:
Naturellement, je suis très heureux de revenir discuter de ce sujet très important.
[Français]
C'est le système qui, depuis 60 ans, permet aux voyageurs se trouvant dans les aéroports canadiens de passer les douanes américaines au Canada.
[Traduction]
Le précontrôle permet aux voyageurs canadiens de franchir le processus des services des douanes et de l'immigration des États-Unis tout en étant au Canada; d'éviter de longues files aux douanes quand ils arrivent aux États-Unis; d'arriver directement à des aéroports américains qui, sinon, n'accepteraient que des vols intérieurs; et de suivre les procédures exigées à la frontière américaine avant leur départ tout en restant protégés par les lois et la Constitution canadiennes.
[Français]
Bref, le précontrôle est bon pour les voyageurs, les entreprises, le tourisme et l'économie canadienne dans son ensemble.
[Traduction]
Les voyageurs peuvent se prévaloir des avantages du précontrôle dans huit aéroports canadiens: Vancouver, Calgary, Edmonton, Winnipeg, Pearson de Toronto, Ottawa, Montréal et Halifax. Nous essayons faire profiter plus de Canadiens de plus de régions du pays de ces avantages, à commencer par l'aéroport Jean-Lesage de Québec, l'aéroport Billy Bishop de l'île de Toronto et les lignes ferroviaires partant de Montréal et de la Colombie-Britannique.
Le précontrôle partiel qui se fait actuellement dans certains bateaux de croisière et dans des terminaux de traversiers de la côte de la Colombie-Britannique deviendra un précontrôle au plein sens du terme. Nous poursuivrons le précontrôle du fret et la mise en oeuvre, pour la première fois au Canada, d'opérations de précontrôle aux États-Unis pour les voyageurs allant dans le sens opposé. À cette fin, le Canada et les États-Unis doivent s'entendre sur les modalités de l'élargissement de ce processus.
Après plusieurs années de négociations, l'accord a été conclu au printemps de 2015. Il a été déposé au Parlement à cette époque. L'année dernière, les États-Unis ont adopté la loi de mise en oeuvre, a l'unanimité des deux partis. Au Canada maintenant d'édicter sa propre loi de mise en oeuvre, pour concrétiser l'élargissement du précontrôle et en multiplier les avantages. Je suis heureux que votre comité soit maintenant saisi du projet de loi déposé en juin 2016.
Je sais, le projet de loi a soulevé des inquiétudes, à sa deuxième lecture, tant dans les médias qu'à la Chambre. Voilà pourquoi je veux prendre quelques moments pour y répondre et, je l'espère, réfuter toutes les faussetés qui peuvent circuler. Pour commencer, le nouveau cadre établi par le projet de loi ressemble en général beaucoup à celui qui est en vigueur sous le régime de l'accord de précontrôle de 1999. Par exemple, sous le régime des deux accords, les agents américains au Canada peuvent interroger les voyageurs, examiner et saisir des biens et effectuer des fouilles par palpation. Ils peuvent aussi détenir un voyageur s'ils ont des motifs raisonnables de croire qu'il a commis une infraction, en étant cependant tenus de le confier le plus rapidement possible à la garde d'agents canadiens. Les agents américains ne possèdent pas ce pouvoir d'arrestation.
Les différences entre le régime actuel et le projet de loi sont relativement mineures. Par exemple, les agents américains peuvent détenir un voyageur pour le soumettre à une fouille à nu et ils doivent demander à un agent canadien de la faire. La seule différence qu'introduit le projet de loi est que l'agent américain pourrait s'en charger lui-même dans l'éventualité peu probable où un agent canadien ne serait pas disponible, et, dans ce cas, la fouille est assujettie à des règles rigoureuses.
Le projet de loi et le cadre en vigueur autorisent le retrait d'un voyageur de la zone de précontrôle. La seule différence est que le projet de loi autorise de demander au voyageur de s'identifier et de s'expliquer, pour empêcher l'arrivée désinvolte d'espions qui viendraient sonder les lacunes de la sécurité dans la zone de précontrôle, puis essaieraient d'en sortir sans se faire remarquer.
