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Monsieur le Président, nous venons d’assister à un échange d’idées tout à fait intéressant, surtout avec les députés du Bloc qui ne perdent jamais une occasion de défendre leur objectif ultime, à savoir la fragmentation du Canada.
J’estime que le Canada est un grand pays. En fait, beaucoup d’étrangers aimeraient venir s’installer au Canada, et je crois que c’est à cause de notre diversité, qui est absolument unique au monde.
Après avoir écouté attentivement les questions et réponses des 10 dernières minutes, je me dois de saisir l’occasion pour rappeler pourquoi il est important que nous ayons un gouvernement central qui gouverne l’ensemble du Canada. C’est un système qui fonctionne avec les provinces, avec les territoires et avec les dirigeants autochtones, ainsi qu’avec beaucoup d’autres parties prenantes, comme nous l’avons vu pendant la pandémie. À la Chambre des communes, nous avons un gouvernement qui est très sensible aux besoins des différentes régions et provinces, et je le dis à propos de la commission électorale.
J’ai dit tout à l’heure, en posant une question au député du Bloc, que lorsque la commission électorale a proposé de diminuer d’un siège la représentation du Québec, la réaction des députés du caucus libéral ne s’est pas fait attendre. Elle a été unanime, même de la part des députés non issus du Québec, même si je dois reconnaître que mes collègues du Québec se sont montrés particulièrement véhéments sur la nécessité de préserver le nombre de sièges attribués à la province. Tout le monde s’est rapidement entendu là-dessus, aussi bien dans la population qu’au sein de la Chambre. Le député a rappelé que, lors d’un vote, je m’étais prononcé en faveur du maintien du nombre de sièges attribué au Québec.
J’ai déjà eu l’occasion de parler au sujet du Québec, d'où sont originaires mes ancêtres, aussi bien de mon côté maternel que de mon côté paternel. Pendant des générations, ma famille a vécu au Québec et je dirai même qu’elle a participé au développement du Québec. J’ai beaucoup d’affection pour cette province, sans compter que les Canadiens de Montréal est la deuxième équipe de hockey que je préfère.
Cela dit, je reconnais que la représentation est une question importante, et qu’Élections Canada fait un excellent travail depuis des années. Mais j’aimerais bien comprendre ce qui se passe ici aujourd’hui, car il semblerait que le Bloc québécois fasse cause commune avec le Parti conservateur. Non, je ne rêve pas. On dirait que le Parti conservateur va appuyer la motion. Nous allons donc avoir une coalition bleu foncé et bleu clair pour que la question soit renvoyée au comité. Je dois dire aux députés que cela m’inquiète pour plusieurs raisons.
Sommes-nous en train de préparer le terrain pour que, chaque fois que le gouvernement sera sur le point de faire adopter un projet de loi, les membres de la coalition des deux bleus proposent des amendements pour élargir la portée du projet de loi qui viendra d’être adopté en deuxième lecture?
Une voix: Oh, oh.
M. Kevin Lamoureux: Monsieur le Président, un député du Bloc vient de dire « pourquoi pas? ». Je pense qu’il faut être bien conscient de ce que cela implique.
Voici ce que je pense. D’après ce que j’ai observé à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi, je soupçonne les conservateurs de ne pas appuyer ce que le Bloc propose de faire au comité. Certes, ils semblent appuyer en principe le renvoi du texte au comité, et peut-être que la coalition s’est entendue là-dessus, mais il va falloir attendre de voir comment cela va se passer. Si j’étais prêt à parier, je dirais que c’est la coalition des deux bleus qui va essayer de renvoyer cela au comité.
Cela me pose un problème, car jusqu’où cela va-t-il aller? Il est déjà assez difficile pour le gouvernement de faire adopter des projets de loi à la Chambre des communes, étant donné l’opposition systématique des députés conservateurs, quel que soit le contenu du projet de loi, qu'il y soient favorables ou non. À moins que le gouvernement ne soit prêt à imposer l’attribution de temps, les projets de loi ne seront pas renvoyés à un comité.
Je n’ai pas fait de recherche là-dessus, mais je crois que nous aurions même été obligés d’imposer l’attribution de temps pour le projet de loi . Je n’en suis pas absolument sûr, mais c’est ce que je pense. Tout ce que je sais, c’est que nous allons maintenant avoir un autre débat sur le projet de loi , parce que le Bloc veut inclure quelque chose dans le texte qui dépasse probablement la portée du projet de loi à l'étape de l'étude en comité. La commission électorale a des responsabilités, et elle a aussi un échéancier qu’elle doit respecter. Les conservateurs sont en train de permettre au Bloc d’aggraver la confusion au Québec au sujet de l’échéancier à respecter.
La commission a proposé un certain nombre de sièges. Nous avons exprimé notre désaccord et nous avons proposé un amendement, parce que nous étions tous conscients de la nécessité de préserver le nombre de sièges attribué au Québec. C’est une décision qui faisait l’unanimité à la Chambre, du moins c’est ce que je croyais. Je pense que nous avons envoyé un message clair au Québec, et que la population de cette province est mieux en mesure de comprendre que les commissaires sont indépendants.
La province du Manitoba, par exemple, est déjà en train de procéder au redécoupage électoral. Les nouvelles délimitations seront annoncées un de ces jours, je ne sais pas quand exactement, mais la province a déjà prévu des consultations publiques pour les 14 circonscriptions du Manitoba, ce qui permettra à la population de s’exprimer. Pour la province du Québec, si la commission respecte la volonté de la Chambre, il y aura 78 circonscriptions dont il faudra modifier les délimitations, mais rien n’est certain tant que le projet de loi n’est pas adopté. C’est la raison pour laquelle nous avons encouragé les députés, pendant tout ce débat, à adopter le projet de loi . Autrement dit, en adoptant sans tarder ce projet de loi, nous permettons à la commission de finaliser le redécoupage des circonscriptions du Québec.
Maintenant, avec ce qui semble être l’appui du Parti conservateur, le Bloc a trouvé le moyen de potentiellement semer la zizanie dans les comités. De notre point de vue, et j'espère que c'est aussi celui de la majorité des députés, l’important est que non seulement la province du Québec ne perde pas de siège, mais aussi que la commission puisse produire un rapport qui réponde aux aspirations des Québécois pour ce qui est du redécoupage électoral, car c’est absolument essentiel. Tout cela se tient. Il y a un échéancier qui doit être respecté pour que les nouvelles délimitations soient en vigueur pour les prochaines élections fédérales.
Je suis bien placé pour savoir que c’est quelque chose d’important pour la circonscription de Winnipeg‑Nord. Il y a 10 ans, les délimitations qui avaient été proposées étaient bien différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. En fait, Amber Trails n’était même pas dans la circonscription, une bonne partie du quartier The Maples non plus, ce qui signifie que plus de 10 000 personnes étaient exclues de ce qui est aujourd’hui la circonscription de Winnipeg‑Nord. L’extension s'étendait au nord de McPhillips, jusqu’à Kingsbury et au boulevard Inkster. C’était complètement différent de ce qui existe aujourd’hui.
Dans le cadre du processus, une présentation a été organisée où l'on montrait les cartes des limites des circonscriptions. Les gens ont fait connaître leur point de vue, et les délimitations ont été considérablement modifiées en conséquence, du moins dans Winnipeg‑Nord. Cela a eu un impact sur les circonscriptions de Kildonan—St. Paul et de Winnipeg‑Nord, qui comprend aujourd’hui 85 % d’Amber Trails et la totalité du quartier The Maples. Ces quartiers ont été réintégrés dans Winnipeg‑Nord.
Je dis cela parce qu’il faut tenir compte du travail qui incombera au Québec et à la commission. Avec les modifications prévues pour la ville de Montréal, je suppose qu’il y aura des changements pour un certain nombre de rues, tout comme à Québec et dans des municipalités rurales. Il faut bien comprendre que ce redécoupage électoral est rendu nécessaire par les déplacements de population et les augmentations démographiques dans certaines régions. Le Manitoba, par exemple, est beaucoup plus urbain aujourd’hui qu’il ne l’était il y a 30 ans. À l’assemblée législative provinciale, il y avait jadis plus de députés de régions rurales que de députés de Winnipeg. Aujourd’hui, il y a plus de députés provinciaux de Winnipeg que de députés de régions rurales, mais c'est strictement sur le plan urbain-rural. C'est sans compter que la population de certaines collectivités rurales augmente davantage que d’autres. Il y a des variations dans la population.
Le même principe s'applique à la province du Québec. La population du Manitoba est passée de 1,15 million à près de 1,3 million d'habitants. Le nombre de sièges est demeuré à peu près le même parce que, comme même le Bloc l'a mentionné, il y a une garantie à cet égard. C'est quelque chose que nous avons pris en considération. L'Île‑du‑Prince‑Édouard est le meilleur exemple de cette garantie. En effet, à son entrée dans la Confédération, l'Île‑du‑Prince‑Édouard avait quatre sièges, et la Constitution précise qu'elle doit conserver ces sièges.
Il s’agit en fait du nombre de sénateurs. Qu'on ne me cite pas sur ce point, mais je crois que c’est ce qu’il en est. Il y a un accord constitutionnel qui permet...
M. Garnett Genuis: C’est dans le hansard.
M. Kevin Lamoureux: Oui, monsieur le Président, si c’est dans le hansard, c’est vrai. Il y a un accord constitutionnel qui permet à l’Îl‑du‑Prince‑Édouard de conserver ce nombre minimum de sièges. Le même principe s’applique à d’autres endroits. Nous avons trois territoires dans le Nord, chacun ayant un représentant. Qui, à la Chambre, refuserait cette représentation?
De toute évidence, nous avons vu le type de changements qui ont été faits et que le projet de loi tente d'apporter, alors pourquoi ajouter de la confusion? Voilà pourquoi Élections Canada est chargé de veiller à ce que nous ayons un système juste et équitable. Nous avons la commission qui, de manière très apolitique, établit les chiffres réels.
