La Chambre reprend l'étude, interrompue le 6 décembre, du projet de loi , dont le comité a fait rapport sans proposition d'amendement, ainsi que de la motion no 1.
:
Comme il est 15 h 18, conformément à l'ordre adopté le jeudi 23 juin, la Chambre procédera maintenant au vote par appel nominal différé de la motion à l'étape du rapport du projet de loi .
[Traduction]
Convoquez les députés.
(La motion no 1, mise aux voix, est rejetée par le vote suivant:)
(Vote no 232)
POUR
Députés
Aitchison
Albas
Allison
Arnold
Baldinelli
Barlow
Barrett
Benzen
Berthold
Bezan
Block
Bragdon
Brassard
Brock
Calkins
Caputo
Carrie
Chambers
Cooper
Dalton
Dancho
Davidson
d'Entremont
Doherty
Dowdall
Dreeshen
Ellis
Epp
Falk (Battlefords—Lloydminster)
Falk (Provencher)
Fast
Ferreri
Findlay
Gallant
Généreux
Genuis
Gladu
Godin
Goodridge
Gourde
Gray
Hallan
Jeneroux
Kelly
Kmiec
Kram
Kramp-Neuman
Kurek
Kusie
Lake
Lantsman
Lawrence
Lehoux
Lewis (Essex)
Lewis (Haldimand—Norfolk)
Liepert
Lloyd
Maguire
Martel
Mazier
McCauley (Edmonton West)
McLean
Melillo
Moore
Morantz
Morrison
Motz
Muys
Nater
O'Toole
Patzer
Paul-Hus
Perkins
Reid
Rempel Garner
Richards
Roberts
Rood
Ruff
Scheer
Schmale
Seeback
Shipley
Small
Soroka
Steinley
Stewart
Strahl
Stubbs
Thomas
Tochor
Tolmie
Uppal
Van Popta
Vecchio
Vidal
Vien
Viersen
Vis
Wagantall
Warkentin
Waugh
Williams
Williamson
Zimmer
Total: -- 105
CONTRE
Députés
Aldag
Alghabra
Ali
Anand
Anandasangaree
Arseneault
Arya
Ashton
Atwin
Bachrach
Badawey
Bains
Baker
Barron
Barsalou-Duval
Battiste
Beaulieu
Beech
Bendayan
Bennett
Bergeron
Bérubé
Bibeau
Bittle
Blaikie
Blair
Blanchet
Blanchette-Joncas
Blaney
Blois
Boissonnault
Boulerice
Bradford
Brière
Brunelle-Duceppe
Cannings
Carr
Casey
Chabot
Chagger
Chahal
Champagne
Champoux
Chatel
Chen
Chiang
Collins (Hamilton East—Stoney Creek)
Collins (Victoria)
Cormier
Coteau
Dabrusin
Damoff
Davies
DeBellefeuille
Desbiens
Desilets
Desjarlais
Dhaliwal
Dhillon
Diab
Dong
Drouin
Dubourg
Duclos
Duguid
Duncan (Etobicoke North)
Ehsassi
El-Khoury
Erskine-Smith
Fergus
Fillmore
Fisher
Fonseca
Fortier
Fortin
Fragiskatos
Fraser
Freeland
Fry
Gaheer
Garneau
Garon
Garrison
Gaudreau
Gazan
Gerretsen
Gill
Gould
Green
Guilbeault
Hajdu
Hanley
Hardie
Hepfner
Holland
Housefather
Hughes
Hussen
Hutchings
Iacono
Idlout
Ien
Jaczek
Johns
Joly
Jowhari
Julian
Kayabaga
Kelloway
Khalid
Khera
Kusmierczyk
Kwan
Lalonde
Lambropoulos
Lametti
Lamoureux
Lapointe
Larouche
Lattanzio
Lauzon
LeBlanc
Lebouthillier
Lemire
Lightbound
Long
Longfield
Louis (Kitchener—Conestoga)
MacAulay (Cardigan)
MacDonald (Malpeque)
MacGregor
MacKinnon (Gatineau)
Maloney
Martinez Ferrada
Masse
Mathyssen
May (Cambridge)
May (Saanich—Gulf Islands)
McDonald (Avalon)
McGuinty
McKinnon (Coquitlam—Port Coquitlam)
McLeod
McPherson
Mendès
Mendicino
Miao
Michaud
Miller
Morrice
Morrissey
Murray
Naqvi
Noormohamed
O'Connell
Oliphant
Pauzé
Perron
Petitpas Taylor
Plamondon
Powlowski
Qualtrough
Rayes
Robillard
Rodriguez
Rogers
Romanado
Sahota
Saks
Samson
Sarai
Scarpaleggia
Schiefke
Serré
Sgro
Shanahan
Sheehan
Sidhu (Brampton East)
Simard
Sinclair-Desgagné
Singh
Sorbara
Ste-Marie
St-Onge
Sudds
Tassi
Taylor Roy
Thériault
Therrien
Thompson
Trudeau
Trudel
Turnbull
Valdez
Van Bynen
van Koeverden
Vandal
Vandenbeld
Vignola
Villemure
Virani
Vuong
Weiler
Wilkinson
Yip
Zahid
Zarrillo
Zuberi
Total: -- 207
PAIRÉS
Députés
Aboultaif
Deltell
Dzerowicz
Hoback
Kitchen
Koutrakis
MacKenzie
McKay
Ng
O'Regan
Redekopp
Sajjan
Shields
Sidhu (Brampton South)
Total: -- 14
:
Je déclare la motion n
o 1 rejetée.
(pour la ministre des Finances)
propose que le projet de loi soit agréé.
:
Si un député d'un parti reconnu présent à la Chambre désire que la motion soit adoptée ou adoptée avec dissidence ou désire demander un vote par appel nominal, je l'invite à se lever et à l'indiquer à la présidence.
:
Monsieur le Président, nous demandons la tenue d'un vote par appel nominal, et je pense que le whip du gouvernement souhaite ajouter quelque chose à cet égard.
:
Monsieur le Président, je crois que vous constaterez qu'il y a consentement unanime pour que le résultat du vote précédent s'applique à ce vote-ci, les députés libéraux votant oui.
:
Monsieur le Président, le Parti conservateur est d'accord pour que le résultat du vote précédent s'applique. Il votera contre la motion.
[Français]
:
Monsieur le Président, le Bloc québécois est d'accord pour appliquer le résultat du vote précédent, et il votera en faveur.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, le NPD est d'accord pour appliquer le vote et votera oui.
:
Monsieur le Président, le Parti vert est d'accord pour appliquer le vote, et il votera oui.
(La motion, mise aux voix, est adoptée par le vote suivant:)
(Vote no 233)
POUR
Députés
Aldag
Alghabra
Ali
Anand
Anandasangaree
Arseneault
Arya
Ashton
Atwin
Bachrach
Badawey
Bains
Baker
Barron
Barsalou-Duval
Battiste
Beaulieu
Beech
Bendayan
Bennett
Bergeron
Bérubé
Bibeau
Bittle
Blaikie
Blair
Blanchet
Blanchette-Joncas
Blaney
Blois
Boissonnault
Boulerice
Bradford
Brière
Brunelle-Duceppe
Cannings
Carr
Casey
Chabot
Chagger
Chahal
Champagne
Champoux
Chatel
Chen
Chiang
Collins (Hamilton East—Stoney Creek)
Collins (Victoria)
Cormier
Coteau
Dabrusin
Damoff
Davies
DeBellefeuille
Desbiens
Desilets
Desjarlais
Dhaliwal
Dhillon
Diab
Dong
Drouin
Dubourg
Duclos
Duguid
Duncan (Etobicoke North)
Ehsassi
El-Khoury
Erskine-Smith
Fergus
Fillmore
Fisher
Fonseca
Fortier
Fortin
Fragiskatos
Fraser
Freeland
Fry
Gaheer
Garneau
Garon
Garrison
Gaudreau
Gazan
Gerretsen
Gill
Gould
Green
Guilbeault
Hajdu
Hanley
Hardie
Hepfner
Holland
Housefather
Hughes
Hussen
Hutchings
Iacono
Idlout
Ien
Jaczek
Johns
Joly
Jowhari
Julian
Kayabaga
Kelloway
Khalid
Khera
Kusmierczyk
Kwan
Lalonde
Lambropoulos
Lametti
Lamoureux
Lapointe
Larouche
Lattanzio
Lauzon
LeBlanc
Lebouthillier
Lemire
Lightbound
Long
Longfield
Louis (Kitchener—Conestoga)
MacAulay (Cardigan)
MacDonald (Malpeque)
MacGregor
MacKinnon (Gatineau)
Maloney
Martinez Ferrada
Masse
Mathyssen
May (Cambridge)
May (Saanich—Gulf Islands)
McDonald (Avalon)
McGuinty
McKinnon (Coquitlam—Port Coquitlam)
McLeod
McPherson
Mendès
Mendicino
Miao
Michaud
Miller
Morrice
Morrissey
Murray
Naqvi
Noormohamed
O'Connell
Oliphant
Pauzé
Perron
Petitpas Taylor
Plamondon
Powlowski
Qualtrough
Robillard
Rodriguez
Rogers
Romanado
Sahota
Saks
Samson
Sarai
Scarpaleggia
Schiefke
Serré
Sgro
Shanahan
Sheehan
Sidhu (Brampton East)
Simard
Sinclair-Desgagné
Singh
Sorbara
Ste-Marie
St-Onge
Sudds
Tassi
Taylor Roy
Thériault
Therrien
Thompson
Trudeau
Trudel
Turnbull
Valdez
Van Bynen
van Koeverden
Vandal
Vandenbeld
Vignola
Villemure
Virani
Weiler
Wilkinson
Yip
Zahid
Zarrillo
Zuberi
Total: -- 205
CONTRE
Députés
Aitchison
Albas
Allison
Arnold
Baldinelli
Barlow
Barrett
Benzen
Berthold
Bezan
Block
Bragdon
Brassard
Brock
Calkins
Caputo
Carrie
Chambers
Cooper
Dalton
Dancho
Davidson
d'Entremont
Doherty
Dowdall
Dreeshen
Ellis
Epp
Falk (Battlefords—Lloydminster)
Falk (Provencher)
Fast
Ferreri
Findlay
Gallant
Généreux
Genuis
Gladu
Godin
Goodridge
Gourde
Gray
Hallan
Jeneroux
Kelly
Kmiec
Kram
Kramp-Neuman
Kurek
Kusie
Lake
Lantsman
Lawrence
Lehoux
Lewis (Essex)
Lewis (Haldimand—Norfolk)
Liepert
Lloyd
Maguire
Martel
Mazier
McCauley (Edmonton West)
McLean
Melillo
Moore
Morantz
Morrison
Motz
Muys
Nater
O'Toole
Patzer
Paul-Hus
Perkins
Reid
Rempel Garner
Richards
Roberts
Rood
Ruff
Scheer
Schmale
Seeback
Shipley
Small
Soroka
Steinley
Stewart
Strahl
Stubbs
Thomas
Tochor
Tolmie
Uppal
Van Popta
Vecchio
Vidal
Vien
Viersen
Vis
Wagantall
Warkentin
Waugh
Williams
Williamson
Zimmer
Total: -- 105
PAIRÉS
Députés
Aboultaif
Deltell
Dzerowicz
Hoback
Kitchen
Koutrakis
MacKenzie
McKay
Ng
O'Regan
Redekopp
Sajjan
Shields
Sidhu (Brampton South)
Total: -- 14
:
Je déclare la motion adoptée.
La Chambre reprend l'étude, interrompue le 5 décembre, de la motion.
:
Conformément à l'ordre adopté le jeudi 23 juin, la Chambre procédera maintenant au vote par appel nominal différé sur la motion d'adoption du septième rapport du Comité permanent de la santé concernant la prolongation du délai pour étudier le projet de loi .
L'honorable whip du gouvernement a la parole.
:
Monsieur le Président, je crois que vous constaterez qu'il y a consentement unanime pour que le résultat du vote précédent s'applique à ce vote-ci, les députés libéraux votant contre.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, les conservateurs sont d'accord pour que le résultat du vote précédent s'applique et ils voteront oui.
[Français]
:
Monsieur le Président, le Bloc québécois est d'accord pour appliquer le résultat du vote précédent, et il votera en faveur.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, le NPD est d'accord pour que le résultat du vote précédent s'applique et il votera en faveur.
:
Monsieur le Président, le Parti vert est d'accord pour que le résultat du vote précédent s'applique et il votera en faveur.
(La motion, mise aux voix, est adoptée par le vote suivant:)
(Vote no 234)
POUR
Députés
Aitchison
Albas
Allison
Arnold
Ashton
Bachrach
Baldinelli
Barlow
Barrett
Barron
Barsalou-Duval
Beaulieu
Benzen
Bergeron
Berthold
Bérubé
Bezan
Blaikie
Blanchet
Blanchette-Joncas
Blaney
Block
Boulerice
Bragdon
Brassard
Brock
Brunelle-Duceppe
Calkins
Cannings
Caputo
Carrie
Chabot
Chambers
Champoux
Collins (Victoria)
Cooper
Dalton
Dancho
Davidson
Davies
DeBellefeuille
d'Entremont
Desbiens
Desilets
Desjarlais
Doherty
Dowdall
Dreeshen
Ellis
Epp
Falk (Battlefords—Lloydminster)
Falk (Provencher)
Fast
Ferreri
Findlay
Fortin
Gallant
Garon
Garrison
Gaudreau
Gazan
Généreux
Genuis
Gill
Gladu
Godin
Goodridge
Gourde
Gray
Green
Hallan
Hughes
Idlout
Jeneroux
Johns
Julian
Kelly
Kmiec
Kram
Kramp-Neuman
Kurek
Kusie
Kwan
Lake
Lantsman
Larouche
Lawrence
Lehoux
Lemire
Lewis (Essex)
Lewis (Haldimand—Norfolk)
Liepert
Lloyd
MacGregor
Maguire
Martel
Masse
Mathyssen
May (Saanich—Gulf Islands)
Mazier
McCauley (Edmonton West)
McLean
McPherson
Melillo
Michaud
Moore
Morantz
Morrice
Morrison
Motz
Muys
Nater
O'Toole
Patzer
Paul-Hus
Pauzé
Perkins
Perron
Plamondon
Reid
Rempel Garner
Richards
Roberts
Rood
Ruff
Scheer
Schmale
Seeback
Shipley
Simard
Sinclair-Desgagné
Singh
Small
Soroka
Steinley
Ste-Marie
Stewart
Strahl
Stubbs
Thériault
Therrien
Thomas
Tochor
Tolmie
Trudel
Uppal
Van Popta
Vecchio
Vidal
Vien
Viersen
Vignola
Villemure
Vis
Wagantall
Warkentin
Waugh
Williams
Williamson
Zarrillo
Zimmer
Total: -- 161
CONTRE
Députés
Aldag
Alghabra
Ali
Anand
Anandasangaree
Arseneault
Arya
Atwin
Badawey
Bains
Baker
Battiste
Beech
Bendayan
Bennett
Bibeau
Bittle
Blair
Blois
Boissonnault
Bradford
Brière
Carr
Casey
Chagger
Chahal
Champagne
Chatel
Chen
Chiang
Collins (Hamilton East—Stoney Creek)
Cormier
Coteau
Dabrusin
Damoff
Dhaliwal
Dhillon
Diab
Dong
Drouin
Dubourg
Duclos
Duguid
Duncan (Etobicoke North)
Ehsassi
El-Khoury
Erskine-Smith
Fergus
Fillmore
Fisher
Fonseca
Fortier
Fragiskatos
Fraser
Freeland
Fry
Gaheer
Garneau
Gerretsen
Gould
Guilbeault
Hajdu
Hanley
Hardie
Hepfner
Holland
Housefather
Hussen
Hutchings
Iacono
Ien
Jaczek
Joly
Jowhari
Kayabaga
Kelloway
Khalid
Khera
Kusmierczyk
Lalonde
Lambropoulos
Lametti
Lamoureux
Lapointe
Lattanzio
Lauzon
LeBlanc
Lebouthillier
Lightbound
Long
Longfield
Louis (Kitchener—Conestoga)
MacAulay (Cardigan)
MacDonald (Malpeque)
MacKinnon (Gatineau)
Maloney
Martinez Ferrada
May (Cambridge)
McDonald (Avalon)
McGuinty
McKinnon (Coquitlam—Port Coquitlam)
McLeod
Mendès
Mendicino
Miao
Miller
Morrissey
Murray
Naqvi
Noormohamed
O'Connell
Oliphant
Petitpas Taylor
Powlowski
Qualtrough
Robillard
Rodriguez
Rogers
Romanado
Sahota
Saks
Samson
Sarai
Scarpaleggia
Schiefke
Serré
Sgro
Shanahan
Sheehan
Sidhu (Brampton East)
Sorbara
St-Onge
Sudds
Tassi
Taylor Roy
Thompson
Trudeau
Turnbull
Valdez
Van Bynen
van Koeverden
Vandal
Vandenbeld
Virani
Weiler
Wilkinson
Yip
Zahid
Zuberi
Total: -- 149
PAIRÉS
Députés
Aboultaif
Deltell
Dzerowicz
Hoback
Kitchen
Koutrakis
MacKenzie
McKay
Ng
O'Regan
Redekopp
Sajjan
Shields
Sidhu (Brampton South)
Total: -- 14
:
Je déclare la motion adoptée.
La Chambre reprend l'étude, interrompue le 5 décembre, de la motion.
:
Conformément à l'ordre adopté le jeudi 23 juin, la Chambre passe maintenant au vote par appel nominal différé sur la motion d'adoption du huitième rapport du Comité permanent de la santé concernant la prolongation du délai prévu pour l'étude du projet de loi .
[Français]
:
Monsieur le Président, je crois que vous constaterez qu'il y a consentement unanime pour que le résultat du vote précédent s'applique à ce vote-ci, les libéraux votant oui.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, les conservateurs sont d'accord pour que le résultat du vote précédent s'applique et ils voteront oui.
[Français]
:
Monsieur le Président, le Bloc québécois est d'accord pour appliquer le résultat du vote précédent et votera en faveur de la motion.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, le NPD est d'accord pour que le résultat du vote précédent s'applique et il votera en faveur.
[Français]
:
Monsieur le Président, le Parti vert est aussi d'accord pour appliquer le résultat du vote précédent et votera en faveur de la motion.
(La motion, mise aux voix, est adoptée par le vote suivant:)
(Vote no 235)
POUR
Députés
Aitchison
Albas
Aldag
Alghabra
Ali
Allison
Anand
Anandasangaree
Arnold
Arseneault
Arya
Ashton
Atwin
Bachrach
Badawey
Bains
Baker
Baldinelli
Barlow
Barrett
Barron
Barsalou-Duval
Battiste
Beaulieu
Beech
Bendayan
Bennett
Benzen
Bergeron
Berthold
Bérubé
Bezan
Bibeau
Bittle
Blaikie
Blair
Blanchet
Blanchette-Joncas
Blaney
Block
Blois
Boissonnault
Boulerice
Bradford
Bragdon
Brassard
Brière
Brock
Brunelle-Duceppe
Calkins
Cannings
Caputo
Carr
Carrie
Casey
Chabot
Chagger
Chahal
Chambers
Champagne
Champoux
Chatel
Chen
Chiang
Collins (Hamilton East—Stoney Creek)
Collins (Victoria)
Cooper
Cormier
Coteau
Dabrusin
Dalton
Damoff
Dancho
Davidson
Davies
DeBellefeuille
d'Entremont
Desbiens
Desilets
Desjarlais
Dhaliwal
Dhillon
Diab
Doherty
Dong
Dowdall
Dreeshen
Drouin
Dubourg
Duclos
Duguid
Duncan (Etobicoke North)
Ehsassi
El-Khoury
Ellis
Epp
Erskine-Smith
Falk (Battlefords—Lloydminster)
Falk (Provencher)
Fast
Fergus
Ferreri
Fillmore
Findlay
Fisher
Fonseca
Fortier
Fortin
Fragiskatos
Fraser
Freeland
Fry
Gaheer
Gallant
Garneau
Garon
Garrison
Gaudreau
Gazan
Généreux
Genuis
Gerretsen
Gill
Gladu
Godin
Goodridge
Gould
Gourde
Gray
Green
Guilbeault
Hajdu
Hallan
Hanley
Hardie
Hepfner
Holland
Housefather
Hughes
Hussen
Hutchings
Iacono
Idlout
Ien
Jaczek
Jeneroux
Johns
Joly
Jowhari
Julian
Kayabaga
Kelloway
Kelly
Khalid
Khera
Kmiec
Kram
Kramp-Neuman
Kurek
Kusie
Kusmierczyk
Kwan
Lake
Lalonde
Lambropoulos
Lametti
Lamoureux
Lantsman
Lapointe
Larouche
Lattanzio
Lauzon
Lawrence
LeBlanc
Lebouthillier
Lehoux
Lemire
Lewis (Essex)
Lewis (Haldimand—Norfolk)
Liepert
Lightbound
Lloyd
Long
Longfield
Louis (Kitchener—Conestoga)
MacAulay (Cardigan)
MacDonald (Malpeque)
MacGregor
MacKinnon (Gatineau)
Maguire
Maloney
Martel
Martinez Ferrada
Masse
Mathyssen
May (Cambridge)
May (Saanich—Gulf Islands)
Mazier
McCauley (Edmonton West)
McDonald (Avalon)
McGuinty
McKinnon (Coquitlam—Port Coquitlam)
McLean
McLeod
McPherson
Melillo
Mendès
Mendicino
Miao
Michaud
Miller
Moore
Morantz
Morrice
Morrison
Morrissey
Motz
Murray
Muys
Naqvi
Nater
Noormohamed
O'Connell
Oliphant
O'Toole
Patzer
Paul-Hus
Pauzé
Perkins
Perron
Petitpas Taylor
Plamondon
Powlowski
Qualtrough
Reid
Rempel Garner
Richards
Roberts
Robillard
Rodriguez
Rogers
Romanado
Rood
Ruff
Sahota
Saks
Samson
Sarai
Scarpaleggia
Scheer
Schiefke
Schmale
Seeback
Serré
Sgro
Shanahan
Sheehan
Shipley
Sidhu (Brampton East)
Simard
Sinclair-Desgagné
Singh
Small
Sorbara
Soroka
Steinley
Ste-Marie
Stewart
St-Onge
Strahl
Stubbs
Sudds
Tassi
Taylor Roy
Thériault
Therrien
Thomas
Thompson
Tochor
Tolmie
Trudeau
Trudel
Turnbull
Uppal
Valdez
Van Bynen
van Koeverden
Van Popta
Vandal
Vandenbeld
Vecchio
Vidal
Vien
Viersen
Vignola
Villemure
Virani
Vis
Wagantall
Warkentin
Waugh
Weiler
Wilkinson
Williams
Williamson
Yip
Zahid
Zarrillo
Zimmer
Zuberi
Total: -- 310
PAIRÉS
Députés
Aboultaif
Deltell
Dzerowicz
Hoback
Kitchen
Koutrakis
MacKenzie
McKay
Ng
O'Regan
Redekopp
Sajjan
Shields
Sidhu (Brampton South)
Total: -- 14
:
Je déclare la motion adoptée.
La Chambre reprend l'étude, interrompue le 6 décembre, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
:
Conformément à l'ordre adopté le jeudi 23 juin, la Chambre procèdera maintenant au vote par appel nominal sur la motion à l'étape de la troisième lecture du projet de loi C‑235 sous la rubrique des affaires émanant des députés.
(La motion, mise aux voix, est adoptée par le vote suivant:)
(Vote no 236)
POUR
Députés
Aldag
Alghabra
Ali
Anand
Anandasangaree
Arseneault
Arya
Ashton
Atwin
Bachrach
Badawey
Bains
Baker
Barron
Battiste
Beech
Bendayan
Bennett
Bibeau
Bittle
Blaikie
Blair
Blaney
Blois
Boissonnault
Boulerice
Bradford
Brière
Cannings
Carr
Casey
Chagger
Chahal
Champagne
Chatel
Chen
Chiang
Collins (Hamilton East—Stoney Creek)
Collins (Victoria)
Cormier
Coteau
Dabrusin
Damoff
Davies
Desjarlais
Dhaliwal
Dhillon
Diab
Dong
Drouin
Dubourg
Duclos
Duguid
Duncan (Etobicoke North)
Ehsassi
El-Khoury
Erskine-Smith
Fergus
Fillmore
Fisher
Fonseca
Fortier
Fragiskatos
Fraser
Freeland
Fry
Gaheer
Garneau
Garrison
Gazan
Gerretsen
Gould
Green
Guilbeault
Hajdu
Hanley
Hardie
Hepfner
Holland
Housefather
Hughes
Hussen
Hutchings
Iacono
Idlout
Ien
Jaczek
Johns
Joly
Jowhari
Julian
Kayabaga
Kelloway
Khalid
Khera
Kusmierczyk
Kwan
Lalonde
Lambropoulos
Lametti
Lamoureux
Lapointe
Lattanzio
Lauzon
LeBlanc
Lebouthillier
Lightbound
Long
Longfield
Louis (Kitchener—Conestoga)
MacAulay (Cardigan)
MacDonald (Malpeque)
MacGregor
MacKinnon (Gatineau)
Maloney
Martinez Ferrada
Masse
Mathyssen
May (Cambridge)
May (Saanich—Gulf Islands)
McDonald (Avalon)
McGuinty
McKinnon (Coquitlam—Port Coquitlam)
McLeod
McPherson
Mendès
Mendicino
Miao
Miller
Morrice
Morrissey
Murray
Naqvi
Noormohamed
O'Connell
Oliphant
Petitpas Taylor
Powlowski
Qualtrough
Robillard
Rodriguez
Rogers
Romanado
Sahota
Saks
Samson
Sarai
Scarpaleggia
Schiefke
Serré
Sgro
Shanahan
Sheehan
Sidhu (Brampton East)
Singh
Sorbara
St-Onge
Sudds
Tassi
Taylor Roy
Thompson
Trudeau
Turnbull
Valdez
Van Bynen
van Koeverden
Vandal
Vandenbeld
Virani
Vuong
Weiler
Wilkinson
Yip
Zahid
Zarrillo
Zuberi
Total: -- 176
CONTRE
Députés
Aitchison
Albas
Allison
Arnold
Baldinelli
Barlow
Barrett
Barsalou-Duval
Beaulieu
Benzen
Bergeron
Berthold
Bérubé
Bezan
Blanchette-Joncas
Block
Bragdon
Brassard
Brock
Brunelle-Duceppe
Calkins
Caputo
Carrie
Chabot
Chambers
Champoux
Cooper
Dalton
Dancho
Davidson
DeBellefeuille
d'Entremont
Desbiens
Desilets
Doherty
Dowdall
Dreeshen
Ellis
Epp
Falk (Battlefords—Lloydminster)
Falk (Provencher)
Fast
Ferreri
Findlay
Fortin
Gallant
Garon
Gaudreau
Généreux
Genuis
Gill
Gladu
Godin
Goodridge
Gourde
Gray
Hallan
Jeneroux
Kelly
Kmiec
Kram
Kramp-Neuman
Kurek
Kusie
Lake
Lantsman
Larouche
Lawrence
Lehoux
Lemire
Lewis (Essex)
Lewis (Haldimand—Norfolk)
Liepert
Lloyd
Maguire
Martel
Mazier
McCauley (Edmonton West)
McLean
Melillo
Michaud
Moore
Morantz
Morrison
Motz
Muys
Nater
O'Toole
Patzer
Paul-Hus
Pauzé
Perkins
Perron
Plamondon
Poilievre
Rayes
Reid
Rempel Garner
Richards
Roberts
Rood
Ruff
Scheer
Schmale
Seeback
Shipley
Simard
Sinclair-Desgagné
Small
Soroka
Steinley
Ste-Marie
Stewart
Strahl
Stubbs
Thériault
Therrien
Thomas
Tochor
Tolmie
Trudel
Uppal
Van Popta
Vecchio
Vidal
Vien
Viersen
Vignola
Villemure
Vis
Wagantall
Warkentin
Waugh
Webber
Williams
Williamson
Zimmer
Total: -- 137
PAIRÉS
Députés
Aboultaif
Deltell
Dzerowicz
Hoback
Kitchen
Koutrakis
MacKenzie
McKay
Ng
O'Regan
Redekopp
Sajjan
Shields
Sidhu (Brampton South)
Total: -- 14
:
Je déclare la motion adoptée.
(Le projet de loi, lu pour la troisième fois, est adopté.)
Le Président: Je désire informer la Chambre qu'en raison des votes par appel nominal différés, l'étude des ordres émanant du gouvernement sera prolongée de 32 minutes.
demande à présenter le projet de loi .
(Les motions sont réputées adoptées, le projet de loi est lu pour la première fois et imprimé.)
:
Monsieur le Président, il y a eu consultations entre les partis, et vous constaterez qu'il y a consentement unanime à l'égard de la motion suivante:
Qu'un débat exploratoire sur les récents meurtres de femmes autochtones ait lieu le mercredi 7 décembre 2022, conformément à l'article 53.1 du Règlement et que, nonobstant tout article du Règlement, ordre spécial ou usage habituel de la Chambre: a) tout député qui se lève pour prendre la parole pendant le débat puisse indiquer à la présidence qu'il partagera son temps avec un autre député; b) la période prévue pour le débat soit prolongée au-delà de quatre heures, au besoin, de manière à inclure un minimum de 12 périodes de 20 minutes chacune; c) la présidence ne reçoive ni demande de quorum, ni motion dilatoire, ni demande de consentement unanime
:
Que tous ceux qui s'opposent à ce que le député propose la motion veuillent bien dire non. Le consentement est accordé.
La Chambre a entendu la motion. Que tous ceux qui s'opposent à la motion veuillent bien dire non.
(La motion est adohptée.)
:
Monsieur le Président, on répondra aujourd'hui aux questions n
os 900 et 902.
[Texte]
Question no 900 — Mme Michelle Ferreri:
En ce qui concerne le Fonds de relance des services communautaires: a) quelle fraction du fonds de 400 millions de dollars a été versée jusqu’à maintenant; b) quels sont les détails de tous les projets financés jusqu’à maintenant par l’entremise du fonds, y compris, pour chacun, (i) le bénéficiaire, (ii) l’endroit, (iii) le montant, (iv) la description du projet, (v) la date de financement?
Mme Ya’ara Saks (secrétaire parlementaire de la ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Lib.):
Monsieur le Président, dans le budget de 2021, le gouvernement a fourni 400 millions de dollars à Emploi et Développement social Canada, ou EDSC, pour créer le Fonds de relance des services communautaires, ou FRSC. Ce fonds est un investissement unique pour répondre aux besoins d’adaptation et de modernisation des organismes de bienfaisance et à but non lucratif qui doivent composer avec les effets immédiats et durables de la pandémie de COVID 19. Cet investissement renforcera le secteur des organismes de bienfaisance et sans but lucratif qui soutient le rétablissement dans les communautés à travers le Canada.
Le 22 novembre 2022, le gouvernement a annoncé que trois financeurs nationaux – la Croix-Rouge canadienne, Fondations communautaires du Canada et Centraide United Way Canada – ont été sélectionnés pour distribuer le financement du FRSC afin d'aider un large éventail d'organismes de bienfaisance et sans but lucratif à s'adapter et se moderniser. Les financeurs nationaux seront chargés d'établir des processus de demande ouverts et d'évaluer les demandes d'organismes de bienfaisance et sans but lucratif fournissant des services dans les communautés à travers le Canada. Le processus de demande de subvention pour les organismes afin de demander du financement devrait être lancé au début de janvier 2023. Les financeurs nationaux sélectionnés seront chargés de communiquer le moment où les organismes admissibles pourront présenter leur demande.
Les financeurs nationaux ont lancé un site Web FRSC, www.fondsderelancedesservicescommunautaires.ca, qui sera mis à jour au fur et à mesure de l'avancement des travaux.
Question no 902 — M. Andrew Scheer:
En ce qui concerne le projet du gouvernement de réduire de 30 % les émissions provenant de l’application d’engrais et de son impact sur Financement agricole Canada (FAC): a) FAC va-t-il réduire le montant du crédit pouvant être accordé aux agriculteurs dont les rendements escomptés vont diminuer du fait qu’ils utilisent moins d’engrais; b) de l’avis de FAC, quels rendements de culture devraient chuter le plus par suite du projet du gouvernement; c) ventilées par type de culture, quelles sont les projections de FAC concernant les pertes de rendement que connaîtront les agriculteurs par suite du projet du gouvernement; d) ventilées par type de culture, quelles sont les projections de FAC concernant les pertes de revenu qui résulteront du projet du gouvernement; e) est-ce que FAC compte conseiller aux agriculteurs de ne pas semer certaines cultures du fait qu’ils ne pourront pas appliquer autant d’engrais, et, le cas échéant, quelles cultures; f) FAC a-t-il reçu des communications du gouvernement lui demandant de ne pas discuter publiquement des impacts négatifs de son projet pour les agriculteurs, et, le cas échéant, quels en sont les détails, y compris (i) les personnes prenant part aux communications, (ii) le type de communication, (iii) la date, (iv) un résumé?
L’hon. Marie-Claude Bibeau (ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Lib.):
Monsieur le Président,en réponse à la partie a) de la question, le montant du crédit offert aux clients de Financement agricole Canada, ou FAC, n'est pas touché par le plan du gouvernement visant à réduire les émissions provenant de l'épandage d'engrais.
Concernant la partie b), FAC n’a pas d’analyse permettant d’apporter une réponse. Au sujet de la partie c), FAC n’a pas d’analyse permettant d’apporter une réponse. Pour ce qui est de la partie d), FAC n’a pas d’analyse permettant d’apporter une réponse. Relativement à la partie e) FAC n’a pas d’analyse permettant d’apporter une réponse.
En ce qui a trait aux parties f)(i-iv), FAC n’a reçu aucune directive du gouvernement sur la communication concernant le projet de réduction des émissions provenant de l’application d’engrais.
:
Monsieur le Président, si les questions n
os 901 et 903 à 911 pouvaient être transformées en ordres de dépôt de documents, les documents seraient déposés immédiatement.
Le vice-président: D'accord?
Des voix: D'accord.
