La Chambre passe à l'étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement.
propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Madame la Présidente, ma formidable circonscription, York—Simcoe, constitue le potager du Canada.
J'ai le privilège de prendre la parole pour débattre encore une fois du projet de loi , Loi modifiant la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) (élimination définitive de déchets plastiques). Je suis très reconnaissant envers les députés qui ont soutenu ce projet de loi et qui ont contribué à son amélioration au cours des derniers mois. De plus, j'apprécie grandement la contribution des nombreux experts, des groupes de défense, des organisations de l'industrie et d'autres Canadiens intéressés, qui ont offert leurs commentaires et leur expertise pour le projet de loi et pour les enjeux auxquels il s'attaque.
Voilà 462 jours que j'ai présenté le projet de loi à la Chambre. Nous avons déjà perdu beaucoup de temps. Les conséquences des déchets plastiques demeurent une préoccupation pressante ici au Canada et dans le monde entier. Avec le temps, les plastiques jetés se décomposent et s'ils ne sont pas traités adéquatement, ils finissent par contaminer les lacs, les rivières et les océans. Ils menacent aussi l'écosystème en ayant de lourdes conséquences sur la faune et sur l'environnement.
Le Canada a la responsabilité, à la fois au niveau national et sur la scène mondiale, de montrer l’exemple et de lutter contre les effets des déchets plastiques. Malheureusement, sous ce gouvernement, nous faisons exactement l’inverse. L’exportation des déchets plastiques de pays comme le Canada est un des principaux facteurs de pollution par les plastiques sur la planète. Entre 2015 et 2018, le Canada a exporté près de 400 000 tonnes de déchets plastiques. Nous continuons d’en expédier chaque année près de 90 000 tonnes à l’étranger. Le problème est grave.
Comme la Chine a interdit l’importation de tous les types de déchets plastiques en janvier 2018, une grande partie de nos déchets plastiques est envoyée en Asie du Sud-Est dans des pays comme la Malaisie, le Vietnam, la Thaïlande, l’Indonésie et les Philippines. Nombre de ces pays n’ont pas de contrôles réglementaires ou de capacités de gestion des déchets qui leur permettraient d’éliminer correctement les déchets plastiques importés du Canada ou d’ailleurs. En conséquence, ces déchets y sont trop souvent mal éliminés. Ils finissent dans des décharges; ils sont rejetés à la mer ou ils sont brûlés.
Cela a des répercussions néfastes sur l’environnement et sur la population de ces pays. En Indonésie, par exemple, l’incinération des déchets plastiques fait augmenter la pollution atmosphérique et entraîne la contamination de la chaîne alimentaire locale à cause des niveaux élevés de toxines. Ces niveaux de toxines sont liés à des problèmes de santé chroniques graves, comme le cancer, les maladies respiratoires, le diabète et l’affaiblissement du système immunitaire.
Il n’est pas étonnant que beaucoup de pays inondés de déchets plastiques venus de l’étranger cherchent maintenant à arrêter ces importations. L’an dernier, la Malaisie a renvoyé au Canada et dans d’autres pays développés plus de 150 conteneurs d'expédition remplis de déchets plastiques non recyclables. Le ministre de l’Environnement malaisien a justifié cette décision en déclarant que son pays ne veut pas être la poubelle du monde. Nous nous souvenons tous de cet incident.
Beaucoup de pays comme le Canada ont déjà admis que les déchets plastiques exportés ont des répercussions nocives intolérables. Il s’agit notamment de pays eux aussi très attachés à la libéralisation du commerce mondial. L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont toutes deux instauré des contrôles stricts sur les plastiques, dont l’interdiction d’exporter les déchets plastiques.
Le Royaume-Uni cherche à légiférer dans le même sens, tout comme l'ont fait tous les États membres de l’Union européenne et 70 autres pays. De plus, 98 pays ont ratifié un amendement à la Convention de Bâle, qui régit la circulation transfrontière des déchets. Cet amendement interdit l’exportation de déchets plastiques des pays de l’OCDE vers des pays non membres de l’OCDE.
Malheureusement, le gouvernement libéral du Canada ne fait aucun effort pour s’attaquer à l’exportation continue de déchets plastiques non recyclables et à ses effets dévastateurs sur l’environnement. Les libéraux refusent d’interdire les déchets plastiques dans les lois nationales. Ils refusent de ratifier l’amendement général à la Convention de Bâle qui réglerait ces problèmes.
En fait, ils se sont employés activement à négocier une faille béante pour contourner les obligations internationales en vigueur régissant le commerce des déchets plastiques. Cette situation ne peut plus durer. Le moment est venu pour le Canada d’interdire l’exportation de déchets plastiques non recyclables vers des pays étrangers. Voilà pourquoi nous sommes tous ici aujourd’hui.
Le projet de loi modifie la Loi canadienne sur la protection de l’environnement afin d’interdire l’exportation de déchets plastiques destinés à l’élimination définitive. Il établit cette interdiction d’une manière raisonnable et efficace qui protège l’environnement tout en soutenant les nombreuses entreprises novatrices de recyclage et de réutilisation des plastiques qui exercent leurs activités ici même au Canada.
Le projet de loi vise les exportations de déchets plastiques destinés à l’élimination définitive. Il s’agit d’une expression définie explicitement et clairement établie dans nos règlements nationaux et reconnue dans nos accords internationaux. Ce faisant, ce projet de loi garantit que les déchets plastiques seront recyclés, réutilisés, récupérés ou régénérés d’une manière écologiquement rationnelle. Des déchets plastiques continueront d’être exportés, mais il ne sera plus permis d’exporter des déchets plastiques uniquement pour les déverser dans une décharge, les rejeter dans l’océan ou les brûler.
