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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, j'aimerais dire que c'est un honneur de pouvoir parler à la Chambre au sujet du projet de loi . Ce projet de loi, il faut l'admettre, est historique et j'espère que nous serons en mesure de l'adopter bientôt.
Mes collègues savent que ma circonscription est nordique et qu'une grande partie de sa population est issue des nations innue et naskapie. C'est en pensant à mes frères et mes sœurs de la Côte-Nord et du Nitassinan que je prends la parole à la Chambre. Je le fais pour les communautés d'Essipit, de Pessamit, d'Uashat, de Maliotenam, d'Unamen Shipu, de Kawawachikamach et j'en passe. C'est pour ces communautés et toute la population de la Côte-Nord, qui est également en faveur de ce projet de loi, que je prends la parole.
Je tiens à souligner qu'il faudrait placer ce projet de loi dans le sillage des grands moments que nous avons vécus au Québec, dont la Grande paix de 1701 qui a consacré l'alliance historique entre nos ancêtres d'adoption. Même mes propres ancêtres n'étaient pas sur le territoire québécois à ce moment-là, mais je considère que c'est ce qu'ils ont fait avec les Autochtones.
Je vais aborder trois sujets aujourd'hui, dont un qui m'importe énormément parce qu'on a construit beaucoup de mythes en lien avec le projet de loi et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il y a lieu de déconstruire ces propos, ces discours et ces opinions qui orientent de façon erronée nos réflexions sur la question.
Avant de parler d'autodétermination, le troisième point de ma présentation, j'aimerais rappeler les positions et certaines actions du Bloc québécois qui concordent avec ce que nous faisons aujourd'hui à la Chambre.
Le Bloc québécois s'est à plusieurs reprises engagé à être un allié des Premières Nations. Que ce soit dans mon travail d'élue ou dans le cas de l'ensemble du Bloc québécois, nous n'avons jamais voulu prendre la parole en lieu et place des Premières Nations. Bien au contraire, nous voulons être une courroie de transmission. Ce sont des nations. Le Québec est une nation. Pour avoir un rapport respectueux, il faut laisser parler l'autre. Aujourd'hui, je souhaite que mes paroles et celles du Bloc québécois démontrent que nous souhaitons porter la parole, les volontés et les désirs des Premières Nations.
Ce ne sera pas une surprise si je dis que nous appuyons le projet de loi. Le Bloc québécois a témoigné à de nombreuses reprises son appui à la Déclaration. Même lors de la législature précédente, nous étions en faveur du projet de loi , déposé par un de mes anciens collègues. Je ne peux le nommer à la Chambre, mais il se reconnaîtra. Je le remercie.
Nous avons donc toujours été un allié des Premières Nations et nous sommes en faveur de la Déclaration, signée il y a plus de 15 ans, ainsi que du projet de loi précédemment déposé. Cela fait déjà 15 ans que nous avons des initiatives parlementaires à ce sujet et que nous mettons de la pression sur les gouvernements, sans pour autant arriver à faire adopter de loi. J'aimerais donc souligner l'urgence d'adopter ce projet de loi. Ce n'est qu'une première étape, il y en aura d'autres par la suite, notamment sa mise en œuvre. Il est très important que cela soit fait très rapidement pour les Premières Nations.
Je vais maintenant passer aux inquiétudes exprimées de différentes façons par différents milieux. Elles reviennent toujours à la même chose, c'est-à-dire à une impression de perte d'un certain contrôle. Cela me surprend toujours, puisque, à la base, on parle des droits des Premières Nations. À mon avis, et même par principe, on ne devrait même pas se poser ces questions, car cela leur appartient, ce sont leurs droits.
Il y a tout de même des constructions qui se font et qui jouent peut-être sur la peur, de façon volontaire ou involontaire. Parfois, le fait de ne pas tout à fait comprendre fait que l'on peut avoir des craintes, d'où l'idée de déconstruire les mythes.
Le premier concerne le consentement libre, préalable et éclairé, le CLPE, qui a vraiment beaucoup déchaîné les passions dans à peu près tous les discours. On entend énormément parler du CLPE, comme si c'était le seul élément qui ouvrait l'adoption de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et, ensuite, son enchâssement dans la loi.
Pourtant, on nous dit que le CLPE est un droit de véto. Il y a donc une assimilation entre deux idées qui ne sont absolument pas les mêmes, mais ce que l'on nous dit, c'est qu'un consentement, c'est un véto. La première chose à retenir de mon allocution, c'est de les distinguer complètement. Ce n'est pas un véto. Le CLPE est vraiment une notion en soi.
Selon la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, on a l'obligation de coopérer de bonne foi avec les peuples autochtones, afin d'obtenir leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause. Il ne s'agit donc pas d'un véto.
Ce consentement ne diverge pas de façon significative de la doctrine de l'obligation de consulter qui a été construite par la Cour suprême. Ce n'est pas quelque chose qui est nouveau, et c'est quelque chose qui devrait toujours être présent. Je suis d'accord sur la Déclaration. Je suis d'accord sur le fait d'obtenir le consentement d'une population, ou d'une nation qui vit sur un territoire, en lien avec des activités qui ont des répercussions directes sur la population, sur la vie des habitants, sur leur culture et sur leur santé. À mon avis, nous devrions être en accord sur cela.
J'ai beaucoup de choses à dire, mais je passe à un autre élément que l'on entend souvent, à savoir qu'il y a aurait un flou quant à la volonté et à l'intention du législateur. Le a dit que l'intention du législateur n'était justement pas d'accorder un droit de véto. Il l'a dit clairement dans son allocution, lors de la deuxième lecture du projet de loi C-15. Je n'ai pas en main la citation exacte du ministre, mais elle doit certainement se trouver dans le compte rendu officiel des Débats de la Chambre des communes.
Je parlerai maintenant de la question de la définition juridique du consentement. Le consentement était déjà appliqué par le passé, sans qu'on le nomme tel quel. C'est quelque chose qui existait déjà. Maintenant, on le nomme et on le rend obligatoire. On peut penser, par exemple, au projet de la Baie-James, dans les années 1970, à la crise d'Oka ou au projet Grande-Baleine. On demandait déjà le consentement des Premières Nations.
De toute façon, les Premières Nations se mobilisent. On l'a vu au cours des deux dernières années. Plusieurs exemples démontrent que de la pression politique est exercée, et il s'agit d'une pression légitime. En effet, on veut être consulté et pouvoir offrir un consentement libre et éclairé.
Il existe une autre crainte à l'égard de la question des recettes qui proviennent des activités liées aux ressources naturelles. La question des redevances m'apparaît tout simplement farfelue, et je crois que l'Acte de l'Amérique du Nord britannique est clair à ce sujet: le Québec et les provinces sont propriétaires de leur territoire et des ressources qui s'y trouvent. Dans le cas du Québec, il s'agit d'une interprétation absolument incontestable de la Constitution. Ainsi, quand des projets ont lieu, il y a déjà une entente pour le partage des recettes issues de l'exploitation de ces ressources. Cela existe déjà.
En ce concerne le partage des richesses, je ne vois pas pourquoi on serait en désaccord sur le fait de partager des redevances avec des Premières Nations qui vivent sur le territoire, de créer des emplois pour les Premières Nations qui sont sur le territoire et de favoriser la création de richesse dans des régions éloignées comme la mienne. Pour le Bloc québécois, la question du partage des ressources est une chose évidente. C'est une nécessité et c'est déjà quelque chose lorsqu'il y a un consentement, une entente ou une consultation qui se fait avec les Premières Nations.
J'aborderai un autre élément, mais j'aimerais d'abord conclure sur la question des champs de compétence et du Québec dont j'ai parlé précédemment.
Au sujet du projet de loi , le a dit:
Je tiens à être bien clair: le projet de loi C-15 imposerait des obligations au gouvernement fédéral pour qu'il harmonise progressivement les lois canadiennes avec la Déclaration et pour qu'il prenne des mesures dans ses champs de responsabilité pour mettre en œuvre la Déclaration, tout en consultant les peuples autochtones et en collaborant avec eux. Il n'imposerait pas d'obligations aux autres ordres de gouvernement.
C'est un autre mythe et une autre crainte que je souhaite déboulonner, à savoir qu'il y aurait empiètement dans les champs de compétence du Québec et des provinces. Ce n'est pas le cas. L'intention du législateur me semble très claire ici. D'ailleurs, si le Bloc québécois vote en faveur du projet de loi, c'est parce qu'il l'interprète de cette façon, c'est-à-dire sans qu'il porte atteinte aux compétences exclusives des provinces.
Je souhaite aborder la question de l'autodétermination dans le cadre de la Déclaration, puisque c'est ce qu'elle fait: elle reconnaît aux peuples et aux nations autochtones un droit à l'autodétermination. On sait que l'autodétermination des nations est une chose qui nous tient à cœur, au Bloc québécois. En même temps, il faut préciser qu'il s'agit d'un droit à l'autodétermination qui est interne. Cela ne remet pas en cause les frontières d'un État et plusieurs articles de la Déclaration elle-même en font part. Ce droit à l'autodétermination peut donc être simplement compris comme un droit inhérent à une autonomie gouvernementale à l'intérieur même du cadre juridique d'un État souverain. Il y a autonomie, mais dans le cadre juridique d'un État souverain, en l'occurrence le Canada. Je souhaite que ce soit un jour le Québec.
Par ailleurs, le droit international a adopté la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. On peut tirer une leçon de ce qui s'est fait à l'international.
