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Monsieur le Président, tout d'abord, en ce 6 décembre, je vais prendre quelques instants pour souligner l'anniversaire de l'horrible tragédie de la Polytechnique Montréal au cours de laquelle 14 jeunes femmes ont perdu la vie.
On doit toujours prendre quelques minutes lors de cette journée pour réfléchir non seulement à ce qui s'est passé à ce moment-là, mais aussi à ce qui continue de se passer encore dans notre société. Les violences faites aux femmes sont encore présentes, et ce, plus que jamais. Le fait de prendre le temps de se remémorer cette horrible tragédie fait qu'on regarde le présent pour voir ce qui a été fait et ce que nous continuons de faire chacun chez nous, dans notre domicile, dans notre rue pour nos voisins et un peu partout pour que de pareils gestes ne se reproduisent pas. Cela comprend de petits gestes quand un homme ou une femme est aux prises avec une situation de violence familiale vraiment inacceptable. Les femmes se retrouvent la plupart du temps démunies, sans ressources et sans aide, parce qu'elles n'ont tout simplement pas les moyens et les ressources nécessaires à proximité pour dénoncer ces situations de violence conjugale et s'en sortir.
Je tiens à rappeler pour tous les citoyens et les citoyennes, et particulièrement pour les femmes de ma circonscription, les numéros de téléphone à composer si elles se retrouvent dans une situation difficile. Dans la MRC des Appalaches, la maison d'hébergement La Gîtée peut être jointe au 418-335-5551; dans la MRC du Granite, on peut joindre La Bouée au 819-583-1233. D'ailleurs, je salue les femmes de la région MRC du Granite qui, aujourd'hui, marchent pour dénoncer la violence faite aux femmes et pour faire avancer cette cause. Dans le Centre-du-Québec, la maison d'hébergement pour femmes La Volte-Face peut être jointe au 819-795-3444. Pour l'ensemble du Québec, si on a besoin d'aide, on peut joindre SOS violence conjugale au 1-800-363-9010.
Des ressources sont disponibles et des gens sont là pour apporter leur aide. Il s'agit de trouver une façon de prendre le téléphone pour demander de l'aide. C'est quelque chose dont chacun d'entre nous devrait être plus conscient.
Je m'adresse également à tous ceux et celles qui côtoient des familles où la violence est présente. Trop souvent, on ferme les yeux, on regarde à côté, on fait comme si ce n'était pas vrai et comme si cela ne se passait pas. Depuis le début de la pandémie, il y a eu un nombre anormalement élevé de féminicides et cela continue. Je pense que si chacun d'entre nous prenait le temps de regarder ce qui se passe, de faire un geste et d'essayer d'aider les gens qui sont aux prises avec ce phénomène de violence faite aux femmes, on pourrait sûrement faire une différence, on pourrait peut-être sauver une nouvelle victime. Il pourrait y avoir une victime on ne sait pas quand, on ne sait pas où, parce que personne n'aura ouvert les yeux et tout le monde aura fait semblant que ce sont des choses qui n'arrivent pas.
Je tenais à dire ces quelques mots en cette journée du 6 décembre. C'est extrêmement important et c'est directement lié au projet de loi dont nous parlons aujourd'hui. Il s'agit d'un projet de loi pour contrer l'intimidation et le harcèlement faits aux travailleurs et aux travailleuses de la santé. Cette forme d'intimidation n'a pas sa place dans notre société.
Le Service de police de Thetford a publié son rapport annuel pour 2020. J'en parle parce qu'on va demander aux policiers d'appliquer une loi pour faire cesser ou diminuer le harcèlement envers les travailleurs de la santé, envers les travailleurs essentiels et envers nos anges gardiens qui ont été là depuis le début de la pandémie.
Ces policiers sont très conscients de la situation et des problèmes et souhaitent eux aussi avoir les moyens d'intervenir. Par exemple, ils l'ont fait à 315 reprises, soit une hausse de 17 %, entre 2019 et 2020 pour des situations en lien avec la santé mentale des personnes. Même si le nombre de suicides ou de tentatives de suicide a diminué de 3 % dans la région pendant la même période, les policiers s'attendent — comme l'indique le rapport — à une augmentation de ce genre d'interventions au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
Ces policiers ont été présents depuis le début. Je pense que l'on doit aussi avoir une pensée pour eux, qui auront à faire appliquer ces lois et ces mesures, tout en permettant et en laissant le droit aux gens de manifester calmement.
Si l'on regarde tout ce qui s'est passé depuis le début de la pandémie, beaucoup de nos travailleurs et de nos travailleuses de la santé, nos anges gardiens et nos anges gardiennes, nous ont fait part du fait qu'ils étaient exténués face à une maladie dont ils ignoraient à peu près tout. Ils n'étaient pas suffisamment protégés et craignaient pour leurs proches, sans compter qu'ils devaient faire des heures supplémentaires, des quarts de travail de 16 heures d'affilée. Cela a été extrêmement épuisant pour tout le personnel de la santé.
Au fur et à mesure que la situation évoluait, on a malheureusement vu de plus en plus de gens manifester contre ces mêmes travailleurs, qui se dévouaient corps et âme pour tenter de sauver la population, nos voisins, nos voisines, notre oncle, notre tante, notre grand-mère et notre grand-père de ce méchant virus qui touche notre société depuis le mois de mars 2020. Cela se rajoute au stress du travail qu'exige cette maladie inconnue et à la fatigue professionnelle. Je pense donc qu'il était temps que le gouvernement intervienne pour protéger ces travailleurs et, surtout, qu'on les reconnaisse.
Je veux moi aussi reconnaître l'ensemble de la profession. Je pense ici aux infirmières et aux infirmiers, qui ont fait un travail extraordinaire et qui sont eux aussi à bout de souffle. Il n'y a pas qu'eux, par contre, et je pense aussi aux préposés aux bénéficiaires et au personnel de soutien. Je pense également aux gens qui travaillent à la désinfection dans nos hôpitaux, dont on parle peu, mais qui sont pourtant directement en première ligne face à la COVID-19. Je pense au personnel administratif qui est là et qui nous reçoit dans les hôpitaux, dont les membres ont eux aussi dû vivre une période assez difficile. Je pense aux techniciens de laboratoire qui manipulent ce fameux virus pour déterminer qui sont ceux et celles d'entre nous qui en sont atteints.
