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Monsieur le Président, c'est bon de vous revoir à votre fauteuil.
Je suis heureux d'avoir l'occasion d'intervenir au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, qui propose d'envisager des solutions de rechange à l'incarcération dans certains cas précis tout en réduisant la récidive et en protégeant la société.
Je tiens à souligner que je prends la parole aujourd'hui sur les terres ancestrales non cédées du peuple algonquin.
Le projet de loi constitue une étape importante dans la lutte contre le racisme systémique et la discrimination. Il présente une approche qui favorise des peines plus justes pour tous, plus particulièrement les Autochtones, les Noirs et les membres de communautés marginalisées, qui subissent d'une façon disproportionnée les effets négatifs des lois inflexibles régissant la détermination de la peine. Ces changements permettraient toutefois de continuer de dénoncer les contrevenants et de les tenir responsables de leurs actes.
Ce projet de loi propose trois grandes catégories de réformes. Je parlerai des détails plus tard. Je veux me pencher aujourd’hui sur la réalité des personnes incarcérées. Je sais que la philosophie des conservateurs en matière de criminalité consiste à emprisonner les gens et à jeter la clé. Il se trouve que parmi les pays qui ont appliqué ce principe, bon nombre se sont rendu compte qu'il comportait des failles. Je tiens à souligner que Newt Gingrich, l’un des premiers partisans des peines minimales obligatoires, s’est ravisé et a affirmé qu’elles ne fonctionnent pas. Partout aux États-Unis, cette prise de conscience s'est intégrée au discours public.
L’incarcération n’est pas une solution qui convient à tous les délinquants. Il faut y recourir uniquement dans le cas de crimes graves qui présentent un danger pour les personnes. Nous devons offrir des portes de sortie. Le racisme systémique dans le système de justice pénale est très réel. Nous pensons peut-être que notre système de justice traite tout le monde sur le même pied, mais les résultats nous disent tout autre chose. Les Canadiens autochtones et noirs qui vont en prison sont traités différemment, pour ne pas dire maltraités. Leur vie n'a pas la même valeur que celle des autres délinquants. J’invite tous ceux qui auraient encore des doutes à lire le dernier rapport de la vérificatrice générale sur notre système correctionnel.
Je vais présenter à mes collègues quelques extraits de ses conclusions. Par exemple, les délinquants autochtones et noirs se sont heurtés à un plus grand nombre d'obstacles sur la voie d'une réinsertion sociale sécuritaire et progressive que les autres groupes de détenus.
En raison du processus de classement par niveau de sécurité, y compris du recours à l'Échelle de classement par niveau de sécurité et des dérogations fréquentes aux résultats de l'échelle par le personnel correctionnel, un nombre disproportionnellement élevé de délinquants autochtones et noirs sont placés dans des établissements à sécurité maximale. Je cite le rapport:
Nous avons noté des écarts de représentation pour les Autochtones au sein des agents correctionnels dans tous les établissements, des écarts de représentation pour les personnes de race noire parmi les agents de programmes et de libération conditionnelle dans les établissements ayant un nombre élevé de détenus noirs, et des écarts dans la représentation des femmes au sein des agents correctionnels dans les établissements pour femmes.
À titre d'exemple, soulignons que le nombre de délinquants autochtones et noirs classés à un niveau de sécurité plus élevé lors de leur admission dans un établissement correctionnel était le double du nombre moyen des autres délinquants. Dans le même ordre d'idées, dans les établissements à sécurité maximale, le taux de placement des hommes autochtones et noirs était deux fois plus élevé que celui des autres délinquants. De fait, les hommes autochtones et noirs constituaient 51 % de tous les placements à sécurité maximale.
Le rapport dit également ceci:
Nous avons aussi constaté qu'un taux trois fois plus élevé de femmes autochtones avaient été placées dans un établissement à sécurité maximale, par rapport aux femmes non autochtones, et qu'elles représentaient presque 70 % