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Madame la Présidente, je tiens d’abord à féliciter le député de d’avoir été nommé, une fois de plus, porte-parole de l’opposition officielle, et je félicite aussi les porte-paroles du Bloc Québécois et des néo-démocrates.
Aujourd’hui, je lance la discussion en ayant deux personnes à l’esprit. La première est Wahida, une jeune Afghane qui avait neuf ans lorsque l’église dont j’étais le pasteur l’a parrainée en 2001 afin qu’elle quitte l’Afghanistan avec son oncle. Au cours des 20 dernières années, Wahida s’est fait une place au Canada, a fait connaître son histoire et a permis aux Canadiens de continuer à faire partie de sa vie, malgré la guerre et les conflits civils et internationaux qui ont déchiré son pays au cours des dernières décennies.
Je pense à elle, car chaque fois que nous parlons de l’Afghanistan, il est important de garder à l’esprit le peuple afghan, dont les aspirations, les espoirs et les rêves ont été brisés à répétition. Je crois que tous les députés sans exception ont ses intérêts à cœur.
Une autre femme à laquelle je pense aujourd’hui est Adeena Niazi. Elle est directrice générale de l’Afghan Women’s Organization, une organisation de Toronto qui travaille très fort dans ma circonscription, Don Valley-Ouest, pour aider les demandeurs d’asile et les immigrants qui viennent d’Afghanistan et qui apportent chaque jour une contribution importante au Canada. Elle me rappelle, par les histoires des personnes avec lesquelles elle travaille, les familles laissées derrière, la terreur et le véritable chaos en Afghanistan, ainsi que l’importance pour le Canada de maintenir, de construire et de créer de nouvelles façons d’aider le peuple afghan. De ce côté-ci de la Chambre, nous soutenons fermement le peuple afghan, comme nous l’avons toujours fait et le ferons toujours.
Au cours de l’été, nous avons été témoins de l’immense chaos, des difficultés et du désespoir du peuple afghan lorsque son gouvernement est tombé et que les talibans ont pris le contrôle d’aspects clés de la sûreté et de la sécurité, y compris l’aéroport de Kaboul. J’ai vu les gens faire des pieds et des mains pour tenter de se rendre au Canada et ailleurs dans le monde en toute sécurité.
Cette période soulève d’importantes questions. Nous reconnaissons qu’il est important de se poser ces questions. Nous devons examiner tous les aspects de la situation de l’Afghanistan, et de la chute de Kaboul en particulier, et examiner le rôle du Canada et de ses alliés. Il y a des questions importantes que l’opposition a le droit de poser. Ces questions sont posées par des députés des deux côtés de la Chambre.
Qu’il s’agisse de l’aide humanitaire que le Canada doit fournir maintenant et à l’avenir, des opérations militaires qui, pour le Canada, ont pris fin il y a une dizaine d’années, mais dont la présence en Afghanistan s’est poursuivie sous forme d’aide humanitaire et de développement, ou de l’énorme travail de nos fonctionnaires pendant une période très difficile cet été, je pense que nous voulons obtenir des réponses à ces questions. Il est juste que le Parlement demande ces réponses au nom des Canadiens et qu’elles soient examinées par les parlementaires de manière raisonnée et réfléchie.
Là où nous ne sommes peut-être pas d’accord, c’est sur le lieu, le moment et la manière dont cela devrait se faire.
Je veux parler du rôle de nos comités permanents. Tout au long de la motion d’aujourd’hui, le Règlement est mentionné. Nous avons un comité des affaires étrangères. Ce comité sera supprimé sous peu. Il fait partie de la structure des comités permanents de cette Chambre. Il est chargé de s’engager, et il peut travailler avec d’autres comités comme le comité de la défense, le comité de la citoyenneté et de l’immigration et d’autres comités qui sont touchés par ce sujet.
Nous devons penser à la meilleure utilisation possible de nos ressources. Nous avions un comité spécial sur la Chine qui était un aspect important de notre dernière législature. Il pourrait revenir cette fois-ci. Nous tenons à utiliser notre temps de manière efficace.
Les gens parlent souvent de notre rôle de député et du fait que nos ressources sont étirées à l’extrême, et d’aucuns pensent que c’est à cause de notre budget de fonctionnement. Je ne me sens jamais sous pression à cause de mon budget de fonctionnement de député. La ressource rare que nous avons tous est le temps.
Nous avons tous cette ressource rare, qui est le temps que nous pouvons consacrer à chaque sujet, mais cela ne signifie pas que le sujet de l’Afghanistan n’est pas d’une importance capitale pour chacun d’entre nous. Cependant, trouvons un moyen de le faire en nous assurant que nous le faisons bien, avec soin et en utilisant les ressources dont nous disposons en tant que particuliers et en utilisant celles de la Chambre, qui sont importantes.
Nous allons poser des questions importantes. Nous demanderons ce qui s’est réellement passé en juillet et août derniers. Nous nous demanderons également qui savait quoi, quand et où, des questions importantes à poser. En outre, contrairement au , je ne dénigrerai pas les fonctionnaires de ce pays.
Je ne dénigrerai pas l’énorme travail de notre mission en Afghanistan ou de nos forces armées, qui sont intervenues pour aider nos alliés et nos collègues des pays partenaires de l’OTAN. Ils ont travaillé assidûment et rapidement avec les compagnies aériennes commerciales, ainsi qu’avec des agents de Sécurité publique Canada, de la GRC et d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, afin de trouver des moyens de mettre en place des mesures spéciales pour aider non seulement les Canadiens qui se trouvaient en Afghanistan, mais aussi les Afghans qui étaient en danger, notamment les femmes, les défenseurs des droits de la personne, les avocats et les ONG partenaires en Afghanistan. Les Canadiens ont travaillé avec des interprètes afghans, des agents de sécurité et des personnes qui ont assuré notre sécurité il y a une dizaine d’années. Ils avaient travaillé avec nous jusqu’à ce que l’ancien premier ministre retire les troupes canadiennes il y a une dizaine d’années. Cela nous a laissés dans une position très différente de celle dans laquelle nous aurions pu être si cela ne s’était pas produit.
L’Afghanistan est un lieu de conflit. C’est un endroit qui a continuellement subi des difficultés internes et des forces externes, et je pense que nous devrions en entendre parler. Nous devrions écouter les récits de nos partenaires et alliés pour savoir ce qui s’est passé, quand cela s’est passé et quelles mesures ont été réellement entreprises, afin de pouvoir dissiper certains des malentendus, pour ne pas dire « contre-vérités », entretenus par l’opposition officielle.
Je ne reproche pas aux conservateurs de ne pas avoir entendu ou compris ce qui s’est passé. Ils étaient occupés à faire campagne, tout comme nous l’étions. Ils étaient occupés à combattre les réfugiés parrainés par le gouvernement, par exemple. Maintenant, ils nous appellent à l’aide. Ils étaient pourtant extrêmement occupés à démolir les structures et les systèmes que nous devons mettre en place pour faire en sorte que l’Afghanistan soit aidé par le Canada.
Je vais être très clair. Je n’ai jamais hésité à critiquer mon propre gouvernement, ce qui est l’un des rôles des députés d’arrière-ban. C'est notre travail, mais dans ce cas-ci, je veux féliciter le gouvernement. Je tiens particulièrement à féliciter les fonctionnaires qui ont travaillé jour et nuit, sept jours sur sept, pendant une période très difficile où le pays se repliait sur lui-même.
Bien sûr, il y avait des plans d’urgence. Nous avons des plans d’urgence pour l’évacuation de chaque pays, c’est ainsi que fonctionne Affaires mondiales Canada. Bien sûr, sur le terrain, nous avons une petite mission à Kaboul qui était prête à travailler avec nos partenaires, mais personne, franchement, n’aurait pu prédire la rapidité du chaos qui a suivi le retrait des troupes américaines. Personne n’aurait pu le prévoir.
Je pense que nous avons besoin d’un comité pour examiner les leçons que nous avons tirées, et je dirais que le comité des affaires étrangères pourrait le faire. Des erreurs ont-elles été commises? Pourrions-nous faire mieux? Ce sont des questions très pertinentes, bonnes et raisonnables, car tout le monde dans cette chambre veut s’assurer que notre pays, en tant qu’allié de confiance, a la capacité d’agir de façon positive dans le monde.
Pendant ces quelques semaines de chaos, mon bureau, comme celui de nombreux députés, a été inondé d’appels. Je représente Don Valley-Ouest, et cette circonscription compte l’une des plus grandes populations de Canadiens d’origine afghane, ainsi que de nouveaux arrivants qui ne sont pas encore citoyens. Mon bureau a été inondé d’appels de personnes qui craignaient pour la sécurité des membres de leur famille, ou qui essayaient au moins de les joindre pour leur parler.
Nous voulons savoir quels systèmes ont été mis en place, et je le comprends. Chacun d’entre nous a ressenti de la frustration en tant que député, et à juste titre.
Nous devons également reconnaître que les fonctionnaires sont des êtres humains. Ils font de leur mieux. Les structures sont en place pour les aider. Nous voulons apprendre d’eux et entendre ce qu’ils ont fait, sans sauter à la conclusion que « rien », et je cite le , n’a été fait. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, et il est tout simplement irresponsable de la part d’un chef de l’opposition de prétendre cela.
En a-t-on fait assez? Peut-être pas. Aurait-on pu faire mieux? Absolument, car tout peut toujours être mieux fait. Il n’est pas juste de dénigrer nos fonctionnaires et les services armés canadiens, qu’il s’agisse d’agents de sécurité publique, d’agents d’immigration ou de certains des 200 employés d’Affaires mondiales qui ont été mobilisés pour aider le petit contingent de la mission qui se trouvait en Afghanistan à ce moment-là.
Nous avons aidé le peuple afghan par le passé, et nous continuerons à l’aider. C’est l’un des principaux endroits où nous envoyons de l’aide humanitaire. À l’heure actuelle, il est hors de question que nous reconnaissions les talibans. C’est une organisation terroriste au Canada, mais c’est néanmoins le gouvernement de facto.
Nous trouvons des moyens de contourner le gouvernement taliban, mais c’est encore difficile. La situation sur le terrain est toujours précaire. Nous devons faire preuve d’une grande prudence pour la sécurité du personnel canadien sur les lieux, et nous devons travailler de concert avec nos alliés de l’OTAN, qui ont continué à avoir des forces sur le terrain après que nous fûmes partis.
Nous continuerons à jeter des ponts, notamment par l'entremise des affaires consulaires. Nous nous assurerons également de continuer à aider les 1 400 personnes qui ont déjà été évacuées; il s'agit de citoyens canadiens, de résidents permanents du Canada ou des membres de leur famille. Environ 1 400 sont revenus.
Il y a des gens dont le dossier est encore ouvert. Il est difficile d’entrer en communication avec certains d’entre eux. Il y en a qui ont quitté l’Afghanistan. D’autres sont partis au Pakistan et dans d’autres pays. Nous sommes toujours en contact avec eux et nous essayons de les aider. Nous nous engageons également à respecter notre plan visant à faire venir au Canada au moins 40 000 réfugiés d’Afghanistan.
Évidemment, il y a des millions de réfugiés qui ont déjà quitté l’Afghanistan et qui se trouvent à l’extérieur de ce pays. Il y a aussi des personnes en danger à l’intérieur de l’Afghanistan. Il s’agit notamment des femmes et des filles, ainsi que des personnes LGBTQI, qui sont en danger. Je reçois constamment des communications de leur part. Nous devons trouver des moyens, par le truchement de groupes de la société civile et de pays tiers, de les faire entrer au Canada ou dans d’autres pays sûrs. Nous n’avons pas besoin d’avoir le monopole de la bonté. Nous devons travailler avec d’autres pays qui partagent nos valeurs et veulent s’assurer que le peuple afghan est en sécurité.
Nous ferons appel aux talibans. Nous leur demanderons d’être à la hauteur des préoccupations qu’ils ont déclarées concernant le bien-être du peuple afghan. Nous leur demanderons également de respecter l’ordre international fondé sur des règles, ainsi que sur les attentes de la communauté internationale, dans l’exercice de leur pouvoir. Nous n’allons pas négocier avec eux. Nous allons exiger qu’ils le fassent.
En attendant, nous allons continuer à travailler pour trouver le moyen d’aider les personnes les plus vulnérables. C’est notre objectif. Nous sommes déjà allés en Afghanistan. Les gouvernements précédents se sont engagés. Le gouvernement actuel continue de s’engager et de renouveler son engagement envers le peuple afghan parce que, comme l’a dit le , nous avons un intérêt dans cette affaire. Nous avons des membres des Forces armées canadiennes qui ont donné leur vie pour l’Afghanistan, et nous avons des travailleurs humanitaires et des anciens combattants qui sont rentrés au pays et qui s’en préoccupent profondément.
