propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, c'est un honneur de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi à l'étude. Au fil des ans, j'ai eu l'honneur et le privilège de présenter des projets de loi et des motions d'initiative parlementaire. J'en ai fait adopter un il y a de nombreuses années, et j'en ai présenté un ou deux qui n'ont pas été adoptés.
En premier lieu, je tiens à remercier le député de et le député de , qui a présenté le projet de loi au cours de la dernière législature. Je remercie également le député de ainsi que tous les députés de mon parti et de mon caucus qui vouent un amour sincère et une profonde admiration à l'agriculture et aux familles d'agriculteurs qui font le travail jour après jour.
Le problème que j'essaie de régler avec ce projet de loi d'initiative parlementaire, c'est l'application de la taxe sur le carbone au gaz naturel et au propane. C'est pour l'utilisation de ces ressources dans les exploitations agricoles, notamment pour sécher le grain et chauffer les étables, où on trouve du bétail de toutes sortes, mais principalement des volailles et des porcs en l'occurrence. Le problème, c'est que la taxe sur le carbone s'applique actuellement à ces secteurs. Je vais donner l'exemple d'un éleveur porcin de ma circonscription qui m'a envoyé sa facture de gaz naturel pour le mois de décembre. Pour sa porcherie, le coût total était de 11 391 $. La taxe sur le carbone s'élevait à 2 918 $, soit 25 % du montant de base de la facture. Ajoutons à cela la TVH, qui s'élève à près de 1 500 $, et on constate que le montant de la taxe sur le carbone et de la TVH représente 34 % de la facture. Voilà le vrai problème.
En agriculture, les marges de profit sont très minces, et les grains qu'on sèche à l'automne servent à nourrir la population. Les agriculteurs sont des preneurs et non des établisseurs de prix. Ce ne sont pas eux qui établissent les prix; ils prennent les prix qui leur sont offerts. Tous ceux qui sont à la Chambre ou qui nous écoutent aujourd'hui comprennent bien ce problème. En revanche, lorsque vient le temps de payer les intrants, la machinerie, et cetera, on connaît évidemment le prix. Nous pourrions apporter de nombreuses améliorations.
L'un des autres problèmes que pose la taxe sur le carbone pour les agriculteurs, et je l'ai déjà soulevé à la Chambre des communes, c'est que les producteurs agricoles et les agriculteurs n'obtiennent aucun crédit pour les efforts de protection de l'environnement qu'ils déploient dans leurs exploitations et dans nos campagnes. Lorsque l'on se penche sur ce que les agriculteurs sont en mesure de faire dans leurs exploitations, ils ne reçoivent aucun crédit pour le carbone que captent leurs cultures, leurs pâturages ou leurs terres à bois. Ils ne bénéficient d'aucun crédit pour cela.
Nous essayons de corriger une erreur environnementale et fiscale afin de rendre la situation équitable pour les agriculteurs. Il est très difficile de reconnaître toutes les façons dont les agriculteurs protègent l'environnement. Frapper leurs efforts d'une taxe sur le carbone ne reconnaît absolument pas les bienfaits environnementaux de leurs activités. De nombreux députés présents à la Chambre aujourd'hui ont eu l'occasion de visiter des exploitations agricoles, des zones de conservation et des étables, et ils ont pu y constater la qualité du travail qui y est accompli.
Un autre problème que soulève ce projet de loi, c'est que l'on demande toujours aux agriculteurs de servir de marge de crédit au gouvernement. On peut se demander ce que cela signifie. Ce que je veux dire par là, c'est que si nous examinons les programmes de gestion du risque d'entreprise offerts aux agriculteurs, dont Agri‑stabilité, on s'aperçoit que s'ils sont en mesure de déclencher un paiement au titre d'Agri‑stabilité, leurs dépenses sont engagées beaucoup plus tôt. Les agriculteurs assument les coûts et ne reçoivent leurs paiements qu'à la fin. C'est la même chose avec la TVH. Au fil des années, certains producteurs ont connu des problèmes et ont vu leurs remboursements de TVH bloqués, ce qui a fait d'eux, dans certains cas, la marge de crédit du gouvernement. Il leur a fallu attendre trois, quatre, six mois, parfois jusqu'à un an pour recevoir leur remboursement de TVH.
Nous avons maintenant un autre programme qui créera une autre couche de formalités administratives. Ce programme demandera encore une fois aux agriculteurs de servir de marge de crédit. Par exemple, des agriculteurs pourraient payer une facture de gaz naturel ou de propane pour leur poulailler ou leur porcherie en janvier et février 2022, et la portion de la taxe sur le carbone de près de 3 000 $ pourrait devoir être assumée jusqu'à la fin de l'année. Ils pourraient assécher leurs céréales en septembre, en octobre ou en novembre, dépendamment de la récolte, puis devoir assumer tous ces coûts jusqu'à la fin de l'année et produire leur déclaration de revenus en juin 2023, selon la fin de leur exercice. Quand les députés pensent-ils que ces agriculteurs recevraient leur remboursement?
C'est encore une fois une très longue période pendant laquelle nous demandons aux producteurs agricoles ou aux familles d'agriculteurs d'assumer ces dépenses. Ensuite, nous calculons également l'augmentation du coût de tous les intrants, que ce soit la nourriture pour le bétail ou l'engrais. Nous avons vu les prix complètement fous. Leur marge de crédit grimpe constamment, et ils doivent maintenant composer avec ce programme.
Selon le projet de loi , à la page 83 de la mise à jour de l'automne, on précise que le remboursement est de 1,73 $. Quand j'ai lu cela, j'ai pensé que c'était par tranche de 100 $ dollars de dépenses admissibles, mais c'est en fait par tranche de 1 000 $. Par conséquent, un agriculteur qui a 1 million de dollars en dépenses admissibles recevrait un remboursement de moins de 1 800 $.
L'exploitation dont je parlais il y a un instant a dû payer une facture de presque 3 000 $. On ne peut donc pas dire que cette taxe n'a aucune incidence sur les recettes et qu'elle n'en aura pas à l'avenir. S'il y a des statistiques qui montrent le contraire, j'aimerais les voir. Cependant, cela ne semble pas sans incidence selon la page 83 de la mise à jour. Il y a un mois ou deux, le député de m'a montré une facture qu'un agriculteur dans sa province — je ne me souviens pas si c'était dans sa circonscription — avait reçue et celle-ci était deux fois plus élevée. Les députés peuvent‑ils imaginer payer 5 500 $ en taxe sur le carbone pour un seul mois? Un remboursement de 1 700 $ n'est donc pas suffisant.
