Que la Chambre reconnaisse que les actes de violence et d’intolérance visant des croyants, comme l’attaque à la bombe commis le 23 juin 1985 contre les vols 182 et 301 d’Air India, l’attaque à la bombe incendiaire du 15 septembre 2001 au temple hindou Samaj et à la mosquée Mountain de Hamilton, l’attaque à la bombe incendiaire du 5 avril 2004 à l’école juive United Talmud Torah de Montréal et le meurtre de plusieurs musulmans au Centre culturel islamique de Québec le 29 janvier 2017, vont à l’encontre d’une société libre, pacifique et pluraliste, et désigne le 29 janvier de chaque année comme étant la Journée nationale de la solidarité avec les victimes d’actes d’intolérance et de violence antireligieuse.
— Monsieur le Président, pendant les 10 premières minutes des 15 qui m'ont été allouées, je parlerai des raisons pour lesquelles je crois que le Canada a besoin de désigner une journée nationale de la solidarité avec les victimes d’actes d’intolérance et de violence antireligieuse, qui engloberait à la fois les actes commis au pays et ceux commis à l'étranger.
Puis, lors des cinq minutes qui me resteront, j'expliquerai pourquoi le 29 janvier devrait être la date où nous exprimerons cette solidarité chaque année. Le 29 janvier 2017 est, bien sûr, la journée où a eu lieu l'attentat contre le Centre culturel islamique de Québec. Il s'agit du pire acte de violence islamophobe jamais perpétré au Canada, et le pire acte de violence antireligieuse commis contre des membres d'un groupe religieux depuis plus d'une génération. En tout, il a fait 6 morts et 19 blessés, certains gravement.
Je vais commencer maintenant la première partie de mon intervention. Je crois que le plus grave problème en matière de droits de la personne que nous devons affronter au cours de ce siècle est la persécution des minorités religieuses partout dans le monde. L'intolérance religieuse sanctionnée par l'État, qui va parfois aussi loin que le nettoyage ethnique ou le génocide, est un défi aussi difficile à relever que l'était l'esclavage au XIXe siècle et la menace d'un conflit mondial au XXe siècle.
Il existe également une version non étatique de ce problème. Elle prend la forme d'actes de sectarisme et de violence à l'encontre de personnes qui sont prises pour cibles uniquement à cause de leur identité religieuse par des groupes organisés qui, lorsqu'ils sont tolérés ou semi tolérés par les autorités de l'État, peuvent être décrits comme des escadrons de la mort ou qui, lorsqu'ils fonctionnent sans une telle approbation de l'État, peuvent être qualifiés de groupes terroristes. Enfin, certaines personnes isolées fonctionnent à l'extérieur d'une structure de commandement et ne bénéficient pas de l'aide matérielle d'un groupe. On les appelle parfois des loups solitaires. Dans le pire des cas, les actes perpétrés par ces groupes et ces individus peuvent équivaloir à des tueries.
[Français]
L’intolérance et l’oppression à l’égard des pratiquants religieux prennent de nombreuses formes dans le monde. Voici sept exemples concrets ayant des conséquences mortelles: premièrement, le nettoyage ethnique de la minorité musulmane, les Rohingyas, au Myanmar; deuxièmement, le traitement impitoyable des chrétiens, en Corée du Nord; troisièmement, les meurtres de milliers de chrétiens dans les pays d’Afrique; quatrièmement, la montée de l’antisémitisme dans certains endroits où je n’aurais jamais imaginé que cela serait possible, y compris le Royaume-Uni et les États-Unis; cinquièmement, le traitement scandaleux et parfois meurtrier de petits groupes comme les yézidis, en Syrie, et les baha'is, en Iran; sixièmement l’oppression de longue date des bouddhistes tibétains de Chine, à laquelle s’ajoutent maintenant l’internement de masse et la surveillance généralisée de la population ouïgoure musulmane dans le Nord-Ouest de la Chine; septièmement, le maintien de l’oppression envers les adeptes du Falun Gong, en Chine.
La pire forme d’intolérance est, bien sûr, le meurtre, et seulement au cours des deux derniers mois, le monde au-delà de nos frontières nous a fourni des exemples terrifiants de meurtres de masse de fidèles pacifiques en prière: la fusillade à la mosquée de Christchurch, le 21 mars, les attentats à la bombe perpétrés dans les églises du Sri Lanka, le 21 avril, et la fusillade à la synagogue de San Diego County, le 27 avril.
Ces trois incidents ont fait, à eux seuls, plus de 300 morts musulmans, chrétiens et juifs et plus de 500 blessés.
[Traduction]
Je signale que je n'ai pas réparti ces victimes de meurtre entre divers groupes en fonction de leur religion. Tous les Canadiens devraient être persuadés que les adeptes de toutes les religions sont frères et sœurs. Je pense que c'est notre instinct en tant que nation de penser qu'une attaque qui vise les membres d'un segment identifiable de la population civile est, dans les faits, une attaque contre la société elle-même.
Si nous examinons de plus près la liste en sept points que je viens de lire à haute voix, un fait important devient évident: les oppresseurs de l'État et les meurtriers terroristes choisissent bien sûr leurs victimes et les agressent en fonction de leur appartenance religieuse. Cependant, le plus souvent, ces victimes sont ciblées parce que, aux yeux des agresseurs, leur religion est avant tout un symbole d'autre chose, de quelque chose d'entièrement non religieux, qu'il s'agisse de défendre l'autonomie ou l'indépendance régionale, de rejeter un étranger non désiré et perçu comme un manipulateur de la loi ou du système financier, de contrer une menace démographique, et cetera.
