La Chambre passe à l'étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement.
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Monsieur le Président, qu'il est bon de se lever un lundi matin pour amorcer la semaine de travaux parlementaires par l'étude d'un projet de loi que tant de députés de tous les partis à la Chambre appuient et approuvent. Il est rare d'obtenir un tel consensus à l'égard d'un projet de loi. Tandis que la fin du calendrier parlementaire approche, j'entends donc savourer les 20 prochaines minutes.
D'abord, j'aimerais remercier les députés ministériels qui siègent au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de leur contribution au projet de loi. Leurs efforts sont toujours les bienvenus et ils sont très fructueux. Les députées de et d' se sont surpassées. En plus de s'acquitter de leurs propres fonctions au sein des comités, elles ont participé aux travaux du comité des ressources humaines, où elles ont apporté une énorme contribution. Elles ne sont pas les seules, mais ces deux députées ont été présentes à pratiquement toutes les séances. Je tenais à le souligner.
Je suis ravi de participer au débat de troisième lecture du projet de loi . Comme je l'ai déjà dit, tous les partis sont d'avis que le projet de loi C-65 est crucial pour le Canada à ce moment-ci. Tout le monde est d'accord pour dire que le harcèlement et la violence, y compris le harcèlement sexuel et la violence sexuelle, ne sauraient être tolérés au travail — ni nulle part ailleurs, du reste. Nous avons tous entendu des histoires qui montrent à quel point ce genre de comportement est nuisible et répandu. Elles dominent les médias depuis quelque temps, et nous en avons entendu beaucoup d'autres au cours des réunions consacrées au projet de loi C-65 du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées.
J'ai été frappé par une histoire étrange et un peu bizarre. C'est Sandy Hershcovis, professeure agrégée à l'Université de Calgary, qui nous l'a racontée lors de son témoignage. Elle a cité un article récent du magazine Science, où l'on apprend que des femmes ayant participé à une expédition géologique en Antarctique avaient rapporté s'être fait lancer des pierres, des insultes et même des cendres volcaniques dans les yeux par leurs collègues masculins et qui s'étaient fait dire que les femmes ne devraient pas être géologues sur le terrain. C'est curieux, mais cette histoire m'a vraiment marqué. De nombreux députés ont également pris connaissance du témoignage de Beisan Zubi, qui a décrit les comportements totalement inappropriés dont elle avait été témoin et parfois même victime lorsqu'elle était employée ici même, sur la Colline du Parlement. Elle a livré un témoignage très poignant.
Ce que ces histoires et d'autres encore montrent, c'est que notre société tolère le harcèlement et la violence dans le lieu de travail, accepte le déséquilibre des pouvoirs et les normes de genre et crée et renforce des comportements inappropriés. Trop longtemps, notre société a accepté dans une large mesure ce genre de comportements: encore bien trop communs, ils perdurent dans tous les types de milieu professionnel. Beaucoup de Canadiens continuent d'en pâtir parce qu'ils ont le sentiment de ne pas pouvoir dire franchement ce qu'ils pensent à ce sujet. Ils se taisent parce qu'ils pensent que leur plainte ne sera pas examinée sérieusement ou qu'elle sera reléguée aux oubliettes, ou peut-être parce qu'ils craignent de faire l'objet de représailles de la part de leur employeur, voire de perdre leur emploi.
Beaucoup de Canadiens vivent ce traumatisme en ce moment, et c'est inacceptable. Selon un récent sondage d'Angus Reid, 52 % des Canadiennes ont été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail; 28 % d'entre elles ont subi des attouchements de nature sexuelle non consensuels et 89 % d'entre elles ont pris des mesures pour éviter les avances sexuelles indésirables. Cette forme de harcèlement bien trop fréquente a des effets profondément dévastateurs.
Pour les victimes, cela peut se traduire notamment par une augmentation du stress et de l'anxiété, un certain désengagement et une diminution de la satisfaction au travail.
En ce qui concerne les employeurs, les effets négatifs du harcèlement et de la violence dans le milieu de travail peuvent se traduire notamment par une baisse de la productivité, une augmentation de l'absentéisme, des coûts liés aux congés de maladie, du roulement de personnel et des frais juridiques, et dans certains cas, une publicité indésirable. Le fait est que ce genre de comportement est néfaste pour les employés et les employeurs et, au bout du compte, pour l'économie canadienne.
Du moment où il a été élu, le présent gouvernement s'est fait le héraut de l'inclusion et de l'équité. Nous sommes résolus à ce que tous les Canadiens soient traités avec respect et dignité. Ces principes sous-tendent toutes les mesures que nous prenons, dont nos politiques et nos initiatives législatives. Nous avons dit clairement, dès le début, que nous défendrions les droits de tous les Canadiens et notamment ceux des femmes, des gens de couleur, des personnes handicapées et de la communauté LGBTQ2 étant donné que ce sont souvent eux qui sont les plus vulnérables dans notre société.
Le est à l'avant-garde dans ce dossier, grâce à ses positions claires et fermes en ce qui concerne l'équité, le principe de l'égalité des chances pour tous et la nécessité d'agir résolument pour mettre fin au harcèlement et à la violence. Ces positions reflètent des valeurs et des principes canadiens fondamentaux. Le Canada est un pays diversifié, c'est vrai, mais malgré cette diversité, nous ne traitons pas toujours les autres avec la compassion et les égards qu'il faudrait dans les lieux de travail ni, d'ailleurs, dans l'ensemble de la société. Il est temps d'opérer un changement de mentalité profond et durable. Nous sommes résolus à créer un climat social où les gens pourront vivre sans harcèlement et sans violence, et où les comportements inacceptables seront dénoncés et condamnés.
Voilà le contexte qui entoure le projet de loi .
Je tiens à rappeler que nous avons commencé à agir bien avant le début du mouvement #MoiAussi. En 2016 et au début de 2017, nous avons consulté des employeurs, des employés, des groupes d'intervenants, des experts, des universitaires et des Canadiens de partout au pays. Nous avions déjà quelques données, mais il était évident qu'il fallait creuser davantage pour mieux comprendre non seulement l'étendue du problème, mais aussi les pratiques et les démarches associées au signalement d'incidents en milieu de travail. Les Canadiens nous ont fait savoir que peu d'incidents étaient signalés et que lorsqu'ils l'étaient, le suivi était inadéquat et inefficace.
Voici quelques statistiques dont j'aimerais faire part à la Chambre: 60 % des répondants au sondage en ligne ont dit avoir vécu personnellement du harcèlement à leur lieu de travail; 30 % ont dit avoir vécu du harcèlement sexuel à leur lieu de travail; 21 % ont signalé avoir été victimes de violence à leur lieu de travail; et 3 % des répondants ont dit qu'ils avaient été victimes de violence sexuelle dans leur lieu de travail. Tous les députés s'entendront pour dire que c'est inacceptable. Nous pouvons et nous devons faire mieux.
Nous avons consulté les députés et les sénateurs. Ils ont dit de façon unanime qu'il faut prendre des mesures vigoureuses contre la violence et le harcèlement sexuels, et qu'il faut écouter les victimes de ces actes et les aider. C'est exactement ce que nous voulons faire, grâce à ce projet de loi historique, le projet de loi . En faisant emploi des leviers législatifs et politiques les plus efficaces pour régler le problème, le projet de loi C-65 mettrait fin au harcèlement et à la violence en milieu de travail, ainsi qu'aux conséquences de ces deux problèmes, dans les lieux de travail parlementaires et sous réglementation fédérale.