Le projet de loi est clair. Dès que le voyageur a déclaré son intention de se soustraire au précontrôle, l'agent ne peut l'en empêcher que dans un délai raisonnable. Cette disposition s'explique si on se rappelle que la notion de « caractère raisonnable » imprègne le droit canadien; par exemple, l'article 8 de la Charte canadienne des droits et libertés accorde la protection contre les fouilles, les perquisitions ou les saisies abusives, tandis que la Loi sur les douanes exige que la fouille des voyageurs nouvellement arrivés ait lieu dans un délai justifiable et que le Code criminel prescrit de conduire la personne arrêtée devant un juge de paix sans retard injustifié. En général, les tribunaux ont interprété cette notion dans le sens qu'on s'attendrait que d'autres, dans la même situation, arriveraient à la même conclusion ou se comporteraient de la même façon.
On comprend que les pouvoirs des agents renvoient généralement à des normes acceptées. En fait, pendant l'étude du projet de loi qui a abouti à la loi en vigueur, en 1999, le NPD a préconisé l'ajout du mot « raisonnable » à l'article sur l'usage de la force, pour limiter les pouvoirs des agents. Autrement dit, loin d'être une notion vague ou une autorisation des abus, l'exigence de ne pas empêcher le voyageur de se soustraire au précontrôle dans un délai raisonnable impose une norme dont notre droit a l'habitude et que les tribunaux connaissent bien. Finalement, le voyageur qui souhaite se retirer de la zone de précontrôle sera libre de le faire après avoir répondu à quelques questions simples sur son identité et sur les motifs de son départ.
Une autre crainte soulevée à la Chambre et dans les médias concerne l'embarquement, aux États-Unis, de résidents permanents du Canada, que compliqueraient les opérations canadiennes de précontrôle aux États-Unis. Dans presque tous les cas, cette crainte est simplement non fondée. Les résidents permanents seront traités exactement en conformité avec la même procédure dans les zones de précontrôle et en tout autre point d'entrée au Canada. L'exemption qui se présente très rarement serait celle d'un résident permanent qui pose un problème grave d'interdiction de territoire, par exemple en raison d'une criminalité grave. Ce résident pourrait encore venir au Canada, sous réserve des règles habituelles d'admissibilité appliquées à un point ordinaire d'entrée, mais il risque de ne pas pouvoir profiter du précontrôle, parce que les zones canadiennes de précontrôle aux États-Unis ne seraient pas nécessairement équipées pour répondre aux cas de criminalité grave.
Je suis aussi au courant des craintes selon lesquelles le projet de loi limiterait l'emploi de technologies qui aident à réduire les temps d'attente à la frontière, par exemple les postes de déclaration pour le contrôle automatisé des passeports et les applications de contrôle de passeport pour mobiles. Sachez que notre gouvernement appuie ces technologies et que le projet de loi n'en limite pas l'usage à l'extérieur des zones de précontrôle.
Quant à l'autorisation du port d'arme, les agents américains ne seraient autorisés qu'à porter les mêmes armes et le même matériel de contention que les agents canadiens dans la même situation. Par exemple, comme les agents frontaliers canadiens ne portent pas d'armes à feu dans leurs rapports avec les passagers dans les aérogares, les agents américains ne le pourraient pas plus. Les mêmes règles s'appliquent dans les deux cas, conformément au principe de réciprocité énoncé dans l'accord de précontrôle, qui donne aussi aux agents canadiens les mêmes pouvoirs à cet égard qu'aux agents américains en territoire américain. De plus, le projet de loi maintient la limite très rigoureuse régissant actuellement l'usage de la force par les agents de précontrôle.
