propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé au Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
— Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je remercie mon collègue, porte-parole en matière de sécurité publique, le député de , de me permettre de livrer ce discours aujourd'hui.
Je remercie également mes collègues qui sont présents, le député de , que je côtoie depuis 10 ans, et mes collègues de toutes les régions du pays, qui m'ont parfois livré des témoignages émouvants au cours des dernières semaines.
Je remercie également mon ami, le député de , aussi porte-parole en matière de sécurité publique. En outre, je suis bien sûr heureux de savoir qu'une personne pour qui j'ai beaucoup de respect prendra la parole tout à l'heure, soit notre porte-parole en matière de justice.
[Traduction]
Je suis ici grâce à la détermination des proches des victimes, qui se sont battus pendant des années pour que soit resserrée la législation sur la conduite avec facultés affaiblies et grâce à mon collègue de la magnifique ville de Langley, qui m'a raconté son histoire et m'a confié qu'il rêvait de faire de la Chambre un vecteur de changement et de pouvoir modifier la loi afin que plus personne ne soit victime des chauffards qui conduisent en état d'ébriété.
« Personne ne devrait endurer le terrible sentiment de perte que vivent les proches des victimes tuées par un conducteur en état d'ébriété »; voilà ce que mon collègue a écrit le 23 février lorsque j'ai présenté mon projet de loi. Il y a des milliers d'histoires qui seraient dignes d'être racontées, mais il a choisi de raconter celle de Kassandra.
Kassandra avait 22 ans lorsqu'elle a été fauchée par un conducteur ivre. Pour rendre hommage à sa fille et faire en sorte que sa peine se traduise par des gestes concrets, sa mère, Markita Kaulius, a fondé un organisme. Poser un geste concret, voilà l'occasion que nous offrons aujourd'hui aux députés, car je leur rappelle que plus de 1 200 Canadiens sont tués chaque année parce que des conducteurs irresponsables ont décidé de prendre la route même s'ils étaient ivres au lieu de rentrer chez eux par un moyen plus sûr.
Dans les mains d'un conducteur ivre, une voiture est une arme imprévisible qui peut causer des dommages irréparables. La conduite en état d'ébriété est dangereuse, et les dégâts qu'elle cause sont tout à fait évitables.
Plus de 100 000 Canadiens ont signé la pétition de Markita Kaulius, qui porte le nom de « Familles pour la justice », et réclament que l'on resserre la loi en imposant notamment des peines minimales obligatoires aux personnes reconnues coupables de capacité de conduite affaiblie causant la mort. Les Canadiens trouvent que la législation sur la conduite en état d'ébriété n'est pas assez sévère.
[Français]
C'est la raison pour laquelle je prends la parole aujourd'hui. Chaque jour, trois ou quatre personnes perdent la vie sur nos routes à cause de la conduite en état d'ébriété. C'est la cause première de mortalité relevant du Code criminel. L'alcool au volant continue de faire des ravages, malgré tous les efforts louables de sensibilisation.
Je pense ici aux efforts remarquables de l'Opération Nez rouge, qui a été créée par Jean-Marie De Koninck et qui a mené éventuellement à la création de la Table québécoise de la sécurité routière. J'ai le plaisir d'annoncer aujourd'hui que les mesures qui sont dans le projet de loi découlent des recommandations de la Table québécoise de la sécurité routière et visent à réduire la fréquence des accidents.
J'ai rencontré des experts, qui estiment que la seule manière d'enrayer ce fléau est d'augmenter la perception qu'ont les conducteurs de se faire arrêter pour conduite avec facultés affaiblies. En d'autres mots, c'est la peur de se faire prendre. C'est ainsi que nous, législateurs, avons la possibilité d'augmenter l'efficacité des mesures qui sont en place.
Les études démontrent que nos barrages routiers sont inefficaces à plus de 50 %, car les chauffards parviennent à camoufler leurs symptômes d'ébriété. MAAD, Les mères contre l'alcool au volant, affirme, preuve à l'appui, qu'une personne ivre peut conduire sa voiture pendant trois ans toutes les semaines avant d'être accusée. En tant que législateurs, nous avons la chance unique de mettre fin à cette hécatombe.
[Traduction]
Le projet de loi est articulé autour de trois axes: premièrement, raffermir les peines infligées aux récidivistes; deuxièmement, alléger la tâche des tribunaux en éliminant certaines lourdeurs et échappatoires juridiques; et troisièmement, soumettre systématiquement les conducteurs qui franchissent un barrage routier à un test d'alcoolémie afin de rendre les barrages plus efficaces et de détecter les alcooliques récidivistes qui réussissent à dissimuler leur ivresse. Pourquoi? Parce que nous pourrions sauver des vies.
Dans les pays où pareilles mesures ont été mises en oeuvre, des centaines de vies ont été sauvées. Des estimations prudentes nous permettent de croire que nous pourrions sauver pas moins de 200 vies pendant la première année suivant l'entrée en vigueur de la loi, et ce chiffre irait en augmentant.
[Français]
Comme je viens de le dire, le projet de loi a trois composantes: des sentences plus sévères pour les récidivistes, le désengorgement des tribunaux et le dépistage systématique.
En ce qui concerne les sentences plus sévères, j'aimerais, cet après-midi, insister sur deux mesures. Premièrement, dans les cas de conduite avec facultés affaiblies causant la mort, une peine minimale de cinq ans est proposée, selon la gravité et les facteurs aggravants. Bien que ce soit à peu près la sentence qui est donnée présentement, elle établit un seuil. En effet, dans notre société, il est important d'établir que la conduite en état d'ébriété est un crime qui doit être puni. Si une personne enlève la vie de plus d'une personne, des peines consécutives pourront être appliquées.
