Que la Chambre s'ajourne maintenant.
— Madame la Présidente, je suis très fier d'être ici ce soir en tant que porte-parole du NPD pour la grande région de Timmins—Baie James. Je suis très touché d'ouvrir le débat sur l'avenir de l'Université Laurentienne.
Pour les gens de partout dans le Nord de l'Ontario, l'Université Laurentienne est un symbole qui a ouvert la porte à plusieurs générations de jeunes Franco-ontariens, d'Autochtones et de jeunes anglophones des petites villes du Nord de l'Ontario.
Il est important que le Parlement du Canada examine la crise de l'Université Laurentienne et mette en place une solution.
[Traduction]
Je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Les Canadiens se demandent peut-être pourquoi le Parlement du Canada débat de l'avenir d'une université située à Sudbury. Ce qui se passe là-bas en ce moment a des implications à l'échelle nationale. Le recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies pour démolir une institution publique est un problème qui doit se régler au niveau fédéral pour éviter que cela ne se reproduise. Si nous admettons ce précédent avec l'Université Laurentienne, il y a fort à parier que des premiers ministres comme Jason Kenney et d'autres personnes de droite utiliseront la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies pour s'en prendre à des institutions publiques.
Cette loi n'a pas été élaborée dans ce but et l'Université Laurentienne ne peut y avoir recours aujourd'hui. Un certain nombre de programmes d'une importance nationale de l'Univesité Laurentienne ont été attaqués et éviscérés. Voilà la question qui doit être débattue à la Chambre, et je remercie mes collègues de tous les partis de participer à ce débat.
Mon rapport avec l'Université Laurentienne est très émotif. Avant la trentaine, mon père n'avait jamais pu poursuivre des études postsecondaires. Il avait dû quitter l'école à 16 ans parce qu'il était fils de mineur. Les études postsecondaires, ce n'était pas fait pour lui. Ma mère, elle, a quitté l'école à 15 ans pour aller travailler.
À 35 ans, mon père a eu l'occasion de poursuivre des études postsecondaires grâce à la présence de l'Université Laurentienne. La présence de cette université dans le Nord lui a permis d'obtenir l'éducation dont il avait été privé, et il est devenu professeur d'économie. Voilà ce que l'Université Laurentienne lui a permis d'accomplir.
Hier, j'ai discuté avec une jeune mère seule qui n'avait jamais pu aller à l'école, car elle avait eu son enfant très jeune. Elle m'a téléphoné pour me dire qu'elle comptait aller à l'université l'an prochain, mais que maintenant elle ne savait plus ce qu'elle ferait. Doug Ford et ses copains ne pensent probablement pas que cela pose problème pour les gens de Kapuskasing ou de Hearst. Ils n'ont qu'à aller étudier à Toronto ou à Guelph. Eh bien, non, ils ne le peuvent pas.
L'Université Laurentienne leur offre cette possibilité. Elle a éliminé des obstacles pour tellement de gens dans une région qui souffre depuis des années d'un exode de ses jeunes. L'Université Laurentienne nous permettait d'endiguer cet exode. Cela fait 60 ans qu'elle bénéficie d'un investissement public. Je songe plus particulièrement à la communauté franco-ontarienne, qui a su bâtir une expertise et une capacité d'un niveau inégalé.
À propos de la communauté autochtone, l'université avait un mandat triculturel. Or, la décision du conseil des gouverneurs de s'attaquer aux services aux Autochtones dans le cadre de sa restructuration est une attaque contre la Commission de vérité et réconciliation.
En effet, l'appel à l'action no 16 indique ceci: « Nous demandons aux établissements d'enseignement postsecondaire de créer des programmes et des diplômes collégiaux et universitaires en langues autochtones. » Sans surprise, avec la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, cela n'existe plus. Les vastes programmes qui permettaient aux jeunes francophones de poursuivre des études importantes dans des domaines clés n'existent plus non plus.
Selon moi, le fédéral doit intervenir et négocier avec l'Université Laurentienne l'avenir de cette dernière. Dans cette optique, il faut, à mon avis, se débarrasser du président et du conseil des gouverneurs, qui ont rendu possible cet accord. Ce qui est prévu dans le plan qui en découle n'est pas une restructuration, mais un acte de vandalisme intellectuel sans précédent.
Ils ont éliminé le programme de génie dans le pays où on trouve les mines les plus profondes au monde. Ils ont éliminé le programme francophone de génie minier alors que la majorité des jeunes qui choisissent un métier dans les mines sont francophones et travaillent partout dans le monde. Ils ont éliminé tous ces programmes.
Ils ont choisi d'éliminer le programme de physique alors que nous disposons de l'Observatoire de neutrinos, qui est de calibre mondial et qui a remporté des prix dans le monde entier. Maintenant, les scientifiques viendront d'ailleurs, mais l'université locale ne fera plus partie des recherches. À quoi ont-ils bien pu penser?
[Français]
La décision de mettre fin au programme pour la formation des soins infirmiers dans une région dont la majorité de la population est francophone va à l'encontre du principe d'accès à des services équitables pour les communautés francophones.
[Traduction]
Nous devons examiner certains aspects essentiels pour comprendre pourquoi cette situation concerne l'échelon fédéral. La charge menée contre les programmes conçus pour les Autochtones des régions du Nord est une charge contre la réconciliation. Le gouvernement fédéral a une obligation à cet égard.
L'offensive contre les droits, les services, les programmes et la formation des francophones les prive de possibilités, et les conséquences se feront sentir pendant des décennies. En outre, il y aura un impact direct sur les droits des habitants des régions rurales de recevoir des services dans leur langue parce que les jeunes sont formés dans leur langue pour travailler dans ces communautés. J'attire votre attention sur la décision d'annuler le programme de formation des sages-femmes, pour lequel des gens se sont battus si fort.
Pour les habitants des régions rurales, ce programme était essentiel. Il est essentiel pour le Grand Nord, dans des communautés comme Attawapiskat, où les sages-femmes se rendaient pour leur travail.
Cela nous démontre que cette soi-disant restructuration ne tient absolument pas compte du mandat de cette université, c'est-à-dire d'offrir des possibilités et de l'éducation qui n'ont pas leur égal ailleurs en Amérique du Nord.
Quiconque n'a pas lu les documents déposés en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies devrait y jeter un œil, parce qu'ils pavent la voie vers la destruction de l'éducation et des services publics au Canada. Ce que nous avons entendu lundi est ni plus ni moins qu'une attaque scandaleuse contre l'éducation, les programmes et les possibilités. Ce n'est qu'une suite de coups de hache, mais ce qu'il y a présage de ce qui s'en vient: la possibilité pour le conseil d'administration, la bande de Doug Ford, de s'en prendre aux régimes de retraite et de les supprimer.
Ce n'est pas la première fois que nous, les gens du Nord de l'Ontario, voyons des attaques contre des régimes de retraite. Je me souviens lorsque Peggy Witte a détruit la mine Pamour et que les travailleurs se sont fait voler leur caisse de retraite. Je me souviens de la mine Kerr-Addison, l'une des plus riches de toute l'histoire du Canada, dont les coffres ont été complètement vidés par les créanciers. Il ne restait qu'une pile de factures impayées et les travailleurs ont été privés de leurs droits en vertu de leur régime de retraite. Est-ce ce qui est prévu pour l'éducation postsecondaire? Cela ne se produira pas. Pas tant que nous serons là.
L'Université Laurentienne a-t-elle commis des erreurs? Oui, absolument, mais cela reflète la crise qui touche plus largement l'enseignement postsecondaire, alors que les étudiants doivent débourser des sommes énormes pour avoir accès à l'université et terminent leurs études fortement endettés. De leur côté, des administrateurs d'université investissent dans la construction de nouveaux édifices et toutes sortes de gadgets dernier cri tout en refusant de donner aux professeurs leur permanence et une charge de travail adéquate.
Autre exemple, une université du Nord de l'Ontario a congédié tout un groupe de jeunes professeurs dévoués pour investir dans un programme de sports. On assiste, à l'Université Laurentienne et dans d'autres universités, à la création d'un nouveau groupe de travailleurs précaires, les professeurs et les employés universitaires. Après s'être lourdement endettés pendant leurs études, ils n'ont aucune chance d'avancer et aucune sécurité, et voient même désormais remis en question leur fonds de retraite.
J'invite tous les députés à reconnaître que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer. Nous devons modifier la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies afin qu'il n'y ait plus jamais de situation où une institution publique pourrait être démantelée et détruite tandis que les travailleurs de ce service public voient disparaître les droits et les protections entourant leur pension.
Ce n'est pas pour cela que la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies a été créée. Elle a été conçue pour les entreprises privées, notamment pour leur fournir une certaine sécurité pendant leur restructuration. Ce qui se produit à l'Université Laurentienne n'a rien d'une restructuration. Nous devons donc nous pencher sur la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.
Le gouvernement fédéral doit prendre un engagement à propos des services en français. Nous devons prendre la défense des programmes autochtones qui sont en train d'être éliminés. Nous devons reconnaître qu'il n'est pas question que le Nord de l'Ontario redevienne une région de troisième ordre, une région que les jeunes, qui sont notre plus grande richesse, doivent quitter année après année parce que nous n'avons pas les services dont ils ont besoin. Nous avons investi 60 ans dans ce service qu'est l'Université Laurentienne. Nous devons la protéger.
Je demande au de répondre à l'appel et de se présenter à la table avec un plan pour sauver l'Université Laurentienne.
:
Madame la Présidente, je vous remercie de me le préciser. J'étais prêt à poser une question à mon honorable collègue de , mais je vais prendre le relais à la suite de son discours vraiment impressionnant. Je vais aller dans le même sens que la question que je voulais lui poser.
Chaque année et à chaque élection, on voit le Parti libéral du Canada jouer du violon aux francophones hors Québec, leur dire à quel point ils sont merveilleux et importants et à quel point la diversité est importante. Il leur fait de beaux yeux et de beaux discours, mais que se passe-t-il par la suite? Essentiellement, on traîne les pieds et il ne se passe pas grand-chose. En fait, il ne se passe rien. Malheureusement, le drame qui se produit à l'Université Laurentienne en est un autre exemple.
Trop souvent dans notre histoire, le Parti libéral du Canada a utilisé la francophonie pour faire des slogans électoraux, pour faire de beaux discours. Il se sert d'elle comme d'un appui sur lequel on peut compter quand l'élection arrive pour avoir des votes, mais ce n'est pas sérieux, car on n'agit pas. Malheureusement, le drame qui se produit à l'Université Laurentienne en est un autre exemple. Je trouve extrêmement dommage qu'on se serve des francophones comme une espèce de tapis sur lequel on s'essuie les pieds pour obtenir des votes de manière un peu gratuite, alors qu'aucune mesure et aucune décision ne suivent.
Les compressions à l'Université Laurentienne sont dramatiques. Je veux simplement rappeler les paroles de la politologue Stéphanie Chouinard, qui enseigne au Collège militaire royal de Kingston et qui nous parle littéralement d'un bain de sang dans les programmes francophones.
Je pense que mon collègue de Timmins—Baie James a bien souligné à quel point l'Université Laurentienne était une référence, dans le Nord de l'Ontario. Il a bien exprimé à quel point elle était, pour les francophones entre autres, une ancre et une possibilité de continuer à étudier en français et à s'instruire tout en restant dans la région. Elle était la possibilité de rester dans le Nord de l'Ontario, de vivre et d'étudier en français sans être obligé d'aller à Ottawa ou même à Montréal.
Ce qu'on voit aujourd'hui est une hécatombe. C'est absolument épouvantable. On a un gouvernement fédéral qui, malheureusement, traîne les pieds et laisse tomber plus ou moins les 10 000 étudiants et étudiantes qui fréquentaient chaque année l'Université Laurentienne. Ce sont 110 professeurs qui sont mis à pied et qui perdent leur emploi. On ne peut pas passer cela sous silence, parce que, pour ces gens-là, c'est un choc. S'ils partent, ils ne reviendront peut-être pas dans la région. C'est absolument dramatique. C'est également 28 programmes en français qui disparaissent, qui sont rayés de la carte. Ce sont 28 programmes qui sont importants non seulement pour la vitalité économique de la région et pour la vitalité de la communauté francophone, mais également pour l'accès à un service public, à certains services et à des professionnels capables de faire le travail.
Voici 25 des 28 programmes qui sont abolis — il faut quand même les nommer — sont les suivants: droit et politique; éducation; étude de l'environnement; études françaises; génie chimique; génie mécanique; génie minier; géographie; histoire; théâtre; marketing; leadership; activités physiques de plein air; littérature et culture francophone; mathématiques; philosophie; planification financière; promotion de la santé; ressources humaines; sages-femmes; sciences du langage; sciences économiques; sciences infirmières; science politique; et zoologie. C'est cela qu'on voit disparaître sous nos yeux.
On a l'impression de revenir au temps des grandes batailles de l'Hôpital Montfort où il fallait vraiment dresser des barricades pour défendre les droits des francophones. On a l'impression qu'en ce moment, il y a non seulement un gouvernement conservateur en Ontario qui s'en fiche éperdument, mais qu'il y a aussi un gouvernement libéral qui traîne les pieds dans l'enjeu et qui surveille ce qui se passe.
On a un gouvernement conservateur en Ontario qui est prêt à bafouer les droits des francophones et à laisser tomber une université comme l'Université Laurentienne et la possibilité d'accès à des perfectionnements et à des cours vraiment utiles non seulement pour le Nord de l'Ontario, mais pour tout l'Ontario et l'ensemble de la francophonie canadienne. On a aussi un gouvernement fédéral qui, lui, est vraiment sur une espèce de piédestal dans sa tour d'ivoire en disant que, la francophonie, c'est merveilleux, c’est fantastique.
Quand vient le temps d'agir, regardons un peu ce qui se passe. La a envoyé une lettre à son homologue du gouvernement ontarien. Ce qui y est dit est tellement fort que cela me jette à terre. Il est écrit noir sur blanc que « le gouvernement du Canada demeure prêt à étudier la possibilité d’offrir de l’aide financière ». C'est du grand patinage artistique de la part des libéraux. Je leur dis bravo. Il faut le dire, ils demeurent prêts à « étudier la possibilité de ».
Pourquoi ne dit-on pas qu'il est absolument essentiel de conserver une éducation postsecondaire et universitaire avec un paquet de programmes cruciaux et fondamentaux dans le Nord de l'Ontario et qu'on fera tout pour être capable d'y parvenir?
Non, ce n'est pas la position du gouvernement libéral actuel, qui surveille la situation et qui est prêt — peut-être — à intervenir.
L'Université Laurentienne est le seul établissement du Nord de l'Ontario à offrir un programme pour les francophones, mais aussi un programme triculturel. On y retrouve des programmes en anglais, et c'est tout à fait normal. Toutefois, cette université offre aussi des programmes pour les peuples autochtones. Non seulement la situation qui prévaut touche la communauté francophone du Nord de l'Ontario, mais on vient peut-être également saper des programmes qui étaient offerts à l'Université Laurentienne en langues autochtones pour les communautés autochtones.
Comme le demande mon collègue de Timmins—Baie James, y aurait-il eu des problèmes de gestion, une mauvaise planification? Je ne le sais pas, mais cela est probable, étant donné qu'on en est arrivé là.
Une chose dont je suis absolument certain, toutefois, c'est qu'il s'est produit au fil des années un sous-financement chronique des universités et de l'éducation postsecondaire au Canada. Que ce soit sous un gouvernement conservateur ou sous un gouvernement libéral, nous assistons à une privatisation systématique de nos universités publiques, de leurs programmes et de leurs infrastructures, avec ce qui ressemble à des partenariats public-privé. Comme nous le disait récemment l'Association canadienne des professeures et professeurs d’université, c'est peut-être juste le premier signal, la première brique qui tombe, la première université qui s'enfarge, et on verra de plus en plus souvent des universités qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts.
Hier, au Comité permanent des langues officielles, nous avons reçu M. Doucet, de la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick. Ce dernier nous a dit que si les choses continuaient ainsi, nous assisterions inévitablement à des coupes dans les programmes en français de l'Université de Moncton.
On voit également ce qui se passe du côté du Campus Saint-Jean de l'Université de l'Alberta. C'est absolument épouvantable. Il n'y a pas un sou pour la continuité de l'enseignement dans ce campus si important pour la communauté francophone de l'Alberta.
On peut constater que les problèmes se multiplient, et je suis très fier et honoré que nous, au NPD, ayons demandé et obtenu un débat d'urgence à ce sujet, ce soir, à la Chambre des communes. En effet, nous avons l'impression que c'est un jeu de dominos où les francophones sont en train de perdre, coup après coup. L'Université Laurentienne est malheureusement peut-être simplement le premier exemple de cette situation.
Il y a cependant des solutions. La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada nous dit qu'il est possible pour le gouvernement fédéral d'agir et qu'il a même le devoir d'agir. Nous sommes tout à fait d'accord avec eux.
Il y a une autre chose sur laquelle nous sommes d'accord. L'Assemblée de la francophonie de l'Ontario propose une solution avec une certaine autonomisation d'une université française ou francophone pour Sudbury. Nous appuyons totalement cette démarche. J'ai d'ailleurs envoyé une lettre cette semaine à la ministre des Langues officielles pour l'inciter à regarder cette solution afin de conserver une capacité d'enseignement postsecondaire et universitaire en français dans le Nord de l'Ontario. Pour nous, au NPD, c'est une priorité absolue. Nous trouvons extrêmement dommage de ne pas avoir eu la possibilité, avec le gouvernement fédéral libéral actuel, de non seulement financer adéquatement les universités, mais de soutenir les francophones en situation minoritaire.
Puisque mon temps est écoulé, je ferai part de mes autres idées en répondant aux questions de mes collègues.
:
Madame la Présidente, je suis le député de Sudbury et je me trouve en ce moment à environ un kilomètre de l'Université Laurentienne.
L'Université Laurentienne est une institution phare de notre communauté et un moteur économique de grande importance, de même qu'un moteur culturel primordial. Comme on le sait, l'Université est même triculturelle.
Ma famille entretient une longue histoire avec l'Université Laurentienne. Je viens de Kapuskasing, mais, à mon époque, la Laurentienne pouvait offrir des cours sur le campus de l'Université de Hearst. Ma mère est diplômée de l'Université Laurentienne. Elle a fait ses cours à distance. Pendant neuf ans, elle a travaillé sur la table de la cuisine afin d'obtenir son diplôme en travail social, ce qu'elle a réussi à faire.
Mes enfants ont grandi en fréquentant la garderie Touche-à-Tout, qui est sur le campus de la Laurentienne. Ils ont appris à nager à la piscine de la Laurentienne. De plus, nous faisons du ski de fond en famille à la Laurentienne.
J'ai même enseigné quelques cours de fiscalité avancée à la faculté de commerce de la Laurentienne en remplacement d'un de mes collègues qui avait pris une année sabbatique. Mon épouse Lynne enseigne aux élèves de la Faculté de médecine à l'Université Laurentienne et à l'Université Lakehead. Elle enseigne à plusieurs élèves.
Ma famille a donc une relation très personnelle avec la Laurentienne. Je ne suis pas le seul dans cette situation; c'est le cas de toute notre communauté.
[Traduction]
Des liens étroits et forts unissent la ville de Sudbury et l'Université Laurentienne. On y trouve des professeurs exceptionnels comme Peter Beckett, qui étudie le domaine du reverdissement, ainsi qu'un institut international sur le reverdissement. Comme les députés de la Chambre le savent peut-être, l'environnement de Sudbury a subi les ravages de l'exploitation minière dans les années 1940, 1950 et 1960. Cependant, grâce à l'ingéniosité des professeurs et des étudiants d'une faculté de l'Université Laurentienne, on a pu procéder à un reverdissement et planter 14 millions d'arbres dans cette région seulement.
Je pense à John Gunn et au Centre pour la vitalité des lacs Vale, dont les travaux de recherche ont permis de remédier aux ravages causés à l'ensemble des lacs de la région. Il y a aussi d'autres chercheurs de calibre mondial qui mènent des travaux de recherche actuellement. Je pense notamment à David Pearson et à de nouveaux venus comme Nate Basiliko et Nadia Mykytczuk, pour n'en nommer que quelques-uns. Nous savons qu'il y a aussi d'excellents professeurs autochtones, ainsi que des étudiants qui apprennent les langues autochtones tout en suivant un programme d'études en travail social ou l'un des nombreux autres programmes très importants qui sont offerts à l'Université Laurentienne.
[Français]
Nous avons été choyés d'avoir des professeurs comme Gaétan Gervais, Robert Dickson et Fernand Dorais, et des diplômés comme Daniel Aubin. Le festival La Nuit sur l'étang, un de nos événements annuels phares depuis 1973, a été créé par un étudiant de la Laurentienne. De plus, le drapeau franco-ontarien vient de l'Université Laurentienne, à Sudbury. [Difficultés techniques] Gaétan Gervais et ses élèves.