Nous avons parlé du carbone que captent les cultures, les pâturages et les terres à bois des agriculteurs. Ces derniers plantent des arbres sur leurs exploitations. Ils ont des andains. En Ontario, et je suis sûr que c'est aussi le cas dans bien d'autres provinces, nous avons des plans de gestion des éléments nutritifs pour déterminer comment et quand épandre du fumier sur les champs. Sur le plan technologique, les agriculteurs disposent de matériel de pulvérisation de précision pour les herbicides et les pesticides, et même de matériel de fertilisation de précision. Ce ne sont plus les fermes de nos arrière-grands‑pères. Les exploitations agricoles canadiennes sont très avant‑gardistes de nos jours. Les agriculteurs sont des gens extrêmement professionnels qui aiment l'agriculture et l'environnement.
Les terres à bois du comté de Huron ou du comté de Bruce sont parmi les mieux gérées au Canada. C'est à cause du fait que, lors des 10 dernières années, nous avons dû lutter contre une infestation de l'agrile du frêne. Nous avons abattu la plupart des frênes infestés dans les terres à bois, et nous les avons remplacés par des érables et d'autres arbres, et nous avons maintenant des terres boisées bien entretenues qui séquestrent le carbone.
J’aimerais aussi parler de la rotation des cultures. Je sais que le député de en a parlé lors de la période des questions et que la a fait un commentaire à ce propos, l'autre jour, en laissant entendre qu’il s’agissait d’une nouvelle idée. Je suis certain qu’elle s’est mal exprimée pendant la période des questions, car nous pouvons probablement trouver des manuels des années 1920 et 1930 qui parlent de la rotation des cultures et des cultures de couverture. Dans ma région, la plupart des agriculteurs ensemencent à la fin de l’été et au début de l’automne et ont des cultures de couverture. Ils ne chôment pas.
J’aimerais aussi saluer le travail des offices de protection et des groupes environnementaux dans nos collectivités. Près de chez moi, il y a l’association Pine River Watershed Initiative Network, qui plante des arbres et qui s’occupe de la gestion des eaux sur les exploitations agricoles. Il y a aussi des groupes qui s'intéressent aux cultures et aux sols dans les comtés de Huron, de Bruce et de Grey, qui couvrent toute cette région. Ils font des recherches incroyables sur l’écoulement des eaux afin que l’on puisse retenir les bénéfices des pluies du printemps et du dégel, en retenant ces eaux pour les écouler plus tard. Il s’agit d’une technologie très prometteuse.
Une autre chose dont j'aimerais parler est notre souveraineté alimentaire. C'est un sujet qui revient souvent ces dernières années, surtout récemment. Par exemple, l'Ontario exporte des porcs à Burlington et à d'autres endroits tels que Conestoga. Il en expédie au Québec, de même qu'à Brandon, au Manitoba. S'il est avantageux pour tous ces producteurs du Sud-Ouest de l'Ontario d'avoir ces porcs dans la chaîne de production, il est illogique pour eux de les expédier par camion jusqu'à leur destination à l'extérieur de la province. Nous devrions être en mesure de les traiter dans nos propres régions. Ainsi, je crois que le gouvernement doit longuement réfléchir à la souveraineté alimentaire de chacune des provinces et, bien entendu, du pays, et repérer les mines ou les occasions stratégiques.
Étant donné l'embargo et les droits de douane récemment imposés sur les phosphates en provenance de la Russie, les phosphates constituent un excellent exemple d'occasion où le Canada aurait intérêt à accélérer le processus d'évaluation environnementale pour favoriser la production dans notre pays. Il faut bien faire les choses, mais simplifier le processus pour que nous puissions exploiter nos propres ressources minières et matières premières et soutenir le cycle entier de l'agriculture au pays. Ce n'est pas le cas aujourd'hui et j'estime que cela devrait constituer une priorité.
Combien faut-il d'argent pour gagner 1 $ sur une ferme? Il faut des millions; les marges sont très minces. Les gens qui vont à leur chalet ou ailleurs pour la fin de semaine se disent peut-être depuis la route, dans leur camionnette, que la ferme qu'ils voient est très jolie. La réalité, c'est qu'il a fallu que des générations d'agriculteurs travaillent sept jours sur sept à longueur d'année pour des marges qui rebuteraient la plupart des gens. Si les gens savaient tous les investissements, les dettes et les marges de crédit qui sont en jeu au quotidien pour des profits de quelques dollars par tranche de 100 $, ils seraient vraiment impressionnés.
La raison pour laquelle je parle de tout cela, c'est que la taxe sur le carbone est punitive et qu'elle met en danger la survie des exploitations agricoles. Chaque semaine, je reçois de nombreux appels d'agriculteurs qui veulent me dire à quel point il est coûteux de faire des affaires en 2022. Bien sûr, si on regarde le prix au comptant ou les cours à terme du soya, du maïs, du blé ou des autres produits du genre, on peut les trouver impressionnants. Malheureusement pour les agriculteurs, les coûts ont augmenté en parallèle. Dans certains cas, les coûts ont même augmenté plus rapidement que les prix.
Que pouvons-nous faire pour les aider? Nous pouvons nous servir de la taxe sur le carbone. Nous pouvons les aider en réduisant la taxe sur le carbone et en éliminant son application à la ferme. Il n'y a pas de cycle de retour pour les agriculteurs. Les montants perçus auprès des agriculteurs ne leur sont pas retournés et ils ne sont pas investis dans un plan environnemental pour l'agriculture. Il n'y a rien du genre. Les libéraux peuvent bien prétendre qu'il y a un retour équivalent pour chaque dollar perçu, mais ce n'est pas le cas.
