Son Excellence Ursula von der Leyen est accueillie par le très honorable Justin Trudeau, premier ministre du Canada, l’honorable
George J. Furey, Président du Sénat, et l’honorable Anthony Rota,
Président de la Chambre des communes.
:
Monsieur le Président, parlementaires, chers amis et chers collègues, je vous remercie d'être présents ce soir pour ce moment tout particulier.
[Traduction]
C'est pour moi un honneur d'inviter la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à s'adresser au Parlement.
Il y a près d'un an, je me suis adressé au Parlement européen, à Bruxelles, et c'est pour nous un immense privilège de vous accueillir ce soir au siège du gouvernement du Canada, à Ottawa. Cela témoigne des liens forts et étroits qui unissent le Canada et l'Europe.
[Français]
En mars de l'année dernière, j'ai pris la parole devant le Parlement européen. C'était quelques semaines après le début de l'invasion de la Russie en Ukraine qui a ébranlé la stabilité internationale.
Vladimir Poutine a apporté à l'Europe une guerre d'une ampleur inégalée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il pensait que le monde était divisé. Il pensait que son invasion affaiblirait l'Union européenne, l'OTAN et les liens entre les amis et alliés démocratiques du monde. Un an plus tard, on voit clairement à quel point il se trompait.
[Traduction]
Madame la présidente, vous êtes ici en tant que dirigeante influente dont le rôle a été déterminant dans la mobilisation du soutien en faveur de l'Ukraine et de son peuple, non seulement en Europe, mais également dans le monde entier. Vous défendez la démocratie, la liberté et la paix. Vous êtes déterminée à aider les plus vulnérables. Vous incarnez les valeurs que nous chérissons au Canada, et notre gouvernement et tous les Canadiens sont fiers de vous considérer comme une amie.
Comme l'a rappelé le Président, la Journée internationale de la femme a lieu demain. Nous devons souligner que la présidente von der Leyen est seulement la sixième femme dans l’histoire à s'adresser ainsi au Parlement canadien et la première femme élue à la présidence de la Commission européenne. Elle fait partie des nombreuses femmes qui, partout dans le monde, sont devenues le visage de la résistance à l'autocratie. Des femmes comme Svetlana Tikhanovskaïa, leader de l'opposition biélorusse qui vit en exil et vient d’être condamnée hier à 15 ans de prison, ou comme les femmes d'Iran — des écolières aux grands-mères — qui sont descendues dans la rue pour exiger de mener leur vie à l'abri des persécutions et qui ont lancé un mouvement dont le cri de ralliement « Zan, zendegi, azadi », soit « Les femmes, la vie, la liberté », a retenti dans le monde entier.
Alors que les femmes partout dans le monde voient leur droit de choisir menacé, il est plus important que jamais que leurs voix se fassent entendre haut et fort à tous les niveaux de la société, parce que lorsque les femmes s'expriment avec force et occupent des postes de responsabilité, nos démocraties s'en trouvent renforcées. Le monde est confronté à des difficultés, et nous avons besoin d'un leadership solide, responsable et fondé sur des principes qui est exercé par des personnes venant de tous les horizons. Merci donc, Ursula, non seulement d'incarner admirablement ce leadership, mais aussi de proposer des politiques, des décisions et des solutions qui permettent à des voix importantes de se faire entendre en Europe et dans le monde entier.
[Français]
Ensemble, nous allons bâtir un avenir meilleur et assurer la croissance d'une économie résiliente et centrée sur le bien-être de tous les Canadiens et de tous les Européens. Nous allons bâtir un avenir alimenté par une énergie propre et une croissance propre, un avenir où les minéraux critiques du Canada sont à la base des technologies propres partout dans le monde, un avenir où on lutte contre les changements climatiques et où on crée de bons emplois pour la classe moyenne des deux côtés de l'Atlantique.
En 2017, c'est ici, à la Chambre des communes, que l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne a été ratifié. En cinq ans, le commerce entre le Canada et l'Union européenne avait déjà augmenté de deux tiers.
