AGRI Rapport du Comité
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Opinion complémentaire du Parti conservateur du Canada
Inflation du prix des aliments
Introduction
Le Parti conservateur du Canada (PCC) remercie le Comité, son président et ses membres, la greffière et son personnel, y compris les analystes affectés au Comité, et les équipes de traduction et de soutien technique pour leur excellent travail. Le PCC souhaite aussi remercier les nombreux témoins qui ont contribué à l’étude sur l’inflation du prix des aliments, que ce soit en présentant un mémoire ou en comparaissant devant le Comité.
Notre parti est d’accord avec la majeure partie du rapport du Comité et des recommandations qu’il comporte. Toutefois, il faut mettre l’accent sur certains aspects du rapport et mettre à la disposition de la population davantage de renseignements sur les politiques du gouvernement libéral et sur leur rôle dans la hausse des prix des aliments au Canada.
Au moment de l’étude, l’inflation du prix des aliments sous le gouvernement libéral a atteint un niveau record en 40 ans et a augmenté de plus de 10 % en un an[1]. Les consommateurs peuvent s’attendre à ce que les prix continuent d’augmenter. En effet, le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2023 prévoit une hausse de 5 % à 7 % des prix alimentaires en 2023, et ces augmentations seront plus marquées pour les légumes, les produits laitiers et les viandes. Selon le rapport, en moyenne, les dépenses alimentaires d’une famille de quatre personnes se chiffreront à 16 288 $ pour l’année, ce qui représente une augmentation de 1 064 $ par rapport aux dépenses observées en 2022. Le rapport prévoit également que le coût des denrées alimentaires pourrait augmenter de 34 % d'ici à 2025, ce qui rendrait l'épicerie inabordable pour les familles canadiennes déjà en difficulté.[2]
Déficits inflationnistes
Les dépenses inflationnistes de Justin Trudeau ont fait grimper en flèche le coût des aliments et de l’épicerie. Par exemple, un Canadien sur cinq saute des repas et les gens se rendent dans les banques alimentaires en nombre record. Le remboursement pour l’épicerie proposé par Justin Trudeau permettra à un adulte vivant seul de recevoir 234 $ pour composer avec l’augmentation du coût des aliments que les déficits inflationnistes du gouvernement ont contribué à provoquer. Conformément à ce qui a été indiqué précédemment, le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2023 prévoit qu’au Canada, une famille de quatre personnes dépensera cette année jusqu’à 1 065 $ de plus pour l’alimentation, ce qui correspond à 598 $ de plus que le remboursement de 467 $ auquel elle aura droit.
Michael McCain, président-directeur du conseil d’administration d’Aliments Maple Leaf inc., a insisté sur les liens entre les déficits gouvernementaux et l’inflation et a recommandé au gouvernement en poste d’adopter une discipline fiscale afin de limiter l’inflation de façon générale[3].
Justin Trudeau a généré une dette plus importante que celle cumulée par tous les autres premiers ministres précédents réunis et il n’a aucun plan pour rétablir l’équilibre budgétaire et juguler ses déficits inflationnistes, qui font grimper les intérêts que nous payons et le coût des biens que nous achetons, y compris les articles essentiels comme la nourriture et l’essence.
Selon les projections, la dette fédérale du Canada atteindra 1,22 billion de dollars pour l’exercice financier 2023-2024. Voilà qui équivaut à près de 81 000 $ par ménage au Canada.
Le gouvernement ne prévoit aucun retour à l’équilibre budgétaire. Le déficit pour l’exercice 2022-2023 est de près de 43 milliards de dollars. Pour l’exercice 2023-2024, on estime qu’il sera de 40,1 milliards de dollars.
Les conservateurs mettent en garde Justin Trudeau depuis des années contre les conséquences de ses décisions et le tort qu’elles causent aux Canadiens d’un océan à l’autre.