La façon la plus rapide et la plus efficace d'aider l'agriculture et de reconnaître l'apport environnemental de l'industrie au pays, sans alourdir la bureaucratie et sans embaucher des consultants pour qu'ils donnent une idée des émissions séquestrées après avoir parcouru les terres, c'est de ne pas appliquer la taxe sur le carbone à la source. Ne demandons pas aux agriculteurs d'agir comme une marge de crédit pour le gouvernement dans le cadre d'un autre programme. Ne leur disons pas que cette taxe n'aura aucune incidence sur les recettes lorsque nous savons que le remboursement est de 1,73 $ par tranche de 1 000 $. Évitons de le faire.
Je ne doute pas que certaines industries au Canada ont très peu d'avantages écologiques pour le pays. L'agriculture n'en fait pas partie. Ce secteur inclut les organisations communautaires parmi les plus actives pour préserver l'environnement qu'on ne verra jamais. Qui participe aux enchères de Canards Illimités et aux activités de financement des offices de protection de la nature? Ce sont bien évidemment les habitants de la ville, mais aussi les agriculteurs. Les agriculteurs sont présents. Dans certains cas, c'est l'office de protection de la nature qui leur complique la vie, mais ils continuent de soutenir la cause parce qu'ils comprennent le lien entre les terres productives et l'environnement.
Le débat d'aujourd'hui m'a beaucoup plu. C'est un honneur de présenter cette mesure législative. J'ai hâte d'avoir des discussions et d'entendre ce que les autres partis ont à dire à ce sujet, et j'ose espérer qu'ils permettront le renvoi du projet de loi au comité.
Je suis heureux d'avoir eu cette occasion aujourd'hui et je suis prêt à répondre aux questions.
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Madame la Présidente, je reconnais d'emblée que nos collectivités rurales et agricoles ont, au fil des générations, contribué à faire du Canada ce qu'il est aujourd'hui. J'ai eu plusieurs expériences et j'en parlerai dans un instant, mais j'aimerais d'abord remercier nos agriculteurs et ceux qui contribuent à nos communautés agricoles.
Il est important d'admettre que la façon la plus efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre, c'est de mettre un prix sur la pollution. Ce n'est pas seulement le gouvernement du Canada qui le croit. Les gouvernements d'autres pays, des gouvernements provinciaux et des personnes appartenant à presque tous les partis politiques du Canada, à tout le moins des partis politiques élus, reconnaissent la véritable valeur de la tarification de la pollution.
Plus tôt aujourd'hui, j'ai posé une question à certains de mes amis conservateurs lorsqu'ils parlaient du prix de la pollution et de la position de leur parti à ce sujet. Je n'ai pas entendu le député dire qu'il était contre le besoin de mettre un prix sur la pollution. Je crois que certains députés conservateurs comprennent ce besoin et y accordent une certaine valeur. En fait, lors des dernières élections, une partie de la plateforme du Parti conservateur portait sur la tarification de la pollution. Il sera intéressant de voir ce que les conservateurs vont décider au sujet de cette politique.
J'aimerais examiner la question sous l'angle des collectivités du Manitoba, une région qui me tient vraiment à cœur. J'ai constaté l'apport inestimable des communautés agricoles et de toute cette industrie pour notre province, le Canada et les autres pays. J'aimerais en donner quelques exemples tirés de mon expérience personnelle.
Quand je conduis le soir sur l'autoroute 2, je vois de nombreuses moissonneuses-batteuses qui récoltent les produits qui nourriront la planète. C'est très impressionnant de voir la file de toutes ces moissonneuses-batteuses et des camions qui attendent de recevoir leur chargement. Il suffit de voir comment le Manitoba a fait figure de chef de file mondial en mettant au point le canola et les retombées que cela a eues pour constater à quel point la communauté agricole utilise la technologie et se soucie de préserver l'environnement, comme elle l'a toujours fait. Nous pouvons le constater dans l'évolution des méthodes d'exploitation. Je me rappelle que, quand j'avais 14 ans — il y a un certain temps déjà —, je conduisais un tracteur John Deere à quatre roues, tirant un cultivateur dans un champ entier. Plus récemment, l'été dernier, je me trouvais dans un champ d'une entreprise agricole qui élève du bétail, dans le cadre d'une tournée des fermes laitières. J'ai mieux compris cette industrie dont je parle souvent.
Si l'on faisait l'historique de tous les discours que j'ai prononcés à la Chambre, on pourrait constater que je parle souvent de l'industrie du porc du Manitoba et de son rôle pour la province. Cette industrie est très dynamique, elle roule exceptionnellement bien et elle est en pleine croissance.
Nous avons des intervenants comme Peak of the Market. Cette entreprise recueille des légumes et d'autres produits, fait la promotion des produits du Manitoba, et les mets en marché non seulement dans la province, mais aussi ailleurs dans le monde.
Nous en avons vu les bienfaits. Quand on imagine une ferme porcine, on n’imagine pas forcément que la première pièce où l'on met les pieds est une salle de nettoyage où l'on enfile une blouse de travail avant d'aller dans une salle informatique où, grâce à la technologie, on comprend mieux comment les porcs sont élevés de nos jours dans les élevages locaux comme dans les grands élevages porcins.
C’est très impressionnant. C’est l’éleveur qui nous explique ce qu’il fait pour s’assurer d'avoir une perception positive par rapport au fumier généré par ses porcs et son utilisation responsable dans la mesure du possible.
Si on se rend à Gimli, au nord de Winnipeg, on retrouve des fermes bovines. Encore une fois, sur le plan de l’environnement, nous discutions l’an dernier du problème de sécheresse, tout en prenant conscience que le changement climatique est bien réel.
Quand j’ai visité cette ferme en particulier, il était facile de bien comprendre les besoins des agriculteurs.
En fait, une semaine ou une dizaine de jours plus tard, la est allée visiter la même exploitation, car il y a de nombreux intervenants. On n'a qu'à penser à Peak of the Market.
L’Association canadienne des éleveurs de bovins m’a donné la possibilité de visiter cette exploitation en particulier, et j’ai précisé à Robyn que j’aimerais approfondir ma connaissance de cette filière, tout comme je l’avais fait pour la filière de transformation du poulet, où j’avais découvert tout le processus, depuis l’incubation des œufs, en passant par le remplissage de la grange, jusqu’à l’usine de transformation.
Je suis absolument fasciné par la façon dont les agriculteurs du Manitoba ont pris la décision d’assumer la responsabilité de nourrir le monde.
