:
Monsieur le Président, c’est un honneur pour moi de poursuivre mes observations sur le budget de 2019, le budget de la dissimulation. En prenant la parole au début de ce débat lundi dernier, j’ai affirmé que je serais ravi de clore mon allocution dès qu’un député du gouvernement arriverait à la Chambre pour annoncer, au nom du , que le gouvernement était disposé à permettre au comité de l’éthique de mener une enquête approfondie sur le scandale de corruption de SNC-Lavalin et sur les manoeuvres de dissimulation qui ont suivi.
J’ai déclaré que cette enquête devrait inclure le témoignage assermenté de toutes les personnes accusées d’avoir cherché à influencer l’ dans l’affaire SNC-Lavalin. J’ai promis à la Chambre que je conclurais immédiatement mon allocution si l’on nous proposait une offre aussi contraignante. J’ai ajouté que mes collègues conservateurs l’accepteraient et qu’une enquête s’ensuivrait.
Permettez-moi de décrire à la Chambre le contexte dans lequel j’ai présenté cette offre initiale. Les députés se souviendront que ce scandale a éclaté lors du dépôt du budget de 2018. Le avait déposé un projet de loi omnibus d'exécution du budget dans lequel il avait enfoui une modification au Code criminel. Il comptait créer un mécanisme permettant d’offrir à des sociétés accusées d'actes criminels un accord qui leur éviterait des poursuites criminelles pour de graves infractions comme les pots-de-vin, la fraude et la corruption.
Les membres du comité des finances n’en revenaient pas qu’un projet de loi d’exécution du budget contienne une telle mesure. Il est extrêmement inhabituel que l’on cherche à modifier le Code criminel dans un projet de loi d’exécution du budget. En fait, on n’avait jamais vu cela auparavant.
Le député libéral de a dit qu’il ne trouvait pas cela acceptable. Le président du Comité, un libéral passionné, partisan et engagé, a affirmé qu’une telle mesure ne devrait pas se trouver dans un projet de loi d’exécution du budget. Notre collègue libéral de Hull—Aylmer a commenté la modification du Code criminel que le avait glissée dans le projet de loi d’exécution du budget en suggérant qu’un individu qui vole 10 $ serait poursuivi, mais que celui qui volerait 10 millions de dollars s’en tirerait sans condamnation.
À ce moment-là, une seule question nous est venue à l’esprit: qui voulait cette modification? Je me souviens d’avoir regardé mon collègue d’Okanagan, un conservateur qui nous écoute avec attention aujourd’hui. Il a suggéré que cette modification ne devrait pas se trouver dans un projet de loi d’exécution du budget. Selon lui, elle devrait faire l’objet d’une mesure législative distincte pour que l’on en étudie avec soin les conséquences déjà largement reconnues avant qu’elle ne devienne loi.
Toutefois, le gouvernement avait décidé de faire accepter cette modification en attirant le moins d’attention possible. Nous sommes tous rentrés chez nous tard ce soir-là en nous demandant qui était à l’origine de cette initiative.
Quand nous retournons dans nos circonscriptions, les gens viennent nous parler de leurs préoccupations. Ils s’inquiètent du coût de la vie, des temps d’attente du système de santé, de la sécurité dans les rues de leur quartier. Quelle que soit la préoccupation, ils nous en parlent.
Cependant, personne ne nous a parlé d’un besoin de modifier le Code criminel pour qu’on relâche les criminels à cravate sans les condamner. Au cours des centaines de milliers d’événements auxquels j’ai participé depuis que l’on m’a élu ici, il y a presque quinze ans, je n’ai jamais entendu quiconque soulever cette question.
Il était certain que cette initiative venait de quelqu’un, d’une personne dotée d’assez de pouvoir et d’influence pour convaincre le et le de la nécessité d’apporter cette modification au Code criminel.
Je ne cessais de me demander si l’ s’opposait à cette modification du Code criminel, puisque normalement c’est elle qui aurait dû la proposer. À ce moment-là, elle était également ministre de la Justice. Même si elle était liée par la solidarité ministérielle et donc tenue d’appuyer publiquement les initiatives du Cabinet, il me semblait extrêmement inhabituel qu’elle n’ait pas parrainé le projet de loi modifiant le Code criminel, puisqu’elle en aurait été responsable dans le cadre de ses fonctions de ministre de la Justice.
Or, le projet de loi a été adopté et est devenu loi. Ce n’est qu’en février de cette année que nous avons appris qui tirait les ficelles. Un titre explosif à la une du Globe and Mail révélait que le et son équipe avaient fait pression sur la , démise depuis de ses fonctions, pour qu’elle accorde à SNC-Lavalin un règlement l'exonérant de poursuites au criminel.
Tout est devenu limpide: la séance qui s’était étirée tard en soirée, l’énorme projet de loi de 500 pages comportant un minuscule amendement au Code criminel dissimulé à la toute fin qui avait été adopté à toute vitesse sans qu’on ait le temps d’en discuter. Nous savions maintenant d’où tout cela venait. SNC-Lavalin, une puissante société liée au Parti libéral, avait versé, par l'entremise de ses employés, plus de 100 000 $ en dons illégaux dans les coffres du Parti libéral, à coups de fausses factures, de primes bidon et de reçus trompeurs. Cette même SNC-Lavalin avait réussi à convaincre le gouvernement de modifier la loi afin de permettre un règlement qui mettrait des entreprises accusées de crimes économiques graves à l’abri de toute poursuite.
Il y a un hic cependant. Tout a commencé avec une directrice des poursuites pénales qui en avait vu d’autres. En vertu du projet de loi, ce traitement spécial ne peut aller de l’avant sans son autorisation. Elle a donc lu la loi, comme les libéraux l’avaient rédigée lorsqu’ils l’avaient présentée, et elle a conclu que l’entreprise n’était pas admissible. Pourquoi? Parce que ses crimes étaient trop graves, parce qu’elle ne les reconnaissait pas, parce que les responsables siégeaient aux plus hauts échelons de la direction et parce qu’elle n’avait absolument rien fait pour dédommager les victimes du vol présumé de 130 millions de dollars.
Ces victimes sont parmi les plus pauvres du monde. L’entreprise aurait volé leur argent. Voler les pauvres est une façon assez minable de gagner sa vie. C’est aussi une façon illégale de gagner sa vie, du moins le pensions-nous. Mais le a tenté d’exercer des pressions politiques, comme l'a rapporté le Globe and Mail, pour que cette entreprise échappe aux poursuites malgré ses agissements.
Que s’est-il passé? Le a tout nié. Il a dit que toute l’histoire était fausse, point final. Autrement dit, Bob Fife et Steve Chase, les journalistes qui ont rédigé l’article, avaient tout faux et avaient dû tout inventer. C’était la version du premier ministre, à prendre telle quelle. Toutefois, il est apparu que l’histoire n’était pas fausse.
Quelques jours plus tard, le premier ministre en remettait en disant que la présence continue de l’ au sein de son Cabinet, alors à titre de ministre des Anciens Combattants, montrait bien que l’histoire était fausse. Il disait que sa présence était éloquente. Eh bien, comme la ministre n'en pouvait plus de cette situation, elle a démissionné, et sa démission a en a dit long.
Le a alors commencé à broder une nouvelle histoire selon laquelle, oui, il avait exercé des pressions sur l’, mais que c’était acceptable. Il n’y avait rien de mal à mettre un peu de pression.
Toutefois, en raison de pressions publiques incessantes, le a été forcé de permettre à l’ de témoigner devant le comité de la justice, où elle a dressé une chronologie spectaculaire de l’ingérence politique au plus haut niveau, y compris l’ingérence personnelle du premier ministre lui-même. Il a nié, nié, nié.
Puis, la preuve est arrivée, démontrant qu’en fait, lui et ses principaux associés avaient participé à des pressions et à des interventions auprès de l’. Elle a fourni des messages textes, des notes de journal et enfin un enregistrement audio pour démontrer que tout ce qu’elle avait dit était vrai. Par conséquent, le discours du a dû changer encore une fois. Il est allé dire à tout un chacun que l’, selon les laquais du premier ministre, était tout simplement en colère parce qu’elle avait perdu son emploi de rêve.
[Français]
Ce serait la raison pour laquelle elle n'aurait pas voulu continuer à travailler avec le et pour laquelle elle aurait tout inventé; la seule raison pour laquelle elle a dénoncé l'ingérence politique dans le système serait qu'elle était fâchée d'avoir perdu son poste de rêve.
Seule son amertume, et non un principe ni des faits, l'aurait donc poussée à dénoncer l'ingérence politique du .