L'autre objectif des sentences plus sévères est de donner plus de latitude au juge pour qu'il augmente la période pendant laquelle une personne pourrait purger sa sentence. Ainsi, les récidivistes endurcis feront face à une peine de prison d'un an dans le cas d'une deuxième récidive et de deux ans lors des infractions supplémentaires, s'ils sont reconnus coupables. La sentence minimale sera donc de cinq ans lorsqu'une personne cause la mort d'une autre personne, et les peines seront consécutives si plusieurs personnes sont impliquées.
La deuxième mesure du projet de loi vise ce qu'on appelle le désengorgement des tribunaux en éliminant les échappatoires et les délais juridiques. En effet, des fins finauds utilisent les procédures judiciaires pour éviter de faire face aux conséquences de leurs actes et, surtout, pour engorger les tribunaux, ce qui entraîne des délais et des coûts importants. On sait à quel point il est important d'alléger les démarches pour permettre à nos tribunaux d'être efficaces et de rendre justice le plus rapidement possible.
Le projet de loi éliminera donc deux mesures. La première est celle que l'on appelle la défense du « dernier verre ». Dans ce cas, le conducteur prétend qu'il avait un taux d'alcoolémie supérieur à la moyenne au moment du test parce qu'il avait consommé une forte quantité d'alcool immédiatement avant de prendre le volant et que, au bout du compte, au moment de l'accident, il n'était pas en état d'ébriété. Évidemment, cela entraîne des délais juridiques.
L'autre défense est la suivante: le conducteur a tellement été ébranlé par l'accident qu'il a pris un verre. Il s'agit là de la défense du « verre d'après ». Si c'est le cas, c'est le cas. Toutefois, si c'est une entourloupette pour éviter de faire face aux conséquences, la loi doit être faite de manière à ce que l'on évite d'abuser de la bonne foi de nos tribunaux.
Ce sont les deux mesures mises en avant dans le projet de loi.
On souhaite également favoriser les plaidoyers de culpabilité, justement pour éviter d'engorger les tribunaux. Toutes les peines sont inférieures quand la personne admet son erreur et plaide coupable. Ainsi, c'est réglé et on évite d'engorger les tribunaux.
Ces deux mesures ont été proposées par notre gouvernement au cours des derniers mois. D'ailleurs, je tiens à saluer le travail de notre collègue l'ancien ministre de la Justice, Peter MacKay, pour qui cette cause était très importante. C'est donc le fruit de beaucoup de travail dont je bénéficie en incluant ces mesures au projet de loi.
Il y a également une mesure très importante pour les victimes qui a fait ses preuves. À cet égard, je tiens à remercier Marie-Claude Morin, porte-parole québécoise de Les mères contre l'alcool au volant, qui m'a aidé lors de l'élaboration du projet de loi, et Angeliki Souranis, présidente de Les mères contre l'alcool au volant, qui a perdu un fils lors d'un accident impliquant l'alcool.
Il s'agit d'une mesure préventive qui augmenterait la perception des récidivistes endurcis qu'ils peuvent se faire arrêter par le dépistage systématique.
J'ai mentionné que nos barrages routiers étaient inefficaces. En fait, plus de 50 % des conducteurs dont le taux d'alcoolémie était supérieur à 80 mg par décilitre passaient les contrôles routiers sans se faire intercepter. Autrement dit, on pète la balloune, mais on ne se fait pas prendre.
C'est un problème parce que cela diminue l'efficacité de nos barrages routiers et l'efficacité des arrestations pour conduite avec facultés affaiblies.
Au moment où un conducteur décide de prendre son véhicule, il est important qu'il soit conscient que nos barrages routiers sont efficaces. Comment peut-on le faire? On peut le faire en instaurant le dépistage systématique.
Je rappelle que le dépistage systématique est simplement une détection de l'alcool et que, par la suite, avec un appareil approuvé, il y aura une deuxième évaluation. Donc il s'agit simplement de détecter la présence d'alcool puisque présentement nos policiers doivent avoir des motifs raisonnables de croire qu'une personne a consommé de l'alcool.
On utilise un véhicule sur une voie publique. C'est une responsabilité qui vient avec des privilèges. Je n'accepterai jamais qu'on vienne dans mon salon mesurer ma consommation d'alcool, ou dans ma cuisine, ou sur une terrasse. Cependant, si je prends un véhicule et que je mets la vie des autres en danger, c'est évident que je dois faire face à la justice et aux autorités, comme c'est le cas quand on inspecte un véhicule routier. En tout temps, quand je me promène en voiture, on peut intercepter mon véhicule pour tester sa mécanique. C'est tout à fait normal qu'on vérifie une des trois conditions auxquelles je dois me conformer quand je prends le volant, c'est-à-dire être sobre, respecter le code de sécurité routière et avoir un permis de conduire valide.
En fait, plus des deux tiers des Canadiens sont d'avis que la police devrait être autorisée à faire passer un alcootest aux conducteurs de manière aléatoire pour lutter contre la conduite en état d'ébriété. Pourquoi? C'est parce que cela sauve des vies. Tous les pays qui ont instauré l'alcootest systématique ont affiché une réduction significative du nombre de décès sur les routes liés à l'alcool au volant.
[Traduction]
Des millions de Canadiens continuent de conduire avec les facultés affaiblies parce qu'ils ne craignent pas de se faire arrêter, et encore moins d'être accusés et condamnés. Selon les résultats d'études récentes, il est possible de conduire en état d'ébriété pendant plus de trois ans à raison d'une fois par semaine avant d'être accusé d'une infraction de conduite avec facultés affaiblies, et pendant plus de six ans avant d'être condamné. Nous avons la possibilité de corriger cette situation en augmentant l'efficacité des barrages routiers et en faisant en sorte que les conducteurs en état d'ébriété soient retirés de la circulation.