Nous sommes certainement présents, mais pas uniquement pour cette raison. Nous sommes là parce que c’est ce que le Canada fait et c’est ce que les Canadiens veulent que nous fassions. Ils veulent que nous continuions à être un phare de lumière et d’espoir dans le monde. Nous continuerons à trouver des moyens d’acheminer l’aide humanitaire là-bas. Nous continuerons à trouver des moyens de relancer nos projets de développement. Nous continuerons à trouver des moyens de soutenir les femmes et les filles, ainsi que la démocratie et les droits de la personne en Afghanistan, dans une situation très compliquée et difficile.
Comme je l’ai dit, je respecte la volonté de cette assemblée d’obtenir des réponses à ces questions de manière appropriée, mais nous protégerons également les renseignements qui seront rendus publics par le gouvernement. Aucun gouvernement raisonnable ou responsable ne mettra jamais en danger des plans stratégiques militaires. Nous ne mettrons jamais en danger des personnes, en dévoilant leur nom ou leur identité, et nous ne compromettrons pas la réputation des personnes qui font de leur mieux. Elles ont prêté serment à Sa Majesté et à la population du Canada de servir publiquement du mieux qu’elles peuvent.
Nous sommes tous dans le même bateau, et je ne crois pas que qui que ce soit n’ait jamais été élu pour être dans l’opposition. Je ne le crois pas. En réalité, après des élections, certaines personnes se retrouvent dans l’opposition et d’autres se retrouvent dans le gouvernement. J’ai été dans l’opposition. J’espère que l’opposition trouvera toujours des moyens d’aider de façon constructive le Canada et le gouvernement canadien à changer les choses et à apporter des contributions positives. Tout le monde peut rabaisser. Tout le monde peut critiquer, mais pour construire, il faut plus. C’est ce que je demande à l’opposition de faire aujourd’hui, de trouver un moyen constructif et créatif.
J’ai été en contact avec des membres des troisième et quatrième partis, et je crois qu’il y a moyen de le faire. Il y a moyen de transmettre ces renseignements au comité des affaires étrangères pour nous assurer que nous exploitons, dans le meilleur sens du terme, la fonction de ce comité permanent. Le Règlement est là pour protéger les droits de chaque membre du comité, tant de l’opposition que du gouvernement, afin de faire avancer le travail. Nous sommes ouverts à l'idée d'une étude sur l’Afghanistan à brève échéance. Nous sommes tout à fait ouverts à l’idée de trouver un moyen de collaborer sur cette question, d’être créatifs, de trouver des réponses et de nous assurer que notre objectif premier n’est pas de nous prendre en défaut ou de nous monter les uns contre les autres, mais de créer un environnement où nous pouvons discuter.
J’ai été incroyablement impressionné par la députée d’ et par son approche passionnée et compatissante concernant l’aide humanitaire. Je la félicite pour sa nouvelle fonction dans le domaine des affaires étrangères, de façon plus large et générale, parce qu’à mon avis, nous œuvrons tous dans le domaine des affaires étrangères d’une certaine manière dans nos efforts pour trouver un moyen de rendre notre monde meilleur. C’est pourquoi nous créons des différences.
On n’a jamais amélioré le monde en lâchant une bombe. On l’améliore en donnant de l’espoir aux gens. Nous donnons de l’espoir aux gens en nous assurant qu’ils sont nourris, qu’ils ont des droits démocratiques et qu’ils peuvent faire de leur mieux pour trouver un moyen de changer les choses pour leurs familles et dans leurs vies. Nous ne le faisons pas parfaitement. Aucun gouvernement au Canada ne l’a jamais fait parfaitement. Nous pouvons faire mieux, et nous continuerons à y travailler.
[Français]
J'apprécie énormément le travail du député de . Il fait toujours preuve de sensibilité et de compassion et défend l'intérêt de tous les Canadiens et les Québécois afin que l'on vive dans un monde sécuritaire, prospère, juste et digne pour toute l'humanité.
[Traduction]
Nous pouvons collaborer, et c'est ce que j'aimerais retenir de tout cela. Je ne dénigre pas l'opposition officielle. J'espère que les députés de l'opposition veulent aussi travailler avec nous pour trouver une solution à ces situations délicates et éviter de surcharger les membres des comités ou les fonctionnaires. Plutôt que de mettre l'accent sur la production de documents qui ne nous seront tout simplement pas utiles, je préférerais les voir consacrer plus de temps à l'aide humanitaire, à la création d'axes de communication, à l'instauration d'un dialogue et à la collaboration avec nos alliés de par le monde.
Je veux trouver un moyen d'être utile, constructif et digne. Je suis impatient de voir la Chambre...
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Madame la Présidente, j'entends partager mon temps avec mon éminent collègue de , qui fera un superbe discours que je me ferais un plaisir d'écouter.
D'entrée de jeu, j'aimerais souligner ce qui me semble être des points forts dans la motion présentée aujourd'hui par le Parti conservateur. En effet, comme on le dit, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain et il y a tout de même des éléments intéressants dans la motion.
Je pense notamment à la raison pour laquelle on demande la création d'un comité spécial. Mon collègue le secrétaire parlementaire a mentionné qu'il souhaitait que cette étude soit faite par le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Cependant, il s'agit d'un dossier qui touche à la fois les relations internationales, la défense et l'immigration, un mélange des genres que l'on voit assez peu fréquemment.
De plus, l'un des avantages de créer un comité spécial est de libérer l'horaire des comités permanents, lesquels — on peut s'en douter — auront dans l'année à venir beaucoup de pain sur la planche et ne chômeront pas. Je pense notamment aux comités permanents des affaires étrangères et du développement international, de la défense nationale et de la citoyenneté et de l'immigration. L'étude proposée par la motion est ample et pourrait prendre plusieurs mois, ce qui, si elle était menée par un comité permanent, empêcherait probablement ce dernier de se consacrer à d'autres dossiers tout aussi importants.
Il y a enfin le besoin de redorer le blason des Forces armées canadiennes, un dossier important que je vais porter pendant la prochaine année. Plusieurs militaires ont pris à leur charge d'aider les interprètes locaux avec lesquels ils ont travaillé en Afghanistan. Ils ont débloqué du financement privé pour mettre en place des maisons permettant d'assurer la sécurité des gens. Si rien n'est fait et que nous faisons passer le message qu'il est possible de laisser des gens pour compte, nous risquons de nuire non seulement aux alliances que nous pourrions vouloir conclure avec des partenaires internationaux lors de futures missions, mais aussi au recrutement interne des Forces armées canadiennes.
Pour toutes ces raisons, je trouve pertinent que l'on se pose la question et que l'on étudie les endroits où le bât a blessé et où on a failli à la tâche d'évacuer les alliés qui ont travaillé avec le Canada.
Le libellé de la motion des conservateurs soulève la question du déclenchement des élections alors qu'on était en pleine crise afghane. C'est tout à fait intéressant et pertinent, mais est-ce vraiment le bon endroit pour soulever ce cheval de bataille? Je n'en suis pas certaine. Par contre, si on allait dans ce sens — je lance l'hypothèse —, il pourrait être intéressant de voir de quelle façon on pourrait encadrer le pouvoir d'un gouvernement de déclencher unilatéralement des élections sans qu'il se soit fait renverser par la Chambre. Je doute que les libéraux et les conservateurs veuillent en discuter dans le cadre de la motion que l'on est en train de débattre, mais je trouve tout de même intéressant de soulever cette possibilité.
Ce qui me dérange dans cette motion, c'est le fait que les conservateurs semblent l'avoir rédigée davantage dans le but de mal faire paraître le gouvernement que de vraiment en arriver à des solutions immédiates et futures. Je vais donner un exemple.
L'alinéa m)(v) de la motion exige la production d'une énorme quantité de documents dans un délai d'un mois suivant la mise sur pied du comité spécial, laquelle fera vraisemblablement l'objet d'un vote demain. Or, dans un mois, on sera le 7 janvier. D'ici là, il reste environ sept ou huit jours de séance à la Chambre, des gens et des fonctionnaires partiront en vacances et le seront peut-être encore le 7 janvier. À cette date, les conservateurs auront donc beau jeu de dire que le gouvernement a encore désobéi à un ordre de la Chambre en ne produisant pas les documents demandés dans l'échéancier prescrit. Cependant, ce dernier est absolument impossible à respecter et l'objectif ne sera donc pas atteint.
Je me dis donc que l'on pourrait faire preuve d'un peu plus de flexibilité, par exemple en laissant au comité le soin de décider lui-même des documents qu'il souhaite obtenir ainsi que de leur échéancier de production. Ces choix peuvent évoluer en fonction de ce qui passe au comité et de ce dont il a besoin pour planifier ou modifier ses décisions.
Un autre élément de la motion qui me fatigue est le fait que sa portée n'est que rétroactive. Bien que le ait davantage parlé du besoin de recommandations pour le futur, il me semble qu'on verse plus dans le grattage de bobos qu'autre chose. Entre nous, je ne pense pas qu'on a besoin d'un comité spécial pour voir que le travail a été bâclé.
On n'a qu'à en parler aux députés qui, cet été, ont vu tous leurs dossiers d'immigration mis sur la glace parce qu'on n'était pas prêt à répondre aux demandes des réfugiés afghans. La machine était loin d'être en marche: les dossiers au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration sont déjà traités au ralenti et cela s'est ajouté par-dessus. Les réfugiés afghans n'ont pas besoin d'un comité spécial pour se faire dire que le travail a été bâclé. On n'a qu'à en parler aux 200 Afghans dont le nom a été coulé dans les médias par IRCC, mettant leur vie à risque. Ils n'ont pas besoin d'un comité spécial pour se faire dire que le travail a été bâclé. On n'a qu'à en parler aux 40 000 moins 3 700 Afghans qui ne sont toujours pas sortis de là. Demandons-leur s'ils ont besoin d'un comité spécial pour se faire dire que le travail a été bâclé.
Dans cette optique, la création d'un comité ayant pour unique but d'analyser le passé n'est pas nécessaire. Cela se compare un peu au travail d'un coroner à qui l'on demande de déterminer les causes et les circonstances d'un décès. Son travail ne serait pas aussi pertinent s'il consistait seulement à nous apprendre pourquoi et comment une personne est morte. Le vrai travail du coroner est d'émettre des recommandations afin d'empêcher que cela se reproduise. C'est ce que je souhaiterais voir de la part du comité qui doit être mis sur pied.
À la limite, un amendement pourrait être déposé à cet effet. Si le seul but du comité spécial est de fournir une rétroaction, ce dernier perd un peu de son sens. J'aimerais plutôt qu'il se penche sur d'autres questions, à savoir ce que l'on va faire avec les gens qui sont toujours en Afghanistan. Ces derniers risquent de se compter par millions et pourraient mourir de faim dans le contexte d'une des pires famines que l'humanité aura connu. Comment peut-on acheminer de l'aide internationale à ces gens dans l'immédiat?
On pourrait s'interroger sur le type de liens diplomatiques à entretenir avec le gouvernement taliban. Bien qu'il soit le gouvernement de facto, ce n'est pas un gouvernement reconnu, puisque les talibans sont considérés comme une organisation terroriste. Or il faut quand même déterminer de quelle façon transiger avec lui pour assurer l'acheminement de l'aide humanitaire.
C'est important de se pencher également sur le financement du gouvernement. Depuis que les talibans sont reconnus par plusieurs pays comme une organisation terroriste, l'aide reçue est souvent gelée. Les donateurs internationaux sont plus craintifs et l'argent n'arrive pas. Pourtant, c'est cet argent qui permettait au gouvernement de fonctionner.
Dans ce contexte, cette notion d'urgence et d'actions à prendre maintenant nous échappe. Ces questions ne sont pas subsidiaires, elles devraient être au cœur du comité spécial. À mon avis, c'est ce qui manque à la motion des conservateurs. Je me sentirais mal à l'aise d'appuyer la motion telle qu'elle est présentée. C'est plus ou moins un show de boucane, pour ne pas dire un gros lançage de bouette aucunement constructif.
Quand je lis la motion telle qu'elle est rédigée, j'ai peur que cela n'aide personne, sauf peut-être les conservateurs. Aucun autre Afghan ne réussira à sortir de l'Afghanistan à la suite de l'adoption cette motion. Aucune aide humanitaire ne pourra être acheminée à la suite de l'adoption de cette motion. Aucune relation diplomatique ne pourra être améliorée dans la mesure du possible à la suite de l'adoption de cette motion.
Je pense que certaines améliorations pourraient être apportées. Le Bloc, fidèle à son habitude, se veut un partenaire de danse parlable et constructif. Finalement, nous tendons la main à nos collègues conservateurs, pas pour leur bien, pas pour le bien du gouvernement, pas pour notre propre bien, mais pour le bien de ceux qui en ont présentement le plus besoin.
