propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, cela me fait plaisir de parler aujourd'hui de la déclaration de revenus unique. Je vais en parler davantage plus tard, mais les Québécois le veulent depuis longtemps. Il faut en venir à comprendre pourquoi on veut une déclaration de revenus unique. C'est parce qu'on a deux déclarations de revenus à faire, celle du fédéral et celle du Québec. Pourquoi est-ce le cas?
Revenons au départ. Quand on veut comprendre de quoi souffre un individu ou qu'on veut comprendre un problème, il faut faire l'historique du problème. Or, le problème commence en 1867, quand le Canada a été créé. Bien des gens pensent que cela a été créé par des gens de l'Ontario, du Québec et des Maritimes qui, à l'unisson, criaient pour dire qu'ils voulaient un pays qui s'appellerait « Canada » et qui insistaient pour se réunir. C'est seulement dans les histoires de Minifée qu'on retrouve ce genre de chose. Cela ne s'est pas passé de cette façon pantoute.
C'est très simple. En 1854, le Canada a signé un traité de réciprocité avec les Américains. Pourquoi? C'est parce que, avant, le Canada vendait à sa mère patrie, la Grande‑Bretagne, qui, elle, s'est tournée vers l'Europe. Les Britanniques ont dit qu'ils n'achetaient plus rien du Canada, qu'ils allaient vers l'Europe et allaient faire du libre-échange. Ce qui est arrivé, c'est que les gens riches du Canada n'avaient plus d'endroit où vendre leurs produits. Ils se sont dit que ce pourrait être agréable de vendre aux États‑Unis. Ils ont donc fait cette entente de réciprocité avec les Américains en 1854.
Après cela, on a fait des échanges en s'orientant vers les États‑Unis. On a créé des trains pour aller vendre les produits canadiens vers les États‑Unis. Malheureusement, les Américains ont décidé de s'entretuer avec la guerre de Sécession. Vu que les Anglais avaient des atomes crochus avec les sudistes, ils se sont alliés avec ceux-ci. Ce sont les gens du Nord qui ont gagné. Les gens du Nord se sont demandé qui étaient les écœurants qui avaient appuyé le Sud. C'était la mère patrie, la Grande‑Bretagne. Ils se sont dit qu'ils allaient se venger sur ses bébés. Ils se sont virés vers nous pour dire qu'ils ne voulaient plus rien savoir de nous.
On s'est demandé ce qu'on ferait si on ne pouvait plus vendre aux Américains. C'est là que quelques visionnaires, les Pères de la Confédération, se sont rencontrés très rapidement. Cela n'a pas été une masse populeuse qui s'est réunie en chantant, non. Ils se sont demandé ce qu'ils devraient faire, parce qu'ils ne pouvaient plus vendre leurs produits. Voilà la création du Canada! Il n'y a pas eu de chansons, de musique ou de discours. Ce n'était que les Pères de la Confédération, réunis pour la première fois à Charlottetown, qui discutaient entre eux. Ils complotaient. Finalement, ils ont créé le Canada. Les gens se demandaient ce que c'était. Un humoriste québécois disait toujours que le Canada était voué à l'échec parce qu'il était né de plusieurs pères entre deux mères. Cela ne fait pas des enfants forts.
En 1867, les Pères de la Confédération se sont dit qu'il fallait absolument que le fédéral soit très fort pour qu'on ait un marché très uni. Il fallait que les provinces aient peu de pouvoir, parce qu'on ne voulait pas qu'il y ait une guerre de sécession comme aux États‑Unis. Alors, on allait rendre les provinces insignifiantes. On s'est dit qu'on leur donnerait quand même des droits fiscaux et quelques petites responsabilités. Les Pères de la Confédération étaient de grands visionnaires. Si on est plus visionnaire que cela, on est une taupe.
À un moment donné, ils se sont dit qu'ils donneraient de petits pouvoirs au Québec et aux provinces, c'est-à-dire le droit de gérer l'éducation et la santé, des choses soi-disant insignifiantes. À l'époque, c'était le clergé qui gérait cela. Cent ans plus tard, on s'aperçoit qu'ils étaient dans le champ gauche, et pas juste à peu près. Ils ont aussi dit qu'ils donneraient aux provinces l'impôt sur le revenu, parce qu'ils ne savaient pas ce que c'était et que cela ne servirait sûrement jamais à rien. Ce fut une erreur fondamentale.
C'est là que commence mon histoire, quand ils donnent l'impôt sur le revenu au Québec et aux provinces. La première province à dire qu'il y a quelque chose à faire avec cela, c'est la Colombie‑Britannique. Elle se met à travailler là-dessus et, à partir de 1873, elle commence à ramasser de l'argent.
Arrive la Première Guerre mondiale. Le fédéral se dit que ce serait bien d'imposer le revenu pour financer la Première Guerre mondiale. On est en 1917. Le fédéral réalise que c'est donc bien payant, tout cela. Après la guerre, il se dit que, même si cela ne devait durer que le temps de la guerre, il va garder cela pour payer la dette. Après 1929, le fédéral dit qu'il va continuer ainsi parce que la crise économique des années 1930 est assez difficile. Il étend ses tentacules. Il commence à s'installer dans un divan virtuel.
Arrive la Seconde Guerre mondiale. Le fédéral, subtil comme un deux par quatre avec des clous, se dit qu'il allait tout simplement rester là. Après la guerre, on se dit que les choses allaient bien et qu'on est aussi bien de rester ainsi à jamais.
Le fédéral a parlé d'allocations fiscales et toutes les provinces se sont entendues en 1947, sauf l'Ontario et le Québec. Le gouvernement a récidivé en 1952. Il a dit aux provinces que c'était terminé, que c'était maintenant son champ fiscal. Tout le monde s'est rallié, sauf le Québec. Le Québec est toujours à part des autres. C'est normal, nous sommes une nation et un peuple.
