:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de commencer le débat sur le budget déposé hier à la Chambre.
Hier, notre opposition conservatrice a écouté avec une question en tête: qu'est-ce que le gouvernement libéral a vraiment accompli? Je crois qu'il est important de rester concentré sur les faits et les données quand on évalue la performance économique de ce gouvernement.
[Traduction]
Comme nous le savons, les députés du gouvernement actuel aiment beaucoup parler. Or, plus de la moitié de leur mandat est maintenant derrière eux, alors revenir sur les promesses faites lors des élections de 2015 ne suffit plus. Il est temps de parler des choses qu'ils ont réellement accomplies. Le temps est venu de juger si leurs réalisations ont été à la hauteur de leurs beaux discours.
Quand les conservateurs ont pris connaissance du budget, hier, nous avons tous eu la même réflexion: jamais un politicien n'a dépensé autant d'argent pour obtenir si peu de résultats.
Le gouvernement va avoir beaucoup de réponses toutes faites. Hier, il a répété comme toujours que le gouvernement canadien avait connu une croissance en raison de l'argent supplémentaire qu'il avait injecté dans l'économie. C'est manifestement faux. Les progrès économiques ne se sont pas réalisés grâce au gouvernement libéral, mais plutôt malgré le gouvernement libéral.
C'est également une occasion ratée. Le gouvernement aurait pu en profiter hier pour commencer à remplir les promesses qu'il avait faites aux Canadiens. Toutefois, pour le , le budget d'hier était surtout un moyen de tenter de faire oublier ses manquements à l'éthique et l'indignation que suscite son plan d'augmentation des impôts des entreprises locales.
Ayons une pensée pour les vaillants entrepreneurs et les propriétaires de petite entreprise, qui vivent des moments difficiles depuis sept mois à cause du gouvernement libéral. Les députés se souviendront du fameux plan que le gouvernement libéral, le et le ont présenté l'été dernier et des discours qu'ils ont tenus. Ils ont insulté tous les infatigables créateurs d'emplois et de débouchés dans la société. Ils les ont traités de fraudeurs de l'impôt. Ils ont dit que les nouvelles mesures proposées serviraient à garantir que les personnes qui ont recours à des stratagèmes comptables imaginatifs paient leur juste part d'impôt.
Le gouvernement a carrément fait preuve d'irresponsabilité en causant tant d'anxiété, non seulement aux 1,8 million de propriétaires de petites entreprises du Canada mais également aux millions de personnes qui travaillent pour ces entreprises.
J'ai débuté ma carrière dans une petite entreprise. Je n'ai pas hérité d'une fortune familiale. J'ai dû travailler pour payer mes études universitaires. Mes parents ont été très généreux. Ils m'ont permis de rester à la maison sans avoir à payer de loyer et, tous les mois, ils m'achetaient mon laissez-passer d'autobus. Pour payer mes droits de scolarité, j'ai travaillé dans un restaurant comme serveur.
Voilà le genre d'expérience et de travail exigeant que la vaste majorité des Canadiens doivent faire pour débuter dans la vie. La plupart d'entre nous n'ont pas tout reçu sur un plateau d'argent.
Cette première expérience m'a beaucoup appris. Souvent, lorsque je sortais du restaurant par la porte arrière, je croisais le propriétaire. Je l'ai parfois entendu négocier au téléphone avec un fournisseur pour essayer de prolonger son crédit de quelques semaines supplémentaires ou d'obtenir un rabais sur l'approvisionnement des semaines à venir parce qu'il arrive que les affaires ne soient pas toujours bonnes. Chaque fois que le patron était stressé au sujet de son entreprise, j'étais moi aussi préoccupé au sujet de mon emploi. Voilà pourquoi les conservateurs ont tant à coeur de défendre l'intérêt des petites entreprises d'un bout à l'autre du pays.
Nous avons eu droit à une volte-face complète de la part des libéraux. Ils ont carrément changé leur fusil d'épaule trois ou quatre fois depuis quelques semaines et ils sont revenus sur bon nombre de leurs promesses. Le et le avaient d'ailleurs l'habitude d'organiser des conférences de presse. À l'époque où il avait encore le droit de parler, le ministre des Finances jurait alors ses grands dieux que rien ne le ferait reculer. Qu'importe le tollé, qu'importe le scandale, il était déterminé à augmenter les impôts.
Or, avec le budget d'hier, les libéraux ont encore une fois fait une volte-face complète. Les conservateurs aimeraient donc savoir pourquoi ils ont fait subir toute cette incertitude aux travailleurs du pays si c'était pour en arriver là.
[Français]
Le soutient que l'économie canadienne a été forte grâce à ses dépenses. Une chose est certaine: il dépense beaucoup d'argent. Il avait promis de dépenser pendant les élections, mais les choses ne se sont pas passées exactement comme prévu. Il a dit qu'il n'emprunterait que 10 milliards de dollars par année et qu'il équilibrerait le budget d'ici 2019. Il a dit qu'il dépenserait cet argent pour l'infrastructure, qui contribue à la croissance à long terme. Je crois beaucoup aux données, jugeant non pas par l'intention mais par les résultats. Après trois ans, nous avons des données pour déterminer s'il a fait ce qu'il avait promis.
Le déficit annoncé dans le budget de mardi est de 18 milliards de dollars. C'est trois fois plus élevé que promis. C'est une première promesse brisée.
[Traduction]
Comme la croissance a été plus élevée que prévu en 2017, les recettes l'ont été aussi. Les Canadiens doivent comprendre que ces déficits sont le résultat de décisions délibérées de la part du gouvernement libéral et qu'ils n'ont rien à voir avec les conditions économiques de l'heure.
Si on se fie aux propres chiffres du gouvernement, le budget ne sera pas équilibré avant 2045. Nous serons donc encore 27 ans à emprunter et à creuser la dette nationale de plus de 450 milliards de dollars. Mon fils Thomas aura 13 ans bientôt. Il aura 40 ans lorsque le budget sera de nouveau équilibré. Pendant le plus clair de sa carrière, les impôts qu'il versera à l'État serviront à rembourser la dette que le gouvernement libéral contracte pour faire toutes ces dépenses aujourd'hui. Personne ici n'oserait faire une telle chose à ses enfants ou à sa famille. Personne n'oserait dépenser sans compter et laisser la facture aux suivants.
Il y a une valeur qui est commune à tous les Canadiens, que leur famille soit ici depuis des générations ou qu'elle soit arrivée dernièrement au Canada pour tirer parti de tous les débouchés que notre pays a à offrir, et cette valeur, ce principe, veut que nous trimions dur aujourd'hui afin d'offrir une vie meilleure à la prochaine génération.
Combien d'entre nous connaissent l'histoire d'une personne ayant vécu au-dessus d'un restaurant ou derrière un commerce? Ces gens se serrent la ceinture, épargnent et mettent de l'argent de côté pour payer les études de leurs enfants. Ils se privent pour que leurs enfants aient des possibilités qu'ils n'avaient pas, qu'il s'agisse de services de tutorat ou d'activités parascolaires. Ils sont tellement fiers lorsque leurs enfants terminent des études postsecondaires, sachant que les sacrifices qu'ils ont consentis ont porté des fruits et que leurs enfants auront une meilleure qualité de vie qu'eux. Le gouvernement libéral rompt avec cette tradition en prévoyant d'énormes déficits pendant les 27 prochaines années.
Voilà pourquoi les conservateurs prônent avec ferveur l'équilibre budgétaire. Nous ne croyons pas en l'équilibre budgétaire seulement parce que nous aimons voir de l'encre noire dans les grands livres. Nous ne préconisons pas une réduction des déficits simplement pour obtenir une bonne cote de crédit auprès des agences de crédit internationales. Nous le faisons parce que les déficits entraînent des coûts réels sur le plan humain. Nous savons que les futures générations de Canadiens devront travailler davantage parce que le actuel n'arrive pas à maîtriser ses dépenses. C'est pour cette raison que nous nous battons avec acharnement dans ce dossier.
[Français]
Pendant leurs trois premières années au pouvoir, les libéraux du premier ministre ont augmenté les dépenses du gouvernement de 20 %. C'est très troublant, mais ce qui devrait vraiment nous préoccuper, c'est que cet argent n'est pas dépensé comme le premier ministre l'avait promis. Les trois quarts ont servi à financer les dépenses de programmes. Il n'y a rien de nouveau, rien qui représente un investissement dans notre prospérité future, ni rien qui représente les belles promesses que le premier ministre a faites aux Canadiens et aux Canadiennes. Seulement 2 % de ces dépenses additionnelles ont servi à financer de vrais projets. En réalité, il a réduit le montant dépensé en infrastructure.
