:
Madame la Présidente, c'est avec plaisir que j'ajoute aujourd'hui à ce qui a déjà été dit au sujet du projet de loi .
Je souhaite conclure mes observations en revenant sur un point que j'ai abordé avant la période des questions. Il est essentiel de présenter une stratégie cohérente visant à ramener des emplois au Canada, et cette responsabilité revient au gouvernement libéral.
Il y a maintenant 12 mois, donc un an, que l'Organisation mondiale de la santé a déclaré l'état de pandémie. Depuis, le Canada a connu des périodes de confinement et des restrictions qui ont complètement chamboulé le quotidien des Canadiens, parfois d'une manière très négative, comme l'ont expliqué des députés des divers partis qui ont parlé à la Chambre de l'expérience de leurs concitoyens.
Nous avons pu travailler ensemble à la Chambre des communes, mais tous les partis pressent de plus en plus le gouvernement de présenter un plan pour l'emploi. Alors que nous soulignons le premier anniversaire de cette crise, l'étude du projet de loi aurait été une bonne occasion de présenter un plan.
Tout ce que nous avons entendu cette semaine, c'est une annonce, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, de la création d'un groupe de travail composé de 18 femmes — ce qui semble formidable — pour conseiller le gouvernement sur la façon d'aider les femmes à composer avec les effets du ralentissement économique. Nous savons évidemment que les femmes sont touchées de façon démesurée par la crise. D'ailleurs, plus de 100 000 femmes ont complètement quitté le marché du travail parce qu'il n'y a plus d'emplois pour elles.
En ce qui concerne les immigrants, 4 % des résidents permanents ont quitté le Canada. Habituellement, nous connaissons une hausse annuelle de 3 %, mais 4 % ont quitté le pays cette année parce qu'il n'y a plus de débouchés pour eux non plus.
Nous savons que les jeunes, les nouveaux arrivants et les femmes sont tous touchés. Les plus vulnérables le sont devenus encore davantage dans le contexte économique actuel. J'exhorte le gouvernement libéral à adopter une stratégie cohérente pour récupérer des emplois.
Cet aspect a un rapport direct avec le projet de loi étant donné la date d'échéance qu'il prévoit. La prolongation des versements de la Prestation canadienne de relance économique et de l'assurance-emploi prendra fin le 25 septembre. C'est dans un peu plus de six mois. Que se passera-t-il par la suite? Y aura-t-il une stratégie transitoire? Le gouvernement libéral s'attend-il à ce que des millions d'emplois reviennent miraculeusement?
Nous savons que plus de 800 000 emplois ont déjà complètement disparu. Selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, jusqu'à 220 000 petites entreprises pourraient disparaître à cause de la pandémie, ce qui entraînerait la perte de 3 millions d'emplois.
Le gouvernement libéral doit présenter un plan pour les Canadiens — c'est extrêmement important. Il pourrait avoir recours aux 100 milliards de dollars qu'il a annoncés à l'automne pour financer la relance, ce qui est très bien. Toutefois, il n'est pas seulement question d'argent. Il faut une stratégie digne de ce nom afin de tirer parti des 20 millions de Canadiens qui composent notre main-d'œuvre nationale, notamment en permettant le retour au travail. Ainsi, toutes les industries et l'économie de notre pays fonctionneront à nouveau. C'est ce que j'aimerais voir se réaliser.
J'espère que le gouvernement libéral a entendu ces appels et qu'il présentera une stratégie pour redonner de l'espoir aux Canadiens. Ils ont vraiment besoin d'un tel plan et d'une dose d'espoir.
:
Madame la Présidente, malheureusement, des travailleuses et des travailleurs partout au Québec et au Canada retiennent leur souffle à savoir si la Chambre adoptera le projet de loi qui est devant nous.
Ces personnes retiennent leur souffle parce qu'elles attendent avec impatience de savoir si elles recevront des prestations d'assurance-emploi. Le nombre de semaines auxquelles elles avaient droit est épuisé et les téléphones sonnent partout pour savoir ce que demain leur réserve.