[Traduction]
Le partenariat entre le Canada et l'Union européenne est plus solide que jamais. Il repose sur notre foi commune dans l'égalité des sexes, les droits de la personne, le droit international, l’importance d’avoir une classe moyenne forte et en expansion et une croissance qui ouvre des perspectives à tous. Fondamentalement, notre partenariat s’appuie sur la confiance en des institutions démocratiques fortes et durables comme celle où nous nous trouvons aujourd'hui.
Sans plus attendre, j'ai le plaisir et l'honneur d'accueillir la présidente von der Leyen qui s’adressera au Parlement.
:
Monsieur le premier ministre, cher Justin, monsieur le Président du Sénat, monsieur le Président de la Chambre des communes, Excellences, mesdames et messieurs les sénatrices et sénateurs, mesdames et messieurs les députés, chers invités, mesdames et messieurs les citoyens du Canada, merci de m'accueillir au cœur du Canada, dans le berceau de la démocratie canadienne.
On dit que c'est dans les moments difficiles qu'on reconnaît ses vrais amis. C'est bien ce que sont l'Union européenne et le Canada: de vrais amis. Les histoires de nos démocraties sont étroitement liées. De nombreux Canadiens ont des racines familiales en Europe. Vos parents et grands-parents sont nombreux à avoir combattu en Europe durant les deux guerres mondiales. Ils ont été envoyés loin, de l'autre côté de l'océan. Des dizaines de milliers d'entre eux ont perdu la vie dans les tranchées en Belgique, sous la chaleur en Sicile et sur les plages de Normandie le jour du débarquement.
Je suis une Européenne de nationalité allemande. C'est le nazisme et le fascisme allemands qui ont semé la mort et la destruction en Europe et dans le monde, mais les forces alliées nous ont ramené la liberté à nous tous. Les démocraties unies nous ont libérés de la dictature. C'est donc aussi à vous, citoyens du Canada, que nous devons notre démocratie, et nous vous serons à jamais reconnaissants des sacrifices qu'ont faits vos parents et grands-parents, et du cadeau inestimable de la liberté.
Aujourd'hui, près de 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les valeurs de liberté et de démocratie restent un pont solide entre les deux rives de l'Atlantique. Vous, les citoyens du Canada, avez bâti ce pays comme une communauté ouverte à tous, au-delà de l'origine ethnique, de la langue ou de la religion — une véritable communauté de valeurs. Et c'est le même esprit qui nous unit, nous Européens: 27 pays fiers, 24 langues officielles, près d'un demi-million de citoyens, réunis au sein d'une union, l'Union européenne. Aujourd'hui, nous sommes une communauté de valeurs et, ensemble, nous formons une communauté de destin.
C'est ce qui fait qu'il est si pénible de voir aujourd'hui que les valeurs mêmes qui nous unissent sont menacées comme jamais auparavant. Il y a un an, la Russie a envoyé des chars, des drones et des missiles au-delà de ses frontières contre un pays souverain et pacifique. Depuis lors, d'innombrables vies ont été brisées et d'innombrables familles, séparées. Des centaines de milliers de jeunes Ukrainiens ont dû dire au revoir à leurs proches et sont partis au front afin de combattre pour la liberté. Des millions d'autres ont dû laisser derrière eux non seulement leurs foyers, mais également leurs rêves.
Tout cela parce que Vladimir Poutine refuse de reconnaître leur liberté et leur indépendance. C'est quelque chose que nous ne pouvons tout simplement pas accepter. Nous n'accepterons jamais qu'une puissance militaire qui nourrit des visées hégémoniques franchisse une frontière internationale avec ses chars.
Nous n'accepterons jamais que Vladimir Poutine nie l'existence même de l'Ukraine en tant qu'État et en tant que nation. Nous n'accepterons jamais cette menace pour la sécurité européenne et le fondement même de notre communauté internationale. Je sais que la détermination du Canada est aussi ferme que la nôtre.
Le Canada et l'Union européenne défendront la Charte des Nations unies. Nous nous tiendrons aux côtés de l'Ukraine pour qu'elle soit maîtresse de son avenir. Rien qui concerne l'Ukraine ne se fera sans l'Ukraine. Nous continuerons de soutenir l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra.