Les victimes des fusillades de Christchurch, par exemple, ont été ciblées parce que leur foi était considérée comme un symbole de leur altérité, du statut de beaucoup de fidèles sur le plan de l'immigration et de leur appartenance à un groupe que l'on imagine être intrinsèquement opposé à son assimilation.
Le tireur de la synagogue en Californie a également prétendu être motivé par ce que l'on appelle la théorie du remplacement des Blancs ou la théorie du génocide blanc, où la race, la religion et le lieu de naissance sont confondus de telle manière que le fait d'adhérer à une tradition religieuse autre que celle de la majorité issue de l'Europe fait de quelqu'un un étranger permanent, un membre d'un groupe externe qui n'a pas le droit d'être là. Par conséquent, selon cette logique, si son meurtre peut servir à envoyer le message supposément important que les autres n'ont pas leur place ici, cette personne n'a même pas le droit d'être en vie.
Une autre des déclarations du tireur californien a de quoi retenir notre attention. Il a en effet affirmé qu'un mois avant la tuerie de la synagogue, il avait tenté de mettre le feu à une mosquée.
Pour les nationalistes blancs, les musulmans et les juifs ne pourront jamais faire partie du groupe. Comme le faisait remarquer Mustafa Farooq il y a quelques semaines dans The Guardian, en 2019, l'antisémitisme et l'islamophobie sont devenus les deux côtés d'une seule et même médaille.
Il fut un temps pas si lointain où cette thèse aurait paru complètement ridicule, mais de nos jours, comme le révèle le témoignage du tireur californien, il s'agit d'un code inscrit dans une idéologie bien vivante, mais ô combien alarmante.
Passons maintenant aux victimes des attentats à la bombe du Sri Lanka. Selon ce qu'on en sait, les meurtriers cherchaient à venger les victimes de la tuerie de Christchurch. Pourtant, même la personne aux prises avec le plus profond délire qui soit aurait tout de suite compris que ce crime ne pouvait être imputé d'aucune façon aux victimes sri-lankaises. Comment aurait-ce été possible? Selon les autorités sri-lankaises, ces attentats auraient également pu servir de réplique aux pays occidentaux qui ont expulsé le groupe armé État islamique de Syrie et d'Irak, même si, là encore, personne n'aurait pu, même dans un délire extrême, imputer la moindre responsabilité aux victimes.
La réduction de la vie humaine à sa seule représentation d'un groupe aux contours extrêmement vagues et l'amalgame entre, d'une part, l'identité religieuse et, d'autre part, l'identité nationale, la politique étrangère de tel ou tel pays ou tout ce qui est simplement différent, voilà qui caractérise tous ces actes terroristes.
Il y a une dizaine d'années, je coprésidais, avec le député libéral Mario Silva, une coalition parlementaire de lutte contre l'antisémitisme à l'échelle nationale et internationale. À l'époque, je croyais que ce type d'amalgames douteux était le fardeau exclusif des juifs, qu'on tenait collectivement responsables de transgressions, réelles et imaginaires, commises par l'État d'Israël. D'ailleurs, c'est malheureusement encore le cas. Cette responsabilité collective est telle que, aux yeux de certains extrémistes, tous les juifs peuvent être considérés comme des cibles légitimes d'une riposte meurtrière, même si, dans la plupart des cas, ils ne sont pas citoyens de cet État.
Cependant, je comprends maintenant que ce phénomène concerne d'autres groupes de victimes et que, malheureusement, c'est vrai au Canada comme dans le reste du monde. Par exemple, le pire acte de terrorisme intérieur du pays a eu lieu en 1985, lorsque le vol 182 d'Air India a explosé en plein ciel, entre le Canada et Londres. Nous avons appris plus tard que l'objectif des conspirateurs avait été de tuer le plus d'hindous possible. En effet, les responsables de cet acte avaient confondu, de façon simpliste et inexacte, l'ensemble des hindous avec l'Inde. Un des militants a déclaré: « Le gouvernement indien est notre ennemi; la société hindoue est donc notre ennemie. » Il a aussi dit: « Tant que nous n'aurons pas tué 50 000 hindous, nous ne nous arrêterons pas. »
Les auteurs de l'attentat d'Air India ont tué 329 personnes. Les victimes comptaient 200 hindous, mais aussi plus de 30 sikhs et un certain nombre de croyants d'autres religions.
[Français]
Puis, il y a eu l'attaque au Centre culturel islamique de Québec. Le tireur dans cette affaire était, selon les personnes qui ont interagi avec lui, à la fois agressivement anti-immigrant et agressivement anti-musulman. Son attitude et son désir apparent de faire en sorte que les immigrants ne se sentent pas bienvenus ressemblent de façon étonnante à l'idéologie du tireur néo-zélandais, deux ans plus tard.
Je prie la Chambre de garder cette pensée à l'esprit, alors que je fais un changement de cap et que je fais une analogie entre le 29 janvier et le 11 novembre, qui, comme nous le savons tous, est le jour du Souvenir.
Il y a exactement un siècle, en 1919, Sa Majesté le roi Georges V a pris une série de mesures pour exprimer sa gratitude envers les millions de jeunes volontaires courageux de Grande-Bretagne, du Canada et du monde entier qui ont perdu la vie pendant la Grande Guerre. La plus durable de toutes ces commémorations initiées par le roi a été son choix d'un jour symbolique unique pendant lequel, chaque année, nous prenons le temps de méditer collectivement sur les sacrifices de nos morts courageux.