Le projet de loi C-24 donne la réponse en prolongeant à 50 semaines la période des prestations ordinaires d'assurance-emploi. Par ailleurs, le projet de loi corrigerait une chose que nous, au Bloc québécois, avons demandé de corriger depuis le mois de décembre, par le moyen d'une exemption, l'octroi de ce qu'on appelle « les 1 000 $ » ou la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique dans le contexte d'un voyage non essentiel. Voilà l'essence du projet de loi.
Encore une fois, ce que nous pouvons déplorer, c'est à quel point depuis le début de la crise, nous devons nous retrouver à la Chambre en toute urgence, à toute vitesse, pour adopter des projets de loi qui font pourtant toute une différence pour les travailleuses et les travailleurs qui retiennent leur souffle.
Certains s'en souviendront peut-être, je suis intervenue à la Chambre le 26 septembre 2020, au retour de la Chambre, après sa prorogation, alors que pendant des semaines on nous demandait en toute urgence d'adopter le projet de loi . Le projet de loi C-2 visait à mettre en place des modalités assouplies de l'assurance-emploi et les trois nouvelles prestations que l'on connaît: la Prestation canadienne de la relance économique, la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique et la Prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants.
En septembre, j'avais commencé mon allocution en disant ceci:
Parfois, on dit « mieux vaut tard que jamais ». Ici, cependant, ce n'est pas le cas puisque, dans le cas du projet de loi qui est devant nous, il est minuit passé. En effet, les trois prestations de soutien économique contenues dans ce projet de loi, qui touchent des milliers de travailleuses et de travailleurs et qui ont été annoncées par le gouvernement le 20 août dernier, ne sont toujours pas en place aujourd'hui, alors que la PCU a pris fin hier.
Voilà la situation dans laquelle on se retrouve et que je déplore. Cela m'indigne profondément.
Avec le projet de loi C-24, on se retrouve dans la même situation. On a du temps, on aurait eu du temps pour réfléchir et penser aux meilleures mesures à mettre en place en ce qui concerne l'assurance-emploi, ce vaste programme, qui feront en sorte que les travailleuses, les travailleurs, les personnes malades et les personnes en congé de maternité n'auront pas à se demander ce qui leur arrivera le lendemain matin. On repousse de mois en mois, par des mesures qui sont toujours temporaires, les mesures permanentes, structurantes et porteuses qui donneront une vraie réalité du travail aux personnes concernées.
Je suis indignée. Mes collègues me connaissent et sont peut-être tannés de m'entendre, mais je n'ai pas fini. Depuis le début de mes travaux à la Chambre, je dois avoir prononcé 200 fois le terme « assurance-emploi ». Je me disais que j'allais peut-être changer pour « assurance-chômage » et que ce terme résonnerait peut-être chez les gens.
J'ai dit très souvent que nous devions être ouverts à légiférer pour régler, une fois pour toutes, la question de l'augmentation permanente des prestations de maladie à 50 semaines.
Je suis au front depuis le début, et c'est pour une raison. J'avais la ferme conviction que ce gouvernement, devant cette crise à laquelle notre grand régime d'assurance-emploi ne répond pas, saisirait l'occasion. Il aurait pu saisir l'occasion de réformer le régime plutôt que de voir cela comme une menace et d'agir à la pièce. Le gouvernement avait ce mandat.
La pandémie a le dos large: on nous dit qu'il faut gérer la crise. C'est ce qu'on nous répond quand nous soutenons qu'il faut accorder une hausse substantielle de la pension de la Sécurité de la vieillesse. On n'a jamais mis en place de mesure permanente en haussant de façon définitive et structurante la pension. Ce sont plutôt des mesures temporaires qui sont mises en place. C'est la même chose en ce qui concerne le transfert canadien en santé.
Pourtant, ce même gouvernement avait comme mandat, en 2015, de revoir le régime. On lui a déjà remis maints rapports et maintes pistes de solution pour qu'enfin ce régime puisse répondre à la réalité du travail que nous connaissons et, surtout, au fait que de plus en plus de personnes s'en trouvent exclues.
Ce n'est pas acceptable pour un programme qui se dit social et qui veut protéger les travailleuses et les travailleurs. Le gouvernement avait ce mandat.
Le ministre a retrouvé ce mandat un peu plus tard, après le discours du Trône. On nous dit qu'on y travaille, mais nous savons que le projet de loi qui est actuellement devant nous est une autre mesure temporaire qui va prendre fin le 25 septembre 2021, si je ne me trompe pas. Nous sommes en mars. Il reste donc six mois.