L'accord sur le précontrôle prévoit aussi que l'opération sera conduite, dans les deux pays, dans le respect des lois et de la constitution des deux pays. C'est vraiment le point essentiel. L'élargissement du précontrôle signifie que plus de Canadiens pourront profiter de la protection de la Charte quand ils traversent la frontière. Aujourd'hui, le Canadien qui prend l'avion à Québec ou le train à Vancouver, à destination des États-Unis, doit se soumettre totalement aux procédures américaines des services des douanes et de l'immigration en territoire américain, sans bénéficier des cadres juridique ou constitutionnel canadiens.
Ce projet de loi est essentiel pour changer cette situation. Plus de voyageurs en plus d'endroits qui utilisent plus de moyens de transport pourront se prévaloir du précontrôle avant leur départ. Autrement dit, ils pourront le faire pendant qu'ils se trouvent en territoire canadien et qu'ils sont protégés par le droit canadien.
Pour terminer, une dernière précision. À la deuxième lecture du projet de loi, les néo-démocrates ont déposé un amendement pour rejeter le projet de loi, au motif d'un prétendu « climat d'incertitude à la frontière ». Soyons clairs. Quelque 400 000 personnes la traversent chaque jour presque sans incident. Fait intéressant, les statistiques montrent que moins de Canadiens, pas plus, mais moins, se sont vu refuser l'entrée aux États-Unis cette année que l'année dernière. Néanmoins, j'ai rencontré le secrétaire du ministère de la Sécurité intérieure des États-Unis et j'ai souligné mes espoirs et, je pense, ceux de tous les Canadiens: que les voyageurs dans un sens ou dans l'autre seront traités avec équité, respect, de façon prévisible, cohérente et conforme à la loi.
En fait, c'est précisément avec un texte législatif comme le projet de loi que nous pouvons le mieux réduire l'incertitude pour les voyageurs. Il établit un cadre juridique clair qui exige des agents américains qu'ils se conforment aux normes canadiennes quand ils appliquent la loi canadienne, non seulement dans les huit endroits où le précontrôle est actuellement appliqué, mais en de nombreux autres et dans autant de moyens de transport que possible.
En fin de compte, il est à souhaiter que l'augmentation des cas où on pourra appliquer le précontrôle rendra plus rapides et plus efficaces les déplacements et le transport de marchandises vers les États-Unis et en provenance de ce pays. Le précontrôle procurera des bienfaits importants à l'économie canadienne, il améliorera la protection des droits et libertés des voyageurs et il ne sera appliqué que lorsque nous adopterons ce projet de loi.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur Picard.
La frontière canado-américaine est une institution remarquable. Elle n'est pas exempte, quelquefois, de controverses ni de difficultés, et nous devrions toujours nous efforcer de les résorber pour la rendre encore meilleure.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration, 400 000 personnes la traversent dans les deux sens tous les jours. De plus, chaque jour aussi, la valeur des échanges commerciaux qui y transitent s'élève à 2,5 milliards de dollars. C'est beaucoup et c'est précieux. On peut affirmer sans craindre de se tromper que cette frontière est la plus efficace et la plus longue à ne pas être militarisée de l'histoire du monde. Elle est efficace pour le Canada et pour les États-Unis, et elle a besoin d'être sécurisée et protégée. Elle a aussi besoin d'être efficace et de pouvoir être franchie rapidement.
Le précontrôle est l'un des outils par lesquels nous pouvons atteindre tous ces objectifs: sécurité, sécurisation, efficacité, diligence. Actuellement, huit aéroports s'en servent pour les déplacements aériens vers le sud, les États-Unis. L'accord et le projet de loi cherchent à le faire appliquer à tous les moyens de transport, pas seulement les avions, en beaucoup plus d'endroits dans notre pays et pour les déplacements dans les deux sens.
