propose que le troisième rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, présenté à la Chambre le mardi 17 mai, soit adopté.
— Monsieur le Président, c'est un réel privilège pour moi de prendre la parole aujourd'hui au sujet de l'industrie laitière canadienne à titre de députée de Fundy Royal, une circonscription qui est le centre laitier des Maritimes. Les agriculteurs de ma circonscription sont à l'origine d'environ la moitié de la production laitière du Nouveau-Brunswick. Je suis aussi particulièrement fière de prendre la parole aujourd'hui en tant que petite-fille d'un producteur laitier, Reg Tabor, qui n'a probablement jamais imaginé que je siégerais un jour à la Chambre et que le premier discours que j'y ferais viserait à appuyer les producteurs laitiers du Canada.
Je prends donc la parole aujourd'hui pour soulever un enjeu important à la Chambre, au nom du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Comme le rapport qui a été déposé l'indique, le gouvernement appuie fermement la gestion de l'offre, les producteurs laitiers et l'industrie laitière canadienne. Comme le rapport l'indique aussi, nous reconnaissons que le lait diafiltré représente un problème important pour l'industrie laitière canadienne et que l'industrie souhaite qu'on règle ce problème. Le gouvernement prend des mesures concrètes à cet égard.
Le 2 mai 2016, le gouvernement a annoncé son intention d'entamer des discussions dans les 30 jours afin d'aider l'industrie laitière à s'adapter à l'AECG. Le gouvernement a rempli cet engagement et poursuit maintenant ses pourparlers importants et productifs avec les représentants de l'industrie. Le et le secrétaire parlementaire ont discuté avec les intervenants de l'AECG, de la question du lait diafiltré et de solutions durables visant à moderniser l'industrie laitière canadienne.
Le gouvernement va donner suite à tous les points soulevés dans le rapport à l'étude aujourd'hui. Je tiens à souligner que le gouvernement comprend très bien les défis que doivent relever quotidiennement les producteurs laitiers. En fait, le et le secrétaire parlementaire sont tous deux d'anciens producteurs laitiers. L'exploitation agricole du ministre se trouve à l'Île-du-Prince-Édouard, tandis que celle du secrétaire parlementaire, qui est maintenant exploitée par la quatrième génération de sa famille, est située au Québec.
L'industrie laitière canadienne, qui est soumise à la gestion de l'offre, est l'un des principaux secteurs agricoles et alimentaires au pays et elle est essentielle à la vigueur et à la prospérité de l'économie canadienne. Elle appuie plus de 12 000 exploitations agricoles et fermes familiales, ainsi que 200 000 emplois au pays, et elle rapporte près de 20 milliards de dollars à l'économie canadienne. De ce côté-ci de la Chambre, nous appuyons sans équivoque la gestion de l'offre. Notre système est un modèle de stabilité pour le monde entier. Il garantit un prix juste aux agriculteurs, une stabilité aux transformateurs et des produits sains et de grande qualité, à un prix abordable, aux consommateurs. La gestion de l'offre assure la viabilité des exploitations agricoles, des fermes familiales et des collectivités rurales partout au pays, y compris dans ma circonscription, Fundy Royal.
Je trouve honteux que, récemment, un des candidats à la direction du Parti conservateur ait affirmé que l'on devait mettre fin à ce système canadien essentiel. Ce député a déclaré que la gestion de l'offre n'est pas conforme aux valeurs conservatrices. C'est le Parti libéral qui s'est battu pour implanter et mettre en oeuvre la gestion de l'offre. Nous allons continuer de protéger et de défendre ce système contre tous ceux qui souhaitent son élimination. Je tiens à assurer à la Chambre que la gestion de l'offre est conforme aux valeurs libérales et qu'elle continuera de l'être.
La position du député de est franchement inquiétante, surtout si l'on songe au grand nombre d'exploitations laitières et de familles d'agriculteurs dans sa région. Je m'imagine les réactions que le député récoltera des agriculteurs de sa circonscription, qui travaillent fort, et de leur famille, dont l'avenir dépend de la gestion de l'offre. Il est peut-être encore plus inquiétant que le porte-parole adjoint des conservateurs en matière d'agriculture, le député de , soit le coprésident de la campagne à la direction du parti réclamant l'abolition de la gestion de l'offre. Ce n'est pas tout: l'ex-ministre des Finances, Joe Oliver, s'est, lui aussi, élevé récemment contre la gestion de l'offre. En revanche, je tiens à préciser clairement que, de ce côté-ci de la Chambre, nous appuyons la gestion de l'offre et les producteurs laitiers. Le gouvernement est bien déterminé à assurer un bel avenir à l'industrie laitière du Canada, qui est fort vigoureuse.
Cette année, le gouvernement a annoncé un investissement fédéral additionnel de 1,75 million de dollars dans la grappe de recherche laitière. Cet investissement appuiera le travail des scientifiques d'Agriculture et Agroalimentaire Canada portant sur deux volets de première importance: augmenter la teneur en énergie des cultures fourragères canadiennes afin d'accroître la production laitière; et comprendre les effets des produits à base de matières grasses laitières, notamment leur incidence sur le diabète de type 2.
L'investissement fédéral total dans la grappe de recherche laitière s'élève à 13,75 millions de dollars. Notre message est clair depuis le début: le gouvernement du Canada appuie fermement les secteurs canadiens soumis à la gestion de l'offre.
Je veux parler d'une expérience que j'ai vécue hier. J'ai visité la ferme laitière de la famille Bühlmann, qui se trouve dans la circonscription de mon collègue, le député de . J'ai pu observer une famille qui travaille ensemble, qui s'adapte à la technologie et qui planifie son avenir grâce à la stabilité que lui procure le programme de gestion de l'offre.
Le travail de cette ferme fournit du lait de première qualité aux Canadiens. De plus, la ferme est l'un des pourvoyeurs économiques de la localité de Saint-Isidore, en Ontario. Cette ferme n'est pas unique en son genre. En fait, on peut observer l'innovation de nos producteurs laitiers d'un océan à l'autre, de la ferme de Scott et Sandra Robinson à Wards Creek, au Nouveau-Brunswick, à celle de la famille Haambuckers à Enderby, en Colombie-Britannique.
Comme la directrice générale des Producteurs laitiers du Canada l'a dit hier, « il importe que les représentants élus aillent à la rencontre de familles propriétaires de fermes familiales et voient de première main le dévouement et l’attention qui se cachent derrière l’exploitation d’une ferme laitière moderne. » Je pense que ce serait un bon conseil pour le député d'en face.
L'innovation est essentielle pour la prospérité de l'industrie laitière du Canada. Les producteurs font de grands progrès au chapitre de la productivité et de l'exploitation durable. En effet, ils peuvent maintenant produire la même quantité de lait qu'il y a 20 ans avec près de la moitié du nombre de vaches et en émettant 20 % de moins de gaz à effet de serre. Les producteurs laitiers canadiens font partie des chefs de file de leur industrie pour ce qui est de l'environnement. Ils ont une empreinte carbone, eau et terre plus petite que pratiquement tous les principaux producteurs laitiers au monde. Nos producteurs agissent au chapitre de l'environnement, mais pour ce faire, ils ont besoin des ressources voulues.
Plus tôt cette année, le et le étaient à l'Université McGill pour annoncer du financement fédéral ainsi qu'un investissement de 27 millions de dollars réparti sur cinq ans pour aider les producteurs à trouver des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre de leur exploitation. Cet investissement s'inscrit dans les efforts du gouvernement du Canada en vue d'appuyer un secteur agricole concurrentiel, viable, novateur et durable, et cela inclut le secteur laitier.
Pour aider encore plus les agriculteurs à instaurer des mesures vertes dans leur exploitation, le budget de 2016 investit 1,9 million de dollars dans les emplois verts pour les jeunes. Non seulement cela permettra aux agriculteurs d'obtenir l'aide dont ils ont besoin, cela inspirera également nos jeunes à envisager un avenir en agriculture.
Les Producteurs laitiers du Canada font également preuve d'un grand leadership en matière d'environnement. Ils ont lancé l'initiative de viabilité proAction, qui souligne l'engagement des agriculteurs à respecter des normes de soins élevées sur leurs fermes, que ce soit sur le plan de la qualité du lait ou de la salubrité alimentaire, des soins des animaux, de la traçabilité, de la biosécurité ou de l'environnement. Les Producteurs laitiers du Canada montrent clairement qu'ils peuvent gérer de façon responsable leurs animaux et l'environnement, et produire de façon durable des aliments de grande qualité, sains et nutritifs pour les consommateurs.
Comme je l'ai dit plus tôt, le gouvernement collabore activement avec l'industrie, qui se préoccupe de l'utilisation du lait diafiltré dans la fabrication du fromage. Le gouvernement mène un travail acharné sur la question, conformément au rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Les consultations avec les producteurs et les transformateurs de l'ensemble du Canada étaient axées sur la coopération et et sont avérées très productives. Les discussions sont toujours en cours sur cette importante question.
Le ministre et les représentants du gouvernement communiquent régulièrement avec les intervenants de l'industrie laitière pour trouver des solutions à long terme durables à cette question très grave. Le gouvernement comprend également l'importance d'offrir un appui à la transition aux producteurs laitiers, étant donné l'accès accru au fromage en vertu de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, l'AECG.
En prévision de la ratification de l'AECG par le Canada, nous allons mettre en oeuvre un plan pour aider l'industrie à s'ajuster aux concessions concernant l'accès aux marchés. Nous avons tenu plusieurs réunions avec l'industrie laitière pour obtenir son avis sur le programme et les options d'investissement pour les producteurs et les transformateurs.
La collaboration avec l'industrie laitière est essentielle en vue d'établir les meilleures options possibles pour l'aider à faire la transition, à surmonter les défis et à saisir les occasions qui se présenteront. Les résultats orienteront les travaux du gouvernement en vue d'établir des solutions à long terme durables pour l'industrie laitière canadienne.
Nous devons régler certains problèmes, et je suis ravie d’avoir l’occasion de le faire ici à la Chambre. Il ne faut toutefois pas oublier que les problèmes s'accompagnent souvent de possibilités. L’industrie laitière canadienne fait un excellent travail dans les marchés en croissance grâce à la promotion de l’image de marque, à la collaboration et à la mise à profit de l’innovation.
L'industrie laitière du Canada est exceptionnelle. Le développement de produits laitiers canadiens uniques répondant aux nouvelles préférences des consommateurs contribuera à soutenir et à renforcer la demande des consommateurs canadiens. Selon un rapport de Financement agricole Canada qui a été publié en avril, la consommation de produits laitiers canadiens devrait continuer de croître de 6,8 % au cours de la prochaine décennie. Cette croissance est en grande partie due aux tendances positives touchant la consommation de beurre, de yogourt et de fromages spéciaux.
Nous continuerons de travailler avec l'industrie pour aider les producteurs laitiers à tirer pleinement profit des nouvelles possibilités de commercialisation ici, au Canada, et dans le monde entier.
Afin de tirer avantage des possibilités extraordinaires qui nous attendent, le gouvernement a amorcé des discussions avec l'industrie, les provinces et les territoires sur un nouveau cadre stratégique pluriannuel pancanadien sur l'agriculture. L’innovation sera au centre de ces discussions, car il s’agit d’un aspect déterminant pour aider les producteurs et les transformateurs à suivre de près l’évolution des préférences et des goûts des consommateurs.
Nous tendons la main aux producteurs et aux intervenants pour élaborer un cadre stratégique tourné vers l'avenir. Le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire a lancé un site Web pour obtenir de la rétroaction des intervenants en vue d'élaborer le prochain cadre stratégique pour l'agriculture. La première étape de la consultation en ligne donnera aux intervenants et aux Canadiens la possibilité d'exprimer leur point de vue sur Cultivons l'avenir 2, l'actuel cadre stratégique agricole, et d'indiquer ce qu'ils souhaitent faire inclure dans le nouveau.
Des consultations additionnelles seront menées sans interruption au cours des prochains mois pour obtenir de la rétroaction en vue de la préparation du nouveau cadre. En juillet, le commencera à rencontrer ses homologues provinciaux et territoriaux pour entamer des discussions sur l'orientation du nouveau cadre. Le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes doit examiner lui aussi le cadre stratégique, et j'ose espérer que cette importante étude commencera très bientôt.
