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Madame la Présidente, je remercie le député d'en face de me donner l'occasion de préciser que je parle bien de mars 2020. Les whips et les leaders parlementaires du Parti conservateur, du Nouveau Parti démocratique et du Bloc s'étaient alors réunis pour discuter de la façon dont nous allions nous occuper des affaires du pays. Je me suis dit que, pour une fois, nous pourrions peut-être mettre de côté les épées partisanes et parler de ce que nous avons fait pendant la pandémie et de la façon dont nous nous sommes serrés les coudes lors de cette période sombre, car je pense que c'était un moment de fierté pour le Parlement. Nous avions alors mis de côté nos divergences de vues, reconnu le défi que devait relever notre pays, compris la nécessité de pouvoir effectuer notre travail de parlementaires et envisagé une façon totalement différente de faire les choses. Je suis donc surpris par les propos du député d'en face. Comme il siège depuis longtemps à la Chambre, il se souviendra que son parti était alors tout à fait d'accord pour dire que nous devions travailler à distance, que nous ne pouvions pas nous réunir à la Chambre et qu'il était malheureusement dangereux d'être dans des lieux publics.
Un débat s'en est suivi; il y a eu et il y a encore des désaccords sur l'utilisation de ces dispositions et j'en parlerai. Toutefois, je pense qu'il est important que le travail ait été effectué à l'unanimité et en collaboration afin de trouver un moyen de traverser cette période sombre. C'est pourquoi le début de mon intervention est axé sur ce fait. C'est pourquoi je remercie tous les partis de leur travail pendant cette période difficile. Je pense que c'est un point de départ important et il est important que nous n'oubliions pas que les dispositions dont nous parlons aujourd'hui sont issues de ce processus de coopération.
J'aimerais parler de quelques-uns des points qui ont peut-être incité le député à invoquer le Règlement. Comme un certain nombre de points ont été soulevés pour critiquer le système hybride, je vais commencer par ceux-là. Ensuite, je parlerai des nombreux avantages qui sont, à mon avis, conférés par le système.
L'un des arguments, c'est que les députés ne se présenteraient pas sur la Colline du Parlement et que la ville d'Ottawa serait déserte. Bien entendu, ces mesures sont en place depuis presque trois ans et c'était effectivement le cas au plus fort de l'urgence de santé publique. À ce moment-là, il était impossible pour les députés de se présenter sur place. Toutefois, la présence à la Chambre des communes est revenue à la normale par la suite. Dans cette enceinte, tous les députés sont considérés comme des personnes honorables et ils veulent être ici. Les députés veulent servir leur pays et ils n'ont cessé de le faire. Les dispositions hybrides offrent une plus grande souplesse — j'y reviendrai —, mais les travaux parlementaires se poursuivent. Les comités se réunissent. La Chambre se réunit. Les travaux parlementaires sont exécutés, et j'ajouterais qu'ils se déroulent très bien.
[Français]
Il y a quelques questions relatives à l'interprétation. Il est essentiel que les débats se tiennent ici dans les deux langues officielles, et la qualité de l'interprétation est très importante.
Aux comités, avec ou sans le système hybride, l'interprétation est nécessaire. Pour les témoins qui comparaissent aux comités, l'accès au service d'interprétation est essentiel. C'est la raison pour laquelle la question de l'interprétation est importante avec ou sans le système hybride. L'interprétation est maintenant disponible à distance, à l'extérieur de la Chambre, et il est très important que nous continuions de nous assurer de la qualité de l'interprétation et de la santé des interprètes.
[Traduction]
Quant au fait de demander des comptes au gouvernement, je ne pense pas que nous aurions pu imaginer, au cours des trois dernières années, une période plus difficile ni un pays qui a observé, sur les médias sociaux, la montée de tendances très regrettables qui sont incroyablement belliqueuses et, malheureusement, parfois amplifiées par l'opposition, en particulier par les conservateurs. Nous avons eu un débat très vigoureux, et ce débat est opportun. La capacité des partis d'opposition de faire leur travail n'a en aucun cas été restreinte par le recours aux dispositions hybrides. La reddition de comptes était évidente et pleinement en vigueur. En ce qui concerne ce qu'on a perdu, le recours au système hybride n'a pas changé grand-chose. Je pense cependant que nous devons prendre un moment pour réfléchir à ce qu'on a gagné et à ce qui a changé à la Chambre durant les événements que nous avons vécus au cours des trois dernières années. Je vais commencer, en toute franchise, par mes propres erreurs, en revenant sur ma carrière.
J'ai été élu il y a presque 20 ans. L'an prochain, 20 ans se seront écoulés depuis que j'ai eu l'occasion de siéger au Parlement pour la première fois. Cela s'est produit un peu plus tôt que je l'avais prévu. J'avais 29 ans lorsqu'une nouvelle circonscription a été créée dans ma région. J'avais toujours rêvé de servir mes concitoyens au Parlement. C'était un rêve que je caressais depuis l'âge de 12 ans. Être député a toujours été une grande passion dans ma vie. Je me croyais capable de remplir ces responsabilités, tout en assumant pleinement les responsabilités liées à la paternité et à la famille, tout en maintenant un équilibre. Pour de nombreuses raisons, je n'y suis pas arrivé et j'ai laissé mon travail et ses priorités prendre trop de place dans ma vie.
Il ne s'agit pas d'un travail au sens habituel du terme, mais d'une vocation et d'un privilège incroyables. Nous rencontrons tous les gens dans notre circonscription et nous voulons les servir comme il se doit. Nous entendons parler des injustices qui se produisent au pays, et nous désirons défendre nos concitoyens. Cependant, avant l'entrée en vigueur des dispositions prévues dans le système hybride, il y a eu de nombreux moments extrêmement importants dans la vie de ma famille auxquels je n'ai pas pu assister, ce que je regrette sincèrement. Je veux faire en sorte que cela ne se reproduise pas et que les députés puissent être là pour leur famille, pour les gens qu'ils aiment et pour leurs amis, dans les moments marquants et les moments les plus cruciaux de leur vie, parce que ces moments sont essentiels. Je souhaite le faire pour diverses raisons, mais la principale, c'est que nous sommes la Chambre des gens ordinaires. Nous sommes censés comprendre les gens ordinaires, et les gens ordinaires passent du temps avec leur famille. Les gens ordinaires trouvent du temps pour les moments marquants de la vie de leurs proches. Les gens ordinaires acceptent des emplois qui tiennent compte de leur famille et de leurs obligations envers elle, et il est grand temps que le Parlement soit un endroit qui reflète ces valeurs.
Ne pensons pas seulement à la volonté d'être juste pour les familles. Pensons aussi à ce qui arrive lorsque nous participons à des moments vraiment importants dans la vie de notre entourage. D'abord, lorsque nous avons la possibilité d'assister à la cérémonie de remise des diplômes d'un de nos enfants ou d'être au chevet d'un proche, notre vision des choses change. Lorsque nous pouvons être présents à ces moments profondément déterminants, ils nous rappellent les raisons pour lesquelles nous faisons ce travail, ce qui nous tient à cœur et, à vrai dire, comment on se sent dans une telle situation. Il est tout aussi important de prendre une pause du travail que de s'y consacrer pleinement le temps venu: nous pouvons ainsi replacer les choses en contexte et ne pas perdre de vue ce dont nous débattons. Très souvent, on dit que les députés à Ottawa vivent dans une bulle. Si nous n'avons pas l'occasion d'établir des liens et de passer du temps avec les personnes que nous aimons, si nous sommes coupés du monde réel, il n'est pas étonnant que nous vivions dans une bulle.
Cela nous rappelle également ce qui compte vraiment, et je suis sûr que nous avons tous vécu cette expérience. C'est l'une des raisons pour lesquelles les semaines que nous passons dans notre circonscription sont si importantes. Lorsque je prends le temps de m'éloigner de la Chambre et de nos débats, des débats qui me semblent parfois extrêmement importants, je rentre chez moi et je retrouve mes amis et ma famille, qui me disent: « De quoi parles-tu? Cela ne nous préoccupe pas. Tu es complètement dans le champ. » Parfois, il y a une petite chose dont nous n'avons pas conscience, ici, ou qui ne nous donne pas la même impression, mais lorsque nous retournons dans notre circonscription et que nous sommes avec nos proches, ils nous rappellent à quel point c'est important.
Cependant, il y a deux autres choses qui, à mon avis, sont encore plus importantes. La première, c'est l'énergie. Les députés peuvent voir que je déborde de vigueur aujourd'hui. Cette vigueur a une origine très précise. Elle me vient du fait que mes besoins ont été satisfaits. Bien que j'aie eu beaucoup d'activités pendant la fin de semaine, j'ai aussi passé du temps de qualité avec les gens que j'aime, ce qui me donne des forces et change la personne que je suis ici.
Voilà qui m'amène à mon dernier argument sur la présence aux moments marquants, soit que lorsqu'on a l'occasion d'assister aux moments qui sont vraiment importants et de recharger ses batteries, on peut prendre de meilleures décisions. Toutes les pires décisions de ma vie — et j'en ai pris certaines assez mauvaises — ont été prises dans des moments de privation, lorsque je ne m'occupais pas de mes besoins. J'ai pris ces mauvaises décisions parce que j'étais débordé et que j'avais perdu de vue mes priorités. Par conséquent, répondre à ces besoins, ce n'est pas rien.
Soyons honnêtes. Le problème que nous avons aujourd'hui au Parlement, ce n'est pas que les députés prennent trop de congés ou qu'ils partent se détendre et se reposer. J'ai été whip pendant plus de trois ans. Je peux dire aux députés que cette description ne reflète pas la vie d'un député. La vie d'une personne qui décide de servir ses concitoyens, comme le sait tout le monde à la Chambre et tous les anciens députés qui sont à l'écoute du débat, c'est une vie de dévouement et de sacrifice extraordinaires.
Lorsque nous ne sommes pas à la Chambre, on nous demande de siéger à un comité. Lorsque nous ne siégeons pas à un comité, on nous demande d'assister à une réception ou à une réunion avec des intervenants, ou nous rappelons nos concitoyens. Lorsque nous arrivons dans notre circonscription, on nous demande de faire des choses pour nos concitoyens à l'occasion d'événements, de les représenter, de les rencontrer, de prêter l'oreille à leurs préoccupations, de les écouter raconter ce qui les dérange et d'être là pour les défendre.
On nous demande de faire des choses pour notre parti: recueillir des fonds, faire le nécessaire pour être prêt pour les prochaines élections, s'assurer que notre association de circonscription est bien prise en charge et ne pas oublier de convoquer tous les bénévoles et toutes les personnes qui nous donnent un coup de main au cours d'événements communautaires ou d'activités avec des intervenants. Bon sang, on se rend au Pharmaprix, malade, à minuit en discutant d'un dossier d'immigration. C'est la vie d'un député, pas seulement d'un député libéral, pas d'un député conservateur, de tous les députés.
Je suppose qu'il y a toujours quelqu'un, quelque part, qui ne fait pas ce qu'il devrait faire, mais nous avons la démocratie et les élections pour régler cette question. Selon mon expérience, les députés font de l'excellent travail. Par contre, siéger ici et prétendre que le format hybride revient en quelque sorte à manquer à nos responsabilités à l'égard de nos concitoyens revient à se boucher volontairement les yeux et à faire abstraction du travail essentiel que fait chaque député à la Chambre.
Je crois que nous avons plutôt le problème contraire. Le format hybride est une occasion de refléter un changement de mentalité, une mentalité que, en rétrospective, j'aurais aimé qu'on m'inculque lorsque je suis arrivé à la Chambre, en 2004. Il ne s'agissait pas de travailler plus fort. Mon Dieu, mon agenda ne me permettait pas de faire quoi que ce soit d'autre. C'était de dire non. C'était d'apprendre à établir des limites et à se garder l'espace nécessaire afin de ne pas manquer les moments les plus importants de sa vie.
Au bout du compte, cette occasion de servir nos concitoyens se résume à une chose: un nom qui est imprimé sur une carte et qui pourrait être changé en un instant. C'est tout. Quelqu'un va dire qu'il s'agit d'un accessoire. C'est de bonne guerre. Il s'agit de mon nom. Il est écrit sur un bout de carton. Je peux le lire...
Une voix: C'est un accessoire.
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Madame la Présidente, je m'en suis servi pour montrer que notre passage ici est éphémère et qu'il est important de s'en souvenir pour deux raisons. J'ai déjà perdu une élection et la douleur était viscérale. Lorsque nous quittons cet endroit, que nous perdons notre titre de député, il nous reste notre famille, nos amis, nos passions et, honnêtement, les liens que nous avons tissés ici. C'est ce qui compte. C'est ce qui nous lie tous. C'est et cela devrait être une affirmation de la culture que tous les députés souhaitent pour cet endroit. Aucun travail ne devrait exiger qu'on le place au-dessus de notre famille et de nos proches.
La notion de service est extrêmement importante, mais nous devons, d'abord et avant tout, servir les gens que nous aimons. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cela, au-delà du fait que c'est la bonne chose à faire. C'est également parce que, dans mes moments les plus sombres, lorsque je me suis perdu et que j'ai perdu mes repères, c'est l'amour de mes enfants qui m'a permis de m'en sortir. Pendant certaines des batailles électorales les plus rudes que j'ai menées, alors que je m'appuyais sur mes valeurs et que je luttais pour défendre les idées qui me tenaient à cœur, ma mère faisait du porte-à-porte tous les soirs — elle l'a fait des centaines de fois — et elle était toujours là pour moi. Voir la détermination dont elle faisait preuve alors qu'elle n'était même pas au service de la population a été une source de force pour moi.
C'est ce qui arrive. Nous vivons une période sombre et difficile. Il n'y a pas un député qui, lorsqu'il se tourne vers les médias sociaux, n'est pas assailli par une vague de haine et de mépris. Si nous ne pouvons pas passer du temps avec ceux que nous aimons et nous ressourcer ainsi, nous ne serons pas prêts à affronter ce qui nous attend.
Nous surmontons l'obscurité grâce à la persévérance. Tout le monde peut faire preuve de force à un moment donné, mais devoir le faire pendant des jours, des mois, des années, et des décennies demande une force intérieure qu'il n'est possible de trouver qu'en s'entourant de ceux qui nous aiment et qui nous accompagneront lorsque nous serons prêts à passer le flambeau. Ceux qui nous succéderont en auront également besoin.
Bien que je n'en aie pas la certitude, il est fort probable que mon intervention finisse dans un livre qui restera sur une étagère et qui tombera dans l'oubli. Cependant, lorsque nous prenons la parole ici, nous espérons que nos propos seront consignés pour la postérité. Je dirais à tous les députés nouvellement élus de prendre le temps de se reposer et de se consacrer à autre chose qu'à cet endroit, car personne d'autre ne leur dira de le faire. Tout le monde leur dira qu'ils n'en font pas assez, qu'ils doivent travailler plus fort, et qu'ils doivent se rendre à un plus grand nombre d'endroits. Les honorables personnes qui siègent ici ont en fait besoin qu'on leur dise le contraire. Il faut leur dire de prendre du temps pour eux, pour leur famille, et pour se reposer en vue des grandes et rudes batailles qui les attendent.
Quand nos besoins ne sont pas comblés, nous entrons dans la pièce comme des robots ou des fantômes. Nous n'arrivons pas ici avec toute la force de nos convictions et la capacité de lutter pour ce qui nous tient à cœur. Nous nous traînons d'une pièce à l'autre, nous serrons des mains, épuisés, et nous tentons de garder en mémoire des points à mentionner. Je dirais — et je suis fier de l'admettre — que je travaille moins maintenant, beaucoup moins que pendant mes trois premiers mandats, et que je suis beaucoup plus efficace. J'en demande moins à mes employés, et je dirais qu'ils sont beaucoup plus efficaces. Ces changements ont du sens non seulement parce que c'est la chose à faire, mais aussi parce que lorsque les gens ont plus d'énergie, de contexte et d'espace, ils peuvent voir ce qui est important et ils ont l'énergie nécessaire pour le mener à bien.
Si cela ne suffit pas de parler de donner aux députés un peu d'espace et un peu de répit pour assister à ces événements vraiment importants, je vais terminer en parlant d'Arnold Chan.
Arnold était l'un de mes amis les plus proches. Il a géré toutes les journées d'élections auxquelles j'ai participé. Il était mon mentor politique. Voir Arnold décéder d'un cancer a été l'une des choses les plus profondément douloureuses qu'il m'ait été donné de vivre. Toutefois, ce qui a rendu la chose encore plus difficile, ce fut de voir cet homme — qui aimait cet endroit, qui aimait la Chambre et qui était heureux de pouvoir y siéger —, venir ici de peine et de misère pour participer aux débats et pour voter. Ce fut très pénible de le voir dans la salle qui se trouve tout juste derrière celle-ci, plié en deux par la douleur et dans un état absolument horrible parce qu'il ne voulait pas laisser tomber ses concitoyens. Si nous avions eu un système hybride, à l'époque, il aurait pu participer depuis son domicile.
Malheureusement, en tant que whip, je sais qu'il se produit beaucoup trop de situations de ce genre, où l'état de santé d'un député nuit à sa capacité d'être présent à la Chambre — et non seulement sa santé à lui, mais peut-être aussi la santé de ses êtres chers. Il me semble que, à tout le moins, même si les députés ne sont pas convaincus par d'autres arguments, comme le besoin d'être présent lors des moments importants de la vie de nos proches, le souvenir de Mauril Bélanger ou d'Arnold Chan leur inspirera un peu de sympathie pour la douleur que nous ne pouvons pas voir et les épreuves qui ne sont pas visibles, mais qu'il faut affronter.
Je sais au fond de moi que dans cent ans ou dans mille ans, les modifications que nous apportons au Règlement seront toujours en vigueur. Je le sais, alors même que je présente ces modifications aujourd'hui, mais ce n'est pas parce qu'elles ne peuvent pas être changées. Elles peuvent l'être. Un futur gouvernement pourrait les annuler. Cela dit, ces modifications ne seront pas annulées, parce que je vois déjà tous les députés en profiter de manière judicieuse et appropriée. Dans les couloirs, j'ai parlé à des députés de tous les partis. Ils m'ont expliqué comment ces dispositions ont complètement changé la donne pour eux, leurs familles et leur capacité à faire leur travail.
C'est la bonne chose à faire, et pas seulement pour les personnes ici présentes. C'est un message à toute la population, afin qu'elle sache que c'est ici la Chambre des gens du peuple. Je suis convaincu que certaines personnes, qui ne croyaient pas être en mesure de mener une vie publique et qui pensaient qu'il leur serait impossible de siéger au Parlement, verront ces modifications et se diront que c'est possible, qu'elles peuvent se présenter et assumer les fonctions d'un député. Il n'y a peut-être rien de plus important que cela. Le format hybride rend le Parlement un peu plus accessible, un peu plus ouvert et d'autant plus représentatif du pays que nous sommes si chanceux de servir.
J'espère que tous les députés réfléchiront sérieusement aux trois dernières années, au travail effectué par le comité de la procédure et des affaires de la Chambre et au fardeau que notre travail nous impose. L'adoption du mode hybride aurait des répercussions aussi bien sur le Parlement d'aujourd'hui que sur celui de demain.
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Madame la Présidente, j'aimerais d'abord faire une brève mise en contexte sur la façon dont les libéraux traitent le Parlement en général.
Nous nous rappelons tous que, lors de la campagne électorale de 2015, le a prétendu se soucier de certaines choses comme la reddition de comptes, la transparence, la suprématie du Parlement et le fait que les députés de toutes les régions du pays viennent ici pour demander des comptes au gouvernement. Ce n'est pas seulement quelque chose qu'on pourrait entendre dans un cours de science politique ou un cours d'éducation civique au secondaire. Demander des comptes au gouvernement n'est pas qu'un simple exercice comptable visant à vérifier si les chiffres sont exacts. Bien qu'il y ait aussi de cela, il s'agit surtout de remettre en question les décisions du gouvernement afin que les Canadiens obtiennent ce qu'il y a de meilleur. C'est grâce aux débats parlementaires rigoureux, aux études en comité et aux questions qui sont posées tous les jours au premier ministre et à son Cabinet qu'on peut faire la lumière sur les faits et aider ainsi les Canadiens à faire un choix éclairé lors des élections.
J'étais leader du gouvernement à la Chambre en 2015, tout de suite après les élections, juste après que le premier ministre a promis qu'il respecterait le rôle du Parlement et qu'il s'en remettrait toujours au rôle important que joue la Chambre des communes dans notre démocratie. Au cours des premiers mois qui ont suivi les élections de 2015, quelque chose a montré à quel point toutes ces belles paroles étaient bidon. La Chambre était alors saisie d'un projet de loi; je crois qu'il s'agissait du projet de loi . Les libéraux avaient de la difficulté à compter les membres de leur caucus un lundi matin. Il y a eu un vote auquel les libéraux ne s'attendaient pas ce jour-là et ils l'ont presque perdu parce qu'ils n'avaient pas assez de députés en ville. Certains de leurs députés étaient encore dans leurs circonscriptions, en voyage aux frais de la princesse ou absents pour d'autres raisons. Il y a eu égalité des voix à la Chambre. Un projet de loi d'initiative ministérielle a presque été rejeté et le Président a dû trancher. Conformément à la tradition, le Président a rompu l'égalité en faveur de la poursuite du débat, ce qui a permis l'adoption du projet de loi à l'étape du rapport, de sorte que l'étude du projet de loi s'est poursuivie.