Le projet de loi établit un équilibre important et délicat. Il imposera une interdiction visant l’exportation de déchets plastiques non recyclables qui protégera l’environnement. Il fera en sorte que lorsque les Canadiens jettent un objet dans leur bac bleu, celui-ci ne finisse pas par flotter dans l’océan à l’autre bout du monde. L’essentiel, c’est que cela se fasse de manière responsable, en apportant certitude et clarté à l’industrie canadienne. Nous devons soutenir les nombreuses entreprises canadiennes actives dans le recyclage du plastique, qui font tant pour innover et pour gérer nos déchets plastiques de façon responsable.
Le projet de loi renforce notre capacité à contrôler ce qu’il advient de nos déchets plastiques lorsqu’ils sont exportés. Actuellement, une fois que les déchets plastiques quittent nos frontières, nous perdons une grande partie de notre capacité à nous assurer qu’ils sont traités correctement. La plupart de nos déchets plastiques sont envoyés aux États-Unis à travers notre frontière commune et leur quantité augmente considérablement d’une année à l’autre. Plus de 60 000 tonnes ont été expédiées du Canada vers les États-Unis chaque année entre 2017 et 2019. L’année dernière, cette quantité est passée à plus de 83 000 tonnes.
Pas plus tard que l’automne dernier, le gouvernement libéral a négocié un accord spécial entre le Canada et les États-Unis sur les déchets plastiques qui a été critiqué pour être à la fois opaque et non contrôlé. Cet accord permet aux exportations canadiennes de déchets plastiques d’être expédiées par les États-Unis pour être éliminées dans les pays en développement.
Je demande aux députés de garder à l’esprit le fait que les États-Unis ne sont pas signataires de la Convention de Bâle, et que les déchets plastiques exportés de leur pays ne sont pas soumis aux mêmes contrôles. À ce titre, de nombreux groupes environnementaux sont très inquiets. Ils estiment que les exportations de déchets plastiques du Canada vers les États-Unis exploitent une faille importante dans nos obligations mondiales en matière de déchets plastiques qui contrevient directement au droit international.
Pour répondre à ces préoccupations, le projet de loi interdit l’exportation de déchets plastiques non recyclables vers tous les pays étrangers. Cela garantira que les mêmes normes environnementales sont appliquées aux déchets plastiques exportés, peu importe où ils aboutissent dans le monde, afin qu’ils soient éliminés correctement et que notre environnement soit protégé.
Un autre élément clé du projet de loi consiste à s’assurer que les différents types de déchets plastiques exportés du Canada sont pris en compte. C’est pourquoi la liste des déchets plastiques figurant à l’annexe 7 du projet de loi C-204 est directement tirée de l’annexe IV(B) de la Convention de Bâle sur les déchets plastiques, reconnue dans le monde entier. Au besoin, le ministre peut ajouter ou retirer tout élément de la liste par l’entremise du gouverneur en conseil.
Je note qu’en comité, la députée de a proposé avec succès un amendement pour que le PVC soit inclus dans l’annexe 7. Cet ajout constructif à la liste renforce davantage le projet de loi . Je tiens à remercier la députée pour sa contribution.
Bien entendu, toute loi fédérale concernant les déchets plastiques aura des répercussions sur les provinces et les municipalités. À l’échelle locale, les Canadiens participent à des programmes de recyclage et de collecte sélective des déchets en s’attendant à ce que leurs déchets plastiques soient traités correctement et de manière écologique.
C’est ce que fera le projet de loi . Avec l’inclusion du paragraphe 1.4, nous pouvons être assurés qu’il respectera toutes ces compétences constitutionnelles. Je tiens à remercier la députée de pour cet ajout important.
Le projet de loi prévoit l’application d’amendes et de pénalités à toute personne qui y contrevient, comme cela est déjà prévu dans la Loi canadienne sur la protection de l’environnement. Malheureusement, il y a de mauvais acteurs qui tenteront de contourner ce genre d’interdictions. Ces amendes garantiront que la loi sera appliquée et respectée.
J’ai toujours cru que personne n’a le monopole des bonnes idées, que les meilleures solutions et la bonne façon d’avancer peuvent venir de partout, et qu’il devient plus important que jamais de travailler ensemble pour changer les choses. C’est pourquoi il est si malheureux que le gouvernement libéral se soit opposé au projet de loi , l’ait retardé et bloqué à tous les coups. Il s’oppose à ce projet de loi pour la simple raison qu’il a été parrainé par un député conservateur, et il continue d’ignorer les graves problèmes qu’il cherche à résoudre.
Le mois dernier, le a déclaré, « Nous devons explorer et exploiter toutes les options pour réduire les déchets de plastique et la pollution ». Pourtant, en s’opposant au projet de loi , les libéraux rejettent une mesure qui serait utile et efficace pour mettre fin à la pollution par le plastique due aux exportations de déchets plastiques non recyclés.
L’inaction des libéraux dans ce dossier est très regrettable, mais pas surprenante. Ils ont qualifié d'avantageuse la pratique qui consiste à envoyer les déchets plastiques non recyclables dans des pays en développement. Ils refusent de voir les faiblesses de notre réglementation actuelle en matière de déchets plastiques. Pire encore, ils refusent de reconnaître les graves conséquences environnementales des exportations de déchets plastiques.
Il ne s’agit pas seulement d’inaction. Malheureusement, pendant l’étude du projet de loi au comité de l’environnement, les députés libéraux ont tenté à plusieurs reprises de saper le processus législatif et d'aller à l'encontre de la volonté de la Chambre. C’était très décevant. Protéger l’environnement en réglant la question de l’exportation des déchets plastiques ne devrait pas être une question partisane. C’est pourquoi je suis heureux d’avoir l’appui des députés du NPD, du Bloc, du Parti vert et de tous mes collègues conservateurs. Hélas, je ne peux pas en dire autant des libéraux.
