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Monsieur le Président, je suis heureux d'être de retour ici. Je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Le gouvernement libéral ne comprend rien au Canada, à la radiodiffusion ou à son histoire, ce qui explique peut-être pourquoi les libéraux ont initialement réglementé la radiodiffusion par l'intermédiaire du ministère de la Marine et des Pêcheries.
La Commission royale de la radiodiffusion de 1928 a été la première à examiner l'état de la radiodiffusion au Canada. Très peu se souviennent de cette commission. La nature de la radiodiffusion a changé au cours du dernier siècle. Cependant, certaines conclusions sont encore importantes à retenir aujourd'hui. Le rapport de la Commission était un modèle d'efficacité dont nous ferions bien de prendre note de nos jours. Il ne comportait que 13 pages et quelques annexes. Une seule page était consacrée au contenu de programmes, où il était inscrit que « l'on devrait s'efforcer de toute façon à donner aux auditeurs canadiens les meilleurs programmes disponibles provenant de sources nationales et étrangères ».
Le projet de loi , qui est une mesure législative boiteuse, ne fait rien pour fournir les meilleurs programmes aux auditeurs canadiens. Au contraire, il décourage la programmation créative.
La réglementation des programmes avait un certain sens dans les années 1930, c'est-à-dire la période où le prédécesseur du CRTC a été créé. À l'époque, la radiodiffusion se limitait à la radio et, compte tenu du nombre restreint de fréquences disponibles, le gouvernement voulait garantir la diversité des points de vue et l'accès des Canadiens aux ondes.
Ce qui était illogique, c'est l'imbrication entre l'organisme de réglementation et le diffuseur public créés au même moment. Même si les libéraux ont fini par se rendre compte de l'erreur, ils ne sont jamais arrivés à comprendre les besoins des Canadiens ni la façon dont l'information est diffusée au XXIe siècle.
Le gouvernement reprend où il avait laissé lors de la dernière législature et il nous présente un nouveau projet de loi modifiant la Loi sur la radiodiffusion. Ce qu'il ne fait pas, c'est apporter de nouvelles idées ou tenter de définir adéquatement ce qu'il entend par « radiodiffusion ».
Selon Wikipédia, « [l]a radiodiffusion est la distribution de contenu audio ou vidéo à un public dispersé à l'aide de moyens de communication électroniques de masse, qui ont habituellement recours au spectre électromagnétique, soit les ondes radioélectriques, selon un modèle un à plusieurs ».
L'encyclopédie Britannica indique ceci:
Radiodiffusion: transmission électronique de signaux de radio et de télévision destinés à être reçus par le grand public, par opposition aux signaux privés destinés à des récepteurs précis. Dans sa forme la plus courante, on peut dire que la radiodiffusion est la diffusion systématique de divertissements, d'informations, de programmes éducatifs et d'autres émissions en vue d'une réception simultanée de la part d'un public dispersé disposant d'un appareil de réception approprié.
Ce projet de loi ne porte pas, par définition, sur la radiodiffusion. En fait, il cherche à étendre l’autorité du gouvernement afin de contrôler Internet et de limiter la liberté d’expression. La visée en est peut-être cachée dans un libellé technique, avec modification dans un paragraphe et dans un autre, mais il ne fait aucun doute que l’intention est de limiter le choix des Canadiens.
Nous savons tous qu’Internet n’a rien à voir avec la radiodiffusion traditionnelle. Il n’y a pas de limite de fréquence en ligne. La diffusion d’Internet est ciblée, car les créateurs de contenu peuvent toucher de plus petits segments de population que ne desservent pas les radiodiffuseurs traditionnels.
Le Canada compte nombre d’excellents écrivains, acteurs, compositeurs, musiciens, artistes et créateurs. Ils n’ont pas besoin de règles du gouvernement qui les empêcheraient de connaître le succès au Canada et dans le reste du monde. Les créateurs de contenu canadiens gagnent majoritairement leur argent, soit environ 90 %, à l’étranger. Les plateformes de médias sociaux sont mondiales, et les Canadiens en tirent pleinement parti, autant comme créateurs de contenu que comme consommateurs de ce qui est produit.
Les vedettes canadiennes des médias sociaux ne veulent pas que le gouvernement leur dise quoi faire dans leur travail en tant que Canadiens. Les libéraux affirment qu’il y a maintenant une exemption pour le contenu généré par les utilisateurs, mais ce projet de loi autoriserait le CRTC à réglementer tout contenu qui génère un revenu directement ou indirectement, ce qui veut dire que pratiquement tout contenu serait encore réglementé, y compris celui de créateurs indépendants qui gagnent leur vie sur des plateformes de médias sociaux telles que YouTube et Spotify.
Ce qui déplaît aux libéraux, et la raison pour laquelle ils veulent nous donner une nouvelle définition de la radiodiffusion avec ce projet de loi, c’est qu’ils ont perdu le contrôle. Dans le temps, avant Internet, l’État contrôlait la radiodiffusion. Il fallait une licence de l’État pour lancer une station de radio ou une chaîne de télévision, et pour en obtenir une, il fallait accepter que l’État contrôle le contenu. Avec Internet, l’État ne peut plus le contrôler. Chaque jour, quelque 720 000 heures de contenu sont téléchargées rien que sur YouTube. Les libéraux semblent s’en offusquer. Ils veulent réglementer ce contenu, autrement dit, imposer à Internet le même contrôle que naguère à la radiodiffusion.
S’il s’agit, au fond, pour les libéraux de se tailler une part des recettes pour résorber leurs déficits record, il existe des méthodes plus simples pour s’attaquer à tous les créateurs de contenu. Au lieu de chercher à réglementer tout Internet, ils pourraient se concentrer sur les grands services de diffusion en continu, peut-être ceux qui ont au moins un demi-million d’abonnés. Pour soutirer de l’argent à ces services, nul besoin de la mesure excessive que le gouvernement met en place.
Même là, toutefois, le gouvernement voudra peut-être y réfléchir à deux fois. Forcer des services de diffusion en continu qui se trouvent à l’étranger à contribuer aux différents fonds de développement des talents canadiens, par exemple, n’est pas sans risques. Pour être équitable, si le gouvernement oblige ces entités à contribuer au fonds, il doit aussi leur donner accès à l’argent qu’il génère. Au lieu de rendre les règles du jeu équitables, une telle décision nuirait aux radiodiffuseurs traditionnels du Canada, surtout à ceux dont le contenu canadien concerne principalement les affaires publiques et les émissions de sport. Que seraient les sommes limitées qu’ils consacrent aux émissions dramatiques par rapport à celles que dépensent les services de diffusion en continu qui se spécialisent dans ce type d’émissions? Avec ce genre de concurrence, qui regarderait encore Radio-Canada?
En tout cas, le projet de loi n’explique pas pourquoi nous réglementons ce domaine. Les libéraux, qui perturbent le libre marché, ont la manie de vouloir tout réglementer, mais ce n’est pas parce qu’ils présentent ce projet de loi qu’il est bon ou qu’il devrait être adopté.
Depuis 20 ans, on demande au gouvernement de redéfinir Internet et la radiodiffusion. Des sages ont résisté à l’argument, comprenant qu’Internet était, à bien des égards, un véritable exemple de la démocratisation des communications. Des groupes ayant un accès limité ou nul à la radiodiffusion traditionnelle, par exemple des Canadiens autochtones, jouissent maintenant d’un accès illimité et peuvent raconter leurs histoires sans aucune ingérence de la part du gouvernement. Les libéraux souhaitent mettre un terme à cela.
Quelque 100 000 Canadiens tirent la totalité de leur revenu de leurs activités en ligne. Le gouvernement n’est pas satisfait des impôts qu’il perçoit de ces activités. Il veut aussi leur dire quoi créer, sans même se demander si ces gens ont déjà établi un lien avec leur auditoire.
Notre secteur culturel est florissant sans le gouvernement. Le projet de loi ne doit pas être adopté.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui au nom de South Shore—St. Margarets pour parler du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la radiodiffusion.
J’étais adjoint exécutif du ministre des Affaires étrangères du Canada quand la Loi sur la radiodiffusion a été modifiée pour la dernière fois, en 1991. Le courriel était un nouvel outil. Les Affaires étrangères communiquaient alors avec les ambassades par télex. Il n’y avait pas de médias sociaux, de Facebook, de YouTube, de Twitter ou de TikTok. Par conséquent, la révision de la Loi sur la radiodiffusion effectuée dans le cadre du projet de loi C‑11 se fait attendre depuis longtemps.
Je vais essayer de résumer ce que je crois être le bon, le mauvais et le pire de ce projet de loi, et je vais commencer par le bon.
Il y a plusieurs dispositions importantes dans cette loi que j’appuie, notamment les exigences visant à soutenir la production accrue de contenu canadien par des fournisseurs de services en ligne comme Netflix. Le soutien accru à la programmation autochtone est également un bon début. Comme je viens de la Nouvelle-Écosse, j’apprécie également le soutien accru et l’accent mis sur la production indépendante de matériel de radiodiffusion. Le fait que ce projet de loi protège la propriété intellectuelle des algorithmes des fournisseurs de services Internet est aussi un pas en avant.
Permettez-moi maintenant d’aborder le côté mauvais du projet de loi. Nous espérons que, lorsque le projet de loi sera soumis au comité, le gouvernement sera disposé à le modifier de façon à ce que notre principal sujet de préoccupation soit traité, à savoir l'encadrement de la liberté d'expression sur Internet. Il est vrai qu’aux paragraphes 2(2.1) et 4.1(1) tels qu’ils sont proposés, le gouvernement a exclu les utilisateurs individuels des médias sociaux de la réglementation du CRTC. Un engagement analogue a été pris dans le projet de loi à la législature précédente, mais il a été retiré par le gouvernement à l’étape du comité.
Toutefois, en ce qui concerne le projet de loi de la dernière législature et maintenant le projet de loi , on nous a demandé de faire confiance au gouvernement pour qu'il respecte son engagement de ne pas réglementer la liberté d’expression individuelle. C’est trop demander aux Canadiens qui ne lui font plus confiance. Nous devrions tous être inquiets lorsque des gouvernements bafouent la loi comme nous l’avons vu avec SNC-Lavalin, abusent des deniers publics pour en faire profiter leur famille comme dans le cas du scandale UNIS, ignorent les avis de ceux avec qui ils sont en désaccord et légifèrent contre la liberté d’expression avec la Loi sur les mesures d’urgence.
Où sont les éléments du projet de loi pour lesquels le gouvernement nous dit « faites-moi confiance »? Ils se trouvent dans les articles 4.1 et 4.2 proposés. C’est la pire partie du projet de loi. L’article 4.1 exempte les utilisateurs individuels de médias sociaux du contrôle du contenu exercé par le CRTC. Bien que cela soit exact dans une certaine mesure, la formulation qu’utilise le gouvernement dans l’article 4.2 est tortueuse. Permettez-moi d’expliquer les circonvolutions juridiques déroutantes des libéraux. L’ajout à ce projet de loi de l’article 4.1 — qui dispose que la censure du CRTC ne s’appliquera pas aux particuliers qui téléchargent du contenu vers un fournisseur de services Internet — est une bonne chose, mais ce que le gouvernement donne d’une main, il le reprend de l’autre dans l’article 4.2. En effet, celui-ci lui donne la possibilité de réglementer le contenu Internet d’un particulier si le contenu génère un quelconque revenu. Sans connaître ou voir ces règlements, on peut dire qu’il s’agit d’un vaste pouvoir de censure des utilisateurs individuels.
Le gouvernement dit aux Canadiens de ne pas s’inquiéter et de lui faire confiance. Or, les Canadiens ne lui font pas confiance. Nous devrions être particulièrement inquiets lorsque le gouvernement, dans le cadre de ce projet de loi, cherche à légiférer sur ce que les Canadiens peuvent ou ne peuvent pas dire si cela génère des revenus. On demande maintenant aux créateurs de contenu individuel qui ont des entreprises naissantes de faire confiance au gouvernement pour que, par des politiques ou une réglementation, ils ne soient pas censurés. Le projet de loi ne contient aucune garantie juridique pour qu’ils ne soient pas censurés.
Dans son dernier discours public, le 11 avril 1865, le président Abraham Lincoln a déclaré que « les principes importants peuvent, et doivent, être inflexibles ». La liberté de pensée et la liberté de parole sont des principes que le gouvernement du Canada doit défendre de façon inflexible, à tel point que Pierre Trudeau a placé ces libertés inflexibles à l’article 2 de la Charte canadienne des droits et libertés. Elle garantit la liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, ces mêmes libertés qui sont au cœur de notre démocratie. Notre défense de ces libertés doit rester inflexible, comme le disait Lincoln.
Je tiens à préciser que nos libertés ont des limites. Par exemple, dans un pays comme le nôtre, les gens ne peuvent pas inciter à la haine ou à d’autres formes de langage violent. Au Canada, la common law et le Code criminel ont tous deux imposé des limites à cette liberté. Les distinctions du Code criminel sont justes et assurent la protection des personnes les plus vulnérables de notre société. Si le gouvernement souhaite chercher d’autres protections pour les personnes touchées par le racisme et d’autres formes de discrimination, je sais que mon caucus conservateur est prêt à coopérer, et le Code criminel est le véhicule législatif approprié pour de telles restrictions.