Ainsi, même si nos soldats sont tombés à la guerre chaque jour de l'année, le 11 novembre a été choisi parce que le 11 novembre 1918 est le jour où l'on a mis fin aux tueries. C'est ainsi qu'est né le jour du Souvenir, qui, au fil des décennies, est devenu un jour où l'on rend hommage non seulement à ceux qui sont tombés durant la Grande Guerre, mais aussi à ceux qui sont tombés durant les guerres qui ont suivi et durant les missions de maintien de la paix.
[Traduction]
Bien que la Grande Guerre ne se soit pas avérée être, comme l'avaient espéré les dirigeants de l'époque, la « guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres », le sentiment d'unité qui se renouvelle chaque année le 11 novembre au Canada est une source de force et d'unité durable pour nous tous.
La même logique devrait s'appliquer au choix du jour réservé à l'expression de notre solidarité en tant que nation avec les victimes du fanatisme et de la violence antireligieuse. Le 29 janvier 2017 n'est évidemment pas le seul jour où les Canadiens ont été confrontés à des actes de sectarisme scandaleux.
Le libellé de la motion cite trois autres dates: le 5 avril, le 23 juin et le 15 septembre. Cependant, à mon avis, le 29 janvier est une date symbolique importante. Selon moi, son symbolisme repose en partie sur le fait que l'incident est survenu au Canada. Tous les députés, peu importe leur affiliation politique, partagent l'aspiration que le Canada, de tous les pays, devrait être un refuge sûr où les gens de toutes les religions peuvent se sentir libres de pratiquer leur religion en toute sécurité. Le 29 janvier me semble avoir un symbolisme particulier, notamment parce que les événements de 2017 sont frais dans notre mémoire, tout comme la Grande Guerre l'était encore lorsque le roi George a tenu la première cérémonie commémorative, le 11 novembre 1919.
La date du 29 janvier est symbolique, car l'attaque a été perpétrée alors que les gens étaient en prière, qui est le geste le plus profond et le plus essentiel de toute religion. Si nous voulons exprimer notre solidarité aux victimes d'intolérance et de violence antireligieuses, qu'il s'agisse d'islamophobie, d'antisémitisme ou de toute autre sentiment du genre, le meilleur moyen de le faire est de défendre nos concitoyens lorsqu'ils expriment le plus clairement et le plus totalement leur foi.
Enfin, l'importance du 29 janvier 2017 découle du fait qu'il est encore possible d'espérer que la fusillade de ce jour-là se transforme en ce que n'ont pas été les événements du 11 novembre 1918, à savoir le point tournant vers la paix et l'événement qui met fin aux tragédies pour que nous puissions reprendre le rôle qui devrait être le nôtre dans le monde, c'est-à-dire d'être le lieu le plus sûr et le plus accueillant qui soit pour tous les musulmans, chrétiens, hindous, bouddhistes, yézidis, baha'is, athées et adeptes de n'importe quelle religion ou philosophie de vie, point à la ligne.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler de la motion.
En écoutant le député soulever cette question de cette façon, l'une des choses qui me sont venues à l'esprit, c'est que ce n'est malheureusement pas nouveau. J'ai été élu pour la première fois en 1988, et l'un des premiers rapports que je me rappelle avoir examinés avait été produit par le Conseil interculturel du Manitoba. À l'époque, c'était un rapport important pour moi. J'ai toujours représenté le Nord de Winnipeg, dont la formidable population est très diversifiée, et ce rapport portait entièrement sur la question du racisme. Il contenait un certain nombre de recommandations. Ce qui m'avait le plus frappé personnellement, c'est que si nous voulions lutter contre le racisme, nous devions organiser des discussions interculturelles et créer des programmes éducatifs pour que les gens prennent conscience des avantages de la diversité. Ce n'est peut-être pas exactement, mot pour mot, ce qui était écrit dans les recommandations, car je fais appel à mes souvenirs vieux de 30 ans. Toutefois, je pense qu'il en ressort très clairement deux choses. Premièrement, c'est le genre de question qui nous préoccupe depuis de nombreuses années. Deuxièmement, il existe des mesures que le gouvernement serait capable de prendre pour tenter de réduire le racisme, le sectarisme et la violence.
Je pense bien que les 330 députés et plus qui siègent à la Chambre des communes savent tous où nous pouvons agir comme société. Nous devrions prendre des mesures pour lutter contre la violence, le fanatisme et le racisme. Toutefois, je dirais qu'il n'y a pas que le gouvernement fédéral qui devrait agir et je vais parler un peu de ce qu'il a fait de manière bien tangible, mais aussi de la nécessité que nous incitions les divers ordres de gouvernement et l'ensemble de la société à s'impliquer davantage sur cette question en particulier.
Si nous voulons combattre efficacement l'extrémisme et le racisme, nous devons regarder du côté des salles de classe et des commissions scolaires et voir le rôle que les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral peuvent jouer. À mon avis, le gouvernement fédéral peut faire preuve d'un solide leadership dans ce dossier. Les gouvernements provinciaux et les autres pouvoirs publics pourront conclure, en voyant l'exemple donné par le gouvernement fédéral, qu'ils doivent en faire autant. Toutefois, la question va au-delà des institutions gouvernementales. Elle concerne aussi les organismes sans but lucratif, les milieux d'affaires, le secteur privé et les syndicats, qui ont tous conclu par le passé qu'ils avaient un rôle à jouer. En effet, nous devons adopter une approche forte et concertée. C'est l'une des raisons pour lesquelles il existe, par exemple, une journée internationale contre le racisme. C'est une cause qui dépasse les frontières canadiennes. Un grand nombre d'écoles, de parlementaires et d'entreprises privées soulignent cette journée.