J'ai eu l'honneur d'être président des Jeux de la francophonie canadienne en 2011, dont l'Université Laurentienne était l'hôte. Les gens de Sudbury entretiennent une histoire importante avec l'Université Laurentienne.
[Traduction]
Lorsque je suis devenu député de Sudbury, en 2015, l'un des premiers gestes que j'ai posés a été de joindre ceux qui administraient l'Université Laurentienne à l'époque pour les encourager à présenter une demande pour les subventions de recherche et d'immobilisations qu'on s'apprêtait à offrir. Au printemps 2016, nous avons annoncé la première des nombreuses subventions de recherche accordées à l'Université Laurentienne.
Le projet Metal Earth, un projet multisectoriel de 55 millions de dollars visant à moderniser la recherche sur les gisements de métaux, a été mené à l'Université Laurentienne en raison de l'excellence de ses professeurs. Peu après, nous avons annoncé un investissement de 27 millions de dollars dans un nouveau centre de recherche pour remplacer l'immeuble exigu vieux de 40 ans où les programmes scientifiques étaient offerts. Le Centre de recherche, d'innovation et de génie Cliff Fielding a ouvert ses portes trois ans plus tard, dans le respect des délais et à un coût inférieur à ce qui était prévu. On y trouve l'ensemble des installations de renommée internationale dont l'Université Laurentienne dispose pour réaliser ses travaux dans le domaine de l'exploitation minière et du génie.
Depuis, je suis retourné régulièrement à l'Université Laurentienne en vue d'annoncer plus de 10 millions de dollars en financement pour le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, le Conseil de recherches en sciences humaines et la Fondation canadienne pour l'innovation. Cet argent était destiné aux étudiants des cycles supérieurs et aux chercheurs de la Laurentienne. De plus, chaque année avant la pandémie, nous soulignions la semaine de la recherche à la fin de février.
Le gouvernement libéral a fourni des fonds pour des projets de recherche sur la santé des Autochtones, conjointement avec Horizon Santé-Nord et Sudbury, ainsi que pour l'étude et la préservation des langues autochtones. Nous avons versé plus de 840 000 $ à la Laurentienne pour des recherches visant à aider les communautés des Premières Nations à s'adapter aux changements climatiques. De surcroît, nous avons accordé 1,5 million de dollars aux chercheurs de la Laurentienne afin qu'ils collaborent avec le centre de santé Wikwemikong et Horizon Santé-Nord, à Sudbury, pour évaluer l'état de santé des enfants autochtones au Canada. En tout, le gouvernement a donné des subventions de recherche d'une valeur de plus de 10 millions de dollars uniquement à la Laurentienne.
Au cours des cinq dernières années, nous avons investi en tout plus de 100 millions de dollars dans les projets d'immobilisations et de recherche de l'Université Laurentienne. Cela s'ajoute aux subventions annuelles versées par le gouvernement fédéral dans le cadre des services et des programmes de langue française.
Comme je l'ai dit, je suis en pourparlers avec les dirigeants de l'Université depuis le jour où je suis devenu député et, en décembre et janvier, j'ai continué de discuter avec eux des façons dont je pourrais les aider, notamment en les encourageant à se prévaloir des fonds de recherche dont je viens de parler ou d'un nouveau programme sur les langues autochtones que nous avons créé. Je les ai invités à soumettre une demande dans le cadre de ce programme, mais ils ont malheureusement raté le premier cycle. Je les ai ensuite encouragés à présenter une demande dans le cadre du deuxième cycle de financement.
[Français]
Il y a également le Programme sur les langues officielles en éducation, le PLOE, que le gouvernement fédéral transfère à la province. Cette dernière distribue les fonds. L'Université Laurentienne a reçu plus de 1 million de dollars durant les cinq dernières années. Le gouvernement fédéral transfère environ 16 millions de dollars par an au gouvernement de l'Ontario.
[Traduction]
Le 1er février, lorsque la Laurentienne a décidé de se mettre sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, la LACC, comme tous les habitants de Sudbury, j'étais sous le choc et je n'y croyais pas. Les gens ne le réalisent pas, mais un de ses plus importants créanciers est le gouvernement fédéral. Ce qui est arrivé, c'est que tous les fonds dont j'ai parlé et qui se trouvaient toujours dans le compte de la Laurentienne, ont été retirés de ce compte en raison du processus en cours aux termes de la LACC.
Les professeurs et les étudiants qui font de la recherche de calibre mondial n'ont jamais été informés de ce qui se passait ni de ce qui adviendrait d'eux, ce qui fait que de nombreuses questions demeurent en suspens et que de nombreuses personnes sont frustrées, et le mot est faible. L'effet pour les professeurs, les étudiants et les familles est dévastateur. On parle de professionnels et d'étudiants, dont des étudiants de cycle supérieur, qui sont là pour apprendre de ces professionnels. Depuis le début, le processus a été extrêmement difficile.
[Français]
Le lundi 12 avril était certainement une journée sombre pour notre communauté, pour la communauté laurentienne, mais également pour la communauté de Sudbury. Plus de 100 professeurs ont été mis à pied, ainsi que plus de 70 membres du personnel. Ce sont des professionnels, ce sont des références dans leur discipline. J'ai des amis proches qui sont affectés et qui ont perdu leur emploi. J'ai des amis et de la famille qui sont des étudiants à l'Université Laurentienne et qui ne savent plus ce qu'il va se passer le 1er mai ou le 1er septembre.
On a parlé de différentes facultés touchées. Quand l'on pense à la Faculté d'éducation en français, ce sont nos futurs meneurs et nos futurs professeurs qui vont enseigner dans les écoles secondaires. Sans eux, on ne peut pas avoir notre éducation en français.
[Traduction]
Son programme d'études environnementales vaut à Sudbury une reconnaissance mondiale. J'ai beaucoup parlé de ce programme et je l'ai mentionné chaque fois que j'en ai eu l'occasion. Lorsque je parle de ma région, je dis que nous sommes des leaders en matière de remise en état de l'environnement et que l'industrie minière et l'environnement peuvent aller de pair, sans oublier la place prépondérante de l'économie. Tout cela est attribuable à l'Université Laurentienne et à l'ingéniosité qu'on y trouve.
Il y a aussi le département de physique. Nous avons le SNOLAB, une installation de recherche de calibre mondial qui se trouve deux kilomètres sous terre. Ce n'est pas très loin d'ici. Les recherches menées là-bas, de concert avec la Laurentienne, ont mené à l'obtention d'un prix Nobel.
[Français]
Le programme de sages-femmes en français reçoit plus de 300 candidatures par année. Il y a seulement 30 étudiants et étudiantes choisis chaque année. Voilà, il a été décidé de supprimer ces programmes pour assurer la pérennité de l'Université.
C'est une période difficile. Nous avons de la difficulté à comprendre et nous avons plusieurs questions. Il y a beaucoup d'anxiété et cela m'inquiète. Je suis inquiet de la santé mentale des étudiants, des professeurs et de leur famille. Ils ne savent pas ce qui arrivera. La communication tarde à s'établir et, parfois, c'est très peu. C'est une période très difficile pour notre communauté.
Malheureusement, cela a été annoncé le lundi 12 avril. Mardi matin, je me suis réveillé et j'ai dit à mon épouse qu'il fallait encore nous battre. Nous n'avons pas fini. Vingt-quatre programmes ont été abolis et notre éducation est encore compromise. Je ne pensais vraiment pas que cela arriverait chez nous, dans ma cour arrière. Je suis tellement fier des gens qui sont présents. Il faut maintenant songer aux prochaines étapes.
Pendant la période de restructuration, du 1er février au 12 avril, je me suis entretenu avec la ministre du Développement économique et des Langues officielles pour regarder ce que nous pourrions faire. Comme on l'a vu, nous interpellons les représentants de la province de l'Ontario.
[Traduction]
Les universités et les collèges sont créés en vertu de lois provinciales. Les provinces ont plus qu'un rôle de leader à jouer; elles sont responsables de ces établissements, qui relèvent de leur compétence. Cela dit, le gouvernement a agi avec constance depuis le début et a affirmé qu'il serait là pour collaborer avec les provinces afin d'établir la marche à suivre et de donner un coup de main. Le l'a d'ailleurs affirmé.
[Français]
Comme je l'ai dit, je me suis levé mardi matin et je me suis dit qu'il fallait continuer à nous battre. J'ai reçu plusieurs appels de mes amis de la communauté et nous avons discuté des choses que nous pouvons et devons faire pour que notre communauté conserve son établissement d'études postsecondaires. La communauté dont je suis très fier se mobilise pour s'assurer que les jeunes, comme mes enfants, pourront obtenir un diplôme en art dans notre région. La bataille n'est donc pas finie. Il faut vraiment entamer des discussions. C'est un processus qu'il faut faire. C'est frustrant, mais, en même temps, il faut continuer à rêver. Nous gardons un espoir que nous pourrons continuer à recevoir une éducation dans la langue et le programme de notre choix dans notre région. C'est une région très importante pour la communauté francophone ontarienne et canadienne.
Comme mes collègues ont pu le constater, c'est moi qui disposais de toute la période d'ouverture de 20 minutes aujourd'hui étant donné l'importance de ce sujet. Je remercie mes collègues du NPD qui ont soulevé cette question ce soir. C'est un sujet important et certains croient qu'il s'agit d'une décision définitive. Cependant, je crois fortement qu'il faut continuer la discussion maintenant que le processus a été entamé et qu'il tire un peu à sa fin. Il faut vraiment avoir une discussion avec les représentants de la province, comme nous le faisons aujourd'hui.
C'est pour cette raison qu'une des choses que j'ai faites c'était de penser à des solutions, à ce que je peux faire. Il y a un mois et demi, à la mi-février, j'ai commencé à prévoir les choses. Comme il a été mentionné au début de la séance, j'étais le secrétaire parlementaire du ministre des Ressources naturelles et j'ai décidé de ne pas me représenter aux prochaines élections.
[Traduction]
Étant donné que je ne suis plus secrétaire parlementaire, je pourrai maintenant présenter mon projet de loi d'initiative parlementaire. J'y travaille d'ailleurs depuis le milieu ou la fin de février. D'aucuns sont mécontents de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies et déplorent qu'un établissement public, comme une université, puisse se prévaloir des protections qui y sont prévues. Selon moi, cette loi n'a pas été créée pour protéger les créanciers des établissements d'enseignement postsecondaire publics.
Cela dit, à partir du moment où la Loi est invoquée, les politiciens doivent s'abstenir de s'immiscer dans le processus judiciaire, qui doit demeurer indépendant. Les gens qui habitent dans ma circonscription m'ont demandé d'intervenir et de mettre fin à ce processus. Nous ne sommes pas en Chine ni en Russie. Les politiciens ne peuvent pas bloquer un processus judiciaire indépendant. Je sais à quel point c'est révoltant. Si nous pouvions bloquer un processus chaque fois qu'il ne nous plaît pas, nous le ferions sans doute, mais ce n'est pas ainsi que fonctionne la démocratie qui est la nôtre.
Revenons à mon projet de loi d'initiative parlementaire. Lundi, pendant les affaires courantes, je proposerai pour la première fois depuis que je suis député des changements à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies afin que les établissements d'enseignement postsecondaire ne puissent pas l'invoquer. Mon objectif est tout simple.
Les ravages et l'anxiété dont j'ai été témoin dans ma circonscription ne doivent pas se reproduire ailleurs au pays. Nous traversons une période stressante, que nous n'aurions jamais connue si les provinces avaient pris leurs responsabilités et leurs compétences au sérieux.
Nous connaissions la situation dans laquelle se trouvait l'Université Laurentienne, et elle n'était pas la seule à la vivre. Les provinces ne peuvent pas continuer à réduire le financement des établissements postsecondaires et espérer que le gouvernement fédéral intervienne toujours en présentant un chèque. C'est la responsabilité des provinces. Elles ont un devoir à cet égard. Comme je l'ai mentionné, les universités et les collèges sont des créations des lois provinciales.
Voilà pourquoi j'espère que tous les députés appuieront mon projet de loi d'initiative parlementaire, qui vise à modifier la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies pour veiller essentiellement à ce qu'elle ne soit pas utilisée pour restructurer les institutions publiques partout au pays.
[Français]
Nous devons nous assurer que cela n'arrive plus jamais. Il faut également trouver des solutions à court terme et à long terme pour l'Université Laurentienne. Moi, je ne cesserai pas de soutenir la Laurentienne, cependant il faut certainement regarder l'ensemble pour voir comment l'on peut assurer la pérennité de nos programmes et assurer que le corps professoral qui a été mis à pied a un avenir dans notre communauté.
Je pense que le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial ont un rôle à jouer à cet égard. Nous devons assurer la pérennité de nos institutions à l'échelle du pays. C'est pour cela que je suis heureux de prendre part au débat d'aujourd'hui. Je remercie les citoyens de Sudbury qui m'ont écrit en grand nombre.
[Traduction]
Je tiens à dire à tous les habitants de Sudbury qui m'ont écrit ou qui ont autrement communiqué avec moi que j'ai entamé le dialogue non seulement avec l'administration de l'université, mais aussi avec le syndicat, les étudiants et les professeurs. Je participe à toutes les discussions pour trouver des solutions en cette période très difficile.
J'espère qu'aucun de mes collègues à la Chambre des communes n'ait à vivre ce que nous vivons à Sudbury et à l'Université Laurentienne.
[Français]
Je vais répondre aux questions de mes collègues.
Je vous remercie énormément, monsieur le Président, de m'avoir accordé ce temps pour parler de chez nous et de ma fierté et pour dire que c'est un moment difficile pour tout le monde.
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Monsieur le Président, j'aimerais vous informer que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
On vient d'entendre le témoignage touchant d'un député dont la communauté, très importante, a vu le couperet tomber sur son institution universitaire. Hier, au Comité permanent des langues officielles, nous nous étions déjà penchés sur cette situation extrêmement préoccupante.
Les institutions linguistiques — je pense notamment aux minorités francophones de l'extérieur du Québec — sont le pilier, le noyau autour duquel la collectivité d'une minorité peut s'épanouir. Il est particulièrement important, dans un contexte nord-américain où l'anglais est la langue dominante, de s'assurer que les minorités ont leurs institutions même dans les coins les plus reculés du Canada. Tout à l'heure, un député a fait référence au Campus Saint-Jean, qui se trouve dans l'Ouest du pays. On pense à l'Université de Moncton, en Atlantique, ou à l'Université Laurentienne dans le cas présent.
Hier, j'ai pu interpeller la , et j'espère qu'elle prendra part au débat ce soir. Elle nous a dit qu'elle était en mode solution pour l'Université Laurentienne. C'était hier. Aujourd'hui, j'espère qu'elle a eu le temps de se pencher sur les solutions qui sont mises en avant par, pour et avec la communauté francophone, incluant le député de son propre caucus qui, manifestement, souhaite arriver à une solution.
La ministre était venue nous présenter son livre blanc. Son livre blanc n'est pas inintéressant, mais ce n'est rien de concret. Or, depuis cinq ans, les communautés demandent une modernisation de la Loi sur les langues officielles et des gestes concrets.
Par exemple, j'ai devant moi un communiqué de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, qui joint sa voix à l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, demandant au gouvernement d'intervenir « pour que l’Université de Sudbury puisse prendre le relais, recueillir le financement que recevait la Laurentienne pour l’enseignement universitaire de langue française, et devenir une université par et pour les francophones ».
Des solutions existent donc. Mon collègue l'a dit en début de soirée. Il s'agit d'une attaque frontale faite envers une institution qui joue un rôle important dans le Nord de l'Ontario.
Malheureusement, ce que nous a présenté la ministre hier, c'est un livre blanc. C'est beau, un livre blanc, mais, ce qu'on veut, ce sont des mesures concrètes. Pour l'instant, il est important de s'en occuper. Il faut s'occuper aussi du Campus Saint-Jean et de l'Université de Moncton, mais en particulier, de la situation que vit l'Université Laurentienne. C'est ce que l'on constate.
On nous demande souvent ce qu'en pensent les conservateurs. Or notre engagement est clair. Avant même que n'éclate la crise de l'Université Laurentienne, nous nous étions engagés à augmenter le financement de l'éducation postsecondaire francophone en milieu minoritaire et à créer une nouvelle enveloppe budgétaire à cet effet.
La semaine prochaine, un budget sera déposé. Bien sûr, nous sommes en temps de pandémie. Au cours des dernières années, nous avons réalisé que les budgets accordés à nos institutions — comme l'Université Laurentienne — n'étaient pas indexés. Nous avons demandé à la ministre si elle avait l'intention d'indexer ces montants, mais nous n'avons pas obtenu de réponse.
Il est encore temps de le faire et de s'assurer que les fonds qui sont octroyés à l'Université Laurentienne pour soutenir l'enseignement postsecondaire en français sont utilisés à cette fin et à cette fin seulement. C'est une demande de l'AFO.
J'espère que la ministre va acquiescer à cette demande faite par la communauté francophone, afin que les fonds prévus pour la communauté francophone nord-ontarienne se rendent à elle. On doit pouvoir garder le corps enseignant et professoral actif, et il faut maintenir les programmes importants en ingénierie et en enseignement. Nous avons notamment parlé des programmes des proches aidantes et pour les femmes et les hommes qui assistent les femmes qui accouchent.
En tant que parlementaires, ce soir nous avons l'occasion de nous prononcer et d'inviter la à poser des gestes concrets pour la communauté de l'Université Laurentienne. Je veux mentionner que le gouvernement ne fait pas cela par charité. En effet, en vertu de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, le gouvernement se doit de garantir l'enseignement dans la langue de la minorité.
La lettre de mandat de l'actuelle ministre des Langues officielles lui rappelle son devoir de favoriser l'épanouissement des communautés linguistiques minoritaires, de protéger leurs institutions et d'accroître le bilinguisme dans tout le pays. Elle doit protéger les institutions de la minorité francophone et, bien sûr, de la minorité anglophone au Québec.
Nous avons une situation d'urgence. Nous ne voulons pas d'un livre blanc qui pourrait être déposé après la prochaine élection. Ce que j'aurais aimé hier, c'est de recevoir la ministre pour qu'elle nous présente son projet de loi et des actions concrètes, mais elle est plutôt venue nous dire qu'elle allait poursuivre des consultations et qu'il finirait par y avoir de l'action.
Or, pendant que la ministre palabre, on voit ce qui se passe, on voit les situations extrêmement dramatiques qui se vivent à l'échelle du pays et, ce soir en particulier, à l'Université Laurentienne. C'est la raison pour laquelle les députés du Comité permanent des langues officielles recommandent à l'unanimité au gouvernement, en ce moment d'urgence, de respecter ses obligations d'aider — et de soutenir — les institutions d'enseignement qui, partout au pays, veillent à l'enseignement des langues officielles et à l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Ce soir, on voit à quel point la communauté de Sudbury et tout le Nord de l'Ontario sont ébranlés par cette crise. La ministre a la responsabilité et l'obligation d'agir pour soutenir l'Université Laurentienne. Je souhaite donc qu'elle nous arrive ce soir en mode « solution », qu'elle propose des solutions et qu'elle évalue celles qui sont mises de l'avant.
Comme je le mentionnais, l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, ou AFO, a proposé des pistes très concrètes que je voudrais soumettre à la Chambre, puisque nous sommes dans un débat constructif.
L'AFO propose notamment un moratoire d'un an sur les abolitions de programmes. On ne peut pas nécessairement réagir très rapidement à cette crise et il faut un pont qui permettra de souffler. Il est également important d'acheminer dans les plus brefs délais le financement fédéral et provincial déjà acquis pour l'enseignement universitaire, soit 12 millions de dollars, afin de consacrer cette enveloppe à la rétention des professeurs et s'assurer que les étudiants et la communauté qui comptent sur leur institution francophone conservent ce lien. Il s'agit d'une responsabilité partagée entre les gouvernements fédéral et provincial, bien sûr, et l'AFO nous rappelle à ce sujet que les deux gouvernements ont démontré leur capacité de travailler ensemble dans le dossier de l'Université de l'Ontario français. Nous croyons qu'ils pourront encore le faire dans le cas de l'Université de Sudbury.
Cette fois-ci, nous voulons que la ministre passe à l'action. Je respecte beaucoup la ministre, mais elle a parfois des envolées partisanes qui peuvent être un peu agaçantes à la longue. Je pense ici à ses références à ce qu'elle qualifie de compressions conservatrices.
Je tiens à rappeler à la ministre que le programme destiné aux communautés de langue officielle en situation minoritaire a été en vigueur jusqu'en 2015 et avait notamment fait partie des feuilles de route pour les langues officielles proposées par le gouvernement conservateur, dont la deuxième mouture conçue par Bernard Lord. Lorsque les libéraux ont pris le pouvoir, les communautés n'ont plus eu accès à ce programme. Il a fallu attendre la crise de l'Université de l'Ontario français pour que la ministre se rende finalement compte que le programme était en jachère. C'est à ce moment-là que la ministre a remis sur pied le Programme de contestation judiciaire.
