Que la Chambre convienne que l’article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982 confère au Québec et aux provinces la compétence exclusive pour modifier leurs constitutions respectives, et prenne acte de la volonté du Québec d’inscrire dans sa constitution que les Québécoises et les Québécois forment une nation, que le français est la seule langue officielle du Québec et qu’il est aussi la langue commune de la nation québécoise.
— Monsieur le Président, vous m'avez donné le goût de la relire. Il me semble qu'il y a une poésie dans ce texte.
Que la Chambre convienne — le mot « convienne » n'était pas un hasard — que l’article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982 confère au Québec et aux provinces la compétence exclusive pour modifier leurs constitutions respectives, et prenne acte de la volonté du Québec d’inscrire dans sa constitution que les Québécoises et les Québécois forment une nation, que le français est la seule langue officielle du Québec et qu’il est aussi la langue commune de la nation québécoise.
Si, 30 ans après la création du Bloc québécois, il y a encore des gens, dans la nation voisine, qui s'imaginent qu'il faut qu’ils le mettent eux-mêmes dans leur loi, pour que le Québec n'ait qu'une seule langue officielle, le français, c'est parce que, 30 ans plus tard, il reste au moins ce bout de chemin à faire, sans mentionner l'indépendance.
Le Québec est totalement, entièrement, habilité et légitime pour affirmer, à quiconque voudra l'entendre et aux autres, sur toutes les tribunes, et bientôt sur toutes les tribunes du monde, qu'il est une nation française dont la seule langue officielle est le français. Je me permettrai de rappeler à tout ce beau monde que c'est le cas depuis 1974. Je me promenais en culotte courte et le français était la seule langue officielle du Québec. On dirait que des gens à la Chambre viennent de découvrir que la Terre est ronde, même si on me dit qu'il y en a qui en doute encore. La langue commune, c'est plus important que la langue officielle. La langue commune est celle qu'on utilise lorsqu'on croise quelqu'un qu'on ne connaît pas dans la rue.
Le grand drame de la langue française au Québec, c'est lorsqu'un jeune francophone croise un autre jeune francophone au coin des rues Peel et Sainte-Catherine et qu'ils s'interpellent en anglais, sans connaître l'histoire derrière cette réalité, sans connaître ce qui les a amenés là, sans connaître les compromis parfois incertains, les humiliations de l'histoire, les affirmations fortes et l'émergence d'une culture extraordinaire. Deux jeunes francophones qui s'interpellent en anglais dans la rue, c'est l'antithèse de reconnaître la contribution merveilleuse d'un Léonard Cohen à la culture québécoise. On se complète dans ce que nous sommes. On ne renonce jamais à ce que nous sommes.
Aujourd'hui, c'est une journée bien particulière — particulière, diront certains, à célébrer dans ces murs, mais c'est là que nos luttes bienveillantes nous amènent. Le temple de cette célébration sera le cœur de tous les millions de Québécoises et de Québécois qui s'y reconnaissent. C'est la célébration du 30e anniversaire de création du Bloc québécois.
Il n'est plus opportun, de nos jours, de donner à des individus une dimension plus qu'humaine, encore moins lorsqu'ils sont vivants, mais je suis bien placé, aussi humblement que je le puisse, pour mesurer les dimensions des chaussures d'un Lucien Bouchard, pour mesurer tout ce à quoi il a renoncé, tout le courage dont il a dû faire preuve il y a 30 ans pour donner naissance à ce que l'histoire désignera un jour comme un des outils essentiels de l'accession de la nation québécoise à son entièreté. Nous avons l'obligation d'être humbles, chacun et chacune d'entre nous, ici, au Parlement, en ligne, tous les travailleurs et les travailleuses, besogneux et besogneuses dans les bureaux de l'immeuble, ici et autour, les militantes et les militants, les Québécoises et les Québécois engagés dans ce désir de compléter une marche qui s'est initiée avec la Révolution tranquille.
Bien que nous reconnaissions l'humilité dont nous devons faire montre, nous avons aussi le droit d'afficher une belle fierté. Nous sommes une belle gang; nous sommes la gang du refus souriant de disparaître. Nous sommes ceux dont on dit qu'ils n'existeront pas. On dit sans arrêt que, le Bloc québécois, c'est fini, comme on dit sans arrêt que, l'indépendance, c'est fini. Ma foi, ces bibittes se retroussent tout le temps les manches, parce que notre objectif est sain, noble et légitime.
Cependant, ce ne sera jamais plus et ce ne sera jamais mieux que ce qu'ont fait celles et ceux qui nous ont devancés sur les banquettes de la Chambre des communes du Parlement, qui, je le dis amicalement, restera pour nous étranger. Si on le souhaite, ce sera temporaire.
C'est donc aujourd'hui que le Parlement va débattre comme il se doit d'une motion fort importante, et non pas en disposer furtivement. L'État québécois se faufile à travers les méandres de documents qui avaient été plutôt rédigés pour le ratatiner. Il affirme dans ces documents qu'il est temps de prendre acte du fait que le Québec est une nation et de rédiger des chroniques là-dessus.
Le Québec n'est pas une nation prise à l'intérieur d'un Canada uni, ce qui ne veut rien dire. Non, le Québec est une nation totale, entière, épanouie, complète, rayonnante, belle comme le jour, pleine d'avenir et française. C'est son héritage, sa beauté, sa séduction et sa poésie, qu'aucune autre langue ne peut accoter avec la même verve. Il ne faut pas s'étonner de ce qu'on a appelé la « revanche des berceaux ». Ces choses commencent par de jolis mots, et le français en avait tellement à offrir.
On a pu refuser la motion que nous avons présentée à la fin mai par un simple nay, mais, aujourd'hui, ce ne sera pas si facile. Nous sommes heureux de faire deux constats. Premièrement, nous pensons que la motion sera adoptée. Nous allons l'accepter avec plaisir, car c'est une fort bonne chose.
Deuxièmement, sans cette belle gang de 32 allumés, elle n'aurait jamais été adoptée, elle n'aurait même jamais existé, et le Québec n'aurait jamais pu à ce point s'y reconnaître. Cette gang a décidé de faire cette proposition à Ottawa. Elle ne voulait pas être accueillie par de l'indifférence et des gestes qui iraient dans le sens contraire ultérieurement. Ce n'est pas une démarche à caractère juridique que nous avons initiée, pas du tout. Ce n'est pas non plus une démarche portant sur l'interprétation, la portée interprétative ou l'« interprétativité ». Non, c'est une démarche politique. C'est cela ou ce n'est pas cela. C'est politique.
Nous mettons un peu ce Parlement dans une position qui le forcera vraisemblablement à prendre acte du fait que le Québec affirme que nous sommes une nation française. J'oserais dire qu'il devra le faire avec une humilité qu'on ne lui a pas si souvent connue.
Ensuite, il y aura des conséquences. On ne peut pas passer sa vie à se cacher derrière un assortiment de juges qu'on a également caché derrière le mur d'une charte faite sur mesure pour aller à l'encontre de la volonté du Québec et de l'Assemblée nationale du Québec. En effet, au-delà de tout cela, il y a l'expression des élus de l'ensemble de la population du Canada et du Québec.
Quand viendra ensuite le temps de poser des gestes, quelqu'un devra faire preuve de cohérence. On ne peut pas reconnaître la nation québécoise française, prendre l'argent des Québécoises et des Québécois et le donner à ceux qui veulent contester la nation québécoise française et se dresser en adversaires de cette dernière. En fait, on peut le faire, et, des incohérences, il y en a eu. Cependant, on va maintenant démasquer les gens qui méritent de l'être.
De la même manière, je me permettrai des mots qui pourraient paraître un peu crus, mais telle n'est pas ma volonté, bien entendu. Le nouveau slogan du gouvernement, avec ses nombreuses pages, s'appelle la modernisation de la Loi sur les langues officielles. Évidemment, nous ne serons pas appelés à en débattre ici, disons-le. Ce projet de loi n'aboutira pas. C'est comme un deuxième document d'énoncés et d'hypothétiques intentions sous réserve que le gouvernement libéral soit minoritaire. En effet, si jamais il est majoritaire, nous verrons bien quelle en sera la réécriture.