Le projet de loi contient un pouvoir de réglementation de la censure en ligne plus inquiétant et illimité pour le gouvernement. L'alinéa 4.2(2)(a) de la mesure législative proposée permettrait au CRTC de réglementer tout contenu qui génère des revenus de façon directe ou indirecte. Cela signifie que pratiquement tout le contenu serait encore réglementé, y compris celui des créateurs de contenu indépendants qui gagnent leur vie sur des plateformes de médias sociaux comme YouTube, TikTok et Spotify.
Que signifie « de façon indirecte »? Le gouvernement nous demande de lui faire confiance. Au cours de la dernière législature, les conservateurs n’ont pas hésité à souligner les lacunes d’un projet de loi presque identique, le projet de loi . Les conservateurs n’étaient pas les seuls à tirer la sonnette d’alarme. Des experts, des avocats, des universitaires et bien d’autres personnes ont témoigné devant le comité et ont parlé publiquement des problèmes du projet de loi.
Un ancien commissaire du CRTC a déclaré que le projet de loi s'apparente à un marteau employé pour intimider la liberté d’expression. Aujourd’hui, compte tenu du développement continu de la technologie et des conditions créées par la pandémie de COVID‑19, une grande partie de ce dialogue se déroule sur des sites comme Facebook, Twitter et autres. Ce projet de loi porterait atteinte à la capacité des Canadiens à publier en ligne et à s’exprimer librement, même si leur publication « génère des revenus de façon [...] indirecte ». De plus, le projet de loi porterait atteinte aux droits des Canadiens d’accéder au contenu en ligne, ce qui signifie que le droit de visionner du contenu librement serait enfreint si le projet de loi était adopté.
Je demande à tous mes collègues s'ils font confiance au gouvernement pour décider ce qu'ils peuvent dire, lire et regarder en ligne. Le projet de loi conférerait de nouveaux pouvoirs non définis sur Internet au CRTC, qui a été créé dans le but d'établir un équilibre entre les besoins des radiodiffuseurs concurrents, et non ceux des citoyens.
Les Canadiens devraient être les seuls à réglementer leurs idées. Je peux assurer aux députés que les citoyens de ma circonscription ne veulent pas des éléments de censure contenus dans ce projet de loi qui a été expédié à la hâte à la Chambre des communes sans audiences ni débats sérieux. Ils veulent que l'article 4 soit modifié, et j'espère que le gouvernement écoutera les Canadiens en comité et qu'il amendera ce projet de loi.
Je demande aux députés de se laisser guider par les paroles de Lincoln, qui disait que les principes importants doivent être « inflexibles ». Il faut nous montrer inflexibles dans notre volonté de défendre la liberté d'expression et modifier cet article qui donnerait au gouvernement la capacité de censurer les gens sur Internet.
J'espère que tous les députés sauront faire preuve de courage afin que nous puissions travailler ensemble pour que la Loi sur la radiodiffusion protège les libertés des Canadiens, améliore le contenu canadien et autochtone, soutienne les producteurs indépendants et n'entrave pas le discours en ligne.
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Madame la Présidente, c’est un honneur de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi et de poursuivre ce débat qui dure depuis un certain temps. Un projet de loi semblable à celui-ci a été présenté au cours de la dernière législature, il y a au moins un an. Ce projet de loi n’a malheureusement pas franchi la ligne d’arrivée, mais nous avons ici une version améliorée du projet de loi précédent. Il s’attaque à certains des problèmes et des obstacles qui, à tort ou à raison, ont été signalés, en particulier par l’opposition.
Je voudrais revenir sur l’une des remarques faites il y a quelques minutes par le député conservateur qui répondait aux questions. Il a dit quelque chose de très important. Je pense que c’est important parce que cela représente une grande partie du discours que nous allons entendre au cours des prochains jours.
J’ai oublié de mentionner que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
C'est ce discours-là, en grande partie, que nous entendrons. Le député précédent vient tout juste de dire que nous ne voulons pas permettre au gouvernement de contrôler ce que les gens regardent. Je veux que tous ceux qui suivent le présent débat soient attentifs au fait qu’au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, nous entendrons souvent ce discours de la part des conservateurs, car c’est exactement le même qu’ils ont utilisé la dernière fois. C’est un discours qui tente de faire croire aux Canadiens que le gouvernement du Canada est assis derrière un bureau et décide ce que les gens peuvent regarder et ce qu’ils ne peuvent pas regarder. Rien ne pourrait être plus loin de la vérité. Ce que le projet de loi initial a fait et ce que ce projet de loi-ci propose de faire maintenant, ce n’est pas de réglementer ce que les gens regardent, mais d’élargir le bassin de ce qui leur est offert.
Si quelqu’un pense que l'offre culturelle devrait être homogène partout en Amérique du Nord, qu’il n’y a aucun problème à être exactement comme les États‑Unis, que nous n’avons pas besoin de notre propre identité et de notre propre culture, c’est une chose. Ce point de vue — bien que je ne sois pas du tout d’accord — serait au moins l’opinion de quelqu’un qui comprend encore les faits. Cependant, ce projet de loi ne propose pas du tout cela. Ce qu’il fait, et ce que je préfère, c’est d'offrir aux Canadiens la possibilité de choisir de regarder des émissions produites par des Canadiens et pour des Canadiens.
C’est très semblable aux règles de contenu canadien qui s’appliquent aux stations de radio. À l’heure actuelle, les stations de radio canadiennes qui diffusent sur les bandes FM et AM sont assujetties à une règle selon laquelle une certaine partie du contenu diffusé pendant la journée doit être du contenu canadien. Je vis dans une ville frontalière qui n’est pas très éloignée de Watertown, dans l’État de New York, et il arrive assez souvent que des stations de radio essaient de contourner ces règles. Elles installent leur tour de transmission à Watertown, même si toutes les émissions sont diffusées à Kingston. Ces stations diffusent leurs émissions à partir de tours installées à Watertown, dans l’État de New York, et je suis sûr que plus de 90 % des auditeurs sont des Canadiens, car la diffusion s’adresse à un auditoire canadien à Kingston.
Avec les progrès technologiques, de nouvelles technologies apparaissent, et Internet devient une force dominante dans la consommation de contenu. Il va sans dire que si nous tenons à ce que le contenu canadien fasse partie du bassin disponible pour les consommateurs, il faut s’assurer que le contenu canadien s’y trouve. Voilà la différence.
Il ne s’agit pas de contrôler ce que les gens regardent. J’espère que nous tiendrons un débat plus approfondi à ce sujet cette fois-ci. La dernière fois, lorsque nous avons discuté du projet de loi , certaines personnes essayaient de faire croire que le gouvernement fédéral essayait de réglementer tous les médias sociaux afin de déterminer ce à quoi les gens auraient accès dans Internet. Rien n'est plus faux. Nous avons toujours veillé à ce que le contenu soit dûment offert.
Que propose exactement ce projet de loi? Je vais souligner certains points importants. Il assujettit les services de diffusion en continu à la Loi sur la radiodiffusion, parce que, comme je l’ai déjà dit, ce n'est pas le cas actuellement. Il exigera que les services de diffusion en continu en ligne qui servent les marchés canadiens contribuent à la production de contenu canadien. Voilà ce dont je parlais à l'instant. Quand Netflix ou d’autres services vendent leurs contenus aux Canadiens, ils doivent investir dans la culture canadienne et dans le contenu produit au Canada.
Certains ne sont peut-être pas d’accord avec cela. Ils pensent peut-être que tout est tellement mondialisé maintenant que nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons à partir de n'importe où et que cela ne devrait pas avoir d’importance. Bien sûr, c'est une position qui se défend, mais je ne la partage pas. Ce n’est pas la position que ce projet de loi cherche à renforcer, car nous reconnaissons qu’il est extrêmement important qu’une partie du contenu demeure canadien.
Ce projet de loi soutient également le contenu des créateurs francophones, autochtones, LGBTQ2+, racialisés et des autres créateurs en quête d’équité. Il veille à ce que les radiodiffuseurs en ligne présentent davantage de contenu canadien, comme je l’ai déjà dit, et il modernise une loi désuète pour l’adapter au XXIe siècle.
Il est également important de parler de ce que ce projet de loi ne fera pas, même si je ne crois pas que le fait de le souligner maintenant changera ce que nous entendrons. Au cours de ce débat, nous allons entendre des députés dire que ce projet de loi accomplira certaines choses. Toutefois, il n’imposera pas de réglementation sur le contenu que les Canadiens publient dans les médias sociaux. Si quelqu’un verse une vidéo dans YouTube, il ne sera pas assujetti au projet de loi, même s’il a beaucoup d’abonnés, à moins que ce contenu ne génère un revenu, auquel cas la situation serait semblable à celle d’autres entreprises qui génèrent des profits. Il y a là un point important sur lequel je reviendrai dans un instant, parce que même ceux qui versent du contenu ne seront pas nécessairement assujettis à ce projet de loi.
De plus, le projet de loi n’impose pas de réglementation aux créateurs de contenu numérique, aux influenceurs et aux utilisateurs canadiens, comme je l’ai dit, et il ne censurera pas le contenu et n’imposera pas d’algorithmes précis sur les services de diffusion en continu et sur les plateformes de médias sociaux. J’ai déjà abordé ce point, mais il est important de le souligner à nouveau, parce que c’est ce qu’on va entendre au cours de ce débat. Nous entendrons dire que le est assis derrière un ordinateur quelque part pour essayer d’insérer un algorithme pour que les gens regardent plus de contenu qu’il aime.
Je sais que nous allons entendre ces propos, parce que nous les avons entendus pendant le débat sur le projet de loi . Je n’ai aucun doute que nous l’entendrons à nouveau dans le cas du projet de loi , même si j’espère vraiment que ce ne sera pas le cas. Malheureusement, nous savons qu’historiquement, à la Chambre, lorsque quelqu’un soulève des enjeux de ce genre, les conservateurs savent exactement quels propos ils pourront utiliser pour susciter une réaction du public, qu’ils soient vrais ou non.
J'aimerais revenir au premier point que j'ai soulevé lorsque j'ai parlé de ce que le projet de loi ne ferait pas, à savoir imposer des règlements aux Canadiens ordinaires. C'est important, car, au dire du député qui a pris la parole avant moi, si quelqu'un téléverse une vidéo ou un contenu et qu'il en tire des revenus, il sera assujetti à la loi. Ce n'est pas vrai. Il faut remplir trois critères — tous les trois, et non l'un ou l'autre — pour qu'un contenu soit considéré comme commercial. Afin d'établir si le contenu est de nature commerciale, l'organisme de réglementation devra évaluer trois éléments. Le premier est de savoir si le contenu est monétisé, ce qui rejoint l'observation faite par le député il y a quelques minutes. Or, deux autres éléments doivent aussi être présents. D'abord, il faut vérifier si le contenu existe sur une autre plateforme non liée aux réseaux sociaux, comme Spotify, la radio ou la télévision. Ensuite, il faut établir si le contenu — disons, une chanson téléversée sur YouTube — possède un identifiant unique dans le cadre d'un système international de normalisation. Voilà les trois éléments qui doivent être réunis pour que la loi s'applique.
Il est donc faux d'affirmer que toute personne qui gagne de l'argent de la sorte serait soumise à la loi. Il y a trois critères à remplir.
Je sais que mon temps de parole tire à sa fin, mais je tenais à préciser l'objet réel du projet de loi. J'espère que tout le monde appuiera au moins l'essentiel, c'est‑à‑dire l'objectif de veiller à ce que le contenu canadien garde sa vitalité et demeure accessible aux Canadiens. Après tout, quand on dresse le bilan des 70 dernières années environ, on se rend compte que la Loi sur la radiodiffusion a fait en sorte que le contenu demeure accessible aux Canadiens, et ce, même si elle ne s'appliquait pas à Internet.
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Madame la Présidente, depuis la dernière fois que j’ai pris la parole, il y a cinq jours, M. Poutine, en Russie, a décidé sans autre forme de procès et de façon très agressive d’envahir un pays souverain. Je veux exprimer ma totale solidarité avec le peuple de l’Ukraine, dire la gratitude et l’admiration que m’inspire leur courage face à cette agression flagrante, violente et illégale et déclarer simplement, comme représentant de mes concitoyens de Parkdale—High Park, que je continuerai de défendre de toutes mes forces la cause du bien-être de l’Ukraine et des Canadiens d’origine ukrainienne, de l’aide à apporter à ce pays que ce soit sur le plan militaire pour se défendre ou sur les plans de l’immigration et du rétablissement de la paix sur le territoire ukrainien.
Je veux maintenant parler du projet de loi , et je commencerai par parler des créateurs de contenu canadien.
J’ai appris énormément de choses au sujet du contenu canadien et des créateurs canadiens au cours de la 42e législature, lorsque j’étais secrétaire parlementaire de la ministre de Patrimoine canadien, l’actuelle . J’ai ainsi appris que ces créateurs de contenu fournissent une énorme contribution à l’économie canadienne. À certains égards, cette contribution est équivalente ou supérieure à celle d'autres secteurs, comme le secteur minier. La proportion du PIB attribuable aux créateurs de contenu canadien est stupéfiante. En effet, environ 19,7 milliards de dollars du PIB canadien et environ 160 000 emplois sont liés à des activités comme la publication, l’écriture, la musique, le théâtre, le cinéma, la télévision, etc.