Le Québec a mis sur pied la commission Tremblay pour savoir quoi faire avec cela. Rapidement, un consensus au Québec a été exprimé par Duplessis. En 1954, le Québec a dit au Canada de se tasser un peu de ce champ fiscal parce qu'il voulait lui aussi y prendre part. Il y avait des changements importants à apporter dans l'administration publique et il fallait absolument aller chercher l'argent. C'est ce qui explique que nous ayons deux déclarations de revenus à produire.
Le Bloc québécois propose qu'il y ait seulement une déclaration de revenus à produire. Cela veut dire qu'au Canada, il y a encore deux politiques fiscales; le gouvernement fédéral et le Québec ont chacun une politique fiscale, mais, dorénavant, il n'y aura qu'un seul percepteur: le Québec. C'est lui qui percevra tout l'argent récolté au moyen de l'impôt sur le revenu. À la fin de l'exercice, le percepteur signe un chèque à l'autre gouvernement pour lui donner l'argent qui découle de sa politique fiscale. Celui qui n'a pas fait de perception va payer pour le service rendu.
Ce modèle existe déjà. Certains disent que cela n'a pas de bon sens, mais il faut être un peu plus visionnaire dans la vie. Cela existe déjà avec la TPS et la TVQ et personne n'est mort. Ce n'était pas l'agonie et les gens ne se promenaient pas dans les rues en disant que c'est épouvantable et qu'ils allaient mourir. Cela existe. C'est le Québec qui perçoit la TPS pour le gouvernement fédéral. Il n'y a qu'un percepteur. Le gouvernement fédéral dit au Québec d'aller chercher l'argent de telle façon et il envoie un chèque à la fin de l'année. Il envoie 145 millions de dollars à Québec pour le remercier et pour qu'il paie ses fonctionnaires. C'est cela le truc.
Le percepteur devrait être le Québec, parce que l'agence du revenu du Québec va chercher beaucoup plus d'informations; les politiques gouvernementales et les interventions de l'État québécois sont plus nombreuses et plus complexes. Le Québec a besoin d'informations parce qu'il gère les garderies, les écoles, les soins de santé et ainsi de suite. Il faut qu'il obtienne les informations pour savoir où donner ces services-là. Les données sur l'impôt lui permettent de réaliser cela. Par exemple, il utilise cela pour les prestations de pensions alimentaires pour les couples séparés. Le gouvernement du Québec peut ainsi retenir les sommes à la source et les donner au conjoint ou à la conjointe qui y a droit.
En plus, si Québec continue à faire la perception, elle ne perdra pas une compétence qui est exigée dans la perception. Elle garde sa compétence. Alors que, si Ottawa cesse d'être percepteur au Québec, mais fait la perception dans les autres provinces, il n'y a aucun problème, il va conserver cette compétence.
En outre, les Québécois veulent que ce soit le gouvernement du Québec qui gère cette perception. L'Assemblée nationale du Québec a adopté une motion à l'unanimité en ce sens le 15 mai 2018. Même le très fédéraliste Philippe Couillard était là et a voté en faveur de celle-ci. C'est moi qui avais déposé la motion, je m'en souviens, j'étais là. Je voyais Philippe Couillard, l'ultra fédéraliste, avoir un sourire. Il savait ce qu'il faisait et il trouvait cela bon. En plus, on disait dans la motion que la perception serait faite par Québec.
Pourquoi faudrait-il faire cela? Cela permet des économies de temps et d'argent. Selon l'économiste François Vaillancourt, faire une déclaration de revenus pour un Québécois prend 10 % plus de temps que s'il n'avait qu'à en produire une seule. C'est prouvé scientifiquement avec des modèles économétriques. Ce n'est pas 50 % plus de temps, c'est 10 %. Grâce à la technologie, cela se trouve à être 10 %. Cela signifie 39 millions de dollars par année pour les Québécois qui font produire leur déclaration de revenus par autrui.
Pour les entrepreneurs, cela représenterait des gains de 99 millions de dollars. En plus, on dit que les entrepreneurs doivent avoir moins de paperasse à remplir et qu'il faut les aider. S'assurer qu'ils n'ont qu'une déclaration de revenus à produire, c'est une façon de les aider. Ce serait beaucoup plus simple et cela représenterait des gains de 99 millions de dollars.
On n'a pas besoin d'un doctorat en mathématiques pour comprendre que, quand on traite la déclaration de revenus et que le fédéral a sa déclaration et que le Québec a sa déclaration, deux personnes font la même job. Peut-on se permettre de payer deux personnes pour faire la même job? Cela représenterait des gains annuels de 287 millions de dollars qui seraient séparés entre le gouvernement fédéral et Québec. Tout le monde y trouverait son compte. Il faut comprendre que ce serait payant pour tout le monde et je ne parle pas de l'économie de temps.
Quels sont les arguments contre qu'on entend? D'abord, on entend parler des emplois. Deux personnes font un même travail et nous nous demandons pourquoi ce travail ne serait pas fait par une seule personne. Il me semble que ce n'est pas fou. On nous dit que des gens vont perdre leur emploi. Oui, mais il faut faire attention. Certains seront recrutés par Québec, qui aura besoin de plus de monde parce qu'il y aura un traitement plus lourd à faire. Il y a donc des gens qui vont aller travailler à Québec et il sera très simple de leur donner les mêmes conditions de travail que celles qu'ils avaient au fédéral.
Par ailleurs, nous sommes dans la troisième décennie du XXIe siècle et on ne parle pas de taux de chômage de 13 ou de 15 % comme ceux qu'on a connus.
Monsieur le Président, vous êtes jeunes, mais je suis sûr que quelqu'un vous a raconté que dans les années 1980 il y avait beaucoup de chômage. Ce temps-là est fini. Le problème actuel, c'est la pénurie de travailleurs.
Le gouvernement n'arrête pas de dire que la situation relative aux passeports n'est pas facile à cause de la pénurie de travailleurs.
