Monsieur le président, j'ai le plaisir de vous présenter nos derniers rapports d'audit, qui ont été déposés à la Chambre des communes mardi. Mais avant de décrire nos audits, je veux souligner que nous nous trouvons à un moment critique, à un moment que le gouvernement se doit de saisir pour réfléchir à ce que j'appelle des « échecs incompréhensibles », et pour se demander dans quelle mesure sa culture l'empêche de produire des résultats axés sur les citoyens et citoyennes.
Dans notre audit du système de paye Phénix, nous avons conclu que le projet a été marqué par un échec incompréhensible de la gestion de projet, et de la surveillance de projet.
Nous avons aussi livré deux audits de programmes destinés aux peuples autochtones. Lorsque j'additionne les constats de ces deux audits aux constats de nos audits passés, je ne peux faire autrement que de reprendre les mots, échec incompréhensible pour qualifier l'incapacité des programmes fédéraux à améliorer la situation des populations autochtones du Canada.
[Français]
Je vais maintenant passer aux constats de chacun de nos audits.
Le premier audit a évalué les progrès réalisés par Services aux Autochtones Canada en vue de combler les écarts socioéconomiques entre les membres des Premières Nations vivant dans les réserves et le reste de la population canadienne.
Les gouvernements s'engagent depuis des années à combler ces écarts. Pourtant, Services aux Autochtones Canada ignorait l'importance véritable des écarts et ignorait si des progrès étaient faits pour les combler.
Nous avons examiné de plus près le secteur de l'éducation. Selon nos calculs, il y a eu, entre 2001 et 2016, un accroissement de l'écart entre les membres des Premières Nations vivant dans les réserves qui détiennent au moins un diplôme d'études secondaires et le reste de la population canadienne.
[Traduction]
Service aux Autochtones Canada a mal utilisé les données sur l'éducation qu'il avait recueillies. Par exemple, le ministère a consacré 42 millions de dollars sur quatre ans à aider des étudiants des Premières Nations à se préparer aux études postsecondaires. Toutefois, seulement 8 % des personnes inscrites à ce programme préparatoire l'avaient terminé.
Malgré la faiblesse de ces résultats, le ministère n'a pas collaboré avec les Premières Nations ou les établissements d'enseignement pour améliorer le taux de réussite de ce programme.
Le deuxième de nos audits sur les programmes autochtones a examiné les efforts déployés par Emploi et Développement social Canada pour aider les peuples autochtones à acquérir les compétences nécessaires pour trouver un emploi et le garder.
[Français]
Malgré des dépenses qui dépassent les 300 millions de dollars par année, nous avons constaté qu'Emploi et Développement social Canada ne savait pas dans quelle mesure ses programmes aidaient les Autochtones à trouver un emploi et à le garder. Par exemple, le ministère savait que 16 % des clients autochtones bénéficiaient d'un minimum de cinq services, mais il ne savait pas si ces mêmes clients avaient fait des progrès dans leur recherche d'un emploi durable.
Notre audit suivant a examiné la façon dont Affaires mondiales Canada avait répondu aux demandes d'assistance consulaire de Canadiens et de Canadiennes à l'étranger.
Nous avons constaté que le ministère déployait du personnel pour aider des Canadiennes et des Canadiens confrontés à une crise à l'étranger.
Toutefois, nous avons aussi constaté que le ministère tardait à évaluer les signes que des Canadiens détenus à l'étranger étaient victimes de mauvais traitements ou de torture.
[Traduction]
En 2004, le juge Dennis O'Connor recommandait à Affaires mondiales Canada de mieux former son personnel à reconnaître les signes de torture ou de mauvais traitements, et de veiller à ce que le ministre soit rapidement informé de ces cas. Plus d'une décennie plus tard, nous avons constaté que le ministère n'avait donné qu'une formation générale à son personnel consulaire sur la façon de mener les visites en prison et de déterminer si un prisonnier canadien avait été maltraité ou torturé. Dans un cas, nous avons vu qu'il lui avait fallu sept mois pour informer le ministre.
[Français]
Passons maintenant à notre audit dont le but était de déterminer si les Forces armées canadiennes administraient de façon efficiente le système de justice militaire.
