la reconnaissance et de l'affirmation des droits ancestraux et issus de traités en vertu de l'article 35 de la Loi constitutionnelle. Le gouvernement alors au pouvoir, dirigé par mon père, n'avait pas eu initialement l'intention d'inclure ces droits dans la Loi. C'est le militantisme revendicateur des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis, appuyés par les Canadiens non autochtones, qui ont forcé le gouvernement à le faire.
Imaginons ce qu'ont dû ressentir ces personnes qui avaient lutté si longtemps et si âprement contre le colonialisme, elles qui avaient mobilisé leur communauté, tendu la main aux Canadiens et embarqué à bord du Constitution express, quand elles se sont finalement senties reconnues et incluses et quand elles ont vu leurs droits inscrits et protégés dans le document fondamental sur lequel la démocratie canadienne repose.
Imaginons maintenant la déception croissante, la peine beaucoup trop familière, mais empreinte de résignation, et la colère grandissante que ces personnes ont ressenties quand les gouvernements qui leur avaient promis monts et merveilles ont fait si peu pour tenir parole.
Le problème d'alors existe encore aujourd'hui: même si l'article 35 reconnaît et affirme les droits ancestraux et issus de traités, ces droits n'ont pas été mis en oeuvre par les gouvernements du pays. La mise en application de l'article 35 était censée se faire en collaboration avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Or, bien que certains progrès aient été réalisés, ils n'ont pas été soutenus ni importants. Par conséquent, les tribunaux ont trop souvent été tenus de réparer les pots cassés et de combler les lacunes. Plus précisément, au lieu de tout simplement voir leurs droits ancestraux reconnus et affirmés, comme on le leur avait promis, les Autochtones ont été forcés de prouver encore et toujours, à coups de contestations judiciaires coûteuses et interminables, que leurs droits existent bel et bien et qu'ils doivent être reconnus et mis en oeuvre.
[Français]
Les peuples autochtones, comme tous les Canadiens, savent que cela doit changer et nous le savons aussi. C'est donc pourquoi nous travaillons fort depuis deux ans pour renouveler la relation que nous entretenons avec des peuples autochtones, une relation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat. Nous sommes sur la bonne voie.
[Traduction]
Nous avons endossé sans réserve la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et nous nous sommes engagés à la mettre en oeuvre intégralement, notamment en appuyant le projet de loi .
Nous avons entrepris de nouvelles négociations sur la reconnaissance des droits et l'autodétermination, dans lesquelles le gouvernement et les peuples autochtones se concertent au sujet des priorités que les partenaires autochtones disent nécessaires à l'avancement de leur vision de l'autodétermination.
Nous avons signé avec les Premières Nations, les Inuits et la Nation des Métis des ententes indiquant comment nous allons ensemble déterminer les priorités propres à chaque communauté et comment, ensemble, nous allons élaborer des solutions.
Nous avons créé un groupe de travail composé de ministres pour revoir les lois, politiques et pratiques opérationnelles fédérales pour nous assurer que la Couronne remplit ses obligations selon la Constitution et adhère aux normes internationales en matière de droits de la personne, y compris la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Afin d'orienter le travail consistant à décoloniser les lois et les politiques canadiennes, nous avons adopté des principes concernant la relation du Canada avec les peuples autochtones.
[Français]
Pour préserver, protéger et revitaliser les langues autochtones, nous travaillons avec des partenaires autochtones pour élaborer, de façon conjointe, une loi sur langues des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Nous avons apporté des changements en vue de reconnaître les droits autochtones et les connaissances traditionnelles en plus d'inclure davantage les peuples autochtones, lorsqu'il y a des développements dans leurs communautés.
[Traduction]
Ces mesures sont certes importantes, mais ce n’est qu’un début. Afin de renouveler vraiment la relation qui unit le Canada et les peuples autochtones, pas seulement dans l’immédiat, mais pour les 150 prochaines années et au-delà, il faut une approche globale qui a une vaste portée. Il faut un revirement à l’échelle du gouvernement. Il faut à la fois reconnaître et mettre en oeuvre les droits des Autochtones, parce qu’en réalité, tant que nous ne le ferons pas, les résultats concrets auxquels tout le monde tient ne seront pas durables.
Les peuples autochtones du Canada doivent pouvoir consommer sans risque l’eau qui sort de leur robinet. Les Autochtones doivent pouvoir aller se coucher dans des maisons sécuritaires qui ne sont pas surpeuplées. Les enfants autochtones doivent pouvoir rester dans leur famille et avec leur collectivité où ils sont aimés. Les jeunes Autochtones doivent pouvoir grandir à l’abri des facteurs qui les placent à risque de suicide comme la pauvreté, les mauvais traitements et le manque d’accès à l’éducation et aux soins de santé.
Toutes ces choses exigent des mesures concrètes et constructives qui vont dans le sens de la pleine reconnaissance et de la mise en oeuvre des droits autochtones. Il faut que les peuples autochtones du Canada puissent vivre en contrôle de leur destinée et décider de leur avenir.