Ces consultations ouvertes et transparentes auprès des Canadiens permettront d'orienter la politique et les programmes pour atteindre l'objectif visé, en l'occurrence soutenir le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire pour qu'il soit plus novateur, plus sûr et plus résilient.
Un dialogue constructif a été amorcé au sein de l'industrie laitière entre les producteurs et les transformateurs d'aliments pour rendre l'industrie plus compétitive et plus novatrice. Il va sans dire que la collaboration avec l'industrie constitue la meilleure façon de relever les grands défis auxquels est confronté le secteur laitier.
En conclusion, il faudra énormément de travail et de collaboration pour relever les défis et saisir les possibilités. Le gouvernement continuera de faire équipe avec les producteurs de lait canadiens et les transformateurs d'aliments pour assurer un avenir fort à l'industrie laitière canadienne.
Il continuera à protéger, à préserver et à défendre le système de gestion de l'offre du Canada. Voilà pourquoi je suis ravi de dire que le gouvernement souscrit au troisième rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
J'aimerais rappeler à la Chambre et aux Canadiens le vieux dicton qui dit: « Si vous avez mangé aujourd'hui, remerciez-en un agriculteur. »
:
Madame la Présidente, presque deux mois se sont écoulés depuis le 20 avril dernier, et nous nous retrouvons, encore aujourd'hui, à débattre du sujet du lait diafiltré, notamment parce que nous avons affaire à un gouvernement qui n'agit pas. Les faits n'ont pas changé. Ils sont toujours les mêmes. Ce gouvernement, en plus de ne pas avoir pris en considération nos recommandations, reste sur la même position.
Afin de bien mettre le au parfum de la situation et de lui rappeler que son inaction fait perdre à nos producteurs fromagers des centaines de millions de dollars en ce moment, qu'on me permette d'exposer la situation.
La gestion de l'offre est représentée par un tabouret qui repose sur trois piliers revêtant la même importance. Le premier pilier est le prix à la production qui assure que le prix qu'obtiennent les producteurs laitiers pour leur lait est établi en fonction des coûts de production. Ceux-ci comprennent le coût de la main-d'oeuvre, les investissements, ainsi que les conditions globales de l'économie canadienne.
Il est important de noter que ni la Commission canadienne du lait, ni les offices provinciaux de commercialisation du lait, ni les producteurs ne fixent le prix de détail. Le prix payé par les consommateurs à l'épicerie ou au restaurant a toujours été établi par les détaillants ou les propriétaires de restaurant. Cela est le premier pilier et il est présentement attaqué par le lait diafiltré; en effet, les producteurs ont subi une baisse du prix de leur lait résultant de l'entrée du lait diafiltré. Le premier pilier est donc présentement attaqué.
Le deuxième pilier est la discipline de la production qui assure que l'offre de lait canadien correspond à la demande des consommateurs. Chaque producteur laitier du Canada détient un quota, une part du marché qui établit la quantité de lait qu'il peut produire selon la demande des consommateurs. La quantité que permet de produire le quota est ajustée à la hausse ou à la baisse.
Cela est le deuxième pilier de la gestion de l'offre et il est lui aussi attaqué par le lait diafiltré, parce que les producteurs laitiers canadiens ont subi une baisse de leur capacité de production, vu que le lait diafiltré remplace du lait canadien. Ainsi, deux des trois piliers sont menacés par le lait diafiltré.
Le troisième pilier est le contrôle des importations. Pour le secteur visé par la gestion de l'offre, les importations sont contrôlées au moyen des contingents tarifaires.
Les contingents tarifaires permettent à une quantité prédéterminée de produits laitiers d'être importée à des tarifs préférentiels, généralement en franchise de droits, tout en maintenant le contrôle sur la quantité importée.
Voilà le troisième pilier et il est également très menacé par l'entrée au Canada du lait diafiltré, parce que le lait diafiltré contourne les règles liées à l'accès canadien du lait américain.
Les trois piliers de la gestion de l'offre sont donc menacés par le lait diafiltré. J'espère que le gouvernement en a pris bien conscience.
Lorsque les trois piliers de la gestion de l'offre jouent leur rôle comme prévu, ils permettent à l'industrie laitière de résister à toutes les tempêtes économiques, d'atteindre un haut degré d'autosuffisance et d'assurer sa pérennité.
Inversement, si l'un des trois piliers devient instable — présentement ce sont tous les trois qui le sont — il risque de mettre le système entier en péril.
Cela m'amène à l'objet de notre présence ici, aujourd'hui, c'est-à-dire les protéines laitières. Autrefois, le lait canadien était utilisé en tant que source principale et composante de base dans la fabrication des produits laitiers. Or, même si certains fabricants de fromage et de yogourt utilisent encore 100 % de lait — je les en félicite — un nombre croissant de fabricants ajoutent des ingrédients tels que les isolats de protéines laitières, des concentrés de protéine de lait et le lait diafiltré pour remplacer le lait.
Ces ingrédients peuvent être produits au Canada ou être importés. Lorsqu'ils sont importés, ceux-ci ne sont pas classés en vertu du chapitre 4 du Tarif des douanes qui inclut les produits laitiers. Ils sont plutôt classés en vertu du chapitre 35 qui inclut les ingrédients tels que les matières protéiques de lait.
À l'origine, ces matières protéiques de lait étaient importées sous forme sèche. Cependant, au cours des cinq ou six dernières années, nous avons observé un changement au modèle d'importation. La quantité de protéines laitières importée sous forme liquide, en vertu de la même ligne tarifaire, s'est accrue significativement.
Une fois entrées au pays, ces matières protéiques de lait sont utilisées comme ingrédients dans la fabrication du fromage ou du yogourt.
Or la situation devient complexe lorsque le même produit n'est pas traité de la même manière par deux organismes gouvernementaux. Par exemple, lorsqu'un organisme considère un produit comme un ingrédient, alors que l'autre le traite comme du lait, c'est qu'il y a un sérieux problème.
En vertu des normes canadiennes de composition du fromage, un pourcentage minimal des protéines utilisées dans la fabrication de celui-ci doivent avoir le lait comme source. Le pourcentage requis varie d'un fromage à l'autre. Par exemple, la caséine contenue dans le cheddar doit provenir au moins à 80 % du lait, et un maximum de 17 % du contenu total en protéines peut être issu d'ingrédients, y compris de matières protéiques de lait.
L'Agence canadienne d'inspection des aliments est responsable de l'application des normes de composition du fromage; cela signifie qu'elle doit vérifier que le ratio lait/ingrédients défini dans ces dernières est respecté dans le cas de chaque fromage. Parce que les matières protéiques de lait sont des ingrédients parfois moins coûteux, certains transformateurs s'en servent pour compléter le minimum requis de lait dans la fabrication du fromage plutôt que de les utiliser dans le pourcentage permis d'ingrédients ajoutés. Cette situation est également incohérente avec la classification de ces ingrédients à la frontière, où ils ne sont pas traités en vertu du chapitre sur le lait et les produits de la laiterie, entrant ainsi au pays exempts de droits.
L’un des plus importants enjeux aujourd'hui concerne la croissance de l’importation non contrôlée d’isolats de protéine du lait. Importés en quantités toujours plus importantes, ils font concurrence aux solides du lait écrémé et aux protéines laitières produits ici même, dans notre pays, modifiant par le fait même le contexte concurrentiel et minant les revenus des producteurs laitiers canadiens.
L’importation d’isolats de protéine du lait croît de manière exponentielle depuis 2012. Le Canada s’est doté de contingents tarifaires sur les concentrés de protéines laitières vers le milieu des années 1990. Il y a une dizaine d’années, quelques entreprises ont commencé à importer des concentrés de protéines laitières, des isolats, pour obtenir de plus grandes concentrations de protéines.
Les concentrés de protéines laitières sont un produit du lait écrémé auquel on a retiré, à divers degrés, le lactose et le perméat, soit de l’eau en grande partie. Ces protéines en forte concentration sont importées au Canada en franchise de droits, ce qui permet de contourner les contingents tarifaires. Les Producteurs laitiers du Canada ont tenté de régler cette situation en saisissant le Tribunal canadien du commerce extérieur de l'affaire. La concentration de protéines dans le lait écrémé normal qui sort de la ferme est d’environ 35 %, dans la matière sèche. Tout produit dont la concentration de protéines se situe au-delà de ce pourcentage est considéré comme un concentré.
Le Tribunal canadien du commerce extérieur a déterminé qu’un produit dont la concentration excède 85 % est un isolat et non un concentré, et ce, même s’il est utilisé aux mêmes fins. Ce produit a été conçu dans l’unique but de contourner le contingent tarifaire sur les concentrés de protéines laitières. Cette décision va à l’encontre de la compréhension commune de quiconque et ne correspond pas à la politique du gouvernement.
D’ailleurs, le gouvernement du Canada a tenté de rectifier la situation. Vers 2008, il a établi un nouveau contingent tarifaire et des tarifs pour les isolats de protéine du lait. Le seul ennui, c'est que ces tarifs ne peuvent s'appliquer aux pays signataires de l’ALENA, c’est-à-dire les États-Unis et le Mexique. Par conséquent, la frontière avec les États-Unis demeure perméable. Les isolats de protéine laitière traversent la frontière à titre d’ingrédients, mais peuvent être utilisés au Canada comme du lait. C’est un paradoxe qui laisse cette situation pleine d'ambiguïté.
Le gouvernement conservateur a posé des gestes importants en 2007-2008 en mettant en vigueur des normes de fabrication fromagère pour limiter la quantité d'ingrédients pouvant être utilisés. Toutefois, les importations récentes de lait diafiltré en provenance des États-Unis menacent de nouveau la gestion de l'offre. Ce produit de contournement est un stratagème qui a été développé pour atteindre un seul objectif: contourner les contrôles frontaliers et les normes fromagères du Canada.
Ces protéines remplacent le lait écrémé dans la fabrication du fromage et du yogourt. Dans les faits, il n'y a pas de limite technique, au chapitre de la fabrication, quant à l'utilisation de ces protéines. Ce stratagème est inadmissible.
À la frontière, ce produit est considéré comme un ingrédient par l'Agence des services frontaliers du Canada, ce qui lui permet d'entrer sans être assujetti aux tarifs. Par contre, pour la fabrication du yogourt et du fromage, il est considéré comme du lait par l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Cela signifie que son utilisation n'est pas limitée par les normes de fabrication du fromage et du yogourt. Le gouvernement fédéral a donc un rôle important à jouer.
Il faut que le lait diafiltré soit considéré comme un ingrédient selon les normes de composition du fromage et du yogourt. Les normes et l'esprit de celles-ci seront ainsi respectés. Il faut de plus que les règles de vérification de ces normes soient renforcées pour en assurer le respect.
Nous devons tous travailler ensemble pour trouver une solution au problème du lait diafiltré. Nous en sommes tous conscients. Je crois que plusieurs députés du Parlement sont sensibilisés et touchés de très près par ce grave problème. Nous avons connu le problème des protéines solides et ensuite celui des trousses à pizza, que le gouvernement conservateur précédent a réglé sans lésiner.
L'industrie laitière affirme ne pas avoir d'autre choix que d'utiliser le lait diafiltré dans la composition de ses produits laitiers. Comme je le disais plus tôt, le lait diafiltré a été créé pour contourner les règles à la frontière et les règles de fabrication.
J'ai pu confirmer, lorsqu'on a répondu à une de mes questions au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, que personne aux États-Unis ne fabriquait du fromage en utilisant des concentrés de protéines liquides, dont le taux de protéines est de 85 %. Les transformateurs ne font pas cela. Cela n'existe pas aux États-Unis.
Au Canada, les transformateurs utilisent ce produit maintenant pour des raisons de concurrence, c'est-à-dire dans l'unique but de réduire leurs coûts de production. Or cela n'a pas de sens, puisque ces économies de coûts ne peuvent pas profiter aux producteurs laitiers canadiens. En fin de compte, les transformateurs n'en bénéficient pas non plus. C'est en aval de la transformation que la chose est profitable.
Honnêtement, il faut que cette situation cesse, parce que l'ensemble de l'industrie fait cela au détriment de la gestion de l'offre. Tant que la question du lait diafiltré importé ne sera pas réglée, il est certain que les transformateurs chercheront toutes les façons possibles de réduire leurs coûts de production. Nous voulons que les règles du jeu soient équitables pour tous, et nous pressons le gouvernement libéral d'agir à cet égard.
