:
Monsieur le Président, la Chambre a rarement, voire jamais été saisie de questions faisant plus clairement intervenir nos valeurs fondamentales canadiennes que celle de l'aide médicale à mourir.
Je commence mon intervention d'aujourd'hui en répétant ce que j'ai dit au début de mon discours sur le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. En ce qui concerne l'aide médicale à mourir, la priorité des néo-démocrates est toujours la même: empêcher que des souffrances inutiles soient infligées aux personnes qui souffrent déjà d'une maladie terminale et aussi éviter de prolonger les souffrances des familles qui voient leur être cher souffrir.
Nous voici maintenant en décembre, à la limite de l'échéance fixée par la Cour supérieure du Québec dans l'affaire Truchon. Il importe peu de savoir qui est responsable du retard. La COVID-19 a certainement eu un rôle à jouer, mais le retard est attribuable en bonne partie à la prorogation du Parlement par les libéraux.
À mon avis, il est évidemment inacceptable que des députés soutiennent que nous n'avons pas à respecter l'échéance parce que cela n'affecterait que le Québec. De toute façon, il est temps pour la Chambre d'agir en ce qui concerne le projet de loi . Il est aussi temps d'entreprendre une autre tâche. S'il est vrai que notre étude du projet de loi a été retardée, un autre travail tout aussi important nous attend. En effet, l'examen quinquennal obligatoire de la loi initiale sur l'aide médicale à mourir, le projet de loi , se fait attendre depuis trop longtemps.
Comme les députés le savent, certains d'entre nous ont demandé au gouvernement de lancer cet examen beaucoup plus tôt cette année afin qu'il puisse contribuer à l'étude du projet de loi . Je le répète, la COVID-19 et la prorogation ont bousculé les plans.
Dans le dossier de l'aide médicale à mourir, le Parlement devait s'acquitter de deux tâches. D'abord, il fallait modifier la loi pour qu'elle respecte la Charte, comme l'exige la décision de la Cour supérieure du Québec. Selon cette décision, la loi actuelle est trop restrictive, et c'est exactement la raison pour laquelle les néo-démocrates se sont opposés au projet de loi lors du vote initial.
Bien sûr, la modification de la loi sur l'aide médicale à mourir pour qu'elle soit conforme à cette décision est l'objectif principal du projet de loi . Cependant, comme je l'ai dit, une deuxième tâche s'imposait, celle de mener cet examen législatif sur des questions plus générales, en s'appuyant sur les quatre années d'expérience depuis l'adoption de la loi initiale.
Vu mon inquiétude croissante en attendant que le gouvernement amorce l'examen, j'ai présenté, le 8 octobre, la motion M-51, laquelle demande la création d'un comité spécial de la Chambre des communes chargé d'entreprendre cet examen. Les comités spéciaux présentent quelques avantages pour la réalisation de tels examens. Contrairement aux comités permanents, ils se voient accorder par la Chambre des ressources illimitées et ne sont pas astreints à quatre heures de séance par semaine, comme le comité de la justice.
Les comités spéciaux ont pour mandat de se pencher sur un seul dossier. Leurs travaux ne peuvent donc pas être retardés comme le sont parfois ceux des comités permanents, comme le comité de la justice, où l'étude des projets de loi doit toujours avoir préséance sur les autres travaux. Bien entendu, les comités spéciaux peuvent recommander des mesures qui dépassent la portée du projet de loi ou celle, plus étroite, des jugements des instances judiciaires.
En fait, c'est un comité spécial qui, à l'origine, a recommandé à la Chambre ce qui est devenu le projet de loi . Pour clarifier, cet examen législatif élargi des problèmes recensés concernant l'aide médicale à mourir constitue une obligation aux termes du projet de loi initial et devait être entrepris au plus tard en juin dernier. Il aurait dû avoir lieu et aurait eu lieu avec ou sans la décision de la Cour du Québec.