Les communautés ne veulent pas des batailles sémantiques, elles veulent de l'action. La ministre est au pouvoir depuis cinq ans, elle a la capacité et la responsabilité d'agir, et c'est ce à quoi nous nous attendons dans le cas de l'Université Laurentienne. Je crois d'ailleurs que son député l'interpellera personnellement pour lui demander de poser des gestes concrets.
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Monsieur le Président, j'aimerais profiter de l'occasion pour vous remercier d'avoir accepté la demande de débat d'urgence du NPD.
Je pense que le débat de ce soir transcende la partisanerie. En tant que parlementaires, nous devons réfléchir à cette situation. J'ai écouté le député de et j'ai senti beaucoup d'émotion dans son discours. Cela se passe dans sa cour et dans son environnement. Comme il le mentionnait, il représente les concitoyens de Sudbury; ses amis et les membres de sa famille qui étudient ou travaillent encore à l'Université Laurentienne ne savent pas ce qui les attend.
Je remercie le Président d'avoir accepté la demande du député de l'autre parti de l'opposition. C'est tout à son honneur, et je tenais à le souligner.
J'ai une pensée pour mon collègue de Sudbury. Lors de son discours, j'ai appris qu'il ne se représentera malheureusement pas à la prochaine élection. J'ai eu la chance de travailler sur plusieurs dossiers avec lui. C'est un homme que j'apprécie beaucoup. Malheureusement, nous n'allons peut-être pas nous recroiser en présentiel. S'il m'écoute ce soir, je lui présente mes salutations, à lui et à sa conjointe.
Je veux revenir sur l'importance et les critères d'un débat d'urgence. L'article 52 du Règlement de la Chambre des communes indique ceci au sujet d'une demande d'autorisation:
(1) Pour proposer l'ajournement de la Chambre en vue de la discussion d'une affaire déterminée et importante dont l'étude s’impose d'urgence, il faut en demander l'autorisation après l'achèvement des affaires courantes ordinaires comme il est stipulé aux paragraphes (3) et (4) de l'article 30 du Règlement.
Monsieur le Président, je ne veux pas m'éterniser sur les remerciements, mais je veux encore vous dire merci d'avoir autorisé le débat de ce soir.
Je trouve triste que les gens de cette région, en plus de faire face à la pandémie, vivent une perte et une diminution de services. On vient d'ébranler les colonnes du temple du fait français dans le Nord de l'Ontario. C'est triste parce qu'ils n'ont pas à vivre cela en plus de la pandémie. Je pense qu'il faut être sensible à cela et se mobiliser pour trouver des solutions à cette situation.
Voici ce qui arrive lorsqu'un gouvernement n'a pas de vision depuis plus de cinq ans. La est en poste depuis 2015. J'ai du respect pour la ministre. D'ailleurs, je le lui ai dit hier au Comité permanent des langues officielles. Or elle n'agit pas. Elle mène des consultations. Tout à l'heure, sa collègue disait qu'elle faisait la promotion du fait français et des deux langues officielles et qu'elle était très présente. Cependant, elle est toujours en réaction. On dirait que le gouvernement attend que la maison soit en feu avant de réagir.
Récemment, au mois de décembre dernier, on nous a proposé un livre blanc sur les langues officielles. Le livre blanc fait qu'on pellette par en avant, encore une fois, et qu'on doit encore mener des consultations afin de s'assurer que ce qu'on va peut-être mettre un jour en place sera efficace. Le jour où l'on va mettre quelque chose en place, il sera peut-être trop tard; on va être obligés de recommencer les consultations. C'est important d'agir. Ce livre blanc n'est pas une solution.
J'ai rencontré les gens de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, l'ACPPU. Ils dénonçaient la situation d'insolvabilité depuis le 1er février. C'est la première fois qu'une université publique canadienne se place en situation d'insolvabilité. Les représentants de l'ACPPU m'ont fait des commentaires. Ils exhortent le gouvernement fédéral à collaborer avec la province de l'Ontario pour, d'une part, verser dans les meilleurs délais les fonds dont l'Université Laurentienne a besoin et, d'autre part, pour aider les établissements postsecondaires bilingues et francophones. Étant donné le rôle vital que ces établissements postsecondaires jouent pour relever les défis actuels et futurs du Canada, ils recommandent que le gouvernement fédéral élabore une stratégie nationale avec les territoires et les provinces, afin de prévoir des fonds constants et suffisants en vue de promouvoir un enseignement postsecondaire de qualité.
J'ai rencontré ces gens le 17 février. Ils se sont placés sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité le 1er février. Nous sommes le 14 avril. La a peut-être un plan et il y aura peut-être des solutions dans le budget qui sera présenté lundi prochain. Toutefois, le 1er février, ces gens se sont placés sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. À titre de député, j'ai rencontré les représentants des professeurs le 17 février. On a réagi le lundi 12 avril. Comme je le disais tout à l'heure, on attend que la maison soit en feu avant de réagir.
Monsieur le président, cet automne, nous vous avons demandé de permettre la tenue d'un débat d'urgence sur le déclin du fait français au Québec, en particulier à Montréal. Nous sommes ici ce soir pour discuter de l'Université Laurentienne, qui a des problèmes financiers. Qu'est-ce qui nous attend demain?
J'ai le privilège de siéger au Comité permanent des langues officielles. Hier, nous y recevions la ministre ainsi que d'autres intervenants. Les intervenants mentionnaient qu'on ne pouvait pas attendre la mise à jour de la Loi sur les langues officielles. Si l'Université Laurentienne éprouve des problèmes aujourd'hui, d'autres universités canadiennes auront des problèmes également à l'avenir, demain ou après-demain.
Est-ce que le gouvernement souhaite laisser tomber les institutions postsecondaires qui enseignent aux minorités linguistiques? Si c'est le cas, qu'on nous le dise. On n'agit pas, et cela me pose problème. Je suis obligé de mentionner ce que le Parti conservateur du Canada a fait. Je n'en parle pas par opportunisme. Dès la nomination de notre nouveau chef, nous avons présenté un plan clair: dans les 100 premiers jours d'un gouvernement conservateur, nous aurons investi l'argent nécessaire pour soutenir nos institutions, pour défendre le fait français et pour défendre les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Il est important que nous nous regroupions aujourd'hui, parce que le problème est plus grand que ces 28 programmes délestés. C'est un problème de société. Tant et aussi longtemps que le Canada aura deux langues officielles, et tant et aussi longtemps que les citoyens de Portneuf—Jacques-Cartier vont me faire confiance, je vais me lever à la Chambre pour défendre le fait français. Nous devons nous retrousser les manches pour trouver des solutions afin que les citoyens canadiens et les citoyennes canadiennes aient accès à l'enseignement en français.
Nos professeurs et nos étudiants sont malheureusement brimés. Cela a un effet multiplicateur qui étouffera notre langue française, ou qui la fera jaillir.
En terminant, j'aimerais lire une petite section du préambule de la Loi sur les langues officielles:
[...] de respecter les garanties constitutionnelles sur les droits à l’instruction dans la langue de la minorité et de faciliter pour tous l’apprentissage du français et de l’anglais [...]
C'est ce qu'on peut lire dans le préambule de la Loi sur les langues officielles. Alors, je pense que la ministre doit agir maintenant.
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Monsieur le Président, au nom du Bloc québécois, je veux exprimer toute notre solidarité avec les Franco-Ontariens et leur lutte constante pour la survie de leur langue. Je pense que les jeunes de l'importante communauté francophone du Nord-Est ontarien méritent des services de qualité sans être obligés de s'exiler à Ottawa ou au Québec.
L'Université Laurentienne, à Sudbury, s'apprête à mettre fin à une soixantaine de programmes pour éviter la faillite. Nous avons appris que les programmes offerts aux francophones étaient particulièrement ciblés. Cela semble toujours être le cas.
Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin, disait qu'il y avait déjà une érosion depuis plusieurs années dans la programmation en français. Il a également rappelé que le Conseil des gouverneurs de l'Université Laurentienne était en très grande majorité anglophone. Dans le passé, partout où on a vu que c'était majoritairement des anglophones qui prenaient des décisions pour les francophones, cela n'a pas fonctionné.
C'est pour cette raison qu'il y a le principe du « par et pour les francophones ». Nous avons même appris aujourd'hui dans un article de Radio-Canada qu'il y avait eu une rencontre confidentielle entre plusieurs dirigeants d'universités bilingues, dont l'Université d'Ottawa, qui est tolérante envers le dénigrement du Québec; mais c'est une autre question.
Ces dirigeants ont donc rencontré le nouveau gouvernement de l'Ontario, qui venait d'arriver au pouvoir alors que le financement de l'Université de l'Ontario français était déjà assuré. Ils ont travaillé fort et fait toutes sortes de propositions pour que les universités bilingues assument les programmes en français. Trois semaines plus tard, on apprenait que la province éliminait, à la surprise générale, l'Université de l'Ontario français et le Commissariat aux services en français. Il y a donc eu toute une mobilisation. J'admire les communautés francophones et acadiennes. On dit souvent que ce sont des gens qui subissent un taux d'assimilation croissant. C'est vrai et ce sont des gens qui se battent quotidiennement pour le français. Nous l'avons vu dans les cas de l'Hôpital Montfort et de l'Université de l'Ontario français, et nous le constatons encore une fois dans le cas de l'Université Laurentienne.
L'Université de Sudbury a l'intention de devenir une université francophone. Je pense que ce serait très important de consolider le français en Ontario. Les communautés francophones et acadiennes disent, et on a pu le constater, que les écoles d'immersion sont en fait des écoles d'assimilation. Les francophones qui fréquentent ces écoles subissent une assimilation. C'est pour cette raison que je suis très inquiet de voir, dans le projet de réforme des langues officielles de la , qu'on projette d'augmenter le financement des écoles d'immersion, mais qu'on ne dit rien des écoles « par et pour les francophones ».
Or je pense qu'avant d'augmenter le financement des écoles d'immersion, il faudrait s'assurer que les francophones hors Québec ont accès à des écoles françaises. En effet, une très grande proportion de francophones n'ont pas accès à des écoles primaires et secondaires en raison du fameux principe « là où le nombre le justifie », qui est complètement aberrant. Nous y reviendrons. À ce moment-là, ils n'ont pas accès à des écoles françaises et ils vont dans des écoles d'immersion quand ils veulent vraiment aller à une école française, et au bout du compte, ils sont assimilés. Je pense qu'il faut travailler fort pour changer le principe même de la Loi sur les langues officielles.
Au Comité permanent des langues officielles, nous avons reçu Mme Risbud de l'Association canadienne-française de l'Alberta et elle nous a parlé de la situation en Alberta qui est vraiment dramatique. Toute la question du Campus Saint-Jean n'a aucun sens, d'autant plus que le gouvernement de l'Alberta a récemment annoncé un engagement de 98 millions de dollars pour améliorer les infrastructures des établissements postsecondaires. Or cet engagement ne contient pas un sou pour le Campus Saint-Jean.
On a aussi appris que le gouvernement de l'Alberta avait refusé à répétition de signer des ententes fédérales-provinciales dans le cadre desquelles le gouvernement fédéral aurait versé de l'argent. Le gouvernement de l'Alberta a refusé de verser un sou pour le Campus Saint-Jean. Beaucoup de gens l'ignorent ou font semblant de l'ignorer, mais tous les gouvernements des provinces qui sont aujourd'hui majoritairement anglophones ont établi des lois ou des règlements qui interdisaient complètement l'enseignement du français aux francophones. Cela a eu pour résultat l'assimilation des francophones. Il s'agissait vraiment de lois ethnocidaires. Le mot n'est pas trop fort.
Il y a eu une certaine mobilisation avec les États généraux du Canada français. On nous parle de la commission Laurendeau-Dunton. On nous dit qu'André Laurendeau avait lui-même demandé cette commission.
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Monsieur le Président, je vais essayer de parler plus tranquillement parce que les interprètes nous disent que plus on parle vite, plus c'est difficile.
Tout cela pour dire qu'on a joué trop longtemps à l'autruche avec la question de la langue. Jusqu'à très récemment, on se faisait dire que tout allait bien et que le Canada était un modèle de traitement de ses minorités linguistiques. Pendant ce temps, le taux d'assimilation des francophones augmentait partout. En même temps, la proportion de gens ayant le français comme langue d'usage à la maison, par exemple, déclinait. Or tout le monde continuait à dire que tout allait bien et que c'était la même chose au Québec.
À la veille d'élections, on admet qu'il y a un déclin du français, on tient des débats d'urgence. C'est parfait, j'en suis très heureux, mais je pense que cela prend une modification en profondeur. La Loi sur les langues officielles ne fonctionne pas.
La Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, ou commission Laurendeau-Dunton, avait envisagé des modèles plus territoriaux, comme en Suisse et en Belgique. Ce sont les seuls modèles qui fonctionnent. S'il n'y a pas une langue commune sur un territoire donné, cela ne permet pas d'assurer l'avenir d'une langue et son épanouissement.
Au Canada, sauf au Québec, on constate que l'anglais est nettement la langue commune. Malgré un taux d'immigration quand même assez élevé au Canada, environ 99 % des transferts linguistiques des nouveaux arrivants se font vers l'anglais. L'anglais n'est donc pas menacé au Canada.
On a vu des lois contre le français être adoptées partout. Au moment de la commission Laurendeau-Dunton et des États généraux du Canada français, il y a eu une mobilisation au Québec et on a assisté au début du mouvement indépendantiste. C'est à ce moment que les gens ont commencé à se réveiller. Je crois que M. Pearson avait de bonnes intentions, mais quand M. Trudeau est arrivé par la suite, il refusait toute remise en question et ne voulait accorder aucun droit collectif aux Québécois ou aux francophones. Il a donc adopté un modèle de bilinguisme institutionnel basé sur les droits individuels et conditionnels au fameux « là où le nombre le justifie ». Or cela ne fonctionne pas.
Partout au monde, un système comme cela basé sur un bilinguisme institutionnel transportable partout conduit toujours à l'assimilation des langues minoritaires. Les systèmes de bilinguisme territoriaux, quant à eux, fonctionnent.
En Belgique flamande, tout se passe en néerlandais dans la fonction publique. Cela n'empêche pas les gens d'apprendre quatre ou cinq langues secondes sans difficulté. Or le néerlandais, qui n'est pas une langue très parlée à l'échelle mondiale, n'est pas menacé en Belgique flamande. C'est la même chose du côté de la Wallonie, qui est la région francophone. Cela prend un système basé un peu comme cela.
Le droit à l'autodétermination des peuples inclut le droit d'assurer l'avenir de la langue et de la culture nationales d'un peuple. Ce n'est pas du tout ce qui a été choisi. « Là où le nombre le justifie », c'est vraiment aberrant. En effet, cela signifie que, lorsque le français décline quelque part, on y coupe les services dans cette langue. C'est un peu comme si on avait une loi pour la promotion de l'emploi pour lutter contre le chômage, cependant, partout où le niveau d'emploi diminue, on coupe les services d'aide à l'emploi. Cela n'a aucun sens, il s'agit d'un principe complètement aberrant.
L'autre principe aberrant a été la règle des minorités de langue officielle. Ce principe a séparé le Québec français du reste des francophones.
Au Québec, comme par hasard, on a considéré que les anglophones parlaient une langue minoritaire, alors que les anglophones jouissaient d'un système scolaire et d'un système universitaire financé à outrance par rapport à ceux des francophones.
La règle a établi que les anglophones formaient une minorité. Or ils le seraient si le Québec était indépendant.
On s'est alors mis à faire du financement à outrance. Je vais simplement citer une étude qui a été menée sur le financement des universités d'un bout à l'autre du Canada. C'est bizarre, on ne trouve cela presque nulle part. Cette étude a été menée par Frédéric Lacroix et Patrick Sabourin. Elle date déjà d'un certain temps, puisqu'elle remonte à 2005.
On regardait la part du financement qui allait aux universités, en fonction de la langue.
À ce moment-là, au Québec, la part du financement venant du gouvernement du Québec et du gouvernement fédéral s'élevait à 27,7 %. C'était avec les deux gouvernements, mais le gouvernement du Québec est vraiment exemplaire dans le traitement de sa minorité linguistique parce qu'il surfinance les écoles primaires et secondaires, ainsi que les cégeps et les universités anglophones. Il n'y a à peu près aucun endroit au Québec où il n'y a pas d'écoles et de services en anglais pour les anglophones. Là où il n'y a presque pas d'anglophones, on trouve des moyens pour qu'il y ait des services en anglais. Les universités sont financées plus équitablement. Dans le cas du Québec, on ne peut pas parler d'équité, mais plutôt de surfinancement des universités et de l'enseignement postsecondaire anglophones.
Au Nouveau-Brunswick, il y avait environ 33 % de francophones. Il y avait 26 % de financement à l'Université de Moncton et au service universitaire en français. C'était tout de même assez bien. En Ontario, c'était 3 % pour 5,9 % de francophones. En Nouvelle-Écosse, c'était 1,6 % pour 4 % de francophones. En Alberta, c'était 0,2 % pour 2,5 % de francophones. Ensuite, les pourcentages descendent...
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Monsieur le Président, je me suis peut-être mal exprimé. Je voulais dire que la proportion du financement qui va aux services universitaires en français en Ontario est de 3 %. Je ne parlais pas des Franco-Ontariens. Je pense que le pourcentage de Franco-Ontariens dont la langue maternelle est le français est de 5,9 %.
Il y a vraiment un sous-financement des institutions d'enseignement postsecondaire, y compris francophones, partout au Canada et au Québec. Il n'existe pas beaucoup d'études sur ces institutions, mais la Commission nationale des parents francophones a réalisé en 1996 une étude sur les écoles primaires et secondaires, intitulée Où sont passés les milliards? Cette étude démontrait que seulement 28,5 % des fonds du programme des langues officielles avaient été attribués aux francophones hors Québec pour l'enseignement de leur langue maternelle, alors que les écoles des anglophones du Québec recevaient 47,7 % des subventions.
Lorsque la Loi sur les langues officielles a été mise en œuvre, les institutions des anglophones du Québec étaient déjà trop financées. Tous les Québécois ont toujours été d'accord pour dire que les anglophones ont le droit d'avoir des institutions en anglais en vertu de leur statut de minorité historique. Cela dit, plus une communauté linguistique a des institutions fortes et bien financées, plus le pouvoir d'attraction de sa langue est fort.
Au Québec, le français est menacé, car les transferts linguistiques vers le français ne sont pas assez élevés. Environ 55 % des transferts linguistiques s'effectuent vers le français, mais ce pourcentage devrait être de 90 % pour réussir à maintenir le poids démographique des francophones. Au Canada, 99 % de ces transferts vont vers l'anglais. On est loin du compte. Si on veut y arriver, il faut financer les institutions d'enseignement postsecondaire et la santé. C'est important, car c'est directement relié au pouvoir d'attraction du français. Il faut que les institutions francophones soient financées équitablement, dans le reste du Canada comme au Québec.
Il faut vraiment faire une remise en question. Je recommande à mes amis qui militent pour des universités francophones à l'extérieur du Québec de donner l'exemple du financement du système d'éducation postsecondaire au Québec. En 2015-2016, 33,5 % du financement fédéral pour l'enseignement postsecondaire allait au système anglophone. En 2018-2019, ce pourcentage était de 32 %.
Il faut une restructuration complète de la Loi sur les langues officielles. Il faut arrêter de faire l'autruche. Le gouvernement a déjà fait un premier pas lorsqu'il a admis qu'il y avait un déclin du français au Québec comme dans le reste du Canada. Il faut maintenant passer de la parole aux actes.
Chaque fois qu'on finance les écoles primaires, les écoles secondaires ou les universités francophones à l'extérieur du Québec, les Québécois ont peur parce que cela relève normalement des compétences provinciales. Il est un peu aberrant que le gouvernement fédéral soit obligé d'assurer ce financement dans les autres provinces afin qu'il y ait un minimum d'institutions francophones. Or, il n'y en a pas assez et elles ont un immense rattrapage à faire. À mesure que le temps passe, l'assimilation progresse. Mes compatriotes des communautés francophones et acadiennes se débattent comme un diable dans l'eau bénite. Ils sont admirables et ils devraient être une source d'inspiration pour les Québécois, à mon avis.
Il faut s'unir et, pour pouvoir le faire, il faut modifier la Loi sur les langues officielles. Nous devons y travailler ensemble pour contrer le déclin du français.
Tout le monde a de belles intentions et de belles paroles. Quand le temps des élections arrive, tout le monde fait de belles promesses. Après l'élection, c'est comme disait le chanteur: « La veille des élections, il t’appelait son fiston, le lend'main, comme de raison, y avait oublié ton nom. » Il n'y a pas de geste concret.
Si on n'y fait rien, ce sera vraiment invivable au Québec. Ce n'est pas vrai qu'on va accepter ce déclin du français. Dans le Grand Montréal, c'est très difficile. Les écoliers francophones sont en minorité dans les écoles françaises. Les francophones de langue maternelle ayant le français comme langue d'usage à la maison tendent à devenir une minorité. Tous les indicateurs vont dans cette direction, s'il n'y a pas vraiment un mouvement, un changement fondamental.