L'industrie de la transformation aux États-Unis produit du fromage sans utiliser du lait diafiltré. Les Américains mangent donc du fromage fabriqué sans lait diafiltré. Les Canadiens ne devraient pas manger du fromage fabriqué avec du lait diafiltré américain. Rien ne le justifie, car il n'y a aucun incitatif économique pour le faire. Il n'existe aucune raison d'agir ainsi.
La seule raison qui pousse les transformateurs canadiens à importer du lait diafiltré est que cet ingrédient est moins cher, parce qu'il n'est pas assujetti aux tarifs et peut être utilisé sans restriction dans la production. C'est l'unique raison.
Pour ce qui est des importations qui entrent au pays, de quelles quantités avons-nous besoin pour répondre à la demande du marché? Nous n'en avons nul besoin, parce qu'il y a au Canada une abondance de lait écrémé à partir duquel nous pourrions produire ces ingrédients.
Si le gouvernement décidait de contrôler l'utilisation de ces ingrédients, nous produirions ces ingrédients au pays à un prix concurrentiel et nous les utiliserions. Nous n'avons nul besoin de ces importations, puisque nous avons une quantité abondante de lait écrémé à notre disposition.
Qu'il soit importé ou produit au pays, le produit utilisé par de nombreux transformateurs se compose de substances de protéines de lait contenant 85 % ou plus de protéines de lait. Cela est conforme à la définition du lait ultra-diafiltré. Selon ce statut, l'usage du lait ultra-diafiltré ne fait l'objet d'aucune restriction dans les fromages ordinaires et autres produits laitiers.
Sans contrôle des importations, il est impossible de gérer l'offre afin qu'elle corresponde à la demande. Un manque de contrôle des importations mènerait inévitablement à une surproduction et à une instabilité de notre système de gestion de l'offre.
En outre, il ne suffit pas d'avoir de bons règlements en place; le processus de validation et d'audit et la mise en application de ces règlements sont tout aussi importants.
À l'heure actuelle, ceux qui pourraient vouloir contourner les règles sont pleinement conscients que lorsqu'il est question de produits laitiers, l'application par le Canada des contrôles frontaliers existants ne se fait pas de manière cohérente et uniforme.
Il est donc essentiel que l'application des lois et les audits se fassent de manière adéquate afin de décourager ceux qui pourraient chercher à exploiter ces brèches. Les gens peuvent faire preuve d'une grande créativité lorsque vient le temps de contourner les tarifs et les quotas. À cet égard, le problème relatif aux garnitures de pizza est un excellent exemple.
Le système laitier canadien est unique et il a fait ses preuves. Il fournit aux producteurs de lait un revenu qui leur permet de couvrir les coûts et procure un environnement stable aux transformateurs. Il contribue au maintien du tissu social et au développement économique de nos communautés, tout en assurant aux consommateurs un approvisionnement de qualité à prix compétitif. Il nous apparaît donc clair, justifié et plus important que jamais que tous les intervenants travaillent à soutenir la gestion de l'offre.
Dans le cadre des accords commerciaux récents, le gouvernement conservateur a réussi à maintenir des tarifs élevés aux frontières. Il s'agit là d'un pilier indispensable pour maintenir notre système de gestion de l'offre. Nous espérons que le gouvernement libéral ne viendra pas détruire ce que le gouvernement conservateur précédent a construit pour protéger le système de gestion de l'offre.
Dans le cas du contrôle des frontières, au moins quatre ministères sont concernés par la question de l'efficacité. Le ministère des Finances est concerné par les paiements des tarifs, alors que le ministère de la Sécurité publique est responsable des contrôles frontaliers par l'entremise de l'Agence des services frontaliers du Canada. Il y a aussi le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, parce que cela concerne la politique agricole, ainsi que celui des Affaires étrangères, lorsque nous avons des ententes commerciales et que nous avons pris des engagements avec d'autres partenaires. Nos partenaires commerciaux ont aussi des politiques agricoles et des exigences particulières.
En conclusion, en y mettant tous les efforts nécessaires pour régler le problème du lait diafiltré et autres substituts laitiers qui traversent nos frontières canadiennes, nous rétablirons l'équilibre de notre système de gestion de l'offre au profit de toute l'industrie laitière canadienne. Également, nous rétablirons ce climat d'harmonie dans toute l'industrie, des producteurs aux transformateurs, en passant par les distributeurs, pour livrer des produits à nos chers consommateurs.
Nous avons réussi depuis plus de 45 ans à satisfaire les Canadiens avec des produits laitiers de grande qualité, à un prix juste et équitable, selon les voeux de la Chambre. Pour réussir, l'industrie a besoin d'un climat politique et réglementaire qui la soutient en conservant la gestion de l'offre et les trois piliers qui sont présentement menacés par le lait diafiltré, comprenant les revenus des producteurs, tout en permettant la souplesse en matière de transformation primaire, secondaire et de la chaîne des valeurs, en développant de nouvelles capacités au moyen de technologies et de processus de pointe en matière de fabrication des produits qui permettront en même temps des améliorations en matière de productivité.
En terminant, j'assure mes collègues que nous ferons tout en notre pouvoir pour apporter notre soutien à l'essor de l'industrie laitière du Canada pour les générations futures.
:
Madame la Présidente, j'ai le grand plaisir de prendre la parole à nouveau pour défendre les producteurs laitiers.
Il semble que, d'un gouvernement à l'autre, on se fasse un plaisir de leur rendre la vie difficile.
[Traduction]
Je vous avoue que je suis très irritée qu’on en parle encore. Il y a eu des consultations qui, encore une fois, n’ont pas été suivies d’actes de la part du gouvernement libéral.
J’ai présenté il y a deux ans à la Chambre une motion qui a été adoptée à l’unanimité. Des dirigeants conservateurs avaient promis de compenser les producteurs pour les concessions qu’ils avaient faites dans l’accord avec l’Union européenne. Selon cet accord, les conservateurs ont consenti 17 000 tonnes de nouvelles importations de fromage aux Européens, plus précisément 17 700 tonnes en plus des 13 000 tonnes que les Européens peuvent maintenant écouler dans nos supermarchés. Cet accroc à notre système de gestion de l’offre va coûter des millions et des millions de dollars à nos producteurs.
La même chose s’est passée en octobre, lorsque les conservateurs ont négocié en secret le Partenariat transpacifique en renonçant à 3,25 % de la part de marché de nos producteurs laitiers. C’est un autre coup porté au système, qui fait mal à nos producteurs. Bons joueurs qu’ils sont, ces derniers ont accepté de faire preuve d’ouverture dans ces deux accords dans la mesure où d’autres secteurs n’en profitaient pas à leurs dépens.
Le Nouveau Parti démocratique et tous les autres partis ayant voté en faveur de la motion, les producteurs croient qu’ils devraient être convenablement compensés des pertes subies dans le cadre de l’AECG et du Partenariat transpacifique.
Tous ces accords commerciaux que l'on négocie et conclut contribuent à l'incertitude au sein de l'industrie, qui continue d'en subir les effets néfastes. Qui plus est, alors que les conservateurs avaient annoncé que les accords seraient accompagnés d'une indemnisation, l'actuel gouvernement libéral a fait marche arrière, contribuant encore plus à l'incertitude.
La a affirmé ne pas ressentir l'obligation de s'en tenir au plan annoncé par les conservateurs, préférant tenir des consultations.
[Français]
Après plus de sept mois au pouvoir, les libéraux n'ont toujours rien annoncé, sauf des consultations. La préfère annoncer qu'elle vise l'entrée en vigueur de l'Accord économique et commercial global, l'AECG, entre le Canada et l'Union européenne en 2017 plutôt que rassurer les producteurs avec un plan de compensation.
En gros, depuis leur arrivée au pouvoir, les libéraux ne font qu'ajouter de l'incertitude pour l'industrie laitière. Bien entendu, ils utilisent à profusion le mot de l'année: « consultation ». Ils disent défendre la gestion de l'offre, mais quand on regarde les mesures concrètes qu'ils ont prises pour l'industrie laitière, on a vraiment l'impression qu'ils souhaitent mettre fin à la gestion de l'offre. Ils ne font qu'aggraver la situation par leur inaction.
Je serai toujours là pour rappeler au gouvernement l'importance de l'industrie laitière et la nécessité du bon fonctionnement de notre système de gestion de l'offre. Depuis deux ans, notre système de gestion de l'offre et les producteurs qui travaillent sous celui-ci sont menacés par un autre type de brèche.
[Traduction]
La gestion de l'offre repose sur trois piliers. Le premier est la gestion, ou encore la régulation, de la production, qui se rapporte aux quotas imposés à la production. Les producteurs acceptent de produire en réponse aux besoins des Canadiens et d'assumer les coûts de toute surproduction. Le deuxième est la fixation des prix par les producteurs, négociés en fonction des coûts de production. Le troisième, et non le moindre, relève entièrement du gouvernement, car c'est lui qui contrôle les importations.
À l'instar d'une table ou d'une chaise qui repose sur trois pattes, la gestion de l'offre devient instable lorsqu'un de ses piliers vacille. C'est exactement ce qui se passe en l'occurrence.
[Français]
Depuis plus de deux ans, le gouvernement ne joue pas son rôle de contrôleur des importations, et un produit laitier, qu'on appelle le lait diafiltré, entre à profusion par nos frontières. Ce produit a été créé exclusivement pour contourner les règles tarifaires, et en 2015 il a entraîné des pertes de plus de 220 millions de dollars pour les producteurs canadiens. Si l'on se fie à ce qu'on entend dans l'industrie, les pertes en 2016 seront encore plus importantes.
Interpellés par l'industrie lors de la campagne électorale, le NPD et le Parti libéral se sont engagés à régler le problème rapidement, une fois au pouvoir. Nous connaissons les résultats d'octobre. Je sais que nous débattons de cet enjeu à la Chambre, mais j'aimerais quand même faire un petit historique de cet enjeu.
Depuis décembre dernier, je talonne le gouvernement afin de savoir quand il réglera enfin le problème du lait diafiltré. L'inaction de ce nouveau gouvernement nous a forcés à lui rappeler son engagement ainsi que l'importance d'agir dans ce dossier pour la vitalité de notre industrie laitière et pour le bon fonctionnement de notre système de la gestion de l'offre.
Au départ, les libéraux disaient vouloir consulter l'industrie et qu'ils étaient au fait du dossier. Au mois de février, il y a eu une petite lueur d'espoir pour nos producteurs, alors que le ministre leur a annoncé qu'il n'avait jamais été question que le lait diafiltré soit utilisé comme du lait dans les normes de composition fromagère. En effet, il faut rappeler qu'actuellement, au Canada, le lait diafiltré a une double identité, gracieuseté des conservateurs, qui est maintenant une gracieuseté du Parti libéral également. Ce produit entre aux frontières en tant que concentré protéique laitier sans frais de douane, ce qui le rend avantageux pour les transformateurs. Ensuite, il est considéré comme du lait par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, alors qu'il n'a rien du lait qu'on met dans nos céréales.
Par conséquent, comparativement aux autres concentrés protéiques laitiers, les transformateurs n'ont pas de limites précises dans l'utilisation du lait diafiltré. Cela explique l'augmentation croissante des importations depuis quelques années. De plus, rappelons que les Américains n'utilisent pas le lait diafiltré dans leurs produits. Il a été conçu spécialement et exclusivement pour contourner les règles canadiennes.
Revenons où j'en étais aujourd'hui.
[Traduction]
En février, le ministre nous a dit qu'il ne fallait pas consommer du lait diafiltré comme on consommerait du lait ordinaire et qu'il allait s'assurer que tous les transformateurs en soient conscients.
La plupart des représentants du secteur laitier venus de l'ensemble du pays pour témoigner devant le comité permanent de l'agriculture semblaient dire que le lait diafiltré devait être considéré non pas comme du lait, mais bien comme un concentré protéique de lait. Après coup, à chaque entrevue qu'il donnait, le ministre répétait que le lait diafiltré ne devrait pas être consommé comme si c'était du lait.
