La Chambre reprend l'étude, interrompue le 29 novembre, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole aujourd'hui pour participer au débat sur le projet de loi à l'étape de la troisième lecture.
Il s'agit d'une mesure législative cruciale, et je commencerai mon discours avec quelques observations préliminaires. Le gouvernement s'engage sans réserve à utiliser tous les moyens possibles pour faire progresser la réconciliation dans notre pays. Il va sans dire que, lorsque nous parlons de réconciliation, la reddition de comptes est un incontournable, le fait que le gouvernement, le pays, doit être tenu responsable des torts historiques qu'ont subis les peuples autochtones pendant des siècles sur ce territoire.
Au cours des sept dernières années, les habitants de ma circonscription, Parkdale—High Park, à Toronto, m'ont régulièrement parlé de l'importance de la réconciliation, de la nécessité de la faire progresser et de donner suite aux appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation. Je suis très heureux de noter que ces appels, cinq d'entre eux en particulier, sont au cœur du projet de loi.
Des gens de ma circonscription et de partout au pays m'ont dit que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir, en tant que gouvernement et en tant que Parlement, pour réparer les torts qui ont été infligés à des générations d'Autochtones, en particulier aux enfants autochtones qui, dans le cadre du programme des pensionnats, ont été séparés de leur famille, et dépossédés de leur culture, mais aussi bien souvent de leur langue et, en fait, de leur histoire.
Il y a sept ans, en 2015, avant notre arrivée au pouvoir, nous avons fait campagne en faveur d'une relation renouvelée avec les peuples autochtones, une relation qui serait fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat. Toute relation de nation à nation, telle qu'elle est proposée, repose sur le respect fondamental de l'autonomie et de l'autodétermination des divers peuples autochtones avec lesquels nous sommes en relation, à savoir les Premières nations, les Inuits et les Métis. Ce principe est important sur la scène internationale, mais il l'est aussi ici même au Canada.
Le processus de réconciliation dont je parle doit être guidé par la participation active et le leadership des peuples autochtones. J'ouvre une parenthèse pour dire que nous en avons eu un exemple dans un projet de loi sur lequel j'ai eu le privilège de travailler à l'avant-dernière législature; si ma mémoire est bonne, il s'agissait du projet de loi ou . Cependant, ce n'est pas le numéro du projet de loi que nous avons présenté à l'époque qui est important, mais plutôt le projet de loi sur les langues autochtones que nous avons présenté et adopté au cours de la présente législature et qui fait maintenant fermement partie du droit canadien.
Dans ce contexte, nous avons élaboré conjointement le projet de loi dans cet esprit de réconciliation, c'est-à-dire en permettant aux communautés autochtones, aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis de participer pleinement et d'assumer la direction du développement. C'est un aspect important de la réconciliation et de la façon dont elle se manifeste, mais ce projet de loi l'est aussi. Grâce au projet de loi, nous mettrions en place les mécanismes institutionnels qui sont demandés pour les peuples autochtones dans les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, afin qu'ils puissent demander des comptes au Canada et au gouvernement canadien concernant l'atteinte des objectifs sur la voie de la réconciliation.
Quel est l'objet du projet de loi ? Il s'intitule « Loi prévoyant la constitution d'un conseil national de réconciliation ». Comme le projet de loi sur les langues autochtones sur lequel j'ai eu le privilège de travailler il y a deux législatures, il a été élaboré avec la participation active des communautés, des organisations et des membres des Premières Nations ainsi que des communautés inuites et métisses, à l'échelle de tout le pays. Cette mesure prévoit la mise sur pied d'un conseil indépendant et permanent dirigé par les Autochtones et ayant pour mandat de surveiller et de soutenir les progrès en matière de réconciliation au Canada, notamment en ce qui concerne la pleine mise en œuvre des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation.
Parlons de ces appels à l'action. J'en ai fait mention au début de mon intervention. Ces appels pressent le gouvernement de créer un organe non partisan qui exigerait une reddition de comptes de la part du gouvernement du Canada sur les mesures prises en vue de la réconciliation. Je précise que ce sont dans les appels à l'action nos 53 et 54 que la commission demande l'établissement d'un conseil national de réconciliation et un financement permanent, élément qui est vraiment crucial. Le gouvernement doit non seulement créer cet organe, mais il doit également le financer adéquatement.
L'appel à l'action no 55 demande au gouvernement de fournir au conseil l'information pertinente et les outils pour lui permettre de s'acquitter de son mandat. L'appel à l'action no 56 demande au gouvernement de publier un rapport annuel, en réponse au rapport annuel du conseil national, sur les mesures prises pour faire avancer le dossier de la réconciliation. Il s'agit d'un autre élément clé.
Je vais m'écarter du sujet un instant. Je sais que des amendements très utiles ont été proposés à l'étape de l'étude en comité et, si je ne m'abuse, qu'ils ont été adoptés à l'unanimité. Un d'entre eux demandait que le lui-même se charge de la réponse du gouvernement, ce qui est vraiment crucial pour mettre l'accent sur le fait que la réconciliation est un dossier aussi important que prioritaire. Il est essentiel de ne pas sous-estimer les effets qu'aura un tel conseil sur l'établissement avec les peuples autochtones du type de relations que j'ai mentionné au début de mon intervention.
Par l'intermédiaire du rapport annuel, le Canada serait tenu de rendre régulièrement compte des progrès réalisés et aussi de ceux qu'il reste à faire, notamment en cernant les défis et les obstacles.
Ce sont les personnes les plus touchées par les politiques en question, c'est-à-dire les Premières Nations, les Inuits et les Métis du Canada, qui détiendraient le pouvoir et qui l'exerceraient pour demander des comptes au gouvernement en place.
C'est vraiment important. Cela n'a rien à voir avec la partisanerie. Il ne s'agit pas de savoir de quoi le gouvernement libéral sera tenu responsable, mais bien d'établir ce que n'importe quel gouvernement au pays serait tenu de faire, à l'avenir, en ce qui concerne l'avancement de la réconciliation, ce qui est absolument crucial dans un dossier aussi urgent.
Évidemment, ce n'est que le début du travail nécessaire. Nous savons qu'en Ontario, dans ma province, le revenu médian d'un ménage autochtone correspond à 80 % de celui d'un ménage non autochtone. Nous savons que l'espérance de vie d'une personne autochtone est inférieure de plus de neuf ans à celle d'une personne non autochtone au pays.
Nous savons que si moins de 5 % des Canadiens sont autochtones, les femmes autochtones représentent plus de la moitié de la population carcérale dans les pénitenciers fédéraux. En ce qui concerne les hommes, bien que les hommes autochtones représentent 5 % de la population, ils comptent pour 30 % de la population carcérale. Ces statistiques sont vraiment effrayantes.