D'abord, nous ne savons pas tous ce que c'est. La présentation commence à l'instant en breffage privé, et nous ne savons pas tout ce qu'il y aura dans l'œuvre de la . Il y aurait néanmoins la reconnaissance du français comme langue officielle du Québec. Levons-nous en chœur et applaudissons ce que nous savons tous depuis 50 ans. Il y aurait aussi, selon des gens mieux informés que moi, un genre de copier-coller de ce que dirait l'hypothétique loi 96 à Québec quant à l'application de la Charte de la langue française aux institutions et aux entreprises de compétence fédérale.
Tout d'abord, ces deux lois diraient la même chose, mais la loi fédérale aurait préséance. Pourquoi? C'est parce que, dans la vraie vie, dans la perspective canadienne et fédérale, le Québec est un État vassal. Si nous ne sommes pas d'accord, c'est moi qui décide: voilà ce qu'est le Canada, même en matière de langue, d'identité, de valeurs et de culture. C'est dire!
On parle ici d'un gouvernement qui ne peut même pas espérer faire adopter les changements à la Loi sur la radiodiffusion, laquelle a été fort heureusement et grandement améliorée grâce aux interventions de mon ami le député de ; d'un gouvernement qui ne parvient même pas à faire adopter sa loi de mise en œuvre du budget, alors qu'il y a probablement quelqu'un en train de magasiner un autobus et deux avions.
C'est quand même ironique de voir vers qui le gouvernement se tourne. On se tourne vers le leader du Bloc québécois pour lui dire qu'on est un peu dans le trouble, qu'on est de bonnes personnes, qu'on a encore beaucoup d'intérêts communs et qu'on va donc travailler pour que cela fonctionne. Que ces gens-là viennent nous dire qu'ils vont décider comment gérer notre langue, nos valeurs, notre identité, notre culture et notre statut de nation, c'est super fin, mais non merci. Nous allons faire cela nous-mêmes.
D'ailleurs, parlons d'échéancier. La va déposer un projet de loi sur les langues officielles qui aurait, parmi l'œuvre, la volonté de reproduire ce que prescrira éventuellement la loi 96, qui modifie la Charte de la langue française au Québec pour que les institutions et les entreprises fédérales soient assujetties à la Charte de la langue française.
Je suis un bon gars et j'aimerais lui sauver de l'ouvrage. D'abord, avant même que quelqu'un commence à regarder, sur le plan purement législatif, ce qu'il y a là-dedans pour vrai, la session parlementaire de la Chambre des communes sera assurément finie. Il y a des mosus de bonnes chances que la législature le soit aussi. Cela n’arrivera donc pas dans un avenir prévisible. Ne retenons pas notre souffle.
Toutefois, dans l'intervalle, deux choses se passeront. D'une part, vraisemblablement cet automne, l'Assemblée nationale du Québec votera ce que sera devenu, selon la volonté des seuls élus de l'Assemblée nationale du Québec, la loi 96, et la Charte de la langue française s'appliquera désormais aux institutions et aux entreprises qui relèvent du fédéral. Cela a l'air un peu loin, l'automne. Nous allons donc y aller plus vite que cela.
Demain, le projet de loi déposé par mon estimée collègue de , qui assujettirait les institutions et entreprises de compétence fédérale à la Charte de la langue française au Québec, sera soumis au vote à la Chambre des communes. Nous allons économiser beaucoup de temps, nous épargner une tonne de doubles faces et voter ce projet de loi demain. Ce sera fait. Nous pourrons dire merci, au revoir. Ce sera réglé et nous pourrons passer à un autre appel.
Demain, la Chambre aura l'occasion de faire avancer un projet de loi qui assujettirait les institutions et entreprises de compétence fédérale à la Charte de la langue française, comme le veut l'Assemblée nationale du Québec. N'est-ce pas merveilleux?
Pourquoi ne pas saisir à bras-le-corps cette occasion qui, dois-je l'avouer, viendrait avec un inconvénient, celui de nous couper l'herbe sous le pied pour faire du capital politique d'ici aux élections? C'est un peu dommage, mais je pense que cela ne devrait pas être la priorité.
Par ailleurs, il est important de dire qu'avant qu'on ne parle français en Nouvelle‑France, anglais sur les côtes américaines ou espagnol dans les îles du Sud ou en Louisiane, il y avait, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, des dizaines et des dizaines de nations, chacune d'entre elles n'étant pas moins une nation que les nôtres. Elles ont leur histoire, leur langue et leur culture. Il faut toujours le mentionner. Nous voulions modifier la motion en ce sens, et des députés d'autres formations nous l'ont suggéré, mais on ne voulait ni ne pouvait pas le faire.
Lorsque nous faisons nos grands débats qui, disons-le, opposent le français à l'anglais, nous avons tendance à ne pas toujours le mentionner, mais nous devons toujours réserver aux langues autochtones — je ne veux pas dire un statut particulier, parce que ce terme est galvaudé tellement nous voyons au travers — un respect factuel, institutionnel et amical qui les met à l'abri de tous nos débats qui, dans la perspective de ces grandes cultures, sont arrivés sur leur continent hier matin à peine.
Avant de terminer, je voudrais inviter la ministre à consacrer la Loi sur les langues officielles à ce à quoi elle peut être utile. On pourrait en déduire que je prétends qu'elle s'attaque à des choses inutiles, et ma foi, c'est vrai. Le Québec n'a pas besoin de qui que ce soit, à quelque moment que ce soit, pour venir lui dire comment promouvoir et protéger sa langue, sa culture, ses arts, son identité et ses valeurs. Il a dangereusement besoin que ceux qui ne sont pas concernés se mêlent de leurs affaires et non pas de nos affaires.
Au contraire, ces ressources devraient être investies de bon gré, de bon cœur et généreusement pour appuyer les communautés francophones hors Québec et les communautés acadiennes qui, elles, en ont grandement besoin. On viendra nous dire, bien sûr, et je le dis en toute amitié, que les anglophones du Québec ont aussi grandement besoin d'être protégés. J'avoue que je ne me lève pas le matin en m'inquiétant pour la pérennité de la langue anglaise au Québec. Je crois que cela va assez bien, et j'en suis fort aise. Le jour où le Canada traitera ses minorités françaises et acadiennes aussi bien, aussi généreusement et aussi affectueusement que le Québec l'a fait historiquement, le débat sera tout autre. Dieu sait qu'on n'en est pas là.
Quoi que les Québécois choisissent de faire de leur nation, de leur État, de leur langue, de leur culture, de leurs valeurs et de leur histoire, cette nation sera résolument française. Je le dis à la fois amicalement et un petit peu comme un avertissement: personne ne se dressera sur le chemin du Québec. Personne n'y arrivera. La résilience joyeuse, dynamique, festive, colorée, gourmande et chantante des Québécois est irrépressible. Aujourd'hui — l'histoire en jugera — sera un jalon qui protégera cette nation un jour appelée de nouveau, le plus vite possible, à prendre en main l'entièreté de sa destinée.
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Madame la Présidente, je veux d'abord vous informer que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
D'entrée de jeu, j'aimerais dire que je suis très content de participer au débat d'aujourd'hui. Pour moi, il s'agit en quelque sorte de la continuité d'un débat qui s'est tenu à la Chambre en 2006, alors que j'étais un jeune député. À tout le moins, j'étais un peu plus jeune qu'aujourd'hui et j'avais un peu moins de cheveux blancs. C'était un moment important pour moi, car nous nous apprêtions à voter en faveur de la reconnaissance de la nation québécoise. J'ai évidemment voté en faveur de cette reconnaissance, car, pour moi, c'est un fait, point à la ligne.
Nous avons eu un débat extrêmement intéressant, et je me souviens très bien du fait que la très grande majorité des députés présents avaient voté en faveur de la motion reconnaissant que les Québécois et les Québécoises formaient une nation au sein d'un Canada uni.
Mon ancien collègue, Stéphane Dion, a tenu des propos qui résumaient bien la conclusion du débat. Il a dit: « [...] nous sommes tous d'accord sur ce qui importe avant tout, c'est-à-dire que les Québécois sont fiers d'être Québécois et Canadiens à la fois et que les autres Canadiens sont fiers d'avoir le Québec à l'intérieur du Canada ». Par conséquent, le débat de la Chambre des communes sur la reconnaissance que les Québécoises et les Québécois forment une nation dans un Canada uni a eu lieu et a été réglé en 2006.