Au sein du caucus libéral, nous avons un caucus rural. Les membres de ce caucus parlent d’exploitations et d’agriculture tous les jours. Notre mission ne se limite pas à faire preuve de sympathie envers les agriculteurs. Elle consiste aussi à pouvoir les aider très concrètement, comme je l’ai fait à plusieurs reprises avec les ministres de l’Agriculture de la province. Nous avons eu des visites guidées, et nous avons participé à des activités qui nous permettaient d’en apprendre davantage sur ce secteur qui est crucial pour nous tous.
Je suis très fier que l'Université du Manitoba ait une école d'agriculture. Elle n'est pas le seul établissement d'enseignement postsecondaire à en avoir une, mais je souligne celle-ci parce que je sais qu'elle fait un travail brillant.
Tant de possibilités s'offrent à nous en matière de développement du canola. Le gouvernement en est conscient et nous continuerons de veiller à ce que nos politiques ne nuisent pas aux agriculteurs et, plutôt, les soutiennent.
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Madame la Présidente, en tant que députée d'une circonscription où l'agriculture est au cœur de l'économie, je prends la parole cet après-midi au sujet du projet de loi .
D'entrée de jeu, je préciserai que le Bloc québécois est en faveur du principe de ce projet de loi. Même si nous ne sommes pas vraiment d'accord sur le fait d'effriter la loi sur le carbone, il est indéniable que les producteurs agricoles jouent un rôle social important et que nous dépendons tous et toutes de leurs activités. Avec l'importance de l'agroalimentaire, de l'agrotourisme et de l'achat local pour l'économie du Québec, et plus précisément dans la circonscription de Shefford, je peux le confirmer.
Cela dit, j'aborderai mon discours sous trois aspects. Je ferai d'abord un retour sur le contexte entourant ce projet de loi. Je parlerai ensuite de la situation au Québec. Je terminerai en parlant de l'importance des agriculteurs dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Pour commencer, j'aimerais faire une petite mise en contexte. Le projet de loi propose de modifier la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre, couramment appelée « taxe fédérale sur le carbone » ou « taxe carbone ». Il est vrai que de retirer certains combustibles de l'application de la taxe carbone, lesquels sont essentiels à la production et à l'élevage, nous apparaît juste, compte tenu du fait que les solutions de rechange sont encore très coûteuses. Pensons aux séchoirs à grains, par exemple.
Il faut savoir que la loi sur le carbone prévoit notamment l'application générale d'une redevance sur les combustibles, qui est payée à l'État par le distributeur à la livraison. Certains critères créent déjà une exception qui fait que la redevance n'est pas payable, notamment la vente à un agriculteur et si le combustible est un combustible agricole admissible. La Loi définit d'ailleurs, à l'article 3, ce qu'est un combustible agricole admissible: de l'essence, du mazout léger ou un combustible visé par le règlement.
Le projet de loi propose essentiellement trois choses. Il vise d'abord à élargir la définition des machineries agricoles admissibles, afin d'y inclure des dispositifs de chauffage, notamment pour les bâtiments hébergeant les animaux.
Il précise ensuite la définition de machinerie agricole admissible pour y inclure les séchoirs à grains. La plupart des séchoirs à grains fonctionnent au propane. Cela représente donc des coûts énormes.
Il vise enfin à élargir l'exemption de la taxe carbone qui s'applique au combustible agricole admissible pour y inclure le gaz naturel commercialisable et le propane. Ces types de combustible sont donc de l'essence, du mazout léger, du gaz naturel commercialisable, du propane ou un combustible visé par le règlement.
Gardons à l'esprit que la taxe carbone est le principal outil dont s'est doté le Canada afin de lutter contre les changements climatiques. Dans le préambule de la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre, il est expliqué qu'une des justifications de la Loi est le fait que certaines provinces n'ont pas élaboré et mis en œuvre de système de tarification des émissions de gaz à effet de serre. À compter de 2016, les provinces avaient le choix de conserver ou de créer un système de tarification de la pollution qui devait désormais respecter la norme fédérale.
Au Québec, le secteur de l'agriculture n'est pas inclus dans le marché du carbone. Il existe aussi, au Québec, une taxe sur les carburants, mais celle-ci est remboursée aux pêcheurs et aux agriculteurs.
En 2013, le Québec avait déjà mis sur pied son propre système de tarification du carbone, le marché québécois du carbone, qui est un système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre. Voici en vrac ce qu'est le marché québécois du carbone: il respecte la norme fédérale; il vise principalement l'industrie, les producteurs et importateurs d'électricité, les distributeurs de carburant et de combustibles fossiles; il ne s'applique pas au secteur de l'agriculture, et les entreprises peuvent prendre part volontairement au marché du carbone.
Indépendamment du marché du carbone et de la taxe carbone, il existe au Québec et au Canada diverses taxes sur les carburants: la taxe d'accise sur l'essence au fédéral, la taxe sur les carburants au Québec, la taxe sur l'essence pour le Grand Montréal. De plus, la TPS et la TVQ s'appliquent au sous-total, après le calcul des autres taxes. Dans les provinces où elle s'applique, la redevance fédérale sur les combustibles s'ajoute aux autres taxes sur les carburants. Au Québec, les agriculteurs ont droit à un remboursement de la taxe sur les carburants, lequel s'applique à la taxe québécoise.
J'ai fait une mise en contexte de ce projet de loi. J'aimerais maintenant parler de la transition juste et de l'importance de l'agriculture pour arriver à ce virage vert.
Le Bloc québécois adhère au principe de la transition juste. Cela signifie que nous reconnaissons qu'il serait injuste d'exiger que l'effort soit réalisé d'un seul coup par les gens qui sont les premières victimes de la crise du secteur de l'énergie et des défis posés par les changements climatiques, à commencer par les travailleurs et leurs familles, ainsi que le monde agricole.
De plus, même si les combustibles agricoles comptent, les émissions de gaz à effet de serre provenant du secteur de l'agriculture sont principalement causées par les troupeaux de bétail et l'utilisation des engrais. Cela n'empêche en rien, au contraire, de continuer de chercher des solutions qui permettraient de réduire l'énergie utilisée par les séchoirs à grains. À court et à moyen terme, les diminutions importantes d'émissions de gaz à effet de serre au Canada doivent provenir des secteurs de la production de pétrole et de gaz, de la production d'électricité à partir de centrales au charbon et du transport routier individuel.