Les gens qui s'adressent à l'Agence du revenu du Canada n'ont pas de service. On nous dit que c'est à cause de la pénurie de travailleurs. Les gens qui ont besoin de l'assurance-emploi n'ont pas les services voulus. On nous dit que c'est à cause de la pénurie de travailleurs. Les gens à l'immigration envoient cela à des gens qui ne travaillent même plus là. Encore une fois, c'est à cause de la pénurie de travailleurs.
Moi, je dis qu'il y a un bassin de travailleurs et de travailleuses extrêmement compétents qui sont dans la machine gouvernementale et qui peuvent rester à l'Agence de revenu du Canada, qui va avoir besoin de plus de monde. Ils peuvent aussi travailler sur les dossiers relatifs aux évasions fiscales et ils peuvent aller travailler ailleurs dans la fonction publique. En plus, si c'est fait de façon graduelle, ils peuvent tous prendre leur retraite tout doucement et leur poste peut être aboli par attrition.
Certains vont dire que le fédéral échange de l'information avec les autres pays. Quand on recueille les déclarations de revenus, il faut parler avec d'autres pays pour ne pas faire une double comptabilisation et une double imposition. Si le Québec est percepteur, ces ententes ne seront plus valides.
On va dire aux États‑Unis que le fédéral donnait ce service auparavant, mais que c'est maintenant le Québec qui le fait et qu'il n'y a plus d'entente. Les États‑Unis vont se dire qu'ils se retrouvent avec une zone franche au Québec, que des gens vont partir de chez eux pour aller travailler au Québec et qu'ils n'auront plus d'informations. Ils vont se demander s'ils peuvent appeler le gouvernement du Québec. C'est ainsi que cela va se régler.
La dernière critique qui est faite n'est pas compliquée. On dit que le gouvernement fédéral perdrait des informations qui sont importantes pour le roulement de sa fonction publique et pour la prise de décisions éclairées. Non, parce que le gouvernement du Québec recueille plus d'informations que le gouvernement fédéral. Le gouvernement du Québec pourrait tout simplement transférer les informations qui sont demandées par le gouvernement fédéral. Le contraire ne peut pas être vrai parce que la banque d'informations du gouvernement du Québec est beaucoup plus grande. Voilà pourquoi il faut instaurer une seule déclaration de revenus. C'est aussi simple que cela.
On a demandé aux Québécois en 2019 s'ils étaient en faveur d'une déclaration de revenus gérée uniquement par le Québec comme percepteur. La réponse était « oui » pour 65 % des gens, « non » pour 22 % des gens et « ne sais pas » pour 12 % des gens.
L'Assemblée nationale est avec nous, le Québec est avec nous et le bon sens est avec nous. Il est temps de passer au XXIe siècle, de lutter intelligemment contre la pénurie de travailleurs et d'adopter ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, aujourd'hui, j'ai le privilège de participer au débat en deuxième lecture du projet de loi émanant d'un député, le projet de loi .
Ce projet de loi est identique au projet de loi , un projet de loi émanant d'un député qui a été présenté et rejeté lors de la session parlementaire précédente. Ainsi, les honorables députés devraient bien connaître, à ce stade, les lacunes importantes qui ont mené à son rejet. Puisqu'il est de nouveau à l'étude, je me sens obligée d'utiliser le temps qui m'est imparti pour rappeler ces lacunes.
Cette mesure permettait au Québec ou à toute autre province de percevoir l'impôt fédéral sur le revenu des particuliers et des sociétés au nom du gouvernement du Canada. Notre gouvernement a toujours reconnu que l'objectif de ce projet de loi, qui est de trouver des moyens de simplifier la déclaration de revenus et de diminuer le fardeau d'observation des contribuables québécois, est attrayant. C'est un objectif que nous avons tous.
Cependant, la façon dont le projet de loi vise à y parvenir soulève de sérieuses inquiétudes en termes d'efficacité, d'équité, d'efficience et de valeur pour les contribuables et les gouvernements, y compris ceux du Québec.
Au premier rang de ces inquiétudes se trouvent les graves répercussions négatives que le projet de loi aurait sur la situation d'emploi des employés de l'Agence du revenu du Canada qui travaillent au Québec, ainsi que sur l'ensemble de leurs communautés.
À l'étape de l'étude en comité au cours de la législature précédente, nous avons entendu des témoins experts et des intervenants comme un représentant du Syndicat des employé-e-s de l’Impôt, qui a prévenu « qu'il y aura des pertes d'emplois massives si ce projet de loi est adopté et que le gouvernement fédéral confie l'administration des impôts fédéraux du Québec au gouvernement provincial » et « que la vaste majorité des emplois qui seraient perdus sont occupés par des personnes qui vivent au Québec, qui y paient des impôts et qui contribuent grandement à l'activité économique de la province. » Comme le conclut le témoin, « [c]e serait dévastateur, en particulier pour les régions du Saguenay—Lac-Saint-Jean et de la Mauricie. L'Agence du revenu du Canada est le plus gros employeur en Mauricie, et pratiquement le plus gros au Saguenay—Lac-Saint-Jean en plus du secteur minier. »
Ces conclusions alarmantes sont conformes aux projections tirées par l'Agence du revenu du Canada, qui montrent que le transfert de l'administration de l'impôt fédéral sur le revenu du Québec pourrait mettre en péril environ 6 000 emplois dans les 14 bureaux de l'Agence du revenu du Canada au Québec. Le transfert toucherait aussi les employés de nombreux bureaux à l'extérieur du Québec, comme à Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard et en Ontario, où les déclarations du revenu sont également traitées.
Nous avons également appris, lors de la session parlementaire précédente, que ce projet de loi entraînerait probablement des coûts plus élevés pour les contribuables. En effet, les accords de perception fiscale existants produisent des gains d'efficacité qui se traduisent par des économies de coûts pour les contribuables. Le transfert de l'administration de plusieurs provinces et territoires à un seul administrateur fiscal, soit le gouvernement fédéral, crée des économies d'échelle et réduit le fardeau administratif de chaque contribuable. Malheureusement, le projet de loi dont nous discutons nous entraînerait dans la direction opposée.