Le projet de loi demandait que l'examen porte spécifiquement sur les demandes anticipées ou directives anticipées, sur les demandes faites par des mineurs matures et sur les demandes où la maladie mentale est la seule condition médicale invoquée. Cependant, dès le départ, les néo-démocrates ont soutenu qu'il manquait un élément clé dans l'examen prévu par la loi. C'est pour cette raison que la motion que j'ai présentée demandait la mise sur pied d'un comité spécial doté d'un mandat élargi incluant un examen des mesures de protection dans la législation concernant l'aide médicale à mourir afin de s'assurer qu'elles permettent de protéger adéquatement les plus vulnérables de la société.
Je me félicite que tous les partis semblent désormais convenir de la nécessité d'élargir le mandat afin d'inclure cet examen. Je n'ai toujours pas compris pourquoi le gouvernement est si opposé à la mise sur pied d'un comité spécial, mais je crois qu'il constatera que les membres du comité de la justice accepteraient à contrecœur de mener cette étude, pourvu que son mandat soit élargi. Je crains toutefois que le temps, les ressources et le programme de ce comité permanent ne lui permettent pas de mener une étude aussi profonde qu'il le faudrait.
J'ai déjà parlé de mon expérience très personnelle et concrète des enjeux liés à l'aide médicale à mourir. J'ai parlé de la crainte de ma mère d'être confinée à un lit d'hôpital dans la souffrance et l'incapacité de reconnaître les membres de sa famille. J'ai parlé d'une amie qui avait décidé d'opter pour l'aide médicale à mourir plus tôt qu'elle ne l'aurait voulu par crainte de n'être plus capable de donner son consentement final en raison de la croissance de sa tumeur au cerveau.
Outre ces expériences personnelles, j'ai eu, en tant que membre du comité de la justice, le privilège de parler à des dizaines de Canadiens par Zoom, d'entendre des dizaines de témoins au comité et de lire encore plus de mémoires au sujet de l'aide médicale à mourir.
J'ai été tout aussi ému par les histoires de familles dont les proches ont choisi l'aide médicale à mourir plutôt que des souffrances prolongées que par celles de médecins qui fournissent cette aide. Mes conversations avec ces familles et avec ces médecins m'ont aidé à comprendre comment l'aide médicale à mourir fonctionne dans la vraie vie. J'ai également compris que la législation actuelle a des conséquences inattendues et cruelles. C'était évident avant même la décision d'une Cour du Québec.
Ceux qui ont écouté attentivement les malades en phase terminale, leur famille et les praticiens qui fournissent l'aide médicale à mourir savaient bien que la loi actuelle inflige et prolonge souvent des souffrances inutiles. Le projet de loi aborde trois cas de souffrances inutiles et prolongées. Bien que la décision Truchon n'ait pas strictement imposé de réduire les souffrances, le projet de loi s'en charge à juste titre.
Ce qui me tient le plus à cœur, c'est que le projet de loi mettra fin à la hantise d'avoir des patients comme Audrey Parker, de la Nouvelle-Écosse, qui a estimé devoir choisir une date plus rapprochée pour recevoir l'aide médicale à mourir par crainte de ne plus avoir la compétence requise pour donner son consentement au moment où l'aide est fournie. Audrey Parker a estimé qu'elle n'avait pas d'autre choix que de renoncer à un dernier Noël avec sa famille. Nous lui savons tous gré d'avoir rendu public son combat personnel afin que d'autres n'aient pas à faire ce terrible choix.
Le projet de loi corrigera la situation en éliminant la nécessité de fournir un consentement final pour ceux qui ont déjà été évalués et dont la demande d'aide médicale à mourir a été approuvée. J'insiste encore une fois sur ce point: les personnes qui ont déjà décidé de demander l'aide médicale à mourir, qui ont déjà été évaluées et dont la demande a été approuvée n'ont plus à fournir de consentement final. Ainsi, les gens n'auront plus à mourir plus tôt que prévu afin d'éviter de perdre les compétences exigées pour mettre fin à leurs souffrances et à celles de leur famille comme ils le désirent.
Que l'on appuie ou non l'élimination de l'obligation de fournir un consentement final au moment d'administrer l'aide médicale à mourir, le projet de loi n'ouvre pas toute grande la porte au consentement préalable ou aux directives anticipées. Il permet simplement aux personnes qui ont déjà été évaluées et dont la demande a été approuvée de ne plus avoir à fournir de consentement final. La question des demandes anticipées fait toujours partie du mandat du comité spécial, qui, je l'espère, effectuera l'examen législatif.
