:
Monsieur le Président, Molly Pinto est née le 16 mai 1919 à Karachi, au Pakistan, une ville qui, à l'époque, faisait partie de l'Inde. Sa famille était originaire de Goa, une colonie portugaise située sur la côte Ouest de l'Inde, qui comptait à l'époque — tout comme aujourd'hui — une importante population catholique. Molly a grandi à Karachi, dans une colonie goanaise catholique. Elle se rappelle avoir vécu une enfance très heureuse, entourée d'enfants, puis de jeunes adultes de toutes sortes d'origines ethniques et religieuses: des Goanais, ainsi que des chrétiens pakistanais autochtones, des musulmans, des hindous, des sikhs, des juifs et j'en passe. Ces gens parlaient différentes langues, dont l'anglais, le konkani, le goanais, l'ourdou et l'hindi. Elle se souvient que tous ces gens appartenant à des communautés différentes entretenaient de profondes amitiés. À Noël, ils donnaient des sucreries à leurs voisins musulmans, tandis que ces derniers faisaient de même à l'occasion de l'Aïd.
Molly Pinto est la grand-mère de ma femme, et le Pakistan de son enfance ressemblait beaucoup au Canada d'aujourd'hui. Les personnes qui se trouvent à gauche et à droite de l'échiquier politique qui disent avec désinvolture que la culture ou la religion est intolérante au Pakistan ne connaissent pas l'histoire de ce pays. Des pays comme le Pakistan avaient une riche tradition de coopération multiculturelle, multilingue et multiconfessionnelle bien avant la naissance du Canada, et cette tradition est toujours vivante dans la mémoire de beaucoup de gens qui sont toujours avec nous aujourd'hui. Je suis persuadé que certains députés, ayant eux-mêmes vécu cette tradition, espèrent son retour et prient pour que cet espoir se concrétise un jour.
Molly se souvient de la montée des tensions au moment de la partition, lorsque l'Inde et le Pakistan ont accédé à l'indépendance et ont formé deux États distincts. Quand des gens expulsés de divers endroits de ce qui forme l'Inde actuelle sont venus au Pakistan, souvent après avoir vu ou connu la violence chez eux, elle a eu l'impression qu'ils créaient un climat de suspicion et de tension inconnu dans ce qui avait été jusque là un lieu idyllique.
Mohammad Ali Jinnah, le fondateur du Pakistan, a néanmoins établi très clairement que le pays devait conserver ses traditions pluralistes après l'indépendance. Comme Molly, il est né à Karachi. Issu d'une famille musulmane chiite de langue gujaratie, en tant que chiite, il faisait, lui aussi, à bien des égards, partie d'une minorité religieuse. Il a également fréquenté des écoles chrétiennes.
Pour M. Jinnah, la protection des minorités était essentielle à la réussite du Pakistan. Le pays a d'ailleurs adopté un drapeau qui reflétait parfaitement sa vision, une grande partie verte représentant la majorité musulmane et une bande blanche symbolisant les minorités religieuses.
Voici ce que Mohammad Ali Jinnah a déclaré dans un discours prononcé devant l'Assemblée constituante du Pakistan en 1947:
Vous êtes libres. Vous êtes libres d’aller dans vos temples. Vous êtes libres d’aller dans vos mosquées ou dans tout autre endroit ou lieu de culte dans l'État du Pakistan. Vous pouvez appartenir à n'importe quelle religion, caste ou foi; l'État n'a rien à voir dans vos croyances. Nous entrons dans une ère sans aucune discrimination, où l'on ne fait aucune distinction entre les communautés et où aucune caste ou religion ne fait l'objet de discrimination. Nous partons du principe fondamental selon lequel nous sommes tous citoyens, les citoyens égaux d'un seul État.
Le 9 septembre 1968, Clement Shahbaz Bhatti est né à Lahore, au Pakistan. Il a été le premier à occuper le poste de ministre fédéral des Minorités du Pakistan. En 1979, alors que M. Bhatti était âgé de 11 ans, l'Union soviétique a envahi l'Afghanistan. Cet événement a eu une grande incidence sur les affaires mondiales, au Pakistan et sur la vie de Shahbaz Bhatti.
L'aide occidentale et l'aide d'autres pays musulmans ont été acheminées par l'intermédiaire du Pakistan afin d'appuyer les moudjahidines dans leur djihad contre l'Union soviétique. Les moudjahidines ont vaincu les Soviétiques, mais le Pakistan a payé très cher sa participation, puisque celle-ci a entraîné l'émergence de nombreuses idées extrêmes et empreintes d'intolérance préconisées par les moudjahidines ainsi que la montée subséquente des talibans. La montée de l'extrémisme en Iran également a eu une incidence défavorable sur le pluralisme au Pakistan.
Ce qu'il importe de retenir, c'est qu'aucun de ces événements dans le monde musulman n'était inévitable. Ils ne sont que le reflet de l'histoire. Ils pourraient être attribuables à certaines erreurs sur le plan politique ou à certaines décisions stratégiques qui étaient nécessaires à ce moment-là, mais qui ont donné lieu à des conséquences imprévues. D'une façon ou d'une autre, le déclin manifeste du pluralisme au Pakistan n'était pas inévitable et il n'est pas irréversible.
Shahbaz Bhatti en était conscient. Il est venu au Canada alors qu'il était ministre fédéral des Minorités au Pakistan. Il est venu ici en février 2011, le mois précédant son assassinat. Il avait rencontré notre ancien premier ministre, ainsi que d'autres ministres. Il savait à ce moment-là à quel point il était vulnérable. Sa visite a eu lieu tout de suite après l'assassinat du gouverneur Salmaan Taseer, un musulman pakistanais qui, comme M. Bhatti, dénonçait ouvertement les lois du Pakistan relatives au blasphème qui ciblaient les minorités religieuses.
C'est la contribution de M. Shabazz, de même que le travail de sensibilisation accompli par les membres de sa famille ici, au Canada, qui ont motivé le gouvernement conservateur précédent à créer le Bureau de la liberté de religion. Il ne s'agissait pas d'une quelconque déclaration politique théorique portant sur des droits abstraits, mais bien d'un bureau qui devait donner et qui a donné des résultats concrets pour les habitants du Pakistan et les gens du monde entier.
Qu'est-ce que le Bureau de la liberté de religion? Le Bureau de la liberté de religion a été créé au cours de la dernière législature au sein du ministère des Affaires étrangères, qu'on appelle aujourd'hui le ministère des Affaires mondiales. Soit dit en passant, la création de ce bureau a été annoncée à l'intérieur d'une mosquée. Le Bureau reçoit un budget annuel de 5 millions de dollars, une somme bien modeste dans le contexte global. Cette somme représente 1/180e du coût des changements que le gouvernement apportera au régime de congés de maladie de la fonction publique, et elle est bien inférieure aux coûts de rénovations du 24, promenade Sussex.
Le Bureau accomplit trois activités principales. Tout d'abord, il offre de la formation à la fonction publique. Cette formation est essentielle pour aider les fonctionnaires à comprendre les tensions religieuses sous-jacentes et savoir comment faire progresser les droits de la personne et les intérêts du Canada dans un tel contexte.
Le secrétaire d'État des États-Unis, John Kerry, a déclaré ce qui suit: « Si je retournais au collège aujourd'hui, je pense que je ferais probablement une spécialisation en étude comparative des religions, car c'est un aspect qui fait partie intégrante de nos activités et de notre façon de voir la vie et de prendre des décisions à l'heure actuelle. »
Dans l'environnement actuel, il est essentiel que la politique étrangère du Canada repose sur une compréhension des tensions religieuses.
Deuxièmement, le Bureau de la liberté de religion défend les droits des minorités religieuses persécutées, en attirant l'attention sur leur sort et en le dénonçant.
Troisièmement, le Bureau finance, avec des partenaires locaux, des projets sur le terrain qui promeuvent la liberté religieuse dans des pays comme le Pakistan. En fait, c'est à cela qu'est consacrée la plus grande partie du budget.
Le Bureau a connu beaucoup de succès, mais les députés n'ont pas à me croire sur parole. Voici ce que le , le député de , a dit récemment au sujet du travail du Bureau en Ukraine.
Dans le cadre de ses efforts globaux favorisant la stabilité à long terme, la tolérance et le respect des droits de la personne, dont la liberté de religion ou de croyance, Affaires mondiales Canada, par le truchement du Bureau de la liberté de religion, soutient deux projets en Ukraine dont le but est de stimuler le dialogue interconfessionnel et de renforcer la capacité d'intervention des autorités locales en cas de crimes motivés par la haine.
Comme le sait le député, le Bureau de la liberté de religion s'est porté à la défense de communautés religieuses menacées, s'est opposé à la haine et l'intolérance religieuse et a fait la promotion du pluralisme et du respect de la diversité à l'étranger.
Il a ajouté:
Comme le ministre des Affaires étrangères l'a répété à maintes reprises, nous sommes reconnaissants à Andrew Bennett de ses services à la direction du Bureau [de la liberté de religion] et de l'ingéniosité, la sensibilité et la compétence dont il a fait preuve ces trois dernières années.
Voilà des observations du député de qui font clairement l'éloge de ce Bureau.
Voici maintenant ce que la , la députée de , avait à dire, récemment, au sujet de l'oeuvre du Bureau au Nigeria:
Le Canada s'est efforcé de lutter contre les actes de violence intercommunale commis par le groupe Boko Haram dans la région, et par l'entremise du Bureau de la liberté de religion, il a appuyé un projet de deux ans qui vise à promouvoir le dialogue interconfessionnel et la médiation des conflits dans l'État du Plateau du Nigeria. Nous savons qu'un excellent travail a été accompli dans le cadre de ce projet. Grâce à ce projet, on a créé un mécanisme que les collectivités peuvent utiliser pour désamorcer les tensions entre les divers groupes religieux et ethniques. Le gouvernement nigérian y a eu recours à plusieurs occasions, notamment à la suite des attaques et des bombardements qui ont ciblé la ville de Jos et ont mené aux élections nigérianes de mars 2015. Bien que cette étape du projet ait pris fin en janvier 2015, le gouvernement se réjouit que le Canada ait pu [...] continuer de soutenir ce modèle de dialogue intercommunautaire dans des régions nigérianes voisines touchées par les conflits.
À écouter ces propos éloquents des députés libéraux, on se demande qui pourrait bien s'opposer au Bureau. Qui pourrait bien s'opposer à ses travaux manifestement utiles et nécessaires? Compte tenu des faits et de cet excellent travail, il me semble évident que le mandat du Bureau devrait être renouvelé. Selon moi, c'est une évidence. Des critiques ont toutefois été formulées, et il faut profiter de l'occasion qui s'offre à nous aujourd'hui pour répondre à certains arguments que les détracteurs ont fait valoir.
Certaines personnes semblent allergiques à ce que le mot « religion » fasse partie du nom d'une institution gouvernementale. Toute allusion à la religion dans un contexte gouvernemental les fait tiquer. Que les choses soient bien claires. Le Bureau de la liberté de religion ne fait pas la promotion de la religion. Il défend plutôt la liberté religieuse. Ces deux choses sont fondamentalement différentes.
Les gouvernements démocratiques occidentaux ne font pas la promotion de la religion, mais tous les gouvernements doivent défendre la liberté, y compris la liberté de religion. En fait, tous ceux qui préconisent la non-ingérence de l'État dans la religion sont eux-mêmes des défenseurs de la liberté de religion.
La liberté de religion s'applique aussi aux athées. Elle englobe aussi le droit de ne pas croire. En fait, le Comité consultatif externe du Bureau de la liberté de religion du Canada compte des représentants de l'athéisme. À vrai dire, le droit de ne pas croire est l'une des formes de liberté religieuse les plus menacées dans le monde actuel. Le Bureau de la liberté de religion du Canada défend notamment les athées au Bangladesh, où ils sont particulièrement vulnérables.
La liberté de religion n'est pas une idée strictement religieuse. La Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU la définit ainsi à l'article 18:
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
Si elle ne concerne pas la religion à proprement parler, en quoi consiste la liberté de religion?
La Charte des Nations unies vise juste. La liberté de religion est essentiellement la liberté pour les gens de penser et de réfléchir au sens de la vie et à leur place dans l'univers, puis de l'exprimer de la manière qu'ils jugent appropriée. Cette liberté de penser est sans contredit essentielle à l'expérience humaine. La liberté de religion dépasse largement les éléments phénoménologiques de la religion. C'est, à vrai dire, tout autre chose. Là encore, le Bureau existe pour promouvoir la liberté de religion, le genre de liberté de penser dont il est question dans la Charte de l'ONU. Il n'est pas là pour promouvoir la religion.
Une deuxième objection que nous avons entendue vient de ceux qui disent que les droits de la personne sont universels, interdépendants et indivisibles, et qui ne voient donc pas la nécessité d'un Bureau de la liberté de religion distinct. Bien entendu, nous convenons tous que les droits sont interdépendants et indivisibles. Toutefois, nous pouvons aussi dire que nous sommes bien servis par les centres d'excellence spécialisés du gouvernement et du ministère des Affaires mondiales.