On a entendu les attaques personnelles des libéraux. Par exemple, l'ancienne vice-première ministre Sheila Copps a mentionné les origines autochtones de l'ancienne procureure générale. D'autres l'ont accusée d'avoir été une femme difficile. Oui, elle était difficile. Nous sommes heureux qu'elle ait été difficile. Quand un premier ministre essaie de s'ingérer dans le système judiciaire, j'espère que la procureure générale sera difficile. C'est une bonne idée d'être difficile quand un premier ministre essaie de corrompre le système judiciaire.
Le premier ministre a donc encore eu besoin de changer son histoire. Il s'est levé pour dire que c'était à propos des emplois. Il s'est ingéré dans le système judiciaire, mais c'était pour sauver des emplois et le siège social de l'entreprise. On a facilement appris, en regardant sur Internet, que le siège social de l'entreprise n'allait jamais déménager. En fait, il y a une entente entre l'entreprise et la Caisse de dépôt et placement du Québec, le grand fonds de pension, qui spécifiait que l'entreprise devait garder son siège social à Montréal pendant encore six ans afin de recevoir un prêt de 1,5 milliard de dollars. C'était donc impossible que le siège social déménage, contrairement à ce que le premier ministre et son équipe ont prétendu.
De plus, l'entreprise venait de signer un bail de 20 ans pour son édifice à Montréal. On ne signe pas un bail de 20 ans si on pense à déménager. L'entreprise venait d'annoncer des rénovations en vue d'accommoder ses propres employés. Ce sont des dépenses qu'elle n'aurait jamais faites si elle était en train de déménager. C'était donc un mensonge de suggérer que le siège social allait déménager. De plus, le premier ministre a dit que 9 000 emplois auraient disparus s'il ne s'était pas ingéré dans le système judiciaire.
Son meilleur ami et ancien secrétaire principal a dit que le premier ministre était très émotif et que c'est son besoin de sauver ces 9 000 emplois qui l'avait forcé à s'ingérer dans le système. La chef du Parti vert a demandé à Gerald Butts s'il avait un seul élément de preuve que 9 000 emplois disparaitraient si le procès allait de l'avant. Il a répondu qu'il n'avait aucune preuve spécifique. Toute cette ingérence a eu lieu pendant quatre mois. Il y a eu une campagne au cours de laquelle on a tenté à au moins 20 reprises d'établir un contact pour sauver ces 9 000 emplois et le secrétaire principal et meilleur ami du premier ministre dit qu'il n'avait aucune preuve spécifique que ces 9000 emplois étaient en jeu. On a demandé au greffier du Conseil privé s'il avait des rapports montrant que 9 000 emplois allaient disparaitre. La réponse est non. On a demandé au premier ministre lors d'une conférence s'il avait une preuve que 9 000 emplois disparaitraient si le procès continuait. La réponse est non.
Le PDG de l'entreprise a dit lui-même qu'il n'avait jamais menacé de déménager le siège social ou de faire disparaître 9 000 emplois. D'ailleurs, cela n'a jamais eu de sens. Les projets de construction doivent se faire là où ils sont censés avoir lieu. Par exemple, SNC-Lavalin a obtenu un contrat de projet ferroviaire ici, à Ottawa. Ce n'est pas possible de bâtir 14 kilomètres de chemin de fer en Chine ou à Londres, puis de le laisser tomber d'un hélicoptère sur la capitale du Canada. Il était donc impossible que ces emplois soient déplacés, évidemment. Les projets de construction de SNC-Lavalin au Canada totalisent 52 milliards de dollars, et ils doivent se faire ici.
Alors, pour des raisons contractuelles et physiques, ces emplois ne peuvent pas être déplacés. C'est un mensonge qui a été répété à maintes reprises par les plus hauts membres du bureau du premier ministre. C'est une chose de s'ingérer dans le système judiciaire pour empêcher un procès, mais c'est une chose encore plus grave de mentir pour le faire. À mon sens, mentir à une procureure générale en vue d'empêcher un procès criminel constitue une violation du Code criminel. La section 139 dit clairement que quiconque tente d'entraver ou de contrecarrer le cours de la justice est coupable d'un acte criminel. Aujourd'hui, le ne parle plus des emplois, car cette excuse est maintenant discréditée. Tout le monde sait qu'il s'agit d'une invention. C'est un autre changement à son histoire.
Finalement, le nous a dit que l'ancienne procureure générale aurait dû lui faire savoir que son ingérence dans le procès criminel de SNC-Lavalin lui posait problème et qu'elle ne l'avait jamais fait. Pourtant, lors de son témoignage au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, celle-ci a dit qu'elle l'avait regardé droit dans les yeux et lui avait demandé s'il était en train de s'ingérer dans son rôle de procureure générale, pour ensuite lui conseiller fortement de ne pas emprunter cette approche.
Hier, à la Chambre des communes, le a avoué qu'elle lui a dit cela. Il s'est donc contredit lui-même devant tous les Canadiens, puisqu'il leur avait dit que la procureure générale n'avait jamais signalé de problème concernant son ingérence. C'est un autre changement à son histoire. Lorsque deux personnes se contredisent et qu'on ne sait pas laquelle croire, la personne qui dit la vérité est souvent celle qui ne change pas sa version des faits.
La personne qui continue de changer son histoire est normalement celle qui ne dit pas la vérité. Ce que j'ai démontré pendant des heures et des heures, au cours du débat, c'est que le a constamment changé sa version des faits. Il a changé sa version plus rapidement qu'il change ses bas flamboyants. Quant à l'histoire de l'ancienne procureure générale, elle n'a pas changé. L'ancienne procureure générale a dit une chose sur chaque fait. Elle a laissé tous les Canadiens voir des messages textes et des extraits de son journal personnel, et elle les a laissés entendre l'enregistrement d'une conversation datant du mois de décembre. Tous les faits contenus dans ces documents renforcent le témoignage qu'elle a fait devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne.
Il ne faut pas penser que l'histoire est derrière nous. Qu'est-ce qui est devant nous?
Premièrement, des gens qui sont toujours présents au bureau du se sont ingérés afin d'aider l'entreprise. Ces gens ont rencontré SNC-Lavalin pendant des mois. On devrait savoir ce qu'ils ont fait et pourquoi ils l'ont fait.
Deuxièmement, il faut déterminer si le premier ministre a menti aux Canadiens par rapport à cette affaire.
Troisièmement, il faut savoir ce que le premier ministre et son procureur général actuel feront à l'avenir. Il y a beaucoup de preuves qui démontrent qu'ils sont tous deux ouverts ou même déterminés à fournir une entente à SNC-Lavalin. Une telle entente permettrait à l'entreprise d'éviter un procès criminel. Si c'est le cas, on devrait le savoir, surtout avant les élections. C'est possible que le procès continue après les élections, sans qu'on ait de réponse.
Je prévois que si le premier ministre est réélu, une entente spéciale avec SNC-Lavalin sera conclue avant Noël. Cela permettrait à l'entreprise d'éviter la justice relativement aux crimes de fraudes allégués par nos policiers. Avant d'aller voter, les Canadiens devraient savoir si ce sera une conséquence de la réélection du premier ministre.
On pourra répondre à toutes ces questions si les députés du Parti libéral se présentent à la réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique mardi prochain. C'est à ce moment que nous déciderons d'aller de l'avant avec une enquête ou non.
Comme je viens de le dire, je vais m'asseoir dès qu'un député libéral me dira que les libéraux voteront en faveur de l'enquête. Il n'y a aucune raison pour laquelle le devrait refuser une telle enquête. S'il n'a rien à cacher, ce sera facile et il n'y aura pas de problème. Les Canadiens vont voir qu'il est parfait, comme il le prétend. Toutefois, s'il a des secrets, je lui donne le conseil suivant: il vaut mieux que les secrets soient connus maintenant plutôt que d'essayer de les garder pour plus tard. Les secrets sont lourds à porter.
Chaque jour qu'il essaie de les cacher, il doit les tenir dans ses bras de plus en plus fatigués.
Les Canadiens ont le droit de savoir ce qui s'est passé. Ils ont aussi le droit de savoir ce que le premier ministre et son procureur général feront à l'avenir.
Le choix est simple. Le chef conservateur actuel, quant à lui, a dit qu'il ne s'ingérerait pas dans le système judiciaire s'il est élu. Un gouvernement conservateur ne renversera pas la décision d'un procureur sur la façon dont un tel un procès devrait se régler.
[Traduction]
Je sais que nous sommes captivés par ce scandale et le budget de la dissimulation déposé dans le but de nous en distraire. Ces deux éléments ne sont pas tout à fait sans rapport. En fait, deux raisons précises les relient.
Premièrement, le gouvernement a cru qu’il pourrait détourner l’attention de ce scandale en saupoudrant 41 milliards de dollars de dépenses publiques supplémentaires, presque entièrement financées par des déficits à court terme. C’est ce que j’appelle les trois étapes de la manœuvre libérale: première étape, un énorme scandale; deuxième étape, des dépenses qui entraînent un énorme déficit pour tenter de faire oublier le scandale; troisième étape, d’énormes hausses d’impôt après les élections pour payer le tout.
