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Madame la Présidente, j'aimerais d'abord préciser que je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Dinï ze’, ts’akë ze, skize, nous sommes témoins aujourd'hui d'un événement historique, car les trains sont immobiles partout au pays, des infrastructures essentielles sont bloquées, les Canadiens sont très préoccupés par ce qui se passe, et les Autochtones de l'ensemble du pays se demandent ce que le veut dire lorsqu'il emploie le mot « réconciliation » et lorsqu'il affirme qu'aucune relation n'est plus importante que la relation avec les Autochtones.
La circonscription que je représente, Skeena—Bulkley Valley, doit faire face à ce problème depuis des années. C'est une situation difficile pour bien des gens, et encore plus pour les Wet'suwet'en.
J'ai demandé à Sue Alfred si je pouvais raconter son histoire, et elle m'a accordé sa permission. Sue porte le titre héréditaire wet'suwet'en de Wil'at. Cette femme de 80 ans vit dans la communauté de Witset, juste à l'ouest de Smithers. Peter Michell et Annie Tiljoe étaient ses grands-parents.
En 1914, sa mère était âgée d'un an et avait six frères et sœurs. Ses grands-parents habitaient à un endroit appelé Misty Falls, près de la communauté de Houston, où ils avaient une propriété. Ils vivaient sur une terre que les Wet'suwet'en occupaient depuis un millénaire et, un jour, en 1914, la GRC est venue chez elle, accompagnée d'un agent des Indiens, pour dire à ses grands-parents qu'ils devaient partir.
Ils ont emballé leurs affaires et ont marché des dizaines de milles jusqu'à un endroit près de Smithers appelé Glentanna. Ils ont tenté d'y installer leur demeure. Que s'est-il passé? Ils ont reçu la visite des mêmes personnes. La GRC et l'agent des Indiens sont venus et leur ont encore dit qu'ils devaient partir et c'est ce qu'ils ont fait. Ils ont déménagé ailleurs sur le chemin Telkwa High, près de la communauté de Witset, où ils ont élu domicile.
Sue me dit qu'elle se rappelle que sa grand-mère pleurait en lui racontant cette histoire de déplacement. Nous pouvons comprendre pourquoi l'intervention policière que nous avons vue ces derniers jours et semaines sur le territoire des Wet'suwet'en est si dérangeante pour tant de gens qui y habitent. C'est pour cette raison qu'une autre intervention policière pourrait miner toute possibilité d'une véritable réconciliation.
Dans le Nord-Ouest, nous tenons depuis des années des conversations difficiles sur la réconciliation, l'exploitation des ressources et le respect des droits ancestraux. En tant que collectivités, nous commençons à faire face au passé colonial difficile qui freine notre relation avec les peuples autochtones. Nous commençons à trouver des moyens de collaborer pour être de meilleurs intendants des terres et des eaux, et offrir un avenir à nos enfants.
Dans ma ville, Smithers, nous nous sommes réunis avec les chefs et les aînés des Wet'suwet'en et ils nous ont raconté leur histoire. Nous avons collaboré avec eux, avec l'administration municipale et avec le gouvernement héréditaire pour faire connaître le passé difficile de notre collectivité. C'est l'une des premières étapes pour tourner la page ensemble.
Dans toute la région que je représente, des Autochtones courageux travaillent depuis des années pour obtenir reconnaissance et respect sur leurs propres terres. Certains, comme les Nisga'as, ont réussi à conclure le premier traité moderne de la Colombie-Britannique, un traité qui montre la voie à suivre pour atteindre l'autonomie gouvernementale et qui a été signé en 1998.
En même temps, ce sont les dirigeants héréditaires des Gitxsan et des Wet'suwet'en qui sont allés en cour pour établir et confirmer leurs droits, pour que leurs droits soient confirmés par la cour, dans l'affaire Delgamuukw-Gisday'wa. Ils se sont battus pendant 20 ans contre la Couronne, qui, tout ce temps, a maintenu une politique de déni, refusant d'admettre leurs droits et rejetant leur vécu.
Ils se sont battus jusqu'à la Cour suprême, où, en appel, leurs droits ont été confirmés et le juge a déclaré que leur vécu a de l'importance et qu'ils ont bel et bien des droits sur ces terres. La Cour suprême a déclaré que leur titre de propriété sur les terres du Nord-Ouest de la Colombie qu'ils occupent depuis des milliers d'années demeure non éteint.
Nous en sommes au point où la seule façon de résoudre cette crise est le dialogue, la compréhension, l'humilité et les véritables pourparlers de nation à nation. Je suis très heureux de constater que ces pourparlers sont amorcés. Ils sont primordiaux, même s'ils arrivent tard. Je félicite le pour le respect et la dignité dont il a fait preuve lors des conversations de ces derniers jours.
Nous devons aussi nous demander si nous aurions pu prévoir une telle situation. Les chefs héréditaires des Wet'suwet'en sont aussi ceux qui ont contesté l'affaire Delgamuukw jusqu'à la Cour suprême. Ils ont lutté contre la politique de déni du gouvernement et ont établi un précédent pour les groupes autochtones dans l'ensemble du pays.
La Cour suprême a reconnu leurs droits et a établi un précédent. Dans cette décision, le juge a indiqué que le gouvernement fédéral avait « l'obligation morale, sinon légale, d'entamer et de mener [d]es négociations de bonne foi » en ce qui concerne leur titre autochtone.
Plus de 20 ans se sont écoulés depuis cette décision historique, mais les gouvernements libéral et conservateur qui se sont succédé n'ont toujours pas entamé la lourde tâche de maintenir, de reconnaître et d'affirmer le titre des Wet'suwet'en.
Au cours des derniers jours, nous avons entendu de nombreuses statistiques concernant les différents camps dans cette affaire, mais je crains que cela ne serve qu'à creuser davantage les fossés qui ont été créés.
Justement, les déclarations faites par le chef de l'opposition officielle aujourd'hui, laissant entendre que le projet Coastal GasLink reçoit l'appui de la majorité d'un tel ou tel groupe, le démontrent bien. La réalité, c'est que les chefs héréditaires constituent un groupe légitime chargé de la prise de décisions pour les autochtones à l'extérieur des réserves. La Cour suprême l'a dit.
J'étais présent lors du potlatch, à Witset, lorsque les chefs ont conclu qu'ils ne consentaient pas à ce pipeline. Cette absence de consentement est survenue après qu'ils ont suggéré des trajets de remplacement à la société, qui les a tous rejetés.
Pendant tout ce temps, où était le gouvernement fédéral? Où était le , qui s'est engagé à promouvoir la réconciliation?
Même si nous parlons de modifier nos relations avec les Autochtones, nous observons une réticence à nous éloigner un tant soit peu du statu quo et à changer notre façon de faire. Comme les barrages le montrent, une telle attitude est inacceptable.
Nous nous trouvons dans une situation fâcheuse qui ne peut pas être réglée par une intervention policière. Autrement, elle aurait été résolue en janvier 2019 quand la police a arrêté et évacué 14 personnes du chemin forestier de Morice Ouest, ou le mois dernier quand elle a fait la même chose.
Les images des équipes tactiques de la GRC braquant leurs fusils sur des Wet'suwet'en et Gitksan non armés, les images d'Autochtones traînés sur les mêmes terres où leurs ancêtres ont jadis marché, ainsi que les remarques vicieuses et racistes publiées dans les médias sociaux au cours des derniers jours et semaines ont déclenché un mouvement de solidarité sans précédent au pays.
On se retrouve dans une situation où, partout au pays, des gens bloquent les infrastructures dont les Canadiens ont besoin au quotidien pour obtenir les services dont ils dépendent et les produits nécessaires à leur mode de vie. On peut dire que les gens qui ont érigé des barrages sont des radicaux ou des anarchistes et ne pas tenir compte de ce qu'ils ont à dire ou on peut plutôt choisir d'écouter attentivement ce que disent les Autochtones qui se trouvent à ces barrages.
Si on écoute attentivement, on constate que les déclarations du gouvernement à propos des Autochtones ne correspondent pas aux mesures qu'il prend. De jeunes Autochtones disent qu'il n'y a plus de chance pour la réconciliation. Saisit-on vraiment la gravité de cette situation? J'en doute.
Comme je l'ai déjà dit, la question est très difficile pour les communautés du nord-ouest de la Colombie-Britannique. Il y a effectivement dans ma circonscription des groupes autochtones qui appuient ce projet et en tireraient profit. Je me suis entretenu aujourd'hui avec Crystal Smith, la conseillère en chef de la nation Haisla. Elle m'a parlé des possibilités qui sont déjà offertes aux membres de sa communauté en matière d'éducation et d'emploi. Leur opinion compte aussi. Il ne faut pas l'ignorer.
En fin de compte, l'issue à cette situation passe par les discussions de nation à nation, le dialogue et l'humilité. Le problème, c'est que le gouvernement dit constamment qu'il veut faire les choses autrement sans être prêt à changer d'un iota le statu quo.
Le défunt mari de Sue Alfred était Wah Tah K'eght, Henry Alfred, le dernier plaignant vivant dans l'affaire Delgamuukw-Gisday'wa. Sa fille s'appelle Dolores Alfred et elle enseigne la langue et la culture des Wet'suwet'en à Smithers. Son petit-fils s'appelle Rob Alfred et il s'oppose au pipeline.
L'histoire de sa famille, qui a dû quitter son territoire et que l'on a privée de son droit de s'exprimer et de ses droits fondamentaux, c'est l'histoire de nombre d'Autochtones. Le moment est venu d'écrire une nouvelle histoire. Pour ce faire, le doit d'abord s'asseoir avec les chefs héréditaires des Wet'suwet'en et les écouter.
[Le député s’exprime en witsuwit'en et fournit le texte suivant:]
Awatsa. Misiyh.
[Le député fournit une version en anglais dont voici la traduction:]
C'est tout. Merci.
[Traduction]
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Madame la Présidente, je tiens à reprendre ce qu'a dit notre chef ce matin. Comme il l'a dit, nous sommes tous inspirés par les jeunes de partout au pays et les gens de tous les horizons qui se battent pour les droits de la personne et la justice climatique.
Je souhaite aussi reconnaître l'incertitude qui plane dans l'ensemble du pays. Les gens craignent d'avoir du mal à se rendre au travail. Les employés de VIA Rail et du CN ont peur de perdre leur emploi. Les gens ont peur de ne pas recevoir les produits dont ils ont besoin pour assurer leur sécurité. Nos pensées accompagnent ces travailleurs.
Mes pensées accompagnent aussi ceux qui se trouvent en première ligne dans les barrages, comme j'ai moi-même dû le faire, en tant que personne autochtone, pour défendre mes droits fondamentaux ici, au Canada. Je comprends la situation. Ces gens défendent ce qu'ils savent être la vérité. Ils tiennent tête et ils affirment clairement défendre les droits de toutes les personnes. Ils espèrent que cette fois-ci, peut-être, les choses changeront enfin.
C'est une crise terrible que nous vivons, mais elle se reproduit constamment. Le a froidement parlé d'une crise qui perturbe les infrastructures, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. C'est une crise qui touche les droits de la personne et qui découle du fait que les Autochtones ont été injustement dépossédés de leurs terres. C'est une crise qui touche des gens de partout au pays.
Les Canadiens s'attendent maintenant à ce que nous fassions tous preuve de leadership, y compris le . Pour l'instant, il y a un fossé énorme entre ce que le premier ministre et le gouvernement ont promis et ce qui a été fait.
Cette crise n'est pas arrivée du jour au lendemain. Elle découle de la dépossession injuste ayant privé les Autochtones de leurs terres ainsi que des violations des droits de la personne et du colonialisme violent qui ont été tellement normalisés que les Autochtones ne jouissent pas des normes minimales en matière de droits de la personne dont tout le monde, autochtone ou non, doit pouvoir bénéficier pour mener une vie heureuse. Ces normes minimales sont établies dans la Charte des Nations unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme, les lois internationales en matière de droits de la personne et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, autant de déclarations et de lois que le Canada a accepté de suivre, mais qu'il viole souvent, dans les faits. C'est une situation qui se perpétue.
Ces violations des droits de la personne ont eu des répercussions sur ma propre famille et ma propre nation. Les pensionnats, la rafle des années 1960 et la dépossession de nos terres ont eu des effets sur nos communautés qui perdurent encore aujourd'hui. Les pensionnats ont déstabilisé nos familles. On a procédé à l'incarcération forcée de nos enfants pour nulle autre raison que l'origine de nos ancêtres, une lignée de grands chefs qui nous enseignaient le respect, l'amour, le courage, l'humilité, la vérité, la sagesse et la gentillesse, les sept lois sacrées qui guidaient un merveilleux mode de vie.
Le avait promis de faire les choses différemment. Il s'était engagé à travailler à la réconciliation. Les peuples autochtones sont, encore une fois, déçus. On a trahi, encore une fois, les promesses qu'on leur avait faites ce qui a laissé nombre de leurs membres sans abri sur leurs propres terres.
Depuis des générations, on promet une chose et on fait le contraire. Au lieu de tirer des leçons du passé, le a aggravé la situation. Il avait promis d'être différent. Il avait promis d'apporter des changements. Il avait promis de prendre des mesures concrètes pour appuyer la réconciliation. Il a dressé une liste des choses qu'il a faites, mais regardons ses réalisations et celles de son gouvernement.
Il a trahi ces promesses. Lui et son gouvernement ont fait fi des décisions des tribunaux, du Parlement et de leurs propres promesses. Ils ont continué de traîner devant les tribunaux les enfants des Premières Nations qui se battent pour avoir un accès équitable aux programmes et aux services et pour jouir des mêmes droits de la personne que les autres enfants sur les terres que nous appelons maintenant Canada. Ils ont trahi leur engagement de combler l'écart dans le financement de l'éducation des enfants dans les réserves et ils ont sous-financé les programmes destinés à aider les femmes autochtones à retrouver leur statut et à aider celles ayant fréquenté les écoles de jour à obtenir une indemnisation. Malgré toutes leurs promesses, ils se sont traîné les pieds pour ne pas avoir à s'acquitter de leur obligation de fournir de l'eau potable dans les communautés autochtones partout au pays. Or, il s'agit de droits de la personne fondamentaux.
Tout cela, le l’a fait en mettant à mal les peuples autochtones et en se moquant d’eux, notamment de la jeune protectrice de l’eau et des terres de Grassy Narrows, qui a participé à une activité de financement et a attiré l’attention sur la question de l’eau potable. Ce n’est pas une plaisanterie. Nous ne sommes pas une plaisanterie.
J’ai jeûné le long des barrages érigés à Grassy Narrows, sur ces magnifiques terres qui ont subi les contrecoups de l’activité humaine. Une fois de plus, Grassy Narrows se voit refuser le droit à un environnement sain, et le gouvernement tarde désespérément à y installer un centre de traitement pour les personnes souffrant d’un empoisonnement au mercure.
À la Chambre, il y a quelques semaines, lorsque le NPD a exhorté le à accepter l’invitation des chefs héréditaires de Wet'suwet'en, le a ri et déclaré que ce n’était pas son problème, puisque cela relevait « entièrement de la compétence provinciale ». Je peux dire une chose. Je suis heureuse que le ne réclame pas l’intervention de la police. Nous avons déjà vu les conséquences qu’une telle intervention peut avoir. Cependant, comment a-t-il pu, il y a à peine quelques semaines, être aussi inconscient de la réalité sur le terrain, et faire fi des voix des Autochtones et des jeunes de partout au pays? Comment a-t-il pu être aussi aveugle, il y a à peine quelques semaines? Cela en dit long sur le pourquoi et le comment de la situation actuelle.
Il existe un malentendu fondamental, volontaire ou non, concernant les faits qui entourent la situation à laquelle nous faisons face. La plupart des Canadiens ont appris une version de l’histoire qui fait fi du colonialisme violent sur lequel notre pays est fondé et qui se perpétue aujourd’hui sous nos yeux. Dans ce pays, le concept de la primauté du droit a été utilisé pour arracher des enfants à leur famille. Nous ne pouvons pas choisir de recourir à la primauté du droit uniquement lorsque cela sert nos intérêts économiques. Nous devons faire respecter la primauté du droit de sorte que tous les habitants de ce pays puissent jouir des droits de la personne et que les Autochtones puissent également se prévaloir de leurs droits et titres ancestraux.
La Commission de vérité et réconciliation du Canada et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones nous ont montré la voie à suivre. Cependant, il ne suffit pas d’adopter une déclaration: il faut aussi la respecter. Nous devons respecter des normes minimales en matière de droit de la personne et utiliser la primauté du droit non pas pour punir, mais pour offrir une bonne qualité de vie à tous les peuples qui vivent en ce lieu que nous appelons aujourd’hui le Canada.
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Madame la présidente, je tiens à raconter quelque chose de très personnel à la Chambre, quelque chose que j'ai seulement raconté à des amis proches et à des membres de ma famille au sujet d'un incident qui s'est produit il y a 30 ans.
Il y a 30 ans, j'avais 16 ans, j'allais en avoir 17 et j'ai décidé de m'enrôler dans les Forces armées canadiennes. En compagnie de mes frères et sœurs d'armes, qui avaient aussi décidé d'apposer leur signature sur la ligne pointillée pour accepter la responsabilité illimitée, j'étais prêt à donner ma vie pour le pays que j'aime. J'ai suivi l'instruction de base de l'infanterie et je m'en suis bien tiré. Puis, cet été-là, j'ai été déployé à Valcartier, à l'instar d'un autre groupe de personnes de mon peloton, pour travailler et consacrer l'été à servir au sein des Forces armées canadiennes.
Plusieurs raisons expliquent ma décision. Je voulais que les gens soient fiers de moi. Je voulais servir mon pays. Je voulais acquérir une discipline qui ne m'est pas innée. C'est encore difficile pour moi, et je dois encore faire du progrès, mais j'étais déterminé et je mettais du cœur à l'ouvrage. Je voulais apprendre la discipline et faire des choses que je ne pouvais pas faire à l'extérieur d'une salle de classe.
Cet été-là a été difficile pour le Canada. Quatre des membres de mon peloton, de mes frères d'armes, étaient des Mohawks. Or, comme chacun sait, la crise d'Oka éclatait il y a 30 ans. Un soir, à Valcartier, nous étions tous dehors quand nous avons entendu dire que le Royal 22e Régiment serait envoyé sur place et mettrait en état de siège la communauté de mes quatre frères d'armes. Le lendemain matin, ils étaient partis. Le choix qu'on leur demandait de faire — la patrie pour laquelle ils étaient prêts à donner leur vie ou leur famille — était peut-être difficile, mais pour eux, la réponse s'est imposée d'elle-même.
J'ai eu l'immense chance de ne pas être placé devant la même alternative. Pendant longtemps, je n'ai à peu près pas repensé à ce jour-là. Bon, je ne crois pas avoir besoin de rappeler ce qui s'est passé à Oka; nous devrions tous le savoir. Nous devrions aussi savoir que personne ne devrait avoir à choisir entre sa famille, sa nation et le pays auquel on est prêt à donner sa vie. Nous avons juré que cette tragédie ne se reproduirait plus jamais et il ne faut pas qu'elle se reproduise.
Chaque fois que nous avons sollicité l'aide des peuples autochtones, même aux heures les plus sombres, ils ont toujours répondu « présents ». Ils nous ont défendus. Proportionnellement, les peuples autochtones forment le plus important contingent des forces armées du pays. Nous ne devrions jamais oublier que cette relation, pour bon nombre d'entre eux, est fondée sur la réciprocité et la probité.
Je sais que tous les Canadiens se préoccupent vivement de ce qui se passe actuellement en Colombie-Britannique et ailleurs au pays. Il s'agit d'une situation précaire pour tout le monde, pour les non-Autochtones, mais surtout pour les Autochtones. Tout le Canada en souffre et nous préconisons tous une solution pacifique. Nous œuvrons en ce sens. Il s'agit d'une situation difficile qui évolue d'heure en heure, et c'est notre priorité absolue d'assurer la sécurité de toutes les personnes concernées. Nous voulons tous parvenir à la même conclusion. Il existe des divergences d'opinions, dont certaines sont profondes, quant aux mesures à prendre. Nous voulons tous un climat de paix. Nous voulons rétablir la circulation ferroviaire au Canada et nous voulons que tous les Canadiens connaissent la prospérité.
Tous les partis auront le temps de participer à un dialogue ouvert et respectueux visant à trouver un règlement pacifique. À cette fin, je tiens à souligner l'appui des chefs du NPD, du Bloc québécois et du Parti vert dans la recherche d'une solution pacifique. Cette tâche n'est pas facile et elle exigera la collaboration de tous les députés, aujourd'hui et à l'avenir. Nous ne pouvons pas aller de l'avant si nous n'engageons pas un dialogue honnête et respectueux, et c'est pourquoi je suis heureux de partager mes réflexions à la Chambre ce soir et de répondre aux questions de mes collègues.
La recherche d'un dialogue honnête, ouvert et respectueux est essentielle au renouvellement de la relation et au façonnement d'un avenir solide pour les Autochtones et l'ensemble des Canadiens. L'histoire inédite qui doit être racontée aujourd'hui, c'est que, malgré les années de relation ternie, nous souhaitons tous la paix et le renouvellement de notre relation. Nous souhaitons tous avoir une relation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat.
C'est dans cet esprit de paix et de coopération que je me suis rassemblé, samedi dernier, avec des membres de la nation mohawk en bordure de la voie ferrée à Tyendinaga pour discuter de paix et d'amitié avec une nation qui n'a pas le sentiment de faire partie de ce pays. Nous avons tenu un dialogue ouvert et fait un effort concerté pour trouver une solution pacifique.
Des progrès modestes, mais importants ont été effectués grâce à ce dialogue. Par moments, la conversation a été très difficile, très douloureuse et très personnelle. Des histoires bouleversantes ont été racontées au sujet de la façon inquiétante dont ce pays traite les Autochtones. Ma présence a suscité des doutes immenses; on craignait que c'était une ruse et que la police interviendrait. Ce n'est pas tous les jours que les gens sont entourés de policiers. Les réactions étaient normales. Il s'agit d'un peuple pacifique. Les personnes présentes l'ont répété maintes fois. Nous avons ri et, comme le veut la tradition, nous avons partagé un repas avant de discuter. Nous nous sommes écoutés les uns les autres avec ouverture et dans l'objectif commun de trouver une solution.
Je me suis engagé à raconter notre conversation au et à mes collègues, ce que j'ai fait le soir même. Hier, nous avons discuté plus longuement lors d'une rencontre du Groupe d'intervention en cas d'incident, qui a été convoqué par le premier ministre en raison du besoin pressant et impérieux d'ouvrir davantage et de continuer le dialogue qui a été lancé à Tyendinaga samedi matin.