Le Canada a une relation très particulière avec l'Ukraine. Nombreux sont les Canadiens qui sont aussi fiers d'être Canadiens que de leur héritage ukrainien. Vous avez compris la gravité des événements en Ukraine avant bien d'autres, y compris avant bien des Européens.
En 2014, Vladimir Poutine a envahi l'Ukraine pour la première fois. À l'époque déjà, le Canada a décidé de mettre en place une mission de formation pour l'armée ukrainienne. L'opération Unifier a formé plus de 35 000 soldats ukrainiens, ce qui s'est avéré vital dans les heures qui ont suivi l'invasion russe à grande échelle de l'année dernière.
Vladimir Poutine pensait pouvoir atteindre Kiev en trois jours. Ce fut une erreur stratégique monumentale. La résistance de l'Ukraine a stupéfié le monde. Elle était principalement attribuable au courage du peuple ukrainien, mais aussi, de manière cruciale, au professionnalisme des soldats ukrainiens, dont bon nombre avaient été formés par le Canada. Je ne le dirai jamais assez: le Canada a sauvé l'Ukraine dans les premiers temps. Je tiens à remercier tous ceux qui ont participé à l'opération Unifier pour leur magnifique contribution.
La réponse du Canada à la guerre en Ukraine a largement dépassé l'appel du devoir. Je vous suis si reconnaissante, cher Justin, pour l'étroite et constante coopération qui a régné entre nous durant l'année écoulée. Tout ce que nous avons fait pour l'Ukraine, nous l'avons fait ensemble, car nous sommes convaincus que l'Ukraine et les valeurs vers lesquelles elle tend doivent l'emporter dans cette guerre.
Premièrement, nous pensons que l'Ukraine mérite notre soutien économique et militaire indéfectible. Le dispositif de soutien mis en place par l'Europe, d'une valeur équivalant à presque 100 milliards de dollars canadiens, est sans précédent de mémoire d'homme. Le Canada y contribue aussi bien au-delà de sa juste part. Maintenant, les formateurs militaires européens travaillent de concert avec les formateurs canadiens.
Deuxièmement, nous pensons que la Russie doit payer pour son crime d'agression. Nos sanctions sont étroitement alignées les unes sur les autres depuis le premier jour de l'invasion. Maintenant, grâce à notre plafonnement commun du prix du pétrole, les recettes que la Russie tire du pétrole brut et des produits pétroliers ont chuté de 48 % en février par rapport à l'année dernière.
Troisièmement, nous pensons aussi que les Ukrainiens doivent être maîtres de leur propre avenir. Ils ont le droit de choisir avec qui ils s'associent, et l'Ukraine a fait son choix. Elle veut être membre de l'Union européenne, mais Vladimir Poutine veut forcer l'Ukraine à faire partie de la Russie.
C'est exactement le contraire qu'il a obtenu. Aujourd'hui, l'Ukraine est candidate à l'adhésion à l'Union européenne, et l'Europe orchestre l'aide apportée aux Ukrainiens pour reconstruire leur pays. Le Canada, en concentrant son action non seulement sur les infrastructures, mais aussi sur la guérison des blessures physiques et psychologiques des victimes ukrainiennes, est à cet égard un partenaire clé. Nous ne pouvons pas soulager leurs douleurs et leurs souffrances, mais nous pouvons faciliter leur guérison, et je vous en remercie.
C'est en cela que nous, Européens et Canadiens, sommes des partenaires en phase les uns avec les autres. Nous avons le même objectif, les mêmes convictions, et cela vaut non seulement pour nos gouvernements, mais aussi pour nos concitoyens.
Pensez à l'accueil que les Canadiens et les Européens ont réservé aux réfugiés ukrainiens. Lorsque les réfugiés ukrainiens ont frappé à notre porte, les Européens et les Canadiens n'ont pas hésité un instant. Aujourd'hui, quatre millions d'Ukrainiens vivent et travaillent dans l'Union européenne. Les citoyens de l'Europe leur ont ouvert leur cœur et leur porte, et il en va de même des citoyens du Canada. Vous accueillez désormais plus de 165 000 Ukrainiens, un nombre incroyable pour un pays de l'autre côté de l'océan.