Comme je l’ai souligné, lorsqu’elle a établi le nombre pour le Québec, c’était pour une grande variété de raisons, la langue française étant l’une d’entre elles. Le Québec est un îlot d’unicité française ou francophone en Amérique du Nord. Je suis très fier de ce fait. Je ne sais peut-être pas parler français, mais je peux quand même me soucier de cette langue. Elle fait partie de mon patrimoine personnel. Je suis très fier de la langue française. Je l’encourage dans Winnipeg‑Nord. Je suis toujours étonné de voir des immigrants, surtout des immigrants de première génération, qu’ils soient d’origine philippine, pendjabie ou indo-canadienne, qui peuvent parler le pendjabi, l’anglais et le français, ou bien le tagalog, l’anglais et le français. Je suis très fier du fait que nous sommes un pays bilingue.
Au Québec, le français est la langue parlée, et nous avons pu constater à quel point le , bon nombre de mes collègues québécois et ceux d’ailleurs apprécient l’importance de la langue française, non seulement pour la province de Québec, mais pour tout le Canada. Elle témoigne de notre diversité. C’est pourquoi, lorsque l’annonce a été faite qu’il y aurait une réduction du nombre de sièges au Québec, la réaction au sein du caucus libéral, du aux ministres et à l’ensemble du caucus, a été très rapide. Dans un laps de temps relativement court, un projet de loi a été présenté et étudié à l'étape de la deuxième lecture. Ensuite, je soupçonne qu’avec l’attribution de temps, il passera à l’étape de l'étude en comité. Nous voulons que la mesure législative soit adoptée. Je crois que tous les députés reconnaissent la nécessité de maintenir 78 sièges comme strict minimum. Personnellement, j’aimerais voir non seulement une augmentation du français, mais aussi de la population francophone.
En fin de compte, j’espère que les députés reconnaîtront l’indépendance et l’excellent travail d’Élections Canada et de nos commissions et qu’ils permettront aux Québécois d’avoir une discussion publique avec la commission en ce qui concerne les collectivités qui composeront les circonscriptions fédérales représentant les Québécois ici, à Ottawa.
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Monsieur le Président, je me permets d’éclairer la lanterne du député. Lorsque nous avons entamé cette discussion, le Parti conservateur a laissé entendre qu’il voyait la motion d’un bon œil et qu’il aimerait qu’elle soit adoptée. Puis, un autre député qui semblait contrarié par cette mesure nous a demandé pourquoi nous voulions qu’elle soit renvoyée au comité. Il se peut qu’il y ait une certaine confusion dans les rangs conservateurs à ce sujet, mais je peux me tromper dans mes déductions.
Cependant, d’après ce que je vois, nous avons les deux teintes de bleu. Ce qui est bien, c’est qu’il s’agit toujours du bleu foncé par rapport au bleu clair. En fin de compte, il semblerait qu’ils s’entendent pour que le projet de loi soit renvoyé au comité, si tant est qu’ils puissent le faire.
Je dis cela parce que le député a proposé une motion pour dire que le vote soit tenu maintenant et qu’il y a eu un certain dialogue par la suite. Grâce à ce dialogue, nous avons une meilleure idée de ce dont le Bloc veut vraiment parler. Nous l’avons vu. C’est le député qui a soulevé la question. Je n’ai fait qu’y répondre.
La modification de la Constitution, voilà ce dont parle le député du Bloc. Il parle de la nécessité de certaines des choses que le Bloc aimerait voir se réaliser, et elles exigeraient un changement constitutionnel. Je fais valoir aux députés du Bloc que les Canadiens dans leur ensemble, peu importe où ils vivent, que ce soit au Manitoba, au Québec ou ailleurs au Canada, ne veulent pas que le gouvernement parle de la Constitution. Ce sujet n’est tout simplement pas à l’ordre du jour politique.
Voilà le bon côté avec le projet de loi . Le fera ce que tous les députés, si j’ai bien compris, veulent voir se produire, c’est-à-dire que la province de Québec ne perde aucun siège et conserve au moins 78 sièges. De manière fin finaude, le Bloc veut ramener sur le tapis la question de la Constitution.
Bien que le Bloc veuille attirer l’attention de la Chambre sur cette question, je peux assurer aux gens qui suivent le débat ou simplement les délibérations de la Chambre au jour le jour que, peu importe ce que la coalition conservatrice-bloquiste propose, qu’il s’agisse de diffamation, de débats constitutionnels ou de quoi que ce soit d’autre, le gouvernement du Canada et le continueront de se concentrer sur les questions qui sont importantes pour les Canadiens.
En ce qui concerne la question précise du projet de loi , sur laquelle porte cette motion, le a été très clair, par l’intermédiaire du et de l’ensemble du caucus libéral, sur le fait que la base de référence est de 78 sièges.
Le gouvernement a bien d’autres priorités que le projet de loi . Je soupçonne que nous n’allons pas gaspiller nos ressources futures sur des questions comme le débat constitutionnel, au cours des 12 prochains mois. Les Canadiens se remettent de la pandémie. Les industries sont à la recherche d’employés. Des sujets préoccupent les nombreux ministères avec lesquels le gouvernement fédéral traite quotidiennement. Ce sont là les questions qui sont d’importance primordiale.
Le projet de loi traite d’un aspect, à savoir la Commission de délimitation des circonscriptions électorales et le rapport qu’elle a publié il n’y a pas si longtemps, indiquant le nombre de sièges. Je suis ici depuis quelques années, et Élections Canada, en tant qu’organisme, est reconnu dans le monde entier pour son excellent travail. En fait, si on jette un coup d’œil à de nombreux autres pays dans le monde, on constate qu’Élections Canada est souvent sollicité pour aider d’autres pays à mener leurs élections. Une partie de ce statut est attribuable à cet aspect d’indépendance, qu’il s’agisse de la création de commissions de délimitation des circonscriptions électorales, du commissaire aux élections, de la Loi électorale ou de la mise en place d’une élection réelle.
Une de mes suggestions plus tôt aujourd’hui faisait référence à la fierté des Canadiens d’être un pays bilingue, avec le français et l’anglais. Quelle que soit la région du pays où on se trouve, il est également nécessaire d'examiner les moyens d’améliorer la capacité d’Élections Canada à modifier indirectement les limites des circonscriptions électorales, mais aussi à accroître la participation aux élections.
Lorsque j’ai proposé de parler des langues lors d’une journée de l’opposition, j’ai pensé que cela aurait été une chose merveilleuse à voir se produire, mais de façon positive. Le Bloc semble avoir une vision négative des choses, et ses membres ne reconnaissent pas nécessairement la véritable valeur de la diversité du Canada, mais il y a, à mon avis, une façon positive de tenir ce débat. J’aimerais également voir un débat sur ce sujet si les membres de l’opposition cherchent d’autres domaines où ils peuvent approfondir ce genre de discussions sur Élections Canada et les façons dont nous pouvons améliorer le rôle d’Élections Canada en période électorale.
Il y a beaucoup de choses différentes que nous pouvons faire au sujet des élections. J’ai participé à des débats au comité de la procédure, tant sur la délimitation des circonscriptions que sur la réforme électorale, alors je sais que l’intérêt pour ces deux domaines est très vif. Les gens comprennent pourquoi nous devons avoir ces commissions. Elles sont nécessaires en raison de l'évolution démographique. Elles existent pour tous les ordres de gouvernement.
Au sein des assemblées législatives, on constate souvent des variations. Par exemple, dans la province du Manitoba, il y a l’opposition entre les régions rurales et les régions urbaines. J’ai déjà fait référence au fait qu’à une certaine époque, il y avait plus de sièges ruraux, à l’extérieur du périmètre, que de sièges dans la ville de Winnipeg, mais les choses ont maintenant changé. Cependant, des règles permettent d’avoir une représentation rurale dans certaines zones dont l’électorat ou la population est plus faible. Si on prend les populations moyennes, on constate souvent que certaines circonscriptions rurales se situent à l’extrémité inférieure.
Je me suis déjà entretenu avec des commissaires, et les facteurs dont ils doivent tenir compte lorsqu’ils prennent des décisions sur le redécoupage des circonscriptions ne se limitent pas à tracer une ligne sur une carte là où il y a des cours d’eau et des rues principales. C’est loin d’être le cas.
Je me souviens d’une discussion avec un membre du conseil d’une commission, à l’échelle provinciale, qui m’avait dit qu'il fallait aussi tenir compte des collectivités en plein essor. Il s’agit de zones où l’on prévoit une forte croissance, de sorte que l’on ne veut pas dépasser de beaucoup la moyenne, sachant très bien qu’une zone donnée continuera de croître à un rythme exponentiel.
Je me souviens aussi d’un changement de circonscription, survenu en 1988, alors qu’une circonscription provinciale a été littéralement coupée en deux. Le même principe s’applique à l’échelle nationale, et c’est un facteur dont il faut tenir compte. Un autre facteur est celui des communautés. Le plus possible, nous voulons garder les communautés ensemble. J’ai déjà vu toutes sortes de modifications des limites qui ont souvent divisé des communautés. Je me souviens du cas de Weston et de Brooklands, juste au sud de Winnipeg‑Nord, deux secteurs qui ne font qu’une dans l’esprit de beaucoup de gens. Cependant, sur le plan civique, ils ont été coupés en deux le long d’une rue. On a supposé que c’était une division naturelle, d’une division « concrète », si je peux m’exprimer ainsi, parce qu’il s’agit d’une grande artère. Or, le lien est très fort entre les deux côtés.
Voilà pourquoi j’affirmerais, en définitive, que lorsque nous examinons les données démographiques, la croissance de la population, tant aujourd’hui qu’en vue des prochaines années, il est absolument essentiel que les commissions puissent mener des consultations appropriées avec la population. Je le crois sincèrement.
Au lieu de tenter de faire à nouveau obstruction au projet de loi à l’étape de l’étude en comité en disant: « Eh bien, élargissons la portée de la discussion à l’étape de l’étude en comité », alors que la question a déjà été tranchée ici à la Chambre une fois auparavant, pourquoi ne pas permettre l’adoption du projet de loi, dans toute sa simplicité? Cela permettrait à la commission de la province de Québec de s’atteler à la tâche et de rencontrer les Québécois pour obtenir directement leur avis. Si la commission veut obtenir l’avis du Bloc, je pourrais probablement lui dire quelle est la position du Bloc sur cette question.
Il est temps que les politiciens permettent au projet de loi de sortir du comité pour qu’il puisse revenir à la Chambre, car nous n’avons pas beaucoup de temps. Nous sommes déjà en juin et je pense qu’il est prévu que nous terminions nos travaux le 23 juin. Cela ne laisse pas beaucoup de temps. Les députés peuvent faire le calcul: combien d’heures de séance reste-t-il avant l'ajournement d'été?