Je suis renversé par l'appui que reçoit le projet de loi. J'ai déjà remercié les organismes Les mères contre l'alcool au volant et Families For Justice. Tous les députés de mon parti et la plupart de leurs prédécesseurs qui siègent ou ont siégé au Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes ont recommandé l'adoption de la troisième mesure, c'est-à-dire les alcootests aléatoires. C'était en 2009. Nous avons maintenant l'occasion d'aller de l'avant. Pourquoi? Parce que le projet de loi sauvera des vies.
L'Association canadienne des policiers appuyait cette mesure en 2009 et elle l'appuie toujours. Je peux également citer l'Association canadienne des chefs de police. Certains députés ont peut-être rencontré M. Clive Weyhill. Son organisme est très favorable à cette mesure, car elle s'est avérée l'une des méthodes les plus efficaces pour lutter contre la conduite avec facultés affaiblies dans d'autres sociétés démocratiques.
Dans une perspective plus juridique, M. Hogg est un avocat réputé. Étant moi-même ingénieur, je ne le connaissais pas. Mon collègue de Niagara, qui est avocat, est d'accord.
[Français]
Il s'agit d'une des personnes les plus respectées en matière de justice et de Constitution. Je pourrais déposer le document, au besoin, mais il a établi que la validité des tests aléatoires serait confirmée par la Cour suprême du Canada.
Donc, essentiellement, nous avons un projet de loi avec de solides fondations juridiques et scientifiques. Je serai heureux, au cours des prochaines heures, de voir comment ce projet de loi peut avancer pour sauver des vies humaines et nous permettre, comme parlementaires, de faire notre travail.
:
Monsieur le Président, je voudrais commencer par féliciter mon collègue de et le remercier de son travail sur cet enjeu. Cet enjeu est extrêmement important et nous appuyons évidemment le but de ce projet de loi.
[Traduction]
Je suis ravi de participer au débat à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi .
Le projet de loi propose d'importantes mesures de réforme des dispositions du Code criminel sur la conduite avec facultés affaiblies.
Malheureusement, la conduite avec facultés affaiblies demeure la principale cause de décès d'origine criminelle au Canada. Il s'agit d'un fléau social depuis près d'un siècle. La condamnation récente de M. Muzzo, à Toronto, à une peine d'emprisonnement de 10 ans pour avoir causé la mort de trois enfants et de leur grand-père, nous rappelle encore une fois les terribles conséquences de la conduite avec facultés affaiblies.
Nous sommes tous d'accord pour dire que le Parlement doit prendre les mesures qui s'imposent pour lutter contre ce crime, qui tue plus de 1 000 Canadiens par année et qui cause des blessures, souvent graves, à des milliers d'autres.
Pour mettre fin à la conduite avec facultés affaiblies, il faut conjuguer les efforts des particuliers, des familles, des provinces, des territoires, du secteur touristique, des organismes de défense des droits, des écoles, des professionnels de la santé et des organismes de lutte contre l'alcoolisme et la toxicomanie. À mon avis, le Parlement doit aussi prendre part à ces efforts. Je remercie donc le député d'avoir porté cette question à l'attention de la Chambre en présentant le projet de loi .
Le projet de loi est très complexe. Il propose d'apporter d'importants changements aux dispositions législatives sur la conduite avec facultés affaiblies et sur l'ensemble des infractions relatives à la conduite.
Le projet de loi abrogerait les dispositions du Code criminel portant sur la conduite, y compris celles qui concernent les infractions relatives à la conduite avec facultés affaiblies et les nombreuses infractions relatives à la conduite, c'est-à-dire plus de 80. Ces dispositions seraient remplacées par une toute nouvelle section du Code criminel.
Ce ne serait pas la première fois que le Parlement se pencherait sur le problème de la conduite avec facultés affaiblies. En fait, le Parlement a un long historique dans le domaine et s'est attaqué à maintes reprises au problème de l'alcool au volant.
En 1921, le Parlement a adopté une loi faisant de la conduite en état d'ébriété un acte criminel. En 1925, il a ajouté les drogues à l'alcool dans la définition de l'infraction de conduite en état d'ébriété. En 1951, le Parlement a remplacé le concept d'état d'ébriété par celui des facultés affaiblies. Puis, en 1969, il a défini une nouvelle infraction en se fondant sur les techniques les plus récentes en matière d'alcootests. Cette infraction consiste à conduire un véhicule avec un taux d'alcool dépassant les 80 milligrammes par 100 millilitres de sang.
On surnomme communément cette infraction « la conduite avec une alcoolémie supérieure à 0,08 ». C'est une infraction criminelle distincte de celle qui consiste à conduire avec les facultés affaiblies. Le conducteur qui affiche une alcoolémie supérieure à la limite commet une infraction, peu importe qu'il conduise mal ou non ou qu'il affiche ou non des signes d'affaiblissement de ses facultés.
La mesure du taux d'alcool dans le sang doit être effectuée avec un instrument autorisé, qu'on appelle souvent un alcootest. Le test se déroule normalement dans un poste de police et il est effectué par un policier ayant reçu une formation spécialisée de technicien pour utiliser l'instrument autorisé.
La procureure générale du Canada dresse la liste des nouveaux instruments autorisés dans une ordonnance ministérielle, après avoir tenu compte de l'avis du Comité des analyses d'alcool, qui relève de la Société canadienne des sciences judiciaires, un organisme scientifique non gouvernemental. Le comité en question est composé de scientifiques judiciaires très dévoués qui oeuvrent comme bénévoles et qui, sans recevoir aucune rémunération, évaluent les alcootests selon les critères publiés par le comité. Le Comité des analyses d'alcool fait par la suite ses recommandations à la procureure générale du Canada, qui en tient compte.