En ce sens, ces deux questions sont liées. Le scandale est ce qui a convaincu le gouvernement qu’il devait gaspiller des milliards de dollars, juste avant les élections, pour détourner l’attention des gens.
Toutefois, il y a une deuxième raison pour laquelle ces questions sont liées. La raison pour laquelle les entreprises pensent de plus en plus qu’elles peuvent bénéficier grâce à leurs liens avec ce gouvernement, c’est que la philosophie du en est une de contrôle économique étatique. Il croit en une croissance gouvernementale continue.
On nous a dit que chaque fois que les politiciens d’extrême gauche décident d’accroître la taille de l’État, c’est pour remplacer la cupidité par un certain altruisme dirigé par le gouvernement. De tous les côtés du spectre, nous convenons qu’il existe un désir humain d’améliorer son sort, d’avoir un avenir meilleur. Dans sa forme bénigne, nous appelons cela de l'ambition; dans sa forme excessive, nous appelons cela de l'avidité. Quel que soit le mot qu’on utilise, cela fait partie de la nature humaine.
Dans un discours récent, la sénatrice socialiste Elizabeth Warren a décrit la situation comme suit: « En réalité, les investisseurs milliardaires et les riches actionnaires de sociétés puissantes ont souvent trois objectifs précis: maximiser les profits, maximiser les profits, maximiser les profits. »
Le socialisme égalitaire propose de supprimer cette impulsion humaine pour que tout l’argent aille au gouvernement. De cette façon, tout le monde est propriétaire du gouvernement à parts égales, et tout le monde est riche ou pauvre dans une égale mesure, et personne ne recule ou n’avance vraiment par rapport à l’ensemble — du moins, c’est ce qu’on nous dit.
Ironiquement, tant les socialistes que les conservateurs ont accepté que c’est ce qui arrive quand le gouvernement prend assez d’ampleur. Les premiers célèbrent l’égalité des résultats, les seconds dénoncent le manque d’incitations à travailler et à produire, ce qui sera le résultat d’une tentative du gouvernement d’éliminer toute forme de concurrence entre les gens.
Winston Churchill a un jour prononcé ces paroles célèbres: « Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère. » Est-ce réellement ce qui se passe? Le socialisme peut-il vraiment permettre à l'appareil gouvernemental de détenir toute la richesse afin qu'elle soit partagée équitablement entre tous les citoyens? Un gouvernement peut-il atteindre une taille à ce point imposante qu'il écraserait la nature humaine elle-même? Si c'est le cas, on en vient à croire que l'État peut supprimer l'ambition personnelle et l'avarice de l'ADN humain.
Un gouvernement peut-il devenir si grand au point de faire disparaître non seulement le secteur privé, mais également la nature humaine? Si c'est le cas, sommes-nous la seule espèce dont la nature peut être modifiée par les gouvernements? L'État peut-il aussi transformer d'autres espèces afin que les mouches ne soient plus attirées par le miel, les corbeaux, par les carcasses de gazelles, les poissons comme le brochet, par les déchets dans l'eau, les clients cupides, par les dirigeants politiques? Il faut répondre oui à ces questions si on croit que le socialisme peut changer les désirs égoïstes des humains.
Une autre explication vient de James Buchanan, brillant économiste et lauréat d'un prix Nobel. Il a développé la théorie des choix publics, qu'il a qualifiée de « théorie politique réaliste ». Comme on a pu le lire dans le Wall Street Journal: « M. Buchanan l'a décrite comme l'application de la recherche de profits aux gouvernements: “Elle présuppose que si la politique permet de réaliser des gains, les gens vont investir des ressources pour en tirer profit.” »
Dans le secteur privé, ceux qui cherchent à s'enrichir investissent dans des entreprises commerciales. Toutefois, dans une économie contrôlée par le gouvernement, les personnes en quête de profit investissent dans la sphère d'influence politique afin de s'enrichir.
Buchanan a écrit ceci:
Or, quand l'appareil gouvernemental accapare directement près du tiers du produit national, quand les groupes d'intérêts spéciaux admettent sans ambages tout le profit qu'il y a à tirer de l'action politique et quand une portion appréciable des lois ont des effets mesurables différents sur divers groupes de la population, une théorie économique peut tout à fait permettre de trouver des moyens de concilier ces intérêts divergents.
Les gens agissent de manière rationnelle dans une économie de marché: ils investissent dans l'espoir que cela rapporte. M. Buchanan a constaté qu'il en va exactement de même pour les économies contrôlées par l'État: les gens investissent dans les politiciens pour s'enrichir. Au fond, il n'y a que le moyen de parvenir à la richesse qui change.
Dans une économie gouvernementale, le principal moyen de devenir riche, c'est en gagnant la faveur des décideurs politiques qui distribuent les ressources. Au lieu de vendre des produits que les consommateurs acceptent de se procurer, on achète les politiciens qui tiennent les cordons de la bourse. Si tout l'argent est dans les coffres de l'État, les profiteurs vont tout faire pour en acheter ou en louer la clé. Ils font des dons aux politiciens, qui leur accordent des subventions. Ils offrent des vacances de luxe aux premiers ministres en échange de contributions à leurs fondations. Ils engagent des lobbyistes pour convaincre le gouvernement d'enterrer la concurrence sous la réglementation et les droits de douane.
Buchanan poursuit ainsi:
Celui qui recherche le plaisir à court terme en consommant les objets de luxe modernes que lui vend le marché est précisément le même que celui qui voudra obtenir des avantages partisans en misant sur l'action politique.
Dans l'ouvrage Welfare for the Well-to-Do, l'économiste Gordon Tullock décrit ainsi la situation: « Aujourd'hui, la personne qui travaille dur et qui réfléchit soigneusement aux moyens que lui offre le marché de gagner de l'argent travaille aussi dur et réfléchit aussi soigneusement aux moyens que lui offre l'État de s'enrichir. Nous pouvons donc postuler que cette personne fera des efforts pour trouver des moyens ingénieux de tirer profit de l'appareil gouvernemental. Il suffit d'ailleurs de regarder autour de soi pour constater que c'est ainsi que les choses se passent. »
Bref, plus l'appareil gouvernemental grossit, plus nous pouvons nous attendre à ce que les profiteurs donnent de l'argent aux personnes au pouvoir dans l'espoir d'en retirer encore plus d'argent.
On le voit ici, au Canada. En 2017, on a recensé 23 000 interactions de lobbying avec des titulaires de charge publique désignés au sein du gouvernement fédéral, une augmentation de 79 % en trois ans seulement, ce qui coïncide justement avec une augmentation de 20 % des dépenses du gouvernement.
Les deux secteurs de l’économie qui connaissent la croissance la plus rapide à l’heure actuelle sont le gouvernement et le lobbying, deux secteurs qui grandissent de pair.
Au sud de la frontière, c’est la même chose. La société américaine Strategas Research Partners a produit un graphique fascinant montrant la corrélation entre les sommes d’argent que les entreprises américaines consacrent aux lobbyistes et la part du gouvernement fédéral américain dans le PIB. On y constate que plus le gouvernement américain à Washington grossit, plus les entreprises américaines dépensent de l’argent pour faire du lobbying auprès de celui-ci. En 2000, les dépenses fédérales aux États-Unis représentaient environ 19 % du PIB et il s’est fait pour environ 2 milliards de dollars de lobbying. En 2009, une décennie plus tard, les dépenses publiques avaient atteint 25 % du PIB, soit près d’un tiers de plus, et le lobbying réel avait presque doublé pour atteindre 4 milliards de dollars, en tenant compte de l’inflation. À mesure que le gouvernement en place à Washington augmente les dépenses, on consacre davantage d’argent aux activités de lobbying afin d’obtenir une part de ces sommes dépensées par Washington.
Il semble qu’Elizabeth Warren avait raison quand elle affirmait que les entreprises cherchent à faire des profits, encore des profits et toujours des profits. Ce qu’elle ne nous a pas dit, c’est qu’elles sont tout aussi capables d’aller chercher ces profits auprès de l’État tentaculaire.
C’est logique. Lorsque le gouvernement décide qui obtient quoi, les entreprises obtiennent une plus grande part du gouvernement. À qui cela profite-t-il? À ceux qui ont de l’argent, évidemment. Ils peuvent embaucher les meilleurs lobbyistes, promettre de futurs emplois aux politiciens, faire des dons et copiner avec les fonctionnaires.
Quant à elle, la classe ouvrière ne peut rien se permettre de tout cela. Elle est trop occupée à essayer de garder la tête hors de l’eau, à élever ses enfants et à les emmener au hockey et au soccer. Elle n’a pas les moyens d’embaucher des lobbyistes, d’accumuler de l’influence politique et d’en tirer parti.