Je ne pense pas que nous devrions jouer à des jeux sur cette question. J’espère qu’au bout du compte, j’inciterai les députés du Bloc et peut-être même les conservateurs à ne pas faire d’obstruction au projet de loi lorsqu’il sera soumis à un comité permanent, de sorte que ce dernier puisse adopter le projet de loi, le renvoyer à la Chambre et le faire adopter à l'étape de la troisième lecture pour qu’il puisse être transmis au Sénat et recevoir la sanction royale. Tout cela doit se faire relativement rapidement.
Pour ceux qui pourraient penser qu’il s’agirait d’une tactique d’obstruction un peu tordue, le projet de loi est déjà devant le comité. Le comité pourrait l’adopter. Il n’a pas besoin de cette motion. Cette motion ne vise pas à faciliter l’adoption du projet de loi et les conservateurs, même s’ils appuieront probablement cette motion, le savent bien.
Au bout du compte, c’est la quête d’un autre objectif qui se joue sur le parquet de la Chambre des communes. Cela tient davantage d’une manœuvre politique de la part du Bloc et des conservateurs, qui tentent de modifier un projet de loi ou sa portée après avoir fait de l’obstruction. On dirait qu'ils ne sont pas rassasiés de l’obstruction dont nous sommes témoins à la Chambre des communes et qu’ils veulent en faire plus en comité, en modifiant la portée, alors ils présentent un amendement qui n’est pas vraiment pertinent ou dont la présidence jugerait qu’il dépasse la portée du projet de loi. Si cette motion n’est pas adoptée, ce sera probablement la décision de la présidence. C’est pour cette raison que les députés du Bloc l’ont présentée. Je pense qu’ils commencent à adopter certains des principes d’obstruction chers aux conservateurs.
Je suggère aux députés du Bloc que s’ils se soucient vraiment de ce que les Québécois ont à dire sur ce projet de loi, ils devraient encourager son adoption et se joindre aux députés libéraux du Québec, qui veulent que ce projet de loi soit adopté et qu'il obtienne la sanction royale, afin que les habitants du Québec, ceux qui contribuent réellement à tracer ces limites, aient la même possibilité de participer que le reste de la population canadienne.
D’autres commissions vont de l’avant. Pourquoi le Bloc n’offrirait-il pas la même possibilité aux Québécois? Je soupçonne que c’est parce qu’il poursuit peut-être un autre objectif. Nous l’avons vu dans les questions et les réponses du député qui a proposé la motion, pour essayer de forcer un vote sur cette question. Ils sont impatients de la faire adopter. Ils veulent le renvoyer au Comité pour causer plus de problèmes, ce qui, au bout du compte, engendrera des retards supplémentaires. Cela fait partie de la motivation du Bloc. Je le comprends, mais je n’ai pas le temps de m’étendre sur ce point particulier.
Je peux dire que nous, au caucus du gouvernement, croyons que les Québécois, les membres du grand public, doivent avoir leur mot à dire à la commission sur l’emplacement des limites ou de formuler des recommandations dans le cadre du rapport que la commission désignée dans la province de Québec présentera au comité.
Finissons-en maintenant. Faisons sortir le projet de loi du comité et ramenons-le pour la troisième lecture.
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Madame la Présidente, c'est avec plaisir que je me lève à la Chambre aujourd'hui pour parler de cette motion, que je trouve intéressante et que nous accueillons favorablement parce qu'elle soulève une question fondamentale.
Le Bloc demande que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre étudie la question du poids politique du Québec. Nous sommes très ouverts à cette possibilité, car il serait question de démocratie et d'égalité, de reconnaissance de la nation québécoise, de protection du Québec à la Chambre et du poids que nous pouvons avoir comme représentants de nos concitoyens et concitoyennes.
C'est un sujet que je trouve vraiment pertinent et dont l'étude n'empêche pas la tenue de travaux parlementaires sur d'autres dossiers et d'autres questions.
Je suis très fier aussi du travail que le NPD a fait comme premier pas vers la protection du poids politique et de la place du Québec à la Chambre. En effet, dans l'entente que nous avons négociée avec le gouvernement minoritaire, nous avons fait inscrire la garantie, comprise dans le projet de loi que seraient protégés les 78 sièges du Québec, lequel risquait d'en perdre un comme on se rappelle.
Je suis très fier de cette réalisation du NPD. Nous pouvons clairement dire aux Québécois et aux Québécoises que nous avons tenu notre promesse de les représenter ici avec ce premier pas dans la bonne direction. Ils sont maintenant protégés alors qu'ils risquaient un recul. Nous avons été là. Nous avons tenu notre promesse de défendre les Québécois et les Québécoises.
Je trouve cette question importante parce que, quand on parle du poids politique du Québec ou d'une province, on parle de quelque chose qui touche l'ensemble des citoyens et des citoyennes, presque toute la population, pas juste de petits groupes ou un secteur.
Je trouve d'ailleurs intéressant qu'on parle de cela aujourd'hui, alors que les citoyens de l'Ontario s'expriment en ce moment et toute la journée dans le cadre de l'élection des membres de leur législature provinciale. J'encourage tout le monde à aller voter et on ne se surprendra pas de savoir que j'encourage les Ontariens et les Ontariennes à donner leur appui au NPD provincial. Je souhaite une très belle journée à sa cheffe, Mme Andrea Horwath, et j'espère qu'elle va finir la journée avec un caucus très fort. On va suivre le déroulement de la journée avec beaucoup d'intérêt.
En parlant du poids politique des provinces, je vais entrer dans les détails plus techniques de notre régime assez particulier au sein de la fédération canadienne.
Il y a aussi toute la question des immigrants et des immigrantes. Il existe des outils politiques, administratifs et législatifs qui peuvent aider, mais l'outil de base est le poids démographique. Je pense qu'on encourage une immigration ouverte et inclusive, qui permet au Québec d'accueillir plus d'immigrants et d'immigrantes et d'avoir les moyens et les ressources pour bien les intégrer et les franciser au besoin.
Tout cela fait partie des moyens permettant justement de maintenir une représentation équitable du Québec, laquelle est à peu près à 23 % en ce moment, ce que permet aussi la garantie du 78e siège.
Au NPD, nous sommes vraiment favorables à la création de chemins vers la citoyenneté et non pas de freins à la citoyenneté dans le cas des travailleurs temporaires et des résidents permanents qui viennent travailler au Québec et au Canada. Je pense qu'on doit se doter de dispositifs pour accueillir favorablement les nouveaux citoyens et pour accélérer les processus, qui sont extrêmement longs en ce moment. On sait qu'il existe de nombreux problèmes au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration et je le souligne. Je pense que cela fait partie de la réflexion et du débat qu'on doit avoir sur la citoyenneté en général.
La démocratie, à la base, est un principe révolutionnaire selon lequel c'est le peuple qui décide, pas un roi soi-disant mandaté par une quelconque divinité et qui règne avec sa famille pendant des siècles en partageant le pouvoir entre les aristocrates. Un vaste mouvement révolutionnaire est survenu en France, évidemment, mais aussi en Angleterre et aux États‑Unis, avec pour objectif de dire que tous les citoyens et les citoyennes sont égaux devant la loi, que c'est à eux que revient la possibilité de nommer leurs dirigeants et dirigeantes et que c'est ainsi qu'ils seront représentés.
Évidemment, au début, c'était très imparfait. Dans le premier système démocratique, il y avait le suffrage censitaire selon lequel le droit de vote était réservé aux citoyens les plus riches. Les gens qui étaient trop pauvres pour être propriétaires ou pour payer de l'impôt n'avaient pas le droit de vote. C'était un système à deux vitesses où on proclamait l'égalité, mais ce n'était pas un droit acquis.
Dans notre système actuel, un nombre à peu près semblable de citoyens et de citoyennes sont représentés dans chaque circonscription pour qu'il y ait une certaine équité et égalité que l'on reconnaît dans le droit de vote qui s'exprime à la Chambre ou dans un Parlement, afin que les gens ne soient pas sous-représentés ou surreprésentés de manière excessive. Ce souci d'équité et d'égalité des citoyens et des citoyennes existe. Cela fait partie des critères de base reconnus par Élections Canada pour le redécoupage électoral, qui est fait par les commissions provinciales. Est-ce le seul critère? La réponse est non.
On vit dans un système d'exceptions où d'autres critères s'appliquent à la représentation à la Chambre des communes. Trois critères existent présentement.
La clause sénatoriale garantit qu'aucune province ne peut pas avoir moins de députés qu'elle a de sénateurs. Cette clause crée des distorsions importantes quant à la représentation par rapport au poids démographique et au nombre de citoyens, mais elle a été reconnue et acceptée. Cela profite, par exemple, à l'Île-du-Prince-Édouard de manière très flagrante, très claire, et c'est correct. Cela a été négocié et tout le monde s'entend là-dessus. Le système fonctionne ainsi.
Il y a la « clause territoriale », ou la règle de représentation, pour le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon. Il serait difficile d'appliquer une règle stricte pour le nombre de personnes qui habitent dans ces circonscriptions, parce que cela voudrait dire que d'immenses territoires qui ont des identités et un sens de communauté propres ne pourraient pas être représentés ou seraient noyés dans une circonscription tellement vaste et immense que cela ne voudrait rien dire. Cette règle de représentation est importante; on la respecte et il faut continuer à le faire.
Je pense notamment à ma collègue du qui doit représenter des communautés qui ont une identité, une culture, une langue et des intérêts communs. Tous les jours, elle se bat ici, à la Chambre, pour mettre de l'avant et défendre les intérêts de ces communautés tellement importantes qui ont des besoins très spécifiques dans des contextes particuliers.
Il y a la clause des droits acquis qui ne s'appliquait pas au Québec jusqu'à maintenant. C'est ce que nous avons réussi à négocier au NPD, pour garantir qu'aucune province ne perde de députés, malgré le redécoupage électoral, les flux migratoires, et les différences entre le poids de la population dans leur province.
Si on additionne tout cela, la clause sénatoriale, la règle de représentation et la clause des droits acquis pour quatre provinces, si ma mémoire est bonne, on vit déjà dans un régime d'exceptions, où le poids démographique n'est pas le seul critère, mais est encadré, bonifié ou modifié par certaines dispositions.