Entre parenthèses, je peux dire que l'appel à l'action no 55 de la Commission de vérité et réconciliation comporte plusieurs sous-éléments, dont deux qui parlent de faire en sorte que, dans ses rapports, le conseil fasse état des progrès réalisés « dans la réduction du taux de la victimisation criminelle des Autochtones » et, à l'alinéa vii, « en ce qui touche la réduction de la surreprésentation des Autochtones dans le système judiciaire et correctionnel ».
Selon moi, l'un des aspects importants de ce que fera le conseil, ainsi que le gouvernement dans sa réponse, consiste à souligner les démarches déjà amorcées.
Je suis très heureux de dire que, il y a environ deux semaines, nous avons réussi à faire adopter le projet de loi et qu'il a obtenu la sanction royale. Le projet de loi porte sur les peines minimales obligatoires au pays, qui sont en place depuis beaucoup trop longtemps, car elles ont mené à la surincarcération de délinquants à faible risque qui n'en sont qu'à leur première condamnation, ce qui touche de manière disproportionnée les hommes autochtones et noirs au Canada.
C'est un aspect important de nos efforts de réconciliation et de la mise en œuvre d'éléments précis des appels à l'action. Voilà exactement le genre de chose que j'aimerais voir dans les rapports du conseil et les réponses du gouvernement du Canada afin de déterminer les prochaines étapes en vue de remédier à des problèmes tels que la surreprésentation des Autochtones dans les prisons.
Il y a des effets durables. Toutes les données statistiques que j'ai mentionnées montrent les effets durables du traumatisme intergénérationnel qui afflige les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis au Canada. Elles résultent de la discrimination et du racisme systémiques qui perdurent dans notre pays. Il est essentiel de le souligner. Ce devrait être un fait absolument incontestable à la Chambre.
Nous ne pouvons pas commencer à nous attaquer à des questions aussi graves sans avoir inclus dans la loi un mécanisme qui permet de faire répondre le gouvernement au pouvoir, de façon continue, d'actions passées et présentes ainsi que des mesures prises pour réparer ces injustices historiques.
J'ai été fort ravi que le projet de loi rallie l'appui de tous les partis à l'étape de la deuxième lecture. J'ai bon espoir que ce sera aussi le cas à cette étape-ci.
Je souligne, encore une fois, certains des principaux amendements qui ont été apportés. J'en ai mentionné un dès le début de mon discours. Parmi les autres amendements utiles qui ont été présentés par un groupe multipartite au comité, un visait à assurer la représentation des aînés et des survivants des pensionnats autochtones ou de leurs descendants au sein du conseil d'administration. C'est un aspect tout à fait crucial.
Je signale, de manière un peu subjective, que j'ai été assez heureux de voir que l'importance de la revitalisation, de la restauration et de la non-extinction des langues autochtones fait également partie des amendements suggérés par le comité, que nous avons déjà adoptés sans réserve au Parlement.
Comme je l'ai mentionné précédemment, il reviendra au lui-même de répondre au rapport annuel.
Cela dit, ce projet de loi ne ferait pas qu'imposer des obligations au gouvernement. Il l'obligerait à se regarder continuellement dans un miroir, en nous exhortant à ne jamais cesser de nous efforcer de faire le meilleur travail possible en matière de réconciliation. Il nous pousserait à assumer les méfaits du passé et les défis du présent ainsi qu'à chercher résolument à faire mieux à l'avenir.
Je pense qu'une telle honnêteté et une telle responsabilisation sont réclamées depuis longtemps, et le projet de loi constitue un pas dans la bonne direction.
Je dis bravo pour ce projet de loi et j'exhorte tous mes collègues à faire de même et à assurer son adoption.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir reprendre mon intervention. Je voulais plutôt dire le et son parti. Cependant, j'aimerais préciser que le a utilisé un accessoire pendant son discours d'hier, et que je ne l'ai pas rappelé à l'ordre pour cela. Je vais simplement en rester là.
Je précise également que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue et ami le député de .
Hier, j'ai entendu une conversation qui m'a quelque peu troublé. Pendant cette conversation, certains semblaient plutôt contre l'idée de promouvoir la réconciliation économique. Or, je pourrais citer à ce sujet bon nombre de témoignages entendus au comité. On a parlé non seulement de réparer les torts du passé et de ce qu'on peut faire actuellement à cet égard, mais aussi de se pencher véritablement sur tout ce dont les peuples autochtones du pays auront besoin pour assurer leur prospérité et leur réussite afin de promouvoir cette réconciliation absolument essentielle.
Je trouve inquiétant que certaines personnes de gauche dans ce pays aient des réserves à ce sujet. J'aimerais poser une question très générale à ceux qui nous écoutent. Pourquoi certaines entités politiques du pays s'opposent-elles autant à l'idée de veiller à ce qu'on donne aux peuples autochtones tous les outils nécessaires pour réussir et prospérer?
J'ose croire que tous les députés partagent cet objectif. Je me réjouis de constater que dans ma province, en Alberta, on trouve de nombreux exemples de partenariats entre, d'une part, les Premières Nations et les conseils de bande et, d'autre part, le secteur de l'exploitation des ressources, qu'il s'agisse du secteur pétrolier et gazier ou non. Hier, on a laissé entendre, à tort, que les conservateurs ne s'intéressent qu'aux partenariats d'exploitation du pétrole et du gaz. Cependant, j'ai eu la chance de rencontrer une bande qui se trouve juste au sud de ma circonscription. Elle est en train de s'acquitter d'importantes formalités administratives et de surmonter des obstacles bien regrettables pour construire une centrale solaire.
La créativité des Autochtones débouche sur des innovations et des progrès incroyables, ce qui leur garantit une place de choix dans l'avenir économique de notre pays. Il convient de souligner l'importance de ce type de réconciliation.
Quant au projet de loi , qui donne suite aux appels à l'action nos 53 à 56 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation, nous avons souligné l'importance du processus démocratique depuis le dépôt de cette mesure législative. Lors du débat de deuxième lecture, j'ai soulevé un certain nombre de préoccupations, tout comme l'ont fait bon nombre de mes collègues. Nous avons débattu le projet de loi en profondeur, puis nous l'avons renvoyé au comité.
Les travaux du comité nous ont vraiment permis de voir le processus parlementaire à l'œuvre. Je crois que les conservateurs ont proposé environ 20 amendements. L'un d'entre eux visait à corriger une erreur — du moins, j'espère que c'en était une — dans la réponse à l'appel à l'action no 56. Au lieu que le donne suite aux recommandations du conseil, c'est le qui l'aurait fait. La Commission était très claire à cet égard, mais le projet de loi a confié cette responsabilité à quelqu'un d'autre, par mégarde je l'espère.