Le Canada s'est également positionné en faveur de la Déclaration. Nous sommes d'accord, mais il nous reste un geste à faire. Il faut aller plus loin et adopter enfin le projet de loi C-15. Il faudra ensuite nous occuper de la mise en œuvre que nous souhaitons rapide. On parle d'un horizon de trois ans, mais il faut plutôt penser à deux ans et procéder très rapidement. Mes frères et mes sœurs des Premières Nations attendent depuis déjà trop longtemps.
En terminant, j'aimerais citer quelques extraits de la Déclaration qui sont pour moi des exemples patents des raisons pour lesquelles nous devrions faire nôtre le projet de loi très rapidement. Ce sont des éléments consensuels et, encore une fois, j'ai de la difficulté à comprendre comment on pourrait ne pas appuyer ce texte-là. Je vais donc citer quelques articles en vrac. À l'article 10, on établit ceci:
Les peuples autochtones ne peuvent être enlevés de force à leurs terres ou territoires.
Je ne comprends pas comment on pourrait être contre cela. Plus loin, on peut lire ceci:
Les autochtones ont droit à la vie, à l’intégrité physique et mentale, à la liberté et à la sécurité de la personne.
Ce sont des droits fondamentaux. Qui est contre cela? Je poursuis:
Les peuples autochtones ont le droit de participer à la prise de décisions sur des questions qui peuvent concerner leurs droits [...]
Je pose la même question. On dit également ceci:
Les peuples autochtones ont droit, sans discrimination d’aucune sorte, à l’amélioration de leur situation économique et sociale, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de la formation et de la reconversion professionnelles [...]
Qui est contre cela? Je continue:
Les États prennent des mesures efficaces pour veiller à ce qu’aucune matière dangereuse ne soit stockée ou déchargée sur les terres ou territoires des peuples autochtones sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause.
Encore une fois, qui est contre cela? Voici ma dernière citation:
Les États mettent en place des mécanismes de prévention et de réparation efficaces visant:
c) Toute forme de transfert forcé de population ayant pour but ou pour effet de violer ou d’éroder l’un quelconque de leurs droits;
d) Toute forme d’assimilation ou d’intégration forcée;
J'en aurais plusieurs autres à lire, mais elles vont toutes dans le même sens. On parle de droits, d'intégrité, de liberté, de besoins essentiels, de respect et, somme toute, on parle d'êtres humains.
En conclusion, le Bloc québécois est en faveur du projet de loi C-15, bien sûr, en raison du principe en soi. Nous souhaitons par la suite une mise en œuvre très rapide. Quant à tous les mythes entourant la question du projet de loi C-15, je souhaite que les gens s'informent davantage et qu'on discute, parce qu'il faut les déboulonner. Il ne faut pas voter en se basant sur des impressions et des opinions, mais sur des faits, et toujours en se rappelant qu'on discute ici de droits de nations.
En même temps, puisque le Bloc québécois souhaite bien sûr porter la voix du Québec, j'aimerais rappeler à la Chambre que, le mardi 8 octobre 2019, l'Assemblée nationale du Québec a adopté à l'unanimité la motion suivante:
Que l'Assemblée nationale prenne acte des conclusions de la commission Viens exprimées le 30 septembre 2019 quant à la responsabilité de l'État québécois envers les constats accablants et douloureux énoncés dans le rapport;
Qu'elle reconnaisse, comme l'ont affirmé les chefs de toutes les formations politiques représentées à l'Assemblée nationale, l'importance de poser des gestes concrets, dès maintenant, afin de mettre un terme à la discrimination envers les membres des Premières Nations et des Inuits et de tisser des rapports égalitaires avec ceux-ci;
Qu'elle prenne acte que le rapport de la commission Viens appelle le gouvernement du Québec à reconnaître et mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, une recommandation que formulait également le rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées déposé en mai dernier;
Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de reconnaître les principes et de s'engager à négocier la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones avec les Premières Nations et les Inuits.
La volonté du Québec, que je porte aujourd'hui, et celle des Premières Nations ont ainsi été clairement exprimées.
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Monsieur le Président, c'est vraiment un honneur pour moi de prendre la parole au sujet de ce projet de loi très important. J'aimerais d'abord remercier toutes les personnes qui se sont affairées pendant des dizaines d'années à élaborer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, ainsi que les groupes de simples citoyens, de dirigeants et de la société civile qui nous ont menés au point où nous nous trouvons aujourd'hui.
J'aimerais également remercier les parlementaires qui ont présenté des projets de loi visant la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, notamment les anciennes députées Denise Savoie et Tina Keeper, ainsi que les parlementaires qui ont présenté des motions pour soutenir la déclaration, comme l'a fait l'ancienne députée Irene Mathyssen.
Le NPD appuie depuis longtemps la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Par exemple, en 2006, le regretté Jack Layton a écrit à l'Organisation des Nations unies pour l'informer que c'est en raison de la croyance du NPD dans la justice sociale et dans l'égalité que ce dernier appuie la déclaration. Il a affirmé cela avant même que l'Assemblée générale des Nations unies n'adopte la déclaration.
Je suis particulièrement reconnaissante à mon conjoint, Romeo Saganash, dont le projet de loi constitue le fondement du projet de loi , que nous débattons aujourd'hui. Il a fallu beaucoup d'efforts pour en arriver à ce point-ci.
La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 2007 en vue d'inscrire dans la loi des droits de la personne qui, comme on le lit dans la déclaration, « constituent les normes minimales nécessaires à la survie, à la dignité et au bien-être des peuples autochtones du monde ». Je propose respectueusement d'ajouter la sécurité des peuples autochtones à cette liste.
La déclaration est le fruit de plus de deux décennies de négociations entre les peuples autochtones, les groupes de la société civile et les États-nations. Elle comprend un préambule de 24 paragraphes et 46 articles qui définissent les droits humains minimaux intrinsèques des peuples autochtones. Il s’agissait de reconnaître que les droits des peuples autochtones étaient violés partout dans le monde.
Les articles de la déclaration affirment les droits sociaux, culturels, politiques, économiques, environnementaux et spirituels des peuples autochtones. Ils englobent le droit à l’autodétermination et à un consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, sur les questions ayant une incidence sur les droits des Autochtones, y compris l’extraction des ressources sur leurs terres et territoires.
En cas de violation de ces droits, l’article 27 de la déclaration prévoit également des procédures équitables et mutuellement acceptables pour résoudre les conflits et les différends entre les peuples autochtones et les États, y compris au moyen de la négociation, de la médiation, de l’arbitrage, des tribunaux nationaux et des mécanismes internationaux et régionaux de dénonciation et d’examen des violations des droits de la personne.
Il convient de signaler que l’exigence relative au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause en ce qui concerne les activités qui ont une incidence sur les peuples autochtones, leurs biens ou leurs territoires n'est pas la même chose, au sens juridique, qu’un veto. Les tribunaux sont tenus de tenir compte des faits, des circonstances et des lois applicables dans tous les cas, alors que le veto est une notion absolue en droit.
Pendant deux décennies, le Canada a participé activement à la rédaction de la déclaration, de concert avec de nombreux organismes et représentants autochtones et d’autres États. Toutefois, en dépit de ce travail acharné, le Canada a choisi en 2007, sous le gouvernement Harper, de s’opposer à l’adoption de la déclaration avec trois autres pays, soit l’Australie, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande.
Bien que le actuel ait indiqué en 2015 que notre « relation la plus importante » était avec les peuples autochtones, lui-même et le caucus libéral ont continué de ne pas appuyer le projet de loi , qui a été présenté en avril 2016.
Ce n’est que sous la pression du public que les libéraux ont finalement cédé et voté en faveur du projet de loi de Romeo Saganash, et cela, malgré le fait que, pendant la campagne électorale de 2015, le premier ministre avait promis à maintes reprises d’adopter et de mettre en œuvre la déclaration des Nations unies.
Il est temps que nous prenions nos distances de la Loi sur les Indiens et que nous protégions les droits des peuples autochtones de l’île de la Tortue. Il est temps que nous confirmions l’application de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans les lois canadiennes, afin d’obliger le gouvernement à veiller à ce que toutes les dispositions législatives soient conformes aux droits énoncés dans la déclaration, ainsi qu’à élaborer et à mettre en œuvre un plan d’action pour atteindre les objectifs de la déclaration, y compris s’attaquer aux injustices, lutter contre le racisme et la discrimination systémiques et mettre fin à la violence faite aux peuples autochtones.
Toutefois, en ce moment, nous sommes très loin de cet objectif. Aujourd’hui, au moment même où j’interviens à la Chambre, le gouvernement contrevient à la décision du Tribunal canadien des droits de la personne de mettre fin immédiatement à la discrimination raciale contre les enfants des Premières Nations dans les réserves. À ce jour, il y a eu 10 ordonnances de non-conformité, et les libéraux ont maintenant indiqué qu’ils enfreindront la loi et ne paieront pas ce qui a été ordonné par le tribunal.
Il y a plus d’enfants pris en charge aujourd’hui qu’au plus fort du système des pensionnats, en raison des violations des droits de la personne, y compris la négation du droit des familles au logement, le non-respect des obligations internationales d’assurer l’accès à l’eau potable, et de nombreuses autres violations des droits de la personne qui font en sorte qu’il est presque impossible pour les familles de survivre, et encore moins de prospérer. Le gouvernement ferme les yeux sur les violations des droits de la personne, même lorsqu’elles touchent nos enfants et nos familles.