[Texte]
Question no 901 — Mme Michelle Ferreri:
En ce qui concerne les cibles énumérées dans la lettre de mandat de la ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social: a) les frais des services de garde d’enfants réglementés ont-ils été réduits de 50 % en moyenne partout hors Québec, et, si ce n'est pas le cas, (i) à quel moment le seront-ils, (ii) seront-ils réduits d’ici la fin de 2022, et, si ce n'est pas le cas, pourquoi pas; b) que compte faire la ministre pour abaisser à 10 $ par jour en moyenne les frais de services de garde d’enfants réglementés d’ici la fin de l’exercice 2025-2026 partout hors Québec, et quels sont les indicateurs ou mesures de rendement à satisfaire chaque année d’ici 2025-2026 pour évaluer l’atteinte de la cible; c) quels sont les mesures ou les plans exacts du gouvernement pour créer 250 000 nouvelles places en garderie; d) combien de places les plans et mesures en c) produiront-ils, et sur quelle période; e) quels sont les plans ou les mesures spécifiques du gouvernement pour embaucher 40 000 éducateurs et éducatrices de la petite enfance supplémentaires d’ici la fin de l’exercice 2025-2026, y compris les détails spécifiques sur l’endroit où le gouvernement entend trouver ces 40 000 personnes?
(Le document est déposé.)
Question no 903 — M. Adam Chambers:
En ce qui concerne l’impôt sur le revenu et l’Agence du revenu du Canada, ventilé par année depuis 2016: a) quel est le nombre total de contribuables qui ont produit des déclarations de revenu, ventilé par tranche d’imposition; b) quel a été le montant total des recettes perçues sur le revenu des particuliers, ventilé par tranche d’imposition et déclaration d’impôt?
(Le document est déposé.)
Question no 904 — M. Adam Chambers:
En ce qui concerne l’Agence du revenu du Canada (ARC): quel est le nombre total d’employés ou d’équivalents temps plein pour chaque (i) division, (ii) domaine d’application de la loi de l’ARC, ventilé par année depuis 2016?
(Le document est déposé.)
Question no 905 — M. Gerald Soroka:
En ce qui concerne le nombre d’employés du gouvernement en congé, ventilé par ministère, organisme ou autre entité du gouvernement: a) combien d’employés sont en congé en date du 20 octobre 2022, ventilé par type de congé; b) combien d’employés ont utilisé un congé de la catégorie type « Autre congé payé » (code 699), ventilé par mois, depuis le 1er janvier 2022?
(Le document est déposé.)
Question no 906 — Mme Laila Goodridge:
En ce qui concerne les programmes gouvernementaux de lutte contre la toxicomanie et l’alcoolisme: a) quels programmes le gouvernement développe-t-il actuellement ou a-t-il déjà mis en place; b) pour chaque programme cité en a), (i) quels sont les paramètres utilisés pour juger de la réussite ou de l’échec du programme, (ii) quel est l'objectif recherché du programme; c) quels sont les détails de chacun des sondages que le gouvernement a menés depuis 2016 en ce qui concerne les programmes ou la question des dépendances en général, y compris, pour chacun, (i) la date, (ii) l’instigateur du sondage, (iii) la méthodologie, (iv) les questions posées, (v) les résultats et les conclusions?
(Le document est déposé.)
Question no 907 — M. Martin Shields:
En ce qui concerne la publicité gouvernementale pour promouvoir les vaccins et les injections de rappels contre la COVID-19: a) combien le gouvernement fédéral a-t-il dépensé à ce jour pour faire la publicité et la promotion des vaccins contre la COVID-19; b) quelle est la ventilation de a) par mois depuis l’homologation des premiers vaccins; c) quelle est la ventilation de a) et b) par (i) campagne individuelle, (ii) support publicitaire (télévision, quotidiens, Internet, etc.); d) quelle est la ventilation de toutes les dépenses pour des publicités traditionnelles pour promouvoir les vaccins ou les injections de rappel par station ou publication; e) quelle est la ventilation de toutes les publicités sur les médias sociaux faisant la promotion des vaccins ou des injections de rappel par réseau de médias sociaux, guichet ou site Web; f) quelle est la ventilation de d) et e) par campagne publicitaire; g) quels sont les détails des cachets qui ont été versés à des responsables de la santé publique, à des personnalités publiques, à des célébrités ou à des influenceurs pour leur apparition dans ces publicités, y compris, pour chacun, (i) le nom de la personne ayant reçu un cachet, (ii) le montant versé, (iii) la description de la publicité, (iv) la raison pour laquelle la personne a été choisie pour la publicité, (v) les dates de début et de fin des publicités?
(Le document est déposé.)
Question no 908 — M. Corey Tochor:
En ce qui concerne le recouvrement des trop-payés et des paiements obtenus frauduleusement dans le cadre des divers programmes d’aide financière mis en place par le gouvernement dans le contexte de la COVID-19: a) combien l’Agence du revenu du Canada (ARC) (i) a-t-elle dépensé jusqu’à présent, (ii) devrait dépenser à l’avenir, pour recouvrir les paiements; b) combien d’employés de l’ARC ou d’équivalents temps plein sont affectés à des dossiers de recouvrement de ces paiements; c) quelle est la ventilation de a) et de b) par programme d’aide?
(Le document est déposé.)
Question no 909 — M. Corey Tochor:
En ce qui concerne les marchés publics et les contrats gouvernementaux pour la prestation de services de recherche ou de rédaction de discours aux ministres depuis le 1er mars 2022: a) quels sont les détails de chacun de ces contrats, y compris: (i) les dates de début et de fin, (ii) les parties contractantes, (iii) le numéro de dossier, (iv) la nature ou la description du travail, (v) la valeur du contrat; b) dans le cas des contrats de rédaction de discours, quel est (i) la date, (ii) l’endroit, (iii) l’auditoire ou l’événement pour lequel le discours a été ou devait être prononcé, (iv) le nombre de discours à rédiger, (v) le coût facturé par discours?
(Le document est déposé.)
Question no 910 — M. Corey Tochor:
En ce qui concerne les consultations menées par le gouvernement sur des dispositions contenues dans toutes les mesures législatives du gouvernement présentées depuis le début de la 44e législature, ventilées par projet de loi: a) quels projets de loi prévoyaient des mesures pour lesquelles le gouvernement a consulté des intervenants, y compris d’autres ordres de gouvernement, avant de les présenter; b) quels sont les détails de toutes ces consultations, y compris (i) le numéro du projet de loi, (ii) les mesures ayant fait l’objet de consultations, (iii) les intervenants consultés, (iv) les dates où ils ont été consultés, (v) les modes de consultation?
(Le document est déposé.)
Question no 911 — Mme Leslyn Lewis:
En ce qui concerne la participation du gouvernement au réseau des Nations agiles: a) quel a été le rôle du Canada dans la mise sur pied et le développement du concept du réseau des Nations agiles et de sa charte, signée en novembre 2020; b) quels étaient les impératifs et motifs stratégiques qui justifiaient la signature de la charte; c) avec quels intervenants des consultations sur la Charte proposée des Nations agiles ont-elles eu lieu; d) comment chaque intervenant en c) a-t-il été consulté et quels commentaires a-t-il fournis; e) quelles sont les modalités de la participation du Canada au réseau des Nations agiles, y compris la durée de cette participation; f) quels sont les résultats, les effets et les objectifs mesurables attendus de la participation du Canada à ce réseau; g) quels projets le gouvernement a-t-il soutenus comme participant ou source de fonds dans le cadre des Nations agiles, y compris, pour chaque projet, quels étaient (i) le nom, (ii) l’organisme ou le ministère responsable, (iii) les objectifs, (iv) le sommaire du projet, (v) la raison pour laquelle le projet a été financé, (vi) le lieu, (vii) les partenaires; h) quelles sont les dépenses totales liées à la participation du Canada aux Nations agiles depuis 2020, ventilées par (i) le ministère ou l’organisme, (ii) le projet (s’il y a lieu), (iii) la catégorie de dépenses; i) quels sont les détails de projet des Justificatifs numériques et des Services de fiabilité numérique, y compris (i) la description, (ii) l’état d’avancement actuel du projet, (iii) la date prévue d’achèvement, (iv) les risques ou problèmes de mise en œuvre relevés, (v) les résultats attendus; j) quels sont les détails de projet du Service national de fiabilité numérique, y compris (i) la description, (ii) l’état d’avancement actuel du projet, (iii) la date prévue d’achèvement, (iv) les risques ou problèmes de mise en œuvre relevés, (v) les résultats attendus?
(Le document est déposé.)
[Traduction]
:
Monsieur le Président, je demande que les autres questions restent au Feuilleton.
Le vice-président: D'accord?
Des voix: D'accord.
La Chambre reprend l'étude, interrompue le 5 décembre, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
:
Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés en ce qui concerne le trafic d’organes humains.
Le projet de loi propose des réformes fort nécessaires qui visent à mettre fin au commerce illicite d’organes, un commerce qui s’en prend à la souffrance humaine et au désespoir. Le trafic d’organes est un problème transnational et mondial qui implique souvent l’exploitation des pauvres et des personnes vulnérables qui vivent dans des pays aux ressources insuffisantes. En général, ce sont des personnes mieux nanties et souvent originaires de pays plus riches qui stimulent la demande d’organes, tandis que l’offre provient généralement des régions en développement.
Bien qu’il n’y ait aucun cas connu de greffe d'un organe issu d'un trafic réalisée au Canada, des Canadiens recourraient au tourisme de transplantation, qui consiste à aller à l’étranger pour acheter un organe dont ils ont besoin pour des raisons médicales, mais qui n'est pas disponible dans leur propre pays.
Les personnes dont on prélève les organes y sont souvent contraintes, mais elles peuvent aussi avoir donné leur accord sous l'influence d'individus qui exploitent leur vulnérabilité. Par exemple, on leur promet une importante récompense en espèces qui calmerait leur désespoir financier. Ces personnes doivent coopérer, par exemple en se soumettant à des tests, notamment de compatibilité, et en se préparant à l'intervention chirurgicale. Une fois l'intervention terminée, elles ne reçoivent souvent pas la récompense promise ou les soins nécessaires pour se remettre de cette chirurgie pénible, ce qui entraîne des complications, voire la mort.
Les trafiquants d’organes, les individus qui effectuent les interventions chirurgicales et les intermédiaires qui trouvent les organes à transplanter misent sur le désespoir des malades et des pauvres. Les personnes dont les organes sont prélevés sont souvent laissées sans compensation et en mauvaise santé. Le système de santé du Canada a du mal à fournir des soins aux personnes qui reviennent au pays après une telle chirurgie, car les fournisseurs de soins ne disposent pas de l’information nécessaire pour traiter les complications.
Le projet de loi propose de créer de nouvelles infractions qui visent directement le trafic d’organes. Certains diront que le Code criminel criminalise déjà les trafiquants d’organes. Par exemple, les infractions relatives à la traite de personnes s’appliquent, au Canada, lorsque les trafiquants recrutent, transportent ou hébergent des victimes pour prélever leurs organes de façon coercitive. Ces infractions s’appliquent à l’étranger, ce qui signifie que le Canada peut poursuivre les Canadiens et les résidents permanents du Canada qui se livrent à des activités de traite à l'étranger.
Le problème, c’est qu’aucune infraction ne s’applique lorsque des organes sont achetés et que les pratiques coercitives ne peuvent pas être prouvées. Dans de trop nombreux cas de ce genre, les victimes subissent des pressions pour vendre leurs organes ou sont incitées à le faire. Même lorsque les formes de coercition sont manifestes, il est difficile de recueillir des preuves pertinentes, notamment parce que ces pratiques ont parfois lieu à l’étranger.
À cet égard, les infractions prévues dans le projet de loi comblent une importante lacune dans la loi. Le projet de loi criminaliserait non seulement la facilitation du prélèvement coercitif d’organes, la participation au prélèvement coercitif et l’obtention d’organes dans ce contexte, mais aussi la facilitation du prélèvement d’organes achetés ou obtenus pour contrepartie, la participation à un tel prélèvement et l’obtention d’organes achetés.
Le projet de loi élargit également la compétence extraterritoriale, ce qui signifie que les citoyens et les résidents permanents du Canada peuvent être poursuivis au Canada pour avoir commis à l’étranger des actes interdits par le projet de loi. Cela comprend les personnes qui se livrent au tourisme de transplantation. Le projet de loi propose en outre d’interdire de territoire les ressortissants étrangers et les résidents permanents qui se livrent à des activités interdites par le projet de loi pour atteinte aux droits de la personne ou internationaux, y compris les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité visés par l’article 35 de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.
Les objectifs du projet de loi sont conformes aux normes internationales. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que le fait de payer pour des organes ouvrirait probablement la porte à l'exploitation des groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. Cette pratique décourage les dons altruistes et encourage l’escroquerie et la traite des personnes. Le paiement d’organes véhicule l’idée que certaines personnes sont moins dignes que d'autres, qu’elles ne sont que de simples objets pouvant être utilisés.
De plus, divers documents de l’Organisation mondiale de la santé traitent directement du trafic d’organes, notamment les Principes directeurs de 2010 sur la transplantation de cellules, de tissus et d’organes humains, et la déclaration d’Istanbul de 2008 contre le trafic d’organes et le tourisme et le commerce de transplantation, dont l’objectif est de prévenir le trafic d’organes et le tourisme de transplantation. La déclaration recommande l’interdiction du commerce de transplantation, une expression utilisée à l’échelle internationale pour désigner le fait de traiter des organes comme des marchandises à acheter et à vendre.
Les réformes proposées dans le projet de loi placeraient le Canada à l’avant-garde de la communauté internationale dans le dossier du trafic d’organes. Très peu de pays ont cherché à lutter contre le trafic d’organes en ciblant la demande qui alimente ce commerce néfaste. Je suis très fier du parcours législatif de ce projet de loi. Il démontre que la lutte contre le trafic d’organes est un enjeu que tous les Canadiens peuvent défendre.
Santé Canada continue de diriger une initiative appelée Collaboration en matière de dons et de greffes d’organes afin d’accroître l’accès légal et sécuritaire à la transplantation d’organes. Cette collaboration vise à améliorer les dons d’organes afin d'obtenir de meilleurs résultats pour les patients et d’accroître le nombre et la qualité des transplantations réussies.
Le collectif a pris de nombreuses mesures impressionnantes pour apporter des changements dans ce domaine, notamment la création d’un système de données pancanadien qui permettra d'appuyer les décisions, de ne pas manquer des occasions de dons d'organes et d'améliorer les soins offerts aux patients; l'établissement de mécanismes de prise de décisions et de reddition de comptes pour que les Canadiens aient accès à un système de dons et de greffes d’organes qui réponde à leurs besoins et à ceux de leurs familles; l'optimisation de l'identification des donneurs dans les hôpitaux et de l'aiguillage des patients vers des services de transplantation partout au Canada; le repérage des populations mal desservies ainsi que l'amélioration de l’accès des patients aux soins après une greffe dans les collectivités éloignées; l'augmentation du nombre de dons de donneurs vivants comme option de traitement à privilégier pour les reins et le foie, par exemple; et l'appui des professionnels de la santé au moyen de la formation professionnelle.
Ces activités, conjuguées au projet de loi , feront du Canada un chef de file mondial dans la lutte contre le trafic d’organes. Bien que de nombreux pays aux vues similaires, comme le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, réglementent la transplantation d’organes humains et interdisent le trafic d’organes tout comme le Canada le fait actuellement, peu de pays ont criminalisé l’achat d’organes, notamment le tourisme de transplantation.
Le gouvernement appuie les réformes du Code criminel proposées dans ce projet de loi et continuera de travailler en vue d'assurer leur entrée en vigueur. Nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour que les réformes proposées dans ce projet de loi contribuent à mettre fin au trafic d’organes sous toutes ses formes, y compris la commercialisation de parties du corps humain, et à éliminer les torts que ce trafic cause aux personnes qui en sont victimes et à l’ensemble de la société.
[Français]
:
Madame la Présidente, en tant que députés, nous avons la chance de nous entretenir, à la Chambre, de sujets qui nous tiennent à cœur. Tous les jours, nos collègues se lèvent pour applaudir ou dénoncer une situation qui, parfois, nous rassemble ou qui, d'autres fois, nous éloigne.
Comme on le sait, je suis pas mal content lorsque je peux sauter dans l'arène politique et débattre avec mes collègues des autres partis. Je n'apprendrai rien de nouveau à mes collègues en disant que je ne hais pas tenir tête à mes amis libéraux, conservateurs ou néo-démocrates, une fois de temps en temps — avec tout le respect que je leur porte, évidemment. C'est un peu cela, notre travail: défendre nos idées. Cela dit, il y a des sujets où le débat n'a pas tellement sa place, non pas parce que je veux imposer mon idée, mais parce que, bien souvent, l'unanimité triomphe sur la divergence d'opinions. La plupart du temps, cela arrive quand il est question de protection des droits de la personne ou de bien-être des individus.
Comme porte-parole du Bloc québécois en matière d'immigration et de droits de la personne, ce dont je veux parler aujourd'hui, c'est justement de protection et de bien-être des personnes. Je veux notamment parler du projet de loi , qui a été débattu et adopté au Sénat. Cela démontre le consensus entre les Canadiens et les Québécois à l'égard de la pratique barbare et cruelle du trafic d'organes. Cela fait désormais l'unanimité. Ce n'est donc pas une surprise si je dis que, tout comme mes collègues du Bloc québécois, je suis en faveur du principe de ce projet de loi.
Avant de continuer, j'aimerais que nous regardions quelques notions ensemble. Depuis leur avènement dans les années 1950, les transplantations d'organes ont permis de sauver d'innombrables vies. Toutefois, à l'heure actuelle, la demande d'organes dépasse l'offre. D'après certaines estimations, les transplantations effectuées légalement ne répondent aux besoins que de 10 % de tous les patients inscrits sur les listes d'attentes dans le monde. Par conséquent, des milliers de personnes meurent chaque année en attendant de recevoir une greffe. Ce n'est donc pas pour rien si le commerce de trafic d'organes va en augmentant. C'est mathématique. En raison des besoins désespérés en greffes d'organes, un marché criminel, transnational et lucratif se poursuit. Le trafic d'organes est donc un phénomène mondial.
On observe cette tendance un peu partout, même si cette pratique est interdite dans presque tous les pays. C'est une pratique largement considérée comme étant non éthique et qui, tristement, touche beaucoup plus les personnes pauvres et démunies. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le receveur typique est un homme de 48 ans dont le revenu annuel moyen est de 53 000 dollars canadiens. À l'opposé, le donneur typique est un homme de 28 ans dont le revenu annuel moyen est de 480 dollars canadiens. Le problème est que ces transplantations réalisées à l'étranger sont dangereuses non seulement pour les donneurs, mais aussi pour les receveurs. Il n'existe aucun cadre réglementaire garantissant la sécurité de l'intervention ou la viabilité des organes ni dans les pays donneurs, ni dans les pays receveurs. Bien que le problème du trafic d'organes soit reconnu à l'échelle internationale, les tentatives visant à le prévenir et à l'interdire ont connu un succès limité. C'est pourquoi ce crime demeure répandu dans de nombreuses régions du monde.
Jusqu'à présent, les mesures législatives prises au Canada pour renforcer les lois fédérales concernant le trafic d'organes n'ont tout simplement pas porté leurs fruits. « Canada is back », nous disait le en 2015 et lors la dernière législature. À cela, je réponds que le Canada est loin d'être de retour. Qui plus est, dans des dossiers de droits internationaux de la personne, le Canada traîne la patte depuis un bon moment déjà. En ce moment, aucune loi canadienne n'interdit aux Canadiens de se rendre à l'étranger, d'acheter des organes, de se les faire greffer et de revenir au Canada. Dans ces conditions, on ne pourra certainement pas dire que les mesures prises par le gouvernement du Canada ont effrayé beaucoup de géants. En tout cas, sûrement pas la Chine.
Je peux dire que la situation en Chine est particulièrement préoccupante. En effet, c'est le seul pays au monde à organiser le trafic d'organes à une échelle industrielle en prélevant des organes sur des prisonniers d'opinion exécutés. Il s'agit d'un prélèvement d'organes forcé. Mes amis ouïghours le savent encore plus. Dès que je peux me lever à la Chambre et dénoncer haut et fort les atrocités que le gouvernement chinois fait subir à leur communauté, je le fais. Aujourd'hui, je vais le faire une fois de plus, parce qu'on n'en parlera jamais assez.
Au moment même où je me tiens devant les députés de la Chambre, près de 2 millions d’Ouïghours et de musulmans turciques sont emprisonnés dans des camps de concentration. Dans ces mêmes camps, de nombreux actes de torture sont commis. La vie d'êtres humains leur est enlevée froidement et leurs organes sont vendus sur le marché de la transplantation. Au risque de me répéter, mais surtout par nécessité, j'affirme une fois de plus devant la Chambre ce qui suit. En ce moment même, en Chine, se déroule le crime le plus horrible que puisse perpétrer un gouvernement envers sa propre population, c'est-à-dire un génocide.
La Chine possède actuellement le deuxième plus grand programme de greffes au monde. Ces dernières ont augmenté rapidement au début des années 2000 sans qu'il y ait une augmentation correspondante des donneurs d'organes volontaires. Cela a suscité, avec raison, des questions sur l'origine des organes. Le commerce des organes des Ouïghours enfermés dans des camps en Chine fait régulièrement l'objet d'enquêtes. Ces dernières sont continuellement interrompues, sans aucune surprise.
Nous devons nous demander pour quelles raisons nous avons été élus, mais aussi pour quelles raisons nous nous sommes présentés en politique. Je comprends qu'il puisse y avoir un prix politique à payer lorsqu'on veut s'attaquer à un géant comme la Chine, par exemple sur le plan économique. Tous les députés du Canada ont dans leur propre région des intérêts économiques en Chine. C'est normal, puisque la Chine est un géant économique. En même temps, en ce moment même, des femmes ouïghoures sont stérilisées de force, des enfants ouïghours sont enlevés à leur famille et sont déplacés dans des familles de Hans.
Au moment où on se parle, des Ouïghours se font carrément voler leurs organes. On parle de vol d'organes, lesquels sont transplantés dans un marché capitaliste d'organes à vendre et à acheter. Des citoyens canadiens profitent de ce marché. C'est important de se rappeler pourquoi on veut faire de la politique. Oui, il faut se tenir devant ces gens, peu importe le prix politique à payer. Moi, je suis prêt à mettre mon siège en jeu pour rester debout face à la Chine.
Quand je parle de la Chine, je parle du régime communiste chinois au pouvoir, qui commet des atrocités contre son propre peuple. Le projet de loi est donc extrêmement important. Pour une fois, on va se tenir debout, et cela va faire partie des petits détails qu'on va régler de plus en plus et des petits pas qu'on va faire en avant contre le géant chinois.
En finissant, je voudrais dire ceci: je ne sais pas quel sort on va réserver au projet de loi S‑223, mais, au moins, personne ne peut plaider l'ignorance, qui est d'ailleurs la plus grande alliée des régimes totalitaires, après l'aveuglement. Ne soyons pas ignorants et aveugles. C'est dans cette optique que j'appuie le projet de loi visant à lutter contre le trafic d'organes, mais c'est surtout pour des questions de sécurité, de justice sociale et de principe.
On sait que je ne ferai jamais de compromis là-dessus. Mes principes et ma conscience passent avant tout, et c'est comme cela que nous représentons le mieux nos concitoyens qui ont décidé de nous faire confiance.
[Traduction]
:
Uqaqtittiji, je remercie mes électeurs de Nunavut de m’avoir fait confiance. Je continuerai de travailler fort pour veiller à ce que l'on réponde à leurs besoins et à ce que leurs voix soient entendues.
Le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (trafic d’organes humains), est important pour de nombreux Canadiens et pour des gens à l’étranger. Une fois adopté, ce projet de loi pourrait avoir trois effets.
Les modifications que le projet de loi propose d’apporter à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés pourraient faire en sorte qu'il soit désormais interdit de recevoir des organes issus de ce commerce illicite sur le territoire du Canada ou encore de profiter financièrement de ce commerce. Cette interdiction est particulièrement importante pour les pays en développement où les populations pauvres subissent des prélèvements forcés d’organes, comme les reins et le foie. Elle pourrait envoyer un signal fort à des pays comme l’Inde et le Pakistan, qui envoient des agents corrompus dans les pays développés, notamment au Canada.
S’il est adopté, ce projet de loi exhortera les gouvernements à faire tout leur possible pour protéger les personnes vulnérables qui sont victimes de ces crimes odieux. Et surtout, la question du trafic d’organes n’est pas une question partisane, alors nous devons collaborer pour que ce projet de loi soit adopté.
Nous savons que des organes, comme les reins et le foie, sont prélevés de force sur de nombreuses personnes dans le monde. C’est un problème très réel sur lequel le gouvernement veut légiférer depuis un certain temps. Nous attendons depuis plusieurs législatures des mesures concrètes à cet égard. Nous avons maintenant l’occasion d’adopter cette importante mesure législative.
L’Organisation mondiale de la santé a souligné qu’une fois sur dix, les organes transplantés proviennent du trafic illicite d’organes humains. Cela représente environ 10 000 victimes par année. Nous savons qu’il s’agit d’un crime qui touche de façon disproportionnée les personnes vivant dans des pays en développement qui n’ont pas de lois pour leur assurer les mêmes droits, privilèges et égalités que ceux dont nous jouissons chez nous.
Le gouvernement canadien, en adoptant une position ferme sur cette question, souligne que le trafic d’organes humains est un acte criminel et qu’il devrait être puni comme tel. En plus d’appuyer cette initiative, nous devrions prendre des mesures pour encourager les dons d’organes éthiques et sécuritaires au Canada afin de réduire le commerce illicite d’organes.
Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, un total de 2 782 greffes d’organes ont été pratiquées au Canada en 2021. L’Institut affirme que plus de 3 300 Canadiens sont sur des listes d’attente pour une greffe de rein, soit près du double d’il y a 20 ans, et près du tiers d’entre eux résident en Ontario.
Nous avons grandement besoin de dons d’organes dans ce pays. Compte tenu de l’ampleur des besoins, il est important d’avoir une discussion sur la manière dont le système de soins de santé du Canada doit relever ce défi. Comme les Canadiens en attente d’un organe sont très nombreux, le trafic d’organes ne cesse de croître au Canada.
Les victimes de ce trafic ont raconté leurs expériences. Certaines se sont réveillées dans un brouillard induit par des drogues devant une personne portant un masque et des gants chirurgicaux qui leur a dit qu’on venait de leur enlever un rein et qu’elles devraient prendre soin d’elles-mêmes. Il arrive souvent que ces victimes soient aux prises avec de graves séquelles permanentes et, en raison de la nature de l’opération, certaines en meurent.
Lorsque nous sommes appelés à exprimer ce qui est important pour les peuples autochtones, nous avons l’occasion de rappeler à tous les Canadiens et aux parlementaires les conséquences de la négligence du gouvernement fédéral à investir dans la santé des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Les indicateurs de santé demeurent pires parmi les Autochtones que parmi les autres Canadiens.
En général, les besoins des Autochtones en matière de services de santé ne sont pas pris en compte. Le Nunavut est encore trop dépendant d’un système de transport médical qui n’investit pas suffisamment dans les ressources humaines potentielles du Nunavut et dans les ressources autochtones de partout au Canada. Un article sur les défis que doivent relever les patients autochtones qui ont reçu une greffe d’organe au Canada le confirme:
Les populations autochtones du Nord, des régions éloignées et des régions rurales sont encore plus touchées, car à cause de leur faible taille, elles ont accès à beaucoup moins de services locaux de diagnostic et de soins de santé. Les distances à parcourir pour recevoir ces services sont souvent un obstacle pour les patients et les familles, en particulier lorsqu’ils ont besoin de traitements réguliers.
Vu la gravité de ce problème et les années de discussion qui ont eu lieu, nous devons adopter ce projet de loi.
Je suis heureuse de voir que le Parlement a essayé de régler ce problème en simplifiant la procédure d’inscription au don d’organe. Cependant, le trafic illégal d’organes et l’exploitation des gens continuent prendre de l’ampleur. La demande d’organes est forte et, avec le vieillissement de notre population, nous avons certes besoin d’une politique intelligente et efficace pour régler ce problème. Il est important que les Canadiens aient plus facilement accès à de l’information sur les dons d’organes.
Il y a une pénurie d’organes au Canada. En 2020, 4 129 patients étaient en attente d’une greffe et, à la fin de l’année, 276 d’entre eux sont décédés. Il s'agit d'une augmentation par rapport au nombre de décès au cours des années précédentes, qui a varié entre 223 et 250.
Les enfants autochtones, y compris les Premières Nations, les Inuits et les Métis, sont victimes d’inégalités persistantes dans le domaine de la santé et dans le domaine social. Ils ont des taux plus élevés de défaillance terminale d’organes nécessitant une greffe d’organes pleins. Les raisons de ces inégalités sont multiples et liées à l’histoire du colonialisme et du racisme au Canada. Des organisations et des laboratoires de partout au Canada continuent de mener des recherches et présentent leurs observations sur ce que vivent les peuples autochtones en ayant à subir un système de santé inadéquat. Si nous améliorons le dialogue, il y a de l’espoir pour l’avenir.
Les néo-démocrates s’opposent depuis longtemps à toutes les formes de traite, qu’il s’agisse de la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle, de la traite de travailleurs ou du trafic d’organes humains. Nous continuons de lutter pour les droits de la personne.
Nous devons tous faire notre possible pour protéger les personnes vulnérables. En adoptant ce projet de loi, le Canada peut envoyer un signal fort aux autres pays. Unissons nos efforts pour notre message soit bien entendu.
:
Madame la Présidente, c’est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, afin de mettre fin au trafic d’organes humains. Je tiens à remercier la sénatrice Salma Ataullahjan, qui a présenté ce projet de loi au Sénat, où il a franchi les trois étapes. Il est maintenant à l’étude à la Chambre des communes, parrainé par mon collègue de .
Ce projet de loi modifierait le Code criminel afin de créer des infractions punissables par mise en accusation pour ceux qui se livrent au prélèvement illégal d’organes. Il permettrait aussi au ministre de l’Immigration et de la Citoyenneté d’intervenir. Une personne qui se trouve au Canada à titre de résident permanent ou en tant qu’étranger peut se voir interdire le territoire canadien si elle a participé, d’une façon ou d’une autre, au prélèvement d’organes humains.
Je milite en ce sens depuis un certain temps. Nous avons présenté la loi de Sergueï Magnitski, qui a été adoptée à l’unanimité à la Chambre en 2018. Le gouvernement ne s’en est pas servi depuis, sauf pour le premier groupe de personnes qui ont été sanctionnées. Il s’agissait de veiller à ce que les personnes qui commettent de graves violations des droits de la personne dans le monde soient tenues responsables de leurs actes et qu’elles ne soient pas autorisées à se réfugier au Canada.
Nous savons qu’un programme systématique de prélèvement d’organes est en cours en Chine, sous la direction du régime communiste de Pékin. Le régime a utilisé ce programme contre des dissidents politiques et des minorités ethniques et religieuses, comme les adeptes du Falun Gong, les Ouïghours, les chrétiens et d’autres. Ils sont allés les chercher, les ont arrêtés et ont prélevé de force leurs organes pour en tirer profit.
Ce sont des violations flagrantes des droits de la personne, et c’est dégoûtant. Il est répugnant que l'on s'en prenne à des gens qui sont déjà persécutés parce qu’ils sont membres d’un groupe minoritaire ou encore parce qu'ils ne sont pas d’accord avec le régime de Pékin ou avec les dirigeants de n'importe quel autre pays, puis qu'on les arrête, qu'on les détienne et qu'on les charcute littéralement afin de commercialiser leurs organes partout dans le monde.
Le projet de loi permettrait d'inculper ces personnes en vertu du Code criminel si elles venaient au Canada. Non seulement elles s'exposeraient à des sanctions, seraient interdites de territoire et verraient leurs avoirs gelés, mais elles risqueraient aussi des poursuites criminelles au Canada.
Pensons à une personne qui a besoin d'une transplantation d'organe et qui utilise délibérément un organe prélevé de cette façon provenant d'un dissident politique, comme un adepte du Falun Gong ou un Ouïghour. À l'heure actuelle, les Ouïghours sont victimes de terribles persécutions. En gros, le régime communiste de Pékin commet actuellement un génocide contre les Ouïghours. Si quelqu'un souhaitait acheter l'un de ces organes, il risquerait des poursuites criminelles au Canada.
Nous savons que ce marché existe. Selon les estimations, le trafic illégal d'organes génère de 1 à 2 milliards de dollars canadiens chaque année. Cet argent provient de 12 000 transplantations illégales d'organe effectuées principalement en Chine continentale. Il s'agit de 12 000 transplantations par année. Nous devons mettre fin à cette pratique.
J'ai eu le privilège de travailler ici, au Canada, avec la Falun Dafa Association, qui représente les adeptes du Falun Gong. Beaucoup d'entre eux ont fui la Chine continentale pour venir ici afin de pouvoir jouir des libertés que nous tenons pour acquises au Canada, comme la liberté d'association, la liberté d'expression, la liberté de religion et la liberté de conscience. Toutes ces libertés sont niées par le régime communiste chinois.
L'association a fait beaucoup de recherches au fil des ans. Un ancien collègue a rédigé un rapport assez volumineux avec le concours de David Matas. Quand je dis « ancien collègue », je parle de David Kilgour, qui a longtemps été député ici et qui a toujours défendu les droits de la personne.
Ils ont trouvé une liste de plus de 150 personnes qui profitaient de la vente d’organes obtenus illégalement et prélevés sur des adeptes du Falun Gong. Au printemps dernier, j’ai présenté une pétition demandant au gouvernement de se pencher sur la question. La pétition précisait qu’au cours des 21 dernières années, les responsables du parti communiste avaient orchestré la torture et le meurtre d’un grand nombre d’adeptes du Falun Gong, et que ces actes étaient commis à grande échelle pour que les organes vitaux de ces personnes puissent alimenter le commerce de transplantation d’organes du régime communiste. Les noms de 14 individus passibles de sanctions au titre de la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus, la loi de Sergueï Magnitski, figuraient sur la liste, et le gouvernement a répondu, mais il n'a jamais sanctionné aucun des individus cités.
En octobre 2021, j’ai envoyé une lettre à la pour la féliciter de sa nouvelle nomination et lui demander de prendre des mesures au nom des adeptes du Falun Gong. Je lui ai demandé d’examiner la liste complète des individus cités pour voir qui ils étaient, quel poste ils occupaient en Chine continentale et dans quelles opérations ils étaient impliqués en rapport avec la persécution et l’arrestation d'adeptes du Falun Gong, le prélèvement des organes de ces personnes et, enfin, le commerce de ces organes dans le monde entier. J’ai d’abord envoyé la liste des 150 noms à son prédécesseur, puis à elle. Là encore, nous avons reçu une réponse, mais aucune mesure n’a été prise.
Je sais que le projet de loi a l’appui de tous les partis et de chaque côté de la Chambre, mais nous devons absolument prendre les devants et imposer des sanctions à ces individus pour garantir qu’ils ne viennent pas au Canada. Nous pouvons le faire en ayant recours à la loi de Sergueï Magnitski. Ces gens cachent leur richesse, profitent de notre système bancaire solide et de notre marché immobilier assez robuste, et ils capitalisent sur les gains illicites qu’ils ont pu réaliser grâce à ce commerce illégal d’organes.
