La Chambre reprend l'étude, interrompue le 16 novembre 2022, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Madame la Présidente, je suis heureux que le député de me donne l'occasion de réitérer l'appui du gouvernement envers le système de gestion de l'offre et envers le projet de loi à l'étude. Nous savons que les producteurs de produits laitiers, d'œufs et de volaille souhaitent, comme nous, que le système demeure solide et viable, et pour longtemps.
Le système canadien de gestion de l'offre est un modèle de stabilité. Il procure un prix juste aux agriculteurs, une stabilité aux transformateurs et des produits de grande qualité aux consommateurs, et ce, depuis plus de 50 ans. Le système de gestion de l'offre est un pilier de la prospérité rurale qui fait vivre des familles d'agriculteurs et des collectivités rurales.
Les secteurs soumis à la gestion de l'offre apportent à l'économie canadienne une contribution indéniable. En 2021, ceux des produits laitiers, de la volaille et des œufs ont généré des ventes à la ferme de près de 13 milliards de dollars et ils ont permis d'offrir plus de 100 000 emplois directs liés aux activités de production et de transformation. Dans ce contexte, les secteurs soumis à la gestion de l'offre contribuent à faire de l'industrie agricole et agroalimentaire canadienne un chef de file dans le domaine de la production et de la transformation alimentaires durables, en plus de receler un fort potentiel de croissance économique.
Voilà pourquoi le gouvernement réitère régulièrement son soutien indéfectible à l'égard du système canadien de gestion de l'offre, notamment dans le contexte d'accords commerciaux internationaux.
Pendant les négociations entourant le nouvel ALENA, l’Accord Canada—États-Unis—Mexique, ou ACEUM, le Canada a fait l'objet à de fortes pressions pour abolir le système de gestion de l’offre. Je ne saurais trop insister sur les efforts surhumains que nous avons déployés pour résister. Cependant, nous avons réussi, et les trois piliers du système de gestion de l’offre ont été maintenus, à savoir le contrôle de la production, le contrôle des prix et le contrôle des importations. À l’avenir, nous allons continuer de préserver, de protéger et de défendre les trois piliers du système canadien de gestion de l’offre.
Pour cette raison, et dans l’esprit du projet de loi, le gouvernement s’est engagé publiquement à ne pas accorder, dans le cadre de futurs accords commerciaux, de nouvel accès aux marchés pour les produits soumis à la gestion de l’offre. Cette politique a été énoncée clairement et publiquement par le et la . Le projet de loi renforcera d'autant cet engagement.
Nous avons pris cet engagement et nous allons le respecter. D'ailleurs, nous en avons fait la preuve très récemment dans le cadre des négociations de l’Accord de continuité commerciale Canada—Royaume-Uni, qui ne prévoit aucun nouvel accès pour les fromages ou tout autre produit soumis à la gestion de l’offre.
Par ailleurs, le gouvernement estime qu’accroître la participation du public, des intervenants et des parlementaires dans le programme commercial du Canada favorise la défense et la promotion de nos intérêts économiques généraux, y compris dans les secteurs soumis à la gestion de l’offre. Par conséquent, nous avons accru la transparence dans la conduite des négociations commerciales et renforcé les obligations en matière de rapports au Parlement en ce qui concerne toute nouvelle entente commerciale.
En novembre 2020, nous avons mis à jour la politique actuelle sur le dépôt des traités au Parlement afin d'offrir des occasions supplémentaires aux députés des occasions supplémentaires d'examiner les objectifs et les avantages économiques des nouveaux accords commerciaux. En outre, en 2018, ce gouvernement s'est engagé à compenser entièrement et de manière équitable les producteurs et les transformateurs de produits soumis à la gestion de l'offre, comme les produits laitiers, la volaille et les œufs, touchés par les récents accords commerciaux.
Le gouvernement continuera de préserver, de protéger et de défendre notre système de gestion de l'offre dans le contexte de toute contestation par nos partenaires commerciaux. Nous sommes convaincus que le Canada se conforme pleinement à la mise en œuvre de ses obligations commerciales, et nous défendrons vigoureusement nos intérêts.