Cela nous amène à la question soulevée par la motion, celle d'étudier la possibilité d'avoir une clause pour le Québec. Si, en tant que parlementaires, nous avons reconnu l'existence de la nation québécoise, il nous revient de réfléchir aux conséquences politiques, démocratiques et administratives que cela aura.
Plusieurs ententes asymétriques ont déjà été négociées entre Ottawa et Québec par le passé et c'est normal. En adoptant la Déclaration de Sherbrooke et certaines résolutions lors de ses congrès, le NPD a reconnu la nation québécoise. Il y a également l'idée d'un fédéralisme asymétrique où le Québec pourrait avoir des pouvoirs particuliers ou des ententes particulières sur certains enjeux qui doivent être négociés.
En tant que néo-démocrates progressistes, nous portons cette vision de reconnaître la nation québécoise et d'avoir un fédéralisme asymétrique. Je pense que nous devons avoir des discussions sur ce que cela veut dire concrètement, dans les faits, afin de réfléchir aux conséquences que cela peut avoir. Si certaines clauses ont été négociées et créées pour certaines provinces et certains territoires par le passé, je pense que nous devons être courageux et cohérents et aller de l'avant avec ce regard et cette particularité.
Cette idée de protéger le poids politique du Québec à la Chambre n'est pas nouvelle ni révolutionnaire.
Cela a déjà été négocié par un gouvernement fédéral conservateur et un gouvernement libéral à Québec, entre Brian Mulroney et Robert Bourassa. Cette disposition était inscrite dans l'accord de Charlottetown. Ce n'est pas nouveau. Cela a déjà été accepté par le passé et cela a déjà été même normalisé. Il y a eu des discussions sur ce sujet, et sur bien d'autres également, puisque l'accord de Charlottetown parlait de beaucoup d'autres choses. Le NPD avait soutenu l'accord de Charlottetown. On a déjà eu une réflexion, une discussion à cet égard, et les néo-démocrates acceptaient cela.
Je pense aussi que cela est conforme à la conception historique des deux peuples fondateurs. Rappelons-nous la commission Laurendeau‑Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme. Rappelons aussi cette entente historique qui disait au départ qu'on allait être ensemble, mais qu'il y avait deux peuples fondateurs, l'un, d'origine britannique, et l'autre d'origine française. Je pense qu'on doit garder cette perspective en tête dans la gestion de nos affaires et dans la représentation que nous avons à la Chambre. On doit conserver cette vision dans la Loi sur les langues officielles, qui reconnaît le français et l'anglais comme les deux langues officielles du pays. On fonctionne en vertu de cette règle à la Chambre des communes. Celle-ci n'est pas toujours très bien respectée par l'administration libérale, par certaines entreprises assujetties à la Loi sur les langues officielles, mais c'est un autre aspect.
Cela dit, je ne me sens pas à l'aise quand je dis qu'on doit respecter la notion de deux peuples fondateurs. Bien sûr, c'est important, mais, en même temps, c'est historiquement insultant pour les Premières Nations, qui étaient là bien avant que les colons français ou britanniques arrivent ici. Cette notion de deux peuples fondateurs, on doit la garder en tête — en tant que Québécois, je la défendrai toujours —, mais on doit avoir à l'esprit que ces deux nations fondatrices sont arrivées après d'autres nations qui occupaient le territoire depuis des millénaires. On les a mises de côté, on les a oubliées, on ne les a pas respectées. Dans certains cas, on a même tenté de faire un génocide culturel, on a voulu les éliminer. On a fait des choses horribles, comme les pensionnats autochtones, et cela fait partie de notre histoire.
On doit donc tenir une discussion sur la place et le poids des Premières Nations dans notre démocratie et à la Chambre. Personnellement, je suis tout à fait disposé à étudier certains scénarios, comme celui de la Nouvelle-Zélande, où des sièges de députés sont réservés aux aborigènes de la Nouvelle‑Zélande. C'est une autre manière de voir les choses et de construire un système politique et une démocratie rassembleurs, qui pourraient corriger l'erreur historique de considérer qu'il n'y a eu que deux nations fondatrices.
Pour trouver un équilibre qui n'est pas nécessairement facile à faire, on doit avoir cette ouverture d'esprit, dans un esprit de réconciliation avec les Premières Nations et les peuples autochtones. C'est un enjeu que je trouve important et dont le caucus du NPD se fait porteur. On devrait donc tenir également une discussion sur la place et le poids politique des Premières Nations à la Chambre.
Je reviens à la question d'égalité, parce que, tant qu'à parler de démocratie, de système politique et de représentation, je me permettrai de dire que, malheureusement, la notion même d'égalité des votes des citoyens et des citoyennes, en ce moment, n'est pas respectée. Ce n'est pas à cause des dispositions de notre système électoral dont je viens de parler. Elle n'est pas respectée parce que notre système politique, notre système de vote, est inéquitable.
On vit avec un système archaïque de mode scrutin uninominal majoritaire à un tour, qui permet des distorsions démocratiques incroyables entre la décision des citoyens et des citoyennes et la représentation à cette Chambre.
Parlons-en. Si on veut avoir le meilleur système possible, il faut pouvoir discuter du mode de scrutin proportionnel, qui respecterait la volonté populaire et le choix des citoyens et des citoyennes. On vit dans un système absurde où parfois un gouvernement peut être élu avec moins de 40 % des votes. On a souvent vu cela. Un parti politique obtient 37 ou 38 % des votes et obtient 55 à 60 % des députés à la Chambre, donc 100 % du pouvoir. C'est absurde. Une majorité de citoyens ont voté contre un parti politique, parfois à 60 ou 62 %, et on donne les clés du pouvoir à ce parti politique de manière absolue pendant quatre ans.
C'était une promesse des libéraux, en 2015. L'élection de 2015 devait être la dernière avec un mode de scrutin inéquitable et archaïque.
J'ai siégé au Comité spécial sur la réforme électorale. Pendant un an, nous avons sillonné le pays pour écouter les gens, pour écouter des intervenants de groupes concernés par la question, des élus locaux, des professeurs d'université et des experts. Nous avons fait des sondages en ligne et écouté les gens. Dans une écrasante majorité, tout le monde a pu constater que le système actuel est brisé, qu'il ne correspond pas au respect de l'égalité des citoyens et des citoyennes et que la Chambre n'est pas représentative du choix fait par les gens. Ce sont 90 % des témoins venus nous rencontrer au Comité qui nous ont dit cela, et c'est ce que nous ont révélé 90 % des mémoires reçus. Ensuite, le gouvernement libéral s'est rendu compte que cela allait dans la mauvaise direction, que ce n'était pas nécessairement là où il voulait aller. Il a donc fait un sondage en ligne, un sondage incroyablement biaisé, et 75 % des gens ont tout de même répondu qu'ils souhaitaient avoir un mode de scrutin proportionnel.
Au Comité spécial sur la réforme électorale, il y a eu une entente entre le Parti conservateur, le Bloc québécois, le NDP et le Parti vert. Nous nous entendions pour tenir un référendum, pour suggérer aux Canadiens et aux Québécois d'adopter un mode de scrutin proportionnel. La majorité des membres du Comité avaient trouvé un consensus pour être capables d'aller de l'avant et de proposer un vrai changement aux gens. La réponse incroyable de la part des libéraux a été qu'il n'y avait pas de consensus. Ils ont pris ce travail et l'ont mis à la poubelle. C'en était terminé. Ils ont ensuite pris congé. Les libéraux ont agi ainsi parce que ce n'était pas là où ils voulaient aller. C'était absolument faux de dire qu'il n'y avait pas de consensus. Il y avait un énorme consensus au sein des témoins, des gens interrogés et des partis politiques représentés au Comité. Les libéraux étaient les seuls isolés. Toutefois, comme ils étaient au pouvoir, ils ont fait ce qu'ils voulaient. Ils ont brisé leur promesse, et nous sommes passés à côté d'une occasion historique.
Je pense que nous devons ramener cette question à l'avant-scène. Cela est important pour l'amélioration de notre système démocratique. Je disais tantôt qu'un parti politique peut être élu avec un pouvoir absolu grâce à moins de 40 % des votes. On a déjà vu pire: un parti politique avait obtenu davantage de voix, mais il était devenu un parti de l'opposition, tandis que le parti arrivé en deuxième position dans le vote populaire avait obtenu le pouvoir. Il ne s'agit donc pas seulement d'une distorsion, mais d'une tartufferie. C'est aller à l'encontre de la volonté populaire. Si nous sommes de vrais démocrates et que nous croyons que nous devons représenter à la Chambre le choix des citoyens et des citoyennes, il faut également avoir cette vraie conservation sur un mode de scrutin beaucoup plus adapté, qui est d'ailleurs celui de la grande majorité des démocraties du monde.
Le Canada est l'un des rares pays, avec le Royaume‑Uni et les États‑Unis, à avoir encore ce système. La plupart des pays du monde ont des modes de scrutin proportionnel, avec différents systèmes. Nous pourrions parler longtemps des différents modèles qui existent, mais je veux surtout dire que le mode de scrutin proportionnel est beaucoup plus respectueux de la volonté populaire.
Je suis très content de participer au débat d'aujourd'hui. Je pense que la question de notre système électoral, de la reconnaissance de la nation québécoise, du poids politique des différents territoires, des différentes communautés ou des différentes nations à la Chambre est importante et fondamentale. En tant que démocrate, j'aime toujours parler de démocratie, du pouvoir des citoyens et des citoyennes, ainsi que de la possibilité d'améliorer notre système.
Je suis prêt à répondre aux questions, mais je tiens à dire que je trouve intéressante la recommandation qui a été faite dans cette motion, et je pense que c'est tout à fait adapté de demander à un comité parlementaire d'étudier la question du poids politique du Québec. Cela fait partie des discussions normales que nous devons avoir à la Chambre.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole.
C’est vraiment incroyable. C’est la seule journée de toute cette législature consacrée à un débat sur l’état de notre démocratie, en particulier sur les règles qui régissent la Chambre. Malheureusement, il semble que les autres partis souhaitent débattre d’une motion différente et qu’ils accaparent le temps réservé à cet important débat sur la santé du Parlement et la santé de notre démocratie.