Comme l’incroyable guerrière Cindy Blackstock l’a dit avec tant d’éloquence: « Il n’est tout simplement pas crédible de laisser entendre que nous, aujourd'hui, ne connaissons pas mieux. »
Alors que les discussions sur la réconciliation sont devenues la nouvelle norme à la Chambre, le gouvernement continue de se battre contre les survivants du pensionnat autochtone St. Anne devant les tribunaux et contre les personnes adoptées par suite de la rafle des années 1960, un comportement de la Couronne qui continue de priver de justice les survivants. Cela témoigne d’un mépris total pour la violence qu’ils ont endurée et qu’ils continuent d’endurer aujourd’hui, tout en continuant de vivre avec une douleur persistante liée aux traumatismes subis.
Ces expériences ont changé ou brisé des vies, y compris celle de ma chère amie et sœur spirituelle, Michele Guerin. Michele Guerin est membre de la bande indienne Musqueam et une avocate estimée qui a témoigné à titre de survivante pendant le processus de consignation de la vérité de l’enquête nationale. Michele a été enlevée à l’hôpital à sa naissance, pendant la rafle des années 1960, à sa mère, Beverley Guerin, qui a servi pendant deux ans dans la marine canadienne et a travaillé comme secrétaire dans une firme d’ingénierie.
La vie et le destin des personnes qui se retrouvent dans le système sont souvent laissés au bon vouloir de ceux qui prennent les décisions, ce qui les rend souvent très incertains. C'est ce qui s'est passé pour Michele, qui a décidé de témoigner et a choisi de faire une demande d'accès à l'information pour obtenir son dossier du service de protection de l'enfance, dossier qu'elle a utilisé dans son témoignage, en racontant son parcours d'enfant placée, étiquetée comme une « adolescente présentant un risque élevé ». Je soutiens que cette étiquette lui a été accolée à tort. C'est ainsi qu'on devrait qualifier les institutions à risque de ne pas répondre aux besoins des enfants et des familles.
On n'a pas répondu aux besoins de Michele en tant que jeune personne, notamment quand on l'a offert à l'adoption, à l'âge de 14 ans, par l'intermédiaire d'une annonce publiée par le ministère des Services à l'enfance et à la famille dans le but de lui trouver un foyer. L'annonce indiquait qu'on cherchait un foyer pour « une adolescente assez indépendante ». Absolument aucun rôle parental n'était requis, précisait l'annonce. Quelle façon de déshumaniser une enfant.
Le système en a fait un objet sexuel, en dépit de son jeune âge. Ses droits n'ont absolument pas été respectés. Son expérience personnelle a fait qu'elle se sent proche de Tina Fontaine, une jeune Autochtone de 14 ans, assassinée après avoir été abandonnée par le système. L'acquittement de son meurtrier présumé n'a été qu'une preuve de mépris de plus envers sa précieuse vie.
Comme Michele l'a dit si clairement lors de son témoignage en Colombie-Britannique, pendant l'enquête nationale:
Le système nous colle une étiquette, nous néglige, nous ignore et nous laisse tomber. Le pire dans tout ça, c'est que, décennie après décennie, rien ne change. Nos filles et nos femmes restent des proies. Nous avons donc eu l'Enquête. La politique s'est saisie de l'Enquête, mais les familles ont tenu bon. Elles avaient besoin d'être entendues. J'ai témoigné dans le cadre de mon propre parcours de guérison. L'avocat de l'enquête m'a dit qu'il était rare qu'une avocate témoigne en tant que survivante. Plus important encore, j'ai témoigné pour être la voix de mes sœurs. Pourtant, il n'y a pas de plan d'action. C'est comme si nos paroles étaient tombées dans l'oreille d'un sourd et que le gouvernement avait choisi de ne rien faire.
En faisant la sourde oreille, le gouvernement manque à son devoir d’investir dans l’actuelle crise du logement, qui s’est aggravée durant la pandémie. De nombreux Autochtones sont toujours sans logement après avoir été dépossédés, de manière violente et injustifiée, de leurs terres, de leurs territoires et de leurs ressources, une situation qui s’est accentuée dans les réserves, où les problèmes de surpeuplement, de délabrement, d’insuffisance d’infrastructures et de coût inabordable sont la norme, et non l’exception.
Le gouvernement persiste à ne pas tenir compte des appels des députés de , de et de , qui l’exhortent à prendre des mesures immédiates pour pallier la grave pénurie de logements et les problèmes de moisissures dus à un délabrement avancé.
Le gouvernement avait également promis, en vain, de mettre fin aux avis de faire bouillir l’eau dans les réserves. Il s’agit là d’une violation ignoble des droits de la personne, comme l’a souligné l’organisme Human Rights Watch dans un rapport de 92 pages faisant état de l’échec du gouvernement canadien à respecter un ensemble d’obligations internationales en matière de droits de la personne, notamment de son échec à mettre fin à tous les avis de faire bouillir l’eau dans les réserves de l’Ontario, du Manitoba et d’ailleurs au pays, et des nombreuses excuses qu’il a données à cet égard. Encore aujourd’hui, alors que nous sommes au beau milieu d’une pandémie, le gouvernement continue à trouver des prétextes pour ne pas reconnaître le droit fondamental des Autochtones à l’eau potable, alors qu’il était prêt à dépenser des milliards de dollars de l'argent des contribuables pour le pipeline TMX. C’est une question de choix.
Même si le Canada a appuyé la déclaration des Nations unies, les libéraux ne respectent toujours pas le droit au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, comme cela a été le cas à Kanesatake, au Site C, pour les projets TMX et Keystone XL, à Muskrat Falls, dans le territoire de la nation des Wet’suwet’en, à la mine de Mary River, sur l’île de Baffin et au 1492 Land Back Lane. Et ce ne sont pas les seuls exemples. Nous avons été témoins du déploiement d’une force policière excessive, ou d’une absence de force policière, notamment dans le conflit des pêcheurs micmacs, où les forces policières déployées près de leurs installations de pêche sont restées là à assister sans bouger à leur destruction par le feu.
Il n’est pas étonnant que le projet de loi ait été critiqué par des Autochtones qui n’ont même plus confiance que le gouvernement pourrait faire la bonne chose cette fois-ci. C’est une chose d’appuyer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, mais c’en est une autre de respecter et de faire respecter les droits énoncés dans cette déclaration. Les peuples autochtones n’ont aucune raison de faire confiance au gouvernement.
Je comprends cette méfiance. Elle est légitime, justifiée et méritée. J’éprouve le même sentiment et c’est pourquoi nous avons besoin du projet de loi , afin que nous puissions enfin avoir une confirmation législative que nos droits fondamentaux énoncés dans la déclaration seront respectés. Mon appui à ce projet de loi est motivé par un doute légitime que le gouvernement ne fera pas la bonne chose. Ma confiance s’est érodée avec le temps, ce qui m’enlève tout espoir, encore une fois, que ce projet de loi sera adopté par le Parlement.
Pourquoi le gouvernement continue-t-il de retarder l’adoption de ce projet de loi? C’est parce que les peuples autochtones ont vu et ressenti les répercussions des violations des droits de la personne, y compris celles que contient la Loi sur les Indiens et d’autres politiques canadiennes qui maintiennent la violation de nos droits à ce jour. Non seulement les gouvernements n’ont pas respecté les droits les plus fondamentaux de la personne, mais ils ont légiféré la violation de ces droits.
Il est révoltant qu’en 2021, on débatte encore presque tous les jours des droits de la personne des Autochtones à la Chambre. Les gouvernements conservateurs et libéraux qui se sont succédé peuvent tirer des milliards de dollars de leur chapeau pour leurs amis du milieu des affaires, mais ils ne cessent de tergiverser lorsqu'il s'agit de trouver l’argent nécessaire pour régler le problème des avis de faire bouillir l’eau dans les réserves, pour respecter le droit au logement et pour lancer un plan d’action national devant mettre fin à la violence que subissent les femmes et les filles autochtones. Cette violence est due au colonialisme qui perdure encore de nos jours.
Il est temps que le gouvernement libéral commence à défendre les droits de la personne pour assurer la dignité, la sécurité et la protection de tous. Ce projet de loi confirme ces droits et exige que toute nouvelle mesure législative soit conforme à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, comme l’affirme le sommaire de ce projet de loi.
Il s’agit d’une étape cruciale pour remplacer la Loi sur les Indiens par le respect des droits de la personne. Le gouvernement libéral doit agir maintenant. Je ne saurais trop insister là-dessus. La mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones est essentielle. Le projet de loi confirme son application dans le droit canadien, ce qui signifie que les tribunaux peuvent — et ils l’ont déjà fait —, citer la Déclaration pour interpréter le droit national. La Déclaration s’ajoute aux autres cadres juridiques distinctifs qui éclairent eux aussi l’interprétation des droits des Autochtones, comme la Constitution, le droit autochtone, nos traités et le droit international. Tous ces cadres juridiques respectent et affirment nos droits. Aucun de ces documents n’a préséance sur les autres, ils sont interreliés et se renforcent mutuellement.
Le projet de loi n’est pas parfait. Il nécessite des amendements. C’est ce qu’ont souligné les témoins autochtones et non autochtones que nous avons entendus en comité. Nous devons veiller à ce que de vastes consultations aient lieu pour renforcer ce projet de loi. Par exemple, les témoins ont recommandé d’inclure une référence au racisme au 8e paragraphe du préambule ainsi qu’au paragraphe 6(2).