Nous avons, par exemple, un ministère de la Condition féminine. Il est vrai que les droits de la personne sont universels, interdépendants et indivisibles, mais nous avons encore comme il se doit, un ministère qui se consacre à la condition féminine.
Pourquoi ces centres d'excellence sont-ils importants? Parce que si on regroupe tous les types de droits, on risque fort de se retrouver dans une situation où personne ne s'occupera de certains aspects particuliers des droits et des violations de ces droits. Sans ces centres d'excellence, des aspects particuliers des droits de la personne risquent de se perdre dans un ensemble interdépendant et indivisible de droits.
Jusqu'à maintenant, l'interdépendance et l'indivisibilité n'ont jamais été invoquées contre un certain degré de spécialisation. Les sciences naturelles sont interdépendantes et indivisibles; pourtant, il demeure très utile que des gens se spécialisent en chimie, en biologie, en physique et dans les sous-domaines de ces sciences.
La troisième objection avancée par ceux qui considèrent qu'il ne s'agit que d'un stratagème politique, c'est que le Bureau aurait été créé pour se plier aux demandes des diasporas ethnoculturelles au Canada. En 2013, un journaliste a écrit ceci sur le site iPolitics:
La vie politique des diasporas peut devenir une arme à double tranchant entre les mains des politiciens. À preuve, il n'y a qu'à penser au nouveau Bureau de la liberté de religion, qui est le genre de résultat politique auquel on peut s'attendre lorsque des partis courtisent des circonscriptions composées de groupes ethniques particuliers.
Il y avait quelque chose de très sombre dans ces arguments. Les circonscriptions prétendument ethniques sont autant en droit que les autres de s'attendre à ce qu'on tienne compte de leurs priorités dans les politiques gouvernementales. Il est vrai que les néo-Canadiens, qui sont plus susceptibles d'entretenir des liens personnels et familiaux avec des personnes faisant l'objet de persécutions religieuses dans d'autres pays, sont généralement très favorables au Bureau. Toutefois, dire que les politiques qui reflètent les priorités des néo-Canadiens visent à se plier aux demandes des diasporas est inutilement péjoratif; c'est un ton péjoratif souvent employé pour dénigrer les politiques qui sont importantes pour les néo-Canadiens.
Il est également vrai que cette politique n'est pas seulement importante pour les néo-Canadiens. Les membres des diasporas qui sont au Canada depuis des générations, de même que tous les Canadiens, d'ailleurs, peuvent voir la valeur du travail qui est accompli.
La quatrième objection vient des personnes qui laissent entendre que le Bureau concerne uniquement les chrétiens et réserve un traitement préférentiel aux questions d'intérêt pour les chrétiens dans les affaires internationales. Il importe de souligner que cette objection et la précédente s'excluent mutuellement, et qu'elles sont pourtant souvent formulées simultanément par les mêmes personnes. Le Bureau ne pourrait pas se concentrer sur les chrétiens tout en visant également les nouvelles communautés ethnoculturelles. Toutefois, quiconque examinerait la liste des projets qu'appuie le Bureau se rendrait compte qu'il travaille avec et pour une grande variété de communautés.
Il a par exemple remis 290 000 $ dernièrement à la Fondation Aga Khan afin qu'elle puisse rédiger et distribuer des livres faisant la promotion du pluralisme aux écoliers du Bangladesh. Même s'il est mis en oeuvre par un organisme musulman, ce projet est particulièrement important pour les athées, qui sont de plus en plus persécutés au Bangladesh. Divers groupes et chefs spirituels non chrétiens du Canada — qu'ils soient sikhs, juifs, musulmans — ont d'ailleurs réclamé que le mandat du Bureau soit renouvelé. Plus tôt cette année, des représentants de ces trois religions ont même envoyé une lettre commune au afin de lui demander de faire ce qui s'impose et d'en renouveler le mandat.
Un très grand nombre de groupes confessionnels sont représentés au sein du Comité consultatif externe du Bureau. Musulmans, juifs, sikhs, bouddhistes, chrétiens et — oui — athées: ils y sont tous.
Il est tout de même important d'admettre que le Bureau offre bel et bien du soutien aux chrétiens. Après tout, ces derniers constituent indiscutablement le groupe religieux le plus persécuté du monde. Les chrétiens sont présents au Moyen-Orient quasiment depuis l'époque où le Christ était sur Terre et depuis bien longtemps avant que la chrétienté ne s'étende jusqu'en Europe de l'Ouest — et très certainement en Amérique du Nord. Et toujours, ils ont fait l'objet de pressions intenses, pour ne pas dire de discrimination systématique, dans ce coin du globe. Ils sont de plus en plus régulièrement victimes de préjugés culturels et de violence, et on a même tenté de les exterminer complètement. Or, même s'ils pratiquent la même religion que les colonisateurs occidentaux, les chrétiens du Moyen-Orient n'ont rien à voir avec la colonisation et on ne peut les en tenir responsables. Ils ont le droit de vivre en paix et en sécurité au même titre que n'importe qui.
Quand je discute avec des gens appartenant à des groupes religieux non chrétiens, ils me parlent très souvent de la situation de plus en plus désespérée des chrétiens. Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes s'est par exemple vivement inquiété du sort que connaissent les chrétiens persécutés, et nous aurions sans doute avantage à prêter l'oreille. Le Bureau ne se préoccupe pas uniquement des chrétiens, mais il ne les néglige pas pour autant.
Nous voici rendus à la cinquième et dernière objection que j'entends au sujet du Bureau de la liberté de religion: selon certains, il s'agirait en quelque sorte d'un organisme colonialiste. Voici ce qu'on pouvait lire dans un billet d'opinion publié dernièrement dans le Toronto Star:
La promotion internationale de la liberté de religion par les pays occidentaux se fait au risque de raviver les missions coloniales « civilisatrices » en imposant des normes uniformes sans égard aux différences culturelles et historiques [...]
Ceux qui pensent que le bon travail fait par le Bureau pour promouvoir la liberté de religion est un moyen de répandre des valeurs occidentales étroites ne comprennent pas ce travail ni le contexte dans lequel celui-ci est accompli. Le Bureau n'essaie pas de dicter une conduite à d'autres pays. Il collabore avec les gens qui mettent en oeuvre des programmes sur le terrain et leur fournit une aide vitale. Il agit de concert avec les dirigeants locaux et fait appel au savoir local. Voilà pourquoi il s'est attiré tant d'éloges de la part des membres des diasporas et d'autres personnes avec lesquelles il travaille directement.
Il n'est pas question de défendre des valeurs occidentales, mais plutôt des valeurs humaines universelles, notamment celle qui sous-tend l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Ceux qui opposent à la promotion de la liberté de religion sur le terrain l'idée que c'est une valeur prétendument occidentale sont les mêmes qui s'opposent à l'égalité des hommes et des femmes, à la démocratie et à d'autres principes des sociétés humaines considérés depuis longtemps comme universels.
Compte tenu des liens de ma famille avec le Pakistan, je suis bien placé pour parler de notre travail dans ce pays. Il est évident que nous ne cherchons pas à favoriser un développement à l'occidentale du Pakistan. Nous voulons le rétablissement du pluralisme que la grand-mère de mon épouse, Molly, a connu dans le Pakistan où elle a grandi. C'était l'époque de la vision de Mohammed Ali Jinnah et du rêve de Chavez Bhatti: le rétablissement des traditions historiques du Pakistan, et non l'imposition des traditions occidentales.
Le gouvernement refuse de se prononcer clairement sur l'avenir du Bureau. Pourtant, il ne reste que 10 jours avant la fin du mandat actuel, alors il est grand temps que le gouvernement nous communique sa décision. La motion actuelle est nécessaire pour que les gens qui travaillent dans le domaine sachent à quoi s'en tenir, et en particulier ceux qui dépendent de l'aide du Bureau et qui attendent une réponse.
Si le gouvernement considère que le Bureau fait du bon travail, appuiera-t-il simplement la motion pour que ce travail puisse se poursuivre sans interruption? S'il est déterminé à faire disparaître le Bureau, pourrait-il au moins nous expliquer pourquoi? Pourrait-il nous donner une raison?
Il y a deux semaines, à Toronto, j'ai assisté à un événement organisé en l'honneur de Chavez Bhatti. J'y ai rencontré Rimsha Masih, une adolescente chrétienne qui a été accusée de blasphème au Pakistan, et qui n'a trouvé refuge que lorsqu'on l'a emmenée au Canada. Je pense à ce que vivait la grand-mère de mon épouse dans la société pluraliste du Pakistan. Je songe maintenant aux difficultés auxquelles Rimsha doit faire face au Pakistan. Voilà pourquoi ce travail et cette motion sont très importants. Pour le quart de ce que coûtera l'augmentation récente du budget des députés, ce bureau sauve des vies et donne de l'espoir à des gens comme Rimsha. J'exhorte donc les députés à réfléchir au bon travail effectué par ce bureau et à appuyer cette motion.
:
Madame la Présidente, en présentant cette motion, l'opposition officielle demande au gouvernement de renouveler le mandat actuel du Bureau de la liberté de religion du Canada. Il convient d'abord de se poser la question suivante: si les conservateurs tenaient tant à ce bureau, pourquoi n'ont-ils pas garanti sa viabilité lorsqu'ils l'ont créé? Dans leur propre plan budgétaire, ils ont prévu que le mandat du Bureau arriverait à échéance le 31 mars. Puisque le mandat actuel du bureau prendra fin le 31 mars, le gouvernement ne peut pas voter en faveur de la motion, et donc, il votera contre celle-ci.
Le gouvernement devra ensuite décider comment il s'y prendra pour améliorer et renforcer les efforts déployés par le Canada en faveur de la liberté de religion partout dans le monde, car bien entendu, nous sommes déterminés à défendre avec acharnement la liberté de religion partout sur la planète. En effet, il s'agit d'un droit universel fondamental qui est très important pour les Canadiens, surtout lorsqu'ils constatent à quel point la liberté de religion est bafouée dans de nombreux pays.
[Français]
En effet, depuis au moins 20 ans maintenant, les persécutions religieuses sont en augmentation constante dans le monde. Des mosquées et des synagogues sont attaquées et profanées; des églises sont brûlées ou fermées, des temples vandalisés. Des gens meurent chaque jour à cause de leurs croyances religieuses. Les populations visées sont incapables de se défendre et cherchent parfois dans l'exil ou la fuite à se protéger ou simplement à survivre.
Les persécutions religieuses ont de nombreuses causes, dont celles relevant du fanatisme ou du radicalisme politique. Elles trouvent souvent un terreau fertile là où l'État de droit est pratiquement inexistant ou lorsque les autorités en place ferment les yeux, quand elles ne participent pas à ces persécutions ou ne les orchestrent pas elles-mêmes. Ces persécutions religieuses vont à l'encontre des principes universels, les principes que tous les États ont pourtant adoptés et jurés de défendre au moment où ils ont adhéré aux instruments juridiques de protection et de promotion des droits humains. Ces persécutions religieuses mettent en péril les fragiles équilibres sur lesquels les sociétés sont fondées et vivent. Elles sont donc une menace à la paix et à la sécurité internationale. Nous avons l'obligation de réagir.
[Traduction]
Le Canada est solidaire de tous ceux qui sont victimes d'oppression ou dont la vie est menacée en raison de leurs croyances. Pour que nous puissions défendre et promouvoir plus efficacement la liberté de religion, nous devons choisir les meilleurs outils et méthodes. Il n'est pas certain que le renouvellement du mandat du Bureau de la liberté de religion dans sa forme actuelle est la meilleure méthode qu'il faut privilégier.
Nous reconnaissons la juste valeur du travail qui a été accompli par le Bureau de la liberté de religion. Nous ne sous-estimons pas les qualités d'Andrew Bennett. Je connais M. Bennett depuis qu'il a travaillé aux Affaires intergouvernementales, lorsque j'étais ministre. Je sais qu'il est un excellent professionnel qui prend à coeur toutes les missions qui lui sont confiées.
Cela dit, le gouvernement a le devoir de choisir les meilleures approches qui soient, surtout lorsqu'il est question d'un enjeu aussi fondamental que la défense des libertés. Dans ce contexte, nous devons déterminer s'il ne serait pas plus efficace de centraliser tous les efforts déployés par Affaires mondiales Canada pour défendre et promouvoir les droits de la personne au sein d'un seul et unique bureau; nous pourrions ainsi mettre à contribution les ressources du réseau d'ambassades du ministère partout dans le monde pour faire progresser cette mission.
[Français]
Nos ambassadeurs de partout dans le monde ont un rôle unique à jouer dans l'avancement des droits de la personne. Les yeux et les oreilles du gouvernement du Canada à l'étranger, nos ambassadeurs, ont maintenant le pouvoir de parler. Ils doivent toujours tenir compte de la promotion des droits de la personne, de la liberté et de l'inclusion, une responsabilité enchâssée dans leur mandat. Nos ambassadeurs et nos ambassades à l'étranger connaissent le contexte local, et ils ont établi des réseaux avec les gouvernements et la population civile. Ils seront donc au coeur de nos efforts.