[Traduction]
Ce sont des faits qu'il faut garder à l'esprit lorsque l'on entend les libéraux tenter de s'attribuer le mérite de la récente performance économique du Canada ou lorsqu'ils parlent de donner un répit aux Canadiens.
Les libéraux savent rompre des promesses mieux que quiconque, mais lorsqu'il s'agit de passer à l'action, de prendre des décisions difficiles, de choisir des priorités, les libéraux sont tout simplement incapables de le faire. Ils n'arrivent pas à produire des résultats concrets pour les Canadiens.
Tous ces emprunts et toutes ces dépenses excessives nous laissent vulnérables aux ralentissements économiques ou à l'instabilité économique. Les récentes fluctuations sur les marchés mondiaux devraient nous rappeler que le Canada n'est pas une oasis. Nous pouvons subir les effets de crises internationales, de fluctuations du cours des matières premières ou d'accords commerciaux. Ce sont tous des problèmes qui échappent à notre contrôle. Voilà pourquoi le gouvernement a le devoir de se tenir prêt, tout particulièrement dans un pays comme le Canada, qui est très vulnérable sur le plan du logement et de l'endettement des consommateurs.
[Français]
Les faits indiquent très simplement que les périodes de croissance ne durent pas éternellement. Il y a des hauts et il y a des bas. Tout gouvernement qui se présente comme un gestionnaire responsable de l'argent des contribuables ne doit pas oublier ce fait. Tout gouvernement qui ne comprend pas que les périodes de croissance ne durent pas éternellement ne ment pas seulement aux Canadiens, il se ment à lui-même.
[Traduction]
Alors que le gouvernement essaie de s'attribuer le mérite de la croissance de l'an dernier, la plupart des prévisionnistes mettent déjà en garde contre de dangereux signes à l'horizon. Les taux d'intérêt vont probablement augmenter, ce qui non seulement aura un effet sur les finances des ménages, mais fera également monter le coût de tous les emprunts des libéraux au grand détriment des futures générations de Canadiens. Si un ralentissement économique se produisait, les recettes fiscales diminueraient et les dépenses du gouvernement continueraient de monter en flèche.
Dans les pays de l'OCDE, le déficit augmente habituellement d'environ 2 % du PIB lors d'une légère récession ou de jusqu'à 3 %, voire 5 %, du PIB lors d'une récession grave comme celle que nous avons connue en 2009. Si nous accusons déjà de gros déficits aujourd'hui et qu'il faut les creuser, les coffres seront vides avant que le gouvernement puisse réagir. C'est scandaleusement irresponsable.
Rappelons-nous les justifications de ces déficits. En campagne électorale, le a dit qu'il ferait des dépenses supplémentaires au chapitre des infrastructures et que c'est ce qui causerait des déficits. Or, le budget présenté hier montre que les dépenses au chapitre des infrastructures, celles-là mêmes qui, selon les libéraux, devaient stimuler l'économie et favoriser la croissance, ont été réduites de plus de 2 milliards de dollars.
[Français]
Le fait est que tout cet argent emprunté doit être remboursé sous la forme de hausses d'impôt. C'est pourquoi une famille moyenne paie plus de 800 $ de plus en impôt chaque année.
Cette augmentation vient de l'élimination des crédits d'impôt pour les activités sportives et artistiques des enfants; de la baisse de la limite de cotisation au CELI; de la fin du fractionnement du revenu des familles; d'une taxe sur le carbone; et de l'augmentation des charges sociales.
C'est un contraste frappant avec les promesses faites par ce gouvernement libéral.
Il voulait même imposer les régimes d'assurance-maladie et dentaire, les rabais aux employés et les traitements pour les diabétiques. Il a fait marche arrière uniquement en raison de la pression de notre opposition conservatrice.
[Traduction]
C'est la raison pour laquelle nous ne pouvons faire confiance aux députés ministériels lorsqu'ils parlent d'aider les familles et de réduire les impôts. Nous ne les croyons tout simplement pas. Nous constatons que, chaque fois qu'ils ont cherché à imposer une nouvelle taxe ou à supprimer un crédit, ils ont fait marche arrière; c'est arrivé à de nombreuses occasions. On se rappelle que les libéraux voulaient imposer les rabais aux employés et les régimes d'assurance maladie et dentaire et qu'ils ont même tenté de supprimer les crédits d'impôt des diabétiques. Chaque fois, les conservateurs ont dénoncé ces tentatives et fait valoir le travail remarquable des Canadiens de partout au pays qui allaient faire les frais de ces hausses d'impôt et nous avons réussi à forcer le gouvernement à reculer. D'ailleurs, si on regarde ce qui s'est passé l'automne dernier, on constate que les annonces les plus acclamées des libéraux ont été celles où ils indiquaient qu'ils abandonnaient les annonces précédentes.
Les Canadiens doivent réaliser ce qui se passe. Qui sait ce que les libéraux se permettraient s'ils croyaient pouvoir s'en sortir indemnes? Qui sait ce qu'ils feraient une fois enhardis par l'octroi d'un second mandat? Leurs intentions cachées quant à l'augmentation des impôts et aux obstacles à la croissance des petites entreprises donnent froid dans le dos, mais les conservateurs ne cesseront de les dévoiler au grand jour au profit des Canadiens d'ici aux prochaines élections.
Les députés se souviennent que les libéraux avaient promis de réduire les impôts des petites entreprises lors de la dernière campagne électorale, mais ils se sont refusés à le faire. D'ailleurs, dans leurs deux premiers budgets, il n'en était même pas question. C'est le Parti conservateur qui a contraint les libéraux à respecter, à contrecoeur, leur promesse de réduire les impôts des petites entreprises. Le gouvernement ne cesse d'en demander plus aux Canadiens.
[Français]
Les familles ordinaires doivent renoncer à leurs prestations et paient plus d'impôt pour que ce gouvernement libéral ait plus d'argent à dépenser pour ses projets de prédilection, et pour que les gens bien connectés puissent passer avant ceux qui tentent simplement de joindre les deux bouts.
[Traduction]
Avec les libéraux, le gouvernement passe toujours avant le peuple. L'ordre normal des choses est inversé. Les conservateurs feront passer le peuple avant le gouvernement.
Ce n'est pas par hasard que nous sommes choyés, au Canada. Les générations qui nous ont précédés ont beaucoup travaillé pour que la fortune nous sourie autant. Nous devrions songer aux générations futures. Que pourront-elles espérer de la vie? Seront-elles aussi chanceuses que nous? Les conservateurs savent que le gouvernement doit créer un environnement favorable à la multiplication des débouchés, et ce n'est pas possible lorsque le gouvernement prend systématiquement davantage d'une main qu'il ne donne de l'autre.
[Français]
Nous devons nous assurer que nos actions aujourd'hui laissent des possibilités à nos enfants et à nos petits-enfants. Cela veut dire équilibrer le budget, pour qu'ils n'aient pas à payer nos dettes.
Cela veut dire maintenir un faible fardeau fiscal, pour que les familles aient de l'argent pour épargner et investir dans l'avenir de leurs enfants. Il y a plus dans la société que le gouvernement. C'est essentiel. Il y a une meilleure option. Le gouvernement devrait profiter de la solidité économique pour récompenser le dur travail et la réussite des familles canadiennes, au lieu de leur demander de payer encore plus.
[Traduction]
Le gouvernement doit contrôler l'endettement et les dépenses de l'État pour que nous ne transmettions pas nos dettes à la prochaine génération de Canadiens. Le budget était l'occasion de produire enfin des résultats pour les Canadiens, mais le gouvernement libéral a décidé de ne pas la saisir. Les libéraux ont hérité d'un beau cadeau lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir: un budget équilibré. Ils ont hérité de la fiscalité la plus avantageuse pour les Canadiens depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les cours de certaines matières premières ont doublé depuis que les libéraux sont arrivés au pouvoir.