Ma circonscription, Parkdale—High Park, qui m'a donné trois fois de suite le privilège de la représenter, accueille un grand nombre de ces créateurs. Ils m’ont expliqué en quoi consiste leur travail et comment il contribue à l’économie canadienne, mais ils m’ont également parlé en détail des difficultés auxquelles leur métier est aux prises actuellement. Le député de et d’autres députés ont décrit la situation qui prévalait il y a 30 ans, lorsque nous avons adopté la Loi sur la radiodiffusion, et la situation actuelle, qui est fondamentalement différente. Les gens consomment, regardent et écoutent d’une façon totalement différente d’il y a 30 ans, la dernière fois qu'on a touché à la Loi sur la radiodiffusion.
Pourquoi le projet de loi est-il pertinent? Il l’est, parce qu’il nous incombe à nous, parlementaires, de veiller à ce que nos lois soient adaptées à la situation courante de la nation. Nos lois doivent être représentatives des normes, de la technologie et de notre vie d’aujourd’hui. C’est primordial. Pendant des décennies, notre système a garanti la création de musique, de films et d’émissions de télévision canadiens dont nous sommes fiers parce que nous avons veillé à ce que nos diffuseurs traditionnels, comme Bell et Rogers, contribuent à la production d’un tel contenu canadien.
Pourquoi est-ce primordial? Parce que nous vivons près d’un très grand pays qui crée beaucoup de contenu culturel. Le danger est donc bien grand d’être envahi par le contenu américain, tout particulièrement en anglais, si on n’appuie pas les créateurs canadiens. Nous avons adopté les suggestions de diffuseurs canadiens au sujet de contributions financières obligatoires, concernant surtout la télévision, qui pourraient ensuite nous aider à produire de nouvelles émissions du calibre de Kim's Convenience, Bienvenue à Schitt's Creek ou The Beachcombers. Je sais que cela ne me rajeunit pas. Je parais un peu plus jeune que mon âge. Je sais toutefois que ce genre de contenu est primordial. Nous avons observé une érosion du contenu culturel canadien parce que nous ne demandons pas de contribution à ces nouveaux diffuseurs et parce que le système est tout simplement désuet.
Qui est responsable de tout cela? Je serai direct: nous tous, parce que nous n’avons pas agi assez rapidement pour traiter avec Spotify, Apple Music et YouTube. Lorsque nous avons légiféré à ce sujet la dernière fois, ce qui remontre à trois décennies, ces médias n’existaient même pas. En fait, Internet en était encore à ses balbutiements, probablement un jouet avec lequel les militaires américains de l’époque s’amusaient, parce que nous remontons alors environ à 1991. Même si je préfère Spotify, la plupart des Canadiens écoutent aujourd’hui leur musique sur YouTube Music. Cette constatation est incroyable. Il ne s’agit pas de la radio, des disques de vinyle ni des cassettes, mais d’une plateforme en particulier: YouTube Music.
À défaut de réglementer directement ces plateformes et de les faire contribuer au maintien et à la viabilité du contenu canadien, nous pourrions voir de grandes œuvres musicales et de grands musiciens canadiens disparaître tout simplement. Voulons-nous avoir d’autres Tragically Hip, Arkells, Drake, Justin Bieber, etc.? Je le veux désespérément. Je le veux pour notre pays et pour les enfants que nous élevons; mais, pour cela, il faut réellement agir et appuyer cette industrie.
Actuellement, les diffuseurs canadiens traditionnels, comme Bell et Rogers, sont régis par un ensemble de règles, alors que les plateformes de diffusion en continu sont visées par des règles totalement différentes. Or, il faut les mêmes règles pour tous.
Qu’est-ce que ce projet de loi permettrait de faire? Nous en avons entendu parler un peu pendant ce débat. Le projet doterait le CRTC de pouvoirs exprès qui lui permettraient d’exiger des entreprises de radiodiffusion, y compris celles en ligne, qu’elles contribuent financièrement au contenu et aux activités des créateurs canadiens.
Au cours des dernières années, en qualité de député de Parkdale—High Park, j’ai entendu un véritable plaidoyer en faveur de l’instauration d’une telle mesure. L’ACTRA, la Guilde canadienne des réalisateurs, la Writers Guild of Canada et l’Association canadienne des radiodiffuseurs l’ont demandé. Ils ont répété maintes fois que leur survie était en jeu si nous n’aidions pas leur industrie à prendre sa place dans le nouveau monde de la diffusion au lieu de la cantonner dans l’ancien. Tout le contenu canadien qu’ils créent est donc en danger.
Pourquoi est-ce important? Tout le monde dans cette salle a rigolé quand j'ai mentionné The Beachcombers. Ces émissions marquantes ont une importance parce qu’elles racontent une histoire canadienne. C’est bien et c’est justifié parce qu’il faut, dans l'édification d'un pays, que les gens se retrouvent dans ce qu’ils voient et dans ce qu’ils entendent et qu’ils apprennent à se connaître grâce à ce qu’ils voient et à ce qu’ils entendent.
C’est pourquoi j’espère qu’un autre aspect de cette mesure législative sera abordé dans le débat. Je crois qu’il le faut, parce que nous essayons également de faire en sorte que la Loi sur la radiodiffusion, trois décennies plus tard, reflète la réalité du Canada. La ville que je représente, Toronto, se vante d’être l’une des villes les plus diversifiées, sinon la plus diversifiée, de la planète. Nous aimerions que les offres de radiodiffusion qui sont disponibles, y compris en ligne, reflètent cette diversité et représentent les personnes de couleur: les personnes racisées, les immigrants, les Canadiens noirs, etc.
Il y a une disposition du projet de loi qui fait référence à la promotion de la vitalité des langues autochtones. C’est une chose à laquelle j’ai également eu l’occasion de travailler au cours de la 42e législature. C’est un sujet qui me tient à cœur. Pour y parvenir et continuer à progresser, il faut modifier la Loi sur la radiodiffusion.
Pendant les deux minutes et demie qui restent, je veux parler de ce que le projet de loi n’est pas. Nous en avons beaucoup entendu parler au cours de la dernière législature, et je tiens à m’assurer que cela ne soit pas la même chose au cours de celle-ci, surtout maintenant. J'ai commencé mon discours en parlant de l’Ukraine. Nous savons que ce n’est pas uniquement ce pays, mais le monde entier, qui subit la mésinformation et la désinformation actuellement. Laisser entendre, même de façon anodine, qu’un texte de loi contient ou ne contient pas quelque chose alors que c'est inexact ou interpréter son contenu de manière erronée n’est pas utile à la discussion sur ce texte de loi ni au discours public dans ce pays, et encore moins dans le monde. Je le dis très sérieusement.
Le projet de loi prévoit une exclusion spécifique, et cette exclusion est claire. Le contenu généré par les utilisateurs, les jeux vidéo et les médias d’information ne seront pas touchés par les changements proposés. Il est tout à fait clair que les mesures que nous prenons maintenant garantiront que les médias sociaux permettront aux gens d’échanger leurs idées en ligne, et dans la plupart des cas, c’est une excellente chose. Nous sommes d’accord pour dire qu’il est essentiel que les Canadiens puissent exprimer leurs opinions, et c’est pourquoi le projet de loi prévoit expressément que l’organisme de réglementation ne peut pas prendre de règlement portant atteinte à la liberté d’expression sur les médias sociaux ou les plateformes en ligne. C’est fondamental parce que nous ne parlons pas du contenu généré par un utilisateur individuel, à moins que ce contenu ne soit commercialisé, un point qui a été adéquatement traité par le député de . Il faut que les gens le comprennent et que cela ne soit pas mal interprété dans le contexte du débat ou lorsque le projet de loi sera passera — espérons-le — au comité.
Pourquoi est-ce important? C’est capital, parce qu’il faut faire passer une loi obsolète vers l’ère moderne trois décennies après sa création. C’est également important parce que cela nous permettrait de veiller à ce que les histoires et les récits canadiens soient racontés. Nous devons nous assurer que les règles du jeu sont les mêmes pour tous. Le principe simple est que si un joueur profite d’un système, ce qui est clairement le cas des YouTube et des Spotify de ce monde, ce joueur doit en retour contribuer au système.
Une personne ayant parlé avant moi dans le cadre de ce débat a mentionné que d'autres autorités gouvernementales ont déjà pris les mesures nécessaires pour veiller à ce que les plateformes de diffusion continue en ligne paient leur juste part. Notre démarche vise fondamentalement à faire en sorte que le Canada uniformise les règles du jeu par rapport à ce qui se fait ailleurs dans le monde et vis-à-vis nos diffuseurs traditionnels et nos diffuseurs de contenu en ligne.
J'espère que tous les députés, tous partis confondus, appuieront ce concept.
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Madame la Présidente, je suis ravi de parler du projet de loi aujourd'hui.
Au cours des dernières minutes, j'ai entendu les mots « mésinformation » et « désinformation ». Dans notre société, il semble que les renseignements publiés par les wokes soient fiables, alors que ceux qui émanent de personnes ayant une opinion différente soient franchement louches.
Je souhaite citer un exemple tiré de ma propre province, le Nouveau-Brunswick, où ce phénomène est courant. Alors que j'étais député provincial, de 2010 à l'été dernier, il y a eu deux projets majeurs. Le premier était le projet d'oléoduc Énergie Est, et le second, un projet de gaz naturel. À cette époque, le gaz naturel n'a pas obtenu l'appui généralisé et ça s'est mal terminé: nous n'avons jamais développé ce secteur. Quant à l'oléoduc Énergie Est, nous n'avons pas reçu le soutien de la province de Québec, pour une raison ou une autre, et ce projet ne s'est pas non plus concrétisé.
Si on jette un coup d'œil à ce qui se passe dans le monde aujourd'hui, il serait faux de dire aux Canadiens, particulièrement aux Néo-Brunswickois, que ces deux projets n'en valaient pas la peine. Quand on regarde ce qui se passe dans le monde actuellement, notamment dans le secteur de l'énergie, on constate que l'industrie gazière du Nouveau-Brunswick est en très bonne position pour avoir un pipeline qui relie l'Alberta au Nouveau-Brunswick et à Montréal. Ces projets auraient été excellents. Cependant, ni le Parti libéral du Canada, ni le Parti vert du Canada n'abonderont dans ce sens. Or, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.
Que se passe-t-il aujourd'hui? La Charte des droits et libertés est mise en cause. Comme je ne suis pas avocat, j'aborderai la question en termes généraux pour que ce soit compréhensible. Voici une partie des droits prévus à l'alinéa 2b) de la Charte canadienne des droits et libertés:
liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression [...] liberté de la presse et des autres moyens de communication.
Cet alinéa garantit à tous la liberté de s'exprimer sans réserve ou coercition de la part de l'État. Il s'agit d'un principe fondamental du patrimoine constitutionnel canadien. Le père de l'actuel l'a fait inscrire dans la Charte en 1982. Cependant, il remonte à des centaines d'années dans le système parlementaire britannique où cette liberté s'est transmise de génération en génération. Comme sir Winston Churchill l'avait si bien dit: « Tout le monde est en faveur de la liberté d'expression. Pas un jour ne passe sans qu'on ne la vante, mais certains l'interprètent comme une licence pour dire ce qu'ils veulent mais si quelqu'un leur répond, ils s'indignent. »
Nous voyons cela dans notre pays. Je comprends le précédent d'une guerre et le fait qu'il s'agit de la plus grande préoccupation de notre époque, mais chez nous, trop souvent, la communauté woke peut sortir et débiter ce qu'elle veut, essayer de faire avaler cela à tout le monde, puis tenter de nous comparer aux politiciens américains, ce qui ne saurait être plus éloigné de la vérité. C'est un exemple de désinformation et de colportage d'informations erronées.
Ce projet de loi vise à supprimer ce droit et ces libertés. Je ne suis pas le seul à le dire. Je peux citer directement au moins l'un des deux anciens commissaires de l'organisme de réglementation qui serait habilité, aux termes de ce projet de loi, à contrôler le contenu d'Internet. Peter Menzies a décrit le projet de loi comme une attaque contre la liberté d'expression. Un autre ancien membre du CRTC a expliqué que ces dispositions législatives permettraient à des personnes nommées par le pouvoir politique de décider de ce que nous voyons et de ce qu'il nous serait possible de dire sur Internet. Le sénateur et grand écrivain David Adams Richards, de ma ville natale de Miramichi, a dit qu'il s'agissait d'un coup de poignard dans le cœur de la liberté d'expression dont nous jouissons ici. Ces gens sont des personnalités de renom et des personnes très en vue qui ont des positions bien arrêtées sur le sujet.
J'ai oublié de mentionner que je partage mon temps de parole avec la députée de .
Il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas sur ce projet de loi parce que bon nombre d'amendements ont été mis au vote avant même d’être communiqués au comité. Les libéraux veulent qu’une série de bureaucrates, non nommés, non élus et inconnus, décident du contenu canadien qui sera entendu ou non.