Le député de , qui semble être le seul à intervenir la plupart du temps au sein du caucus gouvernemental, a déjà accaparé 40 minutes de la journée qui auraient pu être consacrées à ce débat sur le Règlement, les règles du Parlement, et l’état de notre démocratie.
La raison pour laquelle les libéraux ne veulent pas tenir un débat sur la santé de notre démocratie et les règles qui la régissent est très claire. La triste vérité, c’est que notre Parlement est en déclin. C’est évident pour bon nombre d’entre nous, comme le démontrent les mesures objectives de la santé de notre démocratie. Sous la direction du premier ministre Stephen Harper, le recours à l’attribution de temps et à la prorogation du Parlement suscitait l’ire des libéraux et des commentateurs qui craignaient que ces mesures portent atteinte à la démocratie en limitant le débat et en empêchant les autres partis de demander des comptes au gouvernement.
Aujourd’hui, les libéraux, avec l’appui des néo-démocrates, ont non seulement recours à l’attribution de temps pour limiter le débat, mais en plus, ils normalisent le recours à des motions de programmation qui suppriment des étapes entières de l’étude de projets de loi, notamment en entravant leur étude en comité et en empêchant la proposition d’amendements. Ces partis sont passés de l’indignation à l’idée d’escamoter toute étape de l’étude d’un projet de loi à l’adoption de motions visant à sauter des étapes entières de l’étude.
Le Parlement a également été suspendu durant une grande partie des dernières années et lorsqu’il siège, les séances se déroulent partiellement sur Zoom. Des députés dûment élus et leur personnel n’ont pas le droit d’entrer au Parlement à cause de leur choix personnel en matière de santé, même si ces mêmes personnes socialisent avec des membres du personnel et des députés non masqués et non vaccinés lors de réceptions dans un édifice voisin.
Bon nombre des députés qui ont décrié le recours à l’attribution de temps sous Stephen Harper défendent aujourd’hui le non-respect du fonctionnement de cette institution sur de multiples fronts, parce que cela serait prétendument nécessaire pour empêcher de prétendues manœuvres partisanes et tactiques dilatoires. C’est comme si les députés étaient obligés de faire tout en leur pouvoir pour adopter rapidement des projets de loi d’initiative ministérielle sans examen sérieux.
Aujourd’hui, nous sommes saisis de la motion no 11, qui est une atteinte de plus à la démocratie. Cette motion permet au gouvernement de modifier le moment de l’ajournement à son gré, sans préavis ni vote, ce qui rend la tâche extrêmement difficile aux députés de l’opposition.
Nous ne sommes pas seulement un Parlement en déclin; nous sommes une démocratie en déclin. Ce n’est pas tellement que nous ne sommes plus une démocratie, mais plutôt que notre démocratie s’affaiblit et que nous devons réagir. L’autorité mondialement reconnue en matière de mesure de la démocratie est l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, mieux connu sous l’acronyme anglais IDEA. Il est basé à Stockholm.
L’IDEA reconnaît que la démocratie n’est pas un absolu: c’est une mesure de la performance d’un pays selon une série de paramètres, comme le gouvernement représentatif, des institutions impartiales et des droits fondamentaux. Selon l’IDEA, la performance du Canada au chapitre des variables clés des contrôles appliqués au gouvernement et de l’efficacité du Parlement est en net recul. Notre performance, au titre des contrôles appliqués au gouvernement, est de 0,68. C’est plus bas qu’aux États‑Unis et dans tout autre pays d’Europe occidentale. Notre cote pour un Parlement efficace a dégringolé de 0,73 en 2015 à 0,59 maintenant. C’est tout juste au-dessus de la moyenne mondiale.
Il n’y a pas que les conservateurs qui disent que notre Parlement est en déclin. Ce sont les experts de renommée mondiale responsables de mesurer la santé des parlements et des démocraties parlementaires qui affirment que nous sommes un Parlement en déclin.
Malheureusement, je n’ai pas le temps de faire une analyse complète du déclin de la démocratie au Canada, mais je veux parler de ce dont nous devrions parler aujourd’hui, c’est-à-dire de la façon dont le bon fonctionnement du Règlement nous donne des outils pour freiner le déclin de la démocratie. Comme les règles de la Chambre des communes, son Règlement a un rôle particulier à jouer pour nous aider à préserver la vitalité de nos institutions.
L’objet du Parlement est de rassembler des Canadiens qui sont choisis par les différentes localités et parlent en leur nom, de discuter du bien commun de l’ensemble de la nation et d’adopter des lois en conséquence. Dans ce contexte, le rôle du Règlement est de prescrire la forme de ces délibérations, par exemple, qui peut prendre la parole, pendant combien de temps et de quelle façon sur quels sujets. Cela équilibre la nécessité d’entendre les perspectives les plus diverses avec le besoin de procéder à l’adoption des lois dans un délai raisonnable.
Le Règlement et les traditions de la Chambre sont parfaitement adaptés pour atteindre cet équilibre nécessaire. Au bout du compte, en démocratie, la majorité devrait l’emporter. Les règles de la Chambre existent, dans une certaine mesure, pour ralentir la majorité et pour donner la possibilité d’exprimer d’autres points de vue et laisser à la minorité la chance d’essayer de persuader la majorité.
La démocratie, c’est l’idée que la majorité doit régner, mais pas que la majorité a toujours raison. Les majorités peuvent se tromper sur des questions cruciales. En particulier, depuis l’aube de la démocratie, les penseurs s’inquiètent de la façon dont la stimulation des passions éphémères chez la majorité peut créer une sorte de mentalité de gouvernement par la masse et déboucher sur de mauvaises décisions. Même les décisions unanimes en réaction à des impulsions et des passions éphémères peuvent être amèrement regrettées par la suite lorsque la tyrannie du moment est calmée.
Les fondateurs des démocraties modernes avaient perçu ces risques. Ils ont fait remarquer que la première démocratie au monde avait tué le premier philosophe connu au monde. La démocratie moderne a cherché à améliorer la loi de la rue qui régnait jusque-là en libérant le peuple de la tyrannie des élites et de la pensée à court terme, et elle a donc cherché à stimuler la prise de décisions fondées sur le jugement réfléchi du peuple au fil du temps.
La majorité devrait trancher, mais on devrait quand même s’attendre à entendre des points de vue contraires et à bien réfléchir aux conséquences des décisions avant de les finaliser. Ces exigences ne garantissent toujours pas une bonne prise de décisions, mais elles en améliorent les chances.
Les personnes et les collectivités prennent de meilleures décisions lorsqu’elles y accordent une mûre réflexion. C’est une fonction clé du Parlement en général, et du Règlement en particulier, que de créer le temps et l’espace nécessaires à une démocratie authentique et délibérative et au jugement réfléchi du peuple au fil du temps.
Ceux qui ont élaboré et raffiné le Parlement en tant que mode d’expression du majoritarisme, mais aussi à titre de frein et contrepoids, ont bien compris que la délibération proportionnelle augmente la possibilité que la majorité parvienne à bien répondre aux grandes et aux petites questions sans conséquences imprévues.
Notre Règlement n’est pas parfait, mais il vise généralement à établir cet équilibre vital entre la règle de la majorité et les délibérations. Un problème qui est à l’origine du déclin de notre Parlement aujourd’hui, ce n’est pas tant le Règlement lui-même, en fait, mais la désinvolture avec laquelle on s’écarte souvent des règles qu’il renferme.
En principe, si des règles sont établies et si les structures sont comme elles devraient l’être, il n’est pas nécessaire de les contourner. Pourtant, c’est une véritable constante que d’entendre un représentant du gouvernement se lever à la Chambre pour proposer que la Chambre prenne des mesures nonobstant tout article du Règlement ou l’usage habituel de la Chambre. Chaque fois que nous acceptons cela, nous choisissons d’aller à l’encontre de cette sagesse de longue date et, par conséquent, nous devrions être très prudents.
Le consentement unanime, même sur des questions de procédure banales, implique que la Chambre déroge à la pratique établie. Je ne suis certes pas contre le fait de dévier des règles de façon limitée dans de tels cas, mais je pense tout de même que nous devrions en reconnaître les risques.
Ce qui est bien pire, c’est ce que nous voyons de plus en plus au cours de la présente législature, c’est-à-dire la façon dont la Chambre va souvent au-delà du simple fait de dévier de certains articles, par consentement unanime, pour simplifier la procédure. Nous fonctionnons maintenant selon une série de règles spéciales, adoptées par la majorité de la Chambre malgré les objections de la minorité, qui ont fondamentalement modifié nos pratiques et ainsi limité la participation de l’opposition et la responsabilisation du gouvernement.
Nous avons des motions de programmation du gouvernement, dont j’ai déjà discuté. Nous avons les efforts réguliers des députés d’inciter la Chambre à se prononcer sur des questions de fond par consentement unanime, sans préavis. On demande aux députés d’appuyer à l’unanimité une chose, de s’opposer à autre chose ou même d’adopter un projet de loi à toutes les étapes sans préavis ni débat.
L’utilisation de ces motions de consentement unanime découle d’un véritable problème. À mon avis, les députés n’ont pas suffisamment de temps pour présenter des propositions de fond. J’appuierais des modifications au Règlement offrant aux députés davantage d'occasions de présenter des motions de fond ou des projets de loi d’initiative parlementaire.
Je soupçonne cependant que nous verrions quand même des députés se lever à l’improviste pour demander que toute la Chambre se prononce sur des questions de fond sans avis ni débat officiels. Nous verrions encore des motions du gouvernement visant à contourner des articles du Règlement établis depuis longtemps.
Ceux qui utilisent de façon obsessive les motions de consentement unanime cherchent, peut-être involontairement, à réduire les freins et contrepoids essentiels et à nous ramener au régime démocratique de la rue où règne la tyrannie du moment et non le jugement réfléchi de la population. Je m’oppose à ces efforts de revenir à une démocratie purement majoritaire pour remplacer une démocratie fonctionnelle et délibérative.
Le recours à des motions de consentement unanime se prête également à de grandes manœuvres politiques lorsqu’on profite de l’absence de certains députés pour les présenter ou lorsqu’on lance une conversation animée avec certains députés pour qu’ils ne remarquent pas qu’une motion a été proposée. Il est évident qu’avec les tâches et autres responsabilités au sein des comités, tous les députés ne peuvent pas siéger à la Chambre à longueur de journée.