Quelle est la vision du gouvernement au-delà du 25 septembre 2021? Est-ce que, dans ses calculs, le gouvernement croit que le marché du travail aura repris son souffle et que le statu quo de l'assurance-emploi, tel qu'on la connaît, répondra aux besoins?
Il devrait tout de suite se dire que la réponse est non, parce que le régime ne répond pas. Le régime ne répond pas parce que ses règles de base doivent être clairement modifiées. Ce sont des règles basées sur le nombre d'heures.
J'ai donné des exemples à la Chambre, lundi dernier. Avec le régime que l'on connaît, des femmes occupant des emplois de plus en plus atypiques, à temps partiel, peinent à se qualifier à l'assurance-emploi. Les femmes qui prennent des congés de maternité ou des congés parentaux épuisent leur nombre de semaines et ne peuvent pas se qualifier à l'assurance-emploi. Si elles perdent leur emploi, les prestations régulières leur sont refusées. Cette lacune doit être corrigée.
Des travailleurs de l'industrie saisonnière, entre deux périodes d'emploi, doivent souffrir de perte de revenu et se retrouver sans chèque de l'assurance-emploi, parce qu'il y a des périodes de trou noir. C'est également une chose à laquelle nous devons mettre un point final. Aucun travailleur ne devrait avoir à vivre cela.
Au même titre que ceux et celles qui sont malades, qui souffrent ou qui ont des blessures ne peuvent plus se contenter de 15 semaines, ils ne peuvent pas se contenter non plus de mesures temporaires. Il doit y avoir un vrai régime qui leur assure 50 semaines d'assurance-emploi.
C'est cela, le travail du Bloc québécois. C'est un travail qui donne de la vision, qui se veut porteur et qui prend en compte la réalité du monde que nous représentons.
Au Québec et au Canada, la force vive de notre marché de l'emploi, ce sont les travailleuses et les travailleurs. On voit, dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans d'autres secteurs, à quel point tous ces gens sont essentiels. S'ils sont essentiels, c'est parce qu'ils contribuent à notre force économique, à notre force sociale et à notre force du travail. Il doit y avoir un équilibre, et nous avons besoin de changements permanents. Je ne le dirai jamais assez.
Nous nous prononcerons en faveur du projet de loi , parce que, comme je l'ai dit lundi, nous n'avons pas le choix. Avons-nous d'autres choix?
Si nous ne le faisons pas, des travailleuses et des travailleurs se retrouveront sans revenus demain matin. D'ailleurs, nous avons reçu plein d'appels, des communiqués de presse et des communications à notre bureau pour nous dire à quel point ces mesures-là sont encore bien nécessaires.
C'est pour cette raison que nous allons voter en faveur du projet de loi C-24. Ce n'est pas parce que la façon dont le gouvernement nous contraint nous convient. Au contraire, je pense que le gouvernement peut agir différemment, et qu'il doit agir différemment. Il a tout en main pour nous présenter une vision qui sera beaucoup plus permanente et structurante dans l'avenir. J'interpelle le gouvernement et je l'exhorte à le faire, alors qu'il en aura l'occasion très prochainement avec le prochain budget.
Il y a aussi le projet de loi , très porteur, de ma collègue du Bloc québécois qui vise à faire passer de 15 à 50 semaines les prestations de maladie de l'assurance-emploi. Là encore, le gouvernement aurait pu agir, car il en était question lors de la dernière campagne électorale. Celle-ci a donné lieu à beaucoup d'engagements, de promesses et de lettres de mandat, mais rien n'a été fait, car la pandémie de la COVID-19 est survenue et il fallait agir. Or, agir durant une pandémie ne veut pas dire se figer dans le temps, mais penser à ce que demain devrait être et proposer des mesures beaucoup plus structurantes. C'est à cela que le monde s'attend.
C'est pour cela que je travaille avec acharnement et avec détermination pour m'assurer que plus personne ne sera laissé pour compte et, surtout, pour m'assurer que l'on n'aura pas à revivre ces épisodes dans notre travail législatif si important durant lesquels on doit rapidement donner notre aval à un projet de loi du gouvernement pour répondre à des besoins et des objectifs. Nous déplorons la démarche retenue.