Ces déclarations ont rassuré les producteurs et moi-même; nous pensions que le gouvernement comprendrait que la solution idéale serait de considérer le lait diafiltré en tant que concentré protéique de lait et d'imposer les normes de composition du fromage à tous les transformateurs.
[Français]
Bien entendu, nous restions inquiets de la vitesse à laquelle le gouvernement allait enfin appliquer cette solution, mais cela ne semblait pas être un pas dans la bonne direction. Malheureusement, quelques semaines plus tard, comme les libéraux nous ont habitués depuis le début de leur mandat, ils ont changé de position du jour au lendemain. Un autre beau virage à 180o signé par le Parti libéral du Canada. Désormais, le et le gouvernement retournaient à la case départ en menant à nouveau des consultations, comme s'ils ne connaissaient pas la solution. En fait, je n'aime pas le mot « solution », parce que faire appliquer ses propres normes à tous, ce n'est pas une solution. C'est la moindre des choses, c'est le gros bon sens.
En d'autres mots, après avoir dit qu'ils s'assureraient que les normes soient claires pour tous et qu'ils les feraient appliquer à tous, les libéraux ont reculé encore une fois. Ils ont commencé à nous donner la même réponse encore et encore, soit qu'ils protégeaient la gestion de l'offre, qu'ils étaient en discussion avec l'industrie laitière et qu'ils étaient conscients de ce problème dont ils avaient hérité de l'ancien gouvernement conservateur.
Après des semaines et des semaines à se faire répondre cela à la Chambre, pour le bien-être de l'industrie et pour la protection de nos fermes familiales, mon parti et moi avons décidé de débattre cet enjeu du lait diafiltré une autre fois lors d'une journée de l'opposition. La motion que j'ai déposée lors de cette journée demandait au gouvernement de régler le problème immédiatement en faisant appliquer ses normes de composition fromagère, tout en reconnaissant que chaque jour où il ne faisait pas son travail, les producteurs encaissaient d'importantes pertes financières et plusieurs fermes familiales allaient disparaître.
On connaît la suite de l'histoire. Les libéraux ont voté contre notre motion. Ils ont annoncé qu'ils allaient s'engager à consulter l'industrie dans les 30 prochains jours afin de trouver une solution à long terme. On a bien entendu: encore des consultations pour acheter du temps. Désormais, il s'agissait de trouver une solution à long terme pour l'ensemble de l'industrie. C'est bien beau en paroles, mais sur papier et dans la vraie vie, la recherche d'une solution à long terme, comme ils le disent, fait disparaître plusieurs fermes familiales et perdre des milliers de dollars à nos producteurs laitiers canadiens.
Ces producteurs perdent en moyenne de 15 000 $ à 20 000 $ par année. C'est une honte. Pendant ce temps, ce sont les producteurs américains qui s'enrichissent sur le dos des producteurs canadiens. Il me semble qu'ils sont déjà assez bien subventionnés par leur gouvernement, qu'ils n'ont pas besoin de l'aide du gouvernement canadien en plus.
La recherche d'une solution à long terme nous amène à la semaine dernière, où plus de 3 000 producteurs sont venus manifester sur la Colline pour rappeler au gouvernement libéral que l'un des piliers de la gestion de l'offre dépendait uniquement de lui et que présentement, il ne faisait pas adéquatement son travail de contrôleur des importations dans le dossier du lait diafiltré au sujet du programme de report de droit.
En l'espace d'un an, les producteurs laitiers ont été obligés de venir manifester sur la Colline à deux reprises, parce qu'ils ne sont tout simplement pas respectés par le gouvernement libéral, tout comme ils ne l'ont pas été par l'ancien gouvernement conservateur.
[Traduction]
Pendant le débat sur notre motion qui a eu lieu à la Chambre, certains ont déclaré que la solution consiste à investir dans les usines de transformation; c'est aussi ce que plusieurs députés libéraux ont indiqué sur leur page Facebook. D'autres députés ont même dit que si on se contente de faire respecter les normes en vigueur, ce ne sera qu'une solution de fortune. Cela dit, aucun député n'a pu expliquer ce qui empêche le gouvernement de faire respecter les normes, puis d'essayer ensuite de trouver une autre solution à long terme.
Le même principe s'applique aux investissements dans les usines de transformation. Ils n'empêcheraient pas le lait diafiltré d'entrer au Canada et ne limiteraient pas non plus la quantité de lait de ce type qui est importée au Canada. Rien n'empêche le gouvernement de considérer le lait diafiltré comme un concentré protéique laitier et de faire respecter les normes relatives au fromage, tout en investissant parallèlement dans les usines de transformation. Rien ne l'empêche de le faire. Je sais qu'il n'y a pas toujours eu unanimité chez les libéraux en ce qui concerne la gestion de l'offre, et il ne fait aucun doute qu'il y a eu beaucoup de mécontentement et de dissension, mais je ne comprends tout simplement pas pourquoi le gouvernement attend aussi longtemps avant d'agir et de prendre le parti des exploitations agricoles familiales, à moins bien sûr qu'il n'ait tout simplement pas l'intention de le faire.
Ce que je vais maintenant dire est encore plus troublant. Pourquoi les libéraux ne font-ils pas preuve d'honnêteté envers les Canadiens et les producteurs et ne leur disent-ils pas ce qui se passe réellement? Il n'y a aucune différence entre les libéraux et les conservateurs pour ce qui est de la façon dont les producteurs sont traités. En effet, ils sont tenus dans l'ignorance et vivent dans l'incertitude jusqu'au dernier moment. Si les libéraux ont une bonne raison de ne pas s'attaquer au problème posé par le lait diafiltré, pourquoi ne l'expliquent-ils pas aux producteurs? Pourquoi ne l'expliquent-ils pas aux députés? Pourquoi n'accordent-ils pas une indemnisation complète aux producteurs qui subissent des pertes? Ce ne serait pas la première fois que le gouvernement libéral sacrifie l'industrie laitière pour favoriser un autre secteur, mais au moins, les producteurs pourraient poursuivre leur vie et se débrouiller avec cette indemnisation.
[Français]
Peut-être que le nombre de disparitions de fermes diminuerait le temps que le gouvernement retrouve la raison. Pour être sûre de me faire bien comprendre, je réitère qu'au NPD, nous croyons toujours que la loi, c'est la loi, et qu'elle doit s'appliquer à tous.
C'est pourquoi la classification du lait diafiltré comme un concentré protéique de lait par I'Agence canadienne d'inspection des aliments et l'application des normes fromagères à tous les transformateurs est la solution que nous aurions appliquée dans les 100 premiers jours si nous avions formé le gouvernement.
Par contre, je suis vraiment tannée de voir les producteurs de chez nous fermer leurs portes. Je suis découragée pour les producteurs laitiers. Je me dis que le gouvernement serait peut-être ouvert à compenser les producteurs pour son inaction, parce qu'il faut rappeler qu'actuellement, ce sont les producteurs qui paient pour la mauvaise gestion du Parti libéral et les décisions irrationnelles du gouvernement.
Si le gouvernement ne fait rien rapidement, c'est l'avenir de plusieurs fermes qui est en jeu, de l'économie de nos régions, et pire encore, du système de gestion de l'offre.
Avec ce qui se passe dans le monde, je me compte chanceuse de voir qu'il y a une gestion de l'offre ici, au Canada. J'espère sincèrement que les libéraux vont finir par respecter leurs engagements électoraux, qu'ils arrêteront de prononcer des phrases creuses et qu'ils poseront enfin des gestes concrets pour les producteurs canadiens.
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Madame la Présidente, je tiens à souligner que je vais partager le temps dont je dispose avec le député de .
Je souhaite également remercier le député d'avoir soulevé cette importante question au nom du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
De ce côté-ci de la Chambre, nos intentions envers l'industrie qui bénéficie du système de gestion de l'offre ont toujours été claires. La gestion de l'offre procure aux consommateurs un marché local sécuritaire et stable, tout en permettant aux familles agricoles qui en bénéficient de vivre de leur passion dignement.
Il y a 40 ans, le Parti libéral s'est battu pour implanter ce système, et nous continuerons de nous battre pour le préserver contre ceux qui veulent l'abolir.
Le gouvernement reconnaît que les producteurs laitiers subissent des pertes économiques dues à l'utilisation du lait diafiltré dans la fabrication du fromage. Les préoccupations de l'industrie sont une priorité pour nous, et nous prêtons une attention particulière à l'appel de ce secteur afin d'élaborer une solution qui assurera la pérennité du système.
Nous avons promis d'être à l'écoute des besoins des différents intervenants de l'industrie, et c'est exactement ce que nous faisons. Le et son équipe, ainsi que l'ensemble du caucus libéral, sont en constante communication avec les acteurs de ce secteur.
Alors que nos collègues du Parti conservateur tiennent des forums sur l'abolition de la gestion de l'offre, notre gouvernement travaille afin de s'assurer que les producteurs laitiers sont dans la meilleure position possible et que l'industrie demeure à la fine pointe de la technologie afin de demeurer compétitive dans une économie mondiale en constante évolution.
C'est pourquoi, le mois dernier, le ministre et son secrétaire parlementaire se sont affairés à rencontrer des dizaines d'acteurs importants de ce secteur, comme les Producteurs laitiers du Canada, la Commission canadienne du lait, l'Union des producteurs agricoles du Québec, les associations de producteurs de lait de partout au pays et des transformateurs et des producteurs laitiers. Ces discussions ont été très productives et nous aideront à développer une stratégie durable à long terme pour l'industrie laitière.
Alors que mes collègues soulignent la contribution des producteurs laitiers canadiens, j'aimerais attirer leur attention sur l'industrie de la transformation canadienne. Source de fierté pour les Canadiens, le secteur de la transformation alimentaire produit une variété d'aliments délicieux de la plus haute qualité. Ce secteur stimule notre économie en employant près de 300 000 Canadiens répartis dans près de 6 000 établissements partout au pays.
De plus, avec des ventes de plus de 100 milliards de dollars, dont 17 milliards de dollars du côté de la transformation laitière, ce secteur contribue significativement au PIB canadien. C'est pourquoi avoir un secteur de transformation laitière fort est essentiel et vital à l'industrie et, pour cela, nous devons avoir une stratégie durable et à long terme.
Nous avons promis de travailler afin de soutenir les secteurs de l'alimentation de manière à leur permettre de demeurer des chefs de file en matière de création d'emploi et d'innovation au Canada.
Comme l'indique la lettre de mandat du ministre, nous déploierons tous les efforts nécessaires afin que l'industrie de la transformation alimentaire demeure axée sur l'innovation et ait à sa disposition tous les outils pour faire face à la concurrence. Le ministre a d'ailleurs pour mandat d'investir dans un fonds d'investissement à valeur ajoutée lié à l'agroalimentaire afin d'attirer des investissements et créer des emplois de grande qualité dans le secteur de la transformation des aliments et que les transformateurs demeurent à la fine pointe de la technologie. Cela ouvrira à l'industrie de nouvelles avenues commerciales.
Grâce à notre système de gestion de l'offre, à nos producteurs canadiens et à notre industrie de transformation alimentaire, lorsque les familles canadiennes font leur épicerie, elles savent que les produits laitiers délicieux sont fabriqués chez nous, à base de lait de producteurs canadiens.
Au fil des ans, le système de gestion de l'offre a servi avec brio les agriculteurs, les transformateurs et les consommateurs. Il permet aux producteurs de rester concurrentiels, tout en retirant un revenu stable et juste de leur travail. Il fournit aux consommateurs canadiens des produits de qualité supérieure, à des prix stables et prévisibles, depuis plus de 40 ans, évitant ainsi toute fluctuation inattendue.
De ce côté-ci de la Chambre, nous sommes consternés par le désir des conservateurs de détruire ce programme qui a pourtant fait ses preuves auprès des Canadiens depuis plus de 40 ans. Nous sommes aussi consternés par le manque de clarté sur la position de nos collègues de l'opposition officielle. Un jour, ils se disent défenseurs de la gestion de l'offre et un autre jour, ils décident de faire des campagnes ayant comme objectif de l'abolir.
Le député de en est un bon exemple. Alors qu'il a gagné sa campagne électorale, il a promis de protéger la gestion de l'offre. Aujourd'hui, il change son fusil d'épaule et copréside une campagne anti-gestion de l'offre. Confusion ou fausse promesse électorale? La question se pose.
