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Monsieur le Président, c'est un plaisir de prendre la parole à distance aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord.
Le Royaume-Uni est notre plus grand débouché commercial en Europe et, en 2019, c'était la troisième destination des exportations canadiennes. C'est également un terreau de partenariats en innovation, en science et en technologie. Le commerce bilatéral de marchandises entre les deux pays représentait 29 milliards de dollars en 2019, ce qui fait du Royaume-Uni notre cinquième partenaire commercial. En outre, le Royaume-Uni n'est surpassé que par les États-Unis en ce qui a trait aux échanges de services avec le Canada, ses exportations ayant représenté près de 7,1 milliards de dollars l'année dernière. Enfin, le Royaume-Uni est la quatrième source des investissements étrangers directs, qui s'élevaient à 62,3 milliards de dollars en 2019.
À l'évidence, l'accord de continuité commerciale avec le Royaume-Uni est d'une importance capitale pour l'emploi au Canada, puisqu'il permet le maintien du moteur clé de notre partenariat économique fort que constitue l'Accord économique et commercial global. Comme le premier accord est fondé sur le second, il apporte aux entreprises, exportateurs, travailleurs et consommateurs canadiens familiarité, continuité, prévisibilité et de stabilité, facteurs plus importants que jamais dans le contexte actuel de lutte contre la COVID-19.
Une fois entièrement mis en œuvre, l'accord maintiendra l'élimination de 99 % des droits de douane prévue dans l'Accord économique et commercial global sur nos produits exportés vers le Royaume-Uni. Il protégera entièrement tous les producteurs canadiens assujettis à la gestion de l'offre. Il maintiendra l'accès prioritaire des fournisseurs de services canadiens aux marchés, et notamment aux marchés publics du Royaume-Uni, dont la valeur est estimée à 118 milliards de dollars annuellement. Il conservera enfin intégralement les dispositions de l'Accord économique et commercial global qui établissent des normes élevées en matière de main-d'œuvre, de règlement des différends et de protection de l'environnement.
La relation du Canada avec le Royaume-Uni est profonde et historique. Le pays est l'un de nos plus proches alliés au sein de l'OTAN, du G7 et du G20 et les deux pays partagent des liens étroits en matière d'histoire, de valeurs et de respect des principes démocratiques. Lorsque le Royaume-Uni a choisi de tenir un référendum qui a abouti à la sortie de l'Union européenne, la décision n'a pas seulement touché ses relations économiques et commerciales avec son principal partenaire, elle a signifié aussi que le pays n'était plus partie à l'Accord économique et commercial global avec le Canada. Évidemment, cela risquait d'avoir des impacts sur les sociétés et les entreprises canadiennes. C'est pourquoi la conclusion de l'accord de continuité commerciale est si importante.
Les entreprises et les travailleurs canadiens de nombreux secteurs dépendent de nos relations commerciales interdépendantes, des agriculteurs et des pêcheurs aux fournisseurs de services financiers et aux innovateurs. Ils nous ont dit que ce qu'ils veulent le plus en ce moment, c'est de la stabilité. C'est exactement ce que leur donne cet accord. L'accord de continuité commerciale permet au Canada et au Royaume-Uni de maintenir et de développer leur importante relation en préservant les avantages de l'AECG dans leurs rapports bilatéraux tout en protégeant pleinement nos chaînes d'approvisionnement étroitement intégrées et en assurant l'accès continu de nos exportateurs au marché.
Cet accord de continuité est bon pour les travailleurs, bon pour les entreprises et bon pour le Canada et le Royaume-Uni. Sans lui, les entreprises canadiennes auraient pu être confrontées à l'incertitude qu'entraîneraient de nouvelles barrières et à des coûts plus élevés, en particulier celles des secteurs de l'agriculture, du poisson et des fruits de mer. Grâce à l'accord de continuité commerciale, nous pourrons bâtir un avenir meilleur pour les deux pays.
Le commerce international est au cœur du succès économique et de la prospérité du Canada et il ne fait aucun doute que le commerce jouera un rôle crucial dans notre reprise inclusive et durable après la pandémie de COVID-19. Il est important non seulement que le Canada établisse de nouvelles relations commerciales, mais aussi qu'il maintienne et renforce ses relations existantes. L'accord de continuité commerciale ne vise pas uniquement à maintenir l'AECG. En réalité, il ouvre la voie à un nouveau chapitre passionnant de nos futures relations commerciales avec le Royaume-Uni.
L'accord de continuité commerciale instaurera immédiatement un climat de confiance pour le commerce entre le Canada et le Royaume-Uni en reproduisant l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne sur une base bilatérale, comme le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne. Cependant, le Canada a toujours affirmé qu'à plus long terme, il souhaite négocier un nouvel accord moderne et ambitieux qui pourra mieux refléter la relation bilatérale qu'entretiendront le Canada et le Royaume-Uni à l'avenir.
Dans l'accord de continuité commerciale, les deux pays s'engagent à entreprendre d'autres négociations dans l'année suivant son entrée en vigueur. Mon homologue du Royaume-Uni, la secrétaire Truss, et moi nous sommes engagées publiquement à mener ces négociations. Les Canadiens d'un bout à l'autre du pays pourront participer à des consultations publiques afin de faire part de ce qui leur importe dans une nouvelle discussion bilatérale avec le Royaume-Uni.
Je me réjouis à l'idée de reprendre les négociations dans l'année qui suivra la ratification de l'accord de continuité commerciale pour établir un nouveau partenariat économique de qualité qui sera moderne, inclusif et global et qui comportera d'ambitieux chapitres sur les petites entreprises, l'environnement, la main-d'œuvre, le commerce numérique et l'autonomisation économique des femmes. Je tiens à dire à ceux qui ont souligné des domaines où des améliorations sont nécessaires que nous les écoutons, et je suis impatiente de me pencher sur ces enjeux. Nous reviendrons à la Chambre quand nous serons prêts à déposer les objectifs de négociation pour ce nouvel effort ambitieux.
Tandis que le Canada et le Royaume-Uni travaillent à la ratification de cet accord, les deux pays ont conclu un protocole d'entente pour que les échanges commerciaux puissent se poursuivre jusqu'à ce qu'ils aient tous les deux mené à terme le processus d'approbation intérieur. Lors des négociations menées dans le cadre du protocole d'entente et de l’accord de continuité commerciale, nous nous sommes assurés que les entreprises continueront de bénéficier de taux préférentiels aux termes de l'accord Canada-Union européenne, sans être soumises à des formalités administratives supplémentaires. L’accord de continuité commerciale offre une certaine stabilité, et il demeurera en vigueur jusqu'à la mise en œuvre d'un nouvel accord, ce qui devrait se faire d'ici trois ans.
En signant l’accord de continuité commerciale, nous cherchons à assurer la continuité. La dernière chose que souhaitent le Canada et le Royaume-Uni, c'est de créer un climat d'incertitude pour les entreprises et les travailleurs, particulièrement au moment où nous tentons de vaincre la pandémie, de relancer nos économies et de commencer à rebâtir en mieux.
L'année 2020 a été extrêmement difficile pour les travailleurs et les entrepreneurs canadiens. Cet accord offre la stabilité et la continuité que tant de secteurs ont réclamées. Il contribuera à soutenir les emplois du pays, à aider les familles canadiennes et à stimuler l'économie nationale en favorisant les échanges commerciaux et les exportations avec l'un de nos plus proches alliés en cette période difficile pour l'économie. Même si l'Accord économique et commercial global continuera de régir les échanges commerciaux entre le Canada et l'Union européenne, cet accord offrira une prévisibilité semblable aux entreprises canadiennes qui font des affaires avec le Royaume-Uni afin que les échanges commerciaux entre les deux pays se poursuivent sans interruption.
Je conclurai en disant, comme je l'ai déjà dit, que l'accord de continuité commerciale avec le Royaume-Uni est bon pour les Canadiens, est bon pour les Britanniques et est bon pour la solide relation mutuellement bénéfique que nos deux pays ont bâtie sur plus de 150 ans.
Par conséquent, je prie instamment tous les députés d'appuyer le projet de loi de sorte que le Canada puisse faire entrer en vigueur cet accord le plus vite possible.
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Monsieur le Président, c'est un immense plaisir pour moi de pouvoir m'adresser à la Chambre aujourd'hui et de donner mon appui à la mesure législative qui permettra de ratifier l'accord de continuité commerciale entre le Canada et Royaume-Uni. En soi, la signature de ce texte important était déjà une bonne nouvelle, mais aujourd'hui, le gouvernement a le plaisir de passer à l'étape suivante, soit sa ratification, afin que les exportateurs canadiens puissent jouir pleinement des avantages qu'il comporte.
Je ne crois pas avoir besoin de rappeler que les relations commerciales que le Canada et le Royaume-Uni entretiennent depuis au-delà de 150 ans ont toujours été bénéfiques. En 2019, les échanges bilatéraux entre nos deux pays atteignaient 29 milliards de dollars, ce qui fait du Royaume-Uni le cinquième partenaire commercial du Canada après les États-Unis, la Chine, le Mexique et le Japon. Pour tout dire, les exportations vers le Royaume-Uni ont crû de plus de 2 milliards de dollars depuis l'entrée en vigueur partielle de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, en 2017.
Il est important de préserver ces relations commerciales, car les entreprises pourront ainsi conserver un accès privilégié et sans précédent aux 66 millions de consommateurs du Royaume-Uni et à son marché de 3,68 billions de dollars. Les consommateurs canadiens, de leur côté, auront accès à plus de biens et services, qu'ils pourront payer moins cher, et c'est sans parler de la réduction, voire de l'élimination complète des droits de douane. Puisque cet accord est modelé sur l'Accord économique et commercial global, que les Canadiens connaissent déjà, il constituera un gage de stabilité pour les entreprises, qui en ont bien besoin avec l'incertitude que la pandémie fait planer sur les marchés mondiaux.
[Français]
Les avantages de l'accord de continuité commerciale pour les Canadiens sont concrets et considérables. Une fois que l'accord sera pleinement mis en œuvre, il poursuivra l'élimination des droits de douane de l'AECG sur 90 % des produits canadiens exportés vers le Royaume-Uni. Il protégera pleinement tous les producteurs canadiens soumis à la gestion de l'offre, il conservera l'accès prioritaire aux marchés pour les fournisseurs de services canadiens, y compris l'accès au marché d'approvisionnement public du gouvernement britannique, dont la valeur est estimée à environ 118 milliards de dollars par année. Il continuera à équilibrer la protection des investisseurs et la prérogative du Canada de réglementer dans l'intérêt du public et il maintiendra et préservera les normes et les standards élevés de l'AECG en matière de travail et de protection de l'environnement.
Cet accord continuera également à donner aux entreprises canadiennes un avantage sur leurs concurrents des autres pays qui n'ont pas d'accord de libre-échange avec le Royaume-Uni.
[Traduction]
En effet, les Canadiens ont salué la conclusion de cet accord et le travail fructueux de notre équipe de négociation. Je vais maintenant parler plus longuement de la grande importance du succès des négociations entourant cet accord pour l'industrie canadienne de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Le Québec compte le plus grand nombre de producteurs laitiers du pays. Il est suivi de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Nous savons que les vaillants agriculteurs de partout au pays avaient besoin de la stabilité qui est offerte par cet accord. C'est aussi le cas pour les producteurs de bœuf. La première chose qui me vient à l'esprit, c'est le bœuf exceptionnel que l'Alberta et l'Ontario exportent. Avant la conclusion des négociations, j'ai eu l'occasion d'échanger directement avec les producteurs de bœuf et les engraisseurs de bovins pour mieux connaître leurs besoins et leurs intérêts et m'assurer qu'ils seraient pris en compte.
Je tiens aussi à souligner le travail exceptionnel de l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire. Comme l'a dit Claire Citeau de cette alliance lors de son témoignage devant le comité du commerce international:
C'est un premier acquis important pour que nos exportateurs conservent l'accès et les avantages qu'ils possèdent déjà. La certitude et la stabilité temporaires qu'un accord de transition procure sont une bonne nouvelle pour certains de nos membres, et c'est la raison pour laquelle nous demandons aux parlementaires de collaborer entre eux pour adopter cet accord [...]
J'exhorte tous les députés à entendre l'appel du secteur agricole canadien, qui demande que cet accord soit ratifié rapidement. Nous avons des associations formidables qui défendent les intérêts des agriculteurs et des producteurs canadiens. Elles sont déterminées et bien informées. Elles se concentrent sur des secteurs précis. Elles sont en communication constante avec nous, et à juste titre. Leur participation a été cruciale, et j'ai certainement hâte de continuer à travailler avec elles à la prochaine phase des négociations d'un accord commercial bilatéral global.
[Français]
Pour nos producteurs laitiers, j'aimerais souligner le succès que représente cet accord. Il n'y aura pas une seule once de fromage étranger supplémentaire qui entrera au pays en vertu de cet accord de libre-échange.
Comme l'a très bien dit Daniel Gobeil, président des Producteurs de lait du Québec, « Le gouvernement n'a accordé aucun accès supplémentaire au Royaume-Uni, conformément à l'engagement qui avait été pris par le premier ministre et la ministre de l'Agriculture [...] Je remercie donc le gouvernement d'avoir respecté son engagement. Cela démontre clairement qu'il est possible de conclure des accords commerciaux sans que la gestion de l'offre soit sacrifiée. »
[Traduction]
Les petites et moyennes entreprises canadiennes ont aussi été très actives pour exprimer leur point de vue. Elles nous ont dit que ce dont elles ont le plus besoin en ces temps incertains, durant cette crise sans précédent, c'est la stabilité dans leurs relations commerciales et la stabilité pour exporter leurs produits. Or, c'est en plein ce que cet accord leur offre.
[Français]
L'accord de continuité commerciale permettra à de nombreuses entreprises canadiennes qui en sont venues à dépendre de leurs clients au Royaume-Uni de ne pas subir un revers inutile. Sans cet accord, certaines entreprises canadiennes seraient confrontées à de nouveaux obstacles et à des coûts plus élevés pour faire affaire avec le Royaume-Uni.
[Traduction]
J'aimerais faire un bref survol de ce qui aurait pu se produire si le gouvernement n'avait pas réussi à conclure un accord commercial transitoire avec le Royaume-Uni. On estime que plus d'un milliard de dollars d'exportations canadiennes vers le Royaume-Uni auraient été soumis à des droits de douane qui auraient affecté de manière disproportionnée les exportateurs de poissons, de fruits de mer et de produits agricoles.
En plus des droits de douane imposés aux produits canadiens exportés au Royaume-Uni, environ 25 % de tous les produits importés du Royaume-Uni auraient également été touchés. Les importateurs canadiens auraient payé des prix plus élevés pour faire venir ces marchandises, dont les entreprises canadiennes ont besoin pour pouvoir fonctionner, produire et croître.
Une fois ratifié, l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni continuera d'être en vigueur pendant que nous préparons un nouvel accord bilatéral global de libre-échange avec le Royaume-Uni. En fait, cet accord de continuité stipule clairement que dans l'année suivant la ratification par les deux parties, le Royaume-Uni et le Canada devront retourner à la table des négociations afin de conclure un accord commercial général à long terme.
La et moi avons hâte de conduire les vastes consultations des Canadiens et des représentants de tous les secteurs de l'économie pour que les négociations à venir servent l'intérêt du Canada et tiennent comptent de la réalité post-Brexit.