Mais derrière les chiffres, il y a les histoires, vos histoires. Des histoires de séparation déchirante, de personnes bravant tous les dangers pour fuir vers un endroit sûr. Avec, à l'arrivée, un chaleureux accueil ici, au Canada. Je sais que certains d'entre vous sont ici parmi nous aujourd'hui, à la tribune. Je vous invite à vous joindre à moi pour leur rendre hommage, à eux et à tous les Canadiens qui font de ce pays un pays de solidarité et d'espoir.
[Français]
Mesdames et messieurs, la guerre a aussi rapproché le Canada et l'Europe pour une autre raison. Avant l'invasion, l'Europe était très dépendante du gaz russe. Poutine a essayé de nous faire chanter avec cela.
La Russie a coupé le gaz à l'Europe de 80 % en 8 mois et les prix de l'énergie en Europe sont montés en flèche. L'été dernier, nos factures d'énergie ont grimpé de 300 %.
Cependant, le chantage de Poutine a échoué. Nous avons remplacé le gaz russe manquant avec plus d'importations venant de fournisseurs fiables. Le Canada a joué un rôle important en augmentant sa production de gaz naturel liquéfié.
Entretemps, nous avons amélioré nos efficacités énergétiques en réduisant notre consommation de 20 %, mais, surtout, nous avons investi massivement dans les énergies renouvelables, qui sont propres, qui sont produites sur place et qui nous offrent l'indépendance.
Cependant, notre travail ne s'arrête pas là. Comme l'avenir de l'énergie, ce sont les énergies renouvelables, notre partenariat avec le Canada est crucial pour accélérer la transition vers l'énergie propre. Le Canada et l'Europe sont des leaders mondiaux pour l'action climatique. Nous avons fait de nos objectifs climatiques des lois. Nous avons fixé un prix sur le carbone et nous avons prouvé qu'on peut développer l'économie et réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Toutefois, de nouveaux défis nous attendent. La course mondiale aux technologies propres a commencé. Il y a une concurrence croissante pour attirer les investissements et pour contrôler les maillons les plus importants des chaînes d'approvisionnement clés. Dans cet environnement plus compétitif, le Canada et l'Europe doivent jouer dans la même équipe. Les chaînes vitales ne doivent pas être contrôlées par les puissances autocratiques.
Nous, les Européens, avons appris cette leçon à nos dépens. Les démocraties doivent travailler ensemble pour écarter les risques. C'est une question de sécurité nationale, mais aussi de cohérence avec nos valeurs. Prenons les matières premières. Le Canada est un partenaire naturel pour nous en raison des minéraux que vous exploitez, mais aussi en raison de la manière dont vous les exploitez. Nous, les Européens, tenons au respect de l'environnement. Nous tenons aux droits des travailleurs. Nous voulons que les communautés locales et autochtones bénéficient de nos investissements, et c'est exactement ce qui se passe au Canada.
En matière de valeurs, le Canada et l'Europe parlent le même langage. Unissons donc nos forces pour le climat, pour nos économies et pour nous libérer de nos dangereuses dépendances.
[Traduction]
Mesdames et messieurs, après deux guerres mondiales, le monde a déclaré que tous les êtres humains avaient des droits égaux et inaliénables. Mais aujourd'hui, certaines forces s'emploient explicitement à détruire ce principe de base.
J'étais à Boutcha, juste après sa libération par l'armée ukrainienne. J'ai vu les sacs mortuaires alignés le long des rues. J'ai entendu les récits des viols et des exécutions de sang-froid perpétrés par les troupes russes. Et la Russie continue de commettre des atrocités, de bombarder des civils, de frapper les plus vulnérables. L'ONU affirme que la Russie utilise le viol et l'agression sexuelle comme faisant partie de sa « stratégie militaire » en Ukraine. Il ne s'agit pas seulement d'une guerre contre l'Ukraine. C'est aussi une guerre contre les droits de la personne. C'est une guerre contre les droits des femmes.