Coûts de la taxe sur le carbone et des politiques inflationnistes des libéraux
Pendant l’étude, il était clair que les députés libéraux membres du Comité évitaient délibérément de discuter ou d’inclure certains faits et recommandations qui n’étaient pas à leur avantage sur le plan politique concernant les répercussions économiques de la taxe sur le carbone ainsi que les effets de cette dernière sur la production et le transport des aliments ainsi que sur les prix de ces derniers en épicerie.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a estimé qu’en moyenne, les agriculteurs ont payé près de 14 000 $ en taxe fédérale sur le carbone au cours de la première année où elle leur a été imposée[4].
Pour l'exploitation agricole moyenne de la Saskatchewan, la taxe carbone a coûté entre 14 000 et 25 000 dollars. Ian Boxall, président de l’Agricultural Producers Association of Saskatchewan, a expliqué de façon succincte les effets de la taxe carbone sur la production alimentaire et sur les profits et conditions de vie des agriculteurs[5].
Selon le directeur parlementaire du budget, si la taxe sur l’utilisation du gaz naturel et du propane dans les exploitations agricoles atteint 170 dollars, il en coûtera cumulativement plus de 1,1 milliard de dollars aux agriculteurs d’ici 2030[6].
Selon le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2023 au Canada, indique qu'une exploitation agricole pourrait payer 150 000 $ en taxe sur le carbone lorsque celle-ci aura triplé. Sylvain Charlebois, Ph. D., a insisté sur l’importance pour le gouvernement de comprendre l’incidence de la taxe sur le carbone sur l’abordabilité alimentaire et de reconnaître ses effets sur chacun des maillons de la chaîne d’approvisionnement[7].
Questionné au sujet des répercussions d’une taxe sur le carbone de 150 000 $ sur la viabilité de l’agriculture, M. Boxall a donné la réponse suivante :
Les répercussions seront énormes. Il est impensable que la seule taxe sur le carbone occasionne des dépenses de 150 000 $ pour une ferme de 5 000 acres. J’ai des frissons en pensant que nous en arriverons là. Notre situation changera complètement. Il est impensable également que nos efforts pour maintenir les prairies en bon état et pour gérer adéquatement le sol à la ferme ne soient pas reconnus. Les agriculteurs sont les principaux gardiens des terres au pays. Nous n’obtiendrons jamais le crédit que nous méritons pour l’attention que nous portons à l’environnement. Cette mesure sera vraiment préjudiciable aux agriculteurs de la Saskatchewan[8].
Comme si ce n’était pas assez, à compter du 1er juillet 2023, l’intensité en carbone de l’essence et du diesel utilisés au Canada devra être réduite en vertu du Règlement sur les combustibles propres. Cette deuxième taxe sur le carbone imposée aux familles, aux entreprises et, surtout, aux producteurs agroalimentaires ne fera qu’alourdir leur fardeau fiscal actuel. Comme la première taxe sur le carbone, cette nouvelle mesure sera soumise à la taxe sur les produits et services (TPS), sans toutefois donner lieu à des remboursements.
Selon le directeur parlementaire du budget, la nouvelle taxe sur le carbone coûtera au ménage canadien moyen 573 $ de plus par année, sans remboursement. En outre, selon la province, les familles paieront jusqu’à 1 157 $. La deuxième taxe sur le carbone provoquera une majoration du coût de l’essence et du diesel pouvant aller jusqu’à 17 cents par litre et 16 cents par litre, respectivement, et entraînera une baisse du PIB réel du Canada pouvant aller jusqu’à 9 milliards de dollars en 2030.
Franco Terrazzano, directeur fédéral de la Fédération canadienne des contribuables, a résumé la situation et donné son opinion sur la question :
Tout le monde sait que les agriculteurs ne sont pas des puits d’argent sans fond capables d’absorber une série indéfinie de hausses de taxe. Deux choses pourraient se passer : soit au moins une partie des coûts se rendront à la caisse et affecteront les familles qui ont du mal à se payer un litre de lait ou du bœuf haché, soit les approvisionnements baisseront. Qu’arrive‑t‑il lorsque les approvisionnements diminuent au Canada? Eh bien, les prix grimpent. En mettant de côté les agriculteurs pour un instant, nous voyons des facteurs comme les coûts accrus de livraison des denrées aux épiceries dus à l’augmentation de la taxe sur le carbone et à la mise en place d’une deuxième taxe sur le carbone. Ces éléments qui s’accumulent font mal non seulement aux entreprises canadiennes, mais aussi aux familles[9].