Nous savons que les mouvements de suprématie blanche s’étendent ici, au pays, et à l’étranger. Nous savons également qu’en raison des violations des droits de la personne, les peuples autochtones de tout ce territoire qu’on appelle maintenant le Canada ont été laissés pauvres et, bien trop souvent, sans protection sur leurs propres terres. Pendant ce temps, la violence résultant du racisme systémique, notamment celui que l’on dénonce dans l’affaire Eishia Hudson, ainsi que l’échec du système de justice dans l’affaire Colten Boushie, et le fait que les femmes et les filles autochtones bispirituelles et les personnes de genres divers continuent d’être assassinées ou portées disparues sans qu’il soit urgent d’agir, tout cela laisse l’impression que nos vies ou nos pertes de vie n’ont aucune importance. Le fardeau de la preuve du racisme systémique incombe aux peuples autochtones, qu’ils siègent à la Chambre des communes ou dans des conseils d’administration, ou qu’ils se battent sur le terrain.
Les Autochtones sont constamment appelés à prouver le racisme systémique et les microagressions qu'ils subissent, à expliquer cette réalité à des personnes bardées de privilèges qui décident de la validité des allégations. C'est du détournement cognitif: il faut le dénoncer. Agir autrement reviendrait à maintenir la suprématie blanche et le paternalisme qui sont conçus pour que les Autochtones continuent à être opprimés. Arrêtons les petits jeux. Arrêtons de protéger le statu quo. Appelons les choses par leur nom — le racisme systémique —, et non seulement lorsque cela nous arrange. Parlons tout simplement de racisme systémique, de néocolonialisme, de suprématie blanche et de violation des droits de la personne.
Il nous faut d'abord reconnaître la vérité si nous voulons un jour réussir à changer les comportements. Dénonçons la situation et mettons-nous à l'œuvre pour créer un monde où tous les habitants sont en sécurité et bénéficient de leurs droits fondamentaux afin que nous ayons tous le droit au bonheur et à la dignité.
Cessons de nous battre contre les Autochtones devant les tribunaux, que l'on pense aux terres et aux ressources, à notre droit à un consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, aux luttes contre des enfants, aux personnes adoptées à la suite de la rafle des années 1960 ou aux guerriers des pensionnats autochtones. Respectons tout simplement les droits de la personne. Des lois doivent être mises en place pour protéger les Autochtones contre les actes de racisme.
La mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones aurait dû avoir lieu il y a 13 ans, lorsqu'elle a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies.
Pendant combien d'années encore devrons-nous attendre avant que les droits de la personne des Autochtones soient respectés? Le temps des excuses est terminé. C'est pourquoi je suis fière, en compagnie de mes collègues néo-démocrates, de demander au gouvernement libéral d'agir maintenant et de finalement faire respecter la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
[Français]
J'ai l'honneur aujourd'hui d'aborder le projet de loi C-15, ainsi que de m'exprimer en tant que représentant de Nickel Belt dans le Grand Sudbury, la capitale minière du Canada, qui est situé sur le territoire du traité Robinson-Huron de 1850 et sur les terres ancestrales non cédées du peuple atikameksheng anishnawbek et wahnapitae.
J'aimerais également reconnaître la présence des peuples métis. En tant que membre du caucus autochtone libéral, je suis particulièrement fier d'appuyer ce projet de loi, si important pour l'avenir de ma région et du pays tout entier.
Comme bien d'autres députés, je travaille en étroite collaboration avec les collectivités autochtones et leurs dirigeants à établir des relations, à forger un respect mutuel et, dans certains cas, à créer de bonnes amitiés. Nous savons tous que, partout au Canada, un trop grand nombre de ces collectivités sont aux prises avec des séquelles des pensionnats, ainsi que d'autres problèmes liés au racisme systémique, aux traumatismes intergénérationnels, au logement, à l'accès à de l'eau potable, au taux élevé d'incarcération et à une absence d'emplois.
Aujourd'hui, nous tenons un débat sur la législation qui permettra d'affronter ces énormes défis. Le projet de loi C-15 ramènerait les lois canadiennes en harmonie avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Cette Déclaration énonce les droits des peuples autochtones du monde entier, y compris leur droit à l'autodétermination et leurs droits de développer, sur leurs terres, leur territoire et leurs ressources.
Je me concentre aujourd'hui sur le rôle que notre économie de ressources naturelles a joué, joue et jouera pour aider à redresser les préjudices historiques.
[Traduction]
Je vais donner un exemple dans ma région. Il concerne la mine de cuivre de Vale Canada et la Première Nation de Sagamok Anishnawbek. Cette mine se trouve à moins de 50 kilomètres au sud de l'endroit où je suis dans ma circonscription, juste à côté de ma circonscription, Nickel Belt, et de celle de mon bon ami le député de .
Les travaux ont commencé dans les années 1960, mais le rêve d'y extraire du nickel, du cuivre et des métaux précieux s'était évaporé au début des années 1970 en raison de la faiblesse des prix sur le marché international. C'était à une époque où la plupart des entreprises canadiennes ne prenaient pas la peine de consulter les Premières Nations locales. Les Sagamoks Anishnawbeks parlent encore de cette période ignorante comme d'un mur d'indifférence qui a duré 100 ans.
Les choses ont changé et, bien que les entreprises progressistes aient contribué à ces changements, le mérite revient réellement aux pionniers des droits autochtones, des leaders de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse, qui ont entrepris des contestations judiciaires dès le début des années 1970 pour revendiquer leurs droits. C'est dans ce contexte que les Sagamoks Anishnawbeks ont conclu un accord avec Vale avant l'ouverture de la mine en 2014.
Les membres de la Première Nation ont reçu une formation et ont eu accès à toutes sortes d'emplois allant de l'exploitation minière souterraine aux services de camionnage, de roulage et de déneigement. En 2019, la Première Nation a acquis le contrôle du contrat de roulage du minerai et des roches stériles de la mine. Plus important encore, pour la communauté, c'était une source de fierté.
[Français]
À l'époque, les dirigeants de cette première nation ont qualifié cet événement d'historique. Nous écrivons une page d'histoire, l'avenir est ici, et je suis fier que, partout au Canada, notre gouvernement encourage ces partenariats.
Je viens de visionner une vidéo sur YouTube concernant une autre histoire à succès du Nord de l'Ontario. Honnêtement, j'en suis resté ému.
[Traduction]
L'année dernière, Ressources naturelles Canada a versé 500 000 $ dans un fonds de formation destiné à l'Agoke Development Corporation. L'argent provenait de l'Initiative de foresterie autochtone, qui dispose de 13 millions de dollars de financement sur 3 ans.
Agoke, une entreprise forestière du Nord de l'Ontario, appartient à trois Premières Nations. Leurs dirigeants sont déterminés à créer des emplois locaux, surtout pour les jeunes, qui doivent autrement quitter leur famille et leurs territoires traditionnels pour se trouver un emploi. Aujourd'hui, ces jeunes sont camionneurs, mécaniciens d'entretien, ingénieurs électriciens et mécaniciens de machinerie lourde, alors que certains sont formés en gestion forestière.
Un des jeunes dans la vidéo a dit qu'il hésitait à se joindre à l'entreprise, mais ses grands-parents l'ont convaincu de faire le saut. Ce jeune était rempli de fierté quand on lui a demandé s'il était heureux d'avoir postulé. Il a répondu que cela avait changé sa vie. Une jeune femme a fait écho à ces paroles en disant ceci à d'autres jeunes: « Honnêtement, n'hésitez pas à postuler. »
[Français]
Le programme de Ressources naturelles Canada a également fourni 330 000 $ à la Première Nation crie de Waswanipi au Québec. Cette aide financière a permis à la Première Nation, située à 800 kilomètres au nord de Montréal, de rouvrir une scierie fermée. C'est fantastique, mais le gouvernement ne peut pas faire cela tout seul.
Nous avons besoin du secteur privé et de son pouvoir d'achat privé. L'industrie répond à l'appel, pas seulement parce que c'est la bonne chose à faire, car c'est aussi une bonne décision commerciale à un moment où bon nombre d'entre elles connaissent des pénuries de main-d'œuvre, surtout dans les régions d'activité éloignées et près des collectivités autochtones. L'industrie pétrolière appuie déjà plus de 10 000 employés autochtones et un investissement d'une douzaine de millions de dollars dans les collectivités.
[Traduction]
Le printemps dernier, l'Association canadienne des producteurs pétroliers a réaffirmé l'appui qu'elle avait donné en 2016 à la déclaration de l'ONU en tant que cadre de réconciliation. Le secteur du gaz naturel liquéfié a contribué à donner le ton. En fait, le Conference Board du Canada a dit récemment que ce secteur avait la capacité de combler l'écart entre les Autochtones et les non-Autochtones.
Entretemps, l’Association minière du Canada a pris des mesures pour appuyer sans réserve la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
[Français]
Elle a révisé son protocole de relations avec les Autochtones et les collectivités. Cela permettra à ses membres de s'aligner sur les exigences de notre nouvelle Loi sur l'évaluation d'impact. Il s'agit de l'initiative de notre gouvernement pour réaliser les objectifs de la Déclaration.
On trouve environ 1 200 collectivités autochtones près de quelques centaines de mines productives et plus de 2 500 propriétés d'exploration active. Ces accords prévoient des programmes de formation, des stages d'apprentis, des bourses d'études et de persévérance scolaire importantes. Le but consiste à fournir des compétences transférables qui demeurent après la fermeture de la mine.