J'aimerais terminer mon intervention en parlant des retombées plus générales du travail du gouvernement dans le dossier du commerce international. Le gouvernement du Canada fait figure de chef de file dans le monde pour ce qui est de la promotion du libre-échange et des efforts pour enrayer les tendances protectionnistes. Il va sans dire que le Canada ne souscrit pas au protectionnisme. Nous estimons que de vigoureux partenariats commerciaux à l'échelle mondiale comme le nouvel accord conclu avec le Royaume-Uni sont de plus en plus nécessaires et importants, compte tenu en particulier du climat d'incertitude actuel qui pousse certains pays à se refermer sur eux-mêmes.
Je demande donc aux députés de tous les partis d'appuyer le projet de loi et de ratifier cet accord dans les meilleurs délais. J'invite mes collègues députés à soupeser attentivement l'importance particulière de cet accord pour les agriculteurs et les producteurs canadiens, les petites et moyennes entreprises canadiennes et l'ensemble des exportateurs de notre pays, petits et grands. Qui plus est, cet accord rappelle au monde entier l'importance de maintenir le libre-échange et il permet au Canada d'en demeurer un des principaux promoteurs dans le monde. Les générations à venir nous en seront reconnaissantes.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'
Je prends la parole aujourd'hui sur le projet de loi , qui vise à mettre en œuvre l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni est le troisième marché d'exportation, le cinquième partenaire commercial et le plus ancien partenaire commercial du Canada. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont une valeur annuelle de 29 milliards de dollars.
Les entreprises veulent la stabilité dès maintenant. J'ai hâte que la suite du débat sur le projet de loi ait lieu et que le comité l'étudie afin qu'il n'y ait plus d'attente pour les entreprises.
Comment en sommes-nous arrivés à débattre du projet de loi après la date limite? Nous aurions dû ratifier l'accord dès que le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne et qu'il a du même coup renoncé à son adhésion à l'AECG.
Malheureusement, comme le et sa ministre n'ont pas pris au sérieux les négociations commerciales avec le Royaume-Uni, le Canada doit se passer d'un accord commercial moderne qui aurait amélioré davantage la situation des entreprises canadiennes et des travailleurs canadiens. Il doit se contenter d'un accord qui n'est pas tellement différent de l'accord précédent, qui ne propose aucune solution aux nouveaux problèmes commerciaux, qui n'a pas de date d'échéance et qui ne prévoit aucun mécanisme de règlement des différends.
Le 23 juin 2016, il y a quatre ans et demi, le Royaume-Uni a décidé, au terme d'un vote, de quitter l'Union européenne. Le gouvernement aurait dû se douter qu'il aurait vraisemblablement à négocier un nouvel accord.
Selon les témoignages entendus au comité du commerce international, des négociations avaient été entamées à un certain moment durant cette période. Toutefois, nous avons aussi appris que la avait approuvé en mars 2019 que le Canada se retire de ces négociations.
J'étais présente, le vendredi 13 mars 2020, lorsque le Parlement a ajourné ses travaux en raison de la pandémie de COVID-19. Comme on peut s'y attendre, les travaux parlementaires ont été chamboulés du jour au lendemain. Toute l'attention était alors centrée sur la santé, la crise économique et les mesures législatives d'urgence.
Au fil des mois, on se rendait compte toutefois que d'autres travaux devaient avancer, car les dates butoirs approchaient. Après tout, le moment où le Royaume-Uni ne ferait plus partie de l'AECG s'en venait, et il fallait conclure un accord entre le Canada et le Royaume-Uni.
En mai 2020, pendant le comité plénier sur la COVID-19, les députés de l'opposition officielle conservatrice ont commencé à demander à la où en était le dossier de l'accord commercial. Rappelons-nous que nous n'étions pas alors assemblés en Parlement, mais que les questions étaient plutôt posées en comité plénier, qui ne disposait d'aucun pouvoir.
Lors de la séance du 21 mai du comité sur la COVID-19, mon collègue, le député d’, a interrogé la à propos des mesures prises pour conclure un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni. La ministre a répondu: « [...] nous continuerons de travailler avec ce pays en vue de consolider notre relation commerciale solide et stable ». Or, cette relation était si forte et si stable que le Canada n’était toujours pas revenu à la table des négociations et ne travaillait toujours pas avec le Royaume-Uni alors que nous n'étions plus qu'à sept mois avant la conclusion d’un accord.
Lors de la séance du 27 mai de ce comité, mon collègue, le député de , a demandé à la ministre si le gouvernement s'engageait à « conclure un nouvel accord commercial avec le Royaume-Uni d'ici le 1er janvier ». La ministre a répondu que le gouvernement suivait « la situation très attentivement ». Puis, elle a ajouté: « des discussions à ce sujet ont lieu en ce moment ». Pourtant, nous n’étions pas encore de retour à la table des négociations.
Lors de la réunion du 2 juin de ce même comité, mon collègue de Regina-Wascana a posé la question suivante à la : « [...] les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon ont tous entamé des négociations de libre-échange avec le Royaume-Uni. Pourquoi le Canada ne l'a-t-il pas fait? » La ministre a répondu: « Nous allons évidemment nous assurer de toujours agir dans l'intérêt des entreprises canadiennes [...] ». Puis, elle a ajouté: « Nous veillerons à ce que nos travaux futurs tiennent toujours compte des intérêts des entreprises canadiennes ».
Alors qu’il ne restait que quelque mois avant le retrait du Royaume-Uni de l’AECG, lequel accord représente 29 milliards de dollars en échanges bilatéraux, nous n’avions toujours pas repris les négociations. Le gouvernement n’avait-il donc pas compris qu’il était urgent de prendre la défense des intérêts des entreprises canadiennes?
L’opposition officielle a réclamé dès le mois de mai 2020 la reprise des travaux de tous les comités parlementaires, mais elle n’a pas été entendue. Le comité du commerce international aurait pu plancher sur la question, entreprendre des études et des consultations, comme d’autres comités l’ont fait pendant tout le printemps et l’été, en mode virtuel et de façon sécuritaire et productive. Malheureusement, entre mars et septembre, le comité du commerce international n’a pas pu se réunir une seule fois.
Le gouvernement a finalement repris les négociations en août 2020, si bien qu’il ne restait plus que cinq mois pour négocier un accord, rédiger le projet de loi et le soumettre au Parlement avant de l’envoyer au comité pour qu’on puisse l’examiner en profondeur et entendre des témoins, puis le transmettre au Sénat.
Après la prorogation du Parlement, les travaux ont finalement repris à la fin septembre. La tactique de diversion opérée par le gouvernement nous a obligés à tout reprendre à zéro.
Après la prorogation, la première question que j’ai posée à la Chambre s’adressait à la et concernait la promesse faite par son gouvernement d’informer la Chambre dans les 90 jours suivant la reprise de la négociation de tout accord commercial, promesse qu’il avait faite pour obtenir l'appui du NPD à la ratification de l’ACEUM, le nouvel ALENA. La réponse de la ministre a soulevé d’autres questions plutôt que de répondre à la mienne.
Le a alors fait une déclaration condescendante au sujet du gouvernement britannique, disant que celui-ci n’avait pas la capacité de négocier un accord commercial et que c’était lui qui était responsable des retards. Cette affirmation a été vivement rejetée par le gouvernement britannique et par son secrétaire d’État au commerce international. De plus, un ministre britannique chargé du dossier du commerce international a déclaré que les propos du premier ministre étaient à prendre avec circonspection.
De telles déclarations de la part du à propos du Royaume-Uni, l’un de nos alliés les plus anciens et les plus fidèles, n’ont pas dû favoriser la négociation d’un accord commercial aussi important pour notre pays. Il faut savoir que le Royaume-Uni avait déjà négocié et signé des accords avec des dizaines de pays. Qui est là pour défendre les intérêts des entreprises canadiennes?
Des représentants de nombreuses entreprises et syndicats ont déclaré devant le comité du commerce international que le gouvernement ne les avait pas consultés avant de se retirer des négociations, pour savoir quelles répercussions une telle décision aurait sur eux, et qu’ils n’ont pas non plus été officiellement consultés pendant tout le processus de négociation. Une belle occasion de perdue!
Les députés du Parti conservateur se sont plaints de l’absence de consultations officielles au sujet de cet accord commercial. Je sais que certaines industries voulaient une version améliorée de l’AECG, mais que d’autres secteurs importants, comme l’industrie bovine, voulaient un véritable accord commercial avec le Royaume-Uni, pas une version améliorée de l’AECG.
Même si des responsables gouvernementaux nous disent que l’accord prévoit une reprise des négociations entre le Canada et le Royaume-Uni d’ici un an, aucune sanction n’est prévue si l’une des deux parties n’obtempère pas. L’absence d’une disposition de caducité rend cet accord pratiquement identique à un accord permanent. D’intenses consultations ont eu lieu au sujet du premier AECG, il y a environ sept ans. Mais les choses évoluent beaucoup avec le temps, surtout à notre époque où tout va très vite, face aux économies émergentes.
Le gouvernement n’a pas su répondre aux préoccupations de certains groupes, notamment ceux du secteur de l’agriculture et l’agroalimentaire, au sujet des barrières non tarifaires, et cette situation va malheureusement perdurer. C'est d’autant plus inquiétant que l’accord ne comporte pas de véritable mécanisme de règlement des différends. Les secteurs soumis à la gestion de l’offre ont été soulagés d’apprendre qu’aucune concession n’avait été faite concernant leurs industries, car ce qui importe le plus pour eux c’est la stabilité, mais ils auraient quand même préféré qu’on règle certains enjeux commerciaux.
Les Canadiens demandent à leur gouvernement de négocier des accords commerciaux qui sont bénéfiques pour nos exportateurs, qui dopent la création d’emplois pour les travailleurs et qui stimulent notre économie. Beaucoup d’entreprises et de ménages recherchent avant tout la stabilité, et nous devons faire tout ce que nous pouvons pour que tous les secteurs présents dans nos collectivités puissent survivre et prospérer.
Un accord commercial a d’abord été annoncé en fanfare le 23 novembre. J’ai reçu un appel de la ministre peu de temps après, et j’en ai profité pour souligner l’importance d’un accord commercial Canada–Royaume-Uni et la nécessité de s’assurer que, pour les Canadiens, ce nouvel accord ne soit pas aussi mauvais que l’AECG. Je lui ai dit aussi que nous voulions un accord meilleur que le précédent et que les entreprises canadiennes avaient besoin d’être clairement informées des obligations que contient le nouvel accord.
Il est indéniable que, tout du long, ce dossier a été géré de façon complètement désordonnée. Ce n’est qu’à la toute dernière minute, à la 11e heure en quelque sorte, que nous en sommes arrivés à une solution. Les négociateurs britanniques ont alors exprimé certaines inquiétudes, en disant que si nous ne ratifiions pas l’accord avant la fin de l’année, cela risquerait de créer des difficultés pour les entreprises. Quoi qu’il en soit, nous nous réjouissons qu’un protocole d’entente ait été signé le 23 décembre, juste à temps pour empêcher l’imposition de barrières tarifaires.
Pendant un an, notre parti a fait des pieds et des mains pour faire la lumière sur ce dossier. Et ce n’est qu’à la dernière semaine du dernier mois de la dernière année qu’un accord a finalement été signé. La devra travailler en étroite collaboration avec son homologue britannique pour que puisse commencer la négociation officielle d’un véritable accord global de libre-échange. Les accords que nous signons doivent être négociés avec la participation des entreprises canadiennes et les protéger. Ils doivent régler la question des barrières non tarifaires et les autres enjeux, comporter un mécanisme de règlement des différends qui soit clair et efficace et qui soit fondé sur la responsabilité. Ils doivent être bénéfiques pour les exportateurs canadiens.
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Monsieur le Président, c’est un plaisir de participer à un autre débat sur le commerce. Comme les députés le savent, le commerce me tient à cœur.
Le Royaume-Uni et le Canada ont une longue histoire commune. Nous avons des valeurs communes, nous sommes des alliés de confiance et nous avons aussi une longue histoire d’échanges commerciaux. En fait, le Royaume-Uni est le cinquième partenaire commercial du Canada, ce qui alimente la prospérité et la croissance économique dans les deux pays. Toutefois, pour être honnête, nos exportations vers le Royaume-Uni sont principalement constituées de minéraux, surtout d’or, tandis que les importations en provenance du Royaume-Uni se composent principalement de produits manufacturés haut de gamme.
Le défi du Canada consiste à augmenter la valeur des biens que nous expédions à l’étranger, en particulier au Royaume-Uni. Notre excédent commercial avec le Royaume-Uni est d’environ 10 milliards de dollars, mais je ne m’en vanterais pas trop. Il y a ce déséquilibre entre les produits manufacturés haut de gamme et les minéraux, comme l’or, que nous expédions au Royaume-Uni.
Ce serait aussi une erreur de ne pas mentionner notre commerce de services, qui est très important. Beaucoup de Canadiens ne comprennent pas que lorsque nous parlons du commerce de services, nous parlons de choses comme l’ingénierie, certains des emplois les mieux rémunérés au Canada. Lorsque nous faisons des affaires avec un autre pays, lorsque nous vendons des services d’ingénierie à un endroit comme le Royaume-Uni, le Canada exporte des services de grande valeur et stimule la croissance de l’économie au Canada.
Qu’il suffise de dire que le commerce est un moteur clé de la croissance économique et de la prospérité à long terme au Canada, et que le Royaume-Uni, étant l’un de nos plus importants partenaires commerciaux, est un pays avec lequel nous devons négocier au moment d’officialiser notre relation commerciale.
Quel défi nous attend?
Nous avons toujours eu des échanges commerciaux entre nous, mais pendant des décennies, le Royaume-Uni n’a négocié des accords commerciaux qu’en tant que membre de l’Union européenne, et il a cédé une grande partie de son ancienne expertise et de son pouvoir de négociation qu’il a confié au gouvernement de l’Union européenne à Bruxelles.
En 2009, l’ancien premier ministre Stephen Harper a eu la prévoyance et la vision nécessaires pour entreprendre la négociation d’un accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne. Cet accord devait permettre de porter les échanges commerciaux entre le Canada et l’Union européenne à un tout autre niveau. J’ai eu l’honneur de diriger cet effort au nom du Canada pendant quatre ans et demi environ.
Le 26 septembre 2014, je me suis joint au président de la Commission européenne, M. Barroso, au président du Conseil européen, M. Van Rompuy, et au premier ministre Harper à Bruxelles pour annoncer la fin de ces négociations sur l’AECG, l’accord commercial entre le Canada et l’Union européenne.
Il convient de noter que nos amis libéraux aiment s’attribuer le mérite de toutes les réussites commerciales du précédent gouvernement Harper. Dans le domaine militaire, on appelle cela de l’« usurpation de hauts faits », et les libéraux s'y connaissent un peu en la matière. Ils adorent s’attribuer le mérite de choses qui, en réalité, ont été accomplies par d’autres.
Je tiens à préciser que l’AECG avec les 27 pays de l’Union européenne de l’époque est l'idée de Stephen Harper. C’est sous son gouvernement que les négociations ont commencé et se sont en grande partie achevées. Au cours des dernières années, cet accord a régi nos relations non seulement avec l’Union européenne, mais aussi avec le Royaume-Uni. Comme ma collègue vient de le mentionner, nos échanges commerciaux avec le Royaume-Uni augmentent d’environ 2 milliards de dollars par an et cela stimule la croissance économique au Canada.