Il y a des Canadiens qui ont besoin d’une transplantation d’organes. Nous devons inciter de plus en plus de gens à donner des organes au Canada afin de pouvoir prolonger la vie de ceux qui ont besoin d’une transplantation. De cette façon, nous pourrons empêcher ce commerce illicite d’organes humains prélevés illégalement et nous assurer que ce commerce ne s’étend pas à d’autres pays. Nous cherchons toujours à cibler le régime communiste chinois, mais nous savons que ce commerce a cours ailleurs dans le monde. Il y a des cas rapportés dans les pays africains, et ce ne sont pas uniquement les gouvernements qui agissent ainsi: des gangs et des individus impliqués dans la traite des personnes utilisent également ce moyen pour générer des revenus illicites.
Nous devons continuer à défendre les personnes qui ne peuvent pas se défendre elles-mêmes. Nous devons faire en sorte que le Canada continue d'être un chef de file dans le dossier des droits de la personne.
Nous devons veiller à ce que les personnes qui commettent ces crimes puissent être tenues responsables de leurs actes. Je sais que le projet de loi serait très utile pour interdire à ces personnes de travailler au Canada, auquel cas elles seraient arrêtées, et pour les empêcher de venir au Canada, auquel cas elles seraient arrêtées et feraient face à des accusations. Nous devons aussi faire en sorte que ceux qui savent qu'ils achètent des organes prélevés illégalement, ce qui constitue une violation flagrante des droits de la personne, subissent toutes les conséquences de leurs actes ainsi que la pleine application de la loi au Canada.
Je tiens encore une fois à féliciter la sénatrice Ataullahjan d'avoir présenté ce projet de loi. Elle y a travaillé pendant de nombreuses années. Il est mort au Feuilleton auparavant, et nous avons maintenant l'occasion de faire en sorte qu'il entre en vigueur le plus rapidement possible.
:
Nous reprenons le débat.
[Français]
La Chambre est-elle à se prononcer?
Des voix: Le vote.
La vice-présidente adjointe (Mme Carole Hugues): Le vote porte sur la motion.
Si un député d'un parti reconnu présent à la Chambre désire demander que la motion soit adoptée ou adoptée avec dissidence, ou désire demander un vote par appel nominal, je l'invite à se lever et à l'indiquer à la présidence.
[Traduction]
Le secrétaire parlementaire du leader du gouvernement à la Chambre des communes a la parole.
:
Madame la Présidente, je demande un vote par appel nominal.
:
Conformément à l'ordre adopté le jeudi 23 juin, le vote par appel nominal est reporté au mercredi 14 décembre, à la fin de la période prévue pour les questions orales.
[Français]
Conformément à l'ordre adopté plus tôt aujourd'hui, la Chambre se forme maintenant en comité plénier pour étudier la motion no 23 sous la rubrique des affaires émanant du gouvernement.
Je quitte maintenant le fauteuil afin que la Chambre se forme en comité plénier.
:
Avant d'entamer le débat de ce soir, j'aimerais rappeler aux députés comment se dérouleront les délibérations.
Chaque député qui prendra la parole disposera de 10 minutes, suivies de 10 minutes pour les questions et observations. Conformément à l'ordre adopté plus tôt aujourd'hui, la période prévue pour le débat peut être prolongée au-delà de quatre heures, au besoin, de manière à inclure un minimum de 12 périodes de 20 minutes chacune.
Les députés peuvent partager leur temps de parole avec un autre député. La présidence ne recevra aucune demande de quorum, ni motion dilatoire, ni demande de consentement unanime.
[Français]
Nous pouvons maintenant commencer le débat exploratoire.
(au nom du leader du gouvernement à la Chambre des communes)
propose:
Que le comité prenne note des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.
[Traduction]
:
Madame la présidente, comme nous parlons beaucoup dans cette enceinte, il est temps d'écouter ce que veulent les familles et les survivantes. Je vais donc citer aujourd'hui la fille de Morgan Harris, Cambria Harris, qui dit ceci:
« Je m'appelle Cambria Harris. Mon nom spirituel est West Flying Sparrow Woman. Je suis membre de la Première Nation de Long Plain, mais je vis à Winnipeg, au Manitoba. J'ai 21 ans, et je suis la fille aînée de ma défunte mère, Morgan Harris.
« Nous savons tous pourquoi nous sommes ici aujourd'hui, et je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole, même si je suis attristée par les circonstances qui m'amènent ici. Je dois dire avec chagrin que cette semaine a été des plus éprouvantes pour les peuples autochtones. Cette horrible situation a ébranlé notre nation et indigné nombre d'Autochtones et d'étrangers dans le monde entier.
« Ce qui s'est produit est abject, et je suis profondément attristée et consternée d'apprendre que, outre ma mère, Morgan Harris, bien d'autres femmes autochtones merveilleuses et innocentes, dont Marcedes Myran, Rebecca Contois et une autre de nos sœurs, qu'on appelle maintenant Buffalo Woman, ont perdu la vie aux mains d'un monstre. N'oublions pas leurs noms, crions-les de toutes nos forces, et réclamons justice pour les défuntes.
« Le système a laissé tomber à maintes reprises les femmes et les personnes vulnérables, particulièrement les Autochtones. Je veux que vous compreniez qu'absolument toutes ces femmes sont des êtres humains extraordinaires. Elles sont aimées. Ce sont des mères. Ce sont des sœurs. Ce sont des personnes. Nos femmes — celles qui ont le pouvoir de donner la vie — sont considérées comme étant sacrées, et nous devons commencer à les traiter comme telles. Nous devons mettre fin à la violence commise contre nos femmes. Chacune de ces femmes a vécu une vie remplie d'histoires et d'amour. Elles méritent qu'on se souvienne d'elles pour qui elles sont plutôt que pour la façon dont elles sont mortes. »
Je suis désolée, madame la présidente, mais je suis en train de rapporter les paroles de l'enfant de la victime, et des députés conservateurs ont choisi ce moment pour discuter. Je trouve cela irrespectueux.
Pouvez-vous arrêter le chronomètre? Nous devons respecter ces familles.
:
Je rappelle aux députés qu'un débat exploratoire est en cours et que la question à l'étude, comme toutes les autres questions, est très importante. Je demande aux députés de respecter leurs collègues à la Chambre. S'ils souhaitent discuter entre eux, ils devraient le faire dans l'antichambre. C'est ce qui serait le plus approprié.
[Français]
L'honorable député de Portneuf—Jacques‑Cartier invoque le Règlement.
:
Madame la présidente, je viens d'entendre le commentaire de ma collègue, qui accuse les députés conservateurs d'avoir des discussions. Or, je regarde autour de moi et je ne vois personne parler. Ma collègue a peut-être fait une erreur.
:
Je crois qu'il y avait des députés et que certains étaient conservateurs. Toutefois, qu'on soit conservateur, libéral, bloquiste ou peu importe, quand on a des débats à la Chambre, il est important de respecter le fonctionnement de la Chambre. La personne qui a la parole devrait avoir le respect de toute la Chambre pendant le débat.
:
Madame la présidente, j'invoque le Règlement. Je suis d'accord. Vous avez entièrement raison. Il ne faudrait nommer aucun parti...
:
Je vais juste ajouter que c'est certain qu'il y avait des députés qui avaient des discussions. Je ne vais pas dire s'ils étaient conservateurs ou non. Vous êtes à ce bout-ci de la Chambre. C'est évident qu'à l'autre bout de la Chambre il y a d'autres députés de deux autres partis. Je ne sais pas lesquels étaient en train de discuter. L'honorable députée a demandé d'avoir le respect, en fonction de ce qu'elle voyait de son côté.
Nous reprenons le débat. L'honorable députée de a la parole.
[Traduction]
:
Madame la présidente, la lettre n’est pas terminée.
« Elles méritent qu’on se souvienne d’elles pour ce qu’elles sont plutôt que pour la façon dont elles ont disparu. Cela me fend le cœur de voir les femmes de nos communautés être abandonnées et oubliées par la société. Tout au long de mon adolescence, j’ai vu et entendu les histoires d’horreur sur des femmes autochtones portées disparues dont beaucoup n’ont jamais été retrouvées. Et celles qu’on a retrouvées l’ont été dans les circonstances les plus terribles et les plus effroyables, et tout ce qu’il vous reste à faire, c’est pleurer et espérer que vos proches ne seront pas les prochaines victimes.
« J’étais là lorsque Tina Fontaine a disparu et j’ai manifesté lorsqu’elle a été retrouvée parce que je me suis sentie meurtrie personnellement en tant que jeune fille autochtone. Tina avait à peu près mon âge à l’époque. Nous avons manifesté et nous nous sommes rassemblés en son nom au poste de police pour demander que cela change, alors qu’un tireur d’élite nous surveillait.
« J’ai participé aux marches La rue, la nuit, femmes sans peur! pour défendre les femmes de nos communautés et dire que nous ne devrions pas avoir peur de sortir dans la rue la nuit. C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui. Il n’est pas juste que nous soyons oubliées et nous veillerons à ne pas l'être. Nous sommes ici pour toujours comme il se doit. Ces femmes existent et elles parlent. Elles méritent d’être entendues et de recevoir le respect et l’amour dont elles ont besoin aujourd’hui. Elles auraient dû les recevoir avant.
« Au cours de la dernière décennie, j’ai suivi des reportages sur les familles en deuil de leurs proches disparus. J’ai vu ce qui se passe entre le moment où les personnes sont portées disparues et le moment où elles sont retrouvées dans les circonstances les plus atroces. Ce qui s’est passé la semaine dernière et ce qui se passe depuis très longtemps, ce sont des crimes haineux, et les personnes assassinées et disparues sont victimes de ces crimes haineux et du génocide perpétré contre les Autochtones. Il faut un changement en profondeur. Comment pouvons-nous repérer les monstres qui se cachent dans notre société et les arrêter avant qu’ils ne fassent du mal à quelqu’un lorsque tout porte à croire que c'est ce qu'ils s'apprêtent à faire?
« Ce qui est effrayant, c’est que ces ignobles individus se présentent comme des amis. Ils dissimulent leurs vraies intentions, et on ne voit leur visage qu’une fois qu’ils ont assassiné les femmes de nos communautés. Vous avez tous le pouvoir de changer les choses et de faire votre contribution en garantissant aux Autochtones disparues et assassinées la justice et le respect qu’elles méritent.
« Le système mis en place, le système qui était censé protéger ces femmes et les mettre à l’abri du danger, a lamentablement et horriblement échoué. Cela me met en colère, et j’ai le cœur brisé pour les familles et les victimes, mes frères et mes sœurs autochtones. J’ai observé une nation s’unir de la plus belle des manières dans l’une des circonstances les plus poignantes et les plus douloureuses. Il faut changer le système et mettre fin à ces atrocités.
« J’ai vu cela se produire trop de fois. C’est devenu une histoire, une histoire familière non seulement pour moi, mais aussi pour d’autres Autochtones. Ma mère, Morgan Harris, était une âme radieuse et aimante. Elle m’a mis au monde alors qu’elle n’avait que 18 ans, et cela me brise le cœur, car j’ai la chance d’être la mère d’un enfant de deux ans et demi auquel j’ai donné naissance à 19 ans. Ma mère ne pourra jamais, jamais, rencontrer sa petite-fille, et elle n’aura jamais la chance de tisser des liens avec elle. Ma mère et ma fille en ont été privées, et ma mère m’a été arrachée par un monstre, une créature ignoble.
« Cela dit, je suis en mesure de comprendre les difficultés que ma mère a dû surmonter pour avoir un enfant si jeune et donner naissance à quatre autres enfants, tout en luttant contre la dépendance. Elle luttait contre la dépendance depuis que j’étais une petite fille, mais elle m’a quand même protégée des horreurs du monde. Je me souviens que lorsque j’étais enfant, j’étais allée passer la nuit chez ma tante Crystal. Le lendemain, lorsque je suis revenue chez moi, sur la rue Simcoe, j'ai trouvé la maison de mon enfance encerclée par la police et des sacs de poubelle. Je n’ai pas eu l’occasion de voir de ma mère de près, mais, pendant que j’étais dans la voiture, je l'ai entendue me crier que j’allais passer la nuit chez ma tante, qu’elle m’aimait et qu’elle retournerait me chercher. Je l’ai crue.
« Cela se passait en 2006, et en fin de compte, je ne suis pas retournée vivre chez moi jusqu’à mes 17 ans. Je ne comprenais pas ce que ma mère vivait à l’époque parce qu’elle avait réussi à m’en protéger, mais je comprends maintenant que ce n’était pas sa faute. C’est là que tout a commencé, et pendant toutes les années où j’ai grandi dans des foyers d’accueil et où j'ai pu voir ma mère de temps à autre, je l'ai vu sombrer dans la dépendance de la manière la plus déchirante qui soit. Elle a été dévorée par la maladie mentale. L’aide qu’on lui apportait devenait de plus en plus rare, alors que je l'entendais crier au secours, ainsi que ma famille.
« Mais elle a fait de son mieux avec ce qu’elle avait. C’était une femme intelligente, une âme absolument brillante et aimante. Elle avait un sourire inoubliable. J’ai le cœur brisé de savoir que le système en place qui devait la protéger l’a abandonné et l’a regardé tomber et pleurer.
« Elle est souvent retournée dans des centres de traitement et dans l’itinérance, vivant dans la rue depuis aussi longtemps que je me souvienne, mais cela ne l’a pas arrêtée, cela ne l’a pas empêchée de me voir et de pouvoir toujours être une mère incroyable pour moi. C’était une excellente mère, et j’étais peut-être sous la tutelle des services à l’enfance et à la famille, mais je lui ai rendu visite et je l’ai vue. Ma mère s’est toujours fait un devoir de se réserver du temps pour moi, pour que nous passions du temps de qualité ensemble. Elle savait très bien qu’elle ne pouvait pas être présente de la manière dont elle le souhaitait tant parce que ces systèmes l’avaient laissée tomber.
« Elle n’a pas pu quitter ce monde en étant logée. Elle n’a pas pu mourir à côté de ses proches — elle était aimée par des amis, des familles et des étrangers de partout. Tout au long des courtes années de sa vie, elle a dû vivre dans la peur, se cachant des sirènes et des gens, et vivant constamment dans la peur des dangers qui rôdaient la nuit alors que nous avions tous la chance de dormir dans nos lits.
« Elle a vécu dans la peur et elle a quitté ce monde d’une manière désastreuse. Par contre, vous savez quoi? Pour une si petite femme — elle ne mesurait que cinq pieds —, elle était fougueuse. Elle avait une passion et une bonté souvent brûlantes dans son cœur. Quiconque regardait cette petite femme de travers devait en subir les conséquences. Elle s’est battue pour ce qui lui tenait à cœur, et tout le monde l’aimait et lui faisait confiance.
« Elle était très aimée par de nombreuses personnes, et depuis que cette nouvelle déchirante a éclaté, j’ai reçu beaucoup d’expressions de soutien, et j’ai entendu des histoires de personnes qui la connaissaient, de la façon dont elle vivait dans la rue, et comment elle a toujours marqué et influencé les gens qu’elle rencontrait. Tout le monde se rappelait son nom.
« C’était la personne la plus drôle que je connaisse; elle me faisait toujours rire, avec les autres, et je veux que vous vous souveniez de ma mère, Morgan, comme d’une femme forte et résiliente. Elle a dû faire ce qu’elle devait faire pour survivre, et c’est si triste qu’elle soit partie.
« Rendons-lui hommage et démontrons-lui l'amour qu'elle mérite en lui offrant finalement un lieu où elle se sentira à la maison. Pour y arriver, il faut la retrouver dans le dépotoir et l'en sortir, ou chercher ailleurs s'il le faut, et faire la même chose pour Marcedes et Buffalo Woman. Votre gouvernement a lancé ce génocide et vous devez maintenant nous aider à réparer les torts. »
:
Madame la présidente, je remercie la députée de de nous parler d'un fait réel qui doit résonner très fort, pas seulement ici, à Ottawa, mais à l'extérieur de notre bulle parlementaire. Il est absolument nécessaire que de tels faits soient connus et qu'ils mènent à des gestes concrets.
Un trop grand nombre de filles qui se retrouvent dans une position où elles doivent prendre des décisions très difficiles pour leur survie. Je me demande si la députée pourrait nous dire pourquoi nos centres urbains sont devenus si dangereux. Peut-elle nous donner son opinion sur ce sujet? Il semble de plus en plus difficile pour les pouvoirs publics de s'attaquer à la source du problème pour éviter tous ces meurtres.
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Madame la présidente, je pense que ce n'est pas difficile. Il y a 231 appels à la justice qui définissent clairement un plan pour aller de l'avant.
Les demandes sont très simples en ce moment. Je prie la police de demander la tenue d'une enquête indépendante et de fournir le soutien et les renseignements nécessaires relativement à la faisabilité d'une recherche. Si ce n'est pas faisable, tout ce qu'on demande, c'est de cesser de déverser des ordures sur nos êtres chers. Ce n'est pas difficile. Qui voudrait vivre dans un monde où il faut des supplications pour qu'on nous écoute? Il s'agit des lieux d'un crime, et nous ne voulons pas que des ordures soient jetées sur nos êtres chers.
:
Madame la présidente, j’ai été profondément émue par l’intervention de la députée de Winnipeg-Centre, et je la remercie pour la bravoure et le courage dont elle fait preuve depuis de nombreuses années dans ce dossier. À la Chambre, c’est probablement l’une des meilleures spécialistes de la question, c’est pourquoi j’apprécie énormément qu’elle intègre ces expériences à la discussion d’aujourd’hui, et je la remercie du leadership qu’elle a démontré en ouvrant ce débat exploratoire à la Chambre des communes sur ce sujet très important. Je suis moi-même une députée originaire de Winnipeg.
J’aimerais donner à la députée plus de temps pour qu’elle nous parle de mesures concrètes. Elle en a cité deux en particulier. Y a-t-il d’autres mesures qui pourraient être prises immédiatement pour aider les familles et les autres femmes et filles touchées par ces drames? Nous avons parlé de soutien en santé mentale. Quelles autres mesures le gouvernement fédéral et les autres ordres de gouvernement pourraient-ils prendre dès maintenant pour aider ces femmes et ces filles et leurs familles?
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Madame la présidente, compte tenu des événements, il faut à tout le moins un moratoire immédiat sur l’utilisation du site d'enfouissement de Prairie Green jusqu’à ce que l’affaire puisse être résolue. Compte tenu de ce que vivent les enfants, ainsi que les familles qui cherchent des êtres chers, nous devons leur accorder cette justice. Nous devons leur donner cette paix.
Nous devons également faire de la prévention. J’ai demandé une alerte à la robe rouge. Chaque fois qu’une femme autochtone est portée disparue, nous devons déclencher cette alerte. Des alertes sont lancées lorsque des enfants disparaissent ou lorsqu’il y a des tempêtes. Nous avons besoin d’une alerte à la robe rouge.
Il faut, bien sûr, des investissements immédiats dans le logement. Je viens d’apprendre ce matin que, malheureusement, une autre femme est morte de froid dans un abribus la nuit dernière. Il y a une crise du logement. Nous parlons ici de droits fondamentaux. Nous devons investir dans des espaces sûrs, mais nous avons besoin de véritables investissements dans le logement.
Il faut également instaurer un revenu de base garanti. Leslie Spillett, militante autochtone bien connue, a été très claire en déclarant que si ces femmes avaient eu un revenu de base garanti, elles seraient encore en vie. Nous avons une crise de la pauvreté, pas seulement une crise de santé mentale. C’est une crise de la pauvreté, et les gens ont besoin de l’aide nécessaire pour vivre dignement.
:
Uqaqtittiji, j’aimerais remercier la députée de Winnipeg-Centre d’avoir fait entendre la voix d’une femme autochtone, la voix d’une fille qui a perdu une mère merveilleuse.
Dans le budget de cette année, il y avait de l’argent pour que la GRC participe aux actions en faveur de la réconciliation avec les peuples autochtones et qu’elle puisse les aider à trouver les lieux de sépulture. J’ai trouvé que ce qui s’est passé est une terrible injustice. Je me demande si la députée pourrait nous faire part de ses réflexions sur ce que la GRC devrait faire de plus pour s'assurer de participer elle aussi à la réconciliation, de mettre fin au racisme systémique et de mieux protéger les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones.
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Madame la présidente, je suis d’accord avec mon honorable collègue. Cet argent doit être versé aux familles de nos collectivités pour qu’elles puissent l’utiliser comme elles en ont besoin pour obtenir justice. Nous avons lancé 231 appels à l’action. Dans le budget de 2022, il n’y avait aucune allocation budgétaire pour les FFADA2S. C’est mal. Nous avons besoin de ressources immédiates. Nous avons besoin de ressources considérables pour chercher nos proches et simplement nous garder en vie.
Je me suis levée ce matin après avoir rencontré la magnifique famille de Morgan Harris. Je connais une partie de la famille. Je les aime. Ils marchent avec Bear Clan Patrol. C’est une belle famille. Ce sont de jeunes gens brillants. Ils méritent que justice soit faite. Nous devons les écouter, et c’est pourquoi j’ai lu le discours de Cambria Harris, une des filles de Morgan Harris. Nous devons écouter les familles et les personnes ayant survécu à des actes de violence. Elles connaissent la voie à suivre.
Nous avons 231 appels à l’action. Nous avons besoin d’argent maintenant pour y répondre.
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Madame la présidente, j’aimerais remercier ma collègue, la députée de Winnipeg-Centre, de la passion, de la conviction, de la force et du courage dont elle fait preuve pour défendre les familles et demander justice pour les peuples autochtones d’un océan à l’autre.
Je viens de Vancouver-Est et, dans ma circonscription, il y a aussi des cas dévastateurs de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées. Nous avons aussi été témoins des ravages d’un tueur en série. Il n’a été traduit en justice que pour six des trente-trois femmes portées disparues.
Beaucoup de familles n’ont pas la possibilité de tourner la page. À ce jour, malgré les enquêtes et les appels à la justice, le gouvernement n’a pris aucune mesure et la police n’a pas apporté les changements nécessaires pour lutter contre le racisme et la discrimination systémiques au sein du système.
À cette fin, je demanderais à la députée ce que la police doit faire pour que justice soit rendue.
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Madame la présidente, je crois que, dans ce cas, c'est très clair. Pour de très bonnes raisons, un climat de méfiance s'est installé au fil du temps.
Dans le cas présent, par respect pour les familles, je crois qu'il est dans l'intérêt de la police de Winnipeg de demander la tenue d'une enquête indépendante avec le soutien et l’accès à l'information nécessaires pour évaluer s'il est possible d'effectuer une recherche avec succès. Dans le cas contraire, rien n'évoque davantage le racisme systémique que le fait d'avoir une scène de crime où des activités sont toujours en cours et où on continue de déverser des ordures sur nos êtres chers. Il faut immédiatement décréter un moratoire afin que nos êtres chers puissent reposer en paix.
Kera Harris, l'autre fille de Morgan Harris, m'a dit quelque chose de très révélateur l'autre jour. Elle m'a dit « J'ai besoin d'un endroit où rendre hommage à ma mère, mais je ne peux pas le faire dans une décharge publique. »
Je voudrais qu'elle puisse tourner la page. Elles ont le droit de pouvoir tourner la page. Nos familles ont le droit de pouvoir tourner la page. Nous méritons ce respect, et je demande aujourd'hui à tous les députés de nous permettre de tourner la page. Nous en avons besoin, et nous avons besoin d'aide et de soutien maintenant.
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Madame la présidente, je tiens d'abord à dire que je sais gré à la députée de de ses observations très passionnées. C'est très difficile de prendre la parole après elle, mais je vais faire de mon mieux.
Je ne suis pas une spécialiste du domaine, même si, au cours des 20 dernières années, j'ai eu l'occasion d'en apprendre un peu plus sur ce qui est arrivé au Canada aux femmes et aux filles autochtones au cours des derniers siècles et, plus particulièrement, au cours des dernières années.
Cette semaine seulement, un homme a été accusé du meurtre au premier degré de quatre femmes autochtones. Trois d'entre elles ont été identifiées, mais pas la quatrième. La communauté autochtone l'appelle Buffalo Woman, alors c'est ainsi que je l'appellerai aussi à la Chambre. J'espère que nous pourrons découvrir son identité et trouver ses restes.
C'est un sujet de discussion très troublant, je vais donc essayer de garder mon sang-froid. Cela me touche profondément. On dirait que toutes les deux semaines, nous apprenons qu'une autre femme autochtone a été brutalement assassinée ou violée, ou que ses restes n'ont pas été retrouvés. La situation semble être tellement courante que les gens semblent penser « oh, en voilà une autre », comme si ce n'était pas important. Pourtant, ce l'est. C'est la situation à Winnipeg, et rien n'a changé. Je suis en politique depuis près de 10 ans et, pendant cette période, nous n'avons cessé de tenir le même débat dans la même Chambre, et rien ne semble vraiment se produire.
Il y a eu des années où 231 appels à l'action ont été lancés. Je n'ai pas entendu de débat vigoureux à la Chambre à ce sujet. Je crois que le gouvernement libéral a malheureusement pris trois ans pour élaborer un plan de mise en œuvre. C'était il y a environ un an. À ma connaissance, aucun progrès n'a été réalisé. Nous avons eu un débat à la Chambre sur ce sujet il y a six mois. Il a été question de femmes différentes, mais du même problème. Je n'ai entendu parler d'aucune mesure concrète depuis. Je comprends parfaitement la rage, la contrariété, l'énorme déception et la souffrance qu'on peut éprouver lorsqu'on demande sans cesse de l'aide et du changement, mais que rien ne semble se produire.
Je viens d'une petite localité rurale. Je ne savais rien à ce sujet jusqu'à ce qu'un enseignant très intelligent et progressiste du secondaire nous parle pour la première fois de la façon dont les femmes et les filles autochtones sont traitées au Canada en nous racontant l'histoire d'Helen Betty Osborne. Dans les années 1970, cette jeune femme se rendait chez elle à pied, dans le noir, à Le Pas, au Manitoba. Elle a été kidnappée, violée à maintes reprises, battue et poignardée 50 fois avec un tournevis. Son corps dénudé a été simplement jeté dans les bois et a été découvert par un garçon de 14 ans. Il a été amplement question dans les médias du manque de sérieux de l'enquête et du fait qu'elle avait été bâclée. En fait, le gouvernement provincial a présenté des excuses officielles plusieurs années plus tard, en 2000, pour la façon dont l'affaire avait été traitée. Il lui a fallu beaucoup trop de temps pour présenter ces excuses, mais il l'a fait, et à juste titre.
Je ne savais rien de ce que vivaient régulièrement les femmes autochtones et les peuples autochtones, et cette histoire m'en a donné un premier aperçu. J'étais au secondaire, à l'époque. Une dizaine d'années plus tard, je me suis lancée en politique provinciale au Manitoba. Pendant ma première semaine, le corps de Tina Fontaine, une fille de 14 ans toute menue, a été trouvé; il avait été enroulé dans un matelas et jeté dans la rivière Rouge. Elle avait 14 ans; c'était une enfant. C'est ainsi qu'a commencé ma carrière politique en 2014, il y a un peu plus de huit ans. Je n'ai pas vu de réels changements depuis. La responsabilité en revient à tous les partis et à tous les ordres de gouvernement, je tiens à le souligner.
Notre collègue a affirmé avec beaucoup de passion que les gens en ont assez d'attendre. Nous avons besoin de l'appui de tous. Il faut laisser la politique de côté. Nous ne nous entendrons peut-être pas toujours à propos des solutions, mais je suis certaine que quand on veut, on peut. Nous pourrions mieux soutenir les familles, les femmes et les enfants qui sont maltraités, violés, assassinés et jetés dans un fossé ou un site d'enfouissement comme si de rien n'était.
Je comprends tout à fait l'indignation des familles. Si c'était ma mère qu'on avait assassinée pour ensuite jeter son corps dans une poubelle, puis dans un site d'enfouissement, ou si c'était ma sœur ou ma meilleure amie, je serais tout aussi indignée. Ces femmes étaient des mères, des sœurs, des tantes et des amies intimes. Elles faisaient partie d'une communauté qui pleurera pour toujours leur disparition. Si j'étais un proche de l'une de ces femmes, je ressentirais la même chose. Je voudrais prendre une pelle et chercher ces femmes. Je me demanderais pourquoi il faut attendre aussi longtemps.
Je suis consciente que la situation est très complexe, que cela s'est produit il y a plusieurs mois et que c'est un site d'enfouissement commercial où on trouve beaucoup d'argile, d'amiante et de matières provenant de divers abattoirs, de porcheries, etc. Je suis consciente que l'enquête judiciaire serait complexe. Cependant, je sais aussi que la police a trouvé suffisamment d'éléments de preuve pour porter quatre chefs d'accusation de meurtre au premier degré contre cet infâme meurtrier en série. Bien que nous ne puissions pas intervenir, s'il est déclaré coupable, j'espère qu'il croupira en prison pour le reste de sa vie. Je pense que c'est ce que tout le monde souhaite également.
Je comprends que c'est compliqué et que c'est comme essayer de trouver une aiguille dans une botte de foin, mais je crois qu'il devrait y avoir beaucoup plus de discussions pour que cela se produise, au moins pour essayer de retrouver ces femmes. S'il s'agissait de ma mère, je voudrais qu'on la retrouve. Pourquoi ces femmes devraient-elles être traitées différemment? Je saisis tout à fait, et je comprends les gens qui s'expriment à ce sujet.
Je crois que la Ville de Winnipeg et la police de Winnipeg font de leur mieux. Je comprends que c'est extrêmement compliqué. Cependant, pourquoi ne pas demander de l'argent au gouvernement fédéral? Pourquoi ne pas demander à l'armée de venir donner un coup de main? Je reconnais qu'il faudrait retirer de la rue de nombreux agents de la police de Winnipeg pour disposer de suffisamment d'effectifs pour mener à bien cette enquête. Nous ne voulons pas cela non plus. Cependant, il y a sûrement assez de personnes au Canada pour que nous puissions mener une sorte d'opération de recherche pour retrouver ces femmes, pour au moins donner un peu d'espoir aux familles et dire que nous avons essayé. C'est la position que j'adopte à cet égard.
Le site d'enfouissement de Prairie Green où se trouvent ces femmes se situe dans ma circonscription, à West St. Paul, et je crois savoir que c'est une propriété privée. Il n'est pas géré par la Ville. Comme il détient un permis provincial, c'est le gouvernement provincial qui a la responsabilité de prendre les choses en main. J'invite mes amis du gouvernement provincial à le faire. J'invite le maire de Winnipeg et le chef de la police de Winnipeg à faire de même. Je sais qu'ils font des efforts en ce sens.
Je demande à nouveau que nous fassions tout ce que nous pouvons pour offrir un peu de dignité aux femmes qui ont été assassinées. La députée a mentionné que, si elles ne sont pas retrouvées, il faudrait peut-être fermer ce site et en faire un lieu de sépulture ou quelque chose du genre, où l'on ne jetterait plus de déchets sur des femmes qui étaient aimées et qui ont été brutalement assassinées, puis jetées dans des bennes à ordures. Ce n'est pas beaucoup demander.
Je comprends qu'il s'agit d'une entreprise commerciale, mais c'est sûrement raisonnable. S'il s'agissait de ma mère ou de mes sœurs, je ne sais pas si je pourrais vivre en paix avec ma conscience si je ne faisais pas tout mon possible pour empêcher que des ordures soient déversées sur les corps de mes proches, ou des femmes qui ont été tuées par cet homme.
Je saisis tout à fait. Je tiens juste à préciser que je comprends le point de vue de ces personnes. Je ne me suis jamais trouvée dans une telle situation, mais je peux comprendre ce qu'elles ressentent.
En prévision de mon intervention d'aujourd'hui, j'ai effectué quelques recherches. Les femmes et les filles autochtones courent six fois plus de risques d'être assassinées que n'importe quel autre groupe de femmes au Canada. Ce n'est certes pas quelque chose de nouveau. Je sais que certaines personnes qui ont déjà été témoins de ce type d'enquête sont d'avis que cette situation regrettable pourrait se perpétuer. Ces meurtres se produisent si fréquemment que les policiers ne leur accordent pas vraiment l'attention ou le temps qu'il faudrait. Je sais que les policiers se soucient de la justice et qu'ils veulent que ces infâmes tueurs soient tenus responsables de leurs actes. Cependant, je me demande si les choses seraient un peu différentes si les victimes n'étaient pas des femmes autochtones. Ces meurtres seraient‑ils traités différemment? Nous ne le saurons jamais.
Je pense que nous devrions tout mettre en œuvre pour retrouver ces femmes ou, à tout le moins, pour veiller au respect du lieu où elles reposent. Si c'est là qu'elles demeureront pour l'éternité, ne devrions-nous pas respecter ce lieu? Je vais communiquer avec le conseil municipal de West St. Paul afin de recueillir plus d'information sur la façon de procéder pour assurer le respect de ce lieu. Je vais m'en occuper, et je serai heureuse de travailler avec la députée de dans ces démarches.
Je m'engage également à améliorer mes connaissances sur les 231 appels à la justice. Je ne les connais pas suffisamment pour être capable de les énumérer. C'est pourtant quelque chose que je devrais être en mesure de faire en tant que législatrice. Je devrais à tout le moins connaître tous ces appels, du premier au dernier, et avoir une opinion sur la façon d'y donner suite. Nous n'arrivons pas toujours à nous entendre sur les solutions à adopter à la Chambre, mais je considère qu'il m'incombe de faire ce travail. Ces événements ont certainement été un rappel qu'il est très important que j'en sache plus sur le dossier en tant que législatrice et députée. C'est ma responsabilité, et je prends cet engagement aujourd'hui.
En conclusion, je me sens bien mal placée pour rendre justice à ce dossier comme il se doit. Je n'ai pas vécu de telles expériences, mais j'ai beaucoup de respect pour ma collègue de . Nous avons tenu beaucoup de bonnes discussions à ce sujet et j'espère que nous en tiendrons beaucoup d'autres. J'estime qu'il y a des choses sur lesquelles tous les partis pourraient se mettre d'accord.
Ce que je demande, c'est que le gouvernement fédéral collabore avec la ville de Winnipeg et la province du Manitoba pour étudier toutes les pistes de solution afin de voir s'il y a quoi que ce soit que nous puissions faire pour trouver ces femmes et leur donner la dignité qu'elles méritent, que cet endroit soit leur lieu de repos éternel ou que nous les trouvions et leur permettions d'être enterrées selon les pratiques culturelles appropriées au sein de leur communauté autochtone, pour donner ainsi un sentiment de paix et de justice aux familles. Voilà ce que je demande.