Le projet de loi accomplirait cela en exigeant que les employeurs fassent trois choses: d'abord, prévenir les incidents de harcèlement et de violence; deuxièmement, intervenir efficacement lorsque de tels actes se produisent; et troisièmement, soutenir les victimes et les employés touchés.
Je voudrais profiter de l'occasion pour remercier chaque membre du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. Après avoir examiné attentivement les nombreux points soulevés par les témoins, les membres du Comité ont présenté d'importants amendements au projet de loi. Des amendements de tous les partis à la Chambre ont été acceptés.
Le Comité a accepté l'amendement suivant visant à ajouter une définition claire du harcèlement et de la violence dans le Code canadien du travail:
[…] Tout acte, comportement ou propos, notamment de nature sexuelle, qui pourrait vraisemblablement offenser ou humilier un employé ou lui causer toute autre blessure ou maladie, physique ou psychologique, y compris tout acte, comportement ou propos réglementaire.
Un autre amendement prévoit une mention précise de la prévention des incidents de harcèlement et de violence dans la disposition de déclaration d'objet de la partie II du Code canadien du travail. Selon cet amendement, les employeurs seraient tenus de fournir une formation à ce sujet et de la suivre.
Les amendements acceptés prévoient aussi un soutien accru aux anciens employés qui déposent une plainte ayant trait à un incident de harcèlement et de violence, ainsi que des dispositions permettant aux employés d'adresser leur plainte à quelqu'un d'autre que leur supérieur hiérarchique. Ce sont des réclamations qui ont été formulées très clairement lors des témoignages et des discussions avec les membres du Comité.
Le Comité a également proposé et approuvé des amendements qui garantiraient que les dispositions sur le harcèlement et la violence contenues dans le projet de loi seraient examinées tous les cinq ans après l'entrée en vigueur du projet de loi afin qu'elles soient à jour et qu'elles continuent de répondre aux besoins des travailleurs.
Pour obliger le gouvernement à rendre des comptes, suivre nos progrès et rester au courant des tendances, le Comité a demandé la publication d'un rapport annuel sur le harcèlement et la violence dans tous les secteurs sous réglementation fédérale.
Les membres du Comité ont convenu à l'unanimité d'apporter des amendements qui confieraient au sous-ministre des attributions généralement réservées au ministre en vue d'éviter toute possibilité de conflit d'intérêts quand des acteurs politiques sont en cause. Cet amendement en particulier montre clairement les efforts de collaboration qui ont été déployés durant les discussions et qui ont abouti au projet de loi à l'étude aujourd'hui.
Grâce à ces amendements, entre autres, nous sommes saisis aujourd'hui d'un projet de loi dont nous pouvons tous être fiers. C'est une mesure législative historique qui était attendue depuis longtemps. Le gouvernement est résolu à sévir contre le harcèlement et la violence au travail.
En plus des mesures que nous prenons au Canada au moyen du projet de loi , nous agissons également sur la scène internationale en matière de harcèlement et de violence en milieu de travail. Nous allons participer activement aux prochaines négociations de l'Organisation internationale du travail lors de la Conférence internationale du travail qui aura lieu à Genève, plus tard ce mois-ci, dans le but d'établir de nouvelles normes internationales en matière de travail. Nous serons accompagnés de nos amis du Congrès du travail du Canada, qui présenteront également des exposés lors de cette conférence.
L'établissement de ces normes permettra de protéger les gens contre le harcèlement et la violence en milieu de travail. La présidence du G7 en 2018 est une excellente occasion pour le Canada d'agir en chef de file sur le plan mondial et de collaborer avec les autres pays du G7 sur des enjeux mondiaux pressants, notamment l'élaboration et la promotion de politiques qui visent à prévenir la violence et le harcèlement en milieu de travail.
À n'en point douter, les gens sont de plus en plus conscients de cette question. Nous avons réalisé beaucoup de progrès au cours de la dernière année. Le simple fait que nous en discutions aujourd'hui montre à quel point nous avons progressé, et je ne parle pas seulement du Parlement.
Cette année, le thème du Jour de deuil national, le 28 avril, était « La violence et le harcèlement: ça ne fait pas partie du travail ». Le Jour de deuil national n'est pas seulement l'occasion d'honorer les travailleurs, hommes et femmes, qui ont perdu la vie, qui ont été blessés ou qui sont tombés malades en raison de leur travail, c'est aussi l'occasion de renouveler notre engagement à améliorer la santé et la sécurité au travail et à empêcher que d'autres tragédies ne surviennent.
De plus en plus, les gens reconnaissent la gravité des effets du harcèlement et de la violence en milieu de travail. De nombreuses personnes dénoncent ces comportements inacceptables, et de nombreux employeurs agissent des suites des dénonciations, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Les employeurs doivent en faire plus. Ils doivent agir avec fermeté pour que la culture dans leur milieu de travail fasse que les gens ne tolèrent pas ces comportements, qu'ils agissent rapidement lorsque des incidents surviennent et qu'ils soutiennent les victimes. Les employeurs doivent aussi prendre des mesures pour que de tels incidents ne se répètent pas.
Le gouvernement prend des mesures qui ciblent les milieux de travail parlementaires et ceux sous réglementation fédérale. Or, nous savons que l'État n'arrivera pas à changer les choses à lui seul. Nous sommes conscients qu'une loi n'est pas suffisante. Nous avons affirmé — et la voix de la ministre que je représente a été particulièrement forte sur cette question — qu'un changement de culture s'impose pour mettre fin à ces comportements inacceptables sur les lieux de travail. Nous devrons tous unir nos forces pour y arriver.
Pour changer la culture, il faudra que tout le monde mette la main à la pâte. Ainsi, nous devrons appliquer une tolérance zéro à l'égard des comportements inappropriés en tous lieux. Tous les Canadiens devraient pouvoir dénoncer en toute sécurité ce qu'ils ont vu ou vécu. Dans les milieux de travail parlementaires et ceux sous réglementation fédérale, les mesures prévues dans le projet de loi contribueront à rendre tout cela possible. Nous espérons que le projet de loi servira d'exemple de mesure pour favoriser des milieux de travail sans harcèlement ni violence.
Ce qui est bon pour les travailleurs canadiens l'est aussi pour les entreprises du pays. Comme nous le savons, les mesures qui préviennent et qui règlent efficacement les problèmes de harcèlement et de violence mènent directement à une hausse de la productivité et du taux de maintien en poste. L'objectif est de créer des milieux de travail qui favorisent l'épanouissement des personnes les plus talentueuses. S'attaquer au harcèlement et à la violence est un élément crucial de cette démarche.
Voilà pourquoi nous demandons à la Chambre de continuer d'appuyer le projet de loi . En deux mots, appuyer le projet de loi est ce qu'il convient de faire dans l'intérêt du Canada, de ses travailleurs et de ses entreprises.
Selon nous, suite à l'adoption du projet de loi , plus de personnes dénonceront des actes de harcèlement et de violence. Il faudra examiner nos comportements, ce qui suscitera sans doute des discussions inconfortables, et créer des politiques et des outils pour rendre le milieu de travail plus inclusif et sécuritaire, et libre de harcèlement et de violence. À long terme, nous nous attendons à ce que la situation des employeurs et des Canadiens s'améliore et qu'un progrès véritable s'opère dans la société. Nous espérons que la loi servira d'exemple et établira la norme en matière d'équité et d'harmonie dans tous les milieux de travail du Canada.