En 1979, le Parlement a autorisé l'utilisation d'un alcootest routier, grâce auquel les policiers peuvent déterminer s'il est probable qu'un conducteur a une alcoolémie trop élevée. Si un conducteur échoue un alcootest routier, le policier a un motif raisonnable de croire que le conducteur est « au-dessus de 0,08 », ce qui constitue une infraction. Ce motif raisonnable est nécessaire pour exiger que le conducteur se soumette à un test avec un alcootest autorisé, dans un poste de police.
Seul le résultat de l'éthylomètre approuvé peut être utilisé en court pour prouver que l'alcoolémie dépassait 80 mg. En dépit des efforts du Parlement pour clarifier la loi, le régime en cas de conduite avec facultés affaiblies est le domaine du droit pénal où il y a le plus de contestations.
L'un des points sur lequel les tribunaux se sont beaucoup penchés concerne la preuve du taux d'alcoolémie. Le Parlement a légiféré une présomption réfutable selon laquelle la concentration d'alcool dans le sang au moment de l'analyse est réputée la même qu'au moment de conduire, en l'absence de preuve du contraire. Les tribunaux en sont venus à accepter une défense dans laquelle l'accusé et un ou deux de ses amis témoignent qu'il a consommé peu d'alcool. La défense demande ensuite à un expert de calculer la concentration d'alcool dans le sang au moment où l'accusé conduisait, selon son témoignage. Sans surprise, le résultat est inférieur à 80 et, par conséquent, il réfute la présomption, ne laissant à la poursuite aucun moyen de prouver qu'elle dépassait 80. Ce stratagème est connu comme la défense des deux bières.
Cette défense a été fortement restreinte en 2008 par la Loi sur la lutte contre les crimes violents. En 2012, la Cour suprême du Canada, dans l'affaire R. c. St-Onge Lamoureux, a confirmé la constitutionnalité des éléments clés de cette loi. Maintenant, pour invoquer le moyen de défense, l'accusé doit d'abord démontrer que l'éthylomètre approuvé ne fonctionnait pas correctement ou qu'il n'a pas été utilisé correctement. La preuve liée à la quantité d'alcool consommé n'est pas en soi une preuve que l'éthylomètre approuvé ne fonctionnait pas bien.
Cela a eu pour effet de réduire largement la durée des procès en diminuant le nombre de causes dans lesquelles la défense conteste l'exactitude de l'analyse de l'alcoolémie effectuée au moyen de l'éthylomètre approuvé. Il importe de souligner que les éthylomètres modernes sont très perfectionnés et qu'ils comportent des mécanismes de vérification internes qui assurent leur bon fonctionnement.
Malgré les changements apportés en 2008, je crois comprendre qu'il reste d'importants défis à relever quant à la preuve relative à l'alcoolémie devant les tribunaux. Je veux donc axer mes observations sur les mesures proposées dans le projet de loi concernant la preuve liée à l'alcoolémie, qui donnent suite, je crois, à la décision de la Cour suprême du Canada dans l'affaire St-Onge.
Le projet de loi propose de remplacer l'actuelle présomption réfutable relative à l'alcoolémie par une disposition qui prévoit que l'alcoolémie est présumée correspondre de façon concluante au résultat de l'analyse si les trois conditions suivantes sont réunies: l'éthylomètre approuvé était en bon état de fonctionnement; deux échantillons ont été prélevés à un intervalle d'au moins 15 minutes; les résultats des analyses démontrent une alcoolémie variant d'au plus 20 milligrammes.
Bien entendu, il faut se poser la question suivante: comment peut-on prouver que l'éthylomètre approuvé fonctionne correctement? Le projet de loi prévoit que l'éthylomètre approuvé est considéré en bon état de fonctionnement si le technicien qualifié s'est conformé aux procédures opérationnelles recommandées par le Comité des analyses d'alcool.
Je tiens aussi à souligner que le projet de loi vise à éliminer la possibilité d'invoquer la défense du dernier verre; on parle ici des personnes qui boivent puis sautent ensuite dans une voiture. Dans ces cas, le conducteur consomme une grande quantité d'alcool juste avant de conduire et il prétend que, même si l'alcoolémie mesurée était supérieure à 80 mg au moment où le test a été fait, l'alcool n'avait pas encore eu le temps d'être métabolisé pendant qu'il était au volant, et donc, son alcoolémie était inférieure à 80 mg au moment où il conduisait.
Le projet de loi propose aussi de limiter le recours à la défense du verre d'après. Dans ces cas, le conducteur boit de l'alcool après avoir été arrêté par les policiers, mais avant de fournir un échantillon d'haleine. Il prétend que son alcoolémie était inférieure à 80 mg pendant qu'il conduisait, mais qu'il a dépassé la limite permise à cause de ce verre d'après. Le projet de loi permettrait d'invoquer cette défense seulement dans les cas où le conducteur n'a aucune raison de s'attendre à ce que les policiers lui ordonnent de fournir un échantillon d'haleine.
Ce projet de loi prévoit beaucoup d'autres mesures, que je n'ai malheureusement pas le temps d'aborder compte tenu du temps qui m'est alloué. Il s'agit d'une mesure législative importante qui propose des modifications substantielles pour ce qui est de la conduite avec facultés affaiblies et des infractions routières en général. J'ai hâte d'entendre la suite du débat sur le projet de loi et de discuter des nombreux autres aspects qui y sont proposés.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole à propos d'une initiative aussi urgente et complexe, comme l'a aussi souligné le secrétaire parlementaire.