Les provinces de l'Ouest sont largement responsables de l'augmentation des émissions canadiennes de gaz à effet de serre parce que, depuis 1990, elles doivent opérer des changements drastiques de leurs économies et de leur structure énergétique. La nécessaire relance de l'économie suivant la pandémie est une belle occasion de le faire. Si elles entament ce chantier incontournable, le Bloc québécois sera toujours disposé à exprimer sa solidarité et à appuyer les mesures qui donnent un répit à ceux pour qui la transition est un réel défi économique: les travailleurs des secteurs polluants, les agriculteurs et les familles.
Cette méthode est une source d'émissions de gaz à effet de serre, mais qui doit être mise en perspective avec les autres sources canadiennes de gaz à effet de serre, le type de climat et les alternatives disponibles. En effet, les conditions météorologiques et climatiques ont une incidence sur les coûts de production des agriculteurs. L'application de la redevance aux combustibles agricoles décuple ce phénomène. Quant aux alternatives disponibles, si les solutions existent, l'application de la redevance doit être nécessaire pour que les agriculteurs améliorent leurs méthodes et optent pour des technologies plus propres. Cette question et cette dynamique méritent d'être étudiées par les parlementaires.
La politique climatique doit avoir pour objectif de s'adapter aux effets des changements climatiques, dont les conséquences des phénomènes climatiques extrêmes nous touchent. L'idée d'un outil comme la taxe carbone est d'agir comme un incitatif pour changer les comportements, c'est-à-dire de stimuler l'adoption de technologies propres et d'énergies renouvelables et de réduire les émissions.
Comme je l'ai déjà soulevé dans une question, il est fort plausible que l'application de la redevance aux combustibles agricoles ne soit pas si efficace si elle ne pousse pas les agriculteurs à améliorer leur bilan carbone. Cette question mérite également d'être étudiée.
En vertu de l'Accord de Paris, le Canada s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30 % par rapport au niveau de 2005, et ce, d'ici 2030, soit un total de 513 mégatonnes d'équivalent de CO2. Depuis, le gouvernement du Canada a révisé sa cible pour 2030 à la hausse, soit une fourchette de 40 % à 45 % par rapport au niveau de 2005.
Les émissions canadiennes ont augmenté de plus de 20 % depuis 1990. Les émissions de gaz à effet de serre associées au secteur canadien de l'agriculture, quant à elles, ont augmenté de 28 % entre 1990 et 2017, mais se sont stabilisées depuis 2005. Le secteur économique de l'agriculture du Canada émettait au total 72 mégatonnes d'équivalent de CO2 en 2005.
En 2018, le secteur canadien de l'agriculture a émis 59 mégatonnes de gaz à effet de serre, soit 8,1 % du total des émissions du Canada. C'est le chiffre et ce n'est pas énorme. Cependant, les émissions de gaz à effet de serre imputables à la combustion de combustibles à la ferme sont plutôt incluses dans le secteur de l'énergie, alors que les émissions liées aux combustibles agricoles sont comptabilisées avec celles de la foresterie et des pêches dans la sous-catégorie « autres secteurs ».
Ce sont des calculs complexes, mais, en résumé, les sources de combustion fixes pour l'agriculture et la foresterie étaient de 3,8 mégatonnes en 2018 pour tout le Canada. Ce chiffre demeure important et des efforts devront être déployés pour diminuer l'apport de l'agriculture et des combustibles agricoles aux émissions totales de GES.
En revanche, il y a davantage de diminutions potentielles à effectuer dans un horizon rapproché dans les secteurs du pétrole et du gaz, de la production d'électricité et du transport. La structure par secteur des sources d'émissions de gaz à effet de serre varie beaucoup selon les provinces, en particulier en fonction du mode de production de l'électricité.
Historiquement, les provinces de l'Alberta et de l'Ontario sont les plus grandes émettrices de gaz à effet de serre. Au Québec, l'agriculture représente 9,8 % des émissions. À titre de comparaison, le secteur québécois des transports représente 43,3 % des émissions québécoises et le secteur de la production de l'électricité, 0,3 %.
Au Québec, le défi climatique se situe principalement dans le transport routier. Quant à elle, l'augmentation des gaz à effet de serre de l'Alberta de 18 % entre 2005 et 2017 est majoritairement attribuable aux opérations pétrolières et gazières. C'est 50 % du total de la province.
En résumé, si on décide d'épargner aux agriculteurs le fardeau des taxes environnementales, il faut en contrepartie que les provinces de l'Ouest entament la transition énergétique, diversifient leurs économies pour quitter graduellement la production de pétrole et de gaz, et cessent de produire de l'électricité à partir de centrales au charbon.
Tous les secteurs de l'économie doivent être mis à profit dans la lutte aux changements climatiques, mais l'efficacité des mesures de politiques publiques en matière de réductions doit aussi être évaluée en relation avec l'effort qu'elles exigent de la part des citoyens, des travailleurs et des entreprises.
La transition juste implique la prise en compte d'objectifs à la fois environnementaux, sociaux et économiques. La transition énergétique ne doit pas se faire aux frais des travailleurs ou bien des plus vulnérables. Le défi consiste à développer des avenues de politiques publiques permettant de dépasser l'opposition stérile entre économie et écologie.
Je sais que les producteurs agricoles de chez nous sont d'accord avec cela et souhaitent développer de meilleures pratiques. Ils font partie intégrante de la solution.
En conclusion, j'aimerais revenir sur un dossier qui a fait partie des premières heures de mon mandat: la crise du propane en 2019, durant laquelle des agriculteurs m'ont rapidement contactée sur mon cellulaire. Comme on le sait tous, il faut éviter que ce genre de situation ne se reproduise. Les risques sont trop grands pour nos entreprises. Il faut alors agir pour elles. On sait qu'elles sont encore trop dépendantes du propane et du gaz naturel pour alimenter d'autres types d'engins, notamment les séchoirs à grains.