Aujourd'hui, je suis heureux d'annoncer que le gouvernement élaborera, en plein partenariat avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis, un nouveau cadre de reconnaissance et de mise en oeuvre des droits autochtones. Il s'agira entre autres d'adopter de nouvelles lois en la matière. À l'avenir, la reconnaissance des droits guidera toutes les interactions du gouvernement avec les peuples autochtones. Le contenu du cadre que nous élaborerons ensemble sera déterminé à l'aide d'un processus national de mobilisation, qui sera piloté par la , avec l'appui de la .
[Français]
Plus tôt, j'ai cité de nombreux rapports ainsi que plusieurs études et consultations passées. Je comprends que certaines personnes verront toute consultation future comme étant une autre étape visant à ralentir la lutte pour l'autodétermination des peuples autochtones. Soyons clairs: aussi responsable, bien intentionnée ou réfléchie soit-elle, une solution proposée qui ne vient que d'Ottawa ne servira pas à grand-chose.
Nous comprenons que les peuples autochtones ont hâte d'amorcer eux-mêmes le travail considérable de rebâtir leurs nations et leurs institutions. En tant que gouvernement, notre travail consiste à appuyer, à accompagner les Premières Nations, les Inuits et les Métis et à travailler en partenariat avec eux pour établir le cadre et leur donner les outils dont ils ont besoin à mesure qu'ils tracent leur chemin, ensemble avec tous les Canadiens.
[Traduction]
Nous consulterons également les provinces et les territoires, les Canadiens non autochtones, les représentants de la société civile, du secteur privé et du milieu des affaires, et la population en général, parce qu'il est dans l'intérêt de tous les Canadiens que nous fassions bien les choses. Ces discussions permettront de définir le cadre qui sera mis en place. Nous croyons cependant que, comme point de départ, il devrait comprendre de nouvelles lois et politiques qui établiront la reconnaissance et la mise en oeuvre des droits comme la base de toutes les relations entre les peuples autochtones et le gouvernement fédéral à l'avenir.
Ce cadre nous donne l'occasion de créer de nouveaux mécanismes pour reconnaître les gouvernements autochtones et garantir la mise en oeuvre rigoureuse, complète et sérieuse des traités et des autres ententes. Grâce à ce cadre, nous avons la chance de mettre au point de nouveaux outils pour appuyer la reconstruction des communautés, nations et gouvernements autochtones et faire avancer l'autodétermination, y compris le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale.
Ce cadre permettrait d'établir de nouvelles façons de régler des différends de sorte que la collaboration devienne la nouvelle norme et le conflit, l'exception plutôt que la règle. En prévoyant des outils qui obligent le gouvernement fédéral à être plus transparent et plus responsable, nous pourrons accroître la confiance entre les peuples autochtones et le gouvernement.
[Français]
Enfin, grâce à ce nouveau cadre, nous pourrons mieux aligner les lois et les politiques canadiennes sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, que le gouvernement soutient sans réserve.
Nous croyons qu'un cadre comportant des mesures comme celles-là donnera enfin suite à bon nombre des recommandations formulées par la Commission royale sur les peuples autochtones et par la Commission de vérité et de réconciliation du Canada, ainsi que formulées dans d'innombrables autres études et rapports réalisés au fil des ans.
[Traduction]
Certains pourraient craindre que cette approche ambitieuse exige la réouverture de la Constitution. Ce n'est pas le cas. En fait, nous acceptons enfin pleinement de donner vie à l'article 35 de la Constitution. Nous remplacerons des politiques comme celles qui portent sur les revendications territoriales globales et le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale par de meilleures approches qui tiennent compte des distinctions entre les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Cela permettra d'accroître la confiance et la certitude de toutes les personnes concernées.
Le défaut du gouvernement fédéral de reconnaître les droits autochtones au fil des générations et de les mettre en oeuvre s'est traduit par l'exclusion socioéconomique, l'incertitude et des litiges alors que notre objectif commun aurait toujours dû être de favoriser la prospérité et de créer des débouchés pour tous. Grâce à ce cadre, nous visons précisément à offrir de meilleures possibilités aux peuples autochtones et de la certitudes à leurs jeunes.
Nous poursuivrons notre collaboration au cours du printemps, mais nous avons la ferme intention de présenter le cadre cette année et de le mettre en oeuvre avant les prochaines élections.
[Français]
Ce travail mettra à contribution non seulement le gouvernement, mais aussi ce Parlement. Il y aura des travaux des comités, des témoins à entendre et des débats vigoureux, et ce, dans les deux Chambres.
L’histoire de la relation qu’entretient le Canada avec les peuples autochtones transcende tous les gouvernements. La Loi sur les Indiens a été adoptée dans cette Chambre, tout comme l’a été l’article 35. Maintenant, en tant que Parlement, nous avons l’occasion, et surtout la responsabilité, d’enfin mettre en oeuvre l’article 35.
Nous savons tous que nous ne pouvons pas effacer le passé. Nous ne pouvons pas retrouver ce qui a été perdu. Ce que nous pouvons faire, ce que nous devons faire, c’est nous engager à être meilleurs et à faire mieux. Pour commencer, faisons ce que la Loi constitutionnelle de 1982 nous oblige à faire depuis presque 40 ans.