[Traduction]
Nous avons constaté que les Forces armées canadiennes prenaient souvent trop de temps pour régler des poursuites devant la justice militaire, autant dans le cas d'infractions disciplinaires mineures jugées lors de procès sommaires que dans celui d'allégations jugées par une cour martiale. Les Forces armées canadiennes ont dû abandonner 10 causes portées devant une cour martiale parce qu'elles n'avaient pas été traitées aussi rapidement qu'elles auraient dû l'être. Ces retards vont à l'encontre du droit de tout accusé d'être jugé promptement. Ils laissent les victimes et leurs familles dans l'incertitude.
Les Forces armées canadiennes sont au courant de ces problèmes depuis au moins 10 ans, mais elles n'ont pas réussi à les corriger.
[Français]
Notre audit suivant portait sur la manière dont les organismes fédéraux se débarrassent de leur matériel et leurs biens excédentaires.
Nous avons constaté qu'au cours de l'exercice ayant pris fin le 31 mars 2017, la vente d'actifs avait rapporté 50 millions de dollars aux organismes gouvernementaux. Toutefois, nous estimons que la conservation ou la réutilisation de ces actifs représentait une valeur de 82 millions de dollars.
[Traduction]
L'Agence du revenu du Canada a mis en oeuvre un système pour réutiliser ses biens qui lui a permis d'économiser 4,5 millions de dollars en trois ans. Cet exemple montre que le gouvernement peut réaliser des économies s'il réutilise avec prudence ses biens.
Passons maintenant à notre audit du projet du gouvernement de remplacer le pont Champlain, à Montréal.
[Français]
Nous avons constaté que la décision de remplacer le pont Champlain aurait dû être prise des années plus tôt. Le retard a coûté aux contribuables plus d'un demi-milliard de dollars.
L'audit a montré qu'Infrastructure Canada avait analysé le modèle de partenariat public-privé après que le gouvernement eut annoncé qu'il le retenait. De plus, nous avons noté des faiblesses dans l'analyse faite par le ministère. Une analyse approfondie aurait révélé qu'un partenariat public-privé allait fort probablement finir par coûter plus cher qu'un modèle d'approvisionnement traditionnel.
Selon nous, le nouveau pont coûtera plus cher que si la décision de le remplacer avait été prise plus tôt, il coûtera plus cher que prévu à l'origine et il n'est pas certain qu'il sera terminé avant l'échéance de décembre 2018.
[Traduction]
Le dernier de nos audits de performance examinait encore une fois le système de paye Phénix. Cette fois, nous avons examiné si la décision de déployer le système de paye avait été raisonnable. Nous avons conclu que le projet Phénix constituait un échec incompréhensible de la gestion de projet, et de la surveillance du projet. La décision de lancer Phénix était donc une mauvaise décision.
Pour respecter le budget et les échéanciers établis, les cadres de Services publics et Approvisionnement Canada ont décidé de supprimer des fonctionnalités essentielles du système, de réduire l'étendue des essais et d'annuler une mise en oeuvre pilote. Les cadres responsables de Phénix ont ignoré des signes manifestes que le centre de paye de Miramichi n'était pas prêt à assumer le volume d'opérations de paye, et que Phénix lui-même n'était pas prêt à traiter correctement la paye des fonctionnaires fédéraux. Lorsque les cadres responsables de Phénix ont informé le sous-ministre de Services publics et Approvisionnement Canada que Phénix serait déployé, ils ont passé sous silence les problèmes graves dont ils avaient connaissance.
[Français]
Enfin, la décision de déployer Phénix n'est pas documentée. Étant donné les informations connues à l'époque, nous jugeons que la décision de déployer Phénix n'était pas raisonnable. Le système ne fait pas ce qu'il devait faire. Il a coûté des centaines de millions de dollars de plus que prévu et il a eu des conséquences négatives sur des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux et leur famille.
Passons maintenant aux résultats des audits que nous avons faits dans les sociétés d'État. Depuis l'automne, nous avons audité le Musée canadien pour les droits de la personne, l'Administration de pilotage des Grands Lacs, Ridley Terminals Inc. ainsi qu'Exportation et développement Canada.