Cependant, nous sommes d'accord sur le projet de loi, parce que jamais nous ne laisserons pour compte des milliers de travailleuses et de travailleurs qui, dès demain matin, seront sans revenus et n'auront plus de prestations d'assurance-emploi pour continuer durant cette crise.
:
Madame la Présidente, je suis content de prendre déjà la parole à l'étape de la troisième lecture de ce projet de loi, puisque le NPD est conscient de l'importance de mettre ces mesures en place pour soutenir les gens dont les prestations régulières d'assurance-emploi achèvent et qui, vu le contexte économique difficile, ont besoin d'une prolongation de leurs prestations. Les néo-démocrates sont très heureux d'appuyer cette mesure et de collaborer à l'adoption rapide du projet de loi.
Cela dit, les néo-démocrates déplorent l'absence de certaines mesures dans ce projet de loi. Le problème ne tient pas seulement au fait que l'on rate l'occasion d'effectuer des progrès réclamés depuis longtemps, notamment au chapitre des prestations de maladie de l'assurance-emploi. Il tient aussi au fait que bien des gens sont en situation de crise actuellement en raison de la pandémie. Les prestations de maladie de l'assurance-emploi ont certainement un rôle à jouer, car, pour beaucoup de gens aux prises avec une longue maladie, comme un cancer, le traitement médical est plus long que la normale en raison des retards causés par la COVID-19 dans les services médicaux.
C'est aussi le cas pour les personnes qui souffrent d'une nouvelle affection, la longue COVID. Même après une période initiale très intense de la maladie, ces personnes ressentent des symptômes graves, récurrents et chroniques, comme la fatigue ou l'essoufflement. Ces personnes sont laissées pour compte parce que le Canada n'a toujours pas reconnu la COVID longue comme une maladie. D'autres pays ont fait preuve de leadership en mettant sur pied des cliniques spécialisées et en s'apprêtant à mener des travaux de recherche sur ce mal émergent. Malheureusement, le Canada ne fait pas partie de ces pays.
Cela signifie que les assureurs privés au pays sont en mesure de décréter que ces personnes ne souffrent pas d'une maladie reconnue et de les priver de leurs prestations. Cela signifie aussi que ces personnes n'ont pas accès aux prestations versées par l'État.
Les personnes atteintes de la longue COVID ne savent quand se manifesteront les symptômes, lesquels sont parfois très récurrents et parfois moins fréquents. L'apparition des symptômes est sporadique, de sorte que les personnes ne peuvent pas chercher un emploi, car elles ne peuvent pas affirmer de bonne foi à un employeur qu'elles seront en mesure de se présenter régulièrement au travail. Or, pour toucher la Prestation canadienne de relance économique, il faut chercher activement un emploi.
C'est comme cela que des lacunes se développent. C'est pourquoi le NPD a jugé que c'était important dès les premiers jours de la pandémie et que nous avons réclamé une approche plus universelle, qui couvrirait tous ces cas de figure, non pas parce que nous les avions tous cernés, mais parce que nous savions que des défis et des situations uniques, qui sont impossibles à prédire, allaient se présenter. C'est pourquoi il serait préférable d'adopter une stratégie globale en matière de soutien du revenu, qui tiendrait compte des personnes âgées, par exemple, qui n'ont pas perdu leur emploi à cause de la COVID, mais qui doivent composer avec des coûts supplémentaires en raison de la pandémie. Il en va de même pour les personnes handicapées et pour d'autres groupes, notamment les étudiants.
Voilà pourquoi les néo-démocrates préconisent une approche universelle. Le gouvernement libéral a très consciemment décidé de ne pas appuyer cette idée. Nous nous soucions depuis longtemps des personnes qui sont laissées pour compte et nous avons déployé énormément d'efforts pour trouver des solutions qui peuvent les aider, mais le projet de loi ne tient tout simplement pas assez compte de ces solutions. Qui en souffrira? Ce sont ces personnes qui en souffriront.