Par ailleurs, ma collègue, la , reste en contact avec la province de la Colombie-Britannique et les chefs héréditaires dans l'espoir d'avoir une rencontre en personne bientôt. Elle a également eu une conversation très productive avec les chefs pour établir une voie vers la désescalade. Ce ne sera pas chose facile. Il y a un grand nombre de demandes et de griefs historiques. Il paraît toutefois évident qu'il y a un protocole à respecter et une voie vers la désescalade.
Notre pays est fondé sur les valeurs que sont la paix, l'ordre et la bonne gouvernance. Nous l'entendons constamment. Il ne faut pas perdre de vue ces idéaux. Une des étapes nécessaires pour progresser pacifiquement dans un pays où la réconciliation n'est pas encore réalisée, c'est de continuer de mener un dialogue ouvert aux plus hauts niveaux du gouvernement, qui est basé sur une relation de nation à nation, de gouvernement à gouvernement. C'est exactement ce qui a guidé les mesures que nous avons prises au cours des derniers jours.
Malheureusement, pour ce qui est des peuples autochtones, nous avons trop souvent abandonné le premier pilier, qui est la paix, au profit de l'ordre et du bon gouvernement. J'ai longtemps travaillé en pratique privée. Je suis titulaire de deux diplômes de droit et je suis accrédité pour exercer dans deux provinces. Croyez-moi, la primauté du droit m'est très chère. J'ai passé toute ma vie et ma carrière à la défendre.
Les communautés autochtones que je représente — et envers lesquelles j'ai une obligation fiduciaire qui remonte à la Proclamation royale de 1763, laquelle précède la fondation du Canada — me disent de défendre l'honneur de la Couronne. Selon elles, on invoque trop souvent la primauté du droit pour perpétrer des injustices historiques. Il suffit de penser à Louis Riel, à Big Bear et à Poundmaker, qui comptent parmi les exemples les plus poignants, de même qu'à d'autres injustices commises quotidiennement.
Les gens disent qu'on devrait les enfermer. Devinez quoi? On l'a déjà fait. Le taux d'incarcération est six fois plus élevé dans la population autochtone du Canada et c'est encore pire dans certaines provinces. Ce sont là des problèmes très graves qui exigent notre attention, et ce, depuis des centaines d'années. Dans cette discussion, il n'y a pas de place pour les beaux discours et les attaques virulentes.
La question que je n'arrête pas de me poser quand je regarde mes enfants, c'est de savoir si nous allons continuer de faire les choses comme nous les avons toujours faites, ce qui nous a amenés au point où nous en sommes dans cette relation, ou si nous allons adopter une nouvelle approche qui favorise le dialogue ouvert et fondé sur le respect et qui nous engage dans une véritable relation de gouvernement à gouvernement. Les discussions entamées samedi et celles que mes collègues ont proposé de tenir partout au pays au plus haut niveau nous aideront à trouver des pistes de solution plus axées sur la collaboration et donc, plus constructives.
Ce n'est que par un dialogue sincère avec ceux qui se sentent ignorés et méprisés depuis trop longtemps que nous pourrons trouver le moyen de faire avancer la paix et la prospérité pour tous.
Depuis près de 500 ans, les Autochtones sont aux prises avec la discrimination dans presque toutes les facettes de leur vie. La Couronne a parfois empêché qu'un partenariat d'égal à égal avec les Autochtones se forge en imposant plutôt une relation fondée sur des modes de pensée et d'action colonialistes et paternalistes.
Comme je l'ai mentionné en introduction, bon nombre de nos relations étaient fondées sur des alliances militaires visant à asseoir notre propre souveraineté. Je dois dire que les Autochtones ont répondu à l'appel quand nous avons eu besoin d'eux. Il y a un peu plus d'un an, tous les députés de la Chambre des communes se sont levés pour rendre hommage à Levi Oakes et à l'histoire méconnue du dernier transmetteur de code mohawk. Malheureusement, quelques mois à peine après cet hommage attendu depuis trop longtemps, il a rendu l'âme. Il était né à Snye, Akwesasne, au Québec. Il avait servi au sein des forces armées américaines.
Ce qu'on n'a pas dit, c'est pourquoi il n'a pas servi le Canada. S'il ne l'a pas fait, c'est parce que son frère a été battu par un policier, et il s'est juré alors de ne jamais servir dans nos forces armées. Nous devons réfléchir à cela, lorsque nous pensons à ceux qui nous servent le mieux. Ceux qui sont revenus après avoir servi outre-mer, nos frères d'armes et nos sœurs d'armes n'ont pas été traités de cette façon. Les Autochtones ont été victimes de discrimination. Ils n'ont pas pu obtenir la pension ou les prestations de maladie auxquelles ils avaient droit. La liste est longue et pénible à entendre.
Et nous voici aujourd'hui. Nous avons entendu des députés de l'opposition dire, et il faut continuer de le répéter, que nous sommes confrontés à un défi historique, une injustice que nous continuons de perpétuer à l'égard des êtres les plus chers dans nos vies, les enfants, et dans ce cas-ci, les enfants des peuples autochtones. Nous avons un système d'aide à la famille et à l'enfance défaillant, car les enfants autochtones de 14 ans et moins représentent 52 % des enfants en foyer d'accueil, alors qu'ils ne représentent que 7,7 % des enfants canadiens. Les taux de suicide chez les jeunes sont consternants et causent des peines indescriptibles qui marqueront les familles et les communautés pendant des générations. Les conditions de vie dans les logements sont inacceptables, car l'eau qui sort du robinet est impropre à boire et même pour se laver.
Dans la communauté de Lac Seul, un avis d'ébullition de l'eau a été levé pour la première fois depuis 17 ans. Les enfants dans la pièce où je me trouvais n'avaient jamais eu d'eau potable dans leur réseau d'aqueduc. L'une des aînées à qui j'ai parlé rigolait et elle avait un sens de l'humour que l'on peut souvent observer dans les communautés autochtones et qui leur est presque caractéristique. Elle m'a dit que, maintenant, elle n'aura plus de démangeaisons après avoir pris son bain.
Dans certaines communautés, les logements surpeuplés et les moisissures sont des problèmes trop fréquents. Des communautés n'ont pas accès à un réseau routier, à un centre de soins de santé ou même à une école. Cette approche a causé des ravages, de la douleur et de la souffrance, et c'est une situation inacceptable et insoutenable.
Depuis des centaines d'années, les peuples autochtones demandent au gouvernement du Canada de reconnaître et d'affirmer leur compétence et de leur permettre de gérer leurs propres affaires et d'exercer un contrôle en ce qui concerne leur territoire, leurs logements, l'éducation, les systèmes de gouvernance et les services d'aide à l'enfance et à la famille. Nous avons des preuves indéniables que l'autodétermination est la voie à suivre. Pensons, par exemple, aux communautés micmaques de la Nouvelle-Écosse. En 1997, le gouvernement du Canada et le gouvernement de la Nouvelle-Écosse ont signé un accord historique avec neuf communautés micmaques pour que celles-ci reprennent le contrôle de leur système d'éducation. Le résultat, c'est que le taux de diplomation des étudiants micmacs est maintenant de 90 %. C'est un taux plus élevé que la moyenne observée dans la plupart des provinces.
C'est ce qui arrive quand le Canada sort des sentiers battus et accepte le principe d'autonomie, politique ou autre. Maintenant, il faut reproduire le tout dans l'ensemble des autres secteurs d'activité. C'est ce que les peuples autochtones demandent, et depuis beaucoup trop longtemps. C'est de cela qu'il est question quand on parle d'autodétermination. Les peuples autochtones qui assument leur indépendance s'en tirent mieux sur le plan socioéconomique parce que ce sont eux qui savent le mieux à quoi doivent servir leurs ressources. Davantage d'enfants finissent leur secondaire; il y a moins de chômeurs; les gens sont en meilleure santé; bref, l'autodétermination contribue au bien-être et à la prospérité des peuples autochtones, et ce principe, tous les Canadiens devraient l'appuyer.
Quand nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons décidé d'essayer une nouvelle approche, axée sur le partenariat et la collaboration. Nous avons décidé d'écouter les chefs autochtones, les aînés, les jeunes et les communautés pour travailler avec eux et les aider à atteindre des objectifs établis en fonction de leurs priorités à eux.
Il est important de le souligner alors que les événements qui tiennent le pays en haleine font les manchettes. Bien que les progrès soient lents, ils se font avec détermination et énergie. Ils sont accompagnés de sommes d'argent sans précédent. Depuis 2016, nous avons consacré 21 milliards de dollars aux priorités de nos partenaires autochtones et, ensemble, nous avons fait des progrès. Soixante-neuf écoles ont été construites ou rénovées. Quelque 265 projets d'infrastructure d'approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées ont été menés à bien, et 88 avis à long terme d'ébullition de l'eau ont été levés. Nous participons à la création d'un centre de mieux-être au Nunavut en collaboration avec le gouvernement du Nunavut et la Nunavut Tunngavik Incorporated. Nous finançons la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les Inuits et veillons à ce que les enfants inuits aient accès aux services de santé, aux services sociaux et aux services d'éducation dont ils ont besoin. Nous travaillons avec la nation métisse pour faire des progrès relativement aux priorités communes comme la santé, l'éducation postsecondaire et le développement économique.
Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour combler les écarts socio-économiques inacceptables qui existent toujours entre les peuples autochtones et non autochtones. Le gouvernement est déterminé à travailler en partenariat pour améliorer la vie des enfants des Premières Nations, comme le montre son bilan des quatre dernières années. Le financement des organismes de services à l'enfance et à la famille des Premières Nations a presque doublé, passant de près de 677 millions de dollars en 2016 à 1,2 milliard de dollars en 2018-2019. Il est accordé selon les besoins réels en mettant l'accent sur la prévention.
Plus de 508 000 demandes en vertu du principe de Jordan ont été approuvées. Ce principe assure aux enfants autochtones les services de soutien liés à la santé et à l'éducation ainsi que le soutien social dont ils ont besoin, au moment et à l'endroit où ils en ont besoin. J'ai visité la Première Nation de Whitefish River il y a environ trois jours, et j'ai observé le travail accompli grâce au principe de Jordan pour les enfants qui en ont besoin. Nous nous efforçons de leur garantir une égalité réelle.
Nous offrons un financement prévisible pour l'éducation, comparable à ce qui est offert ailleurs dans la même province. Nous savons que c'est essentiel pour renforcer l'éducation au sein des Premières Nations et pour améliorer les résultats scolaires, car les Autochtones doivent pouvoir gérer leur propre système d’éducation. Nous savons que lorsque c'est le cas, les taux de diplomation des Autochtones sont les mêmes que ceux des non-Autochtones, sinon supérieurs à ceux-ci. Nous avons lancé une nouvelle formule de financement de la maternelle jusqu'à la 12e année, qui a permis d'augmenter le financement de certaines régions de près de 40 %. Par exemple, le nombre d'écoles des Premières Nations qui offrent la maternelle à temps plein a augmenté de plus de 50 %.
[Français]
La tâche qui nous attend sera difficile. Comme je l'ai mentionné, la voie empruntée exigera beaucoup de nous. Il nous faudra véritablement travailler en partenariat et écouter même lorsque la vérité est difficile à entendre. Il nous faudra continuer de parler même si nous ne sommes pas d'accord. Il nous faudra continuer de collaborer, de chercher des moyens créatifs d'aller de l'avant et de trouver de nouvelles voies vers la guérison et la véritable compréhension.
Nous avons tous vu ce qui se passe lorsque nous ne conjuguons pas nos efforts pour alimenter la conversation. Il en résulte une méfiance et une confusion quant à savoir qui doit parler au nom des titulaires de droits sur des questions telles que le consentement ainsi que les droits et les titres autochtones. Cette confusion peut être à l'origine d'un conflit, comme celui d'aujourd'hui, et constitue un obstacle à l'avancement commun.
Conscient de l'ensemble des défis, je sais que le travail difficile qui nous attend en vaut la peine. Il en vaut la peine pour les jeunes de la prochaine génération et de celle qui suivra, qui grandiront en constatant qu'ensemble, la Couronne et les Autochtones consacrent beaucoup d'efforts à leur avenir, à l'amélioration de leur qualité de vie et à leur guérison. Nous ne laisserons pas tomber une autre génération d'enfants autochtones.
[Traduction]
J'ai beaucoup parlé des difficultés et de la douleur, et encore plus des réussites, lentes, mais progressives, attribuables aux mesures prises par notre gouvernement. Il nous reste encore beaucoup à accomplir, et nous ne devons pas faire abstraction des erreurs, car nous travaillons de bonne foi et nous entretenons de bonnes relations avec les communautés autochtones.
Je demande à tous les députés à la Chambre de regarder, au cours des prochains jours, leurs enfants et ceux qui sont jeunes et qui leur tiennent à cœur, et de se demander ce qu'ils leur diront quand ce conflit prendra fin. Nous ne pouvons nous permettre de répéter les nombreuses erreurs du passé.
[Le député s'exprime en langue mohawk et fournit le texte suivant:]
Eh káti’ niiohtónhak ne onkwa’nikòn:ra. Tho niiowén:nake.
[Le député fournit une version en anglais dont voici la traduction:]
Par conséquent, qu’il en soit ainsi dans nos esprits. Tous les mots ont été dits.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, c'est un plaisir de participer à l'important débat d'urgence qui se tient à la Chambre ce soir. Tous ces barrages associés aux Wet'suwet'en ont pris une ampleur démesurée.
Le gouvernement libéral n'a rien fait dans ce dossier et il a aussi refusé de rencontrer les Wet'suwet'en pendant les premiers jours de la crise. De toute évidence, il trouvait plus important de faire des démarches pour obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies que de veiller à la sécurité des Canadiens. En raison de son inaction, la crise a explosé et s'est étendue partout au pays.
Aujourd'hui même, des extrémistes se sont rendus au domicile du premier ministre de la Colombie-Britannique, M. Hogan, dans le but de procéder à une arrestation par des citoyens, c'est-à-dire de l'arrêter eux-mêmes. Des extrémistes se sont approchés de la maison d'un premier ministre provincial, ici même dans ce merveilleux pays. Cela n'a aucun sens.
Ces petits groupes de manifestants continuent de bloquer illégalement des voies ferrées et des passages frontaliers dans divers coins du pays. Comme je l'ai déjà dit, bon nombre de ces manifestants n'ont aucun lien avec le Canada. Ils ont un plan et ils tiennent à l'exécuter, et ce, même si les gens qu'ils prétendent soutenir ne sont pas d'accord avec eux.
Dans les médias, les Wet'suwet'en ont souligné que bon nombre de ces manifestants ne viennent pas de la région ou de la communauté touchée, ni même, comme je l'ai dit, du Canada. Le fait de se joindre à un petit groupe d'activistes parce qu'ils partagent un point de vue particulier et d'insister pour que la GRC fasse valoir ce point de vue même s'il ne correspond pas à celui de la majorité des Wet'suwet'en va à l'encontre de l'esprit de réconciliation.
La chef héréditaire Helen Michelle, de la Première Nation Skin Tyee des Wet'suwet'en, a déclaré qu'un grand nombre des manifestants ne sont même pas des Wet'suwet'en. Elle a ajouté que les Wet'suwet'en avaient parlé aux aînés, qu'ils n'avaient cessé de les ramener et qu'ils avaient parcouru le territoire où passera le projet Coastal GasLink. Elle a aussi dit que son peuple avait donné le feu vert à Coastal GasLink.
La chef héréditaire Theresa Tait-Day, de la nation des Wet'suwet'en, a déclaré que, dans le cas de Coastal GasLink, 85 % des membres de la nation s'étaient prononcés en faveur du projet.
Larry Nooski, chef de la Première Nation de Nadleh Whut'en, a déclaré:
Le projet #CoastalGasLink constitue une occasion de développement économique qui ne se présente qu'une fois par génération [...] Nous avons négocié énergiquement pour garantir que les Nadleh, y compris les jeunes, puissent bénéficier directement et indirectement du projet, tout en veillant à la protection des terres et des eaux [...]
La grande majorité des membres de la nation des Wet'suwet'en appuie le projet Coastal GasLink. Chaque conseil de bande dont le territoire est sur le tracé du projet de Coastal GasLink appuie ce projet. Il a même l’appui de la majorité des chefs héréditaires. La grande majorité des membres des Premières Nations soutient ce projet en raison des immenses avantages qu'il leur confère. La source de ce problème, c'est qu'une minorité tente d'imposer sa volonté à la majorité.
Les dirigeants démocratiquement élus des Wet'suwet'en, qui représentent non seulement les habitants de la communauté, mais aussi les chefs héréditaires, ont donné leur aval à ce projet. Pourquoi? Parce qu'il est avantageux pour leur communauté. En effet, ce projet va procurer des avantages économiques, va sortir des gens de la pauvreté et va fournir à la prochaine génération wet'suwet'en les ressources dont elle aura besoin non seulement pour améliorer son sort, mais aussi pour édifier une nation forte et indépendante au sein du Canada.
Avant de poursuivre, je tiens à mentionner que je vais partager mon temps de parole avec le député de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles.
Un juge de la Colombie-Britannique vient d'émettre une injonction interdisant aux manifestants de bloquer l'accès de Coastal GasLink au chantier. La Constitution canadienne établit sans équivoque l'obligation de consulter les communautés autochtones concernées, ce qui a été confirmé par de nombreuses décisions judiciaires. On ne peut pas toujours être d'accord avec ces décisions, mais il faut les respecter. C'est ce que prévoit la loi.
Les vétérans canadiens, qu'ils soient d'ascendance autochtone ou non, se sont battus pour que le Canada soit un État de droit, pas une tyrannie. Pour tout dire, 200 militaires autochtones ont donné leur vie pour le Canada à une époque où ils n'avaient même pas le droit de vote. C'est honteux, d'autant plus que la situation a perduré jusque dans les années 1960. Nous avons dû nous battre bec et ongles pour la primauté du droit, la liberté d'expression et le droit de manifester pacifiquement.
De nombreux Autochtones et non-Autochtones du Canada ont su manifester de manière pacifique pour l'obtention de ces droits — certains même ont abouti ici, aux Communes. Les peuples autochtones se battent depuis trop longtemps pour se faire entendre, alors qu'il devrait s'agir d'un acquis. Nous devons en prendre conscience. Ce n'est pas aider les manifestants pacifiques que de laisser un petit groupe de radicaux faire dérailler la réconciliation.
Même si nous ne nous entendons pas toujours sur la marche à suivre, nous devons toujours être prêts à discuter. Ce n'est pas ce qu'a fait le , et le pays est aujourd'hui en crise. Même s'il faut respecter la primauté du droit, il doit y avoir un processus équitable et transparent pour les Canadiens qui veulent exprimer leurs désaccords concernant les projets d'exploitation des ressources naturelles.
L'Office national de l'énergie a conclu que le projet en cause relève entièrement de la Colombie-Britannique, qui a donné le feu vert aux promoteurs à l'issue d'examens réglementaires et environnementaux on ne peut plus rigoureux.
Il y en a eu, des consultations, et il en ressort que la majorité des Wet'suwet'en appuient ce projet, car ils estiment qu'il sera bénéfique pour eux.
Nous reconnaissons le droit des personnes à manifester pacifiquement, mais nous exhortons tous les groupes à le faire de façon sécuritaire et responsable. Le a confirmé que l'on a saboté certains passages à niveau, particulièrement les feux qui indiquent l'arrivée d'un train.
Je viens d'une circonscription rurale. Chaque jour, de nombreux enfants dans d'innombrables collectivités rurales du pays traversent des passages à niveau entre la maison et l'école. Mettre en danger la vie de ces enfants est inacceptable.
Ces gens ont commis des actes criminels, et les Canadiens s'attendent à ce que la police y mette un terme. La crise dure depuis 13 jours. En fin de semaine, le gouvernement a décidé de rencontrer les dirigeants des Premières Nations pour entamer un dialogue sur la crise, qui aurait pu être évitée si le discours de réconciliation du gouvernement n'était pas que des paroles en l'air.
Alors que le pays était pris en otage par des militants anti-énergie, le a jugé plus utile d'embrasser le ministre des Affaires étrangères de l'Iran, pays qui a admis avoir abattu le vol 752, tuant 63 Canadiens. Il a jugé plus utile de frayer avec des dictateurs et des gens qui violent les droits de la personne en vue de les courtiser afin d'obtenir un vote pour un siège franchement inutile au Conseil de sécurité de l'ONU au lieu d'assurer la sécurité des Canadiens et de protéger l'économie du Canada.
Les anciens combattants se sont battus pour notre droit de manifester, lequel est inscrit dans la loi suprême du pays. Au Canada, qu'on vive ici ou qu'on vienne d'un autre pays, on a le droit de s'exprimer librement et de manifester, peu importe à quel point on est d'accord ou en désaccord.
Cependant, on n'a pas le droit de bloquer les chemins de fer et les ports. On n'a pas le droit d'empêcher d'honnêtes Canadiens de faire l'aller-retour entre leur domicile et leur lieu de travail. On n'a pas le droit d'empêcher les petites entreprises et les exploitants agricoles d'acheminer leurs produits vers les marchés. On n'a pas le droit de mettre la vie de Canadiens en danger.
Qu'on me comprenne bien. Les Autochtones et les gens qui participent aux manifestations expriment des préoccupations légitimes. Ils doivent être entendus. Il faut qu'il y ait un dialogue. Il faut qu'il y ait réconciliation.
Comme je suis chargé des relations Couronne-Autochtones dans le cabinet fantôme, je dois travailler avec mes collègues d'en face et les dirigeants autochtones de partout au pays afin d'arriver à un changement concret et positif.
Cependant, nous ne pouvons pas permettre à un petit groupe de manifestants radicaux, qui ne s'intéressent pas vraiment à la réconciliation — ce qui n'a pas empêché le de les placer sur un pied d'égalité avec les nombreux membres des Premières Nations qui ont lutté de bonne foi pour redresser les torts légués par l'histoire canadienne —, de faire dérailler le processus.
Par conséquent, nous demandons au de faire un certain nombre de choses, notamment de proposer un plan pour l'avenir. Nous l'attendons toujours. Nous avons entendu de belles paroles de la part du premier ministre, mais c'est tout. Il n'y a toujours pas de plan. La situation perdure depuis longtemps. Le gouvernement s'étonne que nous en soyons arrivés là. Pourtant, c'est justement parce qu'il se cachait la tête dans le sable que nous en sommes là.