L’AECG que Stephen Harper a négocié était sans doute l’accord commercial du XXIe siècle le plus complet, le plus progressiste et le plus tourné vers l’avenir au monde. Il libéralise le commerce en éliminant de nombreux droits de douane. Il favorise et protège les investissements. Il ouvre les marchés publics et prévoit des protections rigoureuses de la propriété intellectuelle, le règlement des différends et l'adhésion stricte à des normes sanitaires et phytosanitaires. Il protège la culture et nos industries culturelles. Il contient certains des engagements les plus forts jamais inclus dans un accord de libre-échange pour promouvoir les droits des travailleurs, la protection de l’environnement et le développement durable. Nous nous attendions à ce que cet accord régisse nos relations commerciales avec l’Union européenne pendant des décennies, y compris nos relations avec le Royaume-Uni. Et puis, il y a eu le Brexit.
Sans essayer de deviner les raisons exactes pour lesquelles le Royaume-Uni a décidé de quitter l’Union européenne, il faut admettre que le peuple britannique a librement voté pour la quitter et retrouver le pouvoir d'élaborer ses propres politiques, et cela incluait la politique commerciale. À court terme, cela signifiait que le Royaume-Uni n’avait plus d’accord commercial avec ses partenaires commerciaux les plus proches, dont le Canada, et que le gouvernement britannique devait trouver des personnes pour négocier avec compétence des accords commerciaux. Sa priorité était de conclure un nouvel accord commercial avec l’Union européenne afin de garantir sa relation privilégiée avec l’Europe. Il y avait ensuite le Canada, avec lequel le Royaume-Uni n’avait plus d’accord commercial puisque le Royaume-Uni ne faisait plus partie de l’AECG.
Quelle était donc la solution pour l’avenir? La solution consistait à remplacer l’AECG par un accord commercial bilatéral entre le Canada et le Royaume-Uni, un accord qui préserverait ses échanges commerciaux avec le Canada sans qu’aucune des deux parties subisse de préjudice économique.
Cela nous amène au débat que nous avons aujourd’hui sur l’accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni. Comme son nom l’indique, il s’agit davantage de préserver et de reporter les avantages et obligations que nous avons au titre de l’AECG que de se tailler un nouveau territoire en matière de libéralisation du commerce. Il est regrettable que le gouvernement libéral et ses ministres du Commerce aient inexplicablement choisi de retarder ces négociations et aient refusé de s’engager avec le Royaume-Uni pendant plus d’un an. Le gouvernement s’est donc empressé d’adopter la loi à la dernière minute, avant le début de la nouvelle année. Lorsque cela n’a pas fonctionné, le a malheureusement commencé à jeter la faute sur d’autres, comme l’a mentionné ma collègue de . Le premier ministre a affirmé que les retards dans la finalisation de cet accord étaient dus au fait que le Royaume-Uni n’avait pas la capacité nécessaire pour négocier.
L’accord a finalement été conclu, sans que les droits acquis par chacun de nos pays au titre de l’AECG soient vraiment modifiés de façon appréciable.
Qu’est-ce que cela signifie?
Quelqu’un a récemment qualifié ce nouvel accord avec le Royaume-Uni de « burger insipide », suggérant que, parce qu’il n’y a rien de nouveau dans cet accord, il y a peu de mérite à en faire l’éloge. Bien qu’il soit vrai que peu de nouveaux champs d’action ont été ouverts, cet accord commercial revêt une importance considérable pour ce qui est de protéger notre relation bilatérale privilégiée avec le Royaume-Uni.
L’alternative aurait été de nous laisser sans accord commercial du tout, avec seulement les avantages beaucoup moins intéressants de l’Organisation mondiale du commerce en perte de vitesse. Essentiellement, nous serions retournés au far west du commerce, et ce n’est certainement pas ce que l’une ou l’autre des parties souhaitait.
Grâce à cet accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni, nous avons un accord de statu quo qui préserve nos relations actuelles en matière de commerce et d’investissements dans le cadre d’un ensemble clair de règles de libéralisation, et c’est une bonne nouvelle pour les habitants du Canada.
À quoi ressemble l’avenir au-delà de cet accord de continuité dont nous débattons ici aujourd’hui? Les deux parties se sont engagées à poursuivre un accord de commerce et d’investissement encore plus ambitieux à l’avenir. Cette négociation ferait état des caractéristiques uniques des relations entre le Canada et le Royaume-Uni, y compris nos économies et nos structures sociales qui sont semblables, nos approches communes en matière de politique étrangère, de sécurité et de défense, et notre approche commune sur le plan d’un commerce plus libre et plus équitable dans le monde entier.
Trois options s’offrent à nous pour faire progresser nos relations avec le Royaume-Uni. La première consiste à aller plus loin en négociant un accord commercial bilatéral plus ambitieux avec ce pays, en prenant appui sur ces caractéristiques uniques pour éliminer davantage les obstacles au commerce et accroître les possibilités d’investissement. Cela pourrait inclure un plus grand alignement réglementaire et une reconnaissance mutuelle plus étendue des titres de compétence.
Cependant, bien des gens ignorent que le Canada fait partie du PTPGP et que le Royaume-Uni a demandé à y adhérer ou est en voie de le faire. Le Royaume-Uni a fait part de son intention d’adhérer au PTPGP parce qu’il sait qu’il y ferait cause commune avec le Canada et les autres partenaires du PTP de la région de l’Asie-Pacifique pour faire contrepoids à la belligérance et à l’hostilité de la Chine dans la région.
La pandémie de COVID et l'attitude de plus en plus belliqueuse de la Chine sur la scène mondiale font qu’il est extrêmement souhaitable que les nations partageant les mêmes idées fassent cause commune pour contrer les efforts de la Chine visant à contrôler et à manipuler notre régime de commerce mondial fondé sur des règles, et le PTPGP est le véhicule parfait pour le faire.
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Monsieur le Président, cela me fait très plaisir aujourd'hui d'intervenir, en tant que porte-parole du Bloc québécois en matière de commerce international, au sujet de l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni, ou ACCCRU.
L'ACCCRU vise à assurer que le Canada et le Royaume-Uni ne perdent pas leur fluidité commerciale. Rappelons que le Canada et l'Union européenne sont liés par une entente de libre-échange, l'Accord économique et commercial global, ou AECG, et que la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne a ainsi mis fin aux dispositions qui liaient Londres et Ottawa.
Je déclinerai mes propos en trois parties. Je traiterai tout d'abord du problème flagrant de la transparence dans les procédures de négociation. Je parlerai ensuite de l'Accord en soi. Enfin, je terminerai cette intervention en parlant de la signification profonde du Brexit à l'échelle de l'histoire et du précédent qu'il crée relativement au Québec.
Parlons d'abord de la transparence. Les membres du Comité permanent du commerce international ont discuté de l'accord transitoire avec des parties prenantes directement impliquées, et ce, sans avoir vu la moindre trace du texte. Cela a donné lieu à un véritable théâtre de l'absurde. On nous demandait d'étudier un accord sans en connaître le contenu. Nous recevions des témoins qui nous offraient des commentaires et des recommandations au sujet de l'entente, mais nous n'avions aucune vraie information sur le contenu de l'accord. On nous laissait uniquement entendre que l'échéance arriverait très rapidement, car il fallait adopter l'accord avant le 31 décembre.
Nous pourrions aussi bien dire qu'on nous demandait de signer un chèque en blanc au gouvernement, alors que c'est celui-là même qui a sacrifié la gestion de l'offre à trois reprises et qui, lors des dernières négociations de libre-échange, a abandonné les secteurs fondamentaux du Québec, comme l'aluminium et le bois d'œuvre. Pour ces raisons, nous ne sommes pas spontanément portés à lui accorder une confiance aveugle.
Le Comité a même dû remettre son rapport sur l'accord transitoire le jour où nous avons reçu le texte et avant même que nous puissions le lire. Le Bloc québécois a été très clair sur le fait que nous n'allions pas accepter d'estampiller un accord sans l'avoir lu ni sans avoir eu le temps de l'étudier et de l'analyser, c'est-à-dire sans avoir pu faire notre travail de parlementaires.
Les élus de la Chambre des communes, chargés de défendre les intérêts et les valeurs de leurs concitoyens et de leurs concitoyennes, doivent donc se contenter d'approuver des accords à la fin d'un processus où ils et elles n'auront finalement été que des figurants, et ce, malgré les efforts du Bloc québécois, qui avait déposé plusieurs projets de loi à ce sujet entre 2000 et 2004.
L'entente entre le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique, en 2020, dans le cadre de laquelle la s'est engagée à transmettre davantage d'informations aux élus, est un pas dans la bonne direction. Toutefois, comme nous le démontre l'exemple du récent accord, cela est nettement insuffisant.
Il faut qu'il y ait des mécanismes pour impliquer les parlementaires et les provinces, lors des prochaines rondes de pourparlers. Il est primordial que le gouvernement tienne les parlementaires informés à chacune des étapes de la procédure. Une telle exigence réduira le risque que les parlementaires aient à se prononcer sur des accords en ne disposant pas de tous les renseignements nécessaires pour faire un choix éclairé. Cela apportera de la transparence au processus de négociation.
Comme le réclame le Bloc québécois, le Parlement doit se doter de procédures visant à augmenter le niveau de contrôle démocratique à exercer sur les accords. Le ou la ministre responsable de la ratification d'un accord devrait être obligé de le déposer devant le Parlement, avec un mémoire explicatif, et ce, dans un délai suffisant. L'approbation des parlementaires doit précéder toute ratification.
Dans le cadre des négociations avec l'Europe menant à la ratification de l'AECG entre le Canada et l'Union européenne en 2017, le Québec a pu envoyer son représentant. Toutefois, cette participation aux discussions résultait d'une demande de l'Union européenne, et non de la volonté du Canada. Le procédé n'a jamais été reproduit depuis, mais il faudrait qu'il le soit.
Il nous apparaît essentiel que le Québec et les provinces soient également invités à la table des négociations, puisqu'ils ont formellement la capacité de faire obstacle à l'application d'un accord dans leurs propres champs de compétence. Les compétences du Québec vont au-delà de ses frontières, comme l'a lui-même reconnu le Conseil privé de Londres dans une décision rendue il y a plusieurs décennies et ayant mené à l'établissement, à Québec, de la doctrine Gérin-Lajoie.
Cela n'est pas parfait, bien entendu.
Lors des négociations de l'AECG, le représentant du Québec affirmait que le rôle de la délégation québécoise consistait à offrir « un billet doux » à la délégation canadienne et que son action s'apparentait à la diplomatie de corridors. Autrement dit, son rôle comptait, mais pas à la table, là où les décisions se prenaient.
Au bout du compte, il n'y a que l'indépendance du Québec qui va nous permettre de réellement faire valoir nos positions à l'échelle internationale, puisque le négociateur canadien va toujours avoir tendance à protéger les différents secteurs économiques canadiens au détriment de ceux du Québec.
Parlons maintenant de l'accord. Rappelons une chose: le commerce international a grandement contribué à la modernisation économique du Québec. On a ainsi fait un choix stratégique qui a permis aux PME d'avoir accès à de nouveaux marchés, dont bien sûr en premier lieu celui des États-Unis, ce qui nous a permis de nous affranchir de notre dépendance envers le seul cadre commercial et économique canadien.
Le Bloc québécois y adhère, il soutient sans équivoque la nécessité de l'ouverture commerciale. Cependant, nous ne confondons pas la politique avec la religion. Si un accord de libre-échange présente certains périls pour le Québec, nous n'allons pas nous empêcher de pointer du doigt ses aspects les plus négatifs et de nous y opposer. Nous croyons en la nécessité de ne jamais traiter comme des marchandises l'environnement, la santé publique, l'agriculture, la culture, les Premières Nations, les travailleuses et les travailleurs ou les services sociaux. Rien non plus ne justifie une perte de souveraineté au profit des seules multinationales.
Qu'en est-il de l'Accord de continuité commerciale Canada—Royaume-Uni, l'ACCCRU? Je commence par une petite mise en contexte. Le Canada et le Royaume-Uni sont déjà liés par une multitude d'ententes et de traités, dans le cadre de l'Union européenne ou non. Le Royaume-Uni est le partenaire économique européen le plus important du Canada, mais l'on peut relativiser le portrait. Les investissements et les exportations et importations de biens et services entre le Canada et le Royaume-Uni représentent au bout du compte un pourcentage assez limité des économies des deux pays. Le Royaume-Uni demeure néanmoins un partenaire intéressant.
L'Ontario est la principale province touchée, parce qu'elle exporte de l'or brut. Plus de 80 % des exportations ontariennes vers le Royaume-Uni proviennent de ce secteur. Le Royaume-Uni importe surtout des voitures et des produits pharmaceutiques ontariens, mais leur importance dans l'économie britannique est assez limitée.
Le Royaume-Uni est le deuxième partenaire commercial du Québec en importance. Par contre, l'import-export de marchandises avec le Royaume-Uni est en déclin depuis 20 ans. Les exportations du Québec vers le Royaume-Uni ne représentent plus que 1 % du total des exportations québécoises, alors que les importations québécoises en provenance du Royaume-Uni constituent 3,5 % du total des importations québécoises. Le Québec accuse donc un déficit commercial par rapport au Royaume-Uni.
S'il est un secteur qui est important, c'est bien celui de l'aérospatiale, principal secteur d'échanges commerciaux stables entre le Québec et le Royaume-Uni. Notre secteur aéronautique est à la fois client et fournisseur du Royaume-Uni et le maintien d'un canal commercial est donc souhaitable pour cette industrie stratégique qui est en difficulté. Il existe d'ailleurs de nombreux partenariats de recherche et l'industrie accueille favorablement le principe d'une entente. Bien sûr, il faudrait une politique digne de ce nom pour le secteur de l'aérospatiale et nous continuons à nous battre pour cela à la Chambre. L'intérêt de notre secteur aéronautique est en soi une bonne raison pour nous d'appuyer cet accord-ci à ce stade-ci.
Notre secteur des services financiers personnels et nos firmes d'ingénierie pourraient également y trouver leur compte puisque les investissements en infrastructure risquent de connaître une hausse fulgurante dans un Royaume-Uni post-Brexit.
D'autres raisons font que nous accueillons favorablement cette entente, notamment le fait que le mécanisme de règlement des différends investisseur-État ne s'appliquera pas immédiatement. Ce mécanisme permet à une multinationale étrangère de poursuivre devant un tribunal d'arbitrage un État où elle a investi si une politique ou une loi de ce pays porte atteinte à sa capacité de dégager des profits. Toute mesure environnementale ou allant dans le sens d'une plus grande justice sociale ou d'une meilleure défense des travailleuses et des travailleurs pourrait être ciblée. Il s'agit d'un renversement de la démocratie par des multinationales désormais érigées en puissances souveraines. Nous sommes contre cela, nous.
Dans l'ACCCRU, l'entrée en vigueur de ce mécanisme ne se ferait pas avant au moins trois ans après l'adoption de l'accord, et ce, à condition que le mécanisme soit en vigueur dans l'AECG, ce qui revient à dire que cela n'arrivera pas. Dans la mesure où le Canada et le Royaume-Uni doivent entamer dans l'année courante les négociations menant à un accord permanent, on peut dire qu'il n'entrera probablement pas en vigueur.