Je crois qu'une majorité écrasante des gens que nous représentons comprennent et apprécient à sa juste valeur ce qui fait du Canada un pays aussi exceptionnel, c'est-à-dire notre diversité, que nous devons chérir et protéger. Lorsque nous voyons des choses dans la société canadienne ou à l'étranger qui vont à l'encontre du principe de la diversité, nous devons réagir. Nous en avons été témoins à l'intérieur comme à l'extérieur de la Chambre. Certains d'entre nous ont vécu de telles choses personnellement.
Je pense à la députée de et à son excellent travail. Lorsque la question du racisme dans ce qu'il a de plus laid a été soulevée à la Chambre, elle s'est tenue debout et a pris position très fermement. Ce faisant, elle s'est attiré des critiques virulentes dirigées contre sa personne. Je suis extrêmement fier de ma collègue, qui n'a jamais fléchi. D'autres membres du caucus et d'autres partis l'ont appuyée.
Depuis que j'ai été élu pour la première fois, en 1998, j'ai visité des gurdwaras partout au Canada et ailleurs dans le monde. J'ai visité des gurdwaras, des synagogues, des églises et des mosquées. Je comprends, j'apprécie et je chéris nos lieux de culte et la valeur qu'ils ajoutent à notre société.
J'aimerais que d'autres personnes aient les mêmes occasions que j'ai, à titre de parlementaire élu, d'aller dans ces communautés et de constater de visu l'amour et la sollicitude que l'on témoigne non seulement aux gens comme moi, mais aussi aux édifices, aux églises, aux mosquées, aux synagogues et aux temples des quatre coins du pays.
J'ai de l'admiration pour le gurdwara de la communauté sikhe. Je suis fier de dire qu'une femme assume maintenant la présidence du gurdwara. Il y a un enseignement du sikhisme que j'aime beaucoup. Lorsqu'on entre dans un gurdwara, on enlève ses chaussures et on s'accroupit pour assister à la cérémonie. Tous sont considérés comme des égaux, et c'est quelque chose que j'ai retenu au fil des années. Que ce soit à Winnipeg, à Abbotsford, à Toronto ou au Pendjab, où j'ai visité de nombreux gurdwaras, y compris le Temple d'or, tous sont traités comme des égaux.
Je crois que le même principe est observé avec autant de respect dans toutes les communautés religieuses. C'est pourquoi j'aimerais parler de nouveau du Conseil interculturel du Manitoba. Il a publié un rapport il y a plusieurs dizaines d'années. Ce rapport disait que, si on veut combattre l'intolérance et le racisme, il faut faire de la sensibilisation aux différences culturelles. Je crois qu'il recommandait que les députés de l'Assemblée législative provinciale suivent une formation sur la sensibilisation aux différences culturelles. Le rapport visait juste. Les députés pourraient être mieux sensibilisés aux différences culturelles.
Le est l'un des plus fervents militants du pays lorsqu'il s'agit de parler des avantages de la diversité et de la force que la diversité représente pour le Canada. Le premier ministre a raison de le souligner. Pour nous en convaincre, nous n'avons qu'à regarder ce qui se passe dans les différentes régions du pays. Nous serons alors plus à même de comprendre ce qu'on veut dire lorsqu'on dit que la diversité est notre plus grande force.
J'encourage non seulement les députés, mais tous les parlementaires à relever le défi lancé par le Conseil interculturel du Manitoba et par d'autres organismes.
Nous devons savoir apprécier ce que nous avons et mieux nous informer.
:
Monsieur le Président, c'est le cœur lourd que je prends la parole sur la motion M-153. Après tout, on parle ici de la violence commise envers des personnes de foi, des communautés religieuses, et de la discrimination à laquelle elles sont sujettes.
Au Canada, il y a une importante tradition de liberté religieuse, mais également de diversité religieuse. Ce sont des droits protégés par la Charte canadienne des droits et libertés. Malgré ce que l'on prétend de temps à autre, nous sommes malheureusement loin d'être à l'abri des forces qui existent ici et partout dans le monde et qui, trop souvent, ciblent ces personnes à cause de leur foi ou pour toutes sortes d'autres raisons que nous allons examiner aujourd'hui.
Certains de ces gestes de discrimination peuvent sembler dater d'il y a longtemps, mais plusieurs datent de tout récemment. On peut penser, par exemple, aux cibles fréquentes que sont les femmes musulmanes portant le hijab ou le niqab. Elles sont victimes de violence dans nos espaces publics. On sait aussi que ce sont des incidents qui se produisent dans de grands centres, où on profite de la diversité de la population. Il peut s'agir d'endroits comme Montréal, Toronto ou Vancouver, où la diversité de la population est, avec raison, célébrée. Or ces personnes sont trop souvent ciblées.
[Traduction]
Je veux parler de certains incidents, dont un en particulier à propos duquel j'ai lu un article dans les médias. Des gens que nous connaissons personnellement ont vécu ce genre d'expériences.
Je veux mentionner le cas de Mme Merriman, qui est d'origine canadienne. Elle est née à Winnipeg. Elle a été violemment bousculée à Toronto parce qu'elle portait le niqab. Ce genre d'incidents fait frémir. Dans une ville qui célèbre, à juste raison, sa diversité, une femme s'est fait agresser à cause d'un choix personnel. Sa vie est peut-être en danger.
J'invite les députés à suivre la couverture médiatique sur les nombreux cas du genre. Cela nous rappelle que nous ne sommes pas à l'abri de ces forces, des gestes discriminatoires et haineux qui peuvent être commis à l'endroit de groupes religieux et, trop souvent, des femmes musulmanes.