Hier, au Comité permanent des langues officielles, ce qu'on a entendu de la part de la ministre n'était pas du tout rassurant. Personne d'autre que le Bloc québécois n'a relayé les demandes du Québec relatives à la modernisation de la Loi sur les langues officielles. Il y en a qui sont des alliés, je ne veux quand même pas blâmer tout le monde.
Ce qu'on demande, c'est que le Québec soit le maître d'œuvre de sa politique linguistique, de son aménagement linguistique, que le gouvernement fédéral reconnaisse que le Québec fait partie de la minorité francophone en Amérique du Nord. Nous sommes entourés de 350 millions d'anglophones.
C'est normal que le nouvel arrivant qui s'installe quelque part aille du côté de la majorité. Tout le monde est comme cela. Que ce soit au Québec ou n'importe où au Canada, la majorité est anglophone. La majorité continentale l'est encore beaucoup plus. Alors, c'est pour cela qu'il faut que le français soit la langue commune au Québec.
À mon avis, si le gouvernement veut vraiment assurer l'avenir du français à l'extérieur du Québec, il faudrait qu'il y ait des territoires. Je pense que les Acadiens revendiquaient ou revendiquent, à différents endroits, la gouvernance communautaire. C'est arrivé très tard. Les premières écoles secondaires publiques en Ontario...
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Monsieur le Président, je suis heureuse de vous voir et de voir tous mes collègues ce soir. Je voudrais souligner que je partagerai mon temps de parole avec mon estimée collègue la .
C'est une occasion sombre, ce soir, qui nous réunit. L'Université Laurentienne est une institution qui fait vivre sa région sur le plan du développement économique, mais c'est aussi une institution phare en matière de langues officielles, parce qu'elle offre des cours en français à la population francophone dans le Nord de l'Ontario et aussi un cursus à la communauté autochtone, comme certains députés l'ont mentionné. C'est donc un moment de solidarité qui nous unit ce soir, et je tiens à remercier mes collègues de prendre le temps d'exprimer leur point de vue pour faire avancer le débat et, au bout du compte, trouver des solutions pour régler le problème.
Mon gouvernement et moi sommes extrêmement préoccupés par les coupes qui ont lieu à l'Université Laurentienne. Nous avons le cœur brisé et j'ai le cœur brisé personnellement à entendre les histoires des professeurs, des chercheurs qui ont perdu leur emploi ou encore des étudiants qui ne seront pas en mesure de finir leur cursus scolaire parce que leur charge de cours a été annulée. Nous devons donc être sensibles à leur réalité et nous devons être là pour eux et avec eux pour trouver des solutions.
[Traduction]
Je suis terriblement attristée par les récits que nous avons tous entendus, ces récits d'étudiants du Nord de l'Ontario, francophones ou anglophones, qui voient disparaître beaucoup de possibilités de continuer d'étudier dans leur région.
[Français]
La situation exige donc une direction claire et d'être en mode « solution ».
Depuis l'arrivée au pouvoir de notre gouvernement en 2015, nous avons pris plusieurs mesures pour rebâtir les ponts avec les communautés francophones de partout au pays et pour protéger les droits linguistiques des gens qui se battent tous les jours pour pouvoir parler en français.
Rappelons l’investissement historique de 2,7 milliards de dollars pour aider nos communautés, ainsi que le financement de la construction de la Place des Arts de Sudbury que j'ai eu l'occasion d'annoncer avec mon collègue député de .
Nous avons plusieurs autres exemples qui démontrent à quel point nous sommes proactifs dans le domaine des langues officielles. L'Université de l'Ontario français, la première université par et pour les francophones, en est un. Rappelons aussi les compressions effectuées par Radio-Canada à Windsor et dans d'autres stations francophones en Ontario: nous avons été capables de faire annuler ces compressions et d'investir 175 millions de dollars. N'oublions pas non plus les questions du recensement, ou encore les modifications apportées à la Partie IV de la Loi sur les langues officielles pour augmenter l'offre de services en français par les institutions fédérales. Nous avons donc été extrêmement proactifs.
Pour que nos communautés de langue officielle soient fortes et puissent continuer à parler en français — aujourd'hui, mais également dans l'avenir et dans plusieurs générations —, on sait qu'il leur faut des institutions fortes. Il en va de leur existence, de leur survie et, bien entendu, de la prospérité de leur avenir. C'est pour cela que nous avons décidé d'aller au-delà des investissements, d'aller au cœur même du système de protection de nos droits linguistiques au pays, et de moderniser la Loi sur les langues officielles.
Il y a plus de 50 ans, le Canada s'est doté d'une façon de protéger nos droits linguistiques. Tous les députés savent que nous avons des ententes avec les provinces et territoires en matière d'éducation. Par l'entremise de ces ententes, nous aidons les systèmes d'éducation en français et ceux en français langue seconde. Au cours de notre mandat, nous avons d'ailleurs augmenté le financement envoyé aux provinces. Ainsi, en 2018, l'enveloppe avait été augmentée de 60 millions de dollars.
Nous voulons aller encore plus loin, parce que nous savons que, en matière d'éducation, il ne s'agit pas que du primaire et du secondaire. On doit reconnaître qu'un enfant, dont les parents veulent s'assurer qu'il peut continuer à parler la langue de la minorité, doit être en mesure d'être intégré au sein d'un système de garderie dans la langue de la minorité, en français en l'occurrence, et que, bien entendu, le continuum de l'éducation puisse, par la suite, continuer aux niveaux primaire, secondaire et postsecondaire.
C'est la raison pour laquelle, dans notre réforme, nous reconnaissons l'importance du continuum de l'éducation. Il faut protéger les institutions et reconnaître le continuum en matière d'éducation. Nous devons travailler avec les provinces pour y arriver, parce que nous sommes sous l'égide d'un système fédéral qui prévoit deux choses.
Premièrement, la Constitution prévoit des droits linguistiques établis dans le fondement de nos deux langues officielles qui doivent être protégés par le gouvernement fédéral. Elle prévoit également le partage des compétences. L'éducation relève des provinces. Dans les circonstances, la Cour suprême a eu l'occasion, à plusieurs reprises, d'établir une jurisprudence claire à cet effet. Cet été encore, dans l'affaire des commissions scolaires de la Colombie-Britannique, elle a établi qu'il devait y avoir une égalité réelle entre nos deux langues officielles et que, ce faisant, les provinces devaient jouer leur rôle sur le plan du financement du système d'éducation dans la langue de la minorité, en l'occurrence le français.
Du Collège Saint-Jean à l'Université Laurentienne, les provinces doivent être à la table en mode solution et proposer des plans concrets pour que la minorité francophone et les francophiles aient accès à une excellente éducation postsecondaire dans leur région, comme tout citoyen devrait y avoir droit.
En ce qui concerne l'Université Laurentienne, qui est le sujet qui nous regroupe ce soir, j'ai eu l'occasion d'avoir des conversations avec le ministre de l'Éducation de l'Ontario et la ministre des Affaires francophones de l'Ontario. Il va de soi qu'ils doivent jouer leur rôle pour rétablir une solution visant à protéger une institution postsecondaire francophone dans le nord de l'Ontario. Je suis prête à avoir plusieurs conversations avec eux. Au bout du compte, il faut qu'ils soient en mesure de proposer cette solution. Quant à nous, nous serons à la table pour les aider à compléter le financement. Nous serons là parce que nous croyons, en tant que gouvernement fédéral, que nous devons être là pour protéger l'aspect des droits linguistiques qui relève en effet de notre compétence en vertu de la Constitution. Cependant, ce travail doit être fait sur le terrain par la province.
La province affronte une crise linguistique importante. Elle doit en prendre acte, elle doit agir et elle doit être en mesure de trouver des solutions. Ce n'est pas normal qu'on se retrouve dans une situation où une université publique est devant les tribunaux alors qu'il y a des problèmes de gestion. Dans les circonstances, nous allons assurément être là pour aider la communauté à trouver des solutions et pour faire en sorte qu'il y ait du financement. Pour que notre système d'éducation fonctionne, nous devons également nous assurer de faire en sorte qu'il y ait une responsabilisation de la part des provinces.
Ce qui se passe présentement est d'autant plus tragique parce que certains programmes ont été coupés, notamment celui des sages-femmes. Cela est dévastateur pour toute une génération de francophones, parce que c'est le seul programme en matière de santé publique qui était offert par l'Université Laurentienne à l'extérieur du Québec et c'était un programme clé pour la santé des femmes, surtout dans le Grand Nord canadien. Comme on peut le voir, cela a des répercussions concrètes. On doit être en mesure de travailler avec la province et avec le milieu pour financer l'éducation dans ce domaine.
Finalement, je tiens à souligner le travail vraiment important et de qualité qui a été effectué depuis maintenant des années par le député de et par le député de . Mes collègues sont très proches de leurs communautés et sont de fiers Franco-Ontariens. Je sais qu'ils défendent très bien les intérêts de leurs concitoyens. Je sais également qu'ils sont en conversation avec les Stéphane Gauthier et les Denis Constantineau de ce monde qui sont impliqués et qui font en sorte de trouver des solutions pour renforcer le fait français dans le nord de l'Ontario.
Les Franco-Ontariens et les Sudburois sont résilients, et nous serons à leurs côtés pour les aider à défendre leurs droits linguistiques et à pérenniser le fait français à Sudbury, dans le Nord de l'Ontario et partout au Canada.
Je répondrai avec plaisir aux questions de mes collègues.
:
Monsieur le Président, je voudrais commencer par remercier ma collègue la ministre du Développement économique et des Langues officielles parce que nous faisons vraiment équipe ce soir. J'apprécie vraiment ses propos, mais également le fait que nous voulons en appeler à la solidarité, ce soir.
Comme nous l'avons démontré à maintes reprises, nos langues officielles sont une priorité pour notre gouvernement. Elles sont au cœur de ce que nous sommes en tant que Canadiennes et Canadiens. Le français et l'anglais font partie intégrante de notre identité collective. Notre dualité linguistique sert à bâtir des ponts entre nos communautés.
Je vais me permettre de commencer en faisant une parenthèse.
En tant que fière Franco-Ontarienne, j'ai vécu toute ma vie en milieu minoritaire. J'ai grandi, étudié et milité pour l'Hôpital Montfort, pour nos établissements postsecondaires et pour les services en français. J'ai élevé mes trois enfants, travaillé dans nos institutions et entreprises et célébré mon identité francophone tous les jours. Or je suis troublée par cette récente nouvelle de l'Université Laurentienne.
Tout comme des milliers de Canadiens, j'ai fait mes études en sociologie et ma maîtrise en administration des affaires en français. J'ai donc étudié en français. Diplômée de l'Université d'Ottawa, j'ai également fréquenté le Campus Saint-Jean en Alberta. J'ai appris à apprécier les avantages et la valeur ajoutée que ces établissements apportent à notre pays, tant sur le plan économique que sur le plan social.
Je veux aussi prendre ce moment pour dire aux étudiants, aux professeurs, aux membres du personnel et à la grande communauté de Sudbury, voire franco-ontarienne, que je suis de tout cœur avec eux et qu'ils sont au centre de mes préoccupations.
Ce soir, je remercie mes collègues parlementaires de mettre l'accent sur la solidarité dans nos débats pour soutenir ceux et celles qui sont durement touchés par cette situation. Nous le savons et nous le croyons, les établissements postsecondaires de langue française, francophones et bilingues d'un bout à l'autre du pays sont essentiels à la vitalité, au développement et même à l'épanouissement des communautés francophones et acadiennes du pays. Ils sont au cœur même des communautés de langue officielle.
C'est pour cette raison que nous sommes prêts à aider l'Université Laurentienne et que nous travaillerons, en partenariat, avec le gouvernement de l'Ontario pour remédier à cette situation. Ma collègue l'a déclaré juste avant moi.
[Traduction]
Voilà pourquoi je peux dire que, par son mandat ambitieux, ses efforts soutenus, ses mesures pragmatiques et ses investissements tangibles, le gouvernement libéral prouve son engagement continu à assurer la vitalité de nos langues officielles et de nos communautés linguistiques.
[Français]
Je vais me permettre de rappeler notre Plan d'action 2018-2023 pour les langues officielles: Investir dans notre avenir.
Il comprend de nouveaux investissements de près de 500 millions de dollars, en plus des fonds déjà existants, qui représentent un investissement historique de 2,7 milliards de dollars sur cinq ans dans le domaine des langues officielles. Ces investissements historiques visent non seulement l'épanouissement des Canadiens de langues officielles en situation minoritaire, mais aussi de tous les Canadiens de tous les âges et dans toutes les régions pour qu'ils aient la possibilité d'apprendre, de travailler et de vivre leurs deux langues officielles.
[Traduction]
L'éducation, de la petite enfance au niveau postsecondaire en passant par l'éducation aux adultes, est essentielle pour la vitalité des collectivités, et nos investissements le reflètent. Nous avons augmenté de 64 millions de dollars, pour un total de plus de 95 millions de dollars, l'investissement dans l'infrastructure, y compris dans l'infrastructure d'éducation communautaire, pour aider les établissements d'enseignement à rénover et à moderniser leurs infrastructures. Cela signifie un financement accru pour les établissements d'enseignement postsecondaire au service des communautés de langues officielles en situation minoritaire et les apprenants du français langue seconde.
[Français]
Notre gouvernement est également fier des 12,6 millions de dollars d'argent frais consacrés aux bourses d'études pour aider les étudiants anglophones à suivre des programmes postsecondaires en français. Nous avons également investi un montant additionnel de 17,5 millions de dollars au programme de moniteurs de langues Odyssée, qui donne aux jeunes l'occasion de travailler pendant un an comme moniteur de langue dans une classe pour ceux qui apprennent une langue seconde.
Nous rappelons également l'investissement de 62,6 millions de dollars dans des stratégies de recrutement et de maintien en poste des enseignants pour les écoles de langue française en situation minoritaire et pour les programmes d'immersion de langue française et de français langue seconde. Les défis en matière de recrutement d'enseignants qualifiés pour enseigner en français au Canada sont importants, surtout dans le contexte de la pandémie. Ces nouveaux investissements permettront d'assurer qu'il y aura suffisamment d'enseignants pour répondre à la demande.
[Traduction]
Nous sommes également fiers de collaborer avec nos partenaires, les provinces et les territoires, dans ce dossier. Le gouvernement est résolu à renouveler ses accords bilatéraux pour soutenir l'éducation en langue minoritaire et l'enseignement des langues secondes. Dans le budget de 2019, le gouvernement a été encore plus loin en annonçant de nouveaux investissements totalisant 60 millions de dollars, répartis sur quatre ans, pour soutenir l'éducation en langue minoritaire partout au pays.
[Français]
Concrètement, cela signifie que, pour l'entente bilatérale avec l'Ontario en matière de langues officielles, selon le rapport annuel 2019-2020 déposé par la province, la contribution fédérale versée à l'Université Laurentienne était de plus de 1 million de dollars en 2019-2020.
Le gouvernement du Canada appuie l'Université Laurentienne par l'entremise de son entente bilatérale en éducation avec le gouvernement de l'Ontario. Entre 2015-2016 et 2019-2020, 59,3 millions de dollars ont été versés par le gouvernement du Canada en appui à l'ensemble de l'éducation postsecondaire en Ontario. Nous sommes aussi fiers de dire que, selon l'entente 2021-2023, la contribution fédérale en 2020-2021, en appui au postsecondaire, est de 16 millions de dollars. Cela ne prend pas en compte les investissements significatifs en recherche dont mon collègue de , que je salue, a parlé plus tôt ce soir.
[Traduction]
N'oublions pas le travail important que nous faisons pour les détenteurs de droits. Nous avons également augmenté le financement de base des organismes qui favorisent et soutiennent l'éducation en langue minoritaire, leur donnant les moyens d'encourager un plus grand nombre de détenteurs de droits à choisir l'éducation en langue minoritaire et de faciliter le partage des ressources pédagogiques avec les éducateurs.
[Français]
En ce qui concerne les ayants droit, j'ajouterai que notre gouvernement a non seulement rétabli le questionnaire long du recensement, mais qu'il a également ajouté de nouvelles questions aux questionnaires court et long, en 2021, ce qui permettra de mieux dénombrer les ayants droit à l'éducation dans la langue des minorités au prochain recensement.
Notre gouvernement est déterminé à promouvoir et à protéger les langues officielles, et il continuera de mettre en avant des mesures structurantes et positives en ce sens.
Nous sommes heureux de poursuivre le travail entamé avec nos homologues des provinces et des territoires, ainsi qu'avec nos collègues de l'opposition, en vue de cet objectif commun. Nous devrions mettre nos efforts dans la solidarité, ce soir, et penser aussi à nos générations futures qui veulent fréquenter des établissements postsecondaires offrant des programmes en français en Ontario et partout au pays. Je pense à mes enfants.
Nous continuerons à le faire, non seulement parce que c'est la bonne chose à faire, mais parce que c'est aussi la chose intelligente à faire. Nous savons que, lorsque nous investissons dans nos communautés, l'éducation, le commerce, le tourisme et la culture francophone prospèrent pour tous. Partout au pays, de Moncton à Sudbury en passant par Edmonton et Victoria, nous avons des communautés linguistiques dynamiques et résilientes. C'est pour cette raison que je suis fière de représenter les résidantes et les résidants d'Ottawa—Vanier et de faire partie d'un gouvernement qui agit, qui est proactif pour les communautés de langues officielles et qui fait des investissements importants pour qu'elles prospèrent.
J'espère qu'on pourra continuer ensemble à travailler pour trouver des solutions.
Je suis heureuse d'avoir eu l'occasion de prendre la parole ce soir.
:
Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de participer au débat d'urgence sur la situation actuelle à l'Université Laurentienne et de dire d'emblée que je partagerai mon temps de parole.
On constate une tendance qu'on connaît bien lorsqu'il est question à la Chambre des actions du gouvernement fédéral dans des dossiers où ce sont les gouvernements provinciaux qui ont un rôle prépondérant à jouer et la façon dont les choses se déroulent me frustre. Très souvent, le gouvernement fédéral ne se gêne pas pour donner son avis et prodiguer des conseils aux autres ordres de gouvernement concernant ce qu'ils devraient faire alors que, dans les mêmes domaines ou dans des domaines connexes, on constate que le gouvernement néglige ses propres responsabilités. Les députés ministériels sont plus enclins à dire aux gouvernements provinciaux comment gérer les affaires dans leurs provinces respectives et comment dépenser leur argent qu'à exercer les responsabilités qui incombent au fédéral.
C'est une approche que les Canadiens connaissent bien, puisqu'ils l'observent depuis le début de la pandémie de COVID-19. Le ne s'est pas gêné pour offrir aux provinces toutes sortes de conseils sur des questions qui relèvent d'elles ni pour tenter de blâmer d'autres ordres de gouvernement, notamment en ce qui concerne les difficultés d'approvisionnement en vaccins. Pour ce qui est des choses qui relèvent clairement de la compétence du gouvernement fédéral — prendre des mesures appropriées à la frontière, mettre en place des mécanismes de dépistage, mettre fin au spectacle absurde de sa politique sur la mise en quarantaine à l'hôtel, vraiment s'occuper d'acheter les vaccins pour les provinces et les distribuer ou soutenir une forme d'infrastructure de recherche des contacts qui aiderait les provinces —, les échecs s'accumulent, et les députés ministériels tentent de détourner la conversation pour parler de ce que les provinces devraient faire selon eux.
En ce qui concerne les langues officielles et la défense de la dualité linguistique vitale de notre pays, le gouvernement fédéral a bien évidemment une responsabilité fondamentale. Chaque fois que le gouvernement fédéral n'approuve pas la direction prise par une autre administration publique dans ce dossier, les députés du caucus libéral le disent haut et fort. Pourtant, lorsque vient le temps de collaborer avec les provinces, de se retrousser les manches, d'être présent aux négociations et de jouer son rôle pour défendre les langues officielles dans les sphères de compétence fédérale, le gouvernement manque à l'appel.
Les membres de notre caucus ont notamment demandé au gouvernement de moderniser la Loi sur les langues officielles. La Loi sur les langues officielles est une loi fédérale, ce qui signifie qu'elle relève très clairement de la compétence fédérale, et nous constatons que le gouvernement parle de ce qui se passe aux autres ordres de gouvernement tout en ne prenant aucune mesure dans ce domaine.
En tant que député de Sherwood Park—Fort Saskatchewan, je tiens à dire que je crois beaucoup à l'importance de la langue française. Je suis fier de la communauté francophone forte et dynamique qui se trouve dans ma propre circonscription et j'ai eu le plaisir d'appuyer le travail de certains membres de cette communauté en écrivant des lettres aux ministres au sujet du travail qu'ils font et des projets qu'ils mènent. J'ai bénéficié de l'éducation en français qui est offerte au Campus Saint-Jean dans la grande région de Sherwood Park, comme nous aimons l'appeler, à Edmonton.