Le Bloc québécois n'aimera peut-être pas ce que je dirai, car il préférerait une petite chicane. Or nous reconnaissons clairement que le français est la langue officielle du Québec. Je le répète, le français est la langue officielle du Québec. Nous reconnaissons également le rôle essentiel que la loi 101, soit la Charte de la langue française, a joué dans la préservation et le renforcement du français au Québec. J'ai toujours appuyé la loi 101. Comme nous voulons légiférer pour moderniser la Loi sur les langues officielles, nous comprenons et respectons la volonté du gouvernement du Québec de faire de même avec la Charte de langue française.
En ce qui a trait à la volonté exprimée par le Québec d'inscrire cette reconnaissance symbolique dans la constitution de la province, je ne crois pas me tromper en disant que le Québec dispose d'une certaine latitude lui permettant d'apporter des changements, pourvu qu'il soit clairement établi que les amendements suggérés ne peuvent modifier ni directement ni indirectement la portée des dispositions de la Constitution du Canada. Nous nous entendons tous sur cela.
En d'autres termes, il doit être précisé que le projet de loi du gouvernement du Québec ne vient pas éroder d'autres lois qui protègent les droits linguistiques de la communauté d'expression anglaise au Québec. Évidemment, plusieurs débats auront lieu à l'Assemblée nationale du Québec ou partout au Québec sur ce sujet qui est d'une grande importance. Je suivrai ces débats avec beaucoup d'intérêt.
S'il est vrai que les symboles sont importants, il n'en demeure pas moins que les actes le sont encore plus. Ils sont plus éloquents que les paroles. Le gouvernement a signalé son intention d'agir pour contrer le recul du français partout au pays. En fait, nous ne voulons pas seulement agir pour contrer le recul du français, nous sommes beaucoup plus ambitieux que cela; nous voulons agir pour favoriser l'apprentissage et l'usage du français ainsi que l'épanouissement des communautés francophones, et ce, à la grandeur du pays.
Dans le discours du Trône et dans le budget de 2021, nous avons énoncé très clairement que nous avions la responsabilité de protéger et de promouvoir la langue française, non seulement à l'extérieur du Québec, mais également au Québec, et ce, en respectant entièrement les droits de sa minorité d'expression anglaise.
Si je parle de la nécessité de protéger le français au Québec, c'est parce que, même au Québec, et plus particulièrement dans la grande région de Montréal, on observe un recul du français, lequel se manifeste parfois dans la manière dont on est accueilli dans un commerce ou un restaurant. Ce recul s'observe parfois dans l'affichage, et on peut l'entendre dans la rue ou à la radio. On constate ce recul lorsque des statistiques sont dévoilées sur le déclin de l'usage du français au détriment de l'anglais, notamment dans les milieux de travail, autant dans le secteur privé que public.
En tant que Québécois et Canadien, je suis très préoccupé par ces données sur le recul du français, et le gouvernement l'est également. Je sais que ces données préoccupent particulièrement le et la . Ces données devraient préoccuper tous les députés qui siègent à la Chambre et qui veulent protéger l'une des caractéristiques fondamentales de notre pays, soit l'existence des deux langues officielles. Je vais me permettre d'être clair en ce qui a trait à la volonté du gouvernement fédéral de protéger et de promouvoir le français.
Cette volonté d'agir sur tous les fronts est inscrite noir sur blanc dans le projet de loi que ma collègue responsable des langues officielles a déposé à la Chambre. Le gouvernement fédéral va protéger le français en agissant dans des secteurs d'activité qui relèvent de ses propres champs de compétence, notamment les banques, les entreprises de communication et les compagnies de transport. Tous les employeurs de compétence fédérale — il y en a à peu près 18 000 — vont avoir des obligations linguistiques, non seulement au Québec, mais aussi dans des régions à forte présence francophone à l'extérieur de la province.
En nous inspirant de la Charte de la langue française, nous allons légiférer sur le droit d'être servi et le droit de travailler en français dans des entreprises privées de compétence fédérale au Québec et dans des régions à forte présence francophone au pays. Ce n'est pas banal: nous allons créer des droits en matière de langue de travail et de langue de service qui vont favoriser l'utilisation du français au Québec et partout ailleurs au pays. Nous allons agir ainsi parce que nous reconnaissons la nécessité d'en faire plus pour le français et pour parvenir à une égalité réelle entre les deux langues officielles.
Je vais citer Aristote: « La plus grande injustice est de traiter également les choses inégales. » Dans les faits — et les faits sont têtus —, le français n'est pas sur un pied d'égalité avec l'anglais dans notre pays et encore moins sur le continent nord-américain. Comme le discours du Trône le signalait, il y a à peu près 8 millions de francophones au Canada, dans un océan de plus de 360 millions d'habitants principalement anglophones en Amérique du Nord. Nous avons donc la responsabilité d'agir dans nos champs de compétence pour protéger cette minorité et pour nous protéger.
Je tiens à souligner que la réforme que nous proposons ne signifie nullement que nous allons réduire les droits de la minorité anglophone au Québec. Je pense que personne ne voudrait cela, ni le Bloc québécois, ni qui que ce soit. Cependant, nous reconnaissons que le maintien de l'épanouissement de la langue française au Québec — et encore plus à l'extérieur du Québec — nécessite de prendre des mesures qui sont précises, fermes et ambitieuses dès maintenant. Nous allons le faire et nous allons aussi travailler sur plusieurs fronts. Nous allons notamment valoriser le rôle d'institutions culturelles comme Téléfilm Canada, l'Office national du film du Canada et Radio‑Canada pour qu'elles soient obligées de soutenir le contenu en français.
Nous allons adopter des mesures favorisant l'immigration francophone pour tenter de contrer la tendance très préoccupante du déclin du poids démographique des francophones au pays. Nous allons multiplier les occasions d'apprentissage du français pour tous les Canadiens. Nous allons ériger en politique officielle la nomination de juges bilingues à la Cour suprême du Canada, ce à quoi s'opposent les conservateurs, je ne sais pourquoi. Nous allons renforcer certains des pouvoirs du commissaire aux langues officielles, et bien plus.
Si j'ai parlé tantôt de champs de compétence, c'est que, en tant que lieutenant du Québec au Parti libéral, c'est quelque chose de fondamental pour moi. Il faut respecter ces champs de compétence et c'est pourquoi, qu'il s'agisse du droit de travailler en français dans les entreprises de compétence fédérale ou du droit d'être informé et servi en français par ces mêmes entreprises, nous agissons clairement dans nos champs de compétence. Non seulement nous agissons clairement, mais nous agirons clairement dans nos champs de compétence.
En parallèle, cette mesure que nous avons inscrite dans notre projet de loi sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles nous offre une occasion privilégiée de collaborer étroitement avec le gouvernement du Québec. Pour faire coexister le nouveau régime fédéral et les exigences de la langue française, il faut collaborer et nous le voulons. C'est ce qui sous-tend ce que nous faisons et c'est ce qui est inscrit dans le projet de loi. C'est aussi l'esprit du projet de loi, cette volonté de collaborer avec Québec pour renforcer et promouvoir le français, cette langue que je chéris, que l'on chérit et qui est si belle. Nous devons faire plus pour la protéger, la partager et la renforcer.
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Madame la Présidente, c'est un des plus importants discours que je vais prononcer à distance à la Chambre. Au bénéfice des résidants de ma circonscription et de tous les Canadiens, je veux préciser ce que cette motion signifie, et surtout ce qu'elle ne signifie pas. Je veux aussi que mes opinions soient consignées, afin de pouvoir être examinées par tout tribunal qui pourrait être appelé à se pencher sur l'importance de cette motion.
Premièrement, je veux préciser que si cette motion était adoptée, elle ne constituerait pas une autorisation de la Chambre pour procéder à une modification constitutionnelle. La modification du document-cadre du Canada nécessiterait la présentation d'un projet de loi en bonne et due forme, de vastes consultations publiques, une étude en comité avec des témoins, une analyse juridique, ainsi que de longs débats à la Chambre et à l'échelle du pays. Je n'appuierais jamais une modification constitutionnelle qui n'ait pas suivi ce processus.
[Français]
Deuxièmement, que fait cette motion?
