Monsieur le président, distingués membres du Comité, bonjour. La première sous-gouverneure Wilkins et moi sommes heureux d'être devant vous aujourd'hui pour présenter le rapport sur la politique monétaire que la Banque vient de publier la semaine dernière.
À l’époque de notre dernier témoignage, en octobre, nous faisions état de signes indiquant que l'économie canadienne ralentissait, après avoir connu un premier semestre exceptionnellement vigoureux. Cette modération a finalement été plus prononcée et a duré un peu plus longtemps que nous ne l'avions prévu. Malgré cela, il convient de rappeler que l’inflation est à la cible et que l'économie tourne près de son potentiel.
En soi, cela suffit à faire ressortir les progrès considérables de notre économie au cours de la dernière année. La croissance plus lente que prévu lors du premier trimestre s’explique par deux éléments importants.
D'abord, au quatrième trimestre de 2017, les marchés du logement ont devancé certaines transactions, en réaction aux annonces concernant les nouvelles règles hypothécaires et les autres mesures de politique. Cela a entraîné un ralentissement au premier trimestre qui devrait s'inverser naturellement.
Ensuite, les chiffres des exportations ont été inférieurs aux attentes durant ce trimestre, en raison surtout de la congestion des infrastructures de transport. Mais les exportations devraient elles aussi se redresser partiellement au fil de l'année. Ainsi, après avoir manqué de vigueur au début de 2018, la croissance devrait rebondir fortement au deuxième trimestre. Tout compte fait, nous prévoyons que l’expansion de l'économie s'établira à 2 % cette année et à un taux légèrement supérieur au rythme d'accroissement de la production potentielle au cours des trois prochaines années, à la faveur des politiques monétaires et budgétaires mises en oeuvre.
[Français]
La composition de la croissance devrait changer pendant cette période. La contribution des dépenses des ménages devrait diminuer, et celle des investissements des entreprises et des exportations, augmenter.
L'inflation devrait demeurer légèrement au-dessus de la cible de 2 % cette année. Elle sera en effet stimulée par des facteurs temporaires, dont les prix plus élevés de l'essence et les hausses du salaire minimum dans certaines provinces. L'effet de ces facteurs devrait se dissiper naturellement au fil du temps, ce qui va ramener l'inflation à environ 2 % en 2019.
Bien entendu, plusieurs risques importants pèsent sur cette prévision et de grandes incertitudes continuent d'assombrir les perspectives, comme c'était le cas en octobre.
[Traduction]
Les quatre principales incertitudes entourant les perspectives d'inflation sont les mêmes qu'il y a six mois, mais des progrès appréciables ont été accomplis relativement à certaines d'entre elles.
Premièrement, en ce qui a trait au potentiel de l'économie, notre examen annuel nous a amenés à conclure que notre économie dispose actuellement d'une capacité plus importante que nous le pensions et que celle-ci croît à un rythme plus rapide que prévu. La demande a donc un peu plus de marge pour croître avant que des pressions inflationnistes commencent à apparaître. Cela dit, certaines entreprises, en particulier des sociétés exportatrices, approchent des limites de leur capacité, mais hésitent à investir. Cette hésitation est peut-être attribuable à l’incertitude entourant les échanges commerciaux, à la congestion des infrastructures de transport, à la pénurie de travailleurs qualifiés ou à d'autres facteurs. Peu importent les raisons, cette situation limite la croissance de nos exportations et de la capacité de notre économie.
La deuxième source d'incertitude porte sur la dynamique de l'inflation, mais les données récentes sont rassurantes. Les mesures de l’inflation, y compris nos diverses mesures de l’inflation fondamentale, ont évolué conformément à nos prévisions et d'une manière caractéristique d'une économie affichant une très faible marge de capacités excédentaires. Cela a accru notre confiance quant à l'efficacité de nos modèles d'inflation.
La troisième source d'incertitude concerne les salaires, et les données en la matière sont elles aussi encourageantes. L'expansion des salaires s'est fortement redressée au cours des 18 derniers mois, avoisinant 3 %, un taux auquel on peut s'attendre dans une économie qui tourne quasiment à son plein potentiel. Cependant, les plus récents chiffres ont été poussés temporairement à la hausse par les majorations du salaire minimum dans certaines provinces.
La quatrième source d'incertitude est la sensibilité accrue de l'économie à une hausse des taux d'intérêt, vu le niveau élevé d'endettement des ménages. Nous craignons qu'à mesure que les taux d'intérêt augmentent, la part du revenu des ménages consacrée au service de la dette augmente elle aussi, ce qui leur laisserait moins d'argent à dépenser pour d'autres biens et services et exercerait des pressions à la baisse sur l’inflation. II faudra plus de temps pour évaluer cette question, surtout parce que les nouvelles règles hypothécaires ont actuellement des répercussions sur le marché du logement et le crédit hypothécaire. Toutefois, la croissance des emprunts des ménages ralentit, ce qui donne à penser que les consommateurs commencent à s'ajuster aux taux d'intérêt plus élevés et aux nouvelles règles hypothécaires.
Alors, comme vous pouvez le constater, des progrès ont été réalisés relativement à ces quatre grandes sources d'incertitude, en particulier la dynamique de l’inflation et de la croissance des salaires. Ces progrès renforcent l’opinion du Conseil de direction selon laquelle des taux d'intérêt plus élevés seront justifiés avec le temps, quoiqu'une certaine détente monétaire soit probablement encore nécessaire afin que l’inflation demeure à la cible. La banque continuera à surveiller la sensibilité de l'économie aux mouvements des taux d'intérêt et l’évolution des capacités économiques. Dans ce contexte, le conseil continuera à faire preuve de circonspection au moment d'envisager de futurs ajustements à la politique monétaire et sera guidé par les nouvelles données.
Sur ce, monsieur le président, la première sous-gouverneure Wilkins et moi nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup de cette question.
En ce moment, plusieurs facteurs ont un effet sur le marché du logement, notamment la politique monétaire et les augmentations des taux d'intérêt, dont vous avez parlé.
Évidemment, quand les taux d'intérêt montent, les taux hypothécaires augmentent aussi. Au fur et à mesure que les gens seront touchés par cette augmentation, l'achat d'une première maison ou leur entrée sur le marché immobilier sera restreinte. Cela aura aussi un effet sur la décision de ceux qui voudront acquérir une plus grande maison.
C'est quelque chose que nous pouvons modéliser. On voit bien que le marché immobilier peut soutenir les taux d'intérêt actuels plus élevés. Les nouvelles lignes directrices sur les prêts hypothécaires semblent aussi avoir un effet. Ces lignes directrices servent plus ou moins de test de résistance relativement aux emprunteurs. Enfin, il faut s'assurer que les emprunteurs sont capables de composer avec des taux d'intérêt plus élevés.
Les données nous indiquent que, avant la mise en oeuvre des lignes directrices le 1er janvier de cette année, les gens ont décidé d'acheter une maison au quatrième trimestre de l'année précédente pour éviter que ces lignes directrices s'appliquent à eux. Cela a eu pour effet de faire diminuer l'activité au premier trimestre, comme le montrent les données sur la revente, par exemple. En ce moment, on essaie de voir jusqu'à quel point cet effet est temporaire. Enfin, les données font état d'un plafonnement de la revente au mois de mars. Selon nos prévisions, l'activité du marché immobilier commencera à augmenter au deuxième trimestre. Nous espérons que la composition, en ce qui a trait aux gens endettés, sera plus saine au fur et à mesure que ces normes se répercuteront sur l'économie.
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Il peut paraître simple de répondre à cette question, mais ce n’est pas le cas. Comme vous l’avez mentionné, nous nous concentrons sur le fait que la baisse du prix net reçu par les producteurs canadiens de pétrole nouvellement extrait des sables bitumineux, en particulier du pétrole lourd, est un facteur qui limite les investissements dans de nouveaux projets dans ce secteur particulier. Dans nos analyses prospectives, nous considérons que c'est là l’effet le plus notoire.
L'écart entre les cours du WCS et du WTI et l'effet de cet écart sur l’économie exige beaucoup de calculs compliqués. Bien entendu, ce n’est pas tout le pétrole canadien qui est payé à ce prix. Une partie a déjà été achetée et est sur le point d'être écoulée. D’autres compagnies, qui peuvent compter sur un réseau complet en amont et en aval, ne se heurtent pas au même problème. De plus, comme une portion du prix excédentaire est versée aux sociétés de transport, une partie de cet argent reste au Canada.
Il est très difficile d’isoler ce chiffre du reste, outre que ce n’est pas si important pour nos prévisions. Il est important de savoir où se situe le PIB. Il faut ensuite savoir comment il évolue. Dans ce cas, nous prévoyons que les investissements dans ce secteur resteront stables parce que nous partons évidemment de l'hypothèse voulant que les cours du pétrole demeureront constants.