J'ai entendu le gouvernement affirmer à quel point il est important que le projet de loi dont nous sommes saisis soit adopté, et nous sommes tout à faire d'accord. Je pense qu'il est juste de dire que presque toutes les interventions que les députés ministériels ont faites à l'étape de la troisième lecture aujourd'hui dénonçaient les tactiques procédurales des conservateurs pour retarder un certain nombre de projets de loi à la Chambre, disant qu'ils ne devraient vraiment pas agir ainsi avec le projet de loi , car il est impératif que nous l'adoptions.
C'était la même chose, hier, lors de la réunion du comité. J'ai proposé un amendement bien simple, et on nous a servi les mêmes discours sur les retards et sur l'importance de faire le travail, même s'il n'y avait pas vraiment de désaccord, et c'est encore le cas avec le projet de loi à l'étude. Tous les partis ont travaillé pour que ce projet de loi avance très rapidement.
La vérité, c'est que nous n'en sommes qu'au sixième jour de séance depuis la première lecture du projet de loi. Il est rare que, au Parlement, il soit assuré qu'un projet de loi sera adopté, mais soyons clairs, ce projet de loi sera assurément adopté, et avec raison. J'en suis bien content.
J'espère que toutes les interventions concernant les retards dans l'adoption du projet de loi ne sont pas faites de mauvaise foi. Assurément, elles sont mal avisées. J'essaie de respecter le décorum parlementaire, malgré le caractère de la situation que je veux décrire.
Ce que je veux dire, c'est que j'ai entendu les libéraux dire très clairement qu'ils s'inquiètent de la situation des gens qui reçoivent des prestations régulières d'assurance-emploi qui prendront fin à la fin du mois. Nous en sommes également préoccupés. Cependant, ce que je demanderais au gouvernement, c'est de nous dire ce qui arrive des gens dont les prestations de maladie de l'assurance-emploi sont déjà arrivées à terme. Ces gens vivent déjà la situation que les libéraux nous implorent d'empêcher dans le cas des personnes qui reçoivent des prestations régulières d'assurance-emploi. En plus de vivre cette situation, ces gens souffrent également de diverses maladies graves.
Nous croyons sincèrement que c'est important et nous espérons depuis quelque temps que la situation puisse être corrigée, parce que le gouvernement n'a pas présenté le projet de loi dès la rentrée en janvier. Nous savions notamment qu'il y avait un problème quant au fait que des gens demandaient la prestation de maladie pour s'isoler après un voyage non essentiel. Tous les partis ont convenu que cela ne faisait pas partie des utilisations appropriées de la prestation. Ce problème n'avait pas été relevé au moment de la négociation et de la création de la prestation.
Nous espérions que ce retard signifiait que le gouvernement allait s'attaquer à d'autres problèmes très urgents liés à la pandémie au moyen de solutions simples, comme la prolongation à 50 semaines des prestations de maladie de l'assurance-emploi. En effet, la Chambre avait déjà appuyé cette mesure, d'abord lors d'un vote majoritaire en faveur d'une motion de la journée de l'opposition du Bloc québécois, puis par consentement unanime. La Chambre a donné son consentement unanime à l'égard de cette motion. En somme, cela fait deux fois que la Chambre réclame la prolongation de ces prestations. Le gouvernement s'y est opposé une première fois, puis a fini par l'accepter.
Je ne sais pas ce qu'il faudrait faire de plus pour obtenir la prolongation des prestations de maladie de l'assurance-emploi. Nous avons manifestement obtenu l'unanimité de la Chambre à ce sujet. Un projet de loi visant à réformer la Loi sur l'assurance-emploi a été présenté. Il ne nous reste plus qu'à procéder à une modification législative très simple pour mettre le processus en branle.
Les libéraux pourraient proposer une date d'entrée en vigueur qui leur fournisse un délai raisonnable. Le Parlement ayant déjà pris l'engagement de faire adopter ce projet de loi, il ne nous reste plus qu'à fixer une date de mise en application.
Il faut se mettre à l'œuvre dans ce dossier. Franchement, il est tout simplement inacceptable qu'un grand nombre de Canadiens malades, dont certains depuis des années, doivent défendre cette cause tout en continuant à composer avec la maladie, mais aussi devenir des militants politiques pour obtenir une mesure qui fait apparemment l'objet d'un vaste consensus. C'est cruel. Hier, nous avions l'occasion de faire quelque chose à ce sujet.