Elle demande à la Chambre de reconnaître que l'article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982 permet au Québec et aux autres provinces de modifier unilatéralement leur propre Constitution. Ce que la motion ne dit pas, c'est que l'article 45 est assujetti à l'article 41. L'article 41 renvoie à l'alinéa 43b), qui stipule très clairement que toute modification relative à l'utilisation de l'anglais ou du français dans une province exige également l'approbation de la Chambre des communes et du Sénat. Je reviendrai sur ce que cela veut dire.
Cette motion demande aussi à la Chambre de prendre note du fait que le Québec entend utiliser l'article 45 pour modifier sa Constitution afin de dire que les Québécoises et les Québécois forment une nation, que le français est la seule langue officielle du Québec et qu'il est aussi la langue commune de la nation québécoise.
[Traduction]
Troisièmement, soyons clairs au sujet du mécanisme utilisé. Le projet de loi 96 du Québec n'a pas encore fait l'objet d'audiences. Il n'a pas été débattu, modifié ou adopté. Comme il faudra attendre le libellé final du projet de loi 96 avant de pouvoir déterminer si on peut employer l'article 45 pour apporter une modification, il serait prématuré de présenter plus qu'une évaluation préliminaire quant à l'application éventuelle de l'article 45.
Aucune modification apportée à la Constitution d'une province en vertu de l'article 45 ne peut avoir d'effet juridique sur la Constitution du Canada. Notre Constitution est très claire: si une modification porte sur l'usage de la langue anglaise ou française dans la province, il faut se reporter à l'alinéa 43b) et non l'article 45. Par conséquent, cette modification ne peut pas être utilisée pour réduire les droits de la minorité anglophone du Québec ou porter atteinte à ses droits de quelque façon que ce soit.
Elle ne modifierait pas la portée de l'article 133 de la Constitution, qui stipule que l'anglais est une langue égale au français au sein de l'Assemblée nationale et des tribunaux du Québec. Elle ne changerait pas la portée des droits de la communauté linguistique minoritaire en vertu de la Charte, comme les droits à l'éducation prévus à l'article 23. Surtout, j'estime que la modification ne peut pas être utilisée pour déterminer si un droit garanti par la Charte a été enfreint ou pour justifier une limitation de ce droit en vertu de l'article 1.
Quatrièmement, je suis en faveur du libellé de la motion adoptée par la Chambre des communes en 2006 et qui se lit comme suit: « Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni. » J'attire l'attention des députés sur les derniers mots, soit « un Canada uni », qui ne figurent pas dans la proposition actuelle.
[Français]
Je crois aussi qu'il est très important de comprendre la portée juridique de la notion du français comme langue commune de la nation québécoise. J'espère qu'il y aura des témoignages et des débats à l'Assemblée nationale sur cette question.
Bien sûr, la Charte de la langue française du Québec déclare que le français est la langue officielle du Québec. Le français est la première langue d'usage au Québec, et les Québécois francophones devraient pouvoir vivre, travailler et être servis en français partout dans notre province.
[Traduction]
Certaines propositions dans le projet de loi 96 soulèvent de réelles préoccupations quant au véritable sens de langue commune. Par exemple, le gouvernement du Québec cherche-t-il à limiter la capacité de recevoir certains services en anglais? Les articles 22.2 et 22.3 du projet de loi 96 établissent un lien entre la capacité de recevoir certains services gouvernementaux en anglais et le fait d'être admissible à recevoir l'enseignement en anglais. Une telle distinction n'a jamais figuré dans la Charte, sauf en ce qui a trait aux droits à l'enseignement.
Qu'est-ce que cela signifie? Soudainement, des centaines de milliers de personnes qui estiment faire partie de la communauté anglo-québécoise ne pourront plus recevoir certains services publics en anglais. Ce changement toucherait des immigrants des États-Unis ou d'autres pays anglophones, et même des survivants de l'Holocauste, aujourd'hui nonagénaires et qui font partie de la communauté anglophone depuis leur arrivée au pays, il y a plus de 70 ans. Voilà qui est profondément perturbant, et j'espère bien sincèrement que l'Assemblée nationale modifiera cet article.
[Français]
On peut aussi citer l'article 18.1, qui stipule que le personnel de l'administration publique doit utiliser exclusivement le français lorsqu'il communique oralement ou par écrit dans l'exercice de ses fonctions. Il ne me semble pas raisonnable de demander à deux fonctionnaires anglophones de se parler et de s'écrire entre eux en français.
Compte tenu de ces dispositions et d'autres dispositions du projet de loi 96, on peut comprendre pourquoi des leaders de la communauté d'expression anglaise, comme l'ancienne députée Marlene Jennings, présidente du Quebec Community Groups Network, ont exprimé de graves préoccupations au sujet du projet de loi 96.
[Traduction]
Je m'inquiète particulièrement des répercussions du projet de loi 96 sur l'interprétation de la Charte et l'interaction des droits individuels avec les droits collectifs. À mon avis, la Charte des droits et libertés a été établie parce que le Canada et le Québec, en tant que société, ont convenu que certains droits sont inaliénables, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent être modifiés par une simple majorité au Parlement. Le but de la Charte est de protéger les minorités, même celles qui ne sont pas populaires.
Avec le projet de loi 96, le Québec se détache entièrement de ce principe. Premièrement, le projet de loi stipule que la Charte de la langue française ne serait plus subordonnée à la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Cela signifie que les Québécois ne pourraient plus invoquer que la Charte de la langue française porte atteinte à leurs droits au titre de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.
Par ailleurs, le Québec propose aussi d'utiliser une disposition de dérogation de façon générale ou préventive, ce qui empêcherait tous les Québécois de faire valoir que ce projet de loi porte atteinte à leurs libertés fondamentales, y compris la liberté d'expression en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. Je tiens à préciser que je suis contre la disposition de dérogation. Je ne crois pas qu'elle devrait être incluse dans la Charte.
Nous avons déjà l'article 1, qui permet aux assemblées législatives de restreindre raisonnablement les droits. Je ne serai jamais favorable à l'idée que des assemblées législatives imposent des limites déraisonnables sur les droits ou que des lois ne soient pas assujetties à un examen du pouvoir judiciaire d'un gouvernement. Je suis contre le recours à une disposition de dérogation par le Québec, l'Ontario ou tout autre gouvernement.
[Français]
Même si nous devons accepter que la clause dérogatoire fasse partie de la Charte, elle peut être invoquée, mais ne devrait être invoquée qu'en de très rares occasions, à la suite d'un jugement d'un tribunal et non de façon préventive. C'est profondément troublant de soustraire prématurément un projet de loi à de possibles contestations judiciaires. Cela ne permet pas à la population de savoir si un droit a été violé ou non. En tant que Québécois et Canadien, je crois que nous devons avoir un profond débat de société sur cette question.
[Traduction]
Ce qui est évident, c'est que les questions relatives à la Consitution, à la Charte et aux deux langues officielles sont fondamentales pour la société canadienne. Ces documents et ces concepts ne peuvent pas être pris à la légère; il faut plutôt les considérer de façon rigoureuse et transparente en ayant à cœur l'intérêt supérieur de la fédération. Les Canadiens nous accordent leur confiance pour que nous protégions leur pays et leurs droits, y compris ceux des minorités, et leur démocratie. Ce n'est pas le genre de conversation qu'on peut tenir en un jour seulement. Cela demande du temps, de la réflexion et un débat public. La Constitution et les Canadiens ne méritent rien de moins.
Au bout du compte, même si je crois que cette motion est purement symbolique, dans la mesure où elle demande seulement à la Chambre de reconnaître les intentions du Québec et non d'accepter quoi que ce soit de concret, je comprends pourquoi cette proposition peut manquer de clarté pour certains Canadiens, en particulier les communautés de langue officielle en situation minoritaire, et surtout les Québécois anglophones.
Par conséquent, je propose que cette motion soit modifiée, par adjonction après les mots « de la nation québécoise », de ce qui suit: « Que la Chambre reconnaisse avoir adopté, en 2006, une motion indiquant qu'elle reconnaît que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni, qu'elle réaffirme cette position, et qu'elle déclare que les droits de la minorité anglophone du Québec garantis par la Constitution ne peuvent être touchés ou amoindris par une modification de cette nature. »
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Dès le début de la formation du Canada, la langue française a été une caractéristique fondamentale de notre peuple. En 1534, lorsque Jacques Cartier a posé le pied sur les rives du fleuve Saint‑Laurent, il ne faisait pas que découvrir une terre inconnue des Européens, il marquait le début de quelque chose de magnifique.