Par ailleurs, au milieu d’une crise inflationniste provoquée par le gouvernement, les libéraux insistent pour aller de l’avant avec des politiques telles que l’étiquetage sur le devant des emballages, une décision qui ne peut que contribuer à l’augmentation du coût des aliments. Denise Allen, présidente et directrice générale de Fabricants de produits alimentaires du Canada, a fait la déclaration suivante :
Certainement. L’estimation d’un coût global pour l’industrie chiffré à 2 milliards de dollars seulement pour ce qui est de l’étiquetage sur le devant des emballages est exacte. Dans l’environnement concurrentiel actuel, les intrants de nos entreprises augmentent tous considérablement. De l’étiquetage sur le devant des emballages, qui arrive à un moment très inopportun, surtout après la COVID, la perturbation des chaînes d’approvisionnement, les phénomènes climatiques, la pénurie de main-d’œuvre… La pénurie de main-d’œuvre est très grave dans notre industrie. Chaque jour, il nous manque environ 30 000 travailleurs, et on s’attend à ce que ce chiffre double d’ici 2025 pour atteindre 65 000. Nous avons besoin d’une aide immédiate à cet égard.
Pour revenir à la question de savoir si notre industrie est touchée par d’autres facteurs dans le contexte réglementaire, je peux dire que oui, sans aucun doute. Les taxes nuisent énormément aux propriétaires de petites entreprises, et nous sommes maintenant aux prises avec une hausse des coûts compte tenu du transport, de la tarification du carbone et d’autres mesures environnementales qui font en sorte qu’il est extrêmement difficile de défendre les investissements au Canada. Inévitablement, les propriétaires, les investisseurs et les dirigeants qui prennent ces décisions se tournent vers d’autres pays, ce qui menace directement notre approvisionnement alimentaire national et nos consommateurs[10].
Gaspillage alimentaire
Près de 60 % de tous les aliments produits au Canada – soit 35,5 millions de tonnes – sont perdus ou gaspillés chaque année. Plus de 32 % de ces aliments, soit 11,2 millions de tonnes, sont comestibles et pourraient être récupérés afin de soutenir nos communautés.
Le Canada a le privilège de posséder une abondance de ressources et pourrait réellement devenir autosuffisant, voire augmenter sa capacité de façon à nourrir sa propre population ainsi que des gens du monde entier. Parallèlement, en raison de divers facteurs, y compris des politiques gouvernementales néfastes, 4 millions de Canadiens, dont 1,4 million d’enfants, ont du mal à se payer des aliments sains et à préserver la sécurité alimentaire de leur foyer. Les pertes et le gaspillage alimentaires coûtent très cher aux entreprises et à la société en plus d’avoir de graves conséquences pour l’environnement. En effet, les déchets alimentaires récupérables représentent près de 60 % de l’empreinte environnementale de l’industrie alimentaire. Une grande partie de ces déchets et de leur empreinte environnementale est tout à fait évitable. Les aliments qui finissent dans les sites d’enfouissement créent du méthane, qui est 25 fois plus nocif pour l’environnement que le dioxyde de carbone. Pourtant, les mesures prises par le gouvernement ne tiennent pas compte de ce problème beaucoup plus important que les taxes sur le carbone, qui sont inutilement restrictives et ne font rien pour y remédier.
La valeur financière totale de ces aliments perdus ou gaspillés, mais potentiellement récupérables, s’élève à 49,46 milliards de dollars, ce qui est colossal. À long terme, les Canadiens ont besoin du soutien du gouvernement au moyen de programmes visant à rétablir leur liberté financière, à lutter contre l’inflation et à soutenir leur croissance économique.
Les témoignages de la banque alimentaire Daily Bread et de Second Harvest devant la commission ont souligné la situation désastreuse. Selon les chiffres de Second Harvest, les banques alimentaires et autres programmes liés à l'alimentation au Canada ont servi 5 141 481 personnes par mois l'année dernière. L'organisation s'attend à ce que ce nombre atteigne 8 208 679 en 2023, soit une augmentation d'environ 60 %.