Je vais donner un exemple des retombées pour les entreprises.
Bombardier a investi dans des lobbyistes et a obtenu un prêt sans intérêt de 400 millions de dollars de l’actuel gouvernement libéral. Voici comment les choses se sont passées: le gouvernement a accordé à Bombardier le prêt sans intérêt de 400 millions de dollars en question afin que l’entreprise n’ait pas à trouver de l’argent sur les marchés boursiers. C’était tellement important, parce que la famille milliardaire Bombardier-Beaudoin voulait garder le contrôle majoritaire de la compagnie. La famille possédait 53 % des actions. Si elle avait vendu plus d’actions, elle n’aurait plus possédé la majorité des parts et n’aurait plus été responsable de l’entreprise familiale. Si elle possédait moins de 50 % des actions, elle ne pourrait plus choisir les membres de la direction et ne pourrait plus transmettre l’entreprise comme un héritage familial d’une personne à une autre.
Qu’est-ce que les contribuables canadiens ont obtenu de ces entreprises profiteuses? Pas beaucoup. Il se trouve que l’entreprise a déménagé ses emplois en Caroline du Sud et a vendu sa propriété intellectuelle à l’Europe, mais a laissé la facture aux contribuables canadiens. Les seuls gagnants ont été les milliardaires.
Oui, la dame qui fait son épicerie au dépanneur a dû payer plus d’impôts pour participer au sauvetage d’une famille féodale milliardaire qui était à la tête de cette entreprise uniquement en raison de ses liens politiques avec le gouvernement.
On peut regarder ailleurs. Les dirigeants de fonds de capital-investissement et de banques d’investissement ont investi dans des lobbyistes, et qu’ont-ils obtenu en retour? Ils ont obtenu une banque de l’infrastructure dotée d’un budget de 15 milliards de dollars pour protéger leurs placements dans les infrastructures et les mégaprojets. Si un banquier nous demandait 1 000 $, nous lui demanderions pourquoi. Le gouvernement libéral demande essentiellement 1 000 $ à chaque famille canadienne pour mettre sur pied cette banque de l’infrastructure.
À quoi cela sert-il? Examinons les raisons qui pourraient l’expliquer.
La première est que cette banque financerait l’infrastructure, mais les banques privées, les marchés financiers, les fonds de pension et les entreprises de capital-investissement investissent déjà des milliards de dollars dans des projets d’infrastructure et qu’ils investiront deux billions de dollars de plus dans le monde entier, si nous croyons les estimations contenues dans la mise à jour économique de l’automne du gouvernement. Étant donné que le secteur privé a déjà investi beaucoup d’argent dans les infrastructures, la dernière chose dont nous devrions avoir besoin, c’est d’une autre banque gouvernementale pour en investir davantage. Impossible d’expliquer avec cet argument.
Peut-être avons-nous besoin de la nouvelle banque pour faire le pont entre ces fonds privés et des projets publics comme le transport en commun. Pourtant, encore une fois, le gouvernement, dans sa mise à jour économique de l’automne, indique que ces investissements se font déjà sans la banque et cite la Canada Line de deux milliards de dollars. Il s’agissait du plus grand projet de transport en commun de l’histoire du Canada, et il permet de transporter chaque jour 120 000 passagers du centre-ville de Vancouver, des banlieues et de l’aéroport. Il existe grâce à des investissements du secteur privé et à des intérêts commerciaux importants. Par exemple, la Caisse de dépôt et placement du Québec investit dans ce projet de Vancouver. Les retraités du Québec aident à construire le transport en commun pour les Britanno-Colombiens, dont les tarifs du transport en commun aident à payer les rentes des pensionnés du Québec.
Tout cela s’est fait sans banque de l’infrastructure, tout comme la privatisation de l’autoroute 407 s’est faite sans banque de l’infrastructure et tout comme la privatisation de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada s’est faite sans banque de l’infrastructure appartenant au gouvernement.
À quoi sert donc cette banque? Je n’arrête pas de rejeter les explications possibles, mais nous en avons une. L’Association canadienne de l’électricité a présenté un mémoire au Comité des transports de la Chambre des communes sur la façon dont la Banque devrait fonctionner; elle disait qu’il était important aussi d’avoir « des mécanismes d’atténuation des risques comme des garanties de prêts… ».
Et voilà! En une phrase, les compagnies d’électricité ont expliqué le véritable objet de la Banque de l’infrastructure: protéger les investisseurs contre les pertes au moyen de garanties financées par les contribuables.
Dans le projet de loi du gouvernement qui crée cette banque, on trouve 14 fois l’expression « garantie d'emprunt ». Les compagnies d’électricité ont vu juste. Dans leur mémoire, elles parlent environ cinq fois d’éliminer, d’atténuer ou de réduire les risques, comme si la Banque pouvait effacer le risque, comme un magicien qui fait disparaître une grenade. Quand on a une grenade, il y a un risque qu’elle explose; alors il n’y a qu’à faire disparaître la grenade, comme par magie.
Erreur. Elle ne disparaît pas. Elle ne fait que passer des mains de la compagnie à celles de monsieur et madame les contribuables. On n’élimine pas les risques; on les déplace. Nous savons maintenant pourquoi le gouvernement a besoin d’une banque de l’infrastructure.
Voilà des années, les investisseurs institutionnels pouvaient obtenir un rendement financé par les contribuables grâce aux obligations dormantes du gouvernement, mais les taux d’intérêt sont si bas depuis si longtemps que la seule façon de faire de l’argent est d’investir dans des entreprises plus risquées, comme la construction de centrales électriques, par exemple.
Comme l’indique un rapport de J.P. Morgan Asset Management, la production d’électricité commerciale offre des rendements allant de 14 % à 20 %, mais le problème est le suivant: sa catégorie de risque est élevée. Les dépassements de coûts, les pertes de revenus, les retards de construction et les conflits de travail peuvent entraîner des pertes considérables à moins que... à moins qu’il y ait une nouvelle banque gouvernementale qui accepte d’assumer tous les risques et d'en décharger le gouvernement.
À l’heure actuelle, les gouvernements obligent les constructeurs à couvrir les dépassements de coûts au moyen de contrats à prix fixe, et ils obligent les entreprises à s’assurer contre la faillite pour que les projets respectent le budget si l’entrepreneur fait faillite. Je le sais pertinemment, parce que nous avions une infrastructure essentielle en construction, un pont reliant l’est et l’ouest d’Ottawa, dans le sud de la ville, et le constructeur a fait faillite. La bonne nouvelle, c’est que l’entreprise assumait tout le risque et qu’elle devait engager une société de cautionnement pour prendre en charge le projet si le promoteur principal faisait faillite. Autrement dit, le contribuable n’a pas payé pour les dépassements de coûts, et même s’il y a eu du retard, les gens qui paient leurs factures tous les jours, les contribuables canadiens, n’ont pas payé la note. C’est l’entreprise qui l’a payée à l'instar de la société de cautionnement.
Mais il en va autrement de la nouvelle Banque de l’infrastructure. Lors de son témoignage devant le Comité des transports de la Chambre des communes, le plus haut fonctionnaire responsable de la Banque l’a décrite comme un instrument servant à souscrire le financement des projets élaborés et complexes.
Le terme « souscription » vient du vocabulaire des assureurs du XVIIe siècle, à Londres, qui inscrivaient littéralement leur nom sous les listes de marchandises à bord des navires. Si le navire coulait, il emportait avec lui l’argent du souscripteur.
Il pourrait arriver la même chose aux contribuables qui soutiennent des projets d’infrastructure avec cette nouvelle banque, et la perte pourrait se chiffrer à des milliards de dollars dans ce cas.
Les députés peuvent-ils deviner qui fait partie de la Banque de l’infrastructure? C’est un mot de trois lettres: SNC. La banque, bien qu’elle ait un PDG bien payé et des bureaux de luxe à Toronto qui, soit dit en passant, ne respectent pas la Loi sur les langues officielles, n’a qu’un seul projet à son nom et, bien sûr, SNC-Lavalin est au centre de ce projet, ce qui n’est pas surprenant.
Maintenant, il est facile d’imaginer pourquoi SNC-Lavalin et d’autres riches banquiers-investisseurs et gestionnaires de fonds de capital-investissement souhaitent un tel arrangement, mais ce qui n’est pas clair, c’est pourquoi un gouvernement, élu par les contribuables, devrait approuver cela. Dans le cadre de réunions à huis clos à Davos, à New York et à Toronto, et lors de discussions directes avec des fonctionnaires, les intérêts financiers les plus puissants de la planète ont donné des directives au gouvernement libéral sur la façon dont la banque devrait fonctionner. C’est la règle d’or du gouvernement libéral: ceux qui ont l’argent font les règles. Leurs règles sont simples: ils obtiennent les avantages, et les contribuables assument les risques.