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Madame la Présidente, j'essayerai d’être à la hauteur de ma très chère collègue de .
Certaines choses sont importantes quand on fait de la politique. Or il arrive souvent, à la Chambre, qu'on perde de vue l’essentiel. D’entrée de jeu, je voudrais souligner deux choses que nous devons garder en tête tout au long de ce débat.
Premièrement, en filigrane de toutes nos discussions, rappelons-nous qu’en Afghanistan plus de 1 million d’enfants pourraient mourir de malnutrition pendant l’hiver. Je n’invente pas cela, ce sont les représentants du Programme alimentaire mondial des Nations Unies qui l’ont dit.
Deuxièmement, rappelons-nous que nous avons un devoir de fraternité envers le peuple afghan et que cela nous oblige à obtenir des résultats. Je dis souvent à mes enfants qu’il faut toujours finir ce qu’on a commencé. Dans le cas de l’Afghanistan, cela signifie que nous devons aller au bout de notre engagement à garder en sécurité ceux qui ont été nos alliés sur le terrain pendant cette guerre difficile. Les interprètes et leurs familles ont mis leur vie en danger à l’époque et continuent de souffrir à cause du service qu'ils nous ont rendu. Nous devons donc faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider et les accueillir.
En gardant cela en tête, il faut se demander si nos démarches s’inscrivent utilement dans le grand ordre des choses. Je suis d’accord pour que nous découvrions les écueils et les ratés de l’action du gouvernement dans le rapatriement de nos alliés afghans. Je suis également d’accord pour que nous nous assurions de ne plus jamais assister à un tel capharnaüm lors d’un futur conflit militaire et pour que nous en tirions des leçons.
Toutefois, je ne suis pas d’accord pour que nous nous lancions dans une chasse aux scandales qui ne s’arrêtera qu’à la prochaine élection. Je ne suis pas non plus d’accord pour que nous nous lancions dans le festival du caviardage pour interpréter des bribes d’informations confidentielles dans l’espoir de trouver une virgule qui n’est pas à sa place.
Tous les députés qui sont ici savent que la situation est complexe, les conservateurs les premiers. Eux non plus n’ont pas fait grand-chose pour les interprètes en 2014.
Tout comme les conservateurs, je souhaite dénoncer l’inaction du gouvernement en août dernier et je veux rappeler aux libéraux qu'ils ont déclenché une élection au moment où des gens s’accrochaient à des avions en mouvement pour fuir les talibans. Je considère également que nous assistons à de l’improvisation professionnelle dans la gestion du rapatriement, une opération que le ministre de la Sécurité publique ne mettra certainement pas dans son curriculum vitae. Comme mes collègues conservateurs, dans mon bureau de circonscription, je vois passer des dossiers d’une tristesse infinie.
Malgré tout cela, si la motion du député de et chef de l’opposition officielle vise uniquement à embarrasser le gouvernement plutôt qu'à étudier de manière constructive les événements, je vois très mal comment le Bloc pourra l'appuyer. Malheureusement, lorsque je lis cette motion, j’ai l’impression que le député de Durham vise à faire de la politique et non à dénouer l’impasse, à marquer des buts contre les libéraux plutôt que de marquer des buts pour les interprètes et leurs familles.
Je vais donner quelques exemples assez probants de ce que j’avance et je présenterai les paramètres selon lesquels je pourrais envisager d'appuyer cette motion. Puisque ma chère collègue de a déjà fait une bonne énumération de ces paramètres, il est possible que je répète certains de ses propos.
D’abord, au paragraphe l), on demande que le comité reçoive comme directive de présenter un rapport final dans les six mois suivant l'adoption de la motion. Les paramètres actuels de la motion donnent l'impression que les conservateurs veulent absolument que cela ne fonctionne pas. Six mois, c’est beau, mais, en vertu du paragraphe m), la documentation doit être produite en un mois.
Je peux écrire sur un bout de papier ce qui se passera: les libéraux ne seront pas prêts à répondre à nos questions et ils feront de l'obstruction systématique. C'est ainsi que les choses se passeront à toutes les rencontres. Les conservateurs le savent tellement bien qu'ils ont prévu, au paragraphe n) de la motion, une mesure pour éviter que les libéraux fassent de l'obstruction systématique. Toutefois, quatre heures de discussions sont tout de même prévues avant le vote obligatoire, et cela signifie que, pendant quatre heures, on pourra faire de l'obstruction systématique.
Les conservateurs savent que le Parti libéral n'acceptera jamais de renoncer à son privilège parlementaire. Cela en dit long sur les deux partis, mais cela en dit encore plus long sur la motion qui se veut vertueuse, mais qui semble avoir pour seul but de mettre les libéraux dans l’embarras. En fait, la stratégie, c’est de tendre un piège aux libéraux, pas de faire un vrai examen de la gestion de la crise qui, en passant, est toujours en cours.
Pour en revenir à l’échéancier, la période durant laquelle on veut démarrer ce processus est aussi problématique. Premièrement, les conservateurs ne sont pas sans savoir que c'est le temps des Fêtes, que le Parlement va ralentir, que les fonctionnaires du Parlement et du gouvernement ne seront pas disponibles, et que cela plombe entièrement la réalisation du caviardage envisagé au paragraphe n). La réalisation de cette seule étape prendra des mois ou elle monopolisera l’ensemble du personnel des ministères visés.
Deuxièmement, et je reviens à ce que je mentionnais sur la crise, les fonctionnaires qu'on veut inviter à témoigner ou monopoliser pour caviarder sont en train d'essayer de rapatrier des Afghans.
Si quelqu'un à la Chambre me dit qu'il n'y pas en ce moment de retards à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, soit il ne traite pas de dossiers d'immigration, soit c'est un libéral. Le ministère affiche des retards horribles et inhumains depuis des années et c'est encore pire depuis août, parce que le ministère s'occupe presque à temps plein des dossiers de rapatriement.
Je disais au début que deux choses devaient nous rester en tête tout au long du débat: des enfants vont mourir si les choses continuent comme cela et nous avons un devoir relativement à nos alliés.
Est-ce qu'ajouter de la pression sur nos fonctionnaires va améliorer la situation? Non. Est-ce que politiser la crise en ce moment va améliorer la situation? Non. Est-ce que les conservateurs veulent créer un comité pour leurs intérêts partisans plutôt que de venir en aide aux Afghans? La question se pose. Par ailleurs, on se demande en bon droit pourquoi les conservateurs souhaitent créer un comité sur l'Afghanistan, mais ne souhaitent pas reconduire le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes? On ne comprend pas encore ce fait, mais il est évident que les comités spéciaux sont des outils essentiellement politiques pour les conservateurs.
Pourtant, ne serait-il pas plus pertinent d'étudier les actions que pourrait envisager le Canada?
Modifions la motion ensemble maintenant afin que l'objet principal de l'étude ne soit pas nécessairement le passé, mais plutôt le présent et l'avenir immédiat dans une optique d'aide humanitaire et d'évacuation des Afghans vulnérables. Le Bloc québécois a plein d'idées et il est ici pour cela. Nous voulons travailler ensemble avec tous les partis de la Chambre.
Jetons un coup d'œil à la situation humanitaire et à l'aide que devrait apporter le Canada alors que des millions d'Afghans risquent de mourir dans les prochains mois à cause d'une grave famine. C'est l'une des pires crises humanitaires de la planète. Pareil geste est de nature à aider.
Examinons les liens diplomatiques, comme l'a dit ma collègue de . Le Canada doit-il établir des liens diplomatiques avec le gouvernement taliban? Oui. Comment le gouvernement peut-il communiquer avec les talibans sans les reconnaître? Il est possible d'étudier cela.
Scrutons aussi les objectifs du gouvernement. Je suis porte-parole du Bloc québécois en matière d'immigration. Ce gouvernement a promis d'accueillir 20 000 réfugiés afghans, puis 40 000. Or, on en est à 4 000 sur un objectif de 40 000. Il y a des questions à se poser.
Oui, nous sommes d'accord avec la notion d'un comité spécial, mais modifions le libellé de la motion pour que ce ne soit pas nécessairement politique et partisan, mais suive le but réel qui incomberait à un tel comité au bout du compte, celui d'aider les gens qui sont pris là-bas. En Afghanistan présentement, des parents vendent leur fille pour se nourrir et des gens se cachent dans des maisons sûres pour éviter de se faire tuer. Ce n'est pas plus compliqué que cela et c'est triste.
Que fait-on avec ces gens? Ce sont toutes des questions que, présentement, la motion conservatrice exclut d'emblée. On utilise beaucoup le point de vue de l'immigration, mais c'est aussi une question de coopération internationale et de droits de la personne. Que fait-on avec les ONG, qui hésitent à venir en aide au peuple afghan parce que le gouvernement taliban actuel est considéré comme une organisation terroriste? Que fait-on avec les informations qui circulent sur la traite de personnes pour subvenir à des besoins en nourriture, comme je viens de le mentionner?
N'oublions pas l'éléphant dans la pièce, c'est-à-dire ces groupes de vétérans qui financent à bout de bras, sans l'aide d'Ottawa, des maisons sûres pour protéger des Afghans et leurs familles. Nous avons tous vu passer ces demandes d'aide dans nos bureaux de circonscription. Que fait le gouvernement dans ces dossiers-là?
Je me répète, mais ce n'est pas grave: rappelons-nous qu'en Afghanistan, un million d'enfants pourraient mourir de faim. Rappelons-nous que nous avons un devoir vis-à-vis du peuple afghan, un devoir de fraternité qui nous pousse à aller au bout de notre engagement pour leur sécurité.
Donnons-nous les moyens de réaliser cela en nous penchant sur ce qui compte vraiment pour nos alliés. Étudions la situation en Afghanistan. Menons nos travaux avec l'objectif premier d'évaluer les mesures d'aide humanitaire que le Canada devrait mettre en place pour porter secours au peuple afghan. Soyons intelligents et réalistes dans notre manière de procéder. Laissons aux éventuels membres d'un comité spécial et aux fonctionnaires qui seront affectés à la tâche la latitude et le temps nécessaires pour faire leur travail en considération de son ampleur.
Demandons-nous surtout pourquoi nous avons été élus. Prenons nos responsabilités et travaillons ensemble.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
C’est ma toute première intervention. J’espère donc que vous vous montrerez conciliant, monsieur le Président, car je vais remercier une fois encore mes concitoyens de m’avoir accordé l’immense privilège de les représenter à la Chambre. Je dirai quelques mots sur Edmonton Strathcona avant de passer à mon intervention.
Edmonton Strathcona est une incroyable collectivité. Nous formons une communauté d’artistes et de musiciens, de petits entrepreneurs, d’enseignants, de professeurs, d’étudiants et d’employés. Nous avons de grandes manifestations, comme le Fringe, le Folk Music Festival, le Strathearn Art Walk et le Canoë volant, qui offre une occasion de descendre une pente de ski en canoë. Nous avons un quartier francophone avec le Campus Saint-Jean et La Cité francophone, à l’Université de l’Alberta. Pouvoir représenter Edmonton Strathcona est vraiment le plus grand privilège qui m’ait été donné et je tiens à remercier tous ceux et celles qui m’ont élue. Je tiens à remercier les bénévoles qui m’ont aidée à revenir dans ce lieu.
Enfin, je tiens à remercier mon époux et mes enfants. Nous nous trouvons tous en ce lieu. Nous travaillons tous de longues heures. Nous savons que souvent, notre vie privée est sacrifiée à cause du travail que nous accomplissons dans l’intérêt général. Mon époux, Duncan, et mes deux merveilleux enfants m’inspirent. Je leur suis reconnaissante de leur amour et de leur soutien. Je les remercie beaucoup.
Aujourd’hui, j’interviens au sujet de la motion de l’opposition demandant qu’un comité spécial examine les événements liés à la chute de l’Afghanistan tombé aux mains des talibans en août dernier. Le message fondamental que j’adresse à chacune et chacun d’entre vous à la Chambre est un message d’urgence. Les parlementaires doivent bien comprendre que ce à quoi nous avons affaire en Afghanistan, ce qui s’y passe en ce moment, ce n’est pas une crise, ni deux crises, mais trois crises en même temps qui nécessiteront une action rapide de la part du gouvernement canadien et de gouvernements du monde entier.
Je viens du monde du développement international. J’ai travaillé pendant plus de 25 ans dans le développement international et le développement durable aux quatre coins du monde. J’ai travaillé avec des personnes qui ont été les premières à travailler pour améliorer le sort des femmes et des filles en Afghanistan. Je suis très fière du travail accompli par notre secteur, celui des partenariats avec la société civile, dont font partie Janice Eisenhauer et Lauryn Oates, de l’organisme Canadian Women for Women in Afghanistan. Islamic Relief Canada, Care Canada et Vision mondiale ont fait et font énormément. Ces organismes travaillent sur le terrain depuis tellement longtemps pour aider le peuple afghan. Je suis très fière d’avoir pu les soutenir par mon travail.