Ce n'est pas seulement des individus qu'on attaque physiquement ou autrement en raison de leur religion, mais aussi des lieux de culte. En tant que porte-parole en matière de sécurité publique pour le NPD, je suis conscient qu'il reste encore beaucoup de pain sur la planche et c'est malheureux. Il est regrettable que le gouvernement doive assurer la protection des lieux de culte.
On peut penser à des crimes comme le vandalisme, les attaques à la bombe incendiaire ou d'autres types de dommages causés par des crimes haineux, parfois au péril des personnes présentes.
Je pense à février 1981, à Merritt, en Colombie-Britannique. Vers 3 heures du matin, il y a eu une explosion à l'église East Indian. Selon les pompiers, quelqu'un aurait lancé un bâton de dynamite à travers la fenêtre. Évidemment, en raison de l'heure, il n'y avait personne à l'intérieur de l'édifice. On peut toutefois imaginer ce que cela représente pour une communauté de voir son lieu de culte être attaqué.
En 1985, le Temple Shalom de Vancouver a été la cible d'une attaque à la bombe incendiaire. Les dommages ont été importants, atteignant 400 000 $. L'incendie avait également menacé une chapelle funéraire juive.
Trop souvent, des communautés se sentent menacées par des individus qui préconisent le sectarisme et la haine. Ce genre d'attaques exacerbe certainement le sentiment de peur.
Il y a eu des attaques à la bombe incendiaire contre des mosquées de Calgary et d'Hamilton et contre des synagogues d'Edmonton. Un temple hindou d'Hamilton a été la cible d'un incendie criminel. Quelqu'un a parlé de cette attaque plus tôt aujourd'hui. Il y a eu des attaques contre une synagogue de Saskatoon et contre une mosquée à Edson. Un temple sikh de Vancouver a été la cible d'un incendie criminel. Celui qui asperge un temple d'essence instille la peur et la haine.
[Français]
Il est évident que ce sont des gestes qui créent un climat de peur et de haine et qui causent des dommages physiques. Ils peuvent mener aux gestes physiques qu'on connait qui sont posés contre les personnes.
Cela m'amène au prochain exemple. Il s'agit de l'attentat du 29 janvier 2017 au Centre culturel islamique de Québec qu'on connait malheureusement trop bien. Six personnes ont été tuées, et presque deux dizaines ont été sérieusement blessées. On sait très bien que c'était un rappel important et tragique du fait que ces gestes peuvent être commis ici, au Canada.
Un individu a été radicalisé par des valeurs de l'extrême-droite et de la suprématie blanche. Il avait un point de vue anti-musulman et il a été radicalisé par des politiques qu'on voit chez nos voisins du Sud et par certaines idées qui sont mises en avant par le président Trump. Ces idées peuvent alimenter cette peur de l'autre, trop souvent à l'origine de ces gestes.
Depuis ce temps, des gens de la communauté musulmane, mais aussi de nombreux Canadiens, ont démontré leur appui et leur solidarité pour leurs voisins qui sont en deuil; cela, malgré toute cette haine et cette violence, est un important rappel que nous avons le pouvoir d'apporter un changement positif pour ce qui est de ce type de gestes. Quand on énumère ces gestes haineux, les attaques contre des lieux de culte ou contre des personnes de foi, la liste est malheureusement loin d'être une liste exhaustive. Toutefois, ces exemples montrent qu'il y a une hausse de crimes haineux basés sur la religion au Canada.
[Traduction]
Selon Statistique Canada, les forces policières ont rapporté une augmentation de 47 % des crimes haineux de 2016 à 2017. En 2017, il y a à peine deux ans, il y a eu 2 073 incidents, soit 664 de plus que l'année d'avant.
Les juifs canadiens, comme nous le savons, continuent malheureusement d'être ceux qui sont le plus souvent victimes de crimes de haine fondés sur la religion et les incidents sont passés de 221 en 2016 à 360 l'année suivante.
Les musulmans canadiens ont vu augmenter le nombre de crimes haineux commis à leur endroit de plus de 150 % sur la même période, de 2016 à 2017, avec un total de 349 crimes haineux rapportés à la police. C'est important de faire cette distinction. On ne peut qu'imaginer le nombre de crimes qui ne sont pas rapportés. En outre, il y a aussi eu 142 crimes haineux fondés sur la race ou l'origine ethnique commis contre des Canadiens d'origine arabe ou ouest-asiatique. Compte tenu de la superposition de ces groupes, on peut penser que ces données sont interreliées.
Les néo-démocrates comprennent le rôle que nous devons aussi jouer en tant que politiciens à l'égard des médias comme Rebel Media ou des associations entre des chefs de partis qui utilisent les mêmes tribunes que des gens comme Faith Goldy. Même les réseaux sociaux, qui se traînent les pieds relativement à ce genre de haine, savent que la propagande haineuse n'a pas sa place sur leurs plateformes.
Nous avons une responsabilité. Les néo-démocrates sont fiers de collaborer avec quiconque croit, comme c'est le cas pour tous les Canadiens, à mon avis, que ce genre de sectarisme et de haine envers les communautés religieuses — et, bien honnêtement, envers tous les Canadiens faisant partie d'un groupe minoritaire pouvant faire l'objet de discrimination pour une quelconque raison — n'a pas sa place, et que ces personnes méritent un soutien total et sans réserve de la part du gouvernement.
