La Chambre reprend l'étude, interrompue le 14 décembre, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Madame la Présidente, je suis ravie de participer aujourd'hui à la suite du débat sur le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
On a déjà consacré beaucoup de temps à la description des objectifs du projet de loi, des réformes proposées et des retombées attendues. J’appuie ces changements et je crois vraiment qu’ils apporteront une contribution positive importante à notre système de justice pénale. Ils contribueront également aux efforts visant à remédier aux effets disproportionnés que les lois pénales actuelles ont eus sur certaines communautés au Canada.
Nous savons que, au Canada et dans d’autres pays, certaines communautés ont davantage de démêlés que d’autres avec le système de justice. Au Canada, l'incarcération disproportionnée des Autochtones et des Canadiens noirs est très bien documentée. Bon nombre de ces raisons sont systémiques, et cela comprend nos lois sur la détermination de la peine. Il est clair que la question de l'incarcération disproportionnée doit être réglée par une révision des lois actuelles sur la détermination de la peine. C’est exactement ce que le projet de loi propose de faire.
Le Canada n'est pas le seul pays à reconnaître que l'utilisation systématique accrue des peines minimales obligatoires s'est révélée une approche coûteuse et inefficace pour réduire la criminalité. De nombreux pays de par le monde tendent en effet à laisser tomber cette approche en matière de justice pénale. Bien que les peines minimales obligatoires puissent être une expression énergique de la politique du gouvernement dans le domaine du droit pénal, nous savons qu'elles ne dissuadent pas les criminels et qu'elles peuvent donner lieu à des résultats injustes et inéquitables, ce qui est contraire à l'objectif de notre système de justice. La Cour suprême du Canada a été très claire sur ces questions.
Les politiques en matière de justice pénale ne sont pas élaborées dans le vide. Une politique fondée sur des données probantes s'appuie sur des recherches pertinentes, y compris des études comparatives avec ce qui se fait dans d'autres pays. En examinant les réussites et les échecs d'une politique particulière, nous pouvons élaborer des réformes qui tirent parti de ce que nous savons être efficace et qui corrigent ce que nous savons être inefficace.
Par exemple, bien que les États‑Unis, tant au niveau fédéral qu'au niveau des États, fassent depuis longtemps grand usage des peines minimales obligatoires, au cours de la dernière décennie, de nombreux États ont mis le cap sur la réduction ou l'élimination du recours à ces peines, notamment pour les accusations concernant les délits non violents et les affaires de drogues. Cette tendance est motivée, entre autres, par la nécessité de s'attaquer aux taux élevés d'incarcération et aux coûts sociaux et financiers qui en découlent. C'est ce que sont en train de faire les gouvernements aux États‑Unis, et ce, quelle que soit leur allégeance politique. J'encourage donc tous les partis à la Chambre à reconnaître les véritables répercussions des peines minimales obligatoires et à travailler pour continuer d'améliorer notre système de justice.
Aux États-Unis, certains ont affirmé que l'abrogation des peines minimales obligatoires était une façon intelligente de lutter contre la criminalité. Cette approche tient compte du problème du taux d'incarcération élevé chez les jeunes Américains noirs et hispanophones qui sont disproportionnellement touchés par l'application des peines minimales obligatoires aux États-Unis, surtout, comme je l'ai souligné, dans le cas d'infractions non violentes liées à la drogue.
Certains ont aussi précisé que les peines minimales obligatoires entraînent en fait des cycles de criminalité et de violence puisqu'elles exposent des délinquants non violents aux portes tournantes du système carcéral, alors que dans d'autres circonstances, ces mêmes délinquants pourraient être des membres productifs de la société.
Dernièrement, le président des États-Unis a annoncé son intention d'abroger les peines minimales obligatoires au fédéral et d'offrir des incitatifs aux États pour qu'ils fassent de même.
D'autres pays ont apporté des changements semblables. Par exemple, en 2014, la France a abrogé certaines peines minimales obligatoires, principalement en se fondant sur des données indiquant que le taux de récidive avait plus que doublé entre 2001 et 2011, passant de 4,9 à 12,1 %.
Quand on étudie les tendances dans les pays aux vues similaires, on constate un virage évident dans les politiques vers une application des peines minimales obligatoires strictement dans les cas les plus graves ainsi que le retour du pouvoir discrétionnaire du juge au moment de la détermination de la peine.
Bien qu'il ne faille pas concevoir les politiques en matière de détermination de la peine au Canada strictement dans l'optique de ce qui se fait à l'étranger, surtout à la lumière de nos traditions culturelles et de notre diversité uniques, de telles comparaisons fournissent un portrait utile à partir duquel évaluer la pertinence de notre propre régime de détermination de la peine.
À l'heure actuelle, le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances prévoient des peines minimales obligatoires pour 73 infractions, y compris les crimes commis avec des armes à feu, les délits sexuels, la conduite avec facultés affaiblies, l'enlèvement, la traite des personnes, le commerce du sexe, le meurtre, la haute trahison et le trafic, l'importation, l'exportation et la production de certaines drogues comme la cocaïne et l'héroïne. Au cours des 15 dernières années, 30 infractions ont été modifiées, que ce soit pour les assortir de peines minimales obligatoires ou pour resserrer les peines existantes, et la quasi-totalité de ces modifications venait du gouvernement Harper.
Le projet de loi renverserait la vapeur et rendrait du coup le système de justice pénale plus juste et plus équitable. Il abrogerait les peines minimales obligatoires pour 20 infractions, dont la totalité de celles liées à la drogue et une partie de celles liées aux armes à feu.
Ces réformes ne doivent pas donner l'impression qu'aux yeux du Parlement, les infractions liées à la drogue ou aux armes à feu ne sont pas graves ou ne doivent pas, lorsque les circonstances le justifient, être assorties de peines exemplaires. Ce type d'infractions peut être extrêmement grave, mais je fais entièrement confiance aux tribunaux pour imposer la peine qui convient en fonction des circonstances.
Il me reste très peu de temps, mais j'aurais encore plein de choses à dire. Nous assistons à un débat très intéressant, et j'attends la suite avec impatience.
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Madame la Présidente, puisqu'il s'agit de mon premier discours de la 44
e législature, j'espère que la Chambre aura l'indulgence de m'accorder une minute pour que je remercie les résidants de Cowichan—Malahat—Langford de m'avoir de nouveau accordé leur confiance en m'élisant à la Chambre pour la troisième fois. C'est un privilège d'être ici, et je suis reconnaissant tous les jours de la confiance qu'on m'a accordée. Je ne pourrais pas être ici sans l'aide de ma formidable équipe de campagne, d'une armée de bénévoles et de ma famille. Lorsque je suis ici, je sens vraiment le poids de mes responsabilités comme porte-parole des quelque 100 000 résidants de la magnifique île de Vancouver que je représente.
Je suis ravi d'intervenir aujourd'hui dans le débat sur le projet de loi , qui nous pousse à entamer une conversation en vue d'apporter d'importantes réformes au système de justice pénale. C'est une conversation qui se fait attendre au Canada depuis longtemps, et cela m'amène à m'interroger sur le rôle que nous devons jouer en tant que députés.
Je ne suis pas ici pour faire une belle vidéo de promotion dans le cadre d'une campagne de financement par courriel, ni pour critiquer avec vigueur le gouvernement afin de faire bonne figure. Lorsque nous étudions une question aussi grave que celle-ci, nous avons tous la responsabilité de traiter le dossier avec tout le sérieux et le sens du devoir qu'il mérite.
Au cours de la 42e législature, j'ai eu l'honneur d'être le porte-parole de mon parti en matière de justice. Lorsque nous traitons de sujets comme la Loi réglementant certaines drogues et autres substances ou le Code criminel du Canada, et lorsque nous savons que les décisions que nous prenons et les réformes que nous adoptons ici ont des conséquences concrètes pour les gens, l'importance du débat et des délibérations s'en trouve accentuée.
Lorsque j'examine le projet de loi , j'y vois l'intention du gouvernement. Cette intention, il l'avait aussi au cours de la législature précédente, qui a été interrompue par le déclenchement d'une élection inutile, mais il a honoré la partie de son mandat visant à présenter une réforme du système de justice pénale. Quant à savoir si ce projet de loi va suffisamment loin, c'est là la question qui nous occupe. Je dirais que non. Il s'agit en effet d'un premier pas important, mais ce projet de loi me fait prendre conscience du fait que nous aurions pu faire tellement plus.
Nous parlons de solutions faciles. Ce qui est proposé est vraiment très peu par rapport à ce qui aurait pu être accompli. Les libéraux devraient trouver le courage de saisir cette occasion et de faire preuve d'audace. Ils ne semblent pas se rendre compte que ce qu'un pourcentage important de Canadiens nous demande de faire, en tant que parlementaires, c'est de saisir l'occasion qui se présente pour apporter un changement historique qui aurait une incidence importante sur leur vie.