L'industrie des produits forestiers reconnaît également l'importance d'établir des partenariats avec les Autochtones, dont 70 % vivent dans la forêt ou sont proches d'elle.
[Traduction]
À titre d'exemple, les divers accords de partenariat signés en Colombie-Britannique ont permis aux communautés autochtones de bénéficier de retombées totalisant environ 250 millions de dollars. Ces progrès ne se limitent pas aux ressources ni aux secteurs traditionnels. De nombreuses communautés joueront un rôle actif dans le secteur des énergies propres dans le cadre de notre démarche visant à atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
Dans le Nord de l'Alberta, le gouvernement aide les communautés autochtones à construire la plus grande centrale solaire hors réseau au pays, et ce n'est pas un cas isolé. Le Conference Board of Canada a souligné que les communautés autochtones possèdent la moitié des projets d'énergie renouvelable au Canada, ce qui constitue de réels progrès.
Cependant, il ne faut pas se leurrer: il reste beaucoup de travail à faire. C'est pourquoi toutes les parties — le gouvernement, les industries et les communautés autochtones — doivent travailler encore plus fort et en partenariat pour bâtir les assises de cette relation de confiance.
Le secteur des ressources naturelles est le plus important employeur d'Autochtones au Canada. Il procure des emplois, de la richesse et des débouchés aux entreprises autochtones et permet aux communautés qui vivent à proximité des ressources naturelles de bénéficier d'ententes sur les répercussions et les avantages. La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones établira un cadre plus clair pour l'exploitation des ressources au Canada, contribuant ainsi à ce que ces projets soient mis en œuvre en collaboration pleine et entière avec les Autochtones.
Si nous unissons nos forces, nous contribuerons à réparer cette grande injustice historique. J'exhorte tous les députés à appuyer le projet de loi.
:
Madame la Présidente, bonjour et
áma sqit. Je prends la parole aujourd'hui depuis le territoire traditionnel non cédé des Salishs du littoral, y compris les territoires des nations de Squamish, de Tsleil-Waututh et de Musqueam. Ma circonscription inclut aussi les territoires traditionnels non cédés des nations de Lil'wat et de N'Quat'qua, ainsi que du peuple shishalh. Je suis très reconnaissant de vivre dans cette région.
Tanúyap. Il est particulièrement important de commencer mon discours en utilisant une langue autochtone alors que nous débattons du projet de loi , qui vise à mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans le droit fédéral canadien.
C'est important parce que nous ne devons pas oublier que les Autochtones vivent sur ces terres et ces eaux depuis des temps immémoriaux. Leurs lois, leurs pratiques et leurs modes de vie n'ont pas disparu avec l'arrivée des premiers colons au Canada. Cependant, notre nation a refusé obstinément de reconnaître cette réalité et a plutôt cherché à construire une boîte, au sens figuré, pour isoler les Premières Nations de la société. Elle a cherché à marginaliser les Autochtones au Canada ou à les assimiler dans la société en général.
Les mesures prises par les premiers colons et les gouvernements canadiens au fil du temps visaient à déposséder les Autochtones des terres qu'ils habitaient collectivement, à séparer les familles, à supprimer la culture autochtone et à nier aux Autochtones les mêmes droits fondamentaux dont les autres Canadiens profitaient librement.
Les progrès réalisés en ce qui concerne les droits autochtones observés au pays n’ont pas été simplement conférés aux Premières Nations. C’est le fruit de longues procédures ardues qui ont mené à l’élaboration du droit autochtone. Cela n’a pas été facile. Au départ, les Premières Nations n’avaient pas le droit d’avoir recours à un avocat. Maintenant, leurs droits sont protégés en vertu de l’article 35 de la Charte. Grâce à des chefs autochtones et à des visionnaires, comme Ron Sparrow, la common law a évolué de sorte qu’elle reconnaît les droits autochtones en ce qui concerne les pratiques traditionnelles, comme la pêche.
La reconnaissance des pratiques et titres autochtones dans les arrêts faisant autorité, comme dans le cas de l’affaire Delgamuukw, a dû être établie sur des fondements probatoires enregistrés par histoire orale, lorsque la loi ne la reconnaissait pas. Ces affaires ont dû être entendues par des juristes renommés qui, il y a seulement 30 ans, considéraient la vie d'un Autochtone comme désagréable, brutale et courte. Elles ont fini par être entendues par les plus hauts tribunaux de notre territoire, alors que nos lois ont continué d’évoluer.
L’adoption du projet de loi aiderait à renverser la vapeur, grâce à une approche proactive par laquelle le gouvernement reconnaîtrait enfin les droits des peuples autochtones, y compris le droit inhérent à l’autodétermination. Rien de moins n'est requis pour faire avancer la réconciliation.
Depuis 2016, des progrès ont été réalisés en adoptant de nouvelles approches de négociation et en établissant des mécanismes de coopération et de collaboration, ainsi que par des mesures suivies pour mettre en œuvre les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation. Cette dernière a d'ailleurs demandé au gouvernement du Canada d’adopter et de mettre en œuvre intégralement la déclaration comme cadre de réconciliation. Le projet de loi est une réponse aux appels à l’action nos 43 et 44.
Le projet de loi irait un peu plus loin, en exigeant que nos lois soient conformes à la déclaration ou bien en les modifiant pour qu’elles le soient. Il s’agit d’un projet de loi simple et bref. Cependant, ses répercussions sont vastes. C’est pourquoi un délai pouvant aller jusqu'à trois ans est prévu pour élaborer un plan d’action en vue de la mise en œuvre de cette législation. Cela peut sembler long, mais si l'on considère que cela concerne tous les ministres fédéraux, l’ensemble du gouvernement et les 634 Premières Nations au pays parlant 50 langues différentes, ainsi que le nombre de lois fédérales qu’il faudra évaluer, on peut comprendre l’envergure de la tâche.
Ce n’est pas la première fois que nous débattons de ce projet de loi à la Chambre des communes. Celui-ci a d'abord été présenté en 2008 par l'ancienne députée libérale crie Tina Keeper dans un projet de loi d'initiative parlementaire qui n’a pas été adopté. Par ailleurs, le projet de loi d'initiative parlementaire de l’ancien député néo-démocrate Romeo Saganash a été adopté par la Chambre, mais a malheureusement langui au Sénat pendant plus d’un an avant les dernières élections.
Je dois souligner que nous ne sommes pas les premiers à faire d’un tel projet de loi une loi nationale. Le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique l’a fait en 2019. Nous pouvons tirer des leçons de son expérience. Le ciel ne lui est pas tombé sur la tête depuis. La province a plutôt joui d’une des économies les plus vigoureuses au pays depuis. Je le mentionne, afin de dissiper une idée fausse courante que l'on se fait au sujet des répercussions probables du projet de loi.
En bloquant la précédente version de ce projet de loi, l’opposition officielle au sein de la Chambre des communes et du Sénat exprimait la crainte que l’article reconnaissant le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause des peuples autochtones pour les projets exécutés sur des terres autochtones traditionnelles paralyse l’exploitation des ressources. Cependant, ces craintes ne tiennent pas compte du fait que le gouvernement du Canada cherche déjà à obtenir le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause lorsque les mesures proposées ont des répercussions sur les droits des peuples autochtones en ce qui concerne leurs terres, leurs ressources et leurs territoires. La jurisprudence reconnaît de plus en plus que les répercussions considérables sur les droits les plus chers exigent la tenue d’un processus significatif qui cherche à obtenir le consentement, du moins en pratique, pour préserver l’honneur de la Couronne et respecter les obligations constitutionnelles prévues à l’article 35.
En outre, ces craintes ne tiennent pas compte du fait que les industries opèrent déjà dans ce cadre parce que leurs actionnaires s’y attendent, l’acceptabilité sociale et la certitude commerciale l’exigent, et les projets deviendront des éléments permanents dans les communautés. Désormais, il faut toujours s’associer aux peuples autochtones.
Donner aux Premières Nations un droit de regard sur les projets qui les concernent ne signifie pas que les projets n’iront pas de l’avant. Cela signifie que les mauvais projets ne seront pas mis à exécution, et que les problèmes qui ont des répercussions sur les Premières Nations seront pris en considération dans le cadre du processus. Dans ma circonscription, la nation Squamish a mis en place un processus d’évaluation environnementale mené par les Autochtones qu’un promoteur d’un grand projet a convenu de respecter. Au lieu de rejeter le projet, l’EE l’a approuvé, sous réserve de remplir d'importantes conditions qui en atténueraient les répercussions. Ensuite, une entente sur les répercussions et les avantages a été ratifiée par la nation, par référendum.
Des processus progressifs semblables ont été établis par des nations, comme la nation Tahltan, dans le Nord de la Colombie-Britannique, où les activités d’exploitation minière sont intenses, et la nation Secwepemc, de l’Intérieur de la Colombie-Britannique. De tels processus sont maintenant permis et, en fait, encouragés par la Loi sur l’évaluation d’impact entrée en vigueur en 2019. C’est une approche qui diffère grandement du régime d’évaluation que le parti formant l’opposition officielle a mis en place en 2012. Lorsque les conservateurs étaient au pouvoir, ils traitaient les Premières Nations comme des parties prenantes, au lieu de les considérer comme les titulaires de droits qu’elles sont. Ils géraient en outre les consultations auprès des peuples autochtones de la même manière que celles d'autres particuliers, en cochant des cases. C'était non seulement déshonorant, mais aussi illégal. C’est l’une des raisons qui expliquent pourquoi je suis ici aujourd’hui.