Je tiens d'abord à dire que nous croyons fermement qu'il faut étudier davantage le projet de loi, et j'ai hâte de collaborer avec les députés de tous les partis afin de faire progresser le débat sur l'approche globale et efficace dont toutes les collectivités ont désespérément besoin pour lutter contre la conduite avec facultés affaiblies.
[Français]
Je me tiens aux côtés de ma collègue, la députée de Jonquière. La communauté du Lac-Saint-Jean et elle ont également connu des tragédies évitables.
Elle m'a raconté l'histoire de Johanny Simard, tuée par un ivrogne récidiviste un mois avant son 16e anniversaire. Elle m'a aussi raconté l'histoire de Mathieu Perron et de Vanessa Viger. Ces jeunes mariés dans la vingtaine attendaient leur deuxième enfant lorsqu'ils ont été tués instantanément par un ivrogne récidiviste, qui se trouvait derrière le volant d'une camionnette roulant à toute vitesse. Leur fils Patrick, qui était assis derrière, n'avait que deux ans; il est mort peu de temps après, à l'hôpital.
Je tiens donc à remercier ma collègue de Jonquière de son aide dans ce dossier. Je la remercie également de s'être engagée à obtenir justice, à trouver des solutions pour l'avenir et à m'aider à comprendre ce que vit sa communauté.
[Traduction]
Cependant, les gens de Jonquière ne sont pas les seuls concernés. Un trop grand nombre de Canadiens ont vu des amis ou des membres de leur famille se faire blesser ou même tuer par des conducteurs aux facultés affaiblies. Pas plus tard que le mois dernier, un homme a été impliqué dans un incident de ce genre au nord de Toronto. Le secrétaire parlementaire a également fait allusion à cette affaire. Je tiens à citer ce que la juge Michelle Fuerst a écrit dans sa décision:
La triste réalité, c'est que la peine que j'impose aujourd'hui ne pourra ni combler le vide laissé chez les familles qui ont perdu trois enfants ainsi que leur grand-père ni permettre à une grand-mère et à une arrière-grand-mère de recouvrer la santé. Bien que le système de justice pénale puisse avoir un effet dissuasif et dénoncer des méfaits, il peut difficilement réparer des torts aussi graves que ceux causés dans cette affaire.
Ni les juges ni les législateurs ne peuvent combler le vide laissé chez ces familles. Cependant, en tant que parlementaires, nous avons la possibilité et le devoir de tenter de prévenir la prochaine tragédie. La prochaine victime de la conduite avec facultés affaiblies se trouve quelque part dans l'une de nos circonscriptions.
Nous devons aux victimes et à leur famille de renouveler notre engagement à trouver les mesures les plus efficaces pour arriver enfin à mettre un terme à la conduite avec facultés affaiblies. Les familles comptent sur nous pour ne pas simplement dire qu'on doit se montrer plus sévère à la suite de ces tragédies. Elles comptent sur nous pour prévenir le prochain accident, les prochaines blessures, le prochain décès. Cela signifie que nous devons tenir le débat dont le pays a besoin, en prenant appui sur des données et sur les leçons tirées d'autres pays et en mettant l'accent sur des moyens dissuasifs. Le temps est venu de mesurer les progrès réalisés à cet égard non pas en fonction du nombre d'années de peine purgées, mais en fonction du nombre de vies sauvées.
Voici certains faits.
Des gouvernements fédéraux successifs ont augmenté les peines prévues pour des infractions relatives à la conduite avec facultés affaiblies, soit en 1985, en 1999, en 2000 et en 2008.
Depuis 16 ans, la peine maximale prévue pour la conduite avec facultés affaiblies causant la mort est l'emprisonnement à perpétuité, et celle prévue pour la conduite avec facultés affaiblies causant des lésions corporelles est de 10 ans d'emprisonnement. La durée d'emprisonnement moyenne pour de tels crimes s'est allongée, et le pourcentage de contrevenants ayant reçu des peines d'emprisonnement a augmenté.
Quelle incidence cela a-t-il eue sur le taux de conduite avec facultés affaiblies? Selon les plus récents chiffres de Statistique Canada, le Canada a fait des progrès remarquables de 1985 à 2000, car le taux d'incidents de conduite avec facultés affaiblies a diminué de moitié. Cependant, après 2000, les progrès se sont interrompus.
Il y a six ans, le comité permanent de la justice a effectué une étude sur la conduite avec facultés affaiblies. Cette étude a révélé qu'en 2006, la dernière année pour laquelle des données étaient disponibles, un plus grand nombre de Canadiens avaient été tués par des conducteurs dont les facultés étaient affaiblies que dans n'importe quelle autre année depuis 1998, prolongeant une tendance observée depuis trois ans.
II est écrit dans ce rapport:
[…] la conduite avec facultés affaiblies demeure la principale cause criminelle de décès au Canada […] en dépit de tous nos efforts collectifs et de nos meilleures intentions, il est évident que le problème s’aggrave au Canada et que nous perdons du terrain dans la lutte contre ce fléau.
C'est encore le cas aujourd'hui.
Des données plus récentes montrent maintenant que le problème s'est accentué après 2009. Pourquoi en est-il ainsi?
Une analyse des données scientifiques effectuée par le groupe Mothers Against Drunk Driving fournit des pistes de réponse. D'après ces données, les médias, les politiciens et d'autres intervenants réclament souvent un durcissement des peines, dans l'espoir que cela aura un effet dissuasif sur les délinquants et sur tous ceux qui pourraient être tentés de conduire malgré des facultés affaiblies. Les recherches des 35 dernières années démontrent toutefois que le durcissement des sanctions pour conduite en état d'ivresse n'a pas, en soi, d'effet dissuasif spécifique ou général notable. En fait, les recherches démontrent que l'effet dissuasif vient principalement de la crainte d'une arrestation et, dans une moindre mesure, de la rapidité d'exécution de la sanction.