Au cours de mon récent voyage à Genève, j'ai eu la chance de rencontrer notre représentante permanente auprès de l'ONU, à Genève, ainsi que les membres de son équipe. Nous pouvons être fiers des réalisations de nos représentants dans la promotion des droits de la personne.
Pendant mon séjour à Genève, j'ai présenté l'engagement renouvelé du Canada envers l'ONU et ses organes de droits de la personne, et j'ai confirmé un engagement de 15 millions de dollars pour un nouveau financement de base du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, au cours des trois prochaines années.
Ma visite à Genève a permis de souligner que la défense des droits de la personne peut se faire par la collaboration et l'engagement. Le Canada s'est de nouveau engagé à appuyer les travaux des organes et des mécanismes de défense des droits de la personne des Nations Unies, par exemple, en offrant une invitation permanente pour les visites au Canada aux titulaires de mandats des procédures spéciales; en faisant rapport aux organes de traités sur les droits de la personne; en participant activement à l'examen périodique universel; et en suivant les recommandations soulevées dans le cadre de ces forums.
Nous saluons les efforts des organisations de la société civile et des groupes de peuples autochtones dans le cadre de ces processus.
Je suis, en effet, fier de dire que le Canada est une riche source d'experts en matière de droits de la personne, qui se penchent sur un large éventail d'enjeux en matière de droits de la personne. Je suis en contact avec tous ces groupes, en plus de nombreuses conversations importantes que nous avons avec les chefs religieux pour faire de notre mission une réalité.
Grâce à nos efforts en collaboration avec l'ONU, ici, au pays, et par les différentes voies diplomatiques, le Canada continuera d'appuyer les valeurs de la gouvernance inclusive et responsable, le pluralisme pacifique, ainsi que le respect de la diversité et des droits de la personne, notamment les droits des femmes et des réfugiés.
[Traduction]
Toutefois, nous ne pouvons pas faire de véritables progrès si nous envisageons chaque enjeu séparément. Il y a, en fait, de bonnes raisons de croire que les droits de la personne sont mieux défendus lorsqu'ils sont envisagés comme étant interdépendants. Le droit de chaque personne de prier ou non, sans intervention d'autrui, constitue une liberté indissociable de la liberté de conscience, d'expression, de réunion et de mouvement.
J'aimerais citer l'article 5 de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne:
Tous les droits de l’homme sont universels, indissociables, interdépendants et intimement liés. La communauté internationale doit traiter des droits de l’homme globalement, de manière équitable et équilibrée, sur un pied d’égalité et en leur accordant la même importance. S’il convient de ne pas perdre de vue l’importance des particularismes nationaux et régionaux et la diversité historique, culturelle et religieuse, il est du devoir des États, quel qu’en soit le système politique, économique et culturel, de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales.
La déclaration a été adoptée par consensus en 1993 par les représentants de 171 États et elle a été approuvée par l'Assemblée générale des Nations unies en 1994.
L'adoption de cette déclaration a constitué une étape cruciale pour le regroupement de tous les instruments en matière de droits de la personne, dont la pierre angulaire est la Déclaration universelle des droits de l'homme. L'article 5 est souvent invoqué par des défenseurs des droits de la personne lorsqu'ils se heurtent à des arguments de la part de personnes qui souhaitent privilégier certains droits tout en réduisant la protection offerte par d'autres droits.
L’indivisibilité des droits est au coeur de la philosophie libérale depuis des siècles. Elle est aussi au coeur de la philosophie politique du gouvernement actuel. Le veut non seulement s'assurer que les libertés et les droits de la personne sont mis au centre de nos intérêts stratégiques, mais aussi qu'ils soient représentatifs d'une vision morale du monde qui reconnaît la diversité comme une force.
À ce titre, la protection et la promotion de tous les droits de la personne, y compris la liberté de religion, doivent s'inscrire dans une vision globale de la politique étrangère.
La liberté de religion est importante, car elle est l'un des droits fondamentaux de la personne, tout comme les libertés de réunion, de parole, de pensée et d'expression. Là où l'on ne respecte pas la liberté de religion, on ne respecte pas non plus ces autres libertés.
Pour régler les problèmes, atténuer les répercussions et améliorer la vie des gens victimes des pires abus, nous devons traiter tous les droits de la personne comme une priorité. Nous devons nous intéresser à la cause de toutes les personnes dont les libertés sont restreintes et qui sont privées de leurs droits fondamentaux.
Si nous voulons les défendre, nous devons poursuivre le travail du Bureau de façon globale en intégrant les principes visant à protéger la liberté de religion aux libertés interdépendantes que j'ai mentionnées.
En traitant concurremment les droits de la personne et des libertés fondamentales, nous apporterons des améliorations sur toute la ligne aux problèmes de sécurité, aux pressions économiques, aux changements climatiques, à l'égalité des sexes et à l'inclusion. Les problèmes auxquels nous nous heurtons aujourd'hui sont trop graves pour être traités autrement.
Le Canada appuiera tous les efforts en vue de dénoncer les situations où les droits de la personne sont compromis, où des gens sont persécutés en raison de qui ils sont ou de leurs croyances, où des défenseurs des droits de la personne sont arrêtés et menacés parce qu'ils osent dénoncer la violation des droits de la personne; où la communauté des gays, lesbiennes, transgenres et transexués est la cible de haine et de violence extrêmes; où de la violence sexuelle ou fondée sur le sexe est perpétrée contre des femmes et des filles à un taux de plus en plus alarmant, où 15 millions de jeunes filles par année dans le monde sont forcées de se marier, ce qui les empêche d'atteindre leur plein potentiel, interrompt leur éducation, compromet leur santé et les rend vulnérables à la violence; où des enfants sont maltraités, exploités, négligés, utilisés comme instruments de guerre, victimes de traite de personnes, forcés de travailler dans des conditions inhumaines ou privés d'éducation ou de soins de santé adéquats ainsi que de l'occasion d'être simplement des enfants; et où des gens sont persécutés parce qu'ils prient ou selon la manière dont ils prient, le moment où ils prient ou à qui ils adressent leurs prières.
Nous chercherons à intégrer toutes nos luttes pour les droits de la personne, y compris la défense de la liberté de religion, de sorte que nous puissions être plus efficaces en tant que pays dans notre poursuite du grand objectif de défendre les droits fondamentaux de la personne, ici et à l'étranger.
:
Madame la Présidente, je suis fière d'être catholique pratiquante et je reconnais que le premier des droits de la personne est le droit à la liberté de religion, le droit de pratiquer la religion de son choix. Tous les autres droits de la personne découlent de ce droit fondamental.
Au fil des siècles, avec l'évolution de notre civilisation, notre conception de la liberté s'est élargie. Nous croyons maintenant que les autres droits de la personne sont tout aussi fondamentaux que la liberté de pratiquer librement sa religion. L'article 4 de la Déclaration universelle des droits de l'homme illustre parfaitement ce que je veux dire. Il dit: « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. »
Bien que le droit de pratiquer librement sa religion soit antérieur au droit de ne pas être tenu en esclavage, je pense que nous pouvons tous convenir que le droit de ne pas être la possession de quelqu'un est tout aussi fondamental que les autres. On sous-entend implicitement, dans le droit de ne pas être la possession de quelqu'un, que tous les êtres humains ont la même valeur.
Même notre interprétation du principe de liberté de religion est plus large que pour le principe qui l'a précédé — du moins en Occident —, c'est-à-dire la tolérance religieuse, que des philosophes appelaient une liberté négative, car il s'agissait alors d'être libre de vivre en paix. Notre interprétation est désormais beaucoup plus rigoureuse.
Je tiens à dire, madame la Présidente, que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis très fière de dire que la Déclaration universelle a été rédigée par un Canadien du nom de John Peters Humphrey. L'article 18 dit ceci:
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
Je fais ce rappel historique pour souligner un principe que j'estime essentiel, c'est-à-dire que les droits de la personne ne devraient pas être hiérarchisés et que la liberté de religion doit s'inscrire dans le cadre plus large des libertés et des droits fondamentaux. C'est la position que défend le NPD. Nous croyons que, si le gouvernement veut promouvoir les droits de la personne, il doit défendre l'ensemble des droits, et non seulement la liberté de religion, même si elle est certainement importante.
Faisons également la promotion des autres droits et libertés, qui ont tous une importance fondamentale, y compris la liberté d'expression, le droit à la vie privée, la liberté de presse, la liberté de réunion, le droit de prendre part aux affaires gouvernementales, le droit à un salaire égal pour un travail égal, et le droit de former un syndicat et de se syndiquer. Il y en a bien d'autres que je n'énumérerai pas. Ce qu'il faut retenir, c'est que nous ne devrions pas nous limiter arbitrairement à l'une de ces nombreuses libertés fondamentales.
Il ne faut pas instrumentaliser la promotion des droits fondamentaux de la personne à des fins politiques. Hélas, c'est précisément ce que les conservateurs ont fait lorsqu'ils étaient au pouvoir.
En mars 2012, l'ancien ministre des Affaires étrangères, John Baird, annonçait que le gouvernement conservateur avait décidé d'abolir un organisme hautement respecté, le Centre international des droits de la personne et du développement démocratique, mieux connu sous le nom Droits et démocratie. Il avait été créé par une loi du Parlement en 1988, à titre d'institution canadienne indépendante et non partisane, pour favoriser et appuyer les valeurs universelles des droits de la personne et la promotion des institutions et pratiques démocratiques dans le monde. À l'époque, le ministre Baird avait fait valoir que la décision de fermer Droits et démocratie avait été prise par souci d'économie.
Faisons un bon jusqu'en février 2013, lorsque le gouvernement du Canada a officiellement ouvert le Bureau de la liberté de religion au sein d'Affaires mondiales Canada, avec un budget annuel de 5 millions de dollars. Tant pis pour les économies.
Les conservateurs ont fermé Droits et démocratie, une organisation vouée à la promotion d'une conception rigoureuse des droits de la personne, seulement pour ouvrir, moins d'un an plus tard, une autre organisation qui visait à promouvoir un seul droit, celui de pratiquer une religion librement.
Il importe également de se rappeler que le gouvernement conservateur a fermé trois bureaux de la Commission canadienne des droits de la personne, à Halifax, Vancouver et Toronto, les trois villes qui ont reçu le plus grand nombre de plaintes en la matière au pays. Au cours de cette période, le gouvernement conservateur a également sabré le financement d'organisations de défense des droits de la personne très respectées comme KAIROS, Alternatives et le Conseil canadien pour la coopération internationale, en guise de représailles à leur critique du bilan désastreux des conservateurs en matière de droits internationaux.
Toujours au cours de la même période, les conservateurs ont réduit le financement de nombreuses organisations de défense des intérêts des femmes: la Coalition pour l'équité salariale du Nouveau-Brunswick, le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail, l'Ontario Association of Interval and Transition Houses, l'Institut canadien de recherches sur les femmes, Womenspace et plusieurs autres. Pourquoi un gouvernement qui prétend promouvoir les droits de la personne réduirait-il le financement de toutes ces organisations pour ensuite ouvrir le Bureau de la liberté de religion? C'est simple, pour des motifs politiques.
Pour mieux comprendre ce que je veux dire, il suffit de jeter un coup d'oeil au bilan réel du Bureau de la liberté de religion.
Dans une analyse publiée dans OpenCanada, Samane Hemmat fait remarquer que « les minorités chrétiennes ont reçu presque deux fois plus d'attention [...] que les communautés musulmanes et juives. » Loin de moi de suggérer que les chrétiens ne sont pas persécutés au Moyen-Orient, car ils le sont.
Voilà pourquoi, durant la dernière législature, le NPD a appuyé une étude effectuée par le Sous-comité des droits internationaux de la personne sur les atteintes aux droits de l'homme dont sont victimes les Égyptiens de foi chrétienne. Nous avons également appuyé une déclaration des députés de tous les partis siégeant au comité, condamnant la violence contre les chrétiens et réclamant sa cessation. Selon Mme Hemmat, le Bureau de la liberté de religion a publié des communiqués de presse pour défendre les chrétiens en Ukraine, en Syrie, en Irak, au Soudan, en Chine et en République centrafricaine, et a porté une attention particulière aux minorités chrétiennes du Pakistan et aux chrétiens coptes de l'Égypte, qui sont nombreux à avoir immigré au Canada.
L'accent mis sur l'Ukraine laisse pour le moins perplexe, étant donné le rang peu élevé que ce pays occupe par rapport à l'indice des restrictions gouvernementales et de l'hostilité sociale établi par le forum PEW. Le fait que Canada soit le troisième pays comptant le plus d'Ukrainiens dans le monde, après l'Ukraine et la Russie, et que les conservateurs souhaitaient ardemment plaire à cette population n'a rien à voir, j'en suis persuadée, avec le fait que le Bureau ait pris la défense des chrétiens ukrainiens.