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Madame la présidente, dans son discours sur ce sujet très important, ma collègue a mentionné la responsabilité que nous avons en tant que législateurs et parlementaires.
Pourrait-elle parler de l’autre responsabilité que nous avons en tant que femmes dans cette enceinte? Que pourrions-nous faire de plus, collectivement et dans un esprit non partisan, pour aborder cette question et veiller à ce que ces voix se fassent entendre?
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Madame la présidente, la députée pose une excellente question.
J’ai eu le privilège de travailler avec des députés de tous les partis, que ce soit au sein d’un comité ou ailleurs. Permettez-moi de vanter un peu les mérites des femmes. Je pense que, de façon innée, nous sommes plus aptes à collaborer, à faire des compromis et à nous rassembler pour trouver des solutions pacifiques aux problèmes. C’est ce que j’ai constaté tout au long de ma carrière politique et certainement maintenant.
Je suis tout à fait d’accord avec elle pour dire que les femmes ont peut-être une place spéciale dans cette assemblée et une capacité de se réunir et de mettre de côté la partisanerie lorsqu’il s’agit de la vie des femmes autochtones assassinées ou portées disparues et d’autres questions de ce genre pour trouver des solutions. Encore une fois, nous ne sommes pas toujours d’accord sur ces solutions, mais je pense qu’il y a, en fait, beaucoup de choses sur lesquelles nous pourrions nous entendre si nous en discutions.
Je m’engage à travailler avec ma collègue, si elle le souhaite, ainsi qu’avec les députés du NPD, du Parti vert, du Parti libéral et du Parti conservateur. C’est peut-être quelque chose que nous pourrions faire pour trouver des solutions à ce problème. Je suis très ouverte à cette idée.
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Madame la présidente, je voulais souligner la présence à Ottawa aujourd’hui de la cheffe de la Première Nation de Long Plain, Kyra Wilson, et de la famille de Morgan Harris.
Je suis heureuse d’entendre ma collègue parler de la façon dont nous allons travailler ensemble, tous partis confondus, pour obtenir justice pour les familles, selon leurs conditions et en fonction de leurs besoins.
Ma collègue travaillera-t-elle avec moi pour obtenir la justice que les familles recherchent?
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Madame la présidente, oui, je m’engage pleinement à travailler avec la députée de . J’ai mentionné que son expertise est incomparable à la Chambre. Je sais qu’il y a d’autres collègues du NPD et d’autres députés à la Chambre qui sont autochtones. Je ne veux rien enlever à leur expérience et à leur expertise. Cependant, je sais qu’elle a consacré sa vie à apprendre, à défendre et à lutter pour les femmes et les filles autochtones, et pour les communautés autochtones du Canada en général.
Ce serait un honneur pour moi de travailler avec elle et de collaborer à la recherche de solutions sur lesquelles nous pourrions tous nous mettre d’accord, que nous pourrions mettre en œuvre et qui, espérons-le, mèneraient à des changements au cours des prochaines années. J’aimerais ne pas avoir ce même débat encore et encore. La prochaine fois, nous pourrions parler des grands progrès que nous réalisons. Ce serait merveilleux. Si nous pouvons le faire, je suis prête à m’engager.
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Uqaqtittiji, je suis heureuse d'apprendre que la députée cherche à travailler avec d'autres personnes afin de trouver des solutions efficaces. Les familles demandent aussi aux gouvernements fédéral et provincial, à l'administration municipale ainsi qu'au service de police de Winnipeg, d'exiger la tenue d'une enquête indépendante, avec soutien et accès à l'information, afin de déterminer la probabilité de succès de l'enquête.
La députée est-elle d'accord avec cette demande? L'appuie-t-elle?
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Madame la présidente, il me semble qu'il devrait y avoir une enquête ou qu'un comité devrait être formé pour rassembler officiellement toutes les parties prenantes à la table et décider d'une marche à suivre. Les aînés et les dirigeants autochtones doivent aussi être présents. Cela semble logique. Oui, j'appuierais quelque chose du genre.
Aujourd'hui, j'ai discuté avec plusieurs Manitobains de divers ordres de gouvernement ainsi qu'avec la police. Il semble que tout le monde veut agir. Je ne sais pas si on me demanderait de participer, mais je crois qu'il serait sensé de convoquer tout le monde à la table. On pourrait alors s'entendre sur une initiative qui rend hommage à ces femmes et aux besoins culturels traditionnels des communautés autochtones. Il faut agir ainsi afin qu'on rende hommage dignement à ces femmes. Ce doit être une priorité à la table.
En résumé, oui, je crois que nous devrions tous être ouverts à l'idée que tout le monde participe à la recherche d'une solution efficace qui reconnaît la dignité de ces victimes.
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Madame la présidente, je suis encouragé par l’approche non partisane du débat exploratoire de ce soir. Je remercie l’honorable députée de , qui défend cette cause et qui en est la voix. J’ai eu le privilège de me tenir à ses côtés, avec des familles et de nombreux chefs de file de la communauté qui sont venus à la Chambre pour défendre les leurs, y compris des enfants incroyablement forts et inspirants.
On parle beaucoup de la complexité de ce dossier. Dans la réponse précédente, on nous a dit qu’il faudrait peut-être l'examiner de nouveau. La vérité, c’est que cet examen a déjà eu lieu au cours de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
En fait, les familles, les défenseurs des droits et les dirigeants autochtones, y compris la chef Kyra Wilson, de la Première Nation de Long Plain, nous ont montré que le gouvernement fédéral devait immédiatement financer la construction et le fonctionnement de refuges d’urgence pour les femmes qui fuient la violence. Je sais que la députée de préconise l'aménagement de lieux sûrs ouverts en tout temps à Winnipeg.
La députée convient-elle que nous devons fournir plus rapidement le financement fédéral nécessaire afin que de nouveaux lieux sûrs soient créés, notamment grâce à la stratégie de prévention de la violence à laquelle le gouvernement a prévu consacrer 724,1 millions de dollars, somme qui n'a jusqu'ici pratiquement pas été dépensée, pour la plus grande honte de la Chambre?
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Madame la présidente, si le gouvernement fédéral pouvait collaborer avec les intéressés en apportant de l’argent, je crois qu’il pourrait déplacer des montagnes pour que l'on retrouve ces femmes ou, à tout le moins, que l'on confère de la dignité au lieu où elles reposent.
J’appuierais certainement l’octroi de fonds par le gouvernement fédéral. Étant donné que les échanges ont été respectueux jusqu’à présent, je ne voudrais pas tomber dans la partisanerie, mais il est vrai que le gouvernement libéral actuel a dépensé plus que tout autre gouvernement dans l’histoire. S’il ne veut pas faire de ce dossier une priorité, je crois que cela en dira long sur la valeur qu’il lui attache réellement. Le gouvernement a de l'argent et il le dépense. Pourquoi ne pas en consacrer une partie à la question dont nous discutons particulièrement aujourd'hui, mais aussi à ce dont la députée vient de parler, soit des lieux sûrs pour les femmes?
Le London Abused Women’s Centre vient en aide aux femmes victimes de la traite de personnes à des fins sexuelles ou de la traite de personnes en général. Je crois que c’est l’année dernière ou l’année d’avant que le gouvernement libéral n’a pas renouvelé son financement. Pourtant, le Centre vient en aide à des milliers de femmes dans la région, où la traite de personnes est très répandue. Je crois que ce financement aurait dû être renouvelé.
Les mêmes considérations morales m'amènent à dire que ce que la députée demande est tout à fait raisonnable, surtout lorsqu'on se rappelle que ce n'est pas la première fois que nous abordons le sujet du débat actuel.
Il faut qu'une discussion ait lieu, et le gouvernement libéral devrait certainement y apporter sa contribution notamment sous forme d'argent, de manière à favoriser les efforts visant à retrouver ces femmes et à faire en sorte que leur lieu de repos soit digne.
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Madame la présidente, le rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées mentionne plus de 200 fois le logement et le besoin d'avoir un logement sûr, sécuritaire et abordable. Cependant, en dépit des promesses formulées, il n'y a pas de stratégie sur le logement en milieu urbain, rural et nordique conçue pour les Autochtones et par les Autochtones. La communauté la réclame désespérément. Des personnes meurent quand elles n'ont pas accès à un logement sûr, sécuritaire et abordable. Des femmes meurent. Comme l'a dit la députée de , c'est aussi une question de pauvreté.
La députée serait-elle favorable, et les conservateurs aussi, à ce que l'on demande au gouvernement d'assurer que le budget de 2023 consacre au moins 6 milliards de dollars sur deux ans à une stratégie sur le logement en milieu urbain, rural et nordique conçue pour les Autochtones et par les Autochtones, comme l'a recommandé le propre Conseil national du logement du gouvernement?
De plus, serait-elle favorable à ce que le gouvernement prenne des mesures immédiates pour concrétiser les 231 appels à la justice?
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Madame la présidente, tout d'abord, en ce qui concerne le logement autochtone, je suis tout à fait d'accord pour dire qu'il faut des solutions dirigées par la communauté autochtone. Nous voyons très clairement à Winnipeg que tous les efforts déployés, notamment par le gouvernement fédéral, qui a dépensé des milliards de dollars pour le logement abordable, ont échoué. C'est un échec. Le problème n'a fait qu'empirer.
Je conduis au centre-ville de Winnipeg tous les jours. J'habite juste en périphérie de Winnipeg. J'ai vécu à Winnipeg pendant près de 10 ans. Le problème n'a jamais été aussi grave. Les abribus font maintenant office de résidences pour les gens. On le constate partout. Il y a des villages de tentes. Je n'ai jamais vu la situation être aussi grave et je suis dans la région depuis 32 ans.
Je suis également bénévole à la soupe populaire, pour ainsi dire, au centre-ville. Il y en a plusieurs. Souvent, elles fournissent des logements temporaires. Je constate les besoins de mes propres yeux. Je pense qu'il est important que nous prenions tous le temps de faire du bénévolat dans des organismes sans but lucratif et des organismes de bienfaisance qui nourrissent et qui logent les gens, au moins temporairement, afin de comprendre les échecs des politiques publiques et les effets de celles-ci.
Je suis d'accord pour dire qu'il faut une stratégie de logement dirigée par les Autochtones car, de toute évidence, les dépenses engagées jusqu'à présent pour le logement abordable n'ont pas permis de répondre aux besoins. Manifestement, les besoins augmentent.
En ce moment, à Winnipeg, il fait presque ‑30 degrés Celsius. Il est donc évident qu'il faut trouver davantage de solutions pour offrir des logements abordables aux Autochtone et à tous les mal-logés.
[Français]
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Madame la présidente, c'est avec beaucoup d'humilité que je prends la parole ce soir sur ce dossier très délicat et très sensible. Dans le cadre de ce débat d'urgence sur le tueur en série à Winnipeg, je me permets cette réflexion d'ouverture: s'attaquer aux femmes et aux filles est la façon la plus efficace de déstabiliser une population puisque l'on compromet sa survie.
Jeremy Skibicki, un homme de 35 ans, a été accusé du meurtre prémédité de trois femmes autochtones la semaine dernière. Skibicki avait déjà été arrêté en mai dernier pour le meurtre d'une autre femme autochtone dans la région de Winnipeg. À l'époque, le service de police de Winnipeg croyait qu'il pouvait y avoir d'autres victimes; ses craintes se sont donc concrétisées.
L'accusé se définit lui-même comme étant un membre officiel de l'organisation Holy Europe, un mouvement d'extrême droite, ouvertement provie, proarmes et anarchiste. Plus tôt cette année lors de sa première arrestation, CBC avait scruté le compte Facebook de Skibicki et a découvert que ses propos étaient truffés de sentiments violents, antisémites et misogynes.
L'Association des femmes autochtones du Canada a publié un communiqué de presse pour commenter les nouvelles accusations de meurtre contre l'homme. L'Association rappelle entre autres que les statistiques criminelles les plus récentes, publiées en 2020, nous apprennent que le taux d'homicides d'Autochtones est toujours sept fois plus élevé que celui des non-Autochtones. Le fait que ce taux reste aussi élevé est un échec pour le Canada en matière de droits de la personne.
La réalisation de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ne doit pas être vue par le gouvernement comme un point final, mais comme un point de départ. Ces meurtres sont la preuve que tout reste à faire.
Les policiers refusent toujours de conclure que cette violence était dirigée spécifiquement envers les femmes autochtones. On ne veut pas s'ingérer dans une enquête criminelle, mais quatre meurtres, quatre femmes autochtones, ce n'est quand même pas rien.
Au Québec, la question des femmes et des filles autochtones assassinées et disparues est un phénomène que le gouvernement a toujours tenté d'ignorer et de faire passer sous le radar en choisissant de traiter chaque disparition et chaque mort comme un cas isolé. Cependant, en 2014, la question a finalement réussi à percer l'actualité en tant que possible problème systémique après le dévoilement des chiffres de la GRC sur le nombre de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées. Ils sont éloquents et donnent froid dans le dos. Ce sont 1 017 femmes et filles autochtones qui ont disparu ou ont été assassinées entre 1980 et 2012. On est toujours sans nouvelles de 105 femmes qui ont disparu dans des circonstances inexpliquées ou suspectes.
Entre 2004 et 2014, alors que le taux d'homicide est en baisse partout au Canada, le nombre de femmes et de filles autochtones assassinées est six fois plus élevé que chez les non-Autochtones. Profitant de la mouvance de la Commission de vérité et réconciliation qui poursuivait ses travaux, plusieurs groupes ont tenu des manifestations le 4 octobre 2014 pour exiger la tenue d'une commission d'enquête nationale sur les causes de la disparition et du meurtre de femmes autochtones et la mise sur pied d'un plan d'action national.
À l'occasion d'une de ces manifestations, Béatrice Vaugrante, directrice générale d'Administie internationale Canada francophone de l'époque, avait souligné que de nombreuses tribunes de l'ONU, des États-Unis et du Royaume-Uni ont demandé au Canada de mettre fin à la violence faite aux femmes autochtones. Selon elle, il s'agit du dossier le plus lourd en matière de droits de la personne auquel le Canada doit faire face. Il est inacceptable que le gouvernement n'en reconnaisse pas l'ampleur et n'agisse pas.
En octobre 2004, en réaction au nombre tragiquement élevé de femmes autochtones victimes de violence, Amnistie internationale publie un rapport appelant sans ambiguïté à un passage à l'action et à la prise de mesures concrètes. La pression s'exerçait de plus en plus sur le gouvernement fédéral qui avait, jusqu'ici, fait fi de tous les appels à l'action. Or, moins d'un an plus tard, en 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada s'est prononcée en faveur d'une enquête nationale sur le phénomène de la violence disproportionnée que subissent les femmes et les filles autochtones. Le rapport final de l'enquête nationale a été rendu public le 3 juin 2019.
Puis, en 2016, à la suite de la disparition de Sindy Ruperthouse, une Algonquine de la communauté de Pikogan en Abitibi, près de Val-d'Or, le gouvernement du Québec lance la commission Viens. En effet, plusieurs témoignages de femmes autochtones d'Abitibi accusaient des policiers d'agressions physiques et sexuelles envers elles. Publiée en 2019, la conclusion du rapport met en lumière des années de discrimination systémique faites à l'égard des groupes autochtones. De plus, l'enquête exige des excuses publiques de la part du gouvernement compte tenu des préjudices causés au fil du temps.
En octobre 2019, à l'Assemblée nationale, François Legault présente ses excuses au nom du gouvernement québécois. Le gouvernement du Québec travaille toujours à évaluer les 142 recommandations du document afin de rétablir la situation.
Cinq ans après le rapport initial, Amnistie internationale en publie un second, intitulé « Assez de vies volées! Discriminations et violences contre les femmes autochtones au Canada: une réaction d'ensemble est nécessaire » et mettant en évidence les cinq facteurs qui ont contribué au phénomène de violence envers les femmes autochtones.
Ces facteurs sont: le rôle joué par le racisme et la misogynie dans la reproduction des violences dont les femmes autochtones sont victimes; les importantes disparités entre femmes autochtones et non autochtones dans la réalisation de leurs droits économiques, sociaux, politiques et culturels; la déstabilisation des sociétés autochtones liée aux enlèvements de masse des enfants autochtones retirés à leur famille et à leur communauté, un phénomène apparu dans le passé et qui se poursuit de nos jours; le nombre disproportionné de femmes autochtones dans les prisons canadiennes, dont beaucoup ont elles-mêmes été victimes de violence; la réaction insuffisante et inadaptée de la police face aux violences dont sont victimes les femmes autochtones, comme l'illustre la gestion des affaires de disparitions.
Les appels à la justice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, présentés comme impératifs juridiques plutôt que comme des recommandations facultatives, exposent des mesures de transformation dans les domaines de la santé, de la sécurité, de la justice et de la culture, notamment les suivantes: créer un poste d'ombudsman national des droits des Autochtones et des droits de la personne et mettre sur pied un tribunal national des droits des Autochtones et des droits de la personne; concevoir et mettre en œuvre un plan d'action national pour veiller à un accès équitable à l'emploi, au logement, à l'éducation, à la sécurité et aux soins de santé; offrir un financement à long terme à des programmes éducatifs et des campagnes de sensibilisation portant sur la prévention de la violence et sur la lutte contre la violence latérale; interdire la prise en charge d'enfants fondée sur la pauvreté et les préjugés culturels.
Si le débat est toujours actif sur le bien-fondé de l'utilisation du mot « génocide », je crois que le terme « génocide culturel », lui, fait généralement consensus. En effet, on peut dire que le gouvernement fédéral de l'époque et le clergé responsable des pensionnats autochtones ont tenté d'assimiler ou d'effacer une culture de façon délibérée. L'intention de génocide culturel du gouvernement de l'époque était très claire, voire officielle. Sous un prétexte éducationnel d'égalité des chances, cette politique avait pour but premier d'assimiler et d'éradiquer les cultures autochtones.
La Commission de vérité et réconciliation du Canada estime que cette politique d'assimilation a eu des conséquences néfastes pour l'ensemble des peuples autochtones et a miné leur capacité de prospérer au sein de la société canadienne. Dans leurs descriptions des rencontres, les familles et les survivantes qui ont pris la parole dans le cadre de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ont toutes rattaché leurs expériences au colonialisme — sous sa forme historique et moderne — par l'un ou l'autre des grands facteurs suivants: traumatisme historique, multigénérationnel et intergénérationnel; marginalisation sociale et économique; maintien du statu quo et absence de volonté de la part des institutions. Ainsi, l'État canadien et le clergé ont planifié ce traumatisme collectif dont l'objectif ultime était la disparition de l'ensemble des communautés autochtones, et, depuis, ils les laissent seules pour en affronter les conséquences.
Selon Viviane Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec, il est primordial que les communautés et les familles puissent être entendues dans le cadre d'une commission. Elle ajoute que « comprendre les racines profondes de la discrimination systémique à laquelle font face les femmes autochtones est un devoir pour faire respecter leur dignité et leur sécurité ».
Quand on écoute différents témoignages de femmes autochtones, on dénombre quatre types de violence. Il y a d'abord la violence structurelle. On pourrait aussi parler de violence sociale, juridique, culturelle et institutionnelle, même de violence familiale. Cette dernière expression est couramment utilisée en contexte autochtone pour bien marquer le fait que la violence ne concerne pas uniquement les couples, mais aussi les enfants et éventuellement d'autres personnes évoluant avec ou autour de la famille. Il y a aussi la violence personnelle. Cette forme de violence recouvre les manifestations liées entre autres à la violence physique, à la manipulation psychologique, au contrôle financier, et implique des individus. On pourrait aussi faire des chevauchements lorsqu'on revoit les faits de l'enquête sur Skibicki. On peut reconnaître un certain pattern; un pattern peut-être trop familier auquel les Québécois et Québécoises peuvent malheureusement s'identifier avec les nombreux féminicides et la mort tragique de Marylène Levesque au début de 2020.
En conclusion, reconnaître et comprendre les sources de la violence et soutenir les peuples autochtones dans leur reconstruction, c'est essentiel, tout comme promouvoir l'égalité des genres, favoriser l'émancipation des femmes et établir un partenariat de nation à nation avec les peuples autochtones. Toutes ces mesures, le Bloc québécois les promeut depuis plusieurs années.
Nous l'avons fait durant la campagne électorale et nous allons continuer de le faire, parce que si un obstacle majeur se dresse devant nous, c'est bien l'échec de la politique sur les revendications territoriales globales. C'est exactement pour cette raison que le Bloc québécois propose de la rénover complètement.
Je pourrais en parler longtemps, mais je pense que mon temps de parole est écoulé.
:
Madame la présidente, je remercie ma collègue de son discours.
Un élément est souvent absent de la discussion, soit le problème permanent du racisme anti-autochtone. La députée peut-elle nous dire ce que nous pouvons faire pour contrer ce problème?
:
Madame la présidente, je remercie ma collègue. Je sais qu'elle a beaucoup à cœur la cause féministe.
Je ne suis pas certaine de bien saisir sa question, car elle l'a posée rapidement. Est-ce possible de répéter la question? J'ai eu de la difficulté à la comprendre.
[Traduction]
:
Madame la présidente, il y a un aspect particulier qui est souvent passé sous silence, c'est-à-dire le racisme dont les Autochtones sont depuis toujours victimes. Je me demande si la députée pourrait indiquer ce que la société pourrait faire de plus, notamment en matière de sensibilisation, pour combattre ce fléau.
[Français]
:
Madame la présidente, il y en aurait tant à dire sur ce problème. D'ailleurs, j'en discutais pas plus tard qu'il y a quelques instants, parce que j'arrive d'un gala de l'organisation À voix égales, où on parle de faire plus de place aux femmes en politique. Cela dit, je considère qu'il s'agit d'une question beaucoup plus large, celle de la représentation au sein des gouvernements.
J'ai nommé ce problème. Notamment, je voudrais voir plus de femmes autochtones en politique. Je parlais avec une représentante des centres d'amitié autochtones au Québec, des centres absolument exceptionnels. D'ailleurs, ma collègue pourrait en parler. Certains de mes collègues ont des centres d'amitié autochtones dans leur circonscription au Québec et ils pourraient parler de l'importance de ces centres sur le plan de l'éducation, de la culture et de la promotion de cette culture autochtone. Ces centres d'amitié autochtones au Québec sont un modèle absolument incroyable. J'espère pouvoir en visiter prochainement pour pouvoir voir tout le travail d'éducation qu'ils font dans la société.
En tant que porte-parole de la condition féminine, je suis très touchée par cette question. D'ailleurs, je suis en train de prendre rendez-vous avec la représentante des centres d'amitié autochtones. Je vais retourner au souper de l'organisation À voix égales pour continuer d'échanger et pour organiser des visites afin de discuter de la question de l'éducation.
[Traduction]
:
Madame la présidente, des familles réclament un moratoire sur l'utilisation du site d'enfouissement de Prairie Green. Il me semble que c'est le moins qu'on puisse faire, au chapitre du respect et de la dignité, pour les femmes qui ont été tuées ainsi que pour les familles et les proches des défuntes. La députée est-elle d'accord?
Pourrait-elle également clarifier ses observations? Elle a dit qu'il y a un débat quant à savoir s'il s'agit d'un génocide. Or, la députée de a fait adopter à la Chambre une motion pour reconnaître que les Autochtones sont bel et bien victimes d'un génocide, et on ne parle pas seulement d'un génocide culturel, mais d'un génocide tout court. J'aimerais que la députée me dise si elle souscrit à cette affirmation.
[Français]
:
Madame la présidente, c'est étrange, car, lorsque je me rendais à la Chambre, j'entendais justement parler aux nouvelles de toute cette question du dépotoir.
Peu importe qui on est, c'est une façon indigne d'honorer les gens décédés et la fin de vie de quelqu'un. Cela n'a aucun sens. Je ne comprends même pas qu'on se pose cette question. Je ne veux pas trop entrer dans les détails, car c'est un non-sens pour moi. Une vie ne devrait pas se terminer dans un dépotoir, c'est absolument absurde. On discutait de cela justement aux nouvelles lorsque je m'en venais.
Quant au génocide culturel, il est indéniable. On a tenté de tuer l'Indien dans l'enfant. Au Québec, on a pris les enfants autochtones et on a essayé d'en faire des bons blancs catholiques. C'est ce qu'on a tenté de faire avec eux et c'est absolument absurde. On a créé des histoires déchirantes et on a créé un traumatisme collectif. On a séparé des familles. Comme nouvelle mère, je ne peux même pas m'imaginer qu'on m'enlève ma fille. Je répète que c'est ce qu'on a fait avec les Autochtones parce qu'on voulait tuer l'Indien dans l'enfant. C'est absolument inacceptable.
[Traduction]
:
Madame la présidente, ma question porte sur nos échanges à propos d'un certain nombre de situations inéquitables pour les communautés autochtones. Plus précisément, je veux parler maintenant de la police.
D'après les témoignages et les études des comités, il existe des services de police autochtones qui travaillent dans les communautés, mais ils n'ont pas les mêmes pouvoirs que les services de police ordinaires. Dans certains cas, lorsqu'un crime est commis, les services de police autochtones devraient ou pourraient être en mesure de s'occuper du problème, sauf que la loi ne le leur permet pas. Par conséquent, on fait appel à une autre instance, comme la GRC, pour procéder à l'arrestation.
Ne serait-il pas préférable que les services de police autochtones, dont les membres vivent souvent dans les communautés, soient sur un pied d'égalité avec les autres services de police? Leurs membres vivent dans la région et ils connaissent la situation probablement mieux que ceux d'un service extérieur. Ils sont capables de mieux s'adapter à la situation et de comprendre quel est vraiment le problème avec un individu donné dans une situation donnée.
[Français]
:
Monsieur le Président, le Comité permanent de la condition féminine fait une étude sur l'impact de l'exploitation des ressources et la violence faite aux femmes et aux filles autochtones. On étudie à quel point, en 2022, les impacts sont encore disproportionnés et à quel point elles sont aussi victimes d'une forme d'esclavage moderne, de traite de la personne. Dans cette étude, la question des pouvoirs policiers dans de tels cas fera l'objet d'une recommandation probablement. Nous allons regarder cela. Il faudra voir dans quelles circonstances telle police peut agir. Il faudra se pencher là-dessus, parce que, selon les témoignages entendus au comité, cela pose manifestement un problème. Je suis entièrement d'accord avec mon collègue.
J'ai regardé ce qui se passe à la GRC, parce que j'ai remplacé ma collègue au Comité permanent de la sécurité publique où on étudiait l'impact sur les femmes autochtones, comment elles sont traitées d'une façon différente par la GRC et comment elles sont surreprésentées en prison. C'est inacceptable. Avec la représentante des centres d'amitié avec qui je discutais, il y a quelques minutes, nous avons soulevé cette question. Tout cela a une incidence. Au-delà des services policiers, comment intervient-on auprès d'elles? Il y a aussi beaucoup plus de femmes autochtones qui se retrouvent dans les rues et potentiellement aux mains de proxénètes. Elles sont ainsi victimes d'exploitation sexuelle.
En 2022, quel est leur sort? Encore là, il faudra que les corps policiers se coordonnent. Pour revenir à la question de mon collègue, je verrai selon ce qui sera établi dans le rapport, mais ce sera un enjeu sur lequel il faudra assurément se pencher pour agir convenablement pour la sécurité des femmes autochtones.
:
Monsieur le Président, ma collègue me fascine toujours par la passion qu'elle met à défendre son dossier sur les femmes.
Je vais revenir à ce qu'on a souligné cette semaine, c'est-à-dire à Polytechnique. Je me rappelle très bien qu'après les événements de Polytechnique, il y avait une négation. On disait que ce n'était pas vrai qu'on visait des femmes. Par rapport au tueur en série au Manitoba, il y a la même négation de la part des policiers. On dit qu'on ne visait pas des femmes autochtones, que c'était autre chose.
Comment peut-on expliquer le fait qu'on nie que ce sont des femmes et des femmes autochtones qui sont visées?
:
Monsieur le Président, je me l'explique mal.
Je vais parler avec émotion, parce que j'ai une petite fille de 10 mois. Cela change la perspective. Cette année, en réfléchissant à Polytechnique, je constatais que la façon dont je vois le féminisme et la défense des enjeux féministes a changé. À l'évidence, il faudra être féministe tant qu'il le faudra, et manifestement il faut encore être féministe en 2022.
On parle de Polytechnique. C'est un événement qui a eu lieu en 1989, il y a 33 ans. Des femmes ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes. En 2022, on constate qu'il y a encore une négation des violences faites aux femmes. Des femmes autochtones ont été victimes d'un tueur en série et on a tenté de le nier. C'est inacceptable. Je m'interroge: oui, on fait des gains, mais il y en aurait tellement encore à faire.
En 2022, malheureusement dans toutes les études auxquelles j'ai participé au Comité permanent de la condition féminine, les femmes autochtones sont malheureusement toujours surreprésentées quand on parle de violence et de pauvreté. Certaines communautés n'ont toujours pas accès à de l'eau potable en 2022. Il y a encore tant de problèmes de toxicomanie, de santé mentale. Chaque fois qu'on fait une étude au Comité permanent de la condition féminine, on est toujours obligé de revenir à cette question des femmes autochtones surreprésentées dans tous ces enjeux. Quand on parle d'enjeux féministes, j'espère pouvoir porter celui des femmes autochtones prochainement.
J'espère qu'on va continuer à travailler ensemble de façon non partisane. Il faut qu'on ait la volonté politique. On a des études, on a des rapports sur les femmes autochtones disparues et assassinées, on a des appels à l'action. Dernièrement, je demandais à des témoins ce que cela allait prendre. Cela va prendre de la volonté politique. Des suggestions, des recommandations, il y en a. C'est assez. Il faut les mettre en œuvre.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, je veux commencer par reconnaître que le Parlement du Canada se trouve sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Je ne peux même pas imaginer la souffrance et l'angoisse que doivent ressentir aujourd'hui la famille et les amis des quatre femmes dont le corps a été retrouvé. Je suis désolé qu'ils aient à vivre une telle souffrance et je leur offre toutes mes condoléances.
J'ai grandi à Winnipeg et ce sera ma ville pour toujours. J'y ai élevé quatre enfants. Mes trois petites-filles y vivent. C'est une collectivité qui me tient beaucoup à cœur. C'est ma collectivité et je sais que bien des gens de ma collectivité à Winnipeg, de ma ville, et de tout le Canada d'ailleurs, souffrent ce soir. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par cette horrible tragédie insensée.
Il faut que cela s'arrête. Il faut que s'arrêtent cette haine et cette violence insensée. Le racisme est carrément brutal et il n'a pas sa place au Canada.
[Français]
Nous avons tous un rôle à jouer: le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux et, certainement, les gouvernements autochtones.
J'aimerais remercier les députés de la Chambre de leur participation au débat de ce soir, qui a lieu une journée après la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes.
[Traduction]
Il incombe à tous les Canadiens de dénoncer le racisme contre les Autochtones et la misogynie lorsqu'ils en sont témoins. Chacun de nous a un rôle à jouer pour mettre un terme à cette violence insensée.
Les appels à la justice indiquent clairement ce que nous devons faire. Le rapport final de l'enquête nationale expose les facteurs qui contribuent à la tragédie des femmes et des filles autochtones et des personnes 2ELGBTQQIA+ disparues et assassinées. Nous avons la responsabilité de nous attaquer à ces facteurs si nous voulons progresser.
Nos quartiers doivent être plus sûrs, pour que les femmes et les filles autochtones, les personnes de diverses identités de genre et tout le monde puissent y vivre et s'y épanouir. Le fait de favoriser la création de lieux sûrs, de refuges d'urgence et de maisons de transition dirigés par des Autochtones, ouverts 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, est un aspect primordial de la Voie fédérale concernant les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones disparues et assassinées.
En octobre dernier, je me suis associé à la et à la pour soutenir le refuge Velma's House et promouvoir le financement d'organisations de femmes autochtones partout au Manitoba.
Le refuge Velma's House est un lieu sûr, ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, destiné aux victimes d'exploitation sexuelle au Manitoba. Ce refuge a été créé grâce à la collaboration d'organisations communautaires au service des femmes autochtones, des personnes de diverses identités de genres et d'autres femmes à risque d'être victimes de violence et d'exploitation. Il offre des services extrêmement importants, notamment en donnant accès à des produits médicinaux traditionnels et à des méthodes de guérison culturelles, et en offrant des repas chauds, des articles d'hygiène et des fournitures pour la réduction des méfaits, ainsi que d'importants services d'aide pour trouver un emploi et un meilleur logement. Ce refuge fait un travail remarquable, et je remercie son équipe de ses efforts exceptionnels et infatigables.
[Français]
Par contre, il reste toujours beaucoup à faire. C'est pourquoi nous investissons pour remédier aux facteurs qui contribuent aux disparitions et aux meurtres des femmes autochtones. Il s'agit entre autres du logement, de l'éducation et des changements fondamentaux qui doivent être apportés aux interventions policières dans les communautés des Premières Nations, ainsi que dans les communautés inuites et métisses.
[Traduction]
Les conditions de logement précaires exposent les femmes et les filles autochtones, ainsi que les personnes 2ELGBTQQIA+, à un risque accru de violence. Le travail que nous effectuons avec nos partenaires pour élaborer conjointement la Stratégie nationale décennale sur le logement et les infrastructures connexes des Premières nations est absolument essentiel à tout cela. Les chefs de l'Assemblée des Premières Nations appuient cette stratégie, et nous continuons à travailler avec cette organisation pour la faire progresser.
Nous travaillons aussi directement avec nos partenaires inuits et métis pour mettre en œuvre des stratégies de logement élaborées conjointement en fonction de leurs besoins et de leurs priorités. Comme on l'a déjà dit à la Chambre, les budgets fédéraux prévoient chaque année des mesures d'investissement dans le logement autochtone depuis que le gouvernement est au pouvoir. En outre, nous travaillons en étroite collaboration avec d'autres ministères fédéraux pour assurer l'harmonisation de nos initiatives et de nos efforts.
Nous reconnaissons pleinement que l'éducation constitue un facteur important pour résoudre ce problème. Les appels à la justice demandent à tous les gouvernements de veiller à ce que l'accès équitable aux droits fondamentaux comme l'éducation soit reconnu comme un instrument fondamental pour protéger les droits des Autochtones et les droits de la personne.
Une éducation financée équitablement et enracinée dans la culture des Premières Nations, des Métis et des Inuits offre aux peuples autochtones plus de choix et plus de pouvoir. Neuf accords régionaux sur l'éducation ont été conclus et signés à l'échelle du pays. Ces accords régionaux sur l'éducation sont conçus conjointement avec les communautés des Premières Nations. Ils reflètent les visions et les priorités des systèmes d'éducation des Premières Nations afin d'offrir une éducation de haute qualité, adaptée à la culture des Premières Nations vivant dans les réserves.