C’est pourquoi nous avons, par exemple, une sonnerie avant les votes. Les motions de consentement unanime enfreignent les droits des députés absents. Le Règlement et le Président devraient s'efforcer de préserver et de protéger les droits des députés et la santé de notre démocratie délibérative en restreignant ces types de…
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Madame la Présidente, c'est un honneur, comme toujours, de prendre la parole à la Chambre pour parler d'enjeux pressants pour notre pays. Je trouve décidément intéressant de voir le mécanisme utilisé aujourd'hui dans le contexte de la motion que le Bloc a présentée pour mettre de l'avant certaines des priorités de ses députés et faire connaître le point de vue des citoyens qu'ils représentent.
Pendant les neuf prochaines minutes et demie, j'ai l'intention de parler un peu du fond de la motion et de l'ensemble des réalités auxquelles la Chambre est confrontée. J'espère que cela donnera lieu à un échange constructif sur l'importance de l'institution parlementaire et de ses règles et procédures. Les députés qui ont déjà écouté certaines de mes interventions ne seront pas étonnés d'entendre que je suis très préoccupé par ce à quoi nous assistons actuellement et qui m'apparaît être un déclin de la démocratie au Canada.
Toujours dans le contexte de cette motion, je m'attarderai sur le fait que la représentation de certaines provinces qui ont une culture distincte soulève des questions et des préoccupations. Comme je viens de l'Alberta, je connais la réalité d'une province sous-représentée à la Chambre en raison du nombre de sièges qui lui sont alloués. Si je ne m'abuse, à la Chambre basse de notre Parlement bicaméral, la représentation est censée être fondée sur la population. Nous sommes aussi gravement sous-représentés à la Chambre haute. Ce sont des éléments dont il faut tenir compte lorsqu'il est question de faire en sorte que l'infrastructure démocratique du pays puisse s'adapter aux réalités futures de notre pays.
La pandémie a provoqué de profonds bouleversements qui ont eu des répercussions sur le Parlement. Je n'aurais jamais cru, en particulier au cours de la 43e législature, devoir me battre autant comme nouveau député pour simplement arriver à faire mon travail. En effet, de nombreux aspects de notre travail ont un lien direct avec les règles et le Règlement qui régissent les délibérations de la Chambre.
Au cours des mois qui ont suivi les dernières élections et des deux dernières législatures, le Parlement a pris une allure bien différente. La COVID a rendu cela nécessaire, bien entendu, mais j'ai également constaté que le Canada a beaucoup tardé à faire en sorte que le Parlement s'adapte pour que la démocratie demeure un service essentiel en plein cœur d'une pandémie mondiale. J'espère que nous pourrons en tirer des leçons, en plus de celles qui ont été apprises, afin que la Chambre puisse retrouver ce que j'appellerais une forme de normalité et assurer une vraie représentation. Je vais parler de la motion no 11 dans un instant, mais je veux d'abord souligner que la pandémie nous a montré que la reddition de comptes peut se cacher derrière un écran d'ordinateur. Je sais que le a présenté une série de propositions très raisonnables pour permettre à cette enceinte d'effectuer un retour à la normale.
Parlons maintenant de la motion no 11, car je dois dire qu'elle contient plusieurs éléments qui font sourciller. Je peux seulement imaginer ce qui serait arrivé s'il avait fallu qu'un premier ministre conservateur — l'ancien premier ministre Stephen Harper, par exemple — songe à présenter une motion comme celle-là. Nous aurions assisté à une levée de boucliers de la part de tout ce que le pays compte de politiciens et d'observateurs politiques. Le gouvernement a éliminé les demandes de quorum et donné aux ministres le pouvoir de prolonger les séances comme bon leur semble, et ce, sans consulter qui que ce soit à part le partenaire avec qui il forme une coalition, ce qui ajoute au stress du personnel de soutien. J'ai fait pas mal de recherches et, à mon avis, la motion no 11 pourrait rendre les débats actuels inconstitutionnels.
Comme je le disais dans un recours au Règlement qui a eu lieu plus tôt cette année, on peut lire dans la deuxième édition du Privilège parlementaire au Canada que « les tribunaux peuvent être un moyen efficace de garantir le respect des exigences imposées par la Constitution quant à la procédure d'adoption des lois ». Le quorum fait partie de ces exigences constitutionnelles. Je serais curieux de savoir si les libéraux et leurs partenaires néo-démocrates sont même conscients que la constitutionnalité des débats est loin d'être garantie.
Je m'interroge également sur l'entente de soutien et de confiance qui a été conclue. Grâce à la motion no 11 et à diverses autres tactiques, le gouvernement a prouvé qu'il ne veut pas vraiment d'opposition; ce qu'il veut, c'est un public, qu'il soit formé de conservateurs, de bloquistes ou même de verts. Même si le Parti vert n'est pas officiellement reconnu au Parlement, ses députés ont fait connaître leur position. Or, à cause de cet accord de soutien et de confiance, pour lequel les Canadiens n'ont jamais voté, le rôle du Parlement est court-circuité.
J’aimerais aussi parler des exigences actuelles liées à la vaccination, qui, selon moi, enfreignent le privilège parlementaire. Il y a aussi une conversation plus importante à avoir au sujet des milliers de Canadiens qui ont été congédiés à cause du libéral. Nous venons d’apprendre que 1 600 membres des Forces armées canadiennes ont été congédiés par le gouvernement, à un moment où il y a une énorme pénurie de personnel dans nos forces armées. C’est inacceptable. Le leadership doit venir d’en haut et il faut ajuster le tir. Il faut comprendre que ce genre d’imposition a des conséquences pour notre pays. Nous devons veiller à ce que les règles et les procédures que nous suivrons respectent le fait que nous ne serons pas toujours d’accord. Nous ne devons pas instrumentaliser les choses comme l’a fait le premier ministre. Nous ne devons pas faire des exigences de vaccination une arme pour taire nos opposants politiques.
Je vais maintenant aborder, comme le député de l’a fait avant moi, les motions demandant le consentement unanime de la Chambre. Nous avons vu croître un fossé bien inquiétant entre le pouvoir exécutif, l’administration et le Parlement. Les motions demandant le consentement unanime en témoignent.
Nous avons vu la Chambre adopter des motions demandant le consentement unanime qui n'ont pas été respectées et qui ont affecté, en principe ou en réalité, des sommes du Trésor considérables sans conséquence. Je pense que, lorsqu’il s’agit de motions de nature administrative, procédurale ou dilatoire, le processus actuel fonctionne bien. Toutefois, quand il est question de stratégies ou de questions politiques, il faut ajuster les choses. Il faut apporter un changement pour veiller à ce que l'esprit de ces motions et leur utilisation ne servent pas à nuire au fonctionnement efficace et adéquat de la Chambre.
En ce qui concerne la voie à suivre pour les motions demandant le consentement unanime, si elles ne sont pas, comme je l'ai mentionné, de nature administrative, procédurale ou dilatoire, je crois que le consentement doit être fourni pour qu'un député puisse même présenter une motion de consentement unanime. Ce serait une solution pratique. Le consentement devrait être obtenu. Voici toutefois une idée pour les députés qui envisageront ces décisions importantes: si les leaders parlementaires de chaque parti politique enregistré étaient d'accord, je crois qu'il serait parfaitement raisonnable qu'une motion de consentement unanime soit présentée, ce qui montrerait qu'il y a eu des consultations exhaustives. Si ce n'est pas le cas, ils auraient besoin d'obtenir le consentement pour procéder simplement à partir de ce stade.
Je profite de la dernière minute qu'il me reste pour aborder deux points supplémentaires. Je dirai qu'il faut veiller à ce que le rôle de cet endroit soit parallèle à l'administration gérée par l'exécutif. Si le gouvernement existe, c’est uniquement grâce au Parlement. C'est ainsi que cela fonctionne dans une démocratie parlementaire.
J'espère qu'il y a eu un lien entre le débat en cours et le débat sur le Règlement à venir. J'espère aussi avoir été en mesure de soulever efficacement quelques éléments pertinents qui faciliteront le débat à la Chambre.
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Madame la Présidente, en participant au débat d’aujourd’hui, j’avais espéré qu’il aurait porté sur la question que nous étions censés débattre. Une fois par cycle parlementaire, nous avons une occasion particulière de parler de la procédure parlementaire de la Chambre et des façons de l’améliorer. Au moins au sein du caucus libéral, nous avons diverses occasions d’en parler, d’avancer des idées et d’en discuter entre nous. Cela aurait certainement été une excellente occasion d’en faire autant à la Chambre avec tous les autres députés.
Je me rends compte que certains députés, comme les deux derniers conservateurs, en ont glissé un mot par inadvertance dans leurs discours, et je le comprends, mais il aurait été préférable d’avoir la possibilité de vraiment le faire. Au lieu de cela, nous sommes saisis d’une motion d’instruction présentée par le Bloc québécois. La plupart des députés n’avaient jamais entendu parler d’une motion d’instruction il y a deux jours, lorsque les conservateurs en ont présenté une de but en blanc, spontanément, et voilà que le Bloc québécois leur emboite le pas. Je ne peux pas m’empêcher de me demander s’il a peut-être vu ce que les conservateurs ont fait il y a deux jours et qu'il a trouvé que c’était une autre bonne façon de chambouler les travaux de la Chambre. Peut-être ne voit-il pas l’importance de discuter des questions de procédure de la Chambre.
Quoi qu’il en soit, je vais commencer par parler de certaines choses que j’ai entendues récemment. Le député de a dit deux ou trois choses qui m’ont vraiment interpellé, par exemple, lorsqu’il a parlé de la vérification du quorum. Je sais qu’il s’est levé à la Chambre à quelques reprises pour s’opposer à une motion adoptée par la Chambre pour éliminer les vérifications du quorum à certains moments de la journée, la motion no 11. Il a semblé soutenir qu’il y avait là un problème constitutionnel qui pourrait faire en sorte qu’une loi est inacceptable, inadmissible ou irrecevable, quel que soit le bon terme.
Or, dans les faits, nous adoptons couramment des motions, habituellement par consentement unanime, qui empêchent la vérification du quorum lorsque nous poursuivons nos séances en soirée. Que nous procédions par consentement unanime ou par vote par appel nominal, je ne crois pas qu’il y ait de différence. Que tout le monde ou la majorité soit d’accord, le précédent est là, et il est solidement établi à la Chambre, c’est-à-dire que nous avons la possibilité de proposer une règle de procédure pour empêcher ces vérifications du quorum. Je suis à peu près certain que les conservateurs le comprennent également, même si le député en a parlé à quelques reprises.