Bien que les problèmes à l'Université Laurentienne et à Sudbury ne touchent pas ma circonscription, je peux comprendre et reconnaître l'importance d'avoir de bons programmes et que de l'aide soit offerte, surtout pour soutenir les programmes de langues autochtones et les programmes francophones.
J'ai examiné les chiffres parce qu'ils me donnent une compréhension intéressante de la situation et de la contribution des gouvernements provincial et fédéral. Ma seule observation serait la suivante: le gouvernement ontarien a affecté 74,19 millions de dollars pour l'exercice 2020-2021 aux programmes de langue française en Ontario, ce qui est beaucoup plus que la contribution du gouvernement fédéral. La contribution fédérale était de 14 millions de dollars. Par conséquent, le gouvernement de l'Ontario fournit une part considérable du financement de l'éducation en français dans la province, une part bien supérieure à la contribution fédérale.
Sans vouloir trop m'avancer — d'autant qu'il n'y a personne ici du gouvernement de l'Ontario pour défendre la position de la province —, j'ai l'impression que les autorités ontariennes répliqueraient au gouvernement fédéral et lui feraient comprendre que, s'il a des suggestions à faire ou s'il y a des choses qu'il souhaite voir se réaliser, il doit participer à la discussion et offrir le soutien qu'on attend de lui.
Je n'ai pas besoin de rappeler qu'après moult commentaires au sujet de l'Université de l'Ontario français, une entente a finalement été conclue entre le gouvernement fédéral et celui de l'Ontario afin que la province ait enfin un établissement universitaire exclusivement francophone. Le gouvernement fédéral agit de manière plus constructive quand il admet que les choses sont de sa responsabilité et qu'il participe à la discussion que lorsqu'il essaie de dire aux autres gouvernements ce qu'ils devraient faire.
Il y a un autre point selon moi qui mérite d'être souligné parce qu'il est corroboré par les données sur les dépenses. En 2019-2020, soit la dernière année pour laquelle il y a des données, le financement du gouvernement provincial représentait 40 % des revenus totaux de l'Université Laurentienne. Pour les autres universités de la province, la moyenne est plutôt de 23 %. D'aucuns pourraient en conclure que l'Université Laurentienne est très bien soutenue par la province, mais il faut aussi tenir compte des obstacles et des besoins, qui sont bien réels. Il est temps de discuter des problèmes, et de les régler. Le gouvernement libéral, qui a parfois tendance à montrer les autres du doigt, devrait cette fois-ci reconnaître qu'il a la responsabilité de défendre les langues officielles, de soutenir l'enseignement universitaire et de collaborer avec les provinces dans ces dossiers.
Même s'il ne s'agit pas d'un élément central du débat de ce soir, je crois qu'il est important que les députés se demandent comment la prestation des services d'éducation changera avec l'évolution de la technologie. Beaucoup de personnes de mon entourage s'intéressent à des programmes universitaires offerts dans d'autres régions du pays, voire plus loin, ou à des programmes conjoints offerts entre différents établissements. Il est possible de suivre ces programmes grâce à l'apprentissage à distance et au genre d'environnements en ligne que tout le monde utilise en raison de la pandémie de COVID-19.
Selon une école de pensée, aussitôt que la pandémie sera terminée, les gens reprendront leurs habitudes et ils voudront que la plupart des programmes soient offerts en personne sur les campus, comme c'était avant la pandémie, pas dans tous les cas, mais de façon générale. Toutefois, selon une autre école de pensée, la souplesse qui découle des nouveaux environnements d'apprentissage, qui permet aux gens de suivre des cours universitaires d'établissements du monde entier dans le confort de leur foyer et dans leur ville, à condition d'avoir un accès à Internet adéquat, permet d'envisager un autre avenir possible.
En ce qui concerne les établissements postsecondaires au Canada, il faut se demander comment cette possible adaptation pourrait se concrétiser, et comment les universités du pays pourraient se démarquer en offrant des programmes d'éducation à tous les citoyens du monde, qui pourraient y participer à distance. Bien entendu, certains préféreraient assister en personne à leurs cours, mais d'autres pourraient bénéficier de ces programmes à partir d'autres régions du pays, ou même d'autres régions du monde. J'encouragerais le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux à réfléchir à des façons de collaborer avec les universités dans le cadre de ce processus d'innovation, afin que le secteur universitaire puisse être florissant après la pandémie, en profitant de ces tendances technologiques et en proposant un enseignement de premier ordre aux personnes qui souhaitent accéder à de tels programmes à partir d'un peu partout dans le monde.
Je suis enthousiasmé à l'idée que mes enfants puissent avoir l'occasion d'étudier ailleurs et de suivre des cours dans diverses parties du monde en même temps. Nous devrions donc garder espoir et envisager un avenir dans lequel l'Université Laurentienne et d'autres établissements postsecondaires formeront une trame solide de notre tissu national.
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Monsieur le Président, avant de commencer mon discours, je vais me permettre de saluer mon collègue de . En début de soirée, il a fait un discours très important sur sa région, sa ville, sa famille, ainsi que sur cette institution qu'est l'Université Laurentienne, pour laquelle je ne doute absolument pas qu'il a beaucoup d'affection.
J'ai eu le plaisir et le privilège de siéger avec lui au comité des langues officielles pendant plusieurs années. J'aimerais le saluer, car je me mets à sa place. Ma ville natale de La Pocatière comprend, non pas une université, mais un collège privé de 500 étudiants, dont certains viennent d'un peu partout dans le monde. On a aussi une école secondaire publique très importante, des écoles primaires, bien sûr, ainsi qu'une institution de technologie agroalimentaire qui a été en danger à une certaine époque. Il y a aussi eu une présence universitaire jusqu'en 1962, l'année de ma naissance, puisque l'Université Laval avait sa faculté d'agriculture à La Pocatière.
Je me mets donc à la place de mon collègue et je peux comprendre le désarroi que la population de Sudbury et lui peuvent ressentir ce soir par rapport à la situation très préoccupante de l'Université Laurentienne de Sudbury, une institution qui existe depuis 1960, et aux dangers qui la guettent.
J'ai fait une petite recherche tout à l'heure et le prêtre Gustave Blanche doit se retourner dans sa tombe aujourd'hui à voir ce qui est arrivé. À La Pocatière, c'est François Pilote qui a fondé le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Ces prêtres ont été les instigateurs de ces institutions qui sont devenues très importantes dans nos communautés. À La Pocatière, je constate toutes les retombées économiques de l'engagement collégial, universitaire ou scolaire, mais aussi tous les éléments qui sont venus s'y greffer avec le temps.
Pour le Nord de l'Ontario, l'Université assure une importante offre éducative postsecondaire. Il s'agit de la seule université dans cette région, située à plus de quatre heures de route de Toronto, et elle joue un rôle important pour assurer la pérennité du français au sein de l'importante communauté franco-ontarienne du Grand Sudbury. Par ailleurs, il s'agit d'une université très reconnue, encore aujourd'hui malgré les frasques administratives qui l'ont menée à se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Je pense qu'il est bon de rappeler que cette institution est maintenant à l'abri de la faillite.
Ce que je vais dire peut paraître bizarre, mais chaque menace recèle de bonnes occasions. L'une de ces occasions est la possibilité que l'Université Laurentienne a maintenant de radier plusieurs de ses dettes envers des fournisseurs ou des partenaires financiers, ce que permet la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. J'essaie de voir le côté positif de cette crise. La radiation de ces dettes pourrait permettre une meilleure pérennité, surtout si les gouvernements fédéral et de l'Ontario s'unissent pour investir des fonds additionnels afin de relancer l'Université. En effet, la situation actuelle ne peut mener qu'à une relance de l'Université.
L'éducation est évidemment de compétence provinciale. Contrairement à ce que ma collègue de a dit dans son discours, comme quoi l'opposition officielle ne reconnaissait pas cette compétence provinciale, nous le savons très bien et nous respectons cette compétence. C'est d'abord la province qui a son mot à dire sur l'administration au jour le jour des écoles et des universités en Ontario.
Cependant, le gouvernement du Canada a lui aussi son rôle à jouer en vertu de son obligation morale de soutenir l'épanouissement des communautés francophones en situation minoritaire. Pour avoir siégé au comité des langues officielles pendant de nombreuses années depuis que je suis député, je sais très bien que le rôle du fédéral est extrêmement important. La ministre en a parlé tout à l'heure. Un fait demeure: le gouvernement libéral est en place depuis plus de cinq ans, mais je ne vais pas politiser le débat ce soir.
La fait de belles annonces. Effectivement, c'est bien beau ce qu'elle fait et c'est très amusant. Elle fait de beaux discours et aime répéter que son gouvernement investit des sommes records pour soutenir les langues officielles.
Je me pose des questions et je me demande si le gouvernement libéral, qui est ici ce soir, peut nous expliquer où sont donc passés tous ces milliards de dollars qu'on a dépensés pour appuyer les Franco-Ontariens. J'ai demandé à la ministre à quel moment elle avait appris que l'Université Laurentienne était en danger. Elle ne l'a sûrement pas appris il n'y a que deux mois, au début février. Inévitablement, elle a été mise au courant de la situation de l'Université bien avant cela. J'aimerais bien savoir à quel moment elle a été mise au courant et quelles mesures elle a prises dès ce moment. Quelles discussions a-t-elle eues avec le gouvernement provincial pour essayer de trouver des solutions afin d'éviter la situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui?
À lire les articles de Radio-Canada et de La Presse à ce sujet, on peut s'apercevoir que les déboires financiers de l'Université ne datent pas d'hier. C'est ce que j'expliquais. L'Université a été fondée en 1960. En regardant des photos, on peut voir que les édifices ne sont pas neufs, ils ont sûrement été payés depuis le temps. Cela prend donc des années et des années de mauvaise gestion pour en arriver à une situation d'insolvabilité, selon leurs propres mots.
Tantôt, mon collègue et moi faisions référence à Mme Brenda Austin-Smith, la présidente de l'ACPPU, qui dit que les administrateurs devront être tenus responsables de leur manque de transparence sur leur bévue financière. En fait, il faut probablement reculer de quelques années dans l'histoire pour voir ce qui s'est passé. Il faut aussi se demander si la COVID-19 a amplifié le problème au cours de la dernière année. Ce n'est assurément pas la seule raison pour laquelle l'Université se retrouve dans cette situation aujourd'hui.
Dans la foulée de ces événements, je tiens tout de même à saluer les étudiants et les professeurs qui ont perdu leur travail. Les étudiants se voient coupés de leurs cours et ne peuvent pas terminer leur cursus scolaire. La fin abrupte de leurs cours et des divers programmes est un coup très dur à accepter pour l'ensemble des étudiants et des professeurs, alors que plusieurs d'entre eux se questionnent sur leur avenir. On parle de 1 000 employés à l'Université et de près de 7 000 étudiants, dont plus de 1 300 sont des francophones, ce qui représente une grosse université francophone au Canada.
En tant que parlementaires francophones, il est de notre devoir de débattre de solutions à mettre en place et de tout faire pour que l'occasion dont je parlais tout à l'heure devienne une réalité. Il faudrait pouvoir relancer cette université sur de nouvelles bases. Je remercie d'ailleurs mon collègue du NPD d'avoir proposé ce débat d'urgence.
Selon l'issue des procédures judiciaires et actuelles en cours, les étudiants ne savent pas s'ils devront changer de région pour obtenir leur diplôme. Ce serait un désastre s'il fallait que ces étudiants décident de partir de la région pour aller étudier ailleurs, comme le mentionnait mon collègue de . Quand les étudiants partent pour aller étudier ailleurs, souvent ils ne reviennent pas dans leur région. Ils décident de partir et de rester à l'extérieur. Ce serait vraiment dévastateur.
Je ne sais pas exactement ce que mes collègues du Nouveau Parti démocratique veulent que le gouvernement fédéral fasse dans l'immédiat, étant donné le processus qui est déjà enclenché. Voudraient-ils que le gouvernement fédéral vienne nationaliser l'Université? J'espère que non. Cela pourrait arriver. Les conventions collectives des professeurs et du personnel devraient être renégociées et possiblement modifiées afin que l'Université puisse redevenir solvable. Est-ce que le NPD appuiera cela? Il y a toutes sortes d'enjeux quant à la situation actuelle.
J'imagine que le gouvernement fédéral sera là pour soutenir financièrement le programme en français, ce qu'il faisait déjà en partie. Cependant, va-t-il pouvoir investir davantage et en faire plus? C'est une question qui revient à la ministre au moment où on se parle.
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Monsieur le Président, j'aimerais dire que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue le .
Je me lève aujourd'hui en tant que fière Franco-Ontarienne et députée d'Orléans. Je suis préoccupée et choquée par le lundi noir vécu par notre communauté du Nord de l'Ontario. Les coupes dévastatrices, majoritairement dans des programmes francophones, nous rappellent une fois encore que nos communautés de langue minoritaire et leurs institutions sont toujours en danger d'assimilation.
Nos établissements d'enseignement postsecondaire sont des institutions clés pour une francophonie forte et assurent la pérennité de notre langue et le futur de nos communautés francophones partout au pays.
Je suis contente de voir qu'hier notre Parlement et tous ses membres se sont unis derrière ma communauté contre ces réductions dévastatrices. Tous les députés de la Chambre, préoccupés par l'état des établissements d'enseignement postsecondaire, ont passé un message clair: nos institutions doivent être protégées et les gouvernements doivent agir.
La Chambre a également envoyé un message clair aux gouvernements provinciaux qui ne traitent ni l'éducation dans la langue de la minorité ni les services francophones comme une priorité. C'est ce qu'on a déjà vu du gouvernement Ford et ce qu'on voit maintenant depuis plus d'un an du gouvernement Kenney. Ce sont des gouvernements conservateurs qui coupent chaque fois que l'heure devient grave dans des services et des institutions francophones.
C'est uniquement après un soulèvement des communautés, une mobilisation et des voix qui crient à l'unisson qu'on arrive finalement à un dialogue avec ces gouvernements.
Soyons clairs: le gouvernement fédéral est prêt, engagé et a le devoir d'aider, mais nous nous attendons à des gouvernements provinciaux responsables de leur compétence.
À cette heure grave, tous les gouvernements doivent venir ensemble pour trouver des solutions et protéger ces institutions phares de la francophonie canadienne.
La communauté franco-ontarienne a pu compter sur notre gouvernement dans le passé et nous resterons un allié de la communauté franco-ontarienne pendant ces moments sombres. Elle peut compter sur notre gouvernement parce que nous avons démontré à maintes reprises que nous sommes là pour les francophones d'un océan à l'autre.
Dans le discours du Trône, nous avons franchi une étape historique en reconnaissant que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans la protection et la promotion du français, tant au Québec que dans le reste du Canada.
Il y a un mois, la a suivi cela avec un plan pour la modernisation de la Loi sur les langues officielles intitulé « Français et anglais: Vers une égalité réelle des langues officielles au Canada ». Ce document de réforme présente des discussions sur l'avenir du français et de l'anglais dans ce pays d'une manière claire, unificatrice et surtout centrée sur les besoins des Canadiens.
Je suis fière d'appuyer cette approche transparente et je suis convaincue que le projet de loi sera aussi bien accueilli que cette vision l'a été.
Concrètement, le document de réforme commence en reconnaissant plusieurs réalités et tendances récentes du terrain. D'abord, que le français est vulnérable et que cette langue a besoin d'une protection accrue. Pour la première fois, le gouvernement du Canada adaptera ses interventions et prendra des mesures concrètes pour protéger et appuyer les institutions clés des communautés de langue officielle en situation minoritaire, comme l'Université Laurentienne, afin de soutenir leur vitalité.
Il est entendu que nous agirons dans le plein respect des champs de compétence des provinces et des droits existants des communautés d'expression anglaise en situation minoritaire. Cependant, il est également entendu que le gouvernement ne cessera d'appuyer les Canadiens jusqu'à ce que ce sentiment d'insécurité linguistique se soit volatilisé complètement. Comme l'a dit la ministre, c'est une question de respect et de dignité pour tous les locuteurs du français et de l'anglais.
[Traduction]
Ensuite, j'aimerais souligner les mesures énoncées dans le document de réforme, des mesures axées sur la promotion de l'apprentissage du français d'un bout à l'autre du pays, en augmentant les possibilités pour tous, peu importe leur lieu de résidence. Le gouvernement reconnaît qu'il est inacceptable que des parents doivent inscrire leurs enfants sur une liste d'attente ou se soumettre à des loteries afin d'avoir accès à des programmes d'immersion en français très convoités, ou encore que des adultes ne puissent avoir accès aux possibilités souhaitées pour apprendre leur deuxième langue officielle.
Je peux vous assurer que le gouvernement passera à l'action. Le document de réforme présente de l'information sur la conception de Mauril, un outil en ligne gratuit pour aider les adultes à apprendre leur deuxième langue officielle, ainsi que sur l'établissement d'un nouveau corridor d'immigration francophone pour les enseignants du français qualifiés et la mise en œuvre, en collaboration avec les provinces et les territoires, d'une initiative nationale de reconnaissance des qualifications en matière d'enseignement du français partout au Canada dans le but d'améliorer la mobilité des professionnels.
Finalement, mon dernier point, mais non le moindre: l'engagement renouvelé du gouvernement à l'égard des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Le document de réforme énonce aussi de nouvelles dispositions réglementaires destinées aux institutions fédérales en ce qui concerne les mesures positives prévues à la partie VII de la Loi sur les langues officielles, augmentant ainsi les appuis aux institutions communautaires et permettant d'estimer avec une précision accrue le nombre de personnes ayant le droit de se faire instruire dans la langue de la minorité au titre de la Charte.
En travaillant en partenariat avec les organismes et les intervenants locaux, nous veillerons à ce que les communautés francophones à l'extérieur du Québec et les communautés anglophones au Québec prospèrent encore longtemps.
[Français]
J'encourage les députés à jeter un coup d'œil au document de réforme. Sous ce gouvernement, l'avenir des langues officielles est prometteur. Nous allons continuer de défendre le français et de renforcer les langues officielles au Canada.
À tous les professeurs, chercheurs et étudiants, je dis « nous sommes, nous serons ».
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Monsieur le Président, je vous remercie de permettre la tenue de cet important débat ce soir. Je suis très fier d'être ici en tant que député de Nickel Belt et secrétaire parlementaire du ministre des Ressources naturelles. Je suis présentement à mon bureau, ici, à Ottawa, pour participer à ce débat.
L'Université Laurentienne est un pilier de ma communauté du Grand Sudbury et de tout le Nord de l'Ontario. Elle offre des services de première classe pour les anglophones, les autochtones, les francophones et les étudiants internationaux.
Soyons clairs: l'Université est une institution qui me tient à cœur. Elle fait partie de trois générations de ma famille et de la vie de nombreux amis. Mon père a commencé ses études à l'Université de Sudbury en 1958 et a obtenu son diplôme à l'Université Laurentienne en 1962. J'ai moi-même obtenu mon baccalauréat en communication en 1990, et ma fille a obtenu sa maîtrise en orthophonie à l'Université Laurentienne.
[Traduction]
L'Université Laurentienne est située dans la ville du Grand Sudbury, qui compte 160 000 habitants. Ma circonscription, Nickel Belt, représente 45 % de la population du Grand Sudbury. L'autre partie de la ville se trouve dans la circonscription de mon collègue, le député de .
Depuis que j'ai été élu en 2015, je fais équipe avec mon collègue de pour garantir que l'Université Laurentienne et l'ensemble de la région reçoivent leur juste part de financement. C'est notre responsabilité en tant que députés.
Plus tôt au cours du débat, mon collègue a parlé de toutes les annonces de financement que nous avons faites pour soutenir l'Université Laurentienne. Je tiens à assurer à tout le monde ce soir que nous avons été là pour cette université, et nous continuerons à soutenir les établissements postsecondaires au Grand Sudbury et partout dans le Nord de l'Ontario.
Je remercie tous les gens de ma circonscription et les membres de ma famille qui ont communiqué avec mon équipe et moi en cette période très difficile. Compte tenu de l'anxiété suscitée par la COVID-19, j'invite tout le monde à continuer à se protéger et à tendre la main à ses voisins.
L'Université Laurentienne a permis à plusieurs générations d'hommes et de femmes d'accéder à l'enseignement supérieur. Ils sont les leaders d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Ils ont des liens partout dans le monde.
Soyons clairs. Je suis très déçu, en fait, je suis furieux qu'on en soit arrivé là. Je déplore que la collectivité vive une énorme incertitude et je suis triste pour le corps professoral, le personnel et les étudiants qui terminent leurs examens en ce moment même. Nombre d'entre eux ne sont pas certains de vouloir revenir à l'Université Laurentienne en septembre prochain.