Toutes ces personnes méritent le respect et, surtout, la protection de leur gouvernement et de leurs concitoyens et concitoyennes. Ils ne doivent pas subir de harcèlement ni de menaces. Je pense encore aux médecins qui se dévouent et aux spécialistes. Je pense également aux éducatrices en service de garde qui, pour soigner nos enfants, doivent elles aussi affronter chaque jour ce stress additionnel qu'est la pandémie puisque les jeunes enfants n'ont pas accès à la vaccination et sont une cible potentielle de ce maudit virus, même si les effets sont moins importants chez eux.
Je pense aux enseignants et aux enseignantes, je pense aussi aux policiers, dont j'ai parlé tout à l'heure, ainsi qu'aux ambulanciers et aux travailleurs sociaux qui, eux aussi, doivent se rendre sur place et rencontrer beaucoup de gens en raison de problèmes de santé mentale. C'est donc la moindre des choses que l'ensemble de ces professions-là reçoivent une protection de leur gouvernement contre ce harcèlement et contre l'intimidation.
Pour ces raisons, je vais sûrement appuyer cette initiative, d'autant plus que c'était une proposition de la plateforme déposée par le député de , le leader de l'opposition officielle, lors de la dernière campagne électorale. Il a voulu déposer un projet de loi pour protéger les infrastructures essentielles, dont celles du secteur de la santé.
Je le fais aussi pour ma fille, qui étudie présentement pour devenir infirmière. Elle a la vocation et la passion, elle veut aider et elle veut servir. Je pense que l'on doit la soutenir et l'encourager, non pas la décourager.
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Monsieur le Président, puisque c'est la première fois que je prends la parole à la Chambre depuis les élections, j'aimerais à mon tour remercier les électeurs de LaSalle—Émard—Verdun de m'avoir fait confiance pour un troisième mandat. En tant que député, je ferai de mon mieux pour bien les représenter.
J'aimerais aussi souligner cette date du 6 décembre. En tant que Montréalais, Canadien et Québécois, je suis toujours très ému lorsque je me rappelle ce qui s'est produit le 6 décembre à Montréal, alors que 14 jeunes femmes qui étudiaient pour devenir ingénieures ont perdu la vie. Je ferai de mon mieux pour que de tels événements ne se reproduisent jamais.
[Traduction]
Je suis heureux de prendre la parole à l'occasion de la deuxième lecture du projet de loi , que j'ai présenté de pair avec le la semaine dernière. Mes remarques porteront surtout sur les modifications au Code criminel prévues dans le projet de loi.
Je suis fier du projet de loi , mais, pour être franc, je suis aussi déçu, tout comme l'était la députée de il y a un instant, que nous ayons à proposer des modifications au droit criminel pour expressément protéger les travailleurs de la santé et les patients contre l'intimidation et les entraves à l'accès.
Depuis le début de la pandémie, il y a 20 mois, le secteur de la santé au Canada est confronté à des défis sans précédent. Les professionnels de la santé travaillent sans relâche et dans des conditions extrêmement difficiles pour sauver des vies. Un sondage mené par Statistique Canada indique que 7 travailleurs de la santé sur 10 rapportent une aggravation de leur santé mentale en raison de la pandémie. Toutefois, cela n'est que la pointe de l'iceberg.
En plus du fardeau mental, nos professionnels de la santé vivent aussi de la violence au travail.
La Dre Katharine Smart, présidente de l'Association médicale canadienne, a déclaré à la population canadienne, à l'occasion d'une conférence de presse sur ce projet de loi, que les résultats préliminaires du Sondage national de l'AMC sur la santé des médecins de 2021 indiquent que trois médecins sur quatre ont subi de l'intimidation et du harcèlement au travail. Elle a en outre déclaré qu’un médecin sur trois affirme que cela se produit régulièrement. Chez les femmes médecins, c'est de l'ordre des 80 %. Ces chiffres sont profondément perturbants, surtout quand on constate l'incidence sur les femmes dans le milieu de la santé.
[Français]
La plupart des Canadiens ont fait preuve d'un grand respect envers nos travailleurs de la santé et ont suivi les conseils des responsables de la santé publique. Malheureusement, un petit nombre d'individus refusent de croire ou de suivre les mesures de santé publique fondées sur la science. Parmi eux, un plus petit groupe a même proféré des menaces, y compris des menaces de mort. Ces gens ont aussi commis des actes de violence à l'encontre des travailleurs de la santé, lesquels exerçaient simplement leur métier en fournissant des soins essentiels aux Canadiens.
La violence envers les travailleurs de soins de la santé est un problème de longue date. Depuis le début de la pandémie, les travailleurs de la santé ont exprimé des inquiétudes quant à leur capacité de continuer à exercer leurs fonctions, et certains ont même été contraints de quitter leur profession. De plus, les personnes ayant besoin de services de santé ont exprimé des craintes similaires quant à leur capacité d'accéder aux établissements de santé en toute sécurité.
Je ne saurais trop insister sur ma déception en réaction à de tels actes. Il n'y a tout simplement pas de place au Canada pour une telle conduite, et nous ne le tolérerons pas. La liberté d'expression et de manifestation sur ce qu'une personne ne croit pas être juste est une liberté précieuse du pays, mais les Canadiens comprennent qu'il y a une distinction entre exprimer ses opinions et menacer ceux avec qui on est en désaccord.
[Traduction]
Nous avons vu les conséquences de ce genre d'agressions. Par exemple, la Dre Gretchen Roedde de Latchford, en Ontario, a décidé de prendre sa retraite plus tôt que prévu en raison du harcèlement qu'elle subissait en ligne. Cette petite ville pourrait perdre une médecin à cause de ce genre de comportement.
Ce qui est encore plus troublant, c'est que les insultes et le harcèlement ciblent même des enfants. Nolan Blaszczyk, un garçon de 7 ans, s'est fait agresser verbalement lorsqu'il est allé se faire vacciner en compagnie de sa mère. Abby Blaszczyk s'est fait dire qu'elle assassinait son fils et qu'elle prenait part à un génocide. Qui peut accepter cela?
[Français]
Nous savons que le Code criminel, par l'entremise d'un large éventail d'infractions générales, protège tous les Canadiens. Le Code interdit déjà certains de ces comportements monstrueux dont nous avons été témoins l'année dernière: agressions, harcèlement criminel, intimidations et menaces. Aujourd'hui, nous voyons à quel point il est urgent d'aller plus loin.