J’étais catastrophée en août de voir ce qui se passait sur le terrain, de voir le désespoir et la douleur en Afghanistan. Ce qui m’a le plus choquée, c’est que nous savions que cela arriverait. Il y a longtemps que cela couvait. Depuis des années, les néo-démocrates demandent aux gouvernements conservateurs et libéraux d’en faire plus, d’agir plus vite, d’investir davantage dans le peuple afghan. Depuis des années, les membres des minorités religieuses afghanes disent qu’elles sont en danger, que leur vie même est en péril et que, si on ne les aide pas à fuir l’Afghanistan, elles disparaîtront.
Pas plus tard qu’en février 2021, j’ai écrit au ministre pour lui expliquer que nous assistions à l’échec du processus de paix et que nous voyions les femmes réduites au silence en Afghanistan. C’est exactement ce qui est arrivé. Nous avons écrit au ministre pour lui dire que lorsque les Américains quitteraient l’Afghanistan, comme nous savions qu’ils le feraient parce qu’ils nous l’avaient dit, ce serait le chaos. Et ça a été chaos. Nous l’avons vu venir. Nous savions que ce serait le chaos et quand il est arrivé, au lieu d’être prêts, au lieu d’avoir un plan, au lieu de faire ce que nous devions faire, nous avons abandonné ces personnes en partant.
Nous devrions avoir honte. Le gouvernement devrait avoir honte.
Nous savons aussi que nous devons réfléchir à une solution pour la suite. Nous ne pouvons pas revenir en arrière et remédier aux échecs du gouvernement. Comme nous ne pouvons pas revenir en arrière, nous devons penser à l’avenir. Nous devons réfléchir à des solutions à ces trois crises maintenant.
Premièrement, il y a la crise humanitaire: 23 millions d’Afghans, plus de la moitié de la population, risquent la famine cet hiver. La situation en Afghanistan est désastreuse, l’économie est au bord du gouffre, le pays manque de nourriture et le système de santé est dans un état lamentable. Le dernier appel éclair des Nations unies en faveur de l’aide humanitaire est loin de recueillir les fonds nécessaires, puisque les promesses d’aide équivalent actuellement à 20 % des besoins.
Il faut tout simplement que le gouvernement du Canada fasse plus pour aider la population afghane aux prises avec ces crises alimentaires. Nous devons nous engager à fournir plus d’aide humanitaire et nous devons travailler avec les organisations multilatérales et les organismes de la société civile pour faire en sorte que l’aide arrive jusqu’aux Afghans qui en ont le plus besoin. C’est compliqué. Ce sera très difficile à faire, mais nous devons le faire. Nous savons qu’avec la loi antiterroriste, il est très difficile pour les organismes de la société civile et les organisations multilatérales de travailler en Afghanistan, mais le gouvernement doit être clair. Il doit préciser ce que les organismes de la société civile peuvent faire et comment, et il doit expliquer comment ils seront protégés pour faire ce travail.
Le gouvernement devra chercher des solutions pour que les Afghans reçoivent des soins. Nous ne voulons reconnaître aucune légitimité aux talibans à la tête de l’Afghanistan, mais nous devons trouver des moyens d’apporter aux Afghans qui en ont le plus besoin des soins de santé, de la nourriture et des services essentiels. Nous devons avoir un plan clair. Le gouvernement doit prendre les choses en main. Il doit rencontrer les personnes et les organismes de la société civile qui sont présents sur le terrain, qui connaissent la situation et qui peuvent nous aider à franchir les obstacles pour aider ces populations en Afghanistan maintenant.
La deuxième crise est celle de l’immigration. Ma collègue de en parlera, mais le gouvernement ne cesse de faire des promesses, comme d’accueillir au Canada 40 000 réfugiés, en sachant pertinemment qu’il ne peut le faire tout de suite. Ce que les libéraux ne disent pas aux Canadiens, c’est que la majorité de ces réfugiés ne viennent pas d’Afghanistan. Nous demandons à des personnes dans un pays dont l’économie s’effondre de quitter l’Afghanistan avant de pouvoir venir au Canada. Nous pouvons mieux faire.
Enfin, la troisième crise est celle du développement international. Je n’en rendrai pas responsables le gouvernement actuel, mais les gouvernements de Stephen Harper autant que ceux de l’actuel . Le manque d’investissements dans le peuple afghan et notre départ est un scénario que nous voyons se répéter depuis très longtemps dans le dossier du développement international. Nous sommes au niveau le plus bas de l’histoire de notre pays.
Depuis 10 ans, nous n’investissons pas dans les populations ou dans le développement international. Ce que nous voyons, c’est un pays comme l’Afghanistan, où la population ne peut survivre sans aide, et notre échec à la protéger au fil des ans en est la cause. Notre échec à investir dans la population afghane et à collaborer avec nos alliés en est la cause.
Je demande donc au gouvernement de reconnaître que nous avons actuellement en Afghanistan une crise humanitaire, une crise de l’immigration et des réfugiés, et une crise du développement international. Est-ce que nous pourrions travailler de concert pour trouver des solutions à ces trois crises afin de protéger la population afghane?
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Monsieur le Président, étant donné qu’il s’agit de mon premier discours à la Chambre, j’aimerais en profiter pour remercier les électeurs de Vancouver-Est de m’avoir réélue pour que je puisse défendre leurs intérêts à la Chambre des communes. J’ai toujours considéré ce lieu comme étant celui du peuple, et j’estime qu’il est primordial, si nous voulons faire notre travail correctement, que nous soyons en mesure d’être le porte-parole de nos concitoyens, de défendre leurs intérêts et d’impulser des réformes. Tout au long de ma vie politique, je me suis efforcée de défendre ma collectivité et de promouvoir des réformes qui sont importantes pour elle.
J’aimerais également profiter de l’occasion pour remercier les membres de mon équipe de campagne électorale. Sans eux, je ne serais pas ici. Je dis souvent que mon élection, ce n’est pas à moi que je la dois, mais à toutes les personnes formidables qui travaillent avec moi, qui m’appuient et qui me permettent d'accomplir les fonctions que j’occupe aujourd’hui.
Enfin, j’aimerais rappeler les paroles du regretté lieutenant-gouverneur David Lam, car j’y pense chaque fois que je suis dans cette Chambre. Il y a bien longtemps, il m’a dit que ce n’était pas le titre qui conférait l’honneur, mais plutôt ce qu'on faisait pour honorer ce titre. Ce sont des paroles qui m’inspirent chaque jour.
J’ai demandé un débat d’urgence sur l’Afghanistan le lendemain de la reprise de la Chambre, après les élections. C’était la première occasion que j’avais de soulever la question, et j’ai été très déçue que le Président n’accède pas à ma requête.
Aujourd’hui, nous sommes saisis de cette motion, et la crise en Afghanistan nécessite l'attention du gouvernement canadien. La situation dans ce pays est déchirante, et cela aurait pu être évité.
Après avoir risqué leur vie pendant des décennies pour aider les Forces armées canadiennes, un grand nombre d’interprètes afghans, d’autres collaborateurs et leurs familles se sont retrouvés dans une situation très précaire et ont été ciblés par les talibans.
Très franchement, j’ai été abasourdie lorsque j’ai entendu l’ancien ministre de l’Immigration, qui est maintenant , proposer à ces gens-là de suivre les procédures d’immigration en vigueur. Ce fut sa première réaction et, comme elle avait tardé, la vie de ces personnes en a été encore plus menacée. Nous devons regarder la réalité en face: le Canada se doit de faire preuve de gratitude à leur égard et de faire tous les efforts nécessaires pour assurer rapidement leur sécurité.
Étant donné la crise humanitaire qui sévit actuellement en Afghanistan, les familles canado-afghanes cherchent désespérément à faire venir leurs proches au Canada. Il ne se passe pas un jour sans que je reçoive un message d’une personne établie au Canada ou même à l’étranger pour me demander de l’aide.
En fait, pas plus tard que cette semaine, j’ai reçu un message d’un interprète afghan qui a obtenu l’aide des Américains et qui s’est installé aux États-Unis, mais dont les proches ont été laissés en Afghanistan. Les interprètes afghans ont aussi aidé les militaires canadiens. Le gouvernement a récemment annoncé une nouvelle mesure, mais celle-ci empêche les personnes qui ne sont pas établies au Canada de faire sortir des membres de leur famille.
Il y a vraiment quelque chose qui cloche dans cette façon d’appréhender la situation. À maintes reprises, le gouvernement canadien, et je parle du gouvernement libéral, a montré qu’il n’était pas prêt à venir en aide à ceux qui nous ont aidés lorsque nous en avions grand besoin.
Le gouvernement affirme, sur son propre site Web, que « Le Canada et ses alliés ont reçu l’assurance des talibans que les citoyens afghans ayant une autorisation de voyage d’autres pays seront autorisés à quitter l’Afghanistan. » Nous ne pouvons pas laisser passer cette occasion, étant donné la situation déplorable qui règne en Afghanistan. Le NPD demande par conséquent au gouvernement de prendre une mesure d’urgence permettant d’utiliser des permis de résidence temporaires pour aider des Afghans à se réinstaller en toute sécurité dans un autre pays.
Il me semble évident que des permis de résidence et des documents de voyage temporaires doivent être accordés à tous les Afghans, y compris leur famille élargie, qui ont aidé les militaires canadiens, aux défenseurs des droits de la personne et, en particulier, aux femmes et aux filles qui sont actuellement en danger. Je sais que des juges et des avocats ont été abandonnés à leur sort. Ils demandent aujourd’hui au gouvernement canadien de les aider.
Je demande au gouvernement de se porter également au secours des militants afghans des droits de la personne et des Afghans qui ont de la famille au Canada, notamment ceux qui sont concernés par une demande de réunification familiale en attente de traitement.
Parmi les habitants de ma circonscription, il y a un Afghan qui a fui son pays pour venir au Canada comme réfugié il y a trois ans. Dès qu’il a pu, il a déposé une demande de réunification familiale pour faire venir sa femme et ses enfants au Canada. Cela fait trois ans qu’ils attendent, et la demande n’a toujours pas été traitée. Aujourd’hui, étant donné la situation qui prévaut en Afghanistan, cet homme est terriblement inquiet pour sa femme et sa fille car, dit-il au bord des larmes, on ne peut pas laisser des femmes seules dans ce pays. Elles n’ont pas le droit de sortir seules pour aller faire des courses. Peut-on imaginer ce que ressentent ces familles qui sont confrontées à ce problème? Les mesures d’immigration doivent tenir compte du fait que les femmes et les filles ont vraiment besoin d’aide. À l’heure actuelle, en Afghanistan, elles ne peuvent pas circuler sans être accompagnées d’un homme. C’est cela la réalité.
Le gouvernement doit collaborer avec des groupes de défense des droits au Canada pour identifier les personnes susceptibles de recevoir un permis de résidence temporaire et des autorisations de voyager pour se rendre dans un pays tiers. J’ajoute que le Canada doit également tenir compte du fait que, dans la situation actuelle, les Afghans sont dans l’impossibilité d’obtenir les documents de voyage nécessaires, y compris un visa valide.
Il faut que le gouvernement du Canada les dispense pour le moment de l’obligation de présenter les papiers nécessaires et leur fournisse un permis de résidence temporaire. Une fois qu’ils seront en sécurité au Canada, il leur sera possible de faire faire les papiers nécessaires et de remplir les demandes de réunification familiale ou de parrainage de réfugiés. Il faut aussi, pour que la promesse qu’il a faite d’accueillir 40 000 réfugiés d’Afghanistan puisse se concrétiser, que le gouvernement les dispense également des exigences du système de détermination du statut de réfugié.
Au Turkestan, où de nombreux Afghans se sont enfuis, il n’y a pas de système en place pour traiter les dossiers des Afghans qui ont quitté récemment l’Afghanistan, et ceux qui font une demande de réfugié doivent remplir toutes les conditions du système de détermination du statut de réfugié. Le gouvernement doit en prendre acte et prendre des mesures pour corriger la situation. Ce que je demande n’est pas inédit puisqu’on l’a déjà fait pour les réfugiés syriens en 2015. Si nous avons pu le faire pour les réfugiés syriens, nous pouvons certainement le faire pour les réfugiés afghans. Je demande donc qu’on prenne les mêmes mesures que celles que nous avons prises pour les réfugiés syriens.