[Traduction]
Nous allons travailler ensemble pour éliminer les mesures législatives et les politiques visant à soutenir les intérêts coloniaux. Nous collaborerons pour respecter l'engagement que nous avons pris de bâtir une nouvelle relation qui soit meilleure.
Les Canadiens autochtones et les autres Canadiens sont prêts au changement, à une nouvelle relation fondée sur la reconnaissance, les droits, le respect, la coopération et le partenariat. Un cadre de reconnaissance et de mise en oeuvre des droits autochtones nous permettra de bâtir ensemble cette nouvelle relation. La tâche ne sera pas facile — comme pour toutes les choses qui en valent la peine — mais le jeu en vaudra la chandelle, car nous aurons pris de nouvelles mesures pour redresser les torts du passé; nous aurons remplacé l'apathie par l'action, l'ignorance par la compréhension, et le conflit par le respect. Nous aurons jeté les bases d'un changement réel et durable, du type qui ne survient qu'avec la pleine reconnaissance et mise en oeuvre des droits autochtones.
Ensemble, nous prendrons des mesures concrètes pour bâtir un avenir meilleur, un Canada meilleur, pour les peuples autochtones et l'ensemble des Canadiens.
:
Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui au nom de l'opposition officielle et du caucus conservateur, en réponse à la déclaration ministérielle.
Le et le gouvernement viennent d'informer la Chambre de leur intention d'entreprendre des négociations avec un large éventail d'intervenants, dont notamment — ce qui est crucial — les communautés autochtones du Canada, en ce qui concerne l'élaboration d'un nouveau cadre sur les droits des Autochtones au Canada et la relation fondée sur ces droits. Il va sans dire qu'il s'agit d'un objectif louable et important. Les droits des peuples autochtones du Canada ont été ignorés, décriés et bafoués pendant trop longtemps au profit d'autres intérêts et il nous incombe à tous de poursuivre nos efforts en vue de la réconciliation.
Il est inadmissible que dans un pays comme le Canada il existe une disparité si énorme entre les Autochtones et les non-Autochtones. Lorsque des communautés n'ont même pas un service aussi essentiel que l'eau potable, force est de constater qu'il reste beaucoup de travail important à faire et qu'il faut s'atteler à la tâche rapidement.
La voie de la réconciliation n'a pas toujours été facile. En dépit des meilleures intentions, le parcours est parfois semé d'embûches. Pourtant, comme bon nombre de députés le savent, les gouvernements qui se sont succédé, désireux de faire amende honorable, ont pris des mesures importantes pour remédier au non-respect des droits des peuples autochtones du Canada.
Bon nombre de mes collègues de ce côté-ci de la Chambre et moi-même sommes fiers du bilan du gouvernement précédent dans ce dossier. C'est bien sûr un gouvernement conservateur qui, il y a près de 10 ans, a fait les premiers pas importants pour que le Canada adhère à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et ce, d'une façon entièrement conforme à la Constitution et aux lois du Canada.
Le gouvernement conservateur a contribué dans une grande mesure à l'établissement d'une nouvelle relation entre le Canada et les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Les excuses présentées par ce gouvernement aux anciens élèves des pensionnats indiens l'illustrent parfaitement. Il est responsable notamment de la création historique de la Commission de vérité et réconciliation, des excuses concernant la réinstallation des familles inuites dans l'Extrême-Arctique et de l'hommage rendu à tous les anciens combattants métis qui ont débarqué sur la plage Juno. Les contributions et les difficultés des peuples autochtones du Canada ont été et doivent continuer d'être reconnues et abordées.
Une grande partie de notre travail actuel est maintenant axé sur la reconnaissance de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et les résultats de la Commission de vérité et réconciliation. Il s'agit d'un tournant décisif dans la relation du Canada avec les peuples autochtones.
Toutes les parties ont convenu d'une nouvelle voie à suivre pour le Canada, une nouvelle voie qui tient compte des diverses cultures autochtones au pays.
Pendant près de 10 ans, c'est le gouvernement conservateur qui a pris des mesures pour améliorer la vie des peuples autochtones au Canada, en collaboration avec leurs dirigeants, leurs collectivités et les industries.
Les défis étaient grands, mais nous avons fait des progrès. Le développement économique, l'employabilité, le logement, les services à l'enfance et à la famille, l'éducation, l'accès à l'eau potable, les revendications territoriales, la gouvernance et le partage des profits liés à l'exploitation des ressources naturelles étaient des principes de base qui ont constitué le fondement d'une nouvelle relation.
L'un des éléments les plus cruciaux au plan était l'application élargie de la protection des droits de la personne et des droits en matière de biens immobiliers matrimoniaux aux membres des Premières Nations dans les réserves. C'était des mesures importantes pour s'assurer que les peuples autochtones du Canada sachent qu'ils bénéficient des mêmes mesures de protection des droits de la personne que celles accordées aux autres citoyens canadiens, en particulier les femmes. Aucune mesure de protection ou initiative n'est plus importante pour tout gouvernement que celles qui concernent la reconnaissance des droits de chaque personne qui se dit Canadienne.
