Que, étant donné que Terri-Lynne McClintic a été reconnue coupable de meurtre au premier degré à la suite de l’enlèvement, du viol et du meurtre horribles de Tori Stafford, alors âgée de huit ans, et qu'elle a été transférée d’un établissement sécurisé à un pavillon de ressourcement non clôturé où, comme le gouvernement l’a confirmé, des enfants sont présents, la Chambre condamne cette décision et demande au gouvernement d’exercer sa responsabilité morale, juridique et politique pour veiller à ce que cette décision soit renversée et à ce qu’une telle situation ne se reproduise plus à l’avenir.
— Monsieur le Président, aujourd'hui, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Le 8 avril 2009, ce qui avait commencé comme une journée d'école ordinaire et paisible pour Tori Stafford, une gentille petite fille de 8 ans et élève de troisième année de l'école publique Oliver Stephens, s'est terminé de façon brutale. Tori s'est fait leurrer, kidnapper puis brutalement assassiner.
Les tueurs de Tori, Michael Rafferty et Terri-Lynne McClintic, ont tous les deux été reconnus coupables de meurtre au premier degré. Au Canada, cela signifie que l'on est automatiquement condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Il semble que la justice ait été rendue, en quelque sorte, pour les Stafford et leur famille. Malheureusement, cela n'a pas été le cas.
Au cours des derniers jours, nous avons appris que, plutôt que de purger sa peine derrière les barreaux, la détenue, Mme McClintic, a été transférée dans un pavillon de ressourcement de la Saskatchewan, un pavillon administré par le gouvernement entouré d'arbres, d'animaux et d'enfants. Il ne semble pas y avoir de mesures de sécurité visibles. Il n'y a même pas de clôture. C'est une évidence pour nous tous qu'une tueuse d'enfants n'a pas sa place à cet endroit. Ce n'est manifestement pas un endroit pour quelqu'un qui a commis les actes ignobles dont Tori a été victime durant les dernières heures de sa vie.
Ces actes ont été décrits en détail à la Chambre. J’aimerais prendre quelques instants pour commenter la réaction qu’ont eue des députés ministériels et des députés néo-démocrates à ce récit, car cela concerne non seulement notre action en tant que conservateurs, mais aussi ce que les Canadiens veulent que nous regardions en face. En entendant le récit de ce qui était arrivé à Tori, le a demandé aux députés de se taire. D’autres députés ont manifesté des signes de colère et de contrariété, et ont souligné le décorum qu’il y avait lieu de respecter à la Chambre. Comme si ce qui était arrivé à Tori — que cela nous offense ou pas — avait quoi que ce soit à voir avec le décorum. Il ne s’agit ni de nos sentiments ni de nos vulnérabilités.
Ce dont il faut parler, c’est de justice pour la famille de Tori. Ce qui est arrivé à Tori est ignoble et insoutenable, mais la Chambre est justement l’endroit où l’on doit faire face à cette dure, mais implacable, réalité. Les décisions que nous prenons ici ont des conséquences. Prétendre que ces événements horribles ne sont pas arrivés et exiger des autres qu’ils se taisent pour ne pas avoir à en prendre connaissance est le comportement qui nous a amenés exactement où nous en sommes aujourd’hui. C’est ce genre de comportement qui amène le à qualifier les actes ignobles commis contre Tori Stafford de « pratiques déplorables ». C’est ce genre de comportement qui désensibilise certains jusqu'à les amener à penser qu’une meurtrière d’enfant, à qui la loi interdit de voir le monde extérieur pendant encore au moins 15 ans, ne devrait pas être derrière les barreaux, mais devrait être invitée à séjourner dans un pavillon gouvernemental. C’est ce genre de comportement qui amène les libéraux à écarter d’un revers de la main ce transfèrement choquant en organisant une sorte d’examen bureaucratique. Voilà un comportement qui devrait tous nous offenser et dont nous devons parler aujourd’hui.
On dit qu'il n'y a pas de pire épreuve pour des parents que le décès d'un enfant. Être confronté à une telle épreuve dans les mêmes circonstances que la famille Stafford dépasse l'entendement. On ne peut que tenter d'imaginer, avec peine et misère, ce que le transfèrement de cette prisonnière a fait vivre à la famille Stafford. Elle a été victimisée une deuxième fois. Le père de Tori, Rodney Stafford, a d'ailleurs publié, la fin de semaine dernière, une lettre ouverte adressée au . Son message est déchirant. Je le cite:
Je m'adresse à vous, implorant, à titre de père et de fier citoyen canadien qui, malgré cette expérience traumatisante, tente de vivre comme un contribuable ordinaire. Je me dois de demander au gouvernement fédéral pourquoi des assassins reconnus coupables du meurtre d'un enfant, comme Terri Lynne McClintic, méritent plus de droits que leurs victimes et que les Canadiens respectueux des lois. Même si je n'ai pas toujours vécu une vie parfaite, j'aime mon pays, et je sais faire la différence entre le bien et le mal!
Le a tenté d'esquiver les discussions à ce sujet au cours de la dernière semaine, en faisant valoir que ce n'était qu'une question de politique. Rodney Stafford a toutefois visé juste quand il a demandé au : « N'est-ce pas suffisant pour rappeler que tout n'est pas politique? Certaines questions sont de nature morale. »
Voilà le noeud de l'affaire. Le père de Tori a raison: nous avons l'obligation morale d'agir. Les députés de tous les partis ont l'obligation morale d'intervenir et de demander une meilleure solution.
Il faut rectifier la situation et faire en sorte qu'elle ne se reproduise plus jamais. C'est le genre de situation qui appelle une intervention immédiate pour préserver la confiance des Canadiens dans le système de justice.
Pendant plus de deux ans, j'ai eu l'honneur d'être la secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique. Le gouvernement conservateur précédent a montré l'exemple sur la façon d'intervenir. Le gouvernement a le pouvoir de corriger certaines situations. Lorsque des cas difficiles ont été soulevés à l'époque où nous étions au pouvoir, nous avons réclamé des changements. Lorsqu'il a appris que le tueur en série Clifford Olson recevait des prestations de la Sécurité de la vieillesse, le gouvernement conservateur a adopté une loi pour que cet individu et d'autres prisonniers cessent de toucher celles-ci. C'est là l'essentiel. Il ne s'agissait pas d'une mesure ciblant uniquement Clifford Olson. C'était un changement de politique qui l'empêchait de recevoir de telles prestations, mais qui visait aussi d'autres prisonniers. C'est un outil qui a déjà été utilisé, et c'est encore possible. Nous avons également adopté une loi qui empêche les détenus de se servir de leur peine en prison pour justifier une prolongation du versement des prestations d'assurance-emploi. Encore une fois, le changement de politique ne visait pas un seul prisonnier. Pendant que nous étions au pouvoir, nous avons relevé une lacune dans le système correctionnel que nous devions corriger. Nous avons donc mis en place une politique sans délai afin que l'individu en question ne reçoive plus de prestations, pas plus que d'autres prisonniers dans la même situation. Par conséquent, le gouvernement libéral et le possèdent le pouvoir légal et politique nécessaire pour corriger la situation à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui.
On nous parlera probablement d'un avis juridique — qui a mystérieusement fait surface la semaine dernière — selon lequel les libéraux ne peuvent rien faire dans ce cas. Je suis persuadée que le juriste du gouvernement qui a rédigé ce document est une personne intègre, mais il faut se rappeler qu'en définitive, les avocats du gouvernement servent leurs clients, c'est-à-dire leurs maîtres politiques au cabinet de la ministre de la Justice et au Cabinet du premier ministre. Depuis quand les ministériels abdiquent-ils leurs responsabilités simplement parce qu'un avocat leur dit qu'ils se heurteront peut-être à une certaine résistance? L'actuel gouvernement en particulier semble toujours disposé à défendre les criminels, qu'il s'agisse d'Omar Khadr, de Chris Garnier ou maintenant de Terri-Lynne McClintic. De toute évidence, les libéraux n'hésitent pas à monter aux barricades dans de tels cas. Par conséquent, pourquoi ne disent-ils pas « Nous courons le risque d'une contestation judiciaire mais un tort a été commis et il faut y remédier. » C'est aussi simple que cela. Ce n'est pas difficile.
J'attire l'attention sur quelques dispositions de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, qui confère au gouvernement le pouvoir nécessaire. Nous avons déjà parlé du paragraphe 6(1) qui prévoit que le commissaire du Service correctionnel travaille « sous la direction du ministre ». Par ailleurs, l'alinéa 96d) de la loi habilite le gouverneur en conseil, le Cabinet, à prendre un règlement concernant le transfèrement des délinquants d'un établissement carcéral à un autre. Entretemps, l'alinéa 96z.6) permet au Cabinet d'adopter un règlement concernant la cote de sécurité des détenus.
Par conséquent, une politique peut être élaborée. Il suffirait d'établir qu'un individu qui purge une peine d'emprisonnement pour le meurtre d'un enfant ne peut être transféré dans un établissement où il n'y a pas de périmètre de sécurité et où des enfants sont autorisés à circuler. L'exercice est fort simple et peut être effectué très facilement. Voilà tout ce que nous demandons au gouvernement.
Les libéraux n'ont pas exprimé leur indignation et n'ont pris aucune mesure concrète dans ce dossier. Dans une entrevue la semaine dernière, le père de Tori a déclaré: « [...] J'ai été sidéré d'apprendre que Terri-Lynne avait été transférée dans ce pavillon de ressourcement en Saskatchewan [...] Chaque fois que la situation semble sur le point de s'améliorer un peu [...] une chose comme celle-là se produit, et vous perdez espoir. » Redonnons espoir à la famille Stafford en corrigeant cette injustice. Redonnons confiance aux citoyens en leur système de justice. Profitons du vote sur cette motion pour envoyer un message fort et clair. J'invite tous les députés à prendre position et à voter pour veiller à ce que tout individu qui enlève la vie d'une enfant innocente comme Tori Stafford reçoive ce que souhaitent les Canadiens: une peine de prison.
Nous avons l'occasion d'améliorer concrètement la vie de personnes bien réelles. Nous connaissons leurs noms, la situation à laquelle elles sont confrontées et les gestes épouvantables qui ont été commis. Nous sommes très rarement en mesure d'influencer la vie des gens comme c'est le cas aujourd'hui. Par conséquent, j'exhorte la Chambre et les députés ministériels à manifester leur mécontentement, à montrer leur indignation, mais surtout à mettre en place des politiques pour annuler cette décision et faire en sorte qu'une telle situation ne puisse jamais se reproduire.
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Madame la Présidente, je vous remercie pour cet avertissement. Je pense qu'il est très important de comprendre que les sensibilités sont à fleur de peau dans ce débat. Cependant, à titre de comotionnaire de la motion du Parti conservateur, je répète que nous espérons grandement voir le gouvernement libéral se rendre compte du fort sentiment d'indignation exprimé un peu partout au pays, concernant le transfèrement de Terri-Lynne McClintic — la meurtrière de la petite Tori Stafford, âgée de 8 ans — dans un pavillon de ressourcement de la Saskatchewan.
Il m'apparaît inconcevable que les libéraux se contentent d'ordonner simplement un examen de la question en réaction à ce travestissement de la justice. Les faits sont assez clairs. McClintic n'est pas admissible à la libération conditionnelle avant 2031. Depuis son incarcération, elle ne s'est pas comportée en détenue exemplaire. Elle a été déclarée coupable d'avoir battu une codétenue. Par la suite, elle a dit regretter de ne pas l'avoir blessée plus gravement. On ne peut pas dire que c'est une prisonnière modèle, alors pourquoi se fait-elle accorder un gentil transfèrement dans un pavillon de ressourcement sans clôture?
Au lieu de fuir leurs responsabilités, le et le auraient dû prendre la décision qui s'impose. Ils se cachent derrière une note de service rédigée à la sauvette, sur un ton bureaucratique, par des fonctionnaires du ministère de la Justice. Le premier ministre et le ministre de la Sécurité publique manquent à leur devoir envers les Canadiens, qui sont outrés à la vue de ce transfèrement. Je suis d'avis qu'ils doivent tous les deux se montrer à la hauteur de leurs fonctions et annuler immédiatement ce transfèrement.
Nous savons que le s'est drapé dans sa vertu dans nombre de dossiers, mais lorsqu'il s'agit de réclamer une véritable justice au pays et de défendre les victimes d'actes criminels, il choisit plutôt de mâcher ses mots ou de se taire, et même le imite cette attitude inacceptable.
La décision d'examiner cette situation est insensée, étant donné les pouvoirs que le ministre et le possèdent et peuvent exercer s'ils le veulent. Il est évident que la situation exige que le ministre donne immédiatement des directives fermes au Service correctionnel du Canada afin que Mme McClintic retourne derrière les barreaux, comme il se doit.
Lorsqu'un ministre donne des directives à son ministère — en tant qu'ancien ministre, je me souviens bien de ce qui se passe dans une telle situation —, un processus s'enclenche. Pourquoi le perd-il du temps avec cet examen, alors qu'il est évident qu'une injustice a été commise? Il aurait pu clairement ordonner l'annulation de ce transfert. Il aurait pu prendre la bonne décision, mais il est évident qu'il n'en a pas l'intention.
Je me demande si la décision de ne pas annuler immédiatement le transfèrement de Mme McClintic venait seulement de lui. J'aimerais savoir si le bureau du premier ministre s'est prononcé à ce sujet. Qui est responsable de la décision scandaleuse de ne pas transférer la détenue? Les Canadiens méritent une réponse à cette question.
J'aimerais expliquer à la Chambre quels sont les pouvoirs du ministre. En vertu du paragraphe 6(1) de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous caution, le ministre a le droit de donner des directives au commissaire du Service correctionnel du Canada sur quelque sujet que ce soit. Ainsi, il peut décider qu'une classe générale de délinquants, par exemple les délinquants reconnus coupables d'assassinats d'enfants, n'est pas autorisée à être transférée dans des établissements à sécurité minimale comme ce pavillon de ressourcement. En vertu de l'article 96 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous caution, le Cabinet a le droit d'adopter des règlements fixant les critères d'admissibilité au placement dans des établissements à sécurité minimale et pavillons de ressourcement. Il pourrait par exemple exclure les délinquants reconnus coupables de meurtres d'enfants.
En dépit de cela, les libéraux affirment qu'ils ne peuvent revenir sur le transfert. Pourtant, des ministres de la Sécurité publique antérieurs l'ont effectivement fait en donnant des directives au Service correctionnel du Canada.
Lorsque j'étais député provincial à l'Assemblée législative de l'Ontario, le ministre de l'Agriculture actuel, qui était solliciteur général à l'époque, a arrêté le transfèrement d'une personne ayant assassiné un policier à la suite de l'indignation du public. C'est le précédent qui a été établi en 2000. Comme je l'ai dit, j'étais député à l'Assemblée législative de l'Ontario. Nous avions adopté une résolution unanime qui ressemble beaucoup à celle qui a été adoptée hier par l'Assemblée législative de l'Ontario dans le dossier McClintic. À ce moment-là, lorsque ce tueur de policier devait être envoyé à un « club fed », comme on les appelait dans ce temps-là, les gens de l'Ontario étaient tout aussi scandalisés. Une résolution unanime a alors été adoptée. Les conservateurs, les néo-démocrates et les libéraux l'ont tous appuyée. Puis, le ministre de l'Agriculture, soit le solliciteur général de l'époque, a trouvé le moyen de mettre fin au transfèrement.