Cette question préoccupe grandement bon nombre de mes concitoyens. En fait, c'est sans conteste ce dont mes concitoyens m'ont le plus parlé. Ils se soucient de conserver leur autonomie et le pouvoir de décider comment leur vie prendra fin. Ils veulent s'assurer que leurs volontés sont respectées. Je dois dire que les discussions que j'ai eues avec des médecins qui pratiquent l'aide médicale à mourir m'ont convaincu que la question n'est pas aussi simple qu'il y paraît à première vue. Comme je l'ai dit, cela demeure l'une des questions importantes que l'examen législatif pourrait régler, mais cela ne fait pas partie du projet de loi .
Une deuxième source de souffrance inutile que le projet de loi éliminera aussi est la période d'attente obligatoire de 10 jours, parfois appelée « période de réflexion ». Selon les données probantes présentées dans le rapport de l'Association canadienne des évaluateurs et prestataires de l'aide médicale à mourir, près de la moitié des patients qui souhaitent bénéficier de l'aide médicale à mourir prennent leur décision après 11 jours environ. Que faut-il en conclure? Cela nous dit que leurs souffrances ont été prolongées simplement pour respecter la période d'attente obligatoire de 10 jours.
Je sais que des députés se sont dits inquiets de la possibilité que des gens changent d'avis. Toutefois, selon les statistiques à ce sujet, les personnes changent d'avis pendant la période d'évaluation, avant que l'aide médicale à mourir soit approuvée. La période d'attente prolonge les souffrances — jugées intolérables — des patients dans le seul but de respecter les conditions prescrites par la loi. Tous les patients doivent endurer cette période de souffrance, alors que peu d'entre eux, voire aucun, ne réfléchit réellement à la situation puisque pour alléger leurs souffrances, on leur administre des sédatifs puissants. Si nous respections véritablement l'autonomie décisionnelle des patients qui sont en phase terminale et qui souffrent, nous ne devrions pas leur imposer une période d'attente cruelle.
En passant, j'ai été très déçu d'entendre certains députés prétendre que le projet de loi crée en quelque sorte la possibilité de donner « la mort le jour même ». Il n'y a rien de plus faux.
Cela ne serait possible que si les professionnels de la santé concernés faisaient fi de leurs tâches et de leurs responsabilités professionnelles telles que prescrites par la loi et le code de déontologie. C'est ce qu'il faudrait pour en arriver à un tel résultat. Cette fausse allégation est une insulte pour les patients qui demandent ce service et pour les médecins qui le fournissent. Elle montre à quel point ceux qui utilisent cette expression ne comprennent pas vraiment en quoi consiste l'aide médicale à mourir.
Certains ont souvent invoqué un autre argument trompeur au cours du débat en demandant comment quelqu'un peut appuyer le projet de loi alors que les médecins s'y opposent. Ces députés parlent en fait d'une pétition signée par plus de 700 médecins qui a été présentée au comité de la justice. Cet argument sélectif ignore le fait que l'Association médicale canadienne, qui représente plus de 70 000 médecins, s'est prononcée en faveur du projet de loi . Cela représente près de 100 fois plus de médecins que ceux qui ont signé la pétition.
J'aimerais attirer l'attention sur un autre changement positif dans le projet de loi qui réduit la souffrance et qui a été délibérément mal interprété: l'assouplissement de l'exigence que deux témoins indépendants soient présents au moment où le patient signe sa demande d'aide médicale à mourir.
La modification a été suggérée par des praticiens à la suite de leur expérience avec le projet de loi . Les cliniciens et les familles ont souvent constaté qu'il est difficile de trouver un deuxième témoin indépendant — le critère d'indépendance étant exigé —, surtout dans les régions rurales et éloignées. La présence d'une deuxième personne soulevait souvent des inquiétudes quant à la protection de la vie privée.
Nous devons nous rappeler que le but des témoins est uniquement de vérifier l'identité de la personne qui présente la demande. Deux évaluateurs médicaux indépendants ont déjà participé à chaque étape du processus. Ils ont déjà dû confirmer l'admissibilité du patient à l'aide médicale à mourir. Des praticiens ont déclaré que cette deuxième disposition relative aux témoins est indûment restrictive et ne fait souvent que prolonger inutilement la souffrance.