Nous nous efforçons aussi de répondre aux appels répétés des dirigeants autochtones qui réclament des changements fondamentaux à la façon dont les services policiers sont assurés dans leurs collectivités. Ils préconisent notamment l'élaboration d'une loi qui reconnaît les services de police des Premières Nations comme un service essentiel devant être financé en conséquence. Nous faisons également des investissements à l'appui des services de police adaptés à la culture dans les collectivités autochtones par l'entremise du Programme des services de police des Premières Nations et des Inuits. Les fonds serviront également à élargir ce programme.
Pour remédier à la surreprésentation des femmes autochtones dans les prisons canadiennes, Justice Canada élabore une stratégie en matière de justice autochtone pour lutter contre la discrimination systémique et la surreprésentation des Autochtones dans le système de justice.
[Français]
Une autre de nos priorités est de mettre fin au racisme envers les Autochtones au Canada. Il faut soutenir sur le terrain les peuples et les communautés autochtones qui ont une expertise dans la lutte contre les diverses formes de racisme et de discrimination. La stratégie reconnaît les expériences distinctes des Premières Nations, des Inuits et des Métis, ce qui permet à ces peuples de faire valoir leurs points de vue et de prendre des décisions sur les initiatives qui répondent le mieux à leurs besoins.
[Traduction]
Ce ne sont là que quelques-unes des mesures concrètes que prend le gouvernement pour remédier aux causes profondes de la violence contre les femmes autochtones et corriger les inégalités systémiques de longue date. Un peu partout au Canada, des collectivités interviennent aussi localement.
Je suis conscient que cela ne soulage aucunement la douleur constante des Canadiens ni la souffrance et les traumatismes qui accompagnent la nouvelle de ces horribles meurtres. Il n'existe pas de solution rapide au racisme et aux inégalités systémiques profondément ancrés qui entraînent l'intimidation, le traitement violent et le meurtre de femmes et de filles autochtones. Je sais que tous les députés reconnaissent que des changements généralisés s'imposent au sein du système pour remédier à cette tragédie nationale, et ce, pour le bien des générations d'aujourd'hui et de demain, donc pour le bien de mes enfants et de mes petits-enfants.
J'exprime mes sincères condoléances aux familles et aux communautés qui ont perdu un être cher. Je suis profondément navré de cette perte.
:
Monsieur le Président, on peut bien voir que les mots du venaient du cœur et je respecte le travail que lui et son ministère font au quotidien.
La situation à laquelle nous avons affaire est certainement très tragique. Je sais que cela ne relève pas expressément du ministère du , mais il a mentionné dans son discours les 231 appels à la justice lancés par l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Je regarde quelques grands titres et, malheureusement, il y a des groupes de défense qui qualifient de honte nationale les progrès réalisés par le gouvernement à l'égard de ces 231 appels à la justice. Plus précisément, la directrice générale de l'Association des femmes autochtones du Canada a dit ceci: « Aujourd’hui, nous voyons les tristes résultats de la faible réaction du gouvernement aux crimes commis envers les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre autochtones. » Elle a ajouté: « Tel qu’il a été rédigé, le Plan d’action national était en réalité une recette d’inaction et les personnes que notre organisation représente en paient le prix. »
J'aimerais que le commente ces remarques très inquiétantes en fonction de la situation à laquelle nous continuons d'être confrontés.
:
Monsieur le Président, il serait très difficile de prendre la parole lors d'un débat comme celui que nous tenons ce soir pour dire que nous en avons assez fait. Le gouvernement n'en a pas assez fait. Nous avons présenté notre premier budget en 2016, et je peux dire aux députés que nous avons investi des centaines de milliards de dollars d'argent frais dans l'éducation, les soins de santé, la réforme des services d'aide à l'enfance, les infrastructures, des initiatives de sécurité communautaire et des espaces sûrs, mais nous n'en avons toujours pas fait assez.
Les souffrances continuent. La tragédie se poursuit. Des femmes et des filles se font assassiner chaque semaine. Cela doit cesser. Nous devons faire mieux. Nous devons travailler en partenariat avec les communautés métisses, autochtones et inuites pour trouver des solutions. Nous devons travailler en partenariat avec les autres pouvoirs publics pour trouver des solutions. Tout le monde doit faire mieux.
:
Monsieur le Président, j'ai beaucoup travaillé avec mon collègue à Winnipeg. L'investissement dans le refuge Velma's House était nécessaire. Je viens d'apprendre ce matin qu'une femme est morte de froid dans un abribus, sous des couvertures. Nous vivons une situation d'urgence. J'ai aimé ce que le a dit l'autre jour, à savoir que ce n'est pas le moment de se vanter des investissements, parce que nous n'en faisons pas assez.
Je me demande si mon collègue pourrait travailler avec moi pour garantir deux ou trois choses en tant que concitoyen de Winnipeg: qu'il y ait des investissements immédiats pour offrir du soutien aux familles en matière de logement, de refuges et d'autres services, et pour mettre en place une « alerte à la robe rouge »; et plus précisément qu'il se joigne à moi pour encourager la police à demander une enquête indépendante, avec un soutien en matière de coûts et d'accès à l'information, pour voir s'il est possible de fouiller la décharge de Prairie Green. Enfin, si une telle fouille n'est pas possible, qu'il se joigne à moi en attendant pour demander un moratoire sur l'utilisation continue de cette décharge, car c'est une scène de crime, et nous devons respecter les restes de nos êtres chers.
:
Monsieur le Président, je crois avoir précisé dans ma réponse précédente que les mesures prises par le gouvernement sont insuffisantes. Nous devons en faire plus. Nous devons poursuivre nos partenariats avec les groupes communautaires. Nous devons poursuivre nos partenariats avec les autres pouvoirs publics, y compris la Ville de Winnipeg.
Oui, je vais collaborer avec la députée de . Elle et moi, nous avons déjà mené à bien un projet en collaboration avec d'autres parlementaires, notamment des ministres. Il s'agit du refuge Velma's House, un lieu sûr accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour les femmes et les filles autochtones au centre-ville de Winnipeg. C'est avec plaisir que je joindrais mes efforts à ceux de la députée pour trouver d'autres solutions aux problèmes qui persistent depuis trop longtemps, malheureusement.
Nous devons unir nos forces pour trouver des solutions à ces problèmes. Je serais heureux de collaborer avec la députée pour mettre en œuvre des solutions.
[Français]
:
Monsieur le Président, j'ai bien écouté le discours de mon collègue de Saint‑Boniface—Saint-Vital. Évidemment, ce que j'ai retenu de son discours, c'est qu'il souhaite éliminer toute forme de racisme envers les Premières Nations au Canada.
Il y a une chose que j'aimerais que mon collègue me dise. Est-il prêt à abolir la Loi sur les Indiens? Le a dit il y a plus d'un an qu'il était inacceptable que cette loi n'ait pas encore été abolie. Cela fait plusieurs mois. Cela fait plus d'un an, et il n'y a toujours rien de fait à ce sujet. Cette loi démontre qu'il y a du racisme envers les Premières Nations. On doit la remplacer par un accord mutuel. Il doit y avoir des réflexions avec les Premières Nations, dans le respect, évidemment.
J'aimerais que mon collègue réponde à la question suivante. Ne devrait-on pas abolir la Loi sur les Indiens et diminuer considérablement avec une nouvelle loi le racisme envers les Premières Nations?
:
Monsieur le Président, je remercie le député de cette bonne question.
J'aimerais abolir le racisme, pas seulement contre les Premières Nations, mais aussi contre les Inuits et contre les Métis. Je suis certainement d'accord pour m'asseoir avec le député afin d'essayer de trouver des méthodes pour atteindre ce but.
Au sujet de sa question sur la Loi sur les Indiens, je suis prêt à m'asseoir avec le député, mais aussi avec le pour essayer de trouver une piste qui a du bon sens afin de travailler premièrement avec les Premières Nations pour remplacer la Loi sur les Indiens par quelque chose de mieux.
[Traduction]
:
Monsieur le Président, j'aimerais connaître le point de vue du . Il a dit que nous pourrions en faire plus ici, à Ottawa. Est-ce la même chose du côté des gouvernements provinciaux, des municipalités, des dirigeants autochtones et des Canadiens en général? Nous devons tous en faire plus collectivement. Le député peut-il donner son point de vue à ce sujet?
:
Monsieur le Président, d'abord, la violence et le racisme systémiques qui se manifestent actuellement dans le meurtre des quatre femmes tirent leurs racines des valeurs colonialistes présentes à l'origine du Canada. La première politique de la Loi sur les Indiens visait à civiliser les Premières Nations, puis à les christianiser et, enfin, à les assimiler, de façon à faire disparaître l'Indien au sein de l'Indien, ce qui était clairement une politique raciste. Cependant, c'était il y a 150 ans.
Aujourd'hui, tout le monde peut en faire plus, y compris les gouvernements fédéral et provinciaux, les municipalités, les pouvoirs autochtones et la collectivité. Chacun peut agir dans sa sphère d'influence auprès de son entourage et au sein de la collectivité. Je crois que c'est ce que signifie réellement la réconciliation.
Tout le monde peut en faire plus, y compris les institutions, les gouvernements et les personnes. Nous devons trouver des solutions ensemble. Il faut dénoncer le racisme chaque fois que nous sommes témoins de ses manifestations. Il faut travailler avec les nations autochtones, de personne à personne et de gouvernement à gouvernement.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Dans notre pays, il y a eu et il continue d'y avoir un génocide à l'égard des femmes autochtones. Nous avons un gouvernement qui continue à ne rien faire à ce sujet. C'est la réalité.
Je viens de parler avec une Autochtone qui travaille au sein de l'Association nationale des centres d'amitié. Elle m'a dit qu'en tant que femme autochtone, elle a peur de marcher dans la rue. Elle est une jeune femme. Elle est présidente. Elle joue un rôle important dans sa collectivité et dans cette association. Elle veut juste pouvoir se déplacer à pied dans sa collectivité sans avoir peur. C'est ce que nous voulons.
Le fait que les femmes autochtones ne puissent pas se promener librement dans nos collectivités, sans avoir peur, est une honte pour notre pays. Le fait que, connaissant la gravité de la situation, le gouvernement continue à ne pas agir est une plus grande honte.
Les dirigeants autochtones ont tracé une voie claire. L'enquête nationale sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées a tracé une voie claire au moyen d'appels à la justice qui permettraient de sauver des vies. Chaque jour où ces appels à la justice demeurent sans réponse, d'autres vies sont perdues.
Les peuples autochtones ne devraient pas avoir à supplier ou à implorer qui que ce soit pour pouvoir vivre dans la dignité et le respect. Les peuples autochtones ne devraient pas avoir à supplier ou à implorer les élus ou les policiers pour qu'ils fassent leur travail. Toutefois, c'est ce que nous constatons. Les peuples autochtones doivent supplier les forces policières pour qu'elles remplissent le rôle que l'on attend d'elles, c'est-à-dire qu'elles fassent leur travail. Les peuples autochtones doivent supplier les élus pour qu'ils prennent au sérieux la valeur de leur vie. Voilà la réalité à laquelle nous nous heurtons.
Je tiens à reconnaître que des événements horribles se sont produits récemment à Winnipeg. J'exhorte tous les députés à prendre conscience que, parfois, lorsque nous abordons de telles atrocités, nous oublions qu'il s'agit d'êtres humains. Nous perdons de vue que ce sont de vraies personnes. Ces personnes sont la fille de quelqu'un et la sœur de quelqu'un. Elles sont des êtres aimés à qui on a volé la vie.
Permettez-moi de vous rappeler qui elles sont: Morgan Harris, 39 ans; Marcedes Myran, 26 ans; Rebecca Contois, 24 ans; et Buffalo Woman.
La vie de ces femmes a été interrompue. Ce sont des vies perdues à tout jamais. L'inaction du gouvernement continue de mettre des vies en danger.
Je tiens à souligner le courage et la force incroyables de notre collègue, amie et ardente défenseure de ses concitoyens, la députée de . Elle a su faire preuve d'un courage incroyable face à l'adversité, et je tiens à le souligner. Elle tient à ce qu'il ne soit pas ici question d'elle, mais des familles qui sont présentes aujourd'hui, qui sont venues de tout le pays, qui sont sous le choc de la violence dont sont victimes leurs proches et qui vivent dans la peur.
Je tiens à souligner que la députée de a demandé un débat d'urgence, car il s'agit en effet d'une situation d'urgence. En fait, il devrait s'agir d'une urgence nationale. Le fait que des vies nous sont ainsi enlevées constitue une urgence nationale. L'objectif d'un débat d'urgence est de définir une façon d'intervenir, d'insister sur le fait que nous devons prendre des mesures et de souligner que le gouvernement fédéral a la responsabilité d'agir.
L'un des aspects que la députée de ne cesse de rappeler, c'est qu'il y a des centaines de millions de dollars qui n'ont toujours pas été dépensés. Or, ce sont des fonds qui devraient servir à protéger les femmes et les filles autochtones et à mettre des lieux sûrs à leur disposition. À plusieurs reprises, la députée de Winnipeg‑Centre a soulevé le fait que le gouvernement libéral n'a pas investi dans la construction de nouveaux refuges. Aucun financement supplémentaire n'a été annoncé dans le dernier budget, et c'est inacceptable.
Nous avons besoin de mesures concrètes. Nous devons reconnaître la souffrance que cause cette situation. Nous devons non seulement reconnaître cette souffrance, mais aussi prendre des mesures concrètes pour y remédier. Nous avons le pouvoir d'agir dès maintenant.
[Français]
Il est indéniable qu'il y a un génocide à l'égard des femmes autochtones dans notre pays, et nous devons agir. Chaque jour où le gouvernement fédéral n'agit pas, la vie de davantage de femmes autochtones est en péril.
Nous devons mettre en œuvre des mesures pour protéger la communauté. Nous devons faire face à ce génocide. C'est notre devoir et notre responsabilité.
[Traduction]
Les néo-démocrates se servent de leur force et de leur influence pour exprimer leur solidarité envers les communautés autochtones et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour les accompagner dans la lutte contre la violence envers les femmes.
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Monsieur le Président, permettez-moi de poser essentiellement la même question au chef du Nouveau Parti démocratique que celle que j'ai posée au ministre. L'une des choses que nous devons faire, c'est de réaliser que nous aurions tous dû en faire plus. Si nous voulons régler ce problème, la meilleure façon d'y arriver est d'amener tous les intervenants à accroître leur engagement. Nous devons tous reconnaître qu'il faut accroître nos efforts.
Le député peut-il nous faire part de son opinion à ce sujet?
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Monsieur le Président, quand nous sommes confrontés à une crise grave, il faut faire deux choses: reconnaître la gravité de la crise, puis agir.
Cela suppose notamment de savoir qui a le pouvoir d'agir. Le gouvernement en place a la capacité, les ressources et les outils nécessaires pour agir. Je ne suis donc pas d'accord avec le député. Dans les faits, c'est le gouvernement au pouvoir, le , qui a le pouvoir de prendre des décisions et qui doit le faire immédiatement.
Il ne s'agit pas de trouver tous les fautifs. Le gouvernement a le pouvoir d'agir et refuse de le faire.
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Monsieur le Président, je vais poser au chef du NPD une question très semblable à celle que j'ai posée au ministre il y a quelques instants. Elle porte sur les 231 appels à la justice qui ont été recommandés dans le cadre de l'enquête.
Plus précisément, je pense à une déclaration qu'a faite il y a quelques mois la directrice générale de l'Association des femmes autochtones du Canada. Voici ce qu'elle a dit:
Aujourd’hui, nous voyons les tristes résultats de la faible réaction du gouvernement aux crimes commis envers les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre autochtones [...] Tel qu’il a été rédigé, le Plan d’action national était en réalité une recette d’inaction, et les personnes que notre organisation représente en paient le prix.
Elle explique ensuite la grande lenteur du gouvernement à donner suite à un certain nombre de ces appels à l'action.
Maintenant que nous avons un autre débat d'urgence sur cette situation on ne peut plus tragique, j'aimerais savoir quels appels à l'action ou — pour reprendre les mots du chef du NPD — quelles mesures il voudrait voir se concrétiser dès maintenant.
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Monsieur le Président, je pense que le député avait raison de souligner ce qui est une critique juste et bien légitime. Le fait est que plus de trois ans et demi se sont écoulés depuis l'établissement des appels à la justice. Je me souviens des efforts, du travail et de la douleur qui ont été investis à l'époque afin d'établir la voie à suivre. À l'époque, les aînés de la communauté ne pensaient pas que les appels à la justice seraient simplement présentés, mais jamais mis en œuvre — qu'on ne ferait qu'en parler, sans vraiment s'en occuper.
Ce que disent les communautés autochtones, c'est qu'elles veulent que chacun des 231 appels à la justice soit mis en œuvre — et elles veulent que cela se fasse dès maintenant.
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Monsieur le Président, en tant que femme blanche qui a élevé des enfants autochtones et qui a des petits-enfants autochtones, je pense constamment au jour où il faudra leur expliquer comment rester en sécurité dans un monde qui cherche à les faire disparaître. Je pense qu'il s'agit là d'un aspect difficile de la réalité que vivent les communautés autochtones. Ce sont des décisions qui leur appartiennent.
Lorsque leurs petites-filles se rendent dans les grandes villes, les membres des communautés autochtones doivent s'assurer que toutes leurs tantes et tous leurs oncles veillent sur elles, car c'est à ce point qu'ils craignent pour leur sécurité. Un jour, on reçoit un appel et on sait ce que cela signifie, non seulement pour sa propre famille, mais pour l'ensemble de sa communauté, dans un pays qui continue de commettre un génocide envers ces êtres précieux et magnifiques que nous voulons garder auprès de nous.
Je pense à ma cousine Jeannine et à sa bonne amie Carla, qui rassemblent des femmes autochtones pour faire du perlage. Elles confectionnent ainsi des boucles d'oreilles et des objets commémoratifs pour les femmes autochtones. Il s'agit du groupe Lil' Red Dress. Les députés savent-ils ce que font ces femmes? Elles vendent leurs créations afin de pouvoir installer des panneaux lorsque des femmes et des filles autochtones sont portées disparues. Elles collectent des fonds pour sauver des vies et demander de l'aide parce que personne d'autre ne veut le faire.
Je me demande si le leader peut nous parler de l'injustice que représente le fait que les Autochtones doivent collecter des fonds pour sauver leurs proches alors que le gouvernement ne fait rien.
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue de ses paroles poignantes.
Je pense que c'est odieux. C'est horrible. Le fait que des communautés et des femmes autochtones doivent recueillir des fonds pour sauver leur vie et protéger celles de leurs concitoyens témoigne d'un manque de leadership flagrant. Cela illustre bien l'incapacité du gouvernement à faire ce qu'il faut et ce qui est juste pour protéger les peuples autochtones, pour donner suite aux appels à la justice et pour s'attaquer et mettre fin sans délai au génocide contre les femmes autochtones.
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Monsieur le Président, Rebecca Contois, Morgan Beatrice Harris, Marcedes Myran et Buffalo Woman, à laquelle on a fait référence plus tôt, chacune de ces femmes incroyables, merveilleuses et ravissantes ont perdu la vie en raison du racisme et de nombreux autres problèmes complexes.
Je ne crois pas que ce qui se passe à Winnipeg laisse quelque député que ce soit indifférent. Je sais que je m'exprime au nom de tous les députés en présentant mes plus sincères condoléances aux familles, aux amis et aux communautés en deuil. Je tiens à leur présenter personnellement mes condoléances.
Ce n'est pas de gaieté de cœur que je participe à ce débat. Tina Fontaine était une jeune femme remarquable. Le 8 août 2014, elle a été portée disparue. Ce n'est que neuf jours plus tard, le 17 août 2014, que son corps a été retrouvé à Winnipeg‑Nord, sur les berges de la rivière Rouge. La communauté s'est mobilisée de façon très concrète et tangible.
Je me souviens d'être allé à l'Assemblée législative du Manitoba et d'avoir vu des femmes autochtones et d'autres personnes qui s'y étaient rassemblées et y avaient planté des tentes, où elles ont passé plusieurs nuits. Elles souhaitaient la tenue d'une enquête publique, qu'elle soit demandée par la province ou par le gouvernement fédéral. Elles voulaient qu'il se passe quelque chose.
Tina était une jeune femme fantastique qui se trouvait dans un milieu très difficile. Je me souviens avoir fait valoir ici, en 2014, qu'il fallait une enquête publique. Peu de temps après, il y a eu un changement de gouvernement et l'actuel a déclaré que l'enquête publique souhaitée aurait lieu. Cette enquête a donné lieu à 231 appels à la justice.
Si les gens font une recherche sur Google à propos de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, ils découvriront qu'on donne suite à beaucoup d'éléments de ces appels à la justice. Comme l'a dit le qui est intervenu avant moi, il y a encore beaucoup à faire. Je crois qu'il ne faut laisser personne se défiler. L'ensemble des intervenants, des provinces, des municipalités, des dirigeants autochtones et des membres des communautés ont des responsabilités à assumer.
Des organisations merveilleuses sont déjà à pied d'œuvre, notamment le North Point Douglas Women's Centre, le Mama Bear Clan, le Bear Clan Patrol, situé sur l'avenue Selkirk, et le Ma Mawi Wi Chi Itata Centre. Il y a de nombreuses organisations qui offrent des services, qui veulent des propositions novatrices et qui attendent des résultats. Le a parlé de certains résultats, mais, je le répète, il faut en faire plus.
Le centre Tina’s Safe Haven, situé sur l'avenue Selkirk, est un refuge pour les jeunes qui a été fondé il y a quelques années. Il est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il y a aussi le refuge Velma's House.
Oui, le gouvernement du Canada joue un rôle essentiel dans ce dossier. Il rassemble les gens et veille à ce que, collectivement, nous nous attaquions à ce fléau. Il serait malavisé, de manière intentionnelle ou non, pour quiconque de croire que le gouvernement fédéral à lui seul peut résoudre le problème. Le gouvernement fédéral doit en faire plus, et je suis convaincu que tous les députés dans cette enceinte l'admettent. Non seulement le le reconnaît, mais il prend les mesures qui s'imposent, tout en sachant que notre pays doit en faire beaucoup plus.
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Monsieur le Président, je trouve abominable d'entendre le député raconter le travail que les libéraux ont fait dans ce dossier. Le député n'a pas dû entendre la réaction des dirigeants autochtones face à l'échec du plan d'action visant à donner suite aux 231 appels à la justice. Le député n'a pas dû constater que le gouvernement n'a pas respecté son échéancier à maintes reprises. Résultat: des vies ont été perdues dans les communautés. Encore une fois, les députés se présentent à la Chambre en mettant leur âme à nu pour exiger que des mesures soient prises, les familles crient leur douleur, et le député de a l'audace de décrire le travail effectué par le gouvernement.
Si le député est si fier du travail du gouvernement, appuiera-t-il la création d'un organisme indépendant chargé de surveiller les mesures prises par le gouvernement pour la mise en œuvre des 231 appels à la justice pour les femmes et les filles autochtones assassinées ou portées disparues?
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Monsieur le Président, j'aimerais qu'on mette la politique de côté dans ce dossier.
Si la députée voulait venir dans Winnipeg-Nord, je serais prêt à l'aider. Encourageons les provinces, les municipalités, les dirigeants autochtones et d'autres intervenants à collaborer. Tous doivent rendre des comptes, y compris le gouvernement fédéral. Qu'il s'agisse du ministre ou d'autres ministériels, moi y compris, nous avons tous dit que nous devons en faire davantage.
Je ne crois pas que la députée fait avancer le débat lorsqu'elle laisse entendre que le gouvernement fédéral n'a rien fait. Je ne suis pas d'accord. Si elle croit que j'ai tort de dire cela, je ne suis pas d'accord avec elle.
Je pense que nous sommes ici pour donner de l'espoir et pour dire que, non seulement nous avons reconnu ce qui doit être fait, mais nous nous sommes engagés à en faire davantage.
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Monsieur le Président, cette réponse manquait grandement de sensibilité étant donné le sujet des discussions.
Bien honnêtement, le gouvernement du Canada peut jouer un rôle majeur et il devrait le faire. Il n'hésite pas à utiliser son pouvoir de dépenser pour toutes sortes de choses. En fait, pas plus tard qu'hier, la vérificatrice générale a publié un rapport qui relève un gaspillage de fonds publics s'élevant à 30 milliards de dollars. Pourtant, rien n'est encore fait pour donner suite aux appels à la justice. Il a fallu attendre des années pour simplement en venir au rapport final.
Nous pouvons tous nous entendre à la Chambre pour dire que c'est important. Toutefois, quand le député ose dire qu'il faut dépolitiser ce dossier et que le gouvernement fédéral fait tout ce qu'il peut, je ne pense pas, en toute honnêteté, que c'est vrai.
J'aimerais que le député d'en face me donne un exemple concret d'une mesure prise par le gouvernement fédéral qui a sauvé la vie d'une femme aujourd'hui.
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Monsieur le Président, les conservateurs disent que le gouvernement du Canada n'a rien fait. Les néo‑démocrates disent que le gouvernement du Canada n'a rien fait. Si j'affirme que le gouvernement du Canada a fait beaucoup de choses, mais qu'il doit tout de même en faire davantage et que c'est ce qu'il tient à faire, cela ne signifie pas que j'ai tort juste parce que deux députées de l'opposition disent le contraire.
Si elles me demandent de ne pas réagir quand elles prétendent que le gouvernement du Canada ne fait absolument rien et qu'il ne se soucie pas de ces femmes et de ces filles, je suis désolé, mais c'est impossible. Je suis d'accord que nous devons en faire davantage, et c'est ce que nous ferons. Tout le monde a un rôle à jouer dans ce dossier, pas seulement le gouvernement national. Si les députées qui m'ont posé des questions ne sont pas d'accord, nous devrons en rester là.
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Monsieur le Président, c'est avec le cœur lourd que je prends part à ce débat exploratoire. Malheureusement, la question des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées est extrêmement répandue dans le Nord-Est de l'Alberta. Il n'est pas nécessaire de chercher bien loin pour trouver de bien trop nombreuses histoires déchirantes.
Nous voici au lendemain de la nouvelle de la mort insensée de quatre femmes autochtones de la région de Winnipeg. Je vais lire leurs noms, car nous ne devons pas les oublier. Rebecca Contois avait 24 ans. Morgan Beatrice Harris avait 39 ans. Marcedes Myran avait 26 ans. Buffalo Woman était un être cher non identifié.
Il est si difficile d'entendre que d'autres femmes disparaissent, que d'autres personnes disparaissent, et de ne pas voir d'action concrète de la part du gouvernement. Combien de personnes devront encore trouver la mort avant que le gouvernement ne prenne des mesures significatives? Le gouvernement semble se trouver dans une sorte d'impasse.
Il y a beaucoup de discussions; il y a beaucoup de grands discours, mais quand vient le temps d'agir, je ne vois pas beaucoup de mesures concrètes. J'ai essayé de trouver en ligne combien de réponses aux appels à la justice étaient en cours. J'ai eu de la difficulté. Si les députés d'en face ont cette information, il serait utile qu'ils nous la communiquent. Je n'ai pas réussi à la trouver. Cela montre bien que très peu de progrès ont été réalisés.
La circonscription que je représente, Fort McMurray—Cold Lake, se trouve sur les terres traditionnelles du Traité no 6 et du Traité no 8, sur le territoire des peuples cris et dénés et les terres ancestrales des Métis. Le problème des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones assassinées ou portées disparues inquiète beaucoup les gens de toute ma circonscription.
Je veux rendre hommage à toutes les mères, filles, sœurs, grand-mères, petites-filles, tantes, amies et personnes qui ne sont plus parmi nous parce qu'elles ont malheureusement perdu la vie. J'ai aussi une pensée émue pour les familles, les amis et les dirigeants des communautés qui se sont rassemblés pour parler de leurs histoires et de leurs traumatismes et pour simplement exiger des mesures concrètes de la part des institutions canadiennes et du gouvernement du Canada.
Le nom autochtone de la région de Fort McMurray est Nistawoyou. Depuis 2004, neuf femmes autochtones de Nistawoyou ont été portées disparues ou assassinées. Pour la deuxième fois dans ce Parlement, je vais lire les noms de ces femmes pour qu'ils soient consignés dans le compte rendu: Elaine Alook, Shirley Waquan, Amber Tuccaro, Janice « Jazz » Desjarlais, Shelly Dene, Betty Ann Deltess, Ellie Herman, Audrey Bignose et Sherri Lynn Flett.
Je profite de ce moment pour lire leurs noms, car il est extrêmement important que nous nous souvenions tous que nous ne sommes pas ici en train de parler de statistiques ou de quelque chose qui se passe très loin d'ici; il s'agit de personnes.
Quand j'étais petite, ma mère était coiffeuse. Elle avait un salon de coiffure et un salon de barbier dans le centre-ville de Fort McMurray. Fort McMurray pouvait parfois être une ville assez rude et agitée à l'époque du boom économique. Elle nous emmenait à son salon le lundi. Sa boutique était toujours fermée le lundi, mais elle ouvrait souvent son salon ce jour-là pour servir les membres de la communauté autochtone qui n'avaient pas les moyens de se payer une coupe de cheveux.
Elle descendait à la rivière et coupait les cheveux des personnes gratuitement parce qu'elle disait: « Si vous paraissez bien, vous vous sentez bien, et si vous vous sentez bien, vous avez plus de chances de trouver un emploi. Et savez-vous quoi? Les personnes sont des personnes. » Ma mère nous a appris dès notre plus jeune âge que si nous traitions les gens comme des personnes, ils agiraient comme des personnes. C'est une leçon qui m'a marquée. Ma mère est partie depuis environ 13 ans, et c'est quelque chose que je porte en moi chaque jour.
Si nous continuons à voir des femmes disparaître, c'est parce que les gens ne les traitent pas comme des personnes. Ils les traitent plus mal que des animaux. Je suis ici pour supplier le gouvernement d'en faire plus. Il doit utiliser sa voix et changer les choses. Nous avons tous ce pouvoir.
C'est un énorme problème, et il faudra tous les députés pour le régler, mais j'exhorte le gouvernement à utiliser sa voix pour attirer l'attention sur cette situation. Je me demande pourquoi nous tenons un débat exploratoire et non un débat d'urgence. Je ne connais pas la réponse à cette question, mais cela m'ennuie que ce soit la deuxième fois en six mois que j'aie l'occasion d'intervenir dans un débat exploratoire sur une question qui constitue une telle crise au Canada.
Plus de trois ans et demi se sont écoulés depuis que l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a publié son rapport final. Cela fait maintenant un an et demi que le plan d'action national a été publié, et pourtant, nous tenons un autre débat exploratoire. Je ne sais pas trop quelles mesures le gouvernement a pu prendre depuis notre dernier débat exploratoire à ce sujet il y a six mois. Je ne suis pas en train de dire que c'est en quelque sorte entièrement la faute du gouvernement et, par conséquent, que ce n'est pas la nôtre, parce qu'il incombe à tout le monde de faire tout son possible, mais je crois sincèrement qu'il faut adopter davantage de mesures dans ce dossier.
Selon le rapport initial, les femmes et les filles autochtones sont 12 fois plus susceptibles d'être assassinées ou portées disparues que les membres de tout autre groupe démographique au Canada et sont 16 fois plus susceptibles d'être tuées ou portées disparues que les femmes blanches. Ce sont des chiffres effarants qui devraient faire réfléchir tous les députés. Elles sont 12 fois plus susceptibles d'être portées disparues ou assassinées.
Je veux lire une histoire en particulier. Les événements ont eu lieu alors que j'étais une adulte qui découvrait son identité, et ils m'ont vraiment frappé parce que la victime avait presque l'âge de ma sœur. Amber Tuccaro avait 20 ans. Elle avait un fils de 14 mois. Elle vivait à Fort McMurray et était membre de la Première Nation crie Mikisew. Comme le font bien des gens de Fort McMurray, elle s'est rendue à Edmonton par avion pour prendre un peu de vacances, s'offrir une escapade, visiter la grande ville et peut-être faire quelques achats.
Elle a pris l'avion avec son fils et une amie pour aller à Edmonton. Malheureusement, elle a été vue pour la dernière fois le 18 août 2010. Quelques années plus tard, ses restes ont été découverts par quelques personnes qui faisaient de l'équitation. L'affaire n'est toujours pas résolue. Sa famille n'a pas plus de réponses aujourd'hui qu'à l'époque. Elle exerce activement des pressions dans ce dossier, comme le font tant de familles partout au Canada.
C'est donc aux familles que revient la tâche de s'occuper de tant de choses, de présenter ces cas et ces histoires, de raconter leur traumatisme et la pire situation qu'elles auraient pu imaginer. C'est à elles que revient cette tâche, car nos institutions ont échoué. Nos institutions ne protègent pas les gens. Nous ne permettons pas aux gens de vivre dans la dignité pour laquelle ils ont été créés. Chacun de nous peut en faire plus, et le gouvernement, surtout, peut en faire plus, car il en a la capacité et le pouvoir.
C'est pourquoi je voudrais donner un espace à tous ceux qui vivent une période difficile parce qu'ils viennent de perdre un être cher, un ami, un membre de la collectivité, quelqu'un qu'ils ont vu dans la rue ou quelqu'un qu'ils ont vu dans le café près de chez eux ou juste en se promenant. Il s'agit peut-être de quelqu'un qu'ils ne connaissaient même pas, mais qui est de leur âge ou de l'âge d'une personne qu'ils connaissent. Pendant que je faisais mes recherches en vue de ce débat exploratoire, je n'ai pu m'empêcher de penser que certaines de ces femmes assassinées et disparues avaient presque mon âge, qu'elles étaient plus jeunes que moi ou qu'elles avaient le même âge que mes frères et sœurs. C'est très, très difficile.
J'espère sincèrement que dans six mois, nous ne serons pas à faire une autre débat exploratoire parce que l'inaction aura perduré dans ce dossier, tandis que l'opposition dont je fais partie fait de son mieux pour tenter d'attirer davantage l'attention sur cette question. En terminant, j'aimerais remercier toutes les familles courageuses qui nous ont permis d'entendre leur histoire.
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Monsieur le Président, la députée nous dit que les députés ministériels doivent faire entendre leurs voix. Je tiens à lui confirmer que c'est bel et bien ce que je fais chaque fois que l'occasion se présente. Je tiens aussi à préciser que je suis impatiente de voir le gouvernement passer à l'action. Dans ma circonscription, je discute avec des policiers régulièrement. Je rencontre des agents de la GRC. Je rencontre les autorités sanitaires. Je m'entretiens avec les dirigeants des conseils scolaires. Je parle aux familles. Je participe aux vigiles et aux marches. Je demande des mesures concrètes.