Un autre exemple: l'ancien ministre Toews a mis fin aux fêtes où l'on servait de la pizza aux détenus. L'ancien ministre Day a ordonné que tous les coupables de meurtre au premier degré doivent passer une période de temps déterminée dans une prison à sécurité maximale. Voilà deux mesures qui ont été prises sous le gouvernement Harper.
Il y a manifestement un précédent en ce qui concerne l'intervention du ministre de la Sécurité publique dans l'affaire McClintic. Cependant, mardi dernier, dans le cadre d'une entrevue réalisée à CTV, le ministre a justifié son examen du transfèrement en disant qu'il s'agit de la « meilleure façon de corriger les pratiques déplorables du passé [de McClintic]. » Les pratiques déplorables du passé? C'est comme cela qu'il décrit la situation? Il y a certainement eu absence d'humanité et de raisonnement.
Tous ici l'admettront sûrement, nous avons tous, à un moment ou un autre, fait usage de pratiques déplorables au cours de notre vie. Peut-être que même le l'admettrait, mais, à l'évidence, attirer la jeune Tori de 8 ans alors qu'elle rentrait de l'école à pied, assurer le guet pendant qu'elle se faisait violer, puis la tuer à coups de marteau avant de se débarrasser du corps ne correspond pas à ce que la vaste majorité des Canadiens définissent comme des pratiques déplorables. Je ne m'excuserai pas d'avoir souligné cette évidence.
Le Parti conservateur a été critiqué parce qu'il a fait une description très crue du meurtre de la jeune Tori la semaine dernière à la Chambre. On dirait même que, pour certains médias, c'est ce dont il faut parler plutôt que du transfèrement scandaleux en tant que tel. Cependant, devant l'inaction des libéraux, il est évident qu'il fallait leur rappeler la nature atroce des crimes commis par McClintic.
Être aux commandes d'un grand pays comme le Canada ne se fait pas toujours sur des voies ensoleillées. Il arrive qu'il faille faire face à la dure réalité, et le gouvernement libéral refuse de prendre les décisions difficiles qui s'imposent lorsque la tempête gronde, ou alors il en est incapable. J'espère que la nature atroce de ce crime et la grave injustice qu'est ce transfèrement amèneront le gouvernement libéral à changer de cap dans ce dossier.
Je crois que, comme moi, beaucoup de gens veulent que les libéraux agissent et fassent ce qui s'impose; peut-être alors que la manifestation contre le transfèrement prévue le 2 novembre sur la Colline pourra être évitée. Autrement, je serai présent à cette manifestation. Je vais continuer de dénoncer cette situation et l'inaction du gouvernement libéral.
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Madame la Présidente, on peut difficilement imaginer ce qu'a vécu la famille de Tori Stafford au cours des neuf dernières années. Les crimes commis contre elle ont été odieux et déchirants, et les individus qui les ont commis méritent les peines d'emprisonnement à perpétuité auxquelles ils sont condamnés, sous la garde du Service correctionnel du Canada.
En entendant le père de Tori lire sa lettre, on comprenait à quel point sa douleur et sa colère étaient encore vives. Bien sûr qu'elles le sont. Personne d'entre nous n'a de mal à comprendre pourquoi il ressent ce qu'il ressent. En même temps, les gens qui n'ont pas vécu ce qu'il a enduré ne pourront jamais vraiment comprendre. Comme le reste de la famille et des amis de Tori, il a tout à fait le droit de s'exprimer, et nous sommes à l'écoute.
Le a demandé à la commissaire du Service correctionnel du Canada d'entreprendre un examen de la décision de transfèrement de ce cas pour voir si elle est conforme aux politiques et aux procédures du Service. De plus, il lui demande de vérifier si les politiques mêmes sont en fait encore appropriées. La commissaire a nommé trois personnes pour effectuer l'examen: Carmen Long, directrice générale de la réinsertion sociale dans la collectivité au Service correctionnel du Canada; Andrea Moser, directrice des interventions auprès des délinquantes au service correctionnel; et Doreen Oakes, conseillère de la Première Nation de Nekaneet et professeure à l'Université des Premières nations du Canada. La commissionnaire a dit sans équivoque qu'à la suite de l'examen, elle apportera les modifications nécessaires aux politiques.
Cependant, soyons bien clairs. Les décisions concernant la gestion des délinquants relève du Service correctionnel du Canada. Le gouvernement n'a pas le pouvoir d'intervenir dans ces décisions, et il ne devrait l'avoir pas non plus. En vertu de l'article 6 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, le commissionnaire a toute autorité sur le Service et tout ce qui s’y rattache, sous la direction du ministre.
On trouve exactement le même libellé dans la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada au sujet du rapport entre le ministre de la Sécurité publique et le commissaire de la GRC. Cela ne signifie en aucun cas que le ministre a le droit de microgérer les activités quotidiennes de l'organisme. Il ne peut pas indiquer au commissaire du service correctionnel à quel endroit il faut incarcérer certains délinquants, au même titre qu'il ne peut pas dire au commissaire de la GRC sur qui il faut enquêter ou qui il faut arrêter. Nous n'avons pas besoin que le système de justice soit exposé aux manoeuvres politiques, et c'est pourquoi la primauté du droit est si cruciale.
Cette question a été soumise aux tribunaux. En 1987, au moment de déterminer si le ministre pouvait ordonner qu'un détenu en particulier soit placé en isolement, la Cour d'appel de l'Ontario a conclu que le libellé indiquant que le commissaire relève du ministre ne fait que reconnaître la responsabilité ministérielle globale, mais n'autorise pas le ministre à ordonner l'isolement d'un détenu précis. C'est peut-être pourquoi, lorsqu'il était ministre de la Sécurité publique sous Stephen Harper, le député de a déclaré qu'il n'avait aucune maîtrise sur la détermination de la cote de sécurité des détenus. Même si c'était légal, le fait que des gouvernements prennent ce genre de décisions opérationnelles en matière de justice pénale créerait un dangereux précédent. C'est peut-être pourquoi, au cours de la fin de semaine, l'ancien employé de Stephen Harper, Benjamin Perrin, a déclaré ceci: « [...] je m'inquiète lorsque les politiciens sont ceux qui décident comment il faut traiter des délinquants en particulier. » Il a absolument raison.
[Français]
Au sein de notre système correctionnel, il n'y a pas deux délinquants qui vivent la même expérience. De plus, des milliers de décisions, majeures et mineures, concernant la gestion de leurs cas sont prises chaque jour partout au Canada.
Il y a des dizaines d'établissements différents, chacun organisé de façon différente et ayant sa propre culture institutionnelle, son propre niveau de sécurité et ses propres types d'interventions et de programmes disponibles. Au fil des ans, il est normal qu'un délinquant circule dans le système, passant peut-être de la sécurité maximale au début de sa peine à un niveau de sécurité moins élevé, comme c'était le cas pour Terri-Lynne McClintic en 2014.
[Traduction]
Les délinquants peuvent être transférés au sein d'un même établissement ou être transférés d'un établissement à un autre. Ils peuvent passer du temps dans un établissement psychiatrique ou un établissement qui est plus axé sur les pratiques autochtones. En toute probabilité, ils suivront divers programmes et cours et accompliront des tâches variées dans les établissements et ils recevront occasionnellement des privilèges et des punitions.
Ce sont les professionnels du Service correctionnel du Canada qui évaluent régulièrement les délinquants et qui se servent de leur formation et de leur expertise pour déterminer la meilleure voie correctionnelle pour chacun.
Je ne m'attarderai pas davantage sur les détails du cas particulier dont il est question dans la motion d'aujourd'hui. Comme je l'ai indiqué plus tôt, le ministre a ordonné un examen et cet examen est en cours. Je consacrerai le reste de mon temps à discuter de certains des rôles des pavillons de ressourcement dans le système correctionnel puisqu'ils ont récemment fait l'objet de mauvaises interprétations très regrettables à la Chambre.
Les pavillons de ressourcement sont, d'abord et avant tout, des établissements correctionnels. Le pavillon de ressourcement Okimaw Ohci est un établissement à sécurité moyenne. Il y a neuf pavillons de ressourcement, dont quatre sont gérés par le Service correctionnel du Canada et cinq par des organismes communautaires autochtones.
Les pavillons de ressourcement ne donnent pas de passe-droit aux prisonniers. Leurs programmes reposent sur la culture et les pratiques autochtones, mais les délinquants demeurent assujettis à des restrictions et à des mesures de sécurité et ils sont tenus responsables de leurs actes.
J’insiste: le pavillon de ressourcement Okimaw Ohci est un établissement à sécurité moyenne. Les caméras de surveillance fonctionnent 24 heures par jour. Les installations et les détenues sont fouillées quotidiennement. On procède au dénombrement des délinquantes quatre fois par jour. Il y a des patrouilles de sécurité ordinaires toute la nuit. Le personnel de sécurité est habilité à utiliser des contraintes physiques et du gaz poivré. Il importe de mentionner qu’il n’y a pas eu une seule évasion du pavillon de ressourcement Okimaw Ohci au cours des 10 dernières années.
Je tiens à remettre les pendules à l’heure en ce qui a trait aux enfants présents à Okimaw Ohci: au Canada, tous les établissements pénitenciers pour femmes offrent des programmes pour les détenues qui ont des enfants d’âge préscolaire. C’est le cas depuis 1997, et aucun enfant n’a eu à souffrir de ces programmes.
Certains députés ont fort injustement décrit les pavillons de ressourcement comme des « condos », mais je peux dire que ce ne sont pas des appartements de luxe. Les quartiers d’habitation sont comparables à ceux des secteurs à sécurité moyenne des autres établissements pour femmes. Les détenues de l'établissement Grand Valley ou de l'établissement d'Edmonton pour femmes, par exemple, vivent dans ce qu’on appelle des aires ouvertes. Les maisons sont construites autour d’une cour. Chaque maison dispose d’une salle commune et d’une dizaine de petites chambres. L’aménagement de tous ces établissements, y compris celui d’Okimaw Ohci, est le même qu’à l’époque du gouvernement conservateur.
[Français]
Discutons du but des pavillons de ressourcement. Comme nous le savons, les Autochtones sont surreprésentés de façon importante dans le système correctionnel canadien. Environ le quart des hommes incarcérés et le tiers des femmes incarcérées sont autochtones. Environ 90 % des femmes autochtones ont subi une agression physique ou sexuelle.
Environ 80 % de ces femmes ont des problèmes majeurs de toxicomanie.
[Traduction]
Les pavillons de ressourcement ne sont ni une panacée ni une solution miracle, mais ils semblent être mieux adaptés à des problèmes complexes et profonds. Ils ne sont pas la seule solution, mais ils font certainement partie intégrante de la solution. L’enquêteur correctionnel a recommandé à plusieurs reprises un recours plus fréquent aux pavillons de ressourcement, et le Comité permanent de la condition féminine a récemment recommandé que le gouvernement du Canada s’assure que les détenues autochtones peuvent avoir accès à des pavillons de ressourcement à sécurité moyenne. Aucun conservateur membre de ce comité n’a dénoncé cette recommandation.
Par conséquent, j’invite mes collègues d’en face à cesser de dénigrer les pavillons de ressourcement. Ils représentent un volet important de notre système correctionnel, et le personnel y obtient de bons résultats auprès des détenues auxquelles il réussit à faire comprendre la gravité de leurs crimes aux yeux de la société et aux yeux des détenues elles-mêmes.
C’est aux professionnels qui ont la formation nécessaire et qui travaillent pour le Service correctionnel du Canada qu’il appartient de déterminer quelles détenues devraient être envoyées dans ces pavillons, après une évaluation approfondie des risques qu’elles présentent, pour l'établissement et pour la sécurité publique. Ce n’est pas aux politiciens qu’il appartient de prendre ces décisions. En présentant cette motion qui demande au gouvernement de microgérer un établissement pénitentiaire, l’opposition demande au gouvernement de bafouer la loi. Bien entendu, nous ne pouvons pas appuyer cette motion.
Le ministre a exercé les pouvoirs qui lui étaient conférés en demandant à la commissaire du Service correctionnel du Canada d’examiner le transfèrement en question ainsi que la pertinence des politiques afférentes, afin de garantir l’efficacité du système correctionnel et le maintien de la sécurité publique. Nous entendons respecter la loi et prendre les mesures qui s’imposent, tout en attendant le rapport de la commissaire du service correctionnel.
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Madame la Présidente, nous essayons de trouver les mots pour expliquer ce que le père de Tori Stafford a exprimé au cours des derniers jours et ce qu’il vit depuis un certain nombre d’années.
La leader de l’opposition officielle à la Chambre a dit quelque chose de très juste. Lorsqu’on pense que tout va mieux, quelque chose d’autre se produit, une autre tuile, et la douleur se ravive. Deux mots me viennent à l’esprit pour caractériser ce que doit vivre cette famille: cauchemar et enfer. Imaginons le courage qu’il a fallu à ce père qui a vécu la perte d’une enfant, ce qu’aucun autre parent ne voudrait vivre, pour exprimer sa douleur et demander au gouvernement de le soutenir. J'admets que, à l'instar de beaucoup d'entre nous sans doute, je n'aurais jamais un tel courage. Je tiens à le remercier de nous avoir rappelé que nous avons une responsabilité qui, parfois, donne lieu à des contradictions.
Nous sommes sensibles à la douleur des gens qui ont été victimes des crimes les plus horribles, les plus odieux et les plus ignobles que l’on puisse imaginer et, en même temps, nous essayons de voir à ce que le système fonctionne bien. Parfois, ces objectifs sont contradictoires. C’est un peu comme si on essayait de faire passer un chameau par le chas d’une aiguille. C’est le plus grand défi que nous ayons à relever.
Avant d’aller plus loin, j’aimerais revenir sur la question que j’ai adressée à mes amis du Parti conservateur au sujet de la motion dont nous sommes saisis, car elle concerne, et c’est important, la rhétorique qui entoure ce débat. Très franchement, j’estime qu’il nous appartient de poser des questions sur les décisions prises par un organisme, en l’occurrence le Service correctionnel du Canada, qui relève du gouvernement fédéral et, plus précisément, celle du . Il est de notre responsabilité de nous assurer que, si une erreur a été commise ou que la loi n’est plus adéquate, les changements nécessaires sont apportés. En même temps, comme nous l’observons ici ou dans les provinces et les territoires, et même dans d’autres pays, la rhétorique que nous utilisons, en tant que politiciens, est aussi extrêmement importante.
Je dis cela parce qu’une question a été posée au sujet des détails relatifs à ces crimes horribles et du débat qui s’en est suivi. Ceux qui ont critiqué la divulgation des détails de ces crimes horribles voulaient en fait empêcher les gens de parler. Or j’estime, et je parle seulement en mon nom et celui de mes collègues du Nouveau parti démocratique, que nous avons le devoir d’en parler.