Cette conclusion a été confirmée par le témoignage d'une représentante de l'Agence du revenu du Canada à l'étape de l'étude en comité lors de la législature précédente. Comme elle l'a fait remarquer, « [l]'intégration nécessaire des processus et des infrastructures technologiques entre les deux organisations entraînerait de nouvelles dépenses. Les coûts fixes liés au fonctionnement et aux investissements importants en infrastructures réalisés par l'Agence pour servir l'ensemble des Canadiens ne diminueront pas à la suite d'un tel transfert. » La représentante de l'Agence du revenu du Canada a confirmé qu'une telle décision augmenterait les coûts. Elle a dit: « Selon nos estimations jusqu'ici, cela nous coûterait au moins 800 millions de dollars environ. »
Cette affirmation a été corroborée par le témoignage d'un représentant de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada qui a signalé que les chiffres ne concordaient pas. Il n'y a aucune économie, aucun gain d'efficacité à tirer de ce transfert, tant pour les contribuables québécois que pour ceux du reste du pays. Ce représentant syndical a même souligné que la façon la plus efficace et la plus rentable pour les Québécois d'opter pour une déclaration de revenus unique serait de demander à l'Agence du revenu du Canada de gérer la perception de l'impôt. C'est un point de vue qui est partagé par la représentante du Syndicat des employé-e-s de l’Impôt. Il ne faut pas conclure pour autant que nous voulons aller dans cette direction.
Comme la représentante de l'Agence du revenu du Canada l'a clairement indiqué au comité, la question ne devrait pas être de savoir si le Canada doit prendre en charge les impôts du Québec ou si le Québec doit prendre en charge les impôts du Canada. La question devrait être: comment peut-on simplifier les impôts pour les résidants du Québec?
Notre gouvernement est entièrement d'accord. C'est pourquoi nous continuerons de travailler et de dialoguer avec Revenu Québec, avec qui nous entretenons depuis longtemps une relation productive et collaborative, pour trouver des moyens de simplifier la déclaration de revenus et de réduire le fardeau d'observation des contribuables québécois. Nous continuerons de travailler avec le Québec et les autres provinces pour réaliser de tels gains d'efficacité.
Nos inquiétudes au sujet du projet de loi vont encore plus loin. Ce projet de loi soulève également des craintes quant à la capacité du Canada à respecter ses obligations dans le cadre des conventions et accords fiscaux internationaux en vigueur qui précisent que le ministre du Revenu national est l'autorité compétente du Canada.
Le Canada compte plus d'une centaine de conventions et accords fiscaux de ce type, et les renégocier pourrait prendre des années et exiger des ressources considérables, sans garantie de résultats certains ou favorables. Nos partenaires internationaux peuvent, par exemple, ne pas accepter de modifier ces dispositions ou être prêts à interagir avec deux ou plusieurs administrations fiscales distinctes. Cette situation pourrait, en retour, avoir de graves conséquences sur notre capacité à lutter contre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal, qui repose sur des traités et des accords d'échange de renseignements fiscaux.
Voilà des considérations qui sont importantes. Les Canadiens s'attendent à ce que nous en tenions compte. Je tiens à féliciter mes collègues parlementaires d'en avoir tenu compte dans l'évaluation de ce projet de loi, durant la session parlementaire précédente, et d'avoir au bout du compte rejeté ce projet de loi.
Comme nous l'avons dit clairement, notre gouvernement est ouvert à l'amélioration de l'administration fiscale dans le but d'assurer les meilleurs résultats possible pour l'ensemble des Canadiens en termes d'équité, d'efficacité et de valeur pour les contribuables et les gouvernements, y compris ceux du Québec.
Nous continuerons de travailler en collaboration avec Revenu Québec pour trouver des moyens de simplifier la déclaration de revenus et le fardeau d'observation des contribuables québécois. Ce travail favorisera une meilleure harmonisation de nos administrations fiscales respectives ainsi que la simplification du processus de production des déclarations de revenus pour les contribuables québécois.
Nous sommes toujours prêts à améliorer la situation. Toutefois, selon la prépondérance des témoignages, il est sans équivoque que le projet de loi dont nous sommes saisis nous entraînerait dans une direction opposée.
:
Monsieur le Président, aujourd'hui, je suis heureux de prendre part au débat sur le projet de loi , soit une promesse que le Parti conservateur a lui-même proposé à l'été 2018.
Nous avons également présenté une motion le 5 février 2019, ici à la Chambre, sur cette demande claire et légitime des Québécois et de l'Assemblée nationale du Québec, soit celle de donner aux Québécois une réduction majeure de la paperasse administrative par l'entremise d'une déclaration de revenus unique.
Le 24 avril 2021, tous mes collègues du Parti conservateur ont voté pour cette mesure sur le projet de loi . La déclaration de revenus unique répond à une demande chère aux yeux des citoyens de Lévis—Lotbinière et de l'ensemble du Québec. Tous les Québécois sont actuellement dans l'obligation de produire deux déclarations du moment qu'ils reçoivent des revenus, et ce, même avant l'âge de la majorité. Cette demande noble et légitime ferait économiser énormément de temps et d'argent aux familles québécoises et à l'ensemble des Québécois. Il faut dire que le Québec est la seule province au Canada soumise à ce rigoureux devoir.
Que ce soit pour ce projet de loi ou pour toute autre mesure qui serait bonne pour la nation québécoise et l'ensemble de la population canadienne, rien ne semble faire bouger d'un poil le gouvernement libéral depuis son arrivée en 2015, car il ne porte tout simplement pas dans son ADN et dans ses valeurs le souci d'économiser temps et argent.