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Oui et pour replacer cette évaluation en contexte, sachez que celle-ci est destinée à nous permettre de déterminer l'impact de ces changements sur le PIB. Nous devons le savoir pour prévoir l’inflation, et l’évaluation est vraiment une estimation approximative.
Nous partons de l’année antérieure qui, dans ce cas, correspond à l’année précédente. Partant du principe que le profil des personnes ayant demandé un prêt hypothécaire est demeuré le même, nous calculons combien d'entre elles n’auraient pas eu droit à ce type de prêt. À la faveur de nos travaux, qui ont fait l'objet de la RSF de novembre 2017, nous avons constaté qu’environ 10 % des emprunteurs n'auraient pas été acceptés en fonction des critères en vigueur. La plupart résidaient à Toronto et à Vancouver. Ce n’est pas surprenant, car c’est là que le prix moyen des maisons est le plus élevé.
Cela ne veut pas dire que tous ces emprunteurs n’achèteraient pas de maison un jour. Ils pourraient, par exemple, décider d’attendre un peu et d’en acheter une après avoir économisé davantage, ou encore d’acheter une propriété moins cher. Nous allons devoir attendre pour connaître l'impact de ces changements. À la suite des changements apportés il y a un an, nous avons constaté, d'après l'évolution du portefeuille d'assurance immobilière, que la moitié environ des personnes dont l'emprunt avait été refusé a décidé d’attendre très longtemps pour acheter une maison. L’autre moitié a décidé de s’ajuster et d’acheter une maison moins chère.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le gouverneur et madame la sous-gouverneure. Je vous remercie de vous être déplacés.
Je vais en rester à la question des répercussions, sur le secteur du logement, d’une hausse des taux d’intérêt, surtout des taux variables, parce qu’ils sont en train d'augmenter. Dans certaines régions du pays... Vous avez parlé de Toronto et du Lower Mainland en Colombie-Britannique. Le député du Lower Mainland que je suis peut vous affirmer que la crise du logement est très grave chez nous et que les gens connaissent énormément de difficultés. Nous avons des retraités qui, après avoir cotisé à une caisse de retraite toute leur vie, ne peuvent plus se payer un logement. Comme la sous-gouverneure l’a mentionné, nombre de facteurs interviennent, dont l'offre qui est faible. Nous n’avons tout simplement pas construit de logements abordables au Canada depuis des décennies, et cela a entraîné une crise.
Ma première question porte sur les répercussions de la politique monétaire et la hausse des taux d’intérêt. Dans votre modèle, examinez-vous également le nombre de faillites et de saisies qui découlent de chaque hausse trimestrielle des taux d’intérêt? Cela fait-il partie du modèle global?
Nous avons accès à des données très détaillées sur les emprunts des ménages, sur les hypothèques. Nous sommes en mesure de nous en inspirer. L'incertitude est plus grande en ce qui a trait à la façon dont les gens réagissent. On peut faire le calcul, mais l’économie est plus complexe, parce qu’elle est influencée par les comportements. Par exemple, comme l’a dit Mme Wilkins, des gens peuvent décider d’acheter une maison plus petite que prévu. On en vient toujours à une vente, mais parce que les critères sont respectés, tandis que d’autres remettent leur achat à plus tard.
C’est dans les différences de comportement qu'entre en jeu la modélisation plus statistique et historique et où c'est là où il y a une zone d’incertitude quant aux prédictions. C’est pourquoi nous ne pouvons pas être aussi catégoriques sur la façon dont les choses se déroulent. Cette année, trois choses se passent en même temps. Il faudra plus que quelques données pour être en mesure de déterminer la part des nouvelles lignes directrices B-20, la part de la hausse des taux d’intérêt et la part du devancement de la demande, dans le retour à une situation quasi normale.
Je suis d'accord avec vous quand vous dites que c’est une situation difficile pour les gens. Cela étant, rien de ce dont nous avons parlé ne vise à contrôler le prix des logements. Il est question d'abaisser les niveaux d'endettement pour que notre système financier soit moins exposé. Le prix des logements dépend fondamentalement de l'offre et de la demande, mais il s'avère que la demande est forte et que l'offre est relativement faible.
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Vous pouvez avoir la certitude que nous examinons les microdonnées, les données séparées, lorsque nous essayons de comprendre l’incidence des taux d’intérêt, parce que la répartition des personnes endettées et du genre d’actifs qu’elles possèdent est vraiment importante. Elle est importante pour les perspectives macroéconomiques. C’est ce que nous avons essayé de faire dans nos changements de modèle.
Dans le contexte de l’examen du système financier, nous examinons également des scénarios où il n’y a pas que des augmentations des taux d’intérêt qui se produisent; c’est peut-être aussi un contexte dans lequel, au lieu d’augmenter les taux d’intérêt, on se retrouve avec une montée en flèche du chômage et des choses du genre. C’est là qu’on observe d’autres réactions comme des défauts de paiement et des arriérés, qui auraient des répercussions macroéconomiques plus fortes. Selon notre modélisation, les augmentations de taux d’intérêt que nous examinons dans un cycle comme celui-ci n’ont pas suffisamment d’effets sur les arriérés et les faillites pour créer un problème macroéconomique.
Cela ne veut pas dire que nous n’en tenons pas compte, mais ce n’est tout simplement pas assez. C’est vraiment dans l'événement extrême, une récession, ou quelque chose du genre, où il y aurait une augmentation globale remarquable des arriérés. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas difficile pour les personnes qui se trouvent dans cette situation. C’est simplement que lorsque vous ciblez l’inflation, c’est une chose dont nous tenons compte, mais ce n’est pas ce qui motive les résultats.
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Merci, monsieur le président, et bienvenue au gouverneur et à la première sous-gouverneure.
Évidemment, cet après-midi, nos pensées accompagnent les gens de Toronto, après l'incident qui s'est produit plus tôt aujourd'hui. Nos pensées et nos prières les accompagnent et nous remercions nos premiers intervenants.
Pour revenir au sujet à l'étude, monsieur le gouverneur, je vous remercie de vos remarques liminaires. Vous avez parlé des progrès considérables que l'économie a réalisés au cours des deux dernières années; de la croissance des salaires d'environ 3 %, ce qui est excellent; et du rythme de la croissance des ménages, qui ralentit d'une année à l'autre, ce qui est un bon indicateur. Je ne pense pas que vous puissiez vous éterniser, si je peux m'exprimer ainsi, sur le crédit pendant trop longtemps. Vous devez le faire.
Il y a eu une correction dans le marché de l'habitation à la suite des mesures correctives que nous avons prises et que le Bureau du surintendant des institutions financières a prises avec les lignes directrices B-20 et B-21. Dans le rapport sur la politique monétaire d'avril, vous avez augmenté notre taux de croissance de production potentielle au Canada.
Étant moi-même économiste, qu'est-ce qui amènerait une banque centrale à augmenter le taux de croissance de production potentielle d'un pays ou d'une nation?
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Ce n'est pas nous qui le faisons, mais nous reconnaissons que le potentiel de l'économie a évolué de façon positive par rapport à l'année dernière. Nous le faisons une fois par année, au printemps, pour notre rapport sur la politique monétaire d'avril.
Nous devons donc tenir compte des dernières données à long terme de Statistique Canada, qui sont publiées à la fin de l'année et qui présentent les révisions historiques. La dernière révision historique a fait augmenter considérablement les estimations des investissements en 2014, 2015 et 2016. Cela signifie que le Canada a un stock de capital plus élevé qu'il ne le croyait auparavant et, par conséquent, que la production potentielle a été plus élevée. De plus, son taux de croissance est légèrement plus élevé. Évidemment, c'est une bonne nouvelle.
La dernière fois que nous sommes venus ici, nous avons émis l'hypothèse qu'au fur et à mesure que l'économie atteindrait son niveau de capacité, les investissements commenceraient à augmenter et à accroître davantage la capacité. C'est ce qui se passe également, mais, comme je l'ai dit, c'est moins que ce à quoi on s'attendrait normalement en raison de l'incertitude que vivent les entreprises, surtout en ce qui concerne l'ALENA.
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Ma deuxième question porte sur le marché du travail.
Comme je sillonne souvent la circonscription que j'ai la chance de représenter, plusieurs employeurs ont souligné les postes vacants et la difficulté de trouver de la main-d'œuvre. À la page 15 du rapport sur la politique monétaire d'avril, on peut lire que le nombre de postes vacants a augmenté de près de 25 % au cours de la dernière année et atteignait 470 000 d'un océan à l'autre. Il y a là un petit dilemme, en ce sens que la Banque du Canada a déterminé que nous avons toujours un problème de taux de chômage à long terme.