Nous avons entendu le discours du , qui a essentiellement blâmé tous ceux qui ne sont pas d'accord avec lui. Ce n'est pas ce que j'appelle collaborer.
Je serai ravi de répondre aux questions de mes collègues d'en face. J'espère que nous trouverons une solution pacifique à la situation.
:
Madame la Présidente, nous sommes ici ce soir pour prendre part à un débat d'urgence.
Aujourd'hui, nous avons été témoins d'une réponse du . C'était la réponse la plus faible qu'on ait entendue dans l'histoire moderne du Canada à une crise comme celle que nous vivons actuellement.
Les libéraux et les autres partis de l'opposition parlent actuellement des causes possibles de cette situation, mais, pour les conservateurs, ce qui est plus important, c'est la question de l'infrastructure critique qu'est le chemin de fer et de son blocage.
Nous pouvons comprendre les raisons qui ont poussé les personnes, les activistes ou certains groupes des communautés autochtones à faire ce qu'ils font actuellement, mais, comme l'expression le dit, la fin ne justifie pas les moyens.
Le premier ministre a oublié deux éléments importants dans son discours de ce matin. Tout d'abord, il a oublié de dénoncer clairement les actions illégales des militants radicaux. Ensuite, il n'a présenté aucun plan d'action pour mettre fin au blocus et remettre notre économie sur les rails. Sa déclaration est une renonciation complète de sa responsabilité et un manque flagrant de leadership.
Il faut décider ce que représente le Canada. Sommes-nous toujours un pays qui dit oui à de grands projets nationaux ou devons-nous nous prosterner devant des activistes qui cherchent à freiner le développement? Est-ce que les lois canadiennes sont vraiment des lois? Y a-t-il deux catégories de citoyens, ceux qui doivent se soumettre à la loi sans protester et les autres? Comme mon chef l'a dit, allons-nous laisser toute notre économie prise en otage par un petit groupe qui rejette le système juridique qui régit notre pays depuis plus de 150 ans?
Le premier ministre prétend qu'il est sensible, plus que n'importe quel premier ministre avant lui, aux préoccupations des Premières Nations, mais cela ne peut pas être plus vrai que la vérité.
J'ai quelques exemples des commentaires des membres des Premières Nations. La Chambre veut débattre aujourd'hui de toute la problématique autochtone du Canada depuis plus de 150 ans, alors que la question principale est de débloquer nos rails au plus sacrant. C'est l'économie qui est en péril. Nous pouvons comprendre qu'il y ait au Canada des peuples autochtones qui ont des divergences qu'ils essaient de régler et qu'ils cherchent des solutions. Nous sommes tous d'accord sur cela, mais la première chose à faire est de dire aux gens que ce sont quelques dizaines de personnes qui bloquent complètement le réseau ferroviaire au Canada. C'est une infrastructure critique.
En matière d'infrastructure critique, on dépense des milliards de dollars en défense nationale, on dépense des centaines de millions de dollars en sécurité publique pour protéger les infrastructures canadiennes. Cela inclut les cyberattaques, la défense côtière, l'aérospatiale. On peut mettre tout ce qu'on veut. Actuellement, quelques dizaines d'individus, dont plusieurs activistes qui ne sont pas autochtones, soit dit en passant, sont sur les rails au Canada et bloquent l'ensemble du réseau ferroviaire canadien. Pense-t-on que cela a du sens? Pense-t-on qu'il faille passer toute la soirée jusqu'à minuit à parler de la problématique autochtone?
Pourrions-nous en parler demain après avoir libéré les rails et remis le système ferroviaire en marche? C'est cela qui est important. Je ne comprends pas comment la coalition du Bloc québécois, du NPD et des libéraux pourrait parler de la problématique autochtone au sens large, alors que rien ne bouge. Cela ne nous rentre pas dans la tête. J'aimerais un jour avoir une discussion avec les gens des autres partis et qu'on explique aux entreprises et au Canada entier comment on peut se permettre cela.
Revenons à ce que les Autochtones ont déjà dit relativement au problème actuel.
Le chef Larry Nooski a dit que Coastal GasLink représentait une occasion de croissance économique sans pareil pour la Première Nation Nadleh Whut'en. Ils ont durement négocié pour que le peuple Nadleh, y compris les jeunes, puisse bénéficier de ce projet directement ou indirectement, tout en s'assurant que la terre et l'eau seront également protégées.
La chef héréditaire Helen Michelle de la nation Skin Tyee Wet'suwet'en a dit que la majorité des militants n'étaient même pas des Wet'suwet'en. Elle ajoute que son peuple a donné le feu vert à Coastal GasLink, qu'ils ont discuté avec les aînés, qu'ils en ont discuté et rediscuté, et qu'ils les ont ramenés pour marcher le long du territoire qui longera Coastal GasLink. Ils vont leur donner le feu vert.
La chef héréditaire Theresa Tait Day de la nation des Wet'suwet'en a dit qu'en ce qui concerne Coastal GasLink, 85 % de son peuple veut de ce projet.
Au Québec, il y a un sujet très délicat et j'aimerais que mes amis du Bloc m'écoutent. La loi 21 est un sujet très délicat qui fait l'unanimité, ou presque, au Québec. Il y a quand même des Québécois contrent la loi 21. Si des contestataires décidaient de bloquer le pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine et le pont Pierre-Laporte de Québec parce qu'ils sont contre la loi 21, est-ce qu'ils y resteraient longtemps? Est-ce que mes collègues du Bloc seraient d'accord pour qu'ils restent là étant donné qu'ils ont le droit de contester? Non, ils devraient dégager avant de pouvoir discuter. Le même principe s'applique.
Existe-t-il une cause plus importante qu'une autre qui permette de bloquer l'économie nationale?
Ce sont 85 % de la communauté qui sont d'accord sur le projet. Effectivement, 15 % de la population ne sont pas d'accord. Faut-il bloquer l'ensemble des voies ferroviaires parce que 15 % de la population ne sont pas d'accord? Cela n'a aucun sens.
Il faut se demander si le Canada peut se permettre de fermer les yeux sur ces gestes illégaux. On comprend qu'ils veuillent discuter, mais il faut intervenir, d'autant plus que tout le monde sait que les Premières Nations de la région ont accepté le projet.
En Ontario, le chef de la police mohawk de Tyendinaga, Jason Brant, a rappelé aux manifestants que leurs gestes étaient illégaux et qu'ils devaient quitter les lieux pacifiquement. Il a lu une lettre aux manifestants les invitant à retourner à la maison et à communiquer cette intention à la Police provinciale de l'Ontario. La mesure policière consistant à rappeler aux gens de façon pacifique qu'ils commettaient une infraction a été faite. Les policiers ont fait leur travail. Ils ont dit aux manifestants qu'ils ne pouvaient pas rester là. On veut des mesures pacifiques et c'en sont. La police n'est pas toujours agressive. Les policiers ont dit qu'ils avaient reçu une lettre de la Cour et que les manifestants devaient partir. Il n'y avait rien de méchant. C'est quand on n'écoute pas les directives de la police qu'on peut avoir un problème.
En ce qui concerne la sécurité publique, des systèmes de rails ont été trafiqués, et le est au courant. Lorsque les barrages seront levés, il faudra faire une vérification des systèmes de rails puisque c'est dangereux pour les trains. On constate l'urgence de mettre fin aux manifestations et de retrouver un système opérationnel le plus rapidement possible.
Les effets économiques sont énormes, notamment pour les passagers. Effectivement, les passagers peuvent prendre l'autobus ou d'autres moyens de transport. Par contre, cela affecte aussi l'approvisionnement en produits, comme le propane et le chlore, et les infrastructures.
Ce n'est pas seulement une question d'argent. Certains diront que l'argent, ce n'est pas important, que cela pousse dans les arbres. On sait que c'est ce que pense le . Or les entreprises ne vivent pas grâce à l'argent du gouvernement, elles vivent de leur propre argent. Si elles subissent des pertes, personne ne va les compenser, mais on ne commencera pas à parler de cela.
Les municipalités ont besoin de chlore pour assainir l'eau. Si on manque de chlore, on aura un problème de santé publique. Il y a plusieurs problèmes de ce genre.
Oui, les problèmes de négociations relatifs aux enjeux autochtones sont importants. Nous avons des porte-parole en matière de relations autochtones qui s'occupent de cela. Cependant, l'urgence, aujourd'hui, est de dégager la voie ferrée pour que la reprise économique s'amorce. Ensuite, nous pourrons tenir les discussions qui s'imposent.
:
Madame la Présidente, je voudrais vous informer que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Dans la circonscription de La Prairie — ce n'est pas avec fierté que je le dis —, nous avons en quelque sorte été les pionniers de la triste situation que nous vivons présentement. En effet, dès lundi de la semaine passée, plus de 3 000 citoyens de mon coin de pays ont été privés de transport collectif à cause d'un barrage érigé à Kahnawake par une dizaine d'individus — nous ne sommes pas trop sûrs du nombre exact. Nous avons donc été les premiers à subir les conséquences de la crise et ma circonscription a véritablement été un microcosme de ce que l'on retrouve actuellement dans l'ensemble du Québec.
Étant en quelque sorte responsable du bien-être des citoyens de ma circonscription, j'ai essayé d'améliorer la situation, voire de régler le problème — on a toujours espoir. J'ai posé la question ce matin et la discussion allait dans ce sens-là cet après-midi: j'ai cherché la personne qui s'occupe de cette situation au sein de ce gouvernement, j'ai cherché le dirigeant responsable de résoudre la crise. Or, cela n'est pas facile du tout.
Je me suis alors dit qu'il devait y avoir un conflit puisque le chef de bande a indiqué que ce n'était pas le conseil de bande qui avait dit aux manifestants d'ériger leur barrage, mais qu'il ne ferait pas intervenir les Peacekeepers pour les en empêcher.
C'est à ce moment que j'ai compris qu'il s'agissait d'un problème de communication, à moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'un problème entre les différents Autochtones sur la réserve. Ensuite, je me suis dit que c'était un problème de gestion des relations avec les Autochtones et que, puisque nous avons deux ministres qui s'occupent de la question, les probabilités que j'en attrape un qui puisse m'aider étaient bonnes.
J'ai donc appelé le bureau de la . Cependant, je n'ai jamais eu de réponse de qui que ce soit. C'était un peu comme si j'avais appelé un hôpital, où personne ne répond. J'ai laissé des messages, mais je n'ai reçu aucun retour d'appel.
Je me suis alors dit que j'allais essayer le deuxième ministre et j'ai donc appelé le . J'étais sûr qu'il allait répondre. Pourtant, je n'en ai eu aucune réponse. Plus tard dans la journée, à force de lui écrire, nous avons reçu un courriel nous informant que c'était le ministre des Transports qui s'occupait du dossier. Je suis alors devenu très inquiet.
Nous avons communiqué avec le , qui nous a répondu que le CN avait obtenu une injonction contre les manifestants bloquant ses voies ferrées. Puis, la communication s'est arrêtée là.
Premièrement, c'est le CP qui dessert ma circonscription, et non le CN. Cette information ne fait donc pas avancer le dossier. Deuxièmement, j'entends peu de temps après le ministre déclarer à la télévision que ce n'est pas le problème du fédéral, que la situation relève des provinces et que c'est à elles de s'arranger pour faire régner l'ordre.
J'étais très inquiet. Quand j'entends mes collègues conservateurs brandir le poing et jouer aux G.I. Joe, je suis inquiet. Pourquoi suis-je inquiet? Je suis inquiet parce que dans ma circonscription, en 1990, quelqu'un a joué au G.I. Joe. Cela n'a pas bien fini. Trente ans plus tard, on en récolte encore les conséquences. Il y a des cicatrices qui sont restées.
Par conséquent, quand j'ai vu cette situation survenir au début de la semaine passée, je me suis dit qu'il fallait négocier, qu'il fallait trouver quelqu'un qui négocie. Je vous vois me regarder, madame la Présidente, et vous demander qui était l'heureux élu, le dirigeant qui m'a aidé.
C'est une bonne question, car personne ne m'a aidé, pas un seul des deux ministres. Il y en a une que je croyais même être une légende urbaine: je me suis dit qu'elle n'existe sûrement pas, puisque je ne l'ai vue nulle part et qu'elle ne m'a pas répondu.
Je suis un gars sympathique qui aime les bonnes relations. Les ministres responsables des affaires autochtones voient que le premier problème à apparaître au Québec, c'est à Kahnawake. Étant député à la Chambre des communes, je m'attendais donc à ce que l'un des ministres demande dans quelle circonscription tout cela se passait. Cela se passe dans la circonscription de La Prairie. Je devrais peut-être les appeler, histoire de leur dire de ne pas paniquer, que nous sommes là, etc.
C’était mon rêve, mais ce n’est pas du tout ce qui est arrivé. Le contraire s'est produit. Je me suis donc tourné vers le . J'ai été déçu. Cette gestion de crise est une litanie de déceptions.
Quand on voit que le est en Afrique pour essayer d’avoir des sièges au Conseil de sécurité, alors que la sécurité de son pays va mal, cela me pose un problème. Quand je ne vois la nulle part, cela me pose encore un problème.
Six jours plus tard, mes concitoyens étaient obligés de prendre l’autobus. J’ai appelé la compagnie Exo, qui aide vraiment mes concitoyens en leur offrant du transport en autobus. Les gens d’Exo m’ont dit qu’il s’agissait de mesures d’urgence. Cela voulait dire que c’était limité, que cela allait s’effilocher et qu’on n’aurait plus les bons autobus. Des chauffeurs d’autobus qui viennent d’Abitibi et de Trois-Rivières pour donner un coup de main ne viendraient plus. C’était une situation dramatique.
Aujourd’hui, je m’aperçois que nous avons carrément perdu huit ou neuf jours. Les gens de ma circonscription subissent les répercussions de l’inaction de ce gouvernement depuis huit jours. Il n’y a rien. On n’a même pas fait un pas dans la bonne direction encore.
Ces gens subissent les conséquences de l’inaction, des paroles creuses et des vœux pieux du premier ministre. En 2015, il parlait de réconciliation avec les peuples autochtones. Aujourd’hui, je l’ai entendu annoncer qu’il y aurait une déclaration ministérielle. J’ai pensé qu’on allait apprendre quelque chose. Eh bien non, il a lu le texte qu’il avait lu lors de l’élection de 2015. Quelle est la progression entre 2015 et 2019 de celui qui est un adepte des chansons de Dalida: « Parole, parole, parole »? Il n’a fait aucune progression. Il ne s’est rien passé. On s’est concocté une crise. Plus tard, dans 10, 15, 20 ou 30 ans, quand on enseignera la gestion de crise, probablement qu’on sortira l’œuvre magistrale du gouvernement libéral de la semaine passée. On dira que cela se retrouve en haut du palmarès des échecs de gestion de crise. Les gens vont se demander si c’est possible. Oui, ce l’est.
La crise a pointé son nez en 2010. En 2010 déjà, des gens avaient érigé des cabanes pour riposter au passage de Coastal GasLink. En 2019, les premières arrestations ont eu lieu. En décembre, la GRC a décidé d’envoyer des tireurs d’élite pareils à Chuck Norris. On a envoyé des tireurs d’élite. On trouve peut-être cela drôle, mais, pour mon monde qui attend l’autobus actuellement, ce n’est pas drôle. Eux, ils ont eu cette idée. Ce gouvernement s’est dit que ce serait une bonne idée d’envoyer des tireurs d’élite. Cela n’a aucun sens. On ne peut rester coi devant cela.
C’est une crise qui a été développée à la suite de l’inaction répétée et constante de ce gouvernement. Dans la déclaration ministérielle d’aujourd’hui, on n’a encore une fois que répété des vœux pieux. Est-ce qu’on a trouvé des traces d’une gestion potentielle? Non. Tout ce que nous avons eu, c’est une déclaration, vendredi dernier, du , qui nous a dit que la situation était grave et qu’il y avait beaucoup de conséquences à la crise. D’accord, mais que fait-on? Qui va gérer cette crise? Qui va s’en occuper? Nous attendons encore.
Nous, du Bloc québécois, dès la semaine dernière, nous avons dit qu'il fallait un conseil de crise, qu'il fallait un médiateur et qu'il aurait fallu revenir à la Chambre hier pour se diriger plus rapidement vers une destination qui plaira à tout le monde, soit la résolution de la crise. Personne ici ne veut pas cela.
Il va falloir que ce gouvernement se mette les yeux en face des trous et règle cette situation. Les gens de ma circonscription attendent et commencent à être tannés.
:
Madame la Présidente, on parle aujourd'hui de la situation relative aux blocages ferroviaires. Ce dont on parle d'abord et avant tout, c'est d'un gâchis.
Il s'agit d'un gâchis libéral. En plus d'être un gâchis libéral, il s'agit d'un gâchis canadien. Présentement, ce que l'on voit, c'est que le gouvernement fait preuve d'un laisser-faire. Je vais en arriver tranquillement à la situation des blocages ferroviaires.
Le gouvernement fait preuve d'un laisser-faire sur le plan de l'autoréglementation des entreprises ferroviaires, par exemple. Elles décident elles-mêmes, à peu près, des règles qui fonctionnent pour elles. Cela entraîne des conséquences comme des accidents et des explosions. Les Québécois se souviennent bien de la tragédie du Lac-Mégantic, et je pense qu'ils ne l'oublieront pas de sitôt.
Il y a aussi un laisser-faire relativement aux contrôleurs. En 2012, il n'y a pas si longtemps, il y avait cinq centres de contrôle ferroviaire au Canada. Bientôt, il y en aura seulement deux, soit un pour le Canadien National, le CN, et un pour le Canadien Pacifique, le CP. Si un accident se produit, que se passera-t-il? On ne le sait pas. Le trafic ferroviaire sera interrompu partout au pays. On ne pourra rien y faire et on va se retrouver dans la même situation que celle que l'on vit en ce moment. Encore là, il y a un laisser-faire.
Il y a aussi un laisser-faire en ce qui a trait à la Loi sur les Indiens, une loi que le Canada a imposée aux Autochtones, en 1876, de façon coloniale et paternaliste. Au fond, cette loi traitait les Autochtones comme des enfants et ils se faisaient dire ce qui était bon pour eux. Cela a instauré un climat d'amertume et de tension. La loi a été instaurée en 1876; aujourd'hui, nous sommes en 2020. Entre 1876 et 2020, il y en a eu du temps. Comment se fait-il que cela ait pris tant de temps avant d'entrevoir la possibilité que la loi n'est pas tout à fait adaptée à la réalité?
Du côté du gouvernement, on ne le dit pas clairement. En fait, on a entendu des doléances de la part du gouvernement. Du bout des lèvres, le gouvernement a dit que ce n'était pas parfait. Nous savons quel est le problème: il s'agit de la maudite Loi sur les Indiens. Cette dernière est catastrophique pour les Autochtones. D'ailleurs, ces derniers ne l'ont jamais acceptée.
À long terme, la crise actuelle découle de la Loi sur les Indiens. À court terme, il y a aussi un autre problème, soit le gouvernement libéral. C'est pour cela que je parle du gouvernement canadien dans son ensemble et du gouvernement libéral. Il y en a un à long terme et un à court terme.
Des blocages ferroviaires ont été mis en place tranquillement un peu partout au Canada. Lors des premiers blocages, le gouvernement faisait l'autruche. On ne répondait pas au téléphone et on ne savait pas ce qui se passait. On agissait comme s'il n'y avait pas de problème. Tout va très bien, Madame la Marquise. C'est assez hallucinant.
Aux nouvelles, on voyait des topos sur la situation, on voyait des gens qui bloquaient des voies ferrées. Du côté du gouvernement, il n'y avait pas de réponse, pas de répondant, pas de signal, pas de lumière. Cela a évidemment fait réagir les gens. Plutôt que d'agir, d'aller rencontrer les gens ou de prendre une initiative tout de suite, le gouvernement a laissé les choses aller. Les jours ont passé, et les blocages se sont multipliés au lieu de disparaître. En effet, il n'y a pas seulement un blocage ferroviaire, il y en a deux, trois, quatre ou cinq. Je ne sais pas combien il y en a, puisque je ne les compte plus. Dans une situation comme celle-là, on ne peut plus simplement dire qu'il n'y a pas de problème et on ne peut pas juste regarder ailleurs, parce que c'est bloqué partout. Le CN a décidé d'arrêter ses trains, tout comme VIA Rail, mais cela cause des problèmes.
Tout à l'heure, mon collègue le député de disait qu'il avait essayé de joindre la et le , mais que tous deux étaient injoignables. Il n'y avait pas de réponse. C'était difficile de s'y retrouver.
Aussi, la était pratiquement inexistante. Il n'y avait pas de réponse ou de leadership de ce côté-là. On ne sait pas où elle était pendant cette crise.
Quant au , il était à l'étranger. Il cherchait à décrocher un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui n'est évidemment pas négatif en soi. Le problème, c'est que lorsque la maison est en feu, on s'occupe habituellement des problèmes plutôt que d'aller chercher des gratifications ailleurs. À mon avis, jusqu'à maintenant, la gestion du gouvernement est catastrophique.
Pour ce qui est du , il était un fantôme. On ne le voyait pas et on ne savait pas où il était. La première fois qu'on l'a vu, c'était lors de la réunion des premiers ministres de toutes les provinces. Comme il y avait des caméras pendant la réunion, on n'a pas eu le choix de dire quelque chose. Ce qu'on a finalement appris, c'est que le ministre s'en lavait les mains et que les provinces devaient trouver une solution.
Au début, on pouvait dire qu'il y avait un blocus en Colombie-Britannique, mais, maintenant, il y en a partout. C'est le système ferroviaire au complet qui est bloqué. Ce n'est pas un problème qui ne concerne qu'une petite province à qui on dit de s'arranger avec ses problèmes. C'est tout le monde qui en pâtit. Je pense que le gouvernement fait preuve d'une déconnexion totale dans cette gestion.
C'est assez décevant, parce que cela a pris à peu près une semaine avant qu'on commence à se dire qu'il y avait finalement peut-être un problème. Que s'est-il passé pendant cette semaine? Il ne s'est rien passé. Il y avait des blocus, des gens manifestaient, des marchandises n'étaient plus transportées. Du côté du gouvernement, il ne s'est rien passé. On a laissé pourrir la situation. Évidemment, quand on laisse pourrir une situation, tout ce qui traîne se salit et la situation s'aggrave. La gangrène s'installe dans la plaie et cela devient de plus en plus difficile à régler. C'est évident que cela a été mal géré, et c'est évident qu'un coup de barre doit être donné de l'autre côté.