Je me permets de donner l'exemple concret de quand tous mes enfants vivaient encore sous le même toit familial. À l'époque, cela représentait 14 déclarations de revenus individuelles pour une seule maison, en plus des deux déclarations à produire pour ma petite entreprise agricole. Pensons-y, cela fait 16 déclarations de revenus sous un seul toit. C'est tout un travail répétitif et contre-productif qu'on impose aux familles, aux étudiants et aux jeunes travailleurs, qui ont bien hâte d'être actifs sur le marché du travail, lequel est plus que jamais en manque de main-d'œuvre.
Fidèles à leurs valeurs, les conservateurs ont toujours eu à cœur de simplifier la vie des Québécois et de leur faire économiser du temps et de l'argent et d'augmenter leur qualité de vie.
Il ne faut pas avoir peur des mots. Nous vivons sous gouvernement de coalition et de copinage entre les libéraux et le NPD qui est désastreux pour tous les Québécois et les Canadiens du pays dans son ensemble. Cet arrangement porte préjudice à notre démocratie et empêche toute bonne mesure d'être adoptée. Nous en avons eu la preuve avec le sort réservé au projet de loi C‑224, alors que le NPD et les libéraux ont voté contre.
Plus récemment, nous avons eu aussi la preuve avec mon projet de loi émanant d'un député, le projet de loi , qui obtient la majorité des voix, mais qui risque de ne pas être adopté après la troisième lecture, puisque le et la refusent toujours d'accorder la recommandation royale au projet de loi C‑215. Je me permets de rappeler que mon projet de loi propose d'augmenter à 52 le nombre de semaines de prestations d'assurance-emploi en cas de maladie grave, pour pallier une loi désuète qui n'avait pas été modifiée depuis 1971.
Il y a beaucoup de bons projets de loi à la Chambre, dont le projet de loi C‑239 que nous débattons en ce moment, qui est légitime. Cependant, nous avons un problème majeur à la Chambre après huit ans d'incompétence libérale qui se reflètent maintenant partout au Canada et dans tous les secteurs.
Notre Canada est brisé. Il ne sera plus jamais comme avant. Nous vivons sérieusement les représailles dues au manque de leadership et de volonté politique pour changer de façon positive et durable la vie des gens au Canada.
Sous le règne libéral, la vie nous coûte très cher. L'inflation, les taxes, la criminalité et les décès à cause des drogues augmentent. On s'attaque aux honnêtes citoyens tels que les chasseurs et les agriculteurs, pénalisés par le projet de loi . On voit un gouvernement libéral prêt à tout pour aider les petits amis à obtenir du financement et des contrats, moyennant des petits soupers à 500 $ le billet. Il a réussi à légaliser la marijuana et il va maintenant décriminaliser les drogues dures. Cependant, lorsqu'il s'agit d'aider d'honnêtes personnes qui, jour après jour, travaillent dur et qui sont responsables, ou encore lorsqu'elles sont gravement malades et qu'elles méritent tout simplement notre soutien, il n'y a pas de danger qu'il y ait du favoritisme libéral en ce sens et des passe-droits pour ces honnêtes personnes. C'est plus que non et c'est un non catégorique à tous ceux qui ont du bon sens et de la logique, cautionné présentement par le NPD.
Ce gouvernement est vraiment vieux, usé et dépassé, en plus d'être viscéralement incompétent.
Je me souviens très bien d'un argument libéral contre l'adoption de la déclaration de revenus unique au Québec. Je vois déjà revenir la vieille rhétorique du ministère du revenu national — nous venons de l'entendre — qui a déjà répondu à la Chambre avec des arguments simplistes selon lesquels des pertes d'emploi massives découleraient de l'adoption d'une déclaration de revenus unique, tout cela sans fondement et, qui plus est, alors qu'on a maintenant un besoin criant de main-d'œuvre partout au Canada.
J'aimerais aussi rappeler à la ministre et à mes collègues que le nombre d'emplois dans la fonction publique a augmenté de 32 % depuis 2015. Des gens de ma circonscription m'écrivent pour me dire qu'ils n'arrivent plus à joindre les deux bouts, des gens qui n'ont plus d'économies, des gens qui ont recours à des banques alimentaires pour se nourrir et nourrir leur famille, des gens qui n'arrivent plus à payer leur loyer, des gens qui doivent travailler malades ou, pire, faire faillite. Comme eux, je suis très inquiet pour notre avenir et pour celui de nos enfants et des générations futures.
Les aspirations des Québécois s'effritent après huit ans d'incompétence libérale. La déclaration de revenus unique, que les conservateurs ont promise en campagne électorale depuis 2018, ne verra pas encore le jour, j'en ai bien peur. Le NPD doit redevenir un parti de l'opposition et cesser de cautionner le gouvernement libéral. Nous savons tous que ce ne sont pas les 32 députés Bloc québécois qui pourront faire le changement dont le Canada a réellement besoin.
Je suis fier de dire que les gens de ma circonscription, Lévis—Lotbinière, ont confiance en moi et dans le leadership du Parti conservateur pour fin mettre fin à l'incompétence libérale qui dure depuis huit ans déjà — huit ans de trop. Ce sont les conservateurs qui sont les plus aptes à travailler pour un Québec plus productif, un Québec plus fort et plus riche, un Québec partenaire de la réussite canadienne, un Québec fier de sa culture et de son patrimoine, un Québec digne de sa langue française, un Québec aux valeurs d'accomplissement respectées par le Parti conservateur du Canada, un fier partenaire de la réussite de tous les Canadiens issus de toutes les provinces.
Historiquement, nous, les conservateurs, avons répondu oui aux demandes du Québec. Nous avons répondu oui pour la construction d'un nouveau pont Champlain, oui pour le futur troisième lien de Québec, oui pour plus de pouvoir d'immigration au Québec et oui pour une déclaration de revenus unique. C'est plus qu'une promesse de changement ou qu'un vœu pieux, c'est un engagement concret que je réalise chaque jour à la Chambre depuis maintenant 17 ans, en compagnie de mes collègues conservateurs. Je réponds oui pour Lévis—Lotbinière et oui pour le Québec.