Je me demande si la députée pourrait nous parler de ce qu'elle fait dans sa circonscription pour demander des mesures concrètes.
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Monsieur le Président, je crois qu'il s'agit d'un vaillant effort. En ce qui me concerne, les choses n'ont pas été faciles.
Lorsque j'étais députée provinciale en Alberta, j'ai eu l'occasion de faire partie d'un groupe de travail conjoint sur les Autochtones et les personnes bispirituelles portés disparus ou assassinés. J'ai pu m'asseoir et discuter avec beaucoup d'aînés et de membres de communautés de partout dans la province qui m'ont décrit les effets que cette situation avait en Alberta. Ces discussions ont suscité d'autres conversations avec des aînés locaux au sujet d'histoires difficiles à entendre.
J'ai participé à des marches et eu diverses conversations à ce sujet. Je sais ce qu'on peut faire à l'échelle locale, mais je crois que le gouvernement a l'occasion de commencer à en faire plus pour répondre aux appels à la justice et pour nous montrer où nous en sommes, car, bien honnêtement, c'est un échec lamentable que d'avoir 231 appels à la justice et aucun site Web pour savoir à combien on a répondu.
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Monsieur le Président, le colonialisme, la confiscation des terres, le déplacement des personnes, les femmes autochtones portées disparues ou assassinées, l'extraction des ressources qui se poursuit: ces réalités s'inscrivent toutes dans un continuum. Elles sont toutes reliées. Je pense que la députée de a parlé du lien entre la présence des camps d'hommes dans sa circonscription et la fréquence de la violence à l'égard des femmes autochtones.
J'aimerais offrir à la députée l'occasion de nous faire ses réflexions sur les moyens qui pourraient être employés pour réduire la violence contre les femmes autochtones, violence qui constitue un génocide, ainsi que sur les liens indéniables entre cette violence et l'extraction des ressources au Canada.
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Monsieur le Président, je tiens tout d'abord à apporter une précision concernant le vocabulaire qui vient d'être employé parce que le choix des mots est très important. Dans le secteur des ressources naturelles, les travailleurs ne vivent pas dans des « camps d'hommes ». En fait, différentes personnes vivent dans ces camps. On y trouve des femmes et des personnes bispirituelles, entre autres. Il y a toute une variété de personnes. Il n'est donc pas du tout approprié de qualifier ces endroits de « camps d'hommes ».
Je suis très fière de venir d'une communauté où chaque personne, peu importe son genre, peut profiter des possibilités qui se présentent et réussir. Je crois que les gens sont de plus en plus sensibilisés grâce à l'industrie extractive, qui déploie beaucoup d'efforts à ce sujet. Je sais que le comité de la condition féminine étudie actuellement cet enjeu, et j'attends avec impatience son rapport final.
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Monsieur le Président, des députés qui sont déjà intervenus ont parlé des maigres résultats découlant des dépenses dans ce domaine. Ils ont indiqué que le gouvernement considère les dépenses comme une réussite en soi, alors que nous nous retrouvons une fois de plus, six mois plus tard, à parler d'une tragédie qui aurait dû être évitée.
Ma collègue aurait peut-être quelques observations à nous faire sur l'idée que des commissions d'examen indépendantes pourraient surveiller les dépenses du gouvernement et s'assurer que l'argent se rend bien aux personnes qui en ont besoin pour prévenir des tragédies comme celles-là.
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Monsieur le Président, je pense que c'est une excellente question, car on m'a aussi appris qu'on ne peut pas simplement dépenser davantage en espérant que cela réglera le problème. Cela peut fonctionner dans certains cas, mais la vie n'est pas aussi simple.
En toute franchise, nous croyons que l'argent n'est pas dépensé de la bonne façon. La députée de réclame depuis longtemps des mesures comme un programme d'alerte à la robe rouge. Un programme semblable à celui de l'alerte Amber pourrait sauver des vies, car il permettrait d'attirer l'attention rapidement.
Nous savons que, moins on attend avant de chercher une personne qui est portée disparue, plus on a de chances de la retrouver en vie ou de résoudre l'affaire si cette personne a malheureusement déjà disparu.
Ce sont des suggestions utiles et concrètes qui ne sont pas nécessairement très coûteuses et qui demandent seulement de la volonté de la part du gouvernement.
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Monsieur le Président, les mots sont importants. J'aimerais que la députée précise si oui ou non, elle croit, à la lumière de l'étude que vient d'effectuer le comité de la condition féminine, que la proximité avec des activités d'extraction des ressources, en particulier pétrolières et gazières, expose les femmes autochtones à un risque accru de violence.
Ce ne sont pas des opinions. Il s'agit de faits qui sont ressortis maintes fois des travaux de la Chambre des communes, alors j'aimerais que la députée nous dise si elle convient que les femmes autochtones risquent davantage de disparaître ou d'être assassinées lorsqu'elles vivent dans des communautés à proximité des activités d'extraction du pétrole et du gaz.
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Monsieur le Président, je comprends que mon collègue éprouve une profonde aversion pour l'industrie du gaz naturel...
M. Matthew Green: Il s'agit de femmes assassinées.
Mme Laila Goodridge: Monsieur le Président, j'en suis consciente, mais je ne vais pas le laisser dire qu'une industrie entière est en quelque sorte responsable du problème, car nous voyons des femmes, des jeunes filles et des personnes exploitées disparaître de Winnipeg, de Vancouver et d'autres régions du pays. Franchement, on n'a pas une vue d'ensemble de la question si on rejette la faute sur l'industrie extractive ou le secteur des ressources naturelles.
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Monsieur le Président, je sais que l'intention du député est louable dans ce dossier. J'aimerais parler au nom du comité de la condition féminine, qui a mené l'étude à laquelle il a fait allusion. L'éducation est essentielle, tout comme l'adoption de changements pour s'assurer que tout le monde ait accès aux ressources afin de prévenir ce genre de choses.
J'aimerais demander à la députée ce qu'elle croit que les libéraux et les néo-démocrates font également à cet égard. Appuie-t-elle tous ces changements en matière d'éducation? C'était l'objectif de cette étude, et je sais qu'elle n'a pas encore eu l'occasion de la lire, mais je suis simplement curieuse de savoir ce qu'elle en pense.
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Monsieur le Président, je pense qu'une meilleure éducation est l'un des aspects extrêmement importants. C'est l'une des choses que le programme d'alerte à la robe rouge fournirait. Il offrirait un moyen de disséminer plus d'information rapidement. Comme le confirment toutes les études, plus l'information est transmise rapidement, plus la personne est susceptible d'être retrouvée et de l'être alors qu'elle est en vie.
Je suis d'avis que c'est extrêmement important, tout comme l'accès à de meilleurs renseignements pour les policiers. Parmi les mesures intéressantes que nous avons mises en place dans la région de Fort McMurray — et c'était déjà le cas à Calgary et à Edmonton —, je pense aux efforts de sensibilisation pour faire connaître la traite des personnes, les formes qu'elle peut prendre et le rôle central qu'elle joue dans la disparition, l'assassinat et l'exploitation d'Autochtones.
Il y a différentes initiatives, comme #NotInMyCity, une campagne lancée par Paul Brandt qui sensibilise davantage la population à la traite des personnes. Ce genre de mesures peuvent grandement contribuer à s'attaquer à ce problème, et le volet éducatif explique à toutes sortes de gens les formes que prend la traite des personnes, les façons d'intervenir en toute sécurité et la possibilité de se réfugier en lieu sûr.
À l'aéroport de Fort McMurray, dont le code est YMM, des autocollants disent comment repérer la traite de personnes, et comment communiquer avec le personnel ayant reçu une formation à cette fin si l'on soupçonne avoir aperçu de la traite de personnes. J'estime que c'est essentiel, car si l'on peut intervenir de manière précoce, nous avons de meilleures chances d'obtenir un résultat positif.
:
Monsieur le Président, je signale d'emblée que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Kwe, ullukkut, tansi, hello et bonjour.
Je reconnais également que ce débat sur le meurtre atroce et dévastateur de quatre femmes autochtones à Winnipeg a lieu sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Cette semaine, l'expression « être traité comme une ordure » a pris un sens tragique et littéral. Ces femmes ont été victimes d'une violence insensée. On leur a arraché la vie. On a volé leur avenir et celui de leur famille. Chacune d'elles était une membre chérie et aimée de sa famille et de sa communauté.
Hier, j'ai eu le privilège de rencontrer l'une des familles. Évidemment, notre conversation m'a rempli d'humilité et je tiens à ce que les membres de cette famille sachent que je les ai entendus, même si je n'ai pas eu grande occasion de m'exprimer étant donné que ce n'était pas ma place. Nul ne devrait avoir à subir la douleur ou le traumatisme de découvrir la vérité. Nul ne devrait avoir à se battre pour obtenir justice, et nul ne devrait avoir à fouiller dans les ordures à la recherche d'un être cher.
[Français]
Hier, triste ironie du sort, c'était la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. Lorsque 14 femmes ont été assassinées et que 13 autres ont été blessées à l'École polytechnique de Montréal il y a 33 ans, il s'agissait d'un féminicide violent.
Franchement, je suis dégouté par ce qui se passe. II y a une crise de disparitions et de meurtres de femmes, de filles et de personnes 2ELGBTQI+ autochtones. Ensemble, en tant que nation et à plusieurs niveaux de gouvernement, nous avons la responsabilité de répondre aux appels à la justice et de fournir un accès à des espaces et à des programmes sûrs qui aident les plus vulnérables à ne pas être ciblés.
Le Canada doit faire mieux pour toutes les familles, les survivants et les communautés qui vivent avec les conséquences.
[Traduction]
Dans le rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, il est précisé clairement que le gouvernement fédéral, tous les autres pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile ont tous la responsabilité de résoudre cette crise nationale persistante. Le rapport a montré clairement que le terme « champ de compétence » est un mot empoisonné qui contribue au meurtre de femmes et de filles autochtones.
Même si notre attention est retenue par un meurtre très tragique et les circonstances l'entourant, nous devons, en tant que parlementaires et que citoyens, mettre l'accent sur tout ce qui a contribué à rendre vulnérables ces femmes et ces filles autochtones. De nos jours, les femmes dans la rue se trouvent peut-être dans une situation semblable.
À la suite du rapport final sur les femmes et les filles autochtones assassinées ou portées disparues, le Canada a financé des projets pour aider les familles et les survivantes, créer des espaces culturels, renforcer la capacité des organisations pour les femmes, filles et personnes 2ELGBTQI+ autochtones, ainsi que lancer des initiatives autochtones relatives aux données. Cela inclut les nombreuses initiatives manitobaines qui ont été mentionnées par beaucoup de députés.
Au cours de l'année passée, le Canada a subventionné 65 espaces culturels et a investi dans des infrastructures qui répondent spécifiquement aux priorités identifiées dans l'appel à la justice 2.3. Malgré ces investissements et malgré le travail que nous faisons pour mettre en œuvre les appels à l'action, les progrès sont lents et nous continuons à manquer à notre devoir envers les femmes et les filles autochtones de ce pays. Malheureusement, c'est avec honte que je me présente à la Chambre en disant que je ne sais pas avec certitude si un seul de ces investissements, s'il avait été effectué là où cela était nécessaire, aurait permis de sauver des vies.
Je ne poursuivrai pas plus longtemps ce discours, mais je tiens à dire qu'en tant que nation, nous avons le devoir de continuer à éliminer les obstacles administratifs et à abattre les cloisons au sein de notre propre gouvernement qui continuent à faire en sorte que les femmes et les filles autochtones sont abandonnées à leur sort. Comme je l'ai entendu ce soir à la Chambre, cette initiative doit être multipartite. Je salue les initiatives proposées par la Chambre. J'accueille favorablement les initiatives visant à renforcer le suivi pour s'assurer que le gouvernement fédéral joue son rôle en réponse à cette tragédie.
Personne ne devrait se vanter de ses actions tant que chaque femme, chaque enfant et chaque personne 2ELGBTQI+ autochtone de ce pays n'est pas en sécurité.
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Monsieur le Président, le gouvernement a fait beaucoup de beaux discours au cours des sept dernières années et il a dépensé beaucoup d'argent, du moins c'est ce qu'il prétend, mais nous nous retrouvons dans la situation actuelle. J'apprécie que le souhaite qu'on discute de cette question de façon non partisane, mais, au bout du compte, c'est lui qui présente les mémoires au Cabinet. C'est lui qui est responsable de la surveillance. C'est lui qui a la responsabilité fiduciaire d'abattre les cloisons, mais nous nous retrouvons dans la situation actuelle.
Le peut-il s'engager aujourd'hui à mettre en œuvre dès maintenant l'appel à la justice qui demande la mise en place d'un organisme de surveillance indépendant chargé de s'assurer que le gouvernement atteint ses objectifs en matière de dépenses et qu'il ne se contente pas de faire des annonces ou, comme le soulignait la question inscrite au Feuilleton soumise plus tôt cette année par ma collègue de , de dépenser le minimum alors que des femmes autochtones continuent d'être enlevées ou assassinées et continuent de mourir de froid dans les rues de Winnipeg?
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Monsieur le Président, dans ce contexte, une surveillance indépendante est absolument essentielle. Je me réjouis de l'appui de la Chambre au projet de loi visant à créer un Conseil national de réconciliation, qui serait en mesure de faire le suivi de la mise en œuvre des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation.
Le gouvernement est également ouvert à la possibilité de désigner, en temps et lieu, un ombudsman chargé de surveiller tout particulièrement les appels à la justice formulés dans le rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Ce travail devra être effectué en partenariat. Le gouvernement du Canada ne peut désigner unilatéralement un ombudsman sans consultations préalables. Bien que je pense que la patience vient à manquer pour ce qui est de mettre en place les mécanismes indépendants visant à surveiller ce que fait le gouvernement, c'est une initiative que nous accueillerions avec plaisir.
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Monsieur le Président, je collabore avec le député d'en face pour répondre à la crise qui sévit dans nos collectivités. Toutefois, il vient de mentionner quelque chose qui m'interpelle, c'est-à-dire la création d'un poste d'ombudsman. L'appel à la justice 1.7 demande justement la création d'un poste d'ombudsman. C'est ce que demandent les femmes et les filles autochtones et leur famille. C'est un besoin qu'il faut combler.
Le s'engagera-t-il aujourd'hui à créer ce poste immédiatement, surtout dans le contexte de l'urgence actuelle? De plus, accordera-t-il immédiatement aux familles le moratoire qu'elles demandent pour le dépotoir Prairie Green afin que les restes de leurs mères puissent être récupérés, permettant ainsi à leur âme de reposer en paix, et afin qu'une enquête indépendante soit menée sur la faisabilité de fouilles dans cette zone?
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Monsieur le Président, j'aurais dû préciser ma pensée. Nous sommes favorables à la concrétisation de l'appel à la justice n
o 1.7, qui demande la création d'un poste d'ombudsman. Nous devons mener des consultations pour répondre à cet appel de façon appropriée. Le gouvernement est ouvert à cette idée et il y donnera suite.
Pour ce qui est des appels des familles, je devrai examiner ce qu'elles demandent au juste au sujet de ce site. Je l'ai entendu clairement hier, mais nous devons savoir exactement ce qui doit être fait à cette fin. De toute évidence, nous ne voulons pas qu'on dérange les corps. Je n'ai aucune expertise pour déterminer la faisabilité des recherches compte tenu de la nature toxique du site. Nous avons besoin de cette expertise. Nous devons aussi mettre en place des ressources afin qu'on puisse rendre hommage adéquatement à ces femmes et que, si des recherches ont lieu, elles soient exhaustives.
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Monsieur le Président, le a dit pendant son discours que les choses avancent lentement. Pour les gens qui regardent le débat à la maison et les députés de ce côté-ci de la Chambre, pourrait-il expliquer pourquoi?
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Monsieur le Président, il est très difficile de fournir une brève réponse à cette question. Cela dit, le rapport final indique clairement que des femmes se retrouvent aujourd'hui dans une situation vulnérable en raison de facteurs structuraux et générationnels.
Notre collègue d'en face a mentionné que le territoire, les activités extractives, l'éducation et la réforme des services à l'enfance et à la famille sont autant de facteurs qui contribuent à vulnérabiliser les femmes. Toutes ces réformes exigent du temps, ce que personne n'aime entendre. Néanmoins, s'il y a une chose que le rapport final nous a indiquée, c'est qu'il fallait s'attaquer au problème de manière systémique et systématique, et que certaines des réformes nécessaires prendraient inévitablement du temps. La lenteur des progrès n'est pas due à un manque d'efforts. Il faut comprendre que la genèse de la situation actuelle remonte à des décennies et qu'il faudra du temps pour assurer la sécurité de toutes les femmes autochtones et de tous les enfants autochtones au pays.
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Monsieur le Président, je remercie les députés qui sont ici ce soir pour discuter de cette question extrêmement importante.
J'aimerais adresser mes pensées et mes condoléances aux familles et aux communautés des quatre femmes autochtones à Winnipeg. C'est une nouvelle tragique qui nous rappelle de façon douloureuse la discrimination et la violence horrible que subissent les femmes et les filles autochtones ainsi que les membres autochtones de la communauté 2ELGBTQI+ au Canada.
Pour dire les choses franchement, ces tragédies, ces injustices se produisent beaucoup trop souvent au Canada. C'est inacceptable. Cependant, bien trop souvent, quand j'assiste aux débats sur les Autochtones à la Chambre, ils ont toujours une connotation très négative. C'est toujours très grave et tragique. Souvent, les émotions sont vives. Par ailleurs, à mon avis, nous ne faisons pas suffisamment d'efforts pour célébrer les Canadiennes autochtones.
Je pense à ma communauté micmaque, Eskasoni, qui compte 4 000 personnes. Je pense aux jeunes filles qui suivent peut-être le débat de ce soir et à ce qu'elles doivent ressentir en étant conscientes du désespoir et de la réalité qui les attendent. C'est quelque chose qui a été mis en évidence par l'enquête publique sur les femmes et les filles autochtones tuées ou portées disparues ainsi que les appels à la justice. Je ne peux m'empêcher de penser que nous devons parler des championnes autochtones qui ont accompli de grandes choses au fil des ans. Je le fais parce que je veux que ces jeunes femmes autochtones sentent qu'il n'y a pas que le désespoir dans ce pays.
Pensons à la plus récente gouverneure générale du Canada, Mary Simon, la première femme autochtone à occuper ce rôle. En tant qu'Autochtones du Canada, il y a de quoi en être fiers.
Pensons à RoseAnne Archibald, la toute première femme à occuper le poste de cheffe nationale. Les jeunes femmes de nos communautés peuvent maintenant dire: « Je pourrais être cheffe nationale un jour. »
Pensons à Michelle O'Bonsawin, la toute première femme autochtone à siéger la Cour suprême du Canada. Je veux que les jeunes filles à la maison se disent qu'elles peuvent elles aussi être juges à la Cour suprême du Canada.
Je pense aux femmes courageuses de ma province, la Nouvelle‑Écosse, qui se sont battues pour faire valoir leurs intérêts et ainsi assurer un meilleur avenir aux femmes autochtones.
Je pense à l'Association des femmes autochtones du Canada et à l'appel téléphonique que j'ai reçu de sa présidente de l'époque, Bernadette Marshall, qui est membre de la communauté de Potlotek. Je pense à Lorraine Whitman, ancienne présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, et à sa fille, Zabrina Whitman, qui ont contribué à promouvoir cette proposition. Ce sont des Micmaques fières, fortes et militantes. Lorsque nous avons annoncé que nous allions consacrer plus de 8 millions de dollars à ce pour quoi elles se battaient depuis 30 ans, elles en ont eu les larmes aux yeux. Elles ont dit: « Nous nous sommes battues pour cela. »
Je pense que, si on se concentre seulement sur les aspects tragiques, on perd de vue certaines réalisations exceptionnelles des femmes autochtones, y compris les Micmaques.
Je pense à la visite que j'ai effectuée au cours du dernier mois au centre d'amitié micmac, à Halifax, où Pam Glode-Desrochers a pu travailler avec son personnel et le gouvernement pour obtenir un engagement de 28 millions de dollars destinés à tous les services importants que les centres d'amitié micmacs fournissent aux femmes autochtones qui quittent leur communauté pour aller à l'université ou à la recherche d'un meilleur emploi. Ce sont pour eux des mesures d'aide utiles qu'ils continuent d'élargir.
Il est important que, lorsque nous parlons des peuples et des femmes autochtones à la Chambre, nous parlions également des champions. Nous devons donner aux Autochtones l'espoir d'un avenir meilleur. C'est pourquoi je continue à avoir des discussions sur ce que nous devons faire.
Il y a les appels à la justice, qui sont importants, et je suis déterminé à travailler avec chaque député pour que nous les mettions en œuvre. Je demeure néanmoins ouvert aux idées sur la manière d'aller de l'avant. Je suis également ouvert à certains des programmes que nous sommes en train de mettre en place.
L'une des choses que nous avons été en mesure de faire, c'est de suivre les projets qui sont mis en place partout au pays. Soixante-cinq projets ont été financés d'un océan à l'autre, et ils améliorent la situation des communautés autochtones. Il y a notamment des maisons longues, des pavillons pour femmes, des terrains de pow-wow améliorés, des parcs patrimoniaux, des centres culturels et d'autres espaces pour appuyer les cérémonies culturelles et la transmission des enseignements avec les aînés.
Je suis député depuis à peine trois ans. C'est une expérience incroyable de faire partie de ce changement et d'en être le témoin, mais également, en tant que membre des Premières Nations vivant dans une réserve depuis 43 ans, de pouvoir regarder les femmes autochtones de ma région et dire qu'un travail important est en cours.
Je veux que les filles autochtones de ma région sachent que lorsqu'il est question d'elles à la Chambre, nous ne parlons pas seulement des tragédies, mais également de l'espoir que nous devons entretenir pour bâtir un Canada meilleur et du fait qu'elles joueront un rôle de premier plan dans ce processus.
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Monsieur le Président, il y a effectivement de nombreuses réalisations dont les femmes autochtones et des Premières Nations au Canada peuvent être fières, mais le gouvernement ne doit pas se les approprier. En fait, lorsque ces femmes réussissent, c'est souvent en dépit du gouvernement.
Ce soir, nous sommes ici en vue de parler de ce que le gouvernement fera pour prévenir d'autres meurtres et tragédies, ainsi que pour empêcher que ces femmes soient encore privées de possibilités. La seule femme des Premières Nations, d'origine autochtone, qui avait les mains sur les leviers du pouvoir a été flanquée à la porte par le gouvernement. Nous devons arrêter de nous intéresser aux femmes des Premières Nations de façon purement symbolique, de dresser la liste de leurs réalisations comme si c'était celles du gouvernement, et nous engager à agir.
Le député d'en face regrette‑t‑il le fait qu'une femme des Premières Nations ne soit pas actuellement à la tête du ministère de la Justice?
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Monsieur le Président, je suis vraiment heureux d'entendre les conservateurs prendre la parole à la Chambre au sujet des enjeux autochtones pendant les débats d'urgence. J'aimerais qu'ils en parlent davantage lorsqu'ils se plaignent des dépenses excessives du gouvernement, alors que nous tentons de remédier aux conséquences de l'époque où le gouvernement Harper était au pouvoir, pendant laquelle il n'a cessé de faire fi des questions autochtones. Je sais que le gouvernement a beaucoup de choses à corriger à cause des années de mauvais service, mais c'est notre parti qui continue de veiller sur les femmes et les candidats autochtones, et de les encourager. Voilà pourquoi il y a des députés autochtones de ce côté-ci de la Chambre.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole aujourd'hui et de saluer les nombreuses femmes autochtones qui sont présentes dans ma vie, notamment ma mère et mes sœurs, ainsi que les gens de l'établissement métis de Fishing Lake et de toute l'Alberta et le travail qu'ils accomplissent au quotidien pour garder les femmes et les filles en vie. Ce sont eux qui sont en première ligne, pas le gouvernement.
Ce que ma mère, mes tantes, mes sœurs et les habitants de la communauté ont fait pour servir cette dernière, pour la rendre forte et prospère, c'est qu'ils ne se sont pas contentés de prendre soin d'eux-mêmes. Souvent, ils ont fait passer les besoins des membres de la communauté avant les leurs pour que cette communauté et, bien souvent, ses enfants demeurent en vie. Ce sont eux les vrais héros, et je veux remercier mes collègues d'avoir souligné l'important travail accompli par les femmes autochtones.
J'ai une question pour le député au sujet des mesures. Nous parlons de mesures aujourd'hui. Je voudrais que le député dise précisément ce qu'il entend faire demain. Répondra-t-il aux appels des survivants qui ont fait des demandes précises au gouvernement? Une de ces demandes est la mise en place d'un moratoire sur l'utilisation du site d'enfouissement. Que fera le gouvernement demain pour s'en assurer? Je voudrais que le député nous en parle.
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Monsieur le Président, je remercie le député d'en face pour son travail de sensibilisation et pour sa volonté de demander des comptes au gouvernement. Je lui suis reconnaissant de ses paroles.
Lorsque je suis devenu le premier député d'origine micmaque, je voulais notamment entrer en contact avec l'Association des femmes autochtones du Canada pour savoir comment je pourrais instaurer plus de justice. Dans ma communauté, nous avons créé une vidéo nationale mettant en vedette Myles Goodwyn et certains chanteurs micmacs, comme Kalo Johnson et Deedee Austin, pour évoquer la situation critique des femmes autochtones disparues et assassinées et relater l'histoire et les faits à ce sujet.
Je n'attendrai pas demain pour agir, je suis déjà en train de le faire aujourd'hui, mais dans le cadre de mon rôle de secrétaire parlementaire, je suis prêt à travailler avec tous les partis pour trouver des moyens d'accélérer le versement des fonds. J'ai parlé de certains projets importants que nous avons fait avancer dans ma province, et même s'il s'agit de projets d'infrastructure et que je sais que les appuis proviennent de partout au Canada, je sais que nous devons en faire davantage, et je suis prêt à travailler avec les députés pour trouver comment nous pouvons en faire plus.
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Monsieur le Président, je remarque que le thème de l'intervention d'aujourd'hui du diverge grandement de celui des autres discours que nous avons entendus et mettait l'accent sur l'espoir, la célébration et la mise en valeur d'exemples de réussite incroyables. Je me demandais si le député pourrait expliquer pourquoi il a choisi ce thème.
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Monsieur le Président, j'ai entendu toutes les observations formulées ce soir et cela m'a rendu quelque peu émotif. Je ne voulais pas que l'on passe toute la soirée sans donner de l'inspiration et de l'espoir aux jeunes filles autochtones qui nous regardent peut-être à la maison, qui sont peut-être intéressées par ce débat ou qui fréquentent peut-être l'université.
Je voulais dire que oui, nous parlons d'événements tragiques aujourd'hui, mais demain, grâce à leur leadership et à leur aide, nous pourrions parler de quelques-unes des réalisations extraordinaires de femmes autochtones dans ce pays. J'espère que nous consacrerons autant de temps à ce sujet qu'aux choses négatives et péjoratives dont nous devons également discuter.
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Monsieur le Président, comme toujours, c'est un honneur de prendre la parole à la Chambre au nom des membres de ma collectivité, Peterborough—Kawartha. L'objectif du débat exploratoire de ce soir est de susciter une discussion sur une question très sérieuse et d'inviter les libéraux à écouter. Nous sommes confrontés à une crise qui dure depuis des décennies, et ce soir, nous exigeons des mesures concrètes.
Je tiens à avertir quiconque regarde ou qui écoute le débat: c'est un sujet très lourd, qui peut avoir un effet déclencheur pour certaines personnes.
Ce soir, nous parlons des femmes et des filles autochtones assassinées et disparues au Canada. Rebecca Contois, Morgan Harris, Marcedes Myran et Buffalo Woman sont les noms des quatre femmes autochtones assassinées à Winnipeg. Il est important de dire leur nom. Il est important de ramener ces femmes auprès de leur famille. Il est important que les familles de ces femmes obtiennent justice.
Selon les derniers chiffres que j'ai pu trouver, le nombre de femmes autochtones assassinées et disparues s'élève à 307. Aussi choquante que soit cette statistique, elle date de 2018. Combien y en a-t-il d'autres? Pourquoi régler ce problème n'est-il pas une priorité? Les femmes et les filles autochtones du Canada sont touchées de manière disproportionnée par toutes les formes de violence. Bien que les femmes autochtones ne représentent que 4 % des Canadiennes, 16 % des femmes assassinées au Canada entre 1980 et 2012 étaient autochtones. Selon les données de l'Enquête sociale générale de 2019 sur la victimisation de 2019 et d'autres données de Statistique Canada, les femmes autochtones étaient plus susceptibles d'être victimes de violence entre partenaires intimes que les femmes non autochtones.
Dans le cadre d'une étude sur la traite des Autochtones à des fins sexuelles, des experts ont dit que 52 % des victimes de la traite des personnes sont autochtones et que l'âge moyen des filles autochtones victimes d'exploitation est de 12 ans. Bien que les Autochtones de 14 ans et moins ne représentent que 7,7 % de tous les enfants canadiens, ils représentent 52,2 % des enfants pris en charge. Des études ont montré que ces enfants sont plus susceptibles de se livrer à la prostitution. Il ne s'agit pas d'information nouvelle pour le gouvernement. Elle est accessible au gouvernement, mais rien n'a changé. Rien n'est fait pour régler ce problème de droits de la personne.
Je vais citer le rapport d'Amnistie internationale intitulé « Stolen Sisters: A human rights response to discrimination and violence against Indigenous women in Canada », qui indique ceci:
La violence faite aux femmes en raison de leur sexe ou de leur identité autochtone constitue une violation de leurs droits fondamentaux. Lorsque les autorités de l'État n'offrent pas un niveau de protection adéquat aux femmes en raison de leur sexe ou de leur identité autochtone, ces droits sont violés.
Ce rapport a été publié en 2004, soit il y a 18 ans. C'est honteux. Tous les gouvernements précédents doivent porter une partie des responsabilités d'avoir perpétué le système défaillant qui a laissé pour compte les femmes et les filles autochtones.
Deux ans après la publication du rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, le gouvernement a enfin publié un plan d'action pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Beaucoup ont qualifié ce plan de boiteux, de malsain et de dangereux. Je vais citer un article:
Michael Arntfield, professeur à l'Université Western Ontario et spécialiste des meurtres en série et des affaires non résolues, a dit au Toronto Sun que le gouvernement et son armée de bureaucrates étaient « les principaux responsables » de la crise qui perdure.
« Il s'agit d'un autre rappel solennel que, malgré tous les vœux pieux dans le monde, les ressources nécessaires provenant d'en haut ne sont toujours pas affectées adéquatement. »
Une véritable réconciliation, c'est plus que des annonces de financement et des séances de photos. Cette réconciliation requiert des partenariats et une collaboration avec les communautés autochtones d'un bout à l'autre du pays. Il y a encore tellement de travail à faire pour protéger la vie des femmes et des filles autochtones du pays. « De mauvaises personnes commettent ces crimes horribles contre des femmes autochtones, » a déclaré Malinda Limberhand, la mère de Hanna Harris, qui a été assassinée en 2013 sur la réserve Northern Cheyenne. Malinda Limberhand a ajouté: « mais c'est le système qui permet que de telles choses se produisent génération après génération. »
Il faut que cela change. Assez, c'est assez. Il faut des résultats concrets qui permettront d'améliorer de façon significative la vie des femmes et des filles autochtones. Le gouvernement fédéral doit d'abord mettre en œuvre sa portion des 231 appels à l'action du rapport sur les femmes et les filles autochtones portées disparues ou assassinées, y compris les appels demandant « de normaliser les protocoles associés aux politiques et pratiques qui permettent de veiller à ce que tous les cas [...] fassent l’objet d’enquêtes exhaustives », de « mettre sur pied un groupe de travail national [...] pour examiner et, au besoin, pour rouvrir les enquêtes [...] partout au Canada », et de « veiller à ce que des ordonnances de protection soient disponibles, accessibles, émises rapidement, signifiées efficacement et dotées des ressources requises pour assurer la sécurité des [victimes]. »
Les conservateurs du Canada s'efforcent de présenter des politiques qui améliorent de façon tangible et mesurable la vie des Autochtones du Canada.
J'aimerais profiter de l'occasion pour parler d'une perte dévastatrice vécue par une communauté dans ma circonscription, la Première Nation de Curve Lake. Cileana Taylor avait 22 ans quand elle a été brutalement attaquée par son partenaire, le 3 septembre 2020. Cileana a été maintenue en vie artificiellement pendant six mois avant de décéder, avec sa famille à ses côtés. L'homme qui l'a attaquée était en liberté sous caution après une accusation d'agression qui remontait à 2019 au moment où il a été accusé de l'agression de Mme Taylor. Il a été libéré sous caution le 3 février, trois semaines avant le décès de Cileana.
Voici un extrait de la lettre de soutien signée par la cheffe Laurie Carr, au nom du conseil de la Première Nation de Hiawatha: « L'accusation de voies de fait graves ne suffit pas quand l'une de nos jeunes femmes autochtones meurt à la suite d'une agression violente aux mains de cet homme. [...] Notre communauté a soutenu les membres de la famille de Cileana et de la Première Nation de Curve Lake au moyen de prières et d'offrandes quand ils étaient à son chevet à l'hôpital et après son décès. La vie de Cileana, comme celle de toutes nos consœurs autochtones, est sacrée. Chacune d'elle contribue à perpétuer le cycle de la vie de nos peuples, de nos cultures et de nos traditions. Elles sont le lien et la connexion à nos générations futures. [...] Cileana avait de la valeur. Cileana avait une longue vie devant elle. La perte de la vie de Cileana est inacceptable pour notre Première Nation, pour tous les peuples autochtones et pour toute l'humanité. » L'homme qui a attaqué Cileana n'a jamais été accusé de meurtre.
Nous n'avons pas besoin d'autres grands titres annonçant des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. Nous avons besoin que ces femmes et ces filles soient en sécurité. Cileana et toutes nos consœurs autochtones méritent que justice leur soit rendue. Ce soir, je demande aux libéraux d'écouter le message et, surtout, de passer à l'action.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de travailler avec ma collègue au Comité permanent de la condition féminine. Nous venons de terminer une étude sur les liens entre l'extraction des ressources et la montée de la violence contre les femmes et les filles autochtones. Je suis très fière que tous les membres du comité se soient engagés à réaliser cette étude afin de lutter contre la violence envers les femmes autochtones.
L'une des choses que nous avons apprises au comité est l'importance de savoir écouter. Les familles sont très claires. Aujourd'hui, une famille est venue suivre nos travaux. Les familles demandent, entre autres, un moratoire sur l'utilisation du site d'enfouissement de Prairie Green, où l'on soupçonne que se trouve actuellement la dépouille de leur mère, ce qui a été reconnu par la police. Pourtant, ce site continue d'être utilisé pour l'enfouissement des déchets.