Le harcèlement et la violence au travail transcendent les lignes de parti, comme nous l'avons démontré avec le projet de loi . Nous sommes sur la bonne voie. Il faut mettre fin au harcèlement et à la violence, y compris le harcèlement et la violence sexuels, et agir pour empêcher qu'ils surviennent.
J'ai bon espoir que les témoignages entendus jusqu'à présent concernant le harcèlement et la violence en milieu de travail inciteront les députés à maintenir leur appui envers cet important projet de loi.
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Monsieur le Président, je voudrais d'abord dire que l'opposition officielle a l'intention d'appuyer le projet de loi devant nous aujourd'hui à l'étape de la troisième lecture, bien qu'il soit imparfait, c'est le moins que l'on puisse dire. J'aurai la chance d'y revenir au cours des prochaines minutes.
Pourquoi appuyons-nous le projet de loi? Parce que le harcèlement n'a pas sa place dans nos milieux de travail et que toute action entreprise et toute mesure prise en vue de faire de nos milieux de travail un endroit exempt de harcèlement ou de violence est souhaitable.
Il faut se rappeler que le gouvernement a présenté ce projet de loi il y a seulement six mois, soit le 7 novembre 2017. Cela peut sembler long aux gens qui nous écoutent à la maison, mais un processus législatif qui se déroule en six mois, c'est quand même assez rapide. Cela démontre la bonne volonté de la part des partis de l'opposition et du gouvernement pour faire cheminer ce projet de loi qui s'attaque à un problème de société. On n'a qu'à penser, malheureusement, à tous les scandales survenus au cours des derniers mois et des dernières années. Je rejoins à ce sujet le sur l'importance de changer les mentalités en ce qui a trait à la tolérance dans nos milieux de travail face à des comportements, des gestes ou des actions totalement inacceptables.
Le projet de loi devant nous, c'est-à-dire la vise environ 8 % des employés qui travaillent et sont actifs au pays. À qui s'applique-t-il? Il concerne employés de la fonction publique fédérale et les employés assujettis à la réglementation fédérale. L'autre partie du projet de loi, et c'est quelque chose que l'opposition salue, s'applique au personnel politique présentement dans un flou ou un vide juridique. Ainsi, les personnes victimes de harcèlement se trouvaient dans une situation encore plus vulnérable. Le projet de loi touche les employés fédéraux et les employés au sein d'une entreprise sous réglementation fédérale, mais il touche aussi le personnel, de façon plus générale, de la Colline du Parlement. C'est un point positif. C'est une des raisons pour lesquelles nous appuyons le projet de loi.
Je vais commencer par énumérer trois éléments positifs qui font que nous appuyons le projet de loi, et également pour lesquels le gouvernement à accepter de faire des amendements. Nous aurions aimé qu'il aille beaucoup plus loin, parce notre objectif comme opposition officielle dans l'étude de ce projet de loi était de placer la victime au coeur du projet de loi. Malheureusement et dans plusieurs cas, le gouvernement actuel n'a pas voulu aller aussi loin que nous l'aurions souhaité.
Par ailleurs, nous sommes perplexes, car les mots « harcèlement » et « violence » font l'objet d'une seule définition. Cela nous apparaît totalement illogique. Je dois dire que c'est une bataille que nous avons menée du côté de l'opposition pour qu'il y ait, au moins, une définition dans le projet de loi. C'est malheureusement à déplorer de la part de ce gouvernement. En effet, les libéraux ont parfois tendance à ne pas vouloir nommer les choses et cela peut créer de la confusion. Au moins, il y a une définition qui n'est pas parfaite, mais qui définit le harcèlement et la violence. Nous venons d'en faire la lecture à l'instant. Je vais quand même le redire, car c'est important. Au sujet du harcèlement et de la violence, on dit:
Tout acte, comportement ou propos, notamment de nature sexuelle, qui pourrait vraisemblablement offenser ou humilier un employé ou lui causer toute autre blessure ou maladie, physique ou psychologique, y compris tout acte, comportement ou propos réglementaire
N'eût été l'acharnement de l'opposition, il n'y aurait pas de définition dans ce projet de loi. C'est pourtant un élément important, puisque cela va permettre d'avoir un cadre pour travailler lors de l'élaboration de la réglementation et de l'application de la loi. C'est l'opposition qui a proposé un amendement concernant la définition.
Une pièce de résistance a également été apportée. D'ailleurs, on me permettra de reconnaître le travail remarquable de mes collègues du comité. J'aimerais souligner le travail de mon collègue de la Colombie-Britannique le député de , qui a fait lui aussi des heures supplémentaires pour permettre le cheminement rapide de ce projet de loi. La jeune députée de a également fait un travail remarquable. Nous avons eu l'appui d'autres députés, dont ma collègue de , en particulier, qui a proposé un amendement qui nous rend beaucoup plus à l'aise d'appuyer ce projet de loi. Cet amendement est ce que j'appellerais l'amendement du mur coupe-feu. Dans notre système démocratique, il est primordial de maintenir l'indépendance des différents pouvoirs. Il y a le pouvoir exécutif, détenu par le gouvernement, et le pouvoir législatif, détenu par le Parlement, soit la Chambre des communes et le Sénat.
Une grande crainte que nous avions par rapport à la mouture initiale du projet de loi était qu'il constituait une sorte de porte d'entrée permettant au gouvernement de s'immiscer dans les affaires des parlementaires. Il s'agit là d'une atteinte à l'indépendance des parlementaires, ce qui est tout à fait inacceptable. Cela dit, il faut assurer l'application totale de la loi lorsque des événements répréhensibles surviennent dans l'environnement des parlementaires. C'est ma collègue de qui a proposé un amendement fort judicieux qui fait en sorte qu'une plainte pour harcèlement ou pour toute autre infraction au code du travail terminera son cheminement dans l'organigramme au poste du sous-ministre. Cet amendement prévient toute ingérence politique.
Nous avons souvent donné le même exemple pendant l'étude du comité, et cela ne concerne pas seulement le gouvernement en place, mais tout gouvernement. Si un attaché politique ou une attachée politique se dit victime de harcèlement de la part d'un ministre ou d'une ministre, on doit s'assurer que sa plainte est traitée de manière indépendante et qu'il n'y a pas d'ingérence politique. C'est ce que l'amendement permet de faire. D'ailleurs, j'oserais dire qu'il a été si bien concocté qu'il permet également d'éviter qu'on utilise des questions de santé et de sécurité au travail pour s'immiscer dans les bureaux parlementaires. On a donc atteint l'objectif grâce à l'amendement de ma collègue de qui, je le salue, a été accepté par le gouvernement. En effet, il prévient toute ingérence politique insidieuse dans le processus. C'est une bonne chose. Il y a donc une définition et un mur coupe-feu.
D'autres mesures ont été mises en place par des amendements que nous avons apportés, toujours afin de nous assurer que le gouvernement se concentre sur le soutien et l'aide aux victimes, comme il a promis de le faire. Le gouvernement est fort en rhétorique, mais nous voulions nous assurer que les petits pas étaient faits de manière responsable, et ces amendements vont certainement en ce sens.
Comme je l'ai mentionné, avant d'envoyer ce projet de loi en comité, nous avions de vives préoccupations. Nous étions notamment préoccupés par les dispositions relatives à la médiation, les risques d'intervention politique dans les enquêtes sur le harcèlement dans les lieux de travail, la définition des termes clés et la priorité donnée à la protection et aux droits des victimes. À titre d'exemple, selon la mouture précédente du projet de loi, une personne qui avait été victime de harcèlement de la part de son supérieur immédiat devait se tourner vers son agresseur, soit la personne qui a agressé le plaignant ou la plaignante.