Les déficits actuels sont inexcusables. Les libéraux sont en train de dilapider leur héritage. Une bonne partie de ce qu'ils font n'est pas bénéfique pour les Canadiens. Le gouvernement dépensera environ 500 millions de dollars puisés dans les poches des vaillants Canadiens pour financer la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures et réaliser des projets dans d'autres pays. Aucun habitant des villes canadiennes ne souhaite que l'argent qu'il verse au fisc serve à réaliser des projets un peu partout dans le monde. Ils veulent que cet argent serve à améliorer leur sort.
Le ne se soucie guère de voir les déficits passer de 6 milliards de dollars, comme il l'avait promis, à 18 milliards de dollars, puis il a l'audace de regarder un héros canadien droit dans les yeux et de dire que les anciens combattants du pays en demandent plus que ce que le gouvernement est capable de leur donner. C'est honteux.
Chose certaine, et ce ne sera pas une surprise, les conservateurs vont voter contre le budget, à moins de pouvoir convaincre les libéraux de modifier la motion. C'est pourquoi je propose que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
la Chambre rejette l’exposé budgétaire du gouvernement, parce qu'il trahit les Canadiens de la classe moyenne, les femmes et les exploitants d’entreprise en: augmentant les impôts de plus de 90 % des familles de la classe moyenne; annonçant de nouvelles hausses d’impôt pour les entreprises locales; prévoyant l’emprunt d’un montant additionnel de 18 milliards de dollars; compromettant l’avenir des prochaines générations faute d’équilibrer le budget d’ici 2019; dépensant tant pour accomplir si peu.
:
Monsieur le Président, le gouvernement a déposé son budget de 2018 hier, et c'est avec regret que nous constatons que l'exercice de cette année représente une autre occasion manquée de bâtir une économie qui profiterait à tout le monde.
[Traduction]
En présentant le budget de 2018, les libéraux ratent encore une fois l'occasion de créer une économie qui favorise la prospérité de tous les citoyens.
[Français]
Le gouvernement perpétue la présence de deux mondes au Canada: un monde pour les ultra-riches, les puissants et les amis du pouvoir, et un monde pour le reste d'entre nous. Un budget n'est pas une occasion de montrer qu'on a vu des problèmes; c'est une occasion de s'attaquer aux problèmes, de proposer des solutions concrètes pour que les choses changent pour le mieux et de mettre l'argent de nos impôts et de nos taxes au service du bien commun, c'est-à-dire au service de M. et Mme Tout-le-Monde qui sont au travail, à la maison ou dans la rue. C'est cela, le rôle d'un gouvernement. Malheureusement, ce gouvernement a encore choisi de privilégier les privilégiés et de faire attendre les autres.
[Traduction]
Le budget est un exercice annuel qui vise à ce que l'économie canadienne serve d'abord les intérêts de la population, pas seulement ceux des gens riches et influents. Les inégalités entre les Canadiens les plus riches et les autres n'ont jamais été aussi profondes. C'est inacceptable.
Lorsque le a dit aux retraités de Sears qui venaient de se faire voler leur régime de retraite qu'ils devraient se contenter des prestations de l'assurance-emploi et du Régime de pensions du Canada, il a voulu faire comprendre à l'ensemble des Canadiens qu'ils devraient se faire aux inégalités. Non, nous ne nous y ferons pas, parce que beaucoup de gens n'ont pas ce dont ils ont besoin pour vivre.
La fortune combinée de deux milliardaires canadiens correspond à ce que possèdent 11 millions de Canadiens. En ce moment même, plus de 4 millions de Canadiens, dont 1,15 million d'enfants, connaissent l'insécurité alimentaire.
Pour beaucoup trop de gens, l'économie n'est pas profitable. Les règles du jeu sont inéquitables et profitent seulement à une poignée de privilégiés, au détriment de tous les autres.
[Français]
Avec tout ce qui se dit et qui s'écrit, ici et ailleurs, sur les paradis fiscaux et sur ces milliards de dollars qui traînent ailleurs que dans nos poches, on aurait bien voulu que le gouvernement du Canada mène la charge. On voudrait que le Canada soit le champion de la lutte contre les inégalités fiscales, mais ce n'est pas ce qu'on voit dans ce budget. Il s'agit d'une occasion manquée.
Parlons un peu des paradis fiscaux. Depuis plusieurs mois déjà, nous talonnons le gouvernement sur la question des paradis fiscaux. Tout ce que le gouvernement répond, c'est qu'il a dépensé 1 milliard de dollars pour peut-être récupérer 25 milliards de dollars, éventuellement. Là, on s'aperçoit qu'il n'a pas dépensé 1 milliard de dollars, il a dépensé 40 millions jusqu'à maintenant. Les 25 milliards de dollars ne seront pas atteints, loin de là. Le gouvernement tente de nous faire croire qu'il s'attaque à l'inégalité fiscale, mais il protège les paradis fiscaux.
Lorsque la ministre du Revenu national et le premier ministre nous donnent ces statistiques, à savoir combien de poursuites ont été entamées et combien de millions ont été récupérés, il faut comprendre que les victimes de ces manigances du gouvernement ne sont pas les KPMG ou les riches de ce monde, ce sont les petits contribuables. Des gens du Québec impliqués dans la lutte contre les paradis fiscaux ont tenté de rencontrer des représentants du gouvernement pour leur faire part de leurs inquiétudes. Ils ont appris que l'Agence du revenu du Canada utilise une analyse des coûts et des bénéfices pour déterminer si elle applique la loi ou non. Cette loi existe et elle devrait s'appliquer à tout le monde. Les libéraux nous disent qu'ils ont vraiment les intérêts des contribuables à coeur et qu'ils s'attaquent aux paradis fiscaux, mais ces exemples ne sont pas rassurants, loin de là.
Il y a pire encore, malgré le fait que les libéraux disent vouloir lutter contre les paradis fiscaux, ils continuent de signer des conventions fiscales avec des pays à paradis fiscaux. Une convention fiscale ouvre la porte aux investisseurs canadiens pour qu'ils puissent faire transiter leur argent et éventuellement le rapatrier sans avoir à payer d'impôt. C'est ce qu'on facilite. Alors, le gouvernement libéral fait un double discours. Il faut vraiment regarder les gestes et les actions, non pas ce qui sort de la bouche des libéraux.
Les libéraux refusent de s'attaquer à la question des inégalités en ce qui a trait à la façon dont on taxe, la façon dont on demande à nos commerçants d'appliquer la taxe de vente. Nos entreprises canadiennes sont obligées de facturer la taxe de vente sur les produits et les services. Cependant, quand on s'appelle Amazon, Netflix, Facebook ou Google, on n'a pas à le faire. Pourquoi le gouvernement du Canada s'entête-t-il à donner à des entreprises américaines un avantage concurrentiel de 12 à 15 % en commençant? Cela n'a aucun sens. Le gouvernement devrait s'assurer que la fiscalité au Canada s'applique à tous et à chacun.
Quand on parle d'égalité, il faut aussi regarder l'inégalité qui sévit dans nos régions. À titre d'exemple, en ce qui a trait aux besoins de l'Internet à haute vitesse et de la téléphonie cellulaire, le gouvernement actuel, comme le gouvernement précédent, ne fait rien de concret, particulièrement pour résoudre le problème du cellulaire. Il y a des investissements pour l'Internet à haute vitesse, soit, mais trop lentement. Il n'y a rien dans ce budget, sauf de vagues promesses sur les capacités du satellite. Encore aujourd'hui, trop de régions n'ont pas accès à la téléphonie cellulaire. Le gouvernement profite du G7 et de la conférence qui se tiendra dans Charlevoix pour doter cette région de ces infrastructures, mais il n'y a rien dans les autres régions. Cela nous semble assez cynique..
[Traduction]
Le financement annoncé pour l'infrastructure d'alimentation en eau et d'élimination des eaux usées des collectivités des Premières Nations est presque 2 milliards de dollars inférieur à l'estimation conservatrice du gouvernement relativement à ce qui est requis pour mettre fin à l'ensemble des avis d'ébullition de l'eau et offrir une infrastructure adéquate à ces collectivités.
Nous sommes ravis de constater un financement pour des stratégies sur le logement pour les Autochtones, mais aucun détail précis n'a été annoncé, même après des années de retard. Les besoins en logement sont urgents et les peuples autochtones ne peuvent plus se permettre d'attendre.
Nous sommes heureux de constater un financement pour les services à l'enfance et à la famille des Premières Nations, mais à cause du refus du gouvernement de divulguer l'écart de financement, il est impossible de dire si ce financement suffit.