Prenons l’exemple des médias grand public. Certains grands médias canadiens diffusent souvent du contenu politique américain sans contenu canadien. Ils donnent une opinion étrangement extérieure et sérieusement biaisée sur ce contenu et l’envoient au public canadien sans aucun contenu local, et ils donnent leur opinion à chaque fois. Cependant, nous payons pour cela en tant que contribuables canadiens. Il est loin le temps où les médias présentaient les faits et laissaient le public décider de ce qui était bien, de ce qui était mal, de ce qui était libéral, de ce qui était conservateur. Le public avait l’habitude de poser ces jugements de son propre chef. En tant que pays, nous nous entendions mieux à cette époque, et nous devons en quelque sorte revenir à cette situation.
Un autre exemple est celui d’une association communautaire dans un quartier canadien qui nous parle de collectes de nourriture locales. C’est dans un quartier canadien, il y a un auteur canadien, il y a une histoire canadienne, c’est une initiative canadienne dans une ville canadienne et elle est lue presque exclusivement par des lecteurs canadiens, pourtant elle ne serait pas considérée, vraisemblablement, comme un contenu canadien et serait donc écartée.
Il ne s’agit là que du contenu banal quotidien qu'on trouve en ligne. Qu’en est-il du contenu plus sérieux? Le gouvernement va décider quels types d’opinions politiques sont canadiens. Bien sûr, l’approbation du programme de gauche du et de son idéologie sera une condition préalable à la canadianité. On peut en être sûrs. Les députés du Parti libéral affirment effectivement depuis des générations qu’eux et eux seuls représentent les valeurs canadiennes et, par conséquent, que seules les valeurs qu’ils épousent seraient considérées comme canadiennes aux fins de cette seule loi.
Non seulement les libéraux ne peuvent pas nous dire quel contenu serait acceptable et quel contenu ne le serait pas, mais ils ne peuvent pas non plus nous dire qui serait assujetti à cette loi. À l’origine, ils avaient prévu une exemption explicite pour les utilisateurs, les simples citoyens qui publient de l'information en ligne. C’est ce qu’on appelle le contenu généré par l’utilisateur. Le ministère de la Justice a dit de ne pas s’inquiéter, que le projet de loi ne les viserait pas parce qu’une exemption très précise les exclut. Cependant, les libéraux se sont présentés au comité et, tout d’un coup sans crier gare, c’est reparti. Voilà un autre exemple qui montre qu'on ne peut pas faire confiance au gouvernement.
Quel est le problème ici? Le gouvernement libéral a présenté le projet de loi , anciennement le projet de loi . L’année dernière, les libéraux ont adopté le projet de loi C-10 à la Chambre des communes sans permettre un débat complet au Comité du patrimoine pour répondre aux nombreuses préoccupations des experts et des parlementaires quant à la façon dont ce projet de loi toucherait les droits et libertés des Canadiens sur Internet. Les conservateurs du Canada soutiennent la création de règles du jeu équitables entre les grands services de diffusion en continu étrangers et les diffuseurs canadiens, tout en protégeant les droits et libertés individuels de tous les Canadiens. Le Canada est le foyer de nombreux écrivains, acteurs, compositeurs, musiciens, artistes et créateurs de classe mondiale. Les créateurs ont besoin de règles qui ne les empêchent pas d’être canadiens et de connaître un succès mondial. Plus tôt, j’ai donné l’exemple du sénateur David Adams Richards, un écrivain bien connu de Miramichi.
Ce projet de loi est presque une copie du projet de loi des libéraux, qui avait de graves lacunes, et il ne répond pas aux préoccupations soulevées par les experts et les Canadiens. Le gouvernement prétend qu’il y a maintenant une exemption du contenu généré par les utilisateurs, mais cette mesure législative permettrait au CRTC de réglementer directement tout contenu qui génère des recettes. Dans ce pays, les gens doivent être libres de regarder tout ce qui est offert et de prendre leurs propres décisions sur ce qui est important, ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui est juste, ce qui est injuste, et ce qui est vrai.
Maintenant plus que jamais, les Canadiens doivent savoir qu'ils disposent de leur liberté et qu’elle n’appartient pas aux politiciens, aux bureaucrates et aux juges, mais qu’elle appartient à chacun d’entre nous, et qu’en partant de ce principe de base, nous pouvons nous sentir libres. La liberté, c’est fondamental. C’est la liberté que nous voulons et dont nous avons tous besoin, et nous sommes tous prêts à nous battre pour l’obtenir, en particulier les membres du Parti conservateur du Canada.
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Madame la Présidente, les plateformes de médias sociaux et les moteurs de recherche Internet sont la principale source de nouvelles et d’informations pour la majorité des Canadiens. Les Canadiens comptent sur les sources en ligne, non seulement pour avoir de l’information, mais également pour partager, sans filtre, leurs histoires et leurs expressions créatives.
Internet est un outil puissant. Il a fait des présidents, des premiers ministres et même des célébrités. L’immense pouvoir d’Internet peut être utilisé comme un bouclier ou comme une épée. Comme bouclier, il offre la possibilité au commun des mortels d’accéder aux médias et de montrer ses talents sans passer par les grands réseaux de diffusion. Comme épée, on peut s’en servir pour contrôler et limiter la liberté d’expression.
Malheur à nous si Internet tombe sous l’influence d’un gouvernement qui l’utilise pour diviser, diaboliser et dominer. Nous avons vu que des gouvernements autoritaires allaient jusqu’à censurer et limiter systématiquement la liberté de penser, la liberté d’expression et la liberté de la presse en utilisant Internet. Nous voulons faire confiance à nos gouvernements, mais nous avons malheureusement constaté que le gouvernement libéral a un programme assez peu subtil de contrôle et d’ingérence.
Comme législateurs, nous devons résister au désir de nous méfier des Canadiens et de vouloir les contrôler indûment dans une société libre et démocratique. Nous devons également résister à toute initiative gouvernementale visant à orienter les opinions et les préférences de nos concitoyens en limitant leurs choix et leurs possibilités en ligne. On ne peut faire confiance ni aux libéraux ni à aucun gouvernement, quelle que soit son allégeance politique, pour être les arbitres neutres de ce qui constitue un discours et un contenu à privilégier.
La réaction du à l’une des plus grandes manifestations de notre époque en est la preuve. Nous avons constaté que notre premier ministre a refusé d’entendre les préoccupations légitimes de nos concitoyens canadiens, même lorsque ceux qui arrivaient en camion de l’autre bout du pays venaient simplement pour avoir une conversation, choisissant plutôt de les étiqueter comme des gens racistes, misogynes, et hostiles à la science, dont les opinions sont inadmissibles. Cela a été fait dans le but de les museler.
On ne peut pas avoir confiance qu’un qui peut à peine tolérer les divergences au sein de son propre Cabinet et de son parti respectera les opinions différentes et les préférences des Canadiens. La liberté et la possibilité d’échanger des informations et du contenu doivent être protégées, et contre le gouvernement et l’ingérence gouvernementale avant tout.
Le projet de loi , Loi sur la diffusion continue en ligne, ouvrirait la porte au gouvernement pour exercer un contrôle sur les Canadiens, en prenant connaissance de leurs activités et de leurs échanges sur Internet. Des préoccupations à ce sujet ont été formulées lors de la présentation de la mouture précédente du projet de loi. Malheureusement, les mêmes inquiétudes demeurent avec la présente version. Le a déclaré que le projet de loi vise à uniformiser les règles du jeu pour les créateurs et les producteurs canadiens. On a fait valoir qu’il faciliterait l’accès des Canadiens à du contenu canadien. L’objectif est certes noble, mais, malheureusement, le présent projet de loi demeure à la base aussi boiteux que le précédent.
Premièrement, il donne au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes le pouvoir de contrôler ce que les Canadiens peuvent et ne peuvent pas regarder. En conséquence, le gouvernement tend inévitablement vers une approche autoritaire, où il serait tentant de bloquer, de cacher et de promouvoir certains contenus. Avec le nouveau projet de loi, alors qu’on voudrait parcourir les dernières vidéos sur YouTube ou qu’on ferait des recherches dans Google, les algorithmes du gouvernement décideraient ce qui apparaîtrait sur nos écrans. C’est une tentative pour contrôler et censurer tout contenu que le gouvernement considère gênant ou non canadien.
De fait, le gouvernement contrôlerait ce que nous verrions quand nous chercherions une vidéo sur YouTube ou ferions une recherche dans Google. Il choisirait ainsi les gagnants et les perdants en prédéterminant lesquels des créateurs de contenu méritent de voir leur travail diffusé et en cachant le contenu qu'il estime que les Canadiens ne devraient pas voir.
De façon encore plus vil, le projet de loi pourrait servir à contrôler et à limiter la diffusion d’opinions et de propos qui diffèrent de ceux du gouvernement au pouvoir. Selon moi, les répercussions de ce projet de loi sont peut-être plus dangereuses que ce que nous pouvons même imaginer. Au bout du compte, le problème avec ce projet de loi tient à ce qu’il donne l’impression qu’on ne peut pas faire confiance aux Canadiens pour les choix qu’ils font en ligne. Les libéraux ne croient pas que les créateurs canadiens peuvent se débrouiller sans leur intervention.
La réalité est que le Canada a produit énormément d’œuvres artistiques et de talents qu’il partage avec le monde entier. Les créateurs canadiens réussissent extrêmement bien lorsqu’on les compare à leurs homologues d’autres pays sur des plateformes comme YouTube. Bien des Canadiens réussissaient donc très bien sur ces plateformes avant que le gouvernement libéral n'intervienne et réglemente Internet. Ils n’ont pas eu besoin d’un mécanisme de surveillance de l'État.
Ce qui fait également problème avec ce projet de loi, c’est l’absence de définition claire de ce que constitue un contenu canadien. En outre, à cause des exigences strictes concernant le contenu canadien, beaucoup de nouveaux artistes ne seraient pas considérés suffisamment canadiens pour être protégés et encouragés en vertu du projet de loi . Ces exigences désavantageraient également des collectivités minoritaires au Canada qui ont besoin de contenu culturel de leur pays d’origine. Des Canadiens seraient ainsi privés d’accès à des fournisseurs ethniques de services de diffusion en continu qui choisiraient de diffuser ailleurs pour se soustraire à des coûts élevés et à des tracasseries administratives.
En tant que parlementaires, nous devons savoir exactement comment le projet de loi sera appliqué avant qu'il soit adopté. Les décisions réglementaires ne devraient pas être laissées au CRTC.
Je vais soulever un autre point qui est lié à cette question et qui préoccupe grandement de nombreux Canadiens. L'an dernier, les députés de tous les partis ont appris avec horreur les abus facilités par MindGeek, une entreprise qui est présente ici, au Canada. Il était encourageant de voir des députés de tous les partis, y compris un grand nombre de nos collègues d'en face, se demander pourquoi on permettrait à une entreprise de faire des milliards de dollars en diffusant des vidéos d'exploitation de personnes. Cependant, alors que nous parlons maintenant de rendre Internet plus sûr et plus convivial pour les Canadiens, de l'améliorer pour les enfants, nous cherchons à déterminer si des gens tirent des revenus de TikTok et comment le CRTC peut les obliger à contribuer au système.
Le projet de loi n'est-il qu'une affaire d'argent, de contrôle de ce que pensent les Canadiens et de création d'une pensée de groupe? Où sont les mesures décisives pour lutter contre la diffusion de la violence sexuelle? Ne devrait-on pas s'empresser de protéger les filles, les femmes, les garçons et les hommes vulnérables de la société? Si nous voulons vraiment rendre Internet plus sûr pour les enfants, il faudrait peut-être s'inquiéter un peu moins de ce que diffuse Netflix et un peu plus de ce qui permet à un géant numérique d'engranger des profits en diffusant des vidéos de filles victimes de la traite des personnes à des fins sexuelles. Quelle est la priorité du projet de loi? Ne devrions-nous pas nous inquiéter davantage de l'accès qu'ont les enfants à la violence sexuelle plutôt que de chercher à savoir si le contenu est canadien?
Pour conclure, le projet de loi est, à bien des égards, une attaque contre la liberté d'expression. Il tente de contrôler ce que les Canadiens disent et regardent en ligne. Il montre que le gouvernement a des priorités tout à fait incongrues.
J'exhorte mes collègues à repenser le projet de loi et à travailler ensemble pour vraiment faire du Canada un pays plus sûr et plus libre.
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Madame la Présidente, à l'instar d'un certain nombre de députés, je veux moi aussi commencer par formuler quelques réflexions sur la situation actuelle en Europe.
Les Canadiens que je représente, ainsi que leur patrimoine et leurs familles, sont l'une des raisons pour lesquelles Winnipeg‑Nord est très diversifié. Des belles cathédrales aux collectivités et des zones industrielles aux développements commerciaux dans le Nord de Winnipeg, les contributions générales apportées par les 1,3 million de personnes d'origine ukrainienne au Canada sont incommensurables.
La situation actuelle en Ukraine fait naître la peur dans le cœur de plus de 1,3 million de Canadiens d'origine ukrainienne et de millions d'autres personnes. Lorsque j'ai pris la parole précédemment, j'ai dit au peuple ukrainien et à la communauté ukrainienne du monde entier que le Canada est un ami qui continuera d'être là de toutes les façons possibles.
Je remercie les députés de m'avoir patiemment laissé m'exprimer à ce sujet au début de mes commentaires.