Je souhaite à présent aborder certaines préoccupations concernant le projet de loi qui ont été exprimées au comité de la justice.
La première préoccupation concerne la levée de l'exigence selon laquelle la mort doit être raisonnablement prévisible avant de pouvoir procéder à l'aide médicale à mourir. Bien entendu, la disposition a été supprimée par la décision de la Cour du Québec et non par le projet de loi .
Le projet de loi garantit que les dispositions législatives sur l'aide médicale à mourir soient conformes à la décision de la cour. Cette dernière a en effet statué que limiter l'accès à l'aide médicale à mourir aux personnes dont la mort est raisonnablement prévisible viole les droits protégés par la Charte des patients pour qui la mort n'est pas imminente, mais dont la condition médicale leur cause des souffrances intolérables.
Le projet de loi crée un second volet pour les personnes dont la mort n'est pas raisonnablement prévisible, en précisant une deuxième série de mesures de sauvegarde appropriées pour cette catégorie de patients. La décision de retirer la disposition relative à l'aspect raisonnablement prévisible de la mort n'émane pas du projet de loi . Cette décision a été rendue par les tribunaux du Québec. Je crois qu'elle faisait suite à l'arrêt Carter.
Je tiens à prendre le temps de répondre à ceux qui jugent inutile de respecter l'échéance fixée par la Cour supérieure du Québec. Je leur rappelle qu'en l'absence du projet de loi , les personnes dont la mort n'est pas raisonnablement prévisible seront immédiatement assujetties aux dispositions législatives existantes, et qu'elles ne seront pas protégées par la deuxième série de mesures de sauvegarde prévue dans le projet de loi . Quoi que pensent les députés de l'opportunité des mesures de sauvegarde, il faut qu'ils comprennent que si nous ne respectons pas l'échéance, il n'y aura pas de deuxième série de mesures de sauvegarde.
Je crois que la plupart d'entre nous acceptent qu'il existe de bonnes raisons de faire la distinction entre les deux volets et d'imposer des exigences supplémentaires appropriées pour les personnes dont la mort n'est pas imminente. Le projet de loi prévoit à juste titre une procédure plus restrictive, qui nécessite donc plus de temps pour l'évaluation et la prise de décision, en ce qui concerne le deuxième volet.
De plus, le projet de loi ne prévoit pas une période de réflexion de 90 jours, mais une période d'évaluation de 90 jours. C'est une distinction importante. Ce n'est pas un maximum de 90 jours, mais 90 jours au minimum. À mon avis, il ne faut pas confondre les deux.
La deuxième préoccupation dont j'aimerais traiter est la question très importante soulevée par les défenseurs des personnes handicapées: avec l'abrogation de la disposition exigeant que la mort naturelle soit raisonnablement prévisible, il y aura une pression sur les membres vulnérables de notre société pour qu'ils choisissent l'aide médicale à mourir.
Le projet de loi ne renferme aucune disposition qui modifie les normes très élevées établies dans le projet de loi initial, le projet de loi , sur l'accès à l'aide médicale à mourir. Pour recevoir cette aide, les patients doivent être atteints d'une maladie incurable, être dans un état caractérisé par un déclin irréversible et endurer des souffrances intolérables. Donc, le projet de loi n'ouvre pas la porte toute grande, comme certains l'ont laissé entendre.
Cependant, je tiens à être clair. Je ne veux aucunement rejeter les préoccupations de la communauté des personnes handicapées concernant leur vulnérabilité. Voilà pourquoi je demande d'élargir le mandat de l'examen législatif, pour que nous puissions exiger qu'il détermine si les protections des gens vulnérables dans les lois sur l'aide médicale à mourir sont suffisantes. Encore une fois, cela exigera sans doute que nous examinions non seulement les lois qui touchent l'aide médicale à mourir, mais aussi d'autres lois qui portent sur les soutiens sociaux.