En tant qu'explorateur, il avait le rêve de réaliser de grandes choses. Bien sûr, l'avenir nous réservait une terre et une culture où des choses étonnantes allaient naître et où un peuple unique allait se former. Au fil des ans, on a vu le rêve de Cartier se développer et devenir le pays que nous connaissons aujourd'hui. Notre histoire est essentielle. Nous l'enseignons dans nos écoles. Nous en tirons des enseignements dans le cadre de notre travail, et notre culture nous permet de nous en souvenir.
Si les choses peuvent changer ou évoluer au fil du temps, une chose est restée constante. L'un des éléments que l'on retrouve dans toutes les années de l'histoire de notre pays est la langue française. Elle a été une force motrice pour notre peuple et une source de fierté et elle continue de faire partie intégrante de l'identité des Canadiens et des Québécois.
Le Parti conservateur du Canada l'a compris. Nous comprenons en outre le caractère unique du Québec au-delà de la langue française. Un gouvernement conservateur respectera toujours la compétence des provinces. Cela comprend la capacité de toute province de modifier unilatéralement la section de la Constitution qui traite exclusivement de sa propre gouvernance interne. L'Acte de l'Amérique du Nord britannique et l'article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982 permettent tous deux aux provinces de le faire.
La plupart d'entre elles ont déjà utilisé ce pouvoir. Le Québec, le Manitoba et les provinces de l'Atlantique ont aboli les chambres législatives supérieures provinciales entre 1876 et 1968. L'Alberta et la Colombie‑Britannique ont aboli les circonscriptions électorales plurinominales. L'Alberta a modifié sa constitution en 1990 pour garantir les titres fonciers et d'autres droits à ses communautés métisses.
La province de Terre‑Neuve a elle-même utilisé ses pouvoirs pour changer son nom pour Terre‑Neuve‑et‑Labrador en 2001. Compte tenu de tous ces exemples, il serait discriminatoire d'interdire au Québec d'utiliser ces mêmes lois pour faire ce qu'il y a de mieux pour sa population. En tant que province et en tant que peuple, nous nous distinguons au Canada et dans le monde, et notre parti a toujours soutenu cela.
L'autonomie des provinces est importante et c'est quelque chose que les conservateurs respectent profondément, contrairement à nos collègues libéraux. Rappelons que c'est sous un gouvernement conservateur en 2006 que le premier ministre Stephen Harper s'est battu pour donner au Québec un siège à l'UNESCO, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture. Cette étape importante a été un moment de fierté pour la province. Sa beauté naturelle, sa riche histoire et sa belle culture sont un joyau pour le monde et elles méritent d'être reconnues.
Au Canada, le Québec est l'une des nombreuses choses qui nous rendent si uniques. Sur la scène internationale, il apporte une contribution précieuse au monde de l'art, de la science, de la technologie et de la culture. Nos industries solides, nos artistes talentueux et nos étudiants créatifs ont alimenté une grande partie du monde. Cela méritait d'être célébré en 2006, tout autant qu'aujourd'hui. Voilà un bon exemple de la détermination du Parti conservateur à promouvoir le Québec dans le monde, de notre fierté pour la belle province et de notre engagement à l'égard de l'autonomie provinciale.
Le premier ministre Harper, en particulier, a défendu le Québec et s'est assuré que nous n'étions pas oubliés. Sa motion visant à faire reconnaître la nation québécoise par le gouvernement fédéral a constitué un grand pas en avant. M. Harper et l'ensemble du Parti conservateur voulaient que la Chambre reconnaisse que « les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni ».
Ce deuxième exemple me fait penser à nos pères fondateurs, qui partagent la même vision. Grâce aux efforts de Macdonald et de Cartier dans la deuxième moitié du XIXe siècle, nous sommes devenus un pays unique et magnifique, sans équivalent dans le monde. En effet, leur travail a permis de construire les bases de notre système politique et d'assurer que la langue française conserve sa place importante dans notre société pendant l'union du Haut‑Canada et du Bas‑Canada. Cartier lui-même a joué un rôle considérable dans la formation de la Grande Coalition, qui a été l'une des premières étapes du mouvement vers la Confédération. Sa présence à Londres, à Charlottetown et à Québec a été d'une importance capitale, car il a largement contribué à faire entrer le Québec dans le Dominion du Canada.
Notre Confédération et notre structure provinciale fonctionnent harmonieusement et à l'unisson lorsque le gouvernement n'outrepasse pas et respecte l'autorité et la responsabilité des provinces. Cela s'applique autant au Québec, à l'Alberta, à l'Ontario et à toutes les provinces et les territoires de notre grand pays.
Bien que cette autorité s'applique à toutes les provinces, je crois qu'il est important de noter l'histoire unique du Québec. Nous sommes particulièrement attentifs à ce sujet, car, au Canada, les Canadiens français sont une minorité. En fait, ils sont minoritaires dans toute l'Amérique du Nord. En tant que peuple fier et confiant, nous nous sommes sentis trop souvent oubliés. Il est temps d'agir et de ne pas se laisser dépasser. Quand nous voulons quelque chose, il faut aller le chercher. Personne ne va nous offrir ce que nous voulons sur un plateau d'argent. Nous devons faire savoir ce que nous voulons et nous battre pour l'obtenir.
Une valeur conservatrice fondamentale est la capacité des gens de ce pays à travailler dur pour obtenir ce qu'ils veulent, et je vois cette valeur se refléter dans notre système politique aujourd'hui. Le Québec sait ce qu'il doit faire pour obtenir ce qu'il veut, et c'est précisément ce qui se passe.
Encore aujourd'hui, l'autonomie et les compétences des provinces ne sont pas pleinement respectées. En ce qui concerne les transferts en santé aux provinces, le a fait des promesses assorties d'exceptions et a accédé à des demandes, mais uniquement sous condition. Le premier ministre n'a jamais été un partenaire des provinces et ne cesse de s'ingérer dans les compétences provinciales en assortissant ses promesses de conditions. La centralisation du gouvernement fédéral est un phénomène qui se répète sans cesse et qui entraîne des complications avec les provinces. Il est temps d'arrêter ce jeu de va-et-vient et de reconnaître correctement l'autorité des provinces.
Ce sujet n'est pas nouveau. Le Québec a toujours dû se battre pour sa langue, depuis l'époque où les colons français et anglais se sont battus il y a des centaines d'années jusqu'à la mise en œuvre de lois comme la loi 101 au Québec. L'Acte de Québec, la Loi sur les langues officielles et bien d'autres choses encore ont été combattus sur le dos de la langue française.
En fait, le Recencement de 2016 a révélé que près de 80 % de nos citoyens parlent le français comme langue maternelle. Cela représente plus de 6 millions de personnes. Malgré tous ces Canadiens français, le Québec continue d'être négligé par le gouvernement libéral. Depuis 2015, les libéraux auraient pu présenter une réforme des langues officielles, mais ils ne l'ont pas fait. Le gouvernement doit mieux comprendre l'importance des compétences provinciales et de la nation québécoise.
La motion présentée aujourd'hui reçoit mon appui et l'appui de notre parti. Selon l'article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982, le Québec et les provinces devraient avoir la compétence exclusive pour modifier leur constitution respective. Ce n'est pas un désir du Québec d'inscrire dans sa constitution que les Québécois forment une nation, c'est une nécessité de préserver notre patrimoine et notre nation de façon significative.
Bien que nous reconnaissons la présence de groupes minoritaires d'anglophones au Québec, la langue commune de la nation québécoise est le français et elle devrait être la seule langue officielle de notre province. Tout cela indique que notre maison est construite sur des fondations françaises. Nous devons veiller à ce que les fondations restent solides, et nous devons actualiser la structure au fil du temps et en assurer la solidité.
Notre histoire est riche et complexe et va au-delà des lois linguistiques, mais elle habite profondément notre identité et façonne notre culture.
:
Madame la Présidente, c’est en forgeant qu’on devient forgeron.
[Français]
La motion qui est devant nous aujourd'hui a deux parties. La première partie dit ceci:
Que la Chambre convienne que l’article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982 confère au Québec et aux provinces la compétence exclusive pour modifier leurs constitutions respectives [...]