En tout cas, les conservateurs ont été très productifs, et, si ma mémoire est bonne, ils ont réussi à faire adopter 17 de leurs 20 amendements par le comité. Ces amendements renforceraient le projet de loi, permettraient de répondre à certaines des préoccupations exprimées par les intervenants et favoriseraient une véritable réconciliation.
Certaines choses pourraient certainement encore être améliorées, et je mets quiconque au défi d'affirmer que le projet de loi est parfait dans sa forme actuelle. Par contre, j'ai été incroyablement déçu, hier, lorsqu'un des amendements a été adopté par le comité, notamment avec l'appui d'un des députés libéraux. Les libéraux ont adopté un amendement à l'étape du rapport, hier, qui visait à retirer du projet de loi une organisation autochtone nationale, le Congrès des peuples autochtones.
Certains députés ne connaissent peut-être pas tous les détails qui font que cela est important. Plus précisément, cela concerne l'affaire Daniels et de longues procédures judiciaires impliquant des groupes d'Autochtones, dont des Indiens non inscrits. C'est important parce que, souvent, les discussions se concentrent sur les personnes ayant le statut d'Indien inscrit, alors qu'un grand nombre d'Autochtones au pays n'ont pas nécessairement de certificat de statut d'Indien délivré par le gouvernement. Cependant, hier, les libéraux ont délibérément inclus un amendement, adopté par le comité, visant à retirer le Congrès des peuples autochtones du conseil.
Je vais expliquer pourquoi c'est préoccupant. Souvent, notamment aujourd'hui, les libéraux nous disent à quel point il est important que diverses voix s'expriment à la table. Toutefois, les libéraux risquent de trouver que certaines positions du Congrès des peuples autochtones sont gênantes, à l'instar de certains de ses membres, qui tiennent des propos critiques à l'égard du gouvernement. Toutefois, même s'ils critiquent le gouvernement, cela ne signifie pas que leur voix ne devrait pas être incluse. Je crois que c'est l'Association des femmes autochtones qui a été incluse grâce à un amendement conservateur.
Je suis très déçu de constater qu'on s'attaque ainsi à toute une série de peuples autochtones du Canada. Cela comprend de nombreuses personnes qui ne correspondent pas au stéréotype de l'Autochtone qui vit dans une réserve et qui possède une carte du gouvernement indiquant qu'il est membre ou non d'une bande. C'est le terme « ou non » qui est absolument déterminant.
Nous avons entendu beaucoup de gens des quatre coins du pays, surtout depuis que le chef du Parti conservateur a tenu un grand nombre d'activités de communication dans les communautés autochtones d'un océan à l'autre. Ces personnes ont un sentiment d'espoir et de confiance en l'avenir. Le et chef du Parti conservateur fait ressortir le potentiel réel qui existe pour les peuples autochtones du Canada. Je suis ravi d'être membre d'un parti qui cherche les occasions de parvenir à une véritable réconciliation et qui ferait en sorte que l'on donne vraiment aux peuples autochtones du Canada toutes les occasions possibles pour réussir et prospérer au Canada.
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Monsieur le Président, je suis très fier de participer à ce débat, particulièrement à la suite du discours éloquent de mon collègue. Je vais me souvenir longtemps de sa phrase en anglais.
[Traduction]
Il a dit qu'ils ne souhaitent pas considérer les intervenants des Premières Nations comme de véritables partenaires. J'adore cette déclaration.
[Français]
Nous sommes réunis aujourd'hui pour la dernière étape du projet de loi visant à créer le Conseil national pour la réconciliation. C'est toujours avec fierté et émotion que je prends la parole sur un dossier qui touche les Premières Nations. En effet, j'ai le grand honneur et le privilège d'être le député de Louis-Saint-Laurent grâce au soutien et au concours des gens de la circonscription. Je représente les gens de Wendake, la communauté autochtone dans la région de Québec bien connue, bien établie. On sait que les Wendats sont là depuis la nuit des temps, mais ils le sont de façon plus permanente dans la région nord de Québec. Cela fait plus de 300 ans qu'ils sont là. Cela fait en sorte que nous avons des relations fécondes, extraordinaires, exemplaires et, je dirais, très inspirantes pour l'ensemble des Canadiens et l'ensemble des Premières Nations. J'aurai l'occasion d'y revenir plus tard.
Évidemment, nous sommes d'accord pour la création de ce conseil national de la réconciliation. Nous estimons qu'il s'agit d'un pas en avant pour justement mieux travailler, mieux grandir et mieux vivre ensemble, que ce soit les Autochtones ou les non-Autochtones.
Je me permets de saluer l'exceptionnel travail de mon collègue de la circonscription de . Je suis heureux de ne pas m'être trompé. S'il y a une seule chose que je n'aime pas dans mon métier au fédéral, c'est les noms de circonscription électorale qui n'en finissent plus de finir. Je ne serai jamais candidat à la présidence de la Chambre, parce que je ne serai jamais capable de me souvenir ne serait-ce que de deux noms. Les titulaires actuels de la présidence peuvent être sans crainte, ils n'ont pas devant eux un potentiel adversaire.
Mon collègue de Desnethé—Missinippi—Rivière Churchill a fait un travail que j'estime être exemplaire, pour travailler correctement sur ce projet de loi. Au départ, le projet de loi tel qu'il a été présenté avait certaines lacunes que mon collègue avait dénoncées. D'abord, remarquons que ce projet de loi a été très lent avant d'être présenté, débattu et adopté à la Chambre des communes. En fait, les premiers signaux lancés par le gouvernement pour le projet de loi remontent à décembre 2017. On sait qu'il y a eu des élections. On sait qu'il y a eu encore des élections. On sait qu'il y a eu une prorogation de la session, parce que le premier ministre ne voulait pas qu'on aille au fond des choses dans le scandale de l'organisme UNIS, ce qui fait qu'il a toujours fallu le reporter. Cela fait que cinq ans après la première ébauche, on se retrouve maintenant à cette étape-ci. Cela a été beaucoup trop long.
Mon collègue a également mentionné des problèmes de transparence et d'indépendance par rapport à la nomination des membres de ce conseil national. Nous nous interrogions aussi sur la solidité des résultats. Comment pouvions-nous mesurer les résultats réels, concrets, pertinents et fructueux pour ce conseil, puisqu'il y avait, à notre point de vue, des failles à ce moment-là?
C'est la même chose en ce qui concerne la reddition de comptes. La définition était beaucoup trop vague, à notre point de vue. Enfin, nous voulions que ce conseil se rapporte directement non pas au ministre responsable des relations Autochtones-gouvernement, mais plutôt au premier ministre lui-même. D'ailleurs, c'était une des recommandations du rapport de 2015 qui allait dans ce sens-là.