Avant de proposer un amendement à la motion, je dois ajouter que nous devrions tous suivre l'exemple de la première ministre de la Nouvelle-Zélande. Selon elle, c'était très important de rappeler à ses électeurs, notamment aux musulmans de sa collectivité, qu'elle ne tolère pas le discours du « nous » par rapport à « eux », discours qui, trop souvent, nourrit cette haine.
Nous sommes tous unis dans cette lutte contre le sectarisme et l'intolérance. C'est notre responsabilité fondamentale en tant que parlementaires.
[Français]
Je termine en proposant un amendement, appuyé par mon collègue de . Compte tenu de tous les groupes qui sont ciblés par cette haine, je crois que cet amendement donne une portée plus large à cette motion.
[Traduction]
Je propose que la motion soit modifiée en remplaçant les mots « le 29 janvier de chaque année comme étant la Journée nationale » par « la dernière semaine du mois de janvier de chaque année comme étant la Semaine nationale ».
:
Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir aujourd'hui pour appuyer la motion présentée par mon collègue le député de Lanark—Frontenac—Kingston. Cette motion porte sur un sujet extrêmement important. Pendant sept mois, en 2017, j'ai eu le plaisir d'être le voisin de banquette de mon estimé collègue. J'ai ainsi eu le privilège de profiter de ses brillantes idées et de sa grande sagesse dans un large éventail de dossiers.
La motion M-153 porte sur un enjeu très important, que tous les députés prennent au sérieux. Le fléau du sectarisme religieux n'a pas sa place dans la société canadienne. C'est une question très importante pour les résidants de ma circonscription, Edmonton Manning. Je suis très fier de représenter une circonscription aussi diversifiée.
Sur la courte distance qui sépare une extrémité de ma circonscription de l'autre, on rencontre des gens de cultures et de religions de dizaines de pays différents. Dans Edmonton Manning, il y a des églises de toutes les confessions religieuses, des mosquées, des gurdwaras et des temples. Il y a plusieurs ligues communautaires qui permettent aux gens de se rassembler et d'interagir avec leurs voisins, indépendamment de leurs religion, ethnie ou culture. Il y a des associations culturelles qui se dévouent pour aider les nouveaux arrivants, souligner la culture et l'histoire de la population diversifiée d'Edmonton et montrer aux autres membres de la communauté que, même si nous ne venons pas tous du même endroit et n'avons pas tous la même culture ou religion, en réalité, nous ne sommes pas tellement différents les uns des autres. C'est une des caractéristiques admirables d'Edmonton Manning et, à bien des égards, du Canada en général: l'unité dans la diversité.
Je suis extrêmement fier de ma circonscription, de sa diversité et de la coexistence pacifique, du respect réciproque et de l'esprit de coopération qui y règnent. Ensemble, nous arrivons à faire des choses que nous ne pourrions réaliser autrement. Hélas, ces belles valeurs ne sont pas universelles. L'intolérance, le racisme, l'extrémisme et la haine sont bien réels. Ces attitudes ne sont pas exclusives à une culture, à une religion, à une identité ou à un groupe. C'est pourquoi j'estime que cette motion est si importante.
Nous devons reconnaître qu'il existe, dans le monde et au Canada, des problèmes auxquels nous devons nous attaquer de front, et l'intolérance religieuse en fait partie. Mondialement, on constate un recul en matière de gouvernance responsable et de droits de la personne. L'espace où les champions des droits de la personne exercent leurs activités rétrécit dans les régions où ils sont le plus nécessaires. Les gouvernements et les régimes partout dans le monde réussissent bien à ostraciser des groupes de personnes, habituellement des minorités ethniques ou religieuses, pour tenter d'en légitimer la déshumanisation systématique. Nous observons cette réalité partout dans le monde, à l'endroit de toutes sortes de communautés confessionnelles.
En ma qualité de ministre du cabinet fantôme de l'opposition officielle pour le développement international, j'ai eu l'occasion de voyager et de m'entretenir avec des gens qui ont fait l'objet de telles campagnes de discrimination. Presque sans exception, ces politiques gouvernementales draconiennes entraînent d'horribles atteintes aux droits de la personne. Pensons seulement au génocide des Rohingyas au Myanmar, l'exemple peut-être le plus flagrant, où le refus de reconnaître les Rohingyas et de leur accorder la citoyenneté s'est traduit par l'incitation à la haine, l'attaque et la destruction de villages, le recours systématique au viol des femmes et des filles, la torture et le génocide, forçant les Rohingyas à quitter le pays.
J'ai rencontré des chrétiens en Afrique qui sont ciblés en raison de leur religion, des gens dont les enfants ont été enlevés par Boko Haram, ainsi que des personnes qui sont constamment harcelées et terrorisées et qui subissent des horreurs principalement en raison de leurs croyances religieuses.
Bien qu'il existe dans le monde des crises prolongées majeures qui sont motivées par l'intolérance religieuse, il existe également des attaques épouvantables pour les mêmes motifs, dont certaines parmi les plus graves sont nommées dans la motion M-153. Il y a eu des attaques contre des établissements religieux et leurs fidèles ici même, au Canada, et ailleurs dans le monde. Nul ne devrait craindre la persécution ou une attaque lorsqu'il fréquente son lieu de culte.
Nous avons tous le devoir de dénoncer et de condamner le sectarisme religieux sous toutes ses formes, peu importe le groupe religieux ciblé. Je dis souvent que, lorsqu'il s'agit d'aider les gens dans le besoin, tous les Canadiens ont le même ADN. Cela fait partie de notre identité. Que ce soit au Canada ou à l'étranger, les Canadiens ont toujours répondu à l'appel pour aider les gens dans le besoin, pour défendre ceux qui sont incapables de le faire eux-mêmes et pour dénoncer l'intolérance et la discrimination partout où elles se manifestent. Qu'il soit question de discrimination contre les chrétiens, les juifs, les musulmans, les hindous, les sikhs, tout autre groupe religieux ou les personnes qui n'ont pas de croyance religieuse, comme l'indique clairement la motion M-153, la violence et l'intolérance visant des croyants ne sont pas compatibles avec notre vision commune d'un Canada libre, pacifique et pluraliste.