[Traduction]
Il est devenu nécessaire et urgent de parfaire ces mesures en interdisant explicitement ce genre de comportements dans le secteur de la santé.
Au cours de la dernière campagne électorale, alors que les manifestations liées à la COVID-19 près des hôpitaux prenaient de l'ampleur, le s'est engagé à protéger les travailleurs de la santé et à faire en sorte que tous les Canadiens puissent avoir accès aux services de santé sans craindre d'être intimidés. Les mesures que comprend le projet de loi viennent appuyer ces engagements et prévoient différentes réponses aux comportements dangereux qui ciblent présentement le secteur de la santé.
Le projet de loi crée deux nouvelles infractions qui concernent spécifiquement le secteur de la santé.
Premièrement, on mettrait en place une nouvelle infraction d'intimidation pour protéger ceux qui offrent et ceux qui reçoivent des soins de santé. Il y a déjà des dispositions pénales à l'égard de l'intimidation en général, mais ces modifications donneraient aux forces de police et aux procureurs des outils supplémentaires pour protéger plus particulièrement ceux qui offrent et ceux qui reçoivent des soins de santé. Par ailleurs, une peine maximale plus sévère de 10 ans d'emprisonnement serait prévue. À l'heure actuelle, l'infraction d'intimidation est passible d'une peine d'emprisonnement maximale de cinq ans.
Les dispositions sur cette nouvelle infraction conféreraient aux travailleurs de la santé des protections semblables à celles offertes à des intervenants du système de justice comme les juges, les jurés, les témoins ainsi que les journalistes qui font des reportages sur le crime organisé. L'intimidation est traitée comme une infraction plus grave lorsqu'elle vise à empêcher ces intervenants de remplir leurs importantes fonctions.
Cette infraction d'intimidation a été créée en réponse à une série d'incidents où des procureurs, des témoins et d'autres intervenants ont été intimidés par des organisations criminelles afin de déstabiliser le système de justice pénale. À l'instar de ce que nous faisons maintenant, le Parlement a décidé à l'époque de renforcer les protections du droit pénal pour cette forme d'intimidation en créant une infraction distincte passible d'une peine plus sévère. Il est important de protéger les gens qui travaillent à améliorer notre pays, que ce soit dans le système de santé ou au sein du système de justice.
Selon les dispositions sur la nouvelle infraction d'intimidation, il serait interdit de provoquer la peur chez les professionnels de la santé afin de les empêcher de remplir leurs fonctions. Comme je l'ai indiqué précédemment, cela comprend les professionnels de la santé qui travaillent dans des cliniques d'avortement et d'autres intervenants qui font fréquemment l'objet de menaces et d'intimidation. Toute personne dont les fonctions consistent à appuyer un professionnel de la santé dans l'exercice de ses fonctions serait aussi protégée par ces dispositions. Selon les circonstances, il pourrait s'agir d'un préposé aux services de soutien ou du personnel médical qui travaille auprès d'un médecin ou d'un membre du personnel infirmier.
Étant donné qu'une foule d'intervenants contribuent aux services de santé offerts au Canada, toute personne qui aide les professionnels de la santé à remplir leurs fonctions est couverte à juste titre par ces dispositions.
[Français]
L’infraction proposée protégera également toute personne qui recherche et reçoit les services de soins de santé. Tout comportement visant à susciter la peur chez une personne cherchant à obtenir un service de santé, dans le but de la contraindre à ne pas obtenir ce service, serait expressément interdit.
La création de cette nouvelle infraction nous permettra également d’augmenter la peine maximale pour ce comportement. La nouvelle infraction sera l’infraction hybride et, en cas de mise en accusation, elle sera passible d’une peine maximale de 10 ans d’emprisonnement. Il s’agit d’une peine plus élevée que l’infraction générale d’intimidation qui est de cinq ans.
En augmentant la peine de cette manière, on envoie un message très clair selon lequel le Parlement condamne fermement ces formes de comportements dirigées vers le secteur de la santé.
Il y a un autre point sur lequel je veux être très clair. L’infraction d’intimidation proposée peut être commise en personne ou par des moyens électroniques, y compris les médias sociaux, ou par d’autres communications en ligne. Les médias de tout le pays révèlent que des prestataires de soins de santé sont menacés et intimidés dans les médias sociaux. Les associations médicales, dont l’Association médicale canadienne et l’Ontario Medical Association, ont confirmé que les menaces et les intimidations se produisent non seulement en personne, mais aussi en ligne. L’infraction d’intimidation s’appliquerait, quel que soit le moyen de communication.
[Traduction]
Outre le fait qu'il protège les héros du secteur des soins de santé, le projet de loi crée aussi une nouvelle infraction en interdisant d'empêcher ou de gêner intentionnellement l'accès par autrui à un établissement de santé. L'infraction vise à protéger l'accès à tout endroit où des services de santé sont offerts, notamment les hôpitaux, les cliniques mobiles, d'avortement et de vaccination et les cabinets de médecin, voire la résidence d'un médecin si c'est là que ce professionnel fournit ses services. Cette nouvelle infraction mixte est passible d'un emprisonnement maximal de 10 ans.
Je tiens à être très clair au sujet d'une chose en particulier. Rien dans le projet de loi ne nuirait à la capacité des travailleurs de faire la grève ou à celle des Canadiens de manifester pacifiquement. Le gouvernement souscrit à la Charte et aux libertés qu'elle garantit, notamment la liberté d'expression et le droit de grève. Voilà pourquoi cette infraction exclurait expressément toute activité pacifique et légale, comme une grève ou une manifestation pacifique, même si elle avait de légères répercussions sur l'accès. Il n'est pas déraisonnable d'accepter les légers désagréments causés aux personnes qui souhaitent entrer dans un édifice si c'est pour assurer la protection des libertés auxquelles nous tenons tant. Cependant, tout comportement menaçant ou violent ou qui crée un obstacle majeur à l'accès serait à juste titre traité comme une infraction criminelle. Voilà la position actuelle en matière de droit pénal, et le projet de loi ne ferait que la confirmer.
Le projet de loi donne une définition de « professionnel de la santé » pour préciser la portée des infractions et la façon dont elles doivent être traitées par la police et les procureurs. Aux termes du projet de loi, un professionnel de la santé s'entend d'une personne autorisée par le droit d'une province ou d'un territoire à fournir des services de santé, comme les médecins ou le personnel infirmier. Étant donné que l'administration du secteur de la santé et la réglementation des professionnels de la santé et des services de santé relèvent des provinces et des territoires, la définition est suffisamment large pour être applicable au système de santé de l'ensemble des provinces et territoires.