Les besoins en logement des Autochtones sont précis. De plus, le Nord a besoin de refuges d'urgence. Souvent, les fonds sont versés seulement à des refuges sur les réserves, ce qui permet de répondre seulement à une partie de la demande des femmes autochtones victimes de violence.
Le budget ne contient rien concernant l'élimination du plafond de financement du programme d'aide aux étudiants autochtones de niveau postsecondaire. Pour les peuples autochtones, cela constitue un obstacle à des possibilités d'éducation.
Le budget ne contient pas non plus de détails au sujet de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, que ce soit pour s'assurer qu'elle dispose des ressources nécessaires ou pour répondre à certaines des recommandations formulées jusqu'à présent dans le rapport provisoire.
Je vais lire une citation:
Nous collaborerons avec nos homologues provinciaux pour veiller à ce que tous les Canadiens et les Canadiennes aient accès aux médicaments indispensables au sein de notre système de santé public. Le gouvernement fédéral doit jouer un rôle important pour réunir les provinces et les territoires avec d'autres intervenants du domaine de la santé afin de dessiner un projet assorti d'un calendrier visant à élargir notre assurance-santé nationale aux médicaments sur ordonnance.
Était-ce dans le budget? Non. C'était dans le programme électoral des libéraux en 1997. Onze ans plus tard, les Canadiens coupent leurs pilules. Ils payent leurs factures en retard. Ils puisent dans leurs économies et utilisent leurs cartes de crédit pour payer les médicaments dont ils ont besoin.
Quand il s'agit de leur santé, on peut dire que le gouvernement libéral a laissé tomber les Canadiens année après année. Qu'a répondu le , hier? Il a parlé de quatre années de plus d'études sur l'assurance-médicaments. Ces études seront dirigées par une personne qui a ouvertement dit que c'est un sujet qui a déjà été étudié à l'extrême.
Le gouvernement a déjà passé deux ans à étudier comment mettre en place une assurance-médicaments grâce au projet de loi présenté par mon collègue le député de . La consultation a eu lieu. Le gouvernement sait combien ce régime ferait économiser aux Canadiens. Tout ce qu'il manque, c'est le courage de le mettre en place.
Moins de 24 heures après le dépôt du présent budget, le revenait déjà sur la promesse d'instaurer un régime d'assurance-médicaments universel. Il songe déjà à un régime public-privé, ce qu'ont fortement déconseillé les témoins experts entendus par le comité de la santé. Les Canadiens sont-ils censés croire que le veut sérieusement mettre en place un régime d'assurance-médicaments alors que le budget ne prévoit pas de fonds pour le financer et que le ministre des Finances parle déjà d'en limiter la couverture?
Un diagnostic ne devrait pas constituer un arrêt de mort. Les Canadiens ne peuvent plus se permettre d'attendre que les médicaments d'ordonnance deviennent plus abordables. Le temps des études est terminé. Le temps est venu de mettre en place un régime universel d'assurance-médicaments pour tous les Canadiens.
[Français]
Les libéraux annoncent un cadre législatif pour assurer l'équité salariale, mais ils n'accordent pas d'argent pour sa mise en oeuvre. Pourquoi avoir mis autant de temps à présenter cette mesure législative?
Rappelons-nous qu'on en parlait déjà de l'équité salariale en 2016 et qu'on en a parlé en 2017. En 2018, on nous promet une mesure législative. Les femmes ont déjà attendu trop longtemps. Le gouvernement doit se doter dès maintenant d'une stratégie pour encourager toutes les provinces et tous les territoires à adopter également des mesures pour que les entreprises sous leur autorité atteignent l'équité salariale. Les mesures pour atteindre l'équité salariale sont tout de même bienvenues, pour autant que le gouvernement tienne parole cette fois-ci.
C'est un budget timide qui est fort sur le symbolisme, mais assez faible sur la substance, en plus de manquer de détails.
[Traduction]
En 2017, la crise des opioïdes a tué près de 4 000 personnes au Canada. Le président des États-Unis a déclaré un état d'urgence nationale de santé publique pour que l'on fournisse aux collectivités les ressources dont elles ont besoin pour combattre cette crise majeure. Qu'attend le premier ministre pour agir?
De ce côté-ci de la frontière, l'investissement de 231 millions de dollars sur cinq ans est le bienvenu, mais c'est presque 100 millions de dollars de moins que les 320 millions de dollars sur trois ans annoncés par le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique. Il est urgent de combattre cette crise d'une ampleur sans précédent. Il est essentiel de fournir aux intervenants de première ligne le financement nécessaire à leur travail.
[Français]
Dans le dossier des changements climatiques, le gouvernement fédéral avance à reculons. Les mesures mises en avant sont bien faibles par rapport à l'urgence de la situation. Par ailleurs, 90 % des montants promis ne seront investis qu'après les prochaines élections, ce qui est un thème récurrent dans ce budget. Si le gouvernement veut vraiment mettre l'accent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, il doit mettre les bouchées doubles dès maintenant.
Après avoir promis en 2015 de supprimer graduellement les subventions accordées à la production de combustibles fossiles, les libéraux n'ont même pas abordé la question dans ce budget. L'abolition des subventions aux combustibles fossiles permettrait au gouvernement d'épargner 1,3 milliard de dollars par année. En continuant d'accroître la production de gaz à effet de serre et en approuvant des projets comme celui de Kinder Morgan, par exemple, le gouvernement ne respectera jamais les engagements qu'il a pris dans l'Accord de Paris.
Il y a neuf mois, le 26 mai 2017, le publiait un communiqué de presse pour annoncer qu'il annoncerait une stratégie pancanadienne relative aux véhicules électriques d'ici 2018. J'annonce au gouvernement et à son ministre des Transports que nous sommes en 2018. Alors, non seulement nous attendons toujours la stratégie, mais le budget présenté hier n'annonce aucune intention d'aller de l'avant ni aucune subvention pour l'achat de véhicules électriques. Le budget fédéral est encore une fois une occasion ratée de prendre de vraies mesures contre les changements climatiques.
Nous accueillons d'un oeil favorable, toutefois, les nouveaux investissements annoncés pour soutenir la construction de logements locatifs. On ne parle toutefois pas de logement social, il faut être clair là-dessus. Selon les chiffres du dernier recensement, près de 796 000 ménages locataires canadiens consacrent plus de la moitié de leur revenu à leur logement. Leur revenu médian est de 14 900 $ par année — je dis bien 14 900 $. La crise du logement, c'est maintenant qu'il faut la régler, pas après l'élection. Ces gens sont présentement sur des listes d'attente, mais le budget ne montre aucune urgence de faire des investissements en la matière.
[Traduction]
La Fédération canadienne des municipalités a déclaré que ce budget « a manqué l'occasion d'accélérer la réparation du parc de logements sociaux et, par le fait même, la possibilité d'obtenir des résultats concrets et de donner un solide coup d'envoi à la Stratégie nationale sur le logement ».
Les Canadiens, dont les finances sont durement éprouvées par la montée en flèche du coût des logements, ne peuvent se permettre que les libéraux se servent de ce financement à des fins politiques.
[Français]
On a souvent mentionné qu'il était urgent que le gouvernement protège les médias écrits, qui sont un pilier de notre démocratie. La nous a donné l'impression qu'elle agirait de façon extrêmement forte et vigoureuse dans ce dossier devant la possibilité que plusieurs de nos médias écrits ferment leurs portes en raison des difficultés financières qu'ils connaissent présentement.
Les journaux papier subissent des pertes massives de revenus publicitaires, dont une grande partie provient du gouvernement, alors que ces revenus s'en vont vers les médias en ligne. Pourtant, la ministre offre 50 millions de dollars sur cinq ans, soit 10 millions de dollars par année, pour soutenir le journalisme local dans les communautés mal desservies. On a perdu, au cours des deux dernières années, environ 15 000 postes de journalistes au pays, et elle nous offre simplement un plasteur pour ce problème.