Nous savons que seul le gouvernement peut présenter des projets de loi et des propositions qui exigent des dépenses publiques; pourtant, des députés le font. Les députés du Bloc québécois ont insisté pour nous rappeler à tous qu'ils ont élaboré un projet de loi d'initiative parlementaire visant à porter à 50 semaines la période de versement des prestations de maladie au titre de l'assurance-emploi. Ils devront également tenir compte du fait que leur projet de loi devra être accompagné d'une recommandation royale pour faire l'objet d'un vote à l'étape de la troisième lecture.
J'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire visant à faire passer la période de versement des prestations de maladie à 50 semaines. Je sais que, si le projet de loi franchit les étapes du long processus au cours d'une législature, ce qui serait merveilleux et j'espère que cela arrivera, il devra également faire l'objet d'une recommandation royale. À ce moment-là, je ferai tout mon possible pour trouver un moyen d'obtenir cette recommandation ou de la contourner.
Je trouve ridicule que des traditions de longue date, qui remontent à l'époque où nous étions dirigés par un monarque choisi en vertu d'un droit héréditaire, puissent empêcher des représentants démocratiquement élus de faire ce qui s'impose dans le dossier des prestations de maladie de l'assurance-emploi. À mon avis, c'est ridicule. Dans d'autres forums, j'ai exprimé franchement ma frustration face au fait que certaines de nos longues traditions, que ce soit la prorogation ou la dissolution du Parlement ou la recommandation royale, nuisent au processus décisionnel démocratique. J'ajouterais aussi le Sénat à la liste.
Il arrive souvent au Canada que la volonté démocratique des Canadiens, qui se manifeste par l'entremise des parlementaires, des députés, soit contrecarrée par certaines de ces traditions. J'aime un grand nombre des traditions à la Chambre. Je crois au Parlement. Toutefois, je ne crois pas que cela signifie que nous devrions nous autocensurer et éviter de remettre en question ces traditions quand elles nous empêchent de faire ce qui est dans l'intérêt des Canadiens.
Je ne m'excuserai pas d'avoir soulevé ce point au gouvernement. Je ne m'excuserai pas d'être prêt à remettre en question ces traditions et à tenter de saisir toutes les occasions possibles pour adopter de bonnes mesures, comme faire passer à 50 semaines la période de versement des prestations de maladie de l'assurance-emploi, qui, je le sais, est un objectif auquel adhèrent beaucoup de députés, tous partis confondus. C'est ce que je continuerai à faire, et je tenterai de trouver de nouvelles façons créatives de procéder au lieu de simplement suivre les processus qui, jusqu'à maintenant, n'ont pas fonctionné. Selon moi, il s'agit d'une occasion ratée. Je suis heureux pour toutes les personnes qui reçoivent des prestations régulières d'assurance-emploi, et nous continuerons à travailler dans un esprit de collaboration pour protéger leurs intérêts et les finances de leur ménage. Or, je ne passerai pas sous silence l'occasion incroyable que nous avons ratée lors du présent débat au chapitre des prestations de maladie de l'assurance-emploi.
Je m'en voudrais aussi de ne pas mentionner un élément dont j'ai parlé dans mon dernier discours. Cela vaut la peine d'être répété. Le gouvernement a mis du temps à présenter ce projet de loi. Nous savions depuis longtemps que beaucoup de gens avaient des difficultés financières avant la pandémie. Ces gens ont fini par faire une demande de PCU. Dans certains cas, on leur a dit de le faire. Nombre de programmes provinciaux d'aide sociale exigent que les prestataires demandent toutes les autres prestations d'aide au revenu auxquels ils sont admissibles.
Aucune demande de PCU n'a été refusée, et ce, pour de très bonnes raisons, notamment parce qu'il fallait que l'argent soit versé rapidement. Cela signifie toutefois que des prestataires de l'aide sociale se sont fait dire par leur gouvernement provincial de faire une demande de PCU, et que leur demande a été acceptée. Maintenant, on leur dit de rembourser. Pourtant, pendant qu'ils recevaient la PCU, ils ne recevaient pas leurs prestations d'aide sociale. Où sont-ils censés trouver cet argent?
