La Chambre reprend l'étude, interrompue le 8 décembre, de la motion portant qu'une Adresse soit présentée à Son Excellence le gouverneur général en réponse au discours qu'il a présenté lors de l'ouverture de la session, ainsi que de l'amendement.
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Monsieur le Président, avant de commencer, j'aimerais vous informer que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue la députée d'.
Comme il s'agit de mon premier discours complet à la Chambre des communes, je tiens à remercier les bonnes gens de Courtenay—Alberni de m'avoir élu député. C'est vraiment un honneur pour moi de représenter cette merveilleuse circonscription, qui englobe une partie importante du centre de l'île de Vancouver.
Monsieur le Président, je ne sais pas si vous êtes déjà allé dans ma circonscription, mais j'aimerais prendre quelques instants pour vous présenter, à vous et aux députés, cette région et les personnes qui y vivent. Puis, j'examinerai certains des défis auxquels elles doivent faire face ainsi que les possibilités qui s'offrent à nous à la suite du discours du Trône.
Je sais que bien des députés seraient prêts à dire que leur circonscription est la plus belle du Canada. Je suis tout de même convaincu que la géographie de Courtenay—Alberni est incomparable. Cette circonscription commence du côté de la vallée de Comox, des îles et du mont Washington, où les précipitations de neige sont normalement les plus abondantes en Amérique du Nord. Elle couvre la région d'Oceanside, qui comprend Parksville, Qualicum et Nanoose Bay. On y trouve les superbes plages que nous connaissons tous et qui nous tiennent tant à coeur. La circonscription s'étend ensuite jusqu'à la côte Est, aux îles Denman, Hornby et Lasqueti, et traverse la vallée Alberni et le mont Arrowsmith pour se rendre jusqu'à la côte du Pacifique. Elle englobe le parc national de la plage Long, les belles plages de Tofino, dix communautés nuu-chah-nulths, la nation de Qualicum et une partie des terres ancestrales de la nation K'ómoks.
Mon histoire personnelle dans cette circonscription remonte à plus de 100 ans, lorsque mon grand-père a rencontré ma grand-mère à Cumberland. Grâce à ma famille et à mes concitoyens, je connais très bien cette région. J'y ai été témoin des changements qui se sont produits, des difficultés éprouvées et des victoires que nous avons obtenues ensemble, et je suis bien au fait des défis à relever aujourd'hui.
Parmi les défis auxquels ma circonscription doit faire face se trouvent les changements climatiques, dont les effets se font sentir sur tout son territoire. Le gouvernement conservateur qui nous a précédés a refusé de reconnaître ces réalités, mais il lui aurait suffi, pour s'en convaincre, de parler aux gens de ma circonscription, qui en sont les témoins directs. Bien des habitants de régions rurales pourront en dire autant. Les effets des changements climatiques les touchent à l'heure actuelle. Je pense notamment à la fonte sans précédent des glaciers et des cimes enneigées. En juin dernier, à la radio anglaise de Radio-Canada, Bob Cole, qui a toujours vécu à Port Alberni, a raconté que c'était la première fois de sa vie qu'il voyait le glacier fondre en juin.
L'augmentation des inondations et des avis d'ébullition a une incidence sur les infrastructures municipales de même que sur l'agriculture et la sécurité alimentaire. Les grandes sécheresses et les immenses incendies de forêt ne sont pas sans conséquence pour l'économie.
Les résidants de la Colombie-Britannique, qu'ils vivent à l'intérieur des terres ou sur la côte, diront toujours que la santé de nos collectivités dépend de celle de nos saumons. Il s'est mis à pleuvoir juste à temps, en août, cette année; autrement, nous aurions perdu tous nos saumons. C'est pour nous une ressource vitale, sur laquelle reposent notre culture et notre économie.
L'acidification de l'océan dans le détroit de Baynes, il y a deux ou trois ans, a entraîné la disparition du secteur des mollusques et crustacés. Nous avons alors vu des encornets, une espèce exotique, sur les plages de Tofino.
Il y a bel et bien des changements climatiques. Je suis ravi que le gouvernement libéral, comme en témoigne le discours du Trône, ait adopté un ton différent au sujet des changements climatiques, mais les électeurs de ma circonscription ont besoin de plus que d'un changement de ton de la part du gouvernement. Il leur faut des actions concrètes, notamment, que l'on fixe des cibles ambitieuses de réduction des émissions pour lesquelles des comptes devront être rendus dans des rapports annuels montrant dans quelle mesure les cibles prévues par la loi canadienne ont été atteintes. Hier, ma collègue, la députée d', nous a donné l'occasion de faire exactement cela. C'est l'occasion de renforcer le processus d'évaluation environnementale du Canada en y incluant des évaluations des répercussions sur le climat pour que les nouveaux projets ne fassent pas échouer les plans de réduction.
Nous devons mettre l'accent sur le travail de protection environnementale et sur ceux qui s'y consacrent tous les jours, dont la Garde côtière. Le contrôle de la circulation maritime est un enjeu très important dans ma circonscription. On a fermé la station de Tofino-Ucluelet. C'est la station qui communiquait avec nos alliés américains au-delà du détroit de Juan de Fuca. Elle protégeait les marins dans l'une des zones maritimes de l'Amérique du Nord qui connaît la plus forte croissance.
La fermeture de la station de Comox est prévue en mars. Cette station revêt une grande importance pour les Britanno-Colombiens des régions côtières pour des raisons de sécurité du trafic maritime, car c'est le seul centre de contrôle du trafic maritime qui ne se trouve pas dans une zone de subduction pouvant causer des tsunamis. Nous savons qu'un tsunami va se produire. On ne se demande pas si cela arrivera, mais quand. C'est très important.