La deuxième partie dit ceci:
[Que la Chambre] prenne acte de la volonté du Québec d’inscrire dans sa constitution que les Québécoises et les Québécois forment une nation, que le français est la seule langue officielle du Québec et qu’il est aussi la langue commune de la nation québécoise.
[Traduction]
On ne peut pas voter pour ou contre une partie de cette motion sans faire de même pour la deuxième partie. Pourtant, j’ai très peu de choses sur la deuxième partie, qui nous demande de prendre acte, d’une part, de deux manifestations de ce qu’on appelle la volonté du Québec, et, d’autre part, du fait plus qu’évident que le français est la langue commune des Québécois, ce qui est le cas depuis 1608.
Nous espérons tous sincèrement que ce principe fondamental qui fait du français la lingua franca des Québécois ne changera pas pour les 400 ans à venir, tout comme il est resté le même depuis les 400 dernières années.
[Français]
Une nation québécoise dans laquelle le français n'est pas la lingua franca est, d'après moi, impensable.
[Traduction]
Dans le même ordre d’idées, la Chambre a déjà reconnu que les Québécois forment une nation. Il y a 15 ans, la Chambre des communes s’est prononcée à ce sujet à 265 voix contre 16.
[Français]
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
[Traduction]
Les mots « au sein d'un Canada uni » ne figurent pas dans la motion d'aujourd'hui, comme on pourrait s'y attendre d'une motion présentée par le Bloc québécois. Néanmoins, il est vrai que la motion, dans sa forme actuelle, est loin d'être incompatible avec un Canada uni, bien au contraire.
Je ne suis pas sûr qu'il y ait encore beaucoup à dire sur la deuxième partie de la motion. En tant que constitutionnaliste, je m'intéresse surtout à la première partie de la motion qui, dans la version anglaise, se lit ainsi: « That the House agree that section 45 of the Constitution Act, 1982, grants Quebec and the provinces exclusive jurisdiction to amend their respective constitutions. » [Que cette Chambre convienne que l'article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982 confère au Québec et aux provinces la compétence exclusive pour modifier leurs constitutions respectives]
Dans le reste de mon intervention, je tenterai essentiellement de convaincre mes collègues anglophones et parlerai donc uniquement en anglais.
L'article 45 est libellé en ces termes: « Sous réserve de l’article 41, une législature a compétence exclusive pour modifier la constitution de sa province. »
Les députés remarqueront la référence interne à une autre partie de la Constitution: l'article 41. Cette référence s'impose parce que contrairement aux constitutions d'autres fédérations, comme la Suisse ou l'Australie, la Constitution du Canada contient, non pas une, mais plusieurs formules de modification. Autrement dit, diverses parties de la même Constitution peuvent seulement être modifiées à l'aide de combinaisons différentes d'instruments législatifs de différents corps législatifs.
Par exemple, certaines parties de la Constitution ne peuvent être modifiées que si des résolutions identiques sont adoptées au Parlement et dans les 10 assemblées législatives provinciales. Cette formule de modification est prévue à l'article 41 de la Loi constitutionnelle de 1982 et, bien entendu, l'article 41 est explicitement mentionné à l'article 45. Je ne m'attarderai pas sur l'article 41, si ce n'est pour dire que l'article 45 en fait mention pour empêcher les provinces de modifier unilatéralement les pouvoirs de leur lieutenant-gouverneur.
D'autres parties de la Constitution, dont la Charte des droits, ne peuvent être modifiées qu'au moyen de résolutions identiques adoptées au Parlement et dans les assemblées législatives des sept provinces représentant au moins 50 % de la population du Canada. C'est ce qu'on appelle communément le mode de révision 7 et 50, qui est décrit à l'article 38 de la Loi constitutionnelle de 1982.
Par contre, pour apporter une modification à la Charte en vue de restreindre davantage les pouvoirs d'une seule province, il faut appliquer une autre formule, qui se trouve à l'article 43 de la Loi constitutionnelle de 1982. Des résolutions identiques doivent être adoptées par l'Assemblée législative de la province en question et par le Parlement. C'est l'utilisation de la formule de modification prévue à l'article 43 qui a permis, en 1993, d'ajouter à la Charte un nouveau droit linguistique applicable uniquement au Nouveau-Brunswick, et il s'agit de l'article 16.1 de la Charte.
De même, l'article 43 est également la seule formule pouvant être invoquée à l'une ou l'autre des fins suivantes. Cet article s'applique:
a) aux changements du tracé des frontières interprovinciales;
b) aux modifications des dispositions relatives à l’usage du français ou de l’anglais dans une province.
L'existence de multiples formules de modification de la Constitution du Canada n'a rien de nouveau. Le paragraphe 92(1) de la Loi constitutionnelle de 1867 était le prédécesseur de l'article 45. Il a été en vigueur pendant plus d'un siècle.
Le paragraphe 92(1) stipulait:
[...] l'assemblée législative de chaque province peut légiférer, à titre exclusif, en vue de modifier la Constitution de la province, à l'exception des dispositions touchant aux fonctions de lieutenant-gouverneur.
L'habilitation du Québec ou de toute autre province à modifier sa propre Constitution est incontestable. La question plus difficile consiste à déterminer ce qui constitue une Constitution provinciale.
Dans d'autres fédérations, notamment la Suisse, l'Australie et les États-Unis, jamais cette question ne se poserait. Chaque canton suisse et chaque État américain possède sa propre Constitution autonome. Par exemple, la Constitution du Commonwealth du Massachusetts est la Constitution écrite la plus ancienne au monde. Elle date de 1780, ce qui la rend plus ancienne que la Constitution des États-Unis par une décennie.
Au Canada, les provinces n'ont pas de constitution aussi précisément définie. Ici, les constitutions des provinces prennent trois formes, ce qui peut mener à une certaine confusion.
Dans les trois provinces créées au moyen de lois fédérales, la loi fédérale fait office de constitution de la province: la Loi sur le Manitoba, la Loi sur la Saskatchewan et la Loi sur l'Alberta. Même s'il s'agit de lois du Parlement du Canada, ces lois, aux termes de l'article 45, peuvent être modifiées par les assemblées législatives provinciales. La Constitution interdit au Parlement d'intervenir.
Dans le cas des cinq provinces qui existaient avant la Confédération, ce sont les lois britanniques utilisées pour leur création qui servent de constitution. Même s'il s'agit de lois du Parlement de Westminster, ces lois peuvent également être modifiées unilatéralement par les provinces aux termes de l'article 45. Là encore, le Parlement n'est pas autorisé à intervenir.
Reste donc le Québec et l'Ontario. Leur situation constitutionnelle a été résumée par le professeur Peter Hogg, un éminent constitutionnaliste, en ces termes:
La Loi constitutionnelle de 1867, qui a mené à la création de l'Ontario et du Québec à partir de l'ancien Canada-Uni, comprend des dispositions (articles 69 à 87) qui sont essentiellement la constitution de ces deux provinces.
Par conséquent, les articles 69 à 87 pourraient être modifiés conformément à la formule de modification prévue à l'article 45 de la Loi constitutionnelle. Autrement dit, ils pourraient être modifiés par une loi de l'Assemblée nationale du Québec ou de l'Assemblée législative de l'Ontario.
De l'avis du professeur Hogg — et j'abonde dans le même sens —, il n'est encore une fois pas permis au Parlement d'avoir un mot à dire en ce qui concerne ces modifications.
Force est alors de se demander s'il est possible d'apporter des modifications à la Constitution du Québec ou de l'Ontario qui entraîneraient des modifications à la Loi constitutionnelle de 1867 dont l'objet diffère des questions traitées aux articles 69 à 87 qui portent exclusivement sur le fonctionnement des deux législatures provinciales en question.
Plus particulièrement, il y a lieu de se demander s'il est possible de faire des modifications comme celles proposées dans le projet de loi no 96 du Québec qui vise à insérer deux nouveaux articles immédiatement après l'article 90 de la Loi constitutionnelle de 1867. J'ai plusieurs réponses possibles à cette question.
Premièrement, le fait que l'objet de l'article 90 n'a absolument rien à voir avec l'objet des articles 69 à 87 n'est pas pertinent.
Deuxièmement, cette question n'est pas du ressort du Parlement. Nous ne sommes pas habilités à prendre des décisions à cet égard. Ce sont les tribunaux qui devront décider si l'article 158 du projet de loi no 96 — en l'occurrence la disposition qui propose les deux ajouts mentionnés — respecte ou outrepasse les limites que donne la formule de modification prévue à l'article 45. À titre de députés, nous pouvons certes examiner la question, mais personne n'a l'obligation de tenir compte de notre point de vue.