Une voix: Oh, oh!
M. Matthew Dubé: Madame la Présidente, j’aimerais demander à ma collègue de ne pas m’interrompre quand je parle du type de débat que nous voulons avoir. C’est la moindre des choses.
J’aimerais revenir sur ce à quoi elle fait allusion en essayant de m’interrompre. C’est l’idée que les mots que nous utilisons peuvent avoir des conséquences imprévues. Par conséquent, quand j’ai parlé de la situation que j’ai vécue, je ne cherchais pas à me présenter comme une victime, loin de là. Je pensais à ceux qui se trouvent dans ce genre de situation, pas à moi. Je sais bien que, lorsqu’on fait carrière en politique, on est amené à entendre des choses qu’on ne voudrait pas entendre. Les gens nous disent des choses qu’on ne voudrait pas entendre. Il n’en reste pas moins que je prends ma responsabilité de député très au sérieux.
J’estime également que, lorsqu’un individu juge bon d’écrire à un député pour lui faire part d’une situation très difficile et qu’il souhaite à la famille du député de vivre quelque chose d’aussi douloureux que ce qu’a connu le père de Tori Stafford, cela est totalement inacceptable. Je sais bien que nous ne sommes pas responsables de ce qu’un individu détraqué peut écrire à un député, mais nous nous devons de ne pas envenimer le débat sur une affaire aussi poignante et aussi douloureuse.
Par conséquent, en réponse à une question relative au décorum, je tiens à dire qu’il est tout à fait déplacé de me chahuter et de me dire que j’essaye, d’une façon ou d’une autre, de me présenter comme une victime. Les conservateurs ont raison de poser ces questions, mais ils ont tort de chercher à faire du capital politique sur ces crimes haineux et sur la douleur d’un père, douleur que je ne parviens même pas à imaginer. J’espère simplement, comme nous tous sans doute, que nous n’aurons jamais à vivre le même cauchemar.
Une voix: Oh, oh!
M. Matthew Dubé: Madame la Présidente, le chahut continue, madame la Présidente, ce qui montre combien il est important que tous les Canadiens comprennent ce qui se passe ici. Nous voulons nous racheter aux yeux du père de Tori Stafford, que les parlementaires et le gouvernement ont laissé tomber. Il a raison de se sentir victimisé une deuxième fois. Personne ne dit le contraire. Nous avons le devoir de le comprendre. Des députés de tous les partis ont employé des mots qui n’étaient peut-être pas très appropriés lorsqu’un débat porte sur un crime aussi horrible. C’est une erreur. Nous devons reconnaître nos manquements et assumer notre responsabilité lorsque nous nous exprimons dans cette Chambre, notamment lorsque nous discutons d’une politique dans le contexte d’un crime aussi horrible. C’est la contradiction à laquelle nous faisons face.
C’est tout un défi que nous avons à relever, parce que nous avons la responsabilité d’adopter des lois. Nous avons aussi la responsabilité de laisser les juges, la commissaire du service correctionnel et les autres professionnels du système de justice et du service correctionnel prendre les décisions. Nous autres, politiciens, ne sommes parfois pas en mesure de prendre ces décisions. Les conservateurs ont raison de dire qu’il faudrait peut-être adopter une nouvelle loi quand nous constatons que trop d’erreurs ont été commises et que justice n’a pas été rendue. C’est peut-être notre faute à nous, parlementaires, mais c’est certainement aussi la faute du gouvernement. Même si cela semble terriblement insuffisant pour ceux qui vivent dans la douleur des crimes qui ont été commis contre eux et contre leur famille, les conclusions de l’examen qui est déjà en cours, au dire de la secrétaire parlementaire, seront très importantes. Il faut adopter une loi pour corriger certaines situations lorsque des erreurs sont commises.
L’un de mes collègues m’a posé la question suivante lorsque la motion a été déposée: pourquoi cette décision a-t-elle été prise? C’est une très bonne question. C’est, en substance, la question que posent les conservateurs. C’est le défi que nous allons devoir relever, parce que nous ne savons pas pourquoi cette décision a été prise. Quelque chose s’est-il produit dans l'établissement où était détenue la personne qui avait commis ces crimes horribles, de sorte qu’il a fallu prendre cette décision pour régler des problèmes que nous ignorons? Je n’en sais rien. C’est la question que nous posons au gouvernement aujourd’hui et à laquelle les responsables devraient apporter une réponse avec toute la diligence voulue. C’est le moins que l’on puisse faire, même si c’est terriblement insuffisant, pour les victimes de cette horrible affaire.
Les conclusions du rapport et une meilleure compréhension de ce qui s’est passé m’aideront, en tant que parlementaire, à proposer un plan d’action. L'auteure de la motion a eu raison de dire que, sans chercher à relancer des polémiques sur des projets de loi déposés lors de la législature précédente, le gouvernement et les parlementaires peuvent proposer des lois pour régler des problèmes. Je voudrais que ce soit clair avant qu’on aille plus loin.
Je sais qu'aujourd'hui, ces paroles semblent complètement creuses aux yeux du père de Tori Stafford et de quiconque a été victime de ce genre de crime. Comme je l'ai dit au début de mon intervention, la difficulté constante pour nous en tant que décideurs est de déterminer ce que nous pouvons faire pour nous doter des outils voulus pour bien faire les choses, et ce, le plus rapidement possible.
Dans le dossier très épineux dont il est question aujourd'hui, il y a l'éternelle difficulté relative aux défis que doit relever le Service correctionnel concernant les femmes détenues. Je l'ai constaté au sein du comité de la sécurité publique et je sais que les membres du comité de la condition féminine l'ont constaté aussi dans les études qu'ils ont réalisées. Il y a, dans certains cas, un manque de ressources, des difficultés relativement à la classification de sécurité et un manque d'établissements à sécurité maximale. Il existe, comme le secrétaire parlementaire l'a expliqué, un programme approprié pour les mères et les enfants dont les paramètres sont appliqués rigoureusement par le Service correctionnel.
Voilà les difficultés constantes que le Service correctionnel du Canada et, au final, nous, les décideurs, devons surmonter. Qu'une situation concerne un Autochtone ou tout autre détenu, homme ou femme, dans le système correctionnel, nous devons comprendre comment elle s'insère dans le contexte correctionnel, en tenant compte de la sécurité des agents correctionnels, de l'intégrité des établissements et, bien sûr, de la sécurité publique, le but ultime du système.
Toutes sortes d’éléments fluctuent constamment. Cela n’a jamais été aussi manifeste pour moi, qui suis porte-parole de mon parti en matière de sécurité publique, que pendant le débat qui nous occupe aujourd’hui. C’est un défi et un défi qui nous amène parfois à penser, comme je le pense aujourd’hui, que nous avons laissé tomber beaucoup de Canadiens.
Beaucoup de Canadiens sont, à juste titre, indignés, comme je le suis, par cette situation. Comme le député de et la le déclaraient, nous sommes indignés. Je ne veux entendre personne d’autre laisser entendre à la Chambre et aux Canadiens que nous ne partageons pas leur douleur et leur exaspération.
Nous parlons du rôle des pavillons de ressourcement dans le système correctionnel, des problèmes dans les établissements pour femmes et les établissements pour hommes, de la difficulté des classifications de sécurité, des diverses considérations prises en compte par le Service correctionnel et de la tension constante entre les politiciens, les juges impartiaux, les commissaires et d’autres encore qui jouent un rôle dans ce système. Je retiendrai une leçon de cette motion et de ce débat, à savoir qu’il est, selon moi, de notre devoir à tous de nous efforcer de faire mieux pour les Canadiens qui ont le sentiment que nous les avons abandonnés.
J’espère bien qu’indépendamment d’une motion davantage axée sur des mesures législatives et des politiques nous nous efforçons toujours de faire mieux, de faire en sorte que le système correctionnel fonctionne et de garantir la sécurité publique par l'intermédiaire des différents rôles relatifs à la santé mentale, entre autres, dont le service correctionnel doit tenir compte. J’espère aussi, et c’est le point le plus important, que nous protégeons les victimes des crimes. Nous comprenons, et je le dis respectueusement, contrairement à ce qui a été insinué plus tôt, c'est-à-dire que je ne sais pas ce que c’est de vivre avec une douleur constante.
En conclusion, je reviendrai aux deux mots que j’ai employés au début de mon intervention, enfer et cauchemar. Je ne peux qu’espérer que nous pourrons atténuer l’enfer et le cauchemar d'un père, comme le père de Tori Stafford, même s’ils sont probablement sans fin, et que nous ferons tout notre possible pour qu’aucun autre Canadien n’ait à endurer pareille douleur.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps aujourd’hui avec ma collègue de .
La motion que nous avons devant nous est simple. Pour tous ceux qui nous regardent, elle demande à la Chambre de condamner la décision de déplacer Terri-Lynne McClintic, une violeuse et meurtrière d’enfant condamnée, d’un établissement où elle était derrière des barreaux et des fils barbelés à un établissement qui a des cuisinettes, des enfants en circulation et aucune clôture. Cette femme n’a purgé qu’une très courte portion de sa peine de prison à vie. Qui plus est, en 2012, elle a été reconnue ou a plaidé coupable de voies de fait violentes contre une autre détenue.
Pour tous ceux qui nous regardent, j’aimerais réfuter tous les arguments avancés par les libéraux et les néo-démocrates à la Chambre aujourd’hui. Ainsi, quand les gens appelleront les députés libéraux et néo-démocrates, ils pourront réfuter leurs arguments en se reposant sur des faits.
Tout d’abord, les libéraux disent que Stephen Harper a fait cela. C’est ce qu’ils disent pour tout. Cependant, dans ce cas, le transfert d’un établissement à sécurité moyenne, où cette horrible femme, dégoûtante, était derrière les barreaux et les fils barbelés, à un pavillon de ressourcement où il n’y a pas de clôture ne s’est produit qu’il y a à peine quelques mois. Autant le aimerait faire en sorte que ce soit la faute de Stephen Harper, ce n’est arrivé que récemment. Des choses arrivent. C’est ce qui arrive quand un parti est au pouvoir. On est jugé par la réaction des autres. En réalité, les libéraux se cachent derrière leurs fonctionnaires dans ce cas. C’est le premier mythe réfuté.
Deuxièmement, les libéraux disent qu’il doit y avoir un examen. Pourquoi un examen, dans ce cas? Cette femme ne sera probablement plus jamais autorisée à s’approcher d’enfants de nouveau. Elle a souillé avec violence et assassiné une fillette. Elle a agressé des prisonnières. Elle ne devrait pas avoir une place dans un pavillon de ressourcement qui, normalement, est réservé aux personnes proches de la libération. On n’a pas besoin d’un examen dans ce cas. Elle ne devrait tout simplement pas être dans cet établissement. Il faut faire la bonne chose.
Troisièmement, cette affaire amène à s'interroger sur le rôle des pavillons de ressourcement. Parlons donc du rôle des pavillons de ressourcement. Ceux-ci sont destinés aux Autochtones et aux membres des Premières Nations. Les médias ont rapporté que des membres de la famille ont déclaré que cette femme n'entre pas dans cette catégorie. De plus, des experts dans ce domaine ont déclaré qu’un programme de ce genre devrait être réservé aux détenus qui approchent de leur libération. Or, cette femme est très loin de sa libération, Dieu merci. Par ailleurs, elle occupe probablement la place d’un membre des Premières Nations qui aurait besoin d'un tel traitement. Les députés peuvent utiliser cet argument pour faire pression sur les libéraux. De l'avis des conservateurs, il ne s'agit pas de s'interroger sur le rôle des pavillons de ressourcement. En principe, nous ne nous opposons pas à ce genre d'établissement, mais nous protestons lorsqu'on y place une femme de cet acabit.
Quatrièmement, cette affaire soulève la question de la primauté du droit. Le et la ainsi que les néo-démocrates ont déclaré qu’on ne dispose pas de suffisamment de renseignements et qu'il ne revient pas au Parlement de débattre de cette affaire. Je souligne que la elle-même, après le verdict de non-culpabilité rendu cette année dans le cas du meurtre de Colton Boushie, a affirmé dans des gazouillis qu’elle était résolue à garantir la justice pour tous les Canadiens. Elle a commenté le verdict d’un procès, laissant entendre que justice n’avait pas été rendue. Voilà ce qu’elle a fait. Elle a ensuite rencontré la famille touchée par l’affaire. Puis, elle a immédiatement présenté le projet de loi pour changer le processus par lequel les membres des jurys sont sélectionnés dans ce pays.
Je ne comprends pas comment les libéraux peuvent condamner une décision rendue dans un procès devant jury, apporter des changements ici, puis recourir à l'argument de la facilité, devant la Chambre, en invoquant la vague responsabilité des bureaucrates. Il faut se rendre à l'évidence: le gouvernement est intervenu et il ne devrait pas y avoir deux poids deux mesures. Les libéraux interviennent pour faire ce qui s'impose ou ils n'interviennent pas.
Les libéraux invoquent également l'argument de l'impossibilité d'agir. Ils ont entièrement tort à ce sujet. Pour ceux qui nous écoutent et sont sur le point d’appeler leur député libéral — ce qu'ils devraient faire —, voici ce qu’ils peuvent dire. L’article 6 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition confère au de pleins pouvoirs sur le service correctionnel et sur tout ce qui s’y rattache, y compris ce dont nous parlons aujourd’hui. En outre, l’article 96 de cette loi confère au Cabinet le pouvoir d’adopter un règlement déterminant l’admissibilité à l’incarcération.
Pour vous donner des exemples concrets de circonstances où ce pouvoir a été utilisé, le , quand il était ministre de la Sécurité publique dans un gouvernement précédent, y a recouru pour annuler la décision d’envoyer le meurtrier d'un policier dans un établissement à sécurité minimale en Colombie-Britannique. Un gouvernement libéral précédent a déjà utilisé ce pouvoir.
Lorsque Stockwell Day était ministre de la Santé publique, il a émis une directive selon laquelle tous les individus reconnus coupables de meurtre au premier degré devaient passer une période prescrite dans une prison à sécurité maximale. Le gouvernement libéral pourrait émettre une directive semblable pour les meurtriers d'enfants; cela réglerait la situation. Le pourrait convoquer une réunion du Cabinet afin de discuter de cette directive précise, et le problème serait réglé immédiatement.
Ce n'est pas une question de mener un examen. Les faits sont clairs. Les faits ont été présentés à la population. Tout le monde sait que cette femme ne devrait jamais être dans une prison à sécurité minimale. Il appartient au gouvernement de choisir de faire la bonne chose, mais il refuse de le faire.
L'autre raison pour laquelle je sais que les libéraux savent que quelque chose cloche, c'est que les journalistes ont rapporté que, lorsqu'ils appellent des employés de l'établissement de ressourcement pour poser des questions, ces derniers fournissent désormais moins de renseignements qu'avant. Le gouvernement tente manifestement d'intervenir pour éviter que cela ne devienne un désastre de relations publiques. Or, il devrait se concentrer sur la famille de la victime et ses droits, et faire en sorte qu'elle ne soit pas de nouveau une victime.