Dans les faits, nous sommes les seuls alliés des producteurs canadiens et nous nous battrons, afin d'assurer que leurs préoccupations sont entendues et prises en considération.
Je suis moi-même producteur de lait de quatrième génération. J'ai labouré la terre, trait mes vaches et cultivé mes terres toute ma vie. Quand je dis que cet enjeu me tient à coeur et que nous faisons tout notre possible pour trouver une solution durable à long terme, ce n'est pas le politicien qui parle, mais l'agriculteur en moi. Je n'ai aucun doute que nos efforts communs et nos investissements dans l'innovation positionneront le secteur canadien de manière à ce que tout le potentiel y soit exploité, tout en poussant notre économie vers de nouveaux sommets.
Aujourd'hui, je souhaite dire à tous les intervenants du secteur laitier canadien qu'ils peuvent compter sur notre gouvernement pour agir dans leur meilleur intérêt. Nous reconnaissons la valeur de leur secteur pour l'économie canadienne et pour le bien-être des familles canadiennes. Nous nous assurons de défendre notre système de gestion de l'offre en déployant tous les efforts nécessaires pour ce faire.
:
Madame la Présidente, ce sera un discours de 10 minutes. Je continuerai là où je me suis arrêté.
Comment les conservateurs peuvent-ils affirmer défendre nos producteurs canadiens et remettre en question un système innovateur qui leur assure un revenu équitable pour nourrir et loger leur famille, tout en exerçant leur métier avec passion?
Dans ma circonscription, le territoire est composé à 75 % de zones agricoles, et 15 % des emplois sont reliés directement ou indirectement à l'industrie agricole ou agroalimentaire. On peut dire que la population de ma circonscription a bien compris que ce double discours était peu crédible.
Le gouvernement du Canada est déterminé à promouvoir la recherche-développement, afin que notre industrie laitière puisse prospérer dans une économie mondiale en constante évolution. Le gouvernement du Canada a même investi 19 millions de dollars dans le groupe de recherche laitière. Ce groupe est responsable de 23 projets de recherche, où travaillent plus d'une centaine de scientifiques provenant de 15 institutions et de huit centres de recherche gouvernementaux au pays, y compris l'installation de pointe dans la région de Sherbrooke.
Avec sa position de leader, l'industrie laitière met l'accent sur un certain nombre de domaines clés, comme le profil nutritionnel des produits laitiers. Ces investissements d'importance appuieront également les travaux de recherche menés par les scientifiques à Agriculture et Agroalimentaire Canada dans deux domaines importants: l'accroissement de la qualité des cultures fourragères du Canada, ce qui aidera à augmenter notre capacité de production laitière, et la compréhension du rôle que jouent les produits à base de matière grasse laitière, y compris leur incidence sur les gens atteints de diabète de type 2.
Nous appuyons ce rapport. Nous sommes bien conscients que cet enjeu ne concerne pas seulement le lait diafiltré, et qu'il s'agit aussi de s'assurer que notre système de gestion de l'offre fonctionne efficacement et à long terme dans une économie mondiale en constante évolution.
Afin de bien comprendre les préoccupations du secteur, nous avions promis de consulter les différents acteurs du secteur, et c'est exactement ce que nous avons fait.
Pendant que d'autres s'affairent à promouvoir l'abolition de la gestion de l'offre, ce système qui permet aux familles agricoles de vivre équitablement et dignement de leur passion, notre gouvernement déploie tous les efforts nécessaires afin de la protéger.
Au cours des dernières semaines, des représentants d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, le ministre et son secrétaire parlementaire ont eu des discussions avec des représentants de tous les secteurs laitiers, allant des petits aux plus gros producteurs, aux transformateurs et aux associations de producteurs provinciales et nationales.
Les consultations auront été très productives. Elles nous ont permis de recueillir de l'information de qualité qui nous aidera à bâtir des bases solides à long terme pour notre secteur laitier et pour notre système de gestion de l'offre.
Tournons-nous maintenant vers l'avenir de l'agriculture au Canada, un futur prometteur rempli de possibilités d'expansion, face à une demande mondiale qui ne cesse d'augmenter. Chez nous, de plus en plus de consommateurs choisissent des produits laitiers canadiens pour leur qualité. Pour aider l'industrie agricole et agroalimentaire du Canada à exploiter ces débouchés et à bâtir un avenir solide et prometteur, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux se sont engagés à élaborer le prochain cadre stratégique agricole, qui assurera les meilleurs résultats au secteur.
Ce cadre sera davantage axé sur l'innovation et le renforcement de la compétitivité du secteur, tout en visant à améliorer la durabilité et les débouchés pour les différents maillons de la chaîne agricole et agroalimentaire.
Le prochain cadre stratégique permettra également au secteur de bien gérer les risques de manière productive pour assurer aux entreprises agricoles plus de stabilité. Nous sommes en train de rencontrer les représentants de l'industrie pour discuter des défis qui nous attendent.
En conclusion, des consultations productives et efficaces, des investissements massifs en recherche-développement dans le secteur laitier et l'élaboration du prochain cadre stratégique agricole, qui sera axé sur l'innovation, la mise en marché et la gestion des risques, voilà autant de mesures entreprises par le gouvernement pour protéger l'agriculture canadienne.
Je suis convaincu que tous ces efforts et l'énergie déployée par notre gouvernement dans le meilleur intérêt des agriculteurs canadiens se concrétiseront en une stratégie qui assurera la pérennité de notre système de gestion de l'offre à long terme.
Le système de gestion de l'offre permet aux producteurs d'avoir un revenu stable et juste pour leur dévouement, tout en demeurant compétitifs. En plus, ce système assure aux Canadiens des produits de la plus haute qualité, produits par des agriculteurs de chez nous, transformés chez nous, et à un prix stable et prévisible.
De ce côté de la Chambre, nous dénoncerons tous ceux qui souhaitent abolir un tel système. Contrairement aux conservateurs qui disent que les fondements de la gestion de l'offre vont à l'encontre de leurs valeurs fondamentales, au Parti libéral, ces valeurs font partie de notre ADN. Il y a 40 ans, nous nous sommes battus pour implanter la gestion de l'offre et aujourd'hui nous ferons tout en notre pouvoir pour la protéger.
En tant que gouvernement, nous souhaitons nous assurer que les agriculteurs sont dans la meilleure position possible, que notre secteur de transformation alimentaire est à la fine pointe de la technologie, en plus de souhaiter défendre la gestion de l'offre contre ceux qui veulent l'abolir.
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Madame la Présidente, cela me fait plaisir ou, plutôt, je suis surpris de devoir encore une fois, me lever à la Chambre pour parler du problème du lait diafiltré. C'est un problème dont tout le monde connaît l'existence depuis déjà plusieurs mois. C'est un problème qui prend de l'ampleur, au fur et à mesure qu'on ne fait rien dans le dossier du lait diafiltré. Le problème grossit et finit par nous éclater en plein visage, ici même à la Chambre des communes, avec une manifestation de 3 000 producteurs laitiers qui se sont déplacés jusqu'ici pour venir nous faire part de leur impatience.
Ce n'était pas uniquement pour souligner la Journée mondiale du lait que les producteurs étaient ici. J'ai entendu cela de la part d'un représentant du gouvernement, il y a quelques instants et cela m'a fait sourire. Pense-t-on sincèrement que des producteurs laitiers, en pleine récolte, en pleine période de fourrage, ont pris une journée de leur temps pour venir dire bonjour à leurs députés à Ottawa, pour leur dire que c'est la Journée mondiale du lait et pour célébrer avec eux? Soyons sérieux deux minutes. Ce n'était pas la Journée mondiale du lait, mais plutôt la journée contre le lait diafiltré que les producteurs sont venus souligner ici même sur la Colline du Parlement. C'est important de le dire.
J'entendais mon prédécesseur parler d'une nouvelle philosophie au gouvernement: on prend maintenant le temps d'écouter et de parler.
Ce n'est pas nouveau comme philosophie. Écouter et parler, c'est ce que le gouvernement fait depuis sept mois. Il n'y a jamais d'action et rien de concret. Pourtant le problème ne date pas d'hier. Il y a eu une élection, le 19 octobre, et il y a eu un changement de gouvernement. Comme par hasard, lors de la dernière campagne électorale, chacun des candidats a reçu la visite des producteurs laitiers. Qu'est-ce qu'on nous demandait? On nous demandait de régler le problème du lait diafiltré. C'est un problème qui était déjà existant et tous les partis ont dit qu'ils allaient s'en occuper, qu'ils allaient régler cela dès qu'ils seraient au gouvernement. Nous-mêmes, nous l'avions dit. Nous avions déjà commencé, comme ancien gouvernement, à régler le problème. Les libéraux sont arrivés au pouvoir, avec cette grande promesse faite à nos producteurs laitiers qu'ils allaient le régler. Résultat: sept mois plus tard, on nous dit qu'on va consulter, qu'on va y penser, qu'on va discuter et négocier.
Va-t-on le régler avec la motion qui est ici devant nous? On y dit qu'on reconnaît le problème. C'est assez surprenant que, sept mois plus tard, on commence aujourd'hui à reconnaître qu'il y a un problème. On lit ceci dans la motion: « Que la Chambre reconnaisse que le gouvernement soutient fortement la gestion de l’offre ».
Le gouvernement a besoin d'une motion de la Chambre pour se faire dire qu'il reconnaît un problème. Je n'ai jamais vu cela! Je n'aurais jamais pensé que le gouvernement aurait besoin que la Chambre lui dise qu'il reconnaît un problème. C'est incroyable!
Ce n'est pas tout: on veut que le gouvernement reconnaisse « l'importance des pertes économiques des producteurs laitiers canadiens ». C'était 220 millions de dollars en 2015. C'est fait, fini, réglé. Il y en a eu, des plaintes; il y en a eu, des pertes.
On veut l'enjoindre de « reconnaître que l'industrie demande que le problème soit résolu rapidement ». Il me semble que cela fait sept mois qu'on l'entend, celle-là.
Puis, on l'enjoint de « rencontrer les producteurs laitiers et l'industrie laitière au cours des 18 prochains jours ». On a demandé un délai de 30 jours, il y a de cela plus de 30 jours. On en demande un autre de 18 jours, ce qui va nous mener en plein été, quand les producteurs ne seront plus mobilisés, quand ils n'auront plus l'occasion de venir rencontrer leurs députés, ici à la Chambre, parce que nous serons chacun dans nos circonscriptions. C'est un moyen de filtrer le problème. On le dilue. On le repartit un peu partout au Canada. C'est un autre délai sans action.
Ensuite, on l'enjoint de « proposer une solution durable pour la modernisation de l'industrie laitière ». Nous n'attendons que cela. Ce gouvernement n'était pas prêt. Il s'est fait élire sous de fausses représentations. Ce n'est pas uniquement dans le cas du lait diafiltré, c'est dans la plupart des dossiers qui ont été amenés ici à la Chambre par le gouvernement actuel.
Ce gouvernement disait avoir un plan, mais on se rend compte que ce n'était pas un plan pour gouverner, mais plutôt pour préparer sa gouvernance. Ce plan visait à consulter les gens pour savoir comment il devait gouverner. Si cela avait été présenté ainsi aux électeurs et électrices, je ne suis pas certain que le résultat aurait été le même. Toutefois, c'est la manière dont les libéraux ont choisi de se présenter devant l'électorat et, bien sûr, de se faire élire sous de faux prétextes. Le dossier du lait diafiltré est assez éloquent à cet égard.
La semaine dernière, les producteurs qui sont venus sur la Colline provenaient de toutes les régions du Canada et du Québec. Le producteur qui m'a particulièrement marqué se trouvait dans l'allée faisant face à la grande porte de la Chambre des communes. Je discutais avec les producteurs et, à un moment donné, j'ai vu environ huit paires de bottines par terre. J'ai croisé les producteurs et je leur ai demandé pourquoi ils avaient mis leurs bottines par terre. Ils m'ont répondu que c'était pour faire comprendre au gouvernement que les bottines devaient suivre les babines. Ils ont dit que, comme le gouvernement avait seulement des babines et pas de bottines, ils allaient lui en fournir. En d'autres mots, ils disaient que le gouvernement ne tenait pas ses promesses.