Que peuvent faire les représentants élus? Que peut faire la collectivité? Que peuvent faire les membres du conseil municipal du Grand Sudbury? Que peuvent faire les gouvernements provincial et fédéral pour soutenir les nombreux membres du corps professoral et du personnel qui ont perdu leur emploi et pour atténuer toute l'incertitude que vivent les étudiants aujourd'hui? Ce sont des amis, des voisins et des membres de la famille. Quel rôle la Chambre de commerce du Grand Sudbury peut-elle jouer? Nous pouvons jouer un rôle actif en prenant des mesures pour faciliter l'emploi afin de garder les talents dans la région.
Je vais utiliser le temps de parole qu'il me reste ce soir pour dire simplement que la question relève de la province de l'Ontario. Nous pourrions laisser les députés provinciaux défendre le dossier à Queen's Park, mais je pense que nous devons trouver une solution ensemble.
[Français]
J'aimerais aussi remercier le personnel et le conseil d'administration des trois fédérations qui ont fondé l'Université Laurentienne, il y a 60 ans. Sans les trois fédérations, l'Université Laurentienne n'existerait pas. Il se donne d'excellents cours à l'Université d'Huntington, à l'Université Thorneloe et à l'Université de Sudbury depuis plus de 60 ans.
[Traduction]
L'Université Laurentienne a un programme d'études environnementales de calibre mondial au Centre pour la vitalité des lacs Vale. Il y a aussi l'édifice Cliff Fielding, pour les études en génie minier et en innovation. Le travail qu'on y accomplit est respecté dans le monde entier.
[Français]
Les cours du programme d'enseignement ont été coupés.
[Traduction]
Je pense aussi au programme d'études autochtones, un programme crucial, puisque notre région a besoin de comprendre l'histoire et la culture des communautés autochtones du Nord de l'Ontario ainsi que leurs liens avec l'environnement.
Mentionnons aussi le Centre de recherche sur la santé et sécurité au travail, qui offre une formation de calibre mondial dans ce domaine. Il a été établi en collaboration avec un syndicat de métallurgistes local. Pour sa part, le SNOLAB, un laboratoire de calibre mondial qui se concentre sur les neutrinos, offre beaucoup d'autres programmes. De plus, grâce au financement provenant du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, l'Université Laurentienne compte de nombreuses chaires de recherche du Canada.
Il faut trouver une solution. Les gouvernements et tous les partis politiques doivent unir leurs forces afin de soutenir les communautés du Grand Sudbury. Je sais que les gens de Sudbury sont très inquiets, mais je connais leur résilience. Je sais qu'ils réussiront à traverser cette période difficile.
[Français]
J'aimerais remercier la et la de nous avoir écoutés, de leur ouverture et de leur action; de travailler avec la communauté francophone de l'Ontario et celle du Grand Sudbury; et de travailler étroitement avec la province de l'Ontario.
Je peux assurer à la Chambre que le gouvernement fédéral va prendre ses responsabilités concernant les services linguistiques en situation minoritaire partout au pays. Nous devons surtout trouver une solution et travailler avec la province de l'Ontario.
J'aimerais aussi remercier plusieurs des bénévoles des organisations francophones et les personnes qui continuent à faire des revendications pour la langue française partout au Canada et surtout, dans le Nord de l'Ontario. L'Université Laurentienne est une institution importante et est au cœur de notre développement économique dans le Grand Sudbury. L'histoire est là. Nous devons ensemble trouver des solutions.
J'apprécie énormément le fait que le Président ait accordé le débat de ce soir et que nous puissions prendre des mesures proactives.
Je répondrai avec plaisir aux questions de mes collègues. Je sais que, ensemble, nous avons à cœur l'Université Laurentienne et les services de langue française et que nous voulons trouver une solution.
:
Monsieur le Président, je remercie mon whip de son intervention. Je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
L'Université Laurentienne illustre la dualité du Canada, mais, malheureusement, elle s'est maintenant placée à l'abri de ses créanciers en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Je ne connais ni les dispositions ni les circonstances qui ont entraîné une telle chose, mais c'est vraiment regrettable. Je crois comprendre que l'Université éliminera 58 programmes de premier cycle. Parmi ceux-ci, 34 sont en anglais et 24 sont en français. Cette décision aura une incidence négative disproportionnée sur la communauté franco-ontarienne. C'est inacceptable.
J'ai indiqué que l'immersion française était prisée dans les écoles primaires et secondaires en Colombie-Britannique, mais cet intérêt ne signifie pas nécessairement que les étudiants fréquentent ensuite des universités francophones. Ce n'est pas le cas en Colombie-Britannique, et je crois comprendre que ce n'est pas le cas non plus en Ontario. Par conséquent, l'élimination de ce programme de français représente une occasion ratée de promouvoir le français et un Canada réellement bilingue.
Les universités au Canada éprouvent réellement des difficultés financières, non seulement l'Université Laurentienne, mais toutes les universités du pays, notamment l'Université Trinity Western, une université privée de ma circonscription, Langley—Aldergrove. Bon nombre des difficultés financières qu'éprouvent les universités ont été mises au jour au cours de la pandémie. Nous avons découvert qu'elles comptent énormément sur les recettes provenant des étudiants étrangers. Bien sûr, la fermeture de la frontière et les restrictions imposées aux étudiants étrangers temporaires qui viennent au pays ont nui énormément aux universités.
J'ignore quelle est la solution. Tout le monde espère que la pandémie sera bientôt terminée et que, l'année prochaine, les étudiants étrangers reviendront peut-être en grand nombre. Les universités du Canada sont des établissements d'enseignement de premier plan, et les étudiants étrangers seront toujours tentés de venir au Canada.
Les universités comptent aussi sur les partenariats avec le secteur privé. En tant que conservateur, je salue cette démarche. Je salue les initiatives du secteur privé, qui sont généralement favorables, mais cela peut aussi occasionner des problèmes. Un grand nombre de nos chaires de recherche sont financées par des sociétés étrangères. Cela pose un véritable problème si ces sociétés sont détenues et contrôlées par des pays étrangers, surtout si ces pays ne sont pas particulièrement amis avec le Canada.
Je pense à des sociétés comme Huawei qui ont financé des chaires de recherche. Elles recrutent les Canadiens les plus talentueux et brillants pour qu'ils mettent leurs capacités intellectuelles au service du développement de nouvelles technologies, puis les pays étrangers se les approprient, et tout cela se fait au grand jour. Le Canada doit agir pour protéger les actifs de propriété intellectuelle canadiens, promouvoir davantage la recherche et le développement, et protéger les universités et les sociétés.
L'une des idées qui circulent porte sur les collectifs de brevets. Le Canada est un vaste pays avec une faible densité de population. C'est pourquoi nous devons unir nos forces pour protéger nos actifs de propriété intellectuelle et nos universités et garder notre propriété intellectuelle au pays. Nous devons travailler de façon productive à l'avantage de notre pays et de notre économie et exporter le fruit de nos travaux. Nous ne devrions pas exporter nos étudiants ni notre propriété intellectuelle. Nous devrions faire tout le développement ici même et vendre les produits finis par l'entremise de licences de brevet, par exemple.
Le fiasco du vaccin de CanSino est le parfait exemple de la faiblesse du Canada dans le secteur industriel. Tous les Canadiens pensaient que leur pays était l'un des chefs de file parmi les pays industrialisés. C'est pourquoi nous avons été si étonnés d'apprendre que nous n'avons même pas notre propre industrie pharmaceutique. Nous ne sommes même pas capables de développer nos propres vaccins pour nous protéger. Nous traînons loin derrière d'autres pays pour ce qui est de vacciner notre population. Par rapport au pays auquel nous aimons nous comparer, les États-Unis, notre voisin immédiat, nous avons pris beaucoup de retard. Comment est-ce arrivé?
Le Canada est confronté à un problème fondamental: le manque de volonté industrielle de faire les choses nous-mêmes. Les universités canadiennes doivent se trouver au centre de cet enjeu.
Tout cela s'éloigne quelque peu du sujet de la situation à l'Université Laurentienne. Je comprends qu'il ne s'agisse pas nécessairement d'une université de recherche, mais le travail qu'elle accomplit n'en est pas moins important. Je suis prêt à encourager tous les efforts visant à assurer la vigueur de cette université.
Il ne revient pas au gouvernement fédéral d'indiquer à la province comment elle doit s'y prendre pour bâtir, pour promouvoir et pour défendre ses universités, et il ne me revient certainement pas, à titre de député de la côte Ouest, de dicter à l'Ontario ce qu'elle doit faire ou d'expliquer à l'université comment elle doit s'y prendre pour survivre et pour s'épanouir.
Je veux que le milieu universitaire, la communauté franco-ontarienne, ainsi que tous les Ontariens sachent que les gens de la côte Ouest sont très soucieux de tout ce qui se passe au pays, de même que dans le milieu universitaire. Nous sommes à leurs côtés. De grâce, faites que cela soit possible. Faites en sorte d'assurer la survie de l'Université Laurentienne. Nous sommes là pour elle.
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Madame la Présidente, j'aimerais commencer par remercier mon collègue de pour son travail dans ce dossier et d'avoir demandé ce débat d'urgence.
Je voudrais aussi souligner, madame la Présidente, le travail acharné que vous accomplissez en tant que députée d'. Vous occupez le fauteuil de la présidence et vous n'avez pas donc le droit de vous exprimer sur le sujet, mais nous en parlons et nous y travaillons depuis très longtemps. Je sais combien vous êtes dévouée aux étudiants, au personnel et à la communauté de l'Université Laurentienne. Je veux donc vous remercier pour cela aussi.
Incroyable championne de la cause de l'Université Laurentienne, vous m'avez dit que votre propre fils, Shawn Hugues, a suivi le programme en sciences biomédicales de l'Université. Vous m'avez parlé de votre nièce, Emily Reese, et de la fille d'un des membres de votre personnel, Izabel Timeriski, qui sont toutes deux inscrites dans ce programme, qui va maintenant disparaître. Ce sont des jeunes gens extraordinaires à l'immense potentiel qui vont devoir maintenant quitter leur foyer pour pouvoir terminer leurs études.
Quoi qu'il en soit, cette crise qui ébranle l'Université Laurentienne ne devrait pas nous surprendre. Le système postsecondaire au Canada est en péril, après des années de négligence et de sous-investissements, et la pandémie de COVID-19 n'a fait qu'aggraver la situation, bien sûr.
L'Université Laurentienne s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies le 1er février. Je le souligne, car c'était la première fois au Canada qu'une université publique déclarait faillite et recevait la protection des tribunaux pour insolvabilité.
Comme bien d'autres établissements d'enseignement postsecondaire, l'Université Laurentienne a vu le jour grâce aux investissements consentis par les Canadiens pendant des années, et voilà qu'aujourd'hui, le gouvernement conservateur au pouvoir en Ontario est prêt à la démanteler, sous le regard indifférent des libéraux fédéraux. Ce n'est pas avec les vœux de sympathie du gouvernement qu'elle paiera ses factures.
Les néo-démocrates du Canada et de l'Ontario, de leur côté, refusent de se taire et de laisser cette institution être vendue aux banques. Nous allons nous battre pour le réseau d'éducation du pays et pour les établissements bâtis au fil des ans par les Canadiens.
Culturellement parlant, le mandat de l'Université Laurentienne est triple, puisqu'elle doit favoriser l'épanouissement des francophones, des anglophones et des Autochtones. Cet établissement d'enseignement postsecondaire est un véritable moteur économique pour Sudbury, dont elle est le troisième employeur. Il s'agit d'un symbole d'excellence francophone, un haut lieu de la recherche autochtone et un vecteur de réconciliation.
La restructuration annoncée et les coupes que celle-ci suppose auront un effet dévastateur sur les étudiants, les travailleurs et la population de la région. Cette semaine, plus d'une centaine de professeurs ont perdu leur emploi. L'Université met également un terme à près de 70 programmes — elle se débarrasse même de départements entiers —, dont plusieurs programmes autochtones et francophones uniques s'inscrivant directement dans le mandat de l'organisation. Elle coupera aussi dans les programmes de génie, de mathématiques, d'économie, d'entrepreneuriat, de soins infirmiers et de soins de sages-femmes.
Parlons plus précisément des programmes de formation de sages-femmes. Il en existe seulement trois en Ontario, offerts aux universités McMaster, Ryerson et Laurentienne. Le programme éliminé à l'Université Laurentienne était offert en anglais et en français. En fait, il s'agit du seul programme bilingue de formation de sages-femmes non seulement en Ontario, mais dans l'ensemble du Canada.
Évidemment, l'incidence pour les étudiantes est mesurable. Je dis étudiantes, puisque la majorité des étudiants qui suivent ce programme sont généralement des femmes. Entre autres, ce programme bénéficiait aux Autochtones, puisqu'il permettait à de nombreuses diplômées autochtones d'offrir d'importants services de santé, en particulier aux femmes, dans leur collectivité.
Il y a un grave manque de services de santé génésique partout au Canada, surtout dans les collectivités rurales, éloignées et du Nord. Plus tôt aujourd'hui, j'ai pris la parole à la Chambre pour souligner l'importance d'offrir aux femmes un accès juste et équitable à des services de santé au Canada. Il existe des disparités considérables entre les milieux ruraux et urbains pour ce qui est de l'accès à ces services, et, dans les régions où les services sont insuffisants, les sages-femmes sont souvent les principaux fournisseurs de services de santé génésique pour les femmes.
Des centaines de personnes sont contraintes d'aller dans une autre ville pour accéder à des services de santé génésique et elles doivent assumer les frais de déplacement. Se rendre dans une autre ville pour ces procédures peut nécessiter de s'absenter du travail, de prendre des dispositions ou de payer des frais de garde d'enfants ou de soins aux aînés, et certaines personnes ne peuvent pas se le permettre. L'accès aux services ne devrait pas dépendre de l'endroit où l'on demeure ou de son revenu. Je l'ai dit plus tôt ce soir, et je le répète.
Il s'agit d'une violation des droits de la personne et cela contrevient à la Loi canadienne sur la santé. Dans l'ensemble du Canada, l'accès aux services de santé dans les communautés éloignées, marginalisées et autochtones ou dans les communautés qui vivent à l'écart des centres urbains pour des motifs religieux, comme les communautés amish, dépend beaucoup des sages-femmes et des services que fournissent les diplômés de l'Université Laurentienne.
Cinquante-deux pour cent des étudiants qui fréquentent l'Université Laurentienne sont les premiers de leur famille à poursuivre des études postsecondaires, et 65 % des anciens étudiants restent dans le Nord de l'Ontario après leurs études. Ce sont des professionnels qui demeurent dans leur communauté et qui utilisent les connaissances acquises à l'Université Laurentienne, ce qui est très important.
Voici ce que m'a raconté une de mes bonnes amies, Kathi Wilson, professeure adjointe pour le programme de formation des sages-femmes. Elle m'a dit ceci: « Hier, j'ai fait une présentation sur Zoom pour la classe de troisième année du programme de sage-femme de l'Université Laurentienne. Comme elles venaient tout juste d'être informées de la disparition de leur programme, je me suis demandé si elles auraient la tête à ce que j'allais leur enseigner. Je me suis dit qu'elles seraient sûrement anéanties, mais j'ai été vraiment impressionnée par leur participation au cours. »
Kathi m'a dit ensuite: « Elles m'ont posé des questions intéressantes et pointues et elles ont fait des commentaires judicieux. Elles ont vraiment été des étudiantes modèles. Leur passion pour la profession de sage-femme et pour le soin des personnes enceintes transparaissait clairement, même sur Zoom. Elles deviendront d'excellentes sages-femmes, mais elles méritent de pouvoir le faire à l'université où elles ont commencé leurs études, avec les professeurs et les chargés de cours qu'elles connaissent. »
Kathi a conclu ainsi: « L'Ontario et le Canada ont besoin de plus de sages-femmes, surtout de sages-femmes racialisées, francophones et autochtones, qui pourront desservir des communautés diversifiées. Nous avons besoin du programme de formation des sages-femmes de l'Université Laurentienne pour répondre à ces besoins croissants. »
Je remercie Kathi de m'avoir raconté ce qu'elle a vécu. Je veux également me concentrer sur un point important qu'elle fait valoir: la diversité et la force de ces étudiantes. La suppression de ce programme touchera directement les 14 membres du corps enseignant, qui sont des femmes, et les 120 étudiantes, dont un grand nombre sont des Autochtones, des Noires ou des personnes de couleur, des francophones et des personnes trans ou non binaires.
Dans les dernières années, l'Université Laurentienne a fait des progrès importants dans l'offre de cours avec contenu autochtone, qui intègrent les enseignements traditionnels et les langues autochtones. Ces programmes sont un élément crucial de la réconciliation. Nous entendons constamment parler de l'engagement du gouvernement envers la réconciliation. Pourtant, cet établissement sombre sous ses yeux. Que peuvent bien valoir tous ces beaux discours sans les mesures nécessaires pour y donner suite? Le gouvernement a la responsabilité d'aider cet établissement.
L'Université Laurentienne est une partie importante de notre engagement envers les appels à l'action sur l'éducation autochtone de la Commission de vérité et réconciliation, et elle doit continuer de l'être. Cet établissement a une incidence énorme sur les collectivités autochtones du Canada. Si le gouvernement le laisse échouer, ce sera le premier programme d'études autochtones à être abandonné depuis la création de cette discipline en 1969.
J'ai parlé à des gens de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. Ils ont été clairs: sans programmes d'études autochtones, il n'y aura pas d'enseignement des langues autochtones à l'Université Laurentienne. Il y a plus de 1 200 étudiants autochtones sans accès à une formation linguistique officielle s'ils en ont besoin ou s'ils souhaitent en suivre une. Il n'y a pratiquement aucun cours obligatoire avec du contenu autochtone pour les autres étudiants.
Ce soir, des députés ministériels se sont exprimés sur cette crise. Ils affirment qu'ils se sentent mal ou que la question ne relève pas de la compétence fédérale. Encore et encore, le gouvernement n'assume pas ses responsabilités. C'est cette attitude qui a laissé tomber un grand nombre de collectivités autochtones et qui a entraîné les taux de pauvreté dans les réserves et à l'extérieur de celles-ci, sans oublier les avis de faire bouillir l'eau partout au Canada. Après les étalages de vertu et les beaux discours du et du gouvernement, comment le gouvernement peut-il rester les bras croisés encore une fois?
Je demande souvent au gouvernement d'agir pour des motifs humanitaires, mais je constate souvent que, pour les libéraux et les conservateurs, tout n'est qu'une question d'argent. Partout au pays, les universités essuient des pertes de centaines de millions de dollars et maintenant, à cause de la COVID-19, on parle de milliards de dollars.
En Ontario, l'augmentation des coûts et les pertes de revenus liés à la COVID-19 se chiffrent à plus de 1 milliard de dollars. En Colombie-Britannique, les universités et les collèges ont demandé une exemption afin d'avoir le droit de faire un déficit dépassant les 178 millions de dollars. Avec cette université qui cherche à se protéger de ses créanciers, son passif risque d'augmenter et cela pourrait faire augmenter les coûts pour les universités en Ontario et dans le reste du pays, parce que les banques réévalueront le risque lié aux prêts accordés à ces établissements.
Autrement dit, si rien n'est fait, la crise risque de s'étendre à d'autres universités. Il n'y a là rien d'étonnant, puisque les députés ministériels ont laissé les universités et les collèges s'organiser tout seuls avec la pandémie de COVID-19. J'ai écrit à la en mai 2020 pour demander que ces établissements soient admissibles à la Subvention salariale d'urgence du Canada. La ministre m'a répondu: « Nous allons y penser; nous allons en discuter. »
Après de longues réflexions et beaucoup de discussions, on voit maintenant le résultat de l'inaction du gouvernement. La question est maintenant la suivante: le gouvernement attendra-t-il une autre année et réfléchira-t-il un peu plus avant de décider de ne rien faire ou fera-t-il enfin ce qu'il faut pour sauver l'Université Laurentienne?
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Madame la Présidente, je tiens à vous dire que je vais partager mon temps de parole avec la députée de . Il y a longtemps que je l'ai vue et je m'ennuie d'elle. J'espère que j'aurai bientôt l'occasion de siéger à ses côtés.
Je suis le député de Glengarry—Prescott—Russell. J'aime dire à mes collègues ontariens que je représente la circonscription où le soleil se lève en Ontario.
Madame la Présidente, j'adore échanger des mots. Tant que c'est dans la langue de Molière, je pense que l'on peut s'entendre l'un et l'autre. Il m'arrive d'avoir des interruptions de temps à autre, mais ce n'est pas grave.
Je tenais à dire que je suis un fier francophone de l'Ontario. Je représente une circonscription qui compte plus de 60 % de francophones. Même si je suis Franco-Ontarien, je ne vis pas chaque jour les mêmes réalités que mes collègues franco-ontariens d'ailleurs dans la province. J'expliquerai simplement qu'il est très facile de trouver des écoles francophones chez nous. C'est très facile de se déplacer à moins de 100 kilomètres pour avoir accès à une éducation en français. Même si nous avons nos problèmes et parfois des lacunes, je sais que ma réalité est complètement différente de celle de mes collègues francophones de la région de York, par exemple, qui n'ont peut-être pas accès à des institutions francophones ou à des centres communautaires francophones auxquels j'ai accès ici. Voilà pourquoi il est important d'avoir un plan d'action pour les langues officielles, que nous avons présenté en 2018.