[Français]
J'aimerais maintenant parler des réformes en matière de détermination de la peine qui sont incluses dans le projet de loi . Ces changements répondent aux préoccupations de longue date des professionnels de la santé et, en fait, des parlementaires de tous bords qui ont présenté des réformes similaires dans le passé par le truchement de projets de loi émanant des députés.
Le projet de loi obligerait les tribunaux chargés de la détermination de la peine à considérer comme un facteur aggravant la preuve que l'infraction a été commise contre un fournisseur de soins de santé qui agissait dans l'exercice de ses fonctions. La peine sera également aggravée lorsqu'une infraction a eu pour effet d'empêcher une personne d'obtenir des services de santé. D'ailleurs, les deux groupes de notre système de santé doivent être protégés: ceux qui fournissent des soins de santé et ceux qui les reçoivent.
Les préposés au soutien personnel, aussi appelés préposés aux bénéficiaires, sont aussi vulnérables à la violence sur leur lieu de travail. Même s'ils ne sont pas réglementés dans de nombreuses régions du pays comme étant des professionnels de la santé, ils fournissent tout de même des soins et un soutien essentiels à de nombreux Canadiens. Par conséquent, les facteurs aggravants proposés incluent aussi expressément les services de soins personnels.
[Traduction]
Ces réformes de la détermination de la peine sont fondées sur des appels lancés depuis longtemps par les intervenants. En effet, lors de la conférence de presse qui a suivi la présentation du projet de loi, les présidents de l’Association médicale canadienne et de la Fédération canadienne des syndicats d'infirmières et d'infirmiers ont affirmé l'importance de ces mesures pour nos travailleurs de la santé.
L'adjonction au projet de loi des circonstances aggravantes découle aussi d'une recommandation du rapport de 2019 du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes intitulé « Violence subie par les travailleurs de la santé au Canada ». Ce rapport demandait au gouvernement du Canada de modifier le Code criminel afin d'exiger, aux fins de la détermination de la peine, que le tribunal tienne pour circonstance aggravante le fait que la victime d'une agression soit un travailleur du secteur de la santé. Le même rapport révèle que le taux de violence au travail est quatre fois plus élevé chez les travailleurs de la santé que dans toute autre profession, même si la plupart de ces violences ne sont pas signalées en raison d'une culture d'acceptation.
Si la pandémie a créé de nouveaux défis pour les travailleurs de la santé et exacerbé la violence à laquelle ils sont exposés, comme je l'ai déjà mentionné, les fournisseurs de services d'avortement et les femmes qui y font appel ont également été victimes de menaces et de violences inacceptables. Il n'y a pas si longtemps au Canada, dans les années 1990, un certain nombre de médecins ont été abattus parce qu'ils offraient des services d'avortement. On a bloqué l'accès à des cliniques d'avortement et on les a attaquées. Des personnes cherchant à obtenir des services d'avortement ont été harcelées, menacées et intimidées par des personnes opposées à l'avortement. La sûreté et la sécurité des travailleurs de la santé qui offrent des services d'avortement et des patients demeurent une question préoccupante. Notre gouvernement protégera les prestataires de services d'avortement comme les autres professionnels de la santé. Nous soutenons le droit des femmes à disposer de leur corps et à avoir le même accès sans entrave aux services d'avortement qu'aux autres services de santé.
[Français]
J'ai l'espoir — sans doute partagé par nous tous ici aujourd'hui — que les travailleurs de la santé pourront un jour faire leur travail sans violence tout en se sentant en sécurité et valorisés alors qu'ils prennent soin de nous. Comme nous le savons, la pandémie n'est pas terminée, et notre besoin de protéger les travailleurs du secteur de la santé ne l'est pas non plus.
Ces travailleurs jouent un rôle essentiel dans la santé de chaque Canadien. C'est grâce à eux que nous avons pu résister à cette pandémie dévastatrice et faire des plans pour nous rétablir en tant que société et en tant que pays. Les réformes proposées améliorent les mesures existantes dans le Code criminel et bénéficient d'un large soutien de la communauté médicale. Pour ces raisons, j'exhorte tous les députés à appuyer de toute urgence le projet de loi , qui est important et nécessaire.
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Monsieur le Président, j’aimerais d'abord vous informer que je partagerai mon temps de parole avec ma chère et estimée collègue de .
De plus, permettez-moi en ce 6 décembre, jour du triste drame de Polytechnique où, il y a 32 ans, 14 femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes, d'offrir mon soutien et ma solidarité, et de dire que nous nous souvenons.
Revenons maintenant au projet de loi , présentement à l'étude. Ce projet de loi a deux dimensions: il modifie le Code canadien du travail et il modifie le Code criminel. Ces deux recueils de lois ne s'adressent pas à la même tribune.
Ce qu'on comprend de ce projet de loi, c'est qu'il est lié à un engagement que le gouvernement avait pris lors de la dernière campagne électorale, laquelle n'avait pas lieu d’être. Au cours de cette campagne électorale, le gouvernement avait affirmé sa volonté d’augmenter les jours de congé de maladie pour les travailleurs qui n’en ont pas et de renforcer le Code criminel pour punir plus sévèrement les personnes qui entravent la prestation de soins de santé ou qui intimident les professionnels de la santé.
Comme il s'agit ici de deux compétences, et puisque ce projet de loi méritera effectivement une étude en comité, je me demande dans quel comité il serait le plus judicieux de l'étudier.
Le gouvernement a cru bon de venir renforcer de manière très importante les mesures du Code criminel pour pénaliser ceux et celles qui viendraient intimider ou harceler les patients et les travailleurs ou les travailleuses de la santé, mais est-ce le bon remède au bon problème?
L’étude du projet de loi sera nécessaire afin de répondre correctement à cette question. On peut comprendre ce que vise cette mesure: dire clairement aux travailleuses et aux travailleurs de la santé et aux personnes qui ont besoin d’avoir accès à tous les soins de santé qu’on ne tolérera jamais que ces gens puissent être intimidés ou craindre de se faire soigner. Je pense qu'on comprend bien le message, qui était peut-être nécessaire.
Cependant, la question que je me pose, étant moi-même une travailleuse de la santé, même si c’était il y a quelque temps, est la suivante: est-ce que nos lois du travail, en matière de santé et de sécurité, protègent également bien le milieu de travail contre les actes de violence, d’intimidation et de harcèlement?