Je veux passer en revue les articles du projet de loi , et je commencerai par ceux portant sur la réforme des peines minimales obligatoires. J'ai assisté à une grande partie du débat sur le projet de loi C‑5 lundi, hier et aujourd'hui, et je ne partage pas le point de vue des conservateurs à son sujet. Ils parlent de « dorloter les voyous » et de « programme qui donne le haut du pavé aux criminels », ce qui ne sied pas à la gravité de la question dont nous sommes saisis.
Si nous voulons élaborer des politiques basées sur des faits, nous devons tenir compte des nombreuses données, provenant notamment de revues évaluées par des pairs et de pays partout dans le monde, qui montrent que les peines minimales obligatoires ne produisent pas les résultats escomptés. Elles ne préviennent pas la criminalité. Elles ne la réduisent pas non plus. En fait, elles ont tant augmenté la population carcérale que de nombreux États dans le monde ont commencé à les éliminer, y compris le Texas. Même le Texas a reconnu que ces peines ne fonctionnent pas.
Nous ne savons pas ce qui motive les gens à commettre des crimes. Les motifs des crimes sont tous aussi variés que leurs auteurs. Croyons‑nous vraiment qu'une personne sur le point de commettre un crime va hésiter un instant à passer à l'acte parce qu'elle craint d'être incarcérée pendant 14 ans? Non. Les peines n'ont pas d'effet dissuasif. Les auteurs de crime agissent souvent sous l'impulsion du moment.
Je pense que l’approche des peines minimales obligatoires, et ses fondements philosophiques même, illustre le peu de confiance accordée au discernement des juges. Dans mon parti, nous pensons que les juges sont les seuls à pouvoir comprendre les faits d’une affaire, les circonstances particulières de chacun et les facteurs entourant le crime qui a été commis.
Le Code criminel, ne l’oublions pas, contient déjà des dispositions qui permettent aux juges, dans l'article 718.2, de tenir compte des circonstances aggravantes. Les juges peuvent étudier la gravité du crime, qu’il s'agisse d'un acte haineux à caractère raciste ou d'un acte perpétré contre une personne handicapée. Ils peuvent prendre en compte tous ces facteurs et alourdir ou alléger la peine au besoin.
Nous ne pouvons pas demander à la justice pénale d’avoir une approche unique, car chaque cas est différent, et chaque personne qui comparaît devant un juge est différente. Je suis persuadé que, si un criminel endurci qui n’a pas appris de ses erreurs comparaît à nouveau devant un juge pour un crime similaire, le juge sera tout à fait capable de consulter le casier de cet individu et de décider de la peine appropriée.
J’en resterai là, car je tiens vraiment à me concentrer sur la partie qui modifierait la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
Le projet de loi propose d'ajouter une déclaration de principes ainsi qu'une disposition relative aux avertissements et renvois. Selon moi, il s'agit de premiers pas importants dans la bonne direction, mais qui sont loin d'être aussi importants que des mesures axées sur la décriminalisation totale.
L'épicentre de la crise des opioïdes se trouve dans ma province, la Colombie-Britannique. Dans ma circonscription, Cowichan-Malahat-Langford, il y a des collectivités, particulièrement la ville de Duncan, où on constate chaque jour les effets de cette crise. Au cours des six dernières années, cette épidémie a provoqué une véritable hécatombe. Des familles ont été détruites et des proches ont disparu à tout jamais à cause d'une situation que nous aurions pu éviter si nous avions pris de bonnes décisions politiques. Nous avons échoué jusqu'à maintenant. C'est ce dont je parlais au début de mon intervention lorsque j'ai fait référence aux occasions manquées et à cette propension à ne pas saisir le moment pour mettre en œuvre des mesures audacieuses.
Les avertissements, les renvois et une déclaration de principes ne remplacent pas du tout la décriminalisation, qui est l'objectif ultime. Je suis très heureux de faire partie d'un caucus qui regroupe des députés comme celui de , qui a présenté aujourd'hui un projet de loi visant à atteindre cet objectif. Si les libéraux ne veulent pas s'engager dans cette voie, nous allons montrer aux Canadiens ce que nous aurions pu faire s'ils avaient élu un gouvernement néo-démocrate.
À la lecture du rapport sur le racisme systémique au sein des services policiers au Canada publié l'an dernier par le comité de la sécurité publique, on comprend que le projet de loi conférerait un pouvoir discrétionnaire beaucoup trop important aux policiers. Voilà où se situe le problème. Bon nombre de Canadiens racialisés, noirs ou autochtones se méfient fondamentalement de la police et ils continuent d'avoir des interactions problématiques avec les autorités policières. Or, le projet de loi habiliterait les policiers à déterminer s'il convient de donner un avertissement à la personne, de la diriger vers une autre ressource ou de porter des accusations criminelles contre elle. À mon avis, ce n'est pas correct. La Ville de Vancouver, la Ville de Toronto, la Colombie‑Britannique et l'Association canadienne des chefs de police appuient toutes la décriminalisation et réclament ce changement audacieux.
En conclusion, j'aimerais voir le gouvernement oser renvoyer le projet de loi au comité avant le vote à l'étape de la deuxième lecture, ce qui permettrait au comité d'étudier le projet de loi, voire d'en étendre la portée. Si nous procédons au vote à l'étape de la deuxième lecture avant de renvoyer le projet de loi au comité, le comité aura un mandat beaucoup plus limité. Je demande aux ministériels de faire cela pour que nous puissions entendre des experts, étendre la portée du projet de loi et faire de véritables progrès vers la réforme ambitieuse de la justice pénale dont le pays a si désespérément besoin.
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Madame la Présidente, comme c'est la première fois que je prends la parole dans le cadre de la présente législature pour prononcer un discours, si mes collègues me le permettent, j'aimerais remercier les gens de Pickering—Uxbridge de m'avoir fait de nouveau confiance.
Je voudrais également remercier mon équipe de bénévoles, mon association de circonscription, ma famille et ma mère, qui est probablement derrière la porte. Ceux qui trouvent que je suis dure n'ont jamais rencontré ma mère.
Je veux également remercier les membres de ma famille parlementaire qui sont ici: le député de et la . Mon grand-père ne pouvait pas être présent à cause de la COVID. Il habite à Terre‑Neuve, mais son député, le député d', est derrière moi. Je les remercie d'être ici.
Je suis fière de prendre la parole au sujet du projet de loi . J'ai écouté les débats toute la semaine. Les arguments des conservateurs sont très décevants et, honnêtement, déconnectés de la réalité. Je voulais en parler parce que je crois qu'il est extrêmement important de donner l'heure juste sur la réalité vécue par les Canadiens et sur ce qu'il faut faire pour assurer leur sécurité. L'idée d'imposer des peines minimales obligatoires rassure les conservateurs, mais ces peines n'assurent pas la sécurité des Canadiens.
J'ai aimé écouter le discours du député avant moi. J'ai aimé l'entendre dire ce que nous pourrions améliorer davantage, mais pour ce faire, nous devons mettre un terme aux prétendues politiques de répression de la criminalité qui, nous le savons, ne fonctionnent pas. Elles ne protègent pas les Canadiens. Elles ne réduisent pas la criminalité et elles n'aident assurément pas ceux qui peuvent être réadaptés.
Je pense qu'il est très important de parler de quelques éléments que j'ai entendus au cours de la semaine dernière dans ce débat. Les conservateurs ont parlé notamment d'une augmentation de la criminalité. Ils ont tenté d'en attribuer la faute aux politiques libérales, mais ce sont en fait leurs prétendues politiques de répression de la criminalité qui étaient en vigueur pendant les années dont ils ont parlé et où les taux de criminalité étaient élevés. Ils ne comprennent pas que les criminels ne se demandent pas qui est au pouvoir à la Chambre avant de commettre un crime. Ils ne se rendent pas compte que les lois du pays étaient, à ce moment, le fruit des politiques des conservateurs qui étaient sans ancrage dans la réalité pour réduire la criminalité. Des pays comme les Pays-Bas, par exemple, se sont rendu compte qu'en mettant en place des mesures de réadaptation, il était possible de nettement diminuer les taux de criminalité. Ils ont vu des gens se réadapter et, dans certains cas, des prisons se vider parce qu'ils arrivaient à régler les problèmes sociaux qui sont la cause de la criminalité.