Je veux faire une publicité pour nous. L'une des mesures que nous avons présentées dans le budget est l'allocation canadienne pour les travailleurs qui, nous l'espérons, attirera plus de gens sur le marché du travail.
Compte tenu de la notion de la croissance des salaires qui s'ensuit, pourriez-vous nous parler de la façon dont nous pouvons continuer d'essayer d'attirer des gens à s'intégrer au marché du travail, qu'ils soient à la retraite ou qu'ils s'en soient retirés, et de l'importance que cela revêt pour accroître encore plus notre production potentielle?
J'ai une question au sujet de l'enquête sur les prêts aux entreprises qui a paru la semaine dernière, je crois. L'« Enquête sur les perspectives des entreprises », comme on l'appelle, est un indicateur que j'ai examiné. Il semblait assez solide. Le taux du financement à un jour se situe à 1¼ %, comparativement à plus de 4 % en 2010. Lorsque l'inflation a atteint 2,3 %, vous avez mentionné certains facteurs transitoires en jeu. C'était le taux le plus élevé en quatre ans, je crois, d'une année à l'autre.
Devrions-nous nous inquiéter de l'inflation, surtout du côté des salaires, mais aussi de celui des coûts? Les taux sont faibles depuis très longtemps, depuis la crise financière de 2008. Aux États-Unis, les rendements s'élèvent maintenant à environ 3 %.
Devrions-nous nous inquiéter, monsieur le gouverneur et madame la première sous-gouverneure?
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Non. Nous prévoyons que l'inflation sera de 2 % dans la fenêtre à l'égard de laquelle nous avons une certaine influence, c'est-à-dire dans 18 mois ou 2 ans d'ici. Cette année, elle dépassera 2 % en raison des facteurs à court terme que nous avons recensés, principalement les coûts de l'énergie. Ces données seront publiées d'une année à l'autre à la fin de l'année prochaine.
Pour revenir à votre question précédente, ce que nous observons vraiment, c'est la hausse des salaires à mesure que le nombre de postes vacants continue d'augmenter. Comme les salaires augmentent, cela encouragera un plus grand nombre de personnes à réintégrer le marché du travail.
Nous venons tout juste d'atteindre, au cours des six derniers mois, des mouvements salariaux positifs en termes réels — supérieurs à 2 %. C'est un pont important à franchir. Comme nous l'avons dit, lorsque nous arrivons dans la zone de 2,5 à 3 %, nous avons plus de possibilités d'une réintégration plus rapide des gens dans la population active.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens également à remercier le gouverneur et la première sous-gouverneure d'être ici aujourd'hui, et du travail que vous faites tous les jours pour les Canadiens.
Monsieur le gouverneur, lors des consultations prébudgétaires que nous avons menées partout au pays, il y avait des préoccupations au sujet de l'ALENA et de la compétitivité. Je remercie bien entendu les députés d'avoir soulevé la nécessité de continuer à ouvrir l'accès aux marchés pour les producteurs canadiens. Comme vous le savez, le défi est que nous pouvons peut-être ouvrir de nouveaux marchés, mais si nous n'avons pas de produits concurrentiels à un prix concurrentiel, nous ne pourrons peut-être pas réussir dans le monde.
Dans le rapport, à la page 22, vous avez fait état de préoccupations concernant la capacité d'accéder à la croissance mondiale dans des domaines comme le commerce, particulièrement en raison de la compétitivité. Les investissements vont-ils aux États-Unis plutôt qu'ici et quelles mesures pouvons-nous prendre, comme parlementaires, pour encourager le gouvernement à faire ce qu'il peut pour favoriser plus d'investissements au Canada?
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Notre principale source sur des questions comme celles-ci est notre EPE, notre enquête sur les perspectives des entreprises, qui est trimestrielle et très approfondie. Depuis un certain temps, les entreprises parlent de l'incertitude entourant l'ALENA, ce qui les empêche de prendre des décisions en matière d'investissement. Une pause est une chose; une autre est un pas en avant, où dans une poignée de cas, des entreprises qui chevauchent la frontière et qui ont des capacités des deux côtés de celle-ci peuvent concentrer davantage leur attention sur leur présence aux États-Unis en raison de cette incertitude. Nous n'en sommes qu'au tout début, car il s'agit de décisions à long terme.
Néanmoins, comme nous le disons, il y a des défis en matière de compétitivité qui, soit dit en passant, ne sont pas vraiment nouveaux. Ils sont avec nous depuis un certain temps. Les dirigeants d'entreprises auxquels nous parlons le disent souvent. De fait, leurs investissements se portent bien, mais nous pensons qu'ils seraient plus forts sans l'incertitude entourant l'ALENA. Plus vite cette incertitude se dissipera, d'après moi, mieux ce sera pour la prise de décisions d'affaires.
Quant à ce qui arrive aux autres sources de compétitivité, ce sont évidemment des éléments très structurels de l'économie canadienne, notamment les coûts de l'énergie ou les fardeaux réglementaires. Ce sont d'autres éléments que les dirigeants d'entreprises nous mentionnent.
Voulez-vous ajouter quelque chose?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à dire à nos témoins que je suis très impressionné, comme toujours, par le fait que vous êtes en mesure de brosser un portrait de l'avenir de notre pays et de la façon dont nous nous en tirons.
Dans le Nord, nous avons été très heureux de constater le nombre d'investissements dans l'infrastructure, le logement et d'autres choses, qui nous ont vraiment aidés à progresser. Cela comprend le transport. Toutefois, tant que nos revendications territoriales et l'autonomie gouvernementale de nos peuples autochtones n'auront pas été réglées avec certitude et que nous n'aurons pas investi davantage pour réduire le coût de l'infrastructure de transport, nous continuerons à faire face à des difficultés. Notre croissance n'est probablement pas aussi rapide que celle du reste du pays, mais il est bon de constater que le pays se porte bien.
Dans votre déclaration liminaire, vous avez reconnu que les choses ne se passaient pas comme vous l'aviez prévu. Dans votre premier paragraphe, vous dites que certaines choses ont duré un peu plus longtemps, et un peu plus loin vous dites que la capacité croît à un rythme plus rapide que prévu. Je suppose que c'est difficile à lire dans le meilleur des cas.
Pourriez-vous nous en dire davantage sur les mesures contenues dans le budget de cette année qui mènent vraiment à l'amélioration des perspectives économiques? Pourriez-vous me dire cela d'abord?
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Je ne me prononcerai pas là-dessus.
Une chose dont nous avons parlé, et dont j'ai moi-même parlé, c'est la question de savoir ce que font les différents mélanges de la politique budgétaire et de la politique monétaire. Si l'économie fait face à des chocs — ce que nous avons, bien sûr, et pas seulement des chocs, mais l'héritage de ces chocs —, cela signifie que l'on peut comparer l'économie à gravir une pente en vélo. C'est difficile de parvenir au sommet de la pente. Dans ce contexte, une certaine forme de politique de stimulation est souhaitable pour redonner à l'économie son potentiel.
Même si la politique monétaire s'appuie sur les taux d'intérêt, c'est le secteur des ménages qui fait la plupart des emprunts pour les maisons et les voitures, etc. Si c'est le gouvernement qui fournit les stimulants supplémentaires, alors c'est le gouvernement qui contracte les emprunts supplémentaires. Vous pouvez imaginer deux types de dettes: la dette financière et la dette des ménages. Vous avez le choix entre les politiques et les emprunts. Au cours des 10 dernières années, pour nous, ce sont surtout les ménages qui ont fait les emprunts et nous avons un problème d'endettement des ménages, qui est bien connu.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux de vos excellents exposés.
J'ai deux questions. La première lie la productivité, le marché du travail et l'immigration. Ma circonscription de Davenport, dans l’ouest du centre-ville de Toronto, compte beaucoup de gens dans les métiers de la construction. Par conséquent, beaucoup d'employeurs du secteur de la construction me disent: « Julie, c'est merveilleux que nous ayons autant d'investissements dans l'infrastructure et le logement abordable, mais il y a un grand nombre de postes vacants que nous ne sommes tout simplement pas en mesure de pourvoir. » Je vais donner suite aux commentaires de mon collègue au sujet des 470 000 postes vacants. Je me demande si vous êtes en mesure de ventiler ces 470 000 postes entre des travailleurs qualifiés et peut-être des travailleurs hautement qualifiés, etc. C'est la première partie de ma question.
Ensuite, j'ai lu d'une source très crédible qu'une bonne partie de la productivité du Canada provient de l'immigration. Je veux savoir si c'est vrai et si nos niveaux d'immigration actuels sont adéquats pour que nous puissions continuer à soutenir la croissance ici au Canada. Si nous ne sommes pas en mesure de pourvoir les 470 000 postes vacants, quelles seront les répercussions sur notre économie?