Mon collègue a piloté l'étude article par article de ce projet de loi et y est allé de façon positive et constructive pour bonifier et améliorer ce projet de loi. Pas moins de 19 amendements ont été déposés par mon collègue. La preuve que le travail a été fait de façon sérieuse et rigoureuse, 16 de ces 19 amendements ont été acceptés. Un 17e amendement a presque été adopté, mais malheureusement un partenaire a tourné les talons au dernier moment.
Je dis bravo et merci aux collègues des autres formations politiques, mais surtout gloire et honneur au collègue qui a proposé ces amendements pour le bien du projet de loi et pour faire avancer correctement ce projet de loi. Donc, nous devons une fière chandelle à mon collègue de Desnethé—Missinippi—Rivière Churchill. Quand je dis « nous », je parle de nous, les parlementaires, mais surtout de nous, les Canadiens et les Premières Nations, pour que nous puissions travailler de belle façon avec ce conseil national de la réconciliation.
Nous allons donc voter en faveur de ce projet de loi qui a été amendé avec 16 amendements présentés par mon collègue de l'opposition officielle, ce qui bonifie le projet de loi.
[Traduction]
Je pense qu'il est très important de rappeler à tout le monde que nous ne parlons pas d'un tout nouveau départ. Il s'agit d'une partie de notre histoire canadienne. En ce qui concerne les Premières Nations, nous devons tous, en tant que fiers Canadiens — ce que nous devons être — reconnaître que des choses répréhensibles ont eu lieu dans notre passé. Le fait est que nos relations avec les Premières Nations n'ont pas été très bonnes, et ce, pendant des siècles.
Nous pourrions parler du fait que, partout dans le monde, les grands pays doivent aborder ce genre de problème. Oui, ça va de soi. Cependant, ce n'est pas parce que le reste du monde s'est mal comporté que nous devons accepter le fait que nous ayons fait la même chose. C'est pourquoi je pense qu'il s'agit d'un pas en avant et d'une bonne façon d'aborder le problème.
[Français]
Je me permets de rappeler que je n'étais pas dans la Chambre lors de ce grand moment, qui est survenu le 11 juin 2008. Or bien des gens qui siègent ici, à la Chambre, y étaient. Pour la première fois de l'histoire, le gouvernement du Canada, par l'entremise de son premier ministre le très honorable Stephen J. Harper, a présenté des excuses formelles aux Premières Nations pour les horreurs commises sous le système des écoles dites « résidentielles ».
[Traduction]
Pour la première fois, la seule fois dans l'histoire parlementaire canadienne, un leader d'une Première Nation a écouté ici, à la Chambre, les excuses officielles nationales d'un premier ministre et y a répondu.
La seule fois où un chef de Première Nation s'est adressé directement aux Canadiens à la Chambre des communes, c'était en 2008, à l'époque du gouvernement de l'ancien premier ministre Stephen Harper. Quoi que nous puissions dire, quoi qu'il arrive, quel que soit notre parti, nous devons être fiers de ce grand moment de l'histoire du Canada.
[Français]
Que s'est-il passé à la suite de ces excuses? Le premier ministre a fait en sorte que ce ne soit pas la dernière étape. Au contraire, c'était le début de ce qui devait être la réconciliation. Il a créé la Commission de vérité et réconciliation. Pendant cinq ans, de façon studieuse et rigoureuse, cette commission s'est promenée d'un océan à l'autre. Je m'en souviens, parce que j'étais député provincial et que j'avais assisté à l'une de ces auditions, à Wendake.
Ce sont des milliers de citoyens et des milliers de gens des Premières Nations qui ont témoigné de l'horreur de cette tache ignoble que nous avons, comme Canadiens, dans notre histoire: les écoles résidentielles qui faisaient en sorte que l'on allait tuer, au cœur de l'enfant, l'Indien. C'est terrifiant de penser à cela, de penser que cela s'est passé pendant des générations, pendant plus de 100 ans. Ce sont des milliers de personnes qui en portent encore les cicatrices aujourd'hui.
Oui, ce qui s'est passé est grave et il faut le reconnaître. Oui, il y a eu des excuses. Oui, la commission a été créée. Elle a déposé des rapports et plus de 90 recommandations en 2015. D'aucuns se souviendront des réactions que nous avons eues à ce moment: oui, il fallait prendre conscience de cela.
Je rappelle que six recommandations précises, de 71 à 76, touchaient directement la question des sépultures et des cimetières. Quand on a découvert des cimetières il y a deux ans et que tout le monde, d'un coup sec, a découvert l'horreur de ce qui s'était passé, où étaient ces gens quand les excuses publiques ont été présentées en 2008? Où étaient ces gens pendant les six années où la commission a mené l'enquête sur les Premières Nations? Où étaient ces gens en 2015 quand on a déposé ce rapport, qui contenait précisément des actions pour régler ce problème?
Voilà ce qui arrive quand, pendant des siècles, on a une relation qui n'est pas d'égale à égale, qui n'est pas respectueuse, qui n'est pas fructueuse. Ce que nous faisons aujourd'hui, c'est adopter une loi qui va créer un conseil national de réconciliation. Ce ne sera jamais assez, mais c'est un pas dans la bonne direction que nous saluons.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet d'un projet de loi aussi important.
Le projet de loi à l'étude est, je crois, une priorité non seulement pour moi personnellement, mais aussi pour le , qui ne cesse de dire à quel point la relation de nation à nation entre les Autochtones et le gouvernement est importante et le demeurera. C'est dans l'intérêt de tous.
La vérité et la réconciliation sont si importantes. Voilà pourquoi, peu après le dépôt du rapport de la commission, en 2015, le , qui à l'époque était chef du troisième parti à la Chambre, a fait savoir clairement que si nous formions le gouvernement, nous allions appuyer et encourager par tous les moyens la mise en œuvre des 94 appels à l'action.
Aujourd'hui, nous discutons d'un projet de loi qui vise à créer le conseil national de réconciliation. Ce conseil serait important, puissant et influent. Le responsable a formé un conseil provisoire, ou un comité, si l'on peut dire, pour faire en sorte que le conseil que nous créons aujourd'hui démarre du bon pied.
Je suis un peu préoccupé au sujet de ce que nous faisons à titre de législateurs, de ce qui se passe à la Chambre des communes et de la façon dont l'information est diffusée dans les collectivités, particulièrement au sujet de la réconciliation. Les députés tenteront de banaliser ce que nous faisons à la Chambre, pour laisser entendre que le gouvernement ne donne pas suite aux appels à l'action. Or, rien ne saurait être plus faux.
Lorsque les députés sortent de la Chambre et commencent à dire que le gouvernement ne donne pas suite aux appels à l'action ou qu'il ne s'est occupé que de 14 d'entre eux sur 94, ils font carrément de la fausse représentation. J'affirme qu'il s'agit de fausse représentation parce qu'en fait, bon nombre de ces 94 recommandations ne relèvent pas de la compétence du gouvernement fédéral. En effet, nombre d'entre elles sont la responsabilité conjointe du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux. La plupart des recommandations nécessitent un travail continu, comme le projet de loi , sur lequel le gouvernement travaille depuis des années et qui, une fois adopté, permettra de mettre en œuvre quatre appels à l'action.