Au sujet du projet de loi , j'ai réfléchi à beaucoup de choses en écoutant les députés de l'opposition en parler. Je ne peux m'empêcher de penser à ce que mon collègue de a dit sur ce que nous pouvions prévoir. C'est presque comme s'il prophétisait. Après à peine quelques heures de débat, nous commençons à voir cela se concrétiser. Je ne pensais pas que les choses iraient aussi loin. J'ai pris quelques notes à la hâte sur des propos tenus par les deux derniers intervenants conservateurs.
Ils ont dit que le gouvernement allait nous dire quoi regarder. C'est le type d'arguments qu'ils ont avancés. Selon certains députés du Parti conservateur, la surveillance n'est absolument pas nécessaire. Ils ont dit que le projet de loi permettrait la censure, que le gouvernement veut commencer à censurer ce que les Canadiens regardent et que les députés doivent voter contre pour protéger les Canadiens du gouvernement. Ils ont dit que l'adoption du projet de loi équivaudrait à une politique de type communiste.
Ce sont là le genre de propos que j'ai notés en écoutant les députés conservateurs. En toute honnêteté, je les soupçonne d'avoir obtenu leurs notes d'allocution dans les coulisses conservatrices. Si nous allons derrière les rideaux, derrière les portes là-bas, nous allons trouver des notes d'allocution. C'est la propagande conservatrice.
Pensons‑y vraiment. Au bout du compte, il s'agit de moderniser la Loi sur la radiodiffusion. La dernière refonte importante remonte à 1991. J'étais alors parlementaire. En fait, je me souviens que le premier ordinateur que j'ai acheté dans le cadre de mon travail de parlementaire était un Compaq, doté d'un lecteur de disquette de 5,5 pouces. C'était en 1988. On peut imaginer ce que c'était d'être dans l'édifice de l'Assemblée législative du Manitoba et de vouloir avoir accès à Internet. Il fallait d'abord brancher l'ordinateur à une ligne téléphonique, et le premier bruit que l'on entendait, c'était la tonalité, puis un numéro de sortie. Disons que, côté vitesse, les ordinateurs de l'époque étaient vraiment lents.
La Loi sur la radiodiffusion a été modifiée pour la dernière fois en 1991. Pensons un instant à tous les progrès technologiques et informatiques dont nous avons été témoins depuis lors. C'est à se demander dans quel monde vit le Parti conservateur du Canada. Les députés conservateurs doivent avoir l'esprit encore occupé par les manifestations. D'où leur vient l'idée que le projet de loi est une sorte de complot du gouvernement qui aurait offensé l'extrême droite parce que le gouvernement du Canada compte, semble‑t‑il, surveiller ce que ces gens font sur Internet afin de faire avancer son programme? Les conservateurs croient-ils vraiment cela?
Trois intervenants ont déjà parlé de ce genre de conspiration. Il est complètement irresponsable de tenter de propager de fausses informations aux Canadiens alors que nous débattons d'une question aussi importante.
En réalité, le fond de la mesure législative est assez simple. Le projet de loi vise à moderniser la Loi sur la radiodiffusion parce que nous sommes conscients que c'est en 1991 que des changements importants y ont été apportés pour la dernière fois. Autrement dit, nous tenons surtout compte de tout ce qui s'est passé en ce qui a trait à Internet. Il y a eu des changements considérables, et je tiens à parler de certains d'entre eux.
Cependant, je tiens d'abord à encourager les députés de l'opposition officielle. Ils ont une cheffe intérimaire, mais ils commencent à virer carrément à droite, et je ne dis pas cela à la légère. Quand on écoute leurs observations, on se demande à qui ils tentent de plaire. Selon moi, le projet de loi dont nous sommes saisis jouit en général d'un assez bon appui de la part de l'industrie, d'autres intervenants et des Canadiens. Toutefois, au lieu de tenter d'exposer les faits au sujet du projet de loi, les conservateurs fouillent très loin pour pouvoir envoyer des courriels bizarres afin de propager de fausses informations et de tenter de recueillir des fonds. À mon avis, ils rendent vraiment un bien mauvais service à la Chambre. Nous ne tramons pas de conspiration de ce côté-ci de la Chambre. Tout ce que le gouvernement du Canada tente de faire, c'est de moderniser la Loi sur la radiodiffusion en reconnaissant qu'Internet est important et qu'il a vraiment changé la vie des Canadiens.
Concrètement, que ferait le projet de loi?
Eh bien, dans les années 1960, 1970 et 1980, la plupart des gens passaient beaucoup de temps à regarder la télévision et comprenaient l'importance qu'elle revêtait. En raison de la proximité de notre pays avec les États‑Unis, on reconnaissait la nécessité d'inclure du contenu canadien et d'investir dans la création de tel contenu pour faire prospérer l'industrie ici au pays. De nos jours, peu importe où on se trouve au Canada, dans toutes les régions du pays, même les plus éloignées, on peut y voir les fruits de notre patrimoine et de nos programmes axés sur la création. C'est aussi présent dans nos écoles. J'oserais même suggérer que toutes nos écoles devraient offrir, directement ou par l'entremise d'intermédiaires, des programmes axés sur le patrimoine et les arts.
Quand l'on parle de la nature de notre nation, il est important de reconnaître l'apport de la langue française, des peuples autochtones et de la mosaïque multiculturelle de notre société à ce qu'est le Canada. Notre pays compte des gens très talentueux. J'utilise souvent comme exemple le festival Folklorama, à Winnipeg. Chaque été, pendant deux semaines, on peut visiter des pavillons des quatre coins du monde. Les exposants sont principalement des gens talentueux de Winnipeg, mais on en compte aussi des régions rurales du Manitoba. Bien que parfois, certains exposants proviennent de l'étranger, ce festival repose surtout sur les talents locaux.
Beaucoup de ces talents locaux dépendent du financement de la culture et souhaitent un jour pouvoir jouer dans une série télévisée ou gagner leur vie en faisant de la musique. Voilà pourquoi, il y a de nombreuses années, nous avons adopté la Loi canadienne sur la radiodiffusion. À l'époque, on en voyait la valeur.
Aujourd'hui, nous voyons que le Parti conservateur continue de s'en prendre à CBC/Radio-Canada. L'un des mandats de CBC/Radio-Canada était de s'assurer que le contenu canadien était présent, réel et tangible, et qu'il était mis en évidence et promu. Les programmes que la société a proposés vont bien au-delà de La soirée du hockey. Pourtant, il y a encore des conservateurs qui veulent voir la Société Radio-Canada disparaître.
Au bout du compte, je peux voir l'incidence que la Loi sur la radiodiffusion a pu avoir sur la constitution d'une communauté artistique saine au Canada, et cette incidence est considérable. Je ne sais pas de combien de millions de dollars il s'agit. Ce que je sais, c'est que nous avons un puissant caucus québécois qui parle souvent de l'importance de la communauté culturelle et artistique dans la province de Québec. Je sais que cette communauté existe, qu'elle se porte bien et qu'elle est dynamique, mais je ne sais pas combien de millions de dollars cela représente. Ce que je sais, c'est que nous avons un puissant caucus québécois qui parle souvent de l'importance de la communauté culturelle et artistique dans la province de Québec. Je sais qu'elle existe, qu'elle se porte bien et qu'elle est dynamique, parce que j'ai entendu de nombreux commentaires de mes collègues à ce sujet.
Il y a quelques semaines, j'ai regardé une émission ontarienne intitulée Kim's Convenience, si je ne m'abuse. J'ai bien aimé que l'intrigue se passe à Toronto, une ville que j'adore. Il y a aussi la série Corner Gas, qui se passe en Saskatchewan et qui, je le sais, fait la grande fierté des Saskatchewanais. Ils en sont presque aussi fiers que des Roughriders de la Saskatchewan.
Ces séries font partie de notre industrie artistique. Quand on y pense, elles n'emploient pas que des acteurs et des actrices. Il s'agit de toute une industrie. Lorsque je me promène dans le centre-ville de Winnipeg et que je vois ces énormes semi‑remorques et toute une maison ou un pâté de maisons sous les projecteurs, je sais qu'il y a une production en ville. J'ai déjà travaillé à l'Assemblée législative du Manitoba et, lorsqu'elle ne siège pas, ce sont les équipes de tournage qui investissent les lieux. Elles n'y viennent pas pour les politiciens, mais bien dans l'espoir d'y tourner un succès qui fera en sorte que partout dans le monde les gens pourront voir certaines des structures du Manitoba.
Il faut du monde pour réaliser ces tournages. Je sais que la Colombie-Britannique a largement développé cette industrie, mais peu importe le territoire ou la province, cette industrie existe et les gens veulent la voir s’épanouir, car elle crée des emplois et nous aide également à nous démarquer en tant que nation. Nous sommes différents des États-Unis.
Ce projet de loi ne remet pas en cause la liberté. Si les députés écoutent le discours des conservateurs, ils pourraient penser que cela concerne la liberté d’expression, mais rien ne pourrait être plus faux. Aucun, je dis bien aucun, député libéral au Parlement ne renierait l’importance de la liberté d’expression. En fait, c’est bien le parti libéral qui a fait adopter la Charte des droits et libertés, et la Charte garantit justement la liberté d’expression et les droits individuels. Nous en sommes très fiers.
Notre parti est celui qui a instauré Charte des droits et libertés. Lorsque les conservateurs parlent de liberté d’expression, ils cherchent désespérément un argument pour justifier leur rejet de ce projet de loi. Le Parti conservateur n’a aucune raison valable de se prononcer contre ce texte. J'ai écouté ses députés. Ceux qui n’invoquent pas la liberté d’expression ne sont pas en mesure d’expliquer pourquoi ce projet de loi serait mauvais, ou, à tout le moins, pourquoi il ne pourrait pas être renvoyé au comité.
Si nous interrogions les conservateurs l’un après l’autre, j’ose croire que la plupart reconnaîtraient que le Canada possède en effet une communauté artistique et que c’est une bonne chose. J’ose croire que la plupart acquiesceraient. J’ose croire qu’une majorité des conservateurs comprendrait au moins qu’il y a une différence entre l’Internet d’aujourd’hui et l’Internet de 1991. En définitive, lorsqu’un projet de loi est adopté en deuxième lecture, il est renvoyé au comité. Si certains ont des réserves — et j’en ai aussi — c’est là l’occasion d’en parler.
En ce qui concerne les médias sociaux commerciaux et ce que cela signifie pour eux, je suis vraiment curieux d'entendre ce que le CRTC a à dire. Le a indiqué clairement qu'il souhaitait que le CRTC définisse mieux et plus clairement ce qui se passerait, selon lui, du côté des médias sociaux commerciaux. Cet enjeu soulève des préoccupations légitimes.
Je ne prétends pas que le projet de loi est absolument parfait. Il est possible de l'améliorer. Les réactions du ministère et du ministre montrent que le gouvernement est ouvert à des idées et à des suggestions en ce sens. Cela dit, si le seul argument qui pousse des députés à voter contre cette mesure se résume à une question de liberté, je crois vraiment que cela s'approche davantage du comportement des conservateurs d'extrême droite qu'on a pu voir au cours des trois dernières semaines.
On a presque l'impression que les conservateurs se sont tous joints à la campagne de réélection de Trump, ou quelque chose du genre. Il est incroyable que le Parti conservateur du Canada, un parti d'envergure nationale, se sente obligé d'employer le mot « liberté » pour justifier un vote contre ce projet de loi.
De plus, les conservateurs reprochent au NPD d'accepter que le projet de loi soit renvoyé au comité. Allez comprendre. Ils disent qu'il y a une coalition. Sans l'appui des autres partis de l'opposition, nous n'aurions pas pu faire adopter les projets de loi et , qui visaient à aider les Canadiens pendant la pandémie, plus précisément au sujet des confinements et de l'achat de masques. Les conservateurs ont aussi voté contre ces mesures.
Ils votent contre tout puis brandissent le mot « liberté ». Ils doivent se ressaisir. Ils penchent de plus en plus vers la droite, mais jusqu'où iront-ils? On croirait voir une résurgence du Parti réformiste. C'est ce qui se dessine de plus en plus. Cette poussée vient d'un coin et d'un groupe particuliers, et tous les Canadiens devraient s'en inquiéter.
Les députés n'ont pas à se préoccuper de la liberté des Canadiens. Il s'agit d'un bon projet de loi. Ils devraient agir comme il se doit, soutenir leurs concitoyens et voter en faveur du projet de loi.
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Madame la Présidente, je m'excuse d'avoir fait indirectement ce qu'il m'est interdit de faire directement. J'en suis désolé.
Le projet de loi demeure une attaque contre la liberté. Cela ne fait aucun doute.
À la législature précédente, j'ai prononcé un discours au sujet du projet de loi , qui insistait sur le fait que les algorithmes seraient communiqués de manière transparente. J'appuyais cette idée. La transparence à l'égard des algorithmes est certainement une chose que nous souhaitons voir.
Le problème à cet égard, c'est que le projet de loi ne prévoit pas vraiment la communication transparente des algorithmes. Au lieu, il habiliterait le gouvernement à dicter les résultats de ces algorithmes. Voilà le problème que nous constatons.
Le projet de loi fait à son tour intervenir le gouvernement dans ce domaine. Les libéraux répètent sans cesse qu'ils souhaitent rendre les règles du jeu équitables.