Les libéraux ont été tellement secoués par cette expérience que, à peine quelques jours plus tard, le leader du gouvernement à la Chambre présentait la motion no 6. La motion no 6 visait à dégriffer les partis de l'opposition, à leur retirer la plupart des outils auxquels ils avaient accès pour exiger des comptes du gouvernement, pour faire ressortir les détails et faire contrepoids aux plans et aux mesures législatives du gouvernement. La motion donnait des pouvoirs inédits au gouvernement de façon à lui permettre de faire progresser rapidement les projets de loi et à empêcher l'opposition d'utiliser les outils légitimes à sa disposition pour ralentir le débat, pas uniquement pour faire obstruction ou pour retarder les travaux uniquement parce qu'on en a la capacité. C'est lorsqu'on ralentit les travaux que les députés découvrent des détails, trouvent les erreurs que le gouvernement a commises ou entendent les témoins qui expliquent que telle ou telle conséquence imprévue pourrait faire plus de mal que de bien.
On pourrait qualifier la réaction du gouvernement à ce vote nul sur un projet de loi de crise de colère parlementaire pendant laquelle il a complètement perdu la tête et tenté de retirer à l'opposition tout ce qu'elle avait pour tenter d'exiger des comptes du gouvernement. Heureusement, les partis de l'opposition ont vu clair dans le jeu du gouvernement.
C'est toujours incroyable lorsque des partis aux vues aussi différentes que le Parti conservateur, le Bloc québécois et le NPD trouvent un terrain d'entente, mais les libéraux sont bons pour provoquer cela. Lorsque le Bloc québécois, le Parti conservateur et le NPD s'entendent pour dire qu'une chose est un affront si terrible envers la démocratie parlementaire et les fonctions dont nous sommes censés nous acquitter en tant que députés qu'ils mettent de côté leurs différends et décident d'unir leurs forces pour s'y opposer et protéger cette institution, cela constitue une preuve accablante contre le Parti libéral. Or, il nous arrive très souvent de devoir le faire. Par égard pour notre institution, pour les futures générations de Canadiens et pour les futures législatures, pour que les futurs députés puissent disposer de ces outils très importants pour faire leur travail au nom des citoyens de leur circonscription, nous avons dû unir nos forces. Je me souviens que j'étais présent lorsque les leaders parlementaires de tous les partis reconnus, ainsi que le Bloc Québécois, ont expliqué aux Canadiens les motifs du gouvernement et les conséquences de ses actes. Nous avons réussi à opposer une résistance, que ce soit grâce aux communications efficaces entre tous les partis de l'opposition ou parce que, à ces moments-là, le s'est emporté.
Le a en fait blessé une députée du NPD, lorsqu'il lui a donné un coup de coude et a saisi avec force le whip conservateur de l'époque. Il a complètement perdu son sang-froid et a physiquement malmené une députée. C'est peut-être la raison pour laquelle il a finalement reculé, mais j'aime à penser que c'est au moins en partie à cause des arguments importants que nous avons avancés en tant que partis de l'opposition pour défendre nos institutions.
Cela se produit sans cesse. Chaque fois que les libéraux n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, ils essaient de changer les règles du jeu. Il est important de souligner que les outils dont dispose l'opposition pour retarder les choses, proposer des amendements et faire en sorte que des députés du Cabinet et du gouvernement soient présents physiquement à la Chambre constituent une partie importante du processus. Dans notre système, le pouvoir exécutif siège à la Chambre, et les partis de l'opposition doivent avoir des outils à leur disposition pour pouvoir mettre en lumière les lacunes, les échecs et les erreurs du programme du gouvernement.
Cela ne se produit pas seulement à la Chambre. L'autre endroit joue également un rôle important à cet égard. Je dois souligner que l'autre endroit a complètement mis de côté ses outils de Parlement hybride. Cela fait longtemps que les sénateurs sont revenus à des normes de fonctionnement normales. Depuis des mois, ils ont pu continuer à faire leur travail. Le mode de fonctionnement hybride se limite à la Chambre des communes.
En fait, il n'y a que la Chambre, dans tout le Canada, qui maintient encore une série de mesures qui avaient été initialement mises en place, comme l'a reconnu le , lorsque nous nous sommes entendus sur la meilleure façon de concilier deux choses: d'une part, respecter les ordonnances de santé publique qui étaient en place à ce moment-là pour le rassemblement de personnes venant de différentes régions du pays et, d'autre part, respecter les ordonnances et les règlements alors en vigueur pour assurer la distanciation physique de personne ne faisant pas partie du même ménage.
Nous avons alors convenu de respecter ces deux choses, car le Parlement ne pouvait pas se permettre de ne pas faire son travail. Dieu merci, nous avons insisté là-dessus. Je me souviens que, durant cette période, le gouvernement tentait de faire adopter à l'unanimité son projet de loi en réponse à la pandémie, sans aucun débat. Les libéraux voulaient simplement envoyer le libellé du projet de loi par courriel aux députés, inviter ces derniers à se présenter ici pour un petit moment, faire adopter le tout, puis rentrer chez eux.
Heureusement, l'opposition officielle, c'est-à-dire le Parti conservateur, s'y est opposée. C'est grâce à cet examen parlementaire que nous avons appris beaucoup de choses terribles sur la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID. Nous avons découvert que le a tenté de se servir de la pandémie pour enrichir ses amis. Nous l'avons découvert parce que le Parlement siégeait et nous disposions des outils nécessaires sur le plan des comités et des débats à la Chambre. Il l'a fait en provoquant d'énormes perturbations dans la vie des gens, en causant des pertes humaines, en obligeant les gens à dire au revoir à leurs proches sur Zoom, en les faisant manquer des fêtes d'anniversaire et des funérailles, en acculant des entreprises à la faillite et en privant les enfants d'activités et de moments importants de leur enfance.
Le premier ministre a essayé d'accorder, sans appel d'offres, un contrat à fournisseur unique d'une valeur d'un demi-milliard de dollars à ses amis de l'organisme UNIS, un organisme qui avait versé des centaines de milliers de dollars à des membres de sa famille. Cependant, il s'est fait prendre, car nous n'avons pas renoncé aux outils qui sont à notre disposition et qui nous permettent de demander des comptes au gouvernement.
Un examen parlementaire nous a permis de découvrir que le gouvernement s'est également servi de la pandémie pour récompenser des proches du Parti libéral et des députés libéraux défaits, comme Frank Baylis. Il a obtenu un contrat à fournisseur unique pour fournir du matériel médical qu'il n'avait jamais fourni. L'application ArnaqueCan est un autre exemple de gaspillage et de mauvaise gestion. Fort heureusement, nous avions encore ces outils parlementaires à notre disposition.
J'aimerais revenir sur quelques points que le a soulevés dans son discours. Il a parlé de consentement unanime. Notre collègue bloquiste vient de dire quelque chose de très important. Quand j'étais Président, j'en ai appris un peu sur le rôle, l'histoire et l'évolution du Règlement, ainsi que sur la raison d'être des règles qu'il contient.
Le comité McGrath est un excellent exemple de modernisation du Parlement après une longue période. La société avait adopté beaucoup d'innovations; la vie parlementaire avait changé. Devant ces changements, le gouvernement a décidé — c'était dans les années 1980 — de faire analyser en profondeur le Règlement, le cycle parlementaire et le déroulement quotidien des travaux. Il était essentiel que tous les partis de l'opposition participent et qu'on s'emploie à trouver un terrain d'entente afin d'en arriver à un consensus. Quand il n'y avait pas consensus, le gouvernement n'adoptait pas les changements proposés.
C'est grâce à ce comité que nous avons pu bénéficier de grands changements, notamment en ce qui concerne l'élection du Président. Depuis longtemps, avant les années 1980, c'était le premier ministre qui nommait le Président. Il présentait une motion, et la nomination du Président était pratiquement un fait accompli. Le premier ministre nommait qui il voulait. À ce moment, la Chambre a jugé bon de préserver l'impartialité de la présidence pour éviter que le Président cherche constamment à plaire au premier ministre. La Chambre a donc opté pour un scrutin secret, et le premier Président élu de l'histoire fut John Fraser. Depuis ce temps, c'est ainsi que les Présidents sont choisis. Il s'agit d'un tournant important — et heureux — dans l'histoire de la démocratie parlementaire. C'est une idée fantastique, qui a eu l'heur de servir autant la Chambre que la présidence elle-même.
Ce que je veux dire à mon collègue du Parti libéral, c'est qu'il y a eu consensus. Si les libéraux ne peuvent pas convaincre tous les partis de toutes les régions du pays et de différents points de vue politiques que c'est une bonne idée qui servira l'institution, et non un parti plus qu'un autre, alors ce n'est peut-être pas une bonne idée. Ils devraient au moins essayer de trouver un consensus, mais ce n'est pas ce qu'ils font. En allant de l'avant, ils créeront un précédent sur lequel les gouvernements et les législatures à venir s'appuieront pour dire qu'il est arrivé par le passé qu'un gouvernement, soutenu, peut-être, dans un contexte minoritaire, par un partenaire mineur de coalition, a dit qu'au bout du compte il allait tout simplement faire adopter le projet de loi à toute vapeur de toute façon.
Nous avons fait un effort de bonne foi pour préserver cette idée de consensus, pour empêcher ce qui est sur le point de se produire alors que le gouvernement finira par faire adopter cette motion à toute vapeur, et pour dire que, de manière à préserver l'importance de refondre le Règlement seulement après qu'un gouvernement a obtenu ce consensus, nous accepterons des choses de manière ponctuelle que nous n'accepterions normalement pas. Nous étions disposés à accepter le maintien de certains aspects de cet ensemble de mesures hybrides, à une seule condition, très simple et, je crois, pleine de bon sens: que cette série de mesures devienne caduque après les prochaines élections.
Quel effet cela aurait-il, et pourquoi est-ce important? Après chaque élection, il est courant que le comité de la procédure et des affaires de la Chambre examine le Règlement. La Chambre est censée tenir un débat au sujet du Règlement et de tout ce qui devrait y être modifié, ou de la façon dont le Règlement sert la Chambre à ce moment. Cette démarche n'a jamais mené à des changements substantiels, car le gouvernement en place cherche toujours à utiliser le temps à sa disposition pour mettre en œuvre son programme. C'est raisonnable. Les députés sont élus en fonction d'une plateforme électorale, et chaque jour qu'ils consacrent à débattre du Règlement — comme aujourd'hui — est une journée pendant laquelle ils ne peuvent débattre des mesures législatives qu'ils souhaiteraient mettre en œuvre.
Notre proposition aurait fait en sorte que le gouvernement prenne, de manière proactive, des mesures afin de prolonger ces changements. Cela fait environ un an seulement que les restrictions liées à la COVID ont été complètement levées. Dans certaines parties du pays, cela ne fait que 12 à 14 mois que ces restrictions ont été totalement levées. Il est donc difficile d'affirmer sans se tromper ce que les conséquences à long terme de ces changements auront sur notre vie parlementaire. Il ne s'agit pas uniquement de nos vies personnelles ou de la manière dont nous menons nos travaux, mais aussi de l'institution en soi.
Mon collègue, le , a donné beaucoup d'exemples qui illustrent à quel point notre travail comme députés est difficile. Oui, c'est difficile, mais je ne pense pas que les députés devraient réclamer des attentions particulières qui ne sont pas accordées aux Canadiens qui travaillent fort partout au pays. Oui, notre travail est difficile. J'ai cinq enfants et il y a beaucoup d'occasions où j'aurais aimé rester à la maison. J'ai manqué beaucoup d'étapes importantes. Je le savais lorsque je me suis présenté aux élections.
Je savais, lorsque je me suis porté candidat, que j'allais devoir faire des sacrifices. Oui, j'aurais l'incroyable récompense de me battre pour mes convictions et de servir ma ville et mes concitoyens, mais, en contrepartie, je serais très souvent loin de chez moi. J'ai décidé de le faire malgré tout, parce que j'apprécie énormément le travail important que font mon parti et mon équipe.
Je crois que mes convictions sont suffisamment importantes pour que je sois prêt à sacrifier des moments privilégiés à la maison pour contribuer aux progrès du Canada. Je veux aider à réparer les dégâts que les gouvernements interventionnistes ont causés dans nos vies, à restaurer la liberté et les libertés personnelles que nous avons perdues ces dernières années sous le gouvernement libéral.
Cela en vaut la peine. Il se peut que je manque l'anniversaire de l'un de mes enfants, mais, avec un peu de chance, je contribuerai à faire régresser un peu la misère que cause l'intervention du gouvernement dans leur vie. Ils s'en porteront mieux tout au long de leur vie. Voilà l'un des facteurs qui me motivent quand je dois manquer des moments précieux.
Quel que soit leur domaine professionnel, les Canadiens voudraient peut-être pouvoir retourner chez eux pour un événement familial important. Certains professionnels doivent assister à un congrès. Les avocats, de leur côté, ont des dates d'audience à respecter. Ils ne peuvent pas simplement appeler pour dire qu'ils resteront chez eux. Je ne pense pas que les députés devraient s'octroyer un privilège et une consolation que bien des Canadiens n'ont pas. Je ne crois pas que les changements que le gouvernement souhaite apporter aujourd'hui soient justifiés en tant que tels.
La motion d'aujourd'hui crée un précédent important, et il se pourrait que les libéraux ne chantent pas le même air si jamais un futur gouvernement fait une modification qu'ils n'aiment pas dans le Règlement. J'estime toutefois qu'il n'est pas trop tard. Dans quelques instants, je vais proposer un amendement qui pourrait nous rapprocher du consensus que nous cherchons à atteindre en négociant ces séries de modifications.
Nous avons longtemps soutenu qu'il faut mettre en œuvre des réformes procédurales importantes et durables après avoir obtenu le consensus des partis reconnus à la Chambre. Rendre permanent un changement aussi radical des activités parlementaires nécessite d'abord, sans contredit, l'appui de tous les partis.
Dans un esprit de consensus, l'opposition officielle aurait accepté de renouveler les procédures hybrides actuelles, assorties de certaines restrictions importantes, sous réserve de leur élimination progressive un an après le début de la prochaine législature, date à partir de laquelle il serait possible d'envisager un autre renouvellement, à condition d'en débattre en bonne et due forme. C'est le contraire de ce qu'affirme le . Il prétend qu'un futur gouvernement pourrait annuler le tout. Nous demandons pourquoi nous ne faisons pas l'inverse. Il incombe au gouvernement de justifier les modifications qu'il apporte et de répondre de toutes les conséquences imprévues qui pourraient en découler. Il aurait été de loin préférable pour la Chambre et pour les législatures subséquentes que les choses se fassent à l'inverse et qu'il incombe au gouvernement de poursuivre cela.
Je vais me concentrer sur les séances hybrides à la Chambre. La présence physique dans cette enceinte ajoute vraiment quelque chose. Demander des comptes aux ministres en personne ajoute une dynamique que nous perdons dans un Parlement hybride. Je ne suis pas le seul à le dire. Des experts parlementaires de partout dans le monde, d'autres Parlements du Commonwealth, et même d'anciens députés libéraux ont dit exactement la même chose. Se trouver à la Chambre, avec ses joutes oratoires et ses échanges, fait tout autant partie des débats que les mots eux-mêmes.
Les séances hybrides nécessitent d'énormes ressources, en particulier du côté des services de traduction. Les députés et les Canadiens ont le droit de lire et d'écouter les débats dans la langue officielle de leur choix, en français ou en anglais. C'est difficile pour l'administration de la Chambre. Je siège au Bureau de régie interne; pour les Canadiens qui ne le connaissent peut-être pas, le Bureau est le comité de gestion qui supervise le fonctionnement de la Chambre et de son administration. Il est en général non partisan. Il a littéralement été conçu pour faire en sorte que la Cité parlementaire soit sûre et que les députés aient les services dont ils ont besoin pour accomplir leur travail.
Ce comité a souvent entendu parler des durs ennuis que les séances hybrides causent aux services d'interprétation. Le travail des interprètes est très difficile. Ils doivent écouter à un niveau sonore très précis. Il faut qu'ils puissent entendre ce qui se dit et le traduire verbalement et simultanément. Ce n'est pas comme si les interprètes recevaient des copies des discours et pouvaient les transcrire dans l'autre langue et les lire à voix haute. Ils doivent écouter et parler en même temps.
Les interprètes ont eu un nombre surprenant de blessures au travail. Lorsque les députés se lèvent pour prendre la parole, ils sont parfois trop près du microphone, ils commencent peut-être trop fort ou leur casque n'est peut-être pas calibré correctement. Les interprètes subissent le choc sonore qui se produit initialement, et au fil du temps, un certain nombre d'entre eux ont malheureusement dû prendre congé ou ont été mis en congé de maladie à cause de ces blessures. Par conséquent, le bassin des interprètes disponibles a diminué, et il est maintenant extrêmement difficile pour la Chambre de trouver des ressources humaines adéquates afin de tenir des séances hybrides tout en fournissant le même service aux comités.
Je soulève ce point, parce que, en raison de l'importance des délibérations à la Chambre, la Chambre des communes elle-même se voit toujours accorder la priorité en ce qui concerne l'affectation des ressources humaines. Cela veut dire qu'il y aura toujours des services d'interprétation à la Chambre. Où la Chambre obtient-elle ces services lorsque les ressources humaines se font rares? Elle les obtient des comités.
Je sais que de nombreux députés qui sont à la Chambre en ce moment siègent à des comités. Au cours des derniers mois, combien ont vu une réunion de comité annulée à la dernière minute à cause d'un manque de ressources? Je suis certain que cela est arrivé à tous les députés. Quand le gouvernement prolonge de six ou sept heures une journée de débats, jusqu'à tard en soirée, l'Administration de la Chambre doit soudainement faire des pieds et des mains pour réaffecter les interprètes. Résultat: des réunions de comité sont annulées.
Pourquoi les libéraux pourraient-ils souhaiter que des réunions de comité soient annulées?
Le déteste les comités parlementaires. On peut facilement comprendre pourquoi: c'est dans les comités que nous avons mis en évidence de scandaleux exemples de gaspillage, de corruption et de mauvaise gestion. Nous avons l'occasion d'y étudier de très près les dépenses, les contrats et l'hypocrisie dont le gouvernement fait preuve dans ses programmes, avec sa mauvaise gestion de l'économie.
Nous devons aux comités des nouvelles fracassantes et des rapports qui ont eu l'effet d'une bombe. Lors des travaux des comités, nous entendons un ministre contredire un autre ministre; nous avons l'occasion d'examiner les contrats accordés à des copains des libéraux; nous entendons des témoignages d'experts qui...
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Monsieur le Président, j'avais l'impression que mon tour n'arriverait jamais.
J'ai été élu pour la première fois à cette assemblée en octobre 2019. Notre chef m'a gentiment demandé d'être le leader de notre parti politique. Rapidement, au contact des leaders des autres partis politiques, j'ai appris comment fonctionnait le Parlement. Disons que la leçon a été difficile dès le départ. En effet, une des premières choses que nous avons eu à régler, c'est la COVID‑19.
En mars 2020, une situation exceptionnelle se produisait. Je ne sais pas si on se rappelle que le pays était presque fermé. Les gens ne pouvaient plus travailler. Nous étions devant un virus extrêmement virulent. À ce moment, la question était: que faisons-nous? Cessons-nous de siéger? Continuons-nous? Si oui, dans quelles circonstances?
Je suis très content d'avoir vécu cela. Le leader du gouvernement de l'époque, qui est maintenant , m'avait parlé. Il m'avait dit que l'heure était grave et que nous devions avoir de la hauteur. Il fallait absolument que nous sauvions le pays. C'était presque de cette façon que nous en parlions, car le pays était dans une situation catastrophique. Malgré le fait que nous étions dans une telle situation, nous n'avons pas perdu notre sang-froid. Nous avons discuté et nous sommes entendus. Nous avons décidé d'arriver avec un Parlement hybride.
Je dois saluer les techniciens et les interprètes, qui en ont eu plein les bras, ainsi que le personnel de la Chambre. Ils ont vraiment œuvré de façon exceptionnelle pour que nous puissions continuer à siéger et à proposer des lois qui allaient aider les gens à traverser la pandémie.
Nous avions donc obtenu un consensus. Voilà où je veux en venir. Malgré une situation extrêmement difficile, nous nous étions rencontrés et nous étions entendus. Le leader du gouvernement, à l'époque, avait cherché le consensus, et je le sentais bien. Par la suite, vu que nous avions des vagues successives et ainsi de suite, nous avons quand même continué d'essayer de trouver un consensus. Une façon de le trouver était de présenter des motions comportant une date d'expiration. Nous voulions négocier pour une année et voir plus tard pour la prochaine année. Cela permettait à tout le monde de s'entendre. Je rappelle qu'à l'époque, en 2019, le gouvernement libéral était minoritaire. À l'époque, ils se sont comportés comme un gouvernement minoritaire, cherchant des ententes avec un parti ou un autre, et, dans ces cas-là, cherchant le consensus.
En 2021, il y a eu des élections. Voici le résultat des élections, au cas où on l'aurait oublié: le Parti libéral, 160 sièges; le Parti conservateur, 119 sièges; le Bloc québécois, 32 sièges; le NPD, 25 sièges; le Parti vert, 2 sièges. Pour obtenir la majorité, il faut détenir 170 sièges. Or les libéraux en ont remporté 160. Ils sont donc minoritaires, comme de 2019 à 2021.