Cependant, encore faut-il qu'il ne fasse pas partie de ce que le Canada défendra lors des négociations de l'accord permanent. Le Bloc s'y oppose, et il s'y opposera fermement. D'ailleurs, j'ai proposé une motion visant à étudier ce mécanisme au Comité permanent du commerce international, et elle a été adoptée. Nous devrions donc procéder à l'étude relativement prochainement. Je souhaite ardemment que nous ne reproduisions jamais ce mécanisme que l'Accord Canada—États-Unis—Mexique a évacué l'an dernier. Dans le cas présent, le Canada et le Royaume-Uni sont des démocraties occidentales avec des systèmes juridiques bien développés. Il n'y a donc aucune raison pour que les différends entre un investisseur étranger et un pays hôte ne se règlent pas à l'intérieur du système légal existant.
Il y a aussi la fameuse question de la gestion de l'offre. Nous sommes favorables à la protection pure et simple et bétonnée de la gestion de l'offre, donc de l'exclusion préliminaire de l'agriculture de la table des négociations, sauf pour les secteurs qui y trouveront leur compte et qui demanderont d'y être inclus spécifiquement. L'Accord économique et commercial global, l'AECG, a été nuisible à notre modèle agricole; il a causé des pertes réelles à nos agricultrices et à nos agriculteurs. Nous n'aurions pas accepté que des parts accrues de notre marché soient cédées dans l'ACCCRU, soit l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni.
Fort heureusement, l'ACCCRU n'en inclut pas. Aucun accès additionnel n'a été concédé au Royaume-Uni pour le fromage ou pour d'autres produits sous gestion de l'offre. Cependant, certains témoignages entendus lors des audiences du Comité permanent du commerce international nous laissent entendre que les producteurs fromagers britanniques poussent pour davantage d'exportations au Canada. Il est ainsi probable que le problème soit reporté à l'an prochain, que de nouvelles brèches de notre modèle agricole soient à l'ordre du jour lors des négociations de l'accord permanent, et que Londres les placera au centre de ses exigences. Cela tombe bien, car le Bloc a déposé un projet de loi interdisant toute future brèche dans la gestion de l'offre. Nous espérons que la Chambre l'adoptera, car il faut passer de la parole aux actes.
Parlons maintenant du contenu local. Depuis le début de la pandémie, c'est-à-dire depuis plusieurs mois, on entend beaucoup parler de l'achat local et de ses vertus indéniables, et cela est tant mieux. Il faut pratiquer un nationalisme économique sain, ce qui fait plus partie de l'ADN du Québec que de celui du Canada.
Dans le cadre de l'AECG, le Québec a concédé une bonne part d'exigence de contenu canadien dans l'achat de véhicules de transport en commun. Jadis, une entente entre le gouvernement du Québec et la Société de transport de Montréal exigeait qu'il y ait 60 % de contenu canadien dans les métros et les autobus de la ville. L'AECG stipule maintenant plutôt une exigence ne dépassant pas 25 % de contenu local pour le Québec et l'Ontario, uniquement en vertu d'une clause de droits acquis. De plus, le Québec peut aussi exiger que l'assemblage final ait lieu au Canada. Les autres provinces ne sont pas incluses dans cette clause parce qu'elles n'ont pas de législation provinciale en la matière. Ce 25 % de contenu local, en vertu de droits acquis, c'est un recul, mais le recul aurait pu être beaucoup plus important si le Québec n'avait pas été à la table des discussions sur l'AECG.
Cette disposition est reconduite dans l'ACCCRU, tout simplement parce qu'il s'agit d'un copier-coller de l'AECG. On peut aisément se douter que ce ne sera pas une priorité du Canada lors des futures rondes concernant l'accord permanent. Cela nous indique encore une fois l'importance fondamentale d'inviter le Québec à la table des négociations.
Au-delà de l'accord, le procédé en lui-même est porteur de leçons par rapport au Québec et son projet d'indépendance. Les cas du Royaume-Uni et du Québec sont bien entendu fort différents. Chacun est libre d'encenser ou de condamner le Brexit, chaque citoyen britannique est libre de voter comme il veut. Il n'en demeure pas moins que le Brexit représente une première dans l'histoire. Il s'agit d'un État qui a quitté une union douanière à laquelle il appartenait et qui ne fait donc plus partie de certains accords commerciaux. En cela, la situation est comparable au Québec. Les adversaires du projet, qui ont toujours joué sur les peurs économiques, affirmaient que le Québec serait à sec sur le plan des finances publiques et qu'il ferait mieux de donner son argent à Ottawa ou de le dépenser sur la monarchie.
Quant au commerce, on nous disait que le Québec ne serait pas automatiquement membre des accords signés par le Canada, se retrouvant alors devant une page blanche et devant repartir à zéro quant à ses partenaires commerciaux. Ces partenaires commerciaux n'auraient pourtant aucun intérêt à rompre avec le Québec.
Cependant, quelles garanties existent en matière de traités? Il y a un certain temps, le constitutionnaliste Daniel Turp, qui a déjà siégé ici à la Chambre ainsi qu'à l'Assemblée nationale du Québec, avait fait valoir que les pays appliqueraient une présomption de continuité si le nouveau pays manifestait son intention de demeurer lié par un traité donné. Cependant, la démonstration de M. Turp ne visait que les ententes multilatérales. La question demeurait entière par rapport aux traités commerciaux.
Le seul précédent en matière de traité commercial remonte à 1973, quand le Bangladesh a quitté le Pakistan pour devenir indépendant. Le Pakistan étant lié par l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, mieux connu sous l'acronyme anglais GATT, le Bangladesh y a adhéré automatiquement du jour au lendemain. Cependant, le GATT était un traité multilatéral dont le libellé n'avait pas besoin d'être renégocié pour permettre l'arrivée d'un nouvel adhérent. Qu'en serait-il d'un traité bilatéral? Les Britanniques répondent aujourd'hui à cette interrogation.
En résumé, le Canada est déjà signataire d'un accord avec l'Union européenne, l'AECG. Pour éviter que le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne ne crée un vide dans les relations entre Londres et Ottawa, un accord provisoire est très rapidement conclu entre les deux pays, qui reprend le contenu de l'AECG et qui demeurera en vigueur à court terme jusqu'à ce que les deux partenaires renégocient une entente permanente. La stabilité est donc assurée jusque là.
Le Brexit montre au Québec la voie à suivre lorsqu'une nation commerçante conquiert ou récupère sa souveraineté. Un Québec fraîchement indépendant imiterait bien sûr cette façon de faire et conclurait rapidement des ententes provisoires pour assurer à nos entreprises un accès aux marchés en attendant de renégocier des accords permanents avec nos partenaires.
Loin d'être pris au dépourvu, le Royaume-Uni aurait déjà conclu des traités commerciaux avec 60 des 70 pays avec lesquels l'Union européenne en avait. On peut donc dire qu'il ne se retrouve pas tout nu, si l'on me passe l'expression. Par ailleurs, il existe maintenant une entente avec le Japon, avec lequel l'Union européenne n'avait pas d'accord.
Parce qu'ils sont provisoires, les accords transitoires n'exemptent pas les pays nouvellement indépendants de retourner à la table des négociations, de préférence plus tôt que tard. Y a-t-il un problème fondamental à renégocier ce qu'un autre a déjà négocié pour nous? C'est ce que le Royaume-Uni va faire cette année avec le Canada. Si nous le faisions aussi, cela nous éviterait d'affaiblir des secteurs chers au Québec comme son agriculture, son aluminium ou bien son bois d'œuvre. En effet, il y a beaucoup plus d'avantages que d'inconvénients à ne défendre que ses intérêts à la table des négociations.
Les Britanniques et les Canadiens font donc aujourd'hui, bien inconsciemment, sauter un argument fréquemment répété contre l'indépendance du Québec. Sur le plan de la souveraineté commerciale, si le Brexit est un avant-goût du « Québexit » ou, disons-le en français, du « Québépart », pourquoi pas?
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd’hui dans ce Parlement virtuel pour parler de l’accord qui a été signé entre le Canada et le Royaume-Uni, que l'on appelle « accord de continuité commerciale », et de la loi qui le mettrait en vigueur ici au Canada.
Le chemin pour en arriver là a été un peu ardu, et il y a, dans la façon dont tout cela s'est déroulé, un certain nombre de problèmes qui méritent d’être décrits en Chambre. Toutefois, je voudrais commencer par parler un peu de la nature du commerce.
Cet accord s'inscrit dans la veine du commerce mondialisé des entreprises qui, le NPD reconnaît, n’a pas été à l’avantage des travailleurs. Le Canada a signé un certain nombre de ces accords de libre-échange, que ce soit l’ALENA initial, l’AECG ou le PTP, et diverses réformes de l’OMC. Tout cela a coïncidé avec une période où de nombreux emplois bien rémunérés, qui nourrissaient les familles et offraient le genre d’avantages auxquels les Canadiens s’attendaient pour une bonne qualité de vie, qu’il s’agisse d’une pension décente, de prestations de santé ou d’autres choses qui accompagnent un bon emploi, ont quitté le pays. Ce n’est pas une coïncidence si cela s’est produit au moment de la signature de ces accords qui ont permis aux grandes entreprises et à certains des plus grands acteurs économiques de déplacer plus facilement leurs capitaux et leurs activités dans des pays où les normes sont moins exigeantes en matière de main d'œuvre et d'environnement. Tout cela s’est fait dans un contexte où les impôts que ces gens paient ont également été continuellement réduits. Nous sommes désormais dans une période où les travailleurs canadiens ont de moins en moins de bons emplois propices à une bonne qualité de vie, alors que ceux qui sont au sommet de la hiérarchie peuvent déplacer leurs biens et accaparer une part de plus en plus importante du gâteau économique.
Les choses n’ont pas bien été pour les travailleurs canadiens ordinaires, et c’est pourquoi nous n’aimons pas ce modèle. Cela ne veut pas dire que nous n’aimons pas le commerce.
Le NPD est très conscient de toutes les possibilités qui existent pour les entreprises canadiennes, et notamment certaines de nos petites entreprises, lorsque le commerce est bien mené et elles peuvent élargir leurs débouchés. Nous voulons simplement voir des accords qui permettent à ces possibilités de se traduire non pas en profits bruts pour quelques Canadiens au sommet, mais en un plus grand nombre de bons emplois pour les travailleurs canadiens produisant des choses qui seront échangées avec d’autres pays. Cependant, si cela signifie simplement que tout le travail à valeur ajoutée va ailleurs, ce n’est pas dans l’intérêt ultime des Canadiens, et pas mal d'indices montrent que c'est ce qui se passe depuis 30 ans.
Pourquoi est-ce que je parle de cela? Le commerce entre le Canada et le Royaume-Uni, ou du moins avec les Européens, est aussi vieux que le Canada. Nous entretenons des relations commerciales de longue date; elles sont importantes. De nombreuses similitudes et affinités entre le Canada et le Royaume-Uni permettent de créer un véritable accord commercial exemplaire. Même les conservateurs du Royaume-Uni parlent davantage des changements climatiques et ont davantage insisté pour que les changements climatiques soient à l'avant-plan de leur nouveau programme commercial que les libéraux ne l’ont fait ici. Il existe une véritable occasion de travailler avec eux et avec d’autres au Royaume-Uni pour créer un accord exemplaire qui prend au sérieux les effets de la mondialisation du commerce sur les changements climatiques et qui cherche à contrôler et à réduire ces effets.
Nous avons l’occasion de créer un accord exemplaire qui prend au sérieux les droits des travailleurs et les droits de la personne, qui se retrouveraient, non pas dans une lettre d’accompagnement non exécutoire, mais dans l’accord même, afin de garantir que les travailleurs seront traités équitablement et que, si une augmentation des échanges commerciaux entre nos deux pays crée plus de richesse, les travailleurs, et non seulement les dirigeants, en profiteront.
J’ose espérer également que nos bonnes relations avec le Royaume-Uni permettront la conclusion d’un accord qui reconnaît et prend au sérieux les droits et le rôle des peuples autochtones au Canada, afin que nous ne les bafouions pas dans la manière dont cet accord est conclu.
Cependant, ce n’est pas le cas avec cet accord. Ce que nous avons, alors que ça fait des années que nous l'attendons, est en fait une copie conforme de l’AECG, qui était un accord selon le modèle que je viens de décrire et que nous n’approuvons pas. Nous n’étions pas d’accord à l’époque parce que nous savions qu’un accord comme l’AECG et ses dispositions en matière de propriété intellectuelle allaient faire augmenter les prix des médicaments au Canada, alors que nous payons déjà les prix les plus élevés dans le monde occidental pour les médicaments sur ordonnance.
Pourquoi conclure un accord qui rendrait ces médicaments plus chers? Pourquoi copier cet accord alors que nous avons la possibilité de faire autre chose avec notre plus grand partenaire commercial de l’Union européenne, qui représente environ 40 % de nos échanges commerciaux avec l’Europe? Cela n’a aucun sens, de l’avis des néo-démocrates, qui ont été élus au Parlement avec pour mission de réduire le prix des médicaments sur ordonnance pour les Canadiens.
Cela n’a aucun sens, s’agissant de l’intégrité de nos institutions démocratiques. Ces accords commerciaux imposent aussi de graves limites et restrictions aux gouvernements démocratiquement élus qui veulent défendre les intérêts de leur population. C’était l’une des raisons de notre opposition initiale à l’AECG, je veux parler du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États. Je vois maintenant que ce mécanisme n’entrera pas en vigueur en même temps que ce projet de loi, mais je suis horrifié de voir que ces dispositions figurent dans le texte puisque le gouvernement britannique ne s’est jamais prononcé au sujet d’un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États.
C’est en invoquant de telles dispositions que des sociétés étrangères ont pu poursuivre le gouvernement canadien pour des centaines de millions de dollars au cours des 30 dernières années. Ce sont ces mêmes dispositions dont, en juin dernier, dans cette enceinte, la s’est dite particulièrement fière d’avoir négocié le retrait de l’ACEUM. Elle s’est félicitée, et ce sont ses propres mots, « de l’abolition du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, qui permettait aux entreprises étrangères de poursuivre le Canada ».
Or, on retrouve ces dispositions dans le projet de loi, et manifestement, ce n’est pas à la demande de notre partenaire commercial. Alors pourquoi s’y trouvent-elles? Si la Grande-Bretagne n’en veut pas et que le Canada n’en veut pas, pourquoi sont-elles dans le projet de loi et pourquoi risquent-elles d’entrer en vigueur, par défaut, au bout de trois ans, si personne ne prend d’ici là la décision de les en retirer?
Nous nous opposons carrément à l’inclusion de ces dispositions dans le projet de loi, et je suis curieux de savoir qui, à la table, a pris la décision de les inclure, alors que notre gouvernement s’était vanté, quelque temps auparavant, d’avoir signé avec les États-Unis et le Mexique un accord dont on les avait exclues, ce qui nous semblait être une bonne chose.
L’autre chose que nous dénoncions dans l’AECG, c’était ses dispositions néfastes pour les secteurs soumis à la gestion de l’offre. Je souscris entièrement aux observations formulées plus tôt. La façon dont nous produisons et distribuons nos aliments n’est pas la même que pour les autres produits, et nous voulons être sûrs que nos producteurs alimentaires sont rémunérés équitablement pour leurs produits et que nos producteurs locaux et notre chaîne d’approvisionnement alimentaire sont protégés.
Tous ces accords contribuent à l’instauration d’une chaîne d’approvisionnement alimentaire encore plus mondialisée. Or, si la pandémie nous a enseigné une chose, c’est bien que nous ne devons pas être tributaires de chaînes d’approvisionnement internationales pour des produits de base, dont nous ne pouvons pas nous passer. La gestion de l’offre est un outil important au Canada, car il garantit que nos producteurs locaux sont rémunérés équitablement pour leur travail, qu’ils peuvent maintenir leurs activités et que les consommateurs canadiens peuvent avoir accès aux aliments dont ils ont besoin quand ils en ont besoin, à un prix équitable.