Pour en revenir au pavillon de ressourcement, où se trouve le pavillon de ressourcement pour les victimes au sein de cette famille? Je vais être franche. Je ne vais pas prendre la parole ici au nom de Canadiens pour défendre les droits de cette tueuse d'enfant qui a été reconnue coupable et qui doit purger une lourde peine pour les crimes qu'elle a commis. Nous devrions songer strictement aux droits de la famille de Tori Stafford afin que justice soit faite pour cette petite fille. Cette femme ne devrait pas se trouver dans ce pavillon de ressourcement.
L'autre chose dont je veux parler, c'est l'argument que répètent sans cesse les libéraux selon lequel il est normal qu'il y ait des enfants dans ce pavillon. En réalité, ce pavillon de ressourcement particulier a fait l'objet d'une enquête du commissaire à l'intégrité du secteur public il y a seulement deux ans parce que des employés y avaient amené leurs enfants. Il y a donc déjà des problèmes à cet établissement du fait que des enfants y sont amenés. Mme McClintic ne devrait en aucun cas se trouver à proximité d'enfants.
Les libéraux ne devraient pas normaliser une telle situation. Cette femme ne devrait en aucun cas se trouver à proximité d'enfants. Elle n'a pas d'enfants et n'a donc pas besoin d'être réunie avec eux. Elle doit être gardée à l'écart des enfants. Il ne devrait pas y avoir d'enfants. C'est aussi simple que cela. Si quelqu'un téléphone à son député pour se plaindre à ce sujet, le député devrait répondre que Mme McClintic ne devrait pas se trouver dans ce pavillon, un point c'est tout.
Je tiens également à rappeler la façon dont les libéraux tentent de jouer avec les mots dans ce dossier, comme ils l'ont fait cette fin de semaine. J'ai participé à un groupe de discussion avec le , qui m'a reproché d'avoir employé un langage explicite et inapproprié. Pourtant, lors d'une émission de télévision diffusée à la grandeur du pays, le a qualifié les crimes de Terri-Lynne McClintic de « pratiques déplorables ». Nous lui avons fourni l'occasion de présenter des excuses. Cette décision aura comme effet de banaliser l'enlèvement, viol et le meurtre, présentés comme de vulgaires pratiques qu'on doit déplorer. Je crois que nous devrions continuellement rafraîchir la mémoire du ministre à propos des gestes inqualifiables de Terri-Lynne McClintic, pour qu'il réalise enfin que nous ne sommes pas confrontés simplement à des pratiques déplorables, mais à un problème beaucoup plus grave qui devra être réglé.
J'ai présenté mon argumentaire, et j'en appelle maintenant à la bonne volonté des députés libéraux. Nous pouvons nous disputer, mais je leur demande dans leur for intérieur de se mettre à la place de cet homme lorsqu'il a écrit au cette fin de semaine, et de prendre les mesures qui s'imposent.
Tous ceux qui regardent les débats aujourd’hui devraient appeler les députés libéraux pour leur demander respectueusement et poliment de faire ce qu’il faut. Ce sujet transcende les partis pris politiques. On parle ici de bien et de mal. Tous les fonctionnaires du ministère de la Sécurité publique qui sont peut-être présents dans l’antichambre devraient aussi se remettre les idées en place. Cette politique doit être modifiée. Cette femme ne devrait pas être dans ce pavillon, et nous devrions appuyer la motion afin que cette décision soit annulée et qu'une telle chose ne se reproduise plus jamais. Nous devons défendre les droits de cette famille. C’est notre travail et c'est le travail de l’exécutif.
Pour nous tous ici présents, cette motion va de soi. Elle a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée législative de l'Ontario. Prenons cette mesure, sans obliger M. Stafford et sa famille à venir manifester à Ottawa. Ne le victimisons pas à nouveau. Faisons ce qui est juste et votons en faveur de cette motion.
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Madame la Présidente, imaginez un endroit entouré d'arbres et de verdure, où des gens vivent dans des appartements dotés de cuisinettes, de lits, de draps et de lingerie de qualité, de jolies tables et de salles de jeux pour les enfants. Il y a même un terrain de jeux où les enfants se retrouvent pour jouer.
Imaginez maintenant que des personnes qui ont commis des crimes horribles habitent aussi à cet endroit, et qu'il n'y a ni clôtures, ni mesures de sécurité visibles. C'est dans un tel lieu que Terri-Lynne McClintic, la tueuse d'enfant, habite actuellement. Cette femme a tué une fillette de huit ans qui revenait de l'école. Elle a commis un crime horrible, et elle habite à cet endroit. L'endroit en question, c'est un pavillon de ressourcement situé en Saskatchewan.
Pour comprendre à quel point cette situation est inquiétante, il faut penser à la gravité des gestes commis contre Tori Stafford, la fillette de 8 ans que j'ai mentionnée. Il faut avoir à l'esprit ces faits troublants. C'est là que les députés libéraux et néo-démocrates tendent à devenir frileux. Les éléments de cette affaire les mettent mal à l'aise. Ils n'aiment pas penser à ce qui est arrivé à Tori Stafford à son retour de l'école en cette journée terrible. Ils n'aiment pas revenir sur l'audience de 2012 pendant laquelle la meurtrière a fourni tous les détails sordides.
Or, si nous devions entrer dans la salle d'audience, voici certains des détails que nous entendrions. Nous entendrions l'histoire d'une fillette de 8 ans qui rentrait chez elle après l'école. Une adulte l'a invitée à venir voir un chiot, un petit shih tzu, selon ce qu'a raconté Mme McClintic. Toute contente à l'idée de voir ce chiot, la fillette est allée vers le véhicule. C'est alors qu'on l'a poussée à l'intérieur de la voiture et transportée à un endroit qui n'a pas été précisé. En chemin, des sacs à ordures ont été achetés dans un Home Hardware. Tori a ensuite été emmenée au milieu de nulle part, où elle a été violée à répétition puis battue à mort avec un marteau. Son corps a été mis dans des sacs à ordures et laissé dans la forêt.
Je me suis abstenue de donner les détails les plus horribles, mais les libéraux et les néo-démocrates ici ne sont déjà pas du tout à l'aise avec ceux que j'ai donnés, car ils aimeraient faire comme si ces choses n'étaient pas arrivées à une fillette de 8 ans, à Tori. Ils aimeraient nous critiquer parce que nous mentionnons ces détails, comme si, ce faisant, nous manquions en quelque sorte au décorum, mais ce sont là les détails que la meurtrière, Mme McClintic, a révélés lors du procès. Ce jour-là, dans cette salle d'audience, Mme McClintic a été condamnée à l'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle pour meurtre au premier degré.
Aujourd'hui, il s'agit d'être solidaires de la famille Stafford, des proches de Victoria. Aujourd'hui, nous avons l'occasion de demander que justice soit faite pour Tori. Aujourd'hui, nous avons la possibilité d'insister pour qu'on agisse correctement. Les députés conservateurs ont donc présenté une motion pour manifester leur solidarité envers la famille Stafford.
Nous demandons à la Chambre d'appuyer la motion, qui se lit comme suit:
Que, étant donné que Terri-Lynne McClintic a été reconnue coupable de meurtre au premier degré à la suite de l’enlèvement, du viol et du meurtre horribles de Tori Stafford, alors âgée de huit ans, et qu'elle a été transférée d’un établissement sécurisé à un pavillon de ressourcement non clôturé où, comme le gouvernement l’a confirmé, des enfants sont présents, la Chambre condamne cette décision et demande au gouvernement d’exercer sa responsabilité morale, juridique et politique pour veiller à ce que cette décision soit renversée et à ce qu’une telle situation ne se reproduise plus à l’avenir.
Voilà une phrase très importante. Aujourd'hui, nous sommes solidaires de la famille Stafford et nous demandons justice pour Tori. Nous le faisons pour le présent, mais aussi pour l'avenir. Nous songeons aux futurs cas et nous pensons au système de justice. Il faut défendre les victimes qui existent et les personnes qui seront faites victimes. Il faut insister pour que le Parlement du Canada, la Chambre des communes, qui réunit 338 élus, fasse ce qui s'impose. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit d'annuler la décision de transférer Mme McClintic dans un pavillon de ressourcement.
Pourquoi est-ce aussi important? Il est crucial que nous parlions de cet enjeu aujourd'hui pour deux raisons. D'abord, parce que le gouvernement souhaite abdiquer son pouvoir, et ensuite, parce que le a qualifié les actions de la tueuse d'enfants McClintic de « pratiques déplorables ». Il n'est pas question ici de « pratiques déplorables ». Il y a une raison pour laquelle les députés, dans cette enceinte, n'aiment pas que je parle des sévices subis par cette petite fille. C'est parce qu'il s'agissait bien plus que de pratiques déplorables. Une fillette de 8 ans a été tuée. Les Canadiens d'un bout à l'autre du pays sont scandalisés, et avec raison. Je suis à leurs côtés.
Au cours de l'été, le a affirmé ceci au sujet des Canadiens: « Nous nous entraidons dans les moments difficiles, [...] nous nous appuyons les uns sur les autres et nous le faisons avec détermination. » Je me demande où est le premier ministre dans le cas qui nous occupe. Où est-il alors que Rodney Stafford a besoin d'aide pour obtenir justice, lorsqu'il a le plus besoin d'appui et de soutien? Où est le ? Où est le gouvernement lorsqu'il est temps de défendre la justice? Il est silencieux et absent, et il abdique son pouvoir.
C'est une injustice pour une fille de 8 ans qui a perdu la vie et pour une mère et un père à qui on a arraché leur fillette pour toujours. Le et son gouvernement essaient de se soustraire à leur responsabilité et de rejeter la faute sur quelqu'un d'autre. Or, la réalité, c'est que le a le pouvoir d'annuler cette décision. Le gouvernement a la possibilité de renvoyer Mme McClintic dans l'établissement où elle devrait être.
Le père de Tori, qui a récemment écrit au , a dit que tout n'est pas politique, que « certaines questions sont de nature morale ». Les libéraux nous ont accusés de faire de la politique, mais je leur demande d'écouter le père de cette fillette, Rodney Stafford, qui affirme que tout n'est pas politique. Certaines questions sont simplement de nature morale, et c'est le cas de la situation qui nous occupe. C'est une question morale. Il s'agit de distinguer le bien du mal. C'est un dossier dans lequel le peut annuler une décision qu'on n'aurait jamais dû prendre, mais qui a malheureusement été prise. Il a maintenant l'occasion de prendre la bonne décision, la décision morale qui s'impose.
Il est toujours bon de prendre la bonne décision. Il n'est jamais bon de prendre la mauvaise décision. D'ailleurs, certains gestes ne sont jamais bons, puisqu'ils vont à l'encontre de principes fondamentaux de l'humanité que l'on ne devrait jamais compromettre. Nous sommes tous d'accord pour y inclure des gestes comme le meurtre, la torture et le viol d'une personne innocente. Ces gestes sont tout simplement inacceptables, point à la ligne.
Le gouvernement libéral semble avoir perdu son sens moral. Malheureusement, il n'est pas capable d'entendre ce genre de choses. Au lieu d'accompagner les victimes, il se sent plus à l'aise d'aider les criminels. Par exemple, avec le projet de loi , que le gouvernement vient de présenter, il veut réduire les peines prévues pour des crimes comme le génocide, le terrorisme et le mariage forcé. En outre, il a donné 10 millions de dollars à Omar Khadr, un individu déclaré coupable de terrorisme. Il a fourni des traitements destinés aux anciens combattants à Chris Garnier, un individu souffrant du trouble de stress post-traumatique parce qu'il a assassiné une policière alors qu'elle n'était pas en service. Dans le cas de Mme McClintic, le gouvernement est satisfait de la voir transférée dans un pavillon de ressourcement, où elle n'a pas à expier le crime qu'elle a commis.
Edmund Burke disait: « Il suffit que les hommes de bien ne fassent rien pour que le mal triomphe. » Je demande à la Chambre de faire quelque chose et de ne pas laisser le mal triompher. Ne tolérons pas que Tori et sa famille subissent cette grave injustice. La Chambre a l'occasion de prendre parti pour le bien, de se laisser guider par de bons principes moraux, de soutenir Rodney Stafford et d'annuler le placement de Mme McClintic dans un pavillon de ressourcement.
Je demande à tous les Canadiens de se joindre à nous, de téléphoner à leur député et de faire entendre leurs voix.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je tiens d'abord à dire qu'il n'y a rien que l'on puisse dire ou faire à la Chambre pour apaiser la douleur qu'éprouve la famille de Tori Stafford jour après jour. Je suis mère et je ne peux même pas imaginer ce qu'a vécu cette famille. Je tiens à reconnaître la souffrance qu'endure le père de Tori, sa famille, ses amis et toutes les personnes qui la connaissaient, et à leur présenter mes condoléances.
Je vais maintenant aborder la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Dans notre pays, on peut se fier aux tribunaux pour qu'ils imposent des peines ainsi qu'au système correctionnel pour qu'il surveille les délinquants, assure la sécurité publique et réhabilite les personnes à sa charge. Au Canada, il n'y a pas de système d'autojustice. On ne permet pas à l'opinion publique ou au discours politique de définir les peines imposées aux délinquants. Or, cette semaine, l'opposition fait de la petite politique avec l'ensemble du système de justice.
Soyons clairs. Il ne fait aucun doute que la place de cette délinquante est en prison et il ne fait aucun doute qu'elle est toujours en prison. Les faits, dans cette affaire, sont bien connus et ils nous touchent tout au fond de notre être. Elle a été jugée et condamnée à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Elle est sous la garde du Service correctionnel du Canada depuis son jugement. Je le répète: elle est toujours en prison. Elle continue à être surveillée pendant son incarcération et continuera à l'être pendant le restant de sa vie.
Que les choses soient bien claires: ni le ni le ni la Chambre n'ont le pouvoir de casser la décision qui est le sujet de la motion de l'opposition. Faire croire le contraire aux Canadiens est irresponsable, et moi, je ne veux pas vivre dans un pays où les processus décisionnels du système judiciaire et des services correctionnels sont à la merci des discours politiques creux et de l'opinion publique.
La semaine dernière, j'ai eu l'occasion d'entendre la nouvelle commissaire du Service correctionnel du Canada de témoigner au comité de la sécurité publique. Elle a déclaré plusieurs fois que le lui avait demandé d'examiner les conditions selon lesquelles la décision de faire ce transfèrement a été prise ainsi que les politiques relatives aux transfèrements d'une manière générale. Elle a redit une nouvelle fois qu'elle était en train de procéder à cet examen, dont nous aurons la conclusion très vite, j'espère.
Au cours de la dernière semaine, j’ai été déçue par le niveau des débats à la Chambre. Mercredi dernier, alors que les horribles détails du crime étaient consignés au compte rendu, j’ai regardé les enfants qui se trouvaient à la tribune et je me suis demandé s’ils pourraient un jour considérer cet endroit comme un lieu où ils aimeraient revenir. J’en doute.
Même si les détails faisaient partie d’un procès-verbal, je ne crois pas qu’il soit nécessaire de les relire encore et encore. Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il s’agit d’un crime odieux, mais je doute que le fait de ressasser les détails atroces devant la Chambre puisse avoir un effet constructif.