La population a donné un mandat minoritaire à ce gouvernement, mais, la première chose que les libéraux ont cherché à faire, c'est de se trouver un ami pour se concocter artificiellement un gouvernement majoritaire. Ils ont trouvé leurs amis néo-démocrates pour faire cela. Ils leur ont donné l'assurance pour des soins dentaires. À l'époque, c'était une loi extrêmement mal construite. En 10 ans de parlementarisme, je n'ai jamais vu une loi aussi mal rédigée. Cela a été fait sur le coin d'une table. En contrepartie, les néo-démocrates ont donné aux libéraux l'assurance de la majorité. Voilà ce qui est arrivé.
Les libéraux n'ont pas fait preuve de modestie devant les Canadiens et les Québécois. Ils auraient pu se dire qu'étant minoritaires, ils doivent agir à l'intérieur de ce cadre. Or nous avons senti de l'arrogance. Les bâillons se sont accumulés. Nous nous apercevons que les discussions sont rares entre le Parti libéral et le Bloc québécois.
Cette motion est cruciale. Elle vient changer les règles du jeu du Parlement. Ce n'est pas rien. On décide de la manière dont on va faire fonctionner le Parlement.
On ne parle pas de la couleur des crayons qu'on va utiliser à la Chambre. C'est extrêmement important.
Dans le passé, quand on a modifié des règlements qui touchaient l'appareil parlementaire, cela a toujours été fait avec un consensus. Je vais y revenir plus loin et je vais donner des exemples concrets. Dans le passé, on a cherché le consensus.
Le gouvernement présente une motion qui est permanente. C'est la première chose. Les libéraux changent le fonctionnement du Parlement de façon permanente. C'est la première fois qu'ils font cela. Ils arrivent avec cette motion et nous disent comment les choses vont fonctionner.
Il y a quelques mois, le m'a dit que je pouvais lui envoyer des suggestions et que nous en discuterions. Nous avons préparé les suggestions, mais il ne nous les a jamais demandées. Or, les libéraux se sont virés de bord et nous ont écrasé la motion en pleine face. La whip est là pour en témoigner. Ils ont décidé de la façon dont les choses se dérouleraient. C'est le respect que les libéraux ont pour les partis de l'opposition. Ils changent les règles sans qu'il y ait de consensus.
Qu'est-ce que cela veut dire? C'est sûr qu'ils se trouvent bons, qu'ils sont de bonne humeur et qu'ils font la leçon aux autres. En ce qui concerne les leçons de démocratie, les libéraux sont les champions. Eux, ce sont les grands démocrates. Socrate peut aller se rhabiller.
Maintenant, nous sommes dans une situation où les libéraux changent les règles de façon permanente. Cela veut dire qu'ils créent un précédent. Je ne lis pas dans les feuilles de thé ni dans les boules de cristal, mais je peux dire que, à un moment donné, ils vont se retrouver ailleurs qu'au gouvernement. Je l'annonce en primeur, ce sera d'ici les 100 prochaines années. À un moment donné, le Parti conservateur va former le gouvernement. La seule chose dont je suis sûr, c'est que le Bloc québécois ne prendra jamais le pouvoir. Or, pour le reste, il y a des chances que les conservateurs prennent le pouvoir.
Imaginons que les conservateurs prennent le pouvoir et qu'ils sont majoritaires. Ils pourront se lever un matin et dire qu'ils ont décidé des nouveaux règlements. Les libéraux, qui seront dans l'opposition avec leurs amis du NPD, ne pourront pas dire que les conservateurs ne respectent pas le consensus, car les conservateurs diront qu'ils suivent l'exemple des libéraux, qui devraient se garder une petite gêne. C'est ce qu'ils vont dire. Ce que je veux dire, c'est que cela crée un précédent.
C'est ce qui est dangereux. Maintenant, qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire qu'on va poursuivre un Parlement hybride, en partie. J'ai entendu tantôt une députée du NPD dire qu'elle a eu la COVID‑19, que c'était épouvantable, mais qu'elle voulait quand même travailler. Je trouve cela bien correct.
Cependant, chaque fois que j'en parlais au gouvernement, je disais qu'il fallait que le virtuel soit l'exception, pas la règle. Au Bloc québécois, nous ne disons peut-être pas qu'il ne faut jamais faire du virtuel, mais nous pensons qu'il faut l'utiliser avec parcimonie, dans des cas d'exception. Il ne faut pas que 30 députés participent aux débats en virtuel, cela ne fonctionne pas. Ce n'est pas parce qu'on a un peu de morve au nez ou un cheveu mal frisé qu'on ne doit pas se présenter en personne. Il faut avoir des raisons valables.
On doit trouver une façon de procéder afin de s'assurer que des gens qui participent aux débats en mode virtuel le font pour les bonnes raisons. C'est cela, la base et c'est ce qu'on aurait dû faire. Nous étions parlables. Je ne suis pas arrivé comme un matador en disant que c'était comme cela et que si on n'était pas content, tant pis. Non, nous étions parlables, nous voulions discuter et trouver les solutions. Nous étions en mode solution. Ce n'est pas cela qu'on a entendu.
J'ai entendu le discours du leader du gouvernement à la Chambre et je dois dire qu'il a provoqué un malaise en moi. Je pourrais en discuter longtemps, mais je ne le ferai pas. Je l'écoutais et je me disais que, oui, la vie de député est difficile, mais que personne n'a appris après être devenu député qu'il devait aller à Ottawa. Voyons! C'est sûr que les députés doivent aller à Ottawa, car c'est là que nous siégeons. C'est comme cela que cela fonctionne, et ce, depuis 155 ans. Oui, les députés doivent aller à Ottawa. Ceux qui ont une famille doivent faire leur possible, mais il n'y a pas de surprise là-dedans et c'est comme cela que cela fonctionne.
Notre whip dit tout le temps qu'il faut avoir de la bienveillance et qu'il faut essayer d'écouter les gens qui ont des enfants afin de leur offrir une certaine latitude pour qu'ils puissent avoir une vie de famille qui ne soit pas trop abîmée par l'expérience parlementaire.
Cela fait 156 ans que cela dure. On va me dire que je suis sévère avec les familles. Non, on peut trouver une façon d'organiser les horaires. On pourrait avoir des arrangements au Parlement pour faciliter le travail des mères et des pères qui ont des enfants. Il y a moyen de discuter, de s'asseoir afin d'essayer de régler la situation. À l'époque, on n'avait peut-être pas ce problème, mais aujourd'hui, on doit considérer la conciliation travail-famille. On pourrait s'asseoir tout le monde afin d'en discuter.
À l'inverse, le dit: voici ce que j'ai remarqué et voici ma solution. Il ne se prend pas pour un pepsi flat. Pourrait-il s'asseoir avec les gens afin de trouver des solutions? Je suis sûr qu'en parlant aux conservateurs, aux néo-démocrates, aux libéraux et à nous, on aurait pu trouver des solutions pour répondre aux besoins de conciliation travail-famille.
Au Bloc, nous avons aussi des jeunes mamans et elles nous disent ce qu'elles vivent. C'est extraordinaire ce qu'elles réussissent à faire dans cette situation. Il y aurait moyen de les écouter et de leur demander ce qu'on pourrait apporter comme solutions.
Pourrait-il y avoir des séances virtuelles à l'occasion? Peut-on nous en parler avant de nous imposer l'obligation de fonctionner en virtuel? Ce n'est même pas à prendre ou à laisser, c'est à prendre, nous n'avons pas le choix. Quelque part, il n'y a pas grand place pour essayer de négocier et apporter des améliorations. Nous ne voyons pas cette possibilité.
En ce qui concerne le vote électronique, si on nous demande si nous sommes d'accord sur ce point, nous allons dire oui. Sommes-nous toujours d'accord sur le fait de procéder par vote électronique? Dans une situation où c'est un vote de confiance, je trouve que cela devrait être en présentiel. Dans une situation où on peut faire tomber le gouvernement, je pense que la décence veut que les gens soient ici à voter en personne.
En ce qui concerne la reddition de comptes, pendant la pandémie, on a vu des ministres qui n'étaient pas souvent là. À l'époque où nous étions en pandémie, cela pouvait passer, mais, à un moment donné, nous n'étions plus en pandémie et certains ministres avaient l'air de trouver cela correct d'être en virtuel. Je trouve que les ministres et les gens qui répondent aux questions à la Chambre ou en comité se doivent de faire une reddition de compte en étant présents pour répondre aux questions.
Tantôt, un collègue mentionnait que le fait d'être à la Chambre nous permet de faire un meilleur travail, car il est facile d'aller à la rencontre des ministres. Les ministres sont fins. Quand nous allons les voir, ils ont l'air contents de nous parler. Ce sont des êtres humains. Nous sommes polis avec eux, ils sont polis avec nous. Il est possible de traverser la Chambre et de réussir à leur parler en moins de 30 secondes, dépendamment du pas qu'on peut avoir. Le député du , le trotteur, peut y arriver en deux pas, mais peu importe. Nous allons les voir et nous pouvons discuter avec eux.
Tantôt, certains collègues riaient et disaient que nous pouvions les appeler. Nous pouvons les appeler, mais c'est plus difficile. J'ai plus de difficulté à parler à un ministre au téléphone qu'à traverser la Chambre pour aller le rencontrer. Je peux dire cela, j'ai fait plusieurs fois l'expérience. Je ne veux pas dire que les ministres ne répondent pas au téléphone, ce n'est pas cela que je dis. En étant ici à la Chambre, c'est plus simple pour tout le monde. Être présent à la Chambre, c'est bien faire notre travail.
J'aimerais lire quelque chose au sujet du travail des députés en virtuel. Mme Kathy Brock, professeure et agrégée supérieure de recherche à l'Université Queen's, a témoigné au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre et a dit que lorsque les députés participent virtuellement aux délibérations hybrides, une certaine dynamique de pouvoir s'installe de sorte que les ministres et les porte-parole de l'opposition sont à l'avant-plan alors que le simple député se sent un peu laissé de côté.
Des spécialistes disent qu'il peut être plus difficile pour un député de faire son travail en virtuel. Les députés ne vont pas seulement à la rencontre des ministres, mais aussi des autres députés qui siègent au même comité. Nous voyons cela souvent. Il y a une collégialité entre les gens. Nous parlons des motions que nous allons déposer, de ce qui s'est passé récemment à la Chambre. Ma collègue présidente du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre vient souvent rencontrer notre porte-parole ici pour jaser et savoir ce qu'elle pense d'un sujet en particulier.
L'objectif, c'est de faciliter le travail. C'est cela, l'objectif d'être présent à la Chambre.
Par ailleurs, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a déposé un rapport avec des suggestions pour justifier, entre autres, la présence des ministres à la Chambre pour la reddition de comptes. Le Comité a dit qu'il fallait que les ministres soient présents, mais le gouvernement qui s'était engagé à respecter le rapport du Comité ne l'a pas pris en considération. C'est problématique.
Pour ce qui est de l'interprétation, ma collègue va en parler plus en détail tantôt, la preuve est faite qu'avec la COVID et le recours au virtuel, l'utilisation du français dans les débats a fortement diminué. Cela a poussé les témoins, entre autres, à parler davantage en anglais. On entend souvent les libéraux et un peu tout le monde dire que les deux langues officielles au Canada sont le français et l'anglais. Moi, j'ai une mauvaise nouvelle: le recours au virtuel désavantage l'utilisation du français. Les chiffres sont têtus et sont éloquents.
La démocratie va être abimée par ce comportement. Je pense évidemment à l'ingérence étrangère qui attaque de plein fouet la démocratie. Tantôt, je riais parce que le leader de l'opposition disait que, quand le NPD s'entend avec les conservateurs et les bloquistes, il faut vraiment que le sujet soit assez consensuel, puisqu'on n'est pas pareil. On se ressemble sur certains points, mais il y en a d'autres sur lesquels on ne se ressemble pas.
Les trois partis disent que cela prend une commission d'enquête publique pour protéger la démocratie et le gouvernement dit qu'il sait ce que cela prend et que ce n'est pas nécessairement cela. J'espère que les libéraux vont changer leur fusil d'épaule avec ce qui est arrivé à M. Johnston.
Cependant, c'est ce comportement qui est problématique dans l'ensemble des gestes de ce gouvernement. On dirait qu'il ne prend pas tout le temps la démocratie au sérieux. Je pèse mes mots. Je ne veux pas déplaire aux gens et faire friser les oreilles, mais c'est quand même ce que je remarque de plus en plus.
À ce constat-là s'ajoute la situation du Parlement hybride actuel, où on crée vraiment un précédent. La démocratie sera indéniablement abimée par un comportement cow-boy de ce genre. En outre, l'opposition sera défavorisée. De toute façon, cela fait partie de ce que le gouvernement libéral veut. Il veut un gouvernement plus facile à diriger. Ce qui est étonnant, c'est que le NPD, qui fait partie de l'opposition — en fait, plus rien ne me surprend — enlève des pouvoirs à l'opposition. Cela peut devenir problématique dans un proche avenir.
J'aurai un sous-amendement à déposer.
En terminant, le gouvernement crée un précédent. Le gouvernement prépare des lendemains qui peuvent être difficiles par un comportement exceptionnellement rare et surtout exceptionnellement discutable. On ne peut pas laisser passer cela. J'en appelle à la bonne volonté du . Je le connais. Je suis convaincu qu'en écoutant les commentaires, aujourd'hui, il va rajuster le tir et va finalement prendre notre main tendue pour essayer de trouver un consensus qui soit à l’avantage de notre vie parlementaire. C'est un indépendantiste qui dit cela. Cela montre à quel point les institutions sont importantes: je dois les respecter et je les respecte. J'espère qu'on en fera de même.
Mon sous-amendement prévoit que la modification à l'article 45 du Règlement soit modifiée par adjonction de ce qui suit: 45(13) Nonobstant l'alinéa 12 du présent article, les députés doivent obligatoirement participer en personne pour la tenue des votes par appel nominal sur toute question qui implique la confiance lorsqu'elle est énoncée explicitement par le gouvernement ou pour l'adoption des crédits provisoires, l'adoption des budgets des dépenses, la politique budgétaire et l'Adresse en réponse au discours du Trône.
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Monsieur le Président, je suis heureux de me lever aujourd'hui pour parler de cette question importante. Je vais donner une petite leçon d'histoire plus tard, mais je vais d'abord poursuivre sur les racines de ce qu'on a établi avec le Parlement hybride.
Le avait bien raison, il y a quelques minutes, quand il disait que le 13 mars 2020 tous les partis se sont réunis pour suspendre le Parlement. On savait que la pandémie arrivait et qu'il ne fallait pas que les 338 députés se retrouvent dans une même salle, avec la COVID‑19 qui avait commencé à faire ses ravages dans tout le pays. Le 13 mars 2020, nous avons décidé à l'unanimité de suspendre le Parlement et de mettre en place ce qui est aujourd'hui devenu le Parlement virtuel que nous connaissons aujourd'hui. C'est un exemple pour le monde entier. Il y a d'autres Parlements qui ont adopté de façon permanente des règles pour une assemblée virtuelle ou hybride. Aujourd'hui, nous discutons justement de ces prochaines étapes.
Au Parlement, nous ne sommes pas censés parler des absences. Cependant, au début de la pandémie, il y avait le Comité spécial sur la pandémie de la COVID‑19 et la Chambre des communes, pour une fois rare et unique, a dévoilé un taux de présence. C'était noté le 23 juin 2020 dans les pages du Globe and Mail. Quand on regarde le taux de participation le plus élevé à ce comité sur la COVID‑19 avec le Parlement virtuel de l'époque, c'est le NPD qui était le plus présent, avec un taux de 85 % de participation des députés néo-démocrates.
La deuxième place revenait aux libéraux, avec 76 %, comme le Globe and Mail l'a bien indiqué en juin 2020. Le Bloc québécois se pointait à 73 % à cette époque, en 2020. Le taux de participation le plus bas, à cette époque, c'était celui des députés du Parti conservateur, qui avait un taux de participation de seulement 47 %. Cela a provoqué une certaine controverse.
C'était en juin 2020. Aujourd'hui, trois ans plus tard, on a effectivement vaincu la COVID‑19 à maints égards, même s'il faut demeurer prudent et prendre des mesures de santé. On peut faire le même calcul avec le vote virtuel. En juin 2023, on voit cela encore une fois.
Le taux le plus bas de l'utilisation du vote virtuel signifie la présence la plus élevée à la Chambre et c'est encore le NPD qui l'emporte, mais à égalité avec les conservateurs, à 58 %. Les libéraux se trouvent à 65 %, et le Bloc québécois utilise le vote virtuel à 80 %. Cela donne un aperçu de la manière dont le NPD utilise à la fois le Parlement virtuel et le vote virtuel. Le NPD se trouve dans ces deux catégories avec le plus haut taux de participation.
Les gens se demandent si le Parlement hybride fait qu'on va travailler moins activement. Ce n'est certainement pas le cas du NPD, les députés du NPD l'ont prouvé. Notre chef, le député de , a signalé à plusieurs reprises que nous sommes toujours là en train de travailler, mais qu'il y a des exceptions. Je vais revenir à ces exceptions plus tard.
[Traduction]
Étant donné que le NPD est le parti qui a le taux d'assiduité le plus élevé en ce qui concerne la participation par vidéoconférence, l'utilisation de l'application de vote et la présence à la Chambre, nous devons examiner, historiquement, comment les néo-démocrates en sont venus à appuyer l'idée d'un Parlement qui fonctionne en mode hybride, comme nous en faisons l'essai depuis trois ans.
Le Président n'est pas sans savoir que, dans le passé, nous avons modifié le Règlement pour tenir compte des nouvelles technologies et des nouvelles tendances. Il suffit d'examiner comment le Parlement fonctionnait avant l'arrivée du transport aérien commercial au pays. Pour une personne qui, comme moi, habite à 5 000 kilomètres d'Ottawa, le déplacement, même en avion, prend parfois 24 heures. Dans le cas des députés du Nord, des régions rurales de la Colombie‑Britannique ou de l'autre extrémité du pays, faire la navette entre Ottawa et sa circonscription est parfois très exigeant.
Il y a 100 ans, le député de New Westminster de l'époque aurait pris un certain temps pour se traverser le pays en train au milieu de l'automne et aurait déposé ses bagages à Ottawa. Il ne serait pas retourné dans sa circonscription. Il ne serait pas retourné en Colombie‑Britannique. Il aurait passé l'hiver à Ottawa à faire le travail que nous faisons aujourd'hui, au sens contemporain du terme, et il l'aurait fait pendant quatre, cinq ou six mois. Puis, au printemps, il aurait pris le même train pour retourner voir ses concitoyens.
Il est évident qu'à l'époque, il était difficile pour les députés de s'engager activement auprès de leurs concitoyens et de les représenter efficacement s'ils n'étaient pas dans leur circonscription pendant six mois. Avec l'apparition du transport aérien commercial, nous avons modifié le calendrier parlementaire. Nous n'avons plus ce bloc de six mois où les députés sont à Ottawa en dehors de leurs circonscriptions. En fait, nous avons maintenant des pauses dans le calendrier parlementaire qui nous permettent de retourner bien plus souvent dans nos circonscriptions pour rencontrer nos concitoyens, qui sont en somme nos patrons.
Autrement dit, avec l'avènement des vols commerciaux, nous avons compris que le rôle important d'un député était de servir ses concitoyens. Nous avons donc modifié le Règlement. Nous avons modifié le calendrier des séances. Nous avons élaboré un système pour répondre à la capacité d'un député, même le député de New Westminster—Burnaby, en Colombie‑Britannique, de faire la navette en avion pour voir leurs concitoyens et être en mesure de continuer de travailler à Ottawa.
La pandémie nous a permis d'innover encore. Nous avons vu les technologies qui ont permis à d'autres Parlements de tenir des réunions en format hybride, où certains députés participaient en personne et d'autres en ligne. Par conséquent, ils sont devenus plus efficaces et plus efficients. Il ne fait aucun doute qu'un député qui peut être présent dans sa circonscription pourra répondre beaucoup mieux aux besoins de ses concitoyens.
J'aimerais saluer les membres de mon personnel. Ils font un travail remarquable. Nous avons aidé des milliers de concitoyens ces dernières années. Nous travaillons ensemble afin d'aider nos concitoyens au sujet d'une grande variété de dossiers soumis au gouvernement fédéral, même des dossiers de protection du consommateur, et d'autres au sujet desquels ils ont besoin d'aide. C'est un élément incontournable de notre travail. Pour mes concitoyens et moi, le travail que je fais dans ma circonscription est tout aussi important que celui que je fais à Ottawa. Il faut maintenir un équilibre et, ces trois dernières années, nous avons constaté que le Parlement hybride nous permet de faire notre travail plus efficacement.
Il y a 30 ou 45 minutes, la députée de a posé une question en lien avec la fois où elle a attrapé la COVID. Pendant la pandémie, de nombreux députés sont tombés malades et n'ont pas pu se présenter à la Chambre. À vrai dire, nous ne voulions pas qu'ils se présentent à la Chambre des communes. Nous ne voulions pas qu'ils propagent le virus. Nous ne voulions pas que la Chambre des communes devienne un vecteur de ce virus.
Grâce au Parlement hybride, même si elle était malade — et nous savons que les cas de COVID peuvent durer des semaines —, la députée a pu voter et faire entendre sa voix dans les coulisses du pouvoir de la Chambre des communes. Il en a été de même pour tous les députés qui se sont retrouvés dans une situation semblable.