La Loi sur l'évaluation d'impact est l'une des neuf lois fédérales qui font allusion à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et sont conformes à l'esprit de cette dernière. Il ne faut pas avoir peur de ces développements, car lorsque les Premières Nations ont le droit d'exercer des pouvoirs décisionnels sur les questions qui les concernent, la confiance s'installe et grandit, et les débouchés se multiplient en leur faveur. La décolonisation de la relation que nous entretenons avec les Autochtones représente assurément la plus importante occasion de croissance économique au pays. Si les Premières Nations s'affranchissaient complètement de la Loi sur les Indiens — un titre absurde en passant —, elles pourraient disposer d'outils essentiels, comme contracter une hypothèque auprès d'une banque, entre autres.
J'aimerais saluer Warren Paull, hiwus de la nation shishalh, qui était le conseiller de la nation de Squamish lorsqu'elle est devenue la première nation autonome du Canada en 1986. Elle est parvenue à ce statut grâce à son leadership visionnaire, qui a ouvert la voie à de nombreuses autres nations. Depuis, la nation shishalh a élaboré des plans avancés d'aménagement du territoire et s'est vu attribuer de nouvelles responsabilités par d'autres ordres de gouvernement. La nation participe au District régional de Sunshine Coast à titre de partenaire à part entière, elle a négocié des accords provinciaux détaillés ouvrant la voie à la réconciliation et est une source d'inspiration pour la prochaine génération de dirigeants, tout en poursuivant avec le gouvernement fédéral des négociations complexes sur les droits. D'ailleurs, tout cela s'accomplit dans une communauté où les survivants des pensionnats se rappellent encore les expériences douloureuses qu'ils ont vécues.
Le chef Paull était l'un des nombreux dignitaires à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique lors de l'annonce que la province allait devenir la première au Canada à adopter une mesure législative visant la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Voici ce qu'il a déclaré à cette occasion:
Voilà 52 ans que Frank Calder et la nation Nisga'a ont saisi les tribunaux de la première affaire portant sur les revendications territoriales. Après toutes ces années, nous trouvons enfin la reconnaissance.
Il est grand temps, 14 ans après que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a été proposée au monde entier, que nous reconnaissions ces droits ici. Il est temps de travailler proactivement avec les Premières Nations pour faire avancer la réconciliation, plutôt que de se contenter de réagir aux décisions des tribunaux. Il est temps de concevoir ensemble l'avenir que nous souhaitons connaître au pays.
Puisque mon temps de parole est écoulé, je conclurai là-dessus.
?ul nu msh chalap.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole d'aujourd'hui avec le député de .
C'est un honneur de prendre la parole au sujet du projet de loi , puisque, comme j'ai grandi et que j'habite toujours à Meadow Lake, en Saskatchewan, la relation avec les Autochtones au Canada a toujours fait partie de ma vie. Je dois avouer que je suis un peu nerveux à l'idée d'amorcer cette démarche. Ce projet de loi aurait une incidence à long terme et de grande portée qui transcende la quête de gains politiques à court terme et les beaux discours. La relation historique entre le gouvernement fédéral et les Autochtones au pays est empreinte d'une méfiance qui compromet le véritable potentiel que notre grand pays a à offrir à chacun de nous.
Lorsque le gouvernement a annoncé il y a un ou deux mois qu'il ne respecterait pas sa promesse de mettre fin aux avis concernant la qualité de l'eau potable dans les collectivités des Premières Nations, il a avoué que, au moment où le a fait cette promesse électorale en 2015, il n'avait pas encore saisi toute la portée du problème. Cela nous rappelle tous que faire des promesses que l'on ne peut tenir n'est pas le moyen idéal de renforcer la confiance dans une relation où celle-ci fait cruellement défaut.
Dans un article récent du Globe and Mail, on soulignait que, depuis trois ans, Services publics et Approvisionnement Canada affirme que l’augmentation de la participation d’entreprises dirigées par des Autochtones aux contrats d’approvisionnement est un bon indicateur des objectifs économiques et sociaux du gouvernement. Malheureusement, on constate que, depuis trois ans, les plans du ministère ont des cibles qui restent à confirmer. Autrement dit, depuis trois ans, le ministère ne s’est fixé ni cibles ni objectifs de rendement.
Pire encore, il n’y a toujours pas de mécanisme en place pour identifier les soumissions qui proviennent d’entreprises autochtones. Si l’objectif du gouvernement était vraiment d’augmenter la participation des entreprises autochtones aux contrats fédéraux, il me semble que la première chose qu’il aurait dû faire, c’est mettre en place un tel mécanisme dans son système de gestion des données. Or, en trois ans, il n’a rien fait. C’est de l’incompétence crasse, et je pèse mes mots.
Un autre détail qui montre bien que le gouvernement a réduit ses ambitions, c’est que dans la lettre de mandat de 2021 adressée à la , il n’était même pas fait mention de la promesse qui avait été faite aux entreprises autochtones que 5 % des contrats leur seraient octroyés. Au lieu de se mettre sérieusement au travail et de corriger les dysfonctionnements du ministère, ils ont tout simplement décidé de supprimer les objectifs. Ce n’est vraiment pas un exemple de leadership.
Tout cela révèle une tendance inquiétante de la part du gouvernement en ce qui concerne la mise en place des politiques qu’il a promises aux Autochtones et à leurs communautés. Il commence par leur faire des promesses électorales, il organise des séances photos lors de ses conférences de presse, et il utilise ensuite les mêmes expressions dans ses lettres ministérielles, ses sites Web et ses annonces publiques, comme « encourage vivement » et « la relation la plus importante pour notre gouvernement ». Toutefois, il finit par renoncer à ses promesses, par modifier les objectifs ou, dans le cas des contrats, par carrément les supprimer. Le gouvernement a tendance à agir uniquement lorsqu’il a le dos au mur, après avoir passé trop de temps à reculer sur tout et à renoncer à la plupart de ses promesses. Nous en voyons encore un exemple aujourd’hui, puisqu’il est obligé d’avoir recours à la clôture pour un projet de loi qui n’a été débattu que pendant une heure.
Cela m’amène au projet de loi . Après le projet de loi , le gouvernement a eu amplement le temps d’élaborer un plan d’action national qui aurait donné aux parties prenantes la clarté et la prévisibilité qu’elles réclament depuis longtemps. La préparation d’un plan d’action avant le dépôt du projet de loi aurait permis de répondre aux inquiétudes d’un grand nombre de personnes. On a l’impression que le gouvernement met la charrue avant les bœufs, comme il l’a fait trop souvent dans le passé. Pourquoi ne s’est-il pas assuré, avant de présenter cet important projet de loi, qu’un maximum d’obstacles étaient levés? En assurant la préparation d’une feuille de route transparente, une telle approche aurait permis d’éviter le bourbier juridique que ne manquera pas de provoquer l’adoption du projet de loi C-15.
En l’absence de prévisibilité, je crains vraiment qu’on assiste à de nombreuses batailles juridiques au cours des prochaines décennies, et ce, à cause d’un manque de vision de la part du gouvernement. Comme on l’a vu l’année dernière avec la pêche au homard en Nouvelle-Écosse, c’est vraiment le genre de solution qu’il vaut mieux éviter. Dans cette relation, nous ne pouvons pas nous permettre un autre fiasco. Soyons honnêtes: les gouvernements n’ont vraiment pas été à la hauteur pour ce qui est de répondre aux attentes des peuples autochtones.
Je vais citer quelques chiffres fournis récemment par l’Indigenous Resource Network pour montrer qui a su se montrer à la hauteur dans ce domaine.
Le secteur privé a donné l’exemple pour ce qui est des contrats octroyés à des entreprises autochtones. Suncor a dépensé plus de 6 milliards de dollars en contrats avec des entreprises autochtones depuis 1999, notamment 800 millions, soit 8 % de ses dépenses totales, en 2019 seulement. Sunova a dépensé 2,9 milliards de dollars depuis 2009, y compris 139 millions en 2019. Imperial a investi 2,6 milliards de dollars dans des entreprises autochtones depuis 2009.
Les mines de diamant des Territoires du Nord-Ouest ont dépensé 5,9 milliards de dollars pour les Autochtones entre 1996 et 2017. Agnico Eagle, au Nunavut, a versé 408 millions de dollars à des entreprises inuites en 2019 seulement. Teck Resources a dépensé, en 2019, 225 millions de dollars en contrats octroyés à des Autochtones. Coastal GasLink a dépensé 720 millions de dollars en contrats autochtones et locaux. Quand il sera achevé, le projet TMX aura octroyé aux Autochtones des contrats d’une valeur supérieure à 1 milliard de dollars. Enfin, Cameco, une société d’uranium, a, selon ses propres rapports et depuis 2004, octroyé 3,85 milliards de dollars de contrats à des fournisseurs locaux, dans ma circonscription du Nord de la Saskatchewan.
Ces chiffres représentent non seulement des dollars, mais aussi des retombées concrètes et directes sur la vie quotidienne des Autochtones. Ils représentent des investissements dans ces communautés qui ont pendant trop longtemps été négligées par rapport au reste du Canada.