Je veux mentionner autre chose. Depuis 2015, j'ai développé une très bonne relation de travail et d'amitié avec le député de , qui ne se représentera pas lors des prochaines élections. Je sais à quel point nous nous entendons tous lorsque nous sommes francophones en Ontario, y compris le député de . Nous sommes un petit groupe avec un accent différent d'une personne à l'autre. La Ville de Kapuskasing a un accent, les francophones d'Orléans ont un accent. Les accents des francophones sont peut-être différents à Hawkesbury et à Embrun, mais ce n'est pas grave. Nous célébrons nos accents lorsque nous parlons français. Nous formons une belle équipe.
Je veux souligner à quel point nous avons été solidaires, avec la députée d' et celle d', lors du lundi noir en 2018. Nous avons tous travaillé ensemble afin d'informer la ministre responsable des Langues officielles. Je sais qu'elle a elle-même engagé des francophones de l'Ontario, dont une francophone de Casselman qui comprend très bien les défis auxquels nous sommes confrontés dans notre communauté.
Je suis diplômé de l'Université d'Ottawa et de la Cité collégiale. J'ai eu la chance de siéger au conseil d'administration de la Cité collégiale, mais je suis aussi un ancien étudiant de l'Université Laurentienne. J'y ai terminé un cours de finances personnelles. Cela fait longtemps que je n'ai pas eu d'interaction avec l'Université Laurentienne, mais je pense aujourd'hui au Dr Yves Robichaud. Je me souviens de ma conversation avec lui. Je ne sais pas s'il fait encore partie de cette université et s'il a été victime de ce qui s'est passé récemment, mais je tiens à le remercier parce qu'il a eu une influence sur ma carrière et sur mon éducation.
Je n'étais pas encore étudiant à l'Université Laurentienne, mais je savais qu'il existait entre la Cité collégiale et l'Université Laurentienne un partenariat pour le cours de finances personnelles. J'avais téléphoné à l'Université Laurentienne et le Dr Yves Robichaud m'avait rappelé rapidement pour me dire que je pouvais suivre un cours en ligne sans problème. C'est bizarre, car je rencontre souvent des gens de Sudbury qui déménagent ici. Ce sont en général des gens plus âgés qui déménagent pour des raisons familiales. Moi, j'étais un petit gars de l'Est de l'Ontario qui suivait des cours avec une université liée au Nord de l'Ontario. Je sais que des gens du Nord viennent vers l'Est pour étudier ou travailler, mais je trouvais cette situation rare, à savoir qu'un étudiant de l'Est allait vers le Nord. C'est important, et cela montre à quel point notre communauté francophone est liée.
Pour revenir au Dr Robichaud, j'aimerais lui dire, s'il est encore en poste à l'université, s'il a perdu des collègues ou s'il a lui-même perdu son emploi, que je pense à lui, à tous ses collègues et à toute la communauté étudiante au sein de l'Université.
J'entends certains de mes collègues dire qu'il faut trouver une solution, qu'il fallait la trouver il y a plus de 24 heures. La réalité, c'est que ce ne sera pas si simple. Le gouvernement fédéral n'est pas responsable de trouver une solution. Oui, nous allons être partenaires, comme nous l'avons toujours été, que ce soit par l'entremise des programmes de langues officielles ou du financement octroyé par Patrimoine canadien. Cependant, c'est au ministère des Collèges et Universités de l'Ontario de trouver une solution, en collaboration avec l'Université Laurentienne. Nous le savons très bien, nous avons entendu les discours de mes collègues durant ce débat. Le gouvernement fédéral, par l'entremise de la , sera là. Le a dit que le gouvernement serait présent, absolument.
Nous n'avons pas de plan à l'heure actuelle. Je ne dis pas cela pour pointer du doigt le gouvernement provincial, mais il faut du temps. Il faut prendre le temps de préparer un plan d'affaires solide pour assurer la viabilité de l'Université Laurentienne. Il ne faut pas nous retrouver à tenir un nouveau débat d'urgence à la Chambre dans cinq ans, à ressasser les mêmes arguments et à accuser tel gouvernement de ne pas avoir fait ceci et tel autre gouvernement de ne pas avoir fait cela. Il faut donc prendre le temps. J'ai entendu un de mes collègues conservateurs dire qu'il s'agit vraiment d'un jour sombre pour notre communauté, mais il faut nous retrousser les manches et nous mettre au travail. Nous sommes capables de trouver une solution, comme nous l'avons fait pour l'Université de l'Ontario français.
Je ne suis pas d'accord que le fédéral finance à 100 % l'Université Laurentienne ou n'importe quelle autre université du pays. Le gouvernement fédéral doit être un partenaire, mais ne devrait pas financer à 100 % les universités puisqu'elles relèvent de la compétence provinciale. Je détesterais voir le gouvernement fédéral inciter ainsi les provinces à désinvestir l'éducation postsecondaire pour nos communautés en situation minoritaire.
Dans le cas de l'Université de l'Ontario français, il est vrai que nous avons dit que nous allions financer les quatre premières années à condition que le gouvernement provincial s'engage à financer les quatre années suivantes. Nous avons donc une entente solide d'au moins huit ans en vertu de laquelle l'Université de l'Ontario français sera financée à hauteur de 40 millions de dollars de la part du gouvernement provincial et de 40 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral. Cela assurera une viabilité permettant à notre communauté d'avoir accès à des programmes en français.
Je vais terminer en disant que je suis de tout cœur avec notre communauté francophone. J'ai moi-même grandi dans une famille franco-ontarienne. Mon père a été membre fondateur de l'Association française des municipalités de l'Ontario. Il n'a pas eu la même chance que moi pour ses études secondaires, me répétant je ne sais combien de fois que, lorsqu'il allait à l'école, les cours se donnaient en anglais dès qu'il y avait ne serait-ce qu'un seul anglophone dans une classe de 30 francophones. Dans les années 1960-1970, cette génération s'est battue pour ses droits, pour avoir accès à une éducation en français.
Je sais que nous allons tous travailler ensemble, que ce soit le NPD, le Parti conservateur ou même le Bloc québécois. Je suis content d'entendre le Québec parler aujourd'hui des communautés francophones hors Québec parce que c'est tellement important. J'entends mes collègues du Bloc québécois dire que nous, francophones, représentons seulement 3 % de la population en Amérique du Nord. Il est vrai que nous sommes en situation grandement minoritaire. Il est vrai que nous devons agir. Il est vrai que la langue française n'a pas le même statut que la langue anglaise parce que nous sommes en situation minoritaire partout en Amérique du Nord.
Malgré tout, j'ai confiance. J'ai confiance parce que notre gouvernement comprend des acteurs comme le premier ministre, qui a reconnu que le plan d'action sur les langues officielles et que les sommes contenues dans les enveloppes ne suffisaient pas, et qui a augmenté ces sommes. Notre gouvernement a reconnu que, pour que les francophones aient accès à des institutions francophones, à une éducation en français, il fallait reconnaître la question des...
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Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de prendre part au débat de ce soir. Je tiens à remercier mes collègues du Nouveau Parti démocratique d’avoir demandé la tenue de ce débat d’urgence. Je suis absolument d’accord: il s’agit bien d’une urgence. Je m’adresse aux députés depuis le territoire traditionnel des Premières Nations W̱SÁNEĆ, que je salue d’ailleurs.
[La députée s’exprime en SENĆOŦEN]
[Traduction]
Ce soir, il est important de nous rappeler que nous parlons d’une université qui offre des programmes en anglais, en français et en langues autochtones.
Je souhaite d’abord analyser l’état de crise généralisée que connaît l’éducation postsecondaire au Canada avant de m’attarder plus particulièrement sur l’Université Laurentienne. J’espère être en mesure d’offrir quelques suggestions utiles.
En 2005, Jane Jacobs, l’un des plus brillants esprits du Canada, a publié son dernier ouvrage, intitulé Retour à l’âge des ténèbres. Elle y traite des menaces qui pèsent sur cinq grands piliers de la civilisation et de la culture, qui, selon elle, sont attaqués de toutes parts. Les piliers en question sont la famille, la communauté, la science, le système fiscal adéquat et l’éducation.
Elle affirme que l’éducation postsecondaire est menacée, car on cherche à la traiter comme l’objet d’une vulgaire transaction. Nous délaissons l’éducation qui vise à développer notre esprit et à découvrir qui nous sommes réellement et quels sont nos talents. Nous l’échangeons pour ce qu’elle décrit comme une « attestation ». Si on a l'argent, on obtient son billet: comme l’explique Jane Jacobs, selon cette logique, les jeunes sont de plus en plus perçus comme des consommateurs d’une expérience intellectuelle qui s’appauvrit, où les classes deviennent de plus en plus surchargées et les échanges entre les étudiants et leurs professeurs s’amenuisent.
Cela a rendu les finances des universités plus incertaines. On constate que les universités dépendent de plus en plus des grandes entreprises, certaines étrangères, d'autres canadiennes, avec des chaires dans tel ou tel domaine.
Lorsque j'enseignais à l'Université Dalhousie, on avait du mal à imaginer que les professeurs travaillant sur les menaces que les tests sismiques font peser sur les mammifères marins iraient loin vu les sommes considérables versées par Shell pour gérer une chaire sur le développement du pétrole et du gaz en mer. Les méthodes de financement faisaient en sorte de rendre exclusives les recherches menées par les universités et les informations obtenues au cours de celles-ci devenaient soudain la propriété des sociétés qui financent les universités. Ces tendances sont dangereuses.
Par ailleurs, les universités sont de plus en plus envahies par une administration vouée à la collecte de fonds. C'est désormais une mode. Que veulent les gens riches? Ils veulent donner de l'argent pour qu'un bâtiment porte leur nom. On n'entend pas que la titularisation de certains professeurs découle de dons offerts par des personnes fortunées. Aussi pernicieuses qu'elles soient, ces tendances se généralisent malheureusement au Canada.
Comme je l'ai mentionné dans une question précédente à la députée de London—Fanshawe, le gouvernement fédéral verse des milliards de dollars pour que les provinces puissent financer leurs universités et établissements d'enseignement postsecondaire, mais nous ne savons pas où va réellement cet argent. Les tendances sont peu encourageantes et, comme je l'ai dit, Jane Jacobs relevait déjà le phénomène en 2005.
Nous constatons ainsi que certains de ces travailleurs sont mal payés au Canada ou que les nouveaux titulaires de doctorat sont exploités, qu'ils n'obtiennent jamais de poste menant à la permanence, mais qu'ils enseignent à temps partiel et sont de simples chargés de cours. Les possibilités offertes aux étudiants sont de plus en plus réduites, et les frais de scolarité et la dette des étudiants augmentent. À mon avis, toute cette accumulation d'erreurs financières et cette incapacité à soutenir adéquatement l'éducation postsecondaire constituent une crise nationale.
Je veux maintenant parler de l’Université Laurentienne, qui fait l’objet du débat de ce soir. Elle est située à Sudbury, une merveilleuse collectivité. J’ai eu l’honneur d’y donner des conférences à quelques reprises au fil des ans. On disait de Sudbury qu’elle ressemblait à un paysage lunaire, mais elle s’est ensuite transformée en un environnement écologique et durable. L’Université Laurentienne et les recherches menées notamment à l’Unité conjointe d’écologie d’eau douce font partie intégrante de cette histoire, tout comme ce qui se passe au chapitre de l’éducation francophone et autochtone. Ce soir, je veux parler des étudiants, car nous n’avons pas entendu leurs voix.
Kristen Lavallee, une amie de ma fille qui étudie à l’Université Laurentienne, a rédigé une lettre qui a été publiée dans le journal local. Elle écrit que les gens responsables des erreurs financières qui ont mené l’université à se placer sous la protection de la loi sur la faillite doivent être tenus de rendre des comptes, car les étudiants traversent actuellement une période extrêmement stressante. Voici ce qu’elle dit:
Nous, étudiants, méritons qu’on nous dise clairement quels sont nos choix afin que nous puissions poursuivre notre éducation. L’Université Laurentienne est un établissement d’enseignement financé par les deniers publics qui devrait recevoir le soutien des gouvernements provincial et fédéral. Pourtant, le personnel, le corps professoral et les étudiants font les frais des décisions irresponsables d’une poignée d’administrateurs.
Il est important que les responsables de la crise financière de l’Université Laurentienne soient tenus de rendre des comptes.
Par ailleurs, la sénatrice Moncion a indiqué très clairement qu’il s’agissait de droits constitutionnels et que ceux-ci devaient être protégés. Elle a dit: « Le respect de ces droits exige des institutions solides. Les tribunaux canadiens reconnaissent depuis longtemps l’importance de maintenir des institutions fortes pour protéger la langue et la culture des minorités linguistiques de langues officielles. L’égalité réelle le requiert. »
La situation dans laquelle se trouve l’Université Laurentienne n’est toutefois pas unique et témoigne d’un sous-financement chronique des établissements postsecondaires qui servent entièrement ou en partie les communautés de langue officielle en situation minoritaire partout au Canada. Le cas de l’Université Laurentienne sonne l’alarme puisque cette situation de sous financement menace les droits constitutionnels des communautés. Il est très important de souligner qu’il ne s’agit pas ici d’un petit problème; le gouvernement fédéral doit faire preuve d’une grande créativité pour reprendre le contrôle de la situation et s’excuser d’avoir laissé une université financée par l’État se prévaloir de la protection en cas d’insolvabilité qui s’applique normalement aux entreprises privées.
[Français]
Je veux dire aussi en français que nous avons maintenant une crise des minorités francophones de l'Ontario, mais également dans tout le Canada. La suppression des programmes d'études au sein de l'Université Laurentienne et, plus particulièrement, le traitement reçu par les programmes francophones est une attaque à la vitalité de la langue française en situation minoritaire. Je vais clairement dire que nous devons maintenant faire quelque chose, et ce, de manière différente.
[Traduction]
Pour protéger cette université, le gouvernement doit présenter ses excuses à la province. Il s'agit normalement d'une compétence provinciale, mais des droits protégés par la Constitution sont en jeu.
Parmi les mauvaises décisions de gestion de l'université, mentionnons la manie de vouloir toujours lancer des projets de construction. Les dépenses excessives sont la cause la plus probable des déboires financiers de l'université. Je suis d'accord avec les étudiants et l'association des professeurs. Je tiens à leur dire ainsi qu'aux 110 professeurs de l'Université Laurentienne qui ont perdu leur poste que c'est une injustice qui est reconnue comme telle par les députés et que nous allons nous battre pour eux.
Nous allons exiger qu'un nouveau paragraphe soit rédigé immédiatement et ajouté au budget qui sera présenté lundi prochain afin que les programmes de formation de sages-femmes, de langues autochtones, d'études environnementales, de philosophie et de théâtre de l'Université Laurentienne soient maintenus et que l'université elle-même survive. Elle est comme le canari dans la mine de charbon qu'est notre système d'éducation. Nous allons nous battre pour elle.
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Madame la Présidente, c'est maintenant le tour des députés du fuseau horaire des Rocheuses et je partagerai donc mon temps de parole avec la députée d'.
C'est vraiment un excellent débat et je veux féliciter le NPD d'avoir demandé sa tenue, parce que c'est une question dont nous n'avons pas vraiment parlé au Parlement. Nous parlons certes d'une question précise qui touche une université en particulier et qui concerne l'insolvabilité de cette dernière, son modèle de financement et les mesures à prendre, mais c'est en réalité le point d'embrasement d'un feu qui couvait depuis plusieurs années et que la pandémie a ravivé. Ce qui est vraiment intéressant dans ce débat, c'est que je n'arrive pas à voir une démarcation claire entre les positions des partis. Je crois que nous avons réellement l'occasion, en tant que parlementaires, de réfléchir au développement de la main-d'œuvre au Canada en fonction de la situation générale du système d'éducation postsecondaire au pays.
Puisque nous sommes en fin de soirée et qu'il y a un nombre remarquable de participants à la séance — une douzaine de mes collègues sont ici ce soir —, je vais donner quelques renseignements sur moi et sur mon intérêt pour ce sujet. Avant de me lancer en politique, j'ai occupé pendant près de 10 ans des postes de cadre supérieur en administration universitaire dans deux des plus grandes universités du Canada, soit l'Université du Manitoba et l'Université de Calgary, ce qui m'a permis de voir de mes propres yeux les défis que doivent surmonter les universités et les possibilités qu'elles offrent à l'économie canadienne.
Nous ne pouvons vraiment pas parler de la relance post-COVID sans parler du rôle des établissements postsecondaires et du rôle du gouvernement fédéral pour appuyer cette vision, et sans vraiment nous pencher sur l'éducation postsecondaire dans son ensemble. Bon nombre des questions que mes collègues ont soulevées ce soir concernent la nécessité de garantir à chaque Canadien un accès viable et concret à l'éducation postsecondaire. Je crois qu'il s'agit d'un objectif que nous n'avons jamais atteint au Canada. L'Université Laurentienne et les nombreuses universités qui servent les collectivités rurales et éloignées du Canada offrent non seulement des services aux étudiants dans la langue de leur choix, ce qui est très important, mais aussi des services aux communautés autochtones qui ont été traditionnellement mal desservies, cataloguées et forcées d'apprendre d'une certaine façon qui ne respecte pas nécessairement leur situation.
C'est vraiment important de parler de ces problèmes, mais aussi des problèmes plus vastes auxquels le secteur de l'éducation postsecondaire est aux prises actuellement. J'ai lu un article très intéressant de RBC Capital humain. Il met vraiment en évidence le changement que l'éducation postsecondaire connaît au Canada, en ce moment. En mars de l'année dernière, environ 2 millions d'étudiants des collèges et des universités au Canada sont passés de la salle de classe à l'apprentissage en ligne en l'espace de quelques semaines, et c'est remarquable. Par contre, cela a eu un effet perturbateur sur la manière dont l'éducation postsecondaire était dispensée.
Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose, mais voici les faits, les statistiques qu'on peut lire dans cet article: « [p]rès de 1,6 milliard d'apprenants ont été touchés par les fermetures d'écoles nationales » dans le monde et « 91 % des étudiants dans le monde ont été contraints de quitter leurs salles de classe » pendant la pandémie. Au Canada, « [p]lus de 7 millions d'étudiants ont dû changer leur mode d'apprentissage. »
Quelques-unes des difficultés mises en lumière ici sont les suivantes: « [l]es établissements canadiens ne disposaient pas des ressources ou de l'expertise requises pour tirer pleinement parti de l'apprentissage en ligne »; « [l]'avantage du Canada au chapitre de l'attraction des étudiants internationaux est menacé ». Je parlerai des étudiants internationaux dans un instant. « Les dépenses numériques ne représentaient que 2,5 % des dépenses mondiales en éducation avant le confinement. »
Voici quelques-unes des questions clés posées dans cet article: « [e]st-ce que l'explosion de formations à distance donnera plus d'options aux étudiants? »; « [q]uels apprenants sont les plus vulnérables aux perturbations? », c'est-à-dire quels sont les étudiants ou les personnes avec lesquels nous voulons prendre contact qui seraient les plus touchés négativement par ces changements]?; « [l]e Canada sera-t-il aussi attrayant pour les étudiants étrangers si la formation a lieu en ligne? »; « [l]'apprentissage en ligne peut-il aider à cultiver des compétences professionnelles [par exemple dans les corps de métier]? »; « [e]st-il possible de personnaliser l'apprentissage lorsqu'il est dispensé à une échelle aussi vaste? »; « [l]e modèle d'affaires des établissements d'enseignement postsecondaire se trouve-t-il à un point d'inflexion? »
C'est le premier point que je souhaite aborder. Lorsque j'ai travaillé à l'Université du Manitoba et à l'Université de Calgary, j'ai beaucoup traité de recherche parrainée et de transferts technologiques. Une grande partie du fonctionnement des universités est axé sur la recherche et la commercialisation. C'est bien. Nous voulons des universités fortement axées sur la recherche au Canada. Toutefois, que signifie le changement pour les universités qui ne sont pas fortement axées sur la recherche? Observons-nous une démarcation entre les universités axées sur la recherche et celles qui sont axées sur l'enseignement? Est-ce que cela se produit? Doit-on modifier notre modèle de financement en conséquence?
L'une des questions soulevées dans le rapport que j'ai mentionné dont il est essentiel que nous tenions compte en tant que parlementaires consiste à déterminer si nous pouvons réellement rejoindre tous les étudiants au Canada. Les problèmes d'infrastructure, notamment les services Internet à large bande et sans fil dans les régions rurales, constituent un obstacle à l'éducation non seulement dans les collectivités rurales et éloignées et dans les réserves, mais également dans les centres urbains. Internet au Canada est maintenant en situation de crise, et cela se répercute sur le système d'éducation postsecondaire. Ce sont là des questions que personne n'ose vraiment poser.