C'est également le cas lorsque nous parlons de problèmes graves qui surviennent dans notre circonscription, de situations d'urgence. En raison des changements climatiques, nous assistons actuellement à une multiplication des inondations et des feux de forêt. Malheureusement, nous assistons dans tout le pays à une épidémie d'incendies sans précédent. Je sais que ces incendies, de concert avec les changements climatiques, ont causé un dôme de chaleur dans la vallée du bas Fraser. Il a tué des dizaines de mes concitoyens et plus de 600 Britanno-Colombiens. C'est un énième exemple des catastrophes tragiques qui se produisent de plus en plus fréquemment à cause des changements climatiques. Des rivières atmosphériques ont coupé la Colombie‑Britannique du reste du pays. Par conséquent, les effets catastrophiques des changements climatiques se font sentir avec plus d'intensité et de plus en plus souvent. Un député doit alors choisir entre servir ses concitoyens et être en mesure de défendre leurs intérêts. Qu'il s'agisse d'un incendie de forêt qui menace ou qui ravage un certain nombre des principales villes ou de villages de leur circonscription, d'un dôme de chaleur qui se forme autour d'une ville et qui tue de nombreux concitoyens ou des inondations qui ont frappé tant de régions du pays, les députés doivent être en mesure d'intervenir au nom de leurs concitoyens. Or, l'intervention est beaucoup plus efficace s'ils peuvent la faire sur place, car ils sont avec leurs concitoyens et ils voient les besoins qui se font sentir.
Le a également mentionné un autre élément, dont j'ai moi-même fait l'expérience. Il s'agit des crises familiales qui surviennent dans la vie de tous les députés. Nous essayons de faire ce qui doit être fait au nom de nos concitoyens. Nous essayons de servir le pays et de bâtir un pays qui reflète vraiment les valeurs que la plupart d'entre nous partagent, mais avant la pandémie de COVID, lorsqu'il y avait des urgences familiales, les députés devaient faire des choix incroyablement difficiles. Un député dont un proche était mourant était placé dans l'alternative d'être avec lui ou de servir les résidants de sa circonscription. Nous savons que les besoins de nos concitoyens sont importants et nous devons toujours essayer de défendre les intérêts de ceux-ci.
Lorsque ma mère est tombée malade pour la dernière fois, l'an dernier, j'ai pu participer aux séances par l'entremise du Parlement virtuel. J'ai pu lui tenir la main lorsqu'elle est décédée. Ce fut une période déchirante et terrible pour ma famille. C'était incroyablement difficile, mais je pouvais quand même faire mon travail, tout en étant au chevet de ma mère.
C'est ainsi que les séances hybrides du Parlement ouvrent de nouvelles possibilités à beaucoup plus de Canadiens, car ils n'ont plus toutes ces décisions difficiles à prendre. Les députés qui sont malades peuvent tout de même rester au service de leurs concitoyens. En cas d'urgence dans leur circonscription, ils peuvent rester près d'eux. En fait, ils peuvent défendre les intérêts de leurs concitoyens sur place tout en s'entretenant avec eux. Lors des événements familiaux tragiques qui sont si difficiles à surmonter, nous pouvons faire notre important travail tout en soutenant les membres de notre famille.
Le Canada est le pays démocratique le plus vaste du monde. Pas moins de 5 000 kilomètres séparent ma circonscription d'ici. Les distances sont encore plus grandes pour les députés du Nord canadien, du Nord de la Colombie‑Britannique et de l'île de Vancouver. Voyager n'est plus ce que c'était. Avec les difficultés que connaissent certains réseaux aériens, il devient de plus en plus difficile de faire l'aller-retour entre notre circonscription et Ottawa.
Compte tenu de tous ces éléments, il ne fait aucun doute qu'un Parlement hybride est la solution la plus sensée.
Un certain nombre de problèmes ont été soulevés tout au long du débat jusqu'ici. On a notamment évoqué l'accessibilité aux ministres. Selon mon expérience sous le régime Harper, que j'ai connu directement, sous un gouvernement majoritaire, même s'il y avait des exceptions comme Jim Flaherty, qui était toujours disponible pour parler, bien franchement, la plupart des ministres ne l'étaient pas, même si nous étions à proximité, même si nous étions à quelques pieds de distance, même si nous faisions des démarches auprès d'eux. Dans bien des cas, il y avait une absence totale de volonté de dialoguer avec les députés de l'opposition. Selon mon expérience, les ministres ne seront certainement pas plus accessibles s'ils se trouvent à proximité.
Cela n'a pas été pas mon expérience durant ces années et, bien honnêtement, si un ministre veut être accessible, il le sera que nous soyons à 3 pieds ou à 3 000 kilomètres de lui. Il répondra à l'appel. C'est ce que j'ai pu constater.
Quant à savoir si la mise en place d'un Parlement hybride devrait être permanente ou soumise à une disposition de caducité, très franchement, c'est le Parlement qui doit prendre cette décision. Cela ne fait aucun doute. Nous avons eu trois ans pour mettre ce système à l'épreuve. Nous savons qu'il y a encore des améliorations à apporter, mais nous savons aussi que le système fonctionne et que les députés peuvent participer aux séances. Ils peuvent voter de manière efficace.
À ce chapitre, je rends hommage à l'Administration de la Chambre des communes, à l'équipe technique et aux interprètes, qui font un travail remarquable, tous les jours. Ils ont créé un système de toutes pièces, à un moment où il était essentiel de prendre des dispositions pour que le Parlement siège temporairement à distance, puis en format hybride. Ces gens ont travaillé de longues heures pour s'assurer que tout fonctionnait bien.
Même si nous avons encore beaucoup de travail à faire pour veiller sur la santé et la sécurité des interprètes, qui font un travail remarquable et sans qui notre Parlement ne pourrait tout simplement pas fonctionner, et que nous avons encore des améliorations à apporter, il n'en reste pas moins que le système fonctionne très bien. C'est un fait.
Si nous souhaitons que le Parlement soit le reflet de notre pays, nous devons nous efforcer d'en ouvrir les portes aux députés qui ont une famille, ou qui sont issus de communautés non représentées ou sous-représentées à la Chambre des communes. Il nous faut prendre des dispositions pour mettre en place un Parlement hybride. Cela est non seulement plus efficace pour nos concitoyens, mais cela permet également d'attirer davantage de candidats vers une carrière politique extrêmement exigeante. Les députés travaillent sept jours sur sept et ils font parfois des journées d'une vingtaine d'heures. Nous devons faire en sorte qu'un plus grand nombre de Canadiens de diverses origines aient accès à notre système politique.
Pour ce faire, nous devons nous doter des outils nécessaires pour que les nouveaux et les futurs députés puissent défendre les intérêts de leurs concitoyens de la manière la plus efficace possible.
Dans un pays aussi vaste et divers que le nôtre, où il est parfois nécessaire de parcourir 5 000 kilomètres, nous devons veiller à mettre en place tous ces outils. Nous savons qu'ils fonctionnent. Ils ont été mis en place par consensus, à l'unanimité, et nous ne nous en portons que mieux.
En ce qui concerne les néo-démocrates, nous pensons qu'il s'agit d'une innovation importante qui doit se poursuivre. C'est pourquoi nous voterons en faveur de cette motion et de la mise en place d'un Parlement virtuel qui sert véritablement les intérêts de tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, avant de commencer, j'aimerais vous informer que je partagerai mon temps de parole avec le député de . C'est un nom de circonscription vraiment fantastique.
J'ai été élue à la Chambre pour la première fois en 2015. J'étais une jeune femme. Je ne savais pas vraiment ce qu'était la procédure parlementaire, comment nous devions fonctionner ensemble et représenter nos collectivités tout en siégeant ici, à Ottawa, pour faire notre travail important de législateurs.
J'ai ensuite regardé le regretté ex-député Mauril Bélanger devoir venir à la Chambre, alors qu'il était à un stade très avancé de la sclérose latérale amyotrophique, uniquement pour présenter son projet de loi d'initiative parlementaire visant à modifier les paroles de l'hymne national pour les rendre plus inclusives. Je crois que tout le monde à la Chambre avait la larme à l'œil en voyant cela.
Plus tard dans la journée, j'ai vu l'ambulance l'emmener. Cela m'a vraiment amené à réfléchir à la façon dont nous faisons les choses ici.
Je suis sûre qu'il y a 100 ans, il n'y avait pas de caméras ici et qu'il y a 50 ans, il n'y avait pas de retransmission télévisée de ce qui se passait à la Chambre. Les écrans de télévision qui sont sur le mur sont, eux aussi, très récents. Tous les changements et les progrès réalisés dans cette enceinte visent à nous permettre de mieux servir nos concitoyens et à permettre aux personnes qui se trouvent dans une situation comme celle qu'a connue le regretté Mauril Bélanger de pouvoir faire valoir ce qui les passionne et de montrer leur engagement envers les Canadiens tout en prenant soin d'eux-mêmes.
Les députés peuvent également se trouver dans une situation telle qu'ils ne peuvent pas être présents à la Chambre. J'ai vu le regretté Arnold Chan peiner à venir à Ottawa durant la maladie très difficile dont il est décédé. J'ai vu sa famille le conduire régulièrement jusqu'ici parce qu'il ne pouvait pas prendre l'avion.
Pendant la pandémie, alors que nous travaillions au pied levé pour nous assurer que la Chambre continue de fonctionner et que nous soyons en mesure d'apporter notre soutien aux Canadiens au moment où ils en avaient le plus besoin, j'ai pu, en tant que présidente du caucus des femmes, mener un débat exploratoire sur les féminicides dans notre pays. Nous avons pu le faire par vidéoconférence, alors même que la pandémie faisait rage.
Nous n'avons pas pu nous réunir physiquement à la Chambre pour tenir ce débat. Ce fut un débat très important. Il a duré jusqu'à minuit, et de nombreux députés se sont exprimés sur ce sujet très important. Le débat n'aurait pas eu lieu si nous n'avions pas improvisé et si nous ne nous étions pas adaptés aux circonstances.
Le changement est inévitable. On ne devrait pas changer pour le simple plaisir de changer, mais il est parfois absolument nécessaire d'apporter un changement dans un but précis. Si le changement n'a pas sa raison d'être, nous ne progressons pas ensemble. Le monde change autour de nous.
J'ai eu des conversations avec des députés d'un peu partout dans le Commonwealth sur la façon dont le système hybride fonctionne pour nous. La situation géographique du Canada est très différente de celle des autres pays. Des milliers et des milliers de kilomètres nous séparent. Nous nous réunissons ici, à Ottawa. Nous sacrifions beaucoup de temps que nous aurions pu passer avec les électeurs, avec notre famille ou à des événements communautaires. Nous nous rendons ici pour débattre de projets de loi. Si nous pouvons le faire dans des séances hybrides, pourquoi ne pas le faire?
Je crois sincèrement que la majorité des députés sont à la Chambre pour servir leur collectivité et bien la représenter. Ne serait-il pas formidable que nous puissions représenter les gens de nos circonscriptions tout en restant auprès d'eux, ou que nous puissions être présents en personne, à Ottawa, tout en étant capables de communiquer plus efficacement avec les gens de nos circonscriptions?
Je peux maintenant m'entretenir avec des gens de ma circonscription sur Zoom lorsque je suis à Ottawa. Je ne pouvais pas le faire auparavant. Par ailleurs, s'il y a une urgence dans ma circonscription, je peux y retourner pour faire ce que je dois y faire sans pour autant manquer des débats importants comme celui-ci à la Chambre.
J'ai présidé le caucus des femmes libérales pendant trois ans. La principale question dont nous parlions régulièrement était la façon d'assurer l'équité à la Chambre, d'assurer l'égalité de représentation et de veiller à ce que la Chambre soit représentative de la population du pays. Il est essentiel d'éliminer ces obstacles pour que nous soyons en mesure de représenter les gens de nos circonscriptions le plus efficacement possible. Pour cela, nous devons notamment aborder la question de la diversité et de l'inclusion dans cette enceinte.
Même si je n'ai pas d'enfants, je sais qu'il y a des députés qui se démènent régulièrement pour être non seulement de bons parents, mais aussi de bons parlementaires. Les séances hybrides leur donnent la possibilité de le faire. Elles permettent à une personne comme moi d'assister aux funérailles d'un être cher, un concitoyen de ma circonscription. Cela me donne la possibilité de participer à davantage d'assemblées publiques locales, tout en améliorant mon accessibilité à la Chambre des communes.
Je suis sûre qu'il y a 100 ans, à l'époque où le courrier électronique n'existait pas, nos électeurs nous auraient écrit par la poste. Cette lettre serait arrivée à Ottawa à un moment donné. Elle aurait fini par être ouverte, puis on y aurait répondu. Il aurait fallu des mois pour qu'un électeur puisse communiquer avec son député et soulever la question qui est actuellement débattue dans cette Chambre. La technologie a changé beaucoup de choses. Elle nous a rendus, en tant que députés, plus facilement joignables par nos électeurs, et je pense que c'est une bonne chose.
Le système des séances hybrides n'est pas parfait, mais je crois que ces petits pas sont un progrès. Il est merveilleux que nous puissions être plus accessibles pour les citoyens qui nous ont élus et nous envoient ici. Il est également primordial de nous assurer que cette assemblée est inclusive, que les personnes qui le désirent puissent se présenter aux élections et, une fois élues, puissent représenter efficacement les citoyens de leur circonscription. Ce Parlement en format hybride fait partie de l'équation.
Je sais que beaucoup de députés conviennent, en privé, de la nécessité des séances hybrides. Je sais que la motion dont nous débattons aujourd'hui ne nous permettra pas de gagner des votes dans nos circonscriptions, mais elle est nécessaire pour l'amour du progrès. Elle est importante à long terme. J'encourage sincèrement nos collègues à examiner la question non seulement en faisant preuve d'ouverture d'esprit, ce que tous les députés font déjà, j'en suis certaine, mais également dans l'optique de l'amélioration de la démocratie. D'autres pays regardent le fonctionnement du Parlement canadien et s'en servent comme modèle, et je crois que nous devons prendre ce fonctionnement très au sérieux et nous efforcer de le faire progresser, et non simplement nous livrer à des jeux partisans, ce vers quoi on semble se diriger en ce moment.
Cela dit, j'encourage encore une fois les députés à faire preuve d'ouverture d'esprit au sujet de cette motion, afin que nous puissions collaborer. Ce n'est pas une question de partisanerie. La question est plutôt de déterminer concrètement comment nous pouvons servir le mieux possible les collectivités dans nos circonscriptions respectives, tout en ayant la possibilité de siéger à la Chambre des communes. Notre priorité devrait être de nous soucier du bien-être de chacun d'entre nous et de la population canadienne.
Je recevrai avec plaisir les questions et les observations des députés.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole ce soir pour participer au débat sur l'affaire du gouvernement n
o 26, qui vise à rendre permanents les changements au Règlement afin de permettre aux députés de participer aux travaux à distance dans cette enceinte. Cette motion est une avancée importante dans l'évolution de notre régime démocratique pour veiller à ce que nous soyons de notre temps.
Je fais partie de la cohorte de 2019, comme j'ai été élu en octobre de cette année-là. Pour moi, le Parlement ne siégeait que depuis environ six semaines avant que la pandémie ne frappe. Je commençais tout juste à comprendre le fonctionnement de la Chambre. Puis, la pandémie de COVID a tout fait dérailler. Nous avons dû trouver des façons de mener nos travaux tout en respectant les directives de la santé publique, lesquelles nous empêchaient de voyager dans l'ensemble du pays et de nous rassembler en grand nombre.
Dès lors, nous avons adopté une approche novatrice qui nous a permis de participer aux travaux à distance en créant une version spéciale de Zoom. Nous pouvions alors respecter les directives de la santé publique tout en continuant de faire notre important travail: nous pouvions prononcer des discours, participer aux séances de comité et inviter des témoins aux comités, le tout au moyen de Zoom. Nous pouvions aussi voter sur d'importantes mesures législatives. Ce que nous avions prévu initialement n'était pas très efficace. Nous devions voter par Zoom un par un. Toutefois, nous avons ensuite mis au point une application qui utilise la reconnaissance faciale: depuis ce moment, nous sommes en mesure de voter de partout au pays en parfois 10 secondes ou moins. C'est toute une avancée, de mon point de vue.
L'expérience montre que la participation au Parlement par vidéoconférence fonctionne. Nous avons réussi à accomplir d'importants travaux pendant la pandémie afin d'offrir de l'aide aux Canadiens qui en avaient le plus besoin. Nous apprenions rapidement l'incidence de la COVID, et nous prenions des mesures itératives en réponse à celle-ci de manière à offrir des programmes bien adaptés.
Lorsque les lignes directrices en matière de santé publique ont changé, nous avons été en mesure de revenir en masse à la Chambre, mais nous avons tout de même conservé ces dispositions pour supplémenter notre travail. Il est important de le mentionner, car la possibilité de participer par vidéoconférence au besoin présente de nets avantages. Par exemple, en cas d'urgence, en particulier si une situation urgente se déclare dans sa famille, un député peut demeurer auprès de ses proches. Au cours de la dernière année, de multiples députées ont donné naissance à un enfant, et cela leur a permis de poursuivre leur travail de députées tout en restant à la maison avec leur nouveau-né. En outre, une chose que la pandémie a nettement fait ressortir est que les personnes malades ou en mauvaise santé n'ont pas besoin de se déplacer pour venir jusqu'ici. Ainsi, elles ne risquent pas d'exposer leurs collègues si elles sont contagieuses ni de compromettre davantage leur santé. J'ai entendu des intervenants précédents donner des exemples et je tiens à mentionner notre regretté collègue, Jim Carr, qui, même lorsque sa maladie était en phase terminale, a pu participer par vidéoconférence, et ce, jusqu'à ses derniers jours. Il vaut la peine de le mentionner, puisqu'il a transmis une grande sagesse à cet endroit et que, personnellement, j'ai beaucoup appris de lui.
Un autre avantage de ce système dont je veux parler est qu'il permet aux députés de passer plus de temps dans leur circonscription pour y travailler. Une partie très importante de notre tâche de parlementaires est de veiller à être présent, à écouter les préoccupations des gens et à défendre leurs priorités. Pour ce faire, il est important de pouvoir établir des liens avec les gens de notre circonscription pour que, lorsque nous revenons à la Chambre, nous soyons en mesure de faire avancer ces priorités. Beaucoup d'entre nous dans cette enceinte représentent une circonscription très peuplée. Personnellement, je représente 131 000 personnes, et beaucoup d'autres députés représentent encore plus de gens et de vastes régions qu'ils ont parfois beaucoup de difficultés à parcourir.
Il est important que nous puissions communiquer avec les citoyens afin que nous ne soyons pas trop pris dans la bulle d'Ottawa et que nous ne soyons pas déconnectés de la réalité à laquelle les gens sont confrontés. Notre travail en tant que député dans nos circonscriptions est très important, tout comme le simple fait d'être présent à des événements, afin que les gens se sentent proches de leur gouvernement et que les députés puissent être plus réceptifs.
Le système actuel, dans lequel tout le monde est présent en personne, entraîne des coûts importants. Un certain nombre de députés ont déjà expliqué que la taille de notre pays, la plus grande démocratie du monde et le deuxième plus grand pays du monde, présente des défis majeurs. Le temps nécessaire pour venir de nos circonscriptions à Ottawa peut être considérable. Dans le meilleur des cas, il me faut huit heures pour venir ici. Au cours des deux dernières semaines, j'ai manqué des correspondances, ce qui m'a obligé à passer la nuit à certains endroits en cours de route. D'autres députés ont dit qu'il leur fallait 24 heures pour venir ici, et le temps, c'est de l'argent. N'oublions pas non plus que chaque déplacement coûte de l'argent, et ceci peut se chiffrer à plusieurs milliers de dollars pour un aller-retour.
Il faut aussi tenir compte des problèmes de santé, en particulier pour certains de nos collègues les plus vulnérables, quand on fait 26 allers-retours par année, surtout dans des fuseaux horaires différents. En ce qui me concerne, j'ai un décalage de trois heures, ce qui n'est pas sans conséquence. Il y a aussi l'impact environnemental. Selon mes calculs, chaque aller-retour que je fais à Ottawa produit 1,2 tonne de gaz à effet de serre. Je pense que nous devons tous en être conscients. Ensuite, bien sûr, quand nous ne sommes pas dans notre circonscription respective, il y a des dossiers qui n'avancent pas.
Je crois que, dans le débat d'aujourd'hui, il n'a pas encore été question du coût que cela a sur les familles. J'ai vu des statistiques qui indiquent que le taux de divorce est de 85 % parmi les députés. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi. Un très grand nombre de mes collègues m'ont parlé du stress qu'impose le fait d'être loin de leur famille la moitié de l'année sur les relations. Je crois qu'il faut aussi tenir compte de ce facteur, car il décourage bien des gens de se lancer dans ce genre de travail, en particulier pour les jeunes familles ou les jeunes couples qui prévoient fonder une famille. Devoir être ici aussi longtemps, soit environ 130 jours par année, constitue un énorme défi de recrutement pour le poste de député.
Je ne veux pas dire que je préconise un système entièrement virtuel, car il y a des avantages très réels à ce que les gens soient ici. Comme l'a mentionné le , il est beaucoup plus facile de parler à un ministre et de régler un problème lorsqu'on peut se présenter à son pupitre et avoir une conversation. Nous ne sommes pas en mesure, si toutes les séances sont virtuelles, d'établir les relations informelles qui sont si importantes pour faire notre travail efficacement, que ce soit avec des députés d'autres partis, des sénateurs, des fonctionnaires ou d'autres intervenants.