Comme mon temps de parole tire à sa fin, je mentionnerai un dernier point: nous sommes conscients que bon nombre de nos amis, qui représentent diverses religions partout au pays, souhaitent voir le Bureau de la liberté de religion poursuivre ses activités. Je tiens à leur confirmer que, bien que les néo-démocrates n'appuient pas le maintien de ce bureau, nous défendons les mêmes libertés qu'eux, avec la même passion.
D'après le NPD, il serait plus efficace de promouvoir ces libertés essentielles par l'entremise d'un organisme gouvernemental peu politisé, conçu pour promouvoir une conception inclusive et bien établie de tous les droits et libertés de la personne. Cela serait préférable à un bureau conçu pour servir des objectifs bassement politiques; les groupes confessionnels du Canada et les Canadiens méritent mieux.
Nous sommes d'avis, comme le nouveau , que les droits sont indivisibles, interreliés et interdépendants, et qu'on ne peut avoir de liberté de religion sans liberté de conscience, d'expression, de réunion et de mouvement. Notre parti est résolu à collaborer avec le nouveau gouvernement pour garantir que les droits de la personne soient au coeur de toutes les décisions, et même, qu'ils soient le fondement de toutes les politiques élaborées par l'État.
:
Madame la Présidente, je suis ravi d'intervenir aujourd'hui pour parler de la motion dont nous sommes saisis et des mesures prises par le Canada dans le monde et à la Chambre des communes pour promouvoir la liberté de religion.
La motion parle de la promotion de la paix, de la liberté, de la tolérance et de l'harmonie entre les communautés. Elle demande au gouvernement de renouveler le mandat actuel du Bureau de la liberté de religion. À première vue, nous pourrions appuyer cette motion. Toutefois, à la lumière des éléments généraux qui sont nécessaires pour faire progresser l'humanité, nous savons qu'une approche globale est beaucoup plus efficace pour défendre les droits de la personne et les autres droits qu'un seul élément pris isolément des autres. Cette dernière approche semble mettre de côté certains aspects dont nous devons tenir compte.
Par exemple, le NPD préconise souvent la défense des droits de la personne dans les accords commerciaux conclus entre le Canada et d'autres pays. Les néo-démocrates ont toujours soutenu que les politiques devaient défendre les droits de la personne et des travailleurs. Nous tenons compte des enjeux concernant l'égalité, qu'il s'agisse de l'orientation sexuelle ou des croyances religieuses. Nous tenons compte de tous ces facteurs, car les politiques générales qui défendent les droits de la personne protègent également la liberté de religion ainsi que les autres éléments, comme les droits des travailleurs, des enfants ou d'un certain nombre d'institutions différentes auxquelles un pays attache de l'importance. Nous n'isolons pas un élément en particulier, parce qu'il s'agit davantage d'une progression naturelle et que le fait d'opposer la protection de l'humanité à celle de l'orientation religieuse ne permet pas de créer les conditions propices à l'évolution des droits de la personne, ce qui comprend l'égalité des femmes.
Le Canada a signé un certain nombre d'accords commerciaux. À bien des égards, ils sont essentiels pour l'économie canadienne, et ils le sont aussi pour les autres pays cosignataires. Ces accords sont conclus, signés et ratifiés, mais les sujets comme les droits de la personne, l'environnement, ce genre de choses, qui sont censés contrebalancer les aspects économiques, mais qui ne peuvent pas s'inscrire dans le corps même des accords commerciaux, font presque invariablement l'objet d'accords secondaires. Ces autres aspects deviennent pour ainsi dire des notes de bas de page ou des annexes qui ne font même pas partie du système global. Il ne s'agit que de vains mécanismes de défense des droits de la personne, notamment de la liberté de religion, des droits des femmes, des droits des Autochtones. Nous renonçons aux moyens d'action nécessaires pour défendre ces droits.
Le Canada a signé de nombreux accords commerciaux avec des pays où il est bien connu que les droits de la personne ne sont pas respectés. Il est bien difficile pour le Canada d'accepter ces violations, surtout lorsqu'il en est conscient, mais il signe tout de même ces accords dans l'espoir qu'ils lui permettent d'exercer certaines pressions afin de changer la situation, ce qui ne se produit pas. C'est dommage, parce que ces accords entraînent une plus grande responsabilité et permettraient d'instaurer un cadre général de soutien pour que les gens puissent être plus libres dans leur société.
Comme on l'a mentionné, le Bureau de la liberté de religion a un budget de 5 millions de dollars. Son mandat n'a pas été renouvelé sous le régime des conservateurs; je ne comprends pas pourquoi ils ne l'ont pas fait, si c'était tellement important. Cinq millions de dollars, c'est une grosse somme, mais il existe une multitude de religions au Canada et dans le monde. Il y a bien des groupes et des organisations au Canada dont on ne s'occupera jamais parce qu'il n'y a pas de fonds pour le faire.
Le Bureau de la liberté de religion n'englobe pas tous les aspects relatifs aux droits de la personne. On ne tient pas compte de tous les aspects dans notre propre pays, notamment pour ce qui est de la population autochtone et de l'égalité des femmes. Nous sommes encore aux prises avec nos propres problèmes liés à ces questions, dont l'un nécessite la tenue d'une enquête nationale, attendue depuis trop longtemps. Il a fallu de nombreux débats à la Chambre et beaucoup de questions de la part de divers partis politiques, au fil des générations, pour reconnaître ce problème fondamental, qui est systématique dans la population.
Qui plus est, nous ne parlons pas de renouveler ou de réévaluer les activités à proprement parler, d'où la préoccupation suivante. Si nous menons des projets indépendants et si nous envoyons de l'argent à l'étranger, le Parlement devrait pouvoir examiner toutes les interventions approuvées. Cela devrait donner lieu à un débat plus approfondi qu'une motion présentée à la Chambre des communes.
Je signale que c'est une motion, et non une mesure législative. Elle n'engage donc pas de la même façon. Je me rappelle que l'ancien a dit, en gros, que, d'un point de vue éthique, les motions présentées à la Chambre des communes devaient être respectées. Il a dit cela alors qu'il était chef de l'opposition. À l'époque, les libéraux soutenaient qu'une motion n'est qu'une motion et que, techniquement, son issue dépendait de la volonté de la Chambre. Ed Broadbent, un de nos anciens députés qui fêtera bientôt son 80e anniversaire, a fait adopter des motions sur la pauvreté chez les enfants, qui n'ont jamais été mises en application à l'extérieur de la Chambre. Nous avons eu de nombreuses motions au fil des ans qui ne sont jamais allées plus loin qu'une mise aux voix à la Chambre des communes. Les conservateurs ont déjà appuyé des motions, les considérant comme reflétant l'éthique du Parlement et devant être appliquées. Or, une fois qu'ils se sont retrouvés au pouvoir, ils ont oublié tout cela. Ils le savent très bien, car ils ont récemment été au pouvoir pendant plusieurs années. Nous ne pouvons pas effacer toute l'histoire, d'un côté ou de l'autre. C'est simplement ainsi que les choses se sont passées.
J'étais présent quand nous avons adopté des motions sur diverses questions, certaines sur des problèmes très graves et d'autres qui recevaient un certain appui général. L'adoption des motions devient une question de choix.
Le Parlement a connu un grand moment quand nous avons adopté des motions reconnaissant cinq génocides qui font maintenant l'objet d'une exposition au Musée canadien pour les droits de la personne. Nous nous sommes unis pour renouveler cet appui, lequel a été confirmé. Toutefois, comme je l'ai dit, d'autres motions présentées par notre bon ami Ed Broadbent, comme celle concernant la pauvreté chez les enfants, n'ont jamais été mises en oeuvre. Par conséquent, je mets en doute les tactiques utilisées par les conservateurs à ce sujet parce que, si cette motion les avait vraiment intéressés, ils auraient pu l'améliorer et la présenter sous forme de projet de loi, mais cela n'a pas été fait. Par conséquent, la motion demeure à la merci de la volonté d'un gouvernement majoritaire, qui peut faire à peu près ce qu'il veut quant à sa mise en application.
Pour les néo-démocrates, les principaux dossiers en matière de libertés touchent, de façon générale, le respect des droits de la personne et le développement démocratique. Le Canada est intervenu dans ces domaines à l'étranger. Ces principes sont les pierres d'assise qui permettent la liberté de religion. Il est très important de tenir compte du contexte plus général parce qu'il faut créer des institutions, promouvoir la démocratie et, en premier lieu, promouvoir les droits de la personne. Quand les droits de la personne sont respectés, la liberté de religion fait partie d'un ensemble de facteurs qui peuvent être protégés. C'est là l'un des aspects de la question.
Lorsqu'on se penche sur les cas de persécution qui portent atteinte à la liberté de religion, on se rend compte que cette réalité ne touche pas que les pays à l'extérieur de l'Amérique du Nord. Je tiens à souligner — et il est intéressant que j'aborde cette question en tant que député de la circonscription de Windsor-Ouest — ce que Donald Trump, candidat à la présidence des États-Unis, a dit au sujet des musulmans et de la possibilité de les empêcher d'entrer aux États-Unis. Selon mon expérience quotidienne, je peux dire que, parmi les gens qui se rendent tous les jours aux États-Unis, il y a des musulmans qui sont des citoyens canadiens — soit parce qu'ils sont nés au pays, soit parce qu'ils y ont immigré — et qui exercent différentes professions, y compris des médecins, des infirmiers, des fournisseurs de soins de santé, des comptables et des avocats. À l'heure actuelle, ils ne se font pas demander s'ils sont musulmans. On leur demande plutôt s'ils sont citoyens canadiens. Les citoyens canadiens qui traversent la frontière méritent de jouir de ce droit fondamental, et notre principal partenaire commercial devrait le respecter. Les États-Unis sont également l'un de nos principaux alliés stratégiques dans le monde. Or, il y a maintenant un candidat à la présidence qui voudrait empêcher des Canadiens de sauver des vies américaines tous les jours, et qui voudrait les persécuter en raison de leur confession religieuse.
Ce bureau devrait peut-être s'intéresser à notre voisin.
:
Madame la Présidente, je tiens à remercier mon collègue le député de d'avoir présenté aujourd'hui cette motion opportune et très importante.
En tant que membre du Sous-comité des droits internationaux de la personne de la Chambre des communes, je m'intéresse passionnément à la substance de la motion actuelle. J'espère sincèrement qu'après avoir réfléchi à la motion au fil du présent débat, le gouvernement choisira de renouveler le très important mandat du Bureau de la liberté de religion, dont nous avons grandement besoin à l'époque de l'histoire de l'humanité que nous traversons présentement.
Je devrais prendre un instant dès maintenant pour vous signaler que je vais partager le temps qui m'est accordé avec le député d'.
Lorsque le député de a pris la parole dans cette enceinte il y a deux semaines, il a terminé son intervention avec une réflexion qui résume parfaitement l'essence de la motion actuelle. Il a dit ceci:
Même si nous ne pouvons pas régler tous les problèmes, ne vaut-il pas mieux allumer une bougie que pester contre l'obscurité? Le Bureau de la liberté de religion est une bougie qui éclaire bien plus que sa taille le laisse présager. Je demande donc au gouvernement de ne pas mettre fin à ses activités.
Aux fins du débat sur la motion à l'étude aujourd'hui, je vais citer une lettre conjointe envoyée par des leaders juif, sikh et musulman au ministre des Affaires étrangères, où l'on affirme que la crise des réfugiés syriens est exacerbée par la fuite des minorités auxquelles le groupe État islamique s'en prend à cause de leur religion. Dans leur lettre d'appui au Bureau de la liberté de religion, M. Shimon Fogel, M. Amritpal Singh Shergill et M. Asif Khan ont déclaré:
Ceci est un enjeu qui appelle à la conscience de tous les Canadiens, dont plusieurs sont venus au Canada en tant que réfugiés fuyant des persécutions religieuses outre-mer, récemment ou à une époque plus éloignée.
Avec beaucoup d'éloquence, ils disent que défendre la tolérance, les droits de la personne et les droits des minorités religieuses est une façon toute canadienne de faire les choses, à tel point que ces principes sont inscrits dans notre propre Charte des droits et libertés, qui traite entre autres de la liberté de religion. Voilà pourquoi les Canadiens comprennent qu'ils ont, non pas une obligation morale, mais bien un devoir de passer à l'action.
C'est ce qui a donné lieu à la création du Bureau de la liberté de religion en 2013, qui faisait partie de ce qui s'appelait à l'époque le ministère des Affaires étrangères. Au moyen d'un budget modeste et d'Andrew Bennett, un ambassadeur talentueux, le Bureau a pour mandat de concentrer ses activités sur les pays ou les situations où l’on observe des violations manifestes du droit à la liberté de religion, violations pouvant inclure la violence, la haine et la discrimination systémique.
Malheureusement, c'est une tragédie internationale qui a donné lieu à la création du Bureau de la liberté de religion. En mars 2011, l'assassinat révoltant de l'honorable Shahbaz Bhatti, ministre fédéral des Minorités de la République islamique du Pakistan, a été un choc pour tous ceux qui croient en la paix, la tolérance et la compréhension. Shahbaz Bhatti était le seul ministre chrétien au sein du gouvernement du Pakistan, et son meurtre horrible commis en plein jour visait à envoyer un message de terreur partout au pays.