Je crois que les Canadiens seraient très déçus que le gouvernement libéral manque une fois de plus à l'appel dans le dossier de l'environnement. C'est déjà arrivé à de nombreuses reprises. Après tout, c’est ce même gouvernement libéral qui a annulé le Fonds d’assainissement du lac Simcoe, qui était tellement important pour protéger ce lac et son écosystème. Il est désolant qu’après que les conservateurs ont promis de rétablir le fonds d’assainissement, la soit allée à Barrie déclarer que les libéraux prenaient le même engagement. Cependant, comme on peut le constater, le gouvernement parle beaucoup, mais ne fait rien pour l’environnement. À ce jour, le fonds d’assainissement n’a toujours pas été rétabli.
Les Canadiens veulent de vraies mesures pour régler la question des exportations de déchets plastiques et de leurs conséquences sur l’environnement. En matière environnementale, on ne peut pas dire « loin des yeux, loin du cœur ». Nous subissons tous les effets de la pollution par le plastique. Il est temps que le Canada cesse d’exporter ses déchets plastiques non recyclables pour que d’autres pays s’en chargent. Le projet de loi peut mettre fin à ces exportations. Alors, ensemble, adoptons-le.
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Madame la Présidente, je tiens d'abord à souligner le travail réalisé par le Comité permanent de l'environnement et du développement durable de la Chambre des communes dans le cadre de son étude du projet de loi. Le travail du comité et les commentaires des témoins et des autres participants à l'étude nous ont permis de mieux comprendre le projet de loi, ses mérites et, surtout, ses lacunes.
Le gouvernement continue d'appuyer les travaux visant à régler les problèmes liés aux déchets plastiques, y compris les conséquences des exportations de déchets plastiques du Canada. Toutefois, le gouvernement maintient que le projet de loi n'est pas le moyen approprié pour y arriver. Comme mon collègue l'a dit lors d'un débat précédent, des progrès importants ont été réalisés pour éliminer les exportations problématiques de déchets plastiques du Canada depuis que le projet de loi a été présenté il y a plus d'un an.
À ce jour, 187 pays, dont le Canada, ont ratifié et mis en œuvre des contrôles convenus à l'échelle internationale sur les mouvements transfrontaliers de déchets plastiques dangereux et non dangereux destinés à la fois au recyclage et à l'élimination définitive.
Selon les règles adoptées en 2019 par les parties à la Convention de Bâle, connues sous le nom de modifications concernant les déchets de plastique, les mouvements transfrontaliers de déchets plastiques entre les parties à la Convention peuvent avoir lieu seulement si certaines conditions et procédures sont respectées. Tous les déchets plastiques, dangereux et non dangereux, contrôlés en vertu de la Convention doivent faire l'objet du consentement préalable donné en connaissance de cause par le pays importateur et tout pays de transit avant que leur exportation ait lieu. C'est le cas lorsque ces déchets sont destinés au recyclage ou à l'élimination définitive.
Dans le cadre de la procédure de consentement préalable donné en connaissance de cause — et c'est un point important —, les pays s'engagent dans un processus commun, où le pays importateur consent par écrit à l'importation avant que le pays exportateur autorise l'exportation. En donnant son consentement, le pays importateur confirme que les déchets seront gérés de façon écologique. Autrement dit, les modifications à la Convention de Bâle concernant les déchets plastiques visent à appuyer les activités de recyclage tout en réduisant les exportations de plastiques difficiles à recycler vers des pays qui sont peut-être incapables de les gérer de façon écologique. Elles garantissent aussi que la partie importatrice participe au processus décisionnel en assujettissant les importations à son consentement.
Étant donné l'inexactitude de certains renseignements fournis au comité durant son étude du projet de loi, je tiens à être clair: le gouvernement du Canada a ratifié les modifications à la Convention de Bâle concernant les déchets plastiques, et elles ont été entièrement mises en œuvre à partir du 1er janvier 2021 par l'entremise du régime de réglementation du Canada.
Cela signifie qu'en vertu du Règlement sur l'exportation et l'importation de déchets dangereux et de matières recyclables dangereuses, tous les déchets plastiques régis par la Convention de Bâle, qu'ils soient dangereux ou non, sont considérés comme des déchets dangereux ou des matières recyclables dangereuses au titre de ce règlement national et sont assujettis à un contrôle d'exportation. Ainsi, le Canada respecte entièrement ses obligations aux termes de la convention.
L'approche prévue dans le projet de loi diffère de celle dont on a convenu à l'échelle internationale et qui a été adoptée par toutes les parties à la Convention de Bâle. En effet, le projet de loi propose un arrêt complet du commerce des déchets plastiques définis dans le projet de loi et destinés à l'élimination définitive. Il prévoit en fait un contrôle plus limité des exportations de déchets plastiques.
Plus précisément, le projet de loi interdirait l'exportation des déchets plastiques figurant à son annexe et destinés à l'élimination définitive seulement, alors que le régime canadien de réglementation non seulement régit ce qui est peut-être un plus vaste éventail de déchets plastiques, mais il le fait aussi à des fins plus larges, soit l'élimination définitive et le recyclage.
Si le projet de loi était adopté, le Canada se retrouverait avec deux régimes parallèles en ce qui concerne les exportations des déchets plastiques. En effet, il serait interdit d'exporter les déchets de plastiques énumérés à l'annexe 7 en vue de leur élimination définitive. Pour tous les autres types de déchets de plastiques assujettis à la Convention de Bâle et non couverts par le projet de loi, la réglementation en vigueur exige de respecter la procédure de consentement préalable et éclairé avant de les exporter, que ce soit pour les éliminer ou les recycler. Cela créerait de la confusion et de l'incertitude parmi les intervenants, qui auraient beaucoup de difficulté à comprendre leurs obligations.
Comme des préoccupations ont été soulevées lors des séances du comité, j'aimerais parler de certaines mesures en vigueur en ce qui concerne les déchets de plastique et le commerce entre le Canada et les États-Unis.