Devant à la colère de tout le monde, le gouvernement a fini par considérer qu'il y avait peut-être un problème et qu'il faudrait peut-être qu'il commence à y penser. En fin de semaine, des ministres piteux sont allés faire des rencontres un peu partout, la tête basse. Ils se disaient qu'ils étaient forcés d'aller leur parler alors qu'ils auraient dû le faire une semaine auparavant. C'est un peu décevant. En fait, c'est pas mal décevant parce que, en plus, le résultat n'a pas été terrible. Un barrage a été levé, mais, ailleurs, rien n'a bougé et les barrages sont encore là.
On comprendra notre déception. En effet, on aurait dû prendre le taureau par les cornes et aller voir ces personnes dès le début. On aurait dû prendre en considération ces personnes, qui manifestaient pour de bonnes raisons: elles ne sont pas contentes qu'on leur enfonce un oléoduc dans la gorge. Au Québec, on ne serait pas content non plus qu'on nous enfonce Énergie Est dans la gorge. Je pense que les manifestations seraient pas mal importantes, si cela se produisait.
De plus, ces gens ne sont pas contents de la manière dont ils sont traités en vertu de la Loi sur les Indiens. Ils ont toutes les raisons de se plaindre. Il faut les écouter et prendre acte du problème qu'ils vivent. On ne doit pas les ignorer et détourner le regard quand il y a un problème, et on ne doit pas laisser les entreprises dans le pétrin. Cela n'a pas de commune mesure.
Voici la situation actuelle: le CN a dit à 450 personnes de retourner chez elles. Elles ne peuvent pas travailler, parce que la voie ferrée n'est pas fonctionnelle. Cela pourrait n'être qu'un début. Ce nombre pourrait monter à 1 000, 2 000 ou 6 000 personnes parce que beaucoup de gens y travaillent. Si les gens ne peuvent pas travailler, on ne les paiera pas à se tourner les pouces devant leur bureau. Il faut que ça bouge.
Donc, le CN ne bouge plus. Ce sera ensuite au tour des épiceries de se dire qu'elles vont manquer de stock et d'en faire venir par camion. Elles vont devoir augmenter leurs prix parce que cela va leur coûter 25 % plus cher.
Par ailleurs, le propane ne se rend plus chez les agriculteurs, ni dans les écoles ni dans les hôpitaux, qui paniquent parce qu'on pourrait bien se retrouver dans une situation où on n'a plus de propane. Les villes pourraient ne plus avoir de chlore. Éventuellement, elles ne pourraient même plus traiter leur eau. Je crois que l'eau potable constitue une question importante. Le port de Montréal, si cela continue, ne pourrait plus recevoir des bateaux. C'est du moins ce qui a été sous-entendu aujourd'hui. Ce serait un blocage.
Dans ma circonscription, je pense aux entreprises qui en écopent. ArcelorMittal nous appelle chez nous. Près de 2 000 personnes y travaillent. On nous dit qu'il va falloir ralentir la cadence à un moment donné. Les métaux n'arrivent plus et ils ne sont plus capables de produire le stock. Danone, qui emploie des centaines de personnes de la circonscription et qui fournit tout le yogourt au pays, nous dit la même chose. Le yogourt ne sera plus bon et ils ne savent plus quoi faire.
Aujourd'hui, devant tous ces problèmes, on a un qui s'est dit qu'il allait faire une déclaration de ministre à la Chambre des communes, mais qui n'a rien dit. Il nous a simplement répété les mêmes choses, c'est-à-dire qu'il y avait un problème et qu'ils vont essayer de se parler. Il n'y a pas de solution ni de plan d'action. On est pas mal découragé.
Pourtant, le Bloc québécois a proposé des solutions. On a proposé de mettre en place une cellule de crise dès le début. Le gouvernement ne l'a pas fait. Il a attendu. Après cela, on a proposé un médiateur. Le gouvernement n'a rien fait, il a attendu. On a proposé de revenir à la Chambre, hier. Le gouvernement n'a pas voulu. On propose aussi — ce serait la moindre des choses — d'arrêter les travaux du pipeline Coastal GasLink, cela serait peut-être bon pour le dialogue.
On aimerait que le gouvernement écoute nos propositions et qu'il se mette à l'action. On pourrait aussi, au bout du compte, finir par étudier comme il faut la Loi sur les Indiens et par la rendre conforme aux exigences et aux besoins des Premières Nations.
:
Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de prendre la parole ce soir sur le territoire non cédé du peuple algonquin.
J'aimerais d'abord remercier le député de d'avoir demandé la tenue de cet important débat ce soir.
[Français]
Il est important que nous puissions discuter des enjeux et des solutions possibles au sein de cette assemblée, quelle que soit la ligne de parti.
[Traduction]
Les Canadiens sont inquiets. Comme l'a exprimé avec tant d'éloquence ce matin le , les Canadiens s'attendent à nous voir travailler tous ensemble pour traverser cette épreuve. Des jeunes en larmes m'ont dit combien il leur a été pénible de visionner ces images et de voir leurs amis se faire arrêter pour avoir défendu leurs convictions. Cette situation s'est produite il y a un an, puis à nouveau au début du mois.
Comme l'a expliqué avec sincérité le , nous pensons avoir tiré les leçons de la crise d'Oka, mais aussi des incidents d'Ipperwash, de Caledonia et du lac Gustafsen. L'année dernière, nous avons déclaré que nous ne voulions plus jamais revoir d'images de policiers devant recourir à la force dans une communauté autochtone pour maintenir la paix.
La population canadienne compte sur nous pour collaborer à la création d'un espace de dialogue respectueux avec les Wet'suwet'en. Nous souhaitons tous que ce conflit soit résolu de manière pacifique. Nous voulons que les Wet'suwet'en se réunissent et résolvent leurs différences d'opinions.
[Français]
Nous voulons qu'il y ait une clarté totale et une compréhension commune des lois de Wet'suwet'en.
[Traduction]
Nous sommes inspirés par le courageux peuple wet’suwet’en qui a porté la reconnaissance de ses droits devant la Cour suprême du Canada dans l'affaire Delgamuukw en 1997. Depuis 2018, nous avons pu investir dans leurs recherches sur des négociations dans le cadre de revendications précises, la préparation des négociations, la reconstruction des nations et les tables de reconnaissance des droits ainsi que leurs contributions au processus de la Commission des traités de la Colombie-Britannique et nous en sommes fiers.
Il y a deux ans, c'est avec fierté que j'ai signé, avec les chefs héréditaires de l'Office of the Wet'suwet'en, un accord affirmant leurs droits sur les services à l'enfance et à la famille. Depuis, le gouvernement a adopté le projet de loi pour que les Premières Nations puissent adopter leurs propres mesures législatives sur le bien-être des enfants et ne soient plus assujetties à l'article 88 de la Loi sur les Indiens, qui donnait aux provinces des principes d'application générale dans les cas autres que ceux où le Canada était explicite au sujet des droits des Premières Nations en matière de santé et d'éducation.
Partout au Canada, plus de la moitié des bandes assujetties à la Loi sur les Indiens siègent maintenant à des tables pour faire avancer leurs priorités en exerçant leur compétence. Qu'on parle de l'éducation, des pêches, des services à l'enfance et à la famille, des services de police ou de leurs propres systèmes de tribunaux, nous avons fait de grands pas dans l'entreprise difficile consistant, selon la description qu'en donne Lee Crowchild, à déconstruire les effets de la colonisation.
Sur la côte Ouest, nous avons par exemple été inspirés par le Sommet de la Colombie-Britannique, qui a permis de conclure une entente avec le fédéral et la province de la Colombie-Britannique en vertu de laquelle les notions d'aliénation, de cession et d'abandon seront à jamais absentes des traités, accords et autres ententes constructives.
Nous avons tous convenu que les Premières Nations n'auront plus besoin d'emprunter de l'argent pour financer leurs négociations avec l'État canadien. Nous avons aussi décidé de radier les prêts existants et nous avons même, dans certains cas, redonné leur argent aux nations qui avaient fini de rembourser leurs prêts.
Nous avons élaboré une nouvelle politique financière collaborative en partenariat avec les Premières Nations déjà autonomes afin qu'elles aient accès à du financement stable, prévisible et adéquat pour voir à leurs affaires.
[Français]
Ce nouveau mode de financement leur offre beaucoup plus d'argent qu'ils n'en auraient reçu en vertu de la Loi sur les Indiens.
[Traduction]
Les conditions sont réunies pour que la relation avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis soit désormais axée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat, comme l'indiquaient d'ailleurs les lettres de mandat de tous les ministres.
Quel plaisir ce fut de voir la manière créative et innovatrice dont les Ktunaxas et les Sto:los ont abordé la négociation des traités modernes.
Nous avons été inspirés de voir les chefs héréditaires, le chef élu et le conseil de bande des Heiltsuks unir leurs efforts pour conclure un accord sur l'accession à l'autonomie gouvernementale avec le Canada. De nombreuses nations ont connu le succès dès que leurs chefs héréditaires et chefs élus ont accepté de travailler main dans la main, et je suis impatiente de pouvoir en discuter avec les Wet'suwet'en.
Le temps est maintenant venu d'appliquer l'arrêt Delgamuukw. Le temps est venu de montrer que la solution à la question des droits et des titres ancestraux passe par le dialogue.
[Français]
Mon travail consiste à assurer que le Canada trouve des solutions hors tribunaux, ainsi qu'à accélérer les négociations et les ententes aux tables où un véritable changement peut avoir lieu.
[Traduction]
Après la décision rendue dans l'affaire Tsilhqot'in, nous avons été inspirés par le travail inlassable qu'a accompli le gouvernement national tsilhqot'in en vue de développer sa capacité à gouverner, de rédiger une constitution et des lois, et d'établir son gouvernement.
J'espère qu'il y aura des processus non judiciaires pour définir les titres; c'est ce que nous espérons pour Haida Gwaii. Il est très difficile de définir les titres dans plusieurs régions du Canada. De nombreuses nations occupent un territoire depuis des générations. Je n'oublierai jamais ce que j'ai ressenti, sur le territoire tsilhqot'in, lors de la cérémonie de signature avec le . Je regardais cette terre entourée de montagnes où les Tsilhqot'ins vivent depuis des millénaires. Il m'apparaissait évident que tous ceux qui se tiendraient à cet endroit comprendraient pourquoi ils avaient remporté leur cause devant la Cour suprême du Canada.
Le Canada vit un moment décisif. Nous devons composer efficacement avec l'incertitude. Les Canadiens souhaitent que le Canada respecte les droits des Autochtones et ils veulent que ce dossier avance rondement.
Les Canadiens comptent sur nous pour mettre en œuvre des règles et des processus qui permettront de concrétiser de façon honorable l'article 35 de la Constitution du Canada. On nous rappelle souvent que les droits inhérents existaient avant l'article 35: ils sont bel et bien inhérents, après tout, tout comme les droits issus de traités.
La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones est une première étape importante pour nous aider à atteindre cet objectif. Nous devons bien expliquer, comme nombre d'universitaires et de tribunaux l'ont fait, que la notion de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause n'a rien d'effrayant. Le principe du consentement ne constitue pas un droit de veto. Selon le projet de loi , il faudra obligatoirement tenir compte des peuples autochtones et du savoir autochtone dès qu'un grand projet sera présenté.
L'article 19 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a véritablement été décrit comme un processus à appliquer à l'aménagement du territoire afin de respecter les droits des peuples autochtones.
L'expérience du Nunavut nous a enseigné que, lorsque les revendications territoriales sont réglées, les bons projets reçoivent le feu vert, les mauvais projets sont stoppés et les projets médiocres doivent être révisés de manière à les rendre meilleurs sur le plan de la gestion de l'environnement, de la protection culturelle ou des emplois pour les bénéficiaires inuits. Les Nunavummiuts acceptent les décisions qui sont prises dans le cadre de ce processus lorsque les intervenants fédéraux et territoriaux ainsi que les détenteurs de droits inuits prennent la décision ensemble.
Les Canadiens sont conscients qu'il y a des opinions divergentes parmi les Wet'suwet'en. Nous avons souvent entendu dire à la Chambre que 20 chefs élus et leurs conseils ont approuvé le projet en consultation avec leur communauté. Des dirigeantes ont exprimé leur avis en disant que le projet peut éliminer la pauvreté ou créer des emplois intéressants pour les jeunes hommes tout en contribuant à réduire la violence familiale et le taux d'incarcération. Certains ont affirmé que, selon la vision du monde des Autochtones, le fait d'offrir une source d'énergie qui aidera la Chine à moins recourir aux centrales au charbon est une bonne chose pour la Terre mère.
Cependant, seuls les Wet'suwet'en peuvent prendre la décision. Nous espérons que les Wet'suwet'en pourront s'entendre et prendre ensemble des décisions qui seront dans l'intérêt supérieur de leurs enfants, de leurs petits-enfants et des générations suivantes.
[Français]
Nous saluons les milliers de jeunes Canadiens qui luttent pour la justice climatique.
[Traduction]
Nous savons que ces jeunes gens ont besoin d'espoir et qu'ils veulent un véritable plan d'attaque contre la crise climatique. Nous sommes d'avis que nous avons un plan efficace, qui traite de technologie propre, d'énergie renouvelable, de transports en commun et de protection des terres et des eaux.
Nous voulons que les jeunes du Canada, de même que tous ceux qui sonnent l'alarme au sujet des changements climatiques depuis des décennies, se sentent entendus.
[Français]
Ils doivent avoir de l'espoir et se sentir parties prenantes de l'élaboration de véritables solutions.
[Traduction]
Ce soir, nous tenons un débat d'urgence parce que notre pays souffre. Nous le tenons pour les peuples autochtones et pour tous ceux qui sont touchés un peu partout au pays.
Hier, j'ai assisté à une réunion avec le ministre britanno-colombien Scott Fraser. Cet après-midi, j'ai eu un appel avec les chefs héréditaires, à qui j'ai dit que nous étions prêts à rencontrer les chefs héréditaires des Wet'suwet'en au moment et à l'endroit de leur choix.
Avec le et le premier ministre provincial, nous voulons appuyer des solutions et l'atteinte de leurs buts à court et à long terme. Nous voulons voir l'espoir et le travail acharné qui a mené à la décision Delgamuukw en 1997. Nous voulons tracer une nouvelle voie avec la nation des Wet'suwet'en où il y a unité et prospérité ainsi qu'un plan à long terme pour protéger leurs lois, leurs terres, leur eau et leur air. Nous voulons aussi voir la nation des Wet'suwet'en s'épanouir avec sa propre constitution et ses propres lois fondées sur ses coutumes et ses pratiques juridiques traditionnelles.
Nous remercions le premier ministre Horgan de ses efforts pour résoudre le problème. Merci aussi à Murray Rankin pour le travail qu'il a entrepris en avril dernier avec les chefs et leur conseil élus et les chefs héréditaires, relativement à leurs droits et à leur titre. Nous remercions Nathan Cullen, qui a tenté de désamorcer le conflit.
Je suis très fière de travailler avec la province de la Colombie-Britannique. Je crois que tous les députés félicitent celle-ci de l'adoption du projet de loi 41, qui inscrit dans la loi de cette province la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Le gouvernement investit dans le travail de Val Napoleon et John Borrows au pavillon en droit autochtone de l'Université de Victoria, et il s'en inspire. On pourra ensuite mener des recherches sur les lois de nombreuses nations afin de créer une structure de gouvernance et des constitutions qui les respectent. Il est important de comprendre les dommages causés par la colonisation et les pensionnats, ce qui a parfois entraîné des interprétations différentes des pratiques et usages juridiques traditionnels.
[Français]
Nous pensons qu’il sera un jour possible que le Canada intègre le droit autochtone, comme nous l’avons fait dans le cas de la common law et des droits civils dans le processus législatif canadien.
[Traduction]
Nous visons à mettre en œuvre les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation ainsi qu'à faire mieux connaître notre histoire commune. Il est nécessaire, pour nous tous, que les chefs autochtones sachent que nous sommes sérieux. Nous voulons vraiment rebâtir la confiance et collaborer avec respect, comme le et le l'ont dit aujourd'hui en toute sincérité.
Nous espérons que les Wet'suwet'en pourront dire à ceux qui leur ont montré leur solidarité que le temps est venu de se retirer afin de créer un espace pour un dialogue pacifique. Nous pourrons ainsi nous remettre au travail afin que la nation des Wet'suwet'en puisse disposer de ses propres lois et pratiques de gouvernance et collaborer de nation à nation avec la Couronne.
Même si je suis à Ottawa pour le débat de ce soir, j'espère pouvoir retourner dès que possible en Colombie-Britannique pour poursuivre le travail.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
J'aimerais remercier le Président d'avoir permis la tenue de ce débat d'urgence. Cette question revêt une importance capitale pour l'ensemble du pays. En toute franchise, les choses n'auraient pas dû se dérouler ainsi. Nous savions depuis des mois que le pipeline Coastal GasLink représenterait un défi en Colombie-Britannique. Le gouvernement n'en a fait aucun cas. Les libéraux sont responsables de la crise qui sévit aujourd'hui parce qu'ils n'ont pas pris les devants dans ce dossier.
Que se passe-t-il dans tout le pays? Je pense que tous les députés conviennent que les manifestations constituent l'un de nos droits en tant que citoyens du pays. Même si les manifestants érigent parfois des barrages routiers ou d'autres choses du genre, nous les tolérons parce que nous savons que c'est important. Parfois, ils vont trop loin et ils bloquent l'accès à des infrastructures essentielles, ce qui est illégal, de toute évidence.
Quelles sont les répercussions de telles actions? Personne n'a vraiment parlé de l'impact de ces manifestations d'un océan à l'autre. Quelles sont les conséquences de ces barrages illégaux? Je ne parle pas ici de manifestations pacifiques, un droit dont jouissent tous les Canadiens, mais bien de barrages érigés sur notre réseau ferroviaire et d'autres actions de la sorte.
Il y a une pénurie d'aliments et de préparations pour nourrissons dans de plus en plus de magasins, car les produits ne peuvent pas être transportés à l'intérieur du pays. De nombreuses maisons sont chauffées au propane, et le propane est transporté par train. Le manque de propane a une incidence non seulement sur les résidences, mais aussi sur les maisons de retraite et les exploitations agricoles.
Le secteur forestier est en crise en Colombie-Britannique. L'industrie bat de l'aile. Or, voilà que le bois ne se rend pas de la forêt aux scieries, puis aux clients. Une industrie qui souffre déjà écope d'un autre coup dur.
À l'heure actuelle, 66 grands cargos attendent dans les eaux de la Colombie-Britannique. Cela coûte 425 millions de dollars par jour. C'est non négligeable! Les réseaux d'aqueduc n'auront pas le chlore dont ils ont besoin.
Pas plus tard qu'aujourd'hui, des manifestants ont bloqué le domicile du premier ministre de la Colombie-Britannique pour l'empêcher de se rendre à l'Assemblée législative. Des journalistes ont dû escalader les murs pour accéder à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique et couvrir le discours du Trône.
De toute évidence, comme l'a reconnu le aujourd'hui, nous sommes aux prises avec des actes dangereux, dont la destruction de nos chemins de fer. On m'apprend que des feux de signalisation ont été vandalisés et que des véhicules et des ponts ont été considérablement endommagés. Ce n'est pas banal.
Aujourd'hui, j'ai entendu le n'admettre que du bout des lèvres ce qui se passe sur le terrain. C'est grave. Je n'ai jamais rien vu de pareil.
Une trentaine d'organismes canadiens, de la Chambre de commerce à l'industrie de l'aluminium en passant par le secteur des mines, ont publié une déclaration commune dont voici un extrait:
[...] ces barrages illégaux nuisent gravement à l'économie, compromettant d'innombrables emplois de la classe moyenne, dont beaucoup dans les industries dont les produits, les pièces et les ingrédients sont transportés par train. En plus de perturber les chaînes d'approvisionnement intérieure et mondiale, les barrages nuisent à la réputation du Canada à titre de partenaire fiable pour le commerce international. En outre, ils compromettent la sécurité publique en empêchant la distribution de produits essentiels tels que le chlore pour le traitement de l'eau et le propane pour chauffer les maisons [...].
Je vais faire part à la Chambre de ce que je sais du projet.
Le processus d'approbation a été très long. Le projet vise à construire un gazoduc d'environ 670 kilomètres qui achemine du gaz de la région de Dawson Creek vers une installation située près de Kitimat, en Colombie-Britannique, aux fins d'exportation. On considère qu'il offre non seulement des avantages économiques pour le Canada, mais aussi une occasion de réduire des émissions mondiales.
Nous savons que 20 chefs élus ont donné leur appui au projet. Je crois comprendre qu'un certain nombre de chefs héréditaires l'ont également appuyé. Le processus a inclus la consultation d'un certain nombre de communautés et les conseils élus ont soumis le projet à un référendum aux fins d'approbation. Ce ne sont pas seulement les chefs élus qui disent « oui ». De nombreuses communautés ont tenu un référendum.
De toute évidence, un groupe de chefs héréditaires s'y oppose. Cependant, un autre point important est que certains de ces chefs se sont portés candidats aux conseils élus et n'ont pas été élus.
Il y a eu un rassemblement à Prince George et j'ai écouté des intervenants wet'suwet'en — de Crystal Smith à l'aînée Elsie Tiljoe — parler à tour de rôle de l'importance de ce projet pour leur communauté.
Selon le processus interne lancé par la chef héréditaire Theresa Tait-Day, 85 % des Wet’suwet’en dans sa communauté approuvent le projet.
Je le répète, il est évident que des problèmes se profilaient à l'horizon depuis des mois, mais le gouvernement les a laissés s'amplifier au point de devenir une crise.
Maintenant, des groupes comme Extinction Rebellion et Justice climatique, entre autres, jouent un rôle central dans la contestation. De nombreuses personnes, y compris des Wet’suwet’en, ont qualifié ces groupes de personnes de l'extérieur qui profitent de la division au sein des communautés des Premières Nations dans l'espoir de semer le chaos. Je crois que, pour bon nombre de ces gens, il s'agit d'une répétition générale avant de bloquer les travaux de l'oléoduc Trans Mountain et de tout autre projet énergétique. Leur objectif n'est pas de s'attaquer aux graves problèmes de gouvernance des communautés des Premières Nations, mais bien de démanteler les infrastructures énergétiques dans tout le pays.