Ce sont des aspects de l'AECG que nous n'aimions pas. Nous avions beaucoup de temps et, franchement, le NPD ne comprend pas pourquoi le gouvernement s'est empressé de signer l'AECG en premier lieu. Les conservateurs avaient négocié cet accord, les libéraux sont arrivés au pouvoir et, entretemps, la Grande-Bretagne a décidé de tenir un référendum afin de déterminer si la population voulait rester membre de l'Union européenne. Les néo-démocrates pensaient que la décision du Royaume-Uni de faire partie de l'Europe ou non pourrait avoir une importante incidence sur la nature des échanges commerciaux entre l'Europe et le Canada, étant donné que le Royaume-Uni est à l'origine d'environ 40 % de nos échanges commerciaux avec l'Europe.
Il me semble toujours totalement ridicule que le gouvernement ait décidé de conclure un accord avec l'Europe alors que nous ne savions pas si le Royaume-Uni allait quitter l'Union européenne, ce que nous avons appris par la suite, et que 40 % des échanges commerciaux avec l'Europe ne seraient pas visés par l'accord. Cela pose problème. Nous verrons ce qui se passera lorsque nous essaierons de négocier un nouvel accord et quelles seront les conséquences pour le secteur soumis à la gestion de l'offre. Les néo-démocrates craignent beaucoup que d'autres concessions se profilent à l'horizon. Nous le croirons quand nous verrons que ce n'est pas vraiment sur la table de négociation des libéraux, car nous les avons déjà vus rompre cette promesse.
Il convient de mentionner un autre point au sujet de l'AECG, soit l'extrait que voici du rapport « Taking Stock of CETA: Early Impacts of the EU-Canada Comprehensive Economic and Trade Agreement », qui porte sur les premiers effets de l'accord. Il dit ceci:
Entre septembre 2017 et mai 2019, les exportations canadiennes totales à destination de l'Union européenne, mesurées chaque mois, sont restées essentiellement stables. En parallèle, pendant la même période, les importations totales provenant de l'Union européenne ont augmenté de plus d'un tiers (33,8 p. 100). Du fait de ce déséquilibre, le déficit commercial du Canada avec l'Union européenne a doublé, passant de 1,51 milliard de dollars en septembre 2017 à 3,43 milliards de dollars en mai 2019.
Au cours des dernières décennies, le Royaume-Uni a été le seul grand pays européen avec lequel le Canada a régulièrement enregistré un excédent commercial. Depuis septembre 2017, toutefois, l'excédent du commerce des marchandises du Canada avec le Royaume-Uni a fondu considérablement (une baisse de deux tiers), puisque les exportations ont baissé de 32 p. 100 tandis que les importations augmentaient de 14 p. 100.
Ces chiffres donnent une idée de l'efficacité de l'accord en place du point de vue du Canada. Le gouvernement ne s'est pas donné la peine de négocier quelque chose de différent: il demande simplement de reproduire, tel quel, l'accord qui a creusé le déficit commercial du Canada avec l'Europe. Les données empiriques recueillies à ce jour donnent à penser que ce n'est pas un accord fantastique pour le Canada.
Je comprends parfaitement les entreprises canadiennes qui souhaitent avoir de la certitude en ces temps incertains. À mon avis, le gouvernement les a vraiment laissées pour compte dans ce processus, et il ne l'a pas fait qu'en novembre et en décembre, lorsqu'il a manqué de présenter ce projet de loi à la Chambre et de le faire adopter avant le 31 décembre. Il les a plutôt abandonnées il y a longtemps, lorsqu'il s'est retiré de la table des négociations sans même essayer de négocier un accord commercial exemplaire du genre dont je parlais plus tôt ou un quelconque autre accord différent.
Nous voilà maintenant après la date butoir. Les entreprises ont déjà subi les effets de l'incertitude bouleversante ainsi que ses répercussions sur leur modèle d'affaires, et je comprends donc leur déception. À mon avis, le gouvernement aurait dû tenter de fournir beaucoup plus de certitude quant à ce qui se préparait, et je trouve décevant que, en plus, nous n'obtenions que ce que nous avions dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, avec tous les problèmes que cet accord comportait et toutes les données qui montrent que ce n'est pas un accord avantageux pour le Canada.
Je dirais que peut-être un des seuls aspects positifs de tout ce simulacre de processus de négociation sur les relations avec le Royaume-Uni post-Brexit est qu'il a donné l'occasion à certains comités de la Chambre de réaffirmer leur engagement envers l'Accord du Vendredi saint, dans la négociation duquel le Canada avait joué un rôle instrumental. Les néo-démocrates, mon collègue au comité des affaires étrangères le député de Saint John—Rothesay et moi avons présenté au comité du commerce international et au comité des affaires étrangères une motion — qui, je suis heureux de le dire, a été adopté à l'unanimité — affirmant l'engagement du Canada à l'égard [difficultés techniques] tient à entretenir des relations commerciales avec le Royaume-Uni qui ne compromettent aucunement l'Accord du Vendredi saint et, en fait, cherchent à renforcer cette paix durement obtenue pendant les années 1990.
C’est peut-être l’un des rares aspects positifs de ce qui a été, pour le reste, un fiasco total. Il n’y a pas eu de véritables consultations auprès des entreprises, des syndicats et de la société civile sur ce qui était souhaité dans cette relation commerciale. J’insiste là-dessus parce que le gouvernement voudrait nous faire croire qu’il a été pris par surprise, qu’il ignorait que la date butoir approchait. Cela fait des années que la Grande-Bretagne a annoncé qu’elle quittait l’Union européenne, et il incombait au gouvernement au pouvoir de faire ce qu’il fallait pour que, le jour où cette date arriverait, il ait quelque chose de concret à proposer. Or, aucune consultation publique sérieuse n’a été organisée à ce sujet.
Le comité du commerce international a, de sa propre initiative, tenu plusieurs audiences sur la question, mais comme pour beaucoup d’autres comités, son travail a été interrompu par la pandémie. Cela n’explique pas pourquoi le gouvernement n’a fait aucun effort, ces dernières années, pour consulter la population sur la question d’un accord commercial Canada–Royaume-Uni ou, en l’occurrence, pour organiser un débat à ce sujet au Parlement.
J’ajouterai que, même si nous dénonçons la façon abominable dont cet accord a été négocié, il ne faut pas perdre de vue le fait que le gouvernement le présente comme un accord transitoire, ce qui est à mon avis trompeur.
Je présume que notre partenaire britannique et le gouvernement canadien se sont engagés en toute bonne foi, et que, comme le stipule l’accord, ils vont commencer à négocier un successeur à cet accord d’ici un an. On peut supposer que le nouvel accord sera conclu d’ici trois ans. Toutefois, si ce n’est pas le cas, certaines choses seront alors plus difficiles à négocier.
Il n’en reste pas moins que qui dit transitoire sous-entend temporaire. Le gouvernement soutient que, puisque c’est un accord transitoire qui est pratiquement une copie carbone de l’AECG, nous ne devrions pas nous inquiéter du fait qu’il y ait eu peu de négociations. Il nous dit: « Ne vous en faites pas, nous allons négocier un nouvel accord, et vraiment, celui-ci n'est que le même qu'avant ».
Le problème, c’est que nous n’étions pas satisfaits de l'accord d'avant. Le NPD n’est pas satisfait de l’AECG. Pour lui, l’AECG est loin d’être une panacée, et je peux vous dire qu’un grand nombre de travailleurs canadiens partagent cet avis. Cela dit, quand on parle d’un accord transitoire, cela sous-entend qu’il est temporaire. Or, il n’y a rien de temporaire dans cet accord.
Cet accord a déjà été signé. Le gouvernement est passé à l'action et, à en juger par le débat d'aujourd’hui, le projet de loi va être adopté. Les néo-démocrates vont voter contre, mais il va être adopté rapidement. Nous savons tous, après ce que nous avons vécu avec Donald Trump, la pandémie et tout le reste, que trois ans, c’est long en politique. Il y a beaucoup de choses qui peuvent changer, et les bonnes intentions ne donnent pas toujours les résultats escomptés.
Si, en trois ans, le Canada et le Royaume-Uni ne concluent pas un nouvel accord, nous serons pris avec celui-ci, autrement dit avec un accord qui n’aura fait l’objet d’aucune consultation véritable auprès de la population canadienne ou du Parlement canadien, à l’exception de ce débat et de l’étude qui sera faite au comité, qu’on nous demande d'expédier. Le gouvernement a créé un contexte dans lequel il est nécessaire d’intervenir rapidement, car les entreprises canadiennes n’ont pas eu la possibilité de se préparer à une autre solution, même si je pense qu'une autre solution aurait mieux servi les intérêts des Canadiens.
L’accord ne contient pas de disposition de caducité, ni la mesure législative dont nous sommes saisis. En d’autres termes, rien n’oblige vraiment le Canada et le Royaume-Uni à conclure un nouvel accord qui pourrait être un accord commercial modèle plutôt que de reproduire le même vieil accord qui, depuis 30 ans, ne sert pas très bien les intérêts des Canadiens. Je trouve cela très décevant, et je mets en garde les Canadiens en leur disant que ce n’est pas un accord transitoire qui va bientôt être remplacé par un autre. Il ne sera remplacé rapidement que si cela devient une priorité de notre gouvernement et du gouvernement britannique, et que les circonstances politiques leur permettent de conclure un accord.
Si on se reporte trois ans en arrière, personne n’aurait pu prédire ce qui s’est passé depuis. Il serait donc fort regrettable que ce soit cet accord qui définisse pendant longtemps notre relation commerciale avec le Royaume-Uni, car nous pouvons faire beaucoup mieux.
Nous pouvons faire mieux en commençant par nous débarrasser de dispositions comme celles qui portent sur le règlement des différends entre investisseurs et États, qui coûtent de l’argent aux contribuables canadiens et qui limitent la capacité de leurs gouvernements démocratiquement élus d'adopter des règlements dans l’intérêt public.
Il serait fort regrettable que l’accord avec le Royaume-Uni ne traite pas sérieusement de la question du changement climatique et des mesures à prendre pour atténuer les effets du commerce mondialisé.
Il serait fort regrettable que l’accord avec le Royaume-Uni ne reconnaisse pas, de façon précise et exécutoire, les droits des peuples autochtones du Canada.
Il serait fort regrettable que l’accord avec le Royaume-Uni ne s’attaque pas sérieusement au problème du coût des médicaments sur ordonnance. Si les libéraux veulent continuer à signer des accords comme celui-ci, le moins qu’ils puissent faire, c’est de mettre en place un régime national d’assurance-médicaments et de prendre des mesures pour faire baisser les prix des médicaments qui coûtent très cher aux Canadiens aussi bien qu'aux gouvernements provinciaux, lesquels n’ont pas le pouvoir d’achat que pourrait avoir un acheteur national unique.
J’espère que nous y arriverons, et nous allons déployer nos efforts dans ce sens mais, en attendant, il est difficile d’approuver un accord sorti d’un vieux moule et qui repose sur l'ancien modèle pour le commerce mondial.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec Ie député de Vaughan—Woodbridge.
Je suis contente de pouvoir parler du projet de loi . En tant que présidente du comité du commerce international, je peux dire qu'on peut compter sur un bon groupe de députés pour la suite des choses, dont l'étude du projet de loi , bien sûr.
Pour la gouverne du député d'Elmwood—Transcona, j'ai eu le plaisir de déposer hier le rapport sur l'Accord du Vendredi saint, qui est important pour lui. Au cas où il ne serait pas déjà au courant, je voulais que lui et les autres membres du comité sachent que nous l'avons déposé hier. Je suis tout à fait d'accord avec lui: c'est très important.
Il est maintenant question d'un accord provisoire de continuité entre le Canada et le Royaume-Uni, et des mesures de promotion des exportations faites par le Canada. Comme on le sait, le Canada a une longue tradition commerciale. En tant qu'économie de taille moyenne, le Canada compte sur le libre-échange et un régime de règles transparentes pour pouvoir tirer profit de débouchés dans le monde entier et favoriser sa prospérité économique.
Le Canada est l'un des pays les plus ouverts du G7. Il se classe au deuxième rang tant sur le plan du ratio commerce-PIB que du ratio investissements étrangers directs-PIB. Le commerce est donc absolument essentiel au Canada. La négociation et la ratification d'accords de libre-échange témoignent de la détermination du gouvernement libéral à favoriser le commerce international et à créer des conditions qui permettent aux entreprises canadiennes et, tout particulièrement aux PME, de livrer concurrence sur les marchés étrangers et de tirer ainsi leur épingle du jeu. Voici quelques précisions.
Selon les règles et les mesures de protection que prévoient les accords de libre-échange, les biens et les services canadiens tirent avantage de la réduction ou de l'abolition des barrières tarifaires ou non tarifaires, par exemple les quotas et les autres obstacles protectionnistes. Ces barrières font en sorte qu'il est plus coûteux et fastidieux pour les entreprises d'exporter leurs biens et leurs services.
Prenons l'exemple de l'accord de continuité commerciale dont nous sommes saisis aujourd'hui. Sans cet accord, certaines de nos entreprises canadiennes seraient confrontées à de nouvelles barrières et à des coûts plus élevés pour faire des affaires, car le Royaume-Uni n'est plus couvert par l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, l'AECG. Dans l'ensemble, après le Brexit, on estime que pour 1,04 milliard de dollars d'exportations canadiennes vers le Royaume-Uni auraient été soumises à des droits de douane. Ces droits de douane affecteraient de manière disproportionnée les exportateurs de poissons, de fruits de mer et de produits agricoles. En plus des droits de douane imposés aux produits canadiens exportés vers le Royaume-Uni, environ 25 % de tous les produits importés du Royaume-Uni seraient également touchés, les importateurs canadiens payant des prix plus élevés pour faire venir ces produits.
Bien que chaque accord commercial reflète un ensemble spécifique d'intérêts canadiens, leur objectif premier est de créer un marché plus ouvert et plus compétitif qui améliore l'accès aux marchés étrangers pour la grande majorité des exportations canadiennes, soutenant ainsi la croissance économique et créant des débouchés et de nouveaux emplois pour les Canadiens. Ces objectifs étaient au premier plan lorsque nous avons signé l'AECG avec l'Union européenne en 2016, lorsque nous avons fait entrer en vigueur l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste avec 10 partenaires de l'Asie-Pacifique en 2018 et, bien sûr, lorsque le nouvel ALENA est entré en vigueur l'année dernière. Nous pouvons ajouter à cela l'accord de continuité commerciale avec le Royaume-Uni une fois qu'il sera entré en vigueur.
Un certain nombre d'intervenants de l'industrie ainsi que les provinces et territoires se sont déjà exprimés sur l'importance de maintenir une relation commerciale préférentielle avec le Royaume-Uni. Toutefois, l'accord ne vise pas seulement à préserver la relation commerciale, bien que ce soit pour le moins important pour les entreprises et la plupart des Canadiens. Il s'agit également de préparer le terrain pour les futures relations bilatérales avec le Royaume-Uni.
Cela dit, tous les avantages des accords de libre-échange n'ont pas d'importance si les entreprises canadiennes ignorent comment en profiter. Pour que les accords soient pleinement efficaces, il faut que les entreprises canadiennes soient bien informées des avantages qu'ils offrent, ce qui incombe aux membres de tous les comités, selon moi, et en particulier à ceux du comité du commerce international.