Je tiens à féliciter le député de , le porte-parole du NPD en matière de sécurité publique, qui siège avec moi au comité, pour ses observations réfléchies et pour avoir rehaussé le niveau du débat à la Chambre sur cette motion.
Les deux comités dont je fais partie, celui de la condition féminine et celui de la sécurité publique, ont déposé en juin des rapports sur le système correctionnel, et en particulier sur les Autochtones en milieu correctionnel. Le rapport sur la sécurité publique était unanime et demandait un financement supplémentaire pour les pavillons de ressourcement. Des représentants de tous les partis ont entendu les témoins et ont convenu que les pavillons de ressourcement faisaient de l’excellent travail et qu’ils devraient être élargis et appuyés. Les membres conservateurs du comité ont convenu avec nous qu’ils jouaient un rôle essentiel dans notre système correctionnel. Le comité de la condition féminine a également recommandé un financement supplémentaire pour les pavillons de ressourcement et a entendu de nombreux témoignages sur leurs avantages.
Combien de députés de l’opposition ont visité un établissement à sécurité moyenne pour femmes ou un pavillon de ressourcement? J’ai visité les deux. Je soupçonne que la plupart des gens, y compris les personnes ici présentes, s’attendent à ce que la prison ressemble à ce qu’ils voient à la télévision, comme dans le dernier épisode de L'orange lui va si bien. Ils pourraient être surpris de voir à quoi ressemble un établissement à sécurité moyenne comme Grand Valley.
Permettez-moi d’être très claire. Un pavillon de ressourcement demeure un établissement correctionnel sécuritaire. S’il était appelé établissement correctionnel pour femmes autochtones, nous ne tiendrions peut-être même pas ce débat aujourd’hui. Ce n’est ni un établissement thermal, ni un camp de vacances. Il n’y a pas de draps soyeux, comme certains députés d'en face l’ont laissé entendre. Les détenues doivent suivre les règles si elles veulent y rester.
Un pavillon de ressourcement est différent de ce à quoi les Canadiens peuvent s’attendre d’une prison, mais ces établissements sont également très différents en ce qui concerne les résultats obtenus avec les détenues et, par ricochet, ils sont plus avantageux pour les Canadiens et pour la sécurité publique à long terme.
Claire Carefoot, directrice générale de la Maison de ressourcement Buffalo Sage, un pavillon de ressourcement situé à Edmonton, travaille depuis 29 ans dans le secteur correctionnel. Elle a comparu devant le comité de la sécurité publique lorsqu'il a étudié cette question. Le week-end dernier, Mme Carefoot a déclaré ce qui suit au sujet de ce cas:
Ce n'est pas un moyen de sortir automatiquement de prison [...] Le niveau de surveillance et les restrictions sont les mêmes que dans une prison. La différence, c'est la perspective de ressourcement [...] les détenues doivent assumer la responsabilité de leurs actes, de leur comportement et des torts qu'elles ont causés à leurs victimes.
Le gouvernement sait qu'un système correctionnel axé sur la responsabilité, plutôt que sur le châtiment et rien d'autre, donne de meilleurs résultats et permet d'améliorer la sécurité de tous les Canadiens.
Nous savons qu'une approche fondée sur la réadaptation est la meilleure façon d'assurer la sécurité des Canadiens. Je pense que les Canadiens souhaitent tous que les détenus qui sortent de prison ne commettent pas de crime violent. C'est préférable sur le plan de la sécurité publique.
Comme nous le savons, peu importe la durée de leur peine, la vaste majorité des personnes incarcérées dans le système canadien finissent un jour par être remises en liberté. Certaines d'entre elles risquent même de se retrouver dans notre quartier. Voici ma question: quels genres de personnes souhaitons-nous voir être remises en liberté près de chez nous à la fin de leur peine? Je suis persuadée que, peu importe les sentiments que l'on puisse éprouver à l'égard de cas particuliers, la meilleure façon d'assurer la sécurité publique, c'est de prendre des mesures destinées à prévenir la récidive avec violence.
J'ai appris à connaître une bonne partie des hommes et des femmes qui travaillent en milieu carcéral, qu'il s'agisse de la commissaire, de l'enquêteur correctionnel ou des gestionnaires régionaux, des directeurs d'établissement, des agents correctionnels, des agents de libération conditionnelle, des agents de liaison autochtones, des agents de programme, des infirmières et j'en passe. Ces gens travaillent extrêmement fort, mais leur travail est très peu reconnu. Ils élaborent des programmes et des plans pour les détenus. Ils travaillent sans relâche, souvent dans des circonstances difficiles, pour aider les détenus à réussir leur réadaptation dans notre système correctionnel. Ils aiment leur travail et, bien souvent, ils parviennent à changer la vie des contrevenants, qui sont alors plus enclins, quand ils retrouvent leur liberté, à devenir des membres productifs et actifs de la société, ce qui est forcément dans l'intérêt de la sécurité publique.
Dans le cas qui nous intéresse, c'est un conservateur qui était ministre de la Sécurité publique, en 2014, lorsque la cote de sécurité de cette détenue a été revue à la baisse et qu'elle a été transférée dans un établissement à sécurité moyenne. D'ailleurs, elle y séjourne encore au moment où l'on se parle. La seule chose qui a changé, c'est la dimension politique qu'on a donnée au dossier depuis.
À quoi veut-on que serve l'appareil judiciaire canadien? À punir uniquement? Les conservateurs répondraient sans doute que oui, mais c'est loin d'être assez. Le système de justice doit aussi tâcher dans toute la mesure du possible de permettre aux contrevenants de se réadapter. Pas parce qu'on fait passer le bien-être des détenus avant celui des victimes — ce qui est tout à fait faux —, mais parce que c'est dans l'intérêt de tous les Canadiens. Parce que c'est ainsi que nous pourrons le mieux assurer leur sécurité.
Le cas qui nous est soumis bouscule notre sens moral. Il nous oblige à remettre en question notre système de valeurs. Cela dit, la commissaire et le personnel correctionnel ont toute ma confiance. Il se prendra toujours des décisions susceptibles de nous heurter et de nous déplaire, mais il ne faut pas oublier que notre objectif premier consiste à protéger les Canadiens et à nous assurer qu'en matière de sécurité publique, les normes en vigueur sont les plus élevées qui soient.
Dans le mandat qu’il a confié à la commissaire, le ministre reconnaît que le Service correctionnel du Canada protège les collectivités canadiennes en appliquant des mesures de détention appropriées visant une réadaptation efficace et la réinsertion sûre des personnes qui purgent une peine fédérale. Nous devons nous concentrer sur la sécurité publique de tous les Canadiens. Je sais que le et le gouvernement en assument eux aussi la responsabilité. En fin de compte, nous tenons tous à protéger les Canadiens et nous tenons à ce que justice soit rendue.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui sur cette question.
Durant les 20 années où j’ai siégé au conseil municipal à titre de conseiller et de maire, deux meurtres ont été commis dans notre collectivité. L’une des choses les plus difficiles que j’ai eues à faire a été de rencontrer la famille de la personne assassinée, d’essayer de la réconforter dans cet horrible drame qui dépasse l’entendement et de la convaincre que notre système de justice allait fonctionner efficacement pour elle.
Comme tous les députés, je suis de tout cœur avec la famille et les amis de Tori Stafford. Je suis de tout cœur avec toute sa communauté parce que lorsqu’un crime aussi crapuleux est commis, c’est toute la communauté qui en souffre.
Aucun député n’a le monopole de la vertu. Tout le monde ici soutient les victimes. Tout le monde ici est persuadé que Terri-Lynne McClintic a commis un crime horrible et qu’elle mérite à juste titre de passer le reste de sa vie derrière les barreaux, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Aucun parti à la Chambre ne conteste cela.
Je comprends également ce que doit ressentir la famille de Tori Stafford au sujet du transfèrement de Terri-Lynne McClintic dans un pavillon de ressourcement, et je sais qu’elle doit trouver que ce n’est pas un endroit approprié pour elle. Je peux comprendre l’indignation que ressentent les Canadiens et le gouvernement prend cela au sérieux. Nous nous penchons sur les politiques qui doivent être modifiées afin qu'une telle situation ne puisse se reproduire.
La Chambre des communes ne peut cependant se substituer à un tribunal ni au Service correctionnel du Canada. Dans notre pays, nous avons décidé que, quel que soit le degré d’impopularité d’une personne ou d’un groupe, cette personne ou ce groupe a droit à un traitement équitable au titre de nos lois. Aujourd’hui, certains députés soutiennent qu’il n’y a pas lieu de leur accorder un traitement égal au titre de nos lois.
On demande aujourd’hui à Chambre des communes et au ministre de se prononcer sur un cas particulier. Ce n’est pas ainsi que notre système fonctionne. Si une personne fait l’objet d’un procès, est-ce que la Chambre des communes devrait se prononcer, avant le procès, sur la culpabilité ou la non-culpabilité de cette personne? Est-ce que la GRC doit attendre l’ordre du ministre avant de lancer une enquête sur une personne? Souhaitons-nous que nos ennemis politiques soient visés par une enquête de la GRC pour le motif que la loi relative à la GRC est identique à la loi sur le Service correctionnel du Canada? On voudrait que le ministre dise aux gens ce qu’ils doivent faire. Cela ne se fait pas. Cela ne correspond pas aux valeurs du Canada dans lequel nous vivons.
Il est vraiment facile, dans un contexte populiste, de faire des gains politiques en parlant de terribles criminels. Je comprends que cette attitude permet de faire des gains, mais ce n’est pas dans ce genre de système que nous vivons.
Je voudrais avoir l’occasion de parler directement à M. Stafford. Je ressens sa douleur.
Je suis d’accord, il y a bien des choses que l’on pourrait faire. Si cette motion de l’opposition n’indiquait pas ce que nous devrions faire dans un cas bien précis et si elle proposait des changements à apporter à des politiques, je serais tenté de l’appuyer. Examinons un peu ce que l’on aurait pu envisager.
Tout d’abord, les pavillons de ressourcement sont-ils acceptables? Un gouvernement conservateur les a établis en 1992. Jusqu’à présent, les comités de la Chambre les ont jugés convenables. Il serait peut-être légitime de demander s’il est bon de les utiliser.
Deuxièmement, devrions-nous envoyer des délinquants non autochtones dans des pavillons de ressourcement? Si la motion précisait que les délinquants non autochtones ne doivent pas être envoyés dans des pavillons de ressourcement, je l’aurais peut-être bien appuyée. Mais cette motion ne propose pas cela.
Troisièmement, devrait-on transférer les détenus d'un établissement à sécurité moyenne dans les pavillons de ressourcement? Ces pavillons ne devraient peut-être servir que pour des détenus qui ne sont pas dans des établissements à sécurité moyenne. On devrait peut-être n'y envoyer que des détenus qui sont sur le point d’être libérés. J'aurais peut-être appuyé cette motion de l'opposition présentée par les conservateurs si elle nous proposait que ce genre de politique tout à fait légitime s'applique à l'ensemble des détenus.
Si cette motion remettait en question l'idée que les auteurs de meurtre au premier degré les meurtriers puissent être placés dans un pavillon de ressourcement ou si elle nous proposait une politique voulant que les délinquants déclarés coupables de meurtre au premier degré ou ceux qui ont tué un enfant ne puissent pas être placés dans un pavillon de ressourcement, j’aurais été tenté de l’appuyer.
Si la motion affirmait que les auteurs de meurtre au premier degré qui ont purgé 20 ans de leur peine ne peuvent pas être placés dans un pavillon de ressourcement parce qu’ils ne sont pas près de réintégrer la société, j’aurais peut-être pu l’appuyer aussi.
J’en ai déjà discuté avec le , et il connaît mon point de vue. Personnellement, j’appuierais une politique interdisant de placer les auteurs de meurtre au premier degré dans un pavillon de ressourcement, parce que nous connaissons l'ampleur de la souffrance causée par la meurtrière dans le cas qui retient notre attention aujourd'hui et parce qu'il est possible que d'autres cas semblables existent sans que nous les connaissions. Peut-être que des auteurs de meurtre au premier degré sont envoyés dans des pavillons de ressourcement depuis de nombreuses années.
Comme nous sommes désormais conscients du problème, le a choisi à juste titre de soumettre toutes les politiques concernées à un examen. Toutefois, dans notre société, nous n’avons pas le droit de changer la peine d’une délinquante que les gens n’aiment pas beaucoup sans modifier les politiques de manière à ce que tous les délinquants soient traités de la même manière. Au Canada, les gens ont droit à un traitement égal en vertu de la loi.
[Français]
Il est très important qu'ici, au Canada, où nous avons une Charte des droits et libertés et une Constitution, nous ayons des lois qui s'appliquent également à tout le monde, partout au pays.
[Traduction]
À mon avis, c’est là le cœur du problème. Cessons de voir la question comme un cas particulier. Le Parlement n’a pas pour rôle de légiférer sur des cas particuliers et de dire qu’un prisonnier devrait être ici, là ou ailleurs. Le Parlement a pour rôle de légiférer et de créer des règles d’application générale pour tout le monde dans ce pays.
J’appuie l’idée que les auteurs de meurtre au premier degré ne puissent pas purger leur peine dans un pavillon de ressourcement et je continuerai à défendre cette idée au sein de mon caucus et de mon parti. Je crois qu’il nous serait plus utile à tous de voir comment les règles pourraient être changées, non seulement pour résoudre le problème dans ce cas particulier, mais aussi pour s’assurer que la loi est appliquée uniformément et que tout le monde est considéré sur un pied d'égalité.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je voudrais tout d'abord dire que mon père était directeur de prison et que ma mère était agente de détention. Combien de fois m'ont-ils dit qu'au Canada, le droit des victimes n'existait pas?
Je n'ai pas de mots pour qualifier le fait que je doive prendre la parole aujourd'hui pour faire entendre raison au gouvernement libéral afin qu'il règle enfin la situation que nous déplorons depuis presque deux semaines. Il ne s'agit pas non plus d'un cas unique; on parle ici de l'assassinat d'un enfant de huit ans. Il est inconcevable qu'au Canada, en 2018, on doive encore se battre pour faire reconnaître les droits des victimes d'actes criminels avant ceux des criminels, surtout les criminels comme Mme McClintic.
Comme la voix des victimes d'actes criminels n'est clairement pas représentée adéquatement de l'autre côté de la Chambre, nous, de ce côté-ci, nous sommes leur voix. Nous l'avons toujours été et nous le serons toujours. Voici le meilleur exemple. Plus tôt, mon collègue libéral de l'autre côté me parlait de la Charte des droits et libertés. Eh bien, celle-ci comporte 23 articles qui protègent les droits des criminels, alors qu'il n'y en a aucun pour les victimes. Voilà pourquoi nous, les conservateurs, avons créé la Charte des droits des victimes, pour qu'enfin les victimes d'actes criminels aient une voix et des droits.