On pense souvent qu’en discutant de quelque façon que ce soit des débouchés et des emplois pour les Autochtones, on est insensible à leurs problèmes sociaux. Je pense que c’est tout à fait l’inverse. C’est grâce à la création d’emplois et de sources de revenus locales, à l’indépendance financière et à l’autodétermination qu’on pourra régler un grand nombre de problèmes sociaux.
La culture de la pauvreté définit depuis trop longtemps la culture des Autochtones. Pourtant, de par son histoire, c’est une culture riche, qui mérite d’être mieux considérée. Le secteur privé a débroussaillé le terrain pour ce qui est d’établir un lien de confiance avec les peuples autochtones et leurs communautés, et ce, depuis plusieurs années. Il convient de saluer ses efforts et les progrès qu’il nous a permis de faire vers la réconciliation. À cet égard, il serait justifié de lui permettre d’avoir son mot à dire sur les dispositions du projet de loi qui ont besoin d’être clarifiées.
Depuis que le projet de loi a été déposé, j’ai eu le plaisir de rencontrer à distance un grand nombre de parties prenantes autochtones. Chaque fois, la discussion revenait sur l’incertitude relative à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il est donc important que le projet de loi contienne des précisions sur les questions suivantes.
Premièrement, au cours des trois années que le gouvernement s’est donné pour élaborer un plan d’action sur la mise en œuvre de la Déclaration, quelle approche sera retenue pour consulter les communautés autochtones, les entreprises autochtones et toutes les organisations régionales et nationales, afin de tenir compte de leur point de vue?
Deuxièmement, comment la Déclaration sera-t-elle mise en œuvre lorsque les communautés ne seront pas toutes d’accord sur des projets importants et à portée verticale? Le gouvernement fédéral se réservera-t-il le droit de prendre la décision finale?
Troisièmement, est-ce que le fait de ne pas donner assez de temps aux communautés autochtones pour trouver une réponse à la question de savoir qui a le pouvoir de donner ou de refuser le consentement nuira au processus? Étant donné l’absence actuelle de consensus, qu’est ce que cela signifie pour les années à venir?
Il faut absolument faire la lumière sur toutes ces questions. Dans le cadre de l’examen du projet de loi , nous avons pour obligation non seulement d’écouter les préoccupations exprimées au sujet de l’incertitude qui plane sur la mise en œuvre de la Déclaration, mais aussi de défendre les intérêts des populations, des communautés et des chefs autochtones qui demandent des réponses aux questions importantes qu’ils posent.
Nous avons beaucoup à faire pour rebâtir la confiance perdue dans notre relation avec les peuples autochtones au pays. Les divisions au Parlement ont souvent mené à des projets de loi qui sont davantage fondés sur la politique que sur des solutions concrètes. C'est pour cette raison qu'il est évident que demander plus de clarté et de certitude quant au projet de loi n'est pas qu'une demande juste et valide, c'est ce qu'exige l'essence même de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
:
Madame la Présidente, je représente une circonscription qui se trouve sur le territoire du Traité n
o 7, le territoire traditionnel des Pieds-Noirs, qui comprend les nations des Siksikas, des Piikani, des Kainai, des Tsuut'ina et des Stoney Nakoda. Nous reconnaissons que de nombreuses Premières Nations, des Métis et des Inuits foulent cette terre depuis des siècles.
Je me permets, pour commencer mon allocution dans le débat d’aujourd’hui sur le projet de loi , de poser les questions qui me sont souvent adressées lorsque les gens veulent obtenir des précisions sur ce projet de loi, qui vise à assurer la compatibilité des lois fédérales avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Quel est le rôle des Nations unies? Comment les décisions des Nations unies peuvent-elles être intégrées au droit canadien, qui forme bien entendu un corpus beaucoup plus solide? Quelles incidences les décisions des Nations unies peuvent-elles avoir sur les pays où le principe de la primauté du droit est bien établi? Comment la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones tient-elle compte des droits garantis par les institutions canadiennes, comme l’article 35 de la Constitution de notre pays? Quelle incidence cette déclaration a-t-elle sur ces droits? Comment la loi proposée et la Constitution pourront-elles aller de pair? Comme il s’agit d’une loi, restera-t-elle assujettie au cadre constitutionnel canadien? Qu’adviendra-t-il des lois canadiennes existantes? Quelle incidence cette déclaration aura-t-elle sur des décennies de jurisprudence?
Qui aura le pouvoir de prendre des décisions, c'est-à-dire de concilier les intérêts et les objectifs qui amènent ces questions très pertinentes? S’agira-t-il des mêmes bureaucrates et groupes d’intérêt inamovibles, qui sont parfaitement satisfaits de la Loi sur les Indiens même si, depuis des décennies, un peu partout au pays, les gens concernés souhaitent ardemment que cette loi paternaliste soit remplacée? S’agira-t-il d’une autorité qui sera confortablement installée dans sa tour d'ivoire, qui sera enfermée dans une approche légaliste et qui n'aura jamais mis les pieds sur le terrain ni connu les problèmes que des générations se sont efforcées de surmonter au sein des Premières Nations?
Une chose est claire: compte tenu des résultats qui n'ont jamais été au rendez-vous, on peut dire que le statu quo ne marche pas. Pour quelles raisons? La liste est longue. Définir les droits des peuples autochtones du Canada avec des mots est un geste significatif, mais se contenter d'un geste est futile. La réconciliation ne peut se faire sans qu'elle ait une dimension économique. Tout projet de loi qui nous est soumis ne doit pas avoir des répercussions néfastes sur les nombreuses communautés autochtones qui dépendent de l'exploitation des ressources naturelles pour avoir des emplois, des revenus et la capacité d’améliorer leur sort. Les décideurs, les bureaucrates, les juristes, les groupes qui défendent exclusivement leurs intérêts, c'est-à-dire ceux pour qui le maintien du misérable statu quo est avantageux, ne devraient pas faire obstacle au changement dont le Canada a besoin.
Il y a aussi lieu de signaler que ceux qui ont un grand intérêt à maintenir le statu quo n’en manifestent aucun envers la misère qui y est associée et qui est supportée par ceux qui cherchent désespérément à y échapper depuis des décennies. Un profond changement est attendu depuis longtemps, et l'adoption d'une législation visant à garantir les intérêts de ces intermédiaires rétrogrades est le contraire de ce dont le Canada et sa population autochtone ont besoin.
J’avertis le de ne pas faire confiance aux mêmes groupes d’intérêt et intervenants qui font partie du problème depuis des décennies. Si le ministre veut se rendre sur le terrain et entendre les frustrations des Autochtones de partout au Canada qui seront touchés par cette loi et l’incertitude qu’elle suscite, qu’il prenne le temps de rencontrer ces groupes et de tenir une consultation exhaustive, ce qui n’a pas été fait, y compris dans cette Chambre où nous avons eu une heure de débat sur cette question avant aujourd’hui.
Il y a quelques semaines, j’ai posé des questions à la Chambre sur les effets des mesures gouvernementales sur la fuite des capitaux pour le développement de projets au Canada. Curieusement, c’était après que l’une des personnes nommées par le gouvernement ait blâmé le risque et l’incertitude comme les raisons sous-jacentes pour lesquelles les projets n’étaient plus considérés comme des investissements viables par les capitaux étrangers au Canada. Bien entendu, plutôt que de s’attaquer aux causes du risque et de l’incertitude et de changer la trajectoire destructrice sur laquelle le gouvernement actuel s’est aventuré pendant six ans, la solution semble être que le gouvernement alloue des capitaux pour remplacer l’investissement privé: la magie de la finance sociale à la rescousse.
Nous savons ce que ça veut dire: plus de risques et d’incertitudes pour les contribuables canadiens. Ce que d’autres reconnaissent comme un problème en deviendra un pour les contribuables canadiens, et le gouvernement double le risque que les Canadiens devront supporter. En ce qui concerne la DNUDPA, cette législation, telle qu’elle est rédigée, ajoute un autre niveau de risque et d’incertitude au développement dans les territoires autochtones.
Avant que ce pays ne se batte pour éviter une pandémie il y a 13 mois, le plus grand problème que nous éprouvions, en qualité de pays et de société unie, était les barrages instaurés par certaines organisations autochtones en soutien à certaines parties opposées au gazoduc Coastal GasLink, qui traverse le territoire des Wet'suwet'en dans le Nord de la Colombie-Britannique. Savons-nous qui étaient ces instigateurs? Savons-nous quel était leur statut: traditionnel, autoritaire, représentatif, légal, responsable?
Savons-nous si ces autres parties avaient d'autres intérêts dans l'issue de la situation? Nous savons que le processus démocratique relatif aux affaires de la bande a été complètement usurpé et confirmé par la , c'est-à-dire par le gouvernement actuel. Donc, un processus bien compris, qui avait changé considérablement, a rapidement été usurpé. Ai-je besoin de définir les termes « risque » et « incertitude » pour le gouvernement actuel? À son avis, sur quoi repose la légitimité, aux yeux des promoteurs de projet? Ce n'est certainement pas sur le processus tel qu'il a été représenté. Comme en ont témoigné les promoteurs, s'il n'y a pas de processus, il n'y a pas de voie à suivre.
Le projet de loi propose d'augmenter le risque et l'incertitude pour les organismes autochtones, en plus de dresser un autre obstacle à la participation à la réconciliation économique. Même si les promoteurs de projet attirent de véritables capitaux en vue de leurs propres avenues de développement économique, ils verront encore une fois leurs projets contrecarrés par le gouvernement. Je remercie le gouvernement de ses propos, mais qu'en est-il des mesures concrètes? Je vais donner un exemple du coût de cette incertitude.