Cela peut sembler paradoxal, mais prenez un instant pour y penser. Les gens choisissent de conduire en état d'ébriété en sachant très bien qu'ils risquent d'en mourir. Si l'idée de cette ultime punition n'arrive pas à les effrayer, pourquoi se laisseraient-ils impressionner par la vague menace d'un emprisonnement?
Après avoir analysé les données provenant de multiples études réalisées au Canada et à l'étranger pendant plusieurs décennies, Mothers Against Drunk Driving arrive à cette conclusion brutale:
On ne peut pas justifier d'avoir recours à des peines d'emprisonnement prolongées sous prétexte qu'elles auraient un effet dissuasif spécifique ou général. De telles peines pourraient même favoriser le récidivisme.
Devant ces preuves scientifiques, on peut douter de l'efficacité des modifications que le projet de loi propose d'apporter à la détermination de la peine. Rappelons aussi que les nouvelles peines minimales obligatoires pourraient faire l'objet de contestations aux termes de la Charte.
Cela dit, le projet de loi vise également deux autres objectifs. En raison de ces deux objectifs, et parce que l'objectif fondamental du projet de loi requiert une intervention rapide, je suis d'accord pour qu'on poursuive le débat et qu'on étudie davantage ce projet de loi.
Premièrement, le projet de loi limiterait les moyens de défense juridiques douteux qui contribuent à la faiblesse alarmante du taux d’accusation et de condamnation du Canada en ce qui a trait à la conduite avec facultés affaiblies causant la mort. Mon collègue a déjà abordé cette question.
Deuxièmement, le projet de loi propose de soumettre les conducteurs à des alcootests aléatoires. Cette mesure a déjà été présentée à la Chambre et adoptée par de nombreux pays de l'OCDE, qui rapportent de bons résultats quant à la réduction de la conduite avec facultés affaiblies. D'après mes propres discussions avec des gens du domaine juridique et policier, je sais que la mesure ne fait pas l'unanimité. Toutefois, étant donné les tragédies qui ne cessent de se produire, comme celle du Lac-Saint-Jean, je ne vois pas comment on pourrait refuser que la Chambre étudie plus en profondeur cette mesure potentiellement efficace.
Cette disposition, ainsi que d'autres, mérite d'être étudiée, car nous savons qu'il ne suffit pas d'augmenter les sanctions comme nous l'avons fait à cinq reprises au cours de trois décennies. Il ne suffit pas d'ajouter des articles au Code criminel. Il nous faut des policiers qualifiés et bien appuyés sur nos routes. Nous devons collaborer avec les provinces et les territoires et il nous faut des outils d'enquête mieux pensés, pour éviter qu'un détail de procédure empêche les familles d'obtenir justice. Nous devons étudier les sanctions qui sont en vigueur afin de déterminer lesquelles sont efficaces. Il nous faut également des technologies permettant de détecter l'affaiblissement des facultés causé par la drogue.
Bref, je sais que tous les députés partagent notre engagement à l'égard de l'objectif du projet de loi, c'est-à-dire sauver des vies en luttant et en éliminant la conduite avec facultés affaiblies. De nombreuses lois et études adoptées par la Chambre poursuivaient ce même but.
Il me tarde de collaborer avec tous les députés à l'étude de ce projet de loi, et de l'évaluer selon les critères d'exhaustivité, de faisabilité, d'efficacité et de constitutionnalité. C'est notre devoir envers les familles dont j'ai parlé en début d'intervention et les innombrables personnes au pays qui ont subi une perte tragique et évitable, de nous plier à des normes rigoureuses, de refuser les demi-mesures et de trouver les solutions les plus efficaces pour regagner le terrain perdu au cours de la dernière décennie dans notre lutte contre la conduite avec facultés affaiblies.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre pour parler du projet de loi , qui a été présenté par mon collègue le député de . Je tiens à le remercier et à le féliciter. Il lutte avec passion contre la conduite en état d'ébriété au pays et il a su le démontrer dans ses observations à la Chambre aujourd'hui. Je suis très honoré de pouvoir prononcer quelques mots au sujet de sa mesure législative.
Je tiens également à le remercier d'avoir mentionné notre collègue Peter MacKay, qui a fait avancer les choses à cet égard. Le programme en matière de justice est très chargé et représente tout un défi, mais il a pris le temps d'aborder cette question.
Je suis ravi de voir mon collègue présenter ce projet de loi à la Chambre, qui vise à modifier le Code criminel en ce qui a trait aux infractions relatives aux moyens de transport. La mesure s'intitule Loi sur la conduite avec facultés affaiblies.
Nous le savons tous, l'alcool au volant demeure un grave problème social ici, au Canada. Comme d'autres l'ont dit avant moi, de 1 200 à 1 500 automobilistes, passagers, cyclistes et piétons meurent chaque année à cause de la conduite avec facultés affaiblies.
Et c'est sans parler des énormes coûts humains et sociaux de l'alcool au volant. Au total, les conducteurs en état d'ébriété bouleverseraient la vie de 70 000 personnes de plus chaque année. Quant aux dommages à la propriété, aux blessures physiques, aux troubles psychologiques, comme l'état de stress post-traumatique, et autres, on en estime les coûts à 20 milliards de dollars par année.
C'est beau les statistiques, mais il n'y a pas que cela qui devrait nous intéresser, ou nous préoccuper, car la conduite avec les facultés affaiblies est à l'origine de nombreuses tragédies humaines. Nous avons presque tous un proche ou un ami qui a perdu la vie à cause d'un conducteur ivre. Bon nombre de députés se souviendront sans doute de la poignante histoire de Francis Pesa, qui avait 20 ans lorsque, le 1er janvier 2014, un conducteur en état d'ébriété a abruptement mis fin à sa vie en changeant brusquement de voie et en entrant en collision avec son véhicule.