Maintenant que nous savons à quoi la banque est destinée et qui elle doit servir, ceux qui vont en payer le prix devraient se battre pour que ces activités cessent.
Il n’y a pas que la Banque de l’infrastructure. Certaines entreprises de technologie ont investi dans des lobbyistes, et elles ont réussi à obtenir de nouveaux fonds d’aide aux sociétés parasites de 1 milliard de dollars dans le cadre d’une initiative des « supergrappes ».
Ici, en Ontario, à l’échelle provinciale, nous avons vu les pires types de systèmes qui se perpétuent et qui n’ont d’autre but que de se maintenir, un intérêt commercial payant un lobbyiste, qui influence un politicien pour qu’il verse de l’argent à l’intérêt commercial, ce dernier utilisant une partie de cet argent pour payer le lobbyiste, afin qu’il influence le politicien, et ainsi de suite. C’est un système qui n’a jamais été aussi étendu et fastueux que sous le gouvernement libéral.
En fait, ce n’est pas juste. Il y a eu le gouvernement de l'Ontario sous Kathleen Wynne et Dalton McGuinty.
Un instant. Quelqu’un a crié: « Qu’en est-il du gouvernement Harper? »
Je tiens à souligner une chose. Selon le registre, il y avait environ 70 % moins de lobbying lorsque M. Harper était au pouvoir et que la taille de l’État diminuait. Le seul endroit qui a fait faillite à cause de cela est Hy’s Steakhouse. Les députés pensent-ils que c’est une coïncidence?
Que Dieu bénisse les gens qui travaillaient là. C’était des personnes extraordinaires. C’était quand même un repaire de lobbyistes et d'influents décideurs. N’est-il pas fascinant de penser qu’au beau milieu du mandat de Harper, cet établissement est devenu tellement terne, ennuyant et désert que le patron n’arrivait plus à payer ses factures. Aujourd’hui à Ottawa, les endroits de ce genre poussent comme des champignons parce que les beaux jours des lobbyistes et des proches du gouvernement sont revenus de plus belle comme c'était le cas il y a bien des années.
Nous savons où le gouvernement libéral fait ses classes. En Ontario, nous avons appris que le principal donateur corporatif du Parti libéral de la province a versé au parti 480 000 $ en échange de 160 millions de dollars en subventions gouvernementales. Quel rendement intéressant sur l’investissement, mes amis. Les John Pierpont Morgan, Rockefeller et Warren Buffett ne pourraient pas rêver d’un meilleur rendement sur leurs investissements. Ces 480 000 $ ont rapporté à l’entreprise 160 millions de dollars en aide gouvernementale.
Il y a aussi la Loi sur l’énergie verte, une décision délibérée du gouvernement de verser 80 ¢ par kilowattheure d’électricité solaire, lequel ne vaut que 3 ¢. Le gouvernement de la province a déjà forcé les consommateurs à payer 37 milliards de dollars en trop pour acheter de l’électricité non nécessaire, non fiable et trop chère auprès de compagnies d’électricité avec lesquelles il entretient de bonnes relations. C’est pourquoi les tarifs d’électricité ont doublé en un peu plus d’une décennie.
Qui sont les gagnants et qui sont les perdants? N’oublions pas que plus le gouvernement grossit, plus il est censé être dur envers les riches et bienveillant envers les pauvres. C’est ce qu’on nous dit. Qui a gagné dans cette histoire? Les riches compagnies d’électricité ont engrangé des profits faramineux parce que le gouvernement a forcé les gens à leur verser des montants excessifs pour de l’électricité dont ils n’avaient pas besoin. Qui a perdu? Ce sont les pauvres. L’électricité gruge une part plus importante de leur budget, ce qui n’est pas le cas pour les riches. L’Association des banques alimentaires de l’Ontario parle de « pauvreté énergétique ». En l’espace d’un an, 60 000 personnes ont subi des coupures d’électricité pour défaut de paiement de leurs factures.
Quand la procureure générale de l’Ontario s’est penchée sur la question, elle a prédit que 133 milliards de dollars de plus seraient payés en trop d’ici 2032 à cause de la Loi sur l’énergie verte. Au total, ce sont 170 milliards de dollars que le gouvernement force les consommateurs ontariens à payer en trop par rapport aux prix du marché, sur une période de 25 ans. Dans l’histoire du Canada, il s’agit là du plus important transfert de richesse entre les travailleurs pauvres et les super riches. De toute ma vie, jamais je n’ai vu un gouvernement soutirer autant d’argent à un si grand nombre de personnes pour le donner à un nombre si restreint de personnes. Tout cela est survenu après que d’innombrables dons aient été versés par les compagnies qui ont raflé les contrats d’électricité, sans parler de la publicité faite par des tiers.
Les gouvernements socialistes tout-puissants se servent toujours du pouvoir de l'État pour prendre aux pauvres et à la classe ouvrière pour donner aux riches et puissants. Il y a maintenant ce qu'on appelle la norme sur les combustibles propres. Cela ressemble beaucoup à la Loi sur l'énergie verte. De quoi s'agit-il? En fait, contrairement à ce que son nom laisse entendre, cette norme n'a rien à voir avec la propreté du carburant. Tout ce qu'on ferait, c'est obliger ceux qui vendent de l'essence à payer des crédits aux gens bien branchés qui pourraient vendre ces crédits pour promouvoir des initiatives prétendument écologiques qui seront prises ailleurs dans le monde. Évidemment, toutes sortes d'intermédiaires louches voudront avoir leur part du gâteau.
Le gouvernement libéral du Canada s'apprête à faire avec le coût de l'essence ce que le gouvernement libéral de Mme Wynne a fait avec le coût de l'électricité. Puisque le coût de l'essence représente une dépense beaucoup plus importante pour une famille pauvre que pour une famille riche, il s'agirait d'un autre déplorable transfert de richesses des plus démunis aux plus riches.
Le grand poète Macaulay nous a mis en garde contre cela. Voici ce qu'il a écrit dans un de ses grands poèmes:
Là où coule le miel, les mouches bourdonnent;
Là où pourrit la charogne, le chant du corbeau résonne;
Là où le Tibre porte les rebuts, le brochet vorace en fait son repaire;
Et où que l'on trouve tel maître, on trouvera tel bénéficiaire.
Je trouve amusant qu'il ait choisi l'image du miel et des mouches, car les mouches ne produisent pas de miel: elles en consomment, tout comme les intérêts parasites qui tirent parti d'une grosse machine gouvernementale ne produisent pas la richesse qu'ils consomment, mais en sont vraiment des consommateurs hors pair.
Ce sont les abeilles qui font le miel, et ce processus ressemble étonnamment aux transactions qui existent dans une économie de libre marché. L'échange entre l'abeille et la plante profite aux deux parties: la plante fournit le nectar que l'abeille transforme en miel, et l'abeille pollinise la plante pour qu'elle puisse se reproduire. C'est la nature même d'une transaction du libre marché, dont les deux participants ressortent toujours gagnants. Nous savons qu'ils y gagnent, car ils y participent volontairement.
Nous avons là les aspects fondamentaux de deux approches différentes aux transactions économiques. Toutes les transactions du libre marché, sans exception aucune, sont volontaires. Toutefois, le gouvernement mène chacune de ses transactions en recourant à la force. Même pour des causes que nous soutenons tous, comme les forces armées, il perçoit des impôts de force. Plus le gouvernement prend d’expansion, plus sa force augmente. L’expansion des marchés libres favorise celle du libre choix.
Nous comprenons que c’est la seule distinction entre les deux systèmes. Nous voyons bien que tout ce qu’on nous a enseigné d’autre est faux. Par conséquent, en nous avertissant que les puissantes entreprises cherchent de nouvelles proies tout au long de leurs propres chaînes alimentaires, Elizabeth Warren et les socialistes comme elle font allusion à la loi de la jungle.
Notre économie est dirigée par le gouvernement, par la force et par le pouvoir de l’État. Dans une telle économie, les riches peuvent se servir de leur argent pour s’en prendre aux faibles. En revanche, dans un système où chaque échange est volontaire et se fonde sur le consentement des deux parties, comme dans un marché libre, personne ne peut s’attaquer à d’autres. Dans un marché libre, aucune entreprise ne peut forcer les moins nantis à travailler pour elle ou à acheter ses produits. Les gens travaillent pour elles uniquement parce qu’ils consentent à le faire.
Prenons l’exemple d’un magasin de la société Apple. Cette société est considérée comme la plus puissante au monde. Suivant les fluctuations de la bourse, sa capitalisation boursière atteint presque le billion de dollars. Disons que si un garçon qui a accumulé mille dollars en tondant des pelouses tout l’été entre dans un magasin Apple, nos amis socialistes soutiendront que la transaction ne pourrait pas être équitable. Une partie est une société possédant un billion de dollars, et l’autre est un petit garçon qui possède seulement mille dollars. Autrement dit, l’une des parties est littéralement un milliard de fois plus grande que l’autre. Comment peuvent-elles effectuer un échange en négociant librement?