Sous l'ancien gouvernement, beaucoup de progrès ont été réalisés pour respecter et protéger les droits des peuples autochtones, surtout pour combler les lacunes touchant les droits des peuples autochtones dans les réserves.
Comme il a été mentionné, l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne a été abrogé afin de s'assurer que les membres des peuples autochtones du Canada vivant dans des réserves bénéficient de l'ensemble des mesures de protection de la Loi canadienne sur les droits de la personne.
La Loi sur les foyers familiaux situés dans les réserves et les droits ou intérêts matrimoniaux a été adoptée, offrant ainsi aux conjoints dans les réserves les droits et les mesures de protection de base auxquels tout Canadien peut s'attendre. Dans de nombreux cas où la Loi s'appliquait, les principaux bénéficiaires étaient des femmes et des enfants.
Nous avons aussi fait de grands progrès en matière de réconciliation et de reconnaissance des droits autochtones, en négociant des traités modernes et réglant des revendications territoriales. Ces initiatives ont été déterminantes pour la concrétisation de progrès réels et durables ainsi que pour assurer un avenir prospère aux peuples autochtones, ce que nous souhaitons tous. Notre bilan en est un d'objectifs réalisés, certes, mais aussi d'objectifs conçus pour être réalisables, pour donner des résultats au cours des différents mandats d'un gouvernement qui a été élu et réélu parce qu'il obtenait des résultats.
Permettez-moi de souligner à nouveau tout le bon travail qui s'est fait en consultation et en partenariat avec les dirigeants autochtones afin d'améliorer tous les aspects de la vie autochtone au Canada. L'exemple canadien, c'est une dynamique que nous voulons promouvoir et dont nous voulons nous faire les champions afin de montrer au monde entier comment toutes les parties concernées peuvent travailler ensemble pour assurer un avenir encore meilleur. Bien entendu, nous ne devons jamais perdre de vue que nous sommes loin d'être parfaits. Il est encourageant d'entendre le affirmer que toutes les mesures prises par le gouvernement pour créer un nouveau cadre pour les droits autochtones devront avoir fait l'objet de consultations soutenues auprès des communautés et des dirigeants autochtones.
S'il y a un point qui me préoccupe au sujet des promesses du , c'est que le gouvernement est au pouvoir depuis peu, mais a déjà trop souvent manqué à ses promesses. Il est toujours possible d'améliorer l'approche du Canada, bien sûr, et ce, quel que soit le gouvernement au pouvoir, mais l'actuel gouvernement libéral a vraiment beaucoup de difficulté à respecter ses engagements ambitieux. Il ne réussit pas à respecter la norme d'ouverture et de transparence qu'il s'est donnée, bien qu'il prétende le contraire. À cause du gouvernement libéral, les membres des communautés n'ont pas accès à des renseignements financiers de base. Par ailleurs, le gouvernement est incapable d'exiger que ses dirigeants rendent des comptes, ce qui va à l'encontre de la démocratie. Il est aussi en voie de rater complètement certaines des échéances qu'il avait promises pendant la dernière campagne électorale.
Nous devons tous reconnaître qu'une réconciliation véritable et durable passe nécessairement par une réconciliation économique, grâce à laquelle les communautés autochtones pourront tirer parti de la richesse que le Canada peut très bien créer pour tous ses citoyens. Nous encouragerons vivement le gouvernement à examiner, pendant les consultations, quels sont les obstacles à la réussite financière des communautés autochtones et comment on pourrait les éliminer pour arriver à une prospérité durable au lieu de compter sur des solutions à court terme.
Enfin, le gouvernement doit prendre les devants et assumer le rôle qu'il a soigneusement évité jusqu'à maintenant pour résoudre les problèmes qu'affronte l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Les députés examineront de près les propositions que le gouvernement mettra de l'avant. Nous les comparerons rigoureusement aux normes de ce qui est réalisable à court, à moyen et à long terme. Nous veillerons à ce que les discussions mènent à des mesures concrètes sur le terrain qui amélioreront la qualité de vie des peuples autochtones.
Le Canada est l'un des seuls pays au monde où les droits issus de traités et les droits autochtones sont inscrits dans la Constitution. C'est une responsabilité que nous devrions prendre très au sérieux: elle ne devrait jamais reposer sur une simple promesse électorale qui ne sera jamais réalisée ou réexaminée. Nous sommes impatients de discuter des idées présentées par les communautés autochtones de partout au pays et de collaborer avec le gouvernement actuel pour obtenir des résultats concrets.
[Le député s'exprime en cri.]
[Traduction]
Monsieur le Président, je voudrais d'abord honorer la mémoire du regretté Colten Boushie parce que cette tragédie, qui m'a fait perdre le sommeil depuis qu'elle s'est produite, rappelle de manière tout aussi tragique là où les choses en sont dans ce pays qu'ils appellent Canada. La discrimination sous-jacente, le déni de droits et le paupérisme caractérisent les populations autochtones partout dans ce pays, comme partout ailleurs dans le monde. La discrimination et les autres violations des droits de la personne auxquelles les populations autochtones sont confrontées au Canada atteignent un point critique. C'est aussi simple que cela. Les peuples, les familles, les jeunes, les femmes et les enfants autochtones sont tous touchés et les effets qu'ils ressentent sont dévastateurs et constants.