Troisièmement — c'est le dernier argument que je fais valoir, mais le plus important —, même si la motion dont nous débattons aujourd'hui porte sur le même sujet que les deux articles que la loi no 96 envisage d'ajouter à la Loi constitutionnelle de 1867, on ne nous demande pas de nous prononcer pour ou contre le projet de loi no 96. On nous demande de voter sur une question précise concernant la formule de modification prévue à l'article 45 et sur ce que la motion désigne comme la volonté des Québécois, telle qu'exprimée par l'Assemblée nationale.
Il me semble que la réponse à ces questions est oui, et c'est ainsi que je vais voter...
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de .
Je suis heureux de prendre part au débat sur cette motion fort intéressante alors que les travaux de la Chambre tirent à leur fin.
La motion à l'étude est assez intéressante, parce qu'elle prend acte de certains faits qui sont assez bien établis, parfois même depuis très longtemps. Cette motion a donc une valeur politique et symbolique, mais n'a pas de valeur contraignante. L'adoption de cette motion ne changera pas grand-chose dans la vie des Québécois et des Québécoises, même si les notions et les concepts évoqués font largement consensus. Depuis cet avant-midi, on constate qu'il y a consensus à la Chambre.
Je ne pense pas que la motion fasse l'unanimité, et il peut y avoir des nuances ainsi que certaines préoccupations. Nous avons d'ailleurs une préoccupation sur un aspect; j'y reviendrai plus tard. Or, je pense que les trois points principaux de cette motion recueillent un très large consensus.
Cette motion contient trois éléments: la Constitution, la nation et la langue française.
En ce qui concerne la Constitution, le gouvernement du Québec a déposé le projet de loi no 96, lequel propose de modifier la Loi constitutionnelle de 1867 afin d'y insérer les caractéristiques fondamentales du Québec, notamment le fait que les Québécois et les Québécoises forment une nation et que le français est la seule langue officielle du Québec, et qu'elle forme ainsi la langue commune de la nation québécoise.
Plus précisément, ces modifications seraient insérées après l'article 90 de la Loi constitutionnelle de 1867. Cette proposition permettrait au Québec de modifier sa propre constitution. Il pourrait donc modifier la section québécoise de la Constitution canadienne. D'ailleurs, l'article 45 de la Constitution canadienne le stipule:
45 Sous réserve de l'article 41, une législature a compétence exclusive pour modifier la constitution de sa province.
Cela fait aussi consensus auprès de certains experts. Je vais citer Benoît Pelletier, un ancien ministre du gouvernement québécois qui est maintenant professeur de droit à l'Université d'Ottawa. Dernièrement, il a été gravement malade à cause de la COVID‑19 et je lui souhaite un prompt rétablissement et une bonne santé.
Il a dit: « Moi, à mon avis, ce qui est proposé par le gouvernement du Québec tombe sous le couvert de l'article 45, c'est pourquoi j'ai dit que c'est constitutionnel et légal. »
Le premier point de la motion propose un changement constitutionnel et il s'agit tout de même d'une innovation. Cela n'a jamais été fait auparavant et aurait une certaine portée quant à l'interprétation juridique. Cette portée n'est pas totale, mais elle est certaine. Or le Québec a cette prérogative.
La motion propose de modifier la section québécoise de la Constitution pour y inscrire que le Québec forme une nation et que le français est sa langue officielle. Cela fait partie des propositions que les néo-démocrates font depuis longtemps en tant que forces progressistes et cela correspond à nos valeurs. C'est une vision et une orientation qui est en tout point conforme avec la Déclaration de Sherbrooke adoptée en 2005 par ma formation politique. Je vais la citer, parce que cela a un rapport direct avec la discussion que nous avons aujourd'hui.
La Déclaration de Sherbrooke est claire à ce sujet. Elle dit:
Ainsi, le Nouveau Parti démocratique reconnaît le caractère national du Québec et croit que ce caractère peut trouver son expression dans le contexte fédéral canadien.
Ce caractère national du Québec repose notamment, mais non exclusivement, sur:
i. Une société à majorité francophone, dont le français est reconnu comme langue de travail et langue commune de l'espace public.
Cela est extrêmement important. Cela confirme que, culturellement, historiquement, sociologiquement, politiquement, le Québec n'est pas une province comme les autres. Il est une nation au sein de la Fédération.
C'est pour cela que le NPD prône ce qu'on appelle le fédéralisme asymétrique, et qui donne au Québec la possibilité de se retirer des nouveaux programmes fédéraux avec compensation financière. C'est offert au Québec sur la base de cette reconnaissance de la nation.
La nation a été plus largement reconnue par ce Parlement en 2006. Encore une fois, on n'est pas en train de réinventer la roue. Cela dit, je suis très fier du fait que nous puissions reconnaître une nation québécoise moderne, diversifiée, souriante, ouverte sur le monde et inclusive. Cette nation fait place aux nouveaux arrivants, qui enrichissent notre culture commune et notre espace de vie commune, ainsi qu'aux influences provenant d'un peu partout dans le monde.
À cet égard, j'aimerais en profiter pour parler de l'une des réussites de la Charte de la langue française. En effet, le troisième point que je désire aborder, après ceux de la Constitution et de la nation, est celui de la langue française.
Je rappellerai que la langue française est la langue officielle depuis 1974 lorsque le gouvernement libéral de Robert Bourassa fait adopter la loi 22, que nous appelions « le bill 22 » ou « le gros bill », comme dirait Yvon Deschamps. Cette loi faisait du français la langue officielle d'un certain nombre de secteurs. Le français devenait ainsi la langue de la législation et de la justice, de l'administration publique, des entreprises d'utilité publique et des ordres professionnels, ainsi que la langue des affaires, du travail et de l'enseignement, y compris quelques exceptions et quelques exclusions. La loi 22 a eu une durée de vie d'environ trois ans avant d'être remplacée par la Charte de la langue française, aussi appelée loi 101.
Sur ce Québec ouvert sur le monde, qui accueille des gens qui veulent venir contribuer à l'épanouissement de notre société et de notre monde, l'une des très grandes réussites de la Charte de la langue française et de la loi 101 réside, selon moi, dans l'enseignement obligatoire en français pour les enfants d'immigrants et d'immigrantes.
Je suis député d'une circonscription de Montréal depuis quelques années. J'habite à Montréal depuis plus de 25 ans. C'est toujours extrêmement touchant de voir ces petits garçons et ces petites filles, qui viennent de partout dans le monde, parler français entre eux, jouer en français dans la cour d'école et s'amuser en français après les classes. C'est une grande réussite du gouvernement du Québec et de la Charte de la langue française d'avoir été capable d'assurer ce renouvellement par les nouveaux arrivants qui se joignent à notre société et à notre nation.
Je connais très bien plusieurs personnes qui sont des enfants de la loi 101: des gens qui travaillent pour le NPD, mais également quelqu'un avec qui je partage ma vie, qui travaille en français et pour qui le français est la troisième langue. Il existe au NPD un historique quant à la volonté de renforcer la place du français non seulement au Québec, mais également au Canada, où le français se trouve dans une situation extrêmement minoritaire. Comme plusieurs l'ont rappelé aujourd'hui, les francophones représentent environ 2 % à 3 % de la population de l'Amérique du Nord. Non seulement ils sont peu représentés sur le plan démographique, mais les francophones sont confrontés à l'influence culturelle du géant américain, à un impérialisme culturel qui déborde de ses frontières et s'étend partout dans le monde. Il est extrêmement important de demeurer très vigilant.
En 2013, nous avons obtenu un grand succès lorsque notre ancienne députée Alexandrine Latendresse a réussi à faire adopter un projet de loi qui assurait que les agents du Parlement, comme le vérificateur général, soient bilingues. Ce fut une avancée, une chose importante que nous souhaitions. Nous avons toujours lutté pour le droit des travailleurs et des travailleuses du Québec de travailler en français et de communiquer avec leur employeur en français. Ce sont des principes de la Charte de la langue française, c'est-à-dire la possibilité pour ces travailleurs, qui représentent environ 10 % de la main-d'œuvre au Québec, d'avoir les mêmes droits que ceux qui travaillent dans les entreprises de compétence provinciale.