Ce n'est rien de nouveau. Nous savions depuis longtemps que la situation allait devenir problématique. Campagne 2000 réclame une exemption depuis l'été dernier. Ce n'est donc pas une surprise. Le gouvernement ne peut prétendre qu'il n'avait pas vu cela venir, car cela voudrait dire qu'il n'était pas attentif alors qu'il aurait dû l'être. Le projet de loi dont nous sommes saisis aurait pu inclure des dispositions pour répondre à ce besoin pressant. J'ai trouvé très frustrant d'entendre la ministre responsable affirmer que le projet de loi se limite à ce qui est urgent.
Des Canadiens malades se heurtent à problème urgent parce qu'ils ont besoin d'une prestation pour pouvoir conserver leur logis tandis qu'ils composent avec leur maladie et avec la pandémie et que leurs prestations leur ont été retirées. S'il ne s'agit pas là d'une urgence, je ne vois pas ce qui pourrait l'être. C'est la situation difficile que vivent des Canadiens à faible revenu à qui le gouvernement provincial a dit qu'ils devaient faire une demande de PCU. C'est la situation des jeunes qui sont devenus autonomes à 18 ans après avoir vécu en famille d'accueil, à qui on a dit qu'ils devaient demander la PCU avant de demander de l'aide sociale et à qui on dit maintenant qu'ils doivent rembourser les prestations reçues alors qu'ils n'ont pas d'argent pour le faire. Ils se retrouvent avec une dette écrasante. Même s'ils n'ont pas à rembourser ces sommes avant la fin de l'année d'imposition en cours, cette menace qui plane au-dessus de leur tête ne les aide vraiment pas à commencer leur vie d'adulte du bon pied. Nous en sommes tous conscients. Seuls des gens qui sont riches depuis longtemps peuvent penser qu'une dette de 14 000 $ n'a aucune importance et peut être balayée du revers de la main.
Je sais que l'ancien ministre des Finances avait complètement oublié une facture de 40 000 $, mais la situation de la plupart des Canadiens est fort différente de la sienne. On parle d'une dette de 14 000 $, 16 000 $ ou 18 000 $ pour un jeune qui commence à peine sa vie d'adulte après avoir vécu en famille d'accueil, qui ne peut pas trouver d'emploi à cause de la pandémie, qui se demande à quoi ressemblera son avenir, et à qui l'Agence du revenu du Canada, qui a un statut plutôt sérieux au Canada, dit qu'il lui devra 14 000 $ ou 16 000 $ tant qu'il n'aura pas remboursé cette somme. Quand pourra-t-il le faire? Quand il réussira à trouver un premier emploi dans ce contexte économique difficile, peu importe quand cela se produira, il devra payer le loyer et l'épicerie. Son salaire ne pourra pas servir exclusivement à rembourser sa dette à l'Agence du revenu du Canada.
Je crois qu'on peut légitimement se demander si, en exigeant que les gens remboursent l'argent reçu, même quand ils en sont incapables, le gouvernement sert véritablement l'intérêt public. Que gagneront les Canadiens là-dedans? Vu le temps qu'il a fallu pour préparer ce projet de loi, qui est dans les cartons depuis janvier, et dans la mesure où il s'est écoulé énormément de temps depuis le début de la pandémie — y compris depuis que divers groupes ont commencé à dénoncer ce problème et à réclamer une amnistie et que la Prestation canadienne d'urgence a été prolongée pour la première fois, l'été dernier —, le gouvernement aurait eu de nombreuses occasions de s'organiser, de saisir le Parlement d'un plan cohérent et réalisable et d'évaluer l'ampleur du problème. J'ai demandé à la ministre hier si elle sait combien d'argent l'État récupérerait si tous les Canadiens à faible revenu qui auraient besoin d'une amnistie repayaient demain matin les prestations qu'ils ont reçues. De combien parle-t-on au juste?
Nous n'avons pas eu de réponse. J'espère que les libéraux nous en fourniront une — j'espère qu'ils la connaissent —, car personnellement, il me semble qu'à moins qu'il s'agisse d'une somme astronomique, nous ne devrions pas inquiéter tous ces gens qui se font un sang d'encre à cause de la précarité de leur situation financière. S'il s'agit d'un montant relativement petit, surtout par rapport à toutes les dépenses qui sont faites depuis le début de la pandémie, laissons tomber.