En terminant, je tiens à répéter que le gouvernement s'est engagé sans équivoque à conserver la gestion de l'offre comme l'un des piliers d'une prospérité rurale solide et durable. Le projet de loi est conforme à notre engagement, et pour cette raison, nous l'appuyons. Le gouvernement s'engage pleinement à défendre l'intégrité de la gestion de l'offre tout en poursuivant l'ambitieux programme commercial dont dépend la reprise économique.
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Monsieur le Président, lorsque j'examine ce projet de loi, la première question qui me vient à l'esprit est: « Pourquoi en sommes-nous arrivés là? » Pourquoi a-t-il fallu qu'un député présente une mesure législative visant à inscrire dans la loi qu'il n'y ait plus de négociations sur l'accès à des industries soumises à la gestion de l'offre au Canada?
La réponse, c'est qu'après huit années de gouvernement libéral, le secteur soumis à la gestion de l'offre de notre pays juge qu'on l'a laissé tomber et qu'il a besoin d'une protection supplémentaire. À chaque nouvel accord commercial, le gouvernement libéral a négocié un accès supplémentaire aux industries canadiennes soumises à la gestion de l'offre, et ces industries en ont assez. Elles n'ont plus confiance dans le gouvernement.
Elles demandent que quelqu'un présente une mesure législative qui les protégera dans le futur. Je les comprends parfaitement, car à chaque nouvel accord commercial, le gouvernement libéral négocie un accès supplémentaire à leur secteur. C'est ce même gouvernement qui prétend respecter la gestion de l'offre et ses piliers tout en signant des accords commerciaux qui démontrent tout le contraire. Un député a fini par dire « assez, c'est assez », et il a présenté ce projet de loi.
Dans Dufferin—Caledon, le moteur principal de l'activité économique est le secteur agricole. Nous avons d'incroyables fermes laitières et avicoles dans ma circonscription. J'ai eu le plaisir de visiter ces fermes à de nombreuses occasions. Les agriculteurs travaillent extrêmement fort pour livrer des produits d'une qualité incroyable au marché canadien.
Leur plus grande préoccupation est de savoir ce que fera le gouvernement pour leur rendre la vie plus difficile, qu'il s'agisse de tripler la taxe sur le carbone ou de diverses autres façons de rendre l'agriculture plus difficile. Ils s'inquiètent. Des agriculteurs ont communiqué avec moi pour dire qu'ils veulent qu'on appuie ce projet de loi pour qu'ils sachent que, lorsque le gouvernement libéral négocie une nouvelle entente commerciale, ils ne finiront pas par perdre encore davantage d'accès aux marchés, ce qui rend l'exploitation de leurs fermes de plus en plus difficile.
Voilà pourquoi nous sommes ici. C'est à cause d'un autre échec du gouvernement libéral qui refuse de défendre les Canadiens. Dans ce cas-ci, il s'agit des agriculteurs canadiens.
En ce qui me concerne, je pense que ce projet de loi mérite d'être étudié. Il devrait être renvoyé à un comité pour qu'on nous indique quelles seraient les conséquences de l'adoption de telles mesures législatives. Je sais que certains intervenants du secteur agricole ne seraient pas emballés par cette proposition. Je pense que nous devrions entendre l'avis de toutes les parties concernées. Écoutons ce qu'elles ont à dire pour décider si le Parlement devrait aller de l'avant ou non.
J'aimerais revenir sur la situation malheureuse dans laquelle nous nous trouvons, car dans ce pays, les intervenants de l'industrie ont l'impression que le gouvernement n'est pas là pour les défendre lorsqu'il négocie des accords commerciaux, au point où ils ne veulent même plus que le gouvernement poursuive les négociations sur l'accès aux marchés. Ils ont perdu toute confiance dans le gouvernement.
Je partage l'avis des intervenants de l'industrie laitière et des autres secteurs soumis à la gestion de l'offre. J'ai également perdu confiance dans le gouvernement. Il me tarde que ce projet de loi soit renvoyé à un comité afin qu'il y soit étudié plus en détail.