C'est une question de défense du français, mais également d'égalité des droits pour les travailleurs et les travailleuses. On assiste à une situation absurde en ce moment où une personne qui travaille à la caisse populaire a certains droits linguistiques que n'a pas une personne qui travaille à la Banque Royale ou à la Banque de Montréal. Il faut régler ce problème.
Récemment, en 2020, j'ai déposé une motion qui a reçu le consentement unanime de la Chambre et qui visait à reconnaître non seulement le déclin du français, mais également la nécessité d'avoir un plan pour mettre fin à ce déclin et protéger le français un peu partout au pays.
Sur ce troisième point, j'aimerais tout de même souligner en terminant que nous ne voudrions pas que l'actuelle motion vienne nuire à la reconnaissance des langues autochtones au Québec. L'Assemblée nationale et le gouvernement du Québec ont, depuis des années, reconnu un statut aux langues autochtones au Québec. L'un ne va pas contre l'autre. Reconnaître que le français est la langue commune et la langue officielle ne devrait, en aucun cas, venir nuire à cette reconnaissance et au fait que nous voulons assurer non seulement le maintien des langues autochtones au Québec, mais également leur épanouissement.
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Madame la Présidente, cela me fait vraiment plaisir de parler tout de suite après mon collègue de Rosemont—La Petite-Patrie, pas seulement parce que son discours a été extraordinairement profond et important, mais aussi parce qu'il est à la Chambre des communes un des plus grands défenseurs des droits des minorités linguistiques et le défenseur, bien sûr, du français au Québec. Ses actions et son travail le démontrent bien. Il comprend bien qu'il faut toujours renforcer le français, pas seulement au Québec, mais partout au Canada. J'ai énormément de respect et d'estime pour lui.
Comme le député de Rosemont—La Petite-Patrie vient de le dire, la motion d'aujourd'hui est importante, mais réitère des choses qui ont déjà été décidées dans le passé. Le fait que les Québécoises et les Québécois forment une nation a bien sûr été entériné et renforcé par une motion de la Chambre des communes en 2006. Le fait que le français soit la seule langue officielle du Québec est reconnu depuis 1974. Quant au fait que le français est la langue commune de la nation québécoise, il est reconnu depuis longtemps. Ces faits sont toujours renforcés.
Il existe certaines inquiétudes liées au déclin du français. Certaines mesures donnent de l'espoir, c'est important, et ma formation politique, le NPD, a toujours été la seule à toujours défendre le français et à vouloir le renforcer, tant au Québec que partout au pays.
Notre dossier ne laisse aucun doute à ce sujet. Comme mes collègues le savent, le NPD a été le premier parti à parler de mettre en place une loi sur les langues officielles. C'est aussi le premier parti à proclamer le droit à l’autodétermination du Québec, et le premier parti à avancer le droit des minorités linguistiques à l'extérieur du Québec.
Je vais y revenir tout à l'heure, mais c'est un gouvernement néo-démocrate provincial qui a mis en place le réseau des écoles francophones en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. Au Manitoba, encore une fois, c'est un gouvernement néo-démocrate qui a promulgué la Loi sur les langues officielles. En Ontario, c'est un gouvernement néo-démocrate qui a créé le réseau collégial.
Je rappelle notre passé et le travail de députés néo-démocrates, qu'il s'agisse de Léo Piquette en Alberta, d'Elizabeth Weir au Nouveau-Brunswick ou d'Alexa McDonough en Nouvelle-Écosse. À tous les égards, le NPD, que ce soit au niveau provincial ou fédéral, a toujours avancé l'importance du français. Comme mon collègue de Rosemont—La Petite-Patrie l'a si bien dit, depuis que Jack Layton et le NPD ont adopté la Déclaration de Sherbrooke, nous gardons toujours à l'esprit cette notion que la nation québécoise doit être respectée et que tout programme fédéral doit prévoir un droit de retrait avec pleine compensation pour les Québécois et les Québécoises.
J'aimerais aussi parler un peu des voyages que j'ai effectués au cours de ma vie dans les régions francophones. Comme mes collègues le savent, à 24 ans, j'ai décidé d'apprendre le français et j'ai déménagé à Chicoutimi. Même à Chicoutimi, à l'époque, en tant que jeune anglophone qui parlait à peine quelques mots de français, j'ai reçu des services en anglais au bureau de Jonquière de la Société d'assurance automobile du Québec quand j'y suis allé pour faire changer mon permis de conduire de la Colombie-Britannique pour un du Québec.
En plus du Saguenay—Lac‑Saint‑Jean, j'ai aussi vécu en Estrie, à l'est de Montréal, où j'ai travaillé pendant plusieurs années au Collège Champlain et à l'Université Bishop's, deux institutions entièrement anglophones dans une super belle région du Québec où, là encore, les institutions de langue anglaise se portent très bien. J'ai aussi vécu à Montréal et dans l'Outaouais et, partout, j'ai vu des institutions pour la communauté anglophone qui étaient bien financées et très plaisantes. Qu'il s'agisse d'hôpitaux ou d'institutions d'éducation, le réseau est là.
L'important est de conserver ces institutions, mais il faut surtout s'assurer que le français est protégé et qu'il peut vraiment s'épanouir partout au Québec. C'est un élément important de ce que le NPD a toujours prôné. Là où je diffère de mes collègues du Bloc québécois, c'est sur le fait de parler aussi de l'importance du français à l'extérieur du Québec.
J'ai travaillé dans le nord du Nouveau‑Brunswick et en pays acadien, et je peux dire que la langue et les institutions francophones y sont extrêmement fortes. C'est important pour l'ensemble de la francophonie canadienne. Ayant travaillé et vécu aussi dans l'Est ontarien, et comme francophile de la Colombie‑Britannique, je peux dire l'importance de ces institutions francophones, et du gouvernement fédéral qui les finance et les appuie partout au pays. Cela n'a pas été le cas depuis plusieurs années, tant sous les conservateurs que sous les libéraux. Le sous‑financement des institutions francophones précarise la force même et la prospérité des communautés francophones.
Maintenant, en Colombie‑Britannique, où je vis, le nombre de francophones continue d'augmenter. Plusieurs facteurs contribuent à cette hausse dans la communauté francophone. L'un des éléments importants est le fait que, en Colombie‑Britannique aussi, on voit les francophiles, des gens comme moi, surtout des jeunes, qui apprennent le français comme un atout important pour le soutien à la francophonie en Colombie‑Britannique.
Nous sommes maintenant 300 000 à parler le français en Colombie‑Britannique. C'est un aspect important qui n'est pas souvent considéré par mes collègues du Bloc québécois. Le fait que nous soyons 300 000 et que cela continue d'augmenter renforce l'aspect culturel et l'importance de l'économie culturelle du français au pays. Quand les artistes du Québec ou de l'Acadie viennent à Vancouver, ils font souvent salle comble. Il y a une importante vitalité de la communauté francophone partout en Colombie‑Britannique. Elle est démontrée, non seulement par la hausse du nombre de francophones, mais aussi dans la hausse du nombre de francophiles. Ce sont souvent les francophiles qui occupent les sièges lorsque la salle est comble. Présentement, avec la COVID‑19, c'est sûr que les salles de spectacles ne sont pas très présentes, mais nous espérons que cela se replace bientôt.
Que la communauté des francophiles contribue à cette importante hausse du français en Colombie‑Britannique est souvent dû au fait que des parents font la file pendant toute une fin de semaine pour inscrire leurs enfants à une école d'immersion française. Il y a de multiples écoles de programme‑cadre, les écoles francophones pour les personnes ayant le français comme langue maternelle, mais il y a aussi ce réseau des écoles d'immersion. Grâce à cela, il y a de plus en plus de consommateurs et de consommatrices des produits culturels québécois, acadiens et franco‑ontariens. Cela contribue à l'essor du français à l'échelle national.
Il est très clair qu'il faut renforcer le français au Québec. Je ne le nie pas et le NPD appuie pleinement cette idée‑là et les mesures qui viennent avec, mais il est aussi important d'avoir un gouvernement fédéral qui renforce la présence des institutions francophones dans tout le pays. C'est la meilleure recette pour renforcer le français partout au Canada et créer véritablement un avenir où la langue française peut s'épanouir à l'échelle du pays.