J'espère que les députés du gouvernement vont se servir de ces bottines pour qu'on trouve enfin une solution et qu'on applique la solution qui a déjà été proposée à plusieurs reprises par les producteurs laitiers. D'ailleurs, je rappelle que ceux-ci ont sacrifié une journée de production pour être ici et faire passer ce message au gouvernement.
Quand je me suis promené parmi ces producteurs, ils disaient ne pas comprendre pourquoi le gouvernement n'avait pas encore agi. La solution est pourtant toute simple: traiter le lait diafiltré comme un ingrédient laitier, point final. Les producteurs nous disent qu'ils n'auraient alors plus de problème. Alors, pourquoi ne le fait-on pas? Cela semble simple, mais il faut comprendre que c'est compliqué.
Depuis que nous posons des questions à ce gouvernement concernant l'agriculture, et particulièrement en ce qui concerne le lait diafiltré, nous ne voyons pas beaucoup d'action. Le lui-même est plutôt absent du débat sur le lait diafiltré. Son secrétaire parlementaire a répondu à la majorité des questions, probablement parce que le ministre ne connaît pas très bien le dossier du lait diafiltré.
D'ailleurs, le ministre ne semble pas beaucoup s'intéresser à l'agriculture. Dans un autre projet de loi que nous étudions ici à la Chambre, le projet de loi sur le budget, il n'est pas question d'agriculture. En effet, on ne parle pas d'agriculture dans le dernier budget, qu'on nous demande d'adopter et par rapport auquel le gouvernement s'est vu forcé d'utiliser une motion d'attribution de temps pour que nous n'en parlions pas trop et pour que nous ne mettions pas le doigt sur les bobos du budget.
Lorsque nous demandons au gouvernement pourquoi il n'est pas question d'agriculture dans le projet de loi , on nous répond qu'on a fait des investissements pour améliorer l'accès à Internet. Cela ne nourrit pas tellement les Canadiens. Certes, nous en avons besoin dans nos régions et c'est un dossier extrêmement important pour toutes nos communautés rurales. Toutefois, pourquoi est-ce qu'on nous parle d'Internet lorsque nous parlons d'agriculture? Il semble y avoir une méconnaissance profonde de l'agriculture du côté du gouvernement.
Je suis allé faire une petite recherche sur le site Web de nos délibérations, et je me suis rendu compte que le a daigné répondre au moins cinq fois à des questions qui ont été posées par des députés de l'opposition au sujet du problème du lait diafiltré. Voici le genre de réponses que nous donnait le ministre.
En mai 2016, il disait: « je comprends son inquiétude. Nous sommes conscients de l'importance ».
Le 11 mai 2016, il disait: « Nous sommes conscients qu'il s'agit d'un enjeu de taille pour les producteurs laitiers. Nous élaborons actuellement une solution à long terme ».
Le 3 mai 2016, il disait: « Monsieur le Président, je peux assurer à mon collègue que le gouvernement est favorable à la gestion de l'offre et qu'il est bien au fait des inquiétudes de l'industrie au sujet du lait diafiltré ».
Le 11 mars 2016, il disait: « Monsieur le Président, je remercie le député de sa question. J'ai déjà rencontré les représentants des nombreux secteurs de l'industrie agricole, y compris les producteurs laitiers ».
Une autre contradiction: les libéraux étaient au fait du dossier et ils nous demandent 18 jours de plus pour le régler. En effet, la motion d'aujourd'hui demande 18 jours supplémentaires pour rencontrer ces gens à nouveau. Qu'est-ce que le ministre n'a pas compris? Pourquoi a-t-il besoin d'autres rencontres? La solution n'est-elle pas simple? On l'a soumise à plusieurs reprises à la Chambre et en comité.
En mars 2016, le ministre répondait à une question:
Je tiens à préciser que je ne suis pas en train de négocier avec qui que ce soit. Ce sont l'industrie et les producteurs qui ont des discussions, et, de mon côté, je ne négocie avec personne. Mon travail consiste à faire en sorte que les deux parties comprennent bien la réglementation.
On comprend pourquoi les libéraux ne bougent pas, c'est parce qu'ils ne le veulent pas. Ils font oeuvre d'éducation. Ils tentent de faire comprendre pourquoi ils n'ont pas de solution et ils tentent de faire comprendre la réglementation. Le chat sort du sac! Ils ne sont pas intéressés à négocier ou à trouver une solution. Ils veulent faire en sorte que les producteurs se tannent, et ils attendent après la fin de la session parlementaire pour être capables d'adopter une non-position, ce qui ferait en sorte de pouvoir passer l'été tranquille. Ils n'auront pas cette chance, parce qu'on ne les laissera pas passer un été tranquille. Qu'on se fie à tous les partis de l'opposition pour ce faire.
Le secrétaire parlementaire est la personne qui a répondu le plus de nos questions au sujet du lait diafiltré. En effet, ce dernier a répondu à nos questions à 16 reprises. Le pointage est donc le suivant: le secrétaire parlementaire, 16, et le , 5. On voit l'importance que le gouvernement accorde au lait diafiltré.
Que nous disait le secrétaire parlementaire le 2 juin 2016? Il disait: « À la suite de notre engagement, nous continuons d'écouter les gens du secteur [...] nous sommes conscients des préoccupations de l'industrie quant à l'utilisation du lait diafiltré dans la fabrication du fromage. »
Le message est sensiblement équivalent à celui du ministre.
Le 19 mai, il disait: « Nous communiquons régulièrement avec les intervenants de l'industrie et nous écoutons leur opinion concernant l'indemnisation. Nous sommes conscients que l'indemnisation est importante pour le secteur soumis à la gestion de l'offre. »
Il y a quelque chose que je ne comprends pas par rapport à cette affirmation. Enfin, continuons.
Bref, le secrétaire parlementaire a répondu à 16 questions au sujet du lait diafiltré, alors que le ministre a répondu à 5 questions. Cela témoigne rapidement de ce que cela veut dire. Le plus éloquent, dans les propos du secrétaire parlementaire, c'est lorsqu'il dit vouloir « agir rapidement ».
Le 9 mai, il disait:« je tiens à rappeler que, mardi dernier, nous nous sommes engagés à consulter, dans les 30 prochains jours, l'ensemble de la filiale laitière ».
C'était au début mai, et le délai est maintenant expiré.
Le 21 avril, il a dit: « nous devons agir rapidement. C'est ce que nous voulons faire, mais il faut d'abord prendre le temps d'élaborer une entente durable [...] Je sais que le temps presse, mais nous sommes à discuter ».
Bla-bla-bla, bla-bla, bla-bla-bla: j'ai résumé, en quelques syllabes, le discours du gouvernement libéral dans le dossier du lait diafiltré.
Je pense sincèrement que le gouvernement doit réagir. Il faut que le gouvernement prenne une des paires de bottines laissées devant de la Colline du Parlement la semaine dernière, la mette et s'en serve. Il faut que ces bottines suivent les babines. Il faut absolument que le gouvernement comprenne que c'est urgent.
J'aurais pu parler des témoignages de l'ensemble des producteurs laitiers de mon comté, ainsi que de tous les comtés du Québec et du Canada qui ont parlé de leurs importants problèmes financiers; c'est l'équivalent de leur salaire annuel qui est présentement sur la table.
Ces gens ne sont pas des gens riches, contrairement à ce que plusieurs laissent entendre, au contraire. Ces sommes servent à payer leur salaire. Les producteurs laitiers sont souvent les seuls moteurs économiques de nos villages. Pendant qu'ils peinent à joindre les deux bouts, le gouvernement fait du bla-bla-bla institutionnel.
Il est important de rappeler que ce que nous cherchons, au fond, n'est pas compliqué. Nous cherchons à ce que le gouvernement reconnaisse que, dans la production du fromage, il y a du bon lait de vache et des ingrédients laitiers. Les ingrédients laitiers portent toutes sortes de noms: des concentrés, des poudres, des isolats ou du lait diafiltré. Cela, c'est clair. Ce sont tous des ingrédients issus du lait. Ce n'est pas que ces produits soient mauvais, mais c'est que les consommateurs ont le droit de savoir ce que contiennent les produits qu'ils consomment.
Malheureusement, cela change dans le cas du lait diafiltré, parce que, à la frontière, le lait diafiltré est considéré comme un ingrédient. Or, quand il arrive à l'usine, il est considéré comme du lait.
Devant la foule de producteurs, la semaine dernière, le président de la Fédération des producteurs de lait du Québec, M. Letendre, a mis au défi tous ceux qui étaient présents et tous les parlementaires de goûter un verre de lait diafiltré pour qu'ils voient si c'était vraiment du lait. Il s'est dit convaincu que, à la suite de cet essai, personne ne douterait que le lait diafiltré n'est pas du lait. En effet, le lait, c'est du lait, et le lait diafiltré, c'est des ingrédients laitiers. C'est ainsi.
Encore une fois, je me fais le porte-parole des producteurs pour inviter les députés du gouvernement à goûter un verre de lait diafiltré et à relever le défi lancé par les producteurs de lait du Québec. Ils nous diront si, oui ou non, le lait diafiltré est du lait. Je conseille de le mettre au réfrigérateur quelques minutes avant de l'essayer. Cela pourrait le rendre un peu meilleur, mais il restera quand même du lait diafiltré.
Quand on achète un fromage et qu'on lit sur l'étiquette qu'il est fait d'ingrédients laitiers, on est très au courant de ce qu'on achète. Quand on prend un fromage qui a été fait avec du lait diafiltré, l'étiquette indique uniquement qu'il est fait de lait. Ce n'est pas indiqué qu'il a été fait avec des protéines américaines créées pour écouler les surplus de lait américain, du lait avec des hormones de croissance dont on ne veut pas ici, au Canada. C'est cela la réalité, et c'est cela que les consommateurs canadiens ont le droit de savoir. Si on règle ce petit problème, on règle un gros problème pour les consommateurs en même temps qu'on règle un très gros problème pour les producteurs de lait du Québec et du Canada. C'est ce qu'il faut comprendre.
Plusieurs fromageries du Québec ont présentement du mal à tirer leur épingle du jeu, et c'est à cause de la concurrence déloyale de ceux qui utilisent le lait diafiltré. Il y a une petite fromagerie, La Bourgade, à Thetford Mines, dans ma circonscription. Elle n'utilise que du lait, ce qui encourage nos producteurs laitiers. Elle est vraiment très fière de son fromage, mais sur la tablette, son fromage coûte 1 $ de plus que celui produit par les producteurs de lait diafiltré. Seulement 1 $, ce n'est pas beaucoup, mais à une époque où chacun fait tout en son possible pour garder le plus d'argent dans ses poches, cela représente beaucoup.
En conclusion, mettons fin au bla-bla-bla institutionnel libéral. Agissons et n'attendons pas 18 jours. Nous sommes contents que le gouvernement se fasse dire par la Chambre de reconnaître le problème. Nous ne pensions pas que le gouvernement, pour reconnaître un problème comme celui-là, avait besoin d'une motion de la Chambre. Nous allons appuyer cette motion, c'est évident. Toutefois, je ne pense pas que les producteurs qui sont présentement chez eux, en train de travailler fort pour faire leur production avec leur trentaine ou leur cinquantaine de vaches, comprennent les nuances de la motion aujourd'hui devant nous.
Pourquoi le gouvernement a-t-il besoin d'une motion pour reconnaître qu'un problème existe? C'est là la véritable question. Le gouvernement n'écoute pas et ne cherche qu'une façon d'avoir un nouveau délai pour trouver et mettre en application une solution. Je lui tends la main. Je lui demande de ne pas attendre 18 jours et d'agir maintenant. Tout le monde, tous les partis présents à la Chambre et surtout tous les producteurs laitiers du Canada seront contents de la solution et de la réponse du gouvernement.
:
Monsieur le Président, j'aimerais partager mon temps de parole avec mon collègue de .
[Traduction]
Je remercie les députés de soulever cette importante question au nom du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je tiens à dire que le gouvernement appuie sans réserve le rapport du comité, compte tenu de son indéfectible appui à l'égard du régime de gestion de l'offre.