J'ai une histoire intéressante à propos de personnes de ma circonscription qui aimeraient créer une station de radio. Il est très facile de lancer un balado dans ce pays. Il existe un certain nombre de services d'hébergement. Les gens peuvent utiliser Facebook Live s'ils le souhaitent. Il y a plusieurs façons de lancer un balado, et en une heure, quelqu'un peut probablement avoir son propre balado.
En revanche, il est difficile de lancer une chaîne de télévision ou une station de radio dans ce pays, surtout dans une région du monde comme celle dont je viens, qui est très vaste et où il n'existe aucune autre station de radio. Seule une poignée de personnes vivent dans le Nord de l'Alberta, où il n'y a qu'une seule station de radio, la CBC. Si d'autres personnes se présentent et souhaitent créer leur propre station de radio, elles devront consacrer un temps et une énergie considérables à un tel projet dans le Nord de l'Alberta. Nous l'avons constaté à maintes reprises.
Je suis heureux d'entendre que les libéraux veulent uniformiser les règles du jeu, pour ainsi dire. Il y a des gens qui travaillent depuis déjà un an au lancement d'une station de radio dans une petite localité du Nord de l'Alberta. Ils essaient depuis un an d'obtenir les autorisations nécessaires à la création d'une station de radio. Ils pourraient lancer un balado immédiatement.
Je tiens à souligner que, dans les régions rurales de l'Alberta, le réseau Internet est plutôt inégal. La situation est probablement meilleure que dans la plupart des autres régions du pays, étant donné que les exploitations pétrolières sont omniprésentes et apportent avec elles Internet. À part cela, la situation n'est pas comparable à celle des centres-villes, si bien qu'Internet n'est pas facilement accessible. Si quelqu'un met en ligne un balado dans le Nord de l'Alberta, il se peut qu'Internet pose problème.
Pour ouvrir une station de radio, qui pourrait être diffusée à toute une collectivité avec, par exemple, des nouvelles locales, les formalités administratives à accomplir et les efforts à déployer sont considérables, sans parler du coût de l'opération. La simple mise en place des installations nécessaires à la diffusion doit coûter environ 20 000 $.
Dans le cadre d'un projet de loi comme celui-ci, le gouvernement pourrait essayer d'uniformiser les règles du jeu et de faciliter la tâche des producteurs de contenu canadien pour qu'ils puissent diffuser leur production sur les ondes afin que les collectivités locales puissent en bénéficier. Pourtant, ce n'est pas ce qu'il a choisi de faire. Au lieu de cela, le gouvernement désigne des gagnants et des perdants, méthode que les conservateurs dénoncent depuis le début.
En tant que Canadiens, nous sommes libres de porter notre message sur la place publique, peu importe ce que le gouvernement en pense. Les exigences pour créer une station de radio sont immenses dans notre pays, et le gouvernement en est entièrement responsable.
Je ne dis pas que le gouvernement devrait se retirer de ce secteur. En ce qui concerne le spectre des ondes radio, le gouvernement a un rôle bien précis à jouer. On ne peut pas laisser ceux qui ont les émetteurs les plus puissants prendre le contrôle de toutes les ondes au détriment des autres. Ce ne serait pas approprié. Nous nous retrouverions avec une guerre.
Dans le Nord de l'Alberta, où il y a deux stations de radio dans une petite localité, il ne fait pas de doute que nous devrions être en mesure de dire à l'une des stations qu'elle doit émettre sur la fréquence 98,1 et à l'autre sur la fréquence 93,7. Tant que les stations ne causent pas d'interférences et qu'il n'y a pas d'autre station à moins de 300 kilomètres, je ne vois pas quel est le problème et ce qui justifie tous ces processus réglementaires. On devrait laisser les gens créer de nouvelles stations et les mettre en ondes, tant qu'ils ne déragent personne.
Je comprends que, à Toronto, par exemple, où il y a des centaines de stations de radio sur une toute petite partie de la bande, ce serait plus compliqué et il faudrait un plus grand contrôle. C'est le rôle du gouvernement. Il doit régler les différends entre les stations.
Plutôt que de tenter d'appliquer aux services en ligne la même réglementation qu'aux stations de radio, pourquoi ne ferait-on pas plutôt l'inverse en faisant en sorte qu'il soit aussi facile de créer sa propre station de radio que de lancer un balado au Canada? Ce serait une façon d'uniformiser les règles du jeu, à mon avis. On s'assurerait que les gens puissent diffuser leur opinion, peu importe le moyen choisi. Ce serait fantastique si nous pouvions égaliser les chances. Je crois que cela s'inscrit dans le droit fil du rôle du CRTC.
Toutefois, c'est le contraire qui se produit. On voit plus de stations de radio et de télévision traditionnelles éprouver des difficultés à faire face à la concurrence des nouvelles plateformes, et, au lieu de supprimer ce qui les entrave et de les aider à y parvenir, le gouvernement veut accroître les tracasseries administratives et la réglementation qui touchent Internet. Il va ensuite transférer la richesse qui sera générée des fournisseurs de services Internet aux médias traditionnels. À mon sens, c'est la raison pour laquelle ce projet de loi n'a pas de bon sens.
La question du contenu canadien devient aussi un débat très intéressant. Par exemple, j'écoute plusieurs balados et producteurs de contenu. L'un d'eux s'appelle Viva Frei, un youtubeur célèbre de Montréal. C'est un bon Canadien. Il possède sa propre chaîne YouTube. Il est avocat de formation et il explique les lois et le fonctionnement de celles-ci au Canada. Il est habituellement en désaccord avec ce que veulent faire les libéraux. Ces derniers vont-ils remettre en question son contenu canadien? S'inquiéteront-ils de savoir qui sont ceux qui le suivent en ligne? C'est exactement ce dont il est question.
Je suis aussi abonné à Redneck's Québec, que je trouve emballant. Les bouffonneries qu'il fait sur sa motoneige sont époustouflantes. J'aime aussi beaucoup Larry Enticer et Rut Daniels. Ce sont tous des Canadiens fantastiques qui ont un auditoire sur Internet et dont le contenu est, de mon point de vue, assurément canadien. Il faut toutefois se demander où et comment les décisions à ce sujet seront prises. Est-ce que le nouveau régime proposé par le projet de loi sera favorable à ces gens dont j'aime beaucoup les publications sur Internet?
J'espère avoir réussi à expliquer les deux enjeux soulevés par le projet de loi à l'étude, c'est-à-dire qui aura le pouvoir de décider ce qui constitue un contenu canadien, ainsi que l'uniformisation des règles du jeu. Au lieu de renforcer les règles qui s'appliquent aux services de diffusion continue pour les amener au même niveau que celles des stations de radio, nous devrions plutôt alléger les règles encadrant les stations de radio pour que celles-ci soient en mesure de concurrencer les services de diffusion en continu.
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Madame la Présidente, c'est encore un honneur pour moi d'avoir l'occasion de parler à la Chambre des questions soulevées dans le projet de loi , qui s'appelle maintenant la Loi sur la diffusion continue en ligne. C'est son nouveau nom. Je dis « maintenant » parce que, comme beaucoup s'en souviennent, lors de la législature précédente, nous avons abordé ces questions dans le cadre d'un projet de loi différent, soit le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la radiodiffusion.
Il s'agit d'un nouveau projet de loi et d'un nouveau titre, mais les mêmes problèmes sont toujours présents. C'était intéressant parce que, il y a quelques instants, au cours de la réunion en comité, le a admis que le projet de loi était imparfait. Il a dit que les articles 2.1 et 4.1 n'auraient jamais dû y figurer. Les députés de ce côté-ci de la Chambre se sont battus pendant des semaines contre ces deux articles du projet de loi . Malheureusement, bien que le projet de loi soit boiteux, il a été adopté par la Chambre. Cependant, les libéraux ont ensuite déclenché des élections inutiles et le projet de loi est mort.
Cependant, c'est la première fois que le admet que le projet de loi était imparfait. Nous sommes maintenant saisis du projet de loi , qui est une mise à jour. Nous savons tous que cette mise à jour est nécessaire. La Loi sur la radiodiffusion n'a pas été mise à jour depuis plus de 30 ans. Même moi j'étais un jeune radiodiffuseur il y a plus de 30 ans quand la loi a été adoptée. C'est difficile à croire, mais, à l'époque, Internet n'existait pas. Il n'y avait que la radio, la télévision et quelques journaux à l'époque. Bien sûr, Internet est arrivé, et le Web, comme nous le connaissons aujourd'hui, a beaucoup changé.
Aucun fournisseur de services d'accès Internet ou service de diffusion continue en ligne ne faisait concurrence aux radiodiffuseurs canadiens, qui se portaient bien. Cependant, lorsque la version précédente du projet de loi a été rédigée au Parlement lors de la dernière session, nous avons soulevé quatre grandes préoccupations concernant les domaines où la mesure législative présentait des lacunes importantes. J'ai parlé de certaines des lacunes présentes dans les articles 2.1 et 4.1 proposés, mais poursuivons.
Premièrement, les entreprises de médias sociaux que nous connaissons tous, comme Facebook, Google et leurs diverses propriétés, comme YouTube, devaient payer leur juste part. Nous sommes d'accord. Deuxièmement, il fallait uniformiser les règles du jeu pour que les plateformes numériques comme Netflix et Spotify puissent concurrencer les radiodiffuseurs canadiens traditionnels. Troisièmement, il fallait définir le contenu canadien. C'est le point le plus important. Nous devons définir la production de contenu canadien et les contributions des radiodiffuseurs numériques au Fonds des médias du Canada. Quelle est la formule?
Enfin, il y a le pouvoir accordé au CRTC, mieux connu sous le nom de Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, pour essayer de réglementer un enjeu si large. Nous parlons d'une organisation qui a de la difficulté à appliquer ses propres règlements. Nous pouvons même nous pencher sur le cas de Russia Today. Le CRTC n'a jamais retiré cette station des ondes. Ce sont les gros conglomérats comme Bell, Rogers et Shaw qui sont intervenus et qui ont obtenu le retrait de Russia Today. C'est intéressant. Je crois que nous pouvons convenir que le CRTC aurait dû retirer Russia Today des ondes canadiennes bien avant.
Il y a 40 ans, les fournisseurs de services Internet et la diffusion en continu n'étaient même pas des facteurs. L'information numérique est devenue tout à fait accessible à l'ensemble de la population canadienne. La demande pour les médias, la télévision et la radio grand public a chuté. Les services de diffusion en continu sont devenus la principale source de divertissement de nombreux Canadiens. Les stations de télévision et de radio du Canada ont dû réduire leurs activités et bon nombre ont fermé.
Actuellement, les stations de radio sont aux prises avec un autre problème: elles ont perdu jusqu'à 40 % de leurs revenus. Une partie du problème est le radiodiffuseur public, CBC/Radio-Canada. Le gouvernement a versé à cette société une somme supplémentaire de 150 millions de dollars pendant la pandémie de COVID pour concurrencer les radiodiffuseurs privés. Comme je viens de le mentionner, les revenus des radiodiffuseurs privés ont chuté de 40 %. Ceux de CBC/Radio-Canada ont augmenté de 150 millions de dollars, ce qui a eu une incidence sur le marché. Les cotes d'écoute du radiodiffuseur public CBC/Radio-Canada grimpent, alors que celles des radiodiffuseurs privés diminuent, ce qui entraîne une baisse des revenus publicitaires.
Cela a entraîné une baisse considérable du contenu local, et ma province — la Saskatchewan — n'y échappe pas. L'accès facile au contenu en ligne a été très avantageux pour les consommateurs. Cependant, comme je l'ai indiqué il y a un instant, le caractère désuet de la Loi sur la radiodiffusion fait en sorte que le secteur de la radiodiffusion a dû surmonter des obstacles gigantesques.
Par conséquent, il est très approprié de se demander quel serait le but de la modernisation de la loi, et si le projet de loi permettrait d'atteindre ce but.
Premièrement, nous devons examiner la question de la nécessité de réglementer Internet. Il est nécessaire de clarifier quels aspects d'Internet il faudrait réglementer et de définir les paramètres entourant cette réglementation, ainsi que la portée de celle-ci. Le projet de loi créerait-il un environnement où tout le contenu est assujetti à la loi, y compris celui des créateurs indépendants qui touchent un modeste revenu sur des plateformes de médias sociaux comme YouTube?
Comme je l'ai mentionné, le projet de loi est presque une copie conforme de la mesure législative libérale précédente, le projet de loi , qui comportait de nombreuses lacunes et qui ne fournissait aucune solution aux problèmes soulevés par les experts ayant témoigné pendant l'étude du comité. Quand on parle d'uniformiser les règles du jeu, est-ce dans le but de fournir aux créateurs canadiens la protection dont ils ont besoin pour produire leur contenu dans le monde concurrentiel d'aujourd'hui sans nuire à leurs chances de succès, ici et ailleurs? Si elle est bien conçue, la réglementation peut servir d'assise au succès des producteurs de contenu canadien et contribuer à soutenir les artistes et le secteur culturel, qui sont des mandats de Patrimoine canadien. Cependant, le projet de loi, tel qu'il nous est présenté, donne peu d'espoir d'atteindre ces résultats.