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Vous posez beaucoup de questions intéressantes.
Les entreprises nous disent que la grande majorité des postes vacants concernent des travailleurs qualifiés, et c'est le manque de main-d'œuvre possédant les compétences pertinentes qui explique cela. Comme je l'ai déjà dit, il se peut qu'il y ait un déséquilibre géographique. Nous pourrions avoir des bassins de travailleurs très qualifiés qui se trouvent toujours dans les provinces productrices de pétrole — l'Alberta en particulier — et qui n'ont pas déménagé là où se trouvent les emplois. Bien entendu, cela peut être l'une des raisons.
Il me semble que c'est devenu plus général. Si nous prenons là où la croissance s'est produite, le taux de croissance le plus élevé et la création d'emplois ont été dans les services de TI — les entreprises financières comptant 600 ou 700 travailleurs en TI, alors qu'il y en avait 200 auparavant. Il y a eu une très forte croissance et il s'agit, bien sûr, d'emplois très spécialisés et très bien rémunérés. Il faudra peut-être plus de temps pour que l'offre de travailleurs réponde à cette demande.
Une des solutions, comme vous le suggérez, c'est l'immigration. Les niveaux d'immigration sont bien entendu plus élevés qu'ils ne l'étaient auparavant, et tout le monde sait où il y a des pénuries de main-d'œuvre qualifiée sur le marché. Par conséquent, nous avons une orientation à cet égard. Je ne sais pas ce que vous entendez par productivité provenant de l'immigration, mais pour ce qui est de la croissance de notre production potentielle, il est vrai qu'une bonne partie de la croissance de notre main-d'œuvre est attribuable à l'immigration. C'est très important pour notre croissance et notre potentiel. Il y a aussi un pourcentage plus élevé d'entrepreneurs parmi les immigrants. Ils lancent leurs propres entreprises, etc.
C'est tout ce que j'ai comme grande statistique, si vous voulez. Je ne peux pas vraiment commenter votre hypothèse.
Le premier vice-président ayant été obligé de s'absenter, je vais prendre sa place en tant que deuxième vice-président.
Étant donné que c'est au tour du NPD de poser des questions, je vais le faire à partir d'où je me trouve.
[Traduction]
Merci beaucoup, monsieur.
J'aimerais aborder la question de la croissance des salaires et de l'endettement global des familles, dont vous avez parlé plusieurs fois dans votre exposé. J'ai trouvé que deux des graphiques les plus intéressants du Rapport sur la politique monétaire traitaient de ce qui suit. Premièrement, à la page 18, il est question de la croissance des salaires, qui semble juste en deçà de 3 %. Deuxièmement, le rapport s'intéresse au ralentissement de la croissance du crédit aux ménages, qui demeure remarquablement plus rapide que la croissance des salaires. J'ai l'impression que c'est la même dynamique que nous avons observée au Canada depuis une décennie ou à peu près: la dette des familles est à des niveaux extrêmement élevés, mais la croissance des salaires ne semble pas compenser le moindrement ces hauts niveaux. Malgré le ralentissement de la croissance du crédit aux ménages et l'accélération de la croissance des salaires, nous observons toujours un écart inquiétant, je suppose, entre le niveau d'endettement des familles et la croissance globale des salaires. Auriez-vous un commentaire général là-dessus?
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Nous observons un raffermissement des salaires et, le gouverneur l'a expliqué plus tôt, c'est le résultat d'un marché du travail en croissance, et c'est plus conforme, quoiqu'encore un peu moins qu'on pourrait s'y attendre, étant donné le point que nous avons atteint dans le cycle économique.
Vous avez raison de dire que, ces quelques derniers trimestres, nous avons vu une légère progression continue de l'endettement des ménages par rapport au revenu disponible, qui est fonction à la fois des salaires et du nombre d'heures travaillées.
Nous ne nous intéressons pas seulement aux salaires; nous devons analyser également le nombre d'heures travaillées, pour calculer le chiffre qui nous intéresse, et nous observons un ralentissement du crédit aux ménages. C'est pour une bonne part du crédit hypothécaire, mais il y a aussi d'autres formes de l'endettement des ménages, dont le ralentissement est un peu plus lent que l'augmentation du revenu du travail. Mais avec la croissance continue de l'économie, on s'attendrait à un alignement plus serré du crédit et du revenu du travail, si bien que nous prévoyons que le crédit continue de ralentir et le revenu du travail d'augmenter.
Avec le temps, pour la période de notre projection et les quelques prochaines années, nous devrions observer une stabilisation du ratio de la dette des ménages par rapport au revenu disponible.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le gouverneur.
Je suis député de la Colombie-Britannique et, comme vous le savez, ma province a été inondée d'investissements étrangers, particulièrement dans le secteur de l'habitation, où ils sont près de 1 milliard de dollars par mois. C'est le chiffre qui a déjà été enregistré. Aujourd'hui, le gouvernement fédéral et les provinces ont pris diverses mesures pour ralentir la flambée des prix des maisons. Je me demande comment l'effet négatif du phénomène commence à ralentir les choses. Il semble avoir un certain effet, mais pas autant qu'à Toronto.
Y aurait-il des pertes d'emplois dans le secteur de la construction et dans les domaines connexes, ou la demande est-elle dépassée à ce point que l'équilibre se rétablira?
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J'ai l'impression que la demande de logements demeure très vigoureuse dans tout le Canada, et pas seulement dans ces marchés. C'est la demande qui, essentiellement, détermine le rythme de la construction et les emplois dans la construction. L'offre est le facteur de ralentissement.
Selon moi, le principal résultat des interventions qui ont été faites sur le marché même a été que certaines attentes extrapolatives ont été retirées du marché. Pour nous, il est très malsain d'entendre les gens dire qu'ils doivent acheter une maison parce qu'ils ont peur de rater une bonne affaire. Ils projetaient d'en acheter une dans deux ans, mais ils doivent le faire tout de suite. Et ils le peuvent.
Pire encore, il y a des gens qui ont remboursé suffisamment de leur hypothèque pour emprunter pour l'achat d'une autre maison encore en construction dans l'intention de la revendre une fois finie. C'est uniquement pour un rendement. C'est de la spéculation.
Lorsque les gens pensent que rien ne peut aller mal avec cela, il est clair que les attentes sont devenues extrapolatives, et c'est une position très malsaine pour prendre des décisions pour toute la vie.
En ce sens, à l'époque, je pensais que cela pourrait n'être qu'un effet temporaire sur le marché, mais en même temps cela a un effet perturbateur sur les attentes, et donc un effet positif à plus long terme.
:
Lorsque je retourne dans ma circonscription, un des avantages de pouvoir rentrer chez moi et de bavarder avec les gens, c'est de voir où ils en sont.
Pour la première fois, monsieur le gouverneur — et j'adresse en fait ma question à la sous-gouverneure — j'ai eu diverses conversations avec mes électeurs, différentes personnes aux antécédents différents, au sujet des cryptomonnaies.
Je sais que vous avez fait certaines déclarations récemment et qu'il faut avoir une vue plus globale du contexte, pas seulement dans l'optique canadienne, mais aussi dans l'optique internationale. Vous avez aussi fait une distinction entre une cryptomonnaie elle-même, ou ce qu'on appelle généralement une « cryptomonnaie », et que vous appelez plutôt des « cryptoactifs ».
Pourriez-vous expliquer au public canadien pourquoi vous utilisez ces termes-là et quelle devrait être, du point de vue de la Banque du Canada, la bonne manière de commencer à discuter de ces choses-là? Bien des personnes en parlent en termes de spéculation ou de jeu. Pour d'autres, ce sont des investissements. Il serait utile de les mettre en contexte.
Il est très important que les acheteurs de ces actifs sachent ce qu'ils achètent et ce qu'est un actif. Lorsqu'on songe à une monnaie, on sait que c'est un instrument pour stocker de la valeur; on peut s'en servir au magasin pour acheter des biens et des services; et on peut être raisonnablement certain de sa valeur d'un jour à l'autre, comme pour le dollar canadien. C'est pourquoi nous ciblons l'inflation, afin que les ménages n'aient pas à s'inquiéter de ce genre de fluctuation de valeur de leurs avoirs.
Si c'est un actif, on peut le détenir pour diverses autres raisons, comme on détient d'autres investissements. On peut le détenir parce qu'on pense avoir une participation dans une entreprise. Je songe à une première émission de pièces de monnaie, qui peut me rapporter un bon rendement avec le temps. Je pourrais avoir quelque chose comme des bitcoins, et cela peut me rapporter un rendement avec le temps aussi. Le ménage qui en achète doit connaître le genre de risque qui y est associé et savoir qu'il y a certaines protections en place pour la protection des investisseurs et la protection des consommateurs à l'égard des autres actifs.