De nombreux travailleurs saisonniers vont se retrouver sans salaire au cours des prochaines semaines. Ils se demandent depuis plusieurs années comment régler la question du trou noir de l'assurance-emploi. Une fois de plus, les libéraux se refusent à régler le problème alors que la solution est simple et connue. La mesure des 15 semaines de prestations d'assurance-emploi pour cause de maladie à 55 % du salaire habituel date de 1971. Les libéraux s'étaient engagés à hausser ce nombre de semaines de prestations permettant aux malades de bénéficier de l'assurance-emploi. Or il n'y a absolument rien dans ce budget à ce sujet. Il est clair que pour la plupart des Canadiens et des Canadiennes, 15 semaines de prestations d'invalidité ne sont pas suffisantes.
Le budget de 2018 ne prévoit aucune mesure qui permettrait d'éviter qu'une compagnie comme Sears fasse passer ses actionnaires ou ses créanciers prioritaires avant les avantages sociaux et les régimes de retraite des travailleurs. Pour le premier ministre, notre système d'assurance-emploi défaillant suffit pour protéger les travailleurs et les retraités contre ce vol de pensions, mais nous savons, de côté-ci de la Chambre, que ce n'est pas suffisant, et j'aimerais saluer le travail de mon collègue d'.
[Traduction]
Le budget de 2018 démontre un manque de courage. Le gouvernement a encore peur de tenir tête à ses amis, ceux qui font partie du 1 % le plus riche et qui profitent d'un régime fiscal inéquitable. S'il voulait s'attaquer aux crédits d'impôt offerts aux Canadiens les plus riches, le gouvernement pourrait redistribuer l'argent à ceux qui en ont le plus besoin. En cette période marquée par des situations d'urgence et des crises, le gouvernement fait de l'attentisme. Il attend avant de fournir de l'aide au logement, de mettre en place un régime d'assurance-médicaments et de dépenser dans les infrastructures. Il fait tout cela malgré le fait qu'il a ajouté 7 milliards de dollars au déficit prévu.
Les Canadiens doivent se demander ce qu'ils obtiennent pour leur argent. Les familles qui n'ont pas les moyens de payer leur maison ne peuvent se permettre d'attendre. Les Canadiens qui n'ont pas les moyens de se payer des médicaments ne peuvent se permettre les retards dans la mise en place d'un régime d'assurance-médicaments. Nos collectivités, qui ont besoin d'infrastructures publiques, ne peuvent se permettre d'attendre le financement fédéral pour commencer la construction.
[Français]
Nous avons ici un gouvernement obsédé par l'étude d'études. À un moment donné, il faut passer à l'étape de l'examen et avoir le courage de faire ce qu'il faut pour donner aux Canadiens et aux Canadiennes ce dont ils ont besoin pour avancer. Ce budget ne le fait pas.
Ce n'est pas le moment d'être timides, c'est le moment de prendre des mesures audacieuses et courageuses pour réduire les inégalités. Nous pouvons le faire en refermant les échappatoires fiscales pour les ultra-riches et utiliser cet argent pour des services publics qui vont profiter à tout le monde, comme des services de de garde abordables partout, un régime universel d'assurance médicaments maintenant, ou encore l'application de la TPS aux géants du Web, comme Netflix, parce que la situation actuelle créée des conditions de concurrence inégales entre les entreprises canadiennes et les entreprises étrangères.
En fin de compte, nous ne siégeons pas à la Chambre des communes pour nous. Nous siégeons à la Chambre des communes pour les gens qui ne sont pas à la Chambre. Nous travaillons pour eux.
[Traduction]
Nous travaillons pour les gens qui ne sont pas à la Chambre des communes, pour les aider à mener une vie meilleure, à réaliser des projets plus ambitieux et à améliorer leur avenir et celui de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Or, ce budget retardera les projets de nombre d'entre eux.
[Français]
C'est la raison pour laquelle je désire proposer un sous-amendement. Je propose que l'amendement soit modifié par substitution, aux mots suivant les mots « parce qu'il », de ce qui suit:
(a) ne s'attaque pas convenablement aux paradis fiscaux et aux échappatoires fiscales qui favorisent les plus riches;
(b) n'attribue aucun fond à l'implantation immédiate d'un système d'assurance-médicaments universels;
(c) n'adresse pas immédiatement la crise du logement qui fait rage partout au Canada;
(d) ne prévoit pas les sommes nécessaires pour éliminer les avis à long terme d'ébullition de l'eau et pour mettre à niveau les systèmes d'aqueduc dans les communautés autochtones d'ici 2020.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux d'intervenir aujourd'hui pour parler du budget de 2018. Nous pouvons affirmer, je crois, que les Canadiens ont de quoi se réjouir du budget présenté hier. Ce budget contribuera notamment à accroître l'égalité des sexes dans l'ensemble de la main-d'oeuvre canadienne. Je me concentrerai aujourd'hui sur trois éléments.
L'un des aspects remarquables de ce budget, c'est qu'il comporte beaucoup de petits éléments qui n'ont pas attiré autant d'attention que les principaux investissements. Je parlerai tout d'abord de deux de ces petits éléments. S'il me reste du temps, je passerai ensuite à l'un des volets principaux.
Premièrement, parlons du Gord Downie and Chanie Wenjack Fund. Le gouvernement du Canada a décidé d'y investir 5 millions de dollars dans le cadre du budget de 2018.
Beaucoup de gens ne savent peut-être pas que le groupe Tragically Hip, et surtout Gord Downie, ont été d'extraordinaires bâtisseurs de la communauté. Comme je viens de Kingston, ville d'origine du groupe, j'ai eu la chance de voir tout ce que ces cinq musiciens ont apporté, en coulisses, à leur collectivité. Ils ont souvent agi dans l'ombre, sans qu'aucun projecteur ne les montre en train d'aider différentes parties de la collectivité. Ils le faisaient parce qu'ils savaient que leurs gestes feraient vraiment une différence.
Vers la fin de sa vie, lorsqu'il savait que ses heures étaient comptées, Gord Downie s'est servi de sa renommée pour aider les gens à avancer, surtout les communautés autochtones, partout au Canada. Ce fonds permet de montrer aux Canadiens, surtout aux jeunes, ce qu'était le système des pensionnats indiens, afin de sensibiliser les gens et de nous permettre d'en tirer des leçons pour faire en sorte que l'histoire canadienne soit racontée avec précision et que nous sachions exactement ce que les gens ont vécu pour en arriver là où nous en sommes. Il est extrêmement gratifiant de voir que le budget affecte directement de l'argent à ce fonds, À mon avis, Gord Downie serait très heureux de savoir que l'on appuie ainsi une cause qui lui tenait à coeur.
Une des questions à caractère plus national dont j'aimerais parler concerne les changements aux prestations d'assurance-emploi et ce que fait le budget pour aider les femmes sur le marché du travail. Le projet de loi d'initiative parlementaire que j'ai présenté à la Chambre en 2016 visait à changer le régime d'assurance-emploi pour donner plus de flexibilité aux femmes en ce qui concerne le congé de maternité et le congé parental. Nous avons constaté des changements à ce sujet dans le dernier budget, une prolongation des prestations pour permettre aux femmes de commencer à toucher plus tôt leurs prestations de maternité, soit 12 semaines avant la date prévue de l'accouchement plutôt que 8 semaines comme au départ.
Cette fois, le changement sera encore plus grand: les femmes pourront réintégrer plus rapidement la population active. Pour les couples qui choisissent de partager les prestations parentales, le présent budget leur permet de s'en répartir la durée et de l'augmenter de cinq semaines. Il y a donc un avantage pour les couples qui veulent partager ce temps. Nous espérons ainsi que les femmes pourront réintégrer la population active. Nous savons que, souvent, les femmes sont désavantagées, car elles doivent parfois choisir entre fonder une famille ou participer à la population active.
Nous parlons beaucoup ici de l'égalité des sexes, en particulier de l'égalité hommes-femmes à la Chambre. Il faut absolument qu'il y ait plus de femmes députées et plus de femmes chefs d'entreprise, avocates et médecins.
Comme me l'a dit une des organisatrices de l'association féminine d'ingénierie en 2016, il n'y a que 338 sièges dans cette enceinte. Nous devons faire plus pour les femmes sur le marché du travail dans l'ensemble. Le fait est que beaucoup de femmes veulent apprendre un métier spécialisé ou travailler dans le secteur de l'ingénierie, dans le secteur minier et d'autres secteurs du genre. Si elles doivent choisir entre avoir des enfants et trouver l'emploi de leurs rêves, il se pourrait qu'elles choisissent de ne pas le faire. Je suis très heureux que cela fasse partie du budget parce qu'il s'agit d'une autre grande avancée sur la lancée des mesures proposées dans le budget de 2017.