Kitimat LNG est un projet situé sur la côte Ouest du Canada. Le projet avance depuis une décennie, de même que le Pacific Trails Pipeline, auquel il est lié. Les promoteurs du projet ont dépensé plus de 3 milliards de dollars pour arriver à ce point, ce qui représente une foule de documents à l’intention des organismes de réglementation, un lit de gravier, le plein accord des 16 organisations autochtones dont le territoire est traversé par le pipeline, et un partenariat à part entière avec la Première Nation Haisla sur le site du projet. Des milliers d’emplois pour Autochtones, des centaines de millions de dollars en retombées pour les résidants des communautés autochtones, une formation professionnelle supérieure pour une génération de membres de ces communautés et la création d’une capacité pour favoriser les intérêts économiques, tout cela ne tombe pas du ciel. En outre, il sera impossible d’atteindre les réductions de plus de 40 millions de tonnes de gaz à effet de serre par année. En fin de compte, ce projet est malheureusement suspendu parce qu’il ne peut plus avancer à cette étape-ci. Même si l’on met de côté les avantages environnementaux auxiliaires, il s’agit d’un autre dossier dans le cadre duquel le gouvernement actuel tient de beaux discours sans offrir de résultats concrets. Une réconciliation économique retardée équivaut à une réconciliation refusée. Les députés devraient dire à leurs enfants qu’après 10 ans, ils ne peuvent pas avoir accès à une meilleure éducation et faire avancer leurs intérêts, les intérêts de leur société et les intérêts du monde parce que le processus était obscur et a entraîné une décennie de retards. Les députés pourront comprendre le niveau de frustration.
Ceux qui sèment la confusion n'ont cure des retombées. Soulignons que certaines parties, tels que les organismes non gouvernementaux qui sont des participants à court terme souvent financés par des acteurs étrangers, ont à cœur leurs propres intérêts et reçoivent aussi souvent un financement du gouvernement fédéral.
Le gouvernement aime beaucoup les beaux discours, mais on le voit rarement prendre des mesures concrètes. Combien d'organismes autochtones devront exprimer leurs doutes quant à l'efficacité du projet de loi et leurs craintes que ce dernier aggrave la situation avant que le se décide à les écouter, qu'il trouve un consensus et qu'il mette fin au débat à la Chambre des communes sur une mesure législative fondamentale destinée à modifier la gouvernance du pays, notamment pour les groupes dont nous sommes constitutionnellement obligés de tenir compte en vertu de l'article 35 de la Constitution du Canada?
Nous avons vu le à l'action avec le projet de loi sur l'aide médicale à mourir. Je rappelle aux députés que, lorsque le gouvernement a présenté le projet de loi à la Chambre, beaucoup de mes collègues conservateurs l'appuyaient avant qu'il soit renvoyé au Sénat. Puis, le ministre a manipulé la mesure législative à l'autre endroit, et elle est revenue à la Chambre sous une forme complètement différente, qui faisait fi des groupes à risque qu'elle laissait pour compte. Par conséquent, en raison de cette manipulation, nous avons voté contre le processus, car il n'était pas démocratique.
Le croit-il que les organismes des Premières Nations ne se sont pas rendu compte de ses actions? Croit-il qu'elles se méfient inutilement de ses tendances non démocratiques et de sa partialité à l'égard d'autres parties intéressées? Je répète que bien des gens qui n'ont aucun intérêt personnel dans le dossier font progresser la mesure législative. Cela présente un risque moral, et nous devons l'éviter.
Les résultats concrets, la reddition de comptes et la confiance se font rares avec le gouvernement actuel. Nous devons faire mieux.
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Madame la Présidente, je remercie mon collègue de s’acquitter de ses responsabilités avec autant de diligence. J’ai l’intention de partager le temps qui m'est imparti avec mon collègue de .
J’insiste sur le fait qu’avec ce projet de loi, nous consacrons cette déclaration dans la loi. Nous avons l’occasion de forger une nouvelle relation. Quoi qu’en disent nos adversaires, la déclaration va nous permettre de tracer une voie claire et prévisible pour l’avenir.
Certaines personnes ont des questions, et nous en recevons beaucoup. Il y en a qui concernent les dispositions du projet de loi relatives au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, et la façon dont elles pourraient être interprétées dans le contexte canadien, y compris la relation avec la terre, le développement des ressources naturelles et tout autre développement ayant un impact sur les peuples autochtones.
Le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause est un élément important, et c’est sans doute celui qui soulève le plus grand nombre de questions. Comme l’a dit l’un de mes collègues tout à l’heure, c’est intrinsèquement lié à l’autodétermination. Il ne faut pas l’oublier. Il s’agit vraiment d’instaurer un dialogue, dans les deux sens, et de faire participer réellement les populations autochtones aux décisions qui les concernent, elles, leurs communautés, leurs territoires et les générations futures.
La mise en œuvre de la déclaration peut contribuer grandement au développement durable et à l'exploitation des ressources, et, s’agissant des ressources naturelles, des terres, des territoires et des ressources, elle énumère les droits autochtones et les garanties connexes qui s’appliquent.
Comme je l’ai dit tout à l’heure, j’ai grandi au Labrador, et c’est de là que je vous parle aujourd’hui. Nous avons toujours des revendications territoriales qui n’ont pas été réglées avec le gouvernement fédéral. Je fais partie des Inuits du Sud du Labrador et je suis membre du Conseil communautaire NunatuKavut, dont les droits n’ont toujours pas été reconnus par le gouvernement du Canada, s’agissant des revendications territoriales. C’est inacceptable, à mon avis. Le système colonial qui nous a été imposé, à nous et à beaucoup de peuples autochtones, nous a empêchés de jouir de nos propres terres et d’avoir notre mot à dire dans les décisions qui sont prises.
Aujourd’hui, dans ma circonscription, Nunatsiavut est un territoire dont les revendications territoriales ont été réglées. Elles l’ont été parce qu’on a découvert du nickel dans la baie de Voisey et parce qu’une grande entreprise y possédait des gisements. C’est ce qui a déclenché le règlement des revendications territoriales avec les Inuits du Nord du Labrador. Si l’on n’avait pas découvert ces gisements, nous serions sans doute toujours en train de négocier un droit pourtant inhérent, celui d’avoir notre mot à dire sur ce qui se passe sur nos terres et sur notre territoire.
L’Accord sur les revendications territoriales conclu avec les Inuits du Nunatsiavut, dans le Nord du Labrador, est l’un des plus célèbres, après l'accord conclu avec les Cris. C’est un accord remarquable. Il illustre ce que la déclaration des Nations unies signifie vraiment, c’est-à-dire l’inclusion des Inuits dans le processus de décision, en prévoyant leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause. La mine en question est entrée en activité, elle emploie aujourd’hui près de 90 % d’Autochtones, et la communauté profite de ses retombées. Mais il a fallu beaucoup de coopération et de dialogue pour en arriver là.
Quand j’ai assisté à mon premier forum des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, aux côtés de la , en 2016, c’était la première fois qu’un représentant du Canada affirmait l'adhésion de notre pays à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. J’ai alors été très fière de voir que le Canada s’engageait de cette façon. Et quand je constate le chemin parcouru depuis cette époque, je ne peux que m'en féliciter, car c’est la formule gagnante à la fois pour le Canada et pour les peuples autochtones. Certes, il y a encore beaucoup à faire, mais en tant qu’Autochtone, je suis confiante.
C’est sur le consensus et la coopération que notre beau pays s’est construit. Nous donnons aux peuples autochtones la possibilité d’avoir leur mot à dire et de participer réellement aux décisions concernant leurs terres. Qui peut être contre cela, contre le respect des droits des Autochtones et contre la réconciliation?
Je suis convaincue que, si nous en sommes là aujourd’hui, c’est grâce non seulement à l’engagement des Autochtones, mais aussi à celui des entreprises et des personnes qui, dans le secteur des ressources naturelles, s'intéressent directement à la protection des terres des Autochtones et des autres terres. Elles savent que le développement durable passe par la coopération, par les partenariats avec les communautés autochtones.
Cela signifie qu’on développe des capacités, qu’on négocie des ententes bénéfiques et qu’on participe à la gestion. C’est ce qui a été fait avec une entreprise comme Vale, qui enregistre de bons résultats sur les terres inuites et ailleurs. Ce sont des modèles qui fonctionnent, mais uniquement parce que les gens ont été contraints de négocier. Au départ, ils ne voulaient pas négocier, la plupart du temps. Mais cela va changer.
Certes, les chefs de file de l'industrie ont investi du temps et de l’argent pour établir un lien de confiance avec les groupes autochtones, pour garantir aux Autochtones qu'aucun projet ne se réaliserait sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, mais c’est précisément ce que ce projet de loi va permettre. Nous en avons déjà beaucoup d’exemples au Canada.
Nous collaborons avec beaucoup de secteurs, y compris celui des ressources naturelles, dont je suis une fière porte-étendard et qui comprend l’industrie minière. Cette industrie offre des emplois qui conviennent aux peuples autochtones, et nous sommes la preuve vivante que cela peut marcher.
Quand je vois ce qui se passe aujourd’hui, ce sont des expériences et des relations extraordinaires qu'ont bâties l’industrie et les peuples autochtones, dans le secteur des ressources naturelles, et ils ont travaillé ensemble en toute bonne foi…