Même si j'ai parlé plus précisément de l'application du régime de gestion de l'offre à l'industrie laitière, je tiens à préciser que le gouvernement du Canada appuie sans réserve l'ensemble du régime de gestion de l'offre du Canada. La gestion de l'offre joue un rôle crucial dans l'industrie agricole canadienne, et le gouvernement est fier de la force et du dynamisme du secteur laitier canadien. Le régime de gestion de l'offre du Canada est un modèle de stabilité qui permet à l'industrie d'offrir des produits de qualité supérieure à un prix stable et raisonnable sans financement public ni subvention gouvernementale.
Hélas, des députés d'en face ont récemment parlé contre la gestion de l'offre. Le député de , par exemple, a comparé ce modèle de stabilité à un « cartel », ce qui est fondamentalement injuste pour les agriculteurs.
[Français]
Il a également dit que la gestion de l'offre met des barrières à l'innovation. Ou il ne prend pas le temps de visiter des fermes laitières en Beauce, ou il ignore complètement les faits. Chez nous, à , une région qui comprend plus de 300 producteurs laitiers, l'innovation est fort présente.
Hier, en compagnie de quelques députés, j'ai visité la ferme Sonibrand. Son objectif premier est de créer du lait de qualité. Pour ce faire, les propriétaires ont investi des centaines de milliers de dollars dans un robot qui permet de traire les vaches de façon plus efficace et plus saine pour l'animal.
[Traduction]
Cet investissement a permis de réduire de 30 % les tâches liées au soin des animaux. Tous les jours, ce producteur économise trois heures de travail lié à la traite, et toutes les vaches sont laissées en liberté dans cette étable. Comme le producteur économise trois heures par jour, il emploie ce temps à améliorer le bien-être des animaux. D'ailleurs, il a mis au point un fourrage à plus faible teneur en potassium conçu pour améliorer la santé des sabots des vaches.
[Français]
Le député de croit que la gestion de l'offre met des barrières à l'innovation, ce qui est complètement faux. Je respecte sa position. C'est beau d'avoir des principes, mais il faut aussi que ces derniers soient entérinés par des propos véridiques.
[Traduction]
Je suis fier de dire à la Chambre que tous les députés libéraux sont en faveur de la gestion de l'offre et que les valeurs libérales cadrent avec la gestion de l'offre.
Je peux dire aux députés que le attache beaucoup d'importance à la gestion de l'offre et qu'il collabore avec l'industrie laitière afin de trouver une solution durable à long terme qui est satisfaisante pour l'ensemble de l'industrie laitière du Canada. Le ministre, qui a déjà lui-même été producteur laitier, sait à quel point la gestion de l'offre est importante pour ce secteur et pour l'économie canadienne.
Au début de mai, le gouvernement a annoncé son intention d'entreprendre des discussions d'ici 30 jours afin d'aider l'industrie laitière à s'adapter à l'Accord économique et commercial global et de trouver ensemble des solutions dans le dossier du lait diafiltré.
Nous avons respecté cet engagement et nous continuerons de discuter avec l'industrie. Cette semaine, le ministre et le secrétaire parlementaire ont eu de nombreuses discussions importantes, constructives et productives avec les producteurs laitiers et les transformateurs de l'ensemble du pays.
[Français]
Je suis constamment en communication avec nos producteurs laitiers, afin de défendre leurs intérêts. Je sais que le ministre et son secrétaire parlementaire le sont aussi.
Je vais donner un exemple: hier, j'ai parlé à un producteur laitier. J'ai ensuite rencontré le ministre par hasard. Le ministre a tout de suite téléphoné au producteur laitier afin de lui parler directement. Notre ministre est disponible pour les producteurs laitiers.
[Traduction]
Le et le ont eu une rencontre très productive avec les organisateurs du grand rassemblement en faveur de la gestion de l'offre qui a eu lieu la semaine dernière. Le gouvernement collaborera avec les intervenants afin d'obtenir les meilleurs résultats possibles et les meilleurs débouchés d'avenir. L'industrie laitière emploie plus de 200 000 Canadiens, compte 12 000 exploitations agricoles familiales et contribue au PIB à hauteur de près de 20 milliards de dollars. Si nous adoptions les valeurs conservatrices, nous devrions renoncer à une grande partie de cet apport économique, et ce sont les collectivités rurales de l'ensemble du pays qui en pâtiraient. Les Canadiens veulent que les membres de leur famille puissent consommer des produits laitiers de grande qualité et comptent pour cela sur les producteurs laitiers.
L’industrie laitière canadienne fait un excellent travail dans les marchés en croissance grâce à la promotion de l’image de marque, à la collaboration et à la mise à profit de l’innovation.
Pour situer l'enjeu commercial dont il est question aujourd'hui dans un contexte plus large, j'aimerais encore une fois illustrer à quel point l'innovation est importante pour ce secteur.
Les technologies et les pratiques innovantes ouvrent de nouvelles perspectives dans le secteur laitier. Le gouvernement est fier d'appuyer cette industrie novatrice. Les sommes consacrées par le gouvernement fédéral aux grappes de recherche en production laitière atteignent 13,75 millions de dollars sur cinq ans.
Le budget prévoit en outre des mesures importantes pour venir en aide à l'industrie agricole canadienne, y compris les secteurs soumis à la gestion de l'offre. Une enveloppe de 30 millions de dollars sur six ans est destinée à la recherche en génomique. Plus de 40 millions de dollars financeront la modernisation de certains centres de recherche un peu partout au Canada.
Le budget de 2016 dessine les contours d'un nouveau train de mesures d'appui aux innovateurs du Canada, y compris dans le secteur laitier, afin que leurs efforts soient fructueux. Le gouvernement veut s'assurer que cette vague d'innovation se poursuit et que l'industrie laitière canadienne reste florissante.
Nous nous rendons compte de l'importance d'injecter de nouvelles sommes d'argent dans le secteur laitier pour qu'il atteigne son plein potentiel. Les discussions récentes nous aident à façonner l'approche collaborative que le gouvernement veut employer pour déterminer quelles mesures d'atténuation devront accompagner l'Accord économique et commercial global.
Le Canada s'est engagé à ratifier l'Accord économique et commercial global avec l'Union européenne. Cet accord ouvrira de nouveaux marchés vers lesquels d'importantes quantités de produits agricoles canadiens pourront être exportées, comme le boeuf, le porc, les céréales, les graines oléagineuses, les fruits, les légumes et des aliments transformés. Nous continuerons sans nul doute de défendre les intérêts commerciaux de l'industrie agricole canadienne, y compris des secteurs soumis à la gestion de l'offre.
Le gouvernement du Canada veut s'assurer de trouver des solutions viables à long terme qui sont bonnes pour tout le secteur laitier canadien. Voilà pourquoi nous sommes en train de rencontrer les acteurs de l'industrie et de recueillir leur point de vue. Il existe un potentiel formidable de croissance sur le marché canadien pour les producteurs de fromages fins, de yogourt et de beurre, par exemple, en raison de l'augmentation de la demande des consommateurs.
En outre, des avancées technologiques pourraient être mises à contribution pour améliorer l'efficacité et développer de nouveaux produits originaux. Pour y parvenir, il faudra peut-être améliorer la compétitivité de la chaîne de valeur de l'industrie laitière, ce qui ne pourra se faire que si le gouvernement et l'industrie collaborent dans le but d'aider les producteurs laitiers à exploiter les possibilités s'offrant à eux.
Il me faut répéter que le gouvernement du Canada est tout à fait conscient de l'importance d'aider le secteur laitier à effectuer la transition. En prévision de la ratification de l'Accord économique et commercial global, nous allons nous doter d'un plan pour aider l'industrie à s'ajuster aux nouvelles règles d'accès aux marchés.
[Français]
Je dois le répéter en français: nous allons mettre un plan en avant afin d'aider l'industrie à s'ajuster à l'accès du marché canadien en prévision de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe.
Le gouvernement du Canada travaille avec l'industrie laitière à l'enjeu du lait diafiltré. Il y a eu plusieurs rencontres productives avec les producteurs et les transformateurs laitiers afin de trouver des solutions à long terme pour non seulement aider les producteurs laitiers d'aujourd'hui, mais aussi aider leurs enfants et leurs petits-enfants.
C'est pour cela que je suis fier de dire que nous sommes d'accord sur le rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Pendant l'élection, j'étais sur la Colline avec les producteurs laitiers de chez nous, et j'étais sur la Colline avec eux la semaine dernière. Je serai toujours là avec eux et je défendrai toujours leurs intérêts.
:
Monsieur le Président, pour commencer, je me ferai un devoir de rappeler à certains de mes collègues ce qu'est la gestion de l'offre et les avantages qui en découlent.
Le secteur laitier, tout comme celui de la volaille et des oeufs, fonctionne selon ce système. La gestion de l'offre repose sur plusieurs principes de base qui permettent d'éviter la surproduction ou la pénurie grâce à un système de quota de production conçu pour combler entièrement le marché intérieur, mais sans causer de surplus.
Ce système permet au producteur de couvrir entièrement ses coûts de production et de dégager un revenu décent. La gestion de l'offre fait que les gouvernements n'ont pas besoin, contrairement aux Américains, de subventionner l'industrie. Cela devrait plaire à mon collègue de . Je comprends qu'il est pour une réduction de la taille de l'État, mais je suis porté à croire qu'il a du mal à saisir l'enjeu du débat, en voulant abolir le présent système. Je lui conseillerais donc de retourner faire ce qu'il fait de mieux, c'est-à-dire des jingles de campagne électorale.
Le 16 mai dernier, le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire adoptait une motion qui enjoignait le gouvernement de faire quatre choses: reconnaître le problème et reconnaître que l'industrie demande que le problème soit résolu, rencontrer les intervenants de l'industrie laitière, proposer une solution durable puis présenter son plan au Comité.
En fait, le gouvernement nous dit depuis un an qu'il a un plan. J'espère qu'il va le sortir cette fois-ci. Nous avons hâte de le voir.
Les membres libéraux du Comité ont senti le besoin de l'adopter, pour inciter le gouvernement à reconnaître qu'il y a un problème. C'est déjà cela de pris. Comme ils ont l'habitude de se taire complètement, cette prise de position un peu insignifiante est déjà une amélioration. À ce rythme-là, ils finiront peut-être par faire leur travail d'ici 40 ou 50 ans.
Soit dit en passant, 40 ou 50 ans, c'est environ le temps qui s'est écoulé depuis que le gouvernement libéral a exproprié 97 000 acres de terres agricoles dans mon comté pour une aérogare qui est maintenant en cours de démolition. Les parlementaires qui vivent au Québec voient ce fiasco historique chaque fois qu'ils empruntent l'autoroute 50 pour se rendre ici, au Parlement.
Le problème du lait diafiltré aurait pu être un grand enjeu pour les milliers de familles déportées de leur terre, mais comme le gouvernement les a volées, il y a près de 50 ans, c'est l'enjeu de la rétrocession des terres qui les préoccupent.
Revenons au Comité. Ce rapport est vraiment faible, édenté et inefficace. Plutôt que demander au gouvernement de reconnaître le problème et de continuer à discuter, le Comité aurait dû lui demander d'appliquer ses propres règlements. C'est probablement ce qui se serait passé si le Bloc québécois avait été membre du Comité, parce que nous, nous n'avons pas l'habitude de courber l'échine comme les députés libéraux du Québec qui sont assis de l'autre côté. Ils ne font que respecter les lignes écrites d'avance du gouvernement.
Il faut se rappeler qu'un député d'un parti pancanadien est peu fiable quand vient le moment de défendre un enjeu majeur pour le Québec. Nous pourrions parler du projet de pipeline Énergie Est et des sables bitumineux, mais ce n'est pas ce qui nous intéresse ici. Toutefois, cela reste un enjeu majeur.
Ce qui nous intéresse ici, c'est la gestion de l'offre. La majorité de l'agriculture canadienne se trouve dans l'Ouest avec des fermes qui pratiquent la monoculture pour l'exportation. Tout cela, c'est le contraire de ce que nous faisons au Québec, avec notre modèle de souveraineté alimentaire. Le fédéral veut ouvrir les frontières pour faire plaisir aux gens de l'Ouest. Il les ouvre un petit peu, de temps en temps: 5 % dans l'OMC, 7 % dans l'AECG et encore 4 % à venir dans le PTP.
À chaque négociation, les exportateurs de l'Ouest gagnent un marché étranger et le Québec perd des morceaux du marché intérieur.