La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones doit constituer la trame de la réconciliation afin que les générations présentes et futures de peuples et d'individus autochtones soient traitées comme les autres peuples. Parallèlement, le droit des Autochtones d'être différent doit être reconnu et respecté.
L'autodétermination n'est pas qu'un mot; c'est aussi le droit humain le plus fondamental — pour les peuples autochtones aussi — sans lequel les autres droits humains ne peuvent pleinement s'exprimer.
Le discours du est porteur d'espoir, et je l'ai remercié en cri de ces paroles. Même si j'apprécie les propos du premier ministre aujourd'hui, il faut s'assurer que cette fois sera la bonne. Une des choses les plus inacceptables que puisse faire un politicien est d'anéantir l'espoir des plus vulnérables en brisant ses promesses. Nous ne pouvons pas tolérer ce comportement. Je ne le tolérerai plus. C'est notre réalité depuis 150 ans; nous nous heurtons à des promesses brisées depuis 150 ans. Eh bien, nous ne laisserons pas durer cette situation encore 150 ans.
L'ami de tous sur la planète, Desmond Tutu, a déjà dit: « L'espoir, c'est d'être capable de voir la lumière malgré l'obscurité. »
Le a parlé de « colère grandissante ». La colère grandissante au pays atteindra de nouveaux sommets s'il ne remplit pas les engagements pris aujourd'hui, car nous savons tous qu'une autre affaire devrait bientôt connaître son dénouement: celle de Tina Fontaine. Je crains un autre coup dur pour les peuples autochtones. J'ai peur de l'annonce du verdict.
Nous devons nous assurer de remplir nos promesses. Il faut maintenant passer de la parole aux actes. Le avait tenu le même genre de propos pendant la dernière campagne électorale fédérale. Il les a répétés après les élections, puis encore une fois lorsqu'il s'est adressé à l'Assemblée des Premières Nations en décembre 2015. Le a parlé de la déclaration des Nations unies et il a parlé de remplir la promesse à ce sujet. Faisons en sorte que ce soit vraiment le cas cette fois-ci.
De nombreux dossiers et problèmes qui ne pouvaient pas être réglés quand les libéraux ont été élus il y a deux ans peuvent l'être maintenant. Ils ont été élus sur ces promesses. Or, les peuples autochtones continuent d'être victimes de discrimination et d'injustice dans ce pays. On ne peut pas prétendre préserver l'honneur de la Couronne et continuer d'empiéter sur les droits des peuples autochtones dans ce pays. Le déni des droits des peuples autochtones se poursuit sous le gouvernement actuel malgré le fait qu'il avait promis du vrai changement. Je me souviens des promesses qu'il avait faites. J'ai moi aussi participé à cette campagne.
On souhaite rappeler aux députés la résistance dont a fait preuve le gouvernement face à la décision du Tribunal canadien des droits de la personne. Il a fallu que quatre ordonnances exécutoires soient émises après que la décision ait été rendue. Je vais vous donner un autre exemple. Mes frères et soeurs des territoires Nuu-chah-nulth de la côte Ouest de la Colombie-Britannique ne peuvent pas se prévaloir de leurs droits de pêche alors qu'ils ont obtenu gain de cause il y a 10 ans. Au fil des ans, les gouvernements successifs ont gaspillé des millions de dollars dans cette affaire.
Les femmes et les filles autochtones continuent de disparaître ou d'être assassinées. Les jeunes autochtones continuent de s'enlever la vie. Le consentement préalable donné librement et en connaissance de cause n'est pas respecté pour la plupart des grands projets, comme le Site C, Kinder Morgan, Muskrat Falls. En fait, nous sommes même menacés par le quand nous osons nous opposer à ce genre de projets.
Je m'arrête, mais la liste des problèmes qui pourraient être résolus dès maintenant est encore longue. On serait capable d'y arriver. Les cadres de référence nécessaires existent. Commençons par aller au-delà des protocoles d'entente, des accords-cadres, des séances de consultation et de la litanie d'expressions que les libéraux affectionnent. J'ai négocié pendant 30 ans avec des gouvernements et des tierces parties. Dans notre jargon, nous disons que ce sont des tactiques dilatoires. C'est la politique de la procrastination.
Je crois en la réconciliation. Je crois en la justice pour les peuples autochtones. Je pense que ces concepts font consensus au pays depuis le rapport de la Commission de vérité et réconciliation. C'est un rapport qui contient des recommandations majeures et nous devrions tous y souscrire dès maintenant.
Lorsque je dis qu'un cadre de référence existe déjà au pays, je songe aux droits des Autochtones garantis par l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 ainsi que par les traités. Je songe à la Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations unies. Je songe aussi à nos traités et à nos obligations contractées sur la scène internationale, en tant qu'État membre des Nations unies. Le Canada a signé des conventions majeures à cet égard. Les deux conventions internationales sur les droits de l'homme parlent du droit à l'autodétermination des peuples autochtones. C'est encore un autre élément du cadre.