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Monsieur le Président, c'est un véritable plaisir et un privilège de prendre la parole à la Chambre au sujet de la gestion de l'offre. À une certaine époque, j'ai eu l'honneur d'être le porte-parole de l'opposition officielle en matière de commerce international, alors je me souviens bien de cette question et du fait qu'elle suscite de vives réactions chez de nombreux Canadiens.
Je reconnais également les menaces qui pèsent depuis longtemps sur la gestion de l'offre. Le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement en ce qui a trait à la gestion de l’offre, a été présenté par mon collègue de , avec qui j'ai le plaisir de siéger au comité de la santé. Je tiens à le féliciter pour ce projet de loi parce que j'estime qu'il s'agit d'une mesure législative très importante et nécessaire. Elle est nécessaire, malheureusement, parce que la gestion de l'offre a été menacée par les gouvernements libéraux et conservateurs successifs, qui ont continué à promouvoir des accords commerciaux qui grugent de plus en plus l'un des principaux piliers de la gestion de l'offre.
Le projet de loi interdirait à la de promettre de rendre admissible à une réduction ou à une abolition des tarifs l'importation d'une quantité ou d'un pourcentage accru de produits laitiers, de volaille ou d'œufs, qui sont des produits soumis à la gestion de l'offre au Canada. Autrement dit, il interdirait à la ministre de réduire les tarifs appliqués à ces marchandises lorsque celles-ci sont importées en quantités supérieures à celles qui sont admissibles à une réduction ou à une abolition des tarifs.
Il est malheureux que nous ayons même à faire ceci, car j'ai plusieurs fois pris la parole à la Chambre au fil des ans lorsque les gouvernements libéraux et conservateurs successifs ont déclaré avec passion leur engagement indéfectible envers la gestion de l'offre et envers les agriculteurs de leurs circonscriptions, indiquant qu'ils n'empiéteraient jamais sur ce système très important et bien pensé, seulement pour ensuite faire volte-face et négocier des accords commerciaux qui donnent à d'autres pays des quotas de plus en plus élevés pour pénétrer notre marché.
Pourquoi est-ce un problème? Je vais commencer par expliquer un peu ce qu'est la gestion de l'offre. Il s'agit d'un système qui a vu le jour dans les années 1970 et qui vise à fournir aux agriculteurs des industries clés du Canada la possibilité de toucher un revenu stable et de savoir quelle quantité de produits serait distribuée au cours d'une année donnée. C'est là la véritable force du système. Ce système repose sur trois piliers clés.
Il a été introduit parce que les agriculteurs faisaient les frais de fluctuations de prix très fortes, notamment sur les produits de base. Ils pouvaient s'en sortir très bien une année, mais être au bord de la ruine l'année suivante. De nombreuses exploitations agricoles avaient beaucoup de mal à planifier l'avenir. Nous savons que si l'on veut rester concurrentiel et peut-être même avoir un avantage dans l'agriculture, les investissements dans la technologie et la machinerie sont absolument essentiels. La gestion de l'offre procure une certitude, de sorte que les agriculteurs peuvent investir tout en sachant qu'ils seront en mesure de récupérer leur investissement et de vendre leurs produits à un prix équitable.
La gestion de l'offre repose sur trois piliers: le contrôle de la production, le contrôle des prix et le contrôle des importations. On la décrit comme un tabouret à trois pieds. Bien sûr, nous savons tous que si on touche à l'un des pieds d'un tabouret à trois pattes, c'est toute la structure qui est en danger. Ce qui s'est passé dans les accords commerciaux négociés et signés par les gouvernements conservateurs et libéraux successifs. Ils sont concentrés sur le contrôle des importations et ils continuent de permettre l'importation de plus en plus de marchandises au Canada dans les secteurs soumis à la gestion de l'offre, ce qui, bien entendu, menace l'ensemble du système.
Ce projet de loi aurait pour effet, pour la négociation de tout accord commercial, de retirer au le pouvoir de mettre les produits soumis à la gestion de l'offre sur la table et d'échanger, en quelque sorte, les biens du secteur soumis à la gestion de l'offre contre d'autres avantages commerciaux.