J'utiliserai le reste du temps qui m'est imparti aujourd'hui pour parler d'un des points moins frappants abordés dans le budget qui trouve vraiment écho dans ma collectivité. C'est un sujet qui ne fait peut-être pas les gros titres, mais qui s'avère extrêmement important pour le pays. Il est mentionné loin dans le budget, à la page 240. Il s'agit de la « réouverture des fermes pénitentiaires aux établissements de Joyceville et de Collins Bay ». Quelque 4,3 millions de dollars vont être investis dans ces fermes pénitentiaires pour en assurer la réouverture, dans les établissements de Collins Bay et de Joyceville, situés à Kingston et aux alentours.
La réalité, c'est qu'en 2010, le gouvernement précédent a choisi de fermer les prisons agricoles. Il l'a fait sans se fonder sur aucune donnée, étude ou analyse de rentabilisation. Il a décidé de façon unilatérale de fermer les prisons agricoles. Les manifestations ne se sont pas fait attendre. Les agriculteurs, les gardiens de prison et les détenus eux-mêmes ont demandé à l'ancien gouvernement fédéral de se pencher sur ce dossier afin de prendre une décision fondée sur des données probantes. L'ancien gouvernement a refusé de le faire.
En conséquence, les prisons agricoles ont été fermées, et il y a eu de vastes mouvements de protestation. Des gens manifestent encore aujourd'hui devant le pénitencier de Collins Bay, dans ma circonscription. Tous les lundis soir, des gens manifestent devant le pénitencier de Collins Bay contre la fermeture des prisons agricoles. Ce sont 330 lundis qui se sont écoulés depuis la fermeture en 2010. Nous savons que les prisons agricoles favorisent la réadaptation et la réinsertion sociale des détenus.
J'aimerais lire ce qu'a dit un ancien détenu du pénitencier de Collins Bay. Il a dit: « J'ai commencé à commettre des crimes à l'âge de 6 ans. J'ai été incarcéré à maintes reprises pendant 40 ans, puis j'ai été envoyé à la prison agricole. Je n'avais jamais participé à des travaux de ferme. Personne n'a cru que j'y resterais en raison de mes antécédents et du type de personne que j'étais. En un rien de temps, j'ai appris à traire des vaches, puis, tout à coup, je me suis rendu compte que ce genre de travail me plaisait beaucoup. J'ai voulu tout apprendre sur les vaches. Travailler dans une grange m'a appris à parler à des superviseurs et à demander de l'aide. L'expérience que j'ai vécue dans une prison agricole m'a fait oublier la vie dans la rue et m'a permis de ne plus retourner en prison. »
Il est temps de considérer les prisons comme des moyens de réadaptation et de réinsertion sociale, et non comme des endroits où enfermer les contrevenants indéfiniment comme sous le gouvernement précédent. À partir du moment où nous adopterons cette approche, nous obtiendrons un programme correctionnel efficace. Je suis très heureux que cet investissement soit de retour dans le budget, comme le sont beaucoup de gens de ma région et de partout au pays.
En fait, lorsque le ministre a participé à une assemblée publique sur le sujet dans ma circonscription, il y a environ un an et demi, 300 personnes, des citoyens ordinaires, sont venues expliquer pourquoi les fermes pénitentiaires sont extrêmement importantes. Au fil du temps, de nombreuses personnes ont contribué à concrétiser cette vision. Je sais que beaucoup d'entre elles, comme mon prédécesseur, Ted Hsu, le député précédent dans la circonscription, ont joué un rôle déterminant. Je tiens à le remercier d'avoir porté le flambeau pendant que nous étions dans l'opposition. Les députés néo-démocrates ont aussi appuyé ce projet, et ils devraient en être félicités.
Nous assistons au retour d'un programme extrêmement important. J'espère que, grâce à la réouverture des fermes pénitentiaires aux établissements de Collins Bay et Joyceville, nous serons en mesure d'en compiler et d'en évaluer adéquatement les résultats pour ensuite étendre progressivement le programme à l'ensemble du pays.
Je conclus sur ce point. Le budget sert l'intérêt du Canada. Il met le pays sur la bonne voie grâce à l'adoption de mesures progressistes. J'ai eu l'occasion de parler de trois parties du budget; maintenant, je me ferai un plaisir de répondre aux questions.
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Monsieur le Président, je suis fier de prendre la parole au sujet de la vision présentée par le dans le budget de 2018, intitulé « Égalité et croissance ». Je veux d'abord souligner que nous sommes réunis ici sur les terres ancestrales non cédées du peuple algonquin. Je profite aussi de l'occasion pour dire à notre collègue de ainsi qu'à son mari Salman Zahid et à ses fils que nous prions pour sa guérison. Nous sommes sûrs qu'elle reviendra parmi nous très bientôt.
Je remercie le , le et le Cabinet de la diligence et des efforts qu'ils ont déployés afin de présenter le budget de cette année plus tôt que par les années précédentes. Étant donné l'ampleur du budget, il me sera impossible de couvrir tous les aspects dont je souhaiterais parler. J'aborderai donc quelques-uns des points principaux.
Il y a environ six ans, j'ai eu l'occasion de m'asseoir avec le député de , qui était alors candidat à la chefferie du Parti libéral. Nous avons eu une conversation sérieuse sur ce que sont les droits. Nous avons parlé de la Charte canadienne des droits et libertés et de ses implications. Durant cette conversation, l'aspirant chef a soutenu que si le XXe siècle avait été celui de la définition des droits, le XXIe serait celui de leur exercice.
Comme les députés le savent, cette année, la Déclaration universelle des droits de l'homme a 70 ans et la Charte canadienne des droits et libertés en a 36. Un assez bon travail a été fait jusqu'à présent pour définir ces droits. En fait, je dirais même que leur définition s'est améliorée au cours des quelques dernières années. Toutefois, nous leur avons rarement donné vie. Ce que j'entends par là, c'est qu'aucun soutien financier suffisant n'avait jamais été accordé pour les faire respecter pleinement. C'est exactement ce que le gouvernement s'efforce de changer depuis son arrivée au pouvoir en 2015. C'est probablement la meilleure façon de résumer la direction dans laquelle nous nous dirigeons.
Les deux programmes que nous connaissons déjà, qui ont été présentés à l'origine dans le budget de 2015 et dans l'Énoncé économique de l'automne, sont liés à l'Allocation canadienne pour enfants et à l'Allocation canadienne pour le travail. Les deux ont un impact important sur ma circonscription, Scarborough—Rouge Park. Je vais vous donner un aperçu de ce que l'Allocation canadienne pour enfants a fait dans ma circonscription. Rien qu'en juillet dernier, nous avons donné 5,754 millions de dollars à des familles de Scarborough—Rouge Park. Il s'agit d'un investissement total de 78 millions de dollars l'année dernière. C'est un chiffre incroyable. Cette allocation aide directement les familles, qui grâce à elle, peuvent soutenir leurs enfants, les inscrire à des cours de hockey et de soccer, les nourrir et les vêtir, entre autres. Nos politiques ont aidé 300 000 enfants canadiens à sortir de la pauvreté. C'est un chiffre impressionnant. L'Allocation canadienne pour le travail a changé la donne de façon majeure. Elle permet aux personnes à faible revenu de sortir de la pauvreté en travaillant. Le budget a aidé à sortir 70 000 personnes de la pauvreté. Ces deux allocations sont des mesures fondamentales et d'envergure que le gouvernement a prises.
Je vais parler de trois principaux éléments du budget.
Tout d'abord, dans le dossier des femmes, en 2018, le gouvernement reconnaît qu'il est important de régler les problèmes liés à l'égalité des sexes. Il s'agit d'un droit et, de surcroît, c'est tout à fait logique sur le plan économique. Comme on le dit parfois, un pays ne peut pas s'attendre à atteindre son plein potentiel avec seulement la moitié de la population. C'est aujourd'hui plus vrai que jamais.