Augmenter le nombre de banques alimentaires ne réduira pas l’insécurité alimentaire au Canada. La multiplication des banques alimentaires ne fait que traiter le problème, sans trouver de solution. Pour régler la crise du logement abordable, il faut voir beaucoup plus que les politiques gouvernementales actuelles et prendre des mesures afin qu’il ne soit plus nécessaire de compter sur des programmes alimentaires à but non lucratif. Faute de changement systémique, l’insécurité alimentaire ne fera que s’aggraver au Canada. Un trop grand nombre de nouvelles organisations à but non lucratif comblent les lacunes sur le plan législatif en nourrissant elles-mêmes la population canadienne. Les organisations à but non lucratif interviennent dans les secteurs où il n’y a pas de politique.
Les conservateurs croient en la nécessité de trouver des solutions à la crise du gaspillage alimentaire au Canada qui appuient l’industrie agricole canadienne et contribuent à la réalisation de la souveraineté alimentaire nationale.
Conclusion
La volonté du gouvernement de pénaliser les émetteurs de gaz à effet de serre (GES) par l’imposition de taxes sur le carbone, sans reconnaître comme il se doit ceux qui réduisent et éliminent les GES depuis des années, voire des décennies, est à la fois malavisée et inéquitable.
Ces coûts ne sont pas négligeables. En outre, ils nuiront à la capacité de nos agriculteurs, de nos éleveurs et de nos transformateurs à se démarquer de la concurrence, alors qu’ils ont démontré depuis des années qu’ils sont en mesure de réduire leurs émissions de façon significative grâce à l’adoption de nouvelles technologies, à de la formation et à des pratiques de gestion novatrices.
Les taxes et les politiques inflationnistes font augmenter les coûts de production pour nos entreprises et nos agriculteurs, ce qui entraîne une hausse des prix. Le triplement de la taxe carbone sur tous les produits ne manquera pas de se répercuter sur les prix aux consommateurs. L’ajout d’une deuxième taxe sur le carbone ne peut que jeter de l’huile sur le feu de l’inflation. Il est impossible de percevoir des taxes auprès des agriculteurs, des camionneurs et des épiciers sans que ces coûts se répercutent sur les étagères et, par conséquent, sur les ménages.
- 1. Que le gouvernement du Canada élimine la taxe sur le carbone qui s’applique à tous les intrants et à la production alimentaires, y compris tous les carburants agricoles et autres aspects pertinents du système d’approvisionnement alimentaire.
- 2. Que le gouvernement du Canada réalise une étude complète sur les conséquences économiques de la taxe sur le carbone et du Règlement sur les combustibles propres ainsi que sur les effets des augmentations de ces deux mesures sur le coût de la production alimentaire, le prix des aliments et l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en nourriture.
- 3. Que le gouvernement du Canada abroge immédiatement sa politique sur l’étiquetage sur le devant des emballages.
[1] Statistique Canada, Derrière les chiffres : ce qui cause la hausse des prix des aliments.
[2] Dalhousie University, Rapport annuel sur les prix alimentaires 2023.
[3] Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, Michael H. McCain (Aliments Maple Leaf inc.).
[4] Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, Federal carbon tax costs farmers almost $14,000 in 1st year; 82% negatively impacted.
[5] Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, Ian Boxall (président, Saskatchewan Agricultural Association of Saskatchewan).
[6] Directeur parlementaire du budget, Coût financier révisé du projet de loi C-234.
[7] Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, Sylvain Charlebois (directeur, Agri-Food Analytics et professeur, Dalhousie University, Agri-Food Analytics Lab).
[8] Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, Ian Boxall (président, Saskatchewan Agricultural Association of Saskatchewan)
[9] Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, Franco Terrazzano, (directeur fédéral, Fédération canadienne des contribuables).
[10] Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, Denise Allen (présidente et directrice générale, Fabricants de produits alimentaires du Canada).