Les Canadiens ont le cœur sur la main et ils sont tout à fait disposés à venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. M. Dan On est un entrepreneur prospère de Vancouver. Certains députés connaissent peut-être les produits qu’il vend: le Dan-D Pak et tous les produits connexes. Il est arrivé du Vietnam en tant que réfugié en ayant littéralement que les vêtements qu’il portait à ce moment. Il a réussi à refaire sa vie et à devenir un entrepreneur prospère. Les réfugiés du Vietnam sont souvent des exemples de réussite. Dan On a pris l’initiative de lever des fonds pour aider des réfugiés afghans, sans rien demander en retour. Il sait ce que c’est que voyager dans ces conditions et il veut les aider.
J’implore le gouvernement de prendre les mesures qui s’imposent. Que ce soit en comité ou en dehors du comité, si nous avons la volonté de le faire, nous pouvons changer le cours des choses. Il y a des vies à sauver.
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Monsieur le Président, c’est avec un sentiment d’obligation et d’honneur que j’interviens aujourd’hui à la Chambre pour appuyer cette motion visant à créer un comité chargé d’examiner les mesures prises par le Canada lors de l’évacuation de Kaboul du personnel et des civils canadiens ainsi que de nos amis et alliés afghans; ceux qui s’en sont sortis.
En tant qu’ancienne ministre associée de la Défense nationale, je tiens à dire que je suis de tout cœur avec les 40 000 Canadiens et leurs familles qui ont servi en Afghanistan, ainsi qu’avec nos malades, nos blessés et, surtout, nos morts. Ils ont fait le sacrifice ultime pour les Canadiens afin que, entre autres victoires, des petites filles puissent aller à l’école en paix en Afghanistan sans craindre de se faire jeter de l’acide au visage ou d’être mariées à l’âge de neuf ans. Avons-nous oublié la tentative d’assassinat de Malala par les talibans au Pakistan, alors qu’elle défendait l’éducation des filles?
Comme les Canadiens qui ont servi pendant la mission afghane, la guerre en Afghanistan, je tiens à dire à quel point j’ai été profondément attristée de voir le Canada baisser le drapeau et s’enfuir de Kaboul, laissant derrière lui de nombreux amis et alliés afghans, ainsi que leurs familles, pour que les talibans décident de leur sort. Les vainqueurs de Vimy, des Cent Jours, du Jour J et de Kapyong, s’ils avaient pu, auraient crié leur indignation légitime devant les scènes de l’aéroport et de la retraite finale du Canada. Pour moi et de nombreux amis et collègues, ce fut une semaine marquée par un sentiment de frustration, de faiblesse et d’écœurement face à l’approche tiède du gouvernement, qui peut se résumer par la formule « dernier arrivé, premier sorti ».
Pour être claire, je n’ai que des éloges pour le professionnalisme du personnel de l’ambassade canadienne et des Forces armées canadiennes, en particulier nos forces spéciales, qui ont dû ramasser les pots cassés par le gouvernement libéral. J’aimerais seulement qu’ils reçoivent du gouvernement l’amour et le soutien dont ils ont besoin en matière d’équipement moderne, mais ce n’est pas ainsi que fonctionnent les libéraux. Ce n’est apparemment pas la façon de faire du gouvernement libéral.
En tant qu’ancienne ministre, je vois comment les décisions sont prises à huis clos; j’ai une idée du « rythme de combat » d’une crise et de la réaction qui s’impose. La réaction du Canada a été lente, excessivement bureaucratique, peu encline à prendre des risques et sans véritable leadership politique pour faire avancer les choses. Nous avons pu constater la tergiversation aux plus hauts niveaux du gouvernement libéral, car nous étions dans la période précédant les élections, puis dans une campagne électorale que les libéraux pensaient gagnée d'avance. Pour dire les choses simplement, le gouvernement avait honteusement les yeux rivés sur la création d’un gouvernement majoritaire à un moment charnière et ne se souciait nullement de l’intérêt national ou de la tragédie humaine qui se déroulait à des milliers de kilomètres de là, en Afghanistan.
Les Canadiens ont le droit de savoir ce que le gouvernement a fait pendant la période précédant la chute de Kaboul et ce qu’il a fait par la suite. Le traité de paix avec les talibans a été signé le 29 février 2020, et plus tard, le 14 avril 2021, l’administration Biden a annoncé son intention de se retirer de l’Afghanistan avant le 11 septembre 2021.
Je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Si le 29 février n’a pas sonné l’alarme à Ottawa, au Cabinet du premier ministre, au Bureau du Conseil privé, aux Affaires mondiales, à la Défense nationale ou à Citoyenneté et Immigration, il ne fait aucun doute que la sonnette d’alarme aurait dû retentir le 14 avril, la date butoir ayant été clairement fixée au 11 septembre.
Qu’a fait le gouvernement libéral lorsque l’administration américaine a annoncé son retrait prévu? A-t-il formé un comité interministériel de députés? A-t-il établi des plans pour une réponse de l’ensemble du gouvernement? A-t-il envoyé une équipe de reconnaissance à Kaboul pour examiner la logistique en place pour faire sortir du pays des milliers de Canadiens et leurs alliés afghans? A-t-il pris les devants et commencé à évacuer, par exemple, le personnel de notre ambassade en Afghanistan et les interprètes, probablement les plus faciles à évacuer, et à les faire sortir avec leurs familles?
Il semble que le gouvernement ait été comme un cerf figé dans le faisceau de phares et n’ait rien fait. S’il avait fait quelque chose, le gouvernement l'aurait sans doute claironné sur les tribunes de tout le pays. Au lieu de cela, il a choisi de ne rien faire, et c’est là le problème. C’était un choix.
Le gouvernement a eu des mois pour planifier, rassembler ses ressources, se pencher sur la question et procéder aux évacuations alors que le gouvernement afghan et l’armée américaine contrôlaient toujours le pays. Il ne l’a pas fait. Puis, entre mai et juillet 2021, les talibans ont commencé à réaliser des gains prévisibles sur le terrain en Afghanistan. Tandis que les forces américaines commençaient à se retirer, que l’argent se tarissait pour payer l’armée afghane, que l’Amérique retirait les consultants en logistique qui permettaient à l’armée de l’air afghane de voler et aux parcs de véhicules de l’armée afghane de se déplacer, le gouvernement canadien, ayant accès aux mêmes renseignements que nos alliés, aurait pu alors accélérer ses opérations d’évacuation.
Avons-nous tendu la main au gouvernement pakistanais ou à l’armée pakistanaise pour leur demander de l’aide? Sachant que le vent tournait sur le terrain, qu’a fait le gouvernement libéral pour faire sortir nos gens, nos amis et nos alliés? Où était notre centre logistique? Pourquoi n’y avait-il pas une capacité de recherche en place pour traiter les demandes de visa? Près d’un mois après, le 23 juillet, le gouvernement a annoncé sa soi-disant voie vers la protection; voie vers la protection, mon œil. Presque aussitôt que le chemin de la protection a été annoncé, le gouvernement a fait demi-tour et a supprimé le délai de 72 heures pour le traitement des demandes.
Et si nous reculions dans le temps. Quatre mois après l’annonce du retrait de l’Afghanistan par le président Biden, un premier vol d’évacuation de Kaboul atterrit au Canada. Le 10 août, les talibans contrôlent 65 % de l’Afghanistan, et se sont emparés des deuxième et troisième plus grandes villes, Kandahar et Herat. Le 13 août, les autorités canadiennes annoncent un plan pour réinstaller 20 000 réfugiés afghans, dont des interprètes, des militants, des dirigeantes et des membres de la communauté LGBTQ. Deux jours plus tard, Kaboul tombe aux mains des talibans et du réseau Haqqani. Les escadrons de la mort commencent à arpenter les rues, allant de maison en maison pour tuer des gens qui mettent leur sécurité et celle de leur famille de côté pour travailler avec des diplomates, des travailleurs humanitaires et des soldats canadiens. Le 17 août, deux autres vols atterrissent avec à bord du personnel de l’ambassade et des interprètes afghans. Pendant que des escadrons de la mort rôdent dans les rues à la recherche de nos concitoyens, le dit qu’il n’accordera pas la reconnaissance diplomatique aux talibans. Le 20 août, les autorités canadiennes mettent fin aux tests de dépistage de la COVID et renoncent aux passeports pour les réfugiés. Le 26 août, nous sommes témoins de deux attentats suicides à la bombe à l’aéroport, et le gouvernement libéral, dans une confusion électorale, met fin à l’évacuation. Notre ambassadeur avait quitté le pays onze jours auparavant.
Ne serait-il pas intéressant de pouvoir consulter la correspondance entre le Conseil privé, Affaires mondiales et la Défense nationale? Imaginez ce que le Cabinet du premier ministre disait aux gens à propos de la prise de risques inutiles. Tout ce temps, on voyait d’innocents Afghans qui nous ont crus sur parole tomber du train d’atterrissage d’avions dans le désespoir de partir et de trouver refuge, alors que le gouvernement libéral jouait avec les médias et l’électorat.
Les libéraux ont dit que nous pouvions rester après le départ des Américains, que nous rapatrierons ces Afghans par voie terrestre, que nous les évacuerions de pays partenaires régionaux comme la Chine, la Russie, l’Iran et le Pakistan. C’était de la poudre aux yeux, un beau jeu pour protéger le Parti libéral du Canada et ses intérêts au détriment des intérêts nationaux et, littéralement, de la vie humaine.
Quelles sont les priorités des libéraux? Combien de réfugiés le gouvernement libéral a-t-il secourus? Le nombre est de 3 600 et 1 200 autres en transit. Au départ, l’objectif était de 20 000 réfugiés et il est maintenant de 40 000. Ce sont des objectifs, pas la réalité.
En 2006, pendant le conflit au Liban, le gouvernement conservateur, avec moins de temps et d’avertissement, a évacué 15 000 citoyens canadiens de ce pays déchiré par la guerre. Contrairement au gouvernement libéral, il a agi avec leadership et empressement.
En tant qu’ancienne ministre associée de la Défense nationale, je tiens à dire que nous ne pouvons tout simplement pas oublier nos alliés dans le besoin. Les belles paroles qui ne sont pas accompagnées d'un plan sont inutiles et coûtent des vies. Il faut à tout prix former un comité spécial qui présentera des recommandations pour rationaliser la bureaucratie et faire preuve de compassion et de souplesse.
Monsieur le Président, quelles sont les priorités?
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Monsieur le Président, pour commencer mon discours, je crois qu'il est important de remettre un peu de contexte et de comprendre pourquoi nous en sommes aujourd'hui à débattre d'une motion sur ce qui s'est passé en Afghanistan.
Rappelons qu'il y a exactement 20 ans le Canada prenait part à une coalition internationale militaire afin de combattre le terrorisme en Afghanistan. À l'époque, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, le Canada a décidé de s'impliquer avec nos partenaires américains, britanniques et d'autres pays pour aller combattre les forces d'Al-Qaïda qui s'étaient installées en Afghanistan et qui étaient hébergées par le gouvernement taliban en place.
La coalition comprenait évidemment les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada. En débarquant sur place, elle avait une mission principale, une mission de combat. C'était la première fois depuis des années que le Canada était officiellement en guerre et que nos militaires étaient appelés à combattre les terroristes talibans d'Al-Qaïda.
Plusieurs des troupes sur le terrain, plusieurs Canadiens, ont combattu directement. Nous n'avons jamais vraiment eu de chiffres; même si l'information existe, nous n'avons jamais su combien de terroristes les soldats canadiens ont carrément tués et éliminés de la surface de la Terre, et ce, à mon grand bonheur.
Des centaines de militaires canadiens ont apporté leur aide, et c'est un point dont il faut se souvenir. Ceux qui combattaient l'ennemi avaient un travail extrêmement difficile, complexe et dangereux, mais il y avait également des troupes déployées sur place pour aider la population, les filles et les femmes en particulier, à reconstruire des écoles, à remettre en état des sources d'eau potable et des infrastructures qui avaient été démolies par les talibans, qui sont complètement fous.
Pendant la dizaine d'années où le Canada était directement impliqué, nos militaires sur place ont mis toute l'énergie possible pour combattre d'un côté et aider le peuple afghan de l'autre. Ce dernier était sous le contrôle total des talibans et des membres d'Al-Qaïda, même d'autres pays, qui s'installaient directement en Afghanistan pour avoir une terre et s'entraîner à faire du terrorisme.
N'oublions pas que 158 militaires canadiens ont perdu la vie en Afghanistan. Des centaines d'autres, voire des milliers, ont été blessés. Un de mes très grands amis a sauté à trois reprises avec son véhicule en roulant sur un engin explosif improvisé. Il s'en est sorti et c'est un miracle total, parce que la plupart du temps, une fois est assez pour en mourir. Heureusement, mon meilleur ami a survécu à cela.