Les États-Unis ne sont pas signataires de la Convention de Bâle. Je tiens à préciser que la Convention de Bâle interdit explicitement à un pays signataire de faire des échanges commerciaux impliquant les déchets assujettis à la Convention de Bâle avec un pays non signataire, sauf si un accord ou un arrangement a été conclu entre eux, sous réserve que les dispositions ne soient pas moins écologiquement sûres que celles de la Convention.
Le Canada et les États-Unis ont donc conclu une entente qui confirme que les déchets plastiques circulant entre le Canada et les États-Unis sont gérés de manière écologique dans les deux pays. Les deux pays ont des mesures en place pour que ces déchets soient gérés de façon écologique, et ils comptent maintenir ces mesures.
Cela dit, bien que les déchets plastiques assujettis à la Convention de Bâle puissent être exportés du Canada jusqu'aux États-Unis, les États-Unis peuvent seulement les exporter vers un autre pays signataire de la convention s'ils ont conclu avec lui une entente ou un accord compatible avec la gestion écologique des déchets, comme l'exige la convention. Ce n'est pas tout.
Quand des déchets assujettis à la Convention de Bâle sont exportés du Canada, passent par les États-Unis et sont destinés à un autre pays signataire de la convention, il faut obtenir un permis d'exportation avant de les exporter. Pour que ce permis soit accordé, le pays de destination doit consentir explicitement à recevoir les déchets.
Tous les parlementaires doivent bien comprendre que l'adoption du projet de loi pourrait avoir une incidence sur la gestion des déchets au Canada. Il faut tenir compte des conséquences mentionnées à l'étape de la deuxième lecture et pendant l'examen du comité de l'environnement pour déterminer s'il serait bon d'adopter ce projet de loi et de le renvoyer au Sénat.
Ce projet de loi aurait comme effet concret d'interdire l'exportation des déchets solides des municipalités destinés à l’élimination définitive, car ces déchets contiennent généralement des plastiques qui sont visés par le projet de loi. Cette interdiction visant les exportations devrait avoir une incidence sur la gestion des déchets au Canada en exerçant des pressions supplémentaires sur les réseaux de gestion des ordures ménagères. Dans sa correspondance avec le comité de l'environnement, l'Ontario Waste Management Association a dit craindre que l'interdiction prévue dans le projet de loi mette à rude épreuve les capacités déjà limitées des sites d'enfouissement de l'Ontario. Elle précise par ailleurs que ces sites devraient atteindre leur capacité maximale d'ici 2034.
Avant d'imposer une interdiction de cette nature à l'échelle fédérale, nous devrions consulter nos partenaires des territoires, des provinces et des municipalités pour bien comprendre et évaluer les effets qu'elle pourrait avoir sur la gestion des ordures ménagères. Pour cette raison et toutes les autres que j'ai expliquées, nous demeurons opposés à l'adoption de ce projet de loi.
J'encourage mes collègues parlementaires à se pencher de près sur l'actuel régime de transport transfrontalier des déchets de plastique et sur les répercussions que ce projet de loi pourrait avoir à l'échelle du pays s'il devenait loi.
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Madame la Présidente, quand j'écoute les discours, je vois que tout le monde n'interprète pas le projet de loi de la même façon.
Le projet de loi de mon collègue de a cheminé vers le Comité permanent de l'environnement et du développement durable. Je le remercie du discours qu'il vient de prononcer, parce qu'il a bien décrit les dommages que peut poser le plastique sur l'environnement et sur la santé humaine lorsqu'il n'est pas contrôlé de façon très stricte.
Il m'apparaît évident que le contenu du projet de loi a soulevé bien des passions, plus particulièrement de la part des entreprises du secteur du recyclage et du commerce des matières plastiques. Or voilà qu'entre en scène la Convention de Bâle, qui n'est aucunement mentionnée dans le projet de loi C-204, et plus spécifiquement les amendements de cette convention aux annexes II, VIII et IX, entrés en vigueur le 1er janvier 2021, acceptés par le gouvernement du Canada le 20 décembre 2020 et dont l'intention de s'y conformer a été signalée à la Chambre le 28 octobre dernier par une note explicative portant sur lesdits amendements.
Rappelons que le préambule de la Convention de Bâle indique qu'il faut minimiser la production des déchets et que ces derniers devraient, dans la mesure du possible, « être éliminés dans l'État où ils ont été produits ». Le texte principal, de son côté, exige qu'un pays exportateur obtienne le consentement éclairé préalable du pays destinataire avant l'envoi des déchets dangereux.
Les amendements spécifient une liste de plastiques interdits d'exportation, sauf si le pays importateur, ayant pris une décision éclairée, peut en disposer d'une manière respectueuse de l'environnement. Les entreprises qui font le commerce de déchets plastiques avec les États-Unis et qui ont communiqué avec les membres du Comité soutiennent que le projet de loi C-204 aura des conséquences économiques négatives majeures sur leurs activités. Elles déplorent les contraintes que le projet de loi C-204 présente.
Manifestement, il y a des irritants pour les entreprises du secteur, qui sont placées devant un resserrement, celui de voir, par l'annexe de Bâle, des substances désormais identifiées comme dangereuses au sein de la Convention, et, par le fait même, un droit national qui doit s'y conformer. De plus, si le commerce des matières plastiques se poursuit, il sera nécessaire de procéder à de l'étiquetage clair, afin que les pays importateurs de ces matières ne reçoivent pas, par exemple, des ballots qui seraient non conformes.
La note qui a été remise à la Chambre le 28 octobre et dont j'ai fait mention précédemment explique ceci: le Canada et les États-Unis ont instauré une entente pour confirmer que les déchets plastiques assujettis à l'annexe II de la Convention sont gérés d'une façon écologiquement rationnelle. Le Canada se conforme donc à l'obligation de la Convention et est désormais en mesure d'accepter les amendements.