Ne soyons pas naïfs. Il y a bien sûr des criminels qui commettent des crimes odieux et qui doivent absolument en être tenus responsables. Toute personne qui commet un crime doit en être tenue responsable. Au cours du débat, j'ai entendu mes collègues et les députés du NPD dire qu'il revient aux juges de déterminer les circonstances atténuantes et la nature d'un crime. Nous ne pouvons pas mettre tout le monde dans le même panier dans le cadre de nos fonctions dans cette enceinte extrêmement privilégiée. Ce serait fondamentalement inacceptable. Nous ne sommes pas ici pour nous prononcer sur chaque détail de chaque crime commis au Canada. Nous avons un système judiciaire en place qui permet aux procureurs de présenter leurs arguments, aux avocats de la défense de présenter les leurs, et à un juge, et dans bien des cas à un jury, de déterminer les faits de l'affaire. Ce sont à eux que revient cette responsabilité et non à un groupe de parlementaires qui ne connaissent pas tous les détails. Nous devons établir un cadre que nous estimons juste et raisonnable pour le système de justice pénale.
Il a été prouvé à maintes reprises dans de multiples pays que les peines minimales obligatoires ne découragent aucunement la criminalité. Elles ne font que surpeupler le système de justice pénale de membres des communautés marginalisées, racisées et autochtones.
Sur ce point, par exemple, en 2020, même si les Autochtones ne représentaient que 5 % de l'ensemble de la population adulte du Canada, ils représentaient environ 30 % des détenus. C'est un fait. Je trouve cela consternant parce que les conservateurs se comportent comme si la justice était aveugle et comme si toutes les personnes qui sont en prison avaient commis un crime.
Je le répète, je recommande à ceux qui pensent de cette façon de réfléchir à leur propre privilège. On ne considère pas le fait que de nombreux Canadiens privilégiés ont peut-être commis un crime ou ont été accusés d'un crime et qu'ils ont pu se permettre la meilleure équipe d'avocats de la défense qu'on puisse embaucher. Grâce à leur privilège, ces personnes ne sont peut-être pas victimes d'un traumatisme historique ou de racisme systémique quand elles doivent composer avec le système judiciaire et elles ne feront peut-être jamais l'objet des peines les plus sévères.
Ce ne sont pas tous les Canadiens qui ont ce privilège. C'est pourquoi les personnes qui ont des problèmes de santé mentale, les membres des communautés racialisées et les Autochtones sont surreprésentés dans le système de justice. Quiconque laisse entendre qu'il n'existe pas d'obstacles ou de racisme systémiques dans le système de justice ne comprend probablement pas très bien la réalité que vivent beaucoup de gens au Canada. Je suis pleinement consciente de mon privilège en faisant ces affirmations.
Cependant, je crois, fondamentalement, comme l'a dit l'intervenant précédent, qu'en tant que parlementaire, notre travail consiste à adopter des mesures législatives pour aider les Canadiens, même si cela signifie que je dois utiliser mon privilège pour parler au nom de ceux qui ne siègent pas ici, au nom de ceux qui n'ont pas la chance de venir nous parler de leur expérience et de la façon dont le système de justice de notre pays n'est pas juste et équitable pour tous. Je parle pour ceux qui n'ont pas la possibilité de venir nous expliquer comment les peines minimales obligatoires créent encore plus d'obstacles et empêchent certaines personnes d'avoir la possibilité d'être réadaptées et de sortir du cycle de la criminalité et de la pauvreté.
J'aimerais également parler des exemples que les conservateurs ne cessent de donner de crimes odieux qui, je le sais, bouleversent les Canadiens. Ils laissent entendre que ce projet de loi signifierait en quelque sorte que ces crimes resteraient impunis. On ne saurait être plus loin de la vérité. En fait, ces crimes seraient encore passibles de peines et de conséquences sévères pour ceux qui les ont perpétrés. Toutefois, l'objectif de ce projet de loi est de réparer les torts du passé, comme je viens de le dire, et d'éliminer les obstacles systémiques et le racisme qui affligent le système de justice pénale, tout en permettant aux juges d'entendre les victimes, de prendre connaissance des faits d'une affaire, de savoir si les délinquants sont des récidivistes et de déterminer la peine la plus appropriée en toute connaissance de cause.
Je sais que mon temps de parole tire à sa fin. Je vais conclure en disant que le projet de loi permettrait de procéder à une véritable réhabilitation, en particulier pour les jeunes adultes ou ceux qui ont toujours vécu dans la pauvreté. On leur offrirait la possibilité de reprendre leur vie en main, au lieu de faire ce que prônent les conservateurs, c'est-à-dire leur tourner le dos.
Nous devons aux Canadiens de tout le pays de prendre des mesures afin d'abattre les barrières systémiques et d'abolir le racisme systémique dans le système de justice pénale tout en assurant la sécurité des Canadiens, et de le faire de manière à obtenir des résultats positifs.
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Madame la Présidente, je n'ai pas prononcé beaucoup de discours puisque je siège à la Chambre depuis deux ans seulement mais, comme le savent certains de mes collègues, je m'efforce d'éviter toute partisanerie, dans la mesure du possible. Cela m'apparaît toutefois de plus en plus difficile au fil du temps.
L'une des choses que j'aime faire, c'est d'examiner chacun des projets de loi présentés pour tenter d'y trouver des éléments que je peux appuyer ou qui me semblent positifs et repérer ce qu'il faudrait améliorer. Quand je regarde le projet de loi , je ne trouve malheureusement aucun élément qui mérite mon appui.
Je suis venu à la Chambre des communes — ou, pour être plus exact, je me suis présenté comme candidat et j'ai été élu — pour régler des problèmes et non pour en créer de nouveaux. Je trouve le gouvernement quelque peu hypocrite. Les libéraux ont dit qu'il fallait dissoudre le Parlement et déclencher des élections de toute urgence pour pouvoir régler certains dossiers concernant la COVID et la pandémie. Pourtant, l'un des premiers projets de loi qu'ils présentent aurait essentiellement pour effet d'aider les criminels à éviter la prison et à rester en liberté dans nos communautés. La mesure présentée ne concerne pas les délinquants qui en sont à leur premier crime. Elle ne porte pas sur des crimes simples mais sur des crimes graves, un point sur lequel je reviendrai plus tard.
Notre premier souci devrait aller à la sécurité publique et aux victimes et nous devrions chercher d'abord et avant tout à nous attaquer aux causes derrière les problèmes de violence armée et la recrudescence de la violence en général. Nous devrions lutter contre la pauvreté, la toxicomanie, les gangs et les criminels au lieu de faciliter la vie de ces derniers. Ce projet de loi fait disparaître les peines d'emprisonnement obligatoires pour les trafiquants de drogue et les auteurs d'actes violents et permet d'infliger des peines avec sursis aux criminels au lieu de les envoyer derrière les barreaux. Au final, ce sont les victimes qui en pâtiront.
Je sais que je ne serai pas le premier à le faire, mais je tiens à faire la liste des infractions qui ne seront plus associées à une peine minimale obligatoire si le projet de loi est adopté: vol qualifié commis avec une arme à feu; extorsion au moyen d'une arme à feu; trafic d'armes, à l'exclusion des armes à feu et des munitions; importation ou exportation non autorisée; décharge d'une arme à feu avec une intention particulière; utilisation d'une arme à feu pour commettre une infraction; possession non autorisée d'une arme à feu en toute connaissance de cause; possession d'une arme à feu prohibée ou à autorisation restreinte avec munitions; possession d'une arme obtenue lors de la perpétration d'une infraction; possession d'armes à feu dans le but d'en faire le trafic; et décharge d'une arme à feu avec insouciance.
Le problème, c'est que, lors de la législature précédente, le gouvernement a décidé d'imposer par décret une mesure visant les gens les plus respectueux des lois au pays, soit les propriétaires d'arme à feu légale, qui a rendu les choses plus difficiles pour les chasseurs, les agriculteurs et les tireurs sportifs. De plus, lors de la dernière législature, le gouvernement a présenté le projet de loi . Ce projet de loi, identique au précédent, aurait pour résultat qu'il serait plus facile pour les criminels de ne pas être déclarés coupables de ces chefs d'accusation.
L'intervenante précédente a dit que les mesures visées sont des mesures inefficaces qui ont été mises en place par des gouvernements conservateurs précédents. Or, c'est faux, parmi les 67 peines minimales obligatoires en vigueur, les 14 que ce projet de loi vise à abroger ont été mises en place par les premiers ministres Pierre Elliott Trudeau et Jean Chrétien. Ces mesures ont été proposées non pas par le premier ministre Stephen Harper, mais par des premiers ministres libéraux qui l'ont précédé.
J'ai une question pour la forme à poser à l'intervenante précédente. Si ce qu'elle dit est vrai, alors pourquoi le gouvernement ne s'est-il pas débarrassé de toutes les peines minimales obligatoires, y compris les 53 autres. Il a décidé de garder celles que le gouvernement conservateur précédent a renforcées, sous Stephen Harper, et d'éliminer celles qui sont en place depuis des décennies.