Comme les députés le savent, la plupart des exportateurs canadiens sont des petites et moyennes entreprises. Beaucoup n'ont pas le temps ni les ressources nécessaires pour se tenir au courant des développements commerciaux à l'échelle internationale, comme les accords de libre-échange, et encore moins pour en saisir toute la portée. Par conséquent, beaucoup n'ont pas été en mesure de profiter pleinement des nouvelles possibilités offertes par les accords et ainsi accroître leur présence sur les marchés internationaux.
Le gouvernement comprend la nécessité d'encourager les petites et moyennes entreprises à saisir les possibilités de libre-échange et de les soutenir dans leurs démarches commerciales, ce que la ministre fait avec ardeur. En conséquence, le accorde la plus haute importance à la promotion et à l'expansion des exportations, notamment pour aider les petites entreprises à tirer profit des débouchés qui découlent du libre-échange.
À cet égard, notre ambitieuse stratégie de diversification des exportations a pour but d'optimiser les débouchés dont les Canadiens peuvent profiter grâce à nos accords commerciaux actuels, tout en cherchant à conclure de nouvelles ententes. Pour ce faire, nous devons continuer de miser sur l'approche de type « équipe Canada », à laquelle nous faisons souvent allusion, pour inciter le plus d'entreprises possible à faire des affaires au Royaume-Uni et les aider dans leurs démarches. Nous comptons sur divers organismes, entre autres le réseau du Service des délégués commerciaux; Exportation et développement Canada; la Banque de développement du Canada; la Corporation commerciale canadienne; et Investir au Canada. Ces organismes travaillent de concert, avec nos partenaires provinciaux et territoriaux, pour aider les entreprises canadiennes à s'y retrouver dans l'après-Brexit. Ils sont déterminés à continuer d'aider les entreprises canadiennes à faire des affaires au Royaume-Uni et dans l'Union européenne.
Ces relations sont primordiales pour favoriser la prospérité tout au long de la relance économique après la pandémie de COVID-19 et à plus long terme. Nous sommes tous impatients d'assister au redémarrage de l'économie après la pandémie.
J'exhorte tous les députés à appuyer le projet de loi avec lequel le gouvernement pourra mettre en œuvre l'accord de continuité commerciale dans les plus brefs délais et aider les entreprises canadiennes à profiter des avantages qui en découleront.
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Madame la Présidente, je vous remercie de cette intervention.
Peu après, le gouvernement a amorcé un dialogue commercial pour reproduire dans une vaste mesure l’AECG sur une base bilatérale, ce qui se voulait une mesure provisoire en réponse au Brexit. Je suis heureux de dire que l’accord dont tous les députés sont saisis aujourd’hui, y compris le député de , répond à l’engagement pris par le premier ministre en 2017.
Le Brexit représentait un défi particulier pour les partenaires qui, comme le Canada, avaient déjà des accords commerciaux en place avec l’Union européenne. Le Canada a su s'adapter et faire preuve de résilience face à ce défi unique en son genre en concluant un accord qui atténue les perturbations que pourraient subir les entreprises en raison de la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne et l’AECG.
L’accord dont nous sommes saisis aujourd’hui garantit que le Canada et le Royaume-Uni pourront maintenir et développer leurs très importantes relations. Cela signifie que les entreprises continueront à bénéficier d’un accès sans précédent à l’économie dynamique du Royaume-Uni, un marché de 3,68 billions de dollars qui compte 66 millions de consommateurs. Cela signifie également que nous allons continuer à bénéficier de prix peu élevés, d'un plus grand choix pour les consommateurs canadiens ainsi que d'une réduction ou d'une élimination des droits de douane.
Comme cet accord est basé sur l’AECG, un accord que les Canadiens connaissent déjà, il offre la prévisibilité et la stabilité dont nos entreprises ont besoin et nous ont dit avoir besoin, notamment pour composer avec les répercussions économiques de la pandémie mondiale de COVID-19.
Une fois que l’accord sur le maintien du commerce sera pleinement mis en œuvre, nous pourrons poursuivre l’élimination des droits de douane de l’AECG sur 99 % des produits canadiens exportés vers le Royaume-Uni. Nous pourrons en outre maintenir l’accès prioritaire au marché pour les fournisseurs de services canadiens, y compris l’accès aux marchés publics du gouvernement britannique, dont la valeur est estimée à environ 118 milliards de dollars canadiens par an. Enfin, nous pourrons préserver et faire appliquer les dispositions rigoureuses de l’AECG concernant la main-d'œuvre, la protection de l’environnement et le règlement des différends.
[Français]
Je suis fier de dire que cet accord protège intégralement notre système de gestion de l'offre. En d'autres mots, il n'y aura pas de fromage étranger supplémentaire qui entrera au pays si cet accord est ratifié.
[Traduction]
Fait important, cet accord permettra aux entreprises canadiennes de jouir d'un avantage concurrentiel par rapport aux pays qui n'ont pas d'accord de libre-échange avec le Royaume-Uni. Cela fait partie des avantages essentiels que nous pourrons préserver lorsque nous mettrons en œuvre cet accord avec l'un de nos plus importants partenaires commerciaux.
Le gouvernement sait qu'il est essentiel que le Canada entretienne des échanges commerciaux pour assurer sa prospérité et sa relance économique à la suite de la pandémie mondiale de COVID-19. Le gouvernement doit continuer de consulter les Canadiens tout au long du processus de négociation afin d'être au fait des intérêts particuliers et de les prendre en considération.
Je peux assurer à mes collègues que le gouvernement a maintenu un dialogue ouvert avec les entreprises tout au long du processus de négociation entourant cet accord de continuité commerciale. Avant et pendant ce processus, des représentants ont consulté directement les entreprises concernées. Par ailleurs, puisque l'accord de continuité commerciale reprend des dispositions de l'AECG, il s'appuie également sur les résultats des vastes consultations qui ont été menées auprès des Canadiens lors des négociations entourant l'AECG. Tout au long de ces consultations, nous avons reçu une précieuse rétroaction qui a permis au gouvernement de négocier en étant bien au fait des intérêts des Canadiens afin de conclure un accord avantageux pour le Canada.
Une fois ratifié, l'accord de continuité commerciale demeurera en vigueur tant que nos deux pays n'auront pas conclu un accord bilatéral complet et mieux adapté à nos besoins respectifs. Grâce aux commentaires et suggestions des Canadiens, les négociations à venir serviront au mieux les intérêts de notre pays, tandis que le futur accord sera mieux adapté aux échanges commerciaux avec le Royaume-Uni ainsi qu'à la réalité de l'après-Brexit.
Le gouvernement a compris qu'il doit inciter les entreprises à tirer parti des occasions qu'offre le libre-échange et les aider dans leurs démarches. L'accord de continuité commerciale dont nous sommes saisis préservera les liens commerciaux étroits entre nos deux pays et permettra au Canada de continuer à jouir d'un accès privilégié à l'un de ses plus importants partenaires. Quant aux entreprises d'ici, elles n'auront plus à craindre de nouvelles turbulences. Pour tout dire, les entreprises canadiennes n'ont tout simplement pas les moyens de se passer de cet accord.
Pour que les accords comme celui-là atteignent leur plein potentiel, les entreprises doivent savoir qu'ils existent et en connaître les avantages. L'ambitieuse stratégie de diversification des exportations que nous avons mise en œuvre vise à maximiser les débouchés offerts aux Canadiens par les accords déjà existants tout en concluant de nouvelles ententes. Pour ce faire, nous devons continuer de miser sur une approche de type « équipe Canada » pour inciter le plus d'entreprises possible à faire des affaires au Royaume-Uni et les aider dans leurs démarches.
Cette approche inclut la boîte à outils pour le commerce du Canada, qui comprend le réseau du Service des délégués commerciaux, Exportation et développement Canada, la Banque de développement du Canada, la Corporation commerciale canadienne et le plan Investir dans le Canada. Ces organismes travaillent de concert, avec nos partenaires provinciaux et territoriaux, pour aider les entreprises canadiennes à s'y retrouver dans l'après-Brexit. Ils s'engagent à continuer d'aider les entreprises canadiennes à faire des affaires avec, et dans, le Royaume-Uni et l'Union européenne.
Enfin, nous avons entendu les intervenants canadiens insister sur l'importance de maintenir une relation commerciale privilégiée avec le Royaume-Uni. Le gouvernement souhaite faire en sorte que les entreprises canadiennes aient les assurances et la stabilité dont elles ont besoin pour continuer à faire des affaires avec le Royaume-Uni. Nous pouvons y arriver en veillant à ce que la relation commerciale cruciale que nous avons avec le Royaume-Uni continue de s'épanouir librement. Le gouvernement cherche à travailler avec tous les députés pour faire adopter le projet de loi dans l'intérêt de notre économie et celui des entreprises canadiennes.
Comme il me reste environ une minute, je tiens à remercier les négociateurs commerciaux qui, au cours des dernières années, ont pris part à des négociations très intenses. Qu'on pense à la conclusion de l'Accord économique et commercial global, peu après notre arrivée au pouvoir en 2015; à la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain, qui est devenu l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, où ils ont fait face à des pourparlers longs, intenses et marqués d'incertitude, mais se sont montrés fermes et ont vu leurs efforts aboutir à un excellent accord et à une excellente relation de libre-échange, stable et prévisible, avec notre plus important partenaire commercial; ou à l'Accord de continuité commerciale avec le Royaume-Uni. Je tiens à remercier tous ces négociateurs commerciaux. Ils sont des héros discrets pour notre pays, nos entreprises et nos travailleurs.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Juste avant Noël, nous avons finalement obtenu le texte de l'accord commercial transitoire conclu entre le Canada et le Royaume-Uni. Cet accord vise essentiellement à reproduire les modalités de l'AECG en attendant qu'un accord plus vaste soit entériné. Pendant ce temps, le gouvernement a affirmé avoir besoin de plus de temps pour négocier un accord global entre le Canada et le Royaume-Uni.
Voici ma question: pourquoi n'avons-nous pas négocié un accord global dès le départ? Cette question revient souvent. Par exemple, le Japon a déjà conclu un accord global avec le Royaume-Uni, et il a disposé du même temps pour le faire que les négociateurs canadiens. Comme pour l'Accord États-Unis—Mexique—Canada, il s'agit d'une autre tentative de dernière minute du gouvernement pour sauver la face après avoir insulté un de nos plus anciens et proches alliés en disant qu'il n'avait pas la capacité de négocier. Il nous faut des objectifs à long terme pour assurer la continuité et la stabilité du commerce.
Certains intervenants s'accommodent bien de l'accord transitoire actuel, mais ils s'inquiètent qu'il devienne permanent et qu'il ne corresponde pas aux réalités économiques. Lorsque le comité du commerce international a examiné cet accord, plusieurs intervenants se sont dits préoccupés de l'état des consultations et du fait qu'elles se fassent à la toute dernière minute.
Devant le comité, la n'a pas pu dire combien de pages compte la version définitive du document. J'ai moi-même posé la question et la ministre n'a pas été en mesure d'indiquer combien de pages il y a dans l'accord. Évidemment, un tel manque d'information de la part de la négociatrice en chef du Canada et du gouvernement est préoccupante.
Cela a eu lieu après qu'on a annoncé avec tambours et trompettes, sur Zoom, la conclusion d'un accord. Il faut faire les choses correctement. La pandémie est perturbante et il faut que les petites entreprises soient en mesure de survivre à la tempête. Un marché prévisible est la dernière chose qui leur reste pour s'en sortir.
Pire encore, les libéraux ont insisté pour que l'accord soit mis en œuvre au plus tard le 31 décembre, ce qui aurait exigé que le projet de loi soit étudié par la Chambre avant cette date limite. Nous voilà au 26, 27 et 28 janvier, et l'accord n'a toujours pas été présenté à la Chambre des communes. L'accord n'est pas en vigueur. Au comité, on nous a dit qu'il serait adopté et que des mesures d'atténuation pourraient être instaurées. Encore une fois, nous sommes le 28 janvier, et le gouvernement n'a toujours pas donné de détails concernant cet accord commercial de dernière minute.
C'est comme si les libéraux étaient incapables de faire plus d'une chose à la fois. Il suffit de prendre en exemple la distribution des vaccins. Les libéraux ont annoncé en grande pompe avoir accaparé le plus grand nombre de commandes de vaccins, mais voilà que le pays fait maintenant piètre figure. Les systèmes de santé provinciaux ratissent maintenant les fonds de congélateurs pour trouver des doses. On annule l'administration de la deuxième dose que devaient recevoir les infirmières et les aînés. Tout cela après qu'on ait dit aux Canadiens que le pays se situait dans le peloton de tête.
Par ailleurs, comment les entreprises peuvent-elles garder confiance pour ce qui est des investissements dans les échanges commerciaux lorsqu'elles voient le gouvernement faire des promesses impossibles et ne pas les tenir? Y a-t-il d'autres exemples des échecs du gouvernement en matière de commerce international? Il suffit de regarder ce qui se passe aux États-Unis où l'administration a adopté une politique d'achat local. Depuis que le gouvernement libéral est au pouvoir, les crises se succèdent en matière d'exportations vers notre voisin et plus grand allié. Le gouvernement remet toujours au lendemain la résolution des problèmes liés au commerce international, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Que le président américain soit démocrate ou républicain, le est incapable d'obtenir la moindre assurance pour les industries canadiennes.
Par exemple, où en est le projet Keystone maintenant? Le a simplement dit qu'il était déçu, puis il a laissé tomber mes concitoyens, les Albertains et l'Ouest canadien. C'est inacceptable. Le gouvernement nous demande maintenant de lui faire confiance à propos de cet accord commercial de dernière minute.
Quand le premier ministre arrêtera-t-il de justifier l'incompétence du gouvernement et révisera-t-il sa politique commerciale? Soit elle ne fonctionne tout simplement pas, soit les mauvaises personnes en sont responsables. De plus, les retards nous poussent à négliger des problèmes importants à l'égard desquels les intervenants se disaient préoccupés avant même que les négociations commencent. Il est temps d'arrêter de conclure des accords commerciaux de dernière minute et d'apporter de la stabilité aux entreprises canadiennes. Nous avons tous besoin de stabilité pour nous remettre de la pandémie.
Pour le moment, qu'on ait vu ou non cet accord, compte tenu du manque d'information, la question qu'il faut poser au gouvernement et à nous-mêmes, en tant que parlementaires, est la suivante: comment pouvons-nous continuer à débattre de la mise en œuvre de cet accord commercial et comment pouvons-nous répondre aux intervenants et aux Canadiens?
Premièrement, combien le retard de la mise en œuvre de l'accord coûtera-t-il au trésor fédéral en mesures d'atténuation? Nous attendons encore la réponse. Nous espérons que, d'ici la fin du débat, nous aurons tiré les choses au clair. Il est très important de savoir combien il en coûtera en mesures d'atténuation. Cette question a été posée directement à la ministre au comité et à la Chambre des communes.
Deuxièmement, quel coût les entreprises canadiennes devront-elles assumer par rapport aux droits de douane imposés par le gouvernement du Royaume-Uni alors que nous continuons notre examen complet de ce projet de loi? Comme nous le savons, le temps, c'est de l'argent. Tant que nous n'obtiendrons pas ces chiffres et tant que l'accord ne sera pas intégralement ratifié, nous continuerons de verser des fonds des coffres de l'État, de l'argent des contribuables, pour combler ces lacunes. Ce n'est pas la bonne façon de procéder.