Penchons-nous sur l'idée que chaque enfant compte et sur les pensionnats. Les habitants de Winnipeg‑Nord et, je crois, l'ensemble des Canadiens, reconnaissent l'importance de ce thème, de cette idée et de cette réalité. Si nous examinons la situation, nous constatons que le gouvernement a travaillé activement sur ce dossier. Nous collaborons avec différents peuples autochtones afin qu'ils aient accès aux ressources financières nécessaires pour prendre les mesures qui sont cruciales. Je parle des appels à l'action nos 72 à 76 dont la mise en œuvre est en cours.
Si les députés essaient de déformer les faits pour faire croire aux Canadiens et, en particulier, aux Autochtones, que le gouvernement ne donne pas suite aux appels à l'action, j'estime que leurs paroles sont carrément trompeuses parce que les chiffres démontrent clairement le contraire
Je vais donner aux députés un exemple. Aujourd'hui, nous débattons du projet de loi . Je me souviens d'avoir débattu du projet de loi sur la protection de l'enfance, qui donnait suite à l'appel à l'action no 4 et qui a été adopté il y a un certain temps. Cet appel à l'action relevait uniquement d'Ottawa et nous y avons donné suite.
L'appel à l'action no 1 s'y rapporte également. Il porte sur le bien-être des enfants, qui ne relève pas seulement d'Ottawa, mais aussi des provinces.
Pour comprendre pourquoi cette question en particulier me tient autant à cœur, il faut jeter un coup d'œil à la province que je représente. En juin 2010, j'étais à l'Assemblée législative du Manitoba pour souligner le fait que le bureau du défenseur des enfants avait indiqué que la province était en crise à cause de la situation des enfants pris en charge. La situation était très grave. C'était après de très nombreuses années d'un gouvernement dirigé par un parti politique dont je ne dirai pas le nom. Les députés peuvent faire une recherche dans Google.
En fin de compte, le bien-être des enfants, le sujet de l'appel à l'action no 1, n'est pas seulement une responsabilité fédérale. Ottawa travaille avec ses partenaires provinciaux, met en place un conseil et travaille avec les chefs autochtones pour s'occuper des enfants. J'aimerais dire que cet appel a été mis en œuvre, mais je pense qu'il serait extrêmement optimiste de dire qu'il le sera au cours des prochaines semaines ou des prochains mois. Cela pourrait prendre un certain temps. Il a fallu de nombreuses années à la province et à Ottawa pour causer les problèmes que nous connaissons aujourd'hui. Des milliers d'enfants ont été forcés de quitter leurs parents biologiques, et c'est le genre de problèmes qui vont prendre un certain temps à résoudre.
Lorsqu'un député parcourt la collectivité en disant que nous ne donnons pas suite aux appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, cela donne une fausse impression à ceux qui sont en quête d'espoir. Imaginons une communauté autochtone en quête de leadership. Elle est à la recherche de personnes apolitiques dans un dossier aussi important. En fait, plus de 80 % des appels à l'action ont considérablement progressé lorsque le gouvernement fédéral est intervenu. Plus d'une douzaine ont été réglés, et aujourd'hui quatre autres le seront également une fois ce projet de loi adopté.
Il faut être conscients que tout ceci va bien au-delà des gens dans cette pièce. Ce fut merveilleux de voir le pape au Canada. Cette visite faisait suite à un appel à l'action. Oui, le gouvernement fédéral et les députés de l'opposition ont peut-être joué un rôle, mais il ne fait aucun doute que ce sont les Autochtones qui, au bout du compte, sont parvenus à convaincre le pape de venir ici, de faire ce qui est juste et de présenter des excuses officielles. Le mérite ne revient pas au gouvernement fédéral ou aux provinces. Ce sont les communautés autochtones qui ont collaboré avec le pape, qui a fait ce qui s'imposait. C'est ainsi que cet appel à l'action a été réglé.
Il s'agit des gens dans nos collectivités, comme Diane Redsky, la directrice générale de Ma Mawi Wi Chi Itata, qui prend sa retraite après avoir dirigé cet organisme pendant de nombreuses années. Ma Mawi Wi Chi Itata est sur le terrain auprès des Autochtones pour s'occuper des questions des soins de santé, des problèmes sociaux et des problèmes de justice. Je souhaite à Mme Redsky la meilleure des chances.
Au bout du compte, il s'agit des communautés, des organismes comme Ma Mawi et bien d'autres, et des dirigeants autochtones. Ce sont eux qui, espérons-le, pourront faire en sorte que nous continuions à rendre des comptes. Cette tâche reviendra en grande partie au conseil national de réconciliation, que nous créons aujourd'hui.
Je n'ai pas assez de temps pour parler de toutes les choses sur lesquelles j'aimerais attirer l'attention des députés, mais je peux me pencher sur quelques autres.
Je me réjouis de la décision d'instaurer un jour férié et de ce qui en a découlé. Dans ma ville, à Winnipeg, beaucoup de gens s'étaient rassemblés la première année pour une marche de La Fourche jusqu'au parc St. John's. Cette année, la marche s'est déroulée de La Fourche jusqu'au centre des congrès. Des milliers de Winnipegois et de Manitobains et probablement aussi de nombreuses personnes de l'extérieur ont participé à la marche pour souligner l'importance d'avancer vers la réconciliation.
Selon moi, c'est l'essence même du but à atteindre. Le concept de la vérité et de la réconciliation n'est pas seulement pour les politiciens de cette enceinte, de l'Assemblée législative du Manitoba ou de toute autre assemblée. J'oserais même dire que ce n'est pas seulement pour les dirigeants autochtones. C'est pour tout le monde. C'est l'une des raisons pour lesquelles je pense que les mesures législatives que nous adoptons pour avancer vers la vérité et la réconciliation peuvent nous faire grandir tous et améliorer notre pays. En effet, la population est mieux sensibilisée et elle donne du crédit à la vérité.
Cela conclut mon allocution. J'espère que le débat pourra être clos aujourd'hui afin que le projet de loi puisse être adopté à l'étape de la troisième lecture.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Ce projet de loi est crucial. Malgré l'échange plutôt animé qui vient de se produire, je crois que tous les députés conviennent que ce projet de loi est important et qu'il est dans l'intérêt de notre pays et de notre relation avec les Autochtones d'un océan à l'autre de favoriser la réconciliation. D'ailleurs, j'ai le privilège d'en être directement témoin dans ma circonscription et ma collectivité.