Je tenais à le préciser. Les libéraux éliminent les peines d'emprisonnement obligatoires pour les criminels qui commettent un vol qualifié avec une arme à feu, le trafic d'armes et les fusillades au volant, et ce, essentiellement parce qu'ils estiment que les lois sont injustes. Ils s'intéressent davantage à défendre les criminels plutôt qu'à défendre les victimes et à assurer la sécurité de nos collectivités.
L'autre objectif du projet de loi est d'éliminer les peines d'emprisonnement obligatoires pour les trafiquants de drogues. Les libéraux éliminent six peines minimales obligatoires qui ciblent les trafiquants de drogues: le trafic ou la possession à des fins de trafic, l'importation et l'exportation ou la possession à des fins d'exportation, et la production d'une substance désignée aux annexes I ou II, c'est-à-dire l'héroïne, la cocaïne, le fentanyl et la méthamphétamine en cristaux.
Nous en avons déjà parlé, et je reconnais que cela arrive dans ma communauté. On entend parler de la crise des opioïdes dans des collectivités de partout au pays, ainsi que du besoin d'aider les Canadiens aux prises avec la toxicomanie. Certains membres de ma famille ont connu des problèmes de toxicomanie, alors je comprends parfaitement la situation. Cependant, ils ne fabriquent pas de drogues, ils n'exploitent pas des laboratoires de fabrication de méthamphétamine, ils ne font pas le trafic de drogues et ils ne favorisent pas la crise au pays. Ce sont d'autres qu'il faudrait enfermer, et il faudrait veiller à ce qu'ils purgent leur peine sans les libérer trop facilement.
Une autre section du projet de loi concerne les condamnations avec sursis. Je vais lire la liste des infractions, parce que je ne comprends pas pourquoi nous refuserions de punir de tels criminels. Il ne s'agit pas de délinquants primaires qui commettent un vol parce qu'ils ont du mal à joindre les deux bouts ou qu'ils sont affamés. Ce sont des personnes qui commettent des crimes graves. Il s'agit de bris de prison, de harcèlement criminel, d'agression sexuelle, d'enlèvement, de traite des personnes, d'enlèvement d'une personne de moins de 14 ans, de vol de véhicule à moteur, de vol de plus de 5 000 $, d'incendie criminel avec intention frauduleuse et ainsi de suite.
Je suis le père d'une petite fille de 8 ans. Je ne voudrais surtout pas qu'un criminel endurci qui aurait kidnappé ma fille, ou la fille ou le fils de n'importe quel Canadien, d'ailleurs, s'en tire à bon compte, sans recevoir une peine appropriée, à cause de cette proposition de modification à la loi.
Je veux parler de la question de la possession simple. Ce n'est pas ce dont on parle ici. Les policiers disposent déjà de nombreux outils pour déterminer les cas où des accusations devraient être portées. Mon collègue de , qui a pris la parole plus tôt, est un ancien procureur de la Couronne. Il y a des gens ici qui ont de vastes connaissances et qui comprennent le système de justice mieux que moi, et je m'en remets à eux pour savoir comment gérer ce genre de question. Ce que je peux toutefois dire, en tant que simple Canadien, c'est que ce projet de loi ne ferait rien pour rendre nos collectivités plus sûres et pour mieux soutenir les victimes.
J'aimerais revenir sur les ordonnances de sursis, qui permettent aux juges d'utiliser leur jugement au moment de la détermination de la peine. Personnellement, je ne pense pas qu'il faille réduire les sanctions et adopter une approche laxiste dans le cas de crimes commis avec des armes à feu ou de récidives. Nous ne devons pas oublier la composante de la sécurité publique lorsque nous pensons à notre objectif de réduire la surreprésentation des minorités visibles dans nos prisons. Nous devrions réfléchir à la manière de fournir une aide et un traitement appropriés aux personnes aux prises avec des problèmes de toxicomanie et de santé mentale.
Tant que je serai député, je continuerai de défendre des politiques sensées qui éloignent les criminels de nos rues et qui respectent les Canadiens honnêtes. Je m'engage à lutter pour des politiques qui assurent la sécurité de nos collectivités tout en veillant à ce que les personnes qui souffrent reçoivent la meilleure aide possible. Je ne sacrifierai pas la sécurité publique et je continuerai de me battre pour la justice et la mobilisation des ressources nécessaires pour aider les personnes qui en ont le plus besoin.
En conclusion, comme beaucoup de mes collègues et, je pense, la majorité des Canadiens, j'estime que les crimes violents graves commis avec des armes à feu méritent des peines d'emprisonnement obligatoires. Il est honteux que l'on présente ici un projet de loi qui affaiblirait les lois sur les armes à feu dans notre pays. Je suis très préoccupé par ce projet de loi et je pense sincèrement que nous pouvons faire mieux. J'espère que le gouvernement fera mieux.
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Madame la Présidente, nous sommes ici réunis à la veille de la période des Fêtes pour discuter, à l'étape de la deuxième lecture, du projet de loi , parrainé par le député de , notre ministre de la Justice.
Le projet de loi C‑5 agit essentiellement sur deux fronts législatifs. Premièrement, il vise à abolir une vingtaine de peines minimales obligatoires, ou PMO, applicables à des infractions liées aux armes à feu et aux drogues. Deuxièmement, il introduit le principe de déjudiciarisation pour la possession simple de drogues.
Je me concentrerai davantage sur les PMO et mon estimé collègue de abordera plus tard et plus en détail l'aspect de la déjudiciarisation.
Personnellement, j'ai un intérêt particulier envers ce projet de loi parce que j'ai une formation en criminologie, entre autres. Ce fut ma première formation universitaire au milieu des années 1980, ce qui donne à peu près mon âge. C'est donc en partie en ma modeste qualité de diplômé en criminologie de l'Université de Montréal que je m'adresse à la Chambre aujourd'hui avec la lecture que je fais du projet de loi.
En passant, que fait un criminologue? Il analyse les crimes, les peines et les seuils de dangerosité et il pose un regard aussi objectif que possible sur tous ces éléments. La prévention, la réhabilitation, le soutien, l'accompagnement et, évidemment, l'intervention sont le terrain de jeu du criminologue.
Je crois en la réhabilitation, contrairement à certains collègues conservateurs. Je crois en notre capacité de réduire la criminalité et le Bloc québécois y croit aussi. C'est pourquoi nous soutiendrons le projet de loi C‑5.
La population noire compte pour 3 % de la population canadienne. Par contre, elle compte pour 7 % de sa population carcérale. Les Autochtones comptent pour 5 % de la population canadienne, mais pour 30 % de la population carcérale. Ce pourcentage grimpe jusqu'à 45 % pour les femmes autochtones, dont le poids démographique tourne autour de 2,5 % si je ne me trompe pas. C'est complètement aberrant. C'est un mauvais roman sociologique et, quelque part, c'est révoltant et inacceptable.
Heureusement, l'abolition de certaines peines minimales obligatoires peut permettre de corriger beaucoup de ce déséquilibre inacceptable sans moindrement compromettre, selon ce que j'en crois, la sécurité des Québécois, des Québécoises, des Canadiens et des Canadiennes.
Considérant que les peines minimales obligatoires apportent peu de bénéfices et qu'elles introduisent de nombreux problèmes comme la surreprésentation des communautés autochtones et noires dans les prisons, compte tenu de l'exorbitance des coûts de système supplémentaires, les PMO n'ont pas la moindre portée ni le moindre effet dissuasif sur le crime. Le Bloc québécois est donc favorable au principe de l'abolition de certaines de ces PMO, encore une fois. Nous sommes d'accord sur le fond du projet de loi.
Toutefois, je me permets d'exprimer certaines réserves par rapport au moment choisi pour l'annonce de ce projet de loi sur l'abolition des peines minimales obligatoires, surtout en lien avec les armes à feu. N'est‑il pas un peu maladroit de la part du gouvernement de présenter ce projet de loi alors que les drames se succèdent à Montréal?
Il faut se rappeler que les armes utilisées pour tuer nos jeunes en pleine rue, entre autres à Montréal, viennent de quelque part. Ce sont majoritairement des armes qui entrent illégalement au pays par nos frontières passoires. L'abolition des PMO, sans mesures fermes du gouvernement fédéral pour contrer l'importation illégale d'armes à feu, envoie un mauvais message à la population.
D’autre part, il est vrai que nous sommes favorables à l’abolition des peines minimales obligatoires pour une première offense, mais pas dans le cas d'une deuxième et d'une troisième offense. En gros, je crois au principe de la seconde chance. J’y crois fermement, mais, lorsqu’il y a récidive, il faut voir la situation autrement. Cela s’appelle l’imputabilité. Garder les PMO, dans ces cas-ci, s’avère important pour les Québécois et les Québécoises. Il s’agit aussi de garder confiance en notre système de justice.