Cela démontre encore une fois, en plus des 158 militaires qui sont morts soit à cause d'engins explosifs ou autrement, qu'il y a des dizaines et des centaines de personnes, comme mon ami, qui ont failli mourir pour la cause et pour aider. Ils étaient sur place en bons Canadiens qui sont déployés en mission. Lorsque le Canada se déploie en mission, c'est pour aider. Le combat est une chose, mais aider les gens est ce qui nous motive le plus. C'est ce que nous avons fait et les militaires canadiens n'ont jamais eu d'hésitation.
À l'époque, j'étais militaire. J'ai eu moi-même à former des soldats qui ont été déployés en Afghanistan, ici au Canada, et même aux États-Unis. Il s'agissait d'entraînements sur les mesures d'intervention antiterroristes et comment rentrer dans les villages et combattre l'ennemi embusqué. J'ai également reçu des formations sur la façon d'aller annoncer à une famille qu'un militaire avait été tué. On apprenait comment composer avec la famille d'un soldat tué au combat.
Les Canadiens peuvent être très fiers de ce que les militaires ont fait et de ce que le Canada a fait. Quelque 40 000 militaires canadiens ont été déployés au cours de ces années, autant des forces régulières que des forces de réserve. Ce furent des moments de grande fierté. C'était dangereux, mais les troupes qui s'entraînaient et qui étaient déployées avaient l'immense honneur de faire ce travail-là.
Le Canada a cessé les combats en 2011 et a quitté l'Afghanistan en 2014. Notre mandat était accompli. Nous avions fait ce que nous pouvions faire avec les ressources que le Canada avait. Cela a été très difficile et très exigeant, même s'il y avait une fierté. Il reste que c'était très engageant pour la capacité des forces canadiennes de faire ce que nous avons fait et nous nous sommes rendus jusqu'au bout.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres pays sont restés plus longtemps afin de s'assurer de la stabilisation de l'Afghanistan, afin de s'assurer que le gouvernement en place pouvait continuer. Malheureusement, comme nous l'avons vu cet été, cela s'est effondré. Tout le monde est sorti de l'Afghanistan le 31 août 2021. Les talibans ont maintenant repris le pouvoir.
Que s'est-il passé là-bas? Qu'est-il arrivé pour que 20 ans d'efforts se terminent par une perte totale de contrôle sur la situation et par la reprise du pouvoir par les talibans?
Nous devons faire la lumière là-dessus et recueillir le plus d'informations possible, mais surtout revenir en arrière et comprendre pourquoi le Canada n'a rien fait pour aider nos alliés sur le terrain, les Afghans qui ont travaillé pour nous, les Wali et Mohammed de ce monde. Ces gens qui étaient interprètes ou cuisiniers, ainsi que leur famille, ont pris des risques pour leur vie.
N'oublions pas que, pendant les 10 années que nous avons passées là-bas, des centaines de milliers de personnes, des Afghans, sont venus nous aider au péril de leur vie. En effet, à partir du moment où un Afghan était associé aux Forces armées canadiennes, il était vu comme un ennemi par les talibans. Ces gens ont pris des risques énormes pour leur vie et celle de leur famille pour nous aider à accomplir la mission, pour aider le Canada et les alliés à sauver leur pays.
Avant le 31 août 2021, cela faisait des mois qu'on savait que cela s'en venait, qu'il y avait un problème et que ces personnes étaient menacées de mort. Les ONG avaient averti le Canada et les pays de la coalition. Tout le monde avait été averti.
Les Américains se sont préparés à aider les Afghans qui les avaient aidés. Au Canada, il n'y a pas eu de son, pas d'image. Nous nous sommes retrouvés en pleine campagne électorale. On a tout à coup réalisé qu'on avait des amis là-bas et qu'on les avait abandonnés.
Le préférait être en campagne électorale. Ce que nous sentions, c'est qu'on se foutait de ce qui se passait en Afghanistan, qu'on se foutait d'eux. Si tel n'est pas le cas, c'est en tout cas ce qui transpirait des propos du premier ministre et des libéraux. On ne sentait aucune considération pour les Afghans qui ont aidé le Canada pendant toutes ces années.
Pourtant, des avertissements ont été lancés. Tout le monde savait que le danger arrivait et qu'il fallait agir. Il est certainement complexe d'intervenir, mais, lorsque les Américains et les Britanniques sont encore là bas, c'est le temps d'agir. On ne doit pas attendre le 31 août, quand tout le monde est parti, et arriver après en disant, comme en témoignent les réponses que j'ai reçues du premier ministre lors de la période des questions, que c'est compliqué d'intervenir. C'est sûr que c'est compliqué, mais qu'ont fait les libéraux quand c'était le temps d'agir?
C'est la raison pour laquelle l'opposition officielle, avec l'appui des deux autres groupes de l'opposition, espérons-le, obtiendra la mise sur pied d'un comité spécial. C'est dans le but de faire la lumière là-dessus. Je suis d'accord avec mes collègues du Bloc québécois pour dire qu'il faut des actions immédiates et j'espère que, de l'autre côté de la Chambre, le gouvernement en place est en train de se bouger. J'espère que les libéraux bougent vite et qu'ils sont en train de faire tout ce qu'ils peuvent pour aider des gens comme Wali et leur famille à venir ici.
Nous avons besoin de fouiller et de comprendre pourquoi notre gouvernement n'a pas agi de façon plus efficace, de comprendre ce qui n'a pas été fait et pourquoi c'est arrivé, afin que cela ne se reproduise plus. Voilà pourquoi nous, en tant que parlementaires, avons un travail à faire.
Le comité spécial qui sera mis sur pied pourra faire les vérifications nécessaires afin de nous aider à comprendre. Si le gouvernement doit recevoir un blâme, il le recevra. S'il n'y avait pas d'autres moyens d'agir, nous le saurons. L'important est de faire la lumière, et c'est la raison pour laquelle nous sommes là aujourd'hui. Afin qu'on puisse faire la lumière, tous les parlementaires doivent voter en faveur de cette motion.
Je suis d'accord avec le Bloc québécois: il faut agir dès maintenant. C'est toutefois à eux, de l'autre côté de la Chambre, de se dépêcher à sortir de leur pays les Afghans qui sont actuellement en danger de mort.
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Monsieur le Président, la discussion d’aujourd’hui est intéressante et importante. Plus tôt, j’ai posé une question au et, avant de la poser, j’ai fait des commentaires sur ce que nous avons en commun. Une chose sur laquelle nous sommes tous les deux d’accord, c’est la reconnaissance et l’affection que nous avons pour les membres des Forces canadiennes et, plus encore, pour les militaires qui ont servi en Afghanistan.
La Chambre des communes a été saisie de la question de l’Afghanistan à de nombreuses reprises au cours de la dernière décennie et même avant. En fait, c’était bien avant ma première élection à la Chambre des communes en 2010. Je veux aborder la question du processus, d’abord et avant tout en tant que parlementaire, mais aussi comme quelqu’un qui a participé à la campagne électorale et qui a entendu ce que le et d’autres députés ont dit au sujet du déclenchement des élections, des priorités et ainsi de suite.
À l’époque de la guerre en Irak, le premier ministre Jean Chrétien avait subi beaucoup de pressions pour que nous participions. Si je me souviens bien, les conservateurs nous avaient reproché de ne pas l’avoir fait. Je crois que le NPD était également opposé à ce que nous participions. Le premier ministre de l’époque avait décidé que le Canada n’interviendrait pas directement, même si les Américains voulaient que nous le fassions.
Nous avions fait valoir que nous voulions travailler avec les Nations unies et d’autres pour régler le problème du terrorisme et les autres problèmes qui se posaient dans cette région du monde. C’est quelque part au début des années 2000, en 2001 ou 2002, qu’il a été décidé que le Canada aurait une présence là-bas en y envoyant les membres de nos forces. Cela ne devrait jamais être sous-estimé.
Nous avons entendu des députés dire qu’ils ont servi. L’ancien ministre de la Défense est, à mon avis, un héros. Je crois qu’il a passé deux ou trois mandats en Afghanistan ou dans cette région du monde. Un certain nombre d’autres députés aussi ont servi.
J’ai eu le privilège de servir dans les Forces canadiennes, mais c’était au début des années 1980, alors je n’ai jamais été déployé. Cependant, le 11 novembre, je participais aux défilés avec des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, après quoi nous étions invités dans les légions pour entendre les histoires d’horreur de cette guerre. Il est important de reconnaître les sacrifices qu’ont faits les membres des Forces canadiennes, et nous devons affirmer très clairement que nous ne les oublierons jamais et que s’il y a des leçons à tirer de cela, nous le ferons.
Au bout du compte, je crois qu’aucun député libéral ne dit que nous ne pouvons rien apprendre de ce qui s’est passé. Des comités permanents existent déjà, et rien ne les empêche d’étudier ce qui est proposé aujourd’hui par l’opposition officielle.
Je crois que la motion comporte un aspect politique. Ceux qui croient le contraire devraient lire certains discours du . Je refuse de reconnaître qu’il n’y a pas un aspect politique dans cette motion, parce que c’est le cas. Si les députés de l’opposition pensent qu’il est temps de mettre la politique de côté, pour l’instant du moins, je crois qu’ils minent la valeur potentielle de nos comités permanents.
Les députés de l’opposition proposent un comité composé, si je ne m’abuse, de 12 membres. Nous avons déjà des comités permanents, et celui des affaires étrangères a pour mandat de s’occuper de cet enjeu. En fait, il pourrait même coordonner les travaux de nos deux autres comités permanents, celui de l’immigration et celui de la défense.
Cela permettrait à un plus grand nombre de ressources et de députés de contribuer à cette étude. Évidemment, cela ne s’applique que si l’opposition officielle dit vrai, s’il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières politique, mais du désir de mieux comprendre ce qui s’est passé. Voyons d’abord où en arriveront les débats des comités permanents. Suivant la direction qu’ils prendront, nous aurons peut-être besoin d’une motion de suivi comme celle-ci. À mon avis, tout ce qui précède cela est quelque peu prématuré et risque même d’être politiquement motivé.
L’Afghanistan s’est déjà trouvé dans une situation similaire à celle d’aujourd’hui. En 2009, lorsque nous étions en situation minoritaire et que les conservateurs étaient au pouvoir, ceux-ci considéraient toujours la production de documents comme un enjeu important. Nous reconnaissons cela et nous le comprenons. Voilà pourquoi le à la Chambre, l’autre jour, a proposé à la Chambre une solution pour régler le problème du laboratoire de Winnipeg et des dossiers que réclamaient les députés de l’opposition. Cette solution apaiserait les préoccupations des parlementaires au sujet de la divulgation de documents.
Lorsque nous formions l’opposition officielle et que les conservateurs étaient au pouvoir, le gouvernement a eu besoin de documents importants pour la sécurité nationale et plus encore. Stephen Harper, Michael Ignatieff et le chef du Bloc ont alors conclu une entente. Ils comprenaient qu’ils n’auraient pas intérêt à adopter une motion générale comme celle dont nous sommes saisis aujourd’hui.
Je vais revenir un peu en arrière. J’ai dit plus tôt que dans mon rôle de parlementaire, un aspect de cette motion m’intéresse beaucoup. Je vais lire cette partie. C’est vraiment intéressant. Lorsque j’étais dans l’opposition, je n’aurais jamais appuyé une telle motion. Les conservateurs proposent que:
[L]orsque les réunions de Comité en format hybride sont autorisées, toute délibération du Comité portant sur une motion relative à l’exercice de son pouvoir d’ordonner la comparution de témoins et la production de documents ou de dossiers n’ayant pas donné lieu à une décision devra être interrompue, selon la première occurrence, après quatre heures de débat ou une semaine de séance après que la motion ait été proposée [...]
Les conservateurs parlent de tradition parlementaire, mais il semble qu'il y ait en quelque sorte deux poids, deux mesures pour les comités permanents, ou du moins ceux auxquels j'ai siégé. Je voudrais demander à mes collègues de l'opposition, s'ils pensent voter en faveur de cette motion, de me nommer un autre comité permanent, surtout lorsque les conservateurs sont au pouvoir, où les députés, qu'ils fassent partie du gouvernement ou de I'opposition, ne peuvent plus discuter et poser des questions.
Il était intéressant d'écouter les observations du . Il a déclaré qu'il parviendrait peut-être à faire adopter cette motion si les néo-démocrates ne collaboraient pas avec les libéraux. Il essaie en quelque sorte de provoquer le NPD.
Certes, nous reconnaissons tous que le NPD a un rôle très important à jouer dans les circonstances et que les conservateurs essaient peut-être d'inciter le NPD par la honte à appuyer ce qu'ils tentent d'accomplir. Toutefois, en tant que député, je suis d'avis qu'il ne s'agit pas d'une motion judicieuse qui mérite l'appui de la Chambre des communes. La motion doit être modifiée, à tout le moins.