Ayant grandi à Fort McMurray, j'ai eu l'occasion de constater de mes propres yeux à quoi ressemble la réconciliation. Dans ma région, bon nombre de partenaires industriels, particulièrement dans le gros méchant secteur pétrolier et gazier, collaborent avec les communautés autochtones depuis plus de 40 ans et concrétisent en profondeur la réconciliation économique.
Comme j'ai grandi dans ce contexte, je pensais que c'était normal. Je pensais que c'était comme ça partout. Je ne savais pas qu'il existe une tout autre réalité. À Fort McMurray, c'est réellement formidable. D'ailleurs, j'invite les députés d'en face à visiter Fort McMurray. Ils y constateraient le vrai visage de la réconciliation et y verraient de leurs propres yeux ce que signifie la réconciliation économique.
Les députés d'en face — et surtout le député de — se sont vantés du fait que le projet de loi donne suite à quatre appels à l'action. Le député a raison: le projet de loi donne bel et bien suite à quatre appels à l'action. Toutefois, c'est seulement grâce au travail absolument spectaculaire de mes collègues conservateurs qui ont présenté des amendements pour faire en sorte que le projet de loi réponde vraiment aux appels à l'action. La version initiale qui a été présentée par les libéraux n'atteignait pas cet objectif. Elle n'y arrivait pas pour trois des quatre appels à l'action. Heureusement, les amendements ont été adoptés.
Je dirais que tous les amendements que les conservateurs ont proposés pour améliorer le projet de loi étaient exceptionnellement raisonnables, extrêmement significatifs et fondés sur les témoignages. Même si 16 des 19 amendements que nous avons proposés se retrouvent dans la dernière version du projet de loi, je suis déçue que trois aient été rejetés. L'un de ceux-ci portait sur un sujet qui me tient à cœur: la réconciliation économique. C'est un aspect dont le gouvernement ne tient pas compte. Il refuse de reconnaître l'importance de la réconciliation économique.
Lorsque nous parlions de ce projet de loi, j'ai eu quelques conversations avec mes collègues. Je leur ai dit que je tenais vraiment à faire témoigner devant le comité la directrice générale du Conseil tribal d'Athabasca, qui représente les Premières Nations signataires du Traité no 8 dans le Nord-Est de l'Alberta. Il s'agit d'une femme du nom de Karla Buffalo, qui est devenue une amie et une conseillère pour moi. Elle est d'une sagesse qui dépasse largement son âge. Dans son mémoire, elle a déclaré ce qui suit:
Nous croyons fermement à la nécessité d'une réconciliation authentique et axée sur l'action. Sur notre territoire traditionnel, celui du Traité no 8, les Premières Nations sont des chefs de file de l'avancement de la réconciliation économique à une vitesse remarquable. Nous visons non seulement la souveraineté financière, mais aussi la revitalisation culturelle et l'épanouissement des communautés et des peuples autochtones. Nous sommes ici pour favoriser une collaboration avec toutes les nations, tout en respectant leur souveraineté et leur autonomie gouvernementale.
Si j'ai lu ce passage, c'est que je veux qu'il apparaisse dans le compte rendu, car il est extrêmement percutant. Il est question d'actions et non pas de paroles. Nous devons nous assurer que nous réalisons de réels progrès et que nous savons ce que nous sommes appelés à faire ici.
J'ai été extrêmement chanceuse depuis mon élection comme représentante des gens du Nord-Est de l'Alberta d'avoir l'occasion de m'entretenir en tête à tête avec beaucoup d'aînés et d'autres dirigeants autochtones de ma région, et d'apprendre directement d'eux ce que signifie en fait la réconciliation. Une des personnes avec qui j'ai parlé en tête à tête était Willie Littlechild.
Willie Littlechild faisait partie de la Commission de vérité et réconciliation. Il a travaillé sans relâche sur ce dossier. Il défend vigoureusement les peuples autochtones et prône la réconciliation. Il dit souvent que l'objectif n'est pas la réconciliation, mais plutôt la « réconcili-action », car il est fondé sur des actions. C'est crucial.
Même si ce projet de loi est bon et que je l'appuierai, il pourrait être meilleur. Il aurait pu être grandement amélioré si le gouvernement avait été prêt à comprendre que la réconciliation économique permet de concrétiser la réconciliation. Ce n'est pas le seul moyen pour y arriver, mais c'est un moyen que nous devrions étudier afin de trouver des solutions.
Le gouvernement aurait beaucoup à apprendre s'il arrivait à mettre son orgueil de côté et à venir dans le Nord‑Est de l'Alberta pour rencontrer les chefs en personne, individuellement, et écouter ce que la réconciliation économique signifie pour les nations. Si les députés venaient à Fort McMurray, ils verraient de grands autocars qui amènent les gens au travail chaque jour. Sur l'un de ces autocars, on peut lire le nom d'une entreprise autochtone: « Fort McMurray First Nation Group of Companies. »
Dans la région, il est difficile de trouver une seule entreprise qui n'a pas établi de véritable partenariat avec une communauté autochtone ou un groupe de communautés. Dans ma ville, Fort McMurray, et dans les Premières Nations des environs se trouvent certaines des entreprises autochtones les plus prospères de tout le pays.
C'est l'aspect dont le gouvernement a omis de reconnaître l'importance dans ce projet de loi. Je ne dis pas cela pour pointer qui que ce soit du doigt, mais parce que c'est ce que les experts qui ont témoigné ont indiqué. C'est ce que les aînés de ma région ont souligné. C'est ce que le PDG du conseil tribal qui représente les cinq Premières Nations de ma région a soulevé. C'est ce qu'ils ont présenté comme suggestion et comme recommandation au comité.
Les députés d'en face aiment parler de leurs grandes réalisations par rapport aux appels à l'action. Le député a dit que 80 % des appels à l'action avaient été honorés ou étaient en voie de l'être. J'aimerais beaucoup voir d'où viennent ses chiffres, car les renseignements que j'ai pu trouver indiquent un chiffre bien inférieur à celui qu'il avance.
Plus tôt aujourd'hui, j'ai consulté le site Web www.indigenouswatchdog.org. On y trouve une comparaison entre les estimations de ce groupe, les estimations du gouvernement, et les estimations de la CBC en ce qui concerne les progrès réalisés en matière de réconciliation. Contrairement à ce que le député de voudrait nous faire croire, les chiffres ne sont pas aussi flatteurs, loin de là.
Il s'agit d'un élément essentiel. Nous ne pouvons pas escamoter ces éléments. Il y a une raison pour laquelle on parle de vérité et de réconciliation et pas seulement de réconciliation. Pendant des années, les gouvernements précédents du Canada ont commis des horreurs absolues, et escamoter en quelque sorte ces éléments en disant que les actes qui ont été commis ne l'ont pas vraiment été n'est pas une façon d'améliorer la situation.