Il nous apparaît donc légitime d’abolir les peines minimales obligatoires pour la possession d’arme à feu, mais nous avons des réserves en ce qui a trait à la décharge d’une arme avec intention, au vol et à l’extorsion avec une arme à feu. Dans ces situations, nous n’y sommes pas favorables.
En bref, il y a une série d’avantages à abolir certaines PMO. Cela permettrait évidemment de diminuer le fardeau financier administratif des systèmes pénal et carcéral. Cela permettrait encore plus de développer des mesures alternatives favorisant la réinsertion sociale pour les criminels issus des communautés noires ou autochtones, lesquelles, rappelons-le, occupent une place disproportionnée dans le système carcéral. Dernier argument, mais non le moindre: ces peines sont généralement inutiles. Aucune étude empirique ne démontre que ces dernières auraient un effet sur la décision de commettre ou non un crime avec une arme à feu.
Dans le cas de la drogue, on a vu aux États‑Unis l’échec flagrant, sous le gouvernement Nixon, de ce qu’on appelait « war on drugs ». Cela a été un échec. Ils ont rempli les prisons, mais avec un résultat complètement nul. Des peines sévères n’ont pas eu la moindre incidence sur la vitalité du trafic de drogues. Par contre, elles ont sévèrement alourdi le fardeau financier de notre système. Elles ont tragiquement affecté la vie de beaucoup de petits contrevenants. Vraisemblablement, l’ancien premier ministre Harper admirait cette approche tough on crime, tout comme bon nombre de conservateurs ici présents. Par contre, le Bloc québécois dit non. Nous croyons à la réinsertion sociale, à la prévention, à des peines alternatives et ajustées. Amendes, thérapies, travail communautaire: voilà autant d’options qui, dans bien des cas, remplaceraient adéquatement les PMO.
Je répète, avant de conclure, que mon très cher collègue de poursuivra tantôt cet exposé en abordant davantage la question de la déjudiciarisation.
Pour toutes ces raisons évoquées, le Bloc appuiera évidemment le projet de loi . Je tiens aussi à dire aux mauvaises langues que cet appui ne veut pas dire que nous minimisons les crimes par arme à feu. Les Québécois et les Québécoises sont conscients, plus que quiconque, de la menace que posent actuellement les armes à feu pour la paix sociale.
Depuis des mois, le et son ont les mains dans les poches en ce qui a trait au dossier du resserrement aux frontières. Ils doivent s’activer et implanter les recommandations du Bloc en ce sens. D’ici là, le projet de loi C‑5 est un pas dans la bonne direction, et nous lui donnerons notre appui.
Monsieur le Président, je vous souhaite de joyeuses Fêtes.
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Monsieur le Président, c’est un honneur d’intervenir au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. J’ai plusieurs préoccupations à ce sujet qui concernent directement mes concitoyens.
En proposant ce projet de loi, les libéraux ont simplement montré combien ils n’avaient aucune idée des effets à long terme des activités criminelles sur les Canadiens. Leur engagement à protéger les droits des criminels bafoue les droits juridiques des victimes. En outre, ce projet de loi ne contribue guère à régler le problème des inégalités systémiques, notamment la surreprésentation des Canadiens autochtones, noirs et marginalisés dans le système de justice pénale. Au contraire, le projet de loi réduit la responsabilisation des délinquants violents et incite à les relâcher dans la société, au lieu de les exposer à des poursuites judiciaires à la mesure de l’infraction commise.
Mes collègues conservateurs ont longuement parlé des répercussions de ce projet de loi sur les infractions liées aux armes à feu et au trafic d’armes. Le gouvernement libéral aurait-il oublié combien la violence armée a des répercussions sur les gens et les communautés partout au Canada?
Les crimes violents impliquant des armes à feu représentent une menace grandissante pour la sécurité publique. Même les effets dévastateurs de la pandémie n’arrivent pas au niveau de préoccupation que mes concitoyens ressentent face à la criminalité en milieu rural et à la violence armée, qu’ils classent dans leurs principales préoccupations. Ce type de crimes ne cessent d’augmenter et presque la moitié des Canadiens disent que la violence armée est une menace dans leur communauté.
Le projet de loi ne ferait rien pour les Canadiens, sinon affaiblir nos lois et donner plus de pouvoirs aux criminels. Il accorderait aux criminels possédant une arme à feu une plus grande liberté qu'aux propriétaires d'armes à feu respectueux des lois.
À la lecture du projet de loi , on constate qu'en fait, celui-ci faciliterait la vie à ceux qui s'en prennent aux personnes vulnérables. Il réduirait la peine associée au trafic de drogues, aux crimes commis avec des armes à feu et à l'importation de drogues. Je crois que le Canadien moyen peut nettement faire la distinction entre un trafiquant de drogues et un toxicomane qui se fait pincer en possession d'une faible quantité de drogues.
Ce projet de loi n'aiderait pas ce toxicomane. Plutôt, il réduirait la peine des producteurs de substances inscrites à l'annexe I. Il se sert des Canadiens vulnérables pour dissimuler le véritable objectif du projet de loi, c'est-à-dire réduire la responsabilisation des criminels.
Lundi dernier, mon collègue conservateur s'est fait reprocher de ne pas avoir mentionné le racisme systémique dans ses observations, comme si le projet de loi avait quoi que ce soit à voir avec la rectification des injustices raciales dans notre système judiciaire. Il est important de souligner que, au cours des six années qui se sont écoulées depuis que les libéraux sont au pouvoir, la proportion de prisonniers autochtones dans les établissements carcéraux fédéraux est passée de 24 % à 30 %.
Je suis également forcé d'attirer l'attention sur le fait que les victimes au pays sont, en nombre disproportionné, des femmes et des filles, des membres des minorités visibles et de la communauté LGBTQ, des enfants et des jeunes, des membres de familles à faible revenu, des personnes vivant dans la pauvreté et des habitants des communautés nordiques et éloignées.
Le projet de loi ne parle pas des victimes de crime. Le gouvernement veut plutôt nous faire croire que les inégalités raciales sont présentes uniquement chez les contrevenants. Le projet de loi C‑5 réduirait la responsabilisation des criminels et ferait fi de problèmes comme la toxicomanie, la pauvreté et la santé mentale. Il ne tient pas compte du fait que les communautés les plus touchées par la criminalité sont les plus mal en point.
J'aimerais parler du recours accru aux ordonnances de sursis pour des crimes comme l'agression sexuelle. Cette mesure, proposée par un gouvernement qui se dit féministe, est un véritable affront à la lutte contre la violence faite aux femmes. Les victimes d'agression sexuelle font déjà face à toute une série de traumatismes dans notre système de justice en devant divulguer des renseignements très personnels qui peuvent au demeurant servir à les blâmer et souvent à les couvrir de honte.
Le projet de loi viendrait même ajouter des embûches aux personnes qui tentent de se remettre d'une agression sexuelle en permettant aux agresseurs de purger leur peine à domicile. Les gens en détention à domicile ne sont pas tenus habituellement de demeurer constamment à la maison, car ils peuvent avoir obtenu la permission de se rendre à certains endroits et de faire certaines activités. Leurs déplacements et leur liberté peuvent être contrôlés et surveillés, mais contrairement à la prison, la détention à domicile leur permet de continuer leur vie en société et à la maison.
J'aimerais m'attarder un instant sur l'expression « continuer leur vie en société », car je n'arrive pas à comprendre pourquoi les prédateurs sexuels devraient bénéficier de ce privilège, alors que les victimes de leur crime ne bénéficient pas du même respect.
Il y a une foule d'information sur l'expérience des survivants d'agressions sexuelles et les difficultés liées à de telles poursuites au sein de notre système juridique, sans parler du traumatisme que les survivants continuent de revivre tout au long du processus. La réforme du droit et les changements de politiques ont apporté certaines améliorations nécessaires à la façon dont le système de justice pénale traite les cas d'agression sexuelle, mais le projet de loi n'en fait pas partie. Cette mesure législative porterait atteinte au droit à la protection des victimes, affaiblirait l'appareil judiciaire et pourrait même entraver la réintégration des survivants et leur participation à la société.
Les libéraux disent qu'ils aident les toxicomanes et les collectivités, mais en réalité, ils réduiraient les peines et dégageraient de leur responsabilité les trafiquants et les fabricants, tout en continuant de sévir contre les propriétaires d’armes à feu qui respectent la loi. Les gens de ma circonscription rurale continuent d'être la cible de lois restrictives sur les armes à feu, alors que le gouvernement est favorable à une réduction des peines pour le trafic d'armes.