Lors de l'accident du navire Leviathan II à Tofino, ce sont les connaissances des résidants de l'endroit qui ont permis de sauver des vies. Les Autochtones ne sont pas bien équipés et n'ont pas reçu de formation spéciale pour pouvoir sauver des vies sur la côte de la Colombie-Britannique. Or, des membres de la bande Ahousaht ont sauvé des vies à Tofino. Les gens de l'archipel Haida Gwaii ont empêché le Simushir, qui était à la dérive, de percuter la côte. Des gens à Hartley Bay ont sauvé des vies lorsqu'un traversier de BC Ferries s'est échoué sur la côte centrale de la Colombie-Britannique. Nous devons mieux soutenir ces nations et ces collectivités côtières.
Les députés se douteront que ma ville et les villes côtières de la Colombie-Britannique sont grandement touchées par les navires abandonnés et la pollution des eaux, mais rien n'a été fait à ce chapitre. Au cours de la dernière session de la 41e législature, Jean Crowder a pourtant offert une excellente occasion d'aborder le problème des navires abandonnés. Nous avons besoin d'un leadership national dans ce dossier pour protéger l'environnement et assurer la sécurité des marins lorsque des navires s'échouent.
Dans ma circonscription comme dans l'ensemble du Canada, il faut que l'activité économique soit davantage en accord avec l'environnement.
Les petites entreprises sont au coeur de notre économie et ce sont des leaders naturels en matière d'innovation. Le discours du Trône était muet à leurs propos et il faut remédier à cette situation.
Dans ma circonscription, les exportations de grumes ont décuplé en 10 ans. Elles n'ont pas doublé, elles ont décuplé. Cela porte grandement atteinte à l'économie de Port Alberni et de l'île de Vancouver, de même qu'aux générations futures.
Le tiers des enfants de la vallée d'Alberni vivent dans la pauvreté. C'est une situation inacceptable pour tous les habitants de ma circonscription et pour tous les députés de la Chambre.
Nous avons la possibilité d'investir dans l'innovation. En Suède, on fabrique des pièces d'automobile en bois. Ce matin, une entreprise forestière a annoncé qu'il est possible de produire du biocarburant avec du bois. Voilà le genre d'innovation qu'il nous faut et que nous pouvons réaliser, mais pour le faire, il nous faut l'aide du gouvernement.
Nous avons la possibilité d'investir dans les secteurs émergents comme la technologie. Ce secteur est celui qui connaît la plus forte croissance en Colombie-Britannique.
Y a-t-il meilleur endroit pour l'enseignement supérieur que dans un environnement naturel comme celui de Courtenay—Alberni et de la côte Ouest?
Nous devons renforcer le rôle du ministère des Pêches et des Océans afin qu'il fasse son travail et qu'il reprenne son mandat de protéger le saumon sauvage. Il nous faut des gens sur le terrain pour aider au retour de notre saumon dans la région côtière de la Colombie-Britannique.
Nous avons besoin de soutien pour l'infrastructure, en particulier pour BC Ferries.
J'espère que la Chambre répondra à ces importants appels à l'action.
Au sujet des défis sociaux, comme j'ai commencé à le dire, un tiers des enfants de Port Alberni et de la vallée d'Alberni vivent dans la pauvreté. Les aînés d'Oceanside et du reste de la circonscription n'ont pas accès à des médecins. C'est inacceptable.
Pour revenir à la vallée Alberni, l'espérance de vie y est de quatre ans inférieure à la moyenne canadienne. Elle occupe le 40e rang dans le monde, juste devant la République dominicaine. Nous avons du travail à faire. Des services de garde d'enfant abordables permettraient aux gens de Courtenay—Alberni d'améliorer vraiment leur sort.
Il nous faut une stratégie pour les personnes âgées. L'âge médian des personnes âgées de ma circonscription étant le plus avancé au pays, je suis bien placé pour observer les effets de l'absence d'une stratégie pour les personnes âgées et d'une stratégie pour la maladie d'Alzheimer et les autres formes de démence. Il est important que nous nous dotions d'une telle stratégie.
Nous devons aider davantage les gens ayant des problèmes de santé mentale et les anciens combattants. Tous les jours, des électeurs que nous avons rencontrés nous en ont parlé, de même que des conséquences de la faiblesse de l'économie sur nos jeunes et sur l'emploi parmi les jeunes. Nous devons nous assurer que les jeunes peuvent compter sur une économie capable de répondre à leurs besoins futurs, qu'ils sont en mesure de gagner leur vie et de trouver une habitation abordable.
Des possibilités intéressantes s'offrent à nous pour l'avenir, et je voudrais en parler un peu. Elles impliquent une collaboration avec les Premières Nations. Souvent, c'est dans les régions rurales que la richesse commence à se créer au pays, mais elle quitte par la suite ces régions. Nous devons partager la richesse avec les Autochtones et avec toutes les collectivités du pays.
Au cours des dernières années, la nation Nuu-chah-nulth a remporté une importante victoire à la Cour suprême du Canada, qui leur a reconnu le droit de pêcher et de vendre le produit de leur pêche. Cette décision leur a été favorable, mais le gouvernement a quand même refusé de négocier équitablement avec les Nuu-chah-nulth. J'invite le nouveau gouvernement à entreprendre des négociations équitables et raisonnables.
Je suis ravi de pouvoir apporter dans cette enceinte un message d'espoir, d'optimisme et d'amour en provenance de Courtenay—Alberni. J'espère que la Chambre épousera notre cause et que nous pourrons collaborer pour tâcher de résoudre ensemble les difficultés que rencontrent les gens dans les circonscriptions du pays, de manière à bâtir un Canada meilleur, plus dynamique et plus prospère.