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Madame la Présidente, je suis très honoré de prendre la parole au sujet du projet de loi . Je remercie le député de d'avoir présenté ce projet de loi, qui reprend en fait le projet de loi présenté à la 43
e législature. Je tiens à préciser que, en tant que porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d'agriculture, je vais appuyer le projet de loi, ce qui prouve que nous examinons chacun des projets de loi d'initiative parlementaire qui nous sont présentés en fonction de leur bien-fondé et du principe qui les sous-tend. J'estime que le principe qui sous-tend ce projet de loi est valable.
Je suis porte-parole de notre parti en matière d'agriculture depuis maintenant quatre ans. Cela fait également quatre ans que je siège au comité permanent de l'agriculture et je connais très bien la version antérieure de ce projet de loi, puisque j'étais présent au comité de l'agriculture lorsque ce dernier a étudié à fond les dispositions du projet de loi . Comme je l'expliquerai un peu plus loin dans mon discours, cette mesure est certainement réclamée par la communauté agricole.
Avant d'entrer dans les détails, il m'apparaît important de placer le contexte et de parler des difficultés que posent les changements climatiques. Il est maintenant établi que les changements climatiques causés par l'activité humaine sont une réalité. C'est un fait scientifique vérifiable. Beaucoup de régions du monde commencent à vivre une urgence climatique. Les bouleversements qui se produisent seront de plus en plus coûteux, non seulement pour l'environnement, mais aussi pour l'économie. Les phénomènes météorologiques extrêmes seront de plus en plus fréquents. Les agriculteurs canadiens en souffriront car, comme je l'ai souvent entendu au comité de l'agriculture, les agriculteurs sont aux premières lignes de la lutte contre les changements climatiques.
L'urgence climatique modifie la configuration des précipitations. Les inondations catastrophiques et les sécheresses catastrophiques deviennent plus fréquentes. Ces événements ont un coût réel. Nous l'avons constaté l'an dernier quand la Colombie‑Britannique, ma province, a connu en quelques mois un dôme de chaleur, d'immenses feux de forêt et des inondations qui ont pratiquement coupé la circulation entre le port de Vancouver et le reste du pays. Tout cela a entraîné de grands bouleversements pour les producteurs agricoles des Prairies.
Nous devons reconnaître ce fait en tant que pays, et nous devons mettre en place une politique qui traitera de cette question avec tout le sérieux qu'elle mérite. C'est le combat du XXIe siècle. Malheureusement, la Chambre continue d'être témoin d'une bataille politique au sujet de la taxe sur le carbone, une bataille qui fait fi de nombre de ces réalités et qui empêche le pays de faire preuve du leadership requis pour lutter contre les changements climatiques. Ce qui est toutefois absent de la conversation, c'est le rôle important que jouent et peuvent jouer les agriculteurs et le secteur agricole. Ce rôle porte sur le thème de la séquestration de carbone.
Il est grand temps que nous placions nos agriculteurs sur un piédestal et que nous reconnaissions l'important travail qu'ils accomplissent. Le seul moyen sérieux de résoudre le problème climatique est de réduire la quantité de carbone dans l'atmosphère et de trouver des moyens de le mettre dans le sol, où il peut jouer un rôle stabilisateur.
J'ai été inspiré par un grand nombre d'agriculteurs canadiens qui adoptent des techniques d'agriculture régénératrice. Ils vont au-delà du principe de la durabilité et observent les mécanismes et les principes des écosystèmes pour réduire leurs intrants et contribuer à purifier l'air et l'eau, à régénérer le sol et à accroître la biodiversité. De cette façon, nos chefs de file agricoles renforcent la résilience face aux changements climatiques en relevant et en surmontant les défis sans se laisser complètement dépasser, et il nous incombe, en tant que parlementaires, de permettre à ces chefs de file de trouver en nous des partenaires fiables.
En 2020, je suis allé dans le Sud de la Colombie‑Britannique, où je me suis entretenu avec des éleveurs primés pour leurs pratiques agricoles durables. Je tiens à souligner le travail de l'Association canadienne des éleveurs de bovins, qui montre l'exemple en essayant de reproduire le même écosystème naturel que celui qui existait autrefois dans les Prairies canadiennes. Celui-ci repose sur une relation symbiotique entre les plantes et les animaux rendue possible grâce à des techniques de pâturage en rotation, ce qui permet d'obtenir des pâturages en meilleure santé qui, à leur tour, captent le carbone et le stockent dans le sol, là où il se doit d'être.
Malgré les progrès réalisés en matière de pratiques agricoles dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, la dépendance des agriculteurs d'aujourd'hui aux combustibles fossiles demeure un fait incontournable. Cela est particulièrement vrai pour le séchage des céréales.
Beaucoup de députés se souviendront de l'automne pluvieux de 2019, que l'on a appelé la récolte infernale. Des précipitations importantes et prolongées ont eu lieu juste avant et pendant la récolte dans de nombreuses régions du Canada. Par surcroît, des chutes de neige et des gelées précoces ont également anéanti de nombreuses cultures. Dans ces circonstances, les agriculteurs ont dû recourir à des séchoirs au propane et au gaz naturel pour sécher le grain. Sans l'utilisation de ces séchoirs, les cultures commerciales auraient perdu toute valeur en raison de la pourriture qui s'y serait installée, ce qui aurait constitué une perte économique considérable.
À l'heure actuelle, il n'existe aucune solution commerciale viable pour l'utilisation du propane et du gaz naturel dans le fonctionnement de ces séchoirs, comme se l'est fait expliquer très clairement le comité de l'agriculture au cours de la dernière législature. Dans le cadre de l'étude du projet de loi , nous avons reçu huit mémoires et entendu 29 témoins durant six réunions. Je soulignerai en particulier des passages du témoignage reçu du Conseil de l'innovation agroalimentaire.
Le Conseil a reconnu qu'il est souhaitable de passer à des sources d'énergie nouvelles qui sont renouvelables. Il a également signalé que nous n'en sommes pas encore à un point où les agriculteurs disposent de ces options. Bon nombre des options d'énergie renouvelable ou propre en sont encore au stade expérimental et sont loin d'avoir la capacité dont les agriculteurs ont besoin pour les utiliser à grande échelle. Cela étant dit, on a également reconnu qu'Ottawa peut jouer un rôle clé en aidant à développer davantage la recherche sur de nouvelles sources d'énergie renouvelable et propre.