Les conservateurs croient qu'il faut prendre des mesures décisives pour prévenir les activités criminelles. Nous sommes solidaires des victimes d'actes criminels et nous nous battons pour défendre leurs droits. Des peines plus courtes et la détention à domicile ne dissuadent pas les gens de commettre une agression sexuelle ou une infraction liée aux armes à feu. Les libéraux ont promis que les peines avec sursis, comme la détention à domicile, ne seraient jamais appliquées au détriment de la sécurité publique. Si tel est le cas, pourquoi offrent-ils la possibilité d'imposer cette peine dans les cas d'agression sexuelle? Je suis troublé à l'idée qu'ils croient nécessaire d'adopter une loi qui permettrait à des prédateurs sexuels de purger leur peine au sein de leur collectivité.
La condamnation avec sursis, telle que présentée dans le projet de loi , ne fait pas la promotion de la justice réparatrice. Elle donnerait plutôt aux délinquants la possibilité d'échapper aux conséquences de leurs actes, sans parler du fait qu'elle rouvrirait les blessures des survivants d'agressions sexuelles, d'enlèvements et de traite des personnes. Comment pouvons-nous espérer nous sentir en sécurité et protégés lorsque le gouvernement est en faveur de laisser des délinquants qui enlèvent des enfants de 13 ans purger leur peine dans notre quartier? Comme cela tient-il le moindrement compte de la sécurité publique?
Le gouvernement doit travailler avec ses homologues provinciaux pour lutter contre la hausse de la criminalité en milieu rural, et non faire adopter une mesure législative radicale qui réduirait les peines pour les criminels.
Rien dans le projet de loi n'explique comment l'élimination des peines minimales obligatoires permettrait d'éradiquer le racisme systémique qui sévit, aux dires du gouvernement, dans le système de justice. Le projet de loi raterait complètement sa cible. Il mettrait en péril la sécurité publique sans rien faire pour aider les Canadiens vulnérables qui sont aux prises avec des problèmes de toxicomanie et de santé mentale et qui ont des démêlés avec le système de justice pénale.
Le projet de loi C‑5 ne tient pas compte du fait que, à première vue, les peines minimales obligatoires sont objectives. En droit administratif, une jurisprudence considérable établit que, quand une loi confère un pouvoir discrétionnaire à des décideurs et que ceux-ci en arrivent à une décision injuste, le problème est la mauvaise administration de la loi et non la loi en tant que telle. Si le gouvernement libéral croit que les peines minimales obligatoires perpétuent le racisme systémique en raison de la fréquence des interventions policières racistes et de la mauvaise utilisation du pouvoir discrétionnaire de poursuivre, alors pourquoi ne présente-t-il pas des solutions à ces problèmes?
Il est malhonnête de dire que le projet de loi est présenté pour s'attaquer au problème de l'incarcération excessive des Canadiens marginalisés. Il est aussi faux de dire que le projet de loi fait passer la sécurité publique avant les droits des criminels. Punir les criminels et les tenir responsables de leurs actes n'est qu'une partie de la réponse du Parti conservateur à la criminalité. Il faut aussi s'assurer que les victimes d'actes criminels et les survivants sont traités avec respect.
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Monsieur le Président, je remercie mon ami, voisin et collègue de de son excellente intervention.
Comme c'est la première fois que j'ai l'occasion de faire un discours au nom des habitants de Red Deer—Lacombe depuis le début de la législature, je tiens à remercier ma famille ainsi que tous les bénévoles qui m'ont prêté main-forte. Je remercie bien évidemment les électeurs de Red Deer—Lacombe de m'avoir confié un sixième mandat. Je m'engage auprès d'eux à les représenter de mon mieux et à défendre les valeurs et les dossiers qui sont chers aux gens du centre de l'Alberta. L'un d'eux est justement abordé dans la mesure législative à l'étude.
La plupart des gens du centre de l'Alberta qui possèdent une arme à feu sont d'honnêtes travailleurs qui respectent la loi. Ils pointent au boulot tous les matins, ils suivent les règles, ils respectent la loi, ils travaillent dur et ils paient leurs impôts. Tout ce qu'ils demandent en retour, c'est d'être traité avec dignité et respect par leur gouvernement. Ils veulent que l'argent qu'ils donnent à l'État soit utilisé de manière judicieuse et efficiente, mais pour le moment, aucun d'entre eux ne se réjouit de voir la direction que le gouvernement donne au pays, surtout pas sur le plan législatif. Ils voient le gouvernement traiter les criminels violents et dangereux avec clémence, et cela les inquiète.
Le projet de loi est une autre mouture du projet de loi , déposé à la dernière législature, juste avant le déclenchement des élections, et j'estime qu'il est tout simplement odieux pour la majorité des électeurs de Red Deer—Lacombe.
Je suis un propriétaire d'armes à feu respectueux de la loi, ainsi qu'un ancien agent chargé de l'application de la loi pour la conservation. Au quotidien, mon travail consistait à gérer des situations impliquant des chasseurs et des propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi. Je me présentais à titre d'agent de conservation ou de gardien de parc national, et la quasi-totalité des personnes rencontrées étaient munies d'une hache parce qu'elles étaient en camping, d'un couteau parce qu'elles étaient à la pêche ou d'une arme à feu ou d'un arc parce qu'elles étaient à la chasse.
J'ai interagi avec ces personnes en toute confiance parce que je savais qu'elles allaient être honnêtes et franches la plupart du temps, et je n'ai jamais eu peur des chasseurs et des propriétaires d'arme à feu respectueux de la loi dans notre pays ni été inquiété par eux dans le cadre de mon travail. Je suis fier de dire que j'ai fait mon travail en toute sécurité auprès d'un groupe respectueux de chasseurs, de pêcheurs, de campeurs et d'amateurs de plein air pendant des années avant de me retrouver à la Chambre.
Ce sont de bons citoyens et ils ne méritent pas d'être diabolisés par le gouvernement actuel. Ces personnes ne méritent certainement pas d'être réprimandées ou de répondre des actes de criminels dangereux ou violents qui mènent leurs activités avec le soutien du crime organisé dans nos grands centres urbains comme Montréal, Toronto, Vancouver, Edmonton et Calgary. Même dans l'une des grandes villes de notre pays, Red Deer, en Alberta — une très belle ville dont la population compte beaucoup de personnes bonnes, honnêtes et travaillantes, une ville qui touche nos circonscriptions respectives au député de et à moi-même —, on retrouve des individus qui causent des problèmes. La mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui devrait nous permettre de centrer nos efforts sur ces individus à la source des problèmes.
Les honnêtes Canadiens et Torontois qui nous regardent ont besoin de savoir pour quels crimes leurs élus réduisent ou suppriment les peines minimales obligatoires. L'un de ces crimes est le vol qualifié commis avec une arme à feu. On serait porté à croire que, dans une ville comme Toronto, où l'on signale des fusillades presque au quotidien, un vol qualifié commis avec une arme à feu est un crime très grave et que les coupables devraient probablement aller en prison pour ce crime. Cependant, les députés libéraux de cette ville ne pensent pas comme leurs concitoyens.
Un autre exemple est l'extorsion perpétrée avec une arme à feu, qui doit assurément être une expérience agréable pour la victime. Pourquoi n'imiterions-nous pas les libéraux en éliminant les peines minimales obligatoires pour les individus qui soutirent de l'argent à d'honnêtes citoyens en pointant une arme à feu sur leur tête? Le troisième crime est le trafic d'armes, sauf les armes à feu et les munitions. On entend par trafic d'armes la circulation, la vente et l'acquisition d'armes à feu de manière illégale. Voilà quel est le problème.
Nous savons, grâce à des experts comme Gary Mauser, professeur émérite de l'Université Simon Fraser, qu'il est très peu probable qu'une personne soit victime d'un crime commis par un propriétaire d'armes à feu respectueux de la loi. En fait, selon des données de Statistique Canada datant de 2012, 0,6 meurtre sur 100 000 au Canada a été commis par des propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi. C'est moins que la moyenne nationale de 1,8 meurtre par 100 000 habitants.
Si l'on se fie au taux d'homicides, les personnes les moins dangereuses au pays sont les propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi, mais voilà que les contrebandiers, les trafiquants d'armes à feu et ceux qui font entrer ces armes au pays risquent de ne purger aucune peine d'emprisonnement pour leurs actes. Il y a aussi ceux qui importent ou exportent, en toute connaissance de cause, des armes — à feu ou autres — non autorisées. C'est ce qu'on appelle la « contrebande », c'est‑à‑dire le passage clandestin d'armes à feu à la frontière.