Ellis Ross, député provincial actuel et ancien membre d'un conseil de bande qui a pris part aux négociations entourant l'entente sur les retombées, a déclaré ceci: « À l'origine, c'est la Loi sur les Indiens qui nous opprimait, et nous avons fini par avoir le dessus. Maintenant, ce sont les ONG, voire les organismes autochtones, qui nous oppriment. Au milieu de toutes ces manœuvres et de cette politique, les Autochtones ordinaires restent pris avec leurs problèmes sociaux. »
Vernon Mitchell, membre de la nation des Wet'suwet'en, a déclaré ceci au sujet d'une partie des personnes qui s'opposent au projet: « Ils ne savent absolument rien de notre territoire, mais ils érigent quand même des barrages routiers... Ils nuisent à mon peuple et à mes enfants. »
À ce jour, le gouvernement s'est contenté d'ignorer le problème et de le pelleter dans la cour de la Colombie-Britannique. L'allocution livrée aujourd'hui par le du Canada s'est révélée particulièrement décevante. On a entendu de belles paroles, mais il n'a pas été question d'un plan d'action concret. Aujourd'hui, le premier ministre Moe a demandé la tenue d'une conférence téléphonique avec tous les premiers ministres provinciaux après avoir constaté que le gouvernement ne faisait rien et renonçait à prendre ses responsabilités.
Malgré le discours du sur la nécessité d'écouter différents points de vue, il n'y a manifestement qu'une seule perspective qui importe: la sienne. Il exclut du dialogue un grand nombre d'acteurs importants.
Le pays traverse une crise et se retrouve avec un problème de leadership. Le gouvernement actuel a laissé la situation se détériorer et se transformer en crise nationale. Il n'a que lui-même à blâmer.
:
Madame la Présidente, je prends la parole ce soir pour appuyer la nation des Wet'suwet'en. Au cours des dernières semaines, les médias des quatre coins du pays se sont empressés de se rendre à tous les barrages et à toutes les manifestations, rivalisant pour obtenir des phrases-chocs ou des clips à présenter aux nouvelles du matin ou sur les médias sociaux. Qui a-t-on oublié dans tout cela? À mon avis, on a oublié les Wet'suwet'en.
Les politiciens du pays et de cette Chambre ont pris l'initiative de parler au nom de ce peuple. Je n'oserais même pas prétendre que je parle en son nom, car je pense que ce serait ridicule de ma part. Je ne suis pas placé pour le faire. Je tiens cependant à dire clairement que nous nous trouvons à un moment très important de notre histoire et que j'ai l'intention ce soir d'être du côté des Wet'suwet'en, qui ont le droit de se gouverner et de choisir leur destin.
Les dirigeants élus des 20 Premières Nations dont le territoire longe le tracé de Coastal GasLink, huit chefs héréditaires et plus de 80 % des gens appuient la construction de ce gazoduc. Ayant été pendant huit ans maire de la ville de Meadow Lake, je sais à quel point il est difficile de faire approuver un projet par 80 % de la population. C'est presque impossible. Voilà pourquoi je comprends le travail acharné investi par les chefs élus dans la négociation d'une entente extrêmement bien réussie avec la société de gaz naturel liquéfié Coastal LNG au nom de leurs peuples.
Ce projet a permis de générer 1 milliard de dollars d'engagements envers des travailleurs autochtones et des entreprises appartenant à des autochtones. Cet argent pourrait servir à d'importants investissements dans les collectivités, notamment dans le logement, les services de santé mentale, l'éducation, les loisirs et j'en passe. Cependant, il n'est pas seulement question des dollars qu'on investit dans ces collectivités; il s'agit également de la création d'emplois durables et bien rémunérés.
Je représente une circonscription où plus de 70 % de la population est autochtone. Pendant la campagne électorale et au cours des mois qui l'ont suivie, j'ai eu beaucoup d'occasions de parler aux gens de ma vision pour le Nord de la Saskatchewan et de l'occasion d'avoir des emplois durables et bien rémunérés, dans la même veine que le débat de ce soir au sujet de ce projet.
Les avantages, que j'ai déjà énumérés jusqu'à plus soif, sont de trois ordres: primo, il y a évidemment un avantage économique à avoir un bon emploi et à pouvoir subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille. Secundo, le travail permet de répondre à un besoin inné en chacun de nous, celui de se sentir utile, d'avoir l'impression de servir à quelque chose. Il n'y a rien de plus gratifiant que de rentrer chez soi après une journée de travail. Tertio, le plus gros avantage du travail, c'est celui dont je parle sans cesse depuis plusieurs mois, c'est-à-dire l'espoir d'un avenir meilleur.
Dans les régions éloignées et nordiques, le suicide des jeunes est une réalité, pour ne pas dire une crise terrible. J'ai souvent dit que les jeunes du Nord de la Saskatchewan se suicident parce qu'ils n'ont plus d'espoir. Quand un jeune voit que les gens de son entourage qu'il respecte et qu'il admire — ses parents, ses oncles, ses frères et sœurs, voire ses cousins et cousines — ont du succès et font rouler l'économie du Nord de la Saskatchewan, il peut espérer mieux. Il peut aspirer à un avenir meilleur et il n'a alors plus besoin de songer au suicide. Je suis conscient qu'on ne règle pas tout avec un bon emploi, mais c'est certainement un bon départ qui peut mener loin.
La question est maintenant de savoir comment créer ces emplois. J'ai parlé à maintes reprises de la création de partenariats entre les communautés autochtones et le secteur privé. Ces partenariats donnent aux habitants des collectivités éloignées du Nord la possibilité de participer pleinement au bien-être économique du Canada tout entier. Ce projet est un parfait exemple de l'application de ce modèle.
Nous ne pouvons tout simplement pas permettre à une minorité de manifestants de s'opposer à la volonté de la nation des Wet'suwet'en. Ces manifestants ont pris des mesures extraordinaires pour prendre le Canada en otage: ils ont compromis la sécurité des infrastructures ferroviaires, ils intimident des personnes qui tentent de se rendre au travail ou ils les empêchent de s'y rendre et, dans certains cas, ils agressent physiquement des députés d'une assemblée législative provinciale.
Ces barrages ont eu des répercussions réelles sur mes concitoyens. Des agriculteurs de ma circonscription m'ont affirmé qu'on dit à beaucoup d'entre eux qu'ils ne pourront pas livrer les grains pour lesquels ils ont conclu des contrats pour février et mars. La réputation du Canada en tant que fournisseur stable est en danger. Les agriculteurs risquent de perdre des clients à l'étranger, et ces derniers trouveront d'autres fournisseurs.
Il est question du gagne-pain des gens. C'est ainsi qu'ils nourrissent leur famille. C'est ainsi qu'ils chauffent leur maison. Ces barrages doivent cesser. Si nous laissons une petite minorité bloquer ce projet, je crains qu'il soit impossible que d'autres projets voient le jour.
Les tribunaux du Canada sont clairs. Les normes relatives au respect des obligations fiduciaires en matière de consultation et d'accommodements sont très élevées. Ces seuils ont été atteints par Coastal LNG et il faut respecter cela.
Il y a quelques instants, ma collègue a mentionné Ellis Ross. Permettez-moi d'en faire autant. Ellis Ross est député provincial de Skeena en Colombie-Britannique et a été conseiller, puis conseiller en chef pour la Nation Haisla. Il a occupé cette fonction pendant 14 ans et avait cela à dire récemment:
Le débat enflammé pour déterminer qui détient le pouvoir sur le territoire des Premières Nations — les chefs héréditaires ou les chefs de bande élus — pourrait servir les intérêts de ceux qui cherchent à nuire à la construction du pipeline Coastal GasLink, mais il ne contribue en rien au bien-être de l'Autochtone moyen vivant dans une réserve.
Il a ajouté:
Permettre à des gens de l'extérieur de miner et de rejeter des années d'étude minutieuse et de consultations avec des chefs élus qui ne veulent rien d'autre qu'un meilleur avenir pour leurs membres, est tout à fait inacceptable...
Je ne suis pas assez naïf pour ne pas me rendre compte qu'il y a des membres de la nation des Wet'suwet'en qui ne sont pas en faveur de ce pipeline. Notons que 4 des 12 chefs héréditaires, de même que 15 % environ du peuple, entrent dans cette catégorie.
Je défendrai toujours le droit de manifester pacifiquement dont disposent les gens qui ne sont pas d'accord. Cela dit, quand il s'agit de décisions importantes, qu'elles concernent les Autochtones ou les non-Autochtones, il est souvent impossible d'arriver à un consensus parfait. C'est pourquoi il faut tisser des liens solides, qui permettront d'avoir des conversations difficiles si elles deviennent nécessaires.
Permettez-moi de parler un peu de mon expérience personnelle dans ce domaine. Comme je l'ai dit, 70 % des gens de ma circonscription sont autochtones. Nous avons grandi ensemble, fréquenté les mêmes écoles et fait du sport ensemble. Nous avons vécu côte à côte, en général.
Quand je suis devenu maire, j'ai eu le privilège de collaborer avec quatre chefs de la Première Nation Flying Dust et de tisser des liens solides avec eux. Nous avons travaillé de concert pour relever des défis comme l'approvisionnement en eau, les services de police, les activités de développement, les loisirs et j'en passe. Je suis sincèrement convaincu que, si nous avons pu composer avec tous ces défis, c'est parce que nous avions déjà pris le temps d'établir des liens positifs et authentiques avant d'y être confrontés.
J'apprécie grandement les efforts qu'a faits le en vue d'établir un dialogue, mais le l'avait malheureusement placé dans la position peu enviable de réagir au lieu de prendre les devants, comme il l'aurait fallu. De toute évidence, cette tentative d'établir soudainement un dialogue en contexte de crise était insuffisante, et elle arrivait beaucoup trop tard.
Le gouvernement actuel persiste à blâmer le gouvernement Harper pour tous ses échecs, mais, depuis quatre ans et demi, les libéraux ne font que donner des leçons de vertu et présenter des voeux pieux.
Durant la campagne électorale, j'ai souvent entendu les termes « promesses creuses » et « engagements non respectés » de la part des Autochtones de ma circonscription. Cela est ressorti clairement au cours des dernières semaines, car le a fait passer un siège au Conseil de sécurité des Nations unies avant la crise qui sévit au Canada. Ce n'est pas du leadership. Or, c'est de leadership dont le pays a besoin en ce moment.
Nous réclamons une approche sensée à cette crise, le respect de la primauté du droit ainsi qu'un dialogue ouvert et authentique sur la réconciliation. Nous demandons aussi qu'on ne permette pas à une minorité d'imposer sa volonté à la majorité.
En tant qu'ancien maire de Meadow Lake, je sais à quel point les projets d'exploitation des ressources naturelles sont importants pour les communautés autochtones. Ils représentent un moyen concret et véritable pour accéder à la liberté économique, à l'autonomie gouvernementale et à une vraie réconciliation. Voilà pourquoi je prends la parole aujourd'hui: par solidarité envers les conseillers élus, les chefs héréditaires et les gens des Premières Nations.
Le a déclaré à la Chambre aujourd'hui que la patience commence à manquer. Il semble aussi que l'engagement envers la réconciliation perd de sa fermeté. Je suis d'accord avec le premier ministre sur un point, c'est-à-dire que nous avons tous intérêt à trouver une solution très bientôt. J'ajouterais seulement qu'il aurait fallu commencer à chercher une solution plus tôt.
Aujourd'hui, dans le National Post, Derek Burney a écrit: « Un gouvernement minoritaire ne devrait pas correspondre à une absence de gouvernement. » Dans un esprit de collaboration, j'encourage tout le monde à respirer un bon coup, à recentrer les efforts, à écarter la minorité radicale et à prendre sincèrement des mesures qui nous mèneront à une véritable réconciliation.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler des manifestations récentes et continues visant le projet de gazoduc Coastal GasLink et la Première Nation des Wet'suwet'en. Je remercie le député de d'avoir proposé la tenue de cet important débat d'urgence.
Je tiens à parler ce soir d'un certain nombre d'enjeux. Premièrement, j'aimerais aborder la notion de manifestation et son importance dans notre démocratie et notre Constitution. La notion de manifestation légale est primordiale. Elle est protégée par plusieurs dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés, notamment aux termes des alinéas 2(b), 2(c) et 2(d).
Il est essentiel de comprendre ce qu'on entend par manifestation, ainsi que la manière dont celle-ci se déroule. Qu'est-ce que j'entends par cela? Au cours de 12 derniers jours, nous avons beaucoup discuté des manifestations qui respectent la loi et la primauté du droit. C'est essentiel, et il faut toujours les respecter si l'on veut que les manifestations fonctionnent au Canada et qu'elles atteignent leurs importants objectifs.
Je prends la parole ce soir parce qu'il est important que ceux qui nous écoutent et ceux qui participent à ce débat comprennent le mécontentement de la population à bien des égards. En tant que député de Parkdale—High Park, je sais que nombre de résidants de ma circonscription m'ont fait part de ce mécontentement de différentes façons: par courriel, au téléphone et en personne. Ils ont défendu différents points de vue sur cette question. Certains ont exprimé leur mécontentement par rapport au processus de réconciliation et aux engagements en matière de lutte contre les changements climatiques, et ils se demandent ce qu'il advient de ces principes importants. D'autres se préoccupaient de leur gagne-pain et de l'économie canadienne qui stagne.
Nombreux sont aujourd'hui les Canadiens mécontents. C'est pour cela que nous débattons ici en cette heure tardive et qu'il nous faut reconnaître ce mécontentement et le comprendre. Les gens sont mécontents et ils ont raison de l'être. Il est important que nous le comprenions tous et que nous visions le même objectif, c'est-à-dire trouver rapidement une solution à ce conflit.
La question fondamentale est de savoir comment y parvenir. Il en a beaucoup été question aujourd'hui, tant dans le débat de ce soir que dans les observations et les déclarations ministérielles que nous avons entendues aujourd'hui.
Quand nous parlons des moyens de résoudre le problème, la juxtaposition des solutions proposées est fort intéressante. Tout d'abord, il y a la notion de dialogue fondé sur le respect mutuel et qui favoriserait une solution significative et pacifique. Qui a fait cette suggestion? Nous avons entendu le , dans sa déclaration ministérielle, parler de l'importance de nouer le dialogue et de tendre la main.
Je tiens également à souligner que le chef national Perry Bellegarde a lui aussi insisté aujourd'hui sur la nécessité d'un dialogue pacifique et respectueux. C'est également ce qu'ont dit certains chefs de la nation mohawk, qui ont eux aussi reconnu la nécessité de procéder d'une manière qui facilite les discussions entre les parties.
En revanche, l'opposition a suggéré aujourd'hui une solution radicalement différente, à savoir l'escalade du conflit et un possible recours à la force par les responsables de l'application de la loi, y compris la Gendarmerie royale du Canada. Permettez-moi de vous dire très clairement, madame la Présidente, ainsi qu'à tous les gens qui nous regardent à cette heure tardive, que je trouve cette approche fort problématique. Je vais donner quelques raisons qui me poussent à croire cela.
Pour commencer, au Canada, on ne peut pas dicter à la police qui elle doit arrêter et qui elle doit remettre en liberté. Il s'agit d'un principe essentiel parce qu'il garantit aux citoyens — ceux du Canada, mais aussi de n'importe quelle démocratie digne de ce nom — que les policiers ne sont pas à la solde du parti au pouvoir. C'est tellement fondamental que cela devrait aller de soi, selon moi. En démocratie, la police devrait opérer à l'intérieur d'un vaste cadre législatif et dans le respect des lois, mais au quotidien, elle devrait n'avoir d'ordres à recevoir de personne.
Pourquoi est-ce que je dis tout cela et sur quoi est-ce que je m'appuie pour avancer de tels arguments? J'ai mes sources, à commencer par la Cour suprême du Canada. Celle-ci a conclu que le principe de l'indépendance policière « est à la base de la primauté du droit » et qu'il est nécessaire « au maintien de l'ordre public et de la paix ».
J'ai l'impression de revenir à l'époque où j'étais avocat, mais je précise que ces passages sont tirés du paragraphe 29 de l'arrêt Campbell et Shirose, qui a été rendu en 1999 par la Cour suprême. Voici maintenant ce qu'on peut lire au paragraphe 33:
Bien qu'à certaines fins, le Commissaire de la GRC rende compte au Solliciteur général, il ne faut pas le considérer comme un préposé ou un mandataire du gouvernement lorsqu'il effectue des enquêtes criminelles. Le Commissaire n'est soumis à aucune directive politique.
Il s'agit d'une décision de la Cour suprême du Canada.
Il existe d'autres cas où ce type de décision a été prise par d'autres tribunaux ou commissions d'enquête.
Après le sommet de l'APEC, on a mené une enquête sur ce qui s'y était passé. Dans l'enquête, le juge Hughes énonce cinq principes régissant l'indépendance de la police. L'un de ces principes veut que, lorsque la GRC exerce des fonctions d'application de la loi, elle soit entièrement indépendante du gouvernement fédéral et n'a de comptes à rendre qu'à la loi et aux tribunaux.
Le dernier cas que je tiens à porter à l'attention de la Chambre est la Commission Arar. Nous connaissons tous le cas tristement célèbre de Maher Arar. Nous connaissons également l'enquête de Dennis O'Connor sur les circonstances qui ont conduit à l'extradition et à la torture de Maher Arar dans un pays étranger. À la page 458 du rapport, le juge O'Connor déclare:
Les limites de la doctrine de l’indépendance de la police continuent d’évoluer, mais son sens profond est clair: le gouvernement ne doit pas diriger les enquêtes de la police et les décisions en matière d’application de la loi au sens d’ordonner à la police d’enquêter sur une personne donnée, de l’arrêter ou de porter des accusations contre elle, ou d’éviter de le faire. La raison d'être de la doctrine est le besoin de respecter la primauté du droit.
Quelle est la situation actuelle? Nous nous trouvons dans une situation où de nombreuses choses sont suggérées par de nombreuses personnes non seulement à la Chambre des communes, mais aussi un peu partout au pays. Certains sont d'avis qu'il est temps que les politiciens fassent appliquer la loi et qu'ils ordonnent aux forces de l'ordre de procéder à des arrestations ou d'avoir recours à la force dans un contexte donné, en particulier à l'encontre des manifestants wet'suwet'en. D'autres ont dit que nous devrions ordonner à la police de faire l'inverse et de se retirer de la situation.
Ma position, et celle du gouvernement, c'est qu'il n'est pas approprié d'ordonner à la police de procéder à des arrestations ou de se retirer. Ce n'est pas ainsi que l'on protège l'indépendance opérationnelle de la police qui est essentielle au maintien de la primauté du droit au sein d'une démocratie fonctionnelle. Il faut permettre aux agents de police d'agir de manière indépendante, comme ils l'ont d'ailleurs fait jusqu'ici. C'est crucial.
Dans le cadre de ce débat, je tiens aussi à faire part à la Chambre de ce qui m'est revenu à l'esprit. Les gens ont tendance à penser que je suis plus jeune que je ne le parais, mais je me rappelle très clairement ce qui s'est passé à Ipperwash, en Ontario — ma province —, au milieu des années 1990. Le premier ministre conservateur de l'époque avait décidé de donner un ordre direct. Il n'est pas nécessaire de répéter ses mots exacts, mais il souhaitait que l'on chasse les Indiens du parc. Cette citation contenait d'autres mots choisis soigneusement. Cette situation a donné lieu à une enquête en bonne et due forme sur le rôle des dirigeants élus dans la supervision des responsables de l'application de la loi et les ordres qui leur sont donnés. Comme dans le cas de certaines des enquêtes que j'ai mentionnées, la commission d'enquête sur les événements d'Ipperwash a conclu que ce rôle est totalement inapproprié. Il est inapproprié, car il compromet les fondations sur lesquelles repose la démocratie canadienne — en fait, toute démocratie. La police n'est pas une force privée au service du parti politique au pouvoir.
Au départ, il y avait deux options: le dialogue par opposition à l'action directe et à l'application de la loi. De ce côté-ci de la Chambre, nous sommes en faveur de l'option du dialogue. Comment progresse le dialogue? Je vais citer quelques exemples dont les députés et, je l'espère, les téléspectateurs ont déjà entendu parler ce soir.
Un dialogue a déjà été entamé. Nous avons entendu des arguments logiques de la part du au début du débat de ce soir concernant les consultations qu'il a déjà menées auprès des dirigeants mohawks. Nous avons entendu le discours du , qui a rencontré des Canadiens autochtones. Nous savons que la a déjà eu des discussions téléphoniques avec certaines personnes, notamment avec les chefs héréditaires de la Première Nation des Wet'suwet'en. Nous savons qu'elle peut facilement se libérer pour rencontrer les chefs héréditaires directement et en personne afin de poursuivre ce dialogue crucial.
Parlons des intervenants avec qui nous tenons des discussions, car je pense qu'il s'agit d'une des questions fondamentales du débat de ce soir. Nous pensons que tous les intervenants autochtones, tous les représentants élus et tous les chefs héréditaires devraient participer à ces discussions.
Je vais faire part aux députés d'une anecdote tirée de ma carrière parlementaire qui est encore relativement jeune, puisqu'elle n'a environ que cinq ans.
Lors de la dernière législature, j'ai eu le privilège de travailler sur la loi sur la protection des langues autochtones. Ce dossier parfois incroyablement difficile a aussi été incroyablement satisfaisant. Je suis très fier de pouvoir dire que tous les parlementaires ont appuyé le projet de loi, qui a permis de rétablir la vitalité, la promotion et la protection de ces langues, qui étaient menacées à divers degrés au pays. J'ai beaucoup appris de cette démarche en tant que secrétaire parlementaire travaillant sur ce projet de loi, car je dirigeais certaines des consultations qui ont été menées partout au pays.
Je me suis vite rendu compte qu'il y avait une grande hétérogénéité parmi, notamment, les communautés, les parties prenantes, les anciens, les enseignants et les étudiants autochtones au Canada. Qu'il s'agisse des Premières Nations, des Inuits ou des Métis, les opinions sont très variées, ce qui est bien normal. Aucune entité, aucun groupe en particulier ne parle pour tous. Il y a autant de diversité d'opinions entre les intervenants autochtones qu'entre les intervenants non autochtones. L'analyse est simple, mais elle illustre clairement la situation.
J'ai appris que, bien qu'il y ait une multitude de points de vue sur toute question qui touche les Autochtones au Canada, quand il s'agit de traiter de questions autochtones ou avec des intervenants autochtones, il ne faut ignorer aucun de ces points de vue. Il s'agit d'un élément essentiel à retenir dans le contexte de la réconciliation, de la notion même de réconciliation.
On parle d'une différence fondamentale et qualitative. Je pense que tout le monde ici serait d'accord avec moi. Les questions d'équité envers des groupes d'immigrants, des groupes racialisés ou une minorité religieuse sont importantes. Lorsqu'il s'agit de l'histoire et des séquelles de 400 ans de colonialisme et de racisme et des séquelles des pensionnats, il y a une différence qualitative. En droit, on emploie le terme sui generis. Il y a une différence qualitative parce qu'il faut tenir compte de tous les points de vue. C'est fondamental et il faut que ce soit clair.