Pour ma part, à la suite des préoccupations commerciales formulées, j'aurais vraiment aimé obtenir des clarifications sur cette relation commerciale Canada—États-Unis alors que les États-Unis ne sont pas signataires de la Convention de Bâle. Malheureusement, les fonctionnaires choisis par le gouvernement pour répondre aux questions des députés sur le projet de loi C-204 ont été clairs: ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas s'exprimer sur les particularités du projet de loi.
Il faut comprendre que les installations de collecte et de recyclage opèrent de façon optimale lorsqu'elles sont situées à proximité des grands centres de consommation. Nos voisins du sud disposent de plus de sites, car la population le justifie. Sans prétendre que les États-Unis sont champions de l'économie circulaire — je ne prétendrais jamais cela —, il n'en demeure pas moins que, s'ils achètent nos déchets plastiques, c'est qu'ils savent comment les revaloriser. Les fonctionnaires nous ont expliqué le système de traçage des ballots de déchets en précisant que l'éventuel dumping vers un tiers serait improbable.
La vérité, c'est que nous ne disposons pas des infrastructures requises pour faire face aux besoins en la matière. Nous devons donc absolument agir sur cette question, afin de limiter au maximum l'exportation de quelque matière plastique que ce soit avant qu'on ne soit en mesure de réduire nos déchets, ce qui serait idéal.
Il reste toutefois beaucoup de travail à faire. Pourquoi alors ne pas adopter une approche où cette ressource serait valorisée ici? Gardons cette économie, où il y a des emplois. C'est favorable pour l'environnement au Québec et au Canada.
Tous les échanges en comité, ainsi que les lectures et les débats sur cet enjeu crucial directement lié à notre capacité à s'occuper de nos déchets ici, m'amènent à réitérer les faits suivants.
Au Bloc québécois, nous sommes d'avis qu'avant même d'envisager l'exportation de déchets plastiques, le Canada a la responsabilité de repenser la manière dont est organisé le cycle des matières dans l'économie. Nous portons entièrement le préambule de la Convention de Bâle.
Il se trouve que l'étude en comité sur les plastiques à usage unique s'est fait une place en lien avec le projet de loi . Cette étude, bien que distincte, aborde une autre dimension du plastique: ce que l'on produit et consomme, ce qui peut être éliminé, ce que les producteurs de résine vierge veulent maintenir, ce qui doit être fait pour accélérer l'avènement d'une réelle économie circulaire, et j'en passe.
Je n'entrerai pas dans les points suivants: les données, les statistiques, la production de plastique ou de consommation par habitant, la différence entre les définitions de « toxique » et de « dangereux », ainsi que les conséquences environnementales du fouillis de plastique qui nous accable.
Si le gouvernement n'a pas été préparé à la réaction de l'industrie touchée par le projet de loi C-204, lequel, je le précise, rend nécessaire une conformité du droit national avec la Convention de Bâle, ce n’est pas faute d'avoir eu le temps de le faire. Le gouvernement savait depuis au moins 2019 que les amendements à la Convention de Bâle devaient être adoptés. Or, il les a ratifiés à minuit moins une, sans préparer l'industrie d'aucune manière que ce soit. En tout cas, c'est ce qu'il me semble et cela doit être dit.
De son côté, le Conseil canadien des ministres de l'environnement discute du dossier des plastiques depuis plusieurs années. Comment se fait-il qu'une entente internationale comme la Convention de Bâle et ses importants amendements n'ait jamais fait l'objet d'aucune attention? Nous avons besoin d'actions concrètes, d'installations de recyclage et de revalorisation à la fine pointe de la technologie. Le Québec a un bassin d'expertise, particulièrement en économie circulaire, qui ne demande pas mieux que de participer à ces chantiers.
Comme élus membres d'une assemblée législative, je considère que notre devoir consiste à légiférer. Ce sont les lois qui dictent les comportements et qui guident la société vers des transformations, notamment pour les marchés, mais notre devoir consiste tout autant à accompagner l'environnement économique et social qui devra s'adapter.
Oui, il faut prendre des mesures. Elles ne doivent pas être draconiennes, mais planifiées. Nos décisions doivent produire de la prévisibilité. Lorsque les industries et les secteurs économiques qui sont touchés par la réglementation et la législation qui relèvent du législateur en sont prévenus, le marché s'adapte et il est possible de former des travailleurs. Pour que cette adaptation puisse se faire correctement, il faut des délais raisonnables. Je ne parle pas de délais interminables, dictés par les parties prenantes, mais bien de délais établis en ayant à l'écoute leurs préoccupations.
Je suis heureuse que mes collègues du Comité aient été réceptifs aux amendements que j'ai présentés visant à revoir le délai de mise en application du projet de loi , justement pour permettre cette prévisibilité, et visant aussi le respect des compétences du Québec et des provinces. De façon objective, un travail en amont aurait été préférable.
Dans ce qu'il conviendrait d'appeler le grand dossier des plastiques, les gouvernements du Québec et des provinces doivent être au cœur des discussions. En effet, l'élément indissociable du projet de loi demeure la gestion des matières résiduelles et il s'agit d'une compétence appartenant au Québec et aux provinces.
Je terminerai en rappelant simplement que le fédéral tient dans ses mains 50 % des recettes fiscales, mais que seul un maigre 6,8 % des responsabilités en infrastructures municipales lui incombe. Les municipalités doivent recevoir ce dont elles ont besoin pour participer à l'économie de l'avenir. Le Québec et les provinces doivent compter sur la juste part du palier fédéral, surtout quand celui-ci mise beaucoup sur l'élimination des déchets plastiques.
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Madame la Présidente, cela me fait extrêmement plaisir de me lever à la Chambre aujourd'hui pour participer à ce débat fort important. Il s'agit d'un débat qui nous touche tous. Le NPD a d'ailleurs soulevé, depuis plusieurs années, des préoccupations en lien avec les déchets plastiques.