On comprend la situation tout à fait inconfortable dans laquelle cela plaçait la victime. Un amendement a donc fait en sorte que le plaignant ou la plaignante puisse se tourner vers un tiers. Il faut se rappeler qu'on touche l'ensemble des employés de la fonction publique fédérale. Par conséquent, dans certains cas, il peut s'agir de grandes entreprises ou de plus petites entreprises, syndiquées ou non syndiquées. Il était important pour nous de tenir compte de ces réalités. C'est la raison pour laquelle nous avons proposé un amendement qui a été admis, afin de permettre qu'une victime n'ait pas à se tourner directement vers son agresseur, si elle s'estime dans une situation où il y a lieu de déposer une plainte.
Les députés conservateurs de notre comité ont également introduit avec succès une modification, afin de garantir des délais stricts pour les enquêtes sur les cas de harcèlement, de sorte qu'elles soient menées en temps opportun. Le projet de loi impose aux sociétés la nécessité de se doter d'une politique en matière de harcèlement et de voir à son application par le biais de la médiation et, le cas échéant, d'une enquête menée par un enquêteur indépendant. Évidemment, dans le cas d'une personne victime de harcèlement, on cherche à éviter la double victimisation grâce à ce projet de loi. Celle-ci se produit quand une personne victime de harcèlement entreprend un processus qui, en quelque sorte, va lui faire revivre un autre cauchemar, notamment par rapport aux délais. On a donc réussi à introduire des éléments qui font en sorte que le processus se fera par voie réglementaire et ne sera pas dans la loi. On va fixer des échéanciers au processus, notamment lors des consultations qui seront menées avec les divers intervenants.
Notre équipe a également introduit et soutenu une formation obligatoire. On sait que dans l'approche du gouvernement, la prévention est l'un des piliers sur lesquels s'appuie le projet de loi. Pour éviter le harcèlement, il faut vraiment faire de la prévention. On le sait, ici même à la Chambre des communes, l'ensemble des parlementaires que nous sommes est présentement sensibilisé à ces réalités par le biais d'une formation. On estime que la formation est un outil clé pour parvenir au changement de mentalité. C'était absent du projet de loi et, avec les amendements que nous avons proposés, il y a maintenant une obligation d'avoir un volet de formation. De toute évidence, on doit tenir compte des réalités du marché du travail, mais différentes formules peuvent être mises en avant pour que ce soit fait de façon efficace et rationnelle.
En outre, un amendement a été proposé pour permettre à d'anciens employés qui auraient été victimes de harcèlement de porter plainte. Pour assurer l'intégrité du processus, j'ai mentionné la clause coupe-feu. Tout cela peut se faire dans un délai raisonnable et prescrit. Une autre mesure importante est le fait qu'on pourra revoir le projet de loi dans cinq ans. Un de mes collègues a proposé cet amendement.
Il y a un amendement que j'aurais aimé voir dans ce projet de loi, mais je dois dire qu'il a malheureusement été rejeté du revers de la main par le gouvernement. Cela nous a déçus, puisqu'il visait à faire en sorte qu'une victime pourrait se tourner vers le ministère de l'Emploi, du Développement de la main-d'oeuvre et du travail, si elle estimait que le processus n'était pas conduit de façon adéquate. Une des craintes que nous avions et que nous avons toujours, c'est qu'on plonge la victime potentielle dans une course à obstacles, si elle doit d'abord se tourner vers son employeur pour porter plainte. Celui-ci va d'abord lui offrir la médiation. Ensuite, il y aura une enquête indépendante et, par la suite, des recommandations seront émises.
Un autre volet sur lequel le projet de loi est plutôt faible, c'est celui du pouvoir d'appliquer des sanctions si des recommandations sont émises par l'enquêteur dans une situation de harcèlement.
Dans le cas où une personne s'estime lésée, comment peut-elle désamorcer la situation et faire débloquer les choses, comme dans des cas qu'on a malheureusement vus dans le passé, où l'employeur n'assume pas pleinement ses responsabilités? Maintenant, avec la loi, le gouvernement pourra dire aux entreprises de prendre leurs responsabilités et d'appliquer la loi. Nous sommes cependant conscients des délais que cela peut occasionner.
C'est la raison pour laquelle l'opposition officielle avait présenté un amendement selon lequel l'article 127.1(1.1) aurait stipulé ce qui suit:
S'agissant d'une plainte ayant trait à un incident de harcèlement ou de violence dans un lieu de travail comptant normalement moins de vingt employés, l'employé qui croit, pour des motifs raisonnables, à l'existence d'une situation constituant une contravention à la présente partie peut renvoyer sa plainte au ministre, conformément au paragraphe (8).
Je dois dire que le gouvernement fédéral n'est pas un chef de file en matière de lutte contre le harcèlement et la violence sexuelle. En effet, depuis plus d'une décennie, des provinces, notamment le Québec, ont mis en place des processus et des mécanismes pour que tout employé se sentant lésé puisse se tourner directement vers le ministère du travail, soit la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail, ou CNESST, au Québec. Malheureusement, au gouvernement fédéral, cette option n'existe pas actuellement puisque les enquêteurs enquêtent seulement sur le processus et non sur les tenants et les aboutissants d'une situation particulière. C'est vraiment une occasion ratée de la part du gouvernement. Il aurait pu s'attaquer plus agressivement au phénomène du harcèlement et de la violence qui peut malheureusement survenir dans les milieux de travail. Cet amendement a été défait. Il visait à donner plus de dents au projet de loi et à donner aux victimes un outil pour qu'elles puissent s'assurer que le processus de l'employeur est mené adéquatement. C'est une occasion qui a malheureusement été ratée.
Le volet de la sensibilisation est un autre enjeu dont on fait peu mention dans le projet de loi. Nous avons demandé une formation obligatoire. Le gouvernement peut prêcher la vertu, mais encore faut-il se donner les outils. Lors du témoignage de la ministre et des échanges avec des collègues du gouvernement, on n'a fait mention d'aucune mesure nous permettant de surveiller le respect de l'esprit de la loi grâce à la sensibilisation des employés que ce soit du secteur public, de la Colline du Parlement ou du secteur privé.
Pour ces raisons, nous estimons que le projet de loi aurait pu être mieux, mais, comme l'adage le dit, « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ». Par conséquent, nous avons l'intention d'appuyer ce projet de loi.
Je tiens à remercier tous les membres du comité, en particulier le président du comité, le député de , qui a fait son travail efficacement. Il s'est assuré que le projet de loi chemine en temps opportun et de façon très rapide pour qu'on puisse adopter cette loi et envoyer le signal indiquant que le Parlement du Canada ne tolère pas le harcèlement dans les milieux de travail.
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Monsieur le Président, je tiens d'abord à souligner le travail que nous avons effectué pour le projet de loi au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. J'ai pu y assister moi aussi. Je tiens à souligner le travail d'une grande importance de ma collègue de . Nous avons travaillé ensemble sur ce projet de loi et j'en suis très fière. Elle a même pu faire adopter quelques amendements proposés par le NPD.
Le projet de loi C-65 vise à prévenir le harcèlement et la violence dans les lieux de travail. C'est un projet de loi d'intérêt général. Cela n'a pas été un enjeu partisan. Nous pensions surtout aux survivants et aux survivantes lorsque nous avons pu entendre les témoins au Comité et participer à l'étude du projet de loi. Ce sont des personnes auxquelles nous avons tous et toutes pensé lors de cette étude, sans vouloir parler pour mes collègues qui siégeaient à ce comité.