Je veux aussi ajouter une dimension à ce débat. Bien des gens qui viennent à mon bureau dans Parkdale—Hyde Park, qui me parlent de cette question ou qui me joignent par courriel ou dans les médias sociaux parlent de la cause autochtone comme étant à l'avant-plan d'une cause plus vaste, celle du respect de la planète, du respect de Dame Nature, du respect des terres, si généreuses. Elle rejoint cet enjeu et, à juste titre, la nécessité d'agir pour contrer les changements climatiques.
Je ne conteste pas cela. Je crois fondamentalement qu'il est urgent d'agir pour le climat. Je crois fondamentalement que, lorsque nous déclarons qu'il y a urgence en la matière à la Chambre, nous devons maintenir notre position.
Je reviens au fait que des gens de ma circonscription et des gens de partout au pays me parlent constamment de cette question sous l'angle de ses conséquences plus vastes. Ils me disent qu'il y a urgence. Ils disent qu'il n'y a pas urgence seulement au Canada, mais à l'échelle planétaire. Je suis d'emblée d'accord avec eux. C'est tout à fait vrai. Nous avons un problème mondial. Il nous faut donc une solution mondiale. Dans le contexte du débat de ce soir, je leur dis de penser à ce projet comme faisant partie du problème mondial et de la solution mondiale.
Qu'est-ce que je veux dire par là? Nous savons, ainsi que les gens qui nous regardent ce soir, qu'il s'agit d'un projet qui a été présenté comme étant le plus grand investissement du secteur privé de l'histoire canadienne, à hauteur de 40 milliards de dollars. Pourquoi? C'est parce que le projet a la capacité de fournir le gaz naturel liquéfié le plus propre au monde et d'approvisionner en énergie verte beaucoup d'endroits qui ont besoin de sources d'énergie plus écologiques. Je veux dire par là que l'élimination du charbon dans les grands pays asiatiques comme l'Inde et la Chine peut être accélérée grâce au gaz naturel liquéfié canadien. J'exhorte les gens à prendre en considération que le fait de compromettre ce projet empêche le Canada de pouvoir offrir une solution mondiale à ce qui est en fait un problème mondial. C'est un facteur important à prendre en considération, dans ce contexte.
J'irais même jusqu'à affirmer que ce seul facteur est la raison pour laquelle les partis et les gouvernements d'allégeances politiques différentes, comme un gouvernement provincial néo-démocrate et un gouvernement fédéral libéral, ont collaboré étroitement, et la raison pour laquelle les dirigeants autochtones se sont rangés derrière ce projet original, y compris tous les représentants des conseils élus des différents groupes de Premières Nations qui sont touchés par le projet.
Y avait-il un consensus absolu, dans l'ensemble? De toute évidence, il n'y en avait pas et il n'y en a toujours pas. C'est ce qui nous amène ici aujourd'hui. Les chefs héréditaires ont fait entendre leur voix, ils se sont exprimés, et ils ont signalé qu'ils s'exprimaient au nom de leur peuple à propos de cet enjeu fondamental.
On ne peut pas faire la sourde oreille. Il faut écouter leurs voix et leurs messages pour que la réconciliation prenne sens. C'est dans cette optique que nous nous efforçons d'établir un réel dialogue et d'arriver à une résolution pacifique.
Pendant le peu de temps qu'il me reste, j'aimerais revenir un peu sur la GRC. Je suis heureux de souligner qu'elle a adopté une approche différente.
Dans la situation dont nous parlons, qui touche les Wet'suwet'en, la GRC s'efforce d'appliquer une approche modérée et de favoriser des manifestations légales et pacifiques, dans un environnement qui soit sécuritaire tant pour les manifestants que pour la population.
Cette façon de faire diffère des méthodes policières traditionnelles axées sur le respect des lois. Il s'agit d'une approche modérée qui met l'accent sur une communication ouverte et sur des efforts d'atténuation. Dans ce contexte, les arrestations ne sont que l'une des options dont disposent les policiers, et elles ne sont utilisées qu'en dernier recours.
L'approche encourage également la police à prendre les devants. Une approche mesurée repose sur la communication et des mesures d'atténuation et de facilitation visant à maintenir la paix et à rétablir l'ordre public.
Il est aussi essentiel que la GRC, qui adopte une approche mesurée, respecte l'exercice légitime des droits et des libertés individuelles, y compris le droit à la liberté de réunion pacifique et d'association, dont j'ai parlé en introduction.
Dans ce contexte, il y a le problème fondamental de la manifestation. Nous devons établir un juste équilibre afin d'agir conformément à la loi. La façon d'approcher la manifestation pose problème: devrions-nous encourager l'action et les mesures d'application de la loi, y compris le recours à la force par la police, à la demande des élus, ou devrions-nous poursuivre le dialogue?
Je suis très en faveur de l'option dialogue. Toutes les parties impliquées dans le conflit, y compris les chefs héréditaires, doivent prendre part au dialogue, qui doit aussi porter sur les mesures contre les changements climatiques que nous pourrions prendre au Canada et qui pourraient avoir une incidence sur les problèmes climatiques à l'échelle mondiale.
Voilà les enjeux qui se présentent à nous. Voilà les questions fondamentales de l'actuel débat. Je suis prêt à répondre aux questions des députés.
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Madame la Présidente, c'est à mon tour de parler de ce dossier très important. J'ai tellement de choses à dire que j'aurais le goût de ne pas partager mon temps de parole, mais je vous annonce que je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
C'est une crise majeure qui affecte présentement l'ensemble des Canadiens et des Canadiennes et des peuples autochtones impliqués dans ce conflit — parfois malgré eux, parfois selon leur volonté. Il s'est dit tellement de choses ce soir, que je ne peux pas faire autrement que de corriger certaines choses qui ont été dites.
Tout d'abord, on entend depuis le début de la soirée, depuis le discours du , le parti d'en face s'en tenir à une salade de mots, comme l'a déclaré notre chef. Le Parti libéral ne dit rien.
Le premier ministre incitait les gens à être patients. On a déjà attendu 13 jours et on va attendre encore plus longtemps. On va attendre que la crise se règle elle-même. J'ai déjà entendu le premier ministre dire cela au sujet des déficits et des budgets. Il paraît que les budgets s'équilibrent d'eux-mêmes. Malheureusement, cette approche ne fonctionne pas.
La a dit une chose ce soir qui m'a marqué. Elle a dit ce qui suit.
[Traduction]
Comme l'a affirmé avec beaucoup de sincérité le ministre des Services aux Autochtones, nous croyons avoir tiré les leçons de la crise d'Oka, mais aussi des événements survenus à Ipperwash, à Caledonia et au lac Gustafsen. L'année dernière, nous avons dit que nous ne voulions plus jamais voir des images des forces policières contraintes d'user de la force dans une communauté autochtone pour assurer le maintien de l'ordre.
[Français]
Ce gouvernement n’a rien appris des crises précédentes. Elles ont été le fruit d’une latence, du fait que le gouvernement n’a pas réagi assez rapidement et qu’il a laissé la crise toujours empirer. On en est venu à des gestes tragiques et dramatiques. C’est la réalité. Ce gouvernement n’a rien appris. Maintenant, il essaie d’attribuer son incompréhension de la crise et la gestion des crises précédentes au fait que les conservateurs n'ont rien compris. C’est tout à fait le contraire.
Je vais parler d’une crise qui a eu lieu au Québec en 1998. En 1998, 350 producteurs de porc ont décidé de bloquer l’autoroute 20. Ces 350 producteurs de porc étaient désespérés et avaient des revendications. Je ne veux pas du tout parler des revendications des Wet'suwet'en. Ce n’est pas ce qui me préoccupe en ce moment. Ce qui me préoccupe, c’est la réponse du gouvernement à cette crise. Qu'elles soient tout à fait légitimes ou non, présentement, la crise dépasse largement les revendications de ce peuple autochtone, parce que des gens s’en mêlent alors qu’ils n’ont rien à voir avec ces revendications.
En 1998, donc, 350 producteurs de porc ont bloqué l’autoroute 20. La crise a duré cinq jours. C’est quand même long. Pendant cinq jours, on a empêché les automobiles de passer sur l’autoroute 20. Comment a-t-on réglé la crise? Le premier ministre de l’époque, Lucien Bouchard, a dit à la Sûreté du Québec de faire savoir aux gens impliqués dans le blocage de la route que cela allait prendre fin, que la police allait intervenir. Le lendemain, tout s’est fait dans l’ordre et dans le respect. Il n’y a pas eu d’intervention policière grave. Le blocage a pris fin. Voilà la réalité. Si on ne met pas de date de péremption à ces crises, comment peut-on régler la situation? Ici, à la Chambre, nous savons que des dialogues peuvent durer longtemps.
On peut dialoguer et encore dialoguer, mais, pendant ce temps, des gens vont continuer de souffrir. Ces dialogues ne permettront pas de régler la situation des personnes qui souffrent. On ne réussira pas à régler la situation des gens qui vont subir les conséquences de ce blocage.
Je veux revenir sur le discours d’aujourd’hui du leader de l’opposition. Il a été très éloquent et il a dit ce que les Canadiens et les Canadiennes pensent de la situation actuelle. Quand le a parlé aujourd’hui, on a comparé son discours à une salade de mots. Effectivement, il n’avait absolument rien à proposer pour régler la situation. Il a seulement dit qu’on allait continuer à attendre que la crise se règle d’elle-même. Voilà comment on peut résumer le discours du premier ministre.
Le premier ministre a convoqué la Chambre et tous les députés pour dire qu’il avait une annonce importante à faire à la nation. Finalement, il nous a livré un discours absolument insipide et sans saveur qui n’a absolument rien réglé.
Ce soir, malgré le discours du premier ministre et malgré le fait que le premier ministre du Canada a invité tout le monde au dialogue et à trouver une solution, il y a encore des barrages. On est encore dans la même situation qu'avant le discours et absolument rien n'a été réglé.
Il s'agissait donc vraiment d'une salade de mots pour essayer d'endormir et pour faire comprendre que cela fait 13 jours que personne n'est là, que personne n'intervient et que personne n'interviendra tout de suite non plus parce que personne ne sait trop quoi faire. Voilà la réalité de ce qu'on a entendu aujourd'hui de la part du premier ministre.
Dans son discours, le premier ministre avait déjà laissé entendre qu'il n'était pas d'accord avec la position des conservateurs. Par la suite, on a su qu'il avait convoqué les chefs de tous les partis, sauf celui du Parti conservateur, ce qui est incroyable.
Notre chef a dit aujourd'hui que la déclaration du premier ministre constituait un rejet total de responsabilité et un échec de leadership. Je suis d'accord à 100 % avec lui.
Notre chef a ajouté qu'un groupe d'activistes radicaux s'opposait à notre pays et à notre prospérité et que nombre d'entre eux n'avaient que peu ou pas de liens avec les communautés des Premières Nations. Selon lui, ce sont des activistes radicaux qui ne vont pas arrêter tant que notre secteur pétrolier et gazier ne sera pas complètement stoppé: ils bloquent nos ports, nos chemins de fer, nos frontières, nos routes et nos autoroutes.
J'ai regardé les images des différents barrages et j'ai lu « #shutdowncanada » et « No pipeline ». C'est la réalité. Quel est le rapport avec les revendications de la communauté autochtone? Pendant ce temps, dans ma circonscription, il y a des gens qui souffrent, qui ont de la misère et qui n'y arrivent pas.
Je me permets de parler notamment des entreprises de la circonscription de mon collègue le député de . Chez Propane GRG, à Sainte-Marie, les stocks ont beaucoup diminué. La livraison se fait désormais uniquement aux services essentiels. En pleine saison froide — on est en hiver —, la compagnie doit rationner ses clients et livre à 20 % de sa capacité habituelle. Le vice-président de Propane GRG, Patrice Breton, indique que l'entreprise est sur respirateur jusqu'à ce qu'une entente mette fin aux barrages.
À Lac-Mégantic, le barrage ferroviaire organisé par des Autochtones fait mal aux industries de l'Estrie. C'est le cas pour l'usine Tafisa, qui est incapable d'approvisionner une partie de sa clientèle depuis le début de la crise. Trois cent cinquante travailleurs sont présentement pris en otage par cette crise parce que, pendant 13 jours, le premier ministre n'a absolument rien fait pour tenter de trouver une solution. Pour l'instant, l'entreprise Tafisa est capable d'écouler ses stocks en remplissant des wagons qui sont stationnés dans une gare de triage entre Lac-Mégantic et Montréal. Il n'y a plus de place dans les ports. Bref, c'est une situation inacceptable. Si cela continue, la compagnie devra effectivement procéder à des mises à pied.
Ce soir, j'ai aussi reçu un courriel de la part d'un producteur de lait de la région de Lac-Mégantic. Je vais le relire: « Salut Luc. Avec la crise des Autochtones, avec le blocus des trains, nos animaux vont manquer de bouffe. Si vous êtes bon pour brasser ça, pour que ça déniaise, la rentabilité de nos entreprises est en jeu. Ce n'est pas encore problématique, mais les stocks se vident et, la semaine prochaine, les centres de grains vont être vides. »
En ce moment, il y va de la santé des petites fermes dans ma circonscription et dans plusieurs régions du Canada. La crise a aussi une autre conséquence: les prix fluctuent. Le prix du maïs à grains a augmenté de 10 $ à 15 $ la tonne pour les producteurs depuis le début de la crise. Voilà la réalité.
Il y a une crise nationale et, pendant ce temps, tout ce qu'on entend dire de l'autre côté de la Chambre, c'est qu'il faut être patient. On prétend ne donner aucune directive à la GRC. Cependant, on dit à la GRC qu'on va préconiser le dialogue.
Il n'y a présentement aucune logique dans la manière dont les libéraux gèrent cette crise. On s'attend à beaucoup plus de la part d'un gouvernement et on s'attend à beaucoup plus de la part d'un premier ministre.
On s'attend à ce qu'un premier ministre qui souhaite régler une crise nationale ne fasse pas exprès d'exclure un chef de l'opposition officielle des rencontres officielles quand il y en a pour discuter de cette crise.
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Monsieur le Président, je suis très reconnaissante de pouvoir participer au débat de ce soir, car le Canada fait face à une crise de leadership qui met en péril l'ensemble de l'économie.
Cette crise n'est pas attribuable au manque de soutien des communautés autochtones à l'endroit de Coastal GasLink, car chacune des Premières Nations de la région est favorable au projet. La majorité des chefs héréditaires wet'suwet'en l'appuient aussi. Une de ces chefs, Theresa Tait-Day, a déclaré que 85 % des membres de sa communauté avaient voté en faveur du projet.
Larry Nooski, chef de la nation de Nadleh Whuten, a déclaré que le projet Coastal GasLink constitue une occasion de développement économique qui ne se présente qu'une fois par génération et qu'ils ont négocié énergiquement pour garantir que les Nadleh, y compris les jeunes, puissent bénéficier directement et indirectement du projet, tout en veillant à la protection des terres et des eaux.
Chris Sankey, un ancien conseiller de bande élu pour la Première Nation des Lax Kw’alaams, a déclaré ce qui suit: « Nous avons besoin d'emplois. Nous devons construire des logements, des routes et des écoles pour nos enfants, ainsi que des centres de soins pour nos aînés. Ces projets vont nous aider en ce sens. »
Cette crise est vraiment liée à la question de savoir si le Canada est un pays où la primauté du droit est respectée et défendue, ou si le Canada a succombé au pouvoir de la racaille. Il s'agit de savoir si les Canadiens laisseront l'ensemble de leur économie être prise en otage par un petit groupe qui bafoue le système juridique qui gouverne le pays depuis plus de 150 ans.
Ce matin, le a fait une déclaration où il abdiquait de manière complète et désolante ses responsabilités et son leadership. Le premier ministre lui-même a encouragé ce genre de comportements en annulant d'autres grands projets pour des raisons de nature politique et militante, par exemple en opposant son veto au projet Northern Gateway, en imposant le projet de loi et en finançant les opposants au projet de pipeline Trans Mountain, plutôt que de se fonder sur des faits et des données scientifiques et d'agir dans l'intérêt de tout le pays.
En tant que députée d'une circonscription pétrolière et gazière où se trouvent neuf communautés autochtones, et en tant que personne qui fait partie de la nation Ojibwa, je soutiens que ses actions s'apparentent à celles d'un gouvernement centraliste et colonialiste qui impose ses points de vue contre la volonté et les priorités des gouvernements autochtones locaux et la majorité des peuples autochtones qui sont touchés directement parce qu'ils œuvrent dans le secteur du pétrole et du gaz, comme ceux de ma circonscription.
Chaque personne au pays a le droit de s'exprimer librement et de manifester, mais on n'a pas le droit d'enfreindre la loi ou de prendre l'économie en otage. Parce que le n'a toujours pas dénoncé comme illégales les actions de ces militants radicaux ou proposé un plan d'action pour mettre fin aux barrages illégaux, les chemins sont toujours bloqués. Les ponts, les routes, les autoroutes sont bloqués. Sont également menacés les déplacements, les emplois et le gagne-pain des agriculteurs, des propriétaires de petites entreprises, des travailleurs et des familles de partout au pays, qui vivent à des milliers de kilomètres de la magnifique Colombie-Britannique.
Bonnie George, une membre de la nation des Wet'suwet'en qui a déjà travaillé pour Coastal GasLink, a déclaré: « Il est décourageant de voir ce qui se passe. Les manifestants un peu partout au Canada devraient demander l'opinion de nos membres qui sont au chômage. En tant que matriarche des Wet’suwet’en, je suis gênée [...] »
Qui est vraiment derrière tout cela?
Ellis Ross, député provincial libéral de la Colombie-Britannique représentant Skeena et représentant élu de la Première Nation Haisla pendant 14 ans a dit ceci:
Des manifestants professionnels et des ONG aux coffres bien garnis ont simplement profité de l'occasion pour diviser les communautés autochtones pour leur profit et vont nous laisser sans le sou quand ils décideront de partir [...]. Cela révèle donc une grande ignorance quand des non-Autochtones déclarent que les chefs autochtones élus ne sont chargés que des « questions qui touchent les réserves » ou sont un « produit de la Loi sur les Indiens ayant pour but de détruire les Indiens ».
Il ajoute:
J'ai été un chef autochtone élu pendant 14 ans et je n'ai jamais eu l'intention de détruire qui que ce soit.
J'avais pour objectif de tout mettre en œuvre pour faire en sorte que mes enfants et mes petits-enfants ne connaissent pas la multitude de problèmes sociaux qui sont rattachés à la pauvreté. Je suis à peu près certain que tous les chefs — élus et non élus — pensent de la même façon.
Si les libéraux et les manifestants qui disent agir par solidarité et qui paralysent le transport ferroviaire dans l'Est du pays veulent parler du gazoduc Coastal GasLink et du terminal de gaz naturel liquéfié qu'il alimentera, qu'ils sachent que les 20 Premières Nations locales veulent toutes que ce gazoduc soit construit. Quand les communautés autochtones ont leurs propres revenus, elles peuvent investir dans leurs propres priorités sans avoir à demander l'approbation d'un fonctionnaire à Ottawa ou d'un groupe de lobbyistes important ni à faire concorder leur plan avec un formulaire de programme prescrit par le fédéral.
L'autonomisation économique des Premières Nations permet aux communautés autochtones de répondre à leurs besoins de base, d'investir dans leurs cultures, et de protéger et d'entretenir leur patrimoine et leurs langues pour les générations à venir.
La conseillère en chef des Haislas, Crystal Smith, qui est favorable au projet Coastal GasLink et qui s'est opposée au projet de loi C-48, a affirmé ceci: « Les Premières Nations ont pour objectif d'être indépendantes, puissantes et prospères. Elles ne peuvent pas y arriver sans des personnes puissantes, prospères et indépendantes ».
Il n'y a pas de meilleur exemple de l'approche patriarcale, condescendante et carrément colonialiste du gouvernement libéral actuel que le traitement qu'il réserve aux Premières Nations qui souhaitent se développer, offrir des services à leurs membres et assurer l'approvisionnement en pétrole et en gaz naturel et le transport de ceux-ci.
Quelqu'un d'autre a affirmé que « trop souvent [...] on ne voit [les Autochtones] comme des gardiens de leurs terres que s'ils choisissent de les laisser intactes. C'est de l'écocolonialisme. »
Crystal Smith a ajouté ceci:
Il s'agit d'une occasion unique. J'en ai assez de gérer la pauvreté. J'en ai assez de voir les communautés des Premières Nations être aux prises avec des enjeux comme le suicide et l'absence de perspectives d'emploi ou de possibilités d'éducation. Si nous ratons cette occasion, nous la perdons à tout jamais.
Le programme anti-ressources, anti-entreprises et anti-énergie des libéraux et des militants qui se trouvent à l'extérieur de ces communautés autochtones sabote l'immense travail de toutes les Premières Nations le long du gazoduc de Coastal GasLink et met fin à leurs espoirs de voir enfin apparaître la lumière au bout du tunnel.
Helen Michelle, chef héréditaire de la Première Nation Skin Tyee, a indiqué que les membres de sa Première Nation ont donné le feu vert à ce projet. Elle a ajouté que de nombreux manifestants ne font même pas partie des Wet'suwet'en...
Troy Young, un membre de la communauté wet'suwet'en et directeur général de Kyah Resources Inc., une société ayant le mandat de défricher les terres et de construire des routes le long du trajet proposé pour le projet de Coastal GasLink, a dit que des gens de l'extérieur essaient depuis toujours d'orienter la façon de faire les choses de la communauté wet'suwet'en. Il a ajouté que si les environnementalistes parviennent à empêcher la réalisation du projet de gazoduc Coastal GasLink, ce sera l'une des plus importantes appropriations culturelles de l'histoire de la Colombie-Britannique.
Le député provincial Ellis Ross a affirmé ce qui suit:
Nous avons toujours eu à composer avec des gens de l'extérieur et de prétendus experts qui nous disent qui sont les mieux placés pour représenter les Premières Nations ou ce que nous devrions faire sur notre propre territoire. Pourtant, aucun d'entre eux n'a déjà vécu dans une réserve ou n'a passé beaucoup de temps avec les gens qui y vivent [...]
Il est tout à fait inacceptable de laisser des gens de l'extérieur miner et rejeter le résultat de plusieurs années d'étude attentive et de consultation auprès des chefs élus qui ne veulent rien de plus que d'assurer un meilleur avenir aux gens de leur communauté.
Il a dit qu'il allait continuer de dénoncer cette situation.