Voilà le problème. Voilà le genre de crime qui, dans le monde imaginaire où vivent les libéraux, ne mérite aucune peine d'emprisonnement. Les électeurs de Toronto, de Montréal et de Vancouver ont voté pour ces gens et voilà ce que font ces députés maintenant qu'ils sont à la Chambre. Les libéraux disent à ceux qui les ont élus qu'ils vont éliminer les peines minimales obligatoires qui s'appliquent aux personnes qui font entrer des armes à feu par contrebande des États‑Unis. Ils choisissent de mélanger des enjeux distincts et de blâmer les propriétaires d'armes à feu respectueux des lois. C'est tout à fait dégoûtant.
Arrive-t-il parfois, à Toronto, qu'une personne décharge une arme à feu avec une intention particulière? Cela se produit tous les jours, mais, dans le monde imaginaire où vivent les libéraux, la personne qui tient le fusil n'a apparemment pas besoin d'aller en prison.
Pour ce qui est d'utiliser une arme à feu lors de la perpétration d'une infraction, de faire un hold-up, de commettre un vol qualifié, de s'adonner à la piraterie routière, et d'utiliser une arme à feu pour commettre un vol ou d'autres genres d'activités, les criminels armés n'ont pas à s'inquiéter s'ils ont voté pour les libéraux: les libéraux veillent sur leurs intérêts et verront à ce qu'ils n'aillent pas en prison pour ces gestes.
Pour ce qui est de l'infraction délibérée de possession d'une arme à feu non autorisée, je signale que ces personnes ne se procurent pas des armes à feu comme le font tous les propriétaires d'arme à feu respectueux des lois au pays. Les Canadiens seront peut-être surpris d'apprendre que, chaque jour, tous mes concitoyens propriétaires d'armes à feu respectueux des lois, qui sont 2,1 millions, font l'objet d'un contrôle par le Centre d'information de la police canadienne, lequel vérifie qu'ils sont toujours autorisés à posséder des armes à feu.
En fait, la loi du pays est rédigée pour empêcher les gens de posséder une arme à feu. La possession de toute arme à feu est illégale, à moins que l'on possède un permis à cet effet. C'est ce qui est indiqué dans la loi. Des millions de Canadiens respectueux des lois se conforment aux règles quotidiennement. On nous fait subir un contrôle chaque jour afin de confirmer que nous sommes toujours autorisés à posséder ce qui est notre bien.
Au lieu de harceler les gens comme moi, le gouvernement facilitera la vie des gens qui n'ont pas de permis. Que les personnes au centre-ville de Toronto qui sont en possession d'un panier rempli d'armes de poing se rassurent. Elles n'ont pas de permis de possession et d'acquisition d'armes à feu à autorisation restreinte? Les armes sont entrées en contrebande? Elles les ont peut-être même introduites illégalement au pays? Vous savez quoi? Ces personnes pourront choisir de rentrer chez elles et de réfléchir à leurs fautes, parce que c'est la solution que proposent les libéraux pour le crime organisé au pays. C'est absolument ridicule.
En ce qui concerne la possession d'une arme à feu prohibée ou à autorisation restreinte avec des munitions, comme ce sont des armes à feu que les gens n'ont même pas le droit de posséder, on parle alors de propriétaires d'armes à feu illégales, mais ils n'ont pas à s'en faire, le Parti libéral du Canada est là pour eux. S'ils sont pris en possession d'une de ces armes, ils n'auront pas à aller en prison, ils recevront une carte leur permettant de sortir de prison, comme au Monopoly. Ils n'auront pas à subir de conséquences.
La possession d'une arme obtenue lors de la perpétration d'une infraction, c'est un vol, comme lorsqu'une personne entre chez quelqu'un et lui vole son arme à feu. Cela vaut pour n'importe quelle personne qui entre dans une propriété d'une collectivité rurale comme le comté de Red Deer, de Lacombe ou de Ponoka, pour y commettre un vol, et cette personne pourrait être là expressément pour voler nos armes à feu. Étant donné que ses mesures de désarmement visant les Canadiens respectueux des lois n'ont pas fonctionné, le gouvernement libéral va permettre aux voleurs d'éviter la prison gratuitement s'ils volent le bien d'un Canadien respectueux des lois.
Ce projet de loi est complètement ridicule. Il dépasse l'entendement. Si on se penche seulement sur les mesures de ce projet de loi qui visent les peines minimales obligatoires à l'égard des armes à feu, et non sur les mesures qui portent sur la drogue et sur les autres infractions pour lesquelles le gouvernement veut réduire ou limiter les peines minimales obligatoires, dans pratiquement tous les cas, sauf un, qui a proposé l'inclusion de ces mesures législatives dans le Code criminel. Était-ce Stephen Harper ou Brian Mulroney? L'une de ces mesures a bel et bien été adoptée sous le gouvernement de Stephen Harper, mais la dizaine d'autres mesures du Code criminel ont été mises en place par nul autre que Pierre Elliott Trudeau et Jean Chrétien. Les libéraux d'aujourd'hui ne sont certainement pas comme ceux d'autrefois, mesdames et messieurs. Notre pays n'est pas plus sécuritaire sous leur gouvernement.
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Monsieur le Président, puisqu'il s'agit de mon premier discours à titre de députée de la 44
e législature, je veux prendre le temps de remercier les résidants de Lambton—Kent—Middlesex, qui m'ont réélue pour les représenter dans cette enceinte. C'est une responsabilité, un honneur et un privilège que je ne prends pas à la légère. Je leur suis très reconnaissante de m'avoir réélue.
Ma réélection a été rendue possible grâce à tous ceux qui ont appuyé ma campagne, qui ont cru en moi, qui m'ont soutenue et qui m'ont aidée. Grâce à l'implication et au professionnalisme de mon équipe, à la passion et à l'engagement de nos bénévoles, à la générosité et aux sacrifices de nos donateurs et, bien entendu, à l'amour et au soutien de ma famille et de mes amis, nous avons réussi à répandre notre vision conservatrice positive. Les mots me manquent pour exprimer toute ma gratitude.
Je ne serais pas ici sans mon extraordinaire équipe de campagne. Je remercie mon directeur de campagne David Sverginsky, mon agent officiel Doug Plummer et le reste de mon équipe rapprochée et de mon personnel sans qui je ne serais pas ici. Il s'agit de Russ Kykendall, Tony Reznowski, Yvonne Hundey, Anna Marie Young, Todd Gurd, Cheri Davies et Kim Heathcote, ainsi que du groupe de bénévoles qui ont fait du porte-à-porte avec moi presque tous les jours: Archie Nugteren, Mark Etienne, Gerry Rupke, Steve Stellingwerff, Marius, Juliette, Hannah Kurjanowicz, Brandon MacDougall et ma prédécesseure Bev Shipley.
Je tiens aussi à remercier Julie, Angela, Holly, Candice et Jennifer de leur présence constante et de leur appui indéfectible tout au long de mon aventure politique.
Les membres de l'équipe responsable des affiches en ont installé plus de 3 000. Je les remercie de tous leurs efforts et de leur dévouement.
Je remercie tout spécialement mes parents, Diane et Theo Rood, de leur amour et de leur soutien. Mon père s'est occupé de l'énorme tâche d'installer les affiches et de les retirer, en plus d'être tout simplement là pour moi tout au long du processus.
Je remercie mes frères Jeremy Rood et Steele Leacock, et ma grand-mère, Helen Jamrozinski, de leur amour et de leur soutien tout au long de cette aventure.
Au sujet du projet de loi dont nous sommes saisis, personne ne devrait être surpris de m'entendre dire que les conservateurs sont le parti de la loi et de l'ordre. Nous sommes le parti qui prend la défense des victimes de crimes et de leurs êtres chers. Nous sommes le parti qui applique des principes fondés sur le gros bon sens et axés sur les résultats pour protéger les Canadiens innocents contre les criminels violents qui sont prêts à faire du mal à autrui. Nous sommes le parti qui comprend que ce sont des criminels qui sont responsables de ces crimes, et non les propriétaires d'armes à feu, les pêcheurs, les chasseurs et les tireurs sportifs respectueux de la loi.
Les libéraux prétendent prendre les grands moyens pour lutter contre la criminalité, mais leurs mesures hypocrites sont bien plus éloquentes que leurs paroles. En février dernier, lors de la précédente législature, le gouvernement a présenté le projet de loi . L’objectif de ce projet de loi néfaste était de réduire les peines des trafiquants d’armes illégales et de supprimer les peines minimales obligatoires pour de nombreuses infractions graves. Ce projet de loi est mort au Feuilleton lors du déclenchement des élections, et nous voilà à nouveau devant le même texte, auquel on a attribué un nouveau numéro.