Il me semble que tout a été dit et qu'il est très clair que Mme McClintic a été reconnue coupable de meurtre au premier degré pour avoir atrocement arraché la vie à la petite Tori Stafford, qui avait seulement huit ans, qui avait toute sa vie devant elle et qui était le rayon de soleil de ses parents. En 2009, Mme McClintic a reçu une peine d'emprisonnement à vie sans possibilité de libération avant 25 ans. Il me semble que cela aussi est clair. Une peine de 25 ans d'emprisonnement infligée à la suite d'un procès, ce n'est pas une suggestion, c'est un fait. Elle a été reconnue coupable par ses pairs. C'est une peine proportionnelle au crime qu'elle a commis. Toutefois, ce sont les parents de Tori qui ont reçu la vraie peine à vie, celle qui va forcément durer beaucoup plus que 25 ans.
Comment une criminelle qui a commis un tel geste et qui a aussi eu d'importants problèmes à l'intérieur des murs où elle était incarcérée peut-elle bénéficier si rapidement d'un transfert dans un établissement de ressourcement afin de l'aider à se défaire de ses mauvaises pratiques? C'est une honte, un pied de nez aux victimes et aux parents des victimes. C'est un pied de nez à la justice elle-même. Comment la population canadienne peut-elle maintenant avoir confiance en notre système de justice?
Le transfert de Mme McClintic est également un manque de respect total envers la petite Tori et ses parents. Il est d'autant plus inacceptable que ceux-ci n'aient pas été informés avant le transfert, alors qu'ils auraient dû l'être. Dans la Charte canadienne des droits des victimes, qui a été votée ici unanimement, il est clairement expliqué que les victimes ou les parents des victimes doivent être appelés avant qu'un transfert ait lieu, mais cela n'a pas été fait.
Comme le gouvernement libéral ne semble pas encore comprendre que la Charte canadienne des droits des victimes a un statut supra-constitutionnel, je lui rappelle que cela signifie qu'elle doit être appliquée et respectée.
Cette importante charte repose sur quatre piliers fondamentaux, dont le premier est le droit à l'information. Cela veut dire que les parents de Tori devraient être informés du transfert de la criminelle qui a brisé leur vie. Encore une fois, on a fait fi des droits des victimes, et personne de l'autre côté de la Chambre ne s'en indigne.
En tant que parlementaires, nous ne voulons pas refaire le procès de Mme McClintic. Nous ne voulons pas utiliser notre droit de parole pour faire de la politique, comme les libéraux le prétendent. Ce que nous voulons, c'est donner une voix aux victimes, donner une voix à la justice et donner une voix à une enfant disparue trop tôt, alors que sa meurtrière est présentement dans un endroit où elle ne doit pas être. Comme l'indiquait sa sentence, elle devrait être derrière les barreaux, et non pas dans un endroit sans clôture et, de plus, en présence d'enfants.
Cette très mauvaise décision fait revivre un drame à la famille de Tori et personne de l'autre côté de la Chambre ne semble s'en préoccuper. C'est ce qui nous chagrine le plus.
J'ai moi-même deux grandes filles et un petit-fils, et je voudrais bien voir le chrétien qui touchera à un de leurs cheveux. C'est à moi qu'il aura affaire. On n'aura pas besoin de faire de discours, je le confirme.
Cette très mauvaise décision fait revivre un drame à toute la famille de Tori.
De quel passé parle-t-on? Il est clair ici qu'agir est nettement plus difficile que de parler. Le système correctionnel canadien devrait présenter ses excuses à la famille, et le gouvernement devrait en faire autant.
Évidemment, la criminelle peut se tourner vers son ombudsman pour représenter ses droits. Elle bénéficie aussi du fait que cet ombudsman est indépendant du ministère de la Sécurité publique
Quant à la famille de Tori, elle peut se tourner vers la nouvelle ombudsman fédérale des victimes d'actes criminels, qui a été nommée après près d'un an d'attente. Pendant ce temps, son poste était vacant. Cette ombudsman n'est pas indépendante du ministère de la Justice. Ces deux ombudsmans n'ont donc pas force égale quant à la défense des droits de leur clientèle respective.
Les libéraux ont tous voté contre le projet de loi que j'ai présenté, le projet de loi , qui visait à rendre le poste de l'ombudsman fédérale des victimes d'actes criminels égal à celui de l'ombudsman des criminels. Ce n'est donc pas du tout surprenant que nous soyons ici aujourd'hui en train de nous battre, encore, pour faire valoir le droit des victimes.
Devoir faire ce que nous faisons aujourd'hui est profondément triste, et cela porte directement atteinte à la crédibilité du système carcéral canadien. Il est tout à fait impossible de défendre l'indéfendable, d'accepter le transfert vers une institution comme un centre de ressourcement d'une détenue au lourd passé criminel ayant commis des actes d'une cruauté innommable envers une victime vulnérable, et de devoir accepter cela sans rien dire. Il est impossible d'accepter la victimisation, de nouveau, d'une famille déjà brisée. Il est impossible d'accepter que le père de la petite Tori ait dû publier, sur sa page Facebook, un message s'adressant au pour tenter de le toucher, pour qu'il prenne ses responsabilités et qu'il fasse annuler ce transfert.
Cette terrible situation ne doit plus jamais se reproduire, ni pour la famille de Tori ni pour aucune autre victime d'un acte criminel aussi démesuré. On ne parle pas d'un petit crime, on parle d'un meurtre au premier degré.
Selon moi, cette situation doit changer. Nous exigeons des explications et une révision de cette très mauvaise décision. Nous devons savoir pourquoi elle est actuellement maintenue.
Nous devons arriver à la conclusion qu'il y a encore beaucoup de travail à faire pour la défense des droits des victimes d'actes criminels, afin qu'une situation comme celle-ci ne puisse plus jamais se reproduire. Depuis qu'ils sont au pouvoir, les libéraux n'ont rien fait pour les victimes d'actes criminels, même si j'aimerais bien mieux pouvoir dire le contraire. C'est encore pire; ils reculent.
Cependant, de ce côté-ci de la Chambre, nous ne baisserons jamais les bras devant des injustices comme le cas de Tori. Nous savons que la population canadienne est aussi dégoûtée par cette injustice à nouveau imposée à la famille de Tori. Si nous ne faisons pas tout en notre pouvoir pour corriger cette situation, qui le fera? Il est de notre devoir de défendre les droits des victimes, de dénoncer haut et fort les injustices dans notre pays et de constater un échec impardonnable de notre système correctionnel qui choque toute la population canadienne et qui fait encore perdre toute crédibilité à ce gouvernement.
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Monsieur le Président, la semaine dernière, nous avons vu le et le Cabinet se cacher derrière la procédure comme des lâches et refuser de s’attaquer à ce que je considère être une erreur judiciaire. Comme je l’ai dit à maintes reprises dans cette enceinte, la priorité absolue de la Chambre est et devrait être de faire passer la protection de tous les Canadiens avant tout gain politique. On dirait bien que les libéraux font la sourde oreille à ce mantra.
Les dirigeants doivent être guidés par un idéal et des principes et prendre en charge leurs problèmes. Nous n’avons pas vu de leadership, ni de principes ni de prise en charge dans ce dossier de la part du gouvernement. Les Canadiens en prennent note et la confiance qu’ils mettent en leur gouvernement pour établir et faire respecter la justice, entre autres choses, continue de s’effriter. Les Canadiens doivent avoir confiance en notre système de justice, avoir confiance que les victimes sont protégées, que les criminels sont traduits en justice et que nos collectivités sont sûres.
Pendant 35 ans, j’ai travaillé aux côtés d’hommes et de femmes courageux dans les services de police et de nombreux autres intervenants du système de justice qui croyaient au leadership, aux principes et à la responsabilité de notre système, à la justice pour les victimes et la collectivité dans son ensemble. Malheureusement, j’ai vu de nombreuses victimes qui méritaient beaucoup mieux que ce que le système offrait à l’époque. Il était donc excitant d’être de la partie tandis que le système de justice du Canada commençait lentement à comprendre et à accueillir les victimes d’actes criminels jusque-là oubliées, pour enfin être à la hauteur des principes entiers de la justice.
Comme des milliers de Canadiens, j’ai servi ou je sers encore nos collectivités parce que nous croyons que le Canada a besoin d’un système qui ne rend pas justice seulement aux contrevenants, mais aussi aux victimes. Nous croyons en un système de justice équitable, raisonnable et impartial qui sert tous les Canadiens. Toutefois, ce n’est pas ce qui s’est produit dans ce cas-ci. La semaine dernière, pas un seul membre du caucus du gouvernement libéral ne s’est porté à la défense de la justice et des victimes ou n’a eu le courage de faire preuve de leadership.
Cela ébranle la confiance de tous les Canadiens qu’une meurtrière d’enfant soit placée dans ce qui est en réalité un établissement correctionnel à sécurité minimale, un pavillon de ressourcement, ce qui accroît le risque de mettre d’autres personnes en danger, sans aucune raison. Ce type d’établissement est conçu pour aider les délinquants à réintégrer leur collectivité vers la fin de leur peine d’emprisonnement, et non pas lorsqu’il leur reste près de 17 ans avant même d’être admissibles à la libération conditionnelle. Pas un seul libéral, du aux députés d'arrière-ban, en passant par les membres du Cabinet, ne s’est levé pour exiger des mesures.
Je félicite ma nouvelle collègue conservatrice, la députée d’, d’avoir le courage de ne plus tolérer le manque de leadership des libéraux dans les dossiers difficiles ou leur incapacité à bien gouverner, et à faire cause commune avec nous dans l’opposition.
Je n'ai pas l'intention d'exploiter la tragédie qui a frappé la famille Stafford, car ce serait une insulte à leur souffrance. Soyons clairs: ces gens souffrent, et cette décision les force à revivre leur drame. Je ne vais pas m'attarder aux détails de la mort de Tori. Ils ont marqué notre mémoire collective comme une cicatrice qui ne s'effacera jamais, et il ne saurait en être autrement. Dans notre société, peu importe notre allégeance politique, il est entendu qu'il faut chérir et protéger les enfants, des êtres innocents, vulnérables et confiants. Chose certaine, peu importe nos convictions politiques, nous ne pouvons pas accepter qu'un assassin d'enfant soit incarcéré dans une prison à sécurité minimale et fréquente des délinquants non violents qui vivent avec leurs enfants. Il n'y a pas de justice dans cette décision, laquelle est, à tous les points de vue, un véritable outrage, une négligence grave et un déni de justice.
Monsieur le Président, j'ai passé 35 ans de ma vie à défendre et à faire régner la justice. J'interviens aujourd'hui pour demander au gouvernement d'agir dès maintenant afin de rétablir ma confiance et celle des Canadiens. La réponse annoncée par le gouvernement est faible et se résume à ignorer les collectivités, les victimes et la famille concernées.
Précisons que le ministre a le pouvoir d'intervenir, tout comme l'ont fait les gouvernements précédents, tant conservateurs que libéraux, lorsque le système s'est montré défaillant. Un des ministres du cabinet libéral actuel est intervenu lorsqu'un détenu reconnu coupable du meurtre d'un policier a été transféré dans un « Club Fed », une prison tout confort à sécurité minimale en Colombie-Britannique.
Le Service correctionnel du Canada est revenu sur cette décision, comme le ministre libéral le lui avait ordonné. Les ministres conservateurs sont aussi intervenus lorsque le Service correctionnel du Canada a pris des décisions qui témoignaient d’un manquement à ses obligations envers les Canadiens et qui minaient la confiance de la population. Ces décisions ont été annulées.
Cette affaire devrait aussi donner lieu à une intervention immédiate similaire. Toutefois, le gouvernement libéral se soucie moins de servir la justice que des sentiments de tueurs impénitents et manipulateurs.
Les réponses toutes faites de collaborateurs politiques cachés derrière les rideaux ne m’intéressent pas. Je ne veux pas qu’on se cache derrière un raisonnement bureaucratique. Le gouvernement enfreint des lois fondamentales, des lois sur lesquelles notre pays a été fondé. Quelqu’un au plus haut échelon doit prendre ses responsabilités dans cette situation scandaleuse.
Certes, je suis un ancien policier et non un grand orateur. Pourtant, j’aimerais avoir aujourd’hui un don d'orateur pour que les gens m'écoutent lorsque je m'exprime. Nous devons nous entendre et mettre fin au véritable traumatisme que doit revivre une famille ayant déjà connu des souffrances beaucoup trop grandes. Nous ne pouvons pas ramener la jeune Tori à la vie. Nous ne pouvons pas effacer ses dernières heures. Si nous le pouvions, tous les députés des Communes le feraient sans hésiter.
Cessons les diversions. Rétablissons autant que possible la justice pour la famille de Tori. Quiconque a un sens moral dans cette enceinte devrait être d’accord. Dans l’état actuel des choses, c’est une piètre consolation. Nous pouvons assurément tous convenir que rouvrir la blessure cause des angoisses et des souffrances inutiles. Nous pouvons, il me semble, remédier à la situation avant que M. Stafford ait à venir l’exiger sur la Colline du Parlement. Aucune victime ni aucun membre de sa famille ne devrait jamais avoir à protester pour obtenir justice.
Cependant, c’est ce que le gouvernement libéral et son chef qui manque de courage nous demandent. Nous pouvons assurément tous convenir que des parents qui ont tout perdu ne doivent pas cesser de croire que la meurtrière de leur fille fera face à la justice. Les Canadiens doivent être protégés contre les plus sinistres individus que comporte la société. En tant que Canadiens, nous méritons au moins cela.
Pensez un instant aux femmes et à leurs enfants qui vivent dans ce pavillon de ressourcement. Le gouvernement libéral traumatise ces femmes de nouveau en plaçant une tueuse d’enfants parmi elles. L’hypocrisie aura-t-elle un jour une fin?
Prenons un moment pour réfléchir à la situation. Dites-moi qui gagne ici. Qui profite de cette situation très choquante? À mon avis, la seule gagnante, c’est Terri-Lynne McClintic.
Et aux dépens de qui? Aux dépens de la famille de Tori Stafford, aux dépens de toute la population de Stratford, en Ontario, et bien franchement, aux dépens de tous les Canadiens qui croient en la justice de notre pays et qui s’attendent à ce qu'elle soit rendue.
C’est assurément un prix trop élevé à payer.
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Monsieur le Président, avant de débuter, j'aimerais d'abord vous informer que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je prends la parole aujourd'hui au sujet du transfert d'une délinquante d'un établissement à un autre au sein du Service correctionnel du Canada. Le dossier en question et le transfert de la délinquante en cause ont soulevé l'indignation de nombreux Canadiens, des médias et, surtout, de la famille de la victime, qui se sont montrés sceptiques face à cette nouvelle.
Notre gouvernement a entendu ces critiques et est sensible aux préoccupations soulevées par les personnes touchées, particulièrement par la famille de la victime. C'est pourquoi le a demandé, la semaine dernière, à la commissaire du Service correctionnel du Canada de procéder à un examen en profondeur du transfert. Ce seront deux cadres supérieurs hautement qualifiés du Service et un membre autochtone éminent de la collectivité qui réaliseront l'examen. L'objectif de celui-ci consistera à déterminer si la décision relative au transfert en question a été prise dans le respect des politiques et des procédures du Service correctionnel du Canada. L'examen visera également à cerner les modifications de politique ou les changements requis, le cas échéant.