Évidemment, les possibilités offertes par le projet de Coastal GasLink ne concernent pas que les communautés autochtones. Le projet est bon pour tout le pays et il sera avantageux pour le monde entier. En produisant du gaz naturel propre, le Canada contribuera à réduire les émissions mondiales tout en fournissant la source d'énergie abordable dont le monde a besoin pour réduire la pauvreté et améliorer la qualité de vie de 2,6 milliards de personnes qui n'ont pas accès à l'électricité ou à des combustibles propres pour la cuisson.
Selon les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie, la demande mondiale en énergie devrait connaître une croissance moyenne d'environ 30 % d'ici 2040, puisque les populations mondiales continueront de croître et que les économies prendront de l'expansion. C'est donc l'équivalent de la consommation globale d'un pays comme la Chine ou l'Inde qui s'ajoutera à la consommation d'énergie mondiale actuelle. On prévoit que le gaz naturel répondra au tiers de cette nouvelle demande.
En tant que quatrième producteur de gaz naturel en importance qui dispose de surcroît de la cinquième réserve mondiale, le Canada peut et devrait contribuer à répondre à cette demande.
Les réserves de gaz naturel canadien sont abondantes, et il s'agit du combustible le plus efficace pour réduire les émissions nationales et mondiales. Les émissions au cours du cycle de vie du gaz naturel liquéfié peuvent être 20 % plus faibles que celles du diésel, 60 % plus faibles que celles du charbon, 20 % plus faibles que celles de l'essence, et, surtout, le gaz naturel liquéfié émet moins de particules, ce qui signifie moins de smog.
LNG Canada et le gazoduc Coastal GasLink qui y est associé représentent le plus grand investissement privé dans le secteur de l'énergie de l'histoire du Canada. Il donnera au Canada l'occasion attendue depuis longtemps d'exporter du gaz naturel canadien propre vers les marchés étrangers.
Toutefois, depuis que les libéraux sont arrivés au pouvoir, des projets de gaz naturel liquéfié de plus de 100 milliards de dollars ont été annulés sans compter les autres grands projets d'infrastructures pétrolières qu'ils ont torpillés. Lorsqu'on annule des projets de gaz naturel liquéfié comme Pacific NorthWest, Grassy Point et Aurora, c'est dévastateur pour les communautés autochtones, les municipalités locales, les entreprises de services et d'approvisionnement, et tous les travailleurs qui comptaient sur ceux-ci.
L'absence de nouveaux gazoducs et de nouvelles installations de gaz naturel liquéfié au Canada oblige les producteurs de gaz naturel à vendre leur produit à un prix très bas, et le prix du gaz naturel est même tombé sous la barre du zéro, ce qui signifie que les producteurs ont dû payer pour qu'on prenne leur produit.
Les politiques libérales ont déjà fait rater au Canada la première vague, et elles pourraient bien lui faire rater la deuxième série d'énormes possibilités offertes par le gaz naturel liquéfié. D'ailleurs, le gouvernement de la Colombie-Britannique a dû accepter d'exempter LNG Canada de la hausse de la taxe libérale sur le carbone néfaste pour l'emploi afin de garantir la réalisation du projet. Ce n'est qu'un autre exemple de la façon dont les politiques libérales nuisent à l'exploitation des ressources, découragent les investissements par le secteur privé et poussent les entreprises à quitter le Canada. Cela coûte aux travailleurs canadiens et aux Autochtones leur emploi et sape leurs aspirations, leur travail et leurs espoirs d'autosuffisance. Cela favorise la hausse des taux de pauvreté dans les régions rurales et isolées et réduit le rôle du Canada dans le monde.
Les Canadiens attendent de leur gouvernement qu'il agisse. Il a fallu attendre presque deux semaines pour que le revienne au Canada et dise quelque chose au sujet de la situation. Aujourd'hui, il n'a fait que prononcer de belles paroles et lancer un appel impuissant au dialogue. C'est précisément cet « immobilisme » qui est à l'origine de la crise que nous vivons aujourd'hui.
Il est temps que les libéraux disent aux Canadiens comment ils vont diriger tout le Canada, rétablir la primauté du droit et mettre fin aux barrages illégaux.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps dont je dispose avec mon collègue le député de Sydney—Victoria.
Premièrement, je voudrais souligner que nous nous trouvons sur le territoire non cédé du peuple algonquin et que j'ai le privilège de représenter au Parlement une circonscription qui englobe le territoire traditionnel non cédé des nations Squamish, Lil'Wat et Sechelt.
Le gouvernement a la ferme intention de promouvoir la réconciliation avec les peuples autochtones en nouant avec elles une relation nouvelle, de nation à nation et de gouvernement à gouvernement, qui sera fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat. C'est notre relation la plus importante, et nous l'avons négligée beaucoup trop longtemps, au cours de l'histoire de notre pays.
Nous savons que ce n'est pas une relation qui peut se construire du jour au lendemain. Nous n'avons jamais prétendu que le chemin menant à la réconciliation serait facile, mais nous avons donné notre parole et nous entreprenons résolument notre longue marche vers le renouvellement de cette relation.
Tandis que nous nous efforçons d'avancer vers l'objectif, certaines nations autochtones ressentent une frustration bien compréhensible en voyant qu'ils ne se rapprochent pas assez vite de la reconnaissance de leurs droits constitutionnels. Le résultat de cette frustration est une situation où le couvercle de la marmite s'apprête à sauter.
C'est d'autant plus le cas aujourd'hui pour les Wet'suwet'en, qui luttent depuis plusieurs décennies pour faire reconnaître leurs droits et leurs titres ancestraux. Les Wet'suwet'en sont à l'avant-garde des efforts pour faire avancer la réconciliation au Canada, comme en témoigne la décision historique de la Cour suprême du Canada dans l'affaire Delgamuukw, où, pour la toute première fois, un titre ancestral a été reconnu en tant que droit ancestral protégé par la Constitution. Malgré cette décision historique rendue en 1997, les progrès réalisés dans cette relation déterminante restent insuffisants.
Même si les peuples autochtones ont des droits fondamentaux et des droits issus de traités que reconnaît l'article 35 de la Constitution, trop souvent, ils doivent tout de même s'adresser aux tribunaux, d'abord pour prouver que leurs droits existent, ensuite pour forcer le gouvernement en place à les appliquer.
Le gouvernement a pris certaines des mesures essentielles et attendues depuis longtemps pour renouveler et renforcer les relations entre le Canada et les peuples autochtones afin que ces derniers soient maîtres de leur destin. Nous avons fait des investissements sans précédent pour réparer et moderniser les réseaux d'alimentation en eau et d'élimination des eaux usées dans les collectivités autochtones. Nous investissons dans les familles et dans les enfants. Grâce au Plan de protection des océans, les peuples autochtones disposent de nouvelles occasions de protéger, de préserver et d'assainir les océans du Canada.
Nous avons également apporté des changements fondamentaux à notre approche de négociation des traités modernes. C'est essentiel pour la Colombie-Britannique, car il y a déjà de nombreuses revendications territoriales non réglées dans la province, mais il y a des exemples de traités modernes qui ont permis la réconciliation, notamment dans le Nord.
Je voudrais donner deux exemples poignants de ma circonscription qui montrent que la réconciliation est possible dans la pratique.
D'abord et avant tout, ce mois-ci, nous célébrons le 10e anniversaire de la tenue des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques de 2010 à Vancouver. Cet événement a été source d'une immense fierté pour tous les Canadiens, car nous avons réussi à montrer à toute la planète la richesse de notre diversité culturelle.
Les Jeux ont également été l'occasion de mettre en valeur le patrimoine et la culture incroyables des peuples autochtones. Nous avons pu le faire grâce à notre collaboration avec les quatre Premières Nations hôtes. Dans le cadre de ce processus, nous avons donné l'occasion aux Premières Nations de faire connaître leurs langues et leur culture dans les célébrations et par l'entremise de nouveaux partenariats économiques, notamment le développement de nouvelles infrastructures touristiques comme le centre culturel Squamish Lil'Wat.
Ensuite, peut-être parce que nous parlons d'une crise générée par un gazoduc, je voudrais mentionner le projet de gaz naturel liquéfié Woodfibre, dans ma circonscription. Ce gazoduc et le terminal d'exportation connexe sont situés en plein cœur du territoire de la nation Squamish. Les Squamish s'inquiétaient de la possibilité que le processus réglementaire en place ne permette pas de consultations adéquates et ne réponde pas à leurs préoccupations, alors la nation a proposé de mener sa propre évaluation environnementale et, quelle surprise, l'entreprise a accepté de s'y conformer.
Le processus a eu lieu et il a permis d'établir de nouvelles conditions pour le projet. La proposition a été de nouveau soumise à la nation, qui l'a mise aux voix et, ultimement, l'a approuvée. La nation a par la suite négocié une entente sur les répercussions et les avantages liés au projet. Ce sont maintenant les Squamish qui surveilleront le projet pour s'assurer du respect des conditions.
Si je donne cet exemple, c'est pour montrer que d'impliquer les Premières Nations dans les projets de valorisation des ressources ne signifie pas que les projets seront rejetés. La contribution des Premières Nations signifie plutôt que les projets seront plus écologiques et qu'ils profiteront davantage à la communauté et au Canada.
C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons fait adopter la Loi sur l’évaluation d’impact lors de la dernière législature. Les réformes adoptées sous le gouvernement conservateur précédent ne respectaient pas les droits des autochtones et les partenariats établis avec eux, elles avaient érodé la confiance de la population et elles avaient compromis la sécurité publique. La Loi sur l’évaluation d’impact crée l'espace nécessaire pour que les Autochtones mènent leur propre processus d'évaluation environnementale, de manière à donner aux Premières Nations un rôle dans les décisions qui concernent leurs droits. En outre, une consultation publique précoce garantira que les évaluations se feront en partenariat avec les Autochtones, que les communautés feront entendre leur voix et que les entreprises sauront ce qu'on attend d'elles, notamment sur les questions liées aux changements climatiques, à la conservation et à la protection de l'environnement.
Le fait de mobiliser et de consulter concrètement les Autochtones vise à obtenir leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, ce qui n'est pas facultatif. Le Canada a l'obligation légale de consulter et, le cas échéant, d'accommoder les groupes autochtones s'il peut y avoir une incidence négative sur leurs droits et titres ancestraux établis. L'article 35 de la Constitution indique très clairement quelle est notre relation fiduciaire avec les Premières Nations. Nous ne pouvons pas continuer dans la situation actuelle et nous devrons tous mettre la main à la pâte, tous ordres de gouvernement confondus, pour trouver comment aller de l'avant. La situation actuelle est attribuable au fait que le processus de réconciliation stagne et que les Canadiens se déçoivent les uns les autres. Nous devons donc être totalement résolus à réparer et à améliorer les systèmes pour que le pays demeure fonctionnel et à même de fournir les services sur lesquels nous comptons tous.
Les réseaux de transport ne peuvent pas continuer à subir de telles répercussions. Le secteur des transports permet d'établir des liens sociaux. Les Canadiens ont moins accès aux membres de leur famille, aux activités communautaires, à l'éducation et aux services de santé, et ils en ressentent les effets. Les chemins de fer sont un pilier de la vie rurale au Canada. Ils offrent un service, un accès et une connexion aux régions les plus rurales et les plus éloignées du pays. Les chemins de fer offrent un service du premier au dernier kilomètre, et nous ne pouvons pas priver les Canadiens des services dont ils ont besoin.
Je sais que mes collègues partagent mes inquiétudes pour les gens qui travaillent dans certaines industries partout au pays et qui risquent d'être mis à pied et d'avoir plus de difficulté à subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Les collectivités ont besoin des biens transportés par ces sociétés ferroviaires; c'est particulièrement vrai pour les familles du Canada atlantique, qui ont besoin de propane pour chauffer leurs maisons et qui doivent faire face au rationnement. Les aliments de base sont transportés par train de la ferme aux foyers. Des dizaines de millions de tonnes d'aliments sont transportées par train chaque année. Nous devons faire mieux pour nos concitoyens. La prospérité économique du Canada peut améliorer la situation des Canadiens et leur donner les moyens d'améliorer constamment leur sort. La perturbation du transport ferroviaire entraîne, chaque jour, des pertes de plusieurs milliards de dollars pour le pays, et il est plus que jamais urgent d'agir.
Nous avons vu les effets désastreux du recours injustifié à la force contre les peuples autochtones du pays. Je tiens à dire clairement que la force ne peut pas être et ne sera pas une solution à ce conflit, et nous ne trouverons pas non plus de solution dans d'interminables procédures judiciaires. Nous devons travailler avec nos partenaires pour éviter les procédures judiciaires et trouver ensemble une solution à la table de négociations. Nous pouvons trouver plus qu'une solution; je pense que nous pouvons trouver le moyen d'assurer notre prospérité. Nous pouvons faire mieux.
Nous pouvons trouver des processus qui conviennent aux peuples autochtones, mais nous n'arriverons à rien sans dialogue. Pour remédier aux divisions au sein de notre pays, il faut dialoguer. Nous devons montrer que nous avons un processus à proposer pour promouvoir la réconciliation. Si nous y arrivons, nous pourrons commencer à désamorcer la crise actuelle et relancer l'économie et le transport des personnes et des biens.
Quand nous arrivons à travailler ensemble, la réconciliation est possible. La réconciliation passe par l'apprentissage, la réparation et le dialogue. J'exhorte toutes les parties concernées à contribuer à la solution.
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Monsieur le Président,
msit no’kmaq, je souligne que nous nous trouvons sur un territoire algonquin. Beaucoup d'entre nous ont reconnu les territoires traditionnels des Premières Nations sur lesquelles nous nous réunissons. Certains vont jusqu'à dire qu'il s’agit de territoires non cédés. Combien d'entre nous ont réfléchi au sens de cette affirmation?
Pour moi, en tant que personne micmaque, en tant qu'Autochtone, cela signifie que nous reconnaissons qu'un autre groupe d'êtres humains s'est occupé de la terre et l'a entretenue pour les générations subséquentes. Nous le faisons par respect. Peut-être le faisons-nous aussi par souci de réconciliation. C'est facile de parler de réconciliation, mais il est beaucoup plus difficile de la mettre en pratique.
On élève les enfants micmacs en leur enseignant qu'ils ont des responsabilités innées envers leur famille, leur communauté et leur nation, de même qu'envers l'écosystème. Dans ma langue, on appelle celui-ci netukulimk. Lorsque je réfléchis à cette responsabilité, je pense aux actions que je suis prêt à faire pour assurer la qualité de vie des générations futures.
J'ai été un manifestant ou un protecteur du territoire, comme mes collègues me l'ont rappelé. Je suis moi aussi descendu dans la rue pour exprimer ma frustration pendant le mouvement Idle No More alors que le gouvernement de Stephen Harper faisait des compressions dans le domaine de l'environnement et dans les services aux autochtones. J'étais aux côtés des contestataires.
C'est seulement lorsqu'un nouveau gouvernement a été élu que j'ai cru que le Canada était arrivé à un tournant. Le pays pouvait envisager une nouvelle relation avec les peuples autochtones. C'est dans cet esprit que je suis entré en politique.
Étant donné le travail que le gouvernement avait fait pour favoriser la réconciliation, j'ai pensé qu'un militant micmac serait le bienvenu. Je le pense encore aujourd'hui. Je suis convaincu que la réconciliation est possible.
À mon avis, la réconciliation n'est pas une destination, mais plutôt un parcours. Comme pour toute relation que nous voulons améliorer et nourrir, ce n'est possible qu'en étant à l'écoute. Ce n'est possible que si nous faisons preuve de respect et si nous trouvons un terrain d'entente. Le Canada, comme il l'a fait maintes fois, arrive à une étape. Ce n'est pas la première fois que les Canadiens demandent une intervention policière, voire militaire, pour mettre fin à la désobéissance civile et à des manifestations.
S'il y a une leçon à tirer du mouvement pour la défense des droits civiques aux États-Unis, c'est que la violence, la police ou l'armée ne met pas fin à un mouvement politique. Une telle approche ne fait qu'entraîner une intensification des actions politiques, une escalade des tensions et d'autres bouleversements.
La communication est la seule solution possible. Les Wet’suwet’en réclament des négociations de bonne foi. Je ne reviendrai pas sur ce que mon collègue vient de dire sur la détermination dont ont fait preuve les Wet’suwet’en dans leur combat devant la Cour suprême du Canada pour faire reconnaître leurs titres ancestraux. Je dirai toutefois qu'ils ont considéré cette reconnaissance comme une victoire. Bon nombre de nations autochtones au pays étaient du même avis.
Comme beaucoup de députés l'ont déclaré aujourd'hui, l'article 35 de notre Constitution, la loi suprême du Canada, reconnaît les droits ancestraux ou issus de traités. Par ailleurs, l'article 52 indique que la Constitution est la loi suprême du Canada et que toute autre loi qui y est contraire est inopérante. Par conséquent, même si la primauté du droit est importante, nous devons nous assurer qu'elle s'applique équitablement à tous.
Nous sommes en pleine crise, mais cette crise ne sévit pas depuis 12 jours, ni même 12 ans. Elle sévit depuis plus de 150 ans.
J'ai travaillé pendant plus d'une décennie pour les chefs héréditaires des Micmacs, comme mon père l'avait fait pendant 30 ans avant moi. Ils formaient le Santé Mawiómi. La différence, c'est qu'ils étaient à la table de négociation avec les chefs élus. Même si ce n'était pas toujours facile, ils trouvaient toujours des moyens de travailler ensemble.
Il est important que les gouvernements en vertu de la Loi sur les Indiens et les gouvernements ancestraux collaborent au même titre que nous, en situation de gouvernement minoritaire, devons tenter de collaborer.
J'invite aujourd'hui les dirigeants autochtones et non autochtones du Canada à s'engager à ce que notre relation fonctionne. L'intervention politique, et non policière, peut réduire les tensions. C'est la seule solution. Ce qu'il faut, c'est une discussion politique et de la négociation, et non des propos incendiaires. Nous devons inspirer l'espoir. Si je n'ai qu'un message à véhiculer dans ce discours, c'est qu'il y a toujours de l'espoir. Le politicien en moi le croit et le manifestant en moi le croit aussi.
Nous sommes toujours ici. Nous avons débattu toute la soirée, mais surtout, nous avons écouté toute la semaine. Nous sommes toujours à l'écoute. Je promets que nous ne cesserons pas d'écouter. J'invite les parties intéressées à communiquer avec nous. Reprenons les négociations et laissons nos familles partout au pays retourner au travail.
Comme dans toute relation entre les membres d'une famille ou entre partenaires, c'est en discutant de nos problèmes que nous pourrons grandir et non en adoptant des positions extrêmes. Notre pays a l'occasion de grandir. Nous avons la capacité d'avancer et de prendre des mesures dont pouvaient uniquement rêver les dirigeants autochtones de ce pays par le passé. Nous disons que la réconciliation est notre priorité. Montrons-le dans chacune de nos actions.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
J'ai écouté la plupart des interventions du débat d'urgence de ce soir et j'aimerais aborder le sujet sous un angle différent, c'est-à-dire expliquer pourquoi nous en sommes là.
Il y a une vingtaine d'années, le gouvernement libéral de l'époque a carrément jeté des agriculteurs en prison pour avoir franchi la frontière dans le but de vendre leurs céréales aux États-Unis. D'un autre côté, des manifestants bloquent aujourd'hui des infrastructures essentielles à la bonne marche du pays, mais le gouvernement libéral ne fait rien pour remédier à la situation.
Quelqu'un a pensé aux dommages collatéraux de cette inaction? Les agriculteurs de tout à l'heure, qui demandaient seulement à vendre leurs céréales, ont été jetés en prison par les libéraux. De nos jours, les tribunaux ont confirmé que les barricades érigées par les manifestants sont illégales, mais les libéraux ne lèvent pas le petit doigt. On peut imaginer le message que cela envoie aux agriculteurs du pays. Ces barricades sont en train d'étouffer l'économie canadienne, et les conséquences sont bien réelles.
Vendredi, un producteur de grains de ma circonscription est venu à mon bureau à High River. Je dois admettre que je vois rarement des agriculteurs et des éleveurs de bétail au bord des larmes, mais cet agriculteur octogénaire était extrêmement furieux. Il a connu cet automne ce qui a été considéré comme la pire saison des récoltes imaginable. Il procède enfin aux récoltes. Tout au long de janvier et de février, lorsqu'il faisait beau, certains agriculteurs de ma circonscription étaient à l'extérieur sur leur moissonneuse-batteuse, essayant de récolter ce qu'ils pouvaient.
Voilà maintenant que cet agriculteur à mon bureau demande ce qu'il peut faire d'autre. Il a vécu l'un des pires printemps et l'un des pires automnes en 60 ans. Il a fini par faire les moissons, mais il doit maintenant composer avec les blocages. Il n'y a pas de train au terminus où il pourrait vendre ses denrées et acheminer son produit jusqu'au marché.
Ce sont les conséquences réelles que vivent les agriculteurs de tout le pays. Ce n'est pas seulement l'Ouest canadien ou ma circonscription qui sont touchés, ce sont toutes les régions du pays.
Les députés d'en face disent ne pas vouloir précipiter les choses et vouloir discuter et amorcer le dialogue, disant qu'ils seront là aussi longtemps qu'il le faudra. Toutefois, il y a des propriétaires d'entreprise, des agriculteurs et des éleveurs de bétail dans tout le pays qui ne peuvent vraiment pas attendre que se noue ce dialogue et regarder le gouvernement libéral rester à l'écart en espérant que la crise se règle d'elle-même. Ils seront en faillite avant que la crise soit réglée si le continue à ne rien faire.
Ce n'est pas un simple discours. J'ai entendu un grand nombre de mes collègues d'en face dire que ce n'était que des paroles en l'air. J'aimerais présenter en chiffres la situation actuelle. À l'heure actuelle, dans le port de Prince George, 19 navires attendent un chargement de grain. Ils leur en manque 400 000 tonnes. Dans le port de Vancouver, 42 navires attendent un chargement.
Seulement à Prince George, on attend 400 000 tonnes de grain, soit environ 4 000 wagons. Chaque journée d'attente coûte environ un million de dollars. Si on inclut les deux ports, on parle d'un coût direct de 40 à 50 millions de dollars par semaine pour les producteurs de grain. Quand les bateaux ne sont pas chargés, les frais de surestarie sont refilés directement aux producteurs. Ils ne peuvent pas les transférer à qui que ce soit, car ils prennent le prix offert et sont le dernier maillon de la chaîne. Si on additionne tout cela pour la période de quatre semaines, la situation a coûté au secteur agricole canadien de 200 à 300 millions de dollars, seulement pour le grain. Ces chiffres ne tiennent pas compte du bétail, des engrais, du porc ou d'autres denrées. Il ne concerne que le grain. Cela donne une idée des répercussions qu'a cette situation sur les agriculteurs et les éleveurs du pays.