Avant la création de la Commission de vérité et réconciliation, la Cour suprême du Canada, qui est le plus haut tribunal du pays, avait déjà parlé de réconciliation. Dans la cause de la nation haïda de 2004, elle avait déclaré que l'objectif était de « concilier la souveraineté autochtone préexistante et la souveraineté proclamée de la Couronne ». Ce n'est pas moi qui emploie le mot « proclamé », mais bien la Cour suprême.
Dans un esprit de réconciliation et également de collaboration avec le gouvernement, je me permets de faire quelques suggestions pour le travail qui nous attend. J'ai toujours été prêt à collaborer avec le gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir. Je maintiens toujours cette position aujourd'hui, particulièrement lorsqu'il s'agit de défendre les droits fondamentaux des Premières Nations du Canada.
Le cadre de référence devrait contenir plusieurs éléments clés.
Le premier élément, c'est que les droits des peuples autochtones sont des droits de la personne. Commençons à utiliser ce discours dans cette enceinte et à l'échelle du pays. Dans le réseau des Nations unies, les droits des peuples autochtones sont considérés comme des droits de la personne depuis trois décennies. J'estime que nous devrions faire de même au Canada.
Le second élément, c'est le respect des normes internationales en matière de droits de la personne, pas uniquement des normes qui figurent dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Le troisième élément, c'est la nécessité de mesures spéciales. Les répercussions continues de la colonisation, qu'on ne peut nier, exacerbent la discrimination, la dépossession du territoire et des ressources, la marginalisation, la vulnérabilité et les désavantages des Autochtones. Reconnaissons également cette réalité. Par conséquent, des mesures spéciales s'imposent pour un vaste éventail d'enjeux dont la protection des cultures, des langues et des droits aux territoires et aux ressources des peuples autochtones.
Le quatrième élément, ce sont les principes d'égalité et de non-discrimination, tels qu'énoncés dans le préambule de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones:
[...] les peuples autochtones sont égaux à tous les autres peuples, tout en reconnaissant le droit de tous les peuples d’être différents, de s’estimer différents et d’être respectés en tant que tels [...]
Je viens de citer mot pour mot un extrait du préambule de la déclaration des Nations unies.
Le a souvent souligné l'importance qu'il accorde à la diversité culturelle canadienne. Aujourd'hui, une nouvelle occasion lui est offerte de maintenir, de protéger et de promouvoir les langues autochtones au Canada, tâche qui doit se faire en collaboration. Je rappelle que, en tant que locuteur de langue crie, je peux assister le premier ministre dans cette tâche.
Le cinquième élément, c'est la répudiation du principe de la supériorité. Tant la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale que la déclaration des Nations unies condamnent ce principe comme étant invalide et sans fondement scientifique.
Le sixième élément, c'est la consultation et la coopération, et le en a parlé.
Le septième élément, c'est que le concept de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause doit être reconnu, approuvé et adopté au Canada. Dans bien des cas, après un examen complet et équitable des droits de tous les intervenants, c'est le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause des Autochtones qui doit primer.
Le huitième élément, c'est l'environnement et le développement, ce qui est important. Afin d'assurer un développement qui est durable et équitable aux yeux des Autochtones, la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du processus de développement. On ne peut pas tenir compte de cet élément en vase clos.
Le neuvième élément, ce sont les mesures législatives et les autres mesures. Le a également parlé de cet élément aujourd'hui, et je l'en remercie. C'est ce que nous devons faire pour aller de l'avant en tant que nation.
Le 10e élément, c'est l'approche fondée sur les droits de la personne. L'Instance permanente sur les questions autochtones des Nations unies a souligné que, à l'échelle internationale, régionale et nationale, les droits de la personne des Autochtones étaient toujours pertinents s'ils risquaient d'être compromis. Tâchons de ne pas l'oublier.
Le 11e élément porte sur la nécessité d'assurer une certaine forme de restitution des terres et des territoires. C'est ce que prévoit également la Déclaration des Nations unies. On y précise aussi que, lorsque cela n'est pas possible, les peuples autochtones ont droit à une indemnisation juste, correcte et équitable.
Enfin, mentionnons la revitalisation des langues et des cultures autochtones. Aux termes des articles 11 à 14 de la Déclaration des Nations unies, les peuples autochtones ont le droit de revivifier leurs langues et leurs cultures, et les États doivent prendre des mesures efficaces à cet égard. Ces mesures servent à renforcer le droit des peuples autochtones de vivre dans la paix et la sécurité en tant que peuples distincts. Tous les peuples, y compris les peuples autochtones, contribuent à la diversité et à la richesse des civilisations et des cultures dans le monde entier.
[Le député s'exprime en cri.]