Je tiens aussi à souligner que nous avons entendu plusieurs témoins au comité qui ont exprimé des réserves à l'égard du projet de loi . Cependant, encore une fois, lorsque j'ai fait valoir qu'il n'y avait aucune autre solution viable, je n'ai entendu aucun argument que je trouve suffisamment convaincant pour changer d'avis. Il y a un véritable intérêt pour la reprise des travaux qui ont été entrepris au comité de l'agriculture. Renvoyons le projet de loi à ce comité afin de pouvoir de nouveau nous pencher de près sur la question, dans l'espoir de trouver des façons d'apporter de légères améliorations.
Il va sans dire que les cultures agricoles des Prairies sont précieuses, surtout quand on sait que la valeur des grains et du canola se chiffre à des milliards de dollars, et que cette industrie est un moteur économique extraordinaire dans ces régions. Ces secteurs ont besoin de notre appui, surtout lorsqu'ils ont des problèmes auxquels il n'y a aucune autre solution viable. C'est une partie importante de notre économie, comme bon nombre de mes collègues peuvent en témoigner.
Pour les deux dernières minutes de débat sur le projet de loi , je dirai qu'il permettrait principalement de définir le combustible agricole admissible ainsi que la machinerie agricole admissible. En ce qui concerne le combustible agricole admissible, le projet de loi veillerait à ce que le gaz naturel et le propane en fassent partie. Pour ce qui est de la machinerie agricole admissible, je crois qu'il s'agit d'une amélioration par rapport au projet de loi qui l'a précédé. Le projet de loi traite spécifiquement du séchage du grain tout en laissant une place au chauffage et à la climatisation des bâtiments. Je tiens toutefois à souligner que cette section est probablement trop vague et que j'aimerais l'examiner de plus près au comité. Cela étant dit, il y a des progrès à faire et des négociations à tenir pour améliorer ce projet de loi avant d'en faire rapport à la Chambre.
En conclusion, dans le cadre de notre débat sur le projet de loi , j'espère que nous profiterons de l'occasion pour reconnaître les coûts astronomiques que les agriculteurs doivent absorber. Le Syndicat national des cultivateurs a décrit ces coûts dans les moindres détails, en indiquant que la dette des agriculteurs canadiens s'élève maintenant à plus de 100 milliards de dollars et qu'elle a presque doublé depuis l'an 2000. Depuis 1990, les sociétés qui fournissent de l'engrais, des produits chimiques, de la machinerie, des combustibles, des services technologiques et du crédit aux agriculteurs ont accaparé presque tous les revenus des agriculteurs, laissant à ces derniers à peine 5 % du total de leurs revenus.
Même si je pense que les mesures prévues dans le projet de loi auront une incidence appréciable, nous devons aussi saisir cette occasion pour avoir une plus vaste discussion sur le soutien que nous apportons aux agriculteurs afin de nous assurer qu’ils conservent la majorité des profits issus de leur travail.
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Madame la Présidente, je suis certes reconnaissant de pouvoir parler au nom des agriculteurs canadiens. Je tiens à remercier mon collègue, le député de , d'avoir présenté ce projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi . J'espère que nous l'appuierons tous à cette étape‑ci, ainsi qu'aux prochaines. Je souhaite faire suite aux propos de mon collègue, mais je veux en modifier un peu l'angle pour me concentrer sur ce que le secteur agricole fait déjà, sur ce qu'il a accompli et sur la façon dont cette mesure législative peut l'aider.
Les agriculteurs et les éleveurs canadiens peuvent s’enorgueillir d’être des innovateurs au chapitre de la gérance environnementale. C’est un fait. Ils ont pris l’initiative d’aller de l’avant sur leurs fermes sans attendre que le gouvernement ou qui que ce soit d’autre leur dise quoi faire. Les agriculteurs canadiens ont adopté des pratiques, comme le travail de conservation du sol, qui ont réduit les émissions de gaz à effet de serre de plus d’un demi-million de tonnes par année. Ils l’ont fait parce que c’était la chose à faire et parce que c’est plus efficace.
D'autres secteurs, comme l'industrie des poules pondeuses, ont aussi réduit leur consommation énergétique de plus de 40 %, leur consommation d'eau de 70 % et l'empreinte de leurs installations de 80 %. Le Canada a été un des premiers pays au monde à se doter d'un cadre sur le bœuf durable certifié axé sur les résultats. Encore une fois, ce cadre n'a pas été créé parce que le gouvernement l'avait ordonné ni grâce à la surveillance et à la réglementation gouvernementales. Les éleveurs de bovins canadiens l'ont fait parce que c'était la bonne chose à faire.
Ce programme profite au territoire et à l'environnement du pays et, grâce à lui, les éleveurs de bovins veillent sur plus de 68 % des habitats fauniques au Canada. Cela signifie la protection d'une partie importante de la biodiversité au Canada. D'ailleurs, les prairies canadiennes forment l'écosystème le plus menacé de la planète. Je sais que très peu de Canadiens le comprennent vraiment ou le croient, mais ce sont les familles d'éleveurs du pays qui protègent cet écosystème fragile.
J'invite tous les députés qui ne l'ont pas encore fait à regarder le documentaire intitulé Guardians of the Grasslands, produit en partenariat par la Canadian Cattlemen's Association, Canards Illimités Canada et Conservation de la nature Canada. Ce documentaire montre à quel point la biodiversité des prairies canadiennes est menacée. Je suis très fier que ce documentaire ait été tourné dans ma circonscription, Foothills, à la coopérative d'éleveurs Waldron dans le Sud de l'Alberta.
Qu'est-ce que tout cela signifie? Cela signifie que les agriculteurs canadiens ont compris depuis longtemps que la durabilité et les données scientifiques fiables sont essentielles pour l'agriculture. Elles sont essentielles pour leurs familles, mais aussi pour leurs résultats financiers. Toutefois, il faut également les soutenir, particulièrement lorsqu'il n'y a pas de solutions de rechange.