Notre gouvernement reconnaît l'effet que peuvent avoir ces décisions sur les familles des victimes, et nous ne prenons certainement pas cela à la légère. Toutefois, nous reconnaissons aussi l'importance de permettre aux professionnels du Service correctionnel du Canada de faire leur travail sans ingérence politique, afin qu'ils puissent mener à bien leur mandat d'assurer la sécurité des collectivités canadiennes au moyen de mesures carcérales appropriées, de la réhabilitation efficace et de la réinsertion sociale sécuritaire des délinquants purgeant une peine de ressort fédéral.
Notre gouvernement a été élu, il y a près de trois ans, grâce à une plateforme électorale dans laquelle nous avons promis d'exercer notre pouvoir selon une approche réfléchie et fondée sur des données probantes. Dans le cadre de cette approche, nous sommes d'avis qu'il faut confier aux professionnels des services correctionnels de notre fonction publique la responsabilité de prendre les décisions qu'ils sont les mieux placés pour prendre. Notre gouvernement a entrepris de réaliser un examen complet des faits du dossier et s'assurera que le transfert de la délinquante a été géré dans le respect des politiques et des procédures en place au Service correctionnel du Canada.
Étant donné que ce dossier est chargé sur le plan émotionnel, et en raison de la quantité de renseignements erronés qui circulent à ce sujet, j'aimerais profiter du temps qu'il me reste aujourd'hui pour rectifier les faits au sujet du pavillon de ressourcement en question. Le Pavillon de ressourcement Okimaw Ohci est situé en région éloignée, sur le territoire de la nation de Nekaneet, à 32 kilomètres du village le plus près, Maple Creek, en Saskatchewan. Le pavillon de ressourcement a ouvert ses portes en 1995 en tant qu'établissement à niveaux de sécurité multiples géré par le Service correctionnel du Canada. Aucune délinquante ne s'en est évadée au cours de la dernière décennie.
Comme c'est le cas dans toutes les installations du Service correctionnel du Canada, des mesures de sécurité passives et actives sont en place pour assurer la sécurité du personnel, des délinquantes et du public en général. Des caméras sont stratégiquement placées à l'intérieur de l'établissement et sur le terrain, et les images sont surveillées en tout temps par le personnel de sécurité. Le personnel est équipé pour employer des méthodes de fouille intrusives et discrètes, comme des fouilles régulières des unités des délinquantes et des aires communes, des fouilles à nu, des inspections à l'aide d'un spectromètre de mobilité ionique et l'analyse d'urine.
Un plan de fouille est en place dans ce pavillon de ressourcement et le personnel procède régulièrement à des fouilles quotidiennes des installations et des délinquantes. Le personnel procède également à des patrouilles de sécurité et au dénombrement des délinquantes tout au long de la journée et de la nuit. L'établissement est aussi équipé de systèmes d'alarme pour informer le personnel lorsqu'une délinquante quitte son unité en dehors des heures normales. En outre, une équipe interdisciplinaire composée d'agents correctionnels, de professionnels de la santé et d'autres employés de première ligne, y compris des aînés, veille à ce que tout changement de comportement des délinquantes soit consigné, évalué et géré en conséquence.
Des représentants du Service correctionnel du Canada évaluent continuellement le comportement d'un délinquant ou d'une délinquante et le risque qu'il ou elle représente et entame un transfert lorsque ce dernier ou cette dernière est considéré comme étant impossible à gérer au sein du pavillon de ressourcement. Les transferts sont un aspect important de la capacité du Service correctionnel du Canada de gérer les détenus sous responsabilité fédérale, ainsi qu'un outil important pour mener à bien le mandat du Service. Celui-ci consiste à assurer la réhabilitation et la réinsertion sociale des délinquants de manière efficace.
Je tiens à préciser, encore une fois, que Service correctionnel Canada évalue régulièrement les risques que représentent les délinquants afin de leur attribuer la cote de sécurité appropriée.
Notre gouvernement a demandé à Service correctionnel Canada de revoir le dossier en question. Nous nous assurerons que la loi et les politiques ont été respectées tout au long du processus.
Le gouvernement tient à instaurer une culture d'autoanalyse continue. De plus, il veillera à ce que les politiques et les pratiques reposent sur des données probantes, qu'elles demeurent actuelles et qu'elles tiennent compte d'un environnement en constante évolution.
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Monsieur le Président, j'ai apprécié le discours de mon collègue, tout comme j'apprécie son expérience et son expertise.
Tentons de faire de notre mieux pour ne pas culbuter dans des envolées oratoires qui peuvent parfois être très émouvantes, parce que le sujet l'est, mais qui peuvent nous faire dévier de l'objectif que nous avons tous, soit celui de trouver le bien commun. Justement, comment trouver le bien commun?
Je comprends les explications du député ministériel — peut-être qu'il sera un jour ministre, mais il lui reste un an pour le faire, parce que dans un an, c'est bien sûr nous qui serons au pouvoir. Sourions un peu pendant ce très émouvant débat.
Revenons à la réalité. Dans les faits, la loi permet de faire que la personne soit analysée par les fonctionnaires qui, par la suite, vont faire leurs recommandations. La loi donne également au ministre le pouvoir discrétionnaire d'agir.
Dans le cas présent, tous les Canadiens reconnaissent que la situation est horrible, que le crime est odieux, que le gros bon sens des Canadiens doit être mis en avant et que le ministre doit se servir de son pouvoir discrétionnaire, que j'appelle personnellement « le pouvoir du gros bon sens ».
Pourquoi le député ministériel ne dit-il pas à son ministre qu'il a tenu des propos malheureux? Je suis persuadé que le député est d'accord avec moi. Parler de mauvaises habitudes lorsqu'il est question du crime odieux qui a été commis est tout à fait inacceptable. Il a erré et il en paie le prix.
À mon avis, le gros bon sens canadien nous permettrait de régler cette situation rapidement si le ministre se levait et que, d'autorité, il utilisait son pouvoir pour renvoyer cette personne derrière les barreaux.
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Monsieur le Président, comme d’autres l’ont fait avant moi, je tiens à exprimer ma sympathie à la famille de Tori Stafford. Ce doit être très difficile pour elle d’écouter ce débat et de prendre connaissance de ce qui s’est passé car, à certains égards, c’est comme si on leur faisait revivre leur pire cauchemar.
Le gouvernement comprend les Canadiens qui s’inquiètent de la sécurité des collectivités. Peu importe ce qu'ils pensent de cette affaire, nous voulons assurer aux Canadiens que la protection de la société est le principal souci du gouvernement et que la sécurité publique est au coeur de toutes les décisions que l’on prend par rapport à la cote de sécurité et au transfèrement des détenus.
Service correctionnel Canada est reconnu à l’étranger comme un leader mondial dans son domaine et il a une longue tradition de coopération avec des partenaires nationaux et internationaux dans la stabilisation et la reconstruction des systèmes de justice pénale. Sa réputation est reconnue non seulement au pays, mais aussi à l’étranger.
Service correctionnel Canada évalue régulièrement les risques présentés par tous les délinquants, de façon à les loger dans les établissements appropriés. Les divers éléments à prendre en considération sont codifiés dans la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous caution selon les critères suivants, en matière de sélection de l’établissement pénitentiaire:
Le Service doit s’assurer, dans la mesure du possible, que le pénitencier dans lequel est incarcéré le détenu constitue un milieu où seules existent les restrictions nécessaires, compte tenu des éléments suivants:
a) le degré de garde et de surveillance nécessaire
i) à la sécurité du public,
ii) à celle du pénitencier, et
iii) des personnes qui s’y trouvent et du détenu.
La Loi prévoit plusieurs autres critères. Ce sont les critères que Service correctionnel Canada utilise pour toute personne qui arrive dans l'établissement et qui doit obtenir une cote de sécurité maximale, moyenne ou minimale ainsi que pour toute la durée de son séjour dans l'établissement, que ce soit pour une modification de cote ou un transfert dans un autre établissement.
Les Canadiens ne doivent pas oublier qu'il ne s'agit pas de cotes déterminées à la légère et que l'on tient compte de lignes directrices et de politiques lorsque vient le temps de transférer un détenu ou de déterminer sa cote de sécurité.
Immédiatement après la détermination de la peine, les fonctionnaires de Service correctionnel Canada entreprennent un processus d'évaluation complet afin de déterminer les besoins immédiats en matière de sécurité et les préoccupations cruciales conformément à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Les facteurs essentiels dont on tient compte servent à déterminer la cote de sécurité d'un délinquant et l'établissement où il sera envoyé, ce qui comprend l'adaptation au milieu carcéral, le risque d'évasion et le risque pour la sécurité publique. Qui plus est, l'Échelle de classement par niveau de sécurité, un outil actuariel, est aussi utilisée pour aider dans la détermination de la cote de sécurité initiale la plus appropriée pour le placement pénitentiaire d'un délinquant.
L'historique social des Autochtones doit aussi être systématiquement pris en considération lors de l'évaluation des risques. Ce n'est qu'une fois que le Service correctionnel du Canada a procédé à une évaluation complète des risques qu'il décide de placer le délinquant dans un établissement en particulier.
J'espère avoir, jusqu'ici, exprimé clairement l'idée que c'est à l'issue d'une démarche très rigoureuse que sont prises les décisions concernant le danger que représente un délinquant, soit maximal, minimal ou moyen, et concernant l'établissement où il doit être placé.
Si l'on s'en tient à la motion d'aujourd'hui, les conservateurs veulent que le ministre intervienne et qu'il fasse tout bonnement table rase du travail qui a été accompli pour arriver à la décision. Le ministre imposerait sa décision à lui pour un motif essentiellement politique. La motion des conservateurs demande au ministre d'ignorer le dossier ayant servi à justifier le transfèrement dans cet établissement et d'y substituer sa propre décision en s'appuyant sur des faits qui, de l'avis de toutes les personnes présentes dans cette enceinte, sont absolument scandaleux.
Un examen a été déclenché par l'indignation généralisée. Je dis « généralisée » parce qu'elle est ressentie par les députés siégeant des deux côtés de la Chambre. La commissaire est venue témoigner devant le comité de la sécurité publique la semaine dernière. Elle devait à l'origine parler de son mandat. Cependant, l'affaire dont il est question aujourd'hui a complètement éclipsé les autres sujets dont elle voulait parler. Soumise à un barrage de questions répétitives et, je dirais même, parfois agressives de la part des conservateurs, elle a déclaré, à la fin de son témoignage: « Je tiens à dire clairement que cette tragédie a bouleversé de nombreuses vies pour toujours. On m'a demandé de procéder à un examen du dossier, et j'ai la ferme intention de le faire. »
C’est la procédure à suivre. En effet, face à un ensemble de faits que nous considérons tous comme choquants et qui suscitent des questions parmi les parlementaires et les Canadiens en général, le ministre n'a pas à changer simplement la décision parce qu'il n'en est pas content. Il demande plutôt à la commissaire de revoir le dossier et de s'assurer qu'on a eu recours à de bonnes pratiques.
C’est exactement ce qu’il a demandé à la commissaire. C’est ce qu’elle a répété à maintes reprises et pourtant, les députés conservateurs n’ont pas été satisfaits de cette réponse. Ils voulaient simplement que le ministre prenne une décision arbitraire sur-le-champ. En fait, ils veulent que le ministre prenne une décision unilatérale, sans se soucier des faits ni du processus, parce que le ministre ne peut pas procéder comme je l'ai décrit. Ils lui demandent donc de faire exactement ce qu’ils n'auraient pas voulu faire lorsqu’ils étaient au pouvoir.
Le ministre ne peut dire à la commissaire du Service correctionnel du Canada comment gérer tel ou tel délinquant, tout comme il ne peut pas dire au commissaire de la GRC qui arrêter. C’est exactement ce qu’a dit mon ami, le député de , lorsqu’il était ministre de la Sécurité publique. Il a aussi dit qu’il n’avait aucun contrôle sur la cote de sécurité de tel ou tel prisonnier. En 2014, il avait raison. Maintenant, en 2018, il se trouve de l’autre côté de la Chambre et il souhaite que nous fassions exactement le contraire de ce qu’il préconisait il y a quatre ans.
Benjamin Perrin, un ancien membre du personnel du cabinet de M. Harper, a récemment écrit ceci sur Twitter: « C’est peut-être une opinion impopulaire, mais je suis inquiet de voir des politiciens décider du traitement de tel ou tel délinquant ».
C’est non seulement peu avisé de microgérer des délinquants, c’est aussi illégal. Aucun ministre ne peut dire à la commissaire comment gérer tel ou tel délinquant, pas plus qu’il peut dire à la GRC qui arrêter. Il y a un mur entre la commissaire et le ministre, un mur qui repose sur la logique, la loi et le bon sens. Le ministre établit la politique et la commissaire l’exécute.
On serait arrivé plus facilement à me persuader d’appuyer la motion si elle n’avait pas dit essentiellement: « Peu importe la décision, prenez-la maintenant. Annulez la décision de la commissaire ». J’aurais préféré: « Cet ensemble de faits est choquant, veuillez demander à la commissaire de revoir les faits et de confirmer que les politiques ont été respectées. Si ces faits et les faits dans d’autres dossiers vous incitent à modifier la politique, qu’il en soit ainsi ». Ça devrait être ainsi que les lois et les politiques sont dûment respectées.
Malheureusement, je ne pourrai pas appuyer cette motion. J’aurais aimé que le texte de la motion soit rédigé de manière un peu plus réfléchie. Cependant, ce n'est pas le cas.
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Monsieur le Président, en vérité, je ne peux croire que je doive faire un discours sur ce sujet, parce qu’il me semble que c’est si manifestement une question de bon sens qu’on ne devrait pas avoir à en débattre toute une journée pour convaincre le gouvernement de la bonne chose à faire. Cependant, nous en sommes là.
Lorsqu’un gouvernement se soucie de sa population et que des problèmes qu’elle éprouve sont portés à son attention, il a le devoir d’agir. Chaque jour, c’est ce que nous faisons depuis nos bureaux de députés de toutes sortes de façons. Bien souvent, des gens nous arrivent avec des questions et des problèmes en apparence insurmontables et auxquels nous n’avons pas les réponses. Ce sont parfois des problèmes qui sont très difficiles ou qui ne cadrent pas avec la logique d'une politique, mais nous essayons quand même d'aider les gens, nous compatissons avec eux et nous leur disons que nous ferons de notre mieux pour régler le problème.
Dans tout ce que j’ai entendu de la bouche du et du , jamais ils n'ont dit qu'ils allaient régler ce problème. Ils vont se pencher sur le problème. Ils vont examiner le processus dont le problème découle, mais ils n’ont jamais dit que le problème devait être réglé. C’est pourquoi nous, les députés conservateurs, sommes ici aujourd’hui. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un problème réel.
La question que je vais aborder aujourd’hui a deux volets: premièrement, nous devons corriger l’erreur qui a été commise et, deuxièmement, nous devons nous assurer que cela ne se reproduise plus jamais.