Nous avons surtout toujours privilégié le transport de voyageurs, mais je pense que nous touchons l'une des grandes potentialités de la mesure, c'est-à-dire l'élargissement du précontrôle aux marchandises. Au lieu de grandes files de camions obstruant à un point de contrôle les ponts conduisant aux États-Unis, on pourrait imaginer le chargement des marchandises à l'usine, dans un camion qui y serait inspecté et plombé, puis, dès ce précontrôle effectué, le véhicule n'aurait plus qu'à traverser la frontière sans autre inspection. Il faudra quelque temps pour instaurer ce système, mais l'accord et le projet de loi l'envisagent, pour améliorer les échanges entre les deux pays.
Le secrétaire Kelly, dans sa comparution devant un comité du Congrès, il y a quelques semaines, m'a fait grand plaisir en affirmant que la frontière canadienne était un bon exemple de frontière qui jouait son rôle et qu'il la souhaitait plus mince. Il a tenu des propos très flatteurs sur le Canada, les Canadiens, les services frontaliers et ainsi de suite. C'est positif.
Je ne voudrais pas laisser l'impression que le précontrôle des marchandises serait simple. Mais, pour ce projet colossal, le projet de loi et l'accord qui le sous-tendent autorisent tous les espoirs.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie de votre présence aujourd'hui.
J'aimerais répondre aux commentaires relatifs à notre amendement. J'oserais dire que le nombre de personnes qui sont refoulées à la frontière donne peu de réconfort aux gens qui se sentent déshumanisés à cause de la couleur de leur peau ou de leur religion. C'est ce qu'on entend par un climat d'incertitude. Que vous le vouliez ou non, une perception existe et elle est extrêmement problématique.
Par ailleurs, j'aimerais revenir sur la question substantielle du projet de loi. On parle beaucoup de l'augmentation des pouvoirs des agents si quelqu'un quitte la zone de précontrôle. Je veux attirer votre attention sur le paragraphe 33(1), où il est question des renseignements obtenus auprès d'un voyageur après que celui-ci a quitté la zone de précontrôle. Il est aussi question d'autorité légitime. C'est là que c'est préoccupant. J'aimerais parler d'une situation hypothétique. On aime peu cela en politique, mais je crois que c'est important pour illustrer nos préoccupations et pouvoir vous entendre à ce sujet par la suite.
Imaginons que le président des États-Unis prenne un décret — comme il l'a déjà suggéré dans certains médias — qui permettrait de fouiller tous les appareils électroniques des voyageurs. La jurisprudence canadienne est relativement muette sur la question des droits des Canadiens quand on leur demande leur mot de passe.
Dernièrement, une décision a été rendue et elle est plutôt favorables aux services de sécurité. Elle ne favorise pas le respect de la vie privée du citoyen. Selon vous, nous sommes protégés par la loi canadienne, mais les cours de justice ont déjà déterminé que nos droits garantis par la Charte sont en partie soustraits quand nous traversons la frontière.
Il a été question d'autorité légitime. Considère-t-on que le président possède cette autorité légitime lorsqu'il donne des directives à ses agents pour obtenir une information, c'est-à-dire des directives qui outrepassent les limites de ce qu'on peut demander à quelqu'un qui déciderait de quitter la zone de précontrôle?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je suis ravi de vous revoir. Je vous souhaite à vous, et à vos hauts fonctionnaires, la bienvenue.
Monsieur le ministre, à d'autres occasions, en caractérisant la tâche à accomplir concernant le domaine de la sécurité publique, pour le Comité, et votre travail, vous avez dit qu'il ne fallait prendre des mesures de sécurité au détriment de la protection des droits et qu'il faut faire les deux — prendre de bonnes mesures de sécurité et protéger entièrement les droits des Canadiens, dont ceux garantis par la Charte.
Dans ce cas, un troisième maillon s'ajoute: le commerce et la circulation des personnes. On parle des affaires, du tourisme, des relations familiales au-delà des frontières. J'ai constaté que sur le plan du précontrôle, concernant les relations transfrontalières, cela nous amène à 1952, à il y a environ 67 ans. Il n'y avait pas d'accord en place tous les ans, mais on parle certainement de relations étroites de longue date sur le plan opérationnel.