Je demeure très préoccupé par le fait que le CRTC serait responsable d'appliquer la loi. J'ai travaillé dans l'industrie de la télévision et de la radio pendant plus de quarante ans, et j'ai constaté à quel point le CRTC est déjà au bout de ses capacités dans le contexte actuel de la radiodiffusion et des télécommunications. Si le CRTC est déjà à bout de souffle pour remplir son mandat efficacement, comment peut-on envisager qu'il sera en mesure de prendre en charge l'administration du volet Internet en plus?
Le CRTC a du mal à réglementer les 4 000 ou 5 000 entités du secteur de la radiodiffusion. Nous le constatons actuellement au sein du comité de l'industrie. Rogers veut racheter Shaw, et bien que le processus ait commencé l'année dernière, il n'y a toujours pas eu d'action définitive de la part du CRTC. Le CRTC rendra-t-il bientôt une décision sur cette prise de contrôle d'une valeur de 26 milliards de dollars? Peut-il même prévoir le nombre d'entités dont il devra s'occuper une fois que la diffusion en continu en ligne sera ajoutée à son mandat? Quelle est la quantité d'argent et de talents nécessaire pour que le CRTC puisse s'acquitter du mandat prévu dans le projet de loi? En fait, comprend-il déjà l'ampleur de l'entreprise? Combien d'années lui faudra-t-il pour en comprendre les critères et la portée, et réunir les ressources nécessaires pour la mener à bien?
Lors de la dernière audience du comité sur le projet de loi , j'ai demandé au président du CRTC, Ian Scott, qui, soit dit en passant, quitte son poste après cinq ans en septembre: comment le CRTC est-il censé payer pour tout cela? En jubilant, il a répondu au comité que le CRTC s'adresserait directement au Conseil du Trésor. Eh bien, nous savons ce que cela signifie: les contribuables vont payer plus cher pour leurs services.
Peut-être plus décevant que tout est le fait que le CRTC se verra accorder le pouvoir d'élaborer les règles et qu'il peut créer ces règles au fur et à mesure. Le projet de loi conférerait au CRTC la capacité de déterminer ses propres compétences, et ce, sans contrainte.
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Madame la Présidente, je commencerai par un aparté, en indiquant à la Chambre que je porte aujourd'hui, à l'instar de plusieurs de mes collègues, les couleurs de l'Ukraine.
Hier, j'ai participé, avec plusieurs collègues du Bloc québécois, au rassemblement en soutien à l'Ukraine qui avait lieu à Montréal. Il y en avait dans plusieurs villes au Canada et au Québec. J'ai vu hier pourquoi les Ukrainiens allaient sortir victorieux de ce conflit. En effet, quelle que soit l'issue de l'assaut russe, les Ukrainiens ont emprunté un chemin qui les mènera inévitablement vers ce à quoi ils aspirent. Quand un peuple ou une nation décide de vivre librement et de vivre en démocratie, le chemin pour y arriver ne s'interrompt pas tant que le but ultime n'a pas été atteint.
En ce moment, les Québécois sont inquiets pour des proches qui sont pris en Ukraine. À Drummond, je pense à M. Nelson, dont l'épouse est réfugiée dans le sous-sol de l'école où elle enseigne, à Nijyn, et dont il n'a pas de nouvelles, peut-être pour une raison aussi bête qu'elle ne peut pas charger son téléphone ou ne peut se rendre à un endroit pour lui donner des nouvelles. Je tiens à dire à M. Nelson que le Bloc québécois et son député ne le lâcheront pas.
Ce long préambule sur la situation en Ukraine n'est pas complètement étranger au propos dont on débat aujourd'hui. La guerre à l'ère des médias numériques se joue à d'autres niveaux que ceux d'il y a quelques décennies, ou même d'une dizaine d'années. De nos jours, on l'a vu maintes fois, les exemples pleuvent depuis quelques années, l'opinion publique est infiniment plus facile à manipuler. C'est un danger auquel nous devons nous attaquer de toute urgence.
Il existe un exemple dont il a été question pas plus tard qu'aujourd'hui. Mon collègue de en a fait mention. Le était, cet après-midi, au Comité permanent du patrimoine canadien, et nous avons parlé de la situation du média de propagande Russia Today, qui a été banni des services de câblodistribution de plusieurs entreprises canadiennes. Je ne dis pas que le bâillon ou la censure est la solution, et c'est là que je tiens à préciser que c'est une mesure d'exception.
Faire taire ceux qui ne livrent pas le discours que l'on souhaite entendre n'est pas toujours la solution, et je l'ai signalé au ministre un petit peu plus tôt, en lui disant que c'était effectivement justifié dans le cas de Russia Today, qui diffuse de la propagande du régime russe et de la désinformation pour justifier l'ignoble assaut russe en Ukraine, mais qu'il ne fallait pas créer un précédent et s'en servir pour censurer ou bâillonner d'autres organes de presse et d'autres médias qui pourraient avoir un contenu douteux, sur lequel on n'est certainement pas d'accord et auquel on n'adhère pas.
D'où l'importance d'un projet de loi sur la radiodiffusion, qui tient compte de la réalité d'aujourd'hui. Comme on le sait, la loi actuelle date de 1991. Je pense qu'on a fait le tour de la question lors du débat sur le projet de loi l'an dernier. Il était plus que temps qu'on arrive avec quelque chose pour renouveler et dépoussiérer cette vieille loi, qui n'est plus du tout à jour. Je suis très heureux de me lever enfin pour parler du tant attendu projet de loi , et qui va porter aussi sur la diffusion du contenu en ligne.
Cela fait tout de même réfléchir quand on voit que 16 mois après le dépôt d'un projet de loi, qui était urgemment attendu par l'industrie culturelle, mais aussi par les diffuseurs et l'industrie des médias, on se retrouve grosso modo au même point. J'ai dit « grosso modo » parce que plusieurs améliorations ont tout de même été apportées au projet de loi C‑11. Ces améliorations sont évidemment le résultat des nombreux amendements déposés lors de l'étude du projet de loi en comité l'an dernier. Je tiens à souligner que plusieurs d'entre eux sont issus du travail de mon équipe du Bloc québécois, notamment celui sur la découvrabilité du contenu canadien et francophone et des différentes communautés culturelles, qui font la couleur et la beauté de notre univers culturel.
Si le projet de loi avait été adopté, le CRTC serait en train de tenir ses audiences, en vue de réglementer l’industrie pour créer un environnement plus équitable pour l’ensemble des acteurs des secteurs culturels et de la radiodiffusion.
Si le projet de loi C‑10 avait été adopté, on commencerait à voir nos créateurs de contenus, nos entreprises de programmation, nos artistes et nos artisans reprendre goût à la création d’émissions, de films, de musique, parce qu’ils retrouveraient la confiance que le gouvernement met en place un environnement où leur contenu ne va pas servir seulement à enrichir des milliardaires chinois et américains.
Ces gens-là ne demandent pas de programme de subvention d’aide pandémique, ils demandent à créer, à chanter, à danser, à faire des émissions, à jouer, à produire, à gagner leur vie honorablement grâce à leur passion.
On a perdu beaucoup de monde depuis le début de cette pandémie, beaucoup d’expertise du milieu culturel et du milieu de la télévision et de la radio. Beaucoup de ces gens se sont exilés vers des secteurs plus stables, moins stressants, parce qu’ils sont eux aussi des pères et des mères de famille. On sous‑estime l’apport de ces gens-là à la société.
Je vais le répéter, parce que j’ai l’impression que cela prend du temps à percoler, qu'on ne comprend pas vite: la culture, ce n’est pas une dépense. La culture, c’est un investissement. La culture rapporte. La culture contribue à l’économie québécoise et canadienne. Les artistes, les artisans de la culture ne sont pas une bande de paresseux dépassés qui vivent aux crochets des subventions. La culture, c’est une industrie d’environ 60 milliards de dollars annuellement. La culture, c’est une industrie qui fait vivre plus de 600 000 personnes au Canada. C’est une richesse. Ce n’est pas seulement une richesse du point de vue financier, c’est une richesse parce que c’est le véhicule de ce que nous sommes comme nation. La culture est la projection au monde entier de ce qu’est notre identité, de ce que sont nos valeurs, notre personnalité, nos couleurs.
Si on nous enlève les moyens de diffusion de notre culture, que va‑t‑il rester de nous? Le reste du monde va continuer à penser que les Canadiens jouent au hockey, qu’ils boivent de la bière et du café Tim Hortons, que les Québécois portent des ceintures fléchées en mangeant de la poutine autour d’un feu de camp, l’hiver. On va voir les gros clichés communs que chacun d'entre nous est un peu tanné de voir un peu partout dans le monde. C’est cela que notre télévision, notre radio, notre cinéma nous permettent de projeter. Ils nous permettent de mettre en valeur nos histoires, ce que nous sommes.
Il faut faire en sorte que nos créateurs, nos producteurs, nos diffuseurs puissent continuer à le faire sur les nouvelles plateformes que nous imposent les nouvelles technologies desquelles nous devenons de plus en plus dépendants.
On a beaucoup entendu des critiques parfois idéologiques, parfois plus partisanes, parfois fondées, d’autres fois plus ou moins fondées, sur la réglementation des contenus. C’est une critique que je trouve quand même pertinente, en ce sens qu’on a droit à son opinion. On a le droit de trouver, par exemple, que les quotas pour du contenu francophone, ce n’est pas amusant.
J’ai commencé à travailler à la radio au milieu des années 1980 comme jeune animateur. On commençait à nous imposer des quotas de musique canadienne et des quotas de musique francophone. Je peux dire que cela me tombait sérieusement sur les nerfs, parce que ce n’était pas hot. Pourtant, il y avait d’excellentes musiques. On avait d’excellents artistes, mais à ce moment-là le choix était plus limité. On n’avait pas un grand bassin de musique par exemple pour les différents styles de radios. Je travaillais dans une radio qui était plus axée vers les jeunes. C’est sûr qu’on avait un peu moins de choix dans ce temps-là.
Aujourd’hui, j’admets bien candidement que je trouvais ennuyeux de devoir respecter les quotas de musique francophone. Toutefois, au fil des années, je peux dire que j’ai remarqué d’abord les effets positifs de cette réglementation, de cet encouragement à mettre en valeur le contenu francophone dans les stations de radio québécoises.
Au fil du temps, de plus en plus de nouveaux groupes et de nouveaux courants musicaux sont arrivés et se sont fait découvrir grâce à cette réglementation qui était mise en place justement pour mettre en valeur notre musique et nos artistes. Il y a eu des bienfaits extraordinaires.
Aujourd'hui, on pourrait faire des stations de radio à programmation 100 % francophone et on ne s'en lasserait pas. On n'entendrait pas nécessairement toujours la même chose, même si certains programmateurs de radio pensent qu'il faut répéter les mêmes chansons à peu près toutes les heures. Or c'est une autre histoire et un autre débat.
On peut voir concrètement les effets positifs de la mise en place d'une réglementation comme celle-là. Si cela a fonctionné pour la radio, si cela fonctionne pour les médias traditionnels, cela va donc fonctionner aussi pour les médias numériques. Nous devons le faire pour les médias numériques pour les mêmes raisons que je vous ai énumérées tantôt: c'est par nos médias, notre art, notre culture, nos émissions, nos films et nos talents que nous montrons au monde entier qui nous sommes vraiment. Nous sommes plus que des buveurs de bière et de café, plus que des mangeurs de poutine avec une ceinture fléchée autour du feu. Grâce à la culture, on s'éloigne des clichés.
Le nécessité de mettre rapidement en place la nouvelle réglementation pour la radiodiffusion, de rafraîchir celle qui est en place depuis 1991, est d'autant plus urgente que l'industrie culturelle vit présentement une crise qui est certainement aggravée par l'omniprésence des médias numériques, des GAFAM dans notre univers. Nos médias d'information se font carrément manger le profit et manger leur portion de la tarte publicitaire par ces géants. Il est donc temps d'arriver avec une réglementation.
Voici quelques chiffres. Depuis le début de la pandémie, sur les 180 000 emplois perdus, temporairement ou non, il y a plus de 50 000 travailleurs de la culture, des artistes et des créateurs de contenu qui ont décidé de jeter les gants et de carrément faire autre chose. On s'en va ailleurs faire autre chose, on a des familles à nourrir et on ne peut pas vivre dans une situation où on ne sait pas quand la prochaine crise arrivera ni quel effet elle aura sur nous.
Ces gens ne veulent plus vivre ce stress. Ils sont plus de 50 000 personnes au Canada à avoir décidé de faire autre chose que le métier qu'ils chérissent par dessus tout. Il va falloir qu'on y revienne, un jour ou l'autre, et qu'on pense à l'importance qu'on accorde à nos artistes et à nos créateurs de contenu. Il va falloir qu'on pense, peut-être, à revoir la Loi sur le statut de l'artiste. Je veux qu'on le fasse bientôt. Il va être important de le faire, parce que, sans un minimum de sécurité financière pour ces travailleurs autonomes de la culture qui, par leur statut, n'ont pas accès aux programmes gouvernementaux, on les perd en cas de crise, comme on le voit en ce moment.
L'Union des artistes a réalisé un sondage auprès de ses membres, un peu plus tôt cette année, et les chiffres sont alarmants: 61 % ont affirmé avoir perdu l'intérêt pour leur pratique artistique; 35 % d'entre eux ont cherché de l'aide pour la détresse psychologique qu'ils ont vécue; 15 % ont eu des pensées suicidaires pendant cette période. Quinze pour cent des 13 000 membres de l'Union des artistes, cela fait beaucoup de monde à avoir ces pensées.