En allant de l'avant avec le projet de loi , nous pouvons permettre à nos agriculteurs de demeurer concurrentiels sur le marché mondial. Cela leur donnerait les outils dont ils ont besoin pour investir davantage dans la durabilité et l'innovation. Cela exclurait également le gaz naturel et le propane de la taxe sur le carbone, ce qui leur permettrait de chauffer leurs étables et de sécher leur grain à un prix abordable et ainsi de demeurer concurrentiels.
Ce projet de loi s'appuie sur tous les aspects du secteur agricole, et je crois que nous devons reconnaître l'importance de ce fait. Par exemple, l’Alliance sur le carbone d’origine agricole, une coalition nationale de 14 organisations agricoles représentant plus de 190 000 entreprises agricoles ayant généré 70 milliards de dollars en recettes monétaires agricoles, nous dit que le projet de loi est sensé, alors nous devrions l'écouter.
Voici certaines citations d'intervenants qui appuient le projet de loi .
Dave Carey, vice-président de l'Alliance sur le carbone d'origine agricole, a dit ceci:
En tant que coalition nationale d'organisations agricoles à l'échelle de l'industrie, nous nous attachons à donner la priorité à des solutions pratiques pour que nos producteurs et éleveurs puissent rester compétitifs et utiliser les outils à leur disposition lorsqu'il n'existe pas de sources de carburant de rechange. [Le projet de loi C‑234] apportera un soulagement économique à nos membres, en libérant le fonds de roulement dont ils ont besoin pour mettre en œuvre des innovations environnementales à la ferme.
Bob Lowe, président de l'Association canadienne des éleveurs de bovins, a dit ceci:
Les producteurs de bœuf et les éleveurs recherchent continuellement des moyens d’améliorer leurs opérations sur le plan environnemental et de contribuer davantage aux objectifs du Canada en matière de changement climatique. Le projet de loi C‑234 fournira les exemptions tant attendues pour des pratiques agricoles essentielles, notamment le chauffage et la climatisation des granges et le floconnage.
La taxe sur le carbone des libéraux a des conséquences bien réelles. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a vérifié les chiffres, et ils sont troublants. En moyenne, à la première année de la taxe sur le carbone des libéraux, l'agriculteur canadien moyen a payé 14 000 $. L'année dernière, la somme a atteint 45 000 $. Le 1er avril, une autre hausse de 25 % s'appliquera à cette taxe. Ainsi, les agriculteurs canadiens paieront en moyenne 70 000 $ par exploitation agricole. Comme beaucoup de mes collègues l'ont dit cet après-midi, les marges de profits sont très minces dans cette industrie. Ces hausses de taxes acculent les agriculteurs canadiens à la faillite, ce qui est insensé étant donné le rôle essentiel qu'ils jouent non seulement pour nourrir les Canadiens, mais également pour contribuer à la lourde tâche de nourrir le monde.
Je vais donner aux députés quelques exemples tirés de ma circonscription. J'ai fait passer le mot pour savoir si des agriculteurs et des producteurs de ma région étaient prêts à me fournir leurs factures incluant la taxe sur le carbone. De Hilltop Dairy, à Fort MacLeod, la famille Van Hierden m'a envoyé ses factures incluant la taxe sur le carbone. En 2021, elle avait payé plus de 7 000 $ pour une ferme. À titre de comparaison, Mountain View Poultry, près d'Okotoks, la ferme de la famille Kielstra, a payé plus de 12 000 $ en taxe sur le carbone en janvier seulement. On parle d'un seul mois.
Mon collègue et le Parti libéral ont parlé d'appuyer le projet de loi , qui comporterait un programme de remboursement de la taxe sur le carbone aux agriculteurs. Ce remboursement serait de 1,70 $ pour chaque tranche de 1 000 $ dépensés. C'est une fraction de ce que les agriculteurs canadiens paient actuellement en taxe sur le carbone; la taxe serait donc loin d'être neutre. En revanche, le projet de loi ferait en sorte que les agriculteurs n'aient simplement pas à payer cette taxe sur le carbone, ce qui serait plus efficace, quand on pense aux formalités administratives et à ce qu'il en coûte pour administrer un remboursement de la taxe sur le carbone, qui ne remplit aucunement ses objectifs. Le projet de loi C‑234 permettrait certainement aux agriculteurs canadiens de faire ce qu'ils font de mieux et de poursuivre leurs activités.
Un examen un peu plus approfondi du programme montre à quel point il serait insoutenable. Le coût de production par acre en Alberta est d'environ 400 $. La taxe sur le carbone ajoutera un coût de plus de 3 $ l'an prochain, mais ce coût s'élèvera à 11 $ en 2030 et il passera à 18 $ par acre en Saskatchewan et à 13 $ par acre au Manitoba. Cela engloutirait les profits réalisés par les agriculteurs pour continuer à gagner leur vie.
De plus, le prix des aliments va continuer de grimper. Les agriculteurs n'ont aucun moyen de refiler leurs dépenses, alors le coût de la vie grimpe déjà en flèche. Partout au pays, les Canadiens s'inquiètent de ne plus pouvoir nourrir leur famille, et cette hausse de la taxe sur le carbone ne va qu'exacerber la crise actuelle du coût de la vie.
Il a déjà été question à maintes reprises à la Chambre de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Cette invasion va provoquer d'autres crises alimentaires mondiales. Les agriculteurs canadiens veulent pouvoir aider, mais ils en seront incapables à cause de cette taxe sur le carbone nuisible à l'agriculture instaurée par le gouvernement libéral qui les empêchera de faire ce qu'ils font le mieux, c'est-à-dire produire des aliments durables de grande qualité pour nourrir non seulement les Canadiens, mais aussi le reste de la planète.
Je sais que c'est ce que veulent faire les agriculteurs canadiens. Ils sont plus que disposés à assumer ce fardeau et cette responsabilité, mais pour cela, nous devons leur donner tout ce qu'il leur faut pour pouvoir être concurrentiels tant sur les marchés mondiaux qu'ici, au Canada.
Maintenant plus que jamais, nous devons nous assurer que les agriculteurs canadiens bénéficient de soutien et d’une structure leur permettant de réussir; en exonérant les carburants agricoles comme le gaz naturel et le propane de la taxe sur le carbone, on leur permettrait de rester en affaires. Je demande à tous les députés de soutenir mon collègue de et son projet de loi pour aider les agriculteurs canadiens partout au pays.