Il est très important d'être à la Chambre lorsque nous prononçons nos discours, car lorsque nous sommes en mesure de voir comment une personne reçoit notre discours, cela n'a pas du tout la même incidence que lorsque nous essayons de lire leurs réactions à l'écran. Je pense donc qu'il devrait y avoir des lignes directrices pour l'utilisation du système. Je pense que c'est un outil très important dont nous disposons. Tous les députés devraient chercher à être ici beaucoup plus en personne que virtuellement, et l'expérience à ce jour a montré que c'est exactement ce que fait la grande majorité des députés. Les questions et les réponses, pendant la période des questions, devraient se faire en personne. Je sais que d'autres députés en ont déjà parlé, mais l'expérience montre que les ministres sont ici pour répondre aux questions, ce qui est très important pour la reddition de comptes.
J'appuie vigoureusement cette motion, qui crée les conditions nécessaires pour nous permettre d'accomplir nos fonctions parlementaires plus efficacement et énergiquement, ainsi que d'être de meilleures personnes. Il y a des avantages évidents lorsque le système est utilisé de façon judicieuse, et il l'a été jusqu'à présent.
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Monsieur le Président, c'est toujours un honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre, mais je le fais aujourd'hui avec une certaine déception pour parler de l'affaire du gouvernement n
o 26. Je suis déçu parce que nous débattons d'une motion qui n'a pas le consensus de la Chambre. La motion n'a pas le consensus des partis reconnus. Le gouvernement tente à lui seul de modifier unilatéralement les règles reconnues de cette enceinte, sans le consentement de tous les partis.
Lorsque les dispositions pour un Parlement hybride ont été présentées à la Chambre, il s'agissait de mesures temporaires afin de permettre aux députés de participer aux délibérations à un moment où il n'était pas permis de voyager et de se réunir en grand groupe, en raison des problèmes liés à la pandémie de COVID‑19. Elles n'ont jamais été considérées comme un changement permanent à la manière dont nous procédons aux travaux à la Chambre des communes.
Les changements proposés aujourd'hui ne sont pas dans l'intérêt du Parlement canadien. Je me souviens des propos tenus par un grand Néo‑Écossais, l'un des plus grands parlementaires de sa génération: le très honorable Bob Stanfield, de Truro, en Nouvelle‑Écosse. Je sais que le Président est un fier Néo‑Écossais. Dans une note adressée à son caucus, Bob Stanfield a souligné l'importance de certaines institutions, de certains principes parmi les parlementaires, auxquels nous devrions tenir. Il a expliqué que non seulement il est inutile que les partis politiques soient en désaccord sur tout, mais qu'un certain terrain d'entente entre les principaux partis est essentiel à une démocratie efficace et stable. Il a affirmé que, par exemple, il est important pour la stabilité que tous les grands partis s'entendent sur des questions telles que le gouvernement parlementaire responsable et les principaux aspects de notre Constitution.
Dans le passé, cela était accepté. Tous les partis politiques acceptaient que, lorsque des changements majeurs sont apportés au fonctionnement du Parlement et de la Chambre des communes, ces changements doivent être le fruit d'une concertation entre les parlementaires. D'ailleurs, sous le gouvernement majoritaire de M. Harper, un processus de ce type a été mené par le secrétaire parlementaire de l'époque, Tom Lukiwski, qui a veillé à ce que les nombreux grands changements apportés à notre Règlement se fassent avec le consensus de tous les partis politiques de l'époque. C'est le processus qui a fonctionné à l'époque, et c'est le processus qui devrait fonctionner à l'avenir.
Je vais citer mon collègue de , une circonscription voisine de la mienne. Le député a récemment témoigné devant un comité parlementaire sur une question différente, mais le point qu'il a soulevé s'applique ici également. Il a dit:
Au Canada, il n'y a qu'un processus électoral fédéral, celui qui donne aux Canadiens un vote chacun pour le choix du député de leur région. Tous les autres intervenants du système canadien sont nommés. Les sénateurs sont nommés. Le premier ministre est nommé [...] Les ministres sont nommés. Tous les autres sont nommés. Le seul processus électoral au niveau fédéral est celui de la Chambre des communes. C'est le seul élément du système canadien qui comporte un processus électoral démocratique. C'est le seul élément du système canadien qui est démocratique. Le seul élément du système canadien pour lequel les Canadiens ont voix au chapitre, c'est la composition de la Chambre des communes.
Les changements que propose le gouvernement libéral donneraient encore plus de pouvoir aux whips et aux leaders des partis et mineraient les droits et les privilèges des parlementaires dûment élus. Le respect du Règlement est un principe fondamental de la Chambre et, jusqu'à présent, la modification du Règlement s'est faite par consensus. Le débat ce soir nous montre clairement que le gouvernement n'est pas arrivé à obtenir un tel consensus.
J'aimerais attirer l'attention des députés sur quelques faits historiques de la Chambre. Le 18 mai 2016, le leader du gouvernement à la Chambre des communes de l'époque, qui est actuellement ministre des Institutions démocratiques, a présenté la motion no 6 du gouvernement. À l'époque, lorsque le NPD agissait encore comme un parti de l'opposition et qu'il était encore fidèle à ses principes, le député de a soulevé une question de privilège dans laquelle il a dit que la motion était « une motion qui propose pas moins de 17 façons de contourner le Règlement afin que le pouvoir exécutif puisse contrôler de façon unilatérale l'ensemble des outils procéduraux de la Chambre ».
C'était l'époque où le député de avait des principes et demandait des comptes au gouvernement. Malheureusement, les néo-démocrates ont rejoint la coalition libérale et n'utilisent plus les outils à leur disposition. La motion no 6 a finalement été retirée, mais seulement après les efforts concertés des partis d'opposition pour faire comprendre au gouvernement que les changements ne devaient se faire que par consensus.
Poursuivons notre balade dans le passé. Nous arrivons en 2017, quand la leader du gouvernement à la Chambre des communes de l'époque, aujourd'hui présidente du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, a demandé aux députés libéraux membres de ce même comité de présenter une motion qui aurait donné au gouvernement la possibilité de modifier le Règlement d'une façon que seuls les libéraux majoritaires à la Chambre des communes approuvaient. Cela a donné lieu à ce que l'on a alors appelé l'impasse du Règlement, lorsque la 55e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a duré du 21 mars au 2 mai 2017, date à laquelle le gouvernement libéral a fini par faire marche arrière.
C'était certainement une période difficile, mais lorsque j'y repense, c'est pour moi une source de grande fierté, car c'était une époque où les députés conservateurs, néo-démocrates, bloquistes et verts faisaient front commun contre les interventions unilatérales du gouvernement libéral. Je me souviens de l'indignation qu'avait alors exprimée avec une grande éloquence le député néo-démocrate David Christopherson. Dans l'une de ses 303 interventions lors de cette réunion, il a déclaré: « Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement croit qu'il gagnera la bataille ni pourquoi il pense que d'imposer des changements au Règlement permettra d'assurer un meilleur fonctionnement de la Chambre. »
Plus de six ans plus tard, nous nous trouvons encore une fois devant un gouvernement libéral qui, n'ayant tiré aucune leçon, tente d'imposer des modifications au Règlement. Malheureusement pour le gouvernement, cette fois-ci, c'est le NPD qui mène la barque.
Cela me rappelle une autre citation. Dans un discours prononcé devant l'Empire Club, quelqu'un a dit ceci:
L'opposition a le droit de se prévaloir en tout temps du Règlement pour se protéger. Le gouvernement a droit à la même protection, mais en outre il peut compter sur la majorité pour faire respecter sa volonté. L'opposition n'est protégée que par le Règlement, et c'est pourquoi les autorités en matière de procédure parlementaire mettent l'accent sur l'importance primordiale pour l'opposition de la seule protection sur laquelle elle peut compter, le Règlement.
Qui a dit cela? C'est le regretté Stanley Knowles, un des grands néo-démocrates à la Chambre. Même après avoir quitté ses fonctions, il a continué à occuper un siège à la table du greffier jusqu'à son décès. Voilà à quel point il était dévoué à la Chambre et à la démocratie parlementaire. Malheureusement, le NPD ne répond plus aux attentes élevées établies par le grand Stanley Knowles.
Comme je l'ai mentionné en début d'intervention, les dispositions relatives au mode hybride ont été mises en place à titre de mesures temporaires pendant les confinements liés à la COVID‑19. Elles n'étaient envisagées que par nécessité et elles ne devaient jamais devenir permanentes et permettre aux députés d'éviter d'être présents sur place.
Je me souviens qu'en avril 2020, lorsque nous avons commencé à envisager des changements temporaires au Règlement, il était clairement entendu qu'il s'agissait de mesures temporaires. Lorsque le comité de la procédure et des affaires de la Chambre a formulé ses recommandations à ce moment-là, il a inclus des expressions comme « durant la pandémie actuelle » et « dans ces circonstances exceptionnelles ». On n'a jamais pensé que cela ferait partie du fonctionnement normal de la Chambre.
En fait, le Comité a entendu l'ancien greffier par intérim, Marc Bosc, corédacteur de la troisième édition de La procédure et les usages de la Chambre des communes, soit la personne qui a littéralement écrit le livre sur la procédure de la Chambre. Le 4 juin 2020, il a dit:
[…] je dois dire que je conviens avec M. Blaikie que les changements apportés jusqu'à maintenant visaient une situation de pandémie. Je pense que c'est dans cette optique que vous devez procéder à cette étude. La vitesse avec laquelle on a adopté un modèle hybride pour le Comité ne m'apparaît pas particulièrement préoccupante, mais comme le soulignait M. Blaikie, s'il y a un penchant ou une tentation à rendre ces changements permanents, c'est une autre paire de manches.
Comme il a été clairement indiqué à l'époque, ces changements n'ont jamais été perçus comme étant des changements en profondeur, mais plutôt comme des mesures temporaires en réponse à une situation temporaire.
À titre de parlementaires, surtout de parlementaires de l'opposition, nous avons le rôle fondamental de demander des comptes au gouvernement et à l'exécutif. Les députés libéraux d'arrière-ban oublient souvent qu'ils ont la même responsabilité. Les députés libéraux d'arrière-ban ne sont pas membres du gouvernement. Ils sont membres du parti au pouvoir, mais ils ne sont pas membres de la branche exécutive. Dans leur rôle qui consiste à amener le gouvernement à rendre des comptes, ils devraient donc avoir les mêmes préoccupations que les députés de l'opposition.
Malheureusement, le Parlement hybride permet aux ministres libéraux d'éviter plus facilement de rendre des comptes à la Chambre et en comité. De plus, même si nous n'aimons pas toujours ce que les médias écrivent ou disent sur nous ou notre parti, les médias jouent eux aussi un rôle fondamental dans notre démocratie parlementaire. Cependant, lorsqu'un ministre de la Couronne participe virtuellement, que ce soit aux travaux des comités ou aux débats de la Chambre, il évite d'interagir avec les médias et d'utiliser un moyen efficace de rendre des comptes. Lorsque les ministres participent virtuellement aux travaux des comités, les choses prennent plus de temps, et cela restreint la capacité des députés de l'opposition de poser des questions et de bien modérer les actions du gouvernement.
Comme je l'ai mentionné à quelques reprises pendant les questions et observations, le format hybride pose très clairement des défis aux comités. J'ai eu l'honneur et le privilège de siéger au Comité permanent du patrimoine canadien pendant près d'un an. À l'époque, nous menions des études très importantes, notamment au sujet de la situation déplorable concernant Hockey Canada. J'ajouterais que beaucoup d'autres sports sont maintenant aux prises avec des situations semblables, qui n'ont franchement pas encore été réglées adéquatement. Sport Canada devrait avoir honte, à titre d'organisation, de n'avoir rien fait pendant quatre ans au sujet des allégations qui visaient Hockey Canada depuis juin 2018. Je m'écarte toutefois du sujet.
Le comité procédait aussi à l'étude article par article du projet de loi . Dans ces deux dossiers, le fait d'avoir une présidente qui travaillait toujours à distance a été source de chaos. Le comité ne pouvait pas fonctionner adéquatement parce que la présidente ne pouvait pas voir la salle et ne pouvait donc pas comprendre ce qui s'y passait. En toute honnêteté, la présidente répétait constamment qu'elle ne savait pas ce qui se passait dans la salle parce qu'elle n'était pas sur place. C'est l'une des grandes failles du système hybride, particulièrement dans le contexte des comités.
Je reconnais que, selon les dispositions proposées, le président de séance doit présider en personne, ce qu'on pourrait peut-être appeler la « règle Hedy Fry », mais c'est ce qui se produit...
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Madame la Présidente, en effet, je voulais dire la députée de , ce qui confirme le fait qu'un député qui préside un comité ou la Chambre doit être présent pour en assurer le bon fonctionnement.
Le député vient d'ailleurs d'invoquer le Règlement. Dans un contexte hybride, où le président n'est pas là en personne, il est beaucoup plus difficile pour un député d'invoquer le Règlement et d'attirer l'attention de la présidence.
J'aimerais maintenant aborder brièvement la façon dont je pense que le Parlement hybride a rendu le climat à la Chambre des communes plus toxique. J'ai été élu en 2015, et j'ai été député pendant environ quatre ans et demi avant que le Parlement hybride ne soit mis en place. Au cours des trois années qui ont suivi la mise en place de ce système, j'ai pu constater une détérioration frappante du décorum ici et dans les comités.
Récemment, dans sa dernière intervention à la Chambre, le député de a évoqué la division croissante que nous pouvons constater. Je pense que cela est dû en grande partie au fait qu'il y a plus de séances virtuelles et moins de séances en personne tant à la Chambre qu'aux comités.
Il est beaucoup plus facile d'être désagréable avec les autres lorsqu'on les voit sur un écran et qu'on n'a pas à les croiser dans l'ascenseur ou à la cafétéria, qu'on ne prend jamais l'avion avec eux ou qu'on n'a jamais discuté en privé avec eux. La compréhension qui découle des rencontres et des discussions en personne est importante et il n'est pas nécessaire de discuter d'affaires parlementaires. On peut discuter de sport professionnel, de météo, de la famille et de tout ce dont les députés parlent au quotidien. C'est ce qui permet de voir les autres comme des êtres humains et de les respecter plutôt que de ne voir qu'un adversaire qu'il faut vaincre.
On en a entendu plusieurs ici dire que cette mesure vise à aider les députés à concilier le travail et la vie familiale. C'est vrai, le Parlement n'est pas le milieu de travail le plus compatible avec la vie familiale. Je crois que nous sommes tous conscients que, une fois élus, tous les députés sacrifient du temps précieux avec leur famille. J'ai trois enfants en bas âge de 5, 7 et presque 9 ans et je rate des moments de leur vie.
Je sais que la nécessité de faire la navette pose des problèmes bien réels à de nombreux députés, en particulier les femmes. C'est une réalité incontournable, mais franchement, le Parlement hybride n'est pas la solution. En fait, le Parlement hybride exige que certains députés votent et participent même lorsqu'ils sont malades ou s'occupent d'un proche ou d'un nouvel enfant. Lorsqu'ils vivent ces situations et ces moments importants dans leur vie, on s'attend désormais à ce qu'ils votent et participent au lieu de s'occuper des choses importantes dont ils devraient s'occuper à ce moment-là.
Les conservateurs ne sont pas les seuls à avoir des réserves au sujet du Parlement hybride. Wayne Easter, un ancien député libéral de longue date qui a siégé à la Chambre de 1993 à 2021, a récemment exprimé ses inquiétudes concernant le Parlement hybride.
Il a dit: « Disons les choses comme elles sont: si vous ne voulez pas aller travailler à Ottawa pendant les sessions parlementaires, ne vous présentez pas aux élections fédérales. Il était logique de tenir des séances hybrides du Parlement pendant la COVID, mais ce mode de fonctionnement ne devrait pas devenir permanent. Je suis fermement opposé aux efforts du gouvernement pour le rendre permanent. » Il a également affirmé ceci: « La présence des députés aux réunions des comités est essentielle pour qu'ils puissent faire leur travail adéquatement et établir des liens avec les députés des autres partis, discuter librement avec les invités et percevoir les émotions des témoins et des députés. » Il a ensuite ajouté ceci: « Sur place, les députés établissent des alliances avec les autres membres de leur caucus ou avec les députés des autres partis et ils peuvent s'entretenir directement avec les ministres en coulisse sur des enjeux qui les intéressent. »
M. Easter a ensuite parlé plus en détail de bon nombre de ces préoccupations, mais il convient de souligner qu'il s'agit d'un ex-député qui a fait partie du caucus libéral pendant des décennies qui critique aujourd'hui les efforts menés de façon unilatérale par le gouvernement libéral pour apporter ces changements.
Le comité de la procédure et des affaires de la Chambre a reçu un autre parlementaire distingué, un élu au niveau provincial: l'honorable Ted Arnott, Président de l'Assemblée législative de l'Ontario et député depuis de 33 ans. Il a dit ceci:
Il est très important pour les députés de pouvoir interagir à l'intérieur et à l'extérieur de la Chambre, ainsi que dans les couloirs et les halls d'entrée. Ces conversations en tête à tête peuvent être très utiles pour s'assurer que les députés sont informés, qu'ils peuvent échanger des idées, mettre en commun des pratiques exemplaires et bien représenter leurs concitoyens.
Tout au long de ma carrière de député, lorsque je défendais la cause de mes concitoyens, il m'arrivait très souvent d'aborder les ministres, que je sois membre du gouvernement ou dans l'opposition, et de leur parler en privé. C'était une excellente façon de faire progresser un dossier pour mes concitoyens.
Il est important d'avoir ces occasions à la Chambre.
En guise de conclusion, je voudrais me concentrer sur quelques pistes à suivre à l'avenir. Tout d'abord, je tiens à souligner que le rapport dissident du comité de la procédure et des affaires de la Chambre a ouvert la porte à la coopération avec le gouvernement. Nous avons dit très clairement dans le rapport dissident des conservateurs que nous accepterions d'étendre les dispositions du Parlement hybride jusqu'à un an après les prochaines élections, de sorte que lorsque nous reviendrions après les élections, il n'y aurait pas cette impasse au cours de la première semaine. Nous permettrions que les dispositions du Règlement soient maintenues pendant environ un an et nous procéderions ensuite à un vote pour déterminer si les nouveaux députés, et tous les députés à l'époque, souhaitaient que ces dispositions soient maintenues. Nous avons fait cette offre. Le gouvernement n'a pas saisi l'occasion qui lui était offerte. C'est regrettable, car nous avons constaté les problèmes qui se sont posés.
Je tiens à souligner que, depuis mars 2020, on a enregistré 90 blessures invalidantes chez les interprètes à la Chambre. Nous causons ainsi littéralement du tort à nos interprètes, qui sont déjà moins nombreux qu'ils ne l'étaient avant la pandémie. Si nous voulons vraiment être un Parlement bilingue, vraiment être un lieu bilingue, nous devons veiller à ce que des interprètes soient disponibles dans cette enceinte et pour tous les comités.
Je tiens à dire que nous avons ouvert la porte au compromis. Il est tout à fait inapproprié que les libéraux ne recherchent pas le consensus qui aurait permis à tous les partis reconnus de trouver une solution pour aller de l'avant.
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Madame la Présidente, c'est la deuxième fois que nous constatons que les députés conservateurs ne comprennent pas les règles. Ils invoquent le Règlement alors qu'ils savent qu'on ne peut pas vérifier s'il y a quorum après 18 h 30. C'est très impoli de la part des députés d'en face d'interrompre un discours pour demander qu'on vérifie le quorum, alors qu'ils savent très bien qu'ils ne peuvent pas le faire. Je demande l'indulgence des députés du Parti conservateur, afin qu'ils comprennent qu'ils ne peuvent pas demander le quorum et qu'ils permettent aux députés de poursuivre leurs observations sans être interrompus.
J'essayais de souligner qu'un message clair a été envoyé lors de la dernière élection générale, non seulement au Parti libéral, mais aussi aux partis de l'opposition. Ce message, c'était que le gouvernement qui est en situation de gouvernement minoritaire doit avoir la collaboration d'au moins un parti de l'opposition s'il veut faire adopter quoi que ce soit à la Chambre. Le Parti conservateur a publiquement fait savoir qu'il n'appuie pas le fait que le Parti libéral forme le gouvernement. Les conservateurs font des pieds et des mains pour agir comme force destructrice afin d'empêcher, de toutes les façons possibles, l'adoption des projets de loi et des motions.
Voici un bon exemple. Pas plus tard que la semaine dernière, le chef du Parti conservateur, juste avant son entrée dans la Chambre, a indiqué aux médias et à tous ceux qui voulaient l'entendre qu'il allait parler jusqu'au moment où le annulerait ses mesures budgétaires. Il a parlé durant quatre heures. Le vote a tout de même eu lieu, en raison du Règlement. Selon moi, cela a fait ressortir l'approche du Parti conservateur du Canada face aux dossiers qui sont traités dans l'enceinte de la Chambre des communes. Je suis député depuis plus d'une décennie, et l'une des choses que j'ai apprises est ceci: il est extrêmement difficile, voire impossible, d'apporter des modifications substantielles au Règlement si l'on n'est pas préparé à prendre fermement position, parce qu'il est virtuellement impossible d'obtenir un consensus.