Cette dimension aurait peut-être pu être examinée. Au-delà des événements que nous avons tous pu observer dans les provinces et au Québec, des mesures contre la violence, l’intimidation et le harcèlement sont revendiquées depuis longtemps par les grands syndicats comme devant être renforcées également dans les lois du travail, parce que les employeurs ont eux aussi l’obligation de s’assurer d’un milieu de travail sain.
Au Québec, nous avons pu observer des situations impliquant des anti-vaccins devant les écoles primaires. À moins grande échelle, il y en a également eu devant les hôpitaux et dans les cliniques de vaccination. Le gouvernement du Québec n’a pas attendu après le fédéral pour venir renforcer les amendes de façon serrée, en plus d’augmenter la sécurité publique. C’est pour cela que nous nous demandons si le renforcement du Code criminel est le bon remède.
Le Congrès du travail du Canada a été clair et nous le sommes aussi: on doit éviter de priver les individus du droit fondamental de s'associer, de se syndiquer, de faire la grève, de faire du piquetage et de se mobiliser. C'est un droit majeur garanti par la Constitution et l'on devra s'assurer de l'inscrire dans ce projet de loi.
En ce qui concerne le Code canadien du travail, le disait, vendredi, dans sa présentation, qu'il y a des lacunes dans le filet social. Ce n'est pas une grande révélation. Les lois du travail au Canada ont besoin d'un peu d'amour et d'être dépoussiérées depuis longtemps. En effet, 58 % des travailleurs au Canada n'ont pas de congés payés, c'est-à-dire 580 000 personnes, et il est temps de leur accorder 10 jours de congé de maladie payé. On pourrait aussi modifier le Code canadien du travail pour y ajouter la hausse du salaire minimum promise par le gouvernement lors du dernier budget. Cela enverrait un signal clair dans le contexte actuel de protection des travailleurs, qui doivent avoir de bonnes conditions et de bons salaires.
En parlant de lacunes dans le filet social, le gouvernement a oublié un aspect important: le régime d'assurance-emploi. Je pense particulièrement aux personnes malades. Le gouvernement laisse pour compte des milliers de personnes qui n'ont ni congés de maladie payés ni régime d'assurance-salaire et qui ne peuvent bénéficier que de 15 semaines en cas de maladie. C'est véritablement une faiblesse dans le filet social.
Pourquoi le gouvernement a-t-il privilégié un projet de loi qui vise le Code canadien du travail ainsi que le Code criminel, qui sont deux systèmes différents, et qu'il n'a pas plutôt renforcé les lois du travail et le régime d'assurance-emploi afin de protéger les personnes malades qui se retrouvent devant rien en cas de maladie grave?
Pourquoi le gouvernement, même s'il en avait l'intention, ne s'est-il pas assuré de bien protéger dans le Code criminel le droit constitutionnel de manifester et celui de s'exprimer librement? Ce sont deux questions qu'il sera important d'étudier en comité.
Nous sommes favorables au principe du projet de loi avec les nuances qu'il faudrait y apporter.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, nous sommes le 6 décembre et, comme mes collègues, je vais prendre quelques moments pour penser aux victimes de la tuerie de l'École polytechnique et à leurs proches. À l'époque, j'avais 12 ans. J'ai, heureusement ou malheureusement, une excellente mémoire, notamment celle des émotions. Je me souviens avec une grande clarté du stress, de la détresse et de l'incompréhension que j'ai vécus à 12 ans en constatant que des femmes pouvaient être assassinées simplement parce qu'elles étaient femmes. Je pensais que c'était exceptionnel, mais je me rends compte aujourd'hui que cela arrive encore trop souvent, malheureusement.
J'ai déjà posé des questions à la Chambre depuis le début de la présente législature, mais, puisqu'il s'agit aujourd'hui de mon premier discours, je prends aussi le temps de remercier les citoyens de Beauport-Limoilou qui m'ont élue et me permettent maintenant de continuer à les servir et à les représenter. Je remercie aussi mes bénévoles, qui ont été d'un soutien incomparable durant cette deuxième campagne que j'ai vécue. Je parle d'un soutien incomparable en pensant à comment s'était passée ma première campagne: nous étions deux. Je les remercie infiniment, car ils ont apporté toute une contribution, étant présents même les journées de canicule. C'est extraordinaire.
J'aimerais enfin saluer mes amours: Pierre, Zoé, Louis, Benoît et Simon. Mes amours sont extraordinaires et, sans eux, ma vie ne serait tout simplement pas belle. Je les aime fort.
Je pourrais parler encore longtemps de l'aide que j'ai reçue durant la campagne et de toute ma reconnaissance envers chacune des personnes de 18 à 77 ans qui a offert de son temps précieux. Aujourd'hui, tout comme ces personnes m'ont aidée, c'est à mon tour d'aider à améliorer la vie des gens en apportant mes réflexions sur le projet de loi C-3, Loi modifiant le Code criminel et le Code canadien du travail.
Je dois avouer qu'à la lecture du préambule et des huit articles du projet de loi, je me suis d'abord demandé comment ce projet de loi allait vraiment aider les gens. Je reprends donc ici l'analyse rapide que j'en ai faite en le lisant.
L'article premier ajoute dans les définitions d'infraction celle sur l'intimidation dans les services de santé. En somme, on précise que l'intimidation dans un contexte de services de santé constitue une infraction. Ce n'est là qu'un ajout à une longue liste de ce qui est considéré comme étant une infraction. II y aurait certainement moyen de simplifier tout cela en précisant que toute forme d'intimidation, peu importe le statut ou l'emploi qu'occupe une personne, est une infraction. Cependant, il s'agissait ici d'une promesse électorale, j'en conviens. Ainsi, préciser envers qui l'intimidation est une infraction fait bien paraître dans la situation dans laquelle nous vivons aujourd'hui.
Le deuxième article du projet de loi insère une nouvelle disposition au Code criminel, soit le paragraphe 423(2). Ce dernier précise que l'intimidation est une infraction lorsqu'elle est commise envers une personne qui demande des soins de santé — un patient —, un professionnel de la santé ou toute personne travaillant à soutenir un professionnel de la santé. Cela inclut donc les préposés, les adjointes administratives, les concierges, et j'en passe.