Jamais les conservateurs ne défendraient une telle chose pour les députés de l'opposition dans d'autres comités permanents, parce qu'ils comprennent à quel point il est important de respecter le droit de parole d'un député dans un comité permanent. Il arrive parfois qu'il faille faire avancer des dossiers et, malheureusement, il faut alors imposer des limites de temps en temps. Toutefois, je ne crois pas que cet aspect de la motion soit acceptable, étant donné le sujet dont il est question et la composition du comité.
La motion propose ceci:
(vi) le gouvernement dépose aussi auprès du légiste et conseiller parlementaire dans les deux langues officielles, dans un délai d’un mois suivant l’adoption du présent ordre, une copie annotée des documents présentant des propositions visant à caviarder les renseignements qui, de l’avis du gouvernement, risquent (A) de nuire à la sécurité nationale et de compromettre les tactiques ou stratégies militaires du Canada ou d’un autre pays allié [...]
On y parle ensuite de la nécessité d’assurer la sécurité nationale. Donc, dans la motion comme tel, on reconnaît qu’il y a des documents très délicats, et que ceux qui les consultent doivent détenir une cote de sécurité élevée.
Il existe déjà un comité permanent qui peut se pencher sur les sujets qui sont proposés. Nous faisons partie du Groupe des cinq — au sujet duquel, à ce jour, tous les partis s’entendent — qui détient l’autorisation de sécurité requise. Nous sommes déjà saisis d’une motion du , comme je l’ai souligné, concernant le laboratoire et la divulgation de documents qui préoccupent le ministère de la Santé sur le plan de la sécurité. Il existe un mécanisme d’arbitrage. Tous les partis ont une occasion en or, puisqu’il s’agit d’un mécanisme très apolitique.
Qu’en pense l’opposition officielle, en particulier, qui dit toujours qu’elle est prête à collaborer pour régler cette question? Cela ne pourra se faire que si l’opposition manifeste la volonté politique de collaborer.
Là où nous sommes d’accord, c’est sur la nécessité d’examiner ces sujets et de poser ces questions. Il n’y a pas que les députés de l’opposition qui ont des questions. Bon nombre de ministériels en ont aussi et veulent, eux aussi, entendre les réponses.
Nous n’essayons pas de cacher quoi que ce soit. Ce n’est pas l’intention du gouvernement, mais un peu comme lorsque Stephen Harper était premier ministre et que la Chambre a été saisie d’un autre dossier concernant l’Afghanistan, un accord a été conclu avec les trois plus grands partis à la Chambre, soit les libéraux, les conservateurs et le Bloc. Qu’est-ce qui pourrait avoir changé, à part le fait que les libéraux sont sur les banquettes ministérielles et que les conservateurs sont sur celles de l’opposition? Le Parti conservateur n’a-t-il aucun intérêt à essayer de régler ce problème? En adoptant cette motion, qui reste à déterminer, j’espère que les députés examineront ce qu’on leur demande.
En 2001, il y a eu participation des Forces canadiennes, d’une façon ou d’une autre. Je n’en connais pas les détails. En 2002, les Forces canadiennes ont vraiment commencé à être déployées. En 2006 ou 2007, elles ont été déployées en bien plus grand nombre et, en 2014, le gouvernement de l’époque a annoncé leur retrait.
Durant cette période, 159 membres des Forces armées canadiennes ont trouvé la mort en Afghanistan, sans parler des militaires qui sont revenus avec des blessures et des séquelles psychologiques ni du personnel personnel non militaire. Je pense que nous avons le devoir envers ces personnes d’agir de manière correcte et appropriée. Dans un premier temps, ne politisons pas cet enjeu. Nous devons faire preuve de compassion.
Des députés ont mentionné que durant la campagne électorale, nous avons parlé d’accueillir 20 000 réfugiés. En 2015, la crise faisait rage en Syrie et nous nous sommes engagés à accueillir 25 000 réfugiés. Les conservateurs ont semblé dire que nous n’arriverions jamais à atteindre ce nombre et que cet engagement n’était qu’une manœuvre électorale. Nous avons très largement dépassé ce nombre.
Nous prenons très au sérieux nos engagements. Nous parlons maintenant d’accueillir 40 000 réfugiés. Le député a fait mention des personnes qui ont soutenu les Forces canadiennes. Lorsque j’étais dans l’opposition, je me rappelle avoir parlé aux médias des traducteurs anglophones qui soutenaient les Forces canadiennes et de la nécessité de leur venir en aide. Nous avons soulevé cette question pour la première fois en 2013 ou en 2014 et nous avons mis le gouvernement au défi de répondre à ce besoin.
Il n’est pas nécessaire de nous dire quoi faire. Nous comprenons. Nous savons ce que les Canadiens attendent de leur gouvernement. Nous atteindrons tous les objectifs établis par le et la et nous remplirons les engagements pris par le ministère de la Défense. Je suis convaincu que nous avons aujourd’hui l’occasion d’apporter une aide humanitaire. Nos diplomates en poste partout dans le monde suivent de très près la situation des réfugiés. Je félicite les fonctionnaires et les diplomates qui doivent traiter des dossiers très complexes sept jours sur sept. Le gouvernement est ouvert aux idées, qu’elles viennent du caucus libéral ou des caucus de l’opposition.
Au bout du compte, je pense que nous pouvons tirer des leçons de cette situation. Je ne suis toutefois pas convaincu que la motion dont la Chambre est saisie serve véritablement notre intérêt. Je comprends pourquoi l’opposition officielle a présenté cette motion et je suppose que d’autres partis de l’opposition l’approuveront. Il y aurait peut être lieu d’y apporter des amendements. Si l’opposition acceptait d’en discuter avec le gouvernement, nous pourrions en arriver à un dénouement positif, à l’instar de la résolution adoptée en 2010 par Michael Ignatieff, Stephen Harper et le chef du Bloc. Ils y sont arrivés parce qu’ils ont reconnu l’importance de la sécurité nationale et des intérêts du Canada ainsi que ceux des milliers de personnes qui ont été directement touchées par la divulgation de renseignements.
Voilà pourquoi j’aurais préféré de beaucoup qu’il y ait des négociations avant d’en arriver où nous sommes. J’exhorte les députés de l’opposition à ne jamais renoncer à la négociation. Le dépôt de motions de cette nature est une solution de facilité.
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Monsieur le Président, comme il s’agit de ma première allocution au Parlement, je tiens à remercier les merveilleux électeurs de Calgary Forest Lawn de m’avoir accordé leur confiance en me chargeant de les représenter. Je remercie aussi ma famille de m’avoir soutenu ainsi que toutes les personnes qui m’ont amené ici.
Je prends la parole aujourd’hui pour appuyer cette importante motion. La chute de l’Afghanistan a été tragique, et cette tragédie est toujours en cours. Les États-Unis ont annoncé leur intention de retirer leurs troupes. On savait que dès que les soldats américains auraient quitté le pays, les talibans en prendraient le contrôle en un rien de temps.
Lorsque les États-Unis ont annoncé leur retrait, d'anciens combattants, des ONG et des experts ont prévenu les gouvernements du monde entier qu’ils devraient s’occuper de toute urgence des interprètes et des employés de soutien afghans et de leurs familles. Pourtant, au moment de la chute de Kaboul, le Canada n’avait établi aucun plan concret pour intervenir face à cette situation qui ne cessait de se détériorer.
Le gouvernement a prétexté qu’il devait protéger la sécurité nationale, pendant que nos alliés de l’OTAN lançaient des opérations d’évacuation à grande échelle pour extraire de la zone de conflit leurs citoyens et les Afghans qui les avaient soutenus.
Voilà près de quatre mois que Kaboul est tombé, et la semaine dernière, nous avons enfin vu le premier avion de réfugiés parrainés par le secteur privé atterrir au Canada. Près de 120 jours se sont écoulés, et le gouvernement n’a toujours pas établi de plan ni d’échéancier pour réinstaller 40 000 réfugiés afghans, comme il l’avait promis. Le gouvernement a eu des mois pour se préparer, des mois depuis que les États-Unis ont commencé à retirer leurs troupes et des mois depuis que les talibans ont pris le contrôle du pays. Dire que la situation en Afghanistan est désastreuse est un euphémisme. Il y a de plus en plus de pénuries alimentaires, très peu ou pas du tout d’accès à des fonds, et les déplacements à l'extérieur du pays sont extrêmement limités.
Les talibans pourchassent activement toutes les personnes qui ont appuyé l’OTAN et les Forces canadiennes. Le régime arrête des membres de minorités religieuses, notamment des sikhs, des hindous, des chrétiens, des hazaras et des musulmans ahmadis. On les accuse de blasphème, on menace la vie de ces innocents et, dans bien des cas, on les tue. Les défenseurs des droits des femmes, les membres de la communauté LGBTQ, les militants prodémocratie et toutes les personnes qui ont le courage de dénoncer les talibans sont harcelés, torturés et mis à mort. Ces personnes vulnérables sont coincées en Afghanistan. Elles assistent à l’arrestation arbitraire et même à l’assassinat en pleine rue de leurs amis, de leurs proches et de leurs voisins.
Au beau milieu de la prise de contrôle par les talibans, le a déclenché des élections inutiles et injustifiées. Il a dissous le Parlement et, de ce fait, il a permis à son gouvernement d’échapper à toute obligation redditionnelle. Chaque fois que nous demandons au ce que le gouvernement compte faire pour remédier à ce désastre, il répond que c’est compliqué, qu’ils n’ont pas assez d’information et qu’ils travaillent à ce dossier.
Les députés savent-ils vraiment ce qui est difficile? Ce qui est difficile, c’est lorsqu’une personne doit se cacher dans le pays pour lequel elle s’est battue, sachant qu’elle est inscrite sur une liste et qu’elle est pourchassée par un régime ayant des liens historiques avec certains des terroristes les plus impitoyables de l’histoire. Ce qui est difficile, c’est vivre dans un pays sans argent ni nourriture, incapable de faire vivre sa famille, de pratiquer sa religion ou de dire ce que l’on pense. Voilà ce qui est difficile.
Le gouvernement a eu des mois pour planifier, et maintenant des mois pour évacuer ceux qui ont servi aux côtés de nos forces et à notre ambassade. Aujourd’hui, il présente des excuses et parle d’un engagement important à l’égard de la réinstallation de 40 000 réfugiés au Canada. Cependant, comme d’autres promesses libérales, celle-ci sera sûrement oubliée, tout comme le gouvernement n’a rien fait pour sauver les gens qui étaient coincés à l’aéroport quand les talibans ont repris le pouvoir.
La situation n’est devenue que plus urgente après l’atteinte à la sécurité des données à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, qui a divulgué les renseignements personnels de centaines des réfugiés afghans. Lorsque j’ai écrit au commissaire à la protection de la vie privée pour demander une enquête, je savais que le gouvernement ne ferait rien à ce sujet. Je me réjouis de l’enquête menée par le commissaire sur cette atteinte à la vie privée potentiellement mortelle, et j’espère que le gouvernement apportera les changements qui s’imposent pour empêcher d’autres fuites de données sensibles. Cet incident, conjugué à l’inaction du gouvernement, ne me permet pas de croire que le ou son Cabinet ont l’intention de faire quoi que ce soit.
Il ne semble pas y avoir de sentiment d’urgence chez les libéraux. C’est d’une tristesse inouïe. Les réfugiés afghans se sentent abandonnés. Ils sont coincés dans un pays où ils sont chassés par le régime. Ma boîte de réception est inondée de courriels d’interprètes afghans et d’autres personnes vulnérables qui ont désespérément besoin d’aide. Ils nous implorent de faire quoi que ce soit pour les aider. Leurs appels et leurs courriels à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada restent sans réponse. Ils ne peuvent même pas obtenir du ministère un accusé de réception indiquant si leur dossier est en cours de traitement ou non. C’est bien beau que le ministre dise qu’ils sont en train d’y travailler, mais ces familles sont complètement laissées dans l’ignorance, tout comme les dizaines de milliers de personnes qui sont prises dans l’énorme arriéré de demandes du gouvernement.
Il n’y a pas que ceux qui sont coincés en Afghanistan. Cet automne, j’ai rencontré d’anciens interprètes afghans qui ont été réinstallés au Canada par l’ancien gouvernement conservateur. Maintenant que les talibans ont repris le pays, ils cherchent à faire sortir leurs familles et à les faire venir au Canada le plus tôt possible. Ils m’ont raconté comment leur famille était plus en danger aujourd’hui que jamais. Cependant, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada se traîne les pieds et laisse ces gens dans l’ignorance.