C'est ce qui s'est passé dans le cadre du Partenariat transpacifique, de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique et de l'Accord économique et commercial global. Ces accords ont permis, d'abord à l'Union européenne, puis aux pays du Partenariat transpacifique et maintenant aux États-Unis et au Mexique, de faire des percées de plus en plus significatives leur permettant de faire entrer davantage de leurs marchandises au Canada. Je vais tenter de mettre les choses en perspective pour montrer pourquoi cette situation peut être si déstabilisante.
Si j'ai bien compris, la totalité de la production de lait du Wisconsin suffirait à desservir l'ensemble du marché canadien. Il suffit de penser aux très grandes sociétés agricoles du Nord des États-Unis, qui, si elles pouvaient avoir un accès illimité au marché canadien, seraient en mesure d'inonder le Canada de produits tout en faisant des économies d'échelle, ce qui empêcherait les agriculteurs canadiens de leur livrer concurrence.
L'autre facteur d'une importance capitale, c'est que les secteurs soumis à la gestion de l'offre nous permettent aussi d'établir des règlements canadiens concernant la production alimentaire. Par exemple, certaines hormones de croissance, certains modes de production et certains produits chimiques sont autorisés dans d'autres pays, mais le Canada ne souhaite peut-être pas leur présence dans son système alimentaire.
En fin de compte, les Canadiens, lorsqu'ils ont le choix, aiment acheter leurs aliments auprès de producteurs locaux. Ils veulent savoir qu'ils soutiennent leurs voisins, leurs villages et les régions rurales du Canada, et qu'ils aident les agriculteurs et les familles agricoles à gagner décemment leur vie. Nous voulons savoir que nos aliments sont produits sans cruauté et dans des conditions saines, sécuritaires et de grande qualité. Par conséquent, le Canada devrait avoir le contrôle de sa production alimentaire nationale. Je le répète, la plupart des Canadiens adhèrent à ce principe, et je sais que la grande majorité des agriculteurs des industries soumises à la gestion de l'offre y adhèrent aussi.
Je tiens à parler brièvement de quelques mythes. Selon l'un d'entre eux, la gestion de l'offre aurait pour effet d'augmenter artificiellement le prix des biens concernés, ce qui veut dire que le secteur soumis à la gestion de l'offre exploiterait les consommateurs et profiterait d'eux, en quelque sorte. C'est tout à fait faux. En réalité, la gestion de l'offre procure des prix stables. Je sais que nous vivons actuellement une crise du prix des aliments au Canada mais, en temps normal, depuis 20, 30 ou 40 ans, quand une personne va acheter un litre de lait ou une douzaine d'œufs, les prix sont stables. Dans les pays sans gestion de l'offre, le lait et les œufs peuvent être extrêmement bon marché pendant une année puis, si la production chute l'année suivante à cause du mauvais temps, d'un fléau ou d'une maladie, le prix de ces denrées grimpe en flèche. En comparaison, la gestion de l'offre permet aux consommateurs du Canada d'avoir accès à une source stable de produits de grande qualité soumis à la gestion de l'offre, notamment du lait, des œufs et des volailles, à un prix stable. Ainsi, tout le monde a accès à ces excellents produits en tout temps.
Je sais que je parle au nom de mes collègues néo-démocrates quand je dis que nous nous croyons passionnément et résolument à la gestion de l'offre. Nous savons que c'est un système qui fonctionne bien pour les régions rurales au Canada, pour les agriculteurs et pour les consommateurs. Pour employer un vieil adage: « le mieux est l'ennemi du bien ».
Nous savons aussi que les forces qui cherchent constamment à ronger ce système ne se soucient pas des agriculteurs canadiens, des petites localités, des régions rurales du Canada ni des consommateurs canadiens. Elles représentent plutôt l'intérêt des géants de l'agroalimentaire, généralement des multinationales de ce secteur, ou des tenants d'idéologies économiques de droite qui ne font que prôner frénétiquement une libéralisation du marché, sans égard pour les répercussions réelles que cela aura sur nos collectivités et notre pays.