En somme, toute intimidation ayant pour but d'empêcher une personne de recevoir des soins de santé ou d'en donner est une infraction. À mon avis, cet article tombe sous le sens, et ce, non seulement concernant la vaccination, mais également en lien avec d'autres situations déplorables que les patients et le personnel des services de santé peuvent vivre.
Pensons par exemple aux femmes qui vont dans une clinique de planification familiale et qui se font accueillir par des gens qui hurlent et crient de colère. Pensons à ces personnes et au personnel de la clinique, qui voient cette dernière être vandalisée ou leurs pneus de voiture être crevés. Tous ces actes sont inadmissibles et manquent singulièrement de civilité, de respect et de dignité, en plus d'avoir un effet négatif sur la santé physique et psychologique des victimes de ces actes.
Le nouvel article 423.2, aux deuxième et troisième paragraphes, précise que le fait de bloquer l'accès à un lieu où sont donnés des soins de santé constitue une infraction et qu'une peine maximale de 10 ans peut maintenant être donnée à une personne coupable de cette infraction. Ici, je me suis questionnée. Qu'en est-il des travailleurs faisant la grève devant leur lieu de travail? Leur droit de grève sera-t-il respecté ou sera-t-il considéré comme une forme d'intimidation?
La question se pose, d'autant plus que le projet de loi C-3 précise qu'une personne ne peut pas être considérée comme coupable si elle va sur les lieux d'une manifestation pour donner ou recevoir des informations. Par exemple, on peut penser à un journaliste. S'il est précisé qu'une personne allant chercher ou recevoir des informations ne peut pas être déclarée coupable d'infraction, pourquoi n'est-ce pas précisé qu'une personne exerçant son droit de grève ne peut pas, elle non plus, être considérée comme étant en état d'infraction? Après tout, une grève est une forme de manifestation devant les lieux où sont donnés des services de santé.
L'article 3 du projet de loi ajoute une définition à la PARTIE XV du Code criminel qui concerne les procédures et pouvoirs spéciaux, en particulier les analyses génétiques effectuées à des fins médicolégales. Cet ajout a pour effet que l'article 423.2 fait également partie des définitions d'infraction secondaire. On couvre ainsi toutes les possibilités afin qu'il y ait moins de voies de sortie pour une personne utilisant l'intimidation envers les services de santé. Par contre, je me questionne sur la nécessité d'analyse génétique dans le cas d'intimidation. Le lien n'est pas clair.
L'article 4 modifie le paragraphe 515(4.1) qui précise les conditions aggravantes d'une accusation. On y ajoute que le fait d'intimider le personnel des services de santé constitue une condition aggravante. C'est bien.
L'article 5 précise que l'infraction a été commise envers une personne prodiguant des soins de santé, des soins personnels et a eu pour conséquence de nuire à une personne devant recevoir ces soins. Donc, on couvre toutes les personnes qui sont en lien direct ou indirect avec un service de santé. Je n'ai rien à dire, mais qu'est-ce que cela veut dire exactement?
Tout cela implique que dorénavant, comme le Québec l'a fait il y a quelques mois, les manifestations ne sont pas permises aux alentours des lieux où sont prodigués des soins de santé et qu'il n'est pas permis d'intimider le personnel des services de santé, pas plus qu'il n'est permis d'intimider une personne ayant pris la décision de recevoir des soins de santé, peu importe son âge et la nature de ces soins de santé.
Tel que je l'ai précisé auparavant, je trouve que tout cela tombe sous le sens puisque l'intimidation, peu importe envers qui elle est dirigée, est un acte indécent, inacceptable, dégradant, stressant et manquant singulièrement de dignité et de respect. Je le répète, parce que je pense que c'est important que cela reste en mémoire. De tels actes ne devraient jamais être commis envers qui que ce soit, peu importe le statut social ou l'emploi.
Cela dit, l'intimidation était déjà incluse dans le Code criminel. Pourquoi apporter ces précisions? Je me pose encore la question. Si l'intimidation est inacceptable et qu'elle est une condition aggravante, elle l'est pour tout le monde. Ne sommes-nous pas tous égaux devant la loi? Était-il réellement utile de faire un projet de loi pour préciser que l'intimidation envers le personnel des services de santé est criminelle? Tous égaux devant la loi. Si nous sommes victimes d'intimidation, nous sommes tous, peu importe notre âge, notre statut social et notre emploi, victimes d'un acte criminel.
Le projet de loi C-3 modifie également le Code canadien du travail en éliminant une partie du paragraphe 206.6(1), soit l'alinéa a) où il est précisé qu'un employé a droit à au plus cinq jours de congé de maladie par année pour soigner sa maladie ou sa blessure. Cet alinéa est éliminé parce que, maintenant, ce sera au plus 10 jours avec certificat médical. Plusieurs employés partout au Canada seront touchés. Ma question est la suivante: si c'est sous compétence fédérale, est-ce que cela peut venir influencer la négociation des syndicats et des travailleurs? Il faut s'assurer que les droits de grève et les droits des syndicats de négocier leurs conditions de travail ne sont pas assujettis à ce projet de loi.
En somme, le Bloc québécois est d'accord sur le principe de protéger les travailleurs de la santé et les travailleurs sous compétence fédérale. Cependant, des précisions devront être apportées en comité par amendement afin que les autres droits des travailleurs, dont celui de manifester et celui de négocier de bonne foi leur convention collective soient également respectés.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
J'aimerais d'abord souligner à quel point la journée d'aujourd'hui est importante. En effet, aujourd'hui, nous agissons pour mettre fin à la violence contre les femmes. Je tiens à rendre hommage à toutes les femmes qui sont décédées au Canada et ailleurs dans le monde ainsi qu'à toutes les femmes qui continuent de se battre, chaque jour. En tant que société, nous avons encore beaucoup de travail à faire pour mettre fin à la violence contre les femmes, mais aujourd'hui, nous avons le devoir de redoubler nos efforts pour réaliser des progrès.
Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et le Code canadien du travail. J'examinerai d'abord les modifications proposées au Code criminel du Canada.
Au cours des 19 derniers mois environ, les travailleurs de première ligne, surtout ceux du secteur de la santé, ont eu à relever d'énormes défis. Ils travaillent sans relâche pour aider les Canadiens à traverser la pandémie. À bien des égards, ils mettent les membres de leur famille en danger ou sont éloignés d'eux depuis le début de la pandémie. Nous sommes très reconnaissants de leur dévouement.