Je ne critique pas l'ampleur des dépenses — même si certains éléments me semblent douteux, comme l'argent qui a été mis de côté pour UNIS et qui n'a jamais apporté quoi que ce soit de concret ni aux étudiants ni aux Canadiens —, car en général, nous estimons qu'il était du devoir du gouvernement d'intervenir et de soutenir vigoureusement l'économie et la population.
Je parle plutôt des dépenses et du travail que le pays devra faire pour gérer ses finances à l'avenir. Nous ne devrions pas nous acharner sur ces personnes, car, dans certains cas, la situation échappait à leur volonté. Je ne pense pas qu'elles ont fait preuve de mauvaise foi. Ces personnes ont été contraintes par les gouvernements provinciaux de présenter une demande pour obtenir la prestation. Elles ne pouvaient tout simplement pas refuser, car elles n'auraient pas été admissibles à l'aide provinciale. Elles ne peuvent pas non plus sortir pour se trouver un emploi. Voilà pourquoi je demande: « Qu'auraient-elles dû faire? »
Ne pouvons-nous pas faire preuve de compassion à l'égard des personnes qui sont dans cette situation alors que nous sommes encore en pleine crise? Ne pouvons-nous pas éliminer leur dette au lieu de leur imposer un plan de remboursement échelonné sur 20 ans étant donné le faible revenu personnel dont elles disposent? Au lieu de rembourser cet argent à l'Agence canadienne du revenu, elles pourraient en conserver une partie pour leurs besoins personnels ou pour investir dans quelque chose qui améliore leur qualité de vie ou qui leur facilite la vie et leur permet d'avoir du bon temps. Après tout, elles font de gros efforts pour joindre les deux bouts. En rejetant l'idée d'une amnistie, nous enlèverions possiblement à des personnes parmi les plus vulnérables de notre société des éléments de soutien mineurs mais tangibles et importants.
Il ne faut pas l'oublier, car notre responsabilité n'est pas que financière. Nous traversons une période où les députés et le gouvernement doivent s'acquitter de la responsabilité morale qui incombe à la Chambre et réfléchir sérieusement aux intérêts à long terme des gens. Selon moi, si nous n'allons pas de l'avant avec ce genre de pardon, nous les laissons tomber.
Pour conclure, je dirai que, oui, il s'agit d'importantes réformes et que, oui, nous devions agir rapidement. Nous l'avons fait de bonne foi. Nous, au NPD, avons tenté de profiter de l'occasion pour insister sur d'autres questions importantes et connexes. Hélas, nous n'avons pas obtenu l'appui nécessaire de la part des autres députés pour arriver à nos fins. Nous nous tenons prêts à aider aussi rapidement que possible le gouvernement pour prolonger les prestations de maladie de l'assurance-emploi. Le seul obstacle que nous avons rencontré hier en comité, c'est la nécessité d'obtenir une recommandation royale. Le seul obstacle, c'est que nous n'avons pas l'adhésion du gouvernement. Si le gouvernement avait l'obligeance d'accepter d'aider des Canadiens malades, comme le souhaite la Chambre des communes, nous allons procéder comme pour le projet de loi afin de faire avancer les choses rapidement et sans tarder, pour que les gens qui ne reçoivent aucune aide au revenu puissent en obtenir une.
J'espère que certaines des préoccupations que nous avons pu soulever à la Chambre auront été entendues par le gouvernement et qu'on y répondra concrètement par des mesures législatives, notamment en ce qui a trait aux prestations de maladie de l'assurance-emploi. Si le gouvernement pouvait éviter aux gens d'avoir à rembourser la Prestation canadienne d'urgence, et ce, rapidement et sans avoir à adopter des mesures législatives, ce serait formidable. Nous y serions également favorables, mais s'il faut adopter des mesures législatives, nous espérons qu'elles viendront rapidement. Nous sommes déçus que cela ne soit pas déjà inclus dans le projet de loi à l'étude et que nous n'ayons pas pu inclure de telles mesures, mais assurons-nous quand même que le gouvernement ne décidera pas d'aider seulement certaines personnes à traverser cette crise, mais qu'il comblera véritablement les lacunes afin qu'on ne se retrouve pas avec d'innombrables personnes qui ne reçoivent pas l'aide dont elles ont besoin.