Les femmes ukrainiennes ripostent. Elles n'ont cessé de se battre depuis 2014. Lors de la première invasion russe, les femmes n'étaient pas autorisées à accomplir des missions de combat. Mais cela leur était égal. Elles ont commencé à rejoindre l'armée.
Je cite la lieutenante-colonelle Melanie Lake des Forces armées canadiennes, qui a dirigé l'opération Unifier et qui est présente avec nous aujourd'hui. Elle a déclaré ceci: « Les Ukrainiennes n'ont pas attendu, pour servir dans l'armée à tous les postes, qu'on leur ouvre les portes. Ces portes, elles les ont abattues. » Ces femmes ont également fait voler en éclats un plafond de verre, juste au-dessus de la tête des envahisseurs russes.
Depuis le début de la guerre, le nombre de femmes dans l'armée a plus que doublé. Cependant, il ne s'agit pas seulement des femmes au sein de l'armée. Des millions d'Ukrainiennes défendent l'avenir et la liberté de leurs enfants. Une Ukrainienne, tout particulièrement, est devenue un symbole mondial: la première dame d'Ukraine, Olena Zelenska. Elle est restée à Kiev pendant les heures les plus sombres. Tout comme son mari, elle est une figure emblématique du courage de son peuple. Je l'ai vue en action sur la scène internationale pour défendre son peuple, en particulier les plus vulnérables. C'est une force inébranlable au service du bien.
Ces femmes sont une source d'inspiration pour nous tous. Je tiens à leur rendre hommage en cette veille de la Journée internationale des femmes.
En temps de guerre comme en temps de paix, nous avons besoin de tous nos talents pour relever les grands défis de notre époque. Le Canada en est bien conscient. Il y a huit ans, alors qu'on lui demandait pourquoi il avait formé un gouvernement respectant la parité entre les femmes et les hommes, le Trudeau a répondu « parce que nous sommes en 2015 ». C'est aussi simple que cela.
Je suis fière d'être à la tête du premier collège de l'histoire de la Commission européenne composé à parts égales d'hommes et de femmes. Avant la fin de mon mandat, 50 % des cadres au sein de la Commission européenne seront des femmes. Comme le Canada, l'Europe sait que les hommes et les femmes apportent des perspectives différentes. La diversité aboutit à de meilleures décisions, à de meilleures sociétés.
L'égalité entre les hommes et les femmes ne se fait pas toute seule. Même pas « parce que nous sommes en 2023 ». Elle nécessite jour après jour de l'attention et de l'attachement à la cause pour faire en sorte que: les femmes et les filles puissent être libérées de la violence; les femmes gagnent autant que leurs collègues masculins, parce qu'elles le méritent; les femmes, aussi bien que les hommes, puissent mener de front vie familiale et carrière; les femmes puissent atteindre les plus hauts niveaux, parce qu'elles sont qualifiées. Nous avons le devoir donner l'exemple, sur les plans social et économique, de ce à quoi ressemble un monde où l'égalité des chances existe. Et ce devoir est important chaque jour, pas seulement lors de la Journée internationale des femmes.
Mes chers amis réunis au sein de cette auguste assemblée, aucune démocratie n'est parfaite, mais toutes les démocraties sont perfectibles. C'est notre mission. C'est ce qui nous réunit. C'est cette mission qui a animé des générations successives de grands Canadiens et de grands Européens.
Ils ont eu l'audace de regarder au-delà des imperfections de ce qui est pour voir la beauté de ce qui pourrait être. Je parle des générations qui ont réuni l'Europe après deux guerres mondiales et la chute de l'Union soviétique ainsi que des générations qui ont fait du Canada le pays inclusif et accueillant qu'il est aujourd'hui. Le Canada est un pays fier de son patrimoine et tourné vers l'avenir, qui abrite des peuples autochtones ainsi que des nouveaux arrivants. C'est un endroit de traditions et d'innovation, où il importe peu de savoir qui on est, comment on prie et qui on aime, et où on peut vivre pleinement sa vie et tirer le maximum de sa collectivité.