Nous devons être parfaitement honnêtes à propos de la situation dans laquelle nous nous trouvons et nous rappeler que nous pouvons toujours faire mieux. Si nous estimons que la situation est parfaite et que nous avons absolument tout compris, nous n'avons pas une vue d'ensemble de la situation parce que le but de la vérité et de la réconciliation est de découvrir où nous avons commis des erreurs. Le but est de faire de notre mieux à l'avenir, tout en sachant que nous ne serons pas toujours parfaits. C'est une question de progrès dans une optique constructive.
À ce chapitre, le gouvernement est très bon pour se péter les bretelles et célébrer tous ses succès, mais il n'a pas pris les mesures nécessaires.
De façon générale, le projet de loi est une bonne chose, mais il a fallu beaucoup trop de temps pour qu'il soit présenté à la Chambre. Il nous a fallu beaucoup trop de temps pour en arriver là parce que le gouvernement n'a accordé aucune importance à ce dossier.
J'exhorte tous mes collègues à voter pour le projet de loi, mais j'exhorte aussi les futurs parlementaires qui examineront cette question et qui liront mon discours actuel au cours de leurs travaux à inclure la réconciliation économique dans une mise à jour des dispositions législatives, étant donné que ce volet de la réconciliation est extrêmement important et qu'il est absent du projet de loi actuel.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , qui vise à constituer un conseil national de réconciliation.
Évidemment, c'est sous le gouvernement conservateur précédent qu'on a lancé la Commission de vérité et réconciliation et pris d'autres mesures pour améliorer les perspectives et les conditions de vie des Autochtones du pays, en particulier les jeunes Autochtones, le groupe de jeunes personnes qui croît le plus rapidement au Canada.
Malheureusement, il faut reconnaître que les libéraux ont beaucoup trop tardé à présenter ce projet de loi, étant donné qu'ils sont au pouvoir depuis sept ans et que le affirme qu'il n'y a pas de relation plus importante pour lui que celle que nous entretenons avec les peuples autochtones.
C'est pour cela que les conservateurs ont réclamé un amendement pour que ce soit au premier ministre de fournir une réponse au rapport annuel du conseil national, conformément à l'appel à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, car, à l'origine, le projet de loi proposé par les libéraux déléguait cette responsabilité à un ministre.
Ce n'est qu'un exemple parmi les 19 amendements substantiels que les conservateurs ont proposés pour améliorer le projet de loi afin de respecter les principes de transparence et d'indépendance, d'accroître la reddition de comptes, d'accélérer la présentation des réponses du gouvernement et, plus important encore, de prévoir des objectifs et des résultats concrets et mesurables.
Il est crucial de veiller à ce que les intentions louables et les discours bienveillants se traduisent pas des gestes concrets et de meilleurs résultats. Le fait que tous les partis aient appuyé 16 des 19 amendements proposés par les conservateurs est un signe de bonne foi et de volonté à collaborer en vue d'atteindre des objectifs communs.
Je suis fière de représenter les neuf communautés autochtones de Lakeland, tout comme je suis fière de représenter les Canadiens des 52 localités qui se trouvent dans cette circonscription. Comme toujours, ces gens et ces collectivités sont au centre de mes pensées. Par conséquent, à l'instar de ma voisine de , je vais parler d'un amendement conservateur on ne peut plus crucial que les députés de tous les autres partis ont inexplicablement rejeté. Les conservateurs souhaitaient réserver un siège au sein du conseil d'administration du conseil national à une organisation nationale autochtone en matière d'économie.
Il est insensé de parler, d'une part, de l'engagement mutuel des gouvernements et des citoyens à dire la vérité au sujet des injustices systémiques et paternalistes du passé pour favoriser la réconciliation sociale, mais de rejeter, d'autre part, l'idée de faire de la réconciliation économique une priorité pour que les communautés puissent passer de la gestion de la pauvreté à la génération de prospérité. Il y a tant de façons de remédier aux problèmes socioéconomiques disproportionnés que vivent les Autochtones et leurs communautés à cause de générations de politiques et de programmes gouvernementaux oppressifs et discriminatoires.
C'est encore plus important en ce qui concerne les difficultés constantes qu'éprouvent les chefs de file et les entrepreneurs autochtones qui souhaitent attirer ou créer des emplois, participer au capital, conclure des ententes d'intérêt mutuel ou élargir les perspectives économiques dans le domaine de l'exploitation des ressources naturelles. Ce secteur est la principale et souvent la seule source d'emplois dans les régions rurales et éloignées. C'est également pertinent dans les débats en matière de politiques publiques et lorsqu'il s'agit de déterminer qui sont les décideurs, d'établir les rôles en matière de consultation ainsi que de définir les notions de consentement et de consensus, d'identité et d'incidence locale.
Dans la circonscription de Lakeland, quatre des neuf communautés autochtones sont des établissements métis, ce qui représente la moitié de tous les établissements au Canada. Ces derniers sont propres à l'Alberta, ils sont dotés d'assises territoriales prévues par la loi pour les Métis et d'administrations locales, et ils ont des dépenses d'infrastructures, notamment pour des installations de traitement des eaux, des routes et des écoles. Ils paient des taxes, y compris des taxes sur le carbone.
Depuis des années, je déploie des efforts pour les faire reconnaître, et j'ai finalement réussi à convaincre le comité des affaires autochtones et du Nord de les désigner comme « des entités distinctes ayant des besoins propres » dans l'un de ses rapports.
En septembre, j'ai exhorté le à inclure les établissements dans le projet de loi parce que si on les empêche de participer pleinement au conseil, cela nuira évidemment à la réconciliation. J'attends encore une réponse.
Les représentants des établissements de Lakeland me disent souvent qu'ils se sentent abandonnés et oubliés par le gouvernement. Lee Thom, un conseiller de l'établissement métis de Kikino, dit que les établissements métis doivent avoir un siège à ce conseil afin de défendre les intérêts de leurs communautés autochtones, car elles sont autonomes et ne font pas partie des actuelles nations métisses de l'Alberta et du Canada.
Malgré cela, les établissements n'ont jamais été mentionnés dans un budget fédéral et ils sont souvent exclus des initiatives fédérales. À mon avis, cela demeure une omission flagrante.
C'est un aspect particulièrement pertinent dans la quête de la réconciliation économique. En effet, les établissements métis de Lakeland, ainsi que la plupart des Premières Nations, sont très impliqués dans le secteur de l'énergie et des ressources naturelles depuis des dizaines d'années et ils le sont encore aujourd'hui. Beaucoup d'entre eux pouvaient auparavant répondre à tous les besoins de leur communauté avec les revenus autonomes tirés de leurs entreprises et de leurs contrats.
Les néo-démocrates et les libéraux défendent un programme qui est hostile au secteur de l'énergie et qui vise l'abandon progressif du pétrole et du gaz, un programme qui a déjà fait fuir les investissements et qui entraîne la perte de projets d'une valeur de plus de 150 milliards de dollars et de centaines de milliers d'emplois. Les communautés autochtones ont été aussi durement touchées que les autres par cette approche.