Il y a la culture, mais il y a aussi les diffuseurs dont il faut parler. Des entreprises de partout au Canada ont pu évoluer, jusqu'à il y a quelques années, dans un système qu'ils ont contribué à bâtir, un système qui leur garantissait une certaine protection contre l'envahissement de puissants consortiums étrangers, de grands médias, notamment en exigeant par loi que ledit système soit sous contrôle effectif de Canadiens, qu'il soit propriété de Canadiens.
Pendant des décennies, ces entreprises ont contribué au développement du contenu canadien et québécois, à la mise en valeur de la diversité culturelle et linguistique, à sa promotion. Ces entreprises ont déboursé et déboursent encore des sommes considérables pour pouvoir exercer leurs activités, des sommes qu'ils doivent dépenser par leurs obligations de licence. Plusieurs de ces entreprises sont des fleurons de notre économie, tant au Québec que dans le reste du Canada. Ce sont des entreprises qui, encore aujourd'hui, portent un énorme fardeau pour pouvoir exercer leurs activités de diffuseur.
Quel est donc le message qu'on envoie à ces bâtisseurs, à ces grands employeurs, à ces entreprises de radiodiffusion qui ont permis, par leur contribution obligée, à des artistes et à des diffuseurs plus nichés de s'épanouir?
Des diffuseurs plus nichés, qui ont peut-être moins de potentiel de rayonnement, ont effectivement eu la chance de s'épanouir et de présenter une programmation destinée à des communautés culturelles. ICI Télévision, à Montréal, est une magnifique petite entreprise de télévision qui, ma foi, est à découvrir.
On peut aussi penser au réseau APTN, qui fait si bien connaître la culture de nos Premières Nations et qui est un exemple pour le monde entier. On vient ici pour apprendre de l'expertise d'APTN afin de l'appliquer dans d'autres pays. Je pense qu'on peut en être fier et c'est grâce à notre système de radiodiffusion qu'on peut connaître des succès comme celui-ci.
Le message qu'on envoie présentement à nos diffuseurs est qu'il est correct que les gros requins viennent nager dans notre petit aquarium, en siphonnant le gros des revenus publicitaires sans devoir contribuer de façon significative au système. Ce sont pourtant nos diffuseurs qui doivent se soumettre à une réglementation lourde, de plus en plus coûteuse, contre-productive et résolument inéquitable étant donné la transformation de l'industrie.
Ces temps-ci, on parle beaucoup de politisation des dossiers. Il est vrai que beaucoup de politique se fait sur à peu près tout et je pense que c'est normal. Nous faisons de la politique et il est donc normal de politiser les dossiers. Sinon, je pense que nous ne serions pas à la bonne place. Cependant, je crois qu'il y a des dossiers sur lesquels nous devons nous élever un peu afin de voir plus loin que l'idéologie ou l'obstruction systématique. Nous devons nous ouvrir et être conscients des questions dont nous débattons ici.
Le projet de loi n'est peut-être pas encore parfait, mais nous aurons l'occasion d'y travailler. À mon avis, c'est un projet de loi qui est une très bonne base et qui mérite très certainement de ne pas être bloqué, comme cela a été le cas pour le projet de loi l'an dernier.
Je souhaite sincèrement que l'ensemble des députés et des formations politiques à la Chambre voient ce projet de loi comme une nécessité pour nos radiodiffuseurs canadiens et québécois, mais aussi pour l'ensemble de l'industrie culturelle, pour nos artistes, nos créateurs de contenu, nos artisans et nos travailleurs autonomes du secteur de la culture.
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Madame la Présidente, avant de participer au débat d'aujourd'hui dans la région de la capitale nationale, je tiens à souligner respectueusement que je me trouve aujourd'hui sur le territoire ancestral et traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Le projet de loi sur la diffusion continue en ligne vise à moderniser le système de radiodiffusion du Canada pour qu'il tienne mieux compte de l'environnement actuel, qui a changé de façon considérable au fil des ans depuis la dernière grande réforme de la Loi sur la radiodiffusion, en 1991.
La discussion a porté en grande partie sur l'évolution technologique des 30 dernières années, mais aujourd'hui, j'aimerais attirer l'attention sur les préoccupations, les réalisations et les priorités des peuples autochtones en matière de radiodiffusion. Moderniser la loi est nécessaire pour reconnaître la place importante qu'occupent les Autochtones dans le secteur. Nous devons faire de la place aux voix, aux histoires et à la souveraineté autochtones dans le système de radiodiffusion. Au cours des 30 dernières années, les réalisations des peuples autochtones du Canada ont été nombreuses au sein des secteurs de la radiodiffusion et de l'audiovisuel.
Fondé en 1999, l'Aboriginal Peoples Television Network a récemment lancé sa plateforme numérique, APTN Lumi. ImagineNATIVE, lancé en 2000, est désormais le plus grand festival d'arts et de médias autochtones au monde. Créé en 2017, l'Indigenous Screen Office s'est rapidement intégré au secteur audiovisuel canadien. Uvagut TV, première chaîne de télévision nationale en inuktitut du Canada, a été lancée en janvier 2021; elle contribue à promouvoir et à revitaliser les cultures et les langues inuites.
Prenons un moment pour reconnaître les réalisations des diffuseurs, des créateurs et des conteurs autochtones. Faisons fond sur cette base solide.
Il ne fait aucun doute dans mon esprit que la Loi sur la diffusion continue en ligne peut favoriser une plus grande diversité, une représentation authentique et la souveraineté narrative des peuples autochtones du Canada. La musique et la vidéo sont des médias puissants pour façonner la culture et changer les opinions. Les représentations historiques des Premières Nations, des Métis et des Inuits dans les secteurs audiovisuels ont renforcé les notions racistes envers les peuples autochtones et ont étouffé leurs voix. Il est maintenant essentiel que les modifications apportées à ce projet de loi fassent progresser la souveraineté narrative des conteurs autochtones à l'écran et favorisent les débouchés pour les personnes autochtones travaillant dans ce secteur. Ces changements permettront aux peuples autochtones de se voir davantage reflétés à l'écran et soutiendront leurs efforts pour revitaliser leurs langues et leurs cultures.
On nous dit que les communautés autochtones veulent être en possession et en contrôle de leur contenu culturel. Nous comprenons l’importance de l’autodétermination pour les peuples autochtones du Canada, qui ne veulent pas seulement se voir à l’écran, mais aussi participer à la création des chansons et des histoires qui sont diffusées au Canada et partout dans le monde. La modernisation de la législation est une étape importante dans notre cheminement commun vers un système de radiodiffusion plus moderne, plus dynamique et plus inclusif au Canada.
Ce projet de loi permettra de mieux soutenir les peuples autochtones dans le système de radiodiffusion. Beaucoup de peuples autochtones comptent sur la tradition orale et sur le transfert du savoir, des langues et des traditions par la communauté. La radiodiffusion peut appuyer ces pratiques en préservant les perspectives autochtones. La radiodiffusion est un outil éducatif qui peut aider à défaire les stéréotypes et à faire avancer la réconciliation entre les Autochtones et les non-Autochtones. J’entrevois les énormes avantages pour la société canadienne que représente l’amplification des voix autochtones.
Nous avons créé un espace de discussion. Nous avons écouté avec intérêt. Voici les principaux messages que nous avons entendus: Les contes, la création de contenu et la souveraineté narrative autochtones sont importants. La représentation des peuples autochtones et de la diversité des intérêts des Premières Nations, des Métis et des Inuits est vitale. La Loi sur la diffusion continue en ligne fait partie d’une série de mesures qui doivent faire en sorte que les peuples autochtones puissent raconter leurs histoires de leur point de vue et puissent trouver du contenu dans le système de radiodiffusion qui reflète leur vie et leur vécu.
La loi crée un espace pour la programmation qui tient compte des cultures et des langues autochtones. Elle indique clairement que le système de radiodiffusion canadien doit « offrir des possibilités aux Autochtones en vue de l’exploitation d’entreprises de radiodiffusion et de la production d’une programmation en langues autochtones, en français, en anglais ou toute combinaison de ces langues ».
Elle précise que le système « devrait offrir une programmation en langues autochtones ainsi qu’une programmation qui reflète les cultures autochtones du Canada ». Cet énoncé de politique n'est plus qualifié par les mots « au fur et à mesure de la disponibilité des moyens ». C'est très bien ainsi.
La Loi sur la diffusion continue en ligne contribuera à d'autres activités visant à soutenir les peuples et la culture autochtones. Le gouvernement continue de travailler en étroite collaboration avec le Bureau de l'écran autochtone afin de donner aux communautés les moyens d'agir et de soutenir les créateurs de contenu autochtones du Canada qui se produisent à l'écran.
Les artistes et les parties prenantes autochtones ont beaucoup critiqué la mauvaise utilisation et le détournement des arts et des formes d'expression culturelle autochtones. Par le passé, les récits autochtones ont été presque complètement écartés des médias grand public et, lorsqu'ils y figuraient, ils étaient presque toujours présentés du point de vue des non-Autochtones. En soutenant les créateurs autochtones par un mécanisme de financement dirigé par des Autochtones, on fait en sorte que les décisions relatives à l'attribution des fonds sont prises par des décideurs autochtones, ce qui contribue à faire progresser la souveraineté narrative dans le secteur de l'audiovisuel.
Avec l'annonce de 40,1 millions de dollars sur trois ans dans le budget de 2021, le gouvernement s'est résolument engagé à soutenir le Bureau de l'écran autochtone et à fournir un financement permanent supplémentaire pour que davantage d'histoires autochtones puissent être racontées et vues.
Ce projet de loi viendrait en aide aux créateurs autochtones pour leur permettre de raconter leurs histoires dans leurs propres mots. Il souligne aussi le besoin d'avoir des services de radiodiffusion gérés par des Autochtones. Le projet de loi contribuera au respect des engagements pris dans le cadre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le gouvernement est déterminé à agir en consultation et en collaboration avec les peuples autochtones afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour que le projet de loi, tel qu'il est présenté, soit conforme à la Déclaration, afin de concevoir et de mettre en œuvre un plan d'action visant à réaliser les objectifs de la Déclaration et afin de déposer un rapport annuel sur les progrès réalisés pour faire correspondre le projet de loi et le plan d'action.
En outre, le gouvernement est déterminé à s'associer aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis pour mettre en œuvre les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation et pour collaborer à l'implantation d'un plan d'action visant à répondre aux appels à la justice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Comme ces mesures le soulignent, la radiodiffusion peut jouer un rôle important dans la promotion et la protection des langues, des arts, des cultures, des traditions et des perspectives autochtones, qui assurent la poursuite et la réussite de la réconciliation entre les Autochtones et les non-Autochtones. J'ai bon espoir que la Loi sur la diffusion continue en ligne nous permettra de progresser encore davantage sur la voie de la réconciliation.
La radiodiffusion joue un rôle important en faisant en sorte que tous les Canadiens se voient représentés. Il s'agit d'un outil dont on se sert pour communiquer de l'information, se faire entendre, se faire écouter, et se rappeler nos nombreuses origines et notre histoire commune. La radiodiffusion peut façonner la culture, changer des opinions et montrer la voie à suivre vers un avenir meilleur et plus inclusif.
Le travail ne s'arrête pas là. Nous sommes déterminés à continuer d'écouter les Autochtones et de discuter avec eux pour nous assurer que leurs voix sont entendues et que leurs histoires sont racontées à l'écran. Nous sommes résolus à entretenir des partenariats fructueux avec les Autochtones et à les consulter pour promouvoir et revitaliser les cultures et les langues autochtones. Nous sommes déterminés à créer un espace plus inclusif où se concrétisera et se poursuivra le rôle vital de la culture dans le processus de guérison et de réconciliation concernant les Autochtones.
Les cultures autochtones sont sous-représentées dans notre système de radiodiffusion, un problème que la loi proposée sur la diffusion continue en ligne tente de rectifier. La culture est primordiale pour la guérison et la réconciliation. Elle est au cœur de la compréhension et du progrès collectif. J'exhorte les députés à appuyer la loi sur la diffusion continue en ligne.
J'aimerais raconter mon expérience personnelle par rapport à tout cela. J'ai immigré au Canada à l'âge de 12 ans. Toute ma jeunesse, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de comprendre ni d'apprécier la réalité que vivent les Autochtones. Ce n'est qu'en vieillissant que j'ai entrepris de m'éduquer.
Le meilleur moyen de véritablement inclure ces cultures, de réellement tenter activement de nous réconcilier avec les Autochtones du Canada dans le cadre de la diffusion continue en ligne, c'est de veiller à ce que nos méthodes de radiodiffusion et le contenu diffusé soient inclusifs, qu'ils soient diversifiés et, surtout, qu'ils contribuent à façonner l'avenir que nous souhaitons voir pour le Canada.
On parle fréquemment des valeurs canadiennes. Si nous n'avons pas le sentiment que les Autochtones sont inclus, alors nous ne respectons pas les valeurs canadiennes.
Je vais m'arrêter ici, car je crois que mon temps de parole est écoulé.