Voilà pourquoi mon collègue le député d' et moi avons transmis aujourd'hui une lettre commune à la pour demander la mise sur pied d'un nouveau programme national de soutien du revenu, qui offrirait 2 200 $ par mois à toutes les personnes handicapées. Il s'agirait d'un programme national unique qui remplacerait la panoplie de programmes provinciaux, qui arrivent rarement au montant minimum que nous avons tous jugé nécessaire lorsque la PCU a été créée. Une telle prestation constituerait une étape importante vers un revenu de base garanti pour tous les Canadiens. Par-dessus tout, dans le contexte du projet de loi, cela procurerait un niveau d'aide qui éviterait de placer des personnes handicapées dans une position où mourir semble être une meilleure option que vivre sans l'aide nécessaire.
L'incapacité de fournir les ressources qui permettront à tous de jouir pleinement de la vie sur un pied d’égalité ternit depuis longtemps la réputation du Parlement fédéral et de tous les parlements provinciaux. Il suffit de regarder le temps que le gouvernement a mis pour fournir l'aide additionnelle aux personnes handicapées durant la pandémie pour réaliser à quel point ces citoyens sont souvent oubliés.
Alors que nous réfléchissons à la façon dont nous allons nous remettre de la pandémie, j'espère que nous adopterons le programme fédéral qui est proposé, afin de procurer à toutes les personnes handicapées l'équivalent d'un salaire suffisant. Cela contribuerait grandement à apaiser les craintes de devoir faire un choix terrible par rapport à l'aide médicale à mourir.
Étant donné les discours de tous les partis soulignant la nécessité de prendre au sérieux la situation des personnes handicapées, et à la lumière de la décision de la Cour supérieure du Québec, je crois que nous devrions pouvoir récolter un appui immédiat à cette proposition dans ce contexte de gouvernement minoritaire. Nous pourrions ainsi contribuer à combler les lacunes de notre filet de sécurité sociale, que la COVID a fait ressortir. La COVID nous a appris que nous pouvions mettre en œuvre rapidement des programmes de soutien du revenu quand on le veut vraiment.
Le temps file, et je souhaite prendre un moment pour parler d'un dernier phénomène, très troublant, que j'ai observé pendant les discussions du comité. Il s'agit de la tendance qu'ont certains députés à confondre le suicide et l'aide médicale à mourir. Ce sont deux enjeux tout à fait distincts, tant sur le plan médical que moral.
L'aide médicale à mourir ne fournit pas à une personne une façon de s'enlever la vie. Les médecins et les familles qui ont l'expérience de l'aide médicale à mourir nous ont dit très clairement, dans leurs témoignages, que dans le cas de l'aide médicale à mourir, personne ne souhaite le décès du patient; les familles ne le souhaitent pas, les médecins non plus, et sûrement pas le patient. L'aide médicale à mourir est conçue pour les personnes qui sont déjà mourantes, dont le déclin est bien avancé et dont les souffrances sont intolérables. Elles peuvent ainsi décider comment leur vie se terminera et quand leur souffrance et celle de leur famille prendront fin. Il ne s'agit pas de choisir de mourir.
Les néo-démocrates continuent d'appuyer le projet de loi , car il contient des dispositions importantes qui mettront fin à des souffrances inutiles et fourniront les mesures de sauvegarde nécessaires au deuxième volet, qui concerne les personnes dont la mort n'est pas raisonnablement prévisible. Nous espérons qu'il sera adopté à temps pour respecter l'échéance imposée dans la décision Truchon.
Nous continuerons d'exiger qu'on entreprenne l'examen législatif, qui devrait déjà être en cours. Adopter le projet de loi sans l'examen législatif, c'est faire les choses à moitié dans le dossier de l'aide médicale à mourir. Cela risque aussi de réduire l'appui du public envers l'aide médicale à mourir, un appui qui a toujours continué de croître jusqu'ici.
Pour conclure, je dirai encore une fois que notre société doit mieux protéger les plus vulnérables d'entre nous et les personnes handicapées. En ce qui concerne les failles tragiques des soins de fin de vie et les expériences vécues par les personnes handicapées, la COVID nous a appris à quel point nous avons du chemin à faire pour devenir une société pleinement compatissante et égalitaire. J'exhorte tous les députés à ne pas ignorer ces leçons.