Ce qui a été particulièrement troublant pour des observateurs tant au Pakistan qu'au sein de la communauté internationale, c'est que Shahbaz Bhatti avait consacré sa vie à promouvoir la paix, la tolérance et la compréhension parmi les gens de toutes les confessions. Il savait qu'il paierait probablement de sa vie ses activités de défense de la liberté de religion pour toutes les minorités au Pakistan. C'est ce qu'il m'a dit personnellement, à la Chambre, tout juste quelques semaines avant d'être assassiné dans son pays.
C'est en hommage à la vie de Shahbaz Bhatti et afin de défendre ceux qui ne sont pas en mesure de se défendre eux-mêmes que le Bureau de la liberté de religion a été créé en 2013. J'ai eu l'honneur et le privilège d'aller à la mosquée où a eu lieu l'annonce de la nomination du premier ambassadeur du Bureau.
J'ai été encore plus honoré de faire la connaissance au cours des dernières années de Peter Bhatti, le frère du martyr Shahbaz Bhatti. Nous avons eu de nombreuses conversations au sujet du travail de son frère, de la violence et de la persécution au Pakistan et dans la région, ainsi que de la promesse faite par le Bureau de la liberté de religion. En fait, Peter Bhatti, qui a immigré au Canada en 1997, est l'un de 23 éminents Canadiens et chefs de groupes confessionnels qui font partie du comité consultatif externe qui conseille le Bureau de la liberté de religion.
Pour ceux qui ont entendu la passion avec laquelle s'exprime Peter Bhatti et qui ont été témoins de l'impact de son travail, l'efficacité du Bureau de la liberté de religion est indéniable.
Mais Peter Bhatti n'est pas tout seul. Le comité consultatif compte parmi ses membres l'imam du Centre islamique libanais de Montréal; mon ami le rabbin Reuven Bulka, d'Ottawa, qui a aussi déjà été coprésident du Congrès juif canadien; et Mario Silva, pour ne nommer que ceux-là.
Les députés seront sans doute nombreux à se rappeler M. Silva, qui a représenté la circonscription de Davenport au nom du Parti libéral de 2004 à 2011. Je suis fier de dire qu'il siégeait avec moi à la Coalition parlementaire canadienne de lutte contre l'antisémitisme. En fait, il poursuit son travail de juriste et continue de sensibiliser le monde à cette cause importante. C'est un honneur de le compter parmi mes amis.
Voilà qui, à mon avis, illustre bien le calibre des membres du Bureau de la liberté de religion. Ces sommités canadiennes des droits internationaux de la personne ont une influence concrète sur la vie de plein de gens. Pour cette seule raison, le mandat du Bureau devrait être renouvelé.
J'aimerais quand même donner quelques exemples du bon travail qu'accomplit le Bureau dans certaines des régions les plus difficiles du monde.
Il est clair que le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus dangereux. Les attentats de novembre dernier à Paris et ceux survenus en sol canadien en 2014 le démontrent bien. Malheureusement, il est tout aussi clair que la persécution religieuse sous-tend ce type de terrorisme et d'extrémisme, la progression de l'EIIS et bien d'autres conflits qui font rage dans le monde. C'est pourquoi la tâche difficile qu'accomplit le Bureau de la liberté de religion est si essentielle.
En Irak, un financement d'un quart de million de dollars a été accordé à un projet réalisé en partenariat avec Minority Rights Group International qui renforce la capacité des organisations irakiennes de signaler toute persécution religieuse. Ce projet vient directement en aide aux personnes persécutées sur le terrain.
Dans le même ordre d'idées, le projet de 200 000 $ visant à documenter les injustices que subissent les Pakistanais non musulmans et à sensibiliser les parlementaires du Pakistan à la situation des minorités religieuses dans ce pays produit des résultats à l'endroit même où Shahbaz Bhatti fut assassiné. Le projet aide aussi directement les personnes persécutées sur le terrain. Il vise également à formuler des recommandations ayant pour but de modérer la persécution dont sont victimes les minorités religieuses, tâche que le Bureau de la liberté de religion, appuyé par les sommités du Canada et du monde entier en matière de droits internationaux de la personne, est singulièrement apte à accomplir.
J'aimerais donner un autre exemple, parce qu'il fait état des injustices qui ont été soulevées par les coalitions parlementaires canadienne et internationales de lutte contre l'antisémitisme — auxquelles participent activement Mario Silva et d'autres députés actuels et passés de la Chambre — et du cri d'alarme qu'elles ont lancé. Par l'entremise du Fonds pour la liberté de religion, le Bureau de la liberté de religion offre 400 000 $ à la Fondation Auschwitz-Birkenau et 100 000 $ à l'UNESCO pour la tenue d'événements de sensibilisation à l'Holocauste et d'activités éducatives associées à la commémoration de l'Holocauste et à la prévention du génocide. Chose encore plus importante, ce projet finance la conservation des bâtiments, des terrains et des fonds d'archives d'Auschwitz-Birkenau.
Comme le savent tous les députés de la Chambre, surtout ceux qui ont entendu les témoignages livrés dans le cadre de la commission d'enquête tenue par la Coalition parlementaire canadienne de lutte contre l'antisémitisme en 2010 et en 2011, si le monde ne tire pas de leçons de l'histoire, nous sommes condamnés à répéter les mêmes erreurs. Trop souvent, le mépris des libertés des minorités religieuses n'est que le début de quelque chose de beaucoup plus sombre, ce qui confirme le besoin de maintenir le Bureau.
Il y a un autre cas que je veux aborder avant de céder la parole au député d', celui du pasteur Saeed Abedini, un jeune et courageux pasteur chrétien qui a été arrêté par les autorités iraniennes, battu et détenu pendant trois ans et demi dans la tristement célèbre prison d'Evin, à Téhéran, souvent en isolement cellulaire. Le pasteur Abedini, qui possède la double citoyenneté américaine et iranienne, a été qualifié de menace à la sécurité nationale par le régime iranien parce qu'il pratiquait pacifiquement sa foi chrétienne en Iran.
J'ai déjà parlé du cas du pasteur Abedini dans le cadre de la semaine annuelle de responsabilisation de l'Iran à la Chambre. C'est en raison de cas comme celui-ci que nous devons continuer à attirer l'attention sur les violations des droits de la personne à l'égard des minorités religieuses et à défendre les droits de la personne partout dans le monde.
Il est merveilleux et réconfortant de savoir que, cette semaine, lorsque le pasteur Abedini offrira son message annuel de Pâques, un message de réflexion et d'espoir pour les chrétiens, comme il l'a fait chaque année à Pâques durant son brutal séjour en prison iranienne, il le fera au sein de sa paroisse en Idaho, puisqu'il a été libéré en janvier dernier.
C'est de cela qu'il s'agit. Ce sont là les objectifs du Bureau de la liberté de religion: maintenir la lutte mondiale pour la liberté de religion, promouvoir les droits de la personne, défendre quelque chose d'aussi fondamentalement canadien que la liberté de religion et passer de la parole aux actes.
:
Madame la Présidente, je commencerai par remercier l'ambassadeur du Canada pour la liberté de religion, M. Andrew Bennett, de ses trois ans de bons et loyaux services non seulement envers le Canada, mais envers le monde entier. Il a travaillé sans relâche à promouvoir les valeurs canadiennes et à dénoncer l'injustice. Il a soulevé la question de la liberté religieuse dans tous les coins du pays, aidant ainsi la population à mieux comprendre un problème qui, heureusement, ne nous touche pas directement, mais qui est bien réel pour des millions de personnes sur la planète.
Je viens d'une région du monde où la religion occupe beaucoup plus de place que dans la société canadienne. C'est une région déchirée depuis des siècles par des guerres menées au nom de la religion. C'est pourquoi il se peut que mon point de vue sur l'importance de la liberté religieuse diffère de celui de nombreux députés. Je viens d'une région où tous les groupes religieux ont connu la persécution au cours de l'histoire.
La persécution religieuse prend différentes formes, mais en fin de compte, c'est une tentative pour refuser aux gens la liberté, voire l'existence.
Au Canada, on parle de façon abstraite de la liberté de religion et, à la Chambre, les députés conviennent de son importance. Nous ne nous entendons pas sur la nécessité ou non de mettre la liberté de religion à l'avant-plan de la politique étrangère du Canada. Toutefois, dans de nombreuses régions du monde, l'idée même de la liberté de religion est littéralement une question de vie ou de mort, et les personnes qui décident de changer de religion sont condamnées à mort.
Nous devons tous être conscients du fait que la question à l'étude aujourd'hui n'est pas théorique. Il ne s'agit pas d'une divergence de vues politiques. Il s'agit pour le Canada d'intervenir dans des situations où des gens meurent et où il peut offrir son aide.
La liberté de religion est considérée comme un droit de la personne fondamental. Voici ce que prévoit l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme:
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
La Déclaration universelle des droits de l'homme est le document qui énonce les droits de la personne fondamentaux dans le monde. Cependant, même si la liberté de religion est généralement reconnue comme un droit universel par les pays membres des Nations unies, la liberté de religion fait l'objet de restrictions croissantes.
Les Canadiens considèrent la défense des droits des autres comme une tradition bien ancrée dans leur pays. En créant le Bureau de la liberté de religion en février 2013, le gouvernement du Canada a montré qu'il considère la liberté de religion non seulement comme un droit fondamental, mais aussi comme la pierre angulaire de la politique étrangère canadienne.
Nous, les Canadiens, avons bien de la chance de vivre dans un pays où les libertés démocratiques, y compris la liberté de religion, sont tenues pour acquises. Nous ne sommes pas confrontés aux réalités d'autres pays où les minorités religieuses sont régulièrement persécutées. Un grand nombre des réfugiés syriens qui sont venus au Canada au cours des derniers mois ont souffert de la persécution religieuse. Les Canadiens sont peut-être moins coupés du monde extérieur qu'ils l'ont déjà été et sont plus conscients de ce qui se passe au-delà de leurs frontières. La lutte contre la persécution religieuse dans les autres pays est maintenant perçue, pour la première fois, peut-être, comme une obligation morale.
M. Andrew Bennett, premier ambassadeur du Canada pour la liberté de religion, dit que nous définissons positivement les libertés et les droits de la personne, étant entendu que la liberté comporte la possibilité de différer d'opinion et de ne pas être d'accord. Bien sûr, les droits et libertés ne sont pas toujours absolus.
Selon M. Bennett, l'engagement du Canada à promouvoir la liberté de religion dans d'autres pays et les pressions qu'il exerce, le cas échéant, sur d'autres pays pour inciter ceux-ci à améliorer la situation des droits de la personne découlent des valeurs des Canadiens et de leur compréhension des droits de la personne. Il estime que le Canada a l'occasion d'utiliser sa position dans le monde et sa réputation internationale pour travailler avec d'autres pays afin d'améliorer la liberté de religion de façon générale.
M. Bennett n'est pas le seul à s'exprimer de la sorte. À la Chambre, le député de a dit ce qui suit au sujet de la liberté de religion:
Le Canada a un rôle important à jouer dans le monde, un rôle que nous n'hésiterons pas à assumer. Le Canada est un pays de tolérance, d'acceptation, de paix et de sécurité. Nous sommes aussi une société pluraliste. Notre diversité nous donne un point de vue tout à fait particulier sur le monde. Le Canada a mis en place depuis longtemps les conditions permettant aux gens de vivre dans la dignité à laquelle d'autres aspirent; celles-ci s'inspirent de nos valeurs fondamentales que sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit.
Cette question n'est pas partisane. Lors du débat sur une motion précédente à la Chambre, le député de a dit ceci:
[...] nous devrions continuer de reconnaître l'importance de la foi en tant que composante essentielle de la vie de bien des gens, non seulement dans notre société, mais aussi dans le contexte plus large de la politique étrangère.
La motion dont il était alors question a été adoptée à l'unanimité par la Chambre. En voici un extrait:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait: a) aux fins de la politique canadienne en matière d'affaires étrangères, continuer à reconnaître que (i) chacun a droit à la liberté de religion et de conscience, y compris la liberté de changer de religion ou de croyance et la liberté de manifester sa religion ou sa conviction par l'enseignement, le culte, les pratiques et l'accomplissement des rites, (ii) tous les actes de violence contre des groupes religieux doivent être condamnés, (iii) l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques doit être appuyé, (iv) la valeur particulière des déclarations officielles du ministre des Affaires étrangères pour dénoncer les violations à la liberté de religion partout dans le monde doit être promue, (v) l'engagement du Canada à l'égard de la création d'un Bureau de la liberté de religion doit être utilisé pour aider à protéger les minorités religieuses et promouvoir le pluralisme essentiel au développement des sociétés libres et démocratiques...
À l'époque, tous les partis ont appuyé le Bureau de la liberté de religion. Pourquoi pas maintenant? Apparemment, le gouvernement entend éliminer le Bureau, peut-être dès le budget de demain.
Nous défendons les droits au Canada. Pourquoi ne le ferions-nous pas aussi pour les pays ou les situations où l'on observe des violations systématiques et manifestes du droit à la liberté de religion, violations pouvant inclure la violence, la haine et la discrimination systémique?