:
Monsieur le Président, j'aimerais souligner quelque chose d'entrée de jeu. Puisque nous sommes le 1
er février, je voudrais souhaiter à tout le monde un bon Mois de l'histoire des Noirs au Canada.
On remet parfois en question mes capacités arithmétiques, mais, si mes calculs sont bons, demain, nous serons le 2 février. Or, le 2 février, c'est le jour de la marmotte. J'ai l'impression que je suis en train de revivre le jour de la marmotte une journée à l'avance. Je vais probablement refaire le discours que j'ai fait en 2019, en 2020 et en 2021 après qu'on ait étudié un projet de loi identique en comité. Il semble que des gens ont de la difficulté à entendre les témoignages de certains témoins.
Le jour de la marmotte, c'est ce film dans lequel le comédien Bill Murray se réveille tous les matins et revit la même journée. Grâce au Bloc québécois, nous revivons la même discussion avec les mêmes arguments et les mêmes débats, dans le cadre desquels les gens sont venus nous dire que cela ne marchait pas, que cela ne tenait pas la route.
Le principe n'est pas mauvais et il a même été adopté au congrès du NPD en 2018. La résolution comportait deux aspects. Le premier, c'était la déclaration de revenus unique pour les Québécois et les Québécoises. En raison d'absurdités historiques, d'efforts de guerre, de chicanes de compétence, les Québécois et les Québécoises ont fini par être les seuls dans la fédération canadienne à remplir deux déclarations de revenus. Évidemment, personne n'aime la paperasse, personne n'aime le gaspillage. Tout le monde veut que les choses aillent plus vite et soient plus simples. Oui, tout le monde est d'accord sur cela, mais cela a des conséquences sur les vraies gens, les familles et les régions du Québec.
C'est pour cette raison qu'il y avait un deuxième aspect dans la résolution du NPD. Nous sommes d'accord avec le principe de remplir une seule déclaration de revenus, mais il ne faut pas que cela ait un coût humain. Il ne faut pas que les travailleurs et les travailleuses doivent en payer le prix. Il ne faut pas que les gens se retrouvent mal pris parce qu'on a pris une décision qu'on pensait être la bonne en théorie. Oui, à première vue, remplir une déclaration plutôt que deux semble logique et cela semble simplifier la vie de tout le monde.
Je vais revenir à l'emploi, mais, selon moi, la première chose qu'il est important de mentionner dans le cadre de ce débat, c'est que nous ne sommes plus dans les années 1980. À cette époque, au Québec, tout le monde allait à la caisse populaire prendre la pile de formulaires de déclaration de revenus du Québec et la pile de formulaires de déclaration de revenus du Canada aux mois de février et mars. On ramenait cela chez soi à la maison, on tournait les pages et on remplissait un document à la mitaine. Après cela, il fallait prendre les T4 et les reçus fiscaux. Ensuite, on prenait l'autre formulaire puis on rentrait à la mitaine les chiffres pour envoyer par la poste sa déclaration de revenus à Québec et sa déclaration de revenus au fédéral. C'était pénible et c'est injuste que, historiquement, les Québécois aient été les seuls à être pris avec cela. C'est plate.
Toutefois, nous sommes en 2023 et la réalité a changé. Les gens ne se rendent pas à la caisse populaire pour aller chercher les formulaires. Nous avons des chiffres qui sont récents et qui sont parlants là-dessus. La plupart des professionnels nous disent que, depuis 2016, au moins 60 % des déclarations de revenus des Québécois sont faites par des comptables agréés. Cela veut dire que la majorité des déclarations de revenus sont faites par des comptables. Les 40 % des déclarations de revenus restantes sont remplies par les individus eux-mêmes. De ces 40 %, 75 % sont faites avec des logiciels en ligne.
Remplir son formulaire en ligne est assez simple. On remplit une déclaration de revenus et le logiciel en ligne s'occupe de mettre les données dans les bonnes cases, avec la petite fleur bleue d'un côté et la petite feuille rouge de l'autre. Cela n'a presque plus d'impact dans la vie des gens. Cela se fait tout seul. On rentre une fois son chiffre, son numéro d'assurance sociale, son adresse, ses reçus pour des dons de charité, ses dons à un parti politique, si jamais on en fait, puis on envoie cela par courriel en un clic à Québec et à Ottawa. On le fait une fois, et le reste se fait tout seul. Les déductions sont calculées automatiquement.
Dans les faits, il reste entre 10 et 12 % de Québécois et de Québécoises qui remplissent deux déclarations de revenus en format papier. C'est une personne sur dix. Pour 90 % des gens, actuellement, cette mesure ne va absolument rien changer. Je suis assez convaincu que ce chiffre de 10 à 12 % va diminuer d'année en année, parce qu'il y a une tendance lourde et claire: il y a de moins en moins de déclarations de revenus qui sont produites sur papier et il y en a de plus en plus qui sont faites en ligne.
On a donc une solution séduisante à première vue puisqu'elle semble simplifier la vie des gens. Au départ, nous sommes d'accord sur cela au NPD, mais nous nous rendons compte que cela a de moins en moins d'effets concrets pour ce qui est d'aider les gens et de simplifier leur vie. Là où cela a un effet concret, c'est sur les pertes d'emploi en région au Québec. Cela a été attesté par le député de La Prairie qui témoignait devant le Comité permanent des finances en 2021.
Le député de , lors d'un échange avec le député de , a affirmé que seulement 44 % des 5 300 personnes à l'Agence du revenu du Canada au Québec sont vraiment utiles. Selon le député de La Prairie, seulement 44 % des 5 300 travailleurs et travailleuses sont véritablement utiles. On peut lire cela dans les témoignages du Comité permanent des finances. Il vient dire que l'autre moitié est techniquement inutile. J'aimerais qu'il dise aux 3 000 autres employés qu'ils sont inutiles.