Par ailleurs, j'ai parlé aujourd'hui à un marchand de propane. Il m'a dit que les réserves du Québec et de l'Ontario pourraient tenir pendant peut-être quatre ou cinq jours et qu'elles étaient rationnées. J'ai entendu des commentaires semblables venus du Canada atlantique. Ce problème touche notamment les agriculteurs qui cherchent à chauffer leurs étables et à faire sécher leur grain. Ils subissent un coup dur après l'autre. Ils lèvent les bras vers le ciel, désespérés, se demandent ce qu'ils pourraient faire de plus et pourquoi personne ne porte attention à l'anxiété, au stress et à l'exaspération qu'ils vivent.
Petit fait ironique à propos du propane, ces mêmes agriculteurs doivent aussi composer avec la taxe sur le carbone des libéraux, qui leur coûte des dizaines de milliers de dollars par mois.
L'association des producteurs agricoles de la Saskatchewan a calculé que c'est comme si la taxe sur le carbone faisait disparaître 12 % du revenu des agriculteurs.
Les agriculteurs ont fini par envoyer leurs céréales cet automne, mais le CN est alors tombé en grève. Là non plus, le gouvernement libéral n'a rien fait; il a plutôt décidé de rester sur la touche et d'attendre que le problème se résolve tout seul. On commence à peine à rattraper les retards accumulés. Puis voilà qu'en janvier, la taxe sur le carbone s'est ajoutée aux malheurs des agriculteurs. Février arrive, le pays est jonché de barricades illégales et ils ne peuvent toujours pas acheminer leurs produits jusqu'aux marchés. J'espère que mes collègues d'en face peuvent sentir toute la colère du milieu agricole et agroalimentaire du pays. Chaque fois que ces gens pensent qu'ils sont au bout de leurs peines, le gouvernement libéral leur assène une autre gifle.
Quand on a demandé à la si elle était au courant des effets de la taxe sur le carbone sur les agriculteurs canadiens, elle a répondu que son ministère ne gardait pas de données là-dessus, mais qu'elle avait bon espoir d'en avoir un jour en sa possession. Avant d'imposer une taxe sur le carbone, le gouvernement aurait peut-être dû en calculer les coûts pour le secteur agricole.
Au cours des deux dernières semaines, j'ai entendu les libéraux dire qu'ils n'allaient pas faire respecter l'injonction accordée par les tribunaux et qu'ils espéraient que le problème se règle tout seul pacifiquement et rapidement. Je suis désolé, mais cela ne suffit tout simplement pas. Je ne voudrais surtout pas inciter les gens à la violence ou avoir une influence de ce genre, mais il faudra tôt ou tard comprendre que l'inaction actuelle a des conséquences économiques bien réelles.
L'économie canadienne est au bord du gouffre, et je ne vois pas comment je pourrais qualifier la situation autrement. Il ne faut pas penser que, lorsque le problème sera résolu, à un moment donné, l'économie canadienne se remettra aussitôt à tourner comme si de rien n'était. Ce ne sera pas le cas. J'ai parlé au CN, la semaine dernière, et il a un arriéré de 200 trains de marchandises. Ce ne sont ni des jours ni des semaines qu'il faudra pour résorber cet arriéré, mais bien des mois.
Par ailleurs, le gouvernement doit comprendre les incidences de ce qui se passe actuellement sur les relations du Canada avec ses partenaires commerciaux les plus fidèles et les plus importants. Ils voient le Canada comme un fournisseur. Eux sont nos clients. Que feront-ils lorsque leurs navires partis du Japon, de la Chine, de l'Inde, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Pérou pour prendre un chargement à Vancouver ou à Prince George repartiront bredouilles? Ils enverront leurs navires prendre une cargaison chez un fournisseur leur offrant une meilleure garantie d'approvisionnement. Ils iront au Brésil, au Pérou ou aux États-Unis. Nous aurons perdu ces clients.
Notre réputation sur les marchés mondiaux sera ternie. Plus de 50 % de la production agricole canadienne est destinée à l'exportation. Nous dépendons plus des marchés d'exportation que n'importe quel autre pays ou presque. La fiabilité de l'infrastructure essentielle et de la chaîne d'approvisionnement dans l'ensemble du pays ne peut être ébranlée de la sorte sans que des conséquences très claires en résultent.
J'ai beaucoup parlé des simples agriculteurs qui sont touchés par cette situation. Toutefois, vendredi dernier, j'ai aussi discuté avec Chuck Magro, le président-directeur général de Nutrien, pour connaître les répercussions sur ses activités. Cette entreprise d'engrais, qui est située à Calgary, est la plus importante en Amérique du Nord. C'est le temps de l'année le plus occupé pour Nutrien. Elle cherche à acheminer ses produits non seulement à ses clients aux quatre coins du Canada, mais également vers des bateaux pour les envoyer partout dans le monde. Si ces barrages ne sont pas retirés à très court terme, Nutrien n'aura pas d'autre choix que de fermer certaines de ses usines les plus importantes au pays et de mettre à pied des employés. Nutrien a maintenant un retard de 125 wagons, et ce nombre continue d'augmenter chaque jour.
En conclusion, je veux dire très clairement à mes collègues d'en face qu'il y a des conséquences bien réelles à cette inaction et à toute cette démagogie. Des agriculteurs, des éleveurs et des transformateurs d'aliments de partout au pays seront acculés à la faillite. Ils sont désespérés. Ils ont besoin de gens qui se tiennent debout et qui sont prêts à lutter pour eux. Malheureusement, le gouvernement a montré, encore et encore, que ce n'est pas le cas.
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Monsieur le Président, c'est un privilège de prendre part au présent débat d'urgence. Je tiens à remercier le député de d'avoir partagé son temps de parole avec moi.
Je tiens à prendre acte des observations faites par le plus tôt aujourd'hui, et je prends acte des observations ou autres remarques faites par certains députés, qui cherchent à trouver des solutions à cette importante question. Je reconnais qu'il faut faire preuve de bonne foi, favoriser le partenariat et adopter une approche non partisane lorsqu'il est question d'enjeux autochtones et de la voie à suivre pour assurer une véritable réconciliation.
Il faut se poser deux questions fondamentales. Primo, pourquoi sommes-nous dans cette situation? Secundo, que faut-il faire?
Pourquoi sommes-nous dans cette situation? Pourquoi y a-t-il des barrages, des manifestations et des perturbations économiques?
La réponse est assez simple. C'est parce que le Canada, au fil des gouvernements qui se sont succédé, y compris le gouvernement actuel, n'a pas fait le travail de fond consistant à rétablir les bases des relations avec les Autochtones, et ce, malgré les beaux discours. Nous savons tous ce qui doit être fait. Nous le savons depuis des décennies, mais nous voici une fois de plus en pleine crise parce qu'on a repoussé le dur travail qu'il fallait faire.
Dans l'histoire du Canada, les peuples autochtones ont été divisés en regroupements administratifs plus petits auxquels étaient imposés des systèmes de gouvernement. Pour les Indiens, cela s'est fait par l'intermédiaire de la Loi sur les Indiens et la création du système de conseils de bande.
Le travail de décolonisation, de réconciliation, nécessite qu'on aide les nations à se reconstruire, à se réunifier et à revitaliser leurs propres systèmes de gouvernement, à atteindre l'autonomie gouvernementale. Jusqu'à ce qu'elles le fassent, nous ne saurons jamais qui parle pour les nations, indépendamment du bon travail et des bonnes intentions des centaines de chefs et de conseils relevant de la Loi sur les Indiens et des chefs traditionnels qui, dans bien des cas, sont les mêmes personnes.
Toutefois, nous n'avons pas fait le travail. Nous maintenons depuis des décennies la même loi et les mêmes politiques qui gardent les Premières Nations assujetties à une loi coloniale et les nations divisées, qui rendent les négociations longues et presque impossibles et qui ne font rien pour aider un tant soit peu les Premières Nations à faire le travail de reconstruction qu'elles devront inévitablement faire. Il y a une foule de raisons à cela: le déni, depuis le début, du droit à l'autonomie gouvernementale et le refus d'accorder des droits sur des terres, sans compter le paternalisme. Le résultat de l'inaction constante, ce sont des situations comme celle que nous voyons sur le territoire des Wet'suwet'en.
Le a dit aujourd'hui que les problèmes actuels trouvaient leurs racines dans un passé lointain. Il a raison. Cela dit, soyons honnêtes. Je crois, respectueusement, que le premier ministre doit apprendre à prendre ses responsabilités. Au fil des ans, les Canadiens ont découvert la véritable histoire du pays et compris qu'un changement fondamental est nécessaire. Le premier ministre parle depuis cinq ans de la grande importance que revêt la relation avec les peuples autochtones. Il y a plus de deux ans, il s'est engagé, à la Chambre des communes, à apporter des réformes transformationnelles, notamment aux lois et aux politiques. Si elles avaient eu lieu, ces réformes seraient très utiles aujourd'hui pour examiner la question du territoire des Wet'suwet'en. Elles auraient aussi pu soutenir le travail de gouvernance interne de la nation, réorienter les processus de consultation et fournir un cadre pour l'établissement de meilleures relations.
Quelles ont été les retombées de ce discours, de ces promesses de transformation? Il ne s'est presque rien passé, en fait. La loi promise ne s'est pas concrétisée. C'est un travail difficile, je le sais, mais nous ne pouvons pas repousser constamment le travail difficile pour des raisons politiques, sinon, nous serons encore confrontés, dans cinq ans ou même plus tôt, à une situation semblable à celle qui nous occupe aujourd'hui.
Voilà donc où nous en sommes. Que faudrait-il faire? Puis-je me permettre de proposer quatre idées, dans un esprit de bonne volonté et de collaboration?
Premièrement, les gouvernements doivent prendre l'initiative. Ils doivent prendre les choses en main. Plusieurs semaines se sont déjà écoulées. Si le souhaite dialoguer pour arriver à une résolution pacifique, désamorcer la situation et faire preuve d'un véritable leadership, il aurait dû se rendre en avion jusqu'en Colombie-Britannique, y prendre le premier ministre provincial au passage et se rendre avec lui en territoire wet'suwet'en pour y rencontrer les dirigeants des Wet'suwet'en et d'autres dirigeants autochtones de la Colombie-Britannique.
Le pourrait encore le faire, en respectant le souhait et les conditions préalables des leaders des Wet'suwet'en et en reconnaissant les difficultés qui existent dans leur communauté. Bien franchement, à mon avis, les dirigeants ne veulent pas participer à des réunions où les résultats et le déroulement n'ont pas été déterminés à l'avance. Nous en avons assez. On ne peut pas négocier en suivant un scénario lorsqu'il est question de problèmes et de défis. Occupons-nous-en une fois pour toutes.
Deuxièmement, le gouvernement devrait prendre des mesures dès maintenant pour apporter des changements fondamentaux qui se font attendre depuis longtemps. Le gouvernement aurait dû présenter depuis longtemps un projet de loi global pour mettre en œuvre les normes minimales de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et respecter la reconnaissance et la mise en œuvre des droits ancestraux, c'est-à-dire un cadre de reconnaissance et de mise en œuvre des droits ancestraux. Un tel projet de loi comprendrait des mesures de soutien, mais sans empêcher les Premières Nations de rétablir leurs gouvernements. Le projet de loi prévoirait aussi des pistes pour aller au-delà de la Loi sur les Indiens. Les chefs relevant de la Loi sur les Indiens ont un rôle important à jouer dans ce processus. Une fois que les autochtones exerceront une véritable autonomie gouvernementale, nous saurons avec certitude qui parle au nom des détenteurs de titres ancestraux. Il est important non seulement que les peuples autochtones aient confiance en la légitimité de leurs propres institutions démocratiques, mais aussi que les Autochtones puissent choisir leur propre système de gouvernance et voter sur cette question. Aujourd'hui, il est également important que tous les Canadiens soient au courant.
Je serai franche. Souvent, le gouvernement emploie des termes comme « élaboration conjointe » et la nécessité de procéder « en partenariat » avec les peuples autochtones, mais dans bien des cas, il utilise ce langage pour justifier les retards ou l'inaction. Depuis des décennies, au moins depuis la Commission royale sur les peuples autochtones il y a 25 ans, nous savons quel changement fondamental il faut apporter aux lois. La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a dix ans. Le gouvernement est au pouvoir depuis cinq ans et voilà deux ans que le a annoncé que le projet de loi serait déposé d'ici dix mois. Ça suffit. Il est temps d'agir. Fini les demi-mesures, les discours ronflants, les négociations interminables qui, pendant des années, ne vont nulle part très lentement.
Troisièmement, le gouvernement devrait considérer une période de réflexion lorsqu'aucune activité de construction n'est en cours. Cela permettrait à tous de prendre du recul, d'évaluer l'état des choses, de faire place au dialogue et de désamorcer les tensions existantes. Qu'elle dure un ou plusieurs mois, cette période de réflexion pourrait être profitable pour tous.
Pendant ce temps, un dialogue pourra avoir lieu entre les Wet'suwet'en et le gouvernement. De plus, je dirais en tout respect que les Wet'suwet'en devront prendre leurs responsabilités et profiter de la pause pour tenir leur dialogue entre eux, sans exclure personne, ce qui devrait leur permettre de définir clairement leur approche collective concernant l'avenir de ce projet. En outre, la période d'arrêt des travaux pourrait être utilisée pour faire des études semblables à celles qui ont été réalisées dans le passé en vue de déterminer si des parties du tracé pourraient être détournées de manière à résoudre certains problèmes. On pourrait aussi, au besoin, voir si le gouvernement serait en mesure de payer une partie du coût de ces changements dans l'éventualité où ceux-ci recueilleraient la faveur générale.
Quatrièmement, en tant que fière Autochtone du pays, je sais que les gouvernements autochtones doivent être considérés comme les premiers responsables du dossier. Le départ de la GRC est la principale demande que j'ai entendue, y compris lors des réunions avec le du Canada et le premier ministre de la province. On veut qu'elle quitte les lieux. Si je comprends bien la situation actuelle, la société menant le projet et les Wet'suwet'en sont présents sur place, et il n'y a pas de violence. Si la GRC décidait de partir, peut-être dans le cadre d'une période de réflexion, je m'attendrais à ce que les gouvernements autochtones, y compris les dirigeants des Wet'suwet'en, entreprennent une démarche de réconciliation et cherchent à avancer collectivement.
Je voudrais faire une dernière observation au sujet du point de vue voulant qu'il n'y ait plus de chance de réconciliation.
La réconciliation, au sens le plus strict, implique nécessairement un jugement. Face à notre passé, nous prenons la responsabilité de changer les choses concrètement, de faire les choix difficiles pour notre avenir. Ce sont les choix que doivent faire tous les députés dans leur rôle de représentant de leur circonscription au profit de l'ensemble des Canadiens. Nous avons enfin l'occasion de compléter l'œuvre inachevée de la Confédération, de permettre aux peuples autochtones d'arriver à l'autonomie gouvernementale, d'atteindre les normes minimales de la déclaration des Nations unies et de garantir aux peuples autochtones la place qui leur revient de droit au sein de notre formidable pays.
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Monsieur le Président, les 12 derniers jours ont de toute évidence été difficiles pour le Canada. Aujourd'hui, je ferai mon discours sous l'angle des transports, mais je tiens d'abord à reconnaître que bon nombre des problèmes avec lesquels nous sommes aux prises vont bien au-delà des transports.
Que nous le réalisions ou non, en tant que Canadiens, nous sommes les bénéficiaires du riche héritage de ceux qui nous ont précédés: les Autochtones qui vivent ici depuis des temps immémoriaux, les Européens et les autres peuples qui sont venus s'installer ici plus tard, et tous ceux qui ont construit les infrastructures et les institutions qui mettent en évidence notre richesse actuelle et notre statut de pays parmi les plus prospères de l'histoire de l'humanité, notamment les réseaux ferroviaires, les ports, les ponts et les routes, qui continuent à jouer un rôle névralgique pour relier notre vaste pays d'un océan à l'autre.
Cependant, en plus de ce très précieux héritage, nous avons aussi hérité des erreurs et des méfaits de nos prédécesseurs. Une grande partie de notre prospérité actuelle a été acquise aux dépens des peuples et des communautés autochtones qui ont été déplacés et ont vu leur vie et leurs coutumes être perturbées. Nous avons conclu des traités avec certains d'entre eux, mais ces traités ont souvent été violés, soit en paroles, soit en esprit. De plus, beaucoup d'Autochtones ont été placés de force dans des pensionnats aux fins d'assimilation culturelle.
Nous vivons tous avec les conséquences de ces décisions, le double héritage des réalisations, des erreurs et des mauvais traitements. En tant que gouvernement et pays, nous avons maintenant une meilleure compréhension des erreurs du passé, dont les effets se font encore sentir aujourd'hui et se traduisent notamment par une qualité de vie inférieure pour les Autochtones et des problèmes systémiques, y compris des taux d'incarcération plus élevés.
Nous avons amorcé un long et difficile processus de réconciliation, un processus qui comporte bien des défis, mais qui est par ailleurs essentiel si nous voulons aller de l'avant et construire un pays dont nous pourrons être plus fiers. Or, certaines de ces erreurs et certains de ces schémas du passé ont entraîné des problèmes qui ne sont pas faciles à régler. Bien des Autochtones au Canada éprouvent de la colère pour la façon dont leurs communautés ont été traitées et se méfient du gouvernement, de nos lois et de l'application de ces lois par les corps policiers; on peut les comprendre. Un grand nombre de non-Autochtones le comprennent d'ailleurs.
Bref, comme je l'ai déjà dit, les problèmes soulevés par les manifestations des 12 derniers jours ne se limitent pas au transport. Ils sont complexes et pas du tout faciles à régler. Ils suscitent de profonds sentiments de colère et de ressentiment.
Il est facile d'être mécontent à cause du coût et des inconvénients occasionnés par ces barrages et les manifestations qui les causent. Toutefois, il est important de comprendre les motifs à leur origine. Il est aussi essentiel de faire preuve de compassion et de compréhension les uns envers les autres, d'être patient et de prendre le temps qu'il faut pour vraiment être à l'écoute. Il faut penser aux gens qui perdent leur emploi et voient leur vie être bouleversée par les barrages. Il faut aussi penser aux personnes dont la vie a été touchée par un héritage marqué par le racisme, la négligence, la marginalisation et l'ignorance. À ce moment-ci, nous devons faire preuve d'empathie, être patients et garder la tête froide afin de trouver une solution pacifique et négociée. Comme le l'a souligné, nous avons un choix à faire au pays: nous pouvons répéter certaines des erreurs que nous faisons depuis des centaines d'années ou nous pouvons emprunter une voie plus pacifique.
J'aimerais maintenant parler de certains aspects liés au transport en mettant l'accent sur la sécurité.
Le gouvernement accorde beaucoup d'importance à la sécurité, en particulier dans les corridors de transport ferroviaire. Le gouvernement a le devoir de veiller à ce que le système ferroviaire et son infrastructure soient sûrs. Nous prenons cette responsabilité au sérieux. Les compagnies ferroviaires canadiennes s'efforcent également de rendre leurs opérations aussi sûres que possible. Par conséquent, nous sommes préoccupés par les activités survenues récemment à l'intérieur et autour des voies ferrées et des gares de triage du pays.
Comme l'a signalé le vendredi dernier, il faut bien comprendre que les voies ferrées et les gares de triage sont des endroits dangereux pour les gens qui n'ont pas une formation adéquate. Travailler à proximité des voies ferrées et des wagons de chemin de fer exige une connaissance complète des procédures de sécurité. De plus, lorsqu'un grand train rencontre un obstacle inattendu, il ne peut pas arrêter instantanément sur la voie ferrée. Cela représente un danger extrême pour la vie de ceux qui sont dans le train et ceux qui se trouvent sur son chemin.
Je tiens également à rappeler aux Canadiens que le fait de modifier des voies ferrées, des wagons de chemin de fer ou des systèmes de signalisation est illégal et extrêmement dangereux. En plus de s'exposer eux-mêmes à des risques, ils mettent en danger les cheminots, les passagers des trains et les populations qui vivent à proximité des voies ferrées.
Je demande à ceux qui enfreignent la Loi sur la sécurité ferroviaire de penser aux conséquences d'un accident grave, au fait que des blessures pourraient entraîner la mort de personnes innocentes. Est-ce qu'une telle approche fera avancer la cause de la réconciliation? Aidera-t-elle les peuples autochtones?
Peu importe les préoccupations des manifestants, aussi sincères soient-elles, nous ne pouvons pas approuver une activité qui nuit délibérément aux services ferroviaires. Par conséquent, je demande à tous les Canadiens de respecter la Loi sur la sécurité ferroviaire et de tenir compte des dangers associés aux manifestations récentes. Je sais que certaines personnes pourraient penser que les arrêts de transport ferroviaire ne nuisent qu'à la rentabilité des grandes entreprises. Or, nous ne pouvons pas négliger les effets négatifs sur les emplois, le gagne-pain et la vie des gens. Nous ne pouvons pas passer sous silence l'importance du transport efficace et sûr de choses comme le propane et d'autres combustibles pour chauffer les maisons, les produits agricoles, les fournitures médicales, le liquide de dégivrage pour les aéroports et bien plus encore. Tous ces produits sont immobilisés, incapables de se rendre à destination, à cause des entraves dans les corridors ferroviaires. Le CN a annoncé que les barrages pourraient obliger la compagnie ferroviaire à fermer de grands tronçons de son réseau. Des centaines de trains sont paralysés à cause de ces barrages. Les annulations de VIA Rail empêchent des gens de rentrer à la maison ou de se rendre à d'autres destinations.
Comme je le disais plus tôt, le sentiment d'aliénation est bien palpable. Tout le monde s'entend pour dire que le pays est divisé et que chacun a son point de vue bien à lui sur un sujet aussi important. Les Canadiens devraient avoir la liberté d'exprimer leur mécontentement et leurs inquiétudes, personne ne dit le contraire, mais on entre dans une zone dangereuse si on laisse les gens s'en prendre au réseau ferroviaire du pays. C'est le gagne-pain de nombreux Canadiens qui est en jeu; il pourrait même y avoir des morts. Le Canada est un pays commerçant et, qu'ils soient côtiers ou fluviaux, les ports sont une véritable plaque tournante pour le commerce, intérieur autant qu'international.