Ma collègue appuie-t-elle les demandes de la famille visant à imposer immédiatement un moratoire sur les activités de ce site d'enfouissement afin que les restes de leurs proches soient traités avec respect?
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Monsieur le Président, ma collègue est une porte-parole et une leader exceptionnelle dans le dossier des femmes autochtones portées disparues ou assassinées. J'ai le plaisir de la regarder travailler et de l'écouter au comité de la condition féminine.
Cette question a une lourde charge émotive. C'est épouvantable. Je ne peux imaginer non seulement qu'un proche se fasse assassiner, mais aussi que son corps se trouve dans une décharge et que sa famille soit incapable de le récupérer.
Pour répondre à ma collègue, il faut agir. Les députés ministériels ne peuvent pas dire qu'ils sont fermement résolus à régler ce problème sans toutefois rien faire.
[Français]
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Monsieur le Président, ce soir, on entend des mots durs. On sent les voix tremblotantes. C'est important de réaffirmer notre engagement et de poursuivre la mise en œuvre du plan d'action national. Ma collègue d'en face a parlé d'un système brisé. Je pense que cela prend effectivement des changements transformationnels.
Selon elle, quelles sont les causes profondes de la violence envers les femmes et les filles autochtones au Canada?
[Traduction]
:
Monsieur le Président, c'est une vaste question. À mon avis, la première étape est d'écouter. Nous devons écouter les premiers peuples du pays, visiter des réserves, nous asseoir avec eux, les comprendre et comprendre leur vie. Nous devons comprendre les traumatismes systémiques qu'ils ont vécus. Nous devons mieux comprendre comment une telle chose change l'ADN d'une personne, la neuroscience derrière les traumatismes et pourquoi les traumatismes systémiques sont si difficiles à soigner.
Je crois qu'il serait arrogant de ma part, en tant que femme blanche, de répondre à cette question. Je crois que nous devons visiter et écouter les Premières Nations ainsi que travailler en partenariat avec elles. Elles ont beaucoup de choses à nous apprendre. Elles savent. À mon avis, la première étape est d'écouter.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui tout d'abord pour saluer l'humilité et la perspicacité de la députée de . En prévision du débat exploratoire de ce soir, elle a manifestement retenu les leçons qu'elle a peut-être tirées de son comité ou de la proximité de sa collectivité avec d'autres communautés autochtones.
Je veux donner à la députée l'occasion de nous en dire davantage sur certaines des leçons qu'elle a tirées de son travail au comité.
Elle a parlé d'éducation et je pense qu'elle a essayé du mieux qu'elle pouvait d'aider sa collègue à présenter une initiative non partisane et multipartite pour établir le lien entre l'extraction des ressources et la violence contre les femmes et les filles autochtones portées disparues ou assassinées.
Dans l'intérêt du débat exploratoire et peut-être même de son caucus conservateur, compte tenu de sa perspicacité et de son humilité, je me demande si elle pourrait nous parler des principales leçons qu'elle a tirées de ce comité, des choses qu'elle ne savait peut-être pas d'emblée et qui lui ont peut-être inspiré les idées qu'elle a présentées avec tant d'éloquence ce soir.
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Monsieur le Président, c'était un rapport très important et c'était une étude très importante. Nous avons entendu des témoignages très puissants. Je ne suis pas sûre s'il a déjà été présenté à la Chambre, mais je sais que le rapport complet sera bientôt publié.
C'est difficile parce que l'industrie pétrolière et gazière est le premier employeur des Premières Nations, alors nous ne voulons pas enlever les débouchés qu'elle offrira, souhaitons-le. Cependant, il y a des choses qui arrivent qui ne sont pas acceptables. Nous avons entendu des témoignages, et je pense que le comité a été très efficace. Il a présenté des recommandations quant à la façon de prévenir d'autres tragédies, mauvais traitements et actes de violence.
Je pense que ce rapport nous apprendra beaucoup de choses et je suis très fière d'avoir siégé au comité qui a étudié cette question.
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Monsieur le Président, ma collègue défend avec ardeur, dans sa collectivité, l'accès aux services de santé mentale et à de véritables mesures de soutien pour les personnes qui se heurtent à un certain nombre de difficultés.
Je me demande si la députée pourrait nous parler de certaines de ses propres expériences. Je sais qu'elle a abordé l'une d'entre elles lors de la dernière campagne électorale. Peut-être pourrait-elle aussi parler de certains des défis qu'elle a observés dans sa collectivité.
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Monsieur le Président, je suis une ardente défenseure de la santé mentale. Les Premières Nations doivent relever des défis bien différents de ceux auxquels est confrontée la majorité de la population et ils sont bien placés pour reconnaître l'importance de la santé mentale. Pour répondre brièvement à la question, je dirais qu'un transfert en matière de santé mentale est prévu. Le gouvernement libéral a promis un investissement de 4,5 milliards de dollars pour ce transfert, plus spécifiquement pour le traitement et le rétablissement des Autochtones. Ce sera différent alors nous devons nous pencher là-dessus.
Bref, nous pouvons en faire beaucoup pour faciliter le traitement et le rétablissement des Autochtones et les aider à se remettre des traumatismes causés par un grand nombre de gouvernements passés et de personnes ignorantes.
Je souhaite sincèrement que le transfert de 4,5 milliards de dollars aide les personnes qui souffrent.
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Monsieur le Président, j'aimerais souligner que nous nous trouvons sur un territoire qui n'a été ni cédé, ni abandonné par les peuples algonquins et anishinabes.
La reconnaissance du territoire ne vise pas simplement à cocher une case ou à énoncer un fait. Elle vise à donner le ton et à faire preuve de respect à l'égard de la situation avant la colonisation. Je tiens à rendre hommage aux sociétés matrilinéaires qui florissaient en territoire abénaquis, comme celui d'où je viens, où ce sont les femmes qui décidaient qui étaient les chefs et qui prenaient la parole. Elles pouvaient leur demander des comptes et les démettre de leurs fonctions, et la démocratie s'exerçait par voie de consensus. Les femmes étaient vénérées car elles donnaient la vie, et les personnes bispirituelles étaient tenues en haute estime pour leur force et leur fluidité de genre.
Ce soir, je suis reconnaissante pour ce débat exploratoire essentiel qui vise à sensibiliser davantage au problème des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones portées disparues ou assassinées. Je suis par contre également dévastée, car plus le temps passe, plus nous continuons de perdre des mères, des sœurs, des tantes, des filles, des cousines et des amies. On dirait qu'il nous est impossible de franchir le pas entre la conscientisation et l'action.
Par votre entremise, monsieur le Président, je dis à la Chambre, au gouvernement et aux gens qui nous regardent chez eux que ça suffit. Quand tout cela va-t-il cesser?
La réconciliation est un chemin, un processus. Il faut du temps pour guérir les blessures et bâtir des ponts mais, pendant ce temps, pendant qu'on règle les détails, on ne peut pas laisser d'autres vies précieuses être anéanties. On ne peut pas continuer à rester les bras croisés pendant que les familles attendent en vain des réponses. On ne peut pas refuser de faire tout notre possible pour ramener ces femmes chez elles.
Nous avons cette discussion ce soir parce que quatre femmes ont récemment perdu la vie, quatre femmes importantes, sacrées, précieuses et motivées, qui ne doivent pas avoir rendu l'âme en vain: Rebecca Contois, 24 ans; Marcedes Myran, 26 ans; Morgan Beatrice Harris, 39 ans; et Buffalo Woman. Nous sommes ici ce soir pour leur rendre hommage en demandant des gestes concrets et une reddition de comptes.
Je tiens à souligner la force et le courage incroyable qu'il a fallu à la fille de Morgan Harris, Cambria Harris, de la Première Nation de Long Plain, située sur le territoire visé par le Traité no 1, pour prononcer un discours percutant tout près d'ici. Elle s'est adressée franchement au pouvoir en place et a dénoncé, à juste titre, notre inaction et notre indifférence collectives. Elle nous implore de pouvoir ramener sa mère chez elle et nous devons donner suite à sa demande. Nous devons nous engager à faire le nécessaire pour que justice soit rendue pour les personnes dont la vie a été fauchée.
J'ai mentionné à plusieurs reprises dans cette enceinte que j'étais enseignante avant de siéger au Parlement. J'ai travaillé avec des élèves autochtones dont le leadership et le militantisme m'ont inspiré et m'ont amenée à lutter pour un avenir meilleur où ces discussions ne seront plus nécessaires. Je me souviens très bien d'une époque, en 2010, où la sensibilisation à la question des femmes et des filles autochtones portées disparues ou assassinées venait à peine de débuter. Il y a eu une campagne virale, et mes élèves ont participé en prenant des photos avec des affiches disant « suis-je le prochain? » J'aimais ces élèves comme mes propres enfants et c'était déchirant de penser que nous pouvions les perdre. Malheureusement, beaucoup d'entre eux connaissaient quelqu'un qui avait été assassiné ou qui avait disparu. Imaginons un instant ce que c'est que de porter le poids de cette réalité.
Nous connaissons les statistiques. Les femmes autochtones représentent 16 % des victimes d'homicide, 11 % des femmes disparues, alors que les peuples autochtones représentent 4,3 % de la population du Canada. Selon le rapport de la commission d'enquête, elles sont 12 fois plus susceptibles de disparaître ou d'être assassinées. Ce ne sont pas des chiffres. Ce sont des êtres humains.
Il est important de noter que les données publiques actuelles sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées simplifient à l'extrême le problème et en minimisent l'ampleur. Elles témoignent néanmoins d'un phénomène complexe et omniprésent de violence à l'encontre des femmes et des filles autochtones, souvent ciblées en raison de leur sexe et de leur identité autochtone. La violence à l'égard des femmes et des filles autochtones est systémique et constitue une crise nationale qui nécessite une action urgente, réfléchie et collaborative.
L'initiative Sœurs par l'esprit a mis en lumière divers problèmes systémiques, notamment l'impunité dont jouissent de nombreux auteurs de cette violence. Cette étude a révélé que près de la moitié des affaires impliquant des femmes et des filles autochtones ne sont toujours pas résolues et qu'aucune accusation n'a été portée dans environ 40 % des cas.
On reconnaît désormais que le risque élevé de violence auquel sont exposées les femmes et les filles autochtones résulte en grande partie de l'incapacité de la police et des autres acteurs du système de justice pénale à répondre de manière adéquate aux besoins des femmes et des filles autochtones, et on voit donc l'histoire se répéter.
Plus de 2 380 personnes ont participé à l'enquête nationale. On a recueilli les témoignages de témoins experts, d'aînés et de gardiens du savoir, de travailleurs de première ligne et de divers responsables. Les vérités partagées racontent l'histoire ou, plus précisément, des milliers d'histoires d'actes de génocide contre des femmes, des filles et des personnes 2SLGBTQQIA+ des Premières Nations et des peuples inuits et métis. De manière générale, le génocide ne signifie pas nécessairement la destruction immédiate d'une nation. Il désigne plutôt un plan qui coordonne diverses actions dans le but de détruire les fondements de la vie de certains groupes nationaux et d'anéantir ces groupes eux-mêmes.
Comme l'indique le sommaire du rapport final de l'enquête:
Les objectifs d'un plan génocidaire comprendraient donc la « désintégration des institutions politiques et sociales, de la culture, de la langue, du sentiment d'appartenance au pays, de la religion et de l'existence économique de groupes nationaux, ainsi que la destruction de la sécurité, de la liberté, de la santé et de la dignité individuelles, et même de la vie des personnes faisant partie de tels groupes ».
Malheureusement, nous avons atteint ce seuil.
Comme l'explique le rapport final de l'enquête, « [les] mesures visant à mettre un terme à ce génocide et à redresser la situation doivent être aussi importantes que l'ensemble des systèmes et des actions qui ont contribué à perpétuer la violence coloniale pendant des générations ».
Les appels à la justice s'appuient sur une solide fondation de preuves et de lois. Il est essentiel de mettre en œuvre une approche fondée sur les droits de la personne pour amorcer le changement de paradigme dans la relation du Canada avec les peuples autochtones, en particulier les femmes et les filles autochtones.
L'exposition à la violence doit être perçue comme étant une violation systémique des droits à l'égalité entre les sexes et à la non-discrimination qui nécessiterait de vastes changements structuraux, notamment à l'égard des pratiques des services de police ou des procédures judiciaires, plutôt que comme un indice des disparités de service qui pourraient se régler par des solutions temporaires.
Les familles et les survivantes ont constamment fait référence à quatre facteurs généraux qui illustrent l'enracinement de leurs expériences dans le colonialisme selon les perspectives des Premières Nations, des Métis et des Inuits, sans oublier celles des personnes 2ELGBTQQIA. Ces quatre facteurs contribuant au maintien de la violence coloniale sont les suivants: le traumatisme historique, multigénérationnel et intergénérationnel; la marginalisation sociale et économique; le maintien du statu quo et l'absence de volonté de la part des institutions; le refus de reconnaître la capacité d'agir et l'expertise des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA autochtones.
La justice pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées est une justice pour toutes les femmes, et ce travail s'avère essentiel à tout espoir de réconciliation. Les femmes mènent le processus de guérison collective nécessaire pour aller de l'avant. Nous devons nous attaquer aux maux qui empoisonnent notre société, à savoir la misogynie, le racisme, le suprémacisme blanc et le colonialisme.
Nous avons tous la responsabilité de faire mieux, de mettre fin à ce cycle de souffrance et de guérir. Tant que la cause profonde de la haine ne sera pas vraiment éliminée, l'arbre de la réconciliation ne poussera pas.
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Monsieur le Président, c'est une tragédie qui s'est produite dans notre grande ville du Manitoba, Winnipeg, et je veux simplement offrir mes condoléances aux familles des victimes.
J'aimerais également demander à la députée, qui fait partie du gouvernement, ce qu'elle pense qu'il faudrait faire en ce qui concerne certaines questions soulevées par d'autres intervenants ici ce soir et par d'autres personnes à propos de l'incertitude entourant les personnes décédées et l'emplacement de leurs restes.
Je sais que, selon son collègue, de l'argent est prévu, et nous allons tous travailler pour trouver une solution à ce problème, mais peut-elle nous dire ce dont les députés ministériels ont pu parler entre eux jusqu'à maintenant?
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Monsieur le Président, sur une note personnelle, j'appuie certainement les demandes très pratiques et très raisonnables de la famille. Je pense que nous devrions aborder la question comme nous le ferions pour un membre de notre propre famille. Nous voudrions que toutes les mesures possibles soient prises. Je m'intéresse particulièrement au programme d'alerte à la robe rouge. Comme d'autres députés l'ont dit, plus on intervient rapidement, plus la personne est susceptible de pouvoir retrouver sa famille. C'est extrêmement important.
De plus, je suis convaincue que nous devrions imposer un moratoire sur l'utilisation du site d'enfouissement jusqu'à ce que nous puissions en faire davantage et jusqu'à ce qu'il y ait une évaluation de la meilleure façon de procéder. Je crois comprendre qu'il y a des préoccupations d'ordre logistique, mais nous avons certainement accès aux outils technologiques nécessaires. Il doit y avoir quelque chose que nous pouvons faire. À mon avis, ce que la famille attend vraiment de nous, c'est que nous envisagions toutes les options, et je sais que mes collègues ont eu cette conversation. Nous sommes certainement déterminés à le faire. Je vais toujours prendre la parole pour garantir que nous fassions tout en notre pouvoir.
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Monsieur le Président, ma collègue a parlé avec beaucoup d'éloquence de la nécessité d'obtenir justice pour les familles des femmes assassinées ici, au Manitoba. L'un des appels à l'action porte sur le logement et, plus particulièrement, sur la nécessité pour les femmes fuyant la violence d'avoir accès à des refuges peu restrictifs. Le gouvernement fédéral peut donner suite immédiatement à cet appel clair.
La députée croit‑elle que le gouvernement devrait créer des refuges peu restrictifs pour les femmes fuyant la violence dans des villes comme Winnipeg et ailleurs au pays?
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Monsieur le Président, je sais que ma collègue défend avec ardeur les intérêts des habitants de sa circonscription et de tous les Canadiens, plus particulièrement en ce qui a trait au logement.
Nous avons discuté aujourd'hui avec nos collègues de l'importance d'aider non seulement les collectivités urbaines, mais aussi les collectivités rurales, éloignées et nordiques. Le gouvernement a pris des engagements à cet égard. Nous voyons que des initiatives ont été prises et que des investissements ont été effectués dans le secteur du logement, et nous continuons d'en réclamer davantage.
Je tiens à rappeler à la députée que ce problème existe même dans les petites villes, bien qu'il n'atteigne pas les mêmes proportions que dans le Nord, en particulier, où il est à un niveau critique. Par exemple, dans la région de Fredericton, une femme a été portée disparue. Nous savons pertinemment que, si des refuges peu restrictifs étaient créés, il y a tellement plus de personnes qui seraient en sécurité, au lieu de se trouver dans des situations très dangereuses et précaires. Nous pourrions peut‑être même sauver des vies.
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Monsieur le Président, j'ai été très touchée par ce que j'ai entendu de la part des collègues des deux côtés de la Chambre, en particulier par ce que vient juste de dire ma collègue. J'aimerais l'entendre davantage parler de son travail d'éducatrice. Elle a parlé de l'approche fondée sur les droits de la personne et de la voie de la réconciliation. J'aimerais qu'elle nous en dise plus, surtout en ce qui a trait à l'éducation aujourd'hui. Que pouvons-nous faire de plus pour sensibiliser la population canadienne à ce sujet très douloureux?
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Monsieur le Président, l'éducation est un sujet qui me passionne énormément. C'est la clé pour atténuer tant d'obstacles dans ce dossier. Parmi ceux-ci, j'ai mentionné la misogynie et le racisme. Ce sont de gros obstacles. Il faudra travailler très fort pour s'attaquer véritablement à la source de ces problèmes systémiques dans notre société. J'aimerais parler de mes merveilleuses années en éducation auprès des élèves.
Si on accorde de l'importance à leur voix, si on leur dit la vérité à propos de leur histoire, du colonialisme et, je le répète, si on écoute le récit de leur parcours et qu'on leur offre le tremplin pour passer à l'action, c'est incroyable de voir les réussites de ces élèves. Un grand nombre de mes anciens élèves poursuivent des études de deuxième cycle en travail social ou en droit. Ils seront les leaders de demain qui nous remplaceront à la Chambre des communes. Leur voix et leur représentation auront une telle incidence que certains obstacles qui oppriment notre société commenceront à disparaître. L'éducation est absolument la clé. Je serai toujours aussi passionnée d'éducation et j'en fais bénéficier la Chambre des communes chaque fois que l'occasion se présentera.
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Monsieur le Président, l'une des questions qu'il serait très important de prendre en considération pour assurer la sécurité des femmes et des filles autochtones est l'accès au logement. L'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a d'ailleurs mentionné le logement plus de 200 fois, et pourtant, le Canada n'a toujours pas de stratégie de logement en milieu urbain, rural et nordique conçue pour et par les Autochtones, malgré les nombreuses promesses du gouvernement en ce sens.
Même le Conseil national du logement du gouvernement demande un investissement de 6 milliards de dollars sur deux ans consacrés à une stratégie de logement en milieu urbain, rural et nordique conçue pour et par les Autochtones. La députée appuierait-elle cette mesure dans le budget de 2023?
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Monsieur le Président, j'ai beaucoup de respect pour ma collègue. En fait, plus tôt ce soir, lorsqu'elle a posé une question à un autre député, j'ai noté ce point, car il s'agit d'une initiative et d'une somme bien tangible que je souhaite encourager et défendre. Bien entendu, il est vraiment essentiel que cette initiative soit dirigée par des Autochtones, pour des Autochtones. Je suis heureuse de demander moi aussi que cette initiative fasse partie du budget de 2023.
Encore une fois, afin de souligner une partie du travail qui a été fait dans ma circonscription, une somme de 18,6 millions de dollars a été versée à un centre d'amitié qui offre aussi de l'hébergement et qui s'occupe de la violence entre partenaires intimes. Il va y avoir une entreprise sociale et diverses possibilités pour les femmes. Ces projets individuels vont avoir des effets en cascade dans toutes les communautés. J'espère voir la même chose partout au pays. Je crois que cela pourrait également mener à des solutions.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je souhaite avertir les gens, comme d'autres députés l'ont fait avant moi, que le sujet de notre discussion est choquant. Il ne devrait laisser personne indifférent. Tout le monde au pays devrait ressentir un profond malaise.
Nous parlons ce soir du meurtre horrible de quatre femmes autochtones et d'innombrables autres personnes au pays. Je tiens toutefois à me concentrer sur ces quatre femmes et sur ce que vit leur famille respective. J'expliquerai ensuite pourquoi, selon moi, notre pays et le gouvernement manquent vraiment à leurs devoirs envers ces familles, et ce qu'il faut faire maintenant.
La dépouille de ces femmes se trouve dans des dépotoirs de la région de Winnipeg. C'est ce qu'a dit la police de Winnipeg, je crois. J'invite les gens à penser aux déchets qu'ils produisent. Je les invite à penser au sac poubelle qui se trouve dans leur cuisine ou à ce que sentent les ordures placées dans le garage l'été, puis à imaginer que tous ces déchets sont empilés sur ces femmes. C'est ce que les familles ont du subir cette semaine. La police de Winnipeg leur a dit qu'il n'était pas possible de fouiller un dépotoir pour y trouver les dépouilles, ce qui aiderait les familles à faire leur deuil.
J'ai été vraiment interpellée. Quand sera-t-il possible de permettre aux familles de tourner la page? Que faudrait-il? Faudrait-il que ce soit la dépouille d'un ancien premier ministre provincial du Manitoba? Pourquoi nous contentons-nous de laisser les familles de ces femmes dans une telle situation? Je n'arrive pas à le croire, et pourtant. J'ai grandi à Winnipeg. J'ai passé 25 ans à Winnipeg et je peux le croire parce que la discussion que nous avons ici ce soir, je l'ai entendue pendant toute la durée de mon séjour sur cette planète.
J'avais huit ans lorsque J.J. Harper a été abattu à Winnipeg par l'agent Robert Cross. J.J. Harper ne faisait rien de mal et il n'était pas armé. Il se baladait tout bonnement quand il a été abattu pour le simple fait d'avoir été un homme issu des Premières Nations à Winnipeg. Il devait y avoir toutes sortes de recommandations pour rendre la police moins raciste à Winnipeg, et voilà qu'on nous dit aujourd'hui que ce n'est pas possible. Peut-on s'imaginer? Je ne peux pas le croire. Appelons un chat un chat: s'il s'agissait d'un homme de la haute société de Winnipeg, il ne serait pas acceptable de dire que ce n'est pas possible.
Le gouvernement est à l'aise avec l'idée que ce ne soit pas possible. Il est à l'aise avec cette situation. Pourquoi? C'est parce que, depuis sept ans, les Premières Nations sont abreuvés de discours creux. On leur sert des platitudes, des promesses et du vent. Je peux le dire sans me tromper parce que nous avons le même débat, six mois après la dernière fois. C'est un débat perpétuel à la Chambre.
En 2017, le gouvernement a prévu quelque 78 milliards de dollars pour lutter contre l'itinérance. L'année dernière, la vérificatrice générale a dit que, même si ce plan devait permettre de réduire le nombre de personnes itinérantes d'au moins un tiers à l'échelle du pays, il y avait plus de sans-abri que jamais dans les rues du Canada. Lorsque le gouvernement annonce des fonds pour lutter contre l'itinérance, qui constitue le principal déterminant de la cause de la mortalité chez les femmes autochtones tuées ou portées disparues au Canada et le principal élément qu'évoque le rapport, comment les libéraux peuvent-ils servir des banalités sans sourciller? Comment se fait-il que nous ayons cette discussion?
Il faut agir. On ne veut pas d'un gouvernement qui se contente de prendre des mesures symboliques envers les femmes. Je le répète: une Autochtone tenait les rênes du pouvoir au ministère de la Justice, mais le gouvernement l'a évincée. Les libéraux se contentent de débiter des platitudes et de faire des séances de photos lorsqu'il est question de financement, mais il n'y a plus personne quand il s'agit de livrer la marchandise. Ils ne sont pas disposés à laisser les Premières Nations exercer une surveillance indépendante des fonds gouvernementaux pour régler certains problèmes.
Certains de mes collègues, en particulier la députée de , qui a demandé la tenue du débat de ce soir, ont proposé des solutions très concrètes pour soulager, à court terme, la douleur et la souffrance que vivent ces familles, mais il y en a bien d'autres. Tout d'abord, la députée a demandé au gouvernement fédéral, comme beaucoup d'entre nous au sein des différents partis, de ne pas se contenter de laisser dire qu'il est impossible d'aider ces familles à tourner la page et que l'on ne peut rien faire relativement aux dépouilles qui se trouvent dans ce site d'enfouissement. Je suis d'accord avec elle. Cet argument revient à normaliser le fait de laisser des restes humains dans un dépotoir. C'est le message qu'il envoie.
Je sais au fond de moi que s'il ne s'agissait pas d'une femme des Premières Nations, cette situation aurait suscité une tout autre réaction. Le gouvernement fédéral doit faire le nécessaire. Il doit permettre à ces familles de tourner la page. S'il y a une chose à faire, c'est bien celle-là.
Nous avons également parlé ce soir d'un contrôle indépendant des dépenses du gouvernement ou de l'absence d'un tel contrôle. Il ne s'agit pas seulement de dépenses. Il s'agit des résultats réels sur certaines des grandes questions, comme le logement, l'éducation et les changements en matière de justice. Il doit y avoir une surveillance indépendante exercée par les Premières Nations. Il est clair que les choses ne fonctionnent pas. Nous sommes ici à parler de femmes laissées dans un dépotoir, et on nous sert encore des platitudes et aucun plan concret.
C'est mon travail d'exiger des comptes du gouvernement. Il n'y a rien à célébrer ici. Il n'y a que des tragédies à pleurer et à réparer. Nous avons également discuté ce soir de la nécessité d'une alerte à la robe rouge. Pourquoi les femmes autochtones ne disposent-elles pas d'un outil quelconque pour faire savoir au public et à leur entourage qu'il y a eu un enlèvement ou qu'une femme a disparu? Pourquoi n'y a-t-il pas un effort quelconque pour les retrouver et intervenir rapidement, de sorte qu'il ne sera pas question de la possibilité d'excaver une décharge pour trouver des restes humains?
Honnêtement, nous devons aussi aborder la question de la confiance envers la police des gens ayant grandi à Winnipeg durant l'affaire J.J. Harper. En 2020, un rapport a été publié, et je me souviens qu'il disait essentiellement que rien n'avait changé et que, depuis la mort par balle de J.J. Harper en 1988, la vaste majorité des personnes tuées par la police au Manitoba étaient des Autochtones. Quand les membres de la famille d'une victime se font dire par les policiers qu'il n'est pas possible de trouver les restes de leur être cher ou d'obtenir justice pour cette personne, pouvons‑nous les blâmer de ne pas les croire?
C'est particulièrement vrai quand il y a un gouvernement qui se contente de participer à des séances de photos et de remercier les Autochtones pour leurs dons, puis qui renvoie une ministre de la Justice autochtone, et qui espère que nous allons tous oublier ce qui se passe durant la pause des Fêtes. Qu'est-ce qui se passera ensuite? Est-ce que nous aurons de nouveau ce débat dans trois mois? Nous sommes pris dans ce cycle, et il faut que cela cesse. Il faut faire quelque chose pour que les communautés, les survivants et les femmes des Premières Nations croient que nous allons agir à cet égard. Jusqu'à présent, rien n'a été fait. Nous nous contentons d'avoir le même débat.
En conclusion, je tiens à détromper quiconque pense qu'il incombe aux communautés des Premières Nations, et aux femmes des Premières Nations en particulier, de porter le fardeau émotionnel et de faire le gros du travail pour amener le gouvernement à agir sur ces questions. Elles ont suffisamment à faire simplement pour survivre au quotidien.
Il incombe à chacun d'entre nous, dans cette enceinte et chez nous, de comprendre que le gouvernement n'a pas tenu ses promesses. Il a échoué, et nous ne pouvons pas lui permettre de continuer à traiter ces femmes avec des gestes symboliques et à abdiquer sa responsabilité d'agir.
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Madame la présidente, ma collègue a énuméré quelques échecs de la police et parlé de la méfiance qui existe. Je me demande si elle peut nous parler de certaines réformes qui doivent avoir lieu dans les collectivités afin de s'attaquer au problème de la police, et du rôle de la police dans ce problème.
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Madame la présidente, il existe un rapport qui doit bien faire trois pouces d'épaisseur et qui a été produit par l'enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées. Ce rapport contient de nombreux appels à la justice, y compris des réformes précises devant permettre de rétablir la confiance dans la police. Ce sont les paroles de femmes des Premières Nations qui ont consacré des années à élaborer ces recommandations, et le gouvernement n'y a pas donné suite.
Dans la même veine, à l'échelle locale, particulièrement à Winnipeg, je sais qu'il y a eu un rapport semblable sur les réformes que la police pourrait réaliser, ainsi que de nombreux appels portant spécifiquement sur les problèmes de racisme inhérent, de pauvreté et d'inégalité.
Ce que je veux dire, c'est qu'il existe des rapports. Nous sommes tous au courant des exigences. Mon travail ici ce soir consiste à dire au gouvernement qu'il ne fait pas son travail et qu'il doit s'atteler à la tâche.
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Madame la présidente, je tiens à remercier ma collègue non seulement de son intervention, mais aussi d'avoir partagé ses pensées en tant que personne qui a vécu pendant longtemps à Winnipeg et qui connaît l'historique de racisme avec lequel nous devons vivre en tant qu'Autochtones et, certainement, avec lequel les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones doivent composer à Winnipeg.
J'ai demandé aux députés de tous les partis si, en tant que parlementaires, ils soutenaient toujours les familles et l'appel en faveur d'un moratoire sur l'utilisation du lieu d'enfouissement Prairie Green en attendant qu'on mène une enquête. Je pense que la réponse est simple: bien sûr. Bien sûr qu'ils l'appuient, car, comme l'a expliqué la députée, traiter ainsi des êtres chers, c'est inacceptable. La réponse devrait toujours être oui.
Je me demande si ma collègue appuie la demande de la famille d'imposer un moratoire immédiat sur l'utilisation du lieu d'enfouissement Prairie Green.
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Madame la présidente, nous devons évidemment apporter un apaisement aux familles. Je comprends que l'aspect logistique et d'autres détails soulèvent des questions, mais il faut comprendre à quel point la situation est difficile pour les Premières Nations et les femmes autochtones du pays. Je crois que nous faisons parfois passer notre confort avant leur inconfort, et c'est pourquoi nous sommes ici.
Je sais que la députée a dit qu'il fallait une évaluation et une enquête indépendantes et que c'était nécessaire vu le manque de confiance envers la police. Je suis du même avis. Je ne peux pas imaginer voir la police se contenter de présenter un PowerPoint aux familles qui vivent une telle tragédie, étant donné le contexte historique et le manque de confiance envers la police. Bien sûr.
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Madame la présidente, je remercie ma collègue de Calgary Nose Hill de son discours de ce soir. Je remercie également ma collègue de Winnipeg‑Centre d'avoir demandé la tenue de ce débat, car cela nous a permis de présenter nos observations à la Chambre des communes ce soir.
L'une des principales responsabilités d'un gouvernement consiste à assurer la sécurité du pays. Nous pensons souvent que cela renvoie à un mécanisme de défense contre un pays entier, mais la sécurité de tous les citoyens dans ce pays en est un aspect secondaire. Nous parlons ce soir de la façon dont la sécurité de quatre personnes a été complètement compromise ainsi que des résultats de ces actions, dont certaines découlent de nombreuses situations différentes en ce qui concerne le bien-être et la sécurité non seulement de ces personnes, mais aussi d'autres personnes au Canada.
Je termine en posant la question suivante. Ma collègue a dit que 78 milliards de dollars ont été versés en soutien aux sans-abri depuis 2017 et que ces fonds n'ont manifestement pas été suffisants ou pas été utilisés correctement. Peut-elle préciser pourquoi il faudra beaucoup plus que de l'argent pour régler cette situation et ce qu'elle recommande à cet égard?
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Madame la présidente, les belles paroles ne valent rien. Ce sont des mesures concrètes dont nous avons besoin. Depuis sept ans, le gouvernement parle et il dépense, mais je ne sais pas exactement à quoi servent ses dépenses. Combien de membres des Premières Nations au pays n'ont toujours pas accès à de l'eau potable, un besoin de base? Combien de membres des Premières Nations n'ont pas d'endroit où dormir?
J'ai l'impression que le gouvernement se sert des Premières Nations et des Autochtones pour redorer son image. Je crois que le manque d'intérêt du gouvernement pour ce qui est de chercher à comprendre pourquoi ses « dépenses » n'ont pas permis d'améliorer la situation des Premières Nations et des femmes autochtones devrait faire fulminer tous les Canadiens, peu importe leurs allégeances politiques.
Le gouvernement ne peut pas demeurer inactif en toute impunité dans le dossier des Premières Nations et des Autochtones simplement parce qu'il est d'allégeance libérale. Il a failli à la tâche et il doit rendre des comptes.
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Madame la présidente, je veux souligner le travail accompli par la députée dans le domaine de la violence faite aux femmes en ligne.
On a rapporté que ce tueur en série avait exprimé des opinions liées à la suprématie blanche, au néonazisme et à l'antisémitisme, ainsi que des opinions profondément misogynes. C'est ce qui a été rapporté abondamment dans les médias grand public.
La députée croit-elle que le gouvernement fédéral doit agir face à la montée inquiétante de la suprématie blanche, qui est étroitement liée à la misogynie, s'il veut mettre fin à la violence à l'endroit des femmes autochtones et de toutes les femmes?
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Madame la présidente, tout à fait. Il faut mettre fin au suprémacisme blanc, au racisme et à la misogynie. C'est évident. Toutefois, pour y arriver, il ne faut ni dissimuler les cas où ces choses se produisent dans notre propre camp ni fermer les yeux sur elles.
Le ne s'est pas obligé à rendre des comptes au même titre que les autres lorsqu'il a fait l'objet d'allégations de harcèlement sexuel. Les députés savent-ils quel message cela envoie? Cela envoie le message suivant: « S'il peut s'en tirer impunément, alors je peux peut-être m'en tirer aussi. »
Il y a tant de choses que nous devons changer. Je pourrais en parler durant deux heures, mais je sais que je ne le peux pas. Cela porte sur tout, y compris le fait que les lois contre le harcèlement criminel au pays sont probablement cruellement inadéquates. Il est difficile, même pour les femmes privilégiées, d'avoir accès à la justice, et c'est pire pour les femmes racialisées, les femmes vivant dans la pauvreté, ou les deux.