Comme vous le savez, le Comité est allé à Washington et, de notre côté, nous voulons abonder dans le même sens que vous quant aux sentiments que vous avez décrits concernant le secrétaire Kelly, aux commentaires très positifs de la part d'homologues du Congrès et aussi du personnel du département de la Sécurité intérieure quant à l'état actuel des choses à la frontière.
Je veux vous demander si vous ou le ministère avez des statistiques sur le taux d'incidents de retrait. Vous avez dit qu'une personne qui ne veut pas se soumettre aux vérifications américaines peut se soustraire au processus. Combien de fois cela s'est-il produit? Avons-nous des données à cet égard?
Monsieur le ministre, nous sommes toujours heureux de vous accueillir parmi nous. Nous remercions également votre personnel d'être présent.
À mon avis, l'enjeu dont nous sommes saisis, c'est-à-dire le précontrôle, a été bien approfondi, et je crois fermement que nous nous dirigeons dans la bonne direction.
Toutefois, monsieur le ministre, le contrôle en général est un enjeu qui a été soulevé dans un autre contexte, c'est-à-dire dans le cadre de l'Entente sur les tiers pays sûrs. Je suis sûr que tout le monde sait que des immigrants illégaux, ou des réfugiés illégaux, selon le nom que vous souhaitez leur donner, entrent au pays essentiellement à volonté, surtout à Emerson, au Manitoba, ainsi qu'au Québec, et dans d'autres régions, j'en suis certain. Et la situation s'aggravera probablement.
Monsieur le ministre, lorsque la chaîne CTV a diffusé cette histoire pour la première fois, mes téléphones ont été submergés d'appels. Essentiellement, il semblait que les agents de la GRC ne diraient jamais aux réfugiés qu'ils ne pouvaient pas traverser à cet endroit et qu'ils devaient retourner d'où ils venaient, et qu'ils n'allaient même pas les rediriger vers un poste frontalier.
Les gens ne peuvent pas comprendre pourquoi les agents de sécurité n'intervenaient pas et invitaient presque ces personnes à entrer au pays. Je présume que je demande, au nom des Canadiens — et j'aimerais également connaître la réponse —, pourquoi ces gens ne sont pas renvoyés d'où ils viennent ou au moins redirigés vers le poste frontalier le plus proche? Par exemple, je ne sais pas exactement où se trouve le poste frontalier le plus près d'Emerson, au Manitoba, mais je suis certain qu'il n'est éloigné que de quelques milles.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, monsieur Bolduc, madame Wherrett et maître Watkinson.
Mes questions porteront sur la partie I du projet de loi qui parle de précontrôle au Canada par les États-Unis et du pouvoir des agents américains en ce qui a trait au précontrôle.
Je suis bien au fait de l'article 9 de la loi qui ne peut pas être plus clair: c'est le droit canadien qui s'applique. Le paragraphe 10(2) stipule ce qui suit:
Le contrôleur [américain] ne peut toutefois exercer aucun des pouvoirs d'interrogation, d'examen, de fouille, de saisie, de confiscation, de détention ou retenue ou d'arrestation que lui confèrent les lois des États-Unis.
Il ne le peut pas.
Je suis aussi bien au fait de l'article 11 qui nous indique qu'un contrôleur américain en sol canadien doit respecter tout le droit canadien, y compris la Charte canadienne des droits et libertés. Je sais donc tout cela. Je sais très bien que, pour un Canadien qui s'apprête à se rendre aux États-Unis, tous ses droits canadiens en sol canadien dans une zone de précontrôle sont toujours respectés.
Cela dit, je vais mettre mon chapeau de juriste. La force des juristes — je le dis sans prétention —, c'est de chercher des puces. J'en ai trouvé une dans le paragraphe 22(4). Tout en sachant tout à fait que les droits des Canadiens sont respectés, le paragraphe 4 de l'article 22 nous dit ce qui suit au sujet du contrôleur:
S'il a des motifs raisonnables de soupçonner que les conditions prévues aux alinéas (1)a) et b) sont toujours remplies, le contrôleur peut effectuer la fouille à nu [...]