Lorsque le gouvernement afghan est tombé, les fonctionnaires n’ont pas eu le temps de détruire les documents de nature névralgique, si bien que les talibans ont toute l’information sur tous ceux qui ont servi dans la Force internationale d’assistance à la sécurité, l’armée afghane et les Forces armées canadiennes. Fiers de leur service pendant la guerre, les interprètes avaient diffusé des photos et des histoires sur les médias sociaux. Les talibans ont mis la main sur cette information également.
Depuis que les talibans ont commencé à reprendre l’Afghanistan, ils ont utilisé toute l’information sur laquelle ils ont pu mettre la main, pour trouver, cibler, arrêter, torturer et tuer quiconque a servi avec nous et nos alliés pendant la guerre. Si les talibans n’arrivent pas à trouver les interprètes ou le personnel de soutien, ils ciblent leur famille.
Les talibans envoient des messages et des courriels aux interprètes pour menacer leurs familles, leurs parents, leurs frères et sœurs, leur conjointe ou conjoint et leurs enfants. Lorsqu’ils comprennent que l’interprète est au Canada, ils commencent à tuer les membres de sa famille. La réponse du gouvernement à cette situation désespérée est d’offrir de prioriser les demandes de parrainage familial, les mêmes demandes dont le traitement accuse un énorme retard et qui n’ont pas été traitées pendant la pandémie.
J’ai personnellement vécu l’inaction et le désastre bureaucratique du gouvernement libéral. En 2015, j’ai participé à un parrainage pour faire venir une famille afghane au Canada. Les membres de la famille font partie d'une minorité religieuse et étaient persécutés par les gens mêmes qui contrôlent aujourd’hui l’Afghanistan.
Avant de poursuivre, monsieur le Président, j’aimerais dire que je partagerai mon temps avec la députée d’.
Mon frère aîné, le regretté Manmeet Singh Bhullar, a lancé une initiative extraordinaire pour amener chez nous les réfugiés sikhs et hindous persécutés. Il aura fallu quatre ans au gouvernement libéral pour faire venir au Canada les personnes qui étaient très persécutées, notamment les jeunes femmes et les filles qui étaient ciblées sur le chemin de l’école. Obligées à se convertir, elle étaient mariées de force, et le gouvernement civil n’a pas bougé pendant quatre ans.
La même chose se produit aujourd’hui. Tout cela est attribuable au retard bureaucratique créé par les libéraux qui cause tant de tort aux familles. Dans ce cas-ci, cela coûte des vies. Aujourd’hui, 1,8 million de demandes sont en attente de traitement et ce sont des familles qui sont touchées. Des familles souffrent et des vies sont en jeu.
Pensons aux réfugiés qui sont laissés pour compte par le gouvernement et qui espèrent être parrainés par le secteur privé. Si le parrainage privé n’a lieu qu’ici et là pendant une année électorale, comment peut-on dire que le gouvernement n’abandonne pas ces réfugiés?
Je tiens à profiter de l’occasion pour remercier tous les anciens combattants et les soldats en service actif du Canada, d’abord pour leur service et, deuxièmement, pour les efforts inlassables qu’ils ont déployés pour faire venir au Canada des interprètes afghans et leurs familles après l’arrivée des talibans. C’est grâce à eux, à d’autres Canadiens et à des gens partout dans le monde que des réfugiés afghans sont libérés.
Ces courageux anciens combattants se sont associés à des ONG pour combler le vide laissé par le gouvernement. C’est grâce aux anciens combattants et aux simples citoyens qui ont pris l’initiative d’agir que le premier avion de réfugiés afghans a finalement pu venir au Canada. C’est pourquoi nous devons adopter cette motion pour en finir avec la catastrophe qui s’est produite en Afghanistan et ne pas laisser le sacrifice de nos soldats être vain.
Nous devons agir et évacuer les réfugiés afghans abandonnés par le gouvernement. Des familles de personnes encore coincées en Afghanistan me disent qu’elles vivent dans la peur constante et qu’elles sont inquiètes chaque fois que le téléphone sonne. Elles ont peur qu’on leur apprenne que leurs proches ont été tués par les talibans.
Assez, c’est assez. Nous devons adopter cette motion pour que le gouvernement rende des comptes et que toute la lumière soit faite sur ses échecs. Nous nous targuons d’être des gardiens de la paix, des défenseurs de la démocratie et une terre de possibilités. Nous avons maintenant l’occasion de faire ce qui s’impose.
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Monsieur le Président, j’aimerais commencer mon intervention par cette citation:
[...] « bienvenue au Canada » [...] représente plus qu’une manchette ou un mot-clic. C’est l’accueil empreint d’humanité qu’espère chaque personne dont la famille est en crise. Je prie pour que vous continuiez à ouvrir vos portes et vos cœurs aux enfants et aux familles les plus vulnérables du monde, et j’espère que vos voisins suivront votre exemple.
Ces paroles ont été prononcées par Malala Yousafzai, la plus éminente citoyenne du Pakistan, ici même à la Chambre des communes en avril 2017. Quiconque siégeait pendant la 42e législature a pu entendre cette déclaration et être témoin du travail accompli par Malala Yousafzai pour défendre les droits de la personne, en particulier ceux des femmes.
Le moment est vraiment crucial, car nous célébrions hier le 100e anniversaire de l’élection de la première femme au Parlement. Nous devrions songer un instant à cet anniversaire et à ce qui se passe actuellement en Afghanistan. J’aimerais me pencher sur certains événements historiques en Afghanistan qui expliquent comment nous en sommes arrivés là.
Comme de nombreux députés l'ont indiqué, après les terribles événements du 11 septembre 2001, le Canada s’est joint à ses alliés pour combattre les talibans.
Le Canada a contribué à l’effort de guerre tandis que les talibans et leur insurrection continuaient de prendre de l’ampleur. Le Canada a conclu ses opérations en 2011 et quitté l’Afghanistan en 2014, mais il a participé à la reconstruction. En Afghanistan, nous avons perdu 158 soldats et beaucoup d’autres gardent des séquelles psychologiques et physiques.
Cette conversation est très importante parce que nous devons faire le point de la situation aujourd’hui. Pourquoi sommes-nous allés là-bas et quel travail important avons-nous accompli sur place? Quand les talibans ont pris le pouvoir, nous étions au courant des choses horribles qui arrivaient aux femmes dans ce pays. Il est très important que nous ayons ce comité. C’est important non seulement pour examiner les 2,2 milliards de dollars d’aide humanitaire à ce pays, mais aussi pour voir où nous en sommes aujourd’hui et comment nous pouvons avancer.
Comme je l’ai dit, hier, nous avons célébré les 100 ans de présence des femmes au Parlement, mais nous devons réfléchir à ce que nous voyons en Afghanistan. Tous les élus afghans sont des hommes. Ils ne sont pas là pour parler au nom des femmes, mais au nom des talibans.
J’ai entendu beaucoup de personnes évoquer certaines des tragédies. Pendant que je faisais des recherches et examinais toute l’information pour cette intervention, je me suis dit que nous avons à la Chambre d’anciens avocats, d’anciens journalistes et des personnes qui travaillaient dans la radiodiffusion publique. Cependant, aujourd’hui, en Afghanistan, ce ne serait pas possible pour une femme. Les talibans l’interdisent. Au cours des quatre derniers mois, les femmes qui se battaient pour continuer d’être la voix des femmes sont maintenant cloîtrées chez elles et se font dire de ne pas sortir pour des raisons de sécurité. Nous entendions déjà cela de 1996 à 2001, quand les talibans dirigeaient le pays. Malheureusement, nous voyons exactement la même chose se reproduire aujourd’hui.
Que va faire le Canada devant cette situation? Le Canada parle des droits de la personne. Le Canada veut voir le sort des femmes s’améliorer. Nous savons à présent que les garçons sont autorisés à aller à l’école, de la 7e à la 12e année, mais pas les filles. Elles ne sont pas retournées dans ces lieux d’éducation. Malala a déclaré: « Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. La puissance de l’éducation leur fait peur. Ils ont peur des femmes. La puissance de la voix des femmes leur fait peur. »
C’est exactement ce que nous voyons aujourd’hui, un pays qui régresse. Nous voyons un pays qui a maintenant fait marche arrière sur tous les droits des femmes. Malheureusement, nombre de ces femmes essaient d’avancer et de se faire entendre. Comme beaucoup de députés l’ont dit, à quel prix. Très souvent, au prix de leur vie, ce qui doit beaucoup nous inquiéter. Voilà de quoi nous devrions parler au comité, pas seulement du fait que nous avons failli en Afghanistan en août 2021, mais de ce que nous pouvons faire à l’avenir pour garantir qu’il y ait une égalité.
Une athlète olympique afghane aimerait participer aux Jeux olympiques de 2024, mais pour l’heure, elle se cache chez elle. À cause de ses messages sur Facebook et sur d’autres comptes de médias sociaux, plusieurs talibans à sa recherche se sont présentés chez elle. Cette jeune femme craint à présent pour sa vie. Voilà les personnes pour qui nous devrions nous battre. Elles font partie des plus vulnérables dans le monde. Elles devraient avoir cette possibilité.
Quand l’Afghanistan a été ruiné après les talibans, le Canada a participé à la refonte et à la restructuration du pays. Nous avons participé à l’éducation et aux infrastructures. Nous avons participé à la formation des forces de police. Tel était notre rôle.
À toutes ces personnes, qu’elles soient dans les Forces armées canadiennes ou qu’elles soient membres d’ONG de tout le Canada, je dis merci beaucoup d’œuvrer à un monde meilleur. Malheureusement, nous sommes dans une impasse et nous savons que nous reculons. Il est très important que nous continuions d’avancer, cependant.
Je vais lire une citation de l’athlète olympique dont je parlais. C’est une athlète paralympique. Voici ce qu’elle a déclaré: « Je vous en prie, tous et toutes, et en particulier toutes les femmes dans le monde et les institutions féminines et les Nations unies, empêchez qu’on prive aussi facilement de son droit une citoyenne afghane membre du mouvement paralympique. »
Cette jeune athlète fait du taekwondo. C’est le genre de choses que nous recherchons au Canada. Nous essayons de faire en sorte d’offrir des possibilités aux enfants de notre pays. Nous savons que la pauvreté continue de s’aggraver en Afghanistan, que les pénuries alimentaires s’installent et que les Afghans doivent affronter beaucoup d’autres problèmes chaque jour.
Quand les talibans ont pris le pouvoir, ils ont promis de respecter les femmes et de les autoriser à participer à la vie publique conformément à la loi islamique, mais les écoles secondaires restent fermées aux filles et beaucoup de femmes découvrent qu’il est difficile de retourner travailler, à l’exception de quelques professionnelles dans certaines parties du secteur de la santé.
Nous devons reconnaître que les droits des femmes ne sont pas défendus. Nous devons parler de ce que nous voulons voir dans le monde. Quand nous parlons des guerres et des choses horribles qui se passent dans ces pays, nous savons que la question de l’égalité y est pour beaucoup. Malheureusement, c’est tout l’inverse que nous voyons en Afghanistan. C’est pourquoi nous devons travailler de concert. Telle est la réalité de ce que vivent les Afghanes et, je le répète, nous devons être sur le terrain pour aider ces personnes.
Le 26 août, nous avons pu faire venir des personnes au Canada, nous avons réussi à avoir des places sur des vols. Nous devons en faire plus. Comme l’ont mentionné de nombreux députés, les vétérans et d’autres personnes qui regardent ce qui se passe en Afghanistan adressent des courriels et des lettres à nos bureaux pour demander comment ils peuvent aider.
Nous savons qu’il ne nous suffira pas de fermer les yeux sur cette tragédie pour qu’elle disparaisse. Il est important d’avoir ce comité pour parler de ce qui s’est passé en août, de ce que nous aurions dû faire et de ce que nous allons faire pour avancer.
Les temps sont difficiles pour tous et je voudrais parler du ministère et de ce qui est arrivé. Nous voyons des choses simples, comme le fait que le ministère des Affaires féminines a été remplacé. Depuis l’arrivée des talibans au pouvoir, les femmes n’ont plus de ministère. Ils l’ont remplacé par le ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice.
Peut-être que quelqu’un peut m’expliquer de quoi il s’agit. On sent beaucoup de fermeté, mais il n’est pas question d’égalité pour les femmes, ni d’éducation ou de possibilités pour les familles et les générations à venir. Quelle autre mesure vont-ils prendre?
Je terminerai par une citation du maire par intérim de Kaboul, qui a déclaré que les femmes fonctionnaires municipales devaient rester chez elles, sauf si elles occupent « des postes que les hommes ne peuvent pas occuper ou qui ne leur sont pas destinés ».
Nous devons comprendre que nous ne voulons pas reculer. Le Canada est un pays qui doit montrer ses principes, travailler en collaboration avec d’autres pays et veiller à être là pour l’Afghanistan en cette période difficile.