Ce que j'ai dit, comme le gouverneur et les pays du G20, de fait, c'est que le temps est vraiment bien choisi pour commencer à mettre en place une structure de réglementation pour assurer ces protections, que ce soit des protections contre le blanchiment d'argent ou le financement du terrorisme, ou de simples protections pour avoir la certitude que les investisseurs savent dans quoi ils s'embarquent.
Pour cela, la meilleure approche est que les organismes de réglementation et les parties concernées au Canada se concertent sur la façon dont nous allons définir ces choses-là, pour voir comment nous allons les traiter dans notre environnement de réglementation, et pour faire la même chose au niveau international également, vu qu'il s'agit d'actifs transfrontaliers. Ils s'échangent partout dans le monde, et s'il n'y a pas d'uniformité dans le monde, nous serons probablement confrontés à un arbitrage réglementaire.
:
Nous allons passer au prochain groupe de témoins.
M. Fréchette, le directeur parlementaire du budget, ne peut pas être des nôtres aujourd'hui, pour cause de maladie, je crois, mais nous avons quand même le sous-directeur parlementaire du budget, M. Mostafa Askari. Il est accompagné de MM. Chris Matier, directeur principal, Analyse économique et financière; Trevor Shaw, conseiller et analyste économique; et Tim Scholz, conseiller et analyste économique; ainsi que de Mme Carleigh Malanik, analyste financière.
Sans plus tarder, veuillez commencer.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour, monsieur le président, messieurs les vice-présidents et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je vous remercie à nouveau de nous avoir invités à comparaître afin de discuter de nos perspectives économiques et financières d'avril 2018. Le directeur parlementaire du budget appuie le Parlement en fournissant des analyses économiques et financières aux parlementaires. Suivant l'article 79.01 de la Loi sur le Parlement du Canada, le directeur parlementaire du budget a pour objet « d'améliorer la qualité des débats parlementaires et de promouvoir une plus grande transparence et responsabilité en matière budgétaire ». De plus, conformément au mandat du directeur parlementaire du budget prescrit par la loi, nous présentons des perspectives économiques et financières.
[Traduction]
Depuis octobre, des politiques extérieures et intérieures qui auront des répercussions à moyen terme sur l'économie canadienne ont été élaborées. Il s'agit notamment de changements à la politique budgétaire des États-Unis, de la mise en oeuvre de la redevance sur le carbone au Canada, ainsi que des retombées attendues des négociations de l'ALENA. Nous avons intégré les répercussions de ces facteurs dans nos hypothèses de prévision d'avril.
Nous prévoyons que la croissance annuelle du PIB réel au Canada sera de 1,7 % de 2018 à 2022. À moyen terme, nous prévoyons que l'économie canadienne dépendra moins des dépenses de consommation et du secteur de l'habitation, et les investissements commerciaux et les exportations contribueront davantage à la croissance économique.
Nos perspectives économiques reposent sur l'idée que la probabilité d'avoir des résultats à la hausse est, en règle générale, la même que celle d'avoir des résultats à la baisse. Sur le plan des risques à la baisse, nous croyons que le risque le plus important est une performance à l'exportation plus faible. Sur le plan des risques à la hausse, nous croyons toujours que le risque le plus important est l'augmentation des dépenses des ménages.
Par rapport à nos perspectives d'octobre, le niveau projeté du PIB nominal, soit la plus vaste mesure de l'assiette fiscale, est le même, en moyenne, et que les révisions à la hausse des niveaux de prix appliqués au PIB compensent les révisions à la baisse du PIB réel.
Côté budgétaire, les révisions de nos perspectives de l'économie canadienne ont des répercussions modestes sur nos prévisions à moyen terme du solde budgétaire. L'intégration de notre nouvelle projection des charges de programmes directes avec les nouveaux résultats financiers enregistrés depuis le début de l'exercice contribue à la réduction des déficits budgétaires projetés sur la base du statu quo — préalable aux mesures prises depuis octobre 2017.
Nous estimons que les mesures prises depuis l'énoncé économique de l'automne 2017 du gouvernement s'élèvent à 22 milliards de dollars de 2017-2018 à 2022-2023. Ces nouvelles mesures drainent presque entièrement les augmentations projetées de la marge financière, ce qui provoque un déficit budgétaire un peu plus élevé par rapport à nos perspectives d'octobre dernier.
[Français]
Cela dit, nous prévoyons que les déficits budgétaires vont diminuer graduellement pour s'établir à 10,6 milliards de dollars en 2022-2023. Cette diminution projetée est essentiellement causée par une croissance restreinte des dépenses de fonctionnement du gouvernement, ce qui s'explique par des diminutions aux avantages sociaux des fonctionnaires fédéraux à l'avenir et par de légères diminutions des effectifs fédéraux jusqu'en 2019-2020.
Compte tenu des diverses hypothèses comprises dans nos perspectives économiques et en l'absence d'autres mesures stratégiques, il est peu probable que le budget soit équilibré ou excédentaire à moyen terme. Toutefois, nous estimons à environ 75 % les probabilités que le ratio de la dette fédérale par rapport au PIB soit inférieur au niveau visé par le gouvernement, soit 30,9 %, en 2020-2021.
[Traduction]
J'aimerais aussi attirer votre attention sur un autre rapport que nous avons publié aujourd'hui et qui donne le calcul indépendant du DPB quant au coût de 10 grandes mesures visant les revenus et les dépenses annoncées depuis octobre 2017.
Toutes ces mesures sont reflétées dans nos perspectives budgétaires d'avril. Au total, le DPB estime que le coût de ces nouvelles mesures est de 1,4 milliard de dollars plus élevé que ce que le gouvernement avait estimé dans le budget de 2018.
[Français]
Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions sur nos perspectives économiques et financières ou sur toute autre analyse du directeur parlementaire du budget.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux présentateurs d'aujourd'hui.
Je suis très heureux de voir votre exposé d'aujourd'hui. Dans vos perspectives économiques et budgétaires, vous avez analysé les incidences de la redevance sur le carbone. La question est très importante pour moi et pour les personnes que je représente dans les Territoires du Nord-Ouest. Les changements climatiques ont frappé plus fort chez nous que partout ailleurs au Canada. Nous n'avons jamais vraiment eu la possibilité d'investir dans les énergies nouvelles ou les infrastructures qui nous permettraient de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Nous espérons que ce programme nous permettra de le faire. Bon nombre de collectivités que je représente ont encore des génératrices bruyantes, parfois en plein coeur de la collectivité, qui fonctionnent 24 heures sur 24 chaque mois de l'année. La plupart de nos collectivités sont bâties sur le pergélisol, qui est en train de fondre. J'arrive tout juste d'une réunion dans nos collectivités côtières. Certaines sont forcées de commencer à déménager leurs maisons. Nous avons des cimetières qui tombent dans l'océan, et de nombreux problèmes graves.
La question est importante pour moi, mais aussi pour le Comité, qui se met cette semaine à l'étude des mesures contenues dans la Loi d'exécution du budget. J'ai trouvé très intéressant que vous disiez dans votre analyse qu'il serait plus avantageux pour l'économie canadienne et pour les provinces et les territoires d'appliquer le produit de la redevance à la réduction de l'impôt sur le revenu des sociétés et des particuliers que de le remettre aux ménages sous forme de paiements forfaitaires. Pourriez-vous expliquer comment vous êtes arrivé à cette conclusion et pourquoi il serait préférable de procéder ainsi?
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les fonctionnaires qui sont ici aujourd’hui pour nous aider à mieux comprendre les rapports.
J’aimerais reprendre là où M. McLeod s’est arrêté. Certains membres du Comité se souviendront peut-être que les trois premiers ministres des territoires, en personne ou par téléconférence, ont fait des commentaires sur la taxe sur le carbone. Je me souviens précisément du témoignage du premier ministre du Nunavut, qui a déclaré que 80 % des coûts du diesel étaient subventionnés par le gouvernement. Je lui ai demandé comment fonctionnerait une taxe sur le carbone dans ce genre de système, parce que la majeure partie de l’argent est réutilisé, à même les propres revenus du gouvernement. Il a dit croire que cela ne fonctionnerait pas.
Je tiens à dire catégoriquement, aux fins du compte rendu, que je crois que les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut... Je suppose que le Yukon a déjà institué sa propre taxe sur le carbone. Mais les territoires qui ne sont pas en faveur, ces premiers ministres, je crois que nous devrions les exempter. Je pense que nous devrions travailler avec les députés pour éliminer le diesel par d’autres moyens.
Quoi qu’il en soit, je vais poser la même question. Dans le rapport, à la page 10, il est dit en toutes lettres « nous supposons que les recettes fédérales redistribuées aux provinces et aux territoires seront transférées aux ménages en paiements forfaitaires ».