L'an dernier, le comité des affaires autochtones et du Nord s'est penché sur les obstacles au développement économique autochtone. Nous avons entendu des dizaines de témoins, et une chose était évidente: outiller les communautés autochtones pour leur permettre d'établir des entreprises, d'exploiter leurs ressources naturelles et de créer de la richesse chez elle et dans les environs est crucial.
Dans le cadre de travaux menés plus tard, des témoins ont dit que les défis liés au logement, aux soins de santé, à la gouvernance, aux infrastructures et à la préparation aux situations d'urgence revenaient tous au concept fondamental qu'est la réconciliation économique. Plusieurs dirigeants élus de Lakeland ont participé.
Le chef Gregory Desjarlais, de la Première Nation de Frog Lake, a parlé de l'importance de l'accès au capital pour mettre des projets en chantier, comme la proposition de séquestration du carbone dirigée par les nations de Frog Lake et de Kehewin, toutes deux dans Lakeland. Frog Lake s'est grandement engagée et investie dans les activités énergétiques, que l'on pense aux emplois ou à l'entreprise détenue par la communauté Frog Lake Energy Resources Corp.
Les avantages des entreprises autochtones sont nombreux. Comme le chef Desjarlais l'a dit:
Regardez ces projets [...] Regardez la propriété autochtone. Si vous faites participer les Premières Nations, vous leur permettez de construire des maisons. Vous leur permettez d'envoyer des enfants à l'école. Vous leur permettez d'envoyer des gens se faire soigner. Vous leur permettez d'alimenter ces maisons en eau. Vous leur permettez d'enlever la moisissure. C'est ainsi qu'on résout des problèmes. C'est ce qu'il faut faire, au lieu de laisser tout l'argent quitter le Canada et de faire en sorte que les Premières Nations les plus pauvres doivent s'en remettre à des accords de contribution et demander l'aumône pour vivre.
Stan Delorme, président de l'établissement métis de Buffalo Lake, abonde dans le même sens. Cela leur permettrait de répondre à leurs importants besoins en matière d'infrastructures compte tenu du nombre incroyablement élevé de jeunes sans emploi et de porter le revenu annuel moyen à Buffalo Lake à 27 000 $.
La taxe sur le carbone qui ne cesse d'augmenter leur nuit encore plus, car les prix du bois d'œuvre, du carburant et du chauffage montent en flèche et les emplois qui leur étaient accessibles dans le secteur pétrolier et gazier ont disparu à cause du programme anti-énergie des libéraux. Selon Lee Thom, « nos établissements sont des collectivités vivantes et trépidantes avec des routes, des écoles et l'eau courante — avec tout ce qui accompagne une petite municipalité — et elles ont désespérément besoin de financement. »
Il s'agit de trois des neuf communautés autochtones de Lakeland qui font maintenant partie des 23 communautés qui sont maintenant les fières propriétaires d'oléoducs valant plus de 1 milliard de dollars dans la région d'Athabasca.
De nombreux autres projets et partenariats dirigés par des Autochtones et appartenant à des Autochtones ont été tout simplement anéantis par ce gouvernement hostile au secteur énergétique. Je songe à l'opposition unilatérale du à l'oléoduc Northern Gateway. Sans aucune consultation, il a détruit les aspirations et tout le travail de 31 communautés qui avaient signé des ententes sur les retombées. Je songe aussi à tous ces projets qui risquent d'être anéantis par les politiques et les activistes hostiles au secteur de l'énergie qui menacent des projets et qui, souvent, ne viennent même pas des régions concernées.
L'annulation pure et simple des projets et les retards délibérés causés par des politiques qui visent à forcer les promoteurs du secteur privé à abandonner les grands projets d'exploitation des ressources naturelles et d'infrastructure ont tous été des préoccupations majeures et ont souvent eu des effets tout à fait dévastateurs sur un bon nombre de communautés, de dirigeants et de groupes d'entreprises autochtones.
Ces projets offrent des possibilités de réconciliation économique. Ce sont des outils qui permettent aux communautés autochtones de répondre à leurs besoins sociaux et économiques essentiels, d'investir dans leurs cultures et de préserver et de cultiver leur patrimoine et leurs langues pour les générations futures.
Par exemple, la conseillère en chef Crystal Smith de la nation Haisla s'oppose au projet de loi , le moratoire relatif aux pétroliers et à l'exportation, et elle appuie le projet Coastal GasLink comme moyen de sortir sa communauté de la pauvreté.
La semaine dernière, Calvin Helin, auteur et entrepreneur autochtone, a déclaré que les Canadiens autochtones qui participent à l'exploitation responsable des ressources sont vraiment irrités par l'ingérence des « écocolonialistes », ces groupes dont le seul intérêt est d'arrêter les projets, et par l'ingérence des gouvernements qui n'écoutent que le côté du projet qui correspond à leur idéologie.
Il existe d'innombrables exemples où le gouvernement libéral fait fi du travail et de l'espoir des Canadiens autochtones, bloquant leur quête d'autodétermination, notamment Eva Clayton de la nation Nisga'a, dont l'installation d'exportation de gaz naturel liquéfié est en attente à cause des lourdeurs de l'administration libérale; Natural Law Energy, un regroupement de 20 Premières Nations des Prairies, qui a perdu une occasion d'investissement de 1 milliard de dollars lorsque le Keystone XL a été annulé à cause de l'inaction des libéraux; les Lax Kw'alaams, qui contestent en cour le projet de loi libéral sur l'interdiction de l'exportation, qui a violé leurs droits et titres et ruiné leurs plans de port en eau profonde et d'installation d'exportation de pétrole sans les consulter; et les 35 communautés autochtones qui ont proposé le corridor énergétique Eagle Spirit, dont le travail et les espoirs de retombées économiques ont été anéantis par le projet de loi , une mesure anti-pipeline.
Le programme anti-ressource, anti-affaires et anti-énergie des libéraux et des militants anti-énergie, qui vivent généralement loin des communautés autochtones locales, sabote tous leurs efforts en vue de tirer parti de l'exploitation des ressources naturelles et de participer à leurs économies locales.
Ces actions ressemblent beaucoup à celles d'un gouvernement centraliste et colonialiste qui impose ses points de vue contraires aux objectifs et aux priorités de la majorité des peuples et des dirigeants autochtones directement concernés, comme ceux de Lakeland.
Les conservateurs soutiendront le projet de loi à l'étude, mais les libéraux doivent tout de même corriger leur attitude paternaliste qui empêche la réconciliation économique, afin de garantir que les voix autochtones, et pas seulement celles qui se conforment aux priorités politiques des libéraux, soient toutes représentées dans les efforts de réconciliation.