Le député de a aussi dit une chose que j’ai trouvée très intéressante au sujet de l’inefficacité de la démocratie et de l’incapacité de fonctionner à plein régime pendant la pandémie. Sauf erreur, il a dit que les députés se cachent derrière les écrans d’ordinateur. Je suppose que cela correspond tout à fait à ce que disent les conservateurs depuis deux ans. Ils n’ont jamais vraiment pris la pandémie au sérieux. Ils ont toujours eu plus ou moins trois pas de retard sur tous les autres relativement aux mesures nécessaires. Ils ont toujours été les derniers à mettre des masques. Ils ont été les derniers à reconnaître la nécessité du vaccin. Ils ont été les derniers à se faire vacciner. Ils ont été les derniers à tous les égards en ce qui concerne la pandémie. Je ne suis donc pas surpris, mais je dirai, si on me le demande, que la démocratie a très bien fonctionné pendant la pandémie, particulièrement au début, lorsque les députés se sont mobilisés pour adopter à l’unanimité un certain nombre de mesures afin de prendre soin des Canadiens.
Nous avons des procédures qui fixent la façon de faire les choses à la Chambre. C’est ce que nous avons fait, par exemple, en n'ayant qu'un certain nombre de députés sur place, à la Chambre des communes, en fonction des arrangements pris avec les divers leaders parlementaires pour assurer la sécurité le plus possible. Nous avons pu mettre de l’argent dans les comptes bancaires des Canadiens dans les cinq semaines suivant la déclaration de pandémie par l’Organisation mondiale de la santé. S’il y a une chose qui montre que la démocratie a fonctionné pendant la pandémie, je dirais que c’est bien celle-là.
Je constate que les conservateurs vont continuer très longtemps à prétendre que la démocratie est en péril parce que nous cherchons de nouvelles façons de faire les choses et que nous ne sommes plus à l’âge de pierre. Ils auront beau l’affirmer avec toute leur énergie, je pense que la grande majorité des gens voient les choses autrement.
Nous sommes saisis de cette motion d’instruction présentée par le Bloc Québécois. Ce que je trouve très intéressant, c’est qu’une motion de l’opposition a déjà été présentée sur le même sujet. De toute évidence, l’opposition bloquiste n’était pas satisfaite que le résultat lui soit défavorable, et au lieu d’accepter la défaite et de passer à autre chose, elle a décidé d’accaparer le temps de la Chambre en présentant cette motion d’instruction, ce qui revient essentiellement à une répétition de tout ce que nous avons déjà essayé de faire.
D’après ce que je comprends en écoutant les conservateurs aujourd’hui, et je peux me tromper, c’est qu’ils semblent disposés à appuyer le renvoi de cette motion au comité, à la suite de quoi, ils vont peut-être l’appuyer ou non. C’est un peu comme si les conservateurs et les bloquistes s'étaient entendus pour essayer de perturber les travaux de la Chambre. C’est le constat que je fais aujourd’hui.
Il y a quelques mois à peine, lorsque le député de était encore chef du parti conservateur, les bloquistes avaient une attitude tout à fait différente, mais dès son départ, un changement s’est produit à la Chambre des communes. Les bloquistes ont soudainement commencé à se rapprocher des conservateurs, dès le moment où le député de s’est fait montrer la sortie et où il est devenu évident que le député de allait devenir le nouveau chef. Tout à coup, les choses ont changé à la Chambre des communes et les bloquistes ont cherché à s’aligner sur les conservateurs ou, à tout le moins, à se montrer moins agressifs à leur égard. Je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi. J’ai déjà émis des hypothèses à la Chambre et je vais m’abstenir de les répéter, mais je trouve intéressant de voir que le même scénario se répète maintenant avec le Bloc Québécois.
Les bloquistes ont présenté une motion qui dit essentiellement que le Québec aura toujours 25 % du total des sièges à la Chambre. En fait, ils sont en train de dire au comité comment faire son travail. Ils ont déjà essayé de le faire au moyen d’une motion de l’opposition, mais sans succès, et voilà qu’ils tentent à nouveau sa chance. Je trouve très désolant de voir qu’ils ne peuvent accepter le fait qu’ils ont perdu la bataille et qu’ils cherchent une occasion de recommencer.
Je trouve cela extrêmement regrettable pour les raisons que j’ai données au début de mon allocution parce qu’aujourd’hui, nous étions censés consacrer la journée au débat sur les procédures de la Chambre. Il semble malheureusement que ce ne sera pas le cas et que nous ne pourrons pas le faire. En écoutant les députés conservateurs qui ont pris la parole avant moi, j’ai compris qu’ils souhaitent discuter passionnément d’autres sujets, mais ils n’ont pas pu le faire, du moins pas dans le contexte dans lequel ils auraient dû pouvoir le faire.
Ce que le Bloc québécois veut, au fond, c'est s'assurer de façon arbitraire que le Québec obtient 25 % des sièges de la Chambre des communes, quoi qu'il arrive. Il y a pourtant un processus que nous devons suivre pour déterminer le nombre de sièges à répartir en fonction de la population et de la géographie. Tous les 10 ans, nous effectuons un redécoupage à cet effet. À mon avis, la Chambre a déterminé clairement que le Québec ne devait jamais perdre de sièges et que des mesures seront prises en conséquence. Or, les Québécois n’ont pas encore été consultés, ce qui fait pourtant partie du processus.
Les Québécois ont le droit de s’exprimer à ce sujet, et ils doivent avoir l’occasion de le faire maintenant, puisque ce projet de loi sera renvoyé au comité. Les députés du Bloc essaient plutôt de contourner les travaux du comité, qui sont axés sur la consultation et sur les observations du public. Ils essaient d’imposer arbitrairement leur propre volonté. Bien franchement, notre processus démocratique ne fonctionne pas de cette façon.
Ce projet de loi est extrêmement important, mais à l’heure actuelle, il est bien plus important que les gens puissent s’exprimer. La participation des membres du public est bien plus importante que celle des politiciens. Malheureusement, le Bloc québécois ne donne de place qu'aux politiciens. Les députés du Bloc québécois se pensent mieux informés que la population. Ils ne souhaitent pas entendre ce que les Québécois ont à dire et ils ne leur permettent pas d'apporter leur contribution.
Tous les 10 ans, à l'approche du redécoupage, nous essayons de lancer ces discussions. Le bureau des élections commence par faire son travail. Nous pouvons lui donner des directives préliminaires lui indiquant, par exemple, que le Québec ne doit pas perdre de sièges, mais après cela, il est important que nous laissions le processus suivre son cours. On dirait toutefois que nous avons complètement délaissé ce processus et que nous ne voulons plus que les choses se déroulent de cette façon.
Quant à la suite des choses, le mieux serait de permettre au comité de faire son travail consistant à solliciter les commentaires du public et à permettre aux gens de s'exprimer afin d’orienter nos décisions, et à permettre au député du Bloc qui siège à ce comité de poser ses questions. Ensuite, à partir des commentaires que les députés du Bloc recevront au comité, ils pourront présenter toutes les recommandations qu’il leur plaira. Ils devront s'abstenir, par contre, d'essayer d’intervenir à ce stade-ci et d’insister sur une question qui a déjà été réglée à la Chambre.
Je le répète: nous avons déjà été saisis d’une motion de l’opposition qui portait précisément sur ce sujet. Les députés bloquistes ont eu une journée entière pour en débattre. Ils ont pris la parole les uns après les autres. Les députés du gouvernement et de l’opposition n’ont pas proposé de motions durant la période consacrée aux affaires courantes. Nous avons permis la tenue d’un débat au terme duquel nous avons voté. Le résultat du vote n’a pas été ce que souhaitait le Bloc, mais c’était le résultat. Le débat était clos. Les bloquistes devraient accepter le processus démocratique. Ils devraient accepter le fait qu’ils ont perdu ce vote et, surtout, s'incliner devant le processus démocratique suivi par les autres députés de la Chambre ce jour-là.
Aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire qui se produit. Ce n'est même pas vraiment un projet de loi émanant du gouvernement. La Chambre a l’occasion, une fois au cours de la session parlementaire, de discuter des questions de procédure de la Chambre. Les bloquistes auraient dû faire ce qu’il fallait et laisser la démocratie suivre son cours et permettre à leurs collègues de s’exprimer sur le fonctionnement de la Chambre, tout comme le gouvernement et les autres partis de l’opposition l’ont fait lors de leur journée de l’opposition, mais ils en ont décidé autrement. Ils ont plutôt décidé de gâcher la journée de tout le monde en insistant pour tenir un débat sur une question qui a déjà fait l’objet d’un débat qu'ils ont perdu.
Comme je l'ai répété à maintes reprises à la Chambre, je suis contrarié de voir se dessiner une tendance obstructionniste depuis quelque temps. Je l’ai constaté assez souvent. Habituellement, ce sont les conservateurs qui font obstruction, mais les bloquistes commencent à suivre leur exemple. Tout cela est d'une grande futilité.
Dans son allocution, le député de a dit qu'il était essentiel de pouvoir ralentir les travaux. Je suis d’accord avec lui. L’outil le plus important dont dispose l'opposition, surtout la loyale opposition de Sa Majesté, est la capacité de ralentir les travaux. L’opposition peut exiger des marathons de votes; elle l’a déjà fait durant une trentaine d’heures d’affilée. Elle peut faire de l’obstruction sur diverses questions, comme les conservateurs l’ont fait dans le passé. Ce sont là les outils dont elle dispose pour ralentir les travaux.
Je fais toutefois remarquer à mon collègue de Sherwood Park—Fort Saskatchewan que les conservateurs doivent choisir leurs batailles. Ils doivent choisir les sujets pour lesquels ils sont prêts à mourir au combat, à défaut d’une expression plus judicieuse. Ils devraient profiter de ces occasions pour ralentir le Parlement parce que cela est important pour eux. Ils ne devraient pas le faire à tout bout de champ, comme ils le font actuellement.