Troisièmement, quelle est la valeur globale des perturbations économiques depuis le 31 décembre, soit la date butoir? Cette question est logique et raisonnable. On y revient: toute interruption des échanges commerciaux causée par l'absence d'un accord de libre-échange entraîne des perturbations, et ces perturbations coûtent de l'argent.
Quatrièmement, quels seront les effets d'un accord transitoire sur notre économie et nos échanges commerciaux avec le Royaume-Uni? Le gouvernement est-il déjà d'avis que certaines dispositions de l'Accord économique et commercial global doivent être corrigées? Nous comprenons tous que cet accord est un copier-coller de l'accord avec l'Union européenne, mais certains marchés de l'Europe ont des spécificités. Le Royaume-Uni est l'un de ces marchés particuliers. Nous pouvons penser que ces dispositions ont été copiées-collées. Je répète que nous avons besoin de clarté.
Cinquièmement, le gouvernement peut-il encore parvenir à la ratification de l'accord avant l'expiration du protocole d'entente tout en permettant une analyse parlementaire exhaustive?
Sixièmement, si le gouvernement et la ministre avaient fait preuve d'une plus grande initiative et s'ils avaient été plus attentifs, nous aurions probablement pu conclure une entente incluant un accord commercial global, ce qui nous aurait évité le pétrin où nous sommes aujourd'hui.
Je suis convaincu que nous devons examiner ce projet de loi en profondeur, surtout du fait qu'il a été préparé à la toute dernière minute. Un tel examen est dans l'intérêt des Canadiens.
J'aurais préféré que nous soyons saisis d'un accord complet aujourd'hui. Je me réjouis néanmoins de participer aux discussions sur le projet de loi à la Chambre et au comité.
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Madame la Présidente, nous avons aujourd'hui une rare occasion, en cette session parlementaire, de favoriser la libéralisation des échanges entre des amis de longue date, deux nations démocratiques, deux sociétés avancées qui sont unies étroitement par l'histoire, la culture, les systèmes juridique et parlementaire ainsi que la langue.
Il y a un certain nombre d'années, le président Kennedy a tenu les propos suivants sur une autre grande amitié, celle qui lie le Canada et les États-Unis:
La géographie a fait de nous des voisins; l'histoire a fait de nous des amis; les questions économiques ont fait de nous des associés; et la nécessité a fait de nous des alliés. Que personne ne vienne séparer deux peuples que la nature a ainsi réunis.
Quelle belle citation d'un grand président sur les relations entre les deux plus grands partenaires de libre-échange que le monde moderne ait connus.
Cependant, nous parlons aujourd'hui du commerce avec le Royaume-Uni, un autre pays avec lequel le Canada a une histoire commune, un partenariat économique et une alliance qui s'est imposée. Jusqu'à récemment, nous avions également un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni, pas directement, mais grâce à son adhésion à l'Union européenne. J'ajouterais que l'accord de libre-échange est le résultat d'une vision du précédent gouvernement conservateur du Canada. Je suis fier d'être membre d'un parti dont la vision a permis au Canada d'être l'une des grandes nations commerçantes du continent européen, des nations dont les valeurs, l'histoire et les institutions sont étroitement liées aux nôtres.
Pensons, à titre de comparaison, aux relations commerciales beaucoup plus compliquées que le Canada entretient avec le Parti communiste de Chine. Le gouvernement du Canada tirerait beaucoup mieux son épingle du jeu s'il gardait à l'esprit les trois règles à respecter pour faire des affaires en Chine, telles que citées par un universitaire: premièrement, ne jamais imposer nos propres valeurs; deuxièmement, ne jamais, pendant une réunion, interpréter un constat comme un signe d'assentiment; et troisièmement, ne jamais supposer que nos interlocuteurs ont le pouvoir de conclure l'accord.
Heureusement, toute cette ambiguïté n'existe pas lorsqu'on traite avec le Royaume-Uni. Premièrement, il n'y a pas de divergences entre les valeurs de nos deux pays, qui attachent tous les deux de l'importance aux droits de la personne et à la primauté du droit. Deuxièmement, nos façons de négocier et de former un contrat sont semblables, puisqu'elles sont ancrées dans la tradition anglaise de la common law, vieille de plusieurs siècles. Troisièmement, dans le droit contractuel anglais, la parole d'une personne constitue un engagement. Les avocats d'affaires conseillent évidemment aux participants d'obtenir toute promesse par écrit, mais, au moins, si les participants ont l'impression de progresser pendant les négociations, ils ont probablement raison.
J'aime traiter avec des gens qui comprennent la common law et les règles de formation des contrats. Nous devrions commercer davantage avec des gens comme ceux-là. Il serait bon d'augmenter nos échanges avec des pays qui comprennent et respectent nos valeurs, des valeurs qui sont intuitives dans les pays occidentaux. Je pense ici à la protection des droits de propriété intellectuelle, à la protection physique et économique des travailleurs, à la protection des enfants contre le travail forcé, à la protection de l'environnement et à la protection contre tous les types de discrimination. Ces valeurs sont tout aussi fondamentales au Royaume-Uni qu'elles le sont au Canada. C'est exactement avec des gens comme ceux-là que nous devrions faire des affaires, alors, allons-y!
Qu'est-ce qui prend tant de temps? Il y a eu beaucoup de débats à ce sujet. Le gouvernement fédéral est au courant du Brexit depuis longtemps. La seule surprise est que nous n'avons pas conclu d'accord avant la fin du mois de décembre de l'année dernière. Ce n'est pas comme si nous devions repartir à zéro; nous avions déjà l'Accord économique et commercial global, l'AECG, avec le Royaume-Uni comme il faisait partie du bloc commercial de l'Union européenne. Cet accord international nous offrait déjà un modèle à suivre. Nous n'avions qu'à y apporter quelques modifications et le rendre spécifique au Royaume-Uni; le rendre bilatéral plutôt que multilatéral, donc. C'est ce qui est en train de se passer, mais plus tard que ce qui aurait pu et aurait dû être fait. Néanmoins, il est vrai que le commerce et la défense des intérêts des petites entreprises n'ont jamais été les points forts du gouvernement actuel.
Le Canada est un pays commerçant, et il n'y a pas de meilleur champion du libre-échange au Canada que le Parti conservateur. Nous avons toujours su qu'une baisse des droits de douane entraîne une concurrence plus saine entre les entreprises et les pays et, en fin de compte, de meilleurs produits et services à des coûts moindres pour les consommateurs. Ce qui est bon pour le consommateur doit être bon pour le pays.
Mondialement, les échanges commerciaux ont crû de 7 % par année en moyenne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qui a nettement contribué à la prospérité collective, et le Canada doit lui aussi jouir des retombées de cette prospérité et de la croissance économique sous-jacente.
Poussons la logique libre-échangiste un cran plus loin. Si le libre-échange apporte de la richesse aux pays qui le pratiquent, alors il doit forcément apporter de la richesse aux provinces qui font partie de ces pays et qui pratiquent elles aussi le libre-échange, non? Nous prêchons tous les vertus du libre-échange, mais nous ne les mettons pas toujours en pratique. Parce qu'il empêche de voir loin et qu'il est nuisible, le protectionnisme est un non-sens. Or, il est trop présent au Canada, et le gouvernement fédéral a tout ce qu'il faut pour contribuer à rapprocher les parties. L'ancien gouvernement conservateur avait bel et bien jeté les bases de ce qui aurait pu devenir un accord de libre-échange, mais malheureusement, il ne s'est pas rendu assez loin et très peu a été fait depuis cinq ans pour le faire progresser.
L'élimination des obstacles au commerce interprovincial rendra le Canada plus concurrentiel sur la scène internationale, car il pourra lutter à armes plus égales avec les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays d'Europe. C'est sans parler des dizaines de milliards de dollars de plus pour l'économie canadienne. Le gouvernement a traîné de la patte dans les négociations commerciales avec le Royaume-Uni. Saura-t-il rattraper le temps perdu en facilitant la conclusion d'un accord de libre-échange entre les provinces?
Quand j'ai été élu, à l'automne 2019, et que je suis arrivé à Ottawa, j'ai été étonné de voir que les gens qui habitent ici ne peuvent pas, les malheureux, acheter de vins de l'Okanagan dans les magasins de la LCBO. Il faut faire quelque chose. Les Britanno-Colombiens sont des gens généreux qui se soucient de leur prochain, alors ils veulent que tous les Canadiens puissent goûter leurs excellents vins. Il faut le libre-échange.
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Madame la Présidente, c'est toujours un plaisir de s'adresser à la Chambre des communes, que ce soit en personne ou par vidéoconférence.
Je veux revenir à une chose que le député a dite dans une de ses réponses. Il prétend que le libre-échange n'est pas le point fort de notre parti ou du gouvernement actuel. Le député doit redescendre sur terre. Je le mets au défi de nous montrer un premier ministre qui a conclu plus d'accords commerciaux internationaux que le actuel. Le premier ministre et le gouvernement ont conclu plus d'accords que Stephen Harper et que tout autre premier ministre, si j'ai bonne mémoire.
Les députés du Parti conservateur parlent de l'importance du commerce et ils essaient de donner la fausse impression que c'est leur parti qui sait négocier et qui est capable d'obtenir des accords commerciaux. Pourtant, ce n'est pas nécessairement ce que l'histoire nous apprend.
Le Parti libéral a toujours été conscient de l'importance du commerce international. Le commerce est vraiment important. Il génère de bons emplois solides pour les Canadiens de la classe moyenne. Nous continuerons de chercher des moyens de resserrer les liens du Canada avec les autres pays un peu partout dans le monde afin de renforcer l'économie et la classe moyenne du Canada. C'est notre objectif depuis le début.
Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir en 2015, nous avons poursuivi des initiatives prises par le gouvernement conservateur et les avons menées à bien. Nous sommes conscients de l'importance et de l'utilité d'adopter des politiques conçues pour aider les Canadiens de la classe moyenne et ceux qui aspirent à en faire partie, qu'il s'agisse de mesures budgétaires, de dispositions législatives ou d'accords tels que celui qui fait l'objet du projet de loi et dont nous débattons aujourd'hui.
Lorsqu'il est question du commerce international, j'aime bien utiliser un exemple que la plupart des gens comprennent. Je suis très fier de l'industrie du porc de la province du Manitoba, une industrie qui a une valeur de symbole et qui illustre les nombreuses raisons pour lesquelles il est important que le gouvernement favorise le commerce international.
L'industrie manitobaine du porc serait loin d'être ce qu'elle est aujourd'hui sans le commerce. Je crois qu'elle disparaîtrait à 90 % sans échanges commerciaux au Canada ou à l'étranger. Le Manitoba compte 1,3 million d'habitants et, bon an mal an, deux fois plus de porcs. Nous ne les mangeons pas; nous les vendons.
Si la localité de Neepawa dans la campagne manitobaine est florissante de nos jours, c'est en grande partie grâce à l'industrie du porc. HyLife est une entreprise prospère et en pleine croissance grâce aux exportations. En effet, plus de 90 % de ce qui y est transformé est exporté.
Pensons aux retombées. Les centaines d'employés qui travaillent à Neepawa ont besoin de se loger et de se nourrir. Chacun possède un véhicule. La réussite de cette industrie créée des emplois indirects, en plus des centaines d'emplois directs.
Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Il y a aussi Burns Meats, à Brandon. Le député qui représente Brandon pourrait nous confirmer l'immense apport de cette usine à l’économie de la ville et à la société en général. Elle transforme plus de 10 000 porcs par jour — et encore, j'ai entendu d'autres chiffres que ceux-là, qui ne sont pas très récents. Grâce à cette usine, ce sont plus de 1 000 Manitobains des régions rurales qui ont un emploi, un bon emploi. La même entreprise est aussi présente à Winnipeg, où elle donne de l’emploi à plus de 1 500 personnes, si ma mémoire est bonne. Le meilleur porc du monde est produit au Manitoba.
Pensons aux agriculteurs et aux conséquences qu’un tel accord peut avoir sur eux, sans parler de tous ceux qui contribuent à leur succès et les aident à élever tous ces porcs.
Il n’y a rien de mieux qu’un exemple concret pour bien comprendre la valeur des échanges commerciaux.
Je viens de donner celui de l’industrie porcine, mais je pourrais passer la journée à parler des entreprises manitobaines qui construisent des autobus ou toutes sortes d’autres choses, notamment à Winnipeg. Ce qui pourrait bien être l’un des plus gros constructeurs d’autobus qui soient est situé à Winnipeg, et il exporte ses véhicules partout, en plus de générer d’excellents emplois.
Le gouvernement et le sont conscients de la valeur de ces emplois. C'est pourquoi le premier ministre a donné le mandat de conclure ces accords. Même si les conservateurs n'ont pas signé l'AECG, ils s'en attribuent le mérite. Les conservateurs ont peut-être entamé le processus, mais ils n'ont pas signé l'accord.
Je me rappelle le voyage de la en Europe. Certains affirmaient que l'accord était en difficulté, que les négociations semblaient sur le point de dérailler. Ce n'était pas à cause du Canada. Il se passait toutes sortes de choses à ce moment-là en Europe. Il a fallu un effort concerté de la part du gouvernement actuel, notamment de l'actuelle vice-première ministre, qui était ministre du Commerce international à l'époque, pour remettre l'accord sur les rails. Ils ont réussi, au nom des Canadiens, à conclure l'AECG. Les échanges commerciaux découlant en partie de cet accord ont rapporté des centaines de millions de dollars supplémentaires.
Ce n'est pas le seul accord que nous ayons eu à négocier dans un laps de temps très court. Nous pourrions parler des accords avec l'Asie ou avec nos voisins du Sud, qu'il s'agisse du Mexique ou des États-Unis. Les États-Unis sont notre principal partenaire commercial. Le Canada a besoin du commerce international. Je rappelle à mes voisins du Sud que bon nombre des exportations des États américains sont destinées au Canada. Nos deux pays bénéficient de l'accord de libre-échange.
Il est absolument essentiel que le Canada entretienne des relations commerciales avec des pays du monde entier. En fait, le Canada est probablement plus en avance en matière d'accords commerciaux que tout autre pays du G20. Cela tient en grande partie au mandat que les Canadiens ont confié au gouvernement libéral il y a cinq ans. La motivation du gouvernement réside dans le fait qu'il souhaite renforcer la classe moyenne du Canada et soutenir ceux qui aspirent à en faire partie. Pour ce faire, il doit notamment chercher des possibilités au-delà des frontières.
Pensons à la dernière année ainsi qu'aux coûts économiques et aux conséquences de la pandémie causée par le coronavirus au Canada. Cette crise a eu des effets dévastateurs. Au gouvernement, nous avons fait tout en notre pouvoir pour aider les entreprises, que ce soit avec le programme de subvention salariale ou le programme d'aide pour le loyer, ou encore en aidant directement les Canadiens avec la Prestation canadienne d'urgence. Pourquoi prendre ces mesures? Notamment parce que nous savons à quel point c'est important pour aider les PME et assurer la relance après la pandémie.
Il sera beaucoup plus facile de relancer notre économie s'il y a moins de faillites et si plus d'entreprises peuvent éviter de faire des mises à pied à cause de la pandémie. Nous voulons que les gens en général aient un meilleur revenu disponible, étant donné qu'ils ont dû cesser de travailler parce qu'il fallait protéger la société ou parce que la crise a eu un effet sur la demande pour leurs services ou leurs produits.
Le gouvernement était là et continuera d'être là pour soutenir les Canadiens pendant cette pandémie et atténuer les effets négatifs du coronavirus, mais nous voulons aussi maintenir la croissance, et c'est ce que permettra de faire l'accord avec le Royaume-Uni, sur lequel porte le projet de loi .