Est-ce cela, la vision du Bloc québécois du développement économique des régions et du respect du travail des travailleurs et des travailleuses? C'est assez grave. Le député de La Prairie poursuit ainsi: « Cela signifie que 2 332 des 5 300 personnes demeureraient à l'emploi. » On calcule assez vite que cela signifie une perte de salaire et une perte d'emploi pour 3 000 personnes. Le Bloc québécois et le député de La Prairie l'ont dit, et on peut le lire dans le compte rendu des délibérations du Comité. Ils sont prêts à sacrifier 3 000 emplois en région. C'est 3 000 familles pour qui le chèque de paie est bien plus important que ce hochet politique et symbolique. Il faudrait continuer d'aller de l'avant.
Au NPD, nous avons fait notre travail. Nous avons rencontré les représentants de ces travailleurs et de ces travailleuses. Nous avons rencontré les gens de l'Alliance de la Fonction publique du Canada‑Québec, qui sont membres affiliés de la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec.
Ils nous disent que malgré ce qu'on leur dit, il n'y a aucune garantie qu'on les enverra travailler ailleurs, qu'ils ne perdront pas leur emploi et que ce ne sera pas compliqué. Les questions de formation, de compétences, de lieu de travail et d'organisation du travail font que nous avons cherché à en savoir plus, nous avons posé des questions. Je me suis rendu sur le terrain. J'ai visité des centres fiscaux, que ce soit à Shawinigan ou à Jonquière, j'ai rencontré les gens et je leur ai parlé. C'est clair comme de l'eau de roche que pour eux cela signifie une perte d'emploi. Il n'y a pas de garantie. Ils ne croient pas à la pensée magique.
C'est vrai qu'il manque parfois de service au fédéral, mais, dans les deux dernières années, on a embauché 35 000 personnes au sein de la fonction publique fédérale. On parle de 3 000 personnes de plus; 3 000 mille personnes, ce n'est pas 10 % de 35 000 personnes. C'est 10 % de plus que les 35 000 personnes. On les envoie où? Il n'y a pas de réponse. On ne fait que dire qu'on va s'arranger, qu'on va être capable de leur trouver une place. Personne ne croit à cela. Les témoins qui sont venus devant le comité parlementaire ont dit qu'il n'y a pas de plan clair ni de garantie. Ces 3 000 travailleurs et travailleuses méritent le respect. Nous voulons qu'ils continuent de travailler, qu'ils paient leurs factures, le loyer et l'épicerie dans leur région. Ce n'est pas vrai que nous allons mettre leur vie à risque pour un hochet politique que le Bloc québécois veut brandir.
:
Monsieur le Président, j'ai avec moi mon hochet. J'espère que je ne vais pas trop le brandir ce soir.
J'aimerais quand même revenir sur Le Jour de la marmotte. C'est un film que j'ai bien aimé. En fait, je viens de le voir, le jour de la marmotte, par l'intervention de mon collègue du NPD.
Je suis le député de Jonquière, et le centre fiscal duquel on parle, il est chez nous. Je me rappelle qu'en 2019, l'ancienne députée de Jonquière, une néo-démocrate, disait que la déclaration de revenus unique ne se ferait pas et qu'il n'y aurait donc pas de perte d'emploi. Or, au même moment, le chef du NPD et le vice-chef du NPD disaient dans les médias nationaux qu'ils respectaient le Québec et qu'ils voulaient que le Québec ait le plus d'autonomie possible. Ils voulaient que la déclaration de revenus unique puisse se faire.
Des deux côtés de la bouche, le NPD faisait le jour de la marmotte. D'un côté, on tentait de charmer le Québec en lui disant qu'on reconnaissait son autonomie politique. De l'autre côté, on disait à la députée de Jonquière de mentionner que ce n'était pas vrai. On disait quelque chose à Jonquière, mais on disait autre chose à Montréal. Cela n'est pas le jour de la marmotte. Chez nous, cela s'appelle de l'hypocrisie. Toutefois, je ne me permettrais pas de dire cela. C'est juste une petite mise à jour amicale envers mon ami et collègue le député du NPD.
Je voudrais revenir sur la fantastique introduction du député de , parce qu'il m'a fait « allumer sur quelque chose ». Cela arrive souvent en caucus que le député de La Prairie me permette d'allumer sur quelque chose. Dans son introduction, il nous a en quelque sorte parlé de la genèse de la déclaration de revenus unique et, pour ce faire, il est revenu sur les causes qui nous ont conduits à la Confédération. J'ai envie d'en rajouter une couche. Le député de La Prairie a oublié un simple petit détail.
Ce qui explique la naissance du Canada et la motivation des Pères de la Confédération, c'était la volonté de construire un chemin de fer, bien entendu. Ces gens-là se sont dit qu'ils allaient faire de la business coast to coast. Ils avaient des intérêts dans une compagnie de chemin de fer et se sont dit: si nous voulons construire notre chemin de fer, pourquoi ne pas nous unir?
Il y a des États qui se sont développés à partir d'une quête d'émancipation. On peut penser aux États‑Unis: « Nous, le peuple ». La naissance des États‑Unis est une quête d'émancipation. Il y a d'autres États qui se sont constitués sous la base de la business, et leur idée a été de se dire: pourquoi ne pas se faire un chemin de fer?
Je trouve que c'est assez important. Le député de La Prairie nous dit cela, et je trouve que c'est important parce qu'on a là un des nœuds de la déclaration de revenus unique. La seule entité politique qui cherche encore aujourd'hui par une quête d'émancipation à se développer, c'est le Québec. Il y a ici un lien à faire avec la déclaration de revenus unique.