[Traduction]
Très brièvement, ces dernières remarques étaient des mots de remerciement et de gratitude. Je suis venu au monde il y a plus de 50 ans, littéralement sous une tente sur nos terres ancestrales, et me voici aujourd'hui en train de prendre la parole à la Chambre et de m'adresser au . J'en suis très reconnaissant. Ce fut un long périple.
J'offre ma collaboration au gouvernement pour donner suite aux engagements exprimés par le . L'un des plus beaux mots de la langue crie, NaweeDjawaagan, signifie « celui ou celle qui marche à mes côtés ». Je vous transmets à tous mes amitiés.
:
Monsieur le Président, le Bloc québécois, fidèle à la tradition indépendantiste, a toujours défendu la nécessité d'établir enfin des relations égalitaires avec les Premières Nations. L'avenir passe obligatoirement par des partenariats de nation à nation constructifs et respectueux des intérêts légitimes de chacun.
Les Québécois étant eux-mêmes un peuple minoritaire, nous ne pouvons agir qu'en alliés des communautés autochtones, en toute conscience. Le Québec reconnaît les peuples autochtones comme des peuples distincts ayant droit à leurs cultures, à leurs langues, à leurs traditions ainsi qu'à leur droit d'orienter eux-mêmes le développement de cette identité propre.
Rappelons que René Lévesque a fait du Québec le premier État en Amérique à reconnaître en son sein les 11 nations autochtones. Cette orientation suit d'ailleurs des ententes signées avec les Autochtones du Québec, notamment la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, ainsi que des ententes qui suivent ces traces, comme la Paix des Braves.
Je souligne d'ailleurs qu'à l'invitation des Cris, le Bloc québécois a été la première formation politique à participer aux travaux de l'ONU menant vers la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. C'est là une grande source de fierté.
Si je relate ces événements des dernières décennies, c'est simplement pour rappeler que c'est loin d'être la première fois que les Autochtones entendent le discours que vient de prononcer le . Ce qui se retrouve dans cette déclaration, l'Assemblée nationale du Québec l'a adopté en 1985. C'est pourquoi, lorsque le premier ministre déclare que les peuples autochtones savent que le temps est plus que venu pour un changement, on ne sera pas surpris d'apprendre que le Bloc québécois est plus que d'accord.
Nous sommes également d'accord lorsque le premier ministre souligne le laxisme dont a fait preuve le gouvernement fédéral dans tout ce qui concerne les nations autochtones. Nous savons qu'établir des relations de nation à nation prend du temps, mais cela prend avant tout une volonté, qui a toujours manqué à Ottawa, peu importe quel était le parti au pouvoir.
Il reste tellement à faire pour transformer la relation paternaliste entre le gouvernement et les communautés autochtones. Il reste tellement à faire pour qu'elles puissent profiter de services publics modulés en fonction de leurs différentes réalités.
C'est proprement scandaleux que l'éducation, la clé de voûte de l'avenir de tout peuple, demeure entre les mains d'un ordre de gouvernement qui ne tient pas compte des différentes cultures autochtones. C'est encore pire lorsqu'on rappelle qu'en matière d'investissements, lorsque c'est Ottawa qui finance, les enfants autochtones valent la moitié de ce que valent les autres enfants. Cela se traduit évidemment par des difficultés sur le plan de l'emploi et de la formation professionnelle.
Il y a tellement à faire en santé et en services sociaux, alors qu'encore aujourd'hui, les personnes et les enfants doivent être déracinés pour être soignés et pris en charge. Et que dire des problèmes de logement, d'insalubrité, d'eau potable, et j'en passe? Le sous-financement affecte les communautés autochtones d'une manière qui ne serait jamais tolérée s'il s'agissait d'autres communautés.
Il reste tellement à faire pour que les Premières Nations puissent aménager et gérer leur territoire d'une manière permettant leur essor, notamment en affaires.
Il reste tellement à faire, finalement, pour que les enfants des communautés autochtones puissent avoir une chance égale de s'épanouir et de réussir.
Nous ne sommes toutefois pas ici uniquement pour rappeler les manques cruels. Il faut aussi rappeler que le gouvernement s'est engagé, encore une fois aujourd'hui et à plusieurs reprises, envers les communautés autochtones. Il faut aussi constater qu'on ne réparera pas des générations de négligence et de maltraitance fédérale par un discours.
Les défis sont nombreux, puisque tout est à rebâtir entre Ottawa et les Premières Nations. Sur le plan des principes, nous sommes en accord sur la déclaration du gouvernement. Bien sûr, nous attendrons d'en voir la réalisation avant d'applaudir.
Il faudra nécessairement que ces paroles se transforment en gestes concrets et en réussites patentes pour les communautés. Il faudra que le gouvernement implique tous les intervenants concernés et qu'il respecte ses limites constitutionnelles. Enfin, il faudra qu'il respecte les besoins de chaque nation, lui qui a toujours affiché une préférence institutionnelle pour les plans d'envergure conçus pour tout le monde mais qui ne sont finalement adaptés à personne.
Le discours du premier ministre, nous l'avons tous entendu avant aujourd'hui, mais en répétant sa volonté d'agir et en remettant en avant ses engagements, le premier ministre établit clairement aujourd'hui qu'il faudra juger du succès de son mandat à l'aune du succès de nouvelles ententes avec les peuples autochtones.