Nous sommes donc très fiers d'appuyer le renvoi du projet de loi au comité. Nous sommes impatients d'écouter les témoins. Je tiens à féliciter encore une fois mon collègue de de cet excellent projet de loi. Nous sommes impatients de travailler ensemble pour renforcer la gestion de l'offre au Canada pour que les agriculteurs et les consommateurs canadiens aient accès en tout temps à des produits de bonne qualité.
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Monsieur le Président, j'ai l'honneur d'être la députée de Shefford, une circonscription qui est au cœur du garde-manger du Québec et qui est fière de ses producteurs agricoles. L'agrotourisme est au cœur de l'économie de ma circonscription. J'adore faire le tour des marchés publics et échanger avec les agriculteurs de chez nous.
Force est de constater que le sujet de ce projet de loi , la gestion de l'offre, est crucial pour plusieurs d'entre eux. Lors de ma dernière campagne électorale, je me suis engagée devant l'Union des producteurs agricoles de la Haute-Yamaska à défendre bec et ongles la gestion de l'offre et à présenter un projet de loi. Je m'y suis également engagée lors d'une conférence de presse organisée avec mon collègue voisin, le député de .
J'en parlerai donc avec beaucoup d'humilité et avec un immense respect pour le travail du premier trio de feu qui est allé au front dernièrement pour défendre si vigoureusement cette question cruciale qu'est la gestion de l'offre. Ce trio est constitué de mes chers collègues les députés de , de et de .
J'aborderai d'abord l'importance de la gestion de l'offre, je rappellerai ensuite le rôle historique du Bloc et je terminerai en laissant la parole à certains producteurs de chez nous.
Premièrement, le projet de loi modifie la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement de façon à intégrer la protection du système de la gestion de l'offre dans les responsabilités du ministre. Il ajoute la gestion de l'offre à la liste des directives dont le ministre doit tenir compte dans la conduite des affaires extérieures du Canada, notamment en matière de commerce international.
Une fois ce projet de loi mis en vigueur dans son intégralité, le ministre responsable du commerce international devra défendre les agriculteurs sous gestion de l'offre devant nos partenaires commerciaux. Il aura désormais le mandat de négocier les accords sans occasionner de brèches dans le système comme il l'a fait lors de la signature des trois plus importants traités de commerce international de la dernière décennie.
Le projet de loi est devenu nécessaire, notamment à cause de ces graves brèches que les gouvernements précédents, autant libéraux que conservateurs, ont ouvertes et négociées dans les derniers accords de commerce international. Ces brèches dans le mécanisme de la gestion de l'offre empêchent le système de fonctionner efficacement en s'attaquant à l'intégrité des principes qui le composent, soit le contrôle des prix, le contrôle de la production et le contrôle des frontières.
Seuls les marchés du lait, des œufs de consommation et d'incubation et de la volaille, c'est-à-dire des poulets et des dindons, sont régis par la gestion de l'offre au Canada. C'est un système qui a été mis en place dans les années 1970. On s'assure de faire une production en fonction des besoins internes en évitant la surproduction, le gaspillage, et on assure une stabilité des prix.
On règlemente les prix par l'instauration d'un prix plancher et d'un prix plafond afin que chacun des maillons de la chaîne ait sa juste part. Cela inclut le consommateur, qui est assuré d'avoir un produit local de très grande qualité et éthique. On assure aussi le contrôle des frontières par des tarifs très élevés et des quotas d'importation pour éviter que les produits ou les sous-produits étrangers envahissent notre marché. Ainsi, comme le marché est en grande partie fermé aux importations et qu'il y a un contrôle des prix, les producteurs ne se retrouvent pas dans une course incessante à la baisse des coûts de production.
Plusieurs actions du gouvernement en place sont inquiétantes et compromettent la possibilité pour le Canada, et surtout pour le Québec, qui a une autre réalité agricole, de choisir le type d'agriculture qu'il lui convient de développer. En effet, les récents accords de libre-échange, surtout celui avec les États-Unis et le Mexique, l'ACEUM, auront des conséquences catastrophiques sur certaines productions et certains transformateurs sous gestion de l'offre.