Évidemment, nous parlons de l'exportation des déchets plastiques, et il y a beaucoup à dire à ce sujet. Je vais aussi parler de la réduction de l'utilisation du plastique en général et, surtout, du plastique à usage unique, comme les bouteilles d'eau que l'on utilise malheureusement encore trop souvent. Je vais aussi aborder le thème de la réduction des déchets en général, plastiques ou autres, puisque cela est à la source de plusieurs problèmes.
Je m'en voudrais de ne pas souligner les initiatives locales dans Rosemont-La Petite-Patrie. Les gens veulent vraiment que des gestes soient posés par des entreprises qui ont une vision quant à la réduction de l'utilisation des déchets plastiques et des déchets en général.
J'aimerais saluer les initiatives de certains commerces présents dans nos quartiers: Épisode, Vrac & Bocaux, La Cale pub zéro déchet, Méga Vrac Rosemont, Rose Ross, La Brume dans mes Lunettes, Le Frigo de Bacchus, La réserve naturelle, La fabrik éco, le café Dispatch, Manitoba, Véganation et Le Cornélien, sans oublier Vrac sur Roues. Ce dernier n'est pas situé dans Rosemont-La Petite-Patrie, mais il fait la livraison à vélo de produits en vrac; il ne produit donc pas de gaz à effet de serre. La livraison est offerte dans ma circonscription et dans d'autres quartiers.
Le premier élément que j'ai soulevé portait sur l'exportation des déchets plastiques, ce à quoi touche le projet de loi . Si j'en ai le temps, je vais aussi parler de l'utilisation du plastique en général et de la réduction des déchets.
La situation actuelle est absolument dramatique. Comme le disait mon collègue, dans nos mers et nos océans, il y a des îles de plastique. En fait, un continent de plastique se promène dans l'océan Atlantique, sans compter la pollution plastique sur les rives de nos rivières, de nos lacs ou du fleuve Saint-Laurent. Depuis des années, des gens font des corvées pour ramasser le plus de déchets possible, afin d'éviter que des poissons et des tortues meurent à cause des sacs de plastique qui jonchent les berges et pour avoir un milieu naturel plus propre et moins endommagé par la présence humaine et, surtout, par la présence industrielle.
Quand vient le temps de parler de l'exportation de plastiques, le Canada est vraiment un cancre. Notre pays ne prend pas ses responsabilités et pellette littéralement dans la cour du voisin les déchets qu'il n'est plus capable de gérer ou qu'il ne veut pas gérer ici.
Je tiens à souligner que ce problème s'est probablement accentué avec la pandémie. On utilise plus de plastique aujourd'hui, pour des raisons médicales que l'on peut fort bien comprendre. Quant aux émissions de gaz à effet de serre, le ralentissement économique nous a probablement permis de les réduire un peu ou de les faire stagner au lieu de les augmenter. En ce qui a trait à la pollution par le plastique, la pandémie a probablement empiré le phénomène, à cause de tous les masques que nous sommes encore obligés de porter — on peut très bien comprendre pourquoi il faut les porter, mais cela ne veut pas dire que le problème a disparu. Le problème a été amplifié, et il est d'autant plus important de trouver rapidement des solutions.
En 2018, le Canada a expédié 44 000 tonnes de déchets plastiques vers d'autres pays. On se souvient de la chicane entre le Canada et les Philippines, où l'on a dû dépenser plus de 1 million de dollars pour rapatrier 69 conteneurs expédiés illégalement. Pendant six ans, nous avons tenté de convaincre les Philippines d'éliminer les déchets que nous avions envoyés dans leur cour; nous voulions que les Philippines s'occupent de nos déchets et de nos problèmes.
Ce n'est pas la seule fois que cela est arrivé. En effet, cette année, le gouvernement de la Malaisie a renvoyé au Canada 11 conteneurs de déchets plastiques. Nous ne sommes pas capables de prendre nos propres responsabilités et de respecter les traités internationaux dont la députée de nous a parlé un peu plus tôt.
Le Canada est incapable de traiter ses propres déchets plastiques ou de réduire la consommation de plastique. Nous envoyons donc cela dans les pays du tiers-monde en leur demandant de s'occuper de nos déchets — il s'agit parfois de déchets médicaux.
On fait cela parce qu'on a une capacité bien trop limitée de recyclage des déchets plastiques qu'on produit. Généralement, on les envoyait en Chine, mais celle-ci a décidé, à bon escient, de désormais les refuser parce qu'on n'est pas capable de s'en occuper soi-même. Pourtant, c'est non seulement la bonne chose à faire, la chose responsable à faire, mais, en plus, c'est un créneau dans lequel créer des emplois. Avoir la capacité de recycler ses déchets, c'est bon pour l'environnement et cela peut être bon pour l'économie.
Je me rappelle avoir visité il y a quelques années une entreprise au cœur du Québec qui procédait au déchiquetage des contenants de lessive à base de plastique de catégorie 2, assez dur. Elle en faisait de petites pastilles qui étaient ensuite utilisées pour fabriquer des tuyaux d'irrigation pour nos agriculteurs et nos agricultrices. Elle donnait donc une deuxième vie à ce plastique, au lieu de le brûler ou de le jeter dans les champs ou dans nos rivières, en aidant à fabriquer un produit nécessaire à notre agriculture. Ce qui était encore plus extraordinaire avec cette entreprise, c'est qu'elle favorisait l'insertion à l'emploi en embauchant des gens dont la plupart avaient un handicap auditif. Cela créait donc de l'emploi pour des personnes ayant généralement de la difficulté à s'en trouver.
Je pense qu'on doit être conscient de la nécessité de réduire l'utilisation du plastique, souvent à usage unique. Il faut le recycler et il faut pour cela des infrastructures. Le fait de ne pas les avoir à l'heure actuelle est un scandale. Les différents paliers de gouvernement, y compris le gouvernement fédéral, devraient investir pour qu'on en soit capable. Toutefois, il faut réduire l'utilisation du plastique.