Le harcèlement et la violence, notamment de nature sexuelle, constituent un enjeu bien trop important, comme je le disais, pour permettre la partisanerie. Je crois que cela s'est vraiment ressenti à l'intérieur même du Comité. Le projet de loi doit permettre une bonne fois pour toutes de libérer la parole, de redonner confiance et de pouvoir enfin dénoncer le harcèlement sexuel en toute quiétude. Le harcèlement et la violence au travail demeurent encore aujourd'hui une chose courante et, je dois d'ailleurs malheureusement le dire, même ici au Parlement. C'est pourquoi le NPD va appuyer le principe et l'esprit du projet de loi . Nous allons voter en faveur de ce projet de loi, le moment venu.
Toutefois, ce n'est pas sans regret que nous pensons que le projet de loi C-65 ne remplit que partiellement son objectif de renforcement du régime de prévention contre le harcèlement et la violence. Non, le projet de loi C-65 n'apaise pas toutes les inquiétudes, bien au contraire. Si je me fie aux courriels et aux appels que j'ai reçus, les syndicats non plus ne semblent pas du tout rassurés.
Je vais citer quelques exemples. Le 26 avril dernier, le président national du Syndicat canadien de la fonction publique m'a contactée pour discuter « de deux graves lacunes du projet de loi C-65 qui nuiront aux droits des travailleuses et travailleurs aux prises avec de la violence et du harcèlement au travail. » De quelles lacunes peut-on bien parler pour que les syndicats s'inquiètent au point de sommer la ministre de les corriger immédiatement?
Il s'agit de la double exclusion des comités de santé et de sécurité. Premièrement, ils sont exclus du processus de plainte et, deuxièmement, ils sont exclus du processus d'enquête. Hors, tant le processus de dépôt des plaintes relatives au harcèlement et à la violence que le processus d'enquête doivent continuer de profiter de l'expertise de ces comités. Pour nous, l'exclusion n'a aucun sens.
Les comités en santé et en sécurité ont de la formation et ont le pouls du milieu de travail. Souvent, ils sont formés, à parts égales, de l'employeur et des travailleurs et des travailleuses qui, eux, ont de l'expérience, connaissent la culture et savent ce qui se passe sur le plancher de travail. Qui sont les mieux placés pour pouvoir apporter des solutions, enquêter, mais aussi accueillir les victimes et amener un sentiment de sécurité et de confiance lorsqu'une survivante ou un survivant se dit victime de harcèlement, de violence ou de harcèlement sexuel?
La raison étonnante brandie par les libéraux pour expliquer leur mesure est celle d'une prétendue atteinte à la confidentialité des victimes que poserait la participation aux enquêtes de ces comités. Pour moi, ce prétexte n'est pas crédible pour plusieurs raisons que je vais énumérer.
Premièrement, la décision de faire intervenir ces comités dans ces processus revenait auparavant aux victimes elles-mêmes. C'était un choix qu'on leur offrait. C'était une possibilité que la victime avait. Je parle au passé, parce que, malheureusement, avec la modification de la loi, on n'aura plus cette possibilité. C'était un choix supplémentaire dont la victime pouvait se prévaloir et non une contrainte imposée. Lorsqu'une personne connaît les conditions de travail de la victime, celle-ci peut se sentir comprise et cela peut l'aider. Cela pouvait donc favoriser un climat favorable à la dénonciation.
Deuxièmement, pour en rajouter à mon argument, jusqu'à aujourd'hui ces comités mixtes de santé et de sécurité ont toujours reçu les plaintes et mené avec succès les enquêtes relatives au harcèlement. Leurs méthodes d'enquête modernes ont toujours veillé à respecter la vie privée des victimes. En excluant ces comités du processus d'enquête, le projet de loi s'apprête donc à détruire des décennies d'expérience, de formation et de travail. Je veux vraiment insister sur l'aspect formation et travail.
Ce n'est pas tout: si la volonté des libéraux était de véritablement protéger la vie privée et la confidentialité des victimes, alors qu'on m'explique leur opposition à plusieurs de mes amendements. En effet, sur la quasi-vingtaine d'amendements que j'ai eu le plaisir de proposer au comité, avec ma collègue de , à l'occasion de l'étude du projet de loi C-65, seulement trois ont difficilement trouvé un écho favorable chez les libéraux. Bien souvent, le reste des amendements n'a même pas été discuté. À plusieurs occasions, les libéraux ont préféré passer tout simplement au vote, plutôt que de m'expliquer leur refus.
Parmi les amendements rejetés sans explication figurait notamment une proposition de la Confédération des syndicats nationaux. Leur proposition était pourtant toute simple. Je l'explique: le projet de loi C-65 souhaite exclure des enquêtes les comités mixtes de santé et de sécurité pour des raisons de confidentialité. Le problème, c'est que ces comités permettent encore aujourd'hui aux victimes de bénéficier d'une expertise incontestable. La solution logique proposée par les témoins était donc de doter ces comités de règles de pratique et d'un code de déontologie qui viendraient garantir la confidentialité des victimes. Est-ce par incompréhension ou obstination que les libéraux ont préféré s'opposer à la recommandation de la CSN sans plus d'explication? L'exclusion de ces comités du processus d'enquête est pourtant, me semble-t-il, une décision lourde de responsabilités. Confédérations syndicales, associations et cabinets juridiques, ce ne sont pourtant pas les témoins en faveur de cet amendement au projet de loi qui manquaient. Un simple coup d'oeil aux archives des réunions du comité suffit à confirmer leur désaccord.
Il y a plus encore: l'expertise des comités mixtes de santé et de sécurité, qui s'étend sur des décennies, n'explique pas à elle seule pourquoi les témoins s'obstinaient tant à défendre leur maintien au processus d'enquête. Une autre raison à cela, qui n'est pas des moindres, est la diversité exceptionnelle des enquêteurs qui font partie des comités mixtes. Le droit des comités mixtes de mener des enquêtes permettait jusqu'alors aux victimes de bénéficier d'une diversité inouïe d'enquêteurs, aussi bien sur le plan de la couleur, de la religion, de l'âge ou encore du genre. Cette diversité du profil des enquêteurs est inestimable.
Malheureusement, force est de constater que cet aspect est totalement relégué aux oubliettes dans le projet de loi , contrairement aux recommandations du Bureau international du travail. Dans le cas des enquêtes relatives au harcèlement sexuel, les victimes ne pourront plus bénéficier de l'expertise ni de l'extrême diversité au sein des comités mixtes de santé et de sécurité.
Cela se rapporte à ce que je disais plus tôt. En effet, les personnes qui font partie des comités mixtes de santé et de sécurité qui proviennent du milieu de travail et qui représentent toutes les communautés. Lorsqu'on est victime de harcèlement ou de violence dans notre lieu de travail, ce sont des gens en qui on peut se confier et qui nous ressemblent. On peut se sentir compris. Malheureusement, avec les modifications apportées au projet de loi C-65, les victimes ne pourront plus bénéficier de ce service.
Il était encore possible d'inclure dans le projet de loi une disposition permettant une diversité d'enquêteurs semblable à celle permise par les comités mixtes, et ce, pour tous les enquêteurs. C'est exactement ce que proposait un de mes amendements. Il visait à ce que le choix des enquêteurs, bien qu'il ne relève plus des comités mixtes, reflète la diversité de la société canadienne. Ainsi, la diversité des enquêteurs, jusqu'à maintenant rendue possible par les comités mixtes, se perpétuerait, et ce, malgré l'exclusion des comités du processus d'enquête. Une représentation équitable de la diversité nationale est donc assurée.