Le temps des discours est révolu.
:
Monsieur le Président, nous sommes sur le territoire traditionnel du peuple algonquin, dont nous acceptons la générosité extraordinaire. Merci encore. Dans la langue du peuple dont le territoire se trouve dans ma circonscription et que je suis très honorée de représenter, la nation des W_SÁNEC, je salue tous les députés et je leur dis
Hych'ka Siem. C'est avec honneur et gratitude que je m'adresse à eux.
Je suis profondément reconnaissante envers le d'avoir saisi l'occasion de faire une déclaration majeure où il s'est engagé à réparer les erreurs passées et actuelles qui ont donné lieu récemment à l'affaire extrêmement troublante de la mort de Colten Boushie et de l'absence de justice.
Je suis très reconnaissante envers la , la et la . Vu les promesses brisées, je ne pense pas qu'il y ait déjà eu un moment, dans l'histoire de notre pays, où l'on ait vraiment tenté de régler le problème. Or, je sais que, en tant que personnes, ces ministres sont douées d'une grande intégrité, qu'elles n'ont qu'une seule parole et qu'elles feront tout leur possible pour y arriver. Je me joins au député d', au courage extraordinaire, pour dire que nous ferons ensemble tout ce que nous pouvons pour y arriver.
Je pense que cet endroit est profondément colonial. Regardons autour de nous. Peut-on imaginer un espace qui évoque davantage les vestiges du règne de Victoria? Nous sommes dans un endroit profondément colonial et nous devons le décolonialiser, l'autochtoniser. Nous y arriverons mieux si nous laissons la partisanerie de côté.
Nous sommes des parlementaires qui composons avec 150 ans d'injustice, de racisme systémique et profond et, comme ma collègue de l'a mentionné, un système historiquement fondé sur la séparation des enfants et de leurs parents, de génération en génération, dans le but de les briser et de nier leur identité. Il nous reste bien du chemin à parcourir, et un après-midi de discours ne nous mènera pas à notre but. Cependant, comme nous avons prononcé des allocutions tout l'après-midi, je serai brève.
Avec un profond respect à l'égard du député d', je veux faire une humble suggestion puisque j'estime que, en tant que personne non autochtone, je devrais ajouter quelque chose à la liste de principes que nous devrions adopter. Nous devrions aussi rejeter la Doctrine de la découverte. Pour décolonialiser, c'est là que nous devons commencer. Afin de reconnaître la souveraineté des nations autochtones qui nous ont précédés, nous devons vraiment trouver une façon de remonter 150 ans en arrière. Comme le l'a affirmé, « La tâche ne sera pas facile ». Il n'a jamais cru si bien dire.
Je me reporte maintenant à un livre très important pour les Canadiens qui s'intéressent à la culture colonisatrice, c'est-à-dire le livre de Thomas King intitulé L'Indien malcommode. Il a dit ceci:
Le fait est que, pour Ottawa et Washington, la principale façon d'aborder les Autochtones, c'est de ne simplement pas en tenir compte. Ils savent que le système judiciaire favorise les personnes riches, puissantes et influentes.
En parlant du système judiciaire, Thomas King renvoyait en fait au long processus éprouvant sur le plan financier qui consiste à revendiquer des droits issus de traités, à revendiquer des droits de pêche devant les tribunaux et à revendiquer le droit de dire « vous n'avez pas le droit d'abattre des arbres à cet endroit ». Cependant, il s'applique aussi au système judiciaire avec lequel la famille Boushie est aux prises.
Nous avons des recommandations très précises et espérons que la en tiendra compte, notamment en ce qui concerne l'élimination des contestations judiciaires préventives dans le cadre de procès devant jury, comme l'a recommandé récemment l'éminent juriste Kent Roach. Il y a certaines choses que nous pouvons faire et des choses que nous devons faire.
Nous devons également envoyer un message d'amour et d'espoir, un plaidoyer pour la non-violence qui caractérise tous les appels à la désobéissance civile. Je sais que les collectivités autochtones et les Premières Nations sont les voix de la non-violence. C'est un plaidoyer qui caractérise tous les appels à la justice et qui donne l'occasion de faire entendre sa voix. Nous devons prier pour une compréhension mutuelle, l'amour et une profonde considération.
On a demandé à mon ami, l'ancien président de la nation haïda, Miles Richardson, ce que signifie la réconciliation. À quoi cela ressemble-t-il une fois qu'on l'a atteint? Il a dit: « Si tu peux me voir comme je me vois moi-même et que je peux te voir comme tu te vois toi-même. »
Autrement dit, il s'agit d'un principe fondamental, celui du respect mutuel des droits de la personne, des droits de chacun d'entre nous. Cela signifie que, dans ce pays et compte tenu de notre histoire et des événements actuels, nous avons beaucoup de chemin à faire. Nous y arriverons grâce à la résilience, au courage et au leadership incroyable des peuples autochtones. Nous espérons être dignes de leur patience, de leur amabilité et de leur amitié.