Le contrôle des frontières est l'aspect le plus affaibli par les accords internationaux. Cependant, comme la gestion de l'offre n'a jamais été critiquée par les instances juridiques de l'Organisation mondiale du commerce, ou OMC, le Canada a tous les droits de protéger ses marchés, dans la mesure où il respecte le niveau d'ouverture établi par l'organisation.
Si le Canada a le droit de protéger ses marchés en vertu des accords internationaux et de l'OMC, pourquoi y a-t-il eu des brèches? C'est parce que le Canada est incapable de tolérer la pression de ses partenaires commerciaux lors des différentes négociations. C'est aussi simple que cela. Il cède aux lobbys et aux arguments des autres pays qui veulent à tout prix avoir accès à ce marché encore inexploité.
Malgré les programmes d'aide trop tardifs qui ont été créés, il est très clair que, d'emblée, aucune compensation ne permettra de couvrir les dommages permanents causés par les brèches dans les accords avec l'Europe, les pays du Pacifique, les États-Unis et le Mexique. Ainsi, l'argumentaire des conservateurs selon lequel les compensations ont été promises sous les conservateurs de Harper lors de l'ouverture des négociations des deux premiers accords est fallacieux.
Deuxièmement, je tiens à insister sur ce point: le Bloc québécois a toujours été un défenseur de la gestion de l'offre à Ottawa. Il s'agit de la seconde fois que ce projet de loi est déposé et, sans les élections inutiles que le a déclenchées en août 2021, le projet de loi aurait possiblement cheminé jusqu'au Sénat.
À l'opposé, la Chambre a dû adopter quatre motions à l'unanimité afin de demander au gouvernement fédéral de protéger intégralement le système de gestion de l'offre. Pourtant, les gouvernements libéraux et conservateurs ne se sont vraisemblablement pas sentis liés par cet engagement lors de la signature des trois derniers accords de libre-échange. En effet, ces accords ont été catastrophiques en termes de concessions pour les producteurs et les transformateurs agricoles sous gestion de l'offre, qui s'interrogent maintenant sur leur avenir.
La gestion de l'offre est un modèle qui fait des envieux partout dans le monde, notamment et même chez ceux qui l'ont abolie. Au Québec, l'agriculture se pratique sur des fermes plus petites où on a développé un souci beaucoup plus prononcé pour la qualité et le respect de l'environnement. Alors que l'agriculture québécoise de qualité se développe avec la multiplication des produits du terroir et l'agriculture biologique, Ottawa prend le chemin inverse en encourageant l'agriculture plus industrielle.
Ainsi, tant que le gouvernement du Québec ne sera pas présent lors des négociations internationales et tant qu'il n'agira pas comme le seul maître d'œuvre des politiques agricoles, le risque est grand qu'Ottawa aligne le gouvernement fédéral sur les besoins de l'Ouest. Le Bloc souhaite tout simplement que le et le Parti libéral respectent l'engagement qu'ils ont pris à de nombreuses reprises, celui de ne plus faire de concession sur le dos des producteurs sous gestion de l'offre. C'est tout.
Ce sont les conservateurs de Stephen Harper qui ont ouvert le bal en 2008. L'effritement de la gestion de l'offre vient du fait que, depuis les négociations de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe, le gouvernement canadien a commencé à mettre la gestion de l'offre sur la table, ce qu'il n'avait jamais osé faire avant. Depuis, les brèches s'accumulent.
Le Bloc québécois a toujours fait de la gestion de l'offre un de ses chevaux de bataille. Pendant toute la période où le Bloc québécois était fort à la Chambre des communes — je m'en souviens, j'étais adjointe —, le gouvernement a conclu des accords de libre-échange avec 16 pays tout en protégeant intégralement le système de gestion de l'offre.