Apparemment, la recommandation du secrétariat permanent de l'ONU en matière de travail n'était pas assez bonne pour les libéraux, puisqu'ils n'ont pas permis que le Canada se dote d'une législation garantissant à tous les travailleurs le droit à l'égalité et à la non-discrimination quant au profil des enquêteurs. Ce n'est pas sans rappeler que les minorités sont touchées de façon disproportionnée par le harcèlement et la violence au travail. Par « minorité », j'entends aussi bien les membres d'une minorité ethnique ou religieuse que les travailleurs et les travailleuses lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres ou intersexués, ou encore les travailleurs migrants.
C'est pourquoi le profil des individus chargés de l'enquête doit à tout prix refléter la diversité. Toutefois, notre législation ne tiendra vraisemblablement pas compte de la diversité nationale dans le choix des enquêteurs, et c'est bien dommage. Voilà donc les quelques aspects qui me tenaient particulièrement à coeur. Après toutes ces heures passées à écouter et à lire les recommandations des témoins, on a formulé des amendements qui n'ont même pas été débattus.
Je voudrais passer à d'autres aspects du projet de loi qui nous donnent tout autant raison de nous inquiéter, car ils sont nombreux. Parlons d'abord de l'élaboration des politiques des employeurs sur le harcèlement et la violence. Des employeurs se sont exprimés à plusieurs reprises sur le fait qu'ils ne cernaient pas avec précision ce qui était attendu d'eux en matière de politiques sur le lieu de travail. Ils ont besoin d'être aiguillés sur la rédaction et la mise en place de leur politique anti-harcèlement. Il est important d'envoyer des consignes claires aux employeurs. Ils les attendent pour savoir s'ils sont sur la bonne voie afin de se conformer aux lois.
Comme le projet de loi vise avant tout à susciter un changement majeur de culture politique et de culture d'entreprise dans le domaine du harcèlement, on aurait pu s'attendre à ce qu'il propose autre chose à ce sujet. Présentement, il n'en est rien. Lors de leur comparution en comité, les témoins ont exprimé leurs inquiétudes concernant l'efficacité des politiques anti-harcèlement mises en place par les employeurs. Les éminents cabinets juridiques Rubin Thomlison et Fogler Rubinoff avaient trouvé une solution, parmi d'autres.
Afin d'aiguiller les employeurs et de renforcer la protection des employés, les témoins recommandaient de préciser, dans le Code canadien du travail, les lignes directrices de ce qui est attendu d'une politique d'entreprise, notamment en ce qui concerne le harcèlement en milieu de travail. Parmi ces lignes directrices figuraient des détails sur les formalités d'assistance immédiate en cas de harcèlement, ainsi que les éléments fondamentaux en matière de protection des renseignements confidentiels ou encore en matière de traitement des plaintes. Je tiens à préciser que cela constitue une demande pour les entreprises aussi.
L'amendement proposé par le NPD faisait ainsi d'une pierre deux coups: d'une part, il aiguillait les employeurs dans la réalisation de leur politique interne, et d'autre part, il renforçait la protection des employés, assurés désormais d'être couverts par des politiques de prévention efficaces.
Cet amendement permettait également d'empêcher d'éventuels employeurs malintentionnés de se soustraire aux fondamentaux de la prévention contre le harcèlement, par le truchement de politiques antiharcèlement volontairement complexes et donc dissuasives pour les victimes. On parle ici du fait qu'il est important d'avoir des politiques de prévention. La prévention dans nos milieux de travail est cruciale.
Même ici, au Parlement, depuis plusieurs mois déjà, on parle d'un changement de culture. Je suis moi-même maintenant employeur — j'ai des gens qui travaillent pour les citoyens et les citoyens de ma circonscription, . C'est moi l'employeur, et je me dois de leur assurer un milieu sain, un endroit où ils peuvent travailler en toute sécurité et exempt de harcèlement ou de violence. Nous sommes sur la Colline et nous devons participer à plusieurs événements, nous rencontrons diverses personnes, et des fois nous avons des stagiaires. Je vois ici, à la Chambre, qu'il y a des pages avec nous tous les jours. Nous devons nous assurer de leur sécurité et de leur offrir un milieu sain. Même les entreprises doivent avoir des consignes et des politiques claires afin qu'elles aussi puissent offrir de la formation et un milieu sain et exempt de harcèlement et de violence.
Malheureusement, les libéraux semblent préférer que les employeurs aient à deviner la façon dont ils sont censés rédiger leurs politiques internes, puisqu'aucun ne s'est prononcé en faveur de cette mesure, ou même pas prononcé tout court. Je n'ai pas su pourquoi et je n'ai pas eu d'explication pour le refus de mon amendement. J'aimerais bien en connaître les raisons, au cours de la journée.
N'est-il pas logique que les attentes en matière de politiques, et notamment de politiques antiharcèlement, figurent directement dans le Code canadien du travail? Voilà encore un point qui manque cruellement au projet de loi . Encore une fois, ce ne sont pas les occasions de remédier au problème qui ont manqué ni les témoins s'étant exprimés en faveur d'une telle mesure. Tous nos efforts pour tenter de renforcer le volet prévention du projet de loi semblent en fait avoir été anéantis. Je vais prendre l'exemple de l'examen quinquennal instauré par amendement par les libéraux. Cet amendement, loin d'être inopportun, était plus que le bienvenu. Il semblait en effet indispensable que le projet de loi s'accompagne d'un examen de son efficacité au cours des années. L'idée d'examiner tous les cinq ans les dispositions relatives au harcèlement et à la violence en milieu de travail est donc une avancée parfaitement justifiable.
Ce qui l'est moins, par contre, c'est le refus des libéraux relativement à un de mes amendements visant à renforcer l'efficacité de cet examen quinquennal. En effet, les libéraux ont proposé de mettre en place un rapport ministériel quinquennal visant à faire état des données statistiques relatives au harcèlement et à la violence en milieu de travail. C'est bien. Cela respecte presque toutes les recommandations de leur propre rapport publié par Emploi et Développement social Canada en mars 2017. Je dis bien « presque », parce que dans ce rapport le gouvernement regrettait « l'insuffisance de données concernant le harcèlement et la violence en milieu de travail », en particulier concernant le harcèlement sexuel. Le rapport pointait également la nécessité de mettre en place un recueil continu des données, afin justement de pallier cette insuffisance de données. Il nous faut des données.
J'aurais encore beaucoup de choses à dire sur le projet de loi. Cela a été une étude exhaustive, nous avons rencontré beaucoup de témoins et nous avons réussi à faire élever le débat de façon non partisane. Comme je le mentionnais plus tôt, nous allons appuyer le principe et l'esprit du projet de loi pour tous les survivants et les survivantes. Nous allons inciter aussi à dénoncer de telles situations et à faire en sorte que les travailleurs et les travailleuses de partout au Canada puissent être assurés d'un milieu sain exempt de violence et de harcèlement.
:
Monsieur le Président, je vous informe que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de . Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer au sujet du projet de loi .
[Traduction]
Le projet de loi vise à renforcer le cadre législatif actuel qui porte sur le harcèlement et la violence dans les lieux de travail sous réglementation fédérale.
[Français]
Le projet de loi propose de remplacer l'ensemble des lois et des politiques par une approche unique et exhaustive qui tient compte de tous les types de harcèlement et de violence possible, y compris le harcèlement sexuel et la violence sexuelle.
Il élargirait également le champ d'application de ces lois et politiques à la sphère parlementaire comme au Sénat, à la Chambre des communes, à la Bibliothèque du Parlement et au personnel politique de la Colline du Parlement.