Il faut me regarder aller. Je ne décoifferai personne, mais on verra que c'est une logique imparable. Je fais souvent cela avec ma copine. Quand elle me dit quelque chose, je veux savoir pourquoi. Je veux savoir ce qui la motive dans les conflits que j'ai avec elle. Je veux donc chercher ce qui motive le gouvernement fédéral dans son refus de soulager les contribuables et les entrepreneurs de l'obligation de faire deux déclarations de revenus.
Qu'est-ce qui motive le gouvernement libéral à ne pas vouloir économiser 425 millions de dollars par année?
La réponse est assez simple, et le député de La Prairie nous l'a donnée en partie. C'est la peur qu'on envoie un signal au Québec, celui que le Québec est capable de s'administrer lui-même comme nation. Ce qui embête fortement le gouvernement libéral, c'est que le Québec démontre qu'il est capable de s'administrer lui-même, c'est la peur que ma nation fasse un pas de plus vers son autonomie politique.
Nous avons commencé comme cela. Nous, les Québécois, ne voulons pas un chemin de fer, nous voulons de l'autonomie politique. Eux, ils veulent faire de la business. Il y a ce décalage. Nous en reparlerons tout à l'heure.
Ainsi, le premier grand nœud qui nous empêche de nous entendre, tant du côté de mes collègues du NPD que du côté du gouvernement libéral, n'est pas lié aux emplois. C'est qu'ils ont peur de donner au Québec une forme d'autonomie politique. Ce faisant, ils montreraient que le Québec est capable de se gouverner lui-même comme nation. Voilà ce qui les embête.
Les conservateurs, eux, l'ont fait à la sauvette en comité. Ce qui fait qu'ils se sont abstenus de voter en comité, c'est cette même peur. En effet, cela donnerait une forme d'autonomie au Québec. On peut dire oui de façon détournée, mais, quand c'est le temps d'agir, on prend une voix différente. C'est ce que nous sommes en train de voir avec le nouveau , qui est maintenant obligé de dire qu'il n'appuiera pas les lois 21et 96.
Si on regarde bien la situation, on constate que tous les partis à Ottawa ont une vision centralisatrice et qu'aucun parti n'a le goût de reconnaître le Québec, qui a des caractéristiques particulières et qui a fait des choix distincts. On ne veut pas que le Québec ait cette possibilité d'avoir une déclaration de revenus unique.
Cela nous amène à la stratégie qui est déployée par le NPD et le Parti libéral lorsqu'il est question d'autonomie politique. Cela me fait penser à la tournée de Robert Charlebois en 1969 à Paris, qui s'intitulait À soir on fait peur au monde. Je conseille à tout le monde d'écouter cela. Cette stratégie fonctionne tout le temps. Je me souviens de Jean Chrétien, qui disait aux Québécois que s'ils décidaient de faire l'indépendance, ils n'auraient plus d'oranges. On en est rendu là. Le Québec se sépare et il n'y a plus d'oranges, c'est sûr et certain. La Floride ne lui vendra pas d'oranges, car elle ne vend que des oranges au Canada et elle n'en vendra pas au Québec.
C'est la même chose. Nous parlons de déclaration de revenus unique, et à soir on fait peur au monde. Si le Québec adopte une déclaration de revenus unique, il va perdre des emplois. Foncièrement, c'est l'argument que j'entends toutes les fois que nous parlons de la déclaration de revenus unique. Cependant, nous ne nous sommes pas arrêtés à cela.
Avec le député de , qui a déposé le projet de loi lors de l'ancienne législature et avec mon collègue de , j'ai regardé cette situation et nous sommes allés rencontrer les travailleurs du centre fiscal dans ma circonscription, Jonquière. Non seulement nous sommes allés les rencontrer, mais nous avons aussi fait produire une étude pour voir le portrait de l'emploi de la fonction publique fédérale au Saguenay—Lac‑Saint‑Jean. Quand on regarde cela, on trouve que les motivations du gouvernement à maintenir des emplois liés à la fonction publique font mauvaise figure.
Le premier constat qu'on peut faire est le suivant: le Québec paie environ 20 % du budget de l'Agence du revenu du Canada, ou ARC, mais il a seulement 12 % des emplois. Déjà, il y a une iniquité flagrante. Le Québec a seulement 11 % des emplois à temps plein et seulement 12 % des emplois liés à l'ARC. Il y a donc déjà une iniquité flagrante.
L'étude que nous avons fait produire démontre qu'il y a eu un boom des emplois liés à la fonction publique fédérale dans les années 2000. Ainsi, au Saguenay—Lac‑Saint‑Jean, il nous manque à peu près 1 100 emplois au sein de la fonction publique fédérale pour être dans la moyenne canadienne. Nous sommes déjà en deçà de ce que sont les seuils acceptables. Par conséquent, faire peur aux gens en disant qu'ils vont perdre des emplois dans la fonction publique, c'est d'une bêtise sans nom.
De plus, une concitoyenne qui a été embauchée par l'ARC pendant la pandémie m'a approché dernièrement. Elle est contente de travailler pour l'ARC, mais elle m'a dit qu'on l'avait embauchée en lui disant que son poste allait devenir bilingue. Comme elle n'est pas bilingue, mais francophone, on va mettre fin à son contrat.
Cette personne qui traite des dossiers de l'ARC n'obtiendra pas de permanence parce qu'elle est francophone. Présentement, tout casse dans la fonction publique fédérale. Nous en faisons l'expérience comme députés chaque jour. Qu'il s'agisse de l'assurance-emploi, de l'immigration ou de tous les autres services que le gouvernement offre, il y a un manque criant de travailleurs. On prend une francophone et on lui dit que, comme elle n'est pas bilingue, elle ne conservera pas son emploi.
Si j'étais un député libéral, cela me scandaliserait beaucoup plus que l'idée que la déclaration de revenus unique peut créer des pertes d'emplois. On sait très bien que, par attrition, en redirigeant ces gens dans la fonction publique, on pourrait faire en sorte qu'ils maintiennent leur emploi.
La vérité, c'est qu'on a une sacro-sainte peur que le Québec ait plus d'autonomie.