Je tiens à souligner que j'appuie sans contredit les services offerts par l'Université Laurentienne. Vu le montant de deniers publics consacré à l'éducation postsecondaire, nous devons nous demander quel modèle d'affaires comble le mieux les besoins des Canadiens. C'est une chose dont les personnes de toutes les affiliations politiques ont l'occasion de discuter. Mon principal message pour le débat de ce soir est que nous devons éviter de nous en tenir à un dogme rigide pour déterminer ce qui fonctionne. Nous devons d'abord axer les services offerts et les modèles de financement que nous appuyons sur les étudiants ou les apprenants et les rattacher à la vision pour la future population active du Canada de sorte que nous ayons des plateformes souples qui assurent la prestation de services pour former cette population active.
J'ai dit que je voulais parler des étudiants internationaux. Ils représentent actuellement une source importante de revenus pour les universités canadiennes. Nombre d'entre elles m'ont contactée pendant la pandémie pour me dire qu'elles avaient enregistré des pertes de revenus. Nous devons parler de l'éléphant dans la pièce: devrions-nous compter sur les étudiants étrangers pour soutenir le modèle de gestion pour les universités? Beaucoup de gens affirment que le passage à l'apprentissage en ligne est appelé à rester, sous une forme ou une autre, et que les universités vont devoir être plus concurrentielles pour attirer les meilleurs étudiants et enseignants. Cependant, elles doivent aussi réfléchir aux moyens d'offrir un accès universel aux étudiants. Une population qualifiée se traduit par une meilleure croissance économique, plus d'innovation, de meilleurs déterminants sociaux, moins de discrimination et plus de possibilités pour les groupes marginalisés. Il y a toutes sortes de questions que nous pourrions poser au Parlement.
Je comprends que l'Université Laurentienne traverse actuellement une crise et que nous devons trouver une solution pour diverses raisons, mais nous devons étudier la question dans un contexte plus large. Beaucoup d'électeurs de ma circonscription disent qu'ils paient pour un apprentissage en classe, alors qu'ils suivent des cours en ligne depuis un an, et ils demandent si c'est juste. C'est une question que nous devrions poser. Nous devrions demander si c'est juste d'obliger les étudiants à suivre leurs cours en ligne s'ils n'ont pas accès à un endroit sécuritaire pour apprendre en ligne. Par ailleurs, la capacité de suivre des cours en ligne dépend de conditions privilégiées.
J'encourage les députés à réfléchir à la question dans un contexte plus large. J'espère que nous pourrons unir nos efforts en tant que Parlement et que le Canada sera un chef de file mondial en ce qui concerne l'évolution de l'enseignement postsecondaire après la COVID-19.
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Madame la Présidente, je suis désolée de ne pas bien parler français. Je n'ai pas étudié le français à l'école. Je suis très heureuse que mes enfants aient pu étudier le français. Je me battrai pour que tous les enfants albertains et tous les Canadiens aient cette chance.
[Traduction]
Je tiens à remercier mes collègues, les députés de et de , d'avoir soulevé cette question cruciale et d'avoir fait en sorte que tous les parlementaires aient la chance de prendre part au débat. Je tiens aussi à exhorter le gouvernement à enfin agir pour protéger la francophonie au Québec et partout au Canada.
Le présent débat porte sur la perte de l'Université Laurentienne, qui serait catastrophique. Je suis profondément attristée par ce qui arrive à cet établissement. L'Université Laurentienne est le seul établissement d'enseignement dans le Nord de l'Ontario qui a le mandat triculturel clair de servir les communautés francophone, anglophone et autochtone.
L'Université Laurentienne est un pôle important d'enseignement et de culture pour les Franco-Ontariens. Elle offre plus de 150 cours en français, en plus d'être l'un des plus importants fournisseurs de services d'éducation pour les Autochtones ainsi qu'un fournisseur essentiel de programmes uniques, comme la formation de sage-femme.
C'est épouvantable que nous en soyons arrivés là. C'est vraiment incroyable que les libéraux aient gardé le silence et n'aient pas protégé et défendu l'une des plus grandes universités du Nord de l'Ontario, un établissement essentiel pour Sudbury, la plus grande ville de la région.
Je ne peux pas croire qu'il ait fallu que mes collègues du NPD soulèvent cette question et demandent un débat d'urgence. Je remercie les députés de et d', qui ont fait preuve d'un grand leadership et qui luttent pour les Ontariens du Nord.
Bon nombre de personnes m'ont dit s'inquiéter grandement de ce qui se passe à l'Université Laurentienne. Je vais faire part à la Chambre de ce que m'a dit l'un de ses anciens étudiants. Michel Laforge habite à Sudbury, en Ontario, et il a obtenu deux diplômes de l'Université Laurentienne. Il dit ceci:
Cette année, la Laurentienne a envoyé des masques à ses anciens étudiants. Je porte le mien avec le logo à l'intérieur et la partie noire du masque, à l'extérieur, pour exprimer ma solidarité avec mes collègues de la Laurentienne qui ont perdu leur emploi et exprimer la tristesse que suscite la perte de connaissances et de capacités de recherche. Je proteste au nom de toutes les personnes qui comptent ou ont déjà compté sur cette université. Si les plans de restructuration de l'Université — la Laurentienne 2.0 — qui sont discutés à huis clos se concrétisent, cet établissement ne sera plus que l'ombre de lui-même. Mon véritable alma mater a fermé ses portes aujourd'hui. Il s'agit là d'un affront pour les gens comme moi qui cherchent à rendre le Nord de l'Ontario un meilleur endroit où vivre.
Même si je m'inquiète grandement de ce qui se passe à l'Université Laurentienne, je veux également sonner l'alarme au sujet de la situation à Sudbury. La perte d'infrastructures et d'établissements qui appuient les Franco-Canadiens à l'extérieur du Québec n'est pas unique à l'Ontario. Cela se produit aussi dans ma province, ma ville et ma circonscription.
Le gouvernement fédéral doit en faire davantage pour mettre fin à cette attaque insidieuse contre la langue française, nos concitoyens francophones et notre pays bilingue chéri. En tant que députée anglophone de l'Alberta, qui participe aux délibérations de ce soir à partir du territoire du Traité no 6, je tiens à prendre part à ce débat important parce que je suis fière de représenter tous les Franco-Albertains, qui sont des gens forts et déterminés.
Madame la Présidente, je sais que vous êtes consciente qu'une communauté francophone se trouve dans ma circonscription, Edmonton Strathcona. Nous sommes très chanceux d'avoir une communauté francophone extrêmement dynamique, ainsi que des institutions solides comme La Cité francophone, d'extraordinaires organismes de services publics comme la FRAP et l'Alliance Jeunesse-Famille de l'Alberta Society et d'excellents festivals comme FrancoMusik et le Canoë volant. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, qui n'ont pas eu le grand privilège d'y assister, il s'agit d'un festival formidable, dans le cadre duquel mes frères et moi avons fini au troisième rang lors des courses de descente en canot ayant eu lieu l'année dernière, avant la pandémie.
Il y a un autre établissement qui donne du prestige à Edmonton Strathcona, et à toute l'Alberta, et dont nous avons abondamment parlé ce soir: le Campus Saint-Jean. Le Campus Saint-Jean est le seul établissement universitaire francophone à l'ouest de Winnipeg. On y trouve des étudiants francophones et bilingues de l'Alberta et de tout l'Ouest canadien dans les nombreux programmes de premier cycle et des cycles supérieurs. Dans ma communauté, c'est une plaque tournante, et elle favorise l'immigration, ce qui en retour augmente le dynamisme et la diversité d'Edmonton Strathcona.
Le Campus Saint-Jean est essentiel à la vitalité du français en Alberta et dans l'Ouest canadien. Ses programmes d'études forment les futurs enseignants de l'Alberta et des autres provinces pour les cours de français au primaire et au secondaire et dans les programmes d'immersion en français. Sans le Campus Saint-Jean, l'Alberta n'aurait pas le bassin d'enseignants qualifiés dont elle a besoin pour offrir son programme destiné aux francophones. En fait, de nombreux Albertains veulent que leurs enfants aient accès à des écoles francophones et d'immersion en français, mais les listes d'attente pour s'y inscrire sont longues. Nous ne suffisons déjà pas à la demande et nous ne pouvons pas respecter notre obligation d'offrir des possibilités d'étudier en français.
Aujourd'hui, il y a un très gros risque que le Campus Saint-Jean disparaisse. Contrairement aux contrats signés entre la faculté Saint-Jean, l'Université de l'Alberta et le gouvernement de l'Alberta — le financement adéquat promis pour garantir le fonctionnement, le maintien, l'expansion et l'amélioration de l'école —, le gouvernement du Parti conservateur uni, le gouvernement conservateur de l'Alberta et les compressions dans le secteur de l'éducation postsecondaire menacent la survie même du Campus Saint-Jean. L'établissement pourrait disparaître.
Tout comme le gouvernement de l'Ontario, celui de Jason Kenney manque à ses obligations, ce qui a de profondes implications pour l'avenir de l'enseignement et la vitalité du français en Alberta. Il faut donc que le gouvernement fédéral se penche sur le problème. Le gouvernement fédéral doit intervenir à ce stade-ci. Il nous faut un changement systématique qui reconnaît la nécessité de l'enseignement postsecondaire, et non seulement jusqu'à la 12e année, et ce, à long terme. À l'heure actuelle, il y a un besoin accru pour un soutien financier d'urgence qui ne dépend pas d'un soutien égal de la part des gouvernements provinciaux.
Le financement fédéral actuel n'est pas suffisant pour satisfaire aux exigences de la Loi sur les langues officielles. L'article 23 de la Charte ne peut pas être respecté sans aide aux établissements postsecondaires pour former les enseignants francophones et garantir aux parents francophones de l'Alberta qu'ils peuvent exercer leur droit à une éducation primaire et secondaire en français pour leurs enfants. La Cour suprême a affirmé ce droit et bien plus. Elle a conclu que les communautés linguistiques minoritaires doivent recevoir un soutien équivalent à celui offert à la communauté linguistique majoritaire et non un soutien proportionnel, comme l'affirmait la Colombie-Britannique.
Les implications pour l'Alberta sont très, très claires. À moins que le Campus Saint-Jean soit soutenu, les conseils scolaires de l'Alberta ne seront pas en mesure de respecter les normes en matière d'équivalence. Le gouvernement libéral fédéral doit intervenir pour soutenir l'enseignement postsecondaire en français et protéger la langue des francophones en situation minoritaire partout au Canada.
J'exhorte la de cesser d'utiliser l'excuse des champs de compétence et de cesser d'attendre les provinces qui, à l'évidence, ne sont pas prêtes à agir ni à négocier. Nous savons que nous ne pouvons pas compter sur elles pour protéger nos langues officielles. J'aimerais lire un extrait de la lettre de mandat de la ministre:
[...] réaliser de nouveaux investissements pour former, recruter et attirer des enseignants dans les programmes d’immersion et de seconde langue officielle [...] développer et promouvoir de nouvelles possibilités d’échanges linguistiques et culturels et investir dans la construction d’une infrastructure qui soutient des communautés de langue officielle en situation minoritaire fortes, y compris des écoles et des centres culturels.
Il nous faut un gouvernement fédéral prêt à défendre l'enseignement supérieur public dans le Nord de l'Ontario, dans la circonscription d'Edmonton Strathcona, et partout au Canada. Nous en avons assez des paroles creuses. Les membres du NPD sont prêts à passer à l'action.
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Madame la Présidente, aujourd'hui, je me joins à mes collègues du NPD pour demander l'intervention immédiate du gouvernement fédéral à l'égard de la situation dévastatrice qui touche les étudiants, le corps enseignant et le personnel de l'Université Laurentienne.
Premièrement, je tiens à déclarer que mes collègues du NPD et moi sommes solidaires des étudiants, des membres du corps professoral et des membres du personnel de l'Université Laurentienne. La situation est dévastatrice pour Sudbury, pour le Nord, pour les collectivités autochtones, pour les francophones qui vivent hors Québec, en particulier en Ontario, pour les femmes et pour l'ensemble du Canada. Un leadership fédéral s'impose. Le gouvernement doit faire preuve de leadership et défendre l'intérêt du Nord.
Je participe au débat depuis mon domicile, à Thompson, sur le territoire visé par le Traité no 5, territoire de la nation crie de Nisichawayasihk. Thompson est la ville-sœur de Sudbury. En effet, la même société minière, Inco, est établie dans les deux villes et y constitue le moteur économique. Comme bien des gens qui ont grandi à Thompson, je compte de nombreux amis de Sudbury. Beaucoup de gens vont et viennent entre ces deux villes. Notre histoire est liée de bien des façons.
À l'instar de nombreuses collectivités du Nord, Thompson et Sudbury connaissent depuis quelques années une éviscération brutale. Partout au pays, la propriété étrangère d'entreprises, comme la prise de contrôle d'Inco par Vale, se traduit par la perte de bons emplois. Elle signifie également que les décisions ayant une incidence profonde sur nos municipalités, nos emplois et notre avenir ne sont plus prises au pays.
La dévastation de l'Université Laurentienne s'ajoute au problème. Elle prive de possibilités les jeunes du Nord, les Autochtones, les Franco-Ontariens et les jeunes de la classe ouvrière, dont la capacité d'accéder à des études postsecondaires peut faire toute la différence. Le Nord, en particulier les communautés autochtones, a toujours été exploité pour ses ressources et les gens du Nord, pour leur travail. La perte d'une université et de l'accès aux études postsecondaires dans notre région fait régresser tout le monde.
Les habitants du Nord devraient avoir la possibilité de faire leurs études dans le Nord. Nous savons que les personnes qui ont accès à des études postsecondaires dans le Nord ont tendance à rester dans nos collectivités et nos régions. En tant qu'ancienne enseignante du Collège universitaire du Nord, dans le Nord du Manitoba, je connais bien cette réalité. Je suis solidaire des étudiants, des professeurs et du personnel qui se défendent.
Je veux aussi citer quelques amis de Sudbury, qui sont devenus des défenseurs de la cause en cette période difficile.
Julie Lalonde a écrit ceci: « Je ne vis pas dans le Nord de l'Ontario, et ce, parce que l'exode des jeunes est RÉELLE. Je suis l'un des milliers de jeunes qui ont grandi dans le Nord, mais qui ont été obligés de quitter la région pour trouver du travail. L'implosion de l'Université Laurentienne a des effets épouvantables sur l'économie, effets que les gens du Sud de l'Ontario ne comprennent pas. »
Caelie Frampton a déclaré: « J'ai eu des professeurs queers extraordinaires qui ont changé ma vie. L'enseignement en classe m'a ouvert les yeux sur le monde. Ce qui arrive à l'Université Laurentienne n'aurait jamais dû se produire. Je suis triste pour les générations d'Autochtones et de francophones et tous les enfants originaires d'une ville minière ouvrière qui n'auront pas la chance d'y aller. »
Maggie Frampton a écrit: « Les programmes francophones, aux Autochtones et aux anglophones de l'Université Laurentienne font partie intégrante de la communauté artistique de Sudbury, du Nord de l'Ontario et d'ailleurs. De nombreuses personnes sont venues étudier à Sudbury et elles ont découvert que la ville avait quelque chose de spécial. Les institutions de longue date créées à l'Université Laurentienne font partie du paysage de la région. Voici ma question: qu'arrivera-t-il à la prochaine génération? Qui poursuivra le travail qui a été commencé? »
En fait, nous avons besoin d'un gouvernement fédéral qui veut aider le Nord du Canada, non pas avec des slogans, mais en prenant des mesures concrètes, en faisant des investissements. La population du Nord du Canada est l'une des plus jeunes au pays. Les possibilités sont immenses, mais en fermant la porte aux études postsecondaires, nous fermons la porte à notre avenir. En reléguant le Nord au second plan, l'inégalité entre les régions s'accroît et le Canada en souffre.
[Français]
Nous avons besoin de leadership pour les Franco-Ontariens, pour l'éducation francophone, pour les droits des personnes francophones. C'est l'avenir du Canada qui est en jeu.
L'éducation postsecondaire en français à l'extérieur du Québec est déjà menacée. Ma collègue d' a parlé des coupes au Campus Saint-Jean. De véritables institutions de notre système d'éducation luttent pour leur survie. Nous avons besoin du leadership du fédéral pour appuyer l'éducation postsecondaire en français.
J'aimerais faire part à mes collègues des paroles de Monique Beaudoin. Elle a dit qu'elle pleurait la perte de tout ce beau monde incroyable qui contribuait grandement à l'épanouissement de notre communauté et de notre région, aux arts, à la littérature, à l'économie, à l'environnement et à l'avenir. Elle pleurait l'écroulement d'une vision triculturelle, aussi symbolique soit-elle. Sur le plan de la gestion, les gens qui travaillaient s'investissaient pleinement. Pour eux, il n'était pas seulement question d'argent, c'était un travail acharné mené sur plusieurs décennies. Cela leur a été volé, comme on a volé leurs terres et leur héritage pour le mettre dans des musées. Cette vision, aussi fragile soit-elle, lui donnait l'espoir que la réconciliation sur le terrain des N'Swakamok était peut-être enfin possible.
La survie de l'Université Laurentienne est essentielle pour la protection des droits des francophones du Nord de l'Ontario. La survie des programmes en français, tant la formation des sages-femmes que des infirmières, est essentielle pour protéger le droit des femmes d'obtenir des soins médicaux dans leur langue. La survie de l'Université Laurentienne est essentielle pour l'avenir de la francophonie et pour l'avenir du bilinguisme au pays.
[Traduction]
Il est temps que le gouvernement fédéral prenne les devants dans le dossier de l'éducation postsecondaire. Qu'on se le dise: les études postsecondaires ne sont pas un produit de consommation et ne doivent pas l'être non plus. Il s'agit d'un droit. Les établissements d'enseignement postsecondaire ne doivent pas être administrés comme des entreprises, et j'ajoute ma voix à celles de mes collègues qui s'opposent à ce que l'Université Laurentienne puisse invoquer la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies pour se protéger de ses créanciers. Pour le bien des étudiants, des professeurs et de l'établissement lui-même, qui est au cœur de la ville, de la région et du pays, ce problème — que dis-je, cette crise — nécessite l'intervention immédiate de tous les ordres de gouvernement.
Beaucoup disent craindre pour l'avenir du programme d'études autochtones. Will Morin est un professeur autochtone et il enseigne à l'Université Laurentienne. Il se bat pour ne pas que le programme d'études autochtones disparaisse. Si tel était le cas, ce serait un coup dur pour le mandat triculturel de l'Université et pour l'appel à l'action de la Commission de vérité et réconciliation portant sur l'éducation des Premières Nations. Sa disparition aurait également d'énormes répercussions sur les peuples autochtones du Canada, sans parler du fait qu'il s'agirait du premier programme du genre à passer à la trappe depuis les débuts de la discipline, en 1969.
Voici ce qu'ont dit des étudiants: « C'est ce que nous avons appris, je crois. Nous avons pris conscience que nos professeurs ne sont pas simplement des professeurs d'université; ce sont nos enseignants, nos aînés, les détenteurs du savoir. Nous perdons donc plus qu'un professeur d'université. C'est comme si nous perdions une tante, un grand-père ou une grand-mère. »
Comme l'ont clairement souligné mes collègues du NPD, il faut prendre envers les études postsecondaires un engagement soutenu, à long terme, qui ne repose pas sur l'idée de faire des bénéfices. Il faudrait plutôt considérer les études postsecondaires comme un élément essentiel à notre développement personnel et à l'avancement de la société et de nos collectivités.
Nous avons beaucoup de leçons à tirer de la crise de la COVID. L'une des plus grandes leçons, selon moi, c'est qu'il est temps d'en finir avec le statu quo néo-libéral. Si nous en sommes rendus là, c'est à cause de la quête constante de bénéfices, y compris dans nos institutions postsecondaires; c'est parce que nous faisons passer les individus avant la communauté. Quand il y a exploitation et marginalisation des travailleurs, des femmes et des communautés autochtones, et de beaucoup d'autres gens, nous sommes tous perdants.
La bataille pour la survie de l'Université Laurentienne dépasse la simple lutte pour une institution: c'est une lutte pour l'avenir du pays. La crise actuelle doit devenir le point de départ d'un avenir meilleur. Positionnons-nous du bon côté de l'histoire: trouvons une façon de soutenir les étudiants, le corps professoral et le personnel de l'Université Laurentienne.
Pour terminer, j'aimerais citer quelques mots de Miriam Cusson, une professeure de théâtre, un des programmes de l'Université Laurentienne qui a été supprimé. Voici un court extrait de son poème Cher Robert:
[Français]
Attaque brutale
Contre les sages-femmes
Les Premiers Peuples
Les Franco-Ontariennes et Ontariens
Les étudiantes et étudiants immigrants de pays francophones
On a essayé de nous trancher la gueule
De nous couper la langue
Ils oublient qu'on s'en souvient
[Traduction]
Ce sera à vous de le découvrir.