[Traduction]
Nous avons relevé des défauts graves dans les moyens et méthodes de toutes ces sociétés d'État. Dans le cas de Ridley Terminals Inc., les problèmes que nous avons cernés étaient tels que la société opérait hors du champ de la pratique prudente attendue d'une société d'État. Ces problèmes ont été exacerbés par la surveillance inefficace de Ridley Terminals par Transports Canada.
Notre commentaire sur les audits de performance des sociétés d'État 2016-2018 analyse d'importants problèmes que nous avons relevés dans les quatre audits dont je viens de parler, et aussi dans neuf audits que nous avons réalisés depuis 2016. Par exemple, nous avons été préoccupés de constater que, dans huit sociétés d'État, le mandat d'un nombre élevé de membres des conseils d'administration était échu.
[Français]
Je veux aussi signaler que vous pouvez consulter, dans notre site Web, nos commentaires et notre vidéo sur les audits d'états financiers d'organismes gouvernementaux que nous avons effectués en 2016-2017.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à réitérer à quel point il est important que le gouvernement et la fonction publique considèrent nos audits sous un angle nouveau, pour y voir non pas une liste des problèmes relevés dans différents programmes, mais bien les symptômes d'un problème culturel fondamental.
Les ministères peuvent mettre en oeuvre nos recommandations et réagir aux symptômes que nous signalons, et il est important qu'ils le fassent. Par contre, la question cruciale que le gouvernement doit étudier, c'est de savoir pourquoi nous continuons de mettre au jour des problèmes graves, et pourquoi des échecs incompréhensibles continuent d'arriver.
[Traduction]
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Ferguson, merci du travail que l'ensemble de votre équipe et vous faites pour permettre aux politiciens que nous sommes de mieux comprendre les raisons qui expliquent les enjeux, de découvrir des problèmes et de tenter de les résoudre.
J'ai lu attentivement l'ensemble de vos rapports ainsi que ce que nous appelons ici le chapitre zéro, c'est-à-dire le message du vérificateur général. Je dois avouer que j'ai une perspective interne, puisque, comme je vous l'ai déjà dit, j'ai passé plusieurs années dans la fonction publique fédérale. Je sais pertinemment bien que tous les employés de la fonction publique, ou la très grande majorité de ceux-ci, travaillent très fort tous les jours pour s'assurer de mettre en oeuvre les programmes et les activités pour lesquels ils ont été mandatés. Personne n'en arrive intentionnellement à créer un problème fondamental comme celui du système de paie Phénix.
Aujourd'hui encore, j'ai une pensée pour les fonctionnaires touchés par les problèmes importants associés à Phénix. Pour certains, ces problèmes financiers ont causé toutes sortes d'autres problèmes familiaux. Je pense à eux.
Monsieur le vérificateur général, dans votre rapport et dans votre message, vous parlez d'une culture d'obéissance qui pourrait être à la source du problème du projet Phénix. Je me gratte la tête et j'essaie de bien comprendre la situation. Est-ce possible que toutes les conditions défavorables aient été réunies? De fait, nous avions un système qui datait de plus de 40 ans. Je ne veux pas faire de politique, mais je dois dire que nous avions aussi une stratégie qui visait à réduire les coûts du gouvernement, c'est-à-dire que la réalisation de ce projet devait servir à réaliser des économies importantes. De nombreux fonctionnaires et conseillers à la paie allaient prendre leur retraite. Certains devaient justement prendre leur retraite à cause des compressions qui devaient être réalisées. Une centralisation des services devait se faire à Miramichi, et presque tous les employés étaient nouveaux.
Je pense qu'il y a évidemment un élément lié à la culture d'obéissance, mais il faut tenir compte de tous les autres facteurs. Plutôt que de parler de cette culture, ne devrait-on pas dire qu'il y avait une combinaison parfaite de conditions défavorables?
Cela m'amène à une autre question.