Par exemple, il n'est pas compliqué d'aller chercher une commande de nourriture au magasin en apportant son propre contenant recyclable au lieu que le magasin utilise un contenant en styromousse. Il n'est pas compliqué d'avoir une petite bouteille réutilisable pour transporter son eau quand on a soif. De plus en plus de gens le font, mais malheureusement il y a encore trop de gens qui achètent leur eau potable en bouteilles de plastique, alors qu'il y a souvent un robinet d'eau dans la maison, de l'eau filtrée par les municipalités, gratuite et tout à fait potable.
La réduction de l'utilisation du plastique exige de parler aussi du suremballage. Cela est important. Je suis très content de représenter la circonscription de Rosemont—La Petite-Patrie, car c'est là qu'il y a eu la première « attaque au plastique » de toute l'Amérique du Nord, laquelle s'est répétée quelques fois depuis.
Il y a deux ou trois ans, trois jeunes femmes ont pris l'initiative de demander aux gens qui sortaient d'une épicerie d'enlever tout le plastique qui emballait leurs fruits et légumes. Leur but était de faire prendre conscience à ces gens qu'il n'était pas nécessaire d'acheter des produits suremballés et qu'ils pouvaient prendre des sacs réutilisables ou un filet pour aller faire leur épicerie. Il s'agissait aussi de passer aux propriétaires d'épicerie le message qu'on préfère acheter des produits qui ne sont pas suremballés.
Un des exemples que je donne souvent à ce sujet et qui me rend complètement dingue, c'est celui des bananes qui sont vendues dans un carton en styromousse enveloppé de pellicule de plastique et d'une autre couche de plastique. La banane a déjà une pelure, elle est déjà protégée, on n'a pas besoin d'avoir tout cela en plus.
Dans nos habitudes de production, mais également de consommation, il y a tellement de choses à changer. Cette « attaque de plastique » s'était faite en collaboration avec l'épicerie et les gens avaient bien aimé qu'on leur demande de réfléchir à ces questions.
Il faut réduire également notre production de déchets en général. On dit que les Québécois et les Canadiens sont parmi les plus grands producteurs de déchets au monde, à raison en moyenne de deux kilos par personne, par jour. Pour changer ces habitudes de vie, on a donc un effort formidable à faire collectivement, mais également localement et individuellement.
Changer ces habitudes va entraîner un changement dans l'offre des différents commerces. Je reviens ici aux belles initiatives de tous ces commerces, épiceries, pubs et restaurants qui visent zéro déchet. Il faut qu'on les encourage, car ces initiatives sont vraiment bonnes. Il y en a partout au Québec, il faut découvrir quels commerces le font, et les encourager.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre la parole au sujet de ce projet de loi opportun présenté par mon collègue, le député de . Avant d'entrer dans les détails du projet de loi et de l'incidence qu'il exerce déjà sur un gouvernement qui tardait à se joindre au mouvement mondial visant à interdire l'exportation de déchets plastiques dangereux, j'aimerais remercier le député de son engagement général, passionné et éloquent à l'égard de la magnifique étendue d'eau qui prête son nom à sa circonscription et qui est située à environ une heure de route au nord de ma circonscription, Thornhill. Je parle, bien sûr, du lac Simcoe.
Depuis son élection à la Chambre des communes il y a deux ans, le député intervient régulièrement pour exhorter le gouvernement à rétablir le Fonds d'assainissement du lac Simcoe, que les libéraux ont supprimé en 2017. Les défis que la participation à distance a imposés aux travaux de la Chambre au cours de la dernière année nous ont forcés à limiter notre présence sur la Colline et à travailler à notre bureau de circonscription ou chez nous. Bien que cette situation ait causé bien du souci à de nombreux députés, le député de a, à plusieurs reprises, tiré parti de la technologie à distance pour attirer l'attention de la Chambre et des Canadiens sur le lac Simcoe, de même que sur le manquement du gouvernement à son devoir de l'assainir. Comme il l'a rappelé aujourd'hui, il s'est même filmé dans le lac Simcoe en pantalon-bottes, en demandant le rétablissement du fonds d'assainissement très efficace que le gouvernement conservateur a soutenu pendant 10 ans.
Le projet de loi qu'il présente est à la fois très simple, du point de vue des changements qu'il propose à la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, et aussi très approfondi si l'on tient compte de tout ce qu'il permettrait d'accomplir. Comme nous l'a rappelé le député de dans son allocution, le Canada a expédié pendant beaucoup trop longtemps une trop grande quantité des déchets de plastique que nous produisons tous dans d'autres pays, en vue de leur élimination.
À une époque, il y avait un marché important pour les déchets plastiques propres et triés, tant au Canada qu'à l'étranger, plus particulièrement en Chine. Une entreprise de ma circonscription, Thornhill, fabriquait un vaste éventail de produits il y a 10 ans, qui incluait des meubles, des planches pour les ponts et les quais, des seaux, des barils et de l'équipement de sport, tout cela à partir de divers matériaux de déchets plastiques. Elle a été délogée du marché quand la Chine a commencé à surenchérir sur elle et d'autres entreprises canadiennes de recyclage pour les déchets plastiques du Canada.
En 2017, après avoir dominé le commerce international des déchets plastiques, la Chine a abandonné cette pratique et s'est retirée du marché parce que ses clients partout dans le monde ont augmenté leurs normes de qualité pour les produits recyclables importés, y compris — et c'est tout à son honneur — le Canada.
Ce marché du recyclage était désormais réservé à certains déchets plastiques propres et triés. Un grand nombre de déchets plastiques du Canada, en majeure partie contaminés, ont été exportés aux États-Unis et dans certains pays asiatiques pour y être incinérés, enfouis ou abandonnés. Comme le député d' l'a signalé, entre 2015 et 2018, presque 400 000 tonnes de déchets plastiques du Canada ont été envoyées en Thaïlande, en Malaisie, au Vietnam, en Inde, à Hong Kong, en Chine et aux États-Unis.