Au cours des 40 dernières années, la participation des femmes s'est accrue, mais celles-ci ne comptent que pour le tiers de la croissance économique au pays. Au Canada, les femmes sont parmi les plus éduquées au monde. Toutefois, elles ne gagnent en moyenne que 87 ¢ pour chaque dollar que gagnent les hommes. C'est la raison pour laquelle le processus décisionnel prévu dans le budget de 2018 est axé sur l'égalité des sexes. Nous nous employons à appuyer les femmes et les jeunes filles et à combler l'écart salarial. Ces politiques vont favoriser la croissance économique pour tous les Canadiens. Dans le budget de 2018, nous avons choisi de donner l'exemple en accroissant la transparence au moyen de dispositions législatives sur l'équité salariale, ce qui permettra à toutes les femmes oeuvrant dans les secteurs sous réglementation fédérale de recevoir un salaire égal pour un travail de valeur égale.
Les nouvelles prestations parentales d'assurance-emploi « à prendre ou à laisser » d'une durée de cinq semaines, qui viendront s'ajouter à celles qui existent déjà et qui seront utilisées surtout par des hommes, représentent un autre aspect important du budget.
Ces prestations encourageront le deuxième parent à partager un plus grand nombre de tâches liées à l'éducation des enfants et offriront une plus grande marge de manoeuvre aux femmes pour leur permettre de retourner au travail plus tôt, si elles le souhaitent.
Nous avons aussi pris une mesure ambitieuse, soit un investissement supplémentaire de 169 millions de dollars pour faire de Condition féminine Canada un ministère officiel. Cette décision appuiera notre plan visant à présenter un projet de loi sur l'analyse comparative entre les sexes plus pour que la budgétisation fondée sur le sexe soit un élément permanent du processus d'établissement du budget fédéral.
La stratégie pour les femmes en entrepreneuriat sera coordonnée à l'échelle nationale au moyen d'une approche qui permettra à des femmes de se tailler une place sur le marché. Ce vaste programme prévoit le versement de 33 millions de dollars par l'entremise de l'Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l'Ontario afin d'aider les femmes entrepreneurs dans cette région.
Ce n'est que le début.
J'aborde maintenant un enjeu dont je parle depuis deux ans et demi et que la Chambre a débattu à maintes reprises. Cet enjeu est lié aux affaires autochtones.
Récemment, le député d' a présenté une mesure visant à inscrire dans la loi canadienne les principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Cette mesure est appuyée par un changement d'attitude sans précédent à l'égard des rapports entre les peuples autochtones et le gouvernement du Canada comme en fait foi la récente annonce du concernant sa volonté d'adopter une approche fondée sur la reconnaissance des droits.
Aux investissements de 11,8 milliards de dollars prévus dans les deux budgets précédents, s'ajoute cette année l'injection de 337 millions de dollars pour établir une nouvelle relation financière visant à renforcer la capacité des institutions et des communautés des Premières Nations d'élaborer une approche d'autodétermination.
Le ministère des Affaires autochtones obtiendra 4 milliards de dollars additionnels pour s'attaquer notamment aux problèmes liés aux avis d'ébullition de l'eau et aux organismes de protection de la jeunesse des Premières Nations. Il s'agit d'un volet très important de l'effort de réconciliation du gouvernement, qui se faisait attendre depuis trop longtemps déjà.
L'aide internationale est un élément très important de la présence du Canada dans le monde. Notre pays est considéré comme un des pays les plus humanitaires au monde. En janvier dernier, j'ai eu l'occasion de me rendre à deux endroits où l'aide du Canada appuie diverses initiatives importantes. Je suis d'abord allé au Sri Lanka, puis au Bangladesh, dans le camp de réfugiés rohingyas de Cox's Bazar.
Le Sri Lanka sort tout juste d'une guerre qui a duré 26 ans. Le pays compte 90 000 ménages ayant une femme tamoule à leur tête, mais les femmes y ont peu de possibilités d'occuper des charges publiques. Notre politique féministe en matière d'aide internationale nous aidera à lutter contre certains des obstacles systémiques qui empêchent les femmes de prétendre à des charges publiques.
La situation dans les camps de réfugiés rohingyas est terrible elle aussi. Ce sont les femmes qui sont les plus touchées. L'an dernier, le gouvernement a fourni une aide de 37,5 millions de dollars pour ces camps.
J'espère que, sur les 2 milliards de dollars que le gouvernement accorde en aide internationale sur les cinq prochaines années — un investissement sans précédent —, des fonds supplémentaires seront utilisés pour venir en aide aux femmes, au Sri Lanka et au Bangladesh, bien sûr, mais aussi dans d'autres régions où nous pouvons contribuer à des changements de société.
Les thèmes du budget de 2018 sont l'égalité et la croissance, et nous les respectons. Nous appuyons ce que le avait dit, à savoir que nous voulons concrétiser, au Canada et ailleurs, les droits dont nous reconnaissons l'existence par la Charte des droits et des libertés.
Au cours des années qui viennent, notre budget nous aidera à bâtir une société plus juste au Canada et ailleurs dans le monde.
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Monsieur le Président, perler ne coûte rien. Ce n'est pas le cas du gouvernement. Lorsqu'il parle, c'est très coûteux.
Hier, le a fait un discours d'environ 40 minutes. Simultanément, il a aussi ajouté 1,5 million de dollars à la dette nationale. C'est soit trop de beaux mots, soit trop de dépenses, soit les deux. D'une façon ou d'une autre, la dette à rembourser ne fait que s'alourdir.
Lors de la dernière campagne électorale, le a promis un petit déficit de 6 milliards de dollars. Il s'élève à 18 milliards de dollars cette année, soit trois fois ce qu'il avait promis. Il avait affirmé que le déficit serait éliminé d'ici l'année prochaine, c'est-à-dire 2019. Cependant, le ministère des Finances indique maintenant qu'il y aura au moins un autre quart de siècle de déficits, qui s'élèveront à presque un demi-billion de dollars, avant que l'équilibre budgétaire soit rétabli, à condition que les libéraux n'ajoutent aucune nouvelle dépense dans le budget préélectoral de l'année prochaine. Quelles sont les chances que cela se produise?
Les libéraux ont essayé de nous réconforter en nous disant de ne pas nous préoccuper de la dette croissante, car tout l'argent qui provient de la croissance économique aux États-Unis, de la hausse des prix du pétrole et d'une économie mondiale prospère nous permettra de réduire notre ratio dette-PIB. Parlons de certains des risques associés à cette hypothèse.
Le gouvernement ne tient pas compte de la dette totale que les Canadiens doivent assumer. La dette de l'État est aussi celle de l'ensemble de la population. Les intérêts de la dette nationale ne se paient pas d'eux-mêmes, comme par magie. Ce sont les contribuables canadiens — les entrepreneurs et les travailleurs —, qui paient la note. Pour ce qui est de l'endettement des ménages, les nouvelles sont très mauvaises. Le taux d'endettement des ménages canadiens par rapport à leur revenu est le plus élevé des pays membres de l'OCDE. L'endettement total des sociétés, des ménages et de l'État correspond à trois fois la masse de l'économie canadienne. Ce mois-ci, il dépasse pour la première fois celui de tous les autres pays membres de l'OCDE. Les Canadiens sont maintenant plus endettés que les Grecs et les habitants de tous les autres pays de l'OCDE.
Que doit-on en comprendre? Que les taux d'intérêt exerceront beaucoup de pression sur les ménages, les entreprises et les gouvernements du Canada lorsqu'ils se mettront à monter.
Le gouvernement n'a pas prévu cette éventualité. Au contraire, il profite des bonnes conditions qui existaient déjà lorsqu'il est arrivé au pouvoir et qu'il a pu occuper le bureau du premier ministre, à l'édifice Langevin, c'est-à-dire un budget équilibré coexistant de façon presque inédite avec une série de conditions économiques favorables sur la scène internationale. Énumérons quelques-unes de ces conditions qui, habituellement, ne vont pas de pair.
Nous avons à la fois un dollar faible et des prix du pétrole élevés. Les prix du pétrole ont presque doublé au cours des trois dernières années, alors que le dollar demeure faible. Par conséquent, nous avons une situation qui favorise nos producteurs de l'Ouest, quoique l'accès restreint aux marchés les empêche d'en profiter pleinement, et un avantage financier pour nos manufacturiers exportateurs du centre du pays. Ces deux situations se produisent rarement simultanément. L'économie des États-Unis et l'économie mondiale sont en plein essor, et pourtant, les taux d'intérêt demeurent faibles. Encore une fois, ces deux éléments ne vont habituellement pas de pair. Toutefois, pendant cette très courte période ils coexistent.