Les employés de la fonction publique ont réalisé des projets importants au cours des dernières années. Je pense même à un projet qui a été en quelque sorte la fondation du projet Phénix, soit la modernisation des services de pensions des fonctionnaires de la fonction publique fédérale. Ce projet a été réalisé et a connu un excellent succès, puisqu'il y a maintenant plus de 800 000 anciens employés de la fonction publique qui reçoivent une pension grâce à ce système. Ce programme est géré par un groupe de fonctionnaires à Shediac, notamment, tandis que d'autres se trouvent à Ottawa.
Dans votre rapport, vous attribuez la responsabilité de l'échec de Phénix à trois individus. Évidemment, de hauts responsables, de hauts fonctionnaires, des sous-ministres et des sous-ministres délégués ont aussi participé à l'élaboration et à la réalisation de ce projet. Dans votre rapport, vous dites effectivement qu'il y a eu diverses rencontres avec une trentaine de sous-ministres et de sous-ministres délégués qui provenaient de différents ministères. Cependant, puisque vous dites qu'ils ne faisaient pas partie de la gouvernance officielle du projet, vous semblez les déresponsabiliser des problèmes associés à Phénix.
Pourriez-vous m'expliquer votre point de vue?
Je vais être franc avec vous. Si j'étais sous-ministre ou sous-ministre délégué et qu'on me disait qu'il y avait des problèmes importants liés à un projet de ce genre et que cela aurait potentiellement des conséquences sur mes employés, évidemment, je lèverais la main et je dirais qu'il n'est pas question que ce projet aille de l'avant.
Expliquez-moi comment vous faites porter le blâme à trois individus plutôt qu'à plusieurs personnes qui occupaient un poste important et qui avaient un rôle à jouer à cet égard.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le vérificateur général et son équipe pour le travail incroyable accompli dans tous les rapports, et aussi pour le message du vérificateur général.
Avant de poser des questions ou de faire des déclarations, j'aimerais commencer par dire que nous sommes incroyablement fiers de notre fonction publique, et du travail que ces gens accomplissent dans le processus visant à comprendre — ou du moins à essayer de comprendre — ce qui s'est passé en particulier avec le problème de Phénix. Il ne s'agit en aucun cas d'une attaque contre notre fonction publique.
C'est tout le contraire, étant donné qu'il y a tellement de fonctionnaires qui ont été lésés financièrement en raison des problèmes causés par Phénix. Je suis persuadé que nous avons tous reçu la visite de ces personnes à nos bureaux. Il était parfois déchirant d'entendre certaines histoires et les problèmes rencontrés, surtout aux alentours de Noël, alors que des chèques de paye ne sont tout simplement pas arrivés.
Monsieur le vérificateur général, je veux juste dire que votre message d'introduction au sujet des vérifications qui ont été effectuées est un des documents les plus fermes, si ce n'est le plus ferme que j'ai vu depuis que je suis député. Je pense qu'il exprime ce qui ne va pas chez le gouvernement aux yeux du public, qu'il s'agisse de personnes ou de personnes morales. Il est question de l'absence d'éléments mesurables, ou des éléments mesurables erronés qui sont en place à l'occasion des annonces, des nouveaux programmes ou des dépenses. On y parle de la quantité de travail que notre fonction publique doit accomplir, en surveillant ses arrières, et de la quantité de travail que cela représente pour les gens qui s'occupent de ces services gouvernementaux.
Il y a un certain nombre d'éléments que je voulais aborder. Mais avant, je crois que vous avez dit ce qui suit en introduction aujourd'hui, un passage qui se trouve à la page 2: « Services aux Autochtones Canada a mal utilisé les données sur l'éducation qu'il avait recueillies ». Et plus loin: « Toutefois, seulement 8 % des personnes inscrites à ce programme préparatoire l'avaient terminé. Malgré la faiblesse de ces résultats, le ministère n'a pas collaboré avec les Premières Nations ou les établissements d'enseignement pour améliorer le taux de réussite de ce programme. »
C'est pourquoi nous ne prenons pas ces chiffres, qui sont épouvantables — et le mot n'est pas assez fort — pour en faire un examen des processus, dans le but de trouver un moyen d'obtenir de meilleurs résultats en fin de compte pour les gens que sert le gouvernement du Canada, quel que soit son ministère.