Lors des élections fédérales qui ont suivi la création de l'OMC, c'est-à-dire celles de juin 1997, la défense du système de gestion de l'offre figurait déjà dans nos priorités électorales. Cela remonte à bien des années. Le Bloc québécois a été le premier parti à exiger le maintien intégral des piliers du système de gestion de l'offre par le dépôt d'une motion à la Chambre. On rappelle que cette motion avait d'ailleurs été adoptée à l'unanimité, tous partis confondus. De plus, pour pratiquement chacune des négociations importantes, l'Assemblée nationale du Québec a adopté une motion à l'unanimité pour demander au gouvernement fédéral de protéger la gestion de l'offre. Nous en sommes les défenseurs, les porte-voix.
Troisièmement, je tiens à laisser la voix à des producteurs de chez nous. Nancy Fournier, agricultrice de Saint-Alphonse-de-Granby, membre du conseil d'administration du syndicat de l'UPA de la Haute-Yamaska et de la relève agricole du Québec, nous dit qu'elle est fière de la démarche et de notre appui auprès de l'agriculture.
Denis Beaudry, agriculteur de Saint-Alphonse-de-Granby, nous dit: le projet de loi est très pertinent, car nous sommes tannés que la gestion de l'offre serve de monnaie d'échange lors de la négociation de traités. Pour une saveur plus locale, la circonscription de Shefford regorge d'entreprises sous gestion de l'offre. Donc, lorsque la gestion de l'offre est mal menée, le monde agricole en souffre. J'ai bien hâte de voir si les autres partis vont appuyer le projet de loi. Le gouvernement a dit qu'il ne céderait plus sur la gestion de l'offre. C'est encore à suivre.
Valéry Martin, conseillère aux communications à l'UPA de l'Estrie, nous dit: la gestion de l'offre représente la stabilité pour le maintien de l'autonomie alimentaire du pays. Les fermes sous gestion de l'offre sont présentes partout, assurant le dynamisme du territoire. Il n'y a pas beaucoup de secteurs qui peuvent assurer une telle prévisibilité, une sécurité alimentaire et une offre de produits de qualité supérieure, et ce, sans subvention directe.
Je veux dire une dernière chose. Il ne resterait plus grand monde en Abitibi, au Saguenay, au Lac-Saint-Jean ou en Gaspésie sans la gestion de l'offre, qui contribue à ce qu'il y ait des fermes familiales à la grandeur de notre beau territoire du Québec. S'il y a un secteur économique au cœur de l'occupation du territoire québécois, c'est bien le secteur agricole. Les chiffres sont là. Avec des ventes de 9,1 milliards de dollars effectuées par un peu plus de 42 000 agriculteurs établis sur 29 000 fermes, l'agriculture au Québec, c'est essentiel, important, vital.
L'agriculture vit cependant une période très difficile. On se trouve à un carrefour où on devra choisir entre le courant de libéralisation des marchés et la protection des marchés intérieurs de façon à promouvoir ce type d'agriculture à dimension plus humaine. Il faudra se doter de politiques agricoles solides, qui aideront les agriculteurs d'ici à vivre de leur métier tout en fournissant des produits agricoles de première qualité aux consommateurs.
Les consommateurs sont aussi de plus en plus exigeants envers les agriculteurs. On leur demande de produire des aliments de meilleure qualité, plus diversifiés et à meilleur prix. On leur demande aussi de prendre soin de l'environnement et d'aménager le territoire québécois pour l'ensemble de la société. Aussi incroyable que cela puisse paraître, malgré le peu de soutien qu'ils reçoivent, les agriculteurs relèvent ce défi avec brio, et ce, malgré la pandémie, la pénurie de main-d'œuvre, les conséquences désastreuses des accords de libre-échange, la guerre en Ukraine et la crise inflationniste.
Répondons à la demande de ce secteur qui nous nourrit, qui nous fait vivre. Demain, laissons la partisanerie de côté et votons en faveur du projet de loi . Agissons!
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Monsieur le Président, nous, au Bloc québécois, travaillons en équipe. La protection et la promotion de la gestion de l'offre, ainsi que le résultat du vote qui se tiendra demain, ne sont pas l'affaire du seul député de Montcalm.