C'est également ma vision de l'Europe. C'est ce pour quoi je travaille chaque jour. Ainsi, que le Canada et l'Europe suivent cette voie ensemble.
Merci beaucoup.
[Applaudissements]
:
Madame la présidente von der Leyen, monsieur le premier ministre Trudeau, monsieur le Président Rota, chers collègues parlementaires, chers membres du corps diplomatique, distingués invités, mesdames et messieurs.
[Français]
Au nom de tous les parlementaires et de tous les invités à la Chambre, j'ai l'honneur, Votre Excellence, de vous remercier de votre présence et de votre discours au Parlement du Canada. Vos paroles ont exprimé clairement que vous êtes une grande amie du Canada.
[Traduction]
Votre présence aujourd'hui, madame la présidente, est tout à fait à propos, car le président Zelensky s'est aussi adressé à cette Chambre, il y a un peu moins d'un an. Le discours que vous tenez aujourd'hui nous rappelle à quel point il est important de défendre les innombrables valeurs que nous avons en commun.
Étant donné que la guerre, tragiquement, déchire de nouveau l'Europe depuis l'invasion barbare et illégale de l'Ukraine par la Russie, il est plus que jamais nécessaire de protéger des valeurs comme la liberté, la démocratie et la primauté du droit. Nous ne devons jamais tenir ces valeurs pour acquises. C'est pour ces valeurs que les Ukrainiens doivent continuer de se battre tous les jours.
Dans les dernières années, le monde a assisté à une montée du protectionnisme et du populisme qui menace l'ordre mondial fondé sur la primauté du droit et qui mine les fondements mêmes de la démocratie.
Madame la présidente, je sais que je parle au nom de tous les Canadiens en disant que nous vous sommes reconnaissants d'exercer un leadership fort et d'appuyer ouvertement l'Ukraine pendant qu'elle se défend contre l'agression de la Russie. Vous avez montré que votre réponse à cette crise s'appuie sur les principes de la démocratie et du respect des droits de la personne. Madame la présidente, nous saluons tous vos efforts à cet égard.
D'ailleurs, ce sont ces mêmes principes qui font du Canada et de l'Europe une partie intégrante de la grande famille mondiale des pays démocratiques. Le Canada et l'Union européenne ont une vision commune pour leur permettre de relever leurs défis collectifs à long terme, et ils font front commun pour défendre la paix, l'intégrité territoriale et la primauté du droit. Même si la période actuelle est difficile, c'est dans ces moments que les gens cherchent de l'espoir et du courage auprès de grands leaders comme vous, madame la présidente.
Lors du discours sur l'état de l'Union que vous avez prononcé devant le Parlement européen en automne dernier, vous avez repris les paroles inspirantes de Sa Majesté la reine Elizabeth II qui, au plus fort de la pandémie, avait dit: « Nous réussirons, et ce succès appartiendra à chacun d'entre nous. » Revenant sur ces paroles, vous avez ajouté de manière très réfléchie et perspicace que « notre avenir se construit avec des idées nouvelles, tout en étant fondé sur nos valeurs les plus anciennes ». Madame la présidente, vos paroles résonnent plus que jamais aujourd'hui.
Par ailleurs, à la veille de la Journée internationale des femmes, je souhaite prendre un instant pour reconnaître le rôle vital que jouent les femmes dans le façonnement de nos sociétés et de l'économie. Le Canada et l'Europe doivent continuer d'agir en chefs de file dans la promotion de l'égalité des genres en garantissant l'accès à l'éducation, aux soins de santé et aux débouchés économiques.
En terminant, j'aimerais encore une fois souligner l'importance du partenariat entre le Canada et l'Europe, ainsi que réaffirmer notre engagement commun à favoriser la paix et la prospérité partout dans le monde.
Merci, madame la présidente, de nous avoir communiqué votre vision de ce que l'avenir nous réserve. Soyez assurée de la solidarité de la population canadienne alors que vous poursuivez votre voyage de la plus grande importance.
[Français]
Merci beaucoup.