J'ai assisté à des réunions du comité de la procédure et des affaires de la Chambre et j'ai écouté les diverses discussions qui s'y déroulent. Disons que je suis un député frustré qui reconnaît qu'il faut moderniser le Règlement de la Chambre des communes. Certaines modifications sont nécessaires. Après chaque élection, nous avons la possibilité, en tant que simples députés, de faire part de nos observations et points de vue à propos des modifications que nous aimerions voir apportées au Règlement.
Je me souviens avoir pris la parole il n'y a pas si longtemps — l'an dernier si je ne m'abuse — dans le cadre d'un débat à la Chambre et avoir parlé de quelques articles du Règlement que j'aimerais voir modifiés. Par exemple, j'aimerais que nous ayons plus de temps pour débattre, et j'ai suggéré une solution à cette fin. D'autres députés ont discuté d'autres modifications à d'autres articles du Règlement, notamment de la création d'une seconde chambre de délibération parallèle.
Des discussions ont eu lieu entre les députés de tous les partis, tant à la Chambre qu'à l'extérieur de celle-ci. D'ailleurs, en mars 2020, j'étais très heureux que nous ayons le consensus pour trouver des moyens de nous adapter à la pandémie et de permettre au Parlement de poursuivre ses travaux. L'attitude était très positive. Tous les partis de l'opposition ont collaboré avec le gouvernement et vice-versa. Nous en sommes venus à un mode de fonctionnement qui a montré très clairement que, même pendant une pandémie mondiale, la Chambre des communes peut poursuivre ses travaux et demeurer efficace. Jour après jour, nous sommes parvenus à traiter des questions qui préoccupent les Canadiens.
Pendant la pandémie, on a mis en place de nombreuses choses qui, à mon avis, ont fortement contribué à moderniser la Chambre des communes. Les députés conservateurs ne sont pas tous réticents à l'idée d'employer une application de vote entièrement hybride, comme l'a indiqué le lorsqu'il a présenté la mesure législative. Comme lui, j'ai entendu beaucoup de bonnes choses sur le format hybride.
Lorsque j'ai demandé au député qui a pris la parole juste avant moi s'il était favorable à l'application de vote, il m'a répondu qu'il appuierait la motion dans son intégralité si celle-ci comportait une disposition de caducité. C'est ce qu'il a laissé entendre. De plus, lorsque j'ai repris ses propos en sa présence, il a acquiescé de la tête et a dit: « Tout à fait ».
Les conservateurs envoient des messages contradictoires. D'une part, ils sont prêts à continuer à fonctionner de la même manière au cours des deux prochaines années. Nous nous engageons à continuer à collaborer avec les députés de l'opposition, plus particulièrement avec les néo-démocrates, qui ont exprimé le souhait de suivre la volonté que les Canadiens ont exprimée en 2021, et qui consiste à faire en sorte que le Parlement fonctionne, ce qui pourrait facilement nous mener jusqu'en 2025.
Les conservateurs affirment que, en tant qu'opposition officielle, ils accepteront les changements si nous incluons une disposition de caducité. Cela me donne l'impression qu'ils approuvent en fait ce qui est proposé. Ce qui les dérange, c'est qu'ils voudraient que nous affirmions que les changements devront être confirmés après les prochaines élections, qu'ils pourraient être abrogés. Je pense que, une fois que la Chambre aura adopté cette motion — ce qui devrait arriver, du moins, je l'espère —, même un gouvernement conservateur majoritaire n'abrogerait pas ces changements.
Il n'est pas question d'avantager un parti plutôt que l'autre en fonction de qui forme le gouvernement. Je ne crois pas du tout que ce soit le cas. C'est pour cette raison que j'ai posé ma question. Je suis parlementaire depuis plus de 30 ans et je sais que j'ai surtout siégé dans l'opposition. J'ai conscience de l'importance des outils dont dispose l'opposition pour exiger des comptes du gouvernement. C'est pourquoi j'ai demandé qu'on me donne un exemple concret d'un outil qui serait supprimé par ce qui se trouve dans la motion et qu'on me l'explique.
Certains députés évoquent la responsabilité ministérielle. Je peux comprendre cette préoccupation, sauf que cela dépend plus de la personnalité du ministre que d'autre chose. Lorsque je siégeais dans l'opposition et que j'abordais un ministre, je me suis souvent fait dire de communiquer avec son personnel ou de téléphoner à son cabinet. Certains ministres prenaient le temps de s'asseoir pour de discuter avec les députés, ou encore de leur téléphoner, selon la situation. Je ne crois pas que les ministres seront plus difficiles d'accès.
Tous les députés ont l'occasion de soumettre quatre questions. Une fois une question posée, si je ne m'abuse, la réponse arrive dans un délai de 45 jours pour y répondre. Je le sais, j'en présente beaucoup. Je dois être rendu à des milliers de questions, et elles recevront chacune une réponse d'un ministre.
Certains députés parlent de responsabilité ministérielle. Eh bien, on a déjà répondu à des milliers de questions. À quand remonte la dernière fois que nous avons entendu un ministre ou un secrétaire parlementaire répondre à une question à distance? Nous constatons que les réponses sont fournies en personne.
Les gens se préoccupent peut-être de l'avenir. Je me rappelle que, lorsque je siégeais dans l’opposition, nous comptions le nombre de périodes des questions où l’un des ministres du gouvernement Harper ne se présentait pas pour répondre aux questions, et ce, durant des jours, des semaines, voire des mois.
L'accessibilité des ministres n'est pas vraiment un problème. À mon avis, le système hybride n'est pas un outil qui rendra les députés plus inefficaces. À tout le moins, il ne les empêchera pas de formuler des objections, car les députés de l'opposition se serviront du fait qu'un ministre ne se présente pas dans cette enceinte pour le remettre en question, comme c'est le cas depuis des années. Je ne pense pas que l'accessibilité des ministres soit le moindrement en cause.
On parle de certains des avantages du système hybride. Je suis un grand partisan de l'application de vote. Je crois que cette dernière est probablement le plus grand changement que nous ayons vu depuis des générations.
Une voix: En 152 ans.
M. Kevin Lamoureux: Je ne sais pas si nous avions les moyens techniques nécessaires à l'époque, mais je peux dire aux députés que le hansard n'existait pas lorsque le Canada a été constitué. Le hansard existait dans d'autres Parlements, mais pas ici, au Canada. Il a fallu quelques années avant d'en avoir un. Je dirais que, par sa nature, ce changement a été très marquant. Il a permis une bien meilleure reddition de comptes parce que tout ce que disent les députés à la Chambre est consigné. Avant, la Chambre était plutôt un genre de club secret. Je soupçonne que lorsque le hansard a été proposé, quelques députés n'y ont sans doute pas été favorables, mais il a amélioré notre régime démocratique et la transparence.
Nous pourrions faire un bond de quelques dizaines d'années, jusqu'à l'arrivée des débats télévisés. La télévision a changé la façon dont les politiciens répondaient aux questions et participaient aux débats. J'aime penser que les effets en ont été très bénéfiques. Je me souviens d'avoir eu, lorsque j'étais député l'Assemblée législative du Manitoba, des discussions sur les répercussions de la télévision. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il y avait toujours des députés, lorsque j'ai été élu pour la première fois, qui faisaient valoir que ce n'était pas une bonne idée de faire entrer la télévision à l'Assemblée législative du Manitoba. Or, je dirais qu'elle a plutôt relevé la barre. Elle a garanti une plus grande reddition de comptes.
Je crois que l'application de vote présente un grand avantage: ce n'est pas un outil qui réduira le champ d'action des députés de l'opposition. S'ils croient que c'est le cas, ils devraient expliquer de quelle manière et pourquoi ils sont prêts à laisser la situation continuer pendant encore quelques années, puisque c'est ce qu'ils sont prêts à faire. Je pense que dans leur for intérieur ils reconnaissent l'utilité de l'application de vote, car oui, elle est bel et bien utile.
On n'a qu'à penser au fait qu'un député, où qu'il se trouve au pays, peut participer à un vote ou encore à l'avantage que cela représente pour un député de la Colombie-Britannique s'il devait y avoir un vote lundi.
Il n'est même pas nécessaire de venir d'une extrémité du pays. Prenons par exemple le député qui représente la ville de Brandon. Il doit prendre un taxi pour se rendre à l'aéroport, puis y attendre que son avion décolle. Ensuite, il y a le vol à destination de Winnipeg — espérons qu'il ne soit pas nécessaire de transiter par Toronto —, puis il faut prendre le volant pendant deux heures pour arriver à Brandon. Il faut ensuite refaire ce trajet dans le sens inverse pour être en mesure de venir voter le lundi, possiblement sur une question de procédure.
Quelle est la véritable différence? À mon avis, en permettant au député de voter à distance, nous rendons service à ses concitoyens. C'est avantageux pour le député, mais ceux à qui profite vraiment le vote électronique, ce sont les Canadiens, nos concitoyens.
Lorsque des comités siègent ou que des réunions ont lieu un peu partout dans l'enceinte parlementaire, des réunions très importantes, des comités permanents très importants, et qu'un député rencontre quelqu'un, qui que ce soit, il arrive que la sonnerie retentisse, ce qui signifie que la réunion est interrompue. Il peut s'agir d'une réunion urgente, peut-être sur un dossier relatif aux affaires étrangères, ou encore d'une discussion très importante via Zoom. Il y a toutes sortes de raisons de ne pas nécessairement pouvoir assister à une réunion donnée. Maintenant, cette personne a la possibilité de voter en utilisant l'application. Pour moi, c'est un point positif. Aucun argument ne m'a encore convaincu du contraire.
Chacun d'entre nous tient à pouvoir participer pleinement aux travaux de la Chambre des communes, que ce soit à distance ou en personne. En ce qui concerne les règles qui sont proposées et qui, espérons-le, seront adoptées, je pense qu'il n'est pas trop tard pour que les conservateurs les appuient. S'ils sont vraiment sincères lorsqu'ils disent qu'ils seraient favorables à la proposition s'il y avait une disposition de caducité, alors je rappelle que le leader du gouvernement à la Chambre leur a indiqué que, dans trois ou quatre ans, tout gouvernement futur pourra faire modifier le Règlement pour annuler ces changements. D'après ce qui ressort des discussions de 2020, nous sommes arrivés à un consensus à ce moment-là, et d'après ce que nous avons entendu aujourd'hui et ce que le député a dit, les conservateurs seraient essentiellement favorables à toutes ces dispositions, pourvu qu'il y ait une disposition de caducité. Je pense donc qu'il y a une volonté de voir les changements proposés être adoptés, mais qu'on se livre à bien des manœuvres politiques.
Au bout du compte, les Canadiens seront mieux servis si cette motion est adoptée. Je recommande à tous les députés d'envisager sérieusement d'appuyer la motion.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Comme je l'ai déjà dit, j'ai participé aux débats sur la modification du Règlement par le passé. Je me souviens de 2020, lorsque le Parlement a repris ses travaux en format hybride. Je pense que le caucus conservateur a été l'un des premiers, sinon le premier, à recommencer à tenir des réunions complètes sur Zoom. Après avoir testé tous les autres logiciels, nous avons conclu que Zoom était le meilleur, et nous avons demandé aux responsables de l'administration et de la cybersécurité de la Chambre de nous fournir notre propre serveur afin de pouvoir organiser nos réunions de cette manière. En l'espace de trois réunions, nous avons été en mesure d'offrir des services d'interprétation, parce qu'il était extrêmement important pour nous de continuer à tenir des réunions bilingues.
Je m'oppose à la motion et à son contenu. Je le dis depuis le début. J'ai toujours été de cet avis, et je m'y oppose toujours. Je tiens à faire savoir aux députés libéraux d'arrière-ban à quel point cela serait néfaste pour nous tous à long terme, mais surtout pour les députés membres du caucus du gouvernement.
Si je dis cela, c'est que, un jour, le calendrier parlementaire n'aura plus aucune importance. Nous finirons par tenir des séances toutes les semaines, parce qu'il n'y aura plus de différence entre les semaines de relâche et les semaines de séances. Elles se confondront. On s'attendra des députés qu'ils remplissent à la fois leurs fonctions au Parlement et leurs tâches au bureau de circonscription, et les gens de nos régions s'attendront à ce que nous puissions tout faire à la fois. On ne nous laissera plus venir dans la capitale nationale pour nous exprimer dans l'enceinte de la Chambre des communes ou débattre d'enjeux aux comités. Il n'y aura plus de distinction.
Chaque fois qu'on nous invitera à une activité, on s'attendra de nous que nous puissions tout faire en même temps. Quelqu'un qui participe à distance à une réunion d'un comité travaille. Il n'est pas en train de s'occuper de son enfant malade. J'avais quatre enfants; j'en ai aujourd'hui trois. Une tragédie est survenue dans ma vie personnelle et je me suis absenté du travail pendant six semaines. Pendant cette période, je n'ai pas pensé au travail.
Or, on s'apprête à demander aux députés de travailler lorsqu'ils sont malades ou lorsqu'ils prennent soin d'un proche qui est très malade. On va leur demander de tout faire en même temps, de trouver un moyen d'y arriver. Une pression énorme sera exercée sur eux, que ce soit par l'équipe du leader de leur parti à la Chambre ou par leur chef, c'est-à-dire le Cabinet du premier ministre pour les ministériels ou le cabinet du chef de leur parti d'opposition pour les autres. Une pression incroyable sera exercée sur les députés d'arrière-ban. Je dis cela en tant qu'ancien président du caucus conservateur, où j'avais la responsabilité de m'exprimer au nom des députés d'arrière-ban au sein de mon propre caucus reconnu. C'est la principale raison d'être des présidents de caucus.
Je ne suis pas trop au fait de la situation dans les territoires, mais à ce que je sache, dans les 10 provinces, aucune assemblée législative n'est passée à un mode de fonctionnement entièrement hybride. J'ai vérifié.
Il est question ici d'instaurer en permanence des mesures que nous avions convenu d'adopter provisoirement, mais qui ne font plus l'objet d'un consensus.
Le député de n'est pas d'accord avec moi et n'aime pas ce que je dis, mais nous avons commencé par un consensus et on tente maintenant de nous forcer d'avoir un seul système.
Les députés conservateurs qui siègent au comité de la procédure ont notamment proposé une disposition de caducité. Nous avions proposé de prendre une décision au cours de la prochaine législature. Nous avions proposé de tester le système pendant un an, afin de voir comment les choses se passaient avec les nouveaux députés et de peser le pour et le contre pour savoir s'il fallait continuer entièrement, partiellement ou pas du tout avec ce système hybride.
Je sais ce que j'en pense. Je ne souhaite pas que l'on continue à utiliser le format hybride. Beaucoup d'interprètes sont blessés. J'ai vu de nombreuses réunions de comités se dérouler de manière complètement dysfonctionnelle parce que cela ne fonctionne pas très bien, même après toutes ces années avec Zoom. J'ai vu des réunions de comité annulées parce qu'il n'y avait pas assez de ressources. Il est toujours intéressant de constater que le gouvernement est capable, par l'intermédiaire de ses whips, d'annuler les réunions des comités qui ne lui plaisent pas plutôt que celles dont il a vraiment besoin. Il n'y a pas assez de ressources pour tous les comités.
Une des députées du Bloc a soulevé un excellent point, à savoir que les comités se réunissent maintenant le vendredi. Auparavant, le vendredi était un jour où certains députés retournaient dans leur circonscription, surtout ceux qui représentent des circonscriptions où le scrutin est serré. Je regarde les ministériels représentant de telles circonscriptions, qui aimeraient probablement avoir un vendredi où ils pourraient prendre un bain de foule, comme on dit, aller rencontrer les électeurs dans les cafés du coin ou dans des événements communautaires, ou passer un peu de temps à travailler sur des dossiers. Ceux d'entre nous n'ayant pas été élus avec une faible majorité pourraient consacrer plus de temps au travail législatif ce jour-là, si nous le souhaitions.
À l'avenir, pas cette année ni l'année prochaine, mais dans de nombreuses années, nos whips et nos leaders à la Chambre remettront en question la nécessité des semaines de relâche et soutiendront que toutes les semaines devraient être des semaines législatives. Ils diront que les députés pourront choisir les semaines où ils seraient dans cette enceinte et celles où ils ne le seraient pas.
De nombreux autres députés ont évoqué l'inconvénient de ne pas pouvoir aller voir un ministre juste après la période des questions pour lui parler d'un dossier précis, ou de ne pas avoir l'occasion de faire connaissance avec les autres députés. Je dois admettre que je ne connais pas vraiment la plupart des députés libéraux parce que, pour être franc, j'ai du mal à reconnaître certains d'entre eux lorsqu'ils prennent la parole à la Chambre. Je ne sais pas quels sujets les passionnent directement. J'ai siégé à des comités avec certains députés et j'ai appris à les connaître beaucoup mieux. Cela permet d'instaurer un climat de confiance. Ce n'est pas pour rien que nous avons encore des associations parlementaires qui envoient des législateurs de la Chambre et du Sénat à l'étranger pour rencontrer d'autres législateurs en personne. C'est ainsi que nous bâtissons des relations avec eux. Nous ne bâtissons pas de telles relations sur Zoom, dans des cases sur un écran. Ce n'est pas ainsi que nous bâtissons des relations de confiance.
Une grande partie de notre travail en comité repose sur la confiance. Si nous ne sommes pas d'accord sur un point, il se peut que nous n'obtenions pas tout ce que nous voulons, mais nous suspendons généralement la réunion et nous sommes en mesure de négocier une solution au problème qui nous occupe. Ensuite, nous continuons à travailler au nom de nos concitoyens. Voilà ce dont il est question, au bout du compte.
Bien des gens ont parlé de l'application de vote. Elle plaît à certains, mais pas à d'autres. Je serai le premier à dire que l'application de vote ne me plaît pas. Je doute fortement que bien des députés cliquent sur la petite icône d'information et vérifient chaque fois sur quoi porte le vote exactement. Nous pouvons parfois le constater. La Chambre est maintenant équipée d'écrans géants où nous pouvons toujours voir quel député n'a pas reçu l'avis du bureau de son whip et ne vote pas comme il le devrait sur un projet de loi du gouvernement. Je ne parle pas des projets de loi d'initiative parlementaire, parce que ceux-ci devraient toujours mener à des votes libres, du moins je l'espère.
Nous avons l'article 44.1(1) du Règlement qui permet le pairage de votes. J'ai déjà écrit à la présidence du comité de la procédure une lettre qui a été distribuée aux députés siégeant au comité. Je maintiens ce que j'y ai alors écrit. Le pairage est la solution à adopter. Nous ne devrions pas nous attendre à ce que les députés qui prennent soin de proches, qui souffrent d'une grave maladie ou qui ont des obligations familiales majeures restent connectés à leur travail. Ils peuvent avoir recours au pairage comme le font les ministres. En général, ces derniers le font avec des députés de l'opposition lorsqu'ils voyagent à l'étranger. Pourquoi le pairage ne pourrait-il pas être plus utilisé à la Chambre?
J'en ai déjà parlé lors du débat précédent sur le Règlement. Le pairage représente la solution, surtout si nous autorisons les députés à y avoir recours. D'ailleurs, je dirai même qu'au cours de la présente législature, j'ai pairé un de mes votes en serrant la main d'un député libéral. C'est ainsi que les choses sont censées se passer. Ayant appris à connaître ce député au cours des dernières années, je lui faisais suffisamment confiance pour aller informer mon whip du pairage. Il a fait la même chose de son côté. Grâce à ce pairage, il n'a pas eu à faire un long voyage en avion pour revenir à Ottawa simplement pour s'assurer que j'y serais moi aussi, ce qui est ridicule. Je l'ai cru sur parole, et il m'a fait confiance lui aussi, alors nous avons procédé au pairage. Pourquoi ne pouvons-nous pas faire cela plus souvent?
L'application rend cela inutile. Nous n'avons plus besoin d'apprendre à connaître les députés d'en face ni d'établir des liens de confiance avec eux. Nous n'avons plus à connaître qui que ce soit. D'ailleurs, dans l'avenir, nous pourrons passer tout notre temps dans des cases à l'écran sans jamais avoir à faire connaissance avec les autres. Nous n'aurons plus à leur parler. Nous n'aurons qu'à envoyer des courriels, lire des discours et des questions rédigées d'avance, et tout ira pour le mieux. Je ne pense pas que le Parlement devrait fonctionner ainsi. Je ne pense pas que ce soit une amélioration. Je ne pense pas que cela rendra les choses plus transparentes. Cela ne va pas renforcer la reddition de comptes.
Le secrétaire parlementaire et député de a parlé des questions inscrites au Feuilleton, de la façon dont elles sont fournies et présentées à la Chambre, et il a dit qu'il y a toujours eu un député pour s'en occuper. Nous n'avons cependant pas parlé de la qualité des réponses aux questions inscrites au Feuilleton. Leur qualité s'est détériorée. Cela a commencé il y a une dizaine d'années, mais la qualité des réponses s'est vraiment dégradée depuis. Parfois, la réponse n'a tellement rien à voir avec la question que cela frise le ridicule. Ce n'est pas toujours le cas, mais parfois ce l'est.
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Madame la Présidente, c'est toujours un plaisir de faire entendre la voix des gens de Chatham-Kent—Leamington et, ce soir, je participe en personne en leur nom au débat sur la motion n
o 26.
J'aimerais commencer par poser une question: quel est le rôle du Parlement?