N’avez-vous pas été en mesure d’obtenir du gouvernement quelque indication que ce soit quant à savoir s’il s’agira ou non d’un régime de type impôt et dividendes? Vous avez dit tout à l’heure que vous préféreriez une réduction de l’impôt sur le revenu, que ce soit celui des entreprises ou celui des particuliers. Pourriez-vous y revenir, s’il vous plaît?
:
J’espère qu’il y aura un suivi à ce sujet et qu’on se penchera précisément sur la question, parce que bien des gens seraient surpris d’apprendre que ce nombre diminue en raison de la réduction de la participation au marché du travail, plutôt que d’autres facteurs dont certains députés ministériels ont parlé.
À la page 8, on peut lire ce qui suit: « Nous nous attendons également à ce que la Réserve fédérale augmente son taux directeur à un rythme plus rapide de 2018 à 2019 que ce que nous avions prévu en octobre. » Je crois que c’est l’an dernier que j’ai essayé de parler au ministre des Finances de la hausse des taux d’intérêt des obligations.
À l’heure actuelle, beaucoup de gens cherchent à investir aux États-Unis plutôt qu’ailleurs. De toute évidence, le Canada a un processus très solide pour les détenteurs d’obligations étrangères, par exemple, ou même pour les investissements nationaux dans les billets du gouvernement du Canada.
Cela signifie-t-il que nous devrons rehausser les taux d’intérêt plus tard pour attirer ces investisseurs?
:
Je crains que non. Votre temps de parole est écoulé.
Sur la même question, je remarque que dans le rapport, les frais de la dette publique du gouvernement du Canada passeront à 39,1 milliards de dollars, comparativement à 24 milliards de dollars l’an dernier. Il s’agit d’une augmentation de 15 milliards de dollars, soit environ les deux tiers, du coût de la dette publique pour le gouvernement du Canada. C'est également beaucoup plus que ce que le gouvernement avait prévu dans son dernier budget.
Pour 2022, les frais de la dette publique devaient être de 32 milliards de dollars, donc l’écart entre les deux est de 7 milliards de dollars, ou plus de 20 %, et vous n’êtes qu'à un mois de vos prévisions.
Pourquoi y a-t-il une telle différence entre les prévisions du gouvernement et les vôtres?
:
J’aimerais souligner que la plus grande différence entre notre point de vue sur le solde budgétaire en 2018-2019 — c’est-à-dire l’exercice en cours — et les chiffres publiés dans le budget de 2018 se trouve à la ligne des dépenses de fonctionnement et d'immobilisations. C’est la première fois que notre bureau publie ses propres prévisions indépendantes pour la composante des dépenses de fonctionnement et d'immobilisations des charges de programmes directes.
Vous verrez que, plus tôt dans le rapport, à la page 21 de la version anglaise, nous présentons une ventilation exacte de la façon dont nous établissons notre estimation de la composante des dépenses de fonctionnement et d’immobilisations des charges de programmes directes. Vous verrez qu’en 2018-2019, il y a une augmentation considérable des dépenses au titre des coûts futurs et avantages sociaux. Ces avantages comprennent les avantages futurs pour les anciens combattants, les paiements de pension, etc. Ils sont très sensibles aux taux d’intérêt. Les taux d’intérêt ont diminué au cours des huit ou dix dernières années, et la relation entre les avantages futurs et les taux d’intérêt est inversée. À mesure que les taux d’intérêt baissent, les dépenses au titre des coûts futurs et avantages sociaux commencent à augmenter. Elles atteignent un sommet en 2018-2019, et c’est donc — certainement dans le cadre de nos prévisions des charges de programmes directes — une source de croissance des coûts.
Je ne peux pas vous dire si c’est conforme au budget des dépenses de 2018 parce que, malheureusement, le gouvernement ne fournit pas de décomposition, comme nous le faisons ici au tableau 9, de ses prévisions au titre des charges de programmes directes. Il résume les paiements de transfert et les dépenses de fonctionnement et d’immobilisations en deux lignes. Heureusement, avec le tableau 9, nous sommes en mesure de décrire exactement comment nous établissons nos prévisions des charges de programmes directes. Malheureusement, je ne peux pas comparer cela aux prévisions budgétaires du gouvernement, parce que cette information n’est pas publique.
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup d’être ici. C’est un rapport très intéressant et détaillé. Vous faites beaucoup de travail sans beaucoup de ressources. Je vous lève mon chapeau pour tout le travail que vous faites.
Vous êtes aussi des héros, je crois, dans l’esprit des Canadiens, en ce sens que vous avez exercé des pressions sur le gouvernement. Il a fallu cinq ans pour que l’Agence du revenu du Canada reconnaisse enfin que l’information sur l’écart fiscal devrait être communiquée au directeur parlementaire du budget. C’est la lutte que vous avez dû mener avec l’ancien gouvernement conservateur et maintenant avec le gouvernement libéral actuel. C’est une lutte que vous ne devriez jamais avoir à livrer au nom des Canadiens, mais je vous remercie de pousser le gouvernement à faire ce qu’il faut et à fournir cette information.
Ma première question porte vraiment là-dessus. L’écart fiscal a des répercussions considérables sur les déficits, sur les programmes et sur les investissements que nous pouvons faire en tant que pays. On estime qu’il se situe entre 10 et 40 milliards de dollars par année. C’est de l’argent qui va dans les paradis fiscaux à l’étranger. C’est de l’argent que les riches et les gens qui ont de bons contacts peuvent tout simplement ne pas payer, alors que tout le monde, les gens de métier et les petits entrepreneurs, paient leurs impôts. Beaucoup de gens très riches n’ont pas à le faire. Cet écart fiscal a d’énormes répercussions.
J’aimerais savoir comment le directeur parlementaire du budget compte utiliser cette information. L'obtenez-vous maintenant de l'Agence du revenu du Canada? L’avez-vous reçue? Avez-vous un plan pour publier ces renseignements très importants sur l’écart fiscal au Canada, sur la différence entre ce que le gouvernement devrait mettre en commun pour investir et pour appuyer les programmes et la création d’emplois, et ce que le gouvernement fédéral obtient pour faire ces investissements en raison de ces paradis fiscaux à l’étranger et de ces échappatoires fiscales importantes?
:
Merci beaucoup. Nous nous réjouissons à la perspective de vous accueillir de nouveau devant le Comité lorsque vous publierez ces renseignements sur l’écart fiscal. C’est quelque chose que les gouvernements auraient dû fournir depuis des décennies, ce qu’ils ont refusé de faire. Encore une fois, je vous remercie, parce que même si vous avez dû pousser le gouvernement et menacer de le traîner devant les tribunaux, vous avez tenu bon. Au nom de tous les Canadiens, je vous remercie de votre précieux travail. Les Canadiens doivent savoir ce que les riches et les gens qui ont de bons contacts transfèrent à l’étranger, au lieu d’investir dans tous les programmes dont nous avons besoin.
L’un de ces programmes, bien sûr, est l’assurance-médicaments. C’est quelque chose qui est promis depuis des décennies. L’automne dernier, le directeur parlementaire du budget a publié un excellent rapport sur le coût fédéral d’un Régime national d'assurance-médicaments. Vous avez fait un travail très détaillé concernant les économies globales pour les Canadiens, et j’aimerais que vous nous parliez de ce que nous dépensons actuellement en tant que société pour les médicaments, alors qu’un Canadien sur cinq n’a pas les moyens de payer les médicaments dont il a besoin, de même que des coûts globaux et de ce qui pourrait être économisé si nous avions un Régime national d’assurance-médicaments.
Pour terminer, nous savons que nous perdons de 2 à 5 milliards de dollars par année en coûts pour nos salles d’urgence et nos hôpitaux en l’absence d’un régime d’assurance-médicaments. Autrement dit, quelqu’un qui n’a pas les moyens de payer ses médicaments se retrouve à l’hôpital ou à l’urgence, et il en coûte beaucoup plus aux Canadiens de ne pas avoir de régime que d’en avoir un. J’aimerais savoir pourquoi cela n’a pas été pris en compte dans le rapport du directeur parlementaire du budget sur le coût fédéral d’un Régime national d’assurance-médicaments.
:
Merci, monsieur le président. Je souhaite la bienvenue aux messieurs du Bureau du directeur parlementaire du budget.
Dans les projections qui sont utilisées, vous avez mentionné la vulnérabilité des taux d'actualisation à une hausse des taux d'intérêt. Au cours des 10 dernières années, l'autre parti a accumulé beaucoup de dettes — plus de 150 milliards de dollars, si je ne m'abuse —, mais en réalité, il en a profité parce que les taux ont baissé ou diminué considérablement. En consultant les budgets précédents, on voit bien que ce parti a toujours exagéré ses dépenses en intérêts, parce qu'une grande partie de la dette qui était reportée l'était à des taux beaucoup plus bas en raison de la faiblesse de l'économie dont les conservateurs avaient la charge pendant plusieurs années.