Cela dit, je crois que nous sommes d'accord pour dire que le gouvernement ne peut continuer de se targuer d'être ami avec les groupes marginalisés, les groupes racialisés et les femmes, puis de ne rien faire pour améliorer la situation, ou l'aggraver en demeurant silencieux et en acceptant l'inertie créée par l'absence d'intervention de sa part.
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Madame la présidente, il est clair que le gouvernement a présenté son plan d'action national deux ans après la présentation du rapport sur les femmes et les filles autochtones assassinées ou portées disparues. Je vais lire une très brève citation de Mariah Charleson, l'ancienne vice‑présidente du Conseil tribal Nuu-chah-nulth. Elle a dit ceci: « Nous avons attendu deux ans pour un plan d'action incomplet sans livrables, sans jalons, sans objectifs immédiats, […] sans calendrier, et sans budget. »
Ma collègue croit‑elle que les femmes et les filles autochtones assassinées ou portées disparues sont une priorité au Canada?
Les Nuu-chah-nulth ont subi des pertes. Leurs membres attendent encore de savoir pourquoi il a fallu si longtemps à la police pour enquêter sur les décès de bon nombre de femmes de cette communauté, qui sont toujours portées disparues.
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Madame la présidente, non, elles ne le sont pas et, à cause du plan pour établir un plan, ces quatre femmes se sont retrouvées dans un site d'enfouissement, dans un dépotoir.
Allons-nous simplement rester les bras croisés et refaire la même chose dans six mois? J'espère que la prochaine fois que les gens regarderont dans une poubelle, ils penseront à ces femmes.
:
Madame la présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
[Français]
D'abord, je souhaiterais reconnaître que je me joins ici à mes collègues, ainsi qu'à ceux qui sont là de façon virtuelle, depuis Ottawa, qui se trouve sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe qui vit sur ces terres depuis des temps immémoriaux.
[Traduction]
Je souhaite également remercier la députée de pour son engagement sans faille sur cette question.
Le débat de ce soir me rappelle ma première rencontre avec Bernie Williams et Gladys Radek, qui sont venus ici à Ottawa au nom des familles. Ils voulaient que nous sachions qu'ils voulaient que justice soit rendue pour le membre de leur famille qu'ils avaient perdu. Ils voulaient que leur famille puisse guérir et ils exigeaient des changements concrets pour qu'aucune autre famille n'ait à vivre ce qu'ils ont vécu. Ils ont traversé le pays à pied à sept reprises dans le cadre des activités de Walk4Justice.
Ce n'est vraiment qu'après la mort de Tina Fontaine et de Loretta Saunders, et la survie de Rinelle Harper que les Canadiens ont pris conscience de la situation.
Cette semaine, l'arrestation du tueur en série de Winnipeg nous rappelle brutalement que les femmes et les filles autochtones et les personnes 2LGBTQQIA+ sont des cibles et qu'elles sont assassinées ou qu'elles disparaissent dans des proportions démesurées. Je pense aussi au tueur en série de Prince George et à la route des larmes, ce terrible legs de Robert Pickton.
J'ai passé la journée de lundi avec mon amie CeeJai Julian, une survivante de la ferme de Pickton. Elle me rappelle chaque jour les personnes que nous avons perdues et les personnes dont la vie, ainsi que celle de leurs familles et amis, a été changée à jamais.
Le débat de ce soir porte sur le nombre complètement disproportionné de femmes et de filles autochtones et de personnes 2SLGBTQQIA+ qui ont été assassinées ou portées disparues. Les chiffres sont horrifiants. Ce soir, nous devons également nous rappeler qu'elles étaient des mères, des filles, des tantes et des nièces. Elles sont aimées et elles manquent à leurs proches.
En 2016, lorsque nous avons lancé le processus préalable à l'enquête, il était déchirant d'entendre directement les cercles de familles et de survivants d'un peu partout au pays. Il y avait, je pense, 17 cercles, et ils nous ont fait des recommandations sur ce qu'ils voulaient voir dans une enquête nationale. Ils ont très clairement mentionné, comme nous l'avons entendu ce soir, qu'ils voulaient des changements dans le maintien de l'ordre et les services à l'enfance et à la famille. Ils ont dit explicitement que, de la recherche à l'enquête, de l'inculpation à la négociation de plaidoyer et lors de la détermination de la peine, on s'y prend de manière très, très différente si la victime est autochtone.
Nous avons entendu des familles qui, lorsque leur proche a été portée disparue, ont estimé qu'elles ne devaient pas corriger l'avis de disparition s'il indiquait que la personne était blanche, car elles pensaient que les recherches, l'enquête et tout le reste seraient différents. Nous sommes vraiment reconnaissants aux commissaires Marion Buller, Qajaq Robinson, Brian Eyolfson et Michèle Audette, que nous sommes extrêmement fiers d'avoir comme collègue parlementaire à l'autre endroit, pour leur rapport vraiment important.
Je remercie plus particulièrement Gina McDougall-Wilson et toutes les personnes qui ont travaillé au comité de planification principal en vue d'élaborer le plan d'action national. Cette semaine, j'ai eu l'honneur de rencontrer Sylvia Maracle, qui a présidé le sous-comité responsable du chapitre sur les personnes bispirituelles. Je crois que ce genre d'information devrait se trouver dans les bibliothèques de toutes les écoles du pays pour que les gens sachent que l'homophobie est arrivée avec ceux qui sont venus ici par bateau, et pour que l'on connaisse l'histoire des personnes bispirituelles et que l'on sache à quel point ces personnes qui sont injustement ciblées de nos jours sont importantes dans ces communautés.
Nous savons que Diane Redsky et son chapitre sur le milieu urbain ont mené à l'investissement de 2,2 milliards de dollars prévu dans le budget de 2021. Nous savons qu'il nous reste encore beaucoup à faire, mais nous sommes encouragés par les changements apportés en ce qui concerne les services de police autochtones. Nous avons par ailleurs adopté le projet de loi pour que les membres des familles puissent rester ensemble. Il y a aussi l'initiative pour la création rapide de logements pour les Autochtones, qui a eu énormément de succès.
Toutes les personnes qui étaient à la réception de ce soir organisée par À voix égales auraient aimé pouvoir prendre part à ce débat. Nous devons en faire encore davantage, et nous le ferons ensemble.
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Madame la présidente, beaucoup de gens nous regardent. Beaucoup de gens vivent avec des traumatismes en raison d'événements passés ou récents, comme c'est le cas des personnes qui sont ici ce soir, les membres de la famille des victimes.
La députée de a fait une certaine observation. Je ne voudrais pas attribuer de mauvaises intentions à ses propos, mais à la fin de son discours, elle a dit que lorsque l'on regarde une poubelle, on devrait songer à ces familles. Je ne voulais pas laisser ce débat exploratoire se terminer sans revenir sur cette observation. J'espère que, au moment opportun, la députée ou un membre de son parti retirera ce commentaire. Une fois qu'il est inscrit dans le hansard, il y reste pour toujours.
Nous parlons de dignité et du caractère sacré de la vie. Je tenais donc à que nous n'associons pas les dépotoirs ou les poubelles à ces femmes et à leur famille.
Ceci n'est pas une question; c'est une observation. Je ne sais pas si la ministre aimerait y répondre. Je ne parlais pas de la ministre. Je parlais de l'intervenante qui l'a précédée, c'est-à-dire la députée de .
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Madame la présidente, je veux remercier le député de ses observations. Je tiens aussi à dire que ce genre de commentaires mine le travail que nous accomplissons ce soir. Nous savons que les femmes, les filles et les leaders des Premières Nations et des communautés inuites et métisses ont besoin d'espoir. Ils veulent avoir l'assurance qu'elles pourront se réaliser pleinement. La députée a parlé de ces femmes d'une façon blessante.
Elle n'avait probablement pas de mauvaises intentions, mais je pense que nous devons écouter les leaders des Premières Nations et des communautés inuites et métisses, en particulier les femmes, pour savoir ce qu'il faut faire maintenant. D'après ce que certaines personnes de Winnipeg m'ont dit, elles voudraient qu'on cesse d'utiliser le site d'enfouissement, qu'il y ait une cérémonie et que le site soit traité d'une façon bien différente à l'avenir.
Nous devons nous occuper des familles et...
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Je suis désolée, mais je dois donner l'occasion à d'autres personnes de poser des questions.
La députée de a la parole.
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Madame la présidente, je tiens à reconnaître que nous sommes tous ici dans des circonstances très sombres. Nous rendons hommage à Morgan Harris, Marcedes Myran et Rebecca Contois, qui ont perdu la vie, ainsi qu'à un quatrième être cher dont on ne connaît pas encore l'identité.
Nous sommes aussi ici pour exiger des mesures du gouvernement fédéral. La ministre connaît très bien cette tragédie nationale à cause du travail qu'elle a accompli pour favoriser la tenue d'une commission d'enquête. Comme il a clairement été exprimé, ce dont on n'a pas besoin, c'est que les 231 appels à la justice s'empoussièrent. Les familles et les communautés réclament des mesures de la part du gouvernement fédéral, dès maintenant, non seulement pour répondre à la demande qu'on fouille le site d'enfouissement, mais, aussi, comme l'a dit avec beaucoup de conviction Cambria Harris, pour mettre fin au génocide des femmes autochtones.
Quelles mesures concrètes le gouvernement fédéral prendra-t-il dès maintenant pour mettre fin au génocide des femmes autochtones au Canada?
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Madame la présidente, je remercie la députée de son leadership sur toutes ces questions.
Comme elle le sait, la réforme des services à l'enfance et à la famille a véritablement changé la donne. À la lumière des résultats de l'étude publiée cette semaine par le centre Ma Mawi Wi Chi Itata à Winnipeg, on constate que plus de 90 % de ces familles ont été réunies. Les enfants sont élevés dans leur langue et leur culture. C'est la voie à suivre. C'est ce qui a été soulevé lors de l'enquête. Le placement des enfants, puis la fin de leur prise en charge en raison de leur âge les rendaient beaucoup plus vulnérables.
Je pense que des changements importants ont eu lieu. Les changements apportés aux services à l'enfance et à la famille constituent un progrès considérable.
[Français]
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Madame la présidente, c'est un honneur de prendre la parole ce soir à l'occasion de ce débat sur un sujet grave, sombre et important.
[Traduction]
Je me trouve ce soir sur le territoire traditionnel des Kanienkehaka, à l'endroit qu'on appelle Montréal, au sein de la Confédération des Haudenosaunee. Après les importants discours que nous avons entendus ce soir, j'aimerais employer le temps dont je dispose pour parler de ce qu'on nous a dit dans le cadre de l'enquête menée sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles plus portées disparues ou assassinées.
La députée du Nord du Manitoba vient de dire que, dans ce débat, nous devons faire le point sur ce qui a été fait pour donner suite aux appels à la justice. Deux ans et demi après la publication de ces appels à la justice, je suis étonnée de constater à quel point nous avons peu tenu compte de ce qu'on nous a dit de faire à la suite de l'enquête.
[Français]
C'était pourtant si clair dans le rapport d'enquête. La première chose que chaque Canadien et chaque Canadienne a l'obligation de faire, c'est de lire le rapport.
[Traduction]
Nous avons reçu des conseils et des directives lorsque nous étions dans la Grande Galerie du Musée canadien de l'histoire, qui était bondée la journée de juin où cet important rapport a été présenté. La commissaire avait imploré tous les Canadiens de le lire. Il faudrait faire le bilan. L'avons-nous lu? Avons-nous compris son contenu?
À l'évidence, les meurtres de femmes et de filles autochtones se poursuivent et s'accélèrent. Les récents meurtres survenus au Manitoba et les accusations qui ont été portées, ainsi que les quatre femmes assassinées par un tueur en série nous rappellent — comme si nous avions besoin qu'on nous le rappelle — que nous n'avons pas répondu au rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Qu'est-ce qu'on nous avait demandé de faire? On nous avait demandé de lire le rapport, de reconnaître qu'il s'agit d'un génocide et de mettre en œuvre les recommandations du rapport.
Je vais simplement mentionner quelques-unes des recommandations pour lesquelles nous sommes nombreux, parmi les députés, à nous battre chaque jour. Une des recommandations du rapport était l'instauration d'un revenu minimum garanti afin d'éradiquer la pauvreté. La raison pour laquelle tant de femmes, de filles et d'hommes autochtones sont vulnérables à la violence et risquent d'être assassinés est leur pauvreté. L'injustice économique et le racisme sont au cœur des raisons qui expliquent que tant de femmes et de filles autochtones disparaissent. L'enquête demandait que justice soit rendue et qu'un revenu minimum garanti soit instauré.
L'Enquête nous a également demandé de mettre fin à ce que les femmes et les filles autochtones appellent les « camps d'hommes ». Ce sont de grands chantiers de construction, généralement dédiés à l'extraction de ressources, une activité qui viole elle-même la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Je sais que cette question est controversée et que les personnes qui travaillent dans ces industries disent: « Ne nous dépeignez pas tous comme des criminels violents. » Non, ce n'est pas le cas, mais nous reconnaissons que ces grands camps remplis de travailleurs, d'hommes éloignés de leur famille et eux-mêmes sujets à des traumatismes et à des dépendances, sont un facteur qui conduit à une vulnérabilité accrue des femmes autochtones qui se trouvent à proximité. C'était une recommandation de cette enquête, mais nous avons agrandi ces camps au lieu d'y mettre fin.
Une autre recommandation clé nous invitait à prendre des mesures pour fournir des services de soutien aux femmes et aux filles autochtones qui ont été victimes de violence, y compris l'offre d'une aide psychologique et d'une aide pour naviguer dans le système de justice pénale. Ce sont des recommandations importantes.
J'aimerais attirer votre attention sur une autre façon, qui n'est pas du tout un mystère, dont les femmes et les filles autochtones perdent la vie: sous les balles des policiers. Chantel Moore a été tuée en juin 2020. Elle était membre de la nation des Nuu-chah-nulth, sur l'île de Vancouver, et elle avait récemment déménagé à Edmundston, au Nouveau‑Brunswick. Il n'y a aucune question à se poser pour savoir comment elle est morte. Elle est morte aux mains d'un policier qui répondait à un appel pour vérifier son état de santé. Quand la réponse aux problèmes de santé mentale et les interventions de la police se croisent, beaucoup trop de femmes vulnérables, autochtones ou non, se retrouvent à la morgue. Ce n'est pas ce qu'on attend d'une vérification de l'état de santé et il faut vraiment examiner ce qui s'est passé dans tous ces cas, surtout celui de Chantel Moore. Je vais le répéter à la Chambre des communes, je pense qu'elle a été assassinée. Les faits pointent dans cette direction et sa famille attend des réponses.
Dans cette enceinte, notre obligation n'est pas d'explorer la question, mais de passer à l'action.
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Madame la présidente, je remercie ma collègue de son discours; je lui en suis très reconnaissant. Comme elle le sait très bien, je vis sur le territoire des Nuu-chah-nulth. Je représente les Tla-o-qui-aht au Parlement, et je fais valoir leurs intérêts dans cette enceinte. Je remercie la députée d'avoir parlé de la regrettée Chantel Moore. Lorsqu'elle a été abattue par la police, l'enquête sur sa mort a été menée par une équipe d'enquête indépendante venue du Québec qui ne comptait aucun membre autochtone.
À Nanaimo, Lisa Marie Young, membre de la nation des Tla-o-qui-aht, est toujours portée disparue depuis 20 ans.
Dans le plan d'action national, on s'est engagé à créer un « [g]roupe de travail national chargé d'examiner et de réexaminer les dossiers non résolus des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones disparues ou assassinées », mais il n'y a pas d'échéancier ni de fonds prévus à cette fin. Le gouvernement n'a pas donné suite à cet engagement.
Ma collègue peut-elle parler de l'importance de mettre en œuvre un plan d'action non seulement pour ces deux dossiers non résolus, mais pour les femmes de Winnipeg que nous venons de perdre à cause du génocide en cours dans ce pays?
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Madame la présidente, en effet, nous connaissons tous deux des membres de la famille. Nous connaissons la mère de Chantel, sa famille et ses amis, et nous savons que cette affaire ne fait pas l'objet d'une enquête appropriée, comme c'est le cas pour de nombreuses autres femmes et filles autochtones.
On sait parfois qui était le tueur, mais l'affaire est passée sous silence parce qu'il s'agissait d'un policier. Parfois, on ne le sait pas, mais on le devine en raison du manque d'attention portée à l'affaire.
Je ne veux pas critiquer les services de police du Manitoba. C'est en l'espace d'un an que nous croyons maintenant que quatre femmes ont été assassinées par le même homme. Nous n'en sommes pas certains, mais nous pouvons faire des suppositions éclairées: si ces quatre jeunes femmes assassinées avaient été des femmes blanches, nous aurions peut-être obtenu plus de mises en garde et plus d'initiative en fonction des indices et des preuves qui laissaient croire que le même homme avait commis tous ces crimes.
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Madame la présidente, je voulais également soulever une question que mon collègue de a soulevée, je crois. Je suis vraiment hantée à l'idée que les familles de ces femmes aient à s'occuper des restes de leurs proches dans un site d'enfouissement. Les mots ont de l'importance, et si ma question ou mon commentaire pour tenter d'exprimer cette réalité a causé un quelconque préjudice, je m'en excuse sans réserve et je les retire.
Toutefois, je suis d'avis que ce fait devrait nous hanter. Je pense que nous devrions être hantés, préoccupés et dérangés par le fait que ces femmes se retrouvent dans un site d'enfouissement.
J'aimerais entendre les observations de la députée sur certaines des recommandations formulées plus tôt dans la soirée pour tenter de remédier à la situation et de permettre aux familles de tourner la page, compte tenu de la situation et de l'emplacement des dépouilles.
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Madame la présidente, du fond du cœur, je tiens à saluer le courage dont vient de faire preuve la députée de . Il est beaucoup trop rare d'entendre des excuses pour des mots prononcés à la Chambre, surtout lorsqu'ils partent de bonnes intentions, comme la députée l'a souligné.
Cela dit, il est épouvantable que le site d'enfouissement soit toujours ouvert. J'entends la fille de Morgan, la famille de Marcedes et d'autres gens s'exclamer: « Arrêtez à tout le moins de déverser des déchets à cet endroit. Trouvons une façon de retrouver les restes de nos proches. »
Il y a déjà les êtres chers, les enfants volés par le système des pensionnats pendant de nombreuses années. Ces enfants sont encore sous terre. Nous devons être conscients que la douleur des familles n'est jamais complètement apaisée parce que les restes sont retrouvés. Toutefois, les plaies se referment beaucoup moins lorsqu'il n'est pas possible de rapatrier les restes, de les traiter avec respect et de les enterrer.
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Uqaqtittiji, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Aujourd'hui, je suis solidaire de la cheffe Kyra Wilson de la Première Nation de Long Plain, ainsi que de Cambria et Kera, les filles de Morgan Harris, qui a été assassinée et dont le corps a été retrouvé dans un site d'enfouissement, pour réclamer justice pour les familles autochtones. Je demande au gouvernement de mettre enfin un terme au génocide en donnant suite aux appels à la justice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ainsi qu'aux demandes formulées par les personnes dont je suis solidaire aujourd'hui, notamment en contribuant à la recherche de Morgan Harris pour que ses filles puissent tourner la page comme elles le souhaitent.
Je suis préoccupée par certaines des questions qui ont été posées à la Chambre ce soir. Même si j'ai aimé les interventions des députés, leurs paroles étaient distantes et, même si elles étaient empreintes d'empathie, elles m'ont bien fait comprendre que la violence faite aux femmes autochtones n'est manifestement pas comprise.
En tant qu'Inuk, j'ai été victime et témoin de violence. J'ai grandi avec de la violence dans ma vie. Voici à quoi ressemble la violence. On ressent tellement de douleur physique qu'il est insupportable de respirer, de pleurer et de demander de l'aide. On ressent tellement d'amour et de confiance malavisés qu'on a l'impression que la seule solution est de demeurer dans sa relation malsaine. Lorsque les femmes ont enfin le courage de mettre fin à leur relation violente, elles se retrouvent dans d'autres situations de violence.
Cambria et Kera nous ont demandé de les aider à mettre fin au génocide. Ce soir, j'ai demandé à maintes reprises comment nous pourrions y parvenir. Comment pouvons‑nous, en tant que députés, guider le gouvernement fédéral dans ses efforts pour mettre un terme au génocide du Canada contre les Autochtones?
Le gouvernement fédéral doit créer des politiques et des programmes, ainsi que fournir de meilleures ressources. Il doit contribuer à améliorer la situation des Autochtones et à renforcer leur sentiment d'identité culturelle.
Le gouvernement fédéral doit lutter contre le racisme systémique en améliorant l'application de la loi et le maintien de l'ordre pour corriger les problèmes d'incarcération excessive, de zèle policier,de sous‑application des lois et de désengagement policier en ce qui a trait aux Autochtones. Il doit donner un coup de pouce aux familles autochtones qui souffrent encore des effets des traumatismes intergénérationnels, et s'assurer que leurs membres s'encouragent à compter les uns sur les autres comme ils le faisaient avant le colonialisme. Le gouvernement doit aider les familles autochtones à trouver les restes de leurs êtres chers. Les victimes de génocide sont ciblées parce qu'elles appartiennent à un certain groupe. Par conséquent, des ressources ciblées doivent être immédiatement allouées pour protéger les femmes, filles et personnes bispirituelles autochtones. Enfin et surtout, le gouvernement devrait mettre en œuvre pleinement, et non progressivement, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation et les appels à la justice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Ces instruments fourniront le cadre nécessaire pour mettre fin au génocide.
Je souligne les paroles de la cheffe Kyra Wilson, qui a dit: « Il y a 231 appels à la justice. Il nous faut des recherches, il nous faut de l'aide et il nous faut tout cela dès maintenant. » Je terminerai par ce que la belle, la formidable, la courageuse Cambria Harris a dit lors de la conférence de presse d'hier: « Morgan Harris, Marcedes Myran, Rebecca Contois et [...] Buffalo Woman. Souvenez-vous de ces noms. Criez-les de toutes vos forces pour réclamer la justice que ces femmes méritent. »
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Madame la présidente, je tiens à remercier la députée de Nunavut pour sa bravoure et sa façon de faire résonner dans cette enceinte une vérité forte qui doit être entendue dans tout le pays. Je voulais simplement la remercier.
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Uqaqtittiji, je vous remercie de vos encouragements. Parler demande beaucoup de force et suscite de fortes émotions. Je tiens tout particulièrement à remercier mon parti, qui a été formidable. Il m'a permis de partager mon expérience et de faire entendre ma voix, et il a veillé à ce que les voix des peuples autochtones soient mieux entendues à la Chambre.
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Madame la présidente, je suis reconnaissant d'avoir entendu ce que la députée avait à dire. Je suis heureux de travailler avec elle au sein du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord. J'ai beaucoup appris d'elle et j'apprécie sa précieuse contribution chaque jour.
Je sais que, souvent, dans cette enceinte, le temps nous est compté, alors que nos cerveaux fourmillent de pensées. Je me demandais simplement si la députée souhaitait aborder d'autres sujets qu'elle n'a pas eu le temps de toucher dans son discours.
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Uqaqtittiji, je suis également contente de travailler avec le député au Comité permanent des affaires autochtones et du Nord.
J'ai remanié mon discours de ce soir à plusieurs reprises. Voici l'une des choses que je voulais rappeler à la Chambre. On a beaucoup parlé de ce que les femmes peuvent faire. Or, je ne cessais de penser qu'il ne s'agit pas seulement du problème des femmes ou de celui du gouvernement. Il ne s'agit pas seulement d'un problème autochtone. Nous devons tous agir et travailler ensemble sur cette question: hommes et femmes, Autochtones et non-Autochtones. Nous devons tous travailler ensemble pour pouvoir dire que nous sommes ceux qui ont mis fin au génocide de notre vivant.
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Madame la présidente, la députée a très bien souligné le besoin d'avoir des interventions ciblées. Je connais ses efforts inlassables et son plaidoyer sur la question des conditions de logement déplorables dans le Nord. J'aimerais lui donner l'occasion de réfléchir à la manière dont l'accès à un logement digne et sûr pour les gens de sa collectivité pourrait soulager certains des facteurs qui contribuent aux atrocités commises contre les femmes, notamment les femmes inuites dans la circonscription qu'elle représente.
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Uqaqtittiji, le député pose une question très importante. J'ai pris la parole tant de fois à la Chambre pour dire à quel point les logements surpeuplés ont une incidence dans ma circonscription, à quel point les mauvaises conditions se répercutent sur la santé mentale des gens que je représente et à quel point ces conditions exacerbent les conséquences sur la santé mentale.
Il ne fait aucun doute que nous devons augmenter les investissements dans le logement, rénover les logements existants et loger des gens dans les logements vacants. Il y a tant de logements vacants dans nos collectivités. Il faut les rénover et les rouvrir.
J'ajouterais rapidement qu'il faut aménager des refuges pour les femmes dans un plus grand nombre de collectivités du Nunavut. Je connais personnellement deux femmes que je voulais mentionner qui, selon moi, n'auraient pas été tuées si elles avaient eu un lieu sûr où se réfugier, car elles ont été assassinées alors qu'elles étaient dans une relation malsaine et très violente. Nous devons également investir pour que les femmes aient un endroit sûr où se réfugier dans leur propre collectivité, de sorte qu'elles n'aient pas à quitter leur communauté et qu'elles puissent demeurer avec leur famille et continuer d'élever leurs enfants dans leur collectivité d'appartenance.
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Madame la présidente, j'aimerais prendre un moment pour remercier mes collègues la députée de et la députée de , qui se sont exprimées avec beaucoup d'éloquence sur la situation dans laquelle se trouvent les femmes et les filles autochtones.
Alors que je réfléchissais à ce que j'allais dire, j'ai changé d'avis une centaine de fois. J'ai fini par en arriver à ceci. J'ai repensé au moment où, il y a sept ans, le gouvernement a annoncé qu'il allait lancer l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Je dois dire que j'étais enchantée d'assister à ce tournant, de voir que les peuples et les familles autochtones étaient enfin parvenus à se faire entendre et que le gouvernement de l'époque allait enfin faire quelque chose pour nos sœurs disparues, les femmes et les filles autochtones.
Je n'étais pas députée libérale, je ne le suis toujours pas, et je ne le serai jamais. Pourtant, mon cœur débordait de joie et d'espoir. Ensuite, à mesure que les travaux avançaient, la joie a progressivement fait place à une désagréable impression. Je me suis souvenue que neuf mois après le début de l'enquête, Marion Buller, la commissaire en chef, et son équipe étaient toujours obligées d'utiliser leurs téléphones cellulaires et leurs propres boîtes de courriel. Ils n'avaient pas non plus les bureaux dont ils avaient besoin pour réaliser leur travail.
Passons aux événements qui ont suivi la publication du rapport. Un génocide a été reconnu même par le gouvernement et 231 appels à la justice ont été lancés officiellement. Le gouvernement a promis qu'il présenterait un plan de mise en œuvre. Où est ce plan de mise en œuvre trois ans plus tard? Il n'est nulle part.
Les néo-démocrates ne sont pas les seuls à le dire. Marion Buller a affirmé publiquement que le gouvernement fédéral avait lamentablement échoué. Elle a dit ceci:
Nous n'avons pas de plan de mise en œuvre. Le gouvernement fédéral n'a pas fait la moindre déclaration cohérente sur ce qu'il compte faire. Il ne regarde pas vers l'avenir. S'il y a un plan de mise en œuvre, je ne le connais pas et le gouvernement le garde sous silence. Il a toutefois lamentablement échoué en ce qui concerne ses réponses.
Elle a ajouté: « Je trouve simplement déplorable que le génocide se poursuive, car c'est bien le cas et le gouvernement n'est pas tenu de rendre des comptes. »
Voilà la réalité actuelle. Nous, les membres de la communauté, et mes collègues voyons donc les proches des familles en deuil, en douleur et en colère à la suite de la perte de leurs êtres chers. C'est pourquoi nous avons ce débat ce soir.
Ce soir, j'ai eu le plaisir, l'honneur et le privilège de rencontrer les membres de la famille, tout juste à l'extérieur de cette enceinte. Je leur ai serré la main, je les ai regardés dans les yeux, je me suis engagée à ce que nous ne cessions jamais le combat, même après leur départ. Nous ne devrions pas avoir à repasser par là, encore et encore. Nous ne devrions pas avoir à dire le nom des victimes, encore et encore. Chaque fois, les noms sont différents, mais la souffrance est plus grande, la douleur plus intense et le sentiment de perte encore plus profond, alors que diminue l'espoir que des mesures concrètes soient prises.
Dans ma circonscription, Vancouver-Est, la situation est très semblable à celle de Winnipeg-Centre, la circonscription de ma collègue. Quand j'étais une simple militante il y a de nombreuses années, je me souviens d'avoir marché dans la rue, d'avoir participé à des rassemblements et d'avoir manifesté pour dénoncer les crimes commis par un tueur en série dans Vancouver-Est. Les gens étaient dans le déni. Quand nous avons soulevé ce problème, des gens nous accusaient de porter entrave à la justice parce que nous disions qu'il y avait un tueur en série et que nous exigions une enquête.
Aux noms des personnes évoquées aujourd'hui qui ont disparu et qui ont été assassinées, soit Morgan Harris, Marcedes Myran, Rebecca Contois et Buffalo Woman, j'ajoute ces noms: Tatyanna Harrison, Chelsea Poorman, Noelle O'Soup et Ramona Wilson. Ce ne sont que les dernières en date, et il y en a de nombreuses autres.
Elles n'avaient pas à mourir. Elles n'avaient pas à mourir de cette façon. Il n'est pas nécessaire qu'il en soit ainsi. Pour ce soir, une fois pour toutes, le gouvernement va-t-il agir et mettre en œuvre les 231 appels à la justice?
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Madame la présidente, je veux commencer par reconnaître la voix forte de la députée, qui réclame une stratégie de logement conçue pour et par les Autochtones.
La députée demande au gouvernement fédéral de donner suite aux 231 appels à la justice. Au moins neuf d'entre eux concernent le logement. Je me demande si elle aimerait commenter davantage l'absolue nécessité pour le gouvernement fédéral de donner suite précisément aux appels à la justice liés au logement.
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Madame la présidente, il ne fait aucun doute que le logement est important et qu'il permettra de sauver des vies. Le rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées parle plus de 200 fois du logement. Les députés peuvent-ils s'imaginer être incapables d'avoir accès à un logement et, à cause de cela, être victimes de violence extrême à chaque instant, au point où ils en perdent la vie?
Ce que le gouvernement fédéral peut faire, c'est de veiller, dans le budget de 2023, à ce qu'il y ait au moins 6 milliards de dollars sur deux ans pour une stratégie de logement en milieu urbain, rural et nordique conçue pour les Autochtones et par les Autochtones, et de laisser la communauté autochtone diriger ce travail. Une coalition a déjà été mise sur pied pour accomplir ce travail. Le gouvernement doit en assurer le financement. Il doit être un véritable partenaire afin que le travail puisse s'accomplir.
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Madame la présidente, je vais être franc. Nous avons entendu beaucoup de discussions aujourd'hui, mais cela ne changera pas vraiment la vie des Autochtones, et ça me met en colère. Je suis exaspéré que nous ayons ces discussions encore et encore, mais que l'on continue de ne pas tenir compte de la vie des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones. Cela me met en colère, mais je sais aussi que lorsqu'un Autochtone comme moi hausse le ton, les gens cessent d'écouter.
Je tiens à être aussi clair que possible. Nous ne pouvons continuer d'attendre, mais les choses sont ainsi depuis des lustres. Cette situation n'est pas apparue du jour au lendemain. Le colonialisme, le racisme et, honnêtement, la misogynie sont les raisons pour lesquelles nous sommes ici aujourd'hui. Les femmes autochtones ne sont pas le problème. C'est le colonialisme et la violence faite à ces femmes qui sont le problème.
La députée peut-elle parler de la cause profonde de ces pertes tragiques de femmes, de filles et de personnes bispirituelles autochtones qui est si profondément ancrée dans l'histoire du Canada?
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Madame la présidente, je dois dire que, selon moi, le colonialisme est indubitablement à l'origine de cette situation. Il ne fait aucun doute que les gouvernements qui se sont succédé ont permis la poursuite du génocide, ce qui est également le problème qui fait persister la situation.
Tous les députés se lèvent pour dire qu'ils comprennent les familles, qu'ils les voient et les entendent. Eh bien, je leur demande d'agir. Les paroles ne valent pas grand-chose, mais les vies, elles, ont une grande valeur, et la vie de ces femmes, filles et personnes bispirituelles autochtones compte.
Elles sont très importantes, et nous devons les honorer. Nous devons également les honorer du point de vue suivant: elles sont les toutes premières propriétaires de cette terre, et nous ne sommes que des invités. Nous devons les honorer, les respecter et passer à l'action. Trêve de discussions.
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Madame la présidente, aujourd'hui, nous avons malheureusement vu le gouvernement prétendre que tout cela était une question d'espoir, que les communautés voulaient qu'on leur redonne espoir. Je ne me souviens toutefois pas d'avoir entendu parler de 231 demandes d'espoir. Il s'agissait plutôt de 231 demandes de justice, d'appels à l'action.
J'aimerais vraiment que la députée profite de ses dernières observations pour expliquer pourquoi il est crucial qu'on ne se contente pas de prononcer des discours creux et des messages préfabriqués à propos de l'espoir, et pourquoi le gouvernement doit prendre la responsabilité de poser des gestes clairs, ciblés et porteurs d'action.
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Madame la présidente, pendant que nous continuons de parler de ce problème, ce que fait le gouvernement, des gens meurent et des vies sont perdues. La violence qui se produit est bien réelle.
Lorsque nous disons que nous devons faire ce travail, cela signifie que le gouvernement doit passer de la parole aux actes. Je veux voir dans le budget des investissements réels et majeurs, et je veux que le gouvernement utilise ces fonds, au lieu de se contenter de les mettre sur papier sans agir. Je veux que le gouvernement mette en œuvre l'appel à la justice 1.7, parce qu'il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités et veille à ce qu'il y ait une reddition de comptes indépendante à cet égard, et pas seulement des discours creux.
:
Comme il est 22 h 28, conformément à l'article 53.1 du Règlement, le comité s'ajourne.
(Rapport est fait de l'affaire du gouvernement no 23)
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La Chambre s'ajourne donc à demain, à 10 heures, conformément à l'article 24(1) du Règlement.
(La séance est levée à 22 h 28.)