[Traduction]
En tant que membre du comité chargé d'examiner le projet de loi, j'aimerais remercier les autres membres de la collaboration dont ils ont fait preuve afin de renforcer le projet de loi.
[Français]
Lors de l'étude du projet de loi, les membres comité ont entendu de nombreux témoignages convaincants et ont délibéré des heures durant à l'occasion de plusieurs réunions. Par exemple, nous avons entendu Hilary Beaumont, une journaliste de Vice News qui a récemment publié une enquête sur le harcèlement au travail à la Colline du Parlement.
[Traduction]
Au cours des trois derniers mois, Mme Beaumont a interviewé plus de 40 femmes qui travaillent sur la Colline du Parlement, notamment des députées actuelles et passées, ainsi que des lobbyistes, des journalistes, des employées et des stagiaires. Dans son témoignage, Mme Beaumont a déclaré qu'il est rapidement devenu évident que les femmes étaient plus susceptibles de subir du harcèlement que leurs homologues masculins.
[Français]
Les femmes qu'elle a interrogées lui ont fait part d'histoires qu'elles ont personnellement vécues: des commentaires sexistes, des attouchements et même des agressions sexuelles. Certaines femmes qu'elle a interrogées déclarent avoir été renvoyées ou avoir perdu des occasions d'emploi, après avoir essayé de signaler les abus dont elles étaient victimes au travail. Certaines personnes interrogées qui sont présentement employées au Parlement déclarent ne même pas savoir comment signaler un acte de harcèlement si elles devaient être victimes.
Bref, Mme Beaumont a découvert que les mesures existantes ne suffisent tout simplement pas, loin de là.
[Traduction]
Voilà pourquoi le projet de loi est si important. D'entrée de jeu, nous avons tous convenu de l'importance du projet de loi. On s'en rendait particulièrement compte lors de bon nombre de réunions du comité, où nous avons travaillé sans relâche pour renforcer la mesure législative.
[Français]
Dans cette optique, voici les nombreuses modifications qui ont été proposées: ajouter une définition du harcèlement et de la violence au Code canadien du travail; rendre la formation obligatoire, ce qui signifie que les employeurs seront obligés d'offrir une formation aux employés et de la suivre eux-mêmes; mentionner tout particulièrement la prévention des actes de harcèlement dans la déclaration d'objet du projet de loi; ajouter un article exigeant que les dispositions sur le harcèlement et la violence établies dans le projet de loi soient réexaminées tous les cinq ans; exiger que le ministre du Travail produise chaque année un rapport sur le harcèlement et la violence dans tous les lieux de travail sous réglementation fédérale; et, aux fins d'application de la partie III de la Loi sur les relations de travail au Parlement, donner au sous-ministre les pouvoirs normalement conférés au ministre pour éviter tout éventuel conflit d'intérêts.
[Traduction]
Depuis lors, nous avons adopté ces amendements, notamment, et il en résulte une mesure législative particulièrement musclée dont nous pouvons tous être fiers.
[Français]
Cependant, bien que ce projet de loi constitue un grand pas dans la bonne direction et qu'il soit essentiel pour mettre fin à ces comportements dans les milieux de travail sous réglementation fédérale et sur la Colline du Parlement, notre gouvernement est conscient qu'une loi seule ne peut éliminer totalement des comportements aussi fortement enracinés dans les milieux de travail canadiens.
Nous l'avons dit plusieurs fois aujourd'hui et nous le répétons encore une fois: un changement de culture est nécessaire. Nous devons tous contribuer à ce que ce changement s'opère. La bonne nouvelle, c'est que le changement de culture est déjà bien amorcé.
[Traduction]
Les mouvements mondiaux sur les médias sociaux ont beaucoup attiré l'attention sur ce problème et ils l'ont mis au jour, ce qui était grandement nécessaire. Je suis très impressionnée par le courage des personnes qui ont raconté leur histoire. Il faut beaucoup de courage pour se manifester et dénoncer ce comportement.
[Français]
Grâce à leur courage, ces conversations sont de plus en plus courantes, pas seulement dans les médias et en politique, mais dans les lieux de travail du monde entier. Les gens réévaluent leurs actes et les répercussions qu'ils peuvent avoir sur les autres. Les personnes victimes d'actes inappropriés dans le passé ou qui en sont victimes présentement se sentent libres de s'exprimer. Cette démarche peut être très désagréable, mais c'est souvent le cas avec le changement. Dans ce cas-ci, le jeu en vaut la chandelle.
Nous savons tous que ces comportements peuvent avoir des conséquences négatives à long terme, non seulement pour les victimes et leur famille, mais également pour les employeurs, ainsi que sur les plans de la productivité, de l'absentéisme et du roulement de personnel.
De nombreuses normes sexuelles et de nombreux déséquilibres de pouvoir perdurent dans notre société et entretiennent ces réalités. Conséquence: des comportements inacceptables sont tolérés depuis beaucoup trop longtemps. Il est temps d'y mettre fin. Un changement est absolument nécessaire.
[Traduction]
Avec le projet de loi , le gouvernement prend une mesure importante en vue de bâtir un pays où tous les Canadiens sont mieux protégés contre le harcèlement et la violence en milieu de travail et où les personnes qui en ont été victimes reçoivent le soutien dont elles ont besoin.
Nous croyons que ce projet de loi contribuera aussi grandement à mettre fin à la violence et au harcèlement en milieu de travail.
[Français]
Les Canadiennes et les Canadiens ne méritent rien de moins que des milieux de travail exempts de ce genre de comportement et qui reflètent les valeurs de notre société.
J'encourage vivement les députés de la Chambre des communes à soutenir le projet de loi à cette étape pour donner une voix aux personnes en situation de vulnérabilité et pour tenir responsables ceux qui, malgré toutes les preuves du contraire, continuent de croire que le harcèlement et la violence, sous quelque forme ou dans quelque circonstances que ce soit, peuvent être acceptables.
:
Monsieur le Président, j'espère ne pas décevoir les attentes très élevées que vous venez de créer.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole à propos du projet de loi , une mesure législative qui vise à lutter contre le harcèlement et la violence, y compris de nature sexuelle, dans les lieux de travail sous réglementation fédérale et, pour la première fois — il vaut la peine de le souligner —, sur la Colline du Parlement.
[Français]
La position de notre gouvernement sur cette question n'est un secret pour personne. Nous le répétons depuis un bout de temps déjà, le harcèlement et la violence sous toutes leurs formes sont inacceptables et nous adoptons une approche claire: tolérance zéro sur cette question.
[Traduction]
Le projet de loi emploie les leviers législatifs et politiques les plus efficaces possible pour tenter de mettre un terme aux problèmes de harcèlement et de violence en milieu de travail et aux conséquences qui en découlent, et ce, au Parlement et dans tous les lieux de travail sous réglementation fédérale. Nous savons tous que les déséquilibres de pouvoir évidents qui caractérisent le milieu de travail de la Colline du Parlement peuvent nuire aux relations de travail et causer du tort aux personnes qui travaillent ici. Ces déséquilibres perpétuent une culture où les gens qui ont beaucoup de pouvoir l'utilisent, volontairement ou sans s'en rendre compte, pour persécuter les autres. Cela dit, cette culture n'est pas l'exclusivité du milieu politique.