Si j'ai à cœur la gestion de l'offre depuis mes débuts à la Chambre en 2015, je ne peux passer sous silence, en tant que porteur du projet de loi , que pour mon collègue et ami de , la protection de la gestion de l'offre est devenue une véritable obsession. Celle-ci ne sera apaisée que le jour où le projet de loi C-282 aura force de loi. Pour ce faire, nous aurons aussi besoin de la détermination et de la compétence de notre collègue de , puisque si le projet de loi C-282 franchit l'étape cruciale du vote de demain, c'est au Comité permanent du commerce international, auquel siège ce collègue, que le projet de loi sera étudié. Je ne peux pas non plus passer sous silence l'appui inconditionnel de tous les membres du caucus du Bloc, qui font bloc non seulement à mes côtés, mais aussi aux côtés des producteurs sous gestion de l'offre.
Au terme de ce débat en deuxième lecture, je constate que le député de et son parti appuieront mon projet de loi. La semaine dernière, la a fait un point de presse pour signifier l'appui des libéraux au projet de loi C-282, à toutes les étapes. Le doute persiste encore chez les conservateurs. La nuit porte conseil, mais ne tenons rien pour acquis, même si le projet de loi C-282 est identique au projet de loi et que ce dernier, rappelons-le encore une fois, avait obtenu la majorité des voix avant la dernière élection inutile.
J'ai entrepris une tournée des grandes régions agricoles du Québec en compagnie de mes collègues les députés de Berthier—Maskinongé et de Saint-Hyacinthe—Bagot. Nous y avons rencontré un monde agricole plus que jamais mobilisé et déterminé à défendre et à promouvoir la gestion de l'offre. Nous y avons croisé aussi des citoyens qui tiennent aux avantages de ce modèle agricole. En effet, la gestion de l'offre a fait ses preuves, notamment durant la pandémie sur le plan de l'autonomie et de la sécurité alimentaire, et les consommateurs constatent qu'ils ont accès à un approvisionnement suffisant, de grande qualité et à des prix compétitifs. Ils veulent donc rapprocher les producteurs de leur assiette. Ils veulent des fermes à dimension humaine, et non pas des méga-fermes qui carburent à la surproduction et au gaspillage de la denrée.
D'ailleurs, aux États-Unis, les producteurs veulent revenir à la gestion de l'offre, parce que leur modèle basé sur la surproduction ne favorise que les méga-producteurs et fait disparaître les fermes à dimension humaine. On peut alors souvent dire « adieu » à la qualité. Les consommateurs constatent les effets bienfaisants de la gestion de l'offre sur une agriculture durable, sur l'occupation du territoire et sur l'économie des régions.
Nos producteurs méritent de ne plus se sentir menacés à chaque négociation d'accord de libre-échange. Ils veulent de la prévisibilité, pouvoir se projeter dans l'avenir, être en mesure d'assurer leur relève et préserver leurs standards de qualité. L'heure est venue d'agir. Tous les pays protègent des secteurs de leur économie qu'ils considèrent comme étant essentiels avant d'aller s'asseoir à une table de libre-échange. Aux États-Unis, c'est vrai pour le coton et le sucre.
Après plusieurs motions adoptées à l'unanimité par la Chambre des communes, des gouvernements conservateurs et libéraux successifs n'ont pas respecté leurs promesses et, à trois reprises, ils ont créé des brèches irréparables à long terme. Seule une loi empêchera que cela ne se reproduise. Il n'est jamais trop tard pour bien faire, comme le disait ma mère. Si nous respectons réellement ceux et celles qui œuvrent à nous nourrir, il faut passer de la parole aux gestes et voter pour le projet de loi C-282.
J'invite donc tous les parlementaires conservateurs qu'il reste à convaincre à voter pour le projet de loi , afin de ne plus jamais voir un gouvernement s'autoriser à sacrifier, sur l'autel du libre-échange, la gestion de l'offre, notre modèle agricole, et les hommes et les femmes qui nous nourrissent.