Francis voulait devenir comptable. Il était rentré à Calgary à peine deux heures plus tôt après un voyage à ses Philippines natales, où il s'était rendu pour venir en aide aux victimes du terrible typhon qui s'était abattu sur le pays. Ce jeune homme n'aura jamais plus l'occasion de faire la carrière valorisante et gratifiante dont il rêvait et qui lui aurait permis de contribuer à la vie de sa région et de son pays. Il n'aura jamais le plaisir d'avoir une femme, des enfants et des petits-enfants. Sa famille et ses amis ont perdu un être cher et cette tragédie les affectera à jamais. Le Canada a perdu un citoyen productif dont les rêves et les aspirations ne deviendront jamais réalité.
Selon Robert Solomon, professeur de droit à l'Université Western et directeur national des politiques législatives au sein de MADD, que j'ai rencontré à plusieurs occasions, la conduite avec facultés affaiblies est la première cause criminelle de décès au pays. Cela touche chacun de nous.
Je me souviens clairement, il y a quelques années, on a frappé à la porte très tôt le matin. C'était la cousine de mon épouse. Elle était en larmes et nous a transmis la terrible nouvelle du décès de la tante de mon épouse, Armida McIntosh, tuée par un chauffeur en état d'ébriété. Alors qu'elle rentrait chez elle sur la promenade Niagara le soir, son véhicule a été percuté de plein fouet par un véhicule rempli de jeunes hommes qui avaient bu et avaient pris la route. Bien peu de gens au pays ne sont pas touchés de près ou de loin par la conduite avec facultés affaiblies.
La Chambre a le devoir d'envoyer un message et un avertissement à ceux qui choisissent de prendre le volant après avoir bu, et ce message est simplement: « Ne le faites pas. Ne courez pas le risque, parce qu'une loi augmente les pénalités et les conséquences. » La mesure à l'étude aujourd'hui, le projet de loi , est assortie d'une peine obligatoire d'un minimum de 5 ans et d'un maximum de 25 ans pour conduite avec facultés affaiblies ayant causé la mort. Dans les cas ayant entraîné la perte de plus d'une vie, le juge pourrait appliquer des peines consécutives.
J'approuve cette disposition, qui ferait en sorte que toutes les victimes comptent et que des comptes soient rendus pour chacune d'elles.
C'est également avec plaisir que je vois que la peine maximale pour la conduite en état d'ébriété passerait de 10 à 14 ans. Voilà une mesure dissuasive. Elle envoie un message clair qui, selon moi, aurait pour effet de réduire le nombre de victimes de la conduite en état d'ébriété au Canada.
J'ai remarqué que le secrétaire parlementaire a parlé dans son discours d'un aspect de la Loi de 2008 sur la lutte contre les crimes violents. Ce fut un honneur pour moi d'être ministre de la Justice lorsque cette mesure a été présentée.
Entre autre, elle s'attaquait à la défense dite des deux bières. Il s'agit d'une défense que l'on présentait de plus en plus souvent et qui posait un problème croissant. Quiconque souhaitait invoquer cette défense n'avait qu'à inviter quelques-uns de ses amis à témoigner en cour que le résultat du test devait être erroné car leur camarade avait seulement bu deux bières. J'étais très heureux de pouvoir rectifier le problème à l'époque.
C'était un pas dans la bonne direction, tout comme j'estime que ce dont il est question aujourd'hui est un pas dans la bonne direction parce que, comme je l'ai déjà fait remarquer, de 1 200 à 1 500 personnes au Canada sont tuées par la conduite en état d'ébriété, et le nombre de personnes touchées par ces décès est infiniment plus grand.
Nous avons la responsabilité solennelle en tant que législateurs de protéger les citoyens de notre grand pays et de veiller à ce que ceux qui mettent la vie des autres en danger en conduisant en état d'ivresse aient de graves conséquences à assumer; c'est pourquoi je demande à mes collègues à la Chambre de bien réfléchir à la question à tête reposée et de faire front commun dans la lutte contre la conduite en état d'ébriété au Canada en adoptant le projet de loi , qui renforcera la législation existante.
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Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir aujourd'hui pour parler d'une question importante à laquelle la société doit faire face depuis de nombreuses années.
Je suis reconnaissant au secrétaire parlementaire d'avoir retracé l'historique des mesures en matière de droit criminel que même la vénérable Chambre des communes a dû prendre au fil des ans pour dissuader des individus de conduire en état d'ébriété.
J'aimerais aborder la question d'un angle différent et parler des années où j'ai siégé à l'Assemblée législative du Manitoba. À cette époque, nous étions saisis d'un certain nombre de questions, et le problème de la conduite avec facultés affaiblies revenait tous les ans. Un grand nombre d'organisations et d'intervenants avaient de sérieuses préoccupations. Je me souviens que, à quelques reprises, on nous avait demandé d'exercer des pressions auprès d'Ottawa pour que des changements soient apportés au Code criminel. Je me rappelle aussi beaucoup d'autres discussions qui allaient au-delà de cette question. Je rejoins ici ce qu'un intervenant a dit plus tôt aujourd'hui, soit qu'il ne suffit pas d'examiner le Code criminel. Si nous souhaitons véritablement nous attaquer à ce problème, nous devons adopter une approche plus holistique.
J'aimerais attirer l'attention de la Chambre sur deux ou trois choses. Nous avons besoin d'une mesure législative qui réforme le droit criminel de manière à ce que nous puissions trouver un moyen de dissuasion. C'est absolument essentiel. Je suis certain que nous aurons encore bien des débats là-dessus.