Dans ma ville, Scarborough, je sais que des membres du Scarborough Health Network, du TAIBU Community Health Centre et d'autres organismes locaux ont apporté une aide essentielle. Malheureusement, de nombreux travailleurs de première ligne, en particulier dans le secteur de la santé, ont fait les frais de bon nombre des problèmes qu'on a connus dans les derniers mois, et j'aimerais en dire davantage à ce sujet. Je crois que les modifications proposées aujourd'hui permettraient de remédier à la situation.
Les gens devraient avoir comme droit fondamental de pouvoir travailler sans craindre de faire l'objet de harcèlement ou de toute forme de perturbation que ce soit de la part du public. Malheureusement, à cause des antivaccins et de bien d'autres personnes, certains travailleurs de la santé ont peur de retourner au travail. J'ai pu parler avec un grand nombre de membres du personnel infirmier, de préposés aux bénéficiaires et de médecins qui sont au bout du rouleau. Ils sont stressés et ils veulent partir ou ils envisagent de le faire parce qu'ils ne peuvent plus supporter ce qui leur arrive.
Je crois que tous les députés conviendront qu'il est troublant de voir des reportages sur des cas d'intimidation, de menaces et de violence à l'endroit de travailleurs de la santé et de patients. J'ai été choqué d'apprendre qu'au Canada, on utilise des plateformes en ligne pour inciter des personnes à tirer sur des professionnels de la santé qui vaccinent des enfants. Soyons clairs: une telle conduite est criminelle et n'a pas sa place dans notre société.
Le week-end dernier, j'ai pu faire vacciner ma deuxième fille. Elle a reçu sa première dose, administrée par la Dre Jaya, qui a joué un rôle prédominant dans la lutte contre la COVID. Je sais qu'elle et ses collègues veulent travailler dans un milieu où ils sont libres et en sécurité. Nous sommes très reconnaissants de ce qu'ils ont accompli jusqu'à présent.
Le projet de loi vise à offrir de meilleures protections aux travailleurs de la santé et à ceux qui veulent obtenir des services de santé en cette période de lutte contre la pandémie de COVID-19. L'accès sans entrave aux services de santé est crucial pour aider le Canada à se sortir de la pandémie. Alors que l'Ontario a atteint un taux de vaccination de 90 % pour les personnes âgées de plus de 12 ans, il est plus important que jamais d'offrir des protections à tous les Canadiens qui travaillent dans le secteur de la santé.
Le projet de loi crée deux nouvelles infractions dans le Code criminel: l'une consiste à intimider dans des circonstances précises et l'autre, à empêcher l'accès à un endroit où des services de santé sont fournis. Je veux me concentrer aujourd'hui sur les modifications proposées relativement à la détermination de la peine, qui sont liées aux circonstances aggravantes prévues dans le projet de loi.
En quelques mots, les circonstances aggravantes sont des faits présentés dans une cause qui augmentent la gravité de l'infraction ou le degré de responsabilité du contrevenant. Parmi celles qui sont répertoriées dans le Code criminel, mentionnons la haine ou le préjudice qui motive une infraction, ou le fait que le contrevenant ait abusé de la confiance de la victime en commettant l'infraction. Pour prononcer une peine adaptée à l'infraction, la cour doit tenir compte de toutes les circonstances aggravantes et atténuantes qui sont présentes dans l'affaire en cause.
Avant d'examiner en détail les changements législatifs prévus, je veux fournir un peu plus de contexte quant aux modifications proposées relativement à la détermination de la peine.
En 2019, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a étudié la prévalence de la violence subie par les travailleurs de la santé au Canada. Il a rapporté que les travailleurs de la santé ont quatre fois plus de risque de subir de la violence au travail que les travailleurs des autres professions. Cette statistique est particulièrement préoccupante parce que les intervenants du milieu ont aussi signalé que la plupart des cas de violence qu’ils subissent ne sont pas signalés en raison de la culture d’acceptation de la violence.
Dans son rapport intitulé « Violence subie par les travailleurs de la santé au Canada », le Comité permanent de la santé formule plusieurs recommandations, y compris que le gouvernement du Canada modifie le Code criminel afin d’exiger qu’il considère comme circonstance aggravante pour la détermination de la peine le fait que la victime de voies de fait est un travailleur du secteur de la santé.
Les modifications apportées à la détermination de la peine dans le projet de loi répondent aux demandes de longue date des intervenants du milieu de la santé et à la recommandation du comité quant à l'inclusion dans le Code criminel des agressions contre les professionnels de la santé dans le cadre de leurs fonctions comme circonstances aggravantes pour la détermination de la peine, en plus d'être conformes à la common law à cet égard.
Je m'explique. À l'heure actuelle, les lois sur la détermination des peines offrent aux tribunaux le pouvoir discrétionnaire de prendre en considération toutes les circonstances aggravantes ou atténuantes liées à un crime afin que la peine qu'ils infligent soit proportionnelle à la gravité de l'infraction et au degré de responsabilité de l'inculpé. La liste des circonstances aggravantes se trouvant au sous-alinéa 7(1)a)(ii) du Code criminel n'est pas exhaustive, et les tribunaux peuvent en ajouter d'autres, ce qu'ils font d'ailleurs déjà. Pour tout dire, les tribunaux canadiens ont déjà considéré que le fait d'agresser une personne qui travaille dans le réseau de la santé constitue une circonstance aggravante.
Pour aller dans le même sens que les tribunaux, le projet de loi créera deux nouvelles circonstances aggravantes pour les personnes reconnues coupables d'infractions criminelles perpétrées dans un contexte lié aux soins de santé.
Serait ainsi considéré comme une circonstance aggravante le fait de commettre une infraction à l'encontre d'une personne qui, dans l'exercice de ses attributions, fournissait des services de santé. Le concept de services de santé ne sera pas défini dans le texte, mais les tribunaux sauront l'appliquer lorsque ce sera pertinent. Le projet de loi précise en outre que les services de soins personnels font partie des services de santé et que les dispositions sur les circonstances aggravantes pourront s'y appliquer.
Les préposés aux bénéficiaires fournissent des services de santé essentiels au bien-être de tous les patients. Or, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a signalé que 89 % de tous les préposés aux bénéficiaires avaient déjà subi de la violence physique au travail, selon une enquête effectuée pour le compte du Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario. C'est alarmant. L'ajout de ces circonstances aggravantes dans la loi montre que le Parlement estime que les actes criminels visant des préposés aux bénéficiaires doivent être reconnus comme tels et dénoncés.