Je vais vous dire comment. En entrant dans ce magasin, le petit garçon est aussi puissant que la société, parce que celle-ci ne pourra obtenir ses mille dollars qu’en lui offrant quelque chose qu’il jugera plus précieux que l’argent qu’il a pour payer. En ce sens, la société devra se creuser la tête pour améliorer la vie du petit garçon. C’est le seul système qui oblige les gens à améliorer le sort d’autrui pour améliorer leur propre sort.
Supposons qu’Apple adopte une approche différente et décide d’essayer de s’enrichir grâce à une subvention gouvernementale. Ce garçon serait-il sur un pied d’égalité avec la compagnie? Bien sûr que non. L’entreprise pourrait embaucher des lobbyistes, faire des dons, frayer avec les politiciens, publier des articles dans les journaux ou faire de la publicité pour obtenir une subvention gouvernementale sur le dos de ce jeune contribuable dont la valeur nette n’est que de 1 000 $. En ce sens, l’entreprise serait beaucoup plus puissante que ce jeune. C’est la loi de la jungle, pas le libre marché.
Toute relation fondée sur la force favorise les forts plutôt que les faibles. Nous le savons à partir des faits les plus simples et élémentaires de la vie. Si j’ai une pomme et que je veux une orange, que quelqu’un a une orange et qu’il veut une pomme, nous faisons du commerce, et nous sommes tous les deux mieux lotis, parce que chacun a quelque chose de plus précieux qu’auparavant, même si entre nous, nous n’avons qu’une pomme et une orange. Voilà le pouvoir miraculeux de l’économie de marché. Il s’agit d’un échange volontaire de travail contre un salaire, de produits contre paiement et d'investissements contre intérêt. Ces échanges volontaires se produisent littéralement des billions de fois par jour dans les espaces de marchés libres à travers le monde, et chaque fois qu’ils se produisent, les deux participants en profitent.
Si les députés pensent que cela n’est que de la théorie, ils peuvent examiner les faits. M. G. Quibria, économiste de Princeton, a comparé le taux de pauvreté à la taille du gouvernement dans 40 pays en développement. Pour chaque augmentation de la taille du gouvernement en pourcentage du PIB, le pourcentage de personnes vivant avec moins de 1,90 $ par jour a augmenté en moyenne de 41 %.
Autrement dit, les gouvernements plus gros, même dans les régions en développement du monde, entraînent plus de pauvreté, en dépit du fait qu’on nous dit constamment que certains pays sont pauvres parce que l’État est trop petit, qu’il n’en fait pas assez et qu’il ne dépense pas suffisamment. Les données montrent exactement le contraire.
Ce qui est vrai dans le monde en développement l’est aussi dans le monde développé. M. Tanzi, un ancien directeur des politiques du FMI ayant reçu une formation à Harvard, a mené des recherches semblables sur les pays développés. Il a constaté que les pays où l'appareil gouvernemental représente moins de 40 % du PIB obtiennent de bien meilleurs résultats selon l’indice de développement de l’ONU que les pays où l'appareil gouvernemental représente plus de 50 % du PIB.
Les deux pays asiatiques les mieux classés selon l’indice de développement humain sont Singapour et Hong Kong, deux pays sans ressources naturelles. En fait, ils doivent même importer leur eau. Ils vivent sur un territoire qui ne représente qu’une fraction de la taille de la ville d’Ottawa, avec plusieurs fois son nombre d’habitants. Malgré cela, ils ont le niveau de vie le plus élevé de tous les pays asiatiques.
Nos détracteurs seront prompts à souligner que des crises du logement sévissent dans ces pays. Ils oublient, bien sûr, que c’est parce que ce sont les endroits les plus densément peuplés du monde. Toutefois, je tiens à souligner que même si le logement dans ces pays est extrêmement coûteux, c’est essentiellement la seule chose que le gouvernement contrôle. Dans ces pays, on peut voir la différence entre l’immense pouvoir du libre marché pour améliorer la vie des gens et les contraintes imposées par un gouvernement autoritaire et excessif.
Mis à part cette exception, ces pays font la preuve que même si leurs administrations représentent moins de 20 % du PIB, leurs revenus sont égaux ou supérieurs à ceux des pays du monde qui ont eu beaucoup plus de temps pour se développer et beaucoup plus de ressources naturelles pour le faire.
La réalité, c’est que le système de libre marché a généré plus de richesse que tout autre système. Toutefois, il a malheureusement échoué pour un aspect. Ceux d’entre nous qui préconisent ce système ont permis à ceux qui croient à l’expansion de la puissance et du contrôle de l’État de se servir des mêmes mots clés qu’eux.
Je suis ici aujourd’hui pour aider à les récupérer. Commençons par le mot « empathie ». Non seulement la libre entreprise permet elle l’empathie, mais elle l’exige. La seule façon de faire des profits dans ce système est d’offrir aux gens quelque chose qui a davantage de valeur que ce qu’ils ont à payer pour l’obtenir.
Il n’y a personne qui fait preuve de plus d’empathie que l’entrepreneur pour son client, parce qu’il sait que lorsque celui-ci entre dans son magasin, il doit faire tout en son pouvoir pour le satisfaire. Ce n’est pas une chose à laquelle les politiciens d’en face peuvent prétendre, parce qu’au bout du compte, c’est grâce à la perception coercitive d’impôts qu’ils gagnent leur vie et font prospérer leur entreprise.
La raison pour laquelle les entreprises et les entrepreneurs du système de libre marché doivent faire preuve d’une telle empathie envers leurs clients, c’est que la transaction qui leur permet de vendre leurs produits à leurs clients est volontaire. L’empathie, c’est voir à travers les yeux d’une autre personne. Un des trucs de vente les plus anciens est le suivant: si vous voulez vendre quelque chose à Jean Dupont, vous devez adopter son point de vue.
Réapproprions-nous un autre mot, un mot que les socialistes ont fait leur, le mot « diversité ». Les libéraux croient à tout sauf à la diversité. Ils veulent que le gouvernement contrôle pour étouffer la diversité. Ils ont simplement expulsé deux députées de leur caucus parce qu’elles s’exprimaient et que leurs voix étaient porteuses de trop de diversité à leur goût.
Le plus beau avec le libre marché, c'est qu'il est dans un état de mutation constante pour s'adapter à chaque besoin particulier et différent. Récemment, j'ai emprunté un vol d'Ottawa à Toronto avec un concitoyen dont l'entreprise, qui emploie 80 personnes, en aide d'autres à produire leurs factures et leurs documents promotionnels en braille et en gros caractères, sans subvention de l'État, tout cela parce que les entreprises veulent percer le marché des personnes ayant une déficience visuelle.
Comparons cela au système scolaire lourd et rigide sous les gouvernements libéraux précédents et la plupart des gouvernements, qui ne peut même pas offrir une intervention comportementale intensive de base aux enfants autistes, malgré les milliards de dollars dépensés.
Prenons un autre exemple. Réapproprions-nous le mot « tolérance ». La tolérance existe dans un endroit et un régime appelés le libre marché, qui punit impitoyablement l'employeur sectaire. Aucun système ne punit plus impitoyablement le sectarisme chez un employeur que celui qui pénalise financièrement l'employeur qui rejette le meilleur employé en raison de caractéristiques non pertinentes telles que la race, le genre ou l'orientation sexuelle. Le libre marché fait en sorte qu'il existe toujours un incitatif intégré, quoique imparfait, pour promouvoir et embaucher le personnel en fonction du mérite et pour traiter tous les clients le mieux possible.
Oui, la loi doit protéger efficacement les droits civils, mais il convient également de reconnaître que la libre concurrence entre les entreprises constitue le moyen le plus efficace de protéger tous nos services, car celle-ci oblige les entrepreneurs à s'ouvrir à la fois aux travailleurs et aux clients ainsi qu'à les servir.
Voici la grande différence en définitive entre les deux systèmes. On peut avoir un marché libre où les entreprises qui progressent sont celles qui ont les meilleurs produits, et non une économie gouvernementale où les entreprises qui progressent sont celles qui ont les meilleurs lobbyistes. On peut avoir un marché où les entrepreneurs font de l'argent en assurant la satisfaction des clients, au lieu d'un système économique gouvernemental où ils font des profits en s'efforçant de plaire aux politiciens et aux représentants du gouvernement. On peut avoir un marché où les défavorisés ont autant de chances que les riches, et ceux qui veulent se lancer en affaires ont autant de chances que ceux qui exploitent depuis longtemps leur entreprise. On peut avoir un système où tous ont des possibilités de réussite fondées sur le mérite, et non sur l'ascendance aristocratique.