Quand le Royaume-Uni a décidé de quitter l'Union européenne, le gouvernement devait assumer certaines responsabilités et il les a prises très au sérieux. C'est la raison pour laquelle nous sommes maintenant saisis de ce projet de loi. Nous voulons garantir que la relation précieuse que le Canada entretient avec ce partenaire commercial depuis plus d'un siècle demeure solide et saine. C'est en grande partie l'objectif du projet de loi. Au bout du compte, les entreprises et les sociétés canadiennes, ainsi que tous les Canadiens dans toutes les régions du pays, seront mieux servis grâce à l'adoption de ce projet de loi.
Je tiens à rappeler quelque chose aux députés conservateurs. Nous avons entendu de la part d'autres pays qu'il y a d'excellents fonctionnaires au Canada qui travaillent sur le dossier du commerce. C'est entre autres dû au fait que le Canada a beaucoup de succès dans la négociation de ce genre d'accords, et ce, depuis longtemps.
Les bureaucrates et les fonctionnaires travaillent avec diligence pour faire en sorte que les ministres et l'ensemble du gouvernement ainsi que les parlementaires et les politiciens disposent des détails nécessaires à la négociation des accords.
Nous avons écouté les néo-démocrates et les bloquistes. Tout ce que j'entends des députés du Bloc, c'est « qu'en est-il de ceci? » et « pourquoi n'a-t-on pas obtenu cela? ». Comment les gens imaginent-ils le processus de négociations? Les députés du NPD et du Bloc doivent mieux saisir le fait que pour arriver à une entente, il faut faire des compromis.
Traditionnellement, le NPD n'appuie pas les accords commerciaux. Lorsque j'ai posé une question à cet égard, un député a fait mention d'une mémoire de « poisson rouge » et a affirmé que le NPD avait soutenu l'Accord Canada—États-Unis—Mexique. Or, les néo-démocrates n'ont pas approuvé les accords commerciaux antérieurs avec les États-Unis et le Mexique et ils n'ont appuyé celui-ci que parce qu'ils y avaient été contraints par la honte.
Examinons les nombreux accords commerciaux avec des dizaines de pays contre lesquels les néo-démocrates ont voté. Ils diront que c'est parce que nous n'avions pas acquis ceci ou cela. Ils auront toute une liste de concessions non obtenues.
Lorsqu'on s'assoit à une table des négociations, on ne s'attend pas à obtenir tout ce que l'on veut. Il ne s'agit pas de faire la liste exhaustive de nos demandes, de mettre tout sur la table, puis de s'en aller en demandant d'être informé lorsque tout sera accepté. Cela ne fonctionne pas comme ça.
Je ne suis pas surpris lorsque mes amis néo-démocrates me disent, comme aujourd'hui, qu'ils n'appuient pas cette mesure législative. L'entendre me déçoit un peu, mais ne me surprend pas. Je souhaite mettre au défi les députés néo-démocrates de réfléchir véritablement à la question commerciale. Plus tôt, j'ai expliqué pourquoi le commerce revêt une si grande importance pour notre pays. Si les députés néo-démocrates approuvent en principe le commerce, je leur suggère de faire preuve d'une plus grande ouverture d'esprit. S'ils ne sont pas prêts à le faire, on peut alors se demander à quel point ils font preuve de cohérence sur le plan éthique.
Ils soutiennent que nous ne devrions pas signer un accord commercial qui ne protège pas les droits de la personne. Nous avons déjà eu cette discussion. Des pays avec lesquels nous effectuons un volume considérable d'échanges commerciaux soulèvent des préoccupations au chapitre des droits de la personne. Or, je ne vois pas le NPD réclamer que nous cessions tous nos échanges commerciaux avec la Chine. Pourtant, nous avons des désaccords avec la Chine. À mon avis, les néo-démocrates devraient trouver un moyen d'appuyer les accords commerciaux progressistes. Cet accord-ci est progressiste. Ils auront d'autres occasions d'appuyer de tels accords.
Les députés estiment que le débat d'aujourd'hui ne leur donne pas suffisamment de temps pour débattre de l'accord et que ce dernier n'a pas fait l'objet de suffisamment de consultation. Ils auraient intérêt à lire le projet de loi. Il s'agit du projet de loi . Le titre le dit. Il n'est pas question d'un accord permanent. D'ailleurs, si je comprends bien, dans l'année suivant la sanction royale, nous rencontrerons nos partenaires outre-mer, tiendrons un dialogue continu et tenterons de trouver des moyens d'améliorer cet accord.
Les députés ont l'occasion de faire des discours, maintenant ou plus tard, ou d'écrire des lettres, ou encore de consacrer des journées de l'opposition à ce sujet. Beaucoup de journées de l'opposition auront lieu prochainement. Le NPD devrait consacrer l'une de ses journées de l'opposition au contenu des accords commerciaux. Ainsi, ils pourront indiquer qu'ils veulent que telle ou telle disposition fasse partie d'un accord commercial, puis discuter de la proposition dans le cadre d'une motion de l'opposition. Il existe toutes sortes de moyens à la disposition des députés de tous les partis, même ceux du gouvernement, pour y arriver. Bon nombre de mes collègues libéraux discutent régulièrement avec les ministres ou le caucus au sujet de questions importantes, notamment le commerce international. Je dois dire que le coronavirus domine ces discussions, à juste titre, mais les gens ont différents moyens à leur disposition pour donner directement leur avis sur les accords commerciaux.
Je tiens à parler un instant de mes collègues du Bloc. J'ai déjà dit par le passé que j'étais personnellement très fier d'être Canadien. Selon moi, nous vivons dans le meilleur pays au monde. Toutes les régions qui forment notre grand pays sont essentielles à son évolution. Par exemple, je me soucie de l'industrie aérospatiale au Québec ainsi que de l'industrie forestière. Nous avons certains points en commun, comme l'hydroélectricité comme énergie verte...
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux de me lever aujourd'hui pour parler de l'Accord de continuité commerciale Canada—Royaume-Uni.
[Traduction]
Même si j'appuie cet accord parce qu'il garantit aux producteurs canadiens un accès à un marché essentiel, il est indéniable que les tergiversations du gouvernement ont nui considérablement à sa force.
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement libéral a démontré à maintes reprises son incompétence en matière de commerce international et dans ses relations avec ses principaux alliés, et le cas présent ne fait pas exception. Étant donné qu'il est bien connu que le a bousillé le dossier du Partenariat transpacifique et qu'il a été largement exclu de la renégociation de l'ALENA, personne ne devrait s'étonner que le gouvernement ait laissé passer une autre occasion de nouer une relation durable et permanente avec le Royaume-Uni, qui est maintenant complètement indépendant.
Depuis le vote sur le Brexit il y a presque cinq ans, le gouvernement a eu toutes les chances d'être l'un des premiers pays du monde à nouer des relations commerciales permanentes et étroites avec le Royaume-Uni. Puisque le Royaume-Uni est membre du Commonwealth et un proche allié, cela aurait dû être l'une des principales priorités du gouvernement après le Brexit, avec la renégociation de l'ALENA.
Au fil des ans, le gouvernement a eu la fâcheuse habitude d'induire les Canadiens en erreur quant aux répercussions économiques de ses accords commerciaux, en espérant que personne ne vérifie ses dires. Cette façon de faire a semé le doute au sein des industries canadiennes, plus particulièrement dans ma localité. La promesse du gouvernement que l'Accord Canada—États-Unis—Mexique serait avantageux pour l'industrie automobile canadienne en est un parfait exemple.
Avant les élections de 2019, les libéraux ont promis aux habitants d'Oshawa et d'autres collectivités du pays qui dépendent du secteur de la fabrication automobile que l'accord profiterait à cette industrie encore plus que l'ALENA. Lorsque l'étude d'impact économique d'Affaires mondiales Canada a été publiée, après des mois de retard, nous avons fini par découvrir que le avait volontairement induit en erreur ma collectivité:
À la page 70 de l'analyse d'Affaires mondiales Canada sur les répercussions économiques de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, on peut lire ceci:
[...] le modèle économique prévoit que les exportations de véhicules à moteur du Canada vers les États-Unis connaîtraient une diminution de 1,5 milliard de dollars américains par rapport au régime commercial actuel de l’ALENA, tandis que les importations en provenance des États-Unis connaîtraient une baisse de 1,2 milliard de dollars américains. Parallèlement, les importations de produits automobiles en provenance de pays de l’extérieur de l’Amérique du Nord pourraient augmenter, ce qui entraînerait une baisse de la production automobile canadienne de 1,7 %.
Par ailleurs, une analyse de l'impact de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique menée par l'Institut C.D. Howe et publiée avant même que le gouvernement ne découvre ce fait indique que « le PIB réel du Canada devrait diminuer de 0,4 % et le bien-être économique, chuter de plus de 10 milliards de dollars américains ».
Le gouvernement a fait trop de promesses qu'il n'a pas tenues, pour dire les choses poliment. Il va sans dire que cela a donné aux travailleurs de ma communauté toutes les raisons de douter de la sincérité du gouvernement. Les libéraux disent qu'il faut leur faire confiance, qu'ils sont en train de conclure un bon accord commercial et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter pour ce qui est de la reddition de comptes et de la transparence, mais quand ils reviennent ensuite avec un accord commercial considérablement affaibli, les travailleurs de ma communauté en concluent que la parole du gouvernement ne vaut absolument rien. Pourquoi feraient-ils confiance aux libéraux?
De toute évidence, nous devons faire en sorte que les producteurs canadiens aient accès au troisième plus gros acheteur de produits canadiens. Cependant, le gouvernement a vraiment le don d'inspirer la peur plutôt que la confiance chez ceux qui sont directement concernés par ses décisions. Une fois de plus, le gouvernement n'a pas réussi à donner confiance aux gens de ma collectivité et, par-dessus le marché, le s'est aliéné à nouveau l'un de nos plus proches alliés.
En mars 2019, après des mois de négociations alors que, selon les rapports, un accord était sur le point d'être conclu avec le Royaume-Uni, le gouvernement s'est retiré des négociations. Il aurait été préférable de poursuivre les négociations, voire de faire une courte pause, plutôt que d'attendre plus d'un an avant de renouer le dialogue avec le Royaume-Uni. En attendant si longtemps, le gouvernement a lié les mains des producteurs canadiens parce que ceux-ci ne savent pas à quoi ressemblera le futur accord commercial.
Sous le gouvernement conservateur précédent, les producteurs canadiens avaient la certitude que leur gouvernement collaborerait avec eux en plus de les consulter. La preuve en est la signature d'accords avec 51 pays quand nous étions au pouvoir, alors qu'il n'y en avait que cinq avant les élections de 2006. Les producteurs et les travailleurs canadiens étaient sûrs qu'en ce qui concerne l'accès à de nouveaux marchés internationaux, le gouvernement conservateur serait présent à chaque étape, prenant appui sur la force et l'influence du Canada pour saisir toutes les occasions de prospérer et de réussir.
Dans une économie mondiale concurrentielle, il est essentiel de pouvoir compter sur un gouvernement qui met tout en œuvre pour ouvrir la voie vers de nouveaux marchés afin d'aider nos entreprises du secteur privé à demeurer concurrentielles et à créer des emplois chez nous. Alors que le gouvernement conservateur précédent faisait deux pas en avant, le gouvernement libéral actuel semble en faire trois en arrière. Aujourd'hui, nous débattons d'un accord qui a fait l'objet de très peu de consultations auprès des intervenants, alors que le gouvernement avait promis de ne pas recommencer après avoir fait adopter à la hâte l'Accord Canada-États-Unis-Mexique.
Parce que le gouvernement a choisi de laisser filer le temps pendant plus d'une année au lieu de négocier une entente, nous nous retrouvons encore à débattre d'un accord qui n'a pas été soumis à des consultations auprès de l'industrie et des travailleurs, et qui n'offre toujours pas aux producteurs la confiance à laquelle ils aspirent dans la période post-Brexit.
Cependant, soyons honnêtes. La consultation n'a jamais été le point fort du gouvernement. Je pense à la première fois où le gouvernement s'est retiré de la table de négociation en mars 2019. Même si le gouvernement essaie de se justifier, la bombe qu'il a larguée sur les producteurs canadiens est injustifiable. D'ailleurs, à la suite de ce retrait des négociations, l'Association canadienne des importateurs et exportateurs Inc. a déclaré qu'elle n'avait aucunement été consultée au sujet de la décision. Comment un gouvernement peut-il être si incompétent et paresseux qu'il ne pense même pas à consulter un intervenant aussi important?
Les producteurs s'attendaient à ce que leur gouvernement cesse de négocier lorsqu'un accord aurait été conclu. Au lieu de cela, la décision soudaine du gouvernement les a pris de court. L'absence d'une clause de caducité dans l'accord est peut-être tout aussi inquiétante. Bien que l'accord prévoie la conclusion d'un nouvel accord permanent d'ici la fin de l'année, comment les Canadiens peuvent-ils faire confiance au gouvernement lorsque les libéraux ne cessent de faillir à la tâche dans le domaine du commerce? Vont-ils attendre plus d'un an avant de renouer le dialogue? Sommes-nous censés simplement accepter qu'il s'agisse d'un nouvel accord commercial permanent?
Comment la population et les producteurs sont-ils censés croire que le gouvernement travaille pour eux — après tout, il leur a dit et redit pendant des années que l'accord entre le Canada et le Royaume-Uni avançait — alors que le Canada s'est finalement retiré des négociations et qu'il les a reprises un an plus tard, lorsqu'il était déjà trop tard? Le gouvernement a procrastiné. Au lieu de prendre une longueur d'avance, il n'a fait que tergiverser. Au lieu d'étudier un projet de loi qui ferait entrer les relations entre le Canada et le Royaume-Uni dans une nouvelle ère, nous devons discuter d'un accord provisoire qui ne fait que remettre les choses à plus tard. Les producteurs canadiens doivent avoir accès aux marchés, mais ils ont aussi besoin de certitude. L'entente dont nous sommes saisis leur donne accès à ces marchés, mais ne leur offre aucune certitude.
Le met encore une fois du sable dans l'engrenage, ce qui explique bien pourquoi les grands dirigeants étrangers et les alliés stratégiques du Canada ont une piètre idée de ses aptitudes. En novembre dernier, c'est-à-dire il y a quelques mois à peine, il a déclaré que le Royaume-Uni n'avait pas la capacité d'achever l'entente. Or, entre le moment où son gouvernement s'est retiré des négociations, en mars 2019, et la date de sa déclaration peu avisée, le Royaume-Uni a conclu des accords commerciaux avec plus d'une dizaine de pays, dont un avec le Japon 17 jours avant la regrettable déclaration du premier ministre. Voici un autre exemple qui prouve que le premier ministre s'aliène les alliés commerciaux du Canada. S'il ne fait pas attention, lui qui est censé représenter notre merveilleux pays, il s'attirera publiquement les critiques d'un autre grand dirigeant.
L'ancien premier ministre de l'Australie, Malcolm Turnbull, a fait tomber le masque de respectabilité du . En effet, il l'a critiqué en qualifiant son comportement de bizarre lorsqu'il a humilié les autres chefs d'État durant les pourparlers du Partenariat transpacifique et porté plus d'attention à ses chaussettes excentriques qu'à la conclusion d'un accord commercial. En fait, Turnbull a déclaré que les autres dirigeants qui négociaient le Partenariat transpacifique étaient prêts à laisser tomber le Canada...