[Français]
Selon une étude menée en 2018 par Angus Reid, 52 % des Canadiens ont été victimes de harcèlement sexuel en milieu de travail et 28 % ont subi des contacts sexuels non consensuels. Ces chiffres sont choquants, mais ce qui est encore plus offensant, c'est que 89 % des femmes interrogées ont déclaré avoir pris des mesures pour éviter des avances sexuelles non sollicitées. C'est presque neuf femmes sur dix qui doivent composer avec des comportements inappropriés pendant qu'elles tentent d'accomplir leur travail.
[Traduction]
Si les mouvements #MoiAussi et Time's Up dans les médias sociaux nous ont appris quelque chose, c'est bien que le harcèlement et la violence au travail, et en particulier le harcèlement sexuel et la violence sexuelle, constituent des comportements toxiques qui touchent un très grand nombre de personnes. Ce problème est omniprésent, non seulement au travail, mais dans l'ensemble de la société. C'est un problème qui dure et qui est toléré depuis trop longtemps. Nous commençons tout juste à dénoncer ces comportements et à dire « C'est assez. Cela doit cesser maintenant. »
Il est extrêmement important de tenir ces conversations et de changer de discours. Cependant, il ne faut pas laisser cet élan s'essouffler. Il faut aussi prendre des mesures concrètes et durables. C'est précisément ce que nous souhaitons faire avec le projet de loi .
Essentiellement, la mesure législative contribuera à mettre fin au harcèlement et à la violence au travail en exigeant des employeurs qu'ils agissent de trois façons précises, soit: prévenir les incidents de harcèlement et de violence; réagir efficacement à ces incidents lorsqu'ils surviennent; et enfin, soutenir les employés touchés.
Je suis incroyablement fier de l'appui unanime que la Chambre a offert à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi, de même que de la rétroaction positive que le projet de loi a reçu au comité. Nous demandons maintenant à la Chambre de manifester de nouveau son appui à l'étape de la troisième lecture du projet de loi .
[Français]
En tant que gouvernement, c'est notre travail de défendre les droits de tous les Canadiens. Tout le monde a le droit de travailler dans un environnement libre de harcèlement et de violence. C'est pourquoi nous avons présenté le projet de loi en novembre dernier, après avoir consulté les intervenants, les experts et les Canadiens partout au pays.
Les Canadiens nous ont dit que les incidents demeurent largement sous-rapportés. Ils nous ont affirmé que lorsque des incidents sont rapportés, le suivi, s'il y en a un, est souvent inefficace et bâclé.
[Traduction]
Nous avons également consulté les députés et les sénateurs, qui ont dit clairement que ces comportements doivent être réglés. Nous avons entendu des propos semblables de la part des experts et des parties intéressées, lors des consultations du comité.
Le message ne pouvait pas être plus clair. Les mesures actuellement en place ne font pas l'affaire. Nous avons besoin d'une approche globale de prévention des comportements dangereux et inappropriés, d'intervention efficace lorsqu'ils se produisent, et de soutien aux survivants. J'ai confiance que c'est exactement ce que nous accomplirons avec le projet de loi .
Ce que vise au fond cette initiative est la protection des employés grâce à des mesures préventives qui garantiront la prévention du harcèlement et de la violence. Le Code canadien du travail modifié obligera expressément les employeurs à prévenir de tels incidents et à protéger les employés contre ces genres de comportements. Je demande aux députés de m'accorder un moment pour expliquer.
Les employeurs seraient obligés d'avoir une politique de prévention du harcèlement et de la violence en milieu de travail, qui sera élaborée avec les employés dans la structure de leurs comités en milieu de travail. Les employeurs devront aussi veiller à ce que leurs employés reçoivent de la formation sur la prévention du harcèlement et de la violence en milieu de travail, et devront eux-mêmes suivre cette formation.
Les employés qui croient avoir été victimes de harcèlement ou de violence, ou qui ont été témoins de ces genres de comportements devront, dans un premier temps, rapporter l'incident à leur employeur ou à la personne désignée dans la politique de prévention du harcèlement et de la violence en milieu de travail, et ils devront collaborer pour régler la question.
S'il est vrai que la résolution informelle serait privilégiée, le processus axé sur l'employé offrirait aux gens qui portent plainte le choix d'avoir recours à un médiateur ou à une personne compétente pour mener une enquête officielle.
Dans les cas où une personne compétente serait nommée, celle-ci présenterait un rapport après l'enquête, et l'employeur serait tenu de mettre en oeuvre toutes les recommandations ou les mesures correctives qui se trouveraient dans le document. Les détails entourant les processus de résolution informelle et d'enquête, y compris les délais à respecter, seraient précisés dans le règlement.
Si l'employé estime que l'employeur a contrevenu au code ou au règlement, il pourrait déposer une plainte auprès des responsables du Programme du travail, qui enquêteraient et prendraient les mesures nécessaires dans les cas où la plainte est fondée.
Il faut beaucoup de courage pour signaler un incident. J'ai énormément de respect pour ceux qui choisissent de prendre la parole. En effet, la peur de représailles et les préjugés associés au fait d'être victime de harcèlement ou de violence sexuelle peuvent fortement décourager les personnes qui souhaitent signaler un incident. Les modifications proposées au Code canadien du travail protégeraient la vie privée des employés tout en incitant les victimes à prendre la parole.
Enfin, selon le projet de loi , les employeurs seraient tenus d'appuyer les employés touchés. Les conditions seraient précisées dans le cadre du processus réglementaire.
De plus, le Programme du travail mettrait en place un carrefour de services et une ligne d'écoute 1-800, ainsi que du matériel et des outils éducatifs pour mieux soutenir les employés.
[Français]
Tout le monde mérite de travailler dans un endroit sûr et de vivre sans harcèlement ni violence. Ce sont des mesures d'une grande portée qui, je le crois, rendront les milieux de travail meilleurs pour tout le monde, un endroit où la croissance personnelle est favorisée et où les gens ont le droit d'exprimer leurs talents et leurs compétences.
Je tiens à remercier les membres du comité de leur examen approfondi du projet de loi et de leurs efforts visant à améliorer le texte proposé. La collaboration des députés de tous les partis a permis l'apport d'importants amendements qui renforcent notre projet de loi.
[Traduction]
Au cours de cet examen, j'ai eu la chance d'assister à quelques réunions, à titre de remplaçant, et j'ai constaté que l'important travail qu'on accomplissait était libre de toute considération partisane. Par exemple, après un examen rigoureux des points soulevés par les témoins et les membres du comité, une définition claire des termes « harcèlement » et « violence » a été incluse dans le projet de loi. De plus, celui-ci contient une disposition qui oblige les employés et les employeurs à suivre une formation et le ministre à en faire rapport annuellement. Grâce à ces mesures, tous comprendront leurs droits et leurs responsabilités et nous devrons faire preuve de responsabilité, en mesurant les progrès et en répondant aux tendances négatives le cas échéant.
[Français]
Grâce au dur travail du comité et de ceux qui nous ont fait part de leur point de vue et de leur expertise, je crois que nous avons devant nous un texte de loi qui changerait la vie de millions de Canadiens. Le projet de loi s'appliquerait directement et uniquement au milieu du travail parlementaire et sous réglementation fédérale. Cependant, il enverra un message clair et important: ces comportements ne sont acceptables nulle part, et nous ne pouvons pas nous permettre de les tolérer plus longtemps.
[Traduction]
J'exhorte tous les députés, peu importe leur affiliation politique, à faire ce qui s'impose, comme ils l'ont fait à l'étape de la deuxième lecture, en manifestant leur appui envers l'important projet de loi à l'étude. Ensemble, nous pouvons enfin contribuer à éradiquer le harcèlement et la violence en milieu de travail au Canada.