Je conclurai aujourd'hui en disant que si le n'avait pas décidé que le gouvernement devait être au centre de toute décision économique, peut-être que SNC-Lavalin et d'autres sociétés semblables ne penseraient pas que pour progresser, il faut sans cesse faire du lobbying pour obtenir des allégements et des accords spéciaux.
Nous, de ce côté-ci de la Chambre des communes, nous remplacerons ce système de capitalisme de copinage et de corporatisme contrôlé par le gouvernement par un nouveau programme de marché libre qui permettra que tous progressent en fonction de leur propre mérite. Il s'agira d'un système où tous pourront améliorer leur sort et aller de l'avant, un système qui fera passer les Canadiens avant le gouvernement.
Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
« la Chambre rejette le budget, qui est une tentative de dissimulation du scandale SNC-Lavalin, puisqu'on y promet de nouvelles dépenses totalisant plusieurs dizaines de milliards de dollars, qui devront être assumées par les Canadiens, par des hausses d'impôt, si le gouvernement est réélu. »
:
Monsieur le Président, je vais commencer par la base du budget, qui renvoie à ce que le député de vient de dire: les années du gouvernement de Stephen Harper. Sous les conservateurs, le Canada a accumulé une succession de déficits horribles et écrasants et des milliards de dollars ont été versés à des PDG. Partout au pays, les Canadiens ordinaires de la classe moyenne ont payé le prix de toutes les politiques du gouvernement conservateur.
Avec l'arrivée du gouvernement libéral, en 2015, on aurait pu croire qu'il était temps de penser d'abord aux gens ordinaires des quatre coins du pays et d'améliorer leur vie. J'ai le regret de citer un ouvrage célèbre de Charles Dickens: « C'était le meilleur et le pire des temps ». C'est le meilleur des temps pour un très petit groupe d'élite dans la société canadienne et c'est le pire des temps pour le reste de la population.
Penchons-nous sur le contexte dans lequel vivent les familles canadiennes ordinaires d'un bout à l'autre du pays. Cette situation ne s'est pas amorcée uniquement sous le règne des libéraux; les conservateurs sont tout aussi coupables. En réalité, il faut revenir plusieurs décennies en arrière pour constater l'effritement du filet de sécurité sociale et comprendre ainsi la situation dans laquelle nous sommes actuellement. Les statistiques sont éloquentes: 46 % des Canadiens disent qu'ils n'ont pas plus de 200 $ de marge de manoeuvre chaque mois, après avoir payé leurs factures. Ce sont donc presque la moitié des familles canadiennes qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Chaque mois, elles sont donc à la merci de tout imprévu qui pourrait leur coûter ces 200 $, que ce soit une panne de voiture, une urgence médicale ou à l'école, ou encore un médicament à acheter.
Les familles canadiennes sont aux prises avec le plus fort taux d'endettement de l'ensemble des pays industrialisés. Ce n'est pas uniquement le pire taux d'endettement de l'histoire de notre pays; c'est le pire taux d'endettement de tous les pays industrialisés.
La teneur de ce budget devrait nous donner matière à réflexion. On aurait pu s'attendre à ce que le gouvernement veuille prendre des mesures sérieuses, lorsqu'on sait que la moitié de la population canadienne se retrouve chaque mois à seulement 200 $ d'être incapable de joindre les deux bouts.
Lorsque les familles canadiennes, dans leur ensemble, sont lourdement endettées en raison des compressions gouvernementales des deux ou trois dernières décennies, on pourrait s'attendre à ce que les libéraux comprennent ce qui est en jeu et à ce qu'ils fassent preuve d'imagination et de leadership et présentent un budget qui changerait quelque chose dans la vie des familles canadiennes.
Malheureusement, ce n'est pas le cas. Hélas, ce budget, qui est tombé comme une pierre au milieu du lac, ne faisant que quelques vaguelettes après sa présentation il y a deux semaines, n'a que très peu de répercussions sur la vie des familles ordinaires et ne règle en rien certains des problèmes les plus graves auxquels est confronté notre pays.
Comme je l'ai mentionné, les familles canadiennes peinent vraiment à joindre les deux bouts. Elles ont de la difficulté à payer leurs médicaments, à garder un toit au-dessus de leur tête ou à permettre que leurs fils ou leurs filles poursuivent des études postsecondaires. Ce sont là des problèmes fondamentaux auxquels sont confrontées les familles canadiennes et je ne parle même pas de la crise que vivent les familles autochtones dans l'ensemble du pays.
Quiconque s'est rendu dans les communautés autochtones a constaté avec tristesse la trahison que constitue le peu d'efforts du gouvernement pour réaliser la réconciliation. Nous pouvons regarder certains chiffres dans le budget, sur lesquels je reviendrai dans un instant.
[Français]
En même temps, on assiste à une situation où le gouvernement veut poursuivre la pratique qu'on a vue sous les conservateurs, en maintenant un système de paradis fiscaux et d'échappatoires fiscales. Des dizaines de milliards de dollars sont donnés chaque année aux grandes entreprises et aux Canadiens les mieux nantis. Ces montants d'argent sont donnés sans qu'on pose de question sans considération pour les bienfaits qui reviennent aux Canadiennes et aux Canadiens.
Pour l'ensemble des paradis fiscaux, on estime que le fisc et nos investissements collectifs perdent chaque année entre 15 milliards et 20 milliards de dollars. Comme on le sait, le directeur parlementaire du budget est justement en train d'étudier ces chiffres. Le Bureau du directeur parlementaire du budget a commencé ce travail il y a six ans, sous les conservateurs, et il a simplement demandé que l'Agence du revenu du Canada lui donne toutes les informations liées aux paradis fiscaux et aux échappatoires fiscales.
Or les conservateurs ont refusé de le faire. L'ancien gouvernement de M. Harper a dit qu'il ne voulait pas que ces données soient remises au directeur parlementaire du budget. Pendant trois ans, les conservateurs lui ont refusé ces informations.
Puis, arrive le nouveau gouvernement libéral, qui va vraisemblablement changer d'approche, instaurer une transparence et faire en sorte que les Canadiens puissent savoir ce qui cloche dans le système fiscal. Or les libéraux aussi, pendant trois ans, ont refusé de donner ces chiffres au directeur parlementaire du budget.
Ainsi, pendant près de six ans, l'ancien gouvernement conservateur et l'actuel gouvernement libéral ont refusé de donner les statistiques et les informations au directeur parlementaire du budget, alors qu'ils y étaient obligés. L'année passée, comme on le sait, le directeur parlementaire du budget a menacé d'entamer des poursuites judiciaires, et c'est seulement à ce moment-là que les libéraux, parce qu'ils savaient très bien que c'était embarrassant pour eux, ont consenti à lui transmettre ces informations.
Depuis maintenant un an, le directeur parlementaire du budget récolte toutes ces données et toute cette information, et d'ici quelques semaines, probablement au mois de mai, on va avoir l'information sur ce qui échappe à nos investissements collectifs.
Comme je l'ai mentionné au début, quand on demande aux personnes âgées, aux étudiants et aux familles de faire des sacrifices et de s'endetter parce qu'on n'a pas de ressources pour les aider, alors qu'on donne en même temps des dizaines de milliards de dollars aux grandes entreprises et aux bien nantis, il faut au moins faire preuve de transparence. Le directeur parlementaire du budget va nous donner cette transparence.
On va enfin connaître exactement le montant qui inclut l'argent des paradis fiscaux, des échappatoires fiscales et tout l'argent qui part en fumée parce que nos gouvernements ont agi de façon irresponsable.
Les libéraux disent savoir qu'en ce qui concerne les options d'achat d'actions, on perd plus de 1 milliard de dollars chaque année au bénéfice de millionnaires qui reçoivent ce cadeau fiscal. Même si ceux-ci n'ont touché qu'une petite partie de tout cet argent, cela fait de notre système fiscal le système plus inéquitable de tous les pays industrialisés. Les libéraux avaient dit qu'ils se pencheraient sur l'option d'achat d'actions, mais qu'ils le feraient plus tard.
Or, en regardant le budget, on n'y trouve absolument rien qui redresse cette inégalité fiscale, présentement épidémique dans notre système fiscal. Toutefois, le mois prochain, les Canadiennes et les Canadiens vont pouvoir en juger, parce que le directeur parlementaire du budget va enfin présenter son rapport. Ce sera extrêmement important.
[Traduction]
Le régime fiscal canadien est le plus inégal, le plus inéquitable, des pays industrialisés. Le taux d'imposition réel des grandes entreprises se situe à 9 %. C'est incroyable. Pourtant, les libéraux refusent de prendre quelque mesure que ce soit.