C'est évidemment une question purement rhétorique, mais la réponse est claire: c'est servir les Canadiens. Cette responsabilité est au cœur du présent débat. La coalition néo-démocrate—libérale a exercé des pressions unilatérales pour que le Parlement hybride, qui était une solution temporaire, devienne un modèle permanent. Un changement aussi radical à une procédure établie depuis si longtemps ne peut pas et ne devrait pas être mis en œuvre sans le consensus clair de tous les partis reconnus à la Chambre.
Le 5 mai dernier, l'Organisation mondiale de la santé a officiellement déclaré que la pandémie de COVID‑19 était terminée. La coalition au pouvoir ne peut pas se cacher derrière une crise passée pour se soustraire à la reddition de comptes et à la transparence, parce que, au bout du compte, il s'agit là d'une conséquence indirecte. J'espère que ce n'est pas l'objectif, mais il n'en demeure pas moins que c'est une conséquence de ce changement de procédure. Au lieu d'aider les Canadiens qui peinent à joindre les deux bouts et à se nourrir, le gouvernement s'emploie activement à éviter d'affronter le regard de la population canadienne.
Le modèle du Parlement hybride nuit à la reddition de comptes et à la participation. Or, personne ne peut nier que la reddition de comptes au Parlement, qui est le principe constitutionnel fondamental de la responsabilité gouvernementale, a souffert de la tenue des séances hybrides. Je pense que personne ne remet cela en question.
Uniquement dans la présente session de la législature, l'Administration de la Chambre a décidé d'annuler des dizaines de réunions de comités par manque de ressources pour les participations à distance. Ce fait à lui seul devrait donner à réfléchir à mes collègues d'en face. On ne saurait trop insister sur l'importance du travail des comités. C'est aux comités qu'on examine le libellé des projets de loi, et il arrive même que ce soit eux qui découvrent qu'il y a eu de la corruption et une mauvaise gestion.
Voici quelques exemples. C'est au comité des finances qu'on examine et qu'on souligne l'étendue des répercussions d'un autre budget déficitaire. C'est là qu'on propose des amendements, qu'on en débat et, si tout va bien, qu'on les adopte afin d'améliorer la vie des Canadiens, mais cela ne s'est malheureusement pas produit cette année.
Au comité des pêches et des océans, auquel j'ai participé ce matin, le cafouillage du ministère des Pêches et des Océans dans la gestion du dossier de la Commission bilatérale des pêcheries des Grands Lacs a incité les deux Chambres du Congrès des États‑Unis et les quatre partis accrédités de cette Chambre à demander d'une seule voix un changement dans la gestion de cette commission. Cet échec a poussé nos partenaires américains à quitter la table du conseil et met en péril une industrie de la pêche de 8 milliards de dollars en raison du retour de la lamproie marine, une espèce envahissante qui avait dévasté les Grands Lacs dans les années 1950 et mené à la création de la Convention sur les pêcheries des Grands Lacs.
Plus tôt ce soir, j'ai assisté à une réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, où les quatre partis représentés à la Chambre ont examiné le projet de loi de mon collègue de , un projet de loi qui vise à offrir certaines protections aux producteurs de fruits et légumes frais en cas de faillite de leurs acheteurs.
Le travail des comités est donc important pour faire progresser l'étude des mesures législatives et la reddition de compte du gouvernement, et pourtant, grâce aux mécanismes du Parlement hybride, le et son Cabinet ont réussi à se défiler et à esquiver les questions de la loyale opposition de Sa Majesté. Cela va à l'encontre de l'une des bases du système parlementaire de Westminster, dans lequel le rôle de l'opposition consiste à demander des comptes au gouvernement. Il y a des problèmes techniques. Les ministres évitent de prendre place à la Chambre ou en comité et choisissent plutôt de s'entourer d'écrans dans leur bureau, ici sur la Colline, pour éviter de rendre des comptes lorsque leur mauvaise compréhension d'un dossier saute aux yeux de tous.
Est-ce acceptable? Comme parlementaires, n'est-ce pas notre devoir de servir nos concitoyens de notre mieux? Comment pouvons-nous y arriver si le gouvernement prévoit des moyens d'éviter de rendre des comptes?
Je ne nie pas que, selon presque tous les indicateurs quantifiables, la productivité et la reddition de comptes sont plus élevées lorsque nous travaillons en personne, mais, pour citer le général Patton: « Faites toujours ce que vous demandez de ceux que vous commandez. » Ce n'est pas ce qu'a fait la quand elle a ordonné aux fonctionnaires fédéraux de retourner au bureau. Comment peut-il être équitable de refuser une certaine façon de travailler aux fonctionnaires fédéraux et d'accorder ce même privilège aux politiciens? C'est un exemple classique de « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
Au-delà des moments de reddition de compte télévisés, nous avons d'innombrables interactions qui aident nos concitoyens, qui font avancer les politiques publiques et qui contribuent, d'une manière générale, à l'établissement de relations constructives avec nos collègues, tant ceux de notre caucus que ceux des autres partis. L'idée de laisser un système hybride étouffer ces interactions modestes, mais importantes, laisse vraiment à désirer.
Je suis certain que je n'ai pas besoin d'expliquer les nombreuses façons dont les problèmes de nos concitoyens peuvent être réglés en disant brièvement un mot à un ministre pendant que la sonnerie retentit pour appeler les députés à voter. Je n'ai pas besoin non plus d'expliquer l'importance des renseignements que nous transmettent les intervenants dans un dossier lorsqu'ils nous rendent visite personnellement à nos bureaux, ni l'utilité d'une simple discussion avec un collègue dans le corridor pour bâtir la confiance qui sera nécessaire afin d'avoir l'assurance qu'une entente qui sera conclue au sein d'un comité sera respectée. Ces arguments ont été présentés à plusieurs reprises ce soir. Ce ne sont là que quelques exemples de la dynamique interpersonnelle qu'un Parlement aux séances hybrides empêche et décourage.
Encore une fois, il faut se demander comment les Canadiens sont mieux servis par leurs parlementaires. Est-ce en rendant les choses plus faciles pour les députés ou plutôt en favorisant un maximum de transparence et de reddition de comptes, notamment en veillant à ce que les deux langues officielles du Canada aient un poids égal?
Les conservateurs ont une longue et fière tradition d'édification et de promotion du bilinguisme au Parlement.
[Français]
Je ne parle pas français, mais j'apprends le français avec Duolingo.
[Traduction]
Voilà tout ce que je sais dire pour l'instant, et c'est pourquoi il est d'autant plus alarmant d'entendre la présidente de la région canadienne de l'Association internationale des interprètes de conférence, Linda Ballantyne, déclarer que sous le modèle du Parlement hybride, « [...] l'anglais prédominait aux dépens du français. »
Cette situation s'explique en partie par la montée en flèche du nombre de blessures chez les interprètes permanents. Nous sommes passés d'une seule blessure invalidante avant la pandémie à 90 cas. Alors que le nombre d'interprètes diminue, nous ne pouvons tolérer que ces femmes et ces hommes, essentiels au fonctionnement de notre démocratie, soient blessés. C'est pour ces raisons que les conservateurs ont présenté une recommandation pleine de bon sens visant à ce que les travaux de la Chambre des communes reviennent entièrement en personne, tout en maintenant l'utilisation de l'application pour voter. Étant donné que 97 % des interventions à la Chambre se font désormais en personne, cette recommandation n'aurait guère modifié la nature des débats de la Chambre. Pourtant, un tel changement permettrait de libérer un service de traduction dont le besoin se fait cruellement sentir, tout en réduisant certains risques professionnels auxquels les interprètes sont exposés.
Pour réitérer un argument précédent, je dirais que beaucoup trop de réunions de comités ont été écourtées ou carrément annulées en raison d'un manque de ressources, en particulier la présence d'interprètes pour que les réunions puissent se dérouler dans les deux langues officielles. Quand on interrompt le travail important de nos comités, les Canadiens sont privés d'un moyen de faire entendre leur voix, surtout quand il s'agit de demander des comptes au gouvernement actuel ou à n'importe quel autre gouvernement.
Malheureusement, les travaux tronqués des comités ne constituent qu'une partie de l'ensemble des procédures hybrides qui érodent la reddition de comptes du gouvernement envers le Parlement. Trouver un moyen efficace de lutter contre la pandémie et de veiller à ce que les parlements puissent continuer leurs travaux a été une préoccupation à l'échelle mondiale. Toutefois, l'idée de perpétuer les solutions trouvées pendant la pandémie semble être un problème propre au gouvernement fédéral canadien.Selon Andy Williamson, chercheur de l'Union interparlementaire, certaines pratiques de travail numériques et à distance dans les assemblées législatives étrangères « auront été temporaires, car elles ne sont plus jugées nécessaires ». En effet, il a indiqué que seulement 46 % des assemblées législatives conserveront la fonctionnalité de travail à distance alors que « certains d’entre eux ne l’utilisent que dans des circonstances exceptionnelles ». Pour répondre à une question qui a été posée en criant plus tôt, je précise que, même au Canada, aucune assemblée législative provinciale ou territoriale n'a actuellement de système hybride en bonne et due forme.
Bref, aucune autre assemblée législative comparable ne s’est précipitée pour pérenniser la tenue de séances hybrides en bonne et due forme. Si certaines l'envisagent, elles sont pleinement conscientes des inconvénients possibles. Malgré les progrès de la technologie et l'essor d'Internet, il y a des problèmes qu'il vaut mieux régler à l'ancienne. Parfois, les précédents et la procédure existent parce qu'ils fonctionnent. C'est avec un mépris total pour la santé et le fonctionnement du Parlement que la coalition gouvernementale s'efforce de rendre le système hybride permanent.
Je dois poser de nouveau la question. Quel est le rôle de la Chambre? Est-ce servir les intérêts des Canadiens ou faciliter la tâche des députés?
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Madame la Présidente, c'est un plaisir à cette heure tardive de prendre la parole et de débattre de cette motion.
Très sincèrement, le fait que le gouvernement a prévu des modifications au Règlement de la Chambre des communes sans même avoir entamé de discussions ou approché l'ensemble des partis de l'opposition témoigne d'une certaine arrogance. Cela témoigne même d'un manque de respect et de considération pour le travail des partis de l'opposition et de leur leader.
On modifie des règlements très importants, et c'est en quelque sorte une réforme visant à instaurer de manière permanente un Parlement 2.0. Le gouvernement aurait pu, selon moi, chercher à établir le consensus. C'est seulement par la suite qu'il aurait pu dire qu'il y a une opposition ferme, qu'il n'y a pas d'ouverture à la discussion ou de possibilité de s'entendre sur un, deux, trois ou peut-être quatre règlements. Nous aurions pu en discuter. Ce que nous voyons, c'est une fin de non-recevoir.
J'étais même un peu insultée par la manière dont cela a été présenté. Dans des articles de journaux, je lisais que le disait comment les choses allaient se passer et que le Parlement ne fermerait pas ses portes tant et aussi longtemps que la motion ne serait pas adoptée. Je ne vois pas d'ouverture de sa part et je ne le reconnais plus. Il ne fait pas preuve de la même ouverture et du même respect à l'égard du travail de l'opposition que lorsqu'il était whip.
Dans le fond, le Bloc québécois est contre le principe d'un Parlement entièrement hybride de façon permanente. Nous ne sommes pas contre tous les règlements ou toutes les manières de vivre le Parlement hybride.
D'ailleurs, je suis heureuse de voir dans la motion actuelle que le gouvernement a été à l'écoute d'un aspect qui me tient beaucoup à cœur, soit le fait qu'il n'est pas question qu'un président de comité préside en mode hybride. Je suis bien contente de cela, parce que c'est l'enfer, un président qui préside à distance. Quand un président est malade, il doit se soigner et on doit mettre un vice-président à sa place. Je suis d'accord sur ce point.
Par contre, au sujet de certains autres règlements, je ne peux pas comprendre que nous n'ayons pas eu le temps, ni la chance, ni le bonheur d'échanger avec le leader du gouvernement.
Plusieurs règlements sont intéressants, parce qu'il est vrai qu'ils favorisent la conciliation travail-famille, plus particulièrement le vote électronique. Toutefois, cela me faisait rire tantôt d'entendre certains députés du côté du NPD dire que nous nous étions opposés au vote électronique. C'est bien le contraire. Depuis le début, le Bloc québécois et moi-même, en tant que whip, avons participé activement à la mise en place du vote électronique. Nous n'avons jamais caché le fait que le vote à distance était une bonne manière de favoriser la conciliation travail-famille.
Cependant, ce que nous disons, c'est que, si on met en place des règlements permanents, il faut peut-être redonner de l'importance au vote de confiance. J'ai été élue de 2006 à 2011 et j'ai pu expérimenter ce que sont les votes de confiance. Quand il y a un vote de confiance qui s'annonce, comme une motion visant à adopter le budget ou le discours du Trône, il est quand même de la responsabilité du gouvernement de s'assurer que le vote de confiance se fait en bonne et due forme. C'est en personne qu'on vit ces plus grands moments démocratiques.
Au Bloc québécois, nous sommes d'accord pour que les députés puissent voter électroniquement. Cependant, nous aurions aimé pouvoir proposer un amendement afin de donner une plus grande valeur aux votes de confiance en nous assurant qu'ils ont lieu en présentiel.
Ensuite, nous trouvons qu'il faut s'assurer que le Parlement virtuel n'affaiblit pas la reddition de comptes en permettant aux ministres de s'absenter lors de la période des questions orales. Je ne suis pas la seule à l'avoir dit; j'ai entendu de tels propos lors d'une question du NPD. Je pense qu'un ministre se doit d'être en personne pour répondre aux questions qui lui sont adressées en comité ou à la Chambre. C'est important, car ce n'est pas la même dynamique. Nous l'avons vu, quand un ministre est présent ou absent, la dynamique n'est pas la même et je pense qu'un ministre se doit d'être présent pour être capable de témoigner, de s'exprimer ou de répondre aux questions qui lui sont adressées.
L'autre raison pour laquelle nous avons bien sûr un petit bémol quant au Parlement hybride sans condition et sans encadrement, c'est toute la question de la protection de la santé et de la sécurité de nos interprètes.
Il faut s'assurer de faire des réévaluations de manière assez structurée pour réviser la situation de nos interprètes en matière de santé et de sécurité.
Dans la motion qui nous est présentée, il n'y a aucune attention portée à ce personnel, qui nous suit chaque jour dans nos comités ou à la Chambre des communes pour s'assurer que les travaux se passent dans les deux langues officielles. Il n'y a rien comme mesure, à part le casque obligatoire qui est conforme à la norme de qualité ISO. À part cela, il n'y a aucune attention de ce côté.
Bien que j'aie déjà été gênée de le dire, je ne suis plus gênée de dire que je suis unilingue francophone. Alors, les interprètes, ce sont mes oreilles. J'en ai besoin. Je pense que j'ai assez souvent des choses intéressantes à dire, et, quand je m'exprime, j'aime aussi que ceux qui sont unilingues anglophones m'entendent. Il faut qu'ils puissent être capables de me comprendre.
On le sait et c'est documenté, la réalité du Parlement hybride a un impact plus grand chez les députés francophones, parce que c'est souvent quand les députés du Bloc québécois parlent en français ou quand un témoin parle en français qu'il y a des problèmes techniques, d'interprétation, de son ou de connectivité. Dans le fond, ce que le gouvernement est en train de nous dire, avec son manque de sensibilité relativement aux interprètes, c'est que ce serait le fun si tout le monde parlait en anglais et qu'il y aurait moins de problèmes. Non, les travaux doivent se faire dans les deux langues officielles.
Malheureusement, avec un Parlement hybride sans condition et sans encadrement, ce sont les députés francophones et nos témoins francophones qui sont les plus touchés. Je peux dire qu'il y a des témoins francophones que nous invitons qui préfèrent témoigner en anglais parce qu'ils savent qu'ils ont ainsi moins de chance de se faire interrompre, soit par des problèmes techniques ou des problèmes liés à l'interprétation.
J'ai écouté avec grande attention le discours de mon collègue le et député d'Ajax. Sincèrement, je ne l'ai pas entendu parler de cette réalité et je n'ai pas l'impression qu'il s'agit d'une réalité qui le préoccupe beaucoup, ni lui ni son gouvernement. Je dirais la même chose du NPD d'ailleurs, parce que je n'ai pas entendu cette sensibilité à la réalité des députés francophones et à la santé et la sécurité de nos interprètes.
J'ai été surprise de l'entendre dire dans son discours que, avant la pandémie, il y avait de l'interprétation, et que, en personne ou en virtuel, c'est pareil. Non. Ce soir, nous parlons beaucoup d'impressions, de sentiments et de la manière dont nous nous sentons. Nous racontons un bout de notre vie personnelle. Or, je peux dire que la question des interprètes est très documentée. Un Parlement hybride nécessite beaucoup plus d'heures de travail de la part des interprètes qu'un Parlement entièrement en présentiel. C'est documenté et ce n'est pas une impression. Il y a des données qui appuient ce fait.
Ce qui m'a beaucoup surprise, c'est de voir qu'on faisait comme si ces données n'existaient pas. Je sais que le leader du gouvernement à la Chambre des communes et le connaissent les données puisque nous siégeons ensemble au Bureau de régie interne. Cela fait deux ans que nous parlons du problème de la qualité du son, de la difficulté à recruter des interprètes, de la pénurie d'interprètes et des blessures des interprètes. C'est quelque chose qui est très documenté. Ce soir, je n'ai pas entendu les députés du gouvernement en parler. Je n'ose pas dire qu'ils n'en ont pas parlé une seule fois, parce que j'ai peut-être manqué quelques discours, mais je ne l'ai pas entendu et je ne l'ai pas remarqué.
J'ai travaillé fort et avec diligence pour documenter l'utilisation du Parlement hybride. C'est rare que je fasse des affirmations qui ne sont pas appuyées par des données. Le constat, c'est que cela ne va pas super bien, le Parlement hybride. Quand j'entends dire que cela fait trois ans que cela roule, qu'on est correct et que cela va, je dis non, pas du tout. C'est complètement le contraire. Je peux dire que les données que j'ai démontrent que cela ne va pas si bien que cela.
Tous les jours, il y a des problèmes techniques dans les comités, tous les jours il y a des problèmes d'interprètes. On annule des comités parce qu'il manque de ressources. Le Bureau de la traduction nous a même dit qu'il ne sait pas ce qu'il va faire en septembre prochain, parce qu'il n'y a pas de solutions à la pénurie d'interprètes. Nous, à la Chambre, nous débattons ensemble de cette question. C'est beau, que nous soyons à la maison et que nous soyons près de nos enfants et de nos maris. Toutefois, le gouvernement ne parle pas beaucoup de la possibilité que les travaux ne se passent pas dans les deux langues, qu'on annule des comités et que les débats ne se fassent pas entièrement.
Les premières victimes du Parlement hybride sont les interprètes. Les syndicats rapportent que, depuis l'adoption du mode hybride, ce sont plus de 300 incidents dangereux signalés par les interprètes depuis mars 2020, dont une centaine depuis 2022 et 30 blessures invalidantes nécessitant un arrêt de travail. Chaque mois, une douzaine d'interprètes sont affectés à d'autres tâches pour des raisons médicales à cause de blessures subies lors de réunions hybrides ou virtuelles. Une interprète a même subi un choc acoustique grave nécessitant un départ par ambulance.
L'Association internationale des interprètes de conférence au Canada, qui représente des interprètes pigistes qui travaillent pour le Parlement — grosso modo, la moitié des interprètes qui travaillent sur la Colline sont membres de cette association —, a effectué un sondage l'hiver dernier auprès de ses membres devant l'intensification de la tâche d'interprétation en mode hybride. Je le dis sincèrement: les données du sondage nous indiquent une tendance qui n'est pas très agréable à entendre.
Huit interprètes sur dix, soit 81 %, déclarent qu'il est peu probable qu'ils ou elles augmentent leurs disponibilités pour le travail sur la Colline du Parlement. À cause des conditions de travail, les interprètes ont dit que si les choses continuaient ainsi, ils iraient se trouver du travail ailleurs. En effet, il ne manque pas de travail pour les interprètes. Les deux tiers des interprètes, soit 65 %, disent qu'ils ou elles vont probablement réduire leurs disponibilités pour le travail sur la Colline du Parlement. Sept interprètes sur dix affirment qu'il est peu probable qu'ils ou elles maintiennent leurs disponibilités actuelles pour le travail sur la Colline du Parlement. Enfin, 87 % des interprètes indépendants qui n'ont jamais travaillé pour le Parlement, mais qui envisageaient de le faire, vont se raviser.
Ce que je dis n'est pas nouveau. Cela est connu par le leader du gouvernement, connu par le leader du NPD, connu par tous les membres du Bureau de régie interne. De plus, c'est indiqué sur le site Internet de l'Association. Voilà ce qui me choque et qui me rend un peu émotive: on fait abstraction de cette réalité.
Au Bureau de la traduction, on n'est pas capable de faire une projection. Nous leur avons demandé quel est le nombre d'interprètes dont nous allons disposer au mois de septembre, lorsque les travaux reprendront. Ils nous ont répondu que ce serait merveilleux s'ils arrivaient à maintenir le nombre d'interprètes qu'il y a en ce moment. Ils ne pensent toutefois pas être capables d'en ajouter, même avec un projet pilote qu'ils sont en train d'expérimenter. Cela ne court pas les rues, des interprètes qui cherchent à se faire blesser au travail, à avoir des séquelles permanentes et à devoir faire le deuil de leur travail.