Notre situation est un peu différente. Les taux augmentent parce que l'économie se porte beaucoup mieux. Vous vous êtes penchés sur certains de ces chiffres. Lorsque la dette, qu'elle soit nouvelle ou ancienne, arrive à échéance et que le gouvernement se tourne vers le marché, le refinancement se fait à un taux plus élevé, malheureusement, mais cette situation provient d'une situation positive, soit le fait que l'économie va bien et que les taux augmentent.
Je suis heureux que vous ayez également fait remarquer qu'avec des taux plus élevés, la valeur actuelle des passifs futurs diminue, de sorte que les dépenses de programmes directes baissent, ce qui est avantageux pour nous. Je suis très heureux que le DPB ait souligné cela. Je suis fier de cet état de fait, parce que notre gouvernement a travaillé avec les syndicats, qui représentent les vaillants fonctionnaires qui travaillent jour après jour pour servir l'ensemble des citoyens, alors que le gouvernement précédent ne l'a pas fait et s'est contenté d'imposer des conventions collectives.
Voilà ce que j'avais à dire. Ma question porte sur la tarification du carbone. On sait que chaque province sera autorisée à faire comme bon elle l'entend avec les fonds qu'elle perçoit grâce à la tarification de la pollution. Pour revenir à ce que vous avez dit dans le rapport, si par exemple les fonds se trouvent en Colombie-Britannique — une province d'où provient l'un de mes collègues —, ces fonds peuvent être utilisés à des fins fiscales, c'est-à-dire pour réduire les taux d'imposition des particuliers et des sociétés. Le cas échéant, cela contrebalancera toutes les incidences qu'il pourrait y avoir.
Est-ce là une interprétation fidèle de ce passage du rapport?
:
Il y a eu deux grands changements d'ordre fiscal aux États-Unis: d'abord, la loi sur les réductions d'impôt et l'emploi — la Tax Cuts and Jobs Act — qui a été adoptée le 22 décembre dernier, puis la loi bipartite sur le budget — Bipartisan Budget Act — qui est entrée en vigueur le 9 février.
Dans le cas de la loi sur les réductions d'impôt et l'emploi, nous avons utilisé une estimation établie par le personnel du Comité mixte sur la fiscalité qui prévoit un impact économique sur le PIB américain d'environ 0,7 % au cours de la période visée par nos prévisions. En ce qui concerne la loi bipartite sur le budget, nous avons examiné les estimations du Congressional Budget Office en matière de dépenses gouvernementales supplémentaires à moyen terme aux États-Unis. Nous avons utilisé leurs multiplicateurs budgétaires, qui permettent de prédire dans quelle mesure les dépenses gouvernementales se traduiront par une activité économique.
Nous avons constaté deux répercussions sur le niveau du PIB réel des États-Unis, puis nous avons intégré ces répercussions à notre modèle macroéconométrique canadien. Nous estimons que cela ferait augmenter le PIB réel du Canada de 0,1 % en 2018 et de 0,25 % au terme de la période prévisionnelle, principalement en raison de l'augmentation des exportations.
:
J'allais reprendre la question de la taxe sur le carbone avant de parler du tableau 9 de la page 21, que M. Shaw a mentionné.
Vous indiquez un déficit de 22 milliards de dollars, alors qu'au cours de la campagne électorale précédente, les libéraux parlaient d'un déficit de 6 milliards de dollars à ce moment-ci. Vous présentez une estimation indiquant une perte d'un demi-point de PIB en raison de la taxe sur le carbone imposée à l'économie. Aussi, dans les projections présentées au tableau 1, on indique une diminution des exportations de moitié après 2019. On passe de 1,5 % à 0,7 %, puis c'est encore 0,7 % pour la période 2021-2022.
Vous souvenez-vous de quelque autre mesure gouvernementale qui ait coûté à l'économie, à tout prendre, un demi-point de croissance du PIB par le passé? A-t-on déjà vu cela?
:
En effet, c'est la conséquence de certains facteurs.
Tout d'abord, le ralentissement de l'activité étrangère et, par suite, de la demande américaine pour nos produits d'exportation, est vraiment un facteur déterminant. Si vous vous reportez à la figure 4 sur la diapositive, vous verrez que, à moyen terme, l'économie américaine ralentit pour se situer à un taux de 1,8 %, si bien que la croissance de nos exportations correspondrait à peu près à celle de l'économie américaine à ce moment-là. C'est vraiment la forte croissance américaine qui fait grimper nos exportations; à l'inverse, une croissance modérée aux États-Unis en provoquera la baisse.
En même temps, nous constatons qu'une partie de la reprise initiale des exportations est attribuable au fait que le dollar demeure aux alentours de 77 ou 76 cents. Ainsi, la faiblesse du dollar présente encore des avantages.
:
Merci, monsieur le président.
Merci au bureau du directeur parlementaire du budget.
Je n’ai pas l’occasion de siéger à ce comité souvent, aussi vais-je en profiter.
J’ai une circonscription qu'on peut qualifier d'ordinaire, avec une économie en croissance. Il s'agit de Surrey-Centre. Nous y accueillons beaucoup d'immigrants. Depuis un peu plus de deux ans que je suis député, personne n'est encore venu me voir pour me dire qu'il était impossible de trouver un emploi. C’est habituellement le contraire qui se produit. Des employeurs me demandent comment ils pourraient trouver des travailleurs, parce qu'ils n'arrivent pas à en recruter assez. Nous avons remarqué une augmentation des niveaux d’immigration, et je voudrais savoir si cet afflux migratoire a eu un effet positif sur l’économie, particulièrement sur le taux d’emploi, car cet apport ne semble pas avoir d’effet négatif. A-t-on analysé les répercussions de l’augmentation de l’immigration sur l’ensemble de notre économie?
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais revenir sur un point soulevé plus tôt par M. Kmiec au sujet du cadre financier du gouvernement. À un moment donné, on demandera au directeur parlementaire du budget d’examiner les programmes électoraux, etc., et je tiens à le répéter.
Vous n’avez pas besoin de dire quoi que ce soit à ce sujet, mais, aux dernières élections, le gouvernement a proposé un cadre chiffré selon lequel il allait apparemment investir dans l’infrastructure 10 milliards de dollars par année, et enregistrer un déficit pendant les deux premiers exercices pour ensuite revenir à l’équilibre budgétaire. Je suis sûr que ce sera le défi à relever. Si cet engagement n'est pas respecté, à quoi bon vous demander d'étudier les programmes électoraux et de confirmer l’existence de ces cadres financiers? C’est une petite parenthèse.
À la page 21, vous écrivez: « Cette révision à la baisse est essentiellement liée à la diminution de l’estimation des charges de programmes directes, attribuable en partie au report de certaines dépenses dans les infrastructures qui a plus que contrebalancé l’investissement de 4,0 milliards de dollars dans les nouvelles mesures stratégiques en 2017-2018. »
Pourriez-vous nous expliquer cet énoncé? Dans un rapport récent, on explique pourquoi certaines infrastructures ne sont pas financées. Que veut dire au juste ce paragraphe?
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup à vous, monsieur Askari, et à votre équipe, d’être parmi nous aujourd’hui.
Un mot d'abord au sujet de la participation au marché du travail. À la page 6, vous écrivez: « Le taux de chômage a continué à afficher une tendance à la baisse. » Il est de 5,8 %. Vous ajoutez: « Cependant, cette baisse traduit surtout une diminution de la participation au marché du travail. »
Le recul de la participation au marché du travail, est-il attribuable à la baisse rapide du taux de natalité ou au rythme des départs à la retraite?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais revenir sur l’examen que vous allez faire de l’écart fiscal, sur lequel vous allez contraindre l’ARC à fournir de l'information. Un énorme montant d’argent part à l’étranger au lieu d'être mis au service de l'intérêt commun des Canadiens et consacré à des investissements qui ont des effets réels. Je m’intéresse à deux aspects de l’étude que vous entreprendrez. Je voudrais d'abord savoir si vous allez arriver à chiffrer le taux d’imposition réel des grandes sociétés canadiennes. Le Centre canadien de politiques alternatives estime que le taux d’imposition réel des grandes sociétés canadiennes très rentables est inférieur à 10 %. Il est en fait de 9,8 %. Votre étude, dira-t-elle, entre autres choses, dans quelle mesure ces paradis fiscaux à l’étranger et ces abris fiscaux massifs permettent à certaines des sociétés les plus rentables au Canada d'éviter de payer leur juste part, ce qui contribue à rendre le régime fiscal profondément inégal?