Il y en a qui disent que les droits religieux ne devraient pas être traités à part des autres droits et qu'il n'est pas nécessaire de se doter d'un organisme distinct pour promouvoir la liberté de religion. J'aimerais bien qu'il en soit ainsi, mais nous devons admettre à regret que ce n'est pas le cas. Des millions de personnes sont persécutées dans le monde à cause de leurs croyances religieuses. À beaucoup d'endroits dans le monde, les droits religieux appartiennent bel et bien à une catégorie distincte qui a été trop souvent ignorée par le Canada dans le passé.
M. Bennett dit que le rôle du Bureau de la liberté de religion est de promouvoir et de défendre la liberté de religion dans le monde, en particulier dans les pays où elle est menacée et où, typiquement, de nombreuses libertés sont violées.
La Charte canadienne des droits et libertés garantit à tous les Canadiens le droit à la liberté de conscience et de religion. C'est notre première liberté. C'est aussi une liberté dont les gens sont privés dans une grande partie du monde. Si nous croyons fermement à cette liberté, pourquoi ne pas vouloir en promouvoir les avantages dans les autres pays? Pourquoi faire disparaître le Bureau de la liberté de religion?
Nous avons besoin du Bureau parce que la liberté de religion fait partie des droits de la personne. Le mandat du Bureau consiste en fait à défendre les droits de la personne. En faisant la promotion de la liberté de religion, nous faisons aussi la promotion des droits de la personne.
En ignorant la religion ou, du moins, en la noyant dans un ensemble d'autres variables, le gouvernement du Canada revient à une mentalité qui fait fi des influences religieuses dans le monde.
Le Bureau de la liberté de religion ne cherche pas à mettre la religion au coeur de la politique étrangère, mais à faire valoir que la religion est un facteur important à considérer dans la vie publique, à l'échelle tant nationale qu'internationale.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureuse d'avoir l'occasion d'intervenir afin d'attirer l'attention sur les efforts du Canada pour promouvoir et protéger les droits de la personne, y compris la liberté de religion ou de croyance.
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » Ces mots figurent dans le premier article de la Déclaration universelle des droits de l'homme et ils sont aussi percutants aujourd'hui qu'ils l'étaient lorsque la Déclaration fut adoptée par les Nations unies, en 1948.
Voici ce que prévoit l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme:
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
Pourtant, l'intolérance et la discrimination religieuses continuent de s'accentuer à la grandeur de la planète. Selon des données récentes du forum Pew Research, en 2013, 5,5 milliards de personnes — soit 77 % de la population mondiale, une proportion énorme — vivaient dans des pays où la religion est soumise à des restrictions importantes ou très importantes, en raison des restrictions officielles que le gouvernement impose à la liberté de religion, de la discrimination sociale ou d'hostilités à caractère religieux. Ce pourcentage a grimpé depuis 2007, alors qu'il se chiffrait à 68 %. Il est bouleversant de constater que, comme on l'a vu pendant la dernière décennie, la plupart des êtres humains n'ont pas la liberté de pratiquer la religion de leur choix sans crainte de représailles.
La discrimination religieuse est source de souffrances et de discorde. Elle encourage les préjugés et crée un climat de peur et d'intolérance. Voilà pourquoi le gouvernement précédent a mis sur pied le Bureau de la liberté de religion. Voilà pourquoi nous cherchons à accroître la valeur du Bureau dans le contexte des droits de la personne, pris dans leur globalité.
La liberté de religion fait partie d'un ensemble de droits universels, indivisibles et interdépendants. Ainsi, la liberté de circulation et de réunion et la liberté d'être une femme sont toutes liées à la liberté de religion. Les droits de la personne ne se présentent pas comme un buffet où l'on choisit seulement les droits qui nous plaisent: ils forment un ensemble, un tout.
La promotion et la protection des droits de la personne, y compris la liberté de religion ou de croyance, font partie intégrante de l'engagement constructif du Canada envers le reste du monde. Ces valeurs ont d'ailleurs été enchâssées dans la Constitution canadienne en 1982.
Comme l'a fait remarquer le , comment peut-on espérer jouir de la liberté de religion sans la liberté de conscience et la liberté d'expression? La liberté de religion mérite tout à fait qu'on la défende, c'est indéniable, mais il s'agit d'un concept inutilement pointu qui passe à côté de ce que doit être la défense des droits de la personne.
Le Bureau de la liberté de religion du Canada a vu le jour le 19 février 2013. Son mandat consiste à protéger les minorités religieuses et à défendre leurs droits, à lutter contre la haine et l'intolérance fondées sur la religion et à faire la promotion à l'étranger des valeurs canadiennes que sont le pluralisme et le respect de la diversité. Sous la direction d'Andrew Bennett, le premier ambassadeur du Canada pour la liberté de religion, notre pays a pu poursuivre ses efforts dans le domaine des politiques, des programmes, de la défense des droits de la personne et de la sensibilisation. Au chapitre des politiques, le Bureau doit notamment s'assurer que la liberté de religion ou de croyance fait partie intégrante des efforts diplomatiques du Canada.
Pour faciliter la coopération internationale, favoriser les mesures multilatérales et renforcer la coordination entre les pays concernant la liberté de religion, le Canada a mis sur pied dernièrement le Groupe de contact international sur la liberté de religion ou de conviction. En misant sur le dialogue interconfessionnel, la formation en recherche, le renforcement des capacités et le soutien juridique et législatif, le Canada a pu appuyer divers programmes et initiatives de par le monde afin de promouvoir et de défendre la liberté de religion et de croyance.
Ces projets ont permis à divers groupes et personnes persécutés à cause de leur foi ou de leurs croyances de bénéficier d'un soutien crucial, ils ont aidé les membres de la société civile et les défenseurs des droits de la personne à s'attaquer à la persécution religieuse et ils ont renforcé les moyens des gouvernements, institutions et organismes locaux qui préconisent l'instauration de sociétés pluralistes et inclusives.
L'auteur de la motion a laissé entendre que d'autres députés ne sont pas au courant du travail effectué par le Bureau. Si je ne l'ai pas déjà détrompé, j'aimerais lui donner des exemples du bon travail accompli jusqu'à présent.
Au Bangladesh, dans le cadre d'efforts plus vastes visant à favoriser le pluralisme, le Canada appuie, avec la Fondation Aga Khan, un projet dont l'objectif est de produire du matériel éducatif pour favoriser la promotion à long terme des valeurs pluralistes et prévenir les conflits et l'exclusion découlant de l'intolérance.
Au Nigeria, dans le cadre d'efforts visant à contrer la violence intercommunale dans la région, le Canada a appuyé un projet de deux ans visant à promouvoir le dialogue interconfessionnel et la médiation des conflits dans l'État du Plateau. Grâce à ce projet, on a créé un mécanisme que les collectivités peuvent utiliser pour désamorcer les tensions entre les divers groupes religieux et ethniques, dont les chrétiens et les musulmans. Le gouvernement nigérian y a eu recours à plusieurs occasions, notamment à la suite des attaques commises par le groupe Boko Haram et pendant la période qui a mené aux élections nigérianes de mars 2015.
Au Pakistan, le Canada appuie un projet qui promeut le respect de la diversité au sein des institutions au moyen de vastes coalitions qui transcendent les partis, les groupes ethniques et les religions, afin de faire avancer l'élaboration de politiques et les réformes législatives en vue de la protection des minorités religieuses contre la discrimination et les mauvais traitements. Au cours de la dernière année, le projet a permis de faire progresser l'adoption au Pakistan de 11 mesures législatives nouvelles ou modifiées.
En Ukraine, le Canada appuie deux projets visant à promouvoir le dialogue interconfessionnel et à améliorer la capacité des autorités locales d'intervenir en cas de crimes haineux, en vue de cultiver la stabilité à long terme, la tolérance et le respect des droits de la personne.
Enfin, dans le cadre des efforts déployés pour contrer l'idéologie du groupe État islamique et ses actes violents, le Canada appuie des projets en Irak, au Liban et en Syrie qui contribuent à renforcer la cohésion sociale entre les communautés religieuses de la région et la capacité de surveiller les atteintes aux droits de la personne. C'est là un des éléments clés de notre politique étrangère à cet égard.
M. Bennett a visité la Birmanie avec son homologue américain, l'ambassadeur itinérant pour la liberté de religion David N. Saperstein, à un moment charnière de la transition démocratique du pays. Ensemble, ils ont discuté avec divers représentants officiels du gouvernement birman et des membres de la société civile dans le but de défendre les droits des communautés religieuses victimes de persécution en Birmanie.
Nous comprenons la valeur de cette amorce. Nous sommes reconnaissants envers M. Bennett d'avoir dirigé le Bureau de la liberté de religion. Nous sommes d'avis que le mandat de celui-ci devrait être exécuté dans le contexte de tous les droits de la personne, parce qu'il est impossible de les protéger sans tenir compte du fait que tous ces droits se consolident les uns les autres.
Nous sommes déterminés à faire fond sur le travail entrepris par le Bureau de la liberté de religion. L'expérience du Canada en tant que société multiculturelle et multiconfessionnelle est un modèle de pluralisme paisible et de respect pour la diversité. L'intolérance est un problème croissant dans le monde. Au Canada, nous tirons notre grande force de la diversité. La diversité est justement ce que les droits de la personne cherchent à protéger.
Dans les pays où la démocratie s'est profondément enracinée, le pluralisme pacifique et le respect pour la diversité sont sans cesse renforcés dans la société et ses institutions par les libertés fondamentales que tous les citoyens ont la responsabilité de protéger et dont ils ont tous le droit de jouir.
En tant que pays multiculturel et multiconfessionnel, le Canada est bien placé pour se faire le défenseur de la gouvernance inclusive et responsable, du pluralisme pacifique, du respect pour la diversité et des droits de la personne dans le monde. Le Canada est fermement résolu à contribuer à la création d'un monde dans lequel le pluralisme et les différences sont acceptés, encouragés et célébrés.
Il reste tant à faire dans le domaine des droits de la personne, autant ici qu'à l'étranger. La promotion et la protection des droits de la personne forment la pierre angulaire de la politique étrangère du gouvernement. Nous travaillerons d'arrache-pied afin de promouvoir les changements positifs et invitons tous les députés à nous aider à nous acquitter de cet important travail.
:
Madame la Présidente, c'est avec grand plaisir que j'interviens aujourd'hui pour parler de cette importante motion.
J'aimerais d'abord raconter mon histoire à la Chambre.
J'ai grandi au Moyen-Orient, en tant que membre de la majorité. La plupart des gens avec qui j'ai été élevé — mes voisins, mes amis, les amis de mes parents — faisaient partie de la même secte. Nous partagions tous la même foi et les mêmes origines culturelles. J'ai grandi dans un milieu où tout était noir ou blanc, où tout était simple et où l'on savait distinguer le bien du mal. Il y avait beaucoup de minorités, mais elles ne se manifestaient pas.
Malheureusement, ce qu'on me disait au sujet des minorités quand j'étais jeune n'était que des stéréotypes négatifs. On méprisait leurs traditions. On doutait de leur loyauté. On remettait en question leur mode de vie et leur vision. Les gens qui disaient cela avaient de bonnes intentions et n'avaient aucune malice. Ils ne comprenaient pas les aspirations des autres groupes et personnes. Leurs stéréotypes et leurs accusations n'ont jamais été remis en question. Quand j'étais enfant, je ne les remettais pas en question non plus. C'était ce que tout le monde pensait. Ce n'était donc pas surprenant de voir ces minorités se faire discrètes. Elles taisaient leurs origines. Elles tentaient de se mêler à la majorité pour éviter ces questions et ces stéréotypes.
J'ai immigré au Canada à un jeune âge et je suis rapidement devenu un membre de la minorité. Des gens bien intentionnés me posaient des questions sur mes origines et ma foi et souhaitaient comprendre certaines choses qu'ils lisaient dans les journaux. Ces questions ou généralisations ne m'ont jamais poussé à m'interroger sur les conséquences des stéréotypes. Ce n'est que lorsque j'ai moi-même fait l'objet de stéréotypes que je me suis mis à y réfléchir.
Ce fut pour moi un cheminement important. Il m'a aidé à comprendre l'importance de respecter chaque être humain, sans égard à sa foi, à ses origines, à son orientation sexuelle ou à son sexe. Encore aujourd'hui, je suis persuadé que, peu importe notre foi, nous partageons tous des valeurs humaines et le désir de réussir notre vie et de subvenir aux besoins de notre famille. Peu importe nos différences, nous devons toujours faire preuve de respect et de compréhension envers les autres, encore plus même que de tolérance. La tolérance signifie que nous nous tolérons les uns les autres malgré nos divergences d'opinions. Nous devons promouvoir le respect et la compréhension. Pour moi, ce cheminement a été la pierre angulaire de mon engagement profond à l'égard des droits de la personne, indépendamment des origines et de l'éducation reçue. Je suis extrêmement fier de faire partie d'un gouvernement qui est profondément résolu à promouvoir cette compréhension et cette croyance.