Le projet de loi comporte un engagement électoral de la part des conservateurs et ils sont en train d’en ralentir l’étude. Ces règles ne doivent pas être appliquées par l'opposition dans le simple but de ralentir le processus. Si ces règles existent, ce n'est pas pour permettre à l’opposition, sans raison valable et au mépris de tout, d’essayer simplement de paralyser les travaux. C’est pourtant ce que les conservateurs sont en train de faire.
Je suis d’accord avec le député de lorsqu'il parle de l'importance des mécanismes permettant de ralentir les travaux, mais je lui fais remarquer que les conservateurs devraient choisir leurs batailles et décider quels enjeux sont les plus importants pour eux. Selon cette philosophie, lorsque les conservateurs tenteraient de ralentir l’étude de certains enjeux, les gens y porteraient une attention particulière en se disant que si les conservateurs agissent ainsi, c’est qu’ils doivent avoir une bonne raison de le faire. Malheureusement, dans la réalité, les citoyens ne font que hausser les épaules en se disant que les conservateurs essaient encore, sans motif valable, de bloquer l’adoption de projets de loi à la Chambre.
Quoi qu'il en soit, voilà ce que j'en pense. Je parle depuis près de 20 minutes, et on m'a avisé qu'il ne me reste que deux minutes. Je dois dire qu'il est beaucoup plus agréable de prendre la parole à distance. Je n'entends personne chahuter, et il y a longtemps que cela ne m'est pas arrivé pendant une de mes interventions à la Chambre. Il est fort probable que des gens aient fait du chahut sans que je m'en rende compte. Je devrais peut-être prendre la parole de cette façon plus souvent, car il est beaucoup plus facile de me concentrer.
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Madame la Présidente, même si je me le suis dit maintes fois, j'ai oublié de préciser que j'allais partager mon temps de parole avec le député de .
Comme je le disais, la mise à jour de cette disposition reflète les préoccupations des Canadiens. Elle permettrait que toutes les provinces conservent une voix forte à la Chambre des communes. Plus précisément, elle ferait en sorte que le Québec ne perde pas de siège tout en maintenant toutes les mesures de protection existantes et en permettant l'augmentation progressive du nombre de sièges dans certaines provinces en raison de la croissance de leur population. De plus, elle ne perturberait pas le redécoupage des circonscriptions électorales fédérales.
Comme bien des collègues le savent, selon la loi, il faut procéder au redécoupage des circonscriptions électorales tous les 10 ans, et ce processus est en cours. Des consultations ont lieu en ce moment, notamment en Nouvelle‑Écosse, où des changements importants sont proposés, du moins dans le cadre de la première étape. De nombreux habitants veulent donner leur avis à la commission.
J’aimerais profiter de l’occasion pour parler d’un aspect important de ce processus très détaillé et réfléchi, à savoir les commissions indépendantes et — ce qui n’arrive probablement pas très souvent à la Chambre — non partisanes qui sont chargées d’assumer ce rôle crucial.
Depuis près de 60 ans, des commissions de délimitation des circonscriptions électorales indépendantes et non partisanes sont chargées de redessiner nos cartes électorales en fonction de la population et des communautés d’intérêts. Ces commissions ont été créées en 1964 quand le Parlement a adopté la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales, qui définit les rôles et les responsabilités de ces commissions, ainsi que le processus et les critères qu'elles doivent suivre lorsqu’elles redessinent les limites des circonscriptions électorales fédérales.
Le député de a dit tout à l’heure qu’il est important que les gens qui y siègent respectent les communautés d’intérêts. Ce n’est pas aussi facile que de tracer une ligne droite le long d’une autoroute, d’un lac ou d'une rivière, bien que ce soit parfois ce que l'on voit dans les premières propositions. Je ne sais pas si c’est parce que c’est la solution la plus simple, mais c’est facile à faire pour la commission, qui prend ensuite en considération, comme on est en droit de s'y attendre, toutes les consultations publiques.
Cette approche indépendante a été introduite à dessein pour éliminer le risque d’ingérence politique dans le processus et pour maintenir l’intégrité et la transparence de nos systèmes et institutions démocratiques. Avant 1964, la Chambre des communes était elle-même chargée de fixer les limites des circonscriptions électorales par l’intermédiaire d’un comité nommé spécialement à cette fin, mais le Parlement s’est rendu compte que le découpage arbitraire, terme qui désigne la manipulation des limites des circonscriptions au profit des députés du parti au pouvoir, représentait un risque majeur pour l’intégrité du système. C’était et cela reste inacceptable. La Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales a été une mesure essentielle pour résoudre ce problème, et c’était la bonne chose à faire.
Comme le prévoit la Loi, une commission de trois membres doit être établie pour chaque province. Comme je l’ai dit, la Nouvelle‑Écosse a sa commission, et elle reçoit actuellement les commentaires de ses habitants sur toutes les limites des circonscriptions électorales. Ces commissions sont composées d’un président et de deux commissaires.
Comme ce processus se déroule tous les 10 ans, j’aimerais rappeler aux députés que les membres de ces commissions provinciales ne sont ni recommandés ni nommés par le gouvernement. Ils sont nommés de façon indépendante. En fait, le rôle du gouvernement dans l’ensemble du processus est extrêmement limité.
Par exemple, il incombe au ministre de recevoir les données du recensement du statisticien en chef, d'être avisé de la nomination des nouveaux commissaires et de recevoir les rapports finaux de la commission. Le ministre a également pour mandat de faciliter la prise des décrets nécessaires pour proclamer l'établissement des commissions et pour proclamer les nouvelles limites des circonscriptions électorales fixées par les commissions à l’issue du processus.
Il est également important de mentionner une fois de plus que le gouvernement n'a aucun rôle décisionnel ni aucune influence sur la manière dont les limites des circonscriptions électorales sont redéfinies. C'est le travail des commissaires, qui, espérons-le, devraient tenir compte des commentaires des membres de la collectivité sur la façon dont ils voient le tracé ou le redécoupage des circonscriptions. C'est entièrement à la discrétion des commissions provinciales indépendantes.
Les juges en chef de chaque province doivent nommer un président pour chaque commission. Le Président de la Chambre, lui, est chargé de nommer les deux autres membres des commissions. Le président de chaque commission est un juge en exercice ou, dans de rares cas, un juge à la retraite. Tous les membres mettent de côté leur travail et leurs affaires habituelles pour se consacrer à ce processus démocratique.
Pour ma part, j’aimerais les remercier de leur service et les remercier d’écouter les membres de la collectivité qui s’exprimeront sur ce qu’ils estiment important en ce qui concerne leur représentation à la Chambre des communes du Canada.
En ce qui concerne les commissaires, la loi dispose qu’ils doivent résider dans la province pour laquelle ils sont nommés. La loi précise aussi très clairement que nul ne peut être membre de la commission s’il est sénateur ou député ou membre de l'assemblée législative ou d'un conseil législatif d’une province. L’indépendance de ces commissions est encore renforcée par cette disposition. En pratique, les commissaires ont généralement une formation universitaire ou juridique ou de l'expérience comme fonctionnaire non élu. Leurs connaissances et leurs compétences spécialisées permettent à ces personnes de mener ce travail complexe, mais fondamental.
Dans le cadre du recensement décennal de 2021, comme l’exige la loi, dix commissions indépendantes et non partisanes de délimitation des circonscriptions électorales, une pour chaque province, ont été établies le 1er novembre 2021. Avec la publication des données finales du recensement de 2021 le 9 février 2022, les commissions ont commencé leur examen des limites. Au besoin, en fonction des changements et des mouvements de population dans chaque province, elles élaboreront des propositions pour redécouper les circonscriptions électorales dans chaque province, en respectant les communautés d’intérêts et en tenant compte des points de vue très importants exprimés par des citoyens de toutes les régions du Canada. Selon la proposition du gouvernement, ce travail se poursuivra sans interruption.
Pour la commission du Québec, le projet de loi garantit qu’elle disposera du temps nécessaire, comme le prescrit la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales, pour réexaminer ses propositions de délimitation et procéder en fonction de la clause des droits acquis mise à jour.
Au cours des dix dernières années, la population du Canada a augmenté de 3,5 millions de personnes, passant de 33 millions à près de 37 millions aujourd’hui. Il est donc essentiel de tenir compte de ces citoyens dans les circonscriptions électorales fédérales. Bien qu’elles s’efforcent de refléter l’évolution démographique en fonction du nombre de sièges de la province, les commissions doivent aussi tenir compte d’autres facteurs, en respectant encore une fois les communautés d’intérêts et les tendances historiques. Elles doivent également veiller à ce que les circonscriptions électorales conservent une taille géographique gérable, y compris les circonscriptions situées dans les régions rurales ou nordiques d’une province. Nous connaissons tous des députés qui ont une circonscription de 10 000, 20 000 ou 30 000 kilomètres carrés. Pour ma part, je représente une communauté d’un peu plus de 100 kilomètres carrés, alors il y a certainement une grande différence dans ces limites.
Tenir compte de tous ces facteurs n’est pas une mince affaire. Notre pays est vaste. Nos communautés sont diverses et très riches en culture et en histoire. D’un océan à l’autre, elles constituent la base de nos identités et de nos liens. C’est pourquoi la loi contient des dispositions visant à garantir que ces communautés d’intérêts sont prises en compte lorsqu’il s’agit de déterminer des limites électorales raisonnables. Respecter les communautés d’intérêts, ce n’est pas seulement préserver les différences entre les provinces et les régions ou entre les zones rurales et urbaines; cela peut signifier reconnaître les différences d’un côté à l’autre d’une petite ville. C’est pourquoi, je dois le répéter, il est si important que les commissions écoutent les membres du public qui parlent de l’importance de leurs communautés d’intérêts.
L’histoire du Canada nous a montré que le redécoupage ne consiste pas seulement à équilibrer les changements démographiques, mais aussi à équilibrer la communauté, l’histoire et la géographie. Il s’agit d’un équilibre délicat entre des priorités multiples et parfois concurrentes. Ces considérations complexes sont précisément la raison pour laquelle ces commissions sont indépendantes et, comme je l’ai déjà dit, non partisanes. Il est essentiel que ces décisions soient prises en dehors des lignes de parti. De cette façon, les lignes de démarcation et les circonscriptions sont établies pour servir au mieux les Canadiens, et non les partis politiques.
Au cours des prochains mois, les commissions tiendront des audiences publiques ouvertes au public canadien, y compris les députés fédéraux. Nous avons la chance, comme tous les autres Canadiens...