Le deuxième aspect concerne les répercussions sur le déficit. S'il existe un écart fiscal important, notre déficit — sans lequel nous pourrions dépenser et investir davantage pour le bien des Canadiens — est-il attribuable à un écart fiscal qui a augmenté au cours des dernières décennies et que ni l’ancien gouvernement ni le gouvernement actuel n’ont été disposés à résorber?
Voilà mes deux questions sur l’étude que vous faites sur l’écart fiscal.
Encore une fois, je suis très reconnaissant au directeur parlementaire du budget d'avoir accepté de comparaître. J’apprécie vos modélisations. Au fil des ans, vous avez fait preuve d’une grande exactitude.
Si je comprends bien le fonctionnement du Bureau du DPB et l’information que vous recueillez pour faire ces évaluations, vous vous fiez aux mêmes données que le ministère des Finances, n'est-ce pas? Jetons un coup d’oeil à l’annexe B, qui porte sur les perspectives économiques. Votre modélisation est différente, ce qui semble donner des résultats différents.
Pour ma gouverne et celle des Canadiens, pourriez-vous m’expliquer pourquoi la modélisation finit par être légèrement différente? À quels facteurs accordez-vous plus d’importance? Pour quelles raisons estimez-vous que les gens formidables que nous avons au ministère des Finances obtiennent des résultats différents des vôtres?
:
Bien sûr, je vais vous donner un peu plus de détails techniques pour répondre à votre deuxième question.
Nos projections sont fondées sur un modèle. Nous avons un modèle macroéconomique et nous utilisons des hypothèses et des perspectives concernant l'économie américaine et le prix des produits de base. Ce sont des facteurs clés. Pour sa part, le ministère des Finances prépare ses perspectives en regroupant les données d'une quinzaine de prévisionnistes du secteur privé. L’une des principales faiblesses de cette approche est qu’elle n’assure pas nécessairement la cohérence des prévisions. Il peut y avoir des opinions divergentes, sur disons le taux de change et le prix des produits de base, divergences qu'il ne faudrait pas concilier dans un seul modèle, comme nous devons le faire. Il est possible que certains prévisionnistes ne proposent pas de chiffres pour certaines variables. Cette façon de procéder n’assure pas la cohérence interne comme peut le faire un modèle macroéconomique.
Un dernier point. Nous avons examiné les résultats et la qualité des prévisions dans un rapport publié l’an dernier. Nous avons constaté que, du point de vue de l’exactitude, du moins pour les grandes variables macroéconomiques qui retiennent l'attention, comme le PIB nominal, nos résultats correspondaient à ceux que le ministère des Finances avait établis à partir de son enquête. Mais l’une des principales différences, c’est que nos prévisions étaient moins biaisées, de sorte que, lorsque nous avons fait une erreur, il ne s’agissait généralement pas de prévisions trop optimistes ou trop pessimistes. C’est une autre différence importante.
Comment expliquer cela? Pourquoi avons-nous un biais moins marqué que celui des chiffres établis à partir d'une enquête? Comme Mostafa l’a dit, c’est peut-être parce que nous ne travaillons pas pour une banque à charte qui a tout intérêt à adopter des perspectives optimistes, par exemple. Nous n’avons pas ce genre d'attitude sous-jacente.
:
Je vais reprendre là où le député Fergus s’est arrêté. Je me réjouis assurément de la situation. Il est utile d'avoir côte à côte des modèles concurrents et de voir quel modèle a eu les résultats les plus justes, une fois que Statistique Canada a recueilli les données pertinentes. Il est certainement bon d'avoir divers modèles, car il ne devrait pas y avoir une seule façon de voir les choses.
À cet égard, on a beaucoup parlé ces dernières années de l'équilibre budgétaire. Évidemment, les conservateurs sont en faveur; les autres partis ont des points de vue variables. Dans le rapport, vous estimez que la probabilité que le budget soit équilibré ou excédentaire en 2017, 2018 ou 2019-2020 est nulle, en réalité. Je vous suis reconnaissant d'avoir établi un modèle qui le montre.
À la page 30, il est également question du ratio de la dette nette au PIB et de son évolution sur plusieurs années. Ce sont les deux repères les plus courants lorsque nous parlons du cadre financier, et je comprends pourquoi. Il faut bien commencer quelque part, et il est facile de compter des chiffres.
Quels autres paramètres les parlementaires devraient-ils examiner? Par exemple, le ratio de la dette nette au PIB peut donner des indications, mais, comme nous le savons, nous avons un problème démographique à long terme qui peut fausser les effets dans certains secteurs, et certaines provinces sont beaucoup plus exposées que d’autres. Où devrions-nous regarder, comme le disait Wayne Gretzky au sujet de la direction d’une rondelle?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J’ai deux petites questions pour terminer.
Tout d’abord, je suis allé en Alberta l’été dernier, j’ai participé à des assemblées publiques et j’ai rencontré des travailleurs du secteur de l’énergie. Ils demandaient constamment pourquoi le gouvernement fédéral n’offrait aucun soutien pour l’énergie propre. Ils considèrent que leurs compétences sont éminemment transférables, et ils ont tout à fait raison. Je constate, d’après la mise à jour économique et financière, à quel point le soutien accordé par le gouvernement fédéral à l’énergie propre est minuscule.
Voici ma première question, mais je vais enchaîner mes deux questions. Dans quelle mesure étudiez-vous les répercussions économiques d'investissements substantiels dans l’énergie propre et comment pourraient-ils créer des emplois au Canada? Si vous n'étudiez pas la question, que faudrait-il que les parlementaires fassent pour que vous puissiez le faire? Faudrait-il présenter une motion à un comité, par exemple celui des finances?
Ma dernière question porte sur la communication, par le gouvernement, de l’information utile à votre travail. Avec l’ARC, vous avez dû vous battre pendant cinq ans sous l’ancien gouvernement conservateur et l’actuel gouvernement libéral, et vous avez dû menacer de recourir aux tribunaux avant que l’ARC et le gouvernement n'acceptent enfin de fournir l’information sur cet énorme écart fiscal et sur les riches fraudeurs fiscaux. Le directeur parlementaire du budget est-il à la recherche d’autres renseignements que le gouvernement refuse de divulguer?
Ce sont mes deux questions.
Je vous remercie du très précieux travail que vous faites dans l'intérêt des Canadiens.
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Nous avons sans doute épuisé notre temps, mais j’ai une dernière question à vous poser.
Le ratio de la dette nette par rapport au PIB ne tient compte que de la dette du gouvernement fédéral. En général, le gouvernement s’est servi de ce ratio comme point de repère. Comme vous le soulignez, les provinces ont leurs propres dettes et, comme nous le savons tous, les ménages sont extrêmement endettés. Si l’économie est un cheval qui tire une charrette pour gravir une colline et que cette charrette est chargée d'une dette, ce n’est pas seulement la dette du gouvernement fédéral qui est en cause. Ce cheval doit tirer la charge de la dette fédérale, des dettes provinciales, de la dette des sociétés, sans oublier la dette des particuliers. En effet, il n'existe qu'une seule économie canadienne, avec un PIB d’environ 2 billions de dollars.
Lorsque nous jugeons la capacité des gouvernements d’emprunter davantage, pensez-vous que nous devrions tenir compte de l’endettement total de la nation plutôt que de celui d’un seul ordre de gouvernement?
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Ici encore, il s'agit de savoir si on se place du point de vue de la viabilité financière ou alors de celui de la capacité de l'économie et de la croissance de l'emploi dans le secteur privé. C'est dans cette optique qu'il faut se poser la question.
Pour ce qui est de la viabilité globale du secteur public, une partie de ses lourdes dettes pourrait être prise en compte indirectement par la prime de risque que chaque gouvernement doit payer sur les marchés financiers. Ceux-ci sont conscients de la capacité plus ou moins grande de l'État de percevoir des revenus auprès de ménages lourdement endettés. Ils vont exiger une prime supplémentaire, parce qu’ils savent que la probabilité d’un risque de crédit est plus élevée. C’est ainsi qu'il sera tenu compte de la dette.
En fait, le signal devrait venir des marchés financiers, et à l’heure actuelle, du moins pour le Canada, le gouvernement central peut émettre des obligations à 10 ou 30 ans à un taux de 2,5 à 2,75 %. Pour l'heure, au moins sur ces marchés, il n'y a aucune inquiétude. En revanche, le gouvernement des États-Unis, sur une période semblable, doit accepter des taux d’intérêt qui sont probablement de 50 à 60 points de base plus élevés. Il y a peut-être des préoccupations au sujet de la viabilité financière et du niveau d’endettement des États-Unis, et peut-être pas tant du côté des ménages. Mais les marchés financiers devraient pouvoir, et j'emploie le conditionnel, fixer le prix qui correspond à ce risque de crédit.