Le gouvernement a pris des mesures en vue de promouvoir les droits de la personne. J'aimerais énumérer quelques-unes de ces mesures à la Chambre.
Le a annoncé l'intention du Canada d'obtenir un siège au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Le gouvernement a aussi annoncé que le Canada souhaitait se faire élire au sein de la Commission de la femme des Nations unies, soulignant ainsi sa volonté de faire progresser l'égalité hommes-femmes à l'échelle mondiale, ainsi que de protéger et de promouvoir les droits des femmes et des jeunes filles.
Le s'est récemment adressé au Conseil des droits de l'homme des Nations unies, à Genève. C'était la première fois depuis plusieurs années qu'un ministre des Affaires étrangères canadien prenait la parole dans ce forum. Le ministre y a clairement réaffirmé l'opposition du Canada à la peine capitale et a annoncé qu'il serait encore une fois, en juin, au premier rang des pays proposant la résolution annuelle sur l'élimination de la violence contre les femmes.
Par ailleurs, le a récemment rencontré le haut-commissaire aux droits de l'homme des Nations unies et a annoncé une contribution de 15 millions de dollars sur trois ans pour aider le Haut-Commissariat. Avant Noël, le a personnellement accueilli quelques-uns des 25 000 réfugiés syriens à leur arrivée au Canada.
Les choses ne s'arrêtent pas là. Suivant l'orientation claire donnée par le et la , le Canada s'est employé à inclure les droits de la personne dans l'accord de Paris. Lors du dernier sommet du Commonwealth, le premier ministre et le ont exprimé l'adhésion sans équivoque du Canada à la défense des droits des membres de la communauté LGBTI.
Le ministre des Affaires étrangères a aussi engagé le dialogue avec certains organismes réputés de la société civile et certaines organisations nationales autochtones du Canada pour obtenir leur point de vue sur la question des droits de la personne dans le monde.
Le gouvernement a l'intention de redoubler d'efforts dans la promotion et la protection des droits de la personne. Nous allons chercher à profiter des occasions qui se présenteront de discuter avec une vaste gamme de partenaires, d'alliés traditionnels et de nouveaux acteurs rassembleurs en vue de renforcer la structure internationale de protection des droits de la personne. Les Nations unies seront le forum principal dans lequel nous ferons la promotion de nos objectifs sur la scène internationale, y compris nos objectifs concernant les droits de la personne. Mais nous allons également participer à d'autres forums, tantôt bien établis, tantôt nouveaux, là où nous pourrons être le plus efficaces.
Le Canada a joué un rôle substantiel dans l'érection d'un système international de protection des droits de la personne qui définit des normes internationales, surveille l'évolution des situations, prévient la communauté internationale des violations qui risquent d'arriver, intervient en cas de crise, détermine si les obligations internationales sont respectées, consigne les violations et lutte contre l'impunité. Ce travail se fait tantôt aux Nations unies, tantôt au sein des organisations régionales de défense des droits de la personne. Il est crucial, pour la défense des intérêts canadiens, d'accroître la force, la portée et la capacité du système de protection des droits de la personne des Nations unies.
Les organes de défense des droits de la personne de l'ONU ont besoin de l'appui verbal du Canada, mais aussi de contributions financières tangibles. Ces dernières années, le Canada n'a pas contribué au financement de base du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. Le gouvernement libéral a rectifié le tir. Le a annoncé que le gouvernement allait soutenir l'important travail du Haut-Commissariat en lui versant 15 millions de dollars au cours des trois prochaines années. Ces nouveaux fonds ne sont pas destinés à des fins précises, mais au financement de base, qui est nécessaire puisqu'il permet au Haut-Commissariat de remplir le mandat que les États membres lui ont confié. Autrement dit, sans ressources stables, il ne peut pas défendre et protéger efficacement et objectivement les droits de la personne. Le Canada accorde aussi des fonds supplémentaires pour consolider la présence concrète du Haut-Commissariat au Burundi.
Le gouvernement libéral est déterminé à consulter les Canadiens au sujet des droits de la personne. Le a consulté directement certains des principaux organismes de la société civile ainsi que les organismes autochtones nationaux. Les fonctionnaires d'Affaires mondiales Canada poursuivent cette mission. La collaboration avec les organismes de la société civile est indispensable au succès des mesures que nous prenons pour défendre les droits de la personne. Nous avons besoin de leurs connaissances et de leur expertise. Nous mettons à profit leurs critiques. Et même lorsque nous ne sommes pas d'accord avec eux, nous devons tenir compte du point de vue de tous les Canadiens. Le gouvernement libéral permet aux différents bureaux de poursuivre dans cette voie.
Les libéraux ont vraiment à coeur de défendre les droits de la personne. Nous saluons le travail accompli par le Bureau de la liberté de religion au cours des dernières années, mais nous comptons aller plus loin afin de continuer à bien défendre les droits de la personne au Canada et à l'étranger.
:
Madame la Présidente, c'est un honneur de prendre la parole à propos de la motion d'aujourd'hui. Je vais partager mon temps de parole avec ma collègue et voisine, l'excellente députée de .
Le débat d'aujourd'hui est très important parce que nous voulons non seulement parler des droits de la personne, mais aussi nous pencher sur l'excellent travail que le Bureau de la liberté de religion a effectué sous la direction de l'ambassadeur Andrew Bennett. Nous ne devons pas oublier que, dans la majorité des cas, les atrocités qui ont été commises dans le monde entier et les violations des droits de la personne qu'un trop grand nombre de personnes ont eu le malheur de subir ont été précédées d'une atteinte à la liberté de religion.
Parmi les pays qui commettent aujourd'hui les pires violations des droits de la personne, aucun n'accorde la liberté de religion ou ne reconnaît aux gens le droit de choisir la religion qu'ils souhaitent pratiquer.
Il suffit de voir ce qui se passe dans le monde de nos jours.
La semaine dernière, j'ai trouvé encourageant que le secrétaire d'État des États-Unis, M. Kerry, déclare que les actes perpétrés par l'EIIS en Irak et en Syrie, et aussi partout dans le monde, constituent un génocide. L'EIIS cible les minorités religieuses, comme les orthodoxes assyriens, les yézidis et les chrétiens chaldéens. Ce sont ces groupes qui sont visés par l'EIIS. Ce sont les musulmans chiites et les musulmans progressistes qui sont ciblés. Tous ceux qui n'acceptent pas la vision tordue de la religion adoptée par l'EIIS et l'idéologie de ce groupe ne sont pas seulement persécutés; ils sont aussi exterminés.
Nous devons adopter une position ferme pour mettre fin à ces atrocités, pour mettre fin à ce génocide, plus particulièrement en Irak et en Syrie. C'est pour cette raison que notre parti a toujours été d'accord pour que nous prenions part à la mission de combat, qui vise à mettre fin à ce génocide, et que nous assumions la responsabilité qui nous incombe selon la Charte des Nations unies, c'est-à-dire la responsabilité de protéger, qui a été acceptée dans le cadre de la Convention de Genève. Nous avons une responsabilité, et c'est pour cette raison que le Bureau de la liberté de religion, que nous avons créé il y a quelques années, est si important.
J'aimerais aborder la situation actuelle en Ukraine sous l'angle de ma propre expérience. Malgré certains commentaires qui ont été formulés plus tôt par la députée de , je veux être certain que les gens comprennent que les Russes, qui occupent une partie de l'Ukraine, se sont directement attaqués aux libertés religieuses, que ce soit en Crimée ou dans le Donbass, ou alors, ce sont leurs mandataires, comme Viktor Ianoukovitch, qui ont porté atteinte à ces libertés.
Lorsque l'occupation en Crimée a commencé — que les petits hommes verts ont envahi les rues en 2014 —, une attaque a immédiatement été perpétrée contre la minorité musulmane, les Tatars de Crimée. Presque systématiquement, le gouvernement de l'Ukraine, sous la direction de Vladimir Poutine et de ses mandataires, les forces d'autodéfense criméennes, a pris des mesures pour que l'on s'occupe d'abord de fermer les mosquées de ce groupe. Il s'est ensuite attaqué à leurs médias à cause de la religion qu'ils pratiquent. Donc, on les a automatiquement privés de leur liberté d'expression et de leur liberté de presse après les avoir empêchés de pratiquer leur religion.
On a fermé les journaux et les stations de radio et de télévision des Tatars de Crimée. Puis, on s'est attaqué à leur droit de réunion et on a dissous leur organe législatif, qui leur était acquis sous le régime du gouvernement ukrainien dans la région autonome de Crimée, depuis que la Crimée et l'Ukraine étaient devenues indépendantes en 1991. Il s'agit du Majlis, l'assemblée législative où leurs dirigeants sont élus et les décisions prises et qui informe le gouvernement de l'Ukraine ainsi que le gouvernement de la Crimée des besoins des Tatars.
Les attaques contre leur religion ont toutes été orchestrées depuis Moscou, par le Kremlin. Le Kremlin est l'instigateur de ces atteintes aux droits de la personne et j'inclus la liberté de réunion, la liberté de presse et la liberté de parole. Nous devons prendre une position ferme contre ces types de violateurs des droits de la personne.
C'est la raison pour laquelle Andrew Bennett, l'ambassadeur du Bureau de la liberté de religion, est allé à maintes reprises en Ukraine pour mettre en lumière les exactions commises par la Fédération de Russie en Crimée. Nous devons applaudir le Bureau de la liberté de religion d'avoir eu cette initiative, car, dans le camp opposé, Russia Today, la télévision russe diffusée au Canada, soutient que le Majlis, l'assemblée législative des Tatars, est une organisation terroriste. Elle dit que les Tatars n'ont pas le droit de se rassembler dans leurs mosquées ou au Majlis, les accusant de fomenter des troubles en Crimée. Cela n'est pas sans rappeler l'époque, de 1942 à 1944, lorsque l'Union soviétique prenait tous les moyens pour faire disparaître la culture des Tatars et leur religion et les empêcher de vivre sur leur terre natale en les déportant vers les goulags de Sibérie et de l'Est de la Russie. Ils ont pu retourner chez eux à la fin des années 1980, lorsque le rideau de fer de l'Union soviétique a commencé à tomber. Ils ont pu rentrer, récupérer leurs biens et se réinstaller sous la gouverne de l'Ukraine libre et indépendante. Toutefois, nous assistons maintenant à un retour en arrière. Des dirigeants criméens ont été arrêtés, dont un grand nombre qui ont disparu, et c'est très troublant.
Amnistie internationale et Freedom House ont fait plusieurs déclarations à propos de ce que subit le peuple tatar de Crimée. Selon Amnistie internationale, depuis que la Fédération de Russie a annexé la Crimée, « les droits fondamentaux que sont les libertés de réunion, d'association et d'expression ont été enfreints à de multiples reprises en Crimée ».
Elle a aussi déclaré ceci:
Les Tatars de Crimée, reconnus comme le peuple autochtone de la péninsule avant que leur population entière ne soit déportée vers des régions éloignées de l'Union soviétique en 1944, ont recommencé, au prix de lourds efforts, à se réinstaller en Crimée à la fin des années 1980. Les violations mentionnées plus tôt ciblent surtout le peuple tatar de Crimée.
Certains dirigeants sont persécutés. D'autres vivent actuellement en Ukraine et craignent de retourner en Crimée. C'est le cas de Moustafa Djemilev, que nous avons rencontré lors de son passage au Canada et que j'ai rencontré à quelques reprises à Kiev. Cet homme est un véritable leader, tant pour les Tatars que dans les cercles politiques de l'Ukraine, et il est banni de la Crimée. Ahtem Ciygöz, son successeur au Majlis, a disparu après avoir participé à une manifestation contre l'occupation russe et l'annexion illégale de la Crimée et s'être prononcé clairement contre les gestes posés par Poutine en Crimée. Il a été incarcéré, mais personne ne l'a vu depuis un certain temps, comme c'est le cas d'autres leaders criméens. La Russie continue de bafouer la liberté de religion en Ukraine.
De plus, la Fédération de Russie s'en prend à l'Église grecque orthodoxe en Crimée. Elle s'en prend aux membres de l'Église ukrainienne orthodoxe principalement parce qu'elle estime que le patriarcat de Kiev ne respecte pas l'Église russe orthodoxe du fait qu'il parle souvent de la liberté et du nationalisme des Ukrainiens. Encore une fois, le Bureau de la liberté de religion du Canada, sous la direction de l'ambassadeur Bennett, condamne avec vigueur les violations commises — par exemple, des prêtres de l'Église grecque orthodoxe ont été battus dans la rue, et 200 000 catholiques grecs de la Crimée ont fui le pays, craignant pour leur sécurité.
Il convient également de mentionner qu'à Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine, où se déroulent les combats, l'un des premiers gestes posés par les mandataires de la Russie a été de se rendre dans les synagogues et de demander à tous les juifs de s'inscrire à un registre. Cela sentait le nazisme, le fascisme qui a sévi en Allemagne et qui a mené à la Seconde Guerre mondiale; il se répète en Ukraine aujourd'hui et il est perpétré par le gouvernement russe.