Nous avons vu ces mots dans votre message, où il est question des services aux Autochtones:
Pour vraiment avancer ce dossier, il faut privilégier le long terme. Toutefois, comme le dossier est généralement porteur de problèmes politiques à court terme, le gouvernement joue la prudence en se limitant à gérer des paiements au lieu de nouer des partenariats actifs avec les peuples autochtones pour améliorer les résultats des programmes. Le succès se mesure désormais aux sommes dépensées, et non à des résultats supérieurs pour les peuples autochtones.
Plus bas, vous dites:
Il ressort de cette dynamique une fonction publique docile qui tente d’éviter tout risque et erreur, ce qui est bien sûr impossible, de sorte qu’elle cherche plutôt à éviter de devoir assumer la responsabilité des erreurs qui surviennent.
Dans cette culture, pour un fonctionnaire, il est souvent préférable de ne rien faire plutôt que d’agir puis d’échouer. Cependant, si le fonctionnaire ne peut éviter d’agir, alors il essaie de se trouver un moyen plausible de décliner toute responsabilité en cas d’erreur.
La culture dont vous parlez dans ce document, celle de l'ensemble du gouvernement... Vous parlez bel et bien de certaines vérifications précises qui ont porté sur Phénix, où vous décrivez la situation catastrophique, mais, en réalité, vous parlez du gouvernement dans son ensemble, de la culture qui prévaut au sein de tout le gouvernement canadien.
La prémisse sur laquelle cette affirmation repose est que les politiques se fondent sur une vision à très court terme. Voilà qui entretient un problème à long terme au sein du gouvernement dans son ensemble, en ce qui a trait à la gestion du changement et à ce genre de choses.
Vous terminez essentiellement en disant que vous n'avez pas la réponse, mais espérons que la reconnaissance du problème sera la première étape.
Pourriez-vous nous donner quelques exemples de vérifications précédentes auxquelles vous songiez lorsque vous avez rédigé ces mots? À la suite de votre vérification, les modifications du processus ont été mises en place ou non, mais nous obtenons pourtant toujours les mêmes résultats.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Ferguson.
D’emblée, je tiens à mentionner l’énorme respect que j’ai pour le travail que vous et votre prédécesseur avez accompli en faisant la lumière sur le trou noir que représente le ministère des Affaires autochtones, maintenant connu sous le nom de ministère des Services autochtones.
C’est aujourd’hui le huitième anniversaire du décès de Shannen Koostachin, la jeune militante qui n’avait jamais vu une véritable école alors qu’elle vivait dans un pays comme le Canada. Elle a lutté pour recevoir une éducation. Je trouve déplorable qu’après chaque rapport que votre ministère a rendu public, nous parlions encore d’un « échec incompréhensible ». Si le ministère refuse de faire passer les intérêts des enfants en premier, cet échec n’a rien d’« incompréhensible ». C’est un résultat prévisible. Ce qui est « incompréhensible », c’est la façon dont, année après année, les gouvernements et les ministères peuvent faire preuve d’un tel mépris envers des enfants, des enfants canadiens.
Je veux commencer par examiner la page 13 où vous parlez de l’importance de l’alphabétisation. En 2013-2014, pour la première fois si je me souviens bien, Affaires autochtones a rédigé un rapport sur le programme de « réussite scolaire », dans lequel ils ont présenté les taux d’alphabétisme et de numératie. Dans la région de l’Ontario, le taux d’alphabétisme s’élevait à 21 % chez les garçons, et les taux de numératie se chiffraient à 18 % chez les garçons et à 20 % chez les filles. Au sein du conseil public de Waterloo, les taux d’alphabétisme se chiffrent à 85 % et, malgré cela, le ministère a annoncé à ce moment-là, dans le même rapport, que ses employés allaient cesser de suivre l’évolution de ces taux parce qu’ils pensaient que l’argent pourrait être plus utile ailleurs.
Compte tenu de vos préoccupations à propos de l’alphabétisation, je vous demande ce qu’un ministère responsable de l’éducation des enfants pourrait faire de mieux que de dépenser de l’argent en vue de déterminer si les enfants savent lire ou non.