Or, les normes environnementales sont souvent mal appliquées dans bon nombre de ces pays, lorsqu'au moins elles existent. Non seulement des tonnes de déchets sont brûlées de façon irresponsable, mais il arrive aussi qu'on dépose des déchets dans des décharges de façon irrégulière. Dans bien des cas, les déchets sont simplement jetés là et ils polluent l'environnement, les eaux souterraines, les eaux de surface et l'air. Contrairement à la Chine, qui a interdit les déchets de plastique parce qu'ils ne trouvaient pas preneur sur les marchés, certains de ces pays en interdisent maintenant le commerce pour des raisons environnementales. Dans certains cas, ils l'ont fait parce qu'ils se sont retrouvés avec une énorme quantité de déchets de plastique dont la Chine ne voulait pas.
L'image environnementale du Canada à l'étranger a énormément pâti l'an dernier, quand les gouvernements des Philippines et de la Malaisie ont exigé qu'il rapatrie des milliers de tonnes de déchets de plastique contaminés qui avaient été déchargés dans leurs collectivités rurales, à grands frais pour les contribuables canadiens. Cela s'est produit au même moment où des pays se réunissaient afin de réglementer de façon plus responsable la façon dont les pays contrôlent l'importation et l'exportation des déchets de plastique sous toutes leurs formes.
En 2019, les pays signataires de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, une convention créée en 1989 à la suite de scandales liés au déversement de déchets toxiques en Afrique et dans d'autres pays en développement, ont convenu de mettre à jour la Convention afin d'interdire les mouvements transfrontières de déchets plastiques de pays industrialisés à destination de pays en développement, en particulier les types de déchets plastiques considérés comme dangereux et contaminés.
Les députés se souviendront que j'ai dit plus tôt que le Canada est réticent à se joindre au mouvement mondial visant à interdire l'exportation de déchets plastiques. Le gouvernement n'a pas fait preuve de leadership lorsqu'il a refusé de se joindre immédiatement aux autres pays pour ratifier les modifications à la Convention de Bâle, et c'est à ce moment que le projet de loi a commencé à avoir des effets bénéfiques, c'est-à-dire avant même que la Chambre commence à en débattre. Deux jours avant que le député de ne prenne la parole au sujet du projet de loi, les libéraux, qui ne s'étaient pas encore acquittés de leur devoir de ratifier les modifications à la Convention de Bâle, ont soudainement annoncé qu'ils allaient s'exécuter. C'est effectivement ce qu'ils ont fait en fin de compte, mais 18 mois en retard, après 186 autres pays.
Cela signifie-t-il que l'exportation de tous les déchets plastiques du Canada va soudainement cesser? Malheureusement, non. Les modifications à la Convention de Bâle s'appliquent à une liste précise de déchets plastiques considérés comme dangereux, mais pas à une autre liste de déchets plastiques qui ne sont présumément pas dangereux, dans la mesure où ces déchets plastiques sûrs et non contaminés sont destinés à être recyclés d'une manière écologique. Les libéraux pensent que cela justifie l'exportation de certains déchets plastiques. Ils prétendent que cela aide les entreprises à l'étranger, comme si les déchets plastiques du Canada étaient une sorte d'aide au développement.
Cette situation fait du Canada une aberration au sein de l'OCDE, car il existe une autre modification à la Convention de Bâle, la modification sur l'interdiction des exportations, qui interdit catégoriquement l'exportation de déchets plastiques des pays membres de l'OCDE vers des pays non membres de l'OCDE. Il y a 98 pays signataires, dont l'Australie et le Royaume-Uni, mais à ce jour, le Canada refuse de signer.
Les Canadiens qui nous regardent de chez eux ou qui lisent la transcription de mon discours d'aujourd'hui dans le hansard doivent savoir qu'une grande partie des articles dans les médias sur ces questions confondent les deux modifications, ce que les libéraux utilisent à leur avantage lorsqu'ils prétendent que le projet de loi est inutile parce que le Canada a signé, tardivement, la première modification.
Le parrain du projet de loi , le député d', est d'avis que le Canada ne devrait pas exporter de déchets plastiques. Selon lui, comme le Canada compte des entreprises qui sont prêtes à recycler les déchets plastiques et en mesure de le faire, il est temps que le Canada cesse de traiter le reste de la planète comme un dépotoir où envoyer ces déchets.
Il a parlé, dans son discours, d'une entreprise albertaine qui peut transformer tous les types de plastique en carburant diesel. Elle est prête à bâtir partout au pays des raffineries qui pourraient transformer chaque jour 3 000 tonnes de déchets plastiques. On éviterait ainsi d'en envoyer plus de 1 million de tonnes au dépotoir et vers l'étranger. Il a aussi parlé d'une organisation de la Nouvelle-Écosse qui, tout comme une entreprise de ma circonscription, Thornhill, pourrait fabriquer une grande variété de produits à partir de déchets plastiques. Pour que leurs plans d'affaires puissent fonctionner, elles doivent toutefois avoir accès à des quantités suffisantes de déchets plastiques propres. Ce serait possible si le Canada gardait sur son territoire ses nombreuses tonnes de déchets.
Le député d' a signalé à la Chambre que, d'un océan à l'autre, les Canadiens souhaitent voir les choses changer dans ce domaine. Il dit que le gouvernement libéral ne peut plus justifier le recours à une pratique abandonnée par beaucoup d'autres pays industrialisés, et qu'on ne devrait plus demander aux pays en développement d'offrir un service d'élimination de déchets dont nous devrions nous occuper nous-mêmes d'une façon sécuritaire et respectueuse de l'environnement.
Je suis d'accord avec le député d'. J'espère que tous les députés appuieront avec moi son projet de loi, le projet de loi .