Des interprètes prennent leur retraite bien méritée alors qu'il y a peu de diplômés qui sortent des universités. La Chambre peine à recruter et peine à retenir nos interprètes, et il n'y a pas de solution pour redresser la situation. C'est tout de même une réalité grave: il n'y a pas de solution. La seule solution, c'est que les gens qui travaillent, les élus, les témoins, que ce soit à la Chambre ou en comité, reviennent plus massivement à une présence en personne. C'est la meilleure solution pour garantir la santé et la sécurité de nos interprètes.
Je l'ai répété plusieurs fois. Le mode virtuel n'est pas le mode qui prend soin de nos interprètes. Ce qu'il faut faire, c'est revenir en personne le plus possible. Je n'exclus pas qu'on puisse parfois faire du virtuel, de façon hybride. En tant que whip, j'ai accordé cette permission à mes députés qui vivaient des situations plus difficiles ou qui nécessitaient d'être présents dans leur circonscription. Toutefois, on doit gérer cela de manière exceptionnelle.
On doit aussi réduire le nombre de réunions quotidiennes hybrides interprétées et exiger que les participants à distance aient le bon équipement. Encore récemment, des présidents de comités demandaient le consentement unanime pour qu'un témoin s'exprime sans casque, malgré tout ce qu'on sait aujourd'hui. Il y a de la résistance partout, dans tous les comités et dans tous les partis. Il y a de la résistance à utiliser ce que nous avons à notre disposition qui n'est pas réglementé, mais qui fait que nos travaux sont plus sécuritaires pour les interprètes.
Pour cette raison, je mets en doute la prémisse selon laquelle le gouvernement a été à l'écoute des partis de l'opposition, à l'écoute des données qui documentent le problème actuellement et à l'écoute des demandes des interprètes. Il me semble que cela ne peut pas être plus clair que ce que je viens de dire. Il y a plusieurs mesures qui ont été prises durant les dernières années. Je veux dire qu'on a travaillé fort. Personnellement, j'ai mis beaucoup d'efforts pour sensibiliser l'ensemble de mes collègues à savoir ce que nous pouvons faire, ce qui est dans notre pouvoir de faire et qui ne coûte pas cher.
J'ai demandé un tableau de bord pour voir comment les choses vont dans les comités. On documente les problèmes liés à l'interprétation au Parlement hybride. Depuis le 26 novembre 2020, les membres du Bureau de régie interne, dont le leader, le whip du gouvernement, le leader du NPD font partie, ont entre les mains ces données. Ils ne peuvent pas conclure que tout va bien ni que le Parlement hybride n'a pas de conséquences sur nos précieux interprètes. Depuis 2020, les députés du Bloc québécois ont mené une offensive. Ce n'est pas des farces, nous sommes obligés, au Bloc québécois, de nous entendre pour faire une offensive dans les comités pour faire modifier les motions pour affaire courante pour que chaque comité maître fasse des prétests. Cela vient de nous, du Bloc québécois. Nous avons mis en place cette initiative qui favorise la santé et la sécurité des interprètes et qui garantit, par la même occasion, la qualité de l'interprétation francophone.
Les députés du Bloc ont eu la consigne. Si l'interprétation n'est pas bonne, si les interprètes signalent que le son n'est pas bon, il faut interrompre les travaux. J'ai participé à des questions de privilège et à de nombreux recours au Règlement sur la question de l'utilisation du casque d'écoute approuvé par la Chambre. Même le Programme du travail (Labour Program) d'Emploi et Développement social Canada a donné gain de cause aux interprètes du Parlement. Le Président a été obligé d'exiger que les députés portent le casque d'écoute approuvé par la Chambre.
On aurait pu faire cela bien avant. Il y a un laxisme, une résistance de la part des députés à porter l'équipement requis pour toutes sortes de raisons que je ne comprends pas. Il y a encore aujourd'hui des députés qui votent dans leur auto, qui participent à des comités dans leur auto, sans l'équipement adéquat. Cela se fait encore aujourd'hui. C'est inacceptable.
Il y a une mesure qui me fait dire que la volonté politique n'est pas du côté du gouvernement, parce que sans règlements et sans modifications permanentes des règlements, tout ce que je dis aurait pu être mis en place par une volonté politique. La présidente du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a pu faire régner le respect. Elle a été proactive. C'est un bel exemple. Je le mentionne souvent. Ses collègues auraient dû en être davantage inspirés.
Le fait qu'on manque d'interprètes a comme résultat la réduction de réunions de comités. On annule des réunions de comités où se fait le travail démocratique, où l'on améliore les projets de loi, où l'on fait des études pour documenter des problématiques. Dans le fond, c'est laissé à l'abandon. Je pense, quelque part, que cela doit faire l'affaire du gouvernement que les comités ne puissent pas siéger ou améliorer ses propres projets de loi. Peut-être qu'il préfère cela, au fond, parce qu'il y a un grand nombre de réunions de comités qui sont annulées chaque fois que le Parlement prolonge ses travaux. Juste aujourd'hui, la réunion du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration a été annulée. On a aussi écourté le travail du Comité spécial sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine. Ce que nous vivons est grave.
On a beaucoup parlé de la conciliation travail-famille. J'en ai beaucoup à dire là-dessus. J'aimerais que les gens me posent des questions sur la partie de la conciliation travail-famille, que je n'ai pas eu le temps de traiter dans mon discours parce que j'en ai beaucoup à dire.
Aujourd'hui est un jour triste. J'espère que le gouvernement saisira la balle au bond. Notre leader lui a tendu la main pour qu'il puisse lui-même amender sa propre motion dans le respect de ses consultations avec les nombreux leaders.
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Madame la Présidente, « Ce n'est pas sorcier, si on ne veut pas travailler à Ottawa pendant les sessions parlementaires, on ne se présente comme député. Le Parlement hybride avait du sens durant la COVID, mais il ne devrait jamais être permanent. Je m'oppose fermement à ce que le gouvernement le rende permanent. » Ce n'est pas moi que le dit, mais Wayne Easter, l'ancien ministre libéral et député de Malpeque pendant près de 28 ans à la Chambre des communes. Je souligne que cette déclaration que M. Easter a faite plus tôt aujourd'hui a été diffusée sur les médias sociaux par l'ancienne ministre libérale Jane Philpott.
Avant d'oublier, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je vais parler un peu des avantages des séances hybrides, parce qu'il en a été question dans certaines interventions. On parle des sacrifices que font les députés pour servir le Canada. Or, je dirais avant tout que c'est un privilège d'être ici. C'est un immense privilège, et un véritable honneur. Cependant, en toute franchise, si j'ai décidé de me présenter aux élections, c'est en partie pour trouver un meilleur équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle, car je trouve ma vie de député beaucoup plus souple que celle que j'ai connue lorsque j'étais militaire. Il m'est beaucoup plus facile de concilier vie professionnelle et vie personnelle aujourd'hui que lorsque j'étais dans les Forces armées canadiennes.
Il y a des gens qui servent notre pays et qui n'ont pas les privilèges et les choix dont nous jouissons. Je dirais même que de nombreux Canadiens doivent cumuler deux emplois en raison de la situation économique difficile que nous connaissons. Ils n'ont pas le privilège de pouvoir se présenter virtuellement au travail pour concilier les différents aspects de leur vie. Je n'essaie pas de minimiser les difficultés que connaissent les députés. Ce que je dis, c'est que c'est un privilège d'être ici, et nous devons l'apprécier.
Ces règles sont en place et je m'en suis moi-même servi au besoin. Je suis père seul la moitié du temps et, en tant que père seul d'une enfant de 9 ans, il est très difficile de trouver un juste équilibre. Ma fille est souvent venue ici à la tribune ou dans l'antichambre. Lorsque j'étais whip adjoint de mon parti, il lui est même arrivé quelques fois d'appeler les députés pour qu'ils viennent voter à la Chambre.
Je me suis également servi de l'application pour voter et je reconnais qu'il peut y avoir des situations ou des circonstances graves, que ce soit pour des raisons médicales, un décès dans la famille ou la naissance d'un enfant, où il ne faudrait pas retirer à un député la possibilité de voter. Je peux concevoir qu'il y a des motifs légitimes d'utiliser l'application pour voter, par exemple, mais je pense que différents outils existent depuis longtemps au Parlement. Il est possible d'avoir recours au pairage pour les votes des députés. C'est un bon début, parce qu'il arrive souvent que des députés doivent faire face à différentes solutions problématiques.
L'un des arguments que nous entendons et que le secrétaire parlementaire du leader du gouvernement à la Chambre utilise est que, puisque nous nous sommes prévalus de ce mode de fonctionnement hybride, nous ne devrions pas nous opposer à le rendre permanent. Utilisons une analogie sportive: le hockey. Par exemple, dans les premiers temps de la LNH, il y a plus d'une centaine d'années, les joueurs ne pouvaient pas passer la rondelle vers l'avant. Lorsque cette règle a changé, il aurait été nettement désavantageux pour les joueurs de continuer de passer la rondelle uniquement vers l'arrière, tout comme il serait idiot de la part des partis de l'opposition de ne pas se prévaloir du mode de fonctionnement hybride qui nous a été imposé. Il faut utiliser les moyens à sa disposition pour jouer le jeu. En fait, je n'aime pas utiliser ce terme. Il ne s'agit pas d'une question de principe concernant la mauvaise gestion financière ou la liberté de conscience. Il s'agit des règles de procédure. Nous serions idiots de ne pas les utiliser.
J'aimerais cette fois citer un article de Campbell Clark paru dans le Globe and Mail:
[...] les gouvernements [...] cherchent depuis longtemps un moyen, pour les ministres sur la sellette, de pouvoir entrer dans la Chambre des communes et en sortir sans avoir à passer devant les journalistes. Maintenant, ils n'ont même plus besoin de se faufiler par la porte arrière. Il y a une nette perte au chapitre de la reddition de comptes si les ministres n'ont plus besoin de passer devant les députés de leur caucus et de siéger en face de l'opposition.
Cet argument a été soulevé plus tôt. Les journalistes sont un autre outil pour exiger des comptes du gouvernement; il n'y a pas que l'opposition. Plus précisément, lorsque la présence des ministres n'est pas exigée à la Chambre, cela leur donne le moyen d'éviter les questions difficiles, car, je le répète, les ministériels sont appelés à prendre des décisions difficiles.
Je sais que vous avez fait du bon travail, madame la Présidente, en donnant la parole au député de qui siégeait à distance. En revanche, je sais que lors de nombreuses réunions à distance, j'ai essayé d'attirer l'attention, j'étais assis là à agiter mes mains sur l'écran, et il était difficile de se faire accorder la parole. C'est beaucoup plus facile ici à la Chambre.
Ce qui me fait vraiment peur avec le fonctionnement hybride, c'est la partisanerie. Cet endroit est déjà suffisamment divisé. L'esprit partisan fluctue au cours d'une session parlementaire. Cependant, en dehors de la pandémie, ce système empêche de nouer des relations avec les autres, et c'est pourtant comme cela qu'on peut faire avancer les choses. Je peux citer de nombreux exemples depuis 2019, date à laquelle j'ai commencé à siéger ici.
Peu après le début de la pandémie, le gouvernement a mis en place le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. Pendant la période des questions, j'ai posé une question. La m'a répondu en lisant des notes. C'était en juin 2020. J'ai reposé ma question durant les séances du comité spécial sur la COVID qui ont eu lieu durant été. Là encore, on m'a répondu en lisant des notes.
Le mois de septembre est arrivé et j'ai reposé la question, mais puisque je n'ai pas obtenu la réponse que je souhaitais, j'ai essentiellement coincé la dans le couloir cette fois-ci. Il n'y avait pas de caméras, je ne craignais pas d'être mal compris et de faire l'objet d'un reportage erroné par les médias. J'ai pu expliquer pourquoi les petites entreprises qui n'ont pas de compte bancaire d'entreprise avaient vraiment besoin d'être admissibles à ce compte. Il y a beaucoup d'agriculteurs et de petites entreprises dans ma circonscription qui ne réussissaient pas à répondre aux critères d'admissibilité.
Je n'étais pas le seul député à soulever cette question auprès de la , mais je jure que j'ai vu le déclic se faire. Il a fallu ce déclic pour qu'elle comprenne les difficultés et le problème. Il faut reconnaître que, peu de temps après, le gouvernement a apporté les modifications et a annoncé les changements au programme, et les choses ont bougé. C'est ce qui se passe presque tous les jours avec les députés de l'opposition et les ministres.
Nous nous rendons de l'autre côté de la Chambre et nous leur parlons face à face. Nous n'avons pas à nous soucier de passer par des membres du personnel. J'ai une telle relation avec la , le dans le cadre des habilitations de sécurité, la , la et le .
Ce n'est pas nouveau. Je vais citer le journaliste parlementaire Dale Smith, qui, je crois, n'est pas un véritable ami du Parti conservateur. Il a cité un article publié il y a environ un an. Il prévient que ce Parlement hybride pourrait « nuire davantage à l’établissement de relations qui aident le Parlement à mieux fonctionner ».
Il fait référence à une recherche de l'Institut Samara réalisée au moyen d'entrevues de départ avec d’anciens députés. M. Smith a dit: « Au fil du temps, la Chambre des communes est devenue un endroit moins propice à cette dynamique. À la Chambre, il est plus difficile pour les députés d’arrière-ban et les députés de l’opposition d’attraper les ministres — qui peuvent maintenant aller voter sur leur téléphone — pour leur parler des dossiers de leurs concitoyens qui nécessitent une intervention ministérielle. »
Il y a d'autres personnes que je peux citer. John Milloy est professeur de sciences politiques et d'éthique publique à l'Université Wilfrid Laurier. Il a été député provincial libéral en Ontario et a travaillé pour l'ancien premier ministre Jean Chrétien. Il a dit: « Ces heures où nous pouvons nous parler et, oserais-je dire, parler à l'opposition » sont tellement importantes. M. Milloy parle, dans ses références, des possibilités de vote que nous pourrions utiliser. Il faut toutefois les justifier.
À mon avis, les gens qui ne devraient jamais participer en ligne au Parlement hybride sont les ministres eux-mêmes. J'ai commencé mon discours en disant que c'est un privilège pour nous tous d'être ici en tant que députés. Cependant, c'est un honneur et un privilège encore plus grands d'être ministre de la Couronne, et cela implique certains sacrifices. À mon avis, les ministres et les secrétaires parlementaires devraient participer au débat en personne, à la Chambre.
Les conservateurs ont présenté un certain nombre d'amendements raisonnables qui permettraient d'arriver à un consensus à l'égard de la motion et de maintenir les séances hybrides pour le reste de la législature. Cependant, je ne saurais trop insister sur le risque de partisanerie si nous maintenons les séances hybrides à long terme.
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Madame la Présidente, comme toujours, c'est un honneur pour moi de prendre la parole au nom des habitants de Battle River—Crowfoot dans cette enceinte.
Je tiens à souligner une chose très importante dont mon collègue le député de a parlé tout à l'heure. Cela mérite d'être répété, car c'est très important. Je parle du fait que les députés devraient représenter leurs concitoyens à Ottawa, et non Ottawa auprès de leurs concitoyens. C'est cette attitude que je m'efforce d'adopter chaque jour à la Chambre.
Je voudrais parler un instant de la Chambre, car cela mérite d'être souligné, à la lumière de ce dont nous débattons ce soir, à savoir les modifications au Règlement, et plus particulièrement la modification très raisonnable présentée par le afin d'inclure une disposition de caducité pour les changements que le gouvernement est en train, si j'ose dire, de faire adopter à toute vapeur à la Chambre, avec peu de consultations. Il est certain que de nombreuses personnes s'inquiètent des conséquences de ces changements.
En ce qui concerne plus précisément cette enceinte, le processus parlementaire a évolué et s'est développé pendant plus de huit siècles jusqu'à aujourd'hui, depuis ses débuts dans le pré de Runnymede jusqu'aux moments charnières qui ont jeté les bases du gouvernement responsable. Je crois que ce sont Robert Baldwin et Louis Lafontaine qui, à Montréal, ont jeté les bases de ce qu'on appelle le « gouvernement responsable ». Le processus a continué d'évoluer, que ce soit lorsque nous avons tenu les premières élections au Parlement et choisi sir John A. Macdonald comme premier premier ministre, lorsque le Canada est devenu un pays, ou lorsque l'édifice du Parlement a brûlé. Le processus a carrément été moins perturbé par l'incendie qui a détruit les édifices du Parlement, au début du XXe siècle, que par la pandémie de COVID‑19.
La démocratie est importante. Elle mérite qu'on se batte pour elle, et nous devons tous faire preuve de diligence et nous efforcer de la protéger lorsque nous voyons ce genre de manigances et de comportements de la part de l'actuel gouvernement libéral. Il semble avoir très peu de respect pour notre processus démocratique, pour la démocratie et pour toute personne qui ne partage pas son avis et ses idées au sujet de la façon dont on devrait diriger le pays.
Bien que les conservateurs aient obtenu plus de votes que les libéraux aux dernières élections, c'est quelque chose que les libéraux aiment oublier, comme par hasard. Les libéraux avaient bien dit qu'ils ne se joindraient pas à une coalition avec le NPD mais, quelques mois seulement après les dernières élections, nous avons découvert qu'il en allait tout autrement. Il nous incombe à tous de défendre la démocratie et de veiller à ce que les traditions bien établies de la Chambre des communes soient préservées.
La pandémie de COVID‑19 a causé toute une série de difficultés. Même si je ne pensais pas avoir à passer mes premiers mois en tant que député à me battre pour être en mesure de faire mon travail et de représenter les résidants de ma circonscription à la Chambre, nous sommes arrivés à faire en sorte que les voix de tous les Canadiens, aux quatre coins du pays, soient entendues. Il a fallu du temps et des efforts mais, grâce au système hybride, ces voix ont pu être entendues malgré les circonstances difficiles. Nous avons prouvé que c'était possible, mais cela ne veut pas dire qu'il faut continuer ainsi, d'autant plus que certains abuseront du système.
Je tiens justement à mettre l'accent sur cela en faisant valoir un point précis. Au début de la pandémie de COVID‑19, nous avons constaté que l'une des premières propositions des libéraux visait à atteindre un but assez particulier au lieu d'unir le Canada. Les libéraux n'ont pas proposé de mesures d'aide liées à la pandémie. Ils n'ont pas proposé d'aider les Canadiens à un moment où c'était absolument nécessaire. Non, ils voulaient se donner le pouvoir illimité de taxer et de dépenser. Telle était la réponse des libéraux à une crise. Ils se sont dit qu'il faut toujours tirer profit d'une bonne crise. Ils allaient se donner le pouvoir illimité de taxer et et de dépenser sans l'approbation du Parlement et bafouer ainsi huit siècles de gouvernement responsable.
Ce n'est pas sans une extrême prudence que j'interviens pour dire que nous devrions être très attentifs à la manière dont nous abordons la question de la sauvegarde de nos institutions démocratiques. Je parle en particulier des modifications qui ont été présentées. Prenons le temps de les étudier. Assurons-nous qu'elles sont assorties d'une clause de caducité. Assurons-nous de pouvoir évaluer soigneusement la manière dont ces changements radicaux peuvent être étudiés en profondeur afin de faire ce qu'il y a de mieux, en fin de compte, pour nos électeurs et pour les Canadiens. Il n'y a qu'un seul endroit, un seul espace dans ce pays qui garantisse que chaque centimètre carré est représenté et que chaque personne peut s'exprimer, et c'est ici, à la Chambre des communes.
Il ne fait aucun doute qu'il existe une grande variété de points de vue, de personnalités, de professions et de partis politiques, mais c'est dans ce lieu que nous sommes en mesure de dialoguer et de débattre pour notre société, et c'est fondamental pour le fonctionnement de notre démocratie. La défense de ces valeurs devrait être la première et principale responsabilité du premier ministre, du gouvernement représenté par le Cabinet, des députés de tous les partis politiques et de tous les députés, mais aussi la priorité de tous ceux qui ont l'honneur de pouvoir occuper temporairement ces sièges verts à la Chambre des communes du Canada.
Malheureusement, le gouvernement a tendance à préférer l'obéissance à l'opposition. Je vais donner un autre exemple. Je pense qu'on en a un exemple très pertinent en observant les partenaires de la coalition à l'autre bout de la Chambre, le quatrième parti. Le NPD n'est pas vraiment un parti d'opposition. Le débat que nous avons ici en est un bel exemple.
Je ne pense pas qu'un grand nombre de néo-démocrates appuient ce genre de chose, car cela va à l'encontre des idéaux de leur parti. De plus, cela dépasse leurs fonctions parlementaires dans le contexte de cette prétendue entente de soutien sans participation. Je pense que cela a plutôt à voir avec de l'incompétence ou de la paresse, et il est parfois difficile de faire la distinction entre les deux. Quand un quatrième parti donne un chèque en blanc à un gouvernement qui a été élu en tant que gouvernement minoritaire, il est inacceptable qu'il le fasse en fermant les yeux sur l'impact que cela aura sur le fonctionnement de notre pays.
Je ne sais pas si le chef du NPD s'intéresse davantage aux jeux vidéo qu'aux intérêts de son parti, mais je sais que j'en ai parlé avec plusieurs membres du Nouveau Parti démocratique. Cela surprendra peut-être certains députés néo-démocrates, mais il y en a quelques-uns parmi les électeurs de ma circonscription. Un nombre surprenant a communiqué avec moi au cours des derniers mois et de la dernière année ou plus, où il y a ces...