Malheureusement, les choses ne demeureront pas ainsi. Déjà, les taux d'intérêt montent au sud de la frontière. Depuis septembre uniquement, le taux d'intérêt sur les obligations de deux ans du gouvernement des États-Unis a presque doublé, passant d'environ 1,2 % à environ 2,2 %. Cette hausse ne semble pas grave. Cependant, elle signifie que le coût d'emprunt a augmenté de façon radicale pour ce gouvernement.
Si les détenteurs d'obligations souhaitent prêter de l'argent au gouvernement et peuvent obtenir un taux d'intérêt plus élevé auprès du gouvernement américain, ils exigeront que le gouvernement canadien augmente ses taux d'intérêt. Les Canadiens devront donc payer davantage d'impôt pour financer les paiements d'intérêts versés aux personnes qui prêtent de l'argent au gouvernement.
Par ailleurs, les taux d'intérêt sur la dette des consommateurs commencent à grimper lentement, tout comme les taux d'intérêt sur les prêts hypothécaires. Par conséquent, les entreprises devront bientôt payer davantage pour servir leur dette. Les contribuables, qui sont déjà aux prises avec un endettement personnel sans précédent, devront aussi composer avec un fardeau fiscal plus lourd afin que le puisse financer les paiements d'intérêts versés aux détenteurs d'obligations.
D'après le budget de 2018, qui s'appuie selon moi sur des prévisions vraiment irresponsables en matière de frais d'intérêt, la somme que le gouvernement doit consacrer aux intérêts de la dette augmentera de 9 milliards de dollars d'ici 2022, donc d'ici cinq ans. Si l'on en croit ces prévisions, les frais d'intérêt du gouvernement augmenteraient donc de plus de 35 %. Le financement de la dette coûtera 33 milliards de dollars par année. Il s'agit de sommes que les contribuables paient, mais qui ne leur procurent rien en retour. Elles se retrouvent dans les poches des prêteurs qui ont financé la frénésie de dépenses du gouvernement actuel.
On présume qu'il n'y aura pas de hausse soudaine et imprévue des taux d'intérêt, alors qu'il y a tout lieu de croire le contraire. Dans l'éventualité où les taux grimperaient plus rapidement que l'anticipe le ministère des Finances, les chiffres dont je viens de faire part à la Chambre se révéleront une sous-estimation.
Outre la hausse des taux d'intérêt, le gouvernement omet de prendre en considération un deuxième risque, qui est pourtant évident et pour lequel il ne laisse aucune latitude dans le budget: le processus de renégociation de l'accord commercial avec notre principal client. Nous vendons aux États-Unis d'Amérique des marchandises et des services à hauteur de 400 milliards de dollars, ce qui équivaut à un cinquième de notre économie. Celle-ci se chiffre à 2 billions de dollars, et nos ventes aux Américains, à 400 milliards de dollars.
Imaginons qu'un chef de petite entreprise apprenne qu'il pourrait perdre son principal client, qui génère un cinquième du revenu total de l'entreprise. Que faire dans une telle situation? S'endetter sans compter ou stabiliser ses finances, pour se préparer à l'éventualité d'une baisse des ventes à ce gros acheteur qui s'avère imprévisible, tout comme la relation que nous avons avec notre principal client? Le budget ne prévoit rien pour parer à cette triste possibilité. Pourtant, tous reconnaîtront — même le gouvernement, s'il est honnête — que les négociations de l'ALENA vont mal et qu'elles pourraient aboutir à des conséquences désastreuses pour l'économie canadienne.
Il y a un troisième danger auquel le gouvernement ne s'est pas préparé: les bulles immobilières massives de Toronto et de Vancouver. Si le prix des maisons devait subir une correction digne de ce nom, c'est tout le secteur de la construction qui s'en ressentirait. La valeur nette des maisons sur ces marchés chuterait d'un coup. Certains propriétaires pourraient même se retrouver avec une maison dont la valeur est inférieure à leur hypothèque. Les répercussions seraient énormes sur les coffres de l'État fédéral et sur sa capacité à honorer ses obligations, à commencer par venir en aide aux familles qui se trouveraient dans une telle situation. Pourtant, cette éventualité ne se reflète nulle part dans les chiffres qu'on nous a présentés.
C'est comme si, dans l'esprit du gouvernement, les voies ensoleillées ne connaîtraient jamais la moindre journée de mauvais temps. Le gouvernement n'a rien fait pour se préparer aux jours de pluie. Au lieu de mettre de l'argent de côté et de ménager ses ressources pour les temps plus difficiles, il les dilapide sans compter. Les libéraux dépensent aujourd'hui l'argent qu'ils n'auront même pas demain.
C'est ce qui m'amène au dernier élément que je veux aborder relativement à la dette. Nous venons d'entendre un député libéral dire que nous devons nous attaquer aux déficits sociaux et à toutes les lacunes sociales dont souffre le pays. Évidemment, pour les libéraux, la solution consiste systématiquement à alourdir la machine gouvernementale: plus le gouvernement est interventionniste, et mieux le pays se porte. Le gouvernement soutire tout l'argent qu'il peut aux travailleurs et aux entrepreneurs, les politiciens le confient aux bureaucrates, et les bureaucrates le distribuent ensuite aux groupes d'intérêts ou, sous forme d'aide sociale, aux entreprises. Tout cela dans l'espoir qu'une partie de cet argent se retrouve comme par magie dans les poches des gens à qui il devrait revenir de toute façon, puisque ce sont eux qui l'ont gagné.
Supposons qu'il y ait un problème d'inégalités sociales dans notre pays. Quel effet aurait un alourdissement de la dette nationale sur ces inégalités? Qui détient les obligations du gouvernement du Canada? Les pauvres, ceux qui souffrent, les opprimés? Ceux qui tirent le diable par la queue dans la classe des travailleurs ou qui aspirent à en faire partie? Bien sûr que non. Les obligations d'État sont détenues en majeure partie par les personnes les mieux nanties, et même les riches. C'est pour cette raison qu'on entend toujours les banquiers étrangers recommander aux gouvernements de faire des déficits. C'est tout à fait logique pour eux. Ce sont eux qui prêtent l'argent et touchent les intérêts. Ils perçoivent des intérêts qui sont payés par les travailleurs. En ce sens, l'intérêt sur la dette est un transfert de richesse. C'est une forme de redistribution de l'argent des travailleurs aux ultra-riches.
En accroissant la dette nationale, le gouvernement opère un transfert massif de milliards de dollars de ceux qui n'ont rien à ceux qui ont tout, de ceux qui possèdent le moins à ceux qui possèdent le plus. Une fois encore, nous voyons que, lorsque le gouvernement grossit, lorsque la richesse de la nation est concentrée dans l'État, ceux qui ont du pouvoir et de l'influence sur l'État gagnent toujours ou sont toujours en meilleure posture.
De ce côté-ci de la Chambre des communes, nous privilégions une économie fondée sur le mérite, où les gens prospèrent grâce aux efforts qu'ils déploient, où la libre entreprise permet à chacun de s'élever en améliorant le sort de tous, où les personnes prennent des décisions sur leur propre argent plutôt que sur l'argent des autres.
C'est un grand paradoxe: nos collègues d'en face, qui souscrivent à une planification centralisée digne des années 1970, pensent qu'il ne faut pas faire confiance aux gens pour gérer leur propre argent, mais qu'il faut confier sans crainte à une personne l'argent des autres. Les libéraux veulent toujours être ceux qui contrôlent l'argent des autres. Ils adhèrent à une idéologie égoïste qui sert leurs propres intérêts.
De ce côté-ci de la Chambre, nous adoptons une vision qui appelle le gouvernement à faire preuve d'humilité. Nous comprenons que les gens qui gagnent l'argent devraient le conserver, sans que les politiciens exercent leur pouvoir coercitif d'imposition pour le prélever et le dépenser en leur nom. Autrement dit, comme l'a dit le chef du Parti conservateur, nous plaçons les gens avant le gouvernement dans un système où personne ne peut améliorer son sort sans faire de même pour les autres en leur offrant quelque chose qui a une valeur supérieure à l'argent qu'ils doivent verser pour l'obtenir.
Je parle du libre marché. En rétablissant cette grande tradition au pays, nous pouvons donner à chacun une chance de réussir en plus de remplacer cette espèce d'aristocratie moderne qui repose sur un gouvernement omniprésent par une méritocratie qui est ancrée dans l'économie de marché.