Je tiens à souligner un autre aspect de la question, soit l'éducation. Quand je parle d'approche globale, je parle en réalité de l'importance d'une collaboration entre les différents ordres de gouvernement. Permettez-moi de donner à la Chambre un exemple précis.
J'étais adolescent dans les années 1970. À l'époque, c'était tout à fait acceptable, et même courant, de prendre la route après avoir consommé de l'alcool. Je travaillais dans un garage où certains mécaniciens avaient l'habitude de boire du rye sans se faire poser de questions et de partir ensuite au volant d'une voiture. Dans les années 1970, personne ne leur aurait dit qu'il ne fallait pas conduire après avoir bu. J'ai terminé mes études secondaires dans une école urbaine à la fin des années 1970 et je ne me rappelle pas que mes pairs se soient fait dire qu'il ne fallait pas conduire en état d'ébriété.
Je vais maintenant parler des années 1980. À cette époque, il y a eu une diminution des décès attribuables à la conduite avec facultés affaiblies. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, une approche beaucoup plus proactive a été adoptée au sein du système scolaire. Les jeunes Canadiens ont vraiment commencé à comprendre. Ces 15 dernières années, des attitudes très progressistes ont été observées, en particulier dans les écoles secondaires. Si nous faisions quelques recherches, nous le constaterions.
Maples Collegiate est une école secondaire de ma circonscription, Winnipeg-Nord. Les élèves ont proposé l'idée d'un laissez-passer « Finissants sans accident ». Il s'agit d'un laissez-passer spécial remis à un invité afin qu'il participe aux célébrations des finissants, car lors de ces célébrations, la consommation d'alcool est souvent très élevée. Dans diverses écoles, on donne également des cours obligatoires où l'on renseigne les jeunes sur la conduite automobile et les comportements sécuritaires lors des célébrations de finissants. Voilà le type de programmes qui contribuent à changer les choses, selon moi.
Il est important que nous débattions du projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui. Je comprends pourquoi le député propose que nous ajoutions d'autres mesures dissuasives. Il ne fait aucun doute que cela fera l'objet d'un débat approfondi. Toutefois, nous devons regarder au-delà du projet de loi pour une bonne raison.
Tous les députés qui ont pris la parole aujourd'hui ont raconté des histoires. Si nous regardons les chiffres, on constate que bien des histoires ne seront jamais racontées. Nous parlons de plus de 20 000 vies, dont certaines sont abrégées parce que quelqu'un a conduit en état d'ébriété. Il est triste de voir quelqu'un perdre la vie pour cette raison, quel que soit son âge.
Je suis particulièrement touché lorsqu'une personne relativement jeune est tuée ou lorsque plusieurs personnes sont tuées par un conducteur ivre. Cela arrive trop souvent. Chaque année, plus de 1 000 Canadiens perdent la vie par la faute d'un conducteur ivre, sans parler des milliers d'autres qui sont blessés.
Quelqu'un a mentionné l'organisme MADD, Mothers Against Drunk Driving. Toute personne qui y a travaillé peut nous raconter des histoires sur la réalité et les conséquences de la conduite en état d'ébriété. Ces histoires ont de quoi faire dresser les cheveux sur la tête de la plupart des Canadiens. Il suffit de consulter le site Web de l'organisme pour avoir une bonne idée des conséquences.
Ce que je trouve intéressant dans l'organisme MADD, c'est qu'il tend à avoir une approche holistique. Je crois qu'on y comprend l'importance de la sensibilisation. J'insiste là-dessus. Un grand nombre de problèmes dans la société peuvent être abordés au moyen de la sensibilisation. Cela ne veut pas dire que les lois ou le Code criminel ne devraient pas en traiter. Nous devons veiller à avoir des lois dissuasives et à ce qu'il y ait des conséquences.
Ceux qui conduisent en état d'ébriété doivent savoir et comprendre que ce n'est pas sans conséquence. Mais, très souvent, ceux qui conduisent en état d'ébriété ne prennent pas la route en pensant qu'ils vont être impliqués dans un horrible accident. Ils croient qu'ils vont s'en tirer. Pour ceux qui prennent la route, il doit y avoir des conséquences. Nous devons sensibiliser les gens pour qu'ils comprennent que, lorsqu'ils prennent la route alors qu'ils sont ivres ou que leur alcoolémie dépasse .08, la probabilité d'un accident est grandement accrue.
C'est une chose que bien des générations de Canadiens ne comprenaient pas; ils n'en étaient pas conscients. Grâce à l'excellent travail de nombreux organismes et à des débats comme celui d'aujourd'hui, les Canadiens comprennent mieux les conséquences. Mais je ne sais pas trop à quel point nous avons réussi à convaincre les gens et à les inciter à ne pas prendre le volant lorsque leurs facultés sont affaiblies.
Je suis certain que des programmes spéciaux seront organisés pendant le temps des Fêtes. L'idée des alcootests aléatoires est très intéressante et elle devrait faire l'objet de plus amples discussions. Par contre, nous ne devrions pas nous concentrer sur une seule période de l'année.
Les parlementaires doivent non seulement se pencher sur les dispositions du code pénal, mais aussi trouver des façons de collaborer avec les autres, surtout les autres intervenants — des autres ordres de gouvernement aux conseils scolaires — pour mieux faire comprendre aux gens les conséquences de la conduite avec facultés affaiblies. Nous avons failli à la tâche au fil des ans. Nous pouvons faire beaucoup plus.
Je me réjouis du projet de loi dont nous sommes saisis et j'attends avec impatience la prochaine heure de débat à ce sujet. J'insiste enfin sur l'importance des mesures de sensibilisation. Au nom de toutes les victimes de conducteurs en état d'ébriété, nous devons agir.