Malheureusement, je crois que je dois commencer par prouver qu’il y a effectivement une erreur à corriger, parce que bon nombre de députés ministériels ont laissé entendre que rien de mal ne s'était produit dans ce dossier. Soit une modification a été apportée à la classification qui remonte à plusieurs années et, par conséquent, il n’y a rien de mal ici, soit il n’y a vraiment aucune comparaison à faire entre les deux établissements, donc il n’y a pas vraiment de mal ici.
La réalité que les gens connaissent et dont ils parlent, c’est que Terri-Lynne McClintic a plaidé coupable de meurtre au premier degré. Elle a été inculpée, puis condamnée à 25 ans de prison et elle en a purgé huit. Il y a neuf mois, Mme McClintic a été transférée d’un établissement du nom de Grand Valley à un pavillon de ressourcement en Saskatchewan. Notre parti et l’opposition en général s'inquiètent particulièrement, entre autres, de la présence d'enfants dans le pavillon de ressourcement de la Saskatchewan où Terri-Lynne McClintic purge une peine pour le meurtre au premier degré d’une enfant de huit ans. Nous croyons que c’est l'élément principal à prendre considération lorsqu'il s'agit de déterminer dans quel établissement une délinquante sera détenue.
Pour justifier le choix qu'il a fait de ne pas intervenir, le ministre utilise deux arguments. Il affirme que la classification n'a pas changé. En 2014, Mme McClintic a été reclassée dans la catégorie des détenus à sécurité moyenne et, aujourd'hui, elle est toujours une détenue à sécurité moyenne. Il fait aussi valoir qu'il n'a tout simplement pas le pouvoir nécessaire pour faire ce que l'opposition lui demande. Je rejette ces deux arguments.
Le premier point, sur la classification, n'est qu'une diversion selon moi. Lorsque les gouvernements font face à des problèmes difficiles, trois voies s'offrent à eux pour les gérer. La première est d'essayer de jeter le blâme sur les députés de l'opposition en raison de mesures qu'ils ont prises dans le passé. La deuxième consiste à s'engager à effectuer un examen. La troisième est de passer à l'action.
Nous avons vu un exemple de la première voie. Le a répondu à la question en soulignant que les conservateurs ont modifié la classification et qu'ils n'ont pas réagi à l'époque. Ce n'est pas une réponse valable.
Il suffit de faire une recherche rapide sur Internet pour voir la différence entre l'Établissement Grand Valley et le pavillon de ressourcement situé en Saskatchewan. J'ai pris le temps de comparer ces deux endroits, principalement parce que je m'inquiète pour les enfants qui fréquentent les aires communes du pavillon de ressourcement. J'ai découvert que, contrairement à ce que le ministre a affirmé à la Chambre il y a quelques jours, bien qu'il y ait des enfants à l'Établissement Grand Valley, une clôture les sépare des détenus placés en sécurité moyenne. Le volet à sécurité minimale de l'établissement, qui héberge un programme pour les mères, est complètement séparé de l'endroit où Terri-Lynne McClintic aurait habité. C'est un point crucial, un point que le ministre n'aurait pas mentionné, puisqu'il préférerait affirmer qu'il s'agit d'un seul établissement.
Ce n'est pas une question de classification. C'est le choix de l'établissement qui est en jeu. Dans ce cas-ci, le pavillon de ressourcement est carrément inapproprié en raison de la nature et de la gravité des crimes dont Terri-Lynne McClintic a été reconnue coupable.
Le deuxième argument du est qu'il n'a pas le pouvoir d'intervenir. J'ai eu le bonheur et l'honneur d'être ministre dans un gouvernement précédent et je sais qu'il arrive que le ministère dise au ministre qu'il n'a pas le pouvoir de faire une chose, qu'il n'y a pas de politique qui en traite et qu'il ne peut aller dans une certaine direction. Lorsque cela se produit, le ministre a un choix. Il peut accepter le conseil et laisser aller les choses ou il peut choisir d'emprunter une voie différente. Les conservateurs demandent au ministre de choisir une voie différente parce que, heureusement, en interprétant la loi, on peut toujours trouver une façon de contourner ce qui semble bloquer une voie.
J'ai consulté d'autres documents pour voir si le a ce pouvoir. Imaginons que nous sommes dans la salle de conférence d'un ministre et qu'un avocat vient présenter une note indiquant qu'il y a un risque moyen à élevé que le ministre ou le ministère soit poursuivi si des mesures sont prises. On discute alors du contenu de la note et la meilleure voie à suivre est déterminée, souvent, en fonction du risque couru.
Si je recevais une note de service et qu'on me disait que je n'avais pas le pouvoir d'intervenir à titre de ministre, je me demanderais d'abord si c'est vrai et j'aurais une discussion sérieuse sur le niveau et la nature des risques. Si on me disait que des poursuites seraient intentées contre moi, je demanderais qui serait à l'origine de ces poursuites. Enfin, si on me disait qu'une prisonnière intenterait une poursuite contre moi pour l'avoir transférée dans un autre établissement, j'évaluerais les risques. Est-ce que cela ne vaut pas le risque de prendre cette décision si elle permet d'assurer la sécurité des enfants et l'imposition d'une peine appropriée à une personne reconnue coupable de meurtre au premier degré?
En outre, si les ministres ne partagent pas une opinion émise, ils pourraient examiner d'autres documents portant sur le sujet en question parce qu'il y a de nombreuses autres sources à vérifier pour déterminer les pouvoirs d'un ministre. Je pense que les Canadiens présument souvent que les députés sont pleinement habilités à apporter tous les changements qu'ils désirent. En tant que députés, nous croyons également que les ministres, surtout les premiers ministres, ont eux aussi le pouvoir d'apporter des changements.
Il faut comprendre le lien entre la fonction publique et les ministres. Les sous-ministres et le commissaire du Service correctionnel du Canada jouent un rôle très important dans notre système. Ils sont nommés par le premier ministre. Ils ne sont pas fonctionnaires, mais ils sont, plus généralement, au service du Canada.
Dans la lettre la plus récente envoyée par le au sujet du mandat de la nouvelle commissaire, il est écrit:
« [...] je me fonderai sur vos conseils et vos commentaires pour déterminer les priorités stratégiques du SCC et pour anticiper et gérer les enjeux touchant la sécurité publique ainsi que la solidité du SCC. »
« Je reconnais que certaines de ces initiatives nécessiteront peut-être de nouvelles autorités en matière de politiques [...] et nous pouvons travailler ensemble là-dessus. »
Le ministre, en donnant ces instructions à la nouvelle commissionnaire, lui fait comprendre que même si elle aura la responsabilité de le conseiller, c'est lui qui prendra la décision finale. C'est exactement comme cela que le ministre décrit cette relation. Or, il n'arrête pas de dire à la Chambre qu'il a les mains liées en se cachant derrière la responsable du Service correctionnel du Canada.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole au sujet de la motion de l'opposition présentée aujourd'hui par les conservateurs au sujet de cette horrible affaire.
Le mot « justice » peut être interprété de nombreuses façons. Il peut apporter du réconfort à ceux qui ont subi un préjudice et qui ont obtenu un dédommagement. Pour d'autres, il peut donner un sentiment de sécurité, parce que, peu importe le statut social d'une personne ou le poste qu'elle occupe, la loi est la même et tous sont égaux devant le tribunal. Pour certains, c'est un mot qui signifie le début d'un nouveau chapitre. Pour d'autres, il signifie la fin. Dans la plupart des cas, c'est un mot qui signifie que les gens peuvent passer à autre chose, car justice a été rendue. Or, il ne doit pas seulement y avoir justice, il doit aussi y avoir apparence de justice.
Il est difficile de trouver une description universelle pour ce mot, mais la plupart des Canadiens savent reconnaître la justice lorsqu'ils en sont témoins.
Ce que nous avons appris dans les dernières semaines est troublant. J'ai peine à le digérer. C'est tout le pays qui est ébranlé et qui n'arrive pas à croire ce qui se passe. J'ai essayé de trouver des paroles pour décrire ce qui est arrivé, mais en vain. Aucune parole ne pourra soulager la peine ou alléger les souffrances de la famille de Tori Stafford.
En tant que Canadien, je partage la frustration de mes concitoyens devant cet échec de notre système. En tant que parlementaire, j'ai honte qu'une telle situation ait pu survenir. En tant que père, je prie pour que justice soit rendue et qu'on mette fin à ce cauchemar.
À l'instar de la plupart des Canadiens qui suivent le débat à la maison, je me demande moi aussi comment une telle erreur a pu se produire. Comment le système a-t-il pu permettre cela? Comment une personne qui a reconnu sa culpabilité et qui a été condamnée à l'emprisonnement à perpétuité et qui était encore bien loin d'être admissible à la libération conditionnelle a-t-elle pu être transférée dans un pavillon de ressourcement? Je pourrais invoquer d'innombrables arguments pour montrer qu'il s'agit d'une terrible erreur, mais je ne peux trouver une seule justification à cette décision.
Pas plus tard qu'hier à Queen's Park, tous les partis politiques ont unanimement condamné cette décision. Ils ont mis de côté toute partisanerie. Ils ont fait front commun en tant que Canadiens, parents et représentants élus pour demander au gouvernement fédéral de revenir sur cette décision. Voilà précisément ce que nous devrions faire ici tout de suite.
J'exprime mes regrets à la famille de Tori. Je suis désolée que ses parents doivent revivre ce drame. Le système les a laissés tomber. Aucune excuse ni aucun argument ne pourra jamais justifier cette décision.
En tant que parlementaires, nous devons agir. Les Canadiens nous ont confié la responsabilité de faire preuve de leadership et c'est aujourd'hui qu'il faut prendre le taureau par les cornes. Le gouvernement doit exercer son pouvoir moral, juridique et politique pour annuler cette décision. Par surcroît, il ressort clairement que nous devons veiller à ce qu'une telle situation ne se reproduise plus jamais.
Un système judiciaire qui permet qu'un tel transfèrement se produise dans ces circonstances mine la confiance sur laquelle il doit reposer. Il n'y a pas de justice lorsqu'une personne reconnue coupable du meurtre d'un enfant, et qui n'a purgé qu'une infime partie de sa peine, est envoyée dans un pavillon de ressourcement. Cette meurtrière d'enfant, qui, soit dit en passant, a affiché un comportement violent derrière les barreaux, ne mérite ni traitement de faveur, ni sympathie. Cette meurtrière d'enfant a elle-même déclaré ce qui suit: « Passer les prochaines décennies de ma vie en prison n'est rien comparativement à ce qui a été enlevé à Tori. »
Aujourd'hui, nous devons prendre la défense de Tori, car, hélas, sa voix s'est éteinte à tout jamais. Faisons en sorte que la personne responsable de cet acte infâme ait le châtiment qu'elle mérite. La meurtrière sait qu'elle mérite d'être emprisonnée. Le jour même de sa condamnation, elle savait qu'elle devrait purger une très longue peine d'emprisonnement pour le crime épouvantable qu'elle avait commis et pour la vie qu'elle avait volée.
Que les choses soient bien claires. Cette personne ne mérite aucune clémence de la part du système pénal. Elle ne devrait pas avoir un sentiment de vie normale pendant qu'elle purge sa peine. Son crime n'était pas le résultat d'un accès de rage ni d'une négligence. Ce crime odieux était un acte calculé, bien organisé et intentionnel. Rien ne pourrait jamais me convaincre que cette femme est à sa place dans un établissement non clôturé.
Si c'est une politique qui doit être modifiée, modifions-la. C'est clair. Si nous devons rester ici toute la journée et toute la nuit pour trouver une solution, notre caucus est tout à fait disposé à le faire. Il y a manifestement un problème, car rien ne peut justifier ce transfèrement. Cette femme ne devrait jamais être à proximité d'enfants. Elle prend la place d'une personne qui pourrait sans doute bénéficier davantage d'un séjour dans un pavillon de ressourcement.
J'ai de la peine pour la famille de Tori. Aucune famille ne devrait avoir à vivre une telle situation. Les pensées de millions de Canadiens accompagnent cette famille. De nombreux habitants de ma circonscription ont communiqué avec moi dans la dernière semaine pour me dire à quel point ils sont horrifiés qu'un système pénal ait pu permettre une telle chose. Je tiens à ce que la famille sache qu'elle ne lutte pas seule et qu'elle n'a certainement pas tort de vouloir que cette décision soit annulée.
Ce matin, l'enquêteur en chef qui a aidé à découvrir la vérité au sujet de Tori a dénoncé le transfèrement de cette meurtrière dans un établissement de ressourcement. Bill Renton, qui a supervisé l'enquête de la police provinciale de l'Ontario, a émis une déclaration dans laquelle il dit ceci:
[...] je fais écho aux préoccupations d'une nation [...] Je crois que le système correctionnel doit favoriser la réinsertion des auteurs d'actes criminels qui ont fait leurs preuves pendant leur détention. [...] Nous remettons en question la décision de transférer Mme McClintic dans un pavillon de ressourcement de manière aussi précoce après la décision juste et appropriée de la déclarer coupable de meurtre au premier degré et de la condamner à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
Il ne s'agit pas de l'opinion du premier venu. C'est l'inquiétude d'un homme qui a enquêté sur ce crime odieux. M. Renton connaît très bien ce dossier. Il serait dans notre intérêt de l'écouter attentivement.
Je crois véritablement que nous pouvons tous mettre de côté nos divergences de vues et faire la bonne chose. Je demande à mes collègues de se joindre à nous et d'appuyer la motion. Nous sommes élus pour prendre des décisions difficiles, comme vient de le souligner mon collègue de . Nous ne pouvons pas nous dérober aux responsabilités collectives qui nous incombent.
Les articles 6 et 96 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition accordent au le pouvoir général d'émettre des directives sur les conditions de détention des contrevenants. Il suffirait donc que le ministre le veuille pour que cette femme, qui a commis des crimes atroces, retourne derrière les barreaux. Il pourrait modifier les critères de façon que les personnes qui se rendent coupables de tels crimes et qui ne sont pas admissibles à une libération conditionnelle avant des années ne puissent jamais être envoyées dans un pavillon de ressourcement.
Le Canada s'est doté d'un régime dit de « gouvernement responsable », et les fonctionnaires rendent compte de leurs faits et gestes aux Canadiens par l'entremise d'un ministre. Le simple fait de demander à un ministère de changer ses politiques ne devrait pas être vu comme une mesure drastique. C'est précisément dans ce but que les Canadiens élisent des députés. Cette femme a déjà été jugée et elle a été reconnue coupable. Le verdict du tribunal n'est remis en cause par personne. Il n'y a donc rien de déraisonnable à ce que les élus que nous sommes exigent que les politiques du Service correctionnel du Canada soient modifiées.
Si les politiques actuelles permettent qu'une femme qui a tué une enfant et qui a été condamnée à une peine d'emprisonnement à perpétuité soit transférée dans un lieu comptant des unités résidentielles familiales, c'est-à-dire où des enfants peuvent être présents, ces politiques doivent être changées. Si le système permet à une personne reconnue coupable de tels crimes de disposer de sa propre unité d'habitation, avec cuisinette, salon et salle à manger, nous devons y mettre un terme. Rendons justice à Tori.
J'implore mes collègues de faire front commun. Que ce jour soit celui où les aberrations comme celle-là ne seront plus possibles.