Quelques mois à peine avant que le déclenche des élections inutiles en pleine pandémie, mon collègue conservateur a présenté un projet de loi d’initiative parlementaire qui consistait à prévoir des peines plus importantes pour les criminels arrêtés pour trafic ou possession d’armes à feu illégales; ce qui est en fait le principal problème.
Brian Sauvé, le président de la Fédération de la police nationale, a déclaré que les politiques défendues par les libéraux sont peut-être populaires, mais qu’elles ne s’attaquent pas aux causes profondes de la violence armée. Je le cite:
On veut nous faire croire qu’il faut limiter la possession d’armes pour lutter contre la criminalité, alors que les données probantes tendent à indiquer que c’est le trafic illégal d’armes à feu qui permet aux criminels de se procurer des armes à feu, puis de commettre des crimes au moyen de ces armes.
Il faut donc chercher la source du problème.
Le gouvernement prétend qu'il cible précisément les crimes commis avec des armes à feu, mais il a pourtant voté contre un projet de loi qui avait les mêmes cibles et il continue de refuser des mesures législatives qui, elles aussi, ont les mêmes cibles. Est-ce que cela donne l'impression que le gouvernement veut réellement endiguer les crimes commis avec des armes à feu pour protéger les gens de Lambton—Kent—Middlesex? Cela me semble plutôt hypocrite.
Le projet de loi nous revient sous le nom de projet de loi , mais c'est toujours le même objectif. Cette mesure sera une porte tournante pour les criminels. Elle n'arrêtera pas la criminalité, bien au contraire. Elle supprimera les peines pour des crimes comme le trafic d'armes, la décharge d'une arme à feu avec insouciance, la décharge d'une arme à feu dans l'intention de blesser ou de mettre en danger la vie d'une personne et le vol qualifié commis avec une arme à feu. Le projet de loi supprimera également une série de crime haineux comme les agressions sexuelles, l'enlèvement, l'enlèvement d'enfants, la traite de personnes, le vol de véhicule et les incendies criminels de la liste des infractions pour lesquelles il est impossible d'obtenir une peine avec sursis.
Pour moi, cela signifie que les élites libérales à Ottawa n'ont que faire de notre sécurité et de celle de nos proches. Les conservateurs comme moi se battront toujours contre les mesures législatives nuisibles comme le projet de loi . Les Canadiens ne veulent pas qu'on fasse du système de justice une éternelle porte tournante. Le bon sens doit primer pour le bien commun.
J'ai étudié la criminologie à l'université et j'ai des amis qui sont devenus agents correctionnels, agents de probation et agents de liberté conditionnelle. Ils me répètent toujours la même chose. Ce sont toujours les mêmes personnes qui repassent par les portes tournantes, qui commettent les mêmes crimes encore et encore. S'il s'agit d'une infraction aux lois provinciales, qui entraînent des peines de deux ans moins un jour, alors le délinquant n'obtient pas l'aide dont il aurait besoin. Si on l'envoyait plutôt dans un pénitencier fédéral, il pourrait obtenir de l'aide pour des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie.
Les Canadiens victimes d'un crime et leur famille ont le droit de vivre librement et sans crainte dans notre société, et le gouvernement a un rôle à jouer à cet égard. Toutefois, avec le projet de loi , les libéraux disent à la population canadienne que ces infractions ne sont pas graves. N'est-ce pas grave que quelqu'un puisse sortir de prison, voler une voiture, cambrioler plusieurs commerces, agresser les personnes présentes avec une arme, puis attaquer un policier en quittant les lieux? Apparemment, le gouvernement libéral juge qu'un tel comportement criminel dangereux ne mérite qu'une petite réprimande plutôt qu'une peine minimale garantie. En fait, selon ce projet de loi, il est possible qu'une personne ayant commis tout ce que je viens de décrire évite carrément la prison.
En tant que conservateur, je dois une fois de plus prendre la parole et essayer de faire entendre raison à un gouvernement qui, manifestement, n'a plus une once de bon sens. En fait, j'ai parfois l'impression que les libéraux ont complètement fait disparaître la notion de « bon sens » du discours.
Au bout du compte, le projet de loi est laxiste par rapport aux crimes commis avec des armes à feu et apporte un grand soulagement aux criminels et aux délinquants. Rien dans cette mesure ne témoigne d'un souci de prévenir les crimes violents et les récidives contre les victimes de tels crimes au Canada, voire qu'elle se soucie de protéger ces victimes. Le projet de loi rate sa cible présumée, soit mettre fin à la criminalité et à la circulation d'armes illégales. Comme l'a déclaré l'agent de police Rob Carver, de Winnipeg: « Quand on saisit des armes de poing, ces armes sont toujours, dans la quasi-totalité des cas, aux mains de personnes qui n'ont pas le droit de les avoir. Elles ont presque toujours été volées ou obtenues de façon illégale. » Je le répète, ce ne sont pas les chasseurs, les agriculteurs et les tireurs sportifs respectueux de la loi qui commettent des crimes graves.
Examinons maintenant la dernière partie de ce soi-disant projet de loi progressiste à valeur historique. Alors que nous sommes aux prises avec une crise nationale de surdoses sans précédent, nous avons un gouvernement qui tente activement de permettre la prolifération criminelle du trafic, de l'importation, de l'exportation et de la production de drogues. À quoi tout cela rime‑t‑il?
Louis, un résidant de ma circonscription, Lambton—Kent—Middlesex, m'a demandé si nous pouvions nous pencher sur le fait que des trafiquants de drogue connus arrivent à s'en sortir impunément alors qu'ils tuent des gens. « Nous avons perdu un de nos petits-enfants », a‑t‑il dit. Ce que les Canadiens veulent et ce dont ils ont besoin, c'est d'une approche compatissante à l'égard des problèmes de santé mentale et du rétablissement des toxicomanes, mais ce n'est pas ce que l'on trouve dans le projet de loi . En fait, le projet de loi n'aborde même pas le sujet; il est trop occupé à faciliter la vie aux revendeurs de drogues.
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale estime que le fardeau économique des maladies mentales au Canada s'élève à 51 milliards de dollars par année, ce qui comprend les coûts en matière de santé, la perte de productivité et la diminution de la qualité de vie attribuable à ces maladies. Les problèmes de toxicomanie et de santé mentale ont des répercussions coûteuses et profondes dans notre société. Pour lutter contre cette crise, ces problèmes devraient, aux termes de la loi, faire l'objet d'une attention appropriée.
Quand le gouvernement présentera-t-il un projet de loi pour remédier à ces répercussions au lieu de se servir d'une crise bien réelle pour se faire du capital politique à bon marché au détriment de la protection des Canadiens? Le et les députés libéraux d'en face sont de grands parleurs. Ils parlent beaucoup et font de belles promesses pour répondre aux graves préoccupations quant à la violence fondée sur le sexe, la dépendance aux opioïdes, le racisme systémique et d'autres formes de discrimination. Ils prétendent sans broncher aider les Canadiens, mais n'offrent rien d'utile.
Tout ce que les gens que je représente et moi voyons lorsque les libéraux cherchent à épater la galerie, c'est de l'hypocrisie. Je vois que le projet de loi dont la Chambre est saisie est laxiste en matière de crimes commis avec des armes à feu et de trafic de drogue. Les Canadiens savent que les mesures législatives comme le projet de loi vont à l'encontre des données probantes, d'innombrables reportages et du témoignage des victimes. Il devrait être impossible d'ignorer la folie des tentatives incessantes du gouvernement de leur faire croire le contraire.
Les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement défende la primauté du droit et à ce qu'il protège d'abord les victimes et défende leurs droits. Le gouvernement devrait cibler les criminels violents, les délinquants sexuels et les gangs criminels et veiller à ce que le Code criminel protège les Canadiens. Tout changement doit être fait de manière éclairée et de façon à protéger la sécurité publique.
En tant que législateurs, nous devons représenter et refléter les valeurs des Canadiens ordinaires, et les Canadiens considèrent comme extrêmement sérieux les crimes pour lesquels le projet de loi veut assouplir les mesures punitives. En réduisant les peines minimales obligatoires pour les crimes graves, le projet de loi C‑5 laisse entendre que les représentants élus n'ont pas à rendre de comptes aux victimes de ces crimes. La pure hypocrisie de ce projet de loi et de ceux qui l'appuient est stupéfiante.
Voter en faveur de ce projet de loi, c'est concéder la victoire aux criminels violents qui commettent certains des crimes les plus odieux contre les victimes les plus vulnérables du Canada. Cela a des conséquences pour les victimes, actuelles et futures, et leur famille, ainsi que pour la dignité de notre grand pays. C'est un fait que je trouve inacceptable. Voilà pourquoi je vais voter contre le projet de loi.