Je crois qu'il est nécessaire de reconnaître cette réalité en désignant le 29 janvier de chaque année comme étant la journée nationale de la solidarité avec les victimes d’actes d’intolérance et de violence antireligieuse. La création d'une journée de solidarité semble être un petit geste pour une question aussi cruciale, mais, selon moi, c'est un geste important. Il est important en raison du mot « solidarité ». La violence, la haine et la persécution envers un groupe religieux constituent un problème non seulement pour la communauté visée, mais aussi pour nous tous parce que ces actes déplorables vont à l'encontre des valeurs canadiennes et de la vision que tous les députés s'efforcent de concrétiser. Ensemble, nous sommes plus forts que lorsque nous sommes divisés. Les individus qui cherchent à répandre la violence et la haine ont presque toujours un but précis en ciblant un autre groupe. Ils ne veulent pas que les gens voient leurs victimes potentielles comme ils se perçoivent eux-mêmes et comme ils perçoivent leurs proches. Ils tentent de répandre leur haine comme un cancer pour duper les gens afin de les amener à se rallier à eux. Ils tentent de convaincre les gens d'adhérer à leur idéologie répugnante.
Bien qu'il puisse sembler impossible qu'une telle chose se produise dans un pays comme le Canada, elle sévit partout dans le monde. Je doute fort qu'une société quelconque pense que cela puisse lui arriver, jusqu'à ce que cette mentalité commence à s'y enraciner. C'est pourquoi je crois que nous devons contrer les gens qui persécutent d'autres personnes pour leur foi en faisant preuve de solidarité et en indiquant clairement que nous sommes un seul peuple. Lorsque des difficultés se présentent, nous devons les examiner sous l'angle de l'égalité, ne pas tenir compte de nos différences, faire front commun contre les gens qui veulent nous diviser et dire non. Cette personne est ma sœur, cette personne est mon frère, et leurs croyances sont importantes; cependant, lorsqu'il s'agit de les défendre, ce n'est pas ce qui compte: c'est simplement la bonne chose à faire. Dans une société libre, pacifique et multiculturelle comme le Canada, je dirais même que c'est la seule chose à faire.
Si le Canada fonctionne si bien, malgré sa diversité, c'est notamment parce qu'il est inclusif. Par conséquent, en dépit des efforts déployés par ceux qui cherchent à cibler d'autres personnes dans notre société, nous, les Canadiens, ne les laisserons pas réussir parce que nous sommes solidaires, peu importe nos différentes religions et tout autre facteur.
Il y a plusieurs mois déjà, un article évoquait la possibilité que des terroristes partis de Syrie aboutissent au Canada. Les membres du groupe armé État islamique essayaient en effet de profiter de la confusion causée par la crise humanitaire pour se mêler aux réfugiés légitimes et éviter de répondre des actes ignobles qu'ils avaient commis.
Un couple est venu me voir à mon bureau. Nous avons discuté autour d'une tasse de café. L'un d'eux m'a dit une des choses qui m'a le plus marqué depuis que j'ai été élu député d'Edmonton Manning. Je paraphrase un peu, mais cela voulait dire à peu près ceci: « Vous devez faire quelque chose. Je sais qu'ils sont peu nombreux et qu'ils ne représentent pas l'ensemble de leur communauté, mais j'ai peur. Je crains un attentat. J'ai surtout peur qu'à cause d'une poignée de personnes mal intentionnées, la société se mette à craindre et à détester la communauté au complet. »
Je les connais, ces gens. Au fond d'eux-mêmes, ils ne sont ni racistes ni intolérants, mais ils ont compris le but de ceux et celles qui cherchent à nous diviser, et ils ont raison d'avoir peur. Voilà pourquoi j'estime important de créer une journée nationale de solidarité avec les victimes d'actes d'intolérance et de violence antireligieuse. Ce serait un moyen de faire comprendre aux gens qui ne partagent pas nos valeurs que nous sommes unis, que nous rejetons la haine et la violence qu'ils prônent et que nous ne nous laisserons pas diviser, quoi qu'ils fassent.
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Monsieur le Président, à propos des mots qui comptent, nous sommes ici pour désigner le 29 janvier et, comme l'on dit mes collègues, c'est bien pour une raison: l'atrocité du massacre. Les mots comptent.
Au début de janvier 2016, je prenais un café avec des membres de la communauté musulmane de ma circonscription. Ils étaient inquiets de la recrudescence de l'islamophobie, des mots qu'ils entendaient dans les médias et des attaques que certains dirigeants menaient contre les musulmans dans le monde. Ils m'ont demandé ce que je pouvais faire à ce sujet et je leur ai dit que, puisque je fais désormais partie du gouvernement, je ferais quelque chose. L'idée nous est venue alors de demander un débat sur l'islamophobie. Cela me semblait une bonne idée même si, en tant que député débutant, je ne connaissais pas exactement les règles. J'en ai parlé aux leaders parlementaires, qui m'ont dit qu'on ne consacrerait pas une journée entière à cette question puisque, évidemment, tout le monde est contre l'islamophobie. Ils ont donc décliné mon offre en disant qu'avec le peu de jours qu'il restait à cette législature, ils devaient faire avancer leur programme.