Je pourrais encore parler longuement de ce sujet, mais je veux souligner le fait que nous sommes saisis d'un important projet de loi défendant les intérêts des travailleurs de la santé qui sont essentiels au rétablissement et à la prospérité de la société canadienne, surtout lors d'une pandémie mondiale. Ce projet de loi est attendu depuis longtemps et donne suite à un engagement important que le gouvernement a pris envers les Canadiens.
Pour toutes les raisons mentionnées, j'exhorte tous les députés à appuyer l'adoption rapide du projet de loi .
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Monsieur le Président, je suis honoré de prendre la parole au sujet du projet de loi , qui prévoit deux mesures de soutien pour les travailleurs canadiens de la santé, ce qui est très important, surtout en période de pandémie.
La deuxième moitié du projet de loi porte sur les congés de maladie payés, car personne ne devrait avoir à choisir entre se présenter au travail malade ou ne pas pouvoir payer ses factures. Comme la pandémie nous l'a appris, il est important de rester chez soi lorsqu'on est malade ou qu'on ne se sent pas bien pour éviter de contaminer ses collègues ou d'autres personnes. Un projet de loi adéquat s'impose donc pour protéger les travailleurs et leur procurer la flexibilité dont ils ont besoin pour prendre les mesures nécessaires à leur protection.
L'autre moitié du projet de loi, dont je vais parler plus en détail, vise à mettre en place des mesures adéquates dans le Code criminel afin de protéger les travailleurs, en particulier les professionnels de la santé, contre le harcèlement lorsqu'ils se rendent au travail. J'ai été ravi d'entendre les mesures proposées dans ce projet de loi lorsque celui-ci a été présenté.
Il y a eu un incident fort malheureux à l'hôpital général de Kingston au début de la campagne électorale, au moment où les manifestations prenaient de l'ampleur. Un groupe a décidé de manifester pas seulement devant l'hôpital général, mais carrément à l'entrée du centre d'oncologie de l'hôpital. Les gens qui s'y rendaient pour des traitements se faisaient harceler à leur arrivée et à leur départ par des manifestants qui les insultaient. De plus, les intervenants de première ligne, les infirmières et les médecins, se faisaient harceler lorsqu'ils arrivaient à l'hôpital ou qu'ils s'en allaient. C'est vraiment ridicule que nous ayons à tenir ce débat et qu'il faille adopter une loi. Cependant, de malheureux incidents du genre ont commencé à survenir partout, pas seulement à Kingston et les Îles.
Peut-être que le fait que la campagne électorale a eu lieu à ce moment précis a jeté de l'huile sur le feu. Ce qui est malheureux de la campagne, c'est que cet enjeu a pris une tournure politique. Le Parti populaire du Canada faisait activement la promotion de l'événement. Pendant la manifestation, on pouvait voir des pancartes du Parti populaire du Canada devant l'hôpital. C'était surtout ce parti et ses partisans qui faisaient la promotion de la manifestation sur Twitter. Évidemment, ils affirmaient le faire au nom des libertés civiles, parce qu'ils avaient l'impression que leurs libertés auraient été violées pendant la pandémie, ce que je trouve extrêmement alarmant.
Le Parti populaire n'a remporté aucun siège à la Chambre des communes, mais je trouve encore préoccupant de voir que certains députés tentent de brouiller les cartes en prétendant que les libertés civiles sont menacées pendant la pandémie. Malheureusement, je songe au caucus conservateur des défenseurs de la liberté récemment mis sur pied — peu importe son nom — qui compte approximativement de 15 à 30 députés et sénateurs qui estiment de leur devoir de défendre les libertés qui auraient été brimées pendant la pandémie. Je pense que tous ici à la Chambre croient fermement que nos concitoyens bénéficient de certains droits en vertu de la Charte et que ces droits n'ont absolument pas été lésés pendant la pandémie. Toutefois, ce n'est pas ainsi que certains voient les choses. Les chefs de parti qui jettent de l'huile sur le feu par leurs gestes et leurs propos ne font qu'inciter les organisateurs de ces manifestations à monter aux barricades, attaquer et laisser entendre qu'il y a lieu de protéger ces droits.
Cette attitude donne lieu à des situations comme celle qui s'est produite dans ma circonscription, Kingston et les îles, en face de l'Hôpital général de Kingston. Environ 50 personnes criaient, hurlaient et lançaient des insultes et des accusations dirigées non seulement contre les professionnels de la santé, le personnel infirmier et les médecins qui arrivaient à l'hôpital ou qui en partaient, mais également contre les gens qui se présentaient à la clinique d'oncologie de l'hôpital et aux patients qui la quittaient immédiatement après un traitement.
Les députés imaginent sans peine le tollé provoqué par ce genre de manifestation. L'affaire a passablement secoué la collectivité et provoqué énormément de colère et de frustration. Cependant, elle a également été l'occasion pour ce groupe de s'affirmer.
Cette mesure législative vise précisément à interdire ce type d'activités aux termes du Code criminel et à exiger que les contrevenants répondent de leurs actes. Je me réjouis de la rapidité avec laquelle nous avons présenté le projet de loi, qui figurait parmi nos promesses électorales. J'aimerais qu'il soit renvoyé au comité le plus vite possible afin de faire l'objet d'une étude en bonne et due forme. J'ai écouté le débat d'aujourd'hui, et certains de mes collègues ont soulevé des questions sur la teneur du projet de loi et sur ses effets. Je repense à la question précédente du député néo-démocrate, et ce sont là de bonnes questions à étudier au comité, où nous pourrons régler les détails pour faire en sorte que cette mesure législative soit la meilleure possible.
En réalité, le projet de loi se veut un engagement envers les Canadiens. Nous nous engageons ainsi à ne pas tolérer ce genre de comportements aux alentours des établissements de soins de santé qui fournissent des services. Les travailleurs de première ligne sont là pour offrir des services à nos collectivités. Nous ne permettrons aucune activité visant à les intimider, à les harceler ou à les empêcher de se déplacer librement à l'intérieur et à l'extérieur d'un tel établissement pour offrir des services de première ligne.
Je sais que nous allons bientôt passer à la période des questions et je serai heureux d'entamer mes cinq minutes pour les questions, mais je tiens à dire que je suis ravi que nous soyons saisis de cette mesure législative. J'aimerais que le projet de loi soit renvoyé rapidement au comité pour qu'il puisse faire l'objet d'un examen approfondi avant d'être présenté de nouveau à la Chambre en vue de son adoption.