Nous devons donc continuer à défendre avec vigueur la liberté de religion; autrement, les droits de la personne ne seront pas respectés dans ces régions.
:
Madame la Présidente, c'est un plaisir et un honneur pour moi d'appuyer la motion de l'opposition d'aujourd'hui au nom des électeurs de Portage—Lisgar. Cette motion poursuit plusieurs objectifs, mais elle permettrait surtout de faire deux choses si elle était adoptée.
Premièrement, elle permettrait de souligner le bon travail qu'accomplit le Bureau de la liberté de religion du Canada. Je crois que cette question fait d'ailleurs l'unanimité parmi les députés. Tout le monde semble s'entendre pour dire que M. Bennett et son équipe font de l'excellent boulot.
C'est la deuxième chose qui semble davantage diviser la Chambre. La motion demande en effet au gouvernement de renouveler le mandat actuel du Bureau, pour la simple et bonne raison que le travail essentiel qu'il fait est plus nécessaire que jamais.
Je veux parler de ces deux sujets et un peu de ce que j'ai appris depuis que je suis députée, et même avant, sur la chance que nous avons de vivre au Canada. Nous avons la liberté de religion et, bien souvent, nous tenons cette liberté pour acquise. Dans le cadre de mon travail de députée, j'ai appris de collègues d'ailleurs dans le monde qu'il existe des pays où la liberté de religion n'est pas respectée. Les citoyens de ces pays ne sont pas uniquement victimes de persécution psychologique ou sociale, mais aussi de persécution physique pouvant mener à la mort.
Il est important de signaler que la question de la liberté de religion dans le monde est un sujet de préoccupation croissante. En effet, cette liberté n'augmente pas. Au contraire, elle diminue. Cela signifie que les chrétiens vivant dans des pays musulmans ne sont pas plus libres de pratiquer leur foi; même chose pour les sikhs, les musulmans et les juifs vivant dans des pays communistes. Selon Affaires mondiales Canada, presque 77 % de la population mondiale habite dans des pays où le gouvernement impose des restrictions strictes à la liberté de religion et où il autorise les hostilités commises par des individus et des groupes pour des motifs religieux. En tout, 77 % de la population mondiale est soumise à des restrictions des libertés religieuses.
Selon l'organisme la Voix des martyrs, 85 % des chrétiens dans le monde, y compris les sikhs convertis au christianisme, sont victimes de persécution. Non seulement on leur interdit de pratiquer leur religion, mais on empêche également les adeptes d'autres religions de se convertir au christianisme ou à une autre religion.
Il s'agit d'une préoccupation grandissante, et pas seulement à l'égard des chrétiens. Le problème touche toutes les grandes religions du monde, dont l'islam, le christianisme, le bouddhisme, l'hindouisme et le judaïsme de même que l'absence de foi, qu'on a déjà mentionnée. Il y a des gens qui n'ont pas la foi. Ce sont des athées. Dans certains pays, ils sont cependant tenus de taire leur appartenance à cette doctrine, sous peine d'exécution, de poursuites ou de sanctions. Voilà un problème qui doit être reconnu et dénoncé.
Le Bureau de la liberté de religion a été créé par le gouvernement conservateur. Il s'agissait en fait d'une promesse électorale. Nous pouvons affirmer en toute confiance qu'on nous a donné le mandat de créer le Bureau de la liberté de religion aux élections de 2011. Aucun parti ne s'y est opposé lorsque nous l'avons établi. Tous les partis ont convenu qu'il comblerait un besoin. Le Bureau s'est vu accorder un modeste budget avec lequel il a réussi à faire beaucoup de bon travail.
Le Bureau a été créé, entre autres, pour défendre les communautés religieuses à l'étranger et pour préconiser, analyser et élaborer des politiques et des programmes afin de protéger des communautés religieuses menacées. Il a accompli ces tâches. Malgré son maigre budget de 5 millions de dollars, il a été en mesure de faire éduquer des enfants d'âge scolaire au Bangladesh. Trop souvent, c'est là que naît l'intolérance religieuse, c'est-à-dire lorsque de mauvais enseignements sont transmis aux très jeunes enfants.
Le Bureau a sensibilisé davantage le monde à l'Holocauste. Nous assistons à une montée de l'antisémitisme. Il est donc très important de sensibiliser les gens à l'Holocauste, de tenir des séminaires visant à développer les capacités par rapport à l'Holocauste et d'assurer sa commémoration.
Le Bureau participe à des activités en Irak, au Liban et en Syrie, notamment auprès des jeunes, des dirigeants religieux, des autorités pertinentes et des membres de la collectivité afin de favoriser le dialogue interconfessionnel en matière de promotion de la liberté de religion et de tolérance.
Je pourrais encore parler de toutes les bonnes choses que le Bureau de la liberté de religion a accomplies mais, comme je l'ai déjà dit, je pense que tout le monde s'entend là-dessus.
Il semble que l'opposition doive faire valoir au gouvernement qu'avant de pouvoir défendre vigoureusement les droits religieux, il faut d'abord en faire une question distincte.
Je le reconnais, les conservateurs ont tendance à bien définir les problèmes avant de s'y attaquer. C'est ce que nous avons fait dans le dossier de la santé des mères et des nouveau-nés lorsque nous formions le gouvernement. Nous avons reconnu que les femmes n'ont aucune valeur dans certains pays. Il y a des femmes qui sont dépourvues de ressources, qui meurent durant l'accouchement. Les enfants n'ont aucune valeur dans certains pays du monde. Nous avons affecté les fonds destinés à l'aide internationale aux initiatives aidant les femmes dans le monde qui souffrent durant l'accouchement et les jeunes enfants. C'était une initiative des plus ciblées. Nous avons bien cerné le problème. Nous ne nous sommes pas contentés de balancer de l'argent à la volée en affirmant que l'humanité au complet doit être protégée. Notre objectif était ciblé, nous avons dit que les Canadiens et le gouvernement du Canada allaient aider les femmes.
Dans le même ordre d'idées, nous avons annoncé haut et fort notre soutien pour Israël. Les conservateurs dénoncent toutes les violations qu'ils constatent, ce qui leur attire parfois certaines critiques, mais pour ma part, je ne changerai pas d'avis. Nous avons créé le Bureau de la liberté de religion parce que nous ne voulions pas que la liberté de religion soit regroupée avec les droits des femmes, les droits des LGBT ou d'autres droits fondamentaux.
J'en ignore la raison, mais les droits religieux tombent toujours au bas de la liste des droits de la personne. Les conservateurs voulaient les mettre en lumière, et ils ont créé le Bureau de la liberté de religion.
Je me rappelle ma fille, qui a maintenant 21 ans, lorsqu'elle est rentrée à la maison alors qu'elle était en troisième année. Elle était plutôt aimée. C'était une petite fille très agréable. Elle réussissait bien à l'école et avait beaucoup d'amis. Elle aimait bien sa classe de troisième année et tous ses amis. Toutefois, ma fille est rentrée à la maison en pleurs pendant plusieurs jours. Elle a dit qu'un garçon était victime d'intimidation, que des enfants étaient méchants envers lui, mais elle avait peur de dire quoi que ce soit parce qu'elle craignait qu'ils deviennent méchants envers elle, de ne plus être aimée et de perdre des amis.
C'est une préoccupation courante chez les enfants. Lorsqu'ils voient une personne être victime d'intimidation, ils ne veulent pas en devenir également la cible. Ils veulent continuer d'être invités à toutes les fêtes, de faire partie du groupe cool, d'être dans toutes les photos.
Parfois, lorsqu'une personne défend une victime d'intimidation, elle n'a plus la cote. Peut-être que c'est ce qui s'est produit. Certains disent que le Canada est de retour sous les libéraux. J'oserais dire que le Canada aura peut-être davantage la cote pour ce qui est d'être invité aux fêtes, voire d'être invité à siéger à l'ONU, parce qu'il n'offensera peut-être plus certains des pires violateurs du droit à la liberté de religion qui siègent à l'ONU. Cela dit, j'oserais dire que le Canada doit défendre les droits des victimes d'intimidation, les droits des personnes telles que Shahbaz Bhatti, qui a donné sa vie même, a été assassiné parce qu'il a défendu les victimes d'intimidation.
Je demande au gouvernement de reconsidérer sa décision avec fierté, de défendre les femmes, les minorités et les libertés religieuses en poursuivant le bon travail du Bureau de la liberté de religion.
:
Madame la Présidente, je partage le temps dont je dispose avec la députée de .
Je me réjouis d’avoir l’occasion de souligner les efforts que déploie le Canada pour promouvoir et protéger les droits de la personne, y compris la liberté de religion ou de croyance, ce qui est un principe fondamental de la politique étrangère du Canada.
Le Canada s’est donné pour priorité de respecter la diversité, à la fois sur son territoire et à l’étranger. De par notre héritage multiculturel et multiconfessionnel, qu’illustrent parfaitement la Charte des droits et libertés et la Loi sur le multiculturalisme canadien, nous sommes bien placés pour faire profiter les autres pays de notre expérience, dans le but de construire un monde plus tolérant, plus pacifique et plus prospère. Comme l’a dit le premier ministre, le Canada est fort non pas en dépit de ses différences, mais bien grâce à elles, et nos différences sont au coeur même de notre succès et de ce que nous avons à offrir au monde.
Nous autres Canadiens, nous savons que la diversité n’est pas un obstacle à surmonter ou une contrainte collective à tolérer, mais plutôt une source d’énergie considérable. Plus d’un cinquième des Canadiens sont nés à l’étranger; ils ont donc choisi d’émigrer au Canada. Notre plus grande métropole, Toronto, est considérée comme l’une des villes les plus multiculturelles du monde, car plus de la moitié de sa population est née à l’étranger. Ma circonscription, Brampton-Est, est la deuxième au Canada sur le plan de la diversité. Même si elle est imparfaite, l’histoire du Canada montre bien que, peu importe le lieu de naissance, la langue maternelle, le sexe, l’orientation sexuelle, la religion ou la croyance, la diversité, le pluralisme et la tolérance sont une voie sûre vers la paix et la prospérité.
Les lettres de mandat du et de la mentionnent la promotion des valeurs que sont l’inclusion, la gouvernance responsable, le pluralisme pacifique, le respect de la diversité et des droits de la personne, y compris les droits des femmes et des réfugiés.
Notre gouvernement a déjà pris à cet égard des engagements auprès de nombreux acteurs nationaux et internationaux, y compris le haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Aujourd’hui, le accueille à Ottawa le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés. Jusqu’à présent, tous ces gens-là ont appuyé l’engagement du Canada de faire de la protection des droits de la personne une priorité de la politique étrangère du Canada. Le Canada est un exemple pour de nombreux pays. Le respect de la diversité est un enjeu mondial qui nous interpelle tous, étant donné que, pour certains, la diversité, qu’elle soit culturelle, religieuse, ethnique, politique ou sociale, constitue une menace.
À l’échelle mondiale, on observe malheureusement une recrudescence de l’intolérance et de la discrimination. Dans son dernier rapport, Freedom Health indique que les libertés sont en recul au niveau mondial et ce, pour la 10e année consécutive. Les restrictions religieuses et les hostilités sociales visant diverses minorités religieuses sont aussi en recrudescence. Selon des statistiques récentes du respectable centre Pew Research, en 2013, 77 % de la population mondiale, soit 5,5 milliards de personnes, vivaient dans des pays imposant de graves restrictions à la liberté de religion, ce qui constitue une nette augmentation par rapport au pourcentage déjà élevé de 68 % que l'on constatait en 2007. Il peut s’agir de restrictions imposées par le gouvernement aussi bien que d’hostilités sociales à l’égard de ceux qui pratiquent une religion.
La discrimination sous toutes ses formes est la cause de souffrances et de divisions, et contribue à instaurer un climat de peur, d’intolérance et de stigmatisation. Les actes discriminatoires motivés par l’intolérance ne sont justifiés dans aucun pays et vont à l’encontre des valeurs que sont le respect de la diversité et la justice.
Cette réalité troublante justifie de nouvelles actions internationales collaboratives qui visent à promouvoir le pluralisme pacifique et le respect de la diversité et à combattre l’intolérance et la discrimination. À cet égard, le Canada a acquis une expérience utile qu’il peut partager.
Fort heureusement, notre pays n’est pas le seul à vouloir s’engager dans cette voie. Nous pouvons conjuguer nos efforts avec ceux des pays alliés, des organisations onusiennes, des forums multilatéraux comme le G7 et le G20, du Commonwealth, de La Francophonie et de la société civile, dans le but de promouvoir le pluralisme et la diversité à l’échelle internationale. Tous ces acteurs ont un rôle à jouer et peuvent être des collaborateurs importants pour rallier le monde entier à la cause du pluralisme pacifique et du respect de la diversité et des droits de la personne.
Le Bureau de la liberté de religion a été créé en 2013 dans le but de protéger et de défendre les droits des communautés religieuses menacées, de lutter contre la haine et l’intolérance religieuses, et de promouvoir les valeurs canadiennes de pluralisme et de respect de la diversité à l’étranger...