Tout cela me paraissait logique. De retour dans ma circonscription, j'ai discuté davantage avec les mêmes personnes. Comme notre idée était impossible, elles m'ont demandé si quelque chose d'autre pouvait être fait. J'ai alors parlé à d'autres députés, en particulier à un de mes amis qui connaît très bien les règles. Il m'a parlé du consentement unanime et il m'a expliqué que je pouvais présenter une motion demandant le consentement unanime de la Chambre, sans débat, pour condamner l'islamophobie. Je me suis dit que c'était une très bonne idée.
Je me suis adressé aux dirigeants de la Chambre, mais ils m'ont expliqué que, même si ces règles existaient, les partis avaient convenu de ne pas les appliquer. Par conséquent, je ne pouvais pas le faire. Je suis alors retournée dans ma circonscription et j'ai parlé à des membres de la communauté musulmane. C'est à ce moment-là que j'ai appris qu'un ancien député avait lancé le concept des pétitions électroniques au Parlement. Nous avons donc décidé de présenter une pétition pour condamner l'islamophobie, que j'allais présenter au Parlement. Cela semblait être une bonne idée et nous nous sommes attelés à la tâche. Les dirigeants de la Chambre ont également dit que c'était une bonne idée et que nous pouvions le faire; nous les avons écoutés. Nous avons travaillé très fort pour obtenir des signatures. Nous avons vraiment mis du cœur à l'ouvrage, comme on dit.
Je suis très heureux de dire que la pétition a reçu le plus grand nombre de signatures parmi toutes les pétitions électroniques présentées jusque-là. Nous avons établi un record. Des gens de partout au pays l'ont signée. Nous avons commencé lentement parce que nous ne savions pas comment nous y prendre. Les pétitions ont une limite de temps, mais si nous avions eu l'autorisation de la prolonger, nous aurions pu faire signer encore plus de gens. Néanmoins, le processus s'est accéléré et a explosé. J'étais très fier de présenter cette pétition à la Chambre.
À ce moment-là, la députée de est venue me faire part d'une idée. Elle a dit qu'elle aurait bientôt une motion à présenter pendant les affaires émanant des députés et qu'il serait bon de proposer que nous fassions une étude sur le racisme et la discrimination, y compris l'islamophobie. J'ai dit que ce serait fantastique. Je n'aurais pu trouver rien de mieux: c'est ce qui a mené directement à la création de la pétition. La députée l'a donc présentée.
Je dois dire que j'ai été choqué. Je n'étais tout simplement pas préparé aux attaques virulentes dont a fait l'objet la députée de . Cela m'a vraiment décontenancé. À un moment donné, j'ai commencé à me sentir mal parce que je pensais que j'étais en partie responsable de l'avoir entraînée là-dedans. Je ne connaissais pas très bien la députée à ce moment-là, puisque nous étions nouveaux à la Chambre. Nous nous sommes assis dans son bureau, et je lui ai dit que je comprendrais si elle voulait se retirer parce que cela n'en valait pas la peine. Cette jeune femme m'a vraiment impressionnée lorsqu'elle a posé son poing sur la table et m'a dit que nous allions nous battre à nouveau, et elle l'a fait. Elle a subi un nombre considérable d'attaques personnelles, jusqu'à des menaces de mort, mais je ne l'ai jamais vue reculer. Je lui lève mon chapeau pour ce qu'elle a accompli et pour avoir présenté cette pétition.
Malheureusement, tandis que nous nous attelions à la tâche, l'attentat du 29 janvier a eu lieu. Ce massacre est survenu parce que des mots avaient contaminé le cerveau d'un jeune homme et l'avaient incité à aller assassiner et mutiler un tas de personnes.
Je connais l'imam Hassan Guillet, dont l'éloge funèbre émouvant a été diffusé partout dans le monde. Dans son discours, il a dit que tout le monde avait été victime de cet attentat, y compris le tireur. Il a affirmé que le tireur était la victime des personnes qui lui avaient rempli la tête d'idées haineuses et avaient alimenté son ignorance, le menant à commettre cet acte. Sa vie était détruite, tout comme celle de son ami. Il n'y avait que des perdants dans cette situation.
Puis, un rapport a été publié. Je l'ai trouvé excellent. Il traitait de beaucoup d'enjeux et il formulait des recommandations importantes, notamment la désignation du 29 janvier comme journée nationale de commémoration et d’activités concernant l’islamophobie et toute autre forme de discrimination religieuse.
C'est exactement l'idée mise de l'avant par le député. Commémorons le 29 janvier. Il n'a pas utilisé les termes du rapport, mais il a employé des mots semblables. Il y a une petite polémique concernant l'inclusion du mot « islamophobie ». C'est une chose dont il faut discuter. J'aime la formulation employée dans le rapport, qu'elle inclue ou non le mot « islamophobie ». En fait, je la préfère aux mots qui sont proposés ici. Bref, l'idée de souligner cette journée est bonne.
Dans la même veine, je félicite le député d'avoir présenté l'idée. Je félicite la députée de d'avoir accompli le dur travail. Il y a ici une leçon à tirer pour les législateurs et les politiciens. Cet ulcère n'a pas pris naissance hier ou la semaine dernière. Il s'est développé. Ce sont les paroles de dirigeants politiques qui nous ont menés à cela. Je ne jette pas le blâme sur une personne en particulier, mais nous devrions tous nous en souvenir, de sorte que, lorsque nous entendons ce genre de propos, nous réagissions ensemble, plus rapidement et plus fermement, pour que cela ne se reproduise pas.