Voilà pourquoi je parle du meilleur des temps, comme le disait Charles Dickens. C'est vraiment le cas pour le 1 % des Canadiens les plus riches. Pour eux, c'est l'avalanche de cadeaux fiscaux. C'était le cas sous l'ancien gouvernement conservateur, et ce l'est toujours sous l'actuel gouvernement libéral. Aucun de ces partis ne s'arrête un instant pour réfléchir aux répercussions de cette situation sur les aînés et les étudiants ou sur les familles ordinaires, partout au pays.
J'ai souligné plus tôt que c'est aussi le pire des temps. Je vais parler de deux personnes que je connais très bien. Leur situation respective illustre parfaitement à quel point les gens dans la bulle d'Ottawa ont échoué à régler les problèmes et les difficultés que les familles ordinaires vivent au quotidien.
Je reviens à mon ami Jim, dont j'ai parlé plus tôt à la Chambre. Je trouve épouvantable que le gouvernement libéral, qui connaît l'histoire de Jim, ne fasse rien pour lui.
Jim se trouve tout près de la Colline du Parlement, entre la Colline et le Château Laurier. Il est là tous les jours. Qu'il fasse -33 degrés Celcius ou qu'il fasse un soleil de plomb, qu'il pleuve ou qu'il y ait une tempête de neige, Jim n'a pas d'autre choix que d'être toujours là. Il reçoit une pension d'invalidité qui couvre à peine son loyer et sa nourriture, mais il a besoin de médicaments qui lui coûtent 580 $ par mois. Il est donc assis dehors et il espère que des étrangers feront ce que le gouvernement refuse de faire, soit de l'aider à joindre les deux bouts. La prise de ses médicaments n'est pas facultative. Il doit les prendre.
Chaque jour, des députés libéraux passent devant lui. Chaque jour, des ministres libéraux passent devant lui en limousine. Le passe devant lui en limousine. Depuis quatre ans, pas un seul libéral n'a pris la parole pour dire que la situation de Jim était inacceptable et qu'il ne devrait pas être forcé de mendier pour avoir assez d'argent pour acheter ses médicaments chaque mois et qu'il faut mettre en place un régime d'assurance-médicaments.
Je peux assurer aux députés qu'un gouvernement néo-démocrate en mettra un en place. Il faut que ce soit une priorité. Notre chef, le député de , a affirmé, pas plus tard que cette semaine, que nous allions mettre en place un régime d'assurance-médicaments dès le début de 2020. Jim obtiendra enfin de l'aide si le NPD est porté au pouvoir le 21 octobre prochain. Sa situation est loin d'être unique. Il y a des centaines de milliers de Jim au Canada qui se retrouvent chaque mois dans la situation inimaginable d'avoir à chercher de l'argent pour acheter leurs médicaments.
Le premier chef du NPD, Tommy Douglas, a dû se battre pour mettre en place le régime d'assurance-maladie. Des lobbyistes ont exercé des pressions pour s'y opposer. Malgré les critiques des libéraux, Tommy Douglas a persévéré et il a atteint son objectif. Aujourd'hui, tous les Canadiens bénéficient du régime d'assurance-maladie universel à payeur unique dont le Canada s'est doté.
Tommy Douglas a toujours cru que le Canada se doterait rapidement d'un régime d'assurance-médicaments. Or, des dizaines d'années plus tard, des gens comme Jim doivent encore quémander, emprunter de l'argent et chercher une façon d'avoir suffisamment d'argent pour se procurer les médicaments dont ils ont besoin, même en vivant dans un pays riche comme le Canada. Le budget n'a rien à proposer pour résoudre les problèmes de Jim. Comme ils le font souvent, les libéraux promettent seulement d'étudier un peu plus la question.
Mon amie Heather fait aussi partie des Canadiens qui ne recevront aucune aide dans le cadre du budget. Heather habite avec sa fille et sa mère dans un appartement d'une chambre à coucher. Elles peinent à garder ce logement. Heather m'a dit qu'elle aimerait que les Canadiens aient accès à des logements abordables, et elle n'est pas la seule.
Des centaines de milliers de familles ont de la difficulté à se loger. Ces gens doivent faire le choix déchirant de payer le chauffage, le loyer ou leurs médicaments pour le mois. Dans leur budget, les libéraux promettent seulement de prêter un peu d'argent au lieu de financer la construction de logements abordables, ce qu'ils ne semblent pas avoir l'intention de faire. Voilà la solution qu'ils ont à proposer pour remédier au fait que le gouvernement libéral précédent a décidé consciemment d'éliminer le programme national de logement.
Il y a 40 ans, les logements abordables, les logements coopératifs et les logements sociaux comptaient pour environ 16 % des logements construits au Canada. Les libéraux ont éliminé le programme national de logement. Ils l'ont fait disparaître. Aujourd'hui, 40 ans plus tard, ce pourcentage a chuté, passant de 16 % à 3 %, et c'est la principale raison derrière la crise que nous vivons actuellement.
Parce que les libéraux ont détruit le programme national de logement, parce qu'ils ont anéanti toute possibilité de poursuivre la construction de coopératives d'habitation et de logements sociaux qui auraient permis à tous les Canadiens d'avoir accès à un logement abordable, parce qu'ils ont fait cela, des gens comme Heather et sa famille se demandent d'une semaine à l'autre s'ils vont pouvoir garder leur logement.
Dans un pays riche comme l'est le Canada, un pays qui est assez riche aux yeux des libéraux pour qu'on laisse partir des dizaines de milliards de dollars vers des paradis fiscaux, Heather, dont la situation correspond à celle d'innombrables familles canadiennes, se demande si sa famille aura toujours un toit dans un mois. Comment un gouvernement ne peut-il pas comprendre cette situation?
Quand on parle de communautés autochtones et de réconciliation nationale, il faut d'abord penser à mettre sur pied un programme de logement pour veiller à ce que les habitants de ces communautés puissent se loger. Cela doit être fait en collaboration avec les Premières Nations, avec les communautés autochtones. C'est ce que le , le député de Burnaby-Sud, et moi avons proposé publiquement quelques jours avant la présentation du budget, quand nous avons parlé des mesures que devrait renfermer le budget de 2019 à notre avis. Le gouvernement, le et le n'en ont absolument pas tenu compte.
Le budget aurait dû contenir des dispositions importantes visant la construction immédiate de logements abordables d'un bout à l'autre du pays. Au lieu de voeux pieux, le budget aurait aussi dû comprendre une politique concrète, pertinente et durable de réconciliation nationale, prévoyant une collaboration avec les communautés autochtones pour que soient faits les investissements nécessaires, notamment dans le logement. Or, il n'en est rien.
Le budget aurait dû préciser très clairement que, au pays, nous avons besoin d'un régime universel d'assurance-médicaments à payeur unique maintenant, et non dans 10, 20 ou 30 ans. Il est fini le temps des promesses brisées; il faut mettre en place immédiatement un régime d'assurance-médicaments. Aucune de ces mesures ne figure dans le budget.
Le budget aurait dû contenir des mesures concrètes pour instaurer un régime fiscal équitable au pays. On demande aux gens de payer leurs impôts. J'ai tenu des centaines d'assemblées publiques axées sur les incapacités. Il y a été question du régime fiscal. Personne ne m'a jamais dit ne pas vouloir payer d'impôt. Les gens tiennent simplement à ne pas en payer plus qu'ils le devraient. Les Canadiens comprennent aussi que, en mettant son argent en commun, on peut prendre soin de tout le monde.
Toutefois, avec le temps, le pouvoir central a permis aux riches et aux plus privilégiés d'entre nous de s'en tirer sans payer d'impôt. Le fardeau fiscal est retombé sur les aînés, qui en arrachent avec une pension limitée. Il est retombé sur les étudiants, qui sont criblés de dettes d'études postsecondaires, des dettes colossales. Ce fardeau est retombé sur les familles, qui, comme celle de Heather, peinent à garder un toit au-dessus de leur tête. Il est retombé sur les familles et les particuliers comme Jim, qui ont de la difficulté à payer leurs médicaments. Toutes ces personnes, tous ces Canadiens souffrent parce que le gouvernement n'a aucun sens des priorités.
Avant de terminer, je propose:
Que l'amendement soit modifié par substitution, aux mots suivant les mots « dizaines de milliards », de ce qui suit:
« de dollars de promesses faites en cette année électorale, qui s’inscrivent dans le même ordre d’idées que les autres décisions du gouvernement, lesquelles avantagent les Canadiens les plus riches et bien placés, et non les Canadiens ordinaires, en:
a) échouant à mettre en œuvre un régime d’assurance-médicaments public, universel et national;
b) ignorant l’envergure et la portée des changements climatiques, qui seront catastrophiques pour l’avenir de notre planète;
c) ne s’attaquant pas de front à la crise du logement;
d) continuant d’accorder des milliards de dollars de fonds publics à des entreprises très rentables. »