C'est la fouille la plus intrusive, mais il peut donc l'effectuer si l'agent des services frontaliers refuse de la faire lui-même.
Au paragraphe 22(2), il est dit que le contrôleur américain qui désire qu'une fouille à nu soit effectuée doit demander à un agent canadien de la faire. Cependant, à l'alinéa 22(4)a), il est écrit que le contrôleur américain peut procéder à une fouille à nu si le douanier refuse de s'en occuper.
Il n'y a rien d'autre dans cet alinéa. Comment doit-on l'interpréter? Si le douanier canadien se présente, constate qu'il y a des motifs raisonnables, mais n'est pas d'accord et qu'il ne fouille pas cette personne à nu, comment cela se terminerait-il, selon cette disposition?
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Monsieur Arsenault, tout d'abord, je vous souhaite la bienvenue au Comité. Je crois que c'est la première fois que nous avons l'occasion d'avoir une discussion.
Le changement qui a été apporté dans cet article comparativement à la situation actuelle, c'est que si un agent canadien ne peut pas être raisonnablement disponible, un agent américain peut effectuer la fouille.
Il y a deux éléments à considérer dans ce cas. J'ai parlé avec le directeur général, le président de l'ASFC, et j'ai fait valoir fermement le point selon lequel des agents canadiens doivent se rendre disponibles. Dans le projet de loi, on envisage ce type de collaboration et de service. S'il y a un problème, comme je l'ai indiqué plus tôt, vous prenez cette règle, vous l'appliquez aux 60 dernières années, et il est peu probable que ce problème se soit posé.
Toutefois, si le problème se pose, l'ASFC devrait réagir — et rapidement — aux circonstances pour veiller à ce que l'esprit de la loi soit respecté. Si, dans certaines circonstances très improbables, l'ASFC n'est pas en mesure d'intervenir, la fouille pourrait avoir lieu, mais elle serait effectuée conformément aux règles canadiennes, et non aux règles américaines. En effet, les dispositions de la Charte s'appliquent, ainsi que le respect des droits de la personne, etc. De plus, l'incident doit être signalé après les faits, afin que les détails soient examinés de façon exhaustive si nécessaire.
Nous avons tenté de veiller à ce que des défenses solides soient liées à cette disposition, afin que les droits des Canadiens ne soient pas affectés outre mesure.
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Nous reprenons les travaux.
J'étais tellement enthousiaste de voir notre nouvelle députée au comité que j'ai oublié de souhaiter la bienvenue à nos analystes suppléants au sein du comité. En effet, Dominique et Tanya ne pouvaient pas être ici aujourd'hui et ont donc envoyé des suppléants. Lyne Casavant a déjà été analyste pour notre comité, et j'en suis heureux, car je me souviens d'elle et elle se souvient de moi. Par contre, nous ne connaissons pas Maxime.
Nous souhaitons donc la bienvenue à Maxime Charron-Tousignant. Merci d'être ici. C'est une réunion facile aujourd'hui.
Nous remercions également les hauts fonctionnaires qui se joignent à nous. Je ne crois pas que d'autres présentations soient nécessaires. Vous êtes donc ici pour répondre à nos questions.
J'aimerais rappeler aux membres du comité qui sont nos invités. Nous avons donc, du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, Jill Wherrett, sous-ministre adjointe par intérim. De l'ASFC, nous accueillons Martin Bolduc, vice-président de la Direction générale des programmes, ainsi que Julie Watkinson, sous-directrice exécutive et avocate générale. Du ministère des Transports, nous avons Tom Oommen. Du ministère de la Justice, nous avons Erin McKey.
Nous poursuivons la réunion.
Monsieur Arseneault, vous avez la parole pour une autre série de questions.