Les députés pancanadiens sont donc coincés entre l'Ouest et le Québec et adoptent ce genre de résolution pour la forme, mais sans grande conviction.
Avec tous ces faits, on se retrouve avec un rapport famélique comme celui d'aujourd'hui. Je ne vois pas d'autres raisons qui expliquent un rapport aussi faible, tandis que les régions sont venues hurler leur colère, la semaine dernière, ici même sur la Colline d'un Parlement qui les ignore et à un ministre et à son secrétaire parlementaire qui ont clairement oublié leurs origines au profit de leur carrière.
Tout à l'heure, le secrétaire parlementaire a fait un beau discours. J'ai aimé la façon dont il parlait de lui à la troisième personne quand il parlait des rencontres avec les représentants de l'industrie laitière.
Il y a trois théories dans une telle situation. La première est que le secrétaire parlementaire est devenu vraiment imbu de lui-même. La deuxième est qu'il n'est pas secrétaire parlementaire et qu'il n'a pas assisté à ces rencontres. La troisième est qu'il ne fait que lire les lignes écrites de son parti. On lui demandera de choisir entre les trois, mais aucune des trois n'est très glorieuse.
J'aurais aimé voir les libéraux marcher avec nous sous la pluie, jeudi dernier, avec mon collègue de et mes nombreux collègues qui étaient présents sur la Colline. J'aurais aimé les voir enlever leurs petits souliers propres et faire comme je le fais tous les jours quand je viens siéger au Parlement, c'est-à-dire mettre leurs bottes de travail et venir se battre pour défendre leur monde. J'aurais aimé cela. Or cela n'est pas arrivé parce qu'ils étaient occupés à se promener en limousine.
On dit que le pouvoir corrompt, et comme le Parti libéral n'a pas changé de culture d'entreprise en 10 ans de purgatoire dans l'opposition, le ministre et le secrétaire parlementaire ont bien été assimilés par le pouvoir.
Le Bloc appuiera la motion d'aujourd'hui parce qu'on ne peut pas être contre la vertu. Toutefois, elle reste complètement insignifiante et sans portée valable parce que le gouvernement n'a pas le courage d'appliquer sa propre réglementation et est soumis aux aléas du marché américain, qui décide de ce qu'il fait. En ce moment, le gouvernement n'est donc que le pantin du gouvernement américain.
Les libéraux n'ont aucun intérêt à défendre l'ensemble de l'industrie agricole. Ils ne font que négliger les familles qui nous nourrissent pour les mener à la faillite. Cela leur évitera de racheter les quotas avant d'abolir la gestion de l'offre. En effet, c'est ce que leur libéralisme économique va amener. Par ce genre de politique colonialiste et libérale, le Canada ne fait que prouver, une fois de plus, comme dans de nombreux dossiers, que le Québec et son agriculture seraient beaucoup mieux servis si celui-ci contrôlait lui-même ses lois, ses impôts et ses traités. Le Canada ne fait que prouver, encore une fois, que le Québec serait mieux en étant libre et indépendant.
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Monsieur le Président, si on me le permet, j'aimerais faire part à la Chambre d'une expérience que j'ai vécue.
La fin de semaine dernière, j'étais dans mon comté, et la semaine précédente, j'avais eu l'occasion d'émettre un communiqué de presse disant que j'appuyais la gestion de l'offre. J'avais appuyé la gestion de l'offre et je l'avais aussi promis durant la campagne électorale.
Je me suis permis d'émettre un communiqué de presse pour m'assurer de faire la distinction entre cela et une visite chez mon collègue de lors du lancement de sa campagne pour la course à la chefferie du Parti conservateur. J'étais présent à titre de président du caucus du Québec.
Si cinq candidats du Québec se présentaient pour la course à la chefferie, ce que je souhaite d'ailleurs, je serais présent aux cinq événements, nonobstant les politiques que ces candidats proposeraient, comme le candidat de l'a fait au sujet de la gestion de l'offre. En effet, je serais là de toute façon parce que je pense qu'il est important de soutenir nos collègues qui veulent se présenter dans une course pour représenter le Québec au Canada.
Cela étant dit, je suis allé à une activité en fin de semaine, où j'ai rencontré par hasard de nombreux agriculteurs qui étaient aussi là pour la marche du Relais pour la vie. Ces agriculteurs font partie de notre quotidien dans les régions. Ils font partie de nos réalités régionales, car ils sont présents partout dans les activités. Ils commanditent des activités et ils sont impliqués de façon importante dans nos communautés. On s'est mis à parler de tout et de rien, puis évidemment, on est arrivés à cette question du lait diafiltré qui accapare de façon importante la réalité actuelle de ces agriculteurs, et particulièrement les producteurs laitiers qui sont en grande majorité au Québec.
Nous avions promis de régler la question du lait diafiltré si nous étions élus, ce qui n'est malheureusement pas arrivé. Les libéraux sont actuellement au pouvoir, et ils ont aussi fait cette promesse de régler ce dossier rapidement.
Or sept mois plus tard, et pratiquement 30 jours et même plus, après avoir obtenu les consultations qu'ils avaient demandées — ils ont consulté toute une série d'acteurs dans l'industrie —, voilà qu'ils demandent un délai additionnel de 18 jours dans le cadre de la résolution qu'ils ont présentée eux-mêmes.
C'est vraiment incroyable de constater ce que cette résolution vient dire. Le gouvernement se dit à lui-même qu'il a un problème avec une résolution qui lui appartient. Ce n'est ni une résolution du Parti conservateur, ni du NPD, ni du Bloc québécois, ni du Parti vert, mais une résolution dans laquelle les libéraux se disent à eux-mêmes que cela ne va pas bien en agriculture. On n'a pas besoin de résolution pour constater qu'il y a un problème. Sincèrement, je ne sais pas où on s'en va avec cela, mais cela ne va pas bien dans la cabane, comme diraient certains.
La réalité de ces gens est actuellement très difficile, parce qu'ils perdent des revenus. Ils ont investi dans de l'équipement et dans leur ferme pour augmenter leur productivité. Ils n'ont pas fait cela dans l'espoir de compenser une perte pour autre chose, ce qui fait que le gouvernement ne règle pas un problème. Ils ont fait cela pour augmenter la productivité de leur ferme et faire en sorte de pouvoir avoir un peu plus d'argent dans leurs poches et être capables de réinvestir.
En agriculture, on le sait, il faut réinvestir de façon continue; on ne peut pas ne pas investir. C'est impossible. Un agriculteur qui n'investit pas dans ses installations et dans sa productivité est voué à l'échec et à la fermeture éventuelle de sa ferme.
Quand les agriculteurs investissent 100 000 $, 200 000 $, 300 000 $ et même plus, dans leur propre ferme, pour s'assurer d'augmenter leur productivité, ce n'est pas pour venir compenser une perte pour autre chose.
Actuellement, le lait diafiltré leur fait perdre des dizaines de milliers de dollars. D'ailleurs, le président de l'Union des producteurs agricoles a dit, il n'y a pas plus tard que le 13 avril dernier, que les fermes perdaient actuellement entre 15 000 $ et 18 000 $ par année. C'est énormément d'argent pour une ferme laitière de 40 ou de 50 vaches. Cela représente beaucoup d'argent quand on sait que ces producteurs doivent investir sur des périodes relativement courtes.
En réalité, quand on investit, et je suis moi-même dans les affaires, on se doit d'essayer d'amortir les investissements dans la période la plus courte possible parce que les technologies changent et évoluent très rapidement.
C'est aussi vrai maintenant, dans le monde de l'agriculture. Quand on investit dans des robots de traite, la période de l'amortissement doit être la plus courte possible, sinon les robots seront inévitablement désuets, comme ce qui précédait les robots. Il faut constamment changer ses technologies, car elles continuent d'évoluer.
Par ailleurs, j'ai discuté avec une femme qui disait être tannée de se battre. Les producteurs laitiers se battent depuis des dizaines d'années contre toutes sortes d'éléments, comme la température, les changements, l'augmentation de la productivité demandée aux fermes pour assurer leur viabilité financière et les contraintes environnementales qui leur ont été imposées.
Cela requiert des investissements continuels de leur part dans leur propre ferme. Inévitablement, quand il y a un problème comme celui du lait diafiltré, qui a pris beaucoup d'ampleur au cours des derniers mois, les pertes financières subites par les producteurs entraînent chez eux un découragement.
D'autre part, j'estime sincèrement que la question humaine, dont on n'a pas parlé aujourd'hui, est fondamentale. Au cours des cinq dernières années, dans les campagnes québécoises et canadiennes, le monde agricole a connu une vague de suicides jamais vue auparavant. Cela découle de la pression exercée sur l'ensemble du monde agricole.
On demande aux agriculteurs d'être encore plus productifs et de trouver des moyens plus écologiques de le faire. On n'arrête pas de leur en demander. La pression indue qu'ils subissent est phénoménale. Ainsi, plusieurs producteurs qui voudraient transférer leur ferme décident carrément de la fermer ou de la vendre.
Pas plus tard que la semaine passée, une dame me rapportait les propos du président des Producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent, selon lequel il n'y avait jamais eu autant de ventes d'actifs de fermes au Québec qu'au cours des deux dernières années. C'est parce que les producteurs sont épuisés.
Ils ne sont plus capables de tolérer que des gouvernements ne respectent pas leurs promesses, particulièrement le gouvernement actuel, qui leur a promis de régler le problème dans des courts délais, lors de la campagne électorale, et qui est encore en train de mener des consultations sept mois plus tard.
Plus tôt, mon collègue a parlé de « bla, bla, bla », mais c'est aussi « meuh, meuh, meuh ». Rien ne se passe. Le gouvernement ne comprend pas le langage des agriculteurs. Contrairement à ce que disent les libéraux depuis le début de l'avant-midi, ils sont complètement dans le champ. Ils pourraient régler ce problème dans des délais très courts. D'ailleurs, ils se sont engagés à le faire. Un délai très court, selon moi, ce n'est pas sept mois. Ce problème pourrait être réglé en deux jours. Je ne sais pas pourquoi ils ne le font pas, mais cela aurait dû être fait depuis longtemps.
À La Pocatière, dans mon comté, on fait de la recherche en agroalimentaire, et il doit y avoir un certain équilibre. L'augmentation de la productivité des fermes ne passe pas uniquement par l'achat d'équipements. Cela passe aussi par la recherche-développement dans la transformation et dans l'industrie laitière de façon générale. Tout est important.
On a l'impression que le Parti libéral défend uniquement l'industrie de la transformation. Or encore faut-il qu'il y ait du lait à transformer. S'il n'y a pas de lait à transformer, où prendra-t-on le lait? On veut avoir des produits canadiens et on veut que les gens achètent des produits locaux.
À Kamouraska, on m'en parle depuis 20 ans. J'ai été maire de La Pocatière de 2005 à 2009 et membre du conseil de la MRC de Kamouraska. On nous parlait de transformation et d'achats locaux. Si on veut faire cela et permettre aux agriculteurs de faire ces transformations locales, il faut qu'ils puissent en vivre. Or, présentement, ils ont carrément de la difficulté à en vivre.
Cette réalité est très difficile à défendre et à supporter pour les agriculteurs. Encore une fois, ces gens, humainement parlant, ont de la difficulté à traverser cela. De plus, ce gouvernement leur impose des délais à cause desquels ils perdent entre 10 000 $, 12 000 $ ou 20 000 $ par année, ce qui se traduit en pertes mensuelles qui font qu'à la fin du mois ils ne sont pas capables d'équilibrer leur budget. Cette pression supplémentaire fait qu'ils ont le goût de quitter le domaine de l'agriculture. Le gouvernement doit s'assurer d'offrir tous les avantages possibles et impossibles aux agriculteurs, particulièrement aux agriculteurs laitiers qui traversent une période difficile à cause du lait diafiltré.
Il est fondamental que le gouvernement comprenne qu'il doit régler la situation avant l'été. Nous sommes le 7 juin, et je pense qu'il est important que cette question soit réglée avant l'été, de façon à ce que les producteurs puissent aller travailler dans leur champ avec la tête un peu plus légère. Actuellement, c'est vraiment très difficile pour l'ensemble des producteurs de traverser cette période. Le gouvernement a les réponses et il doit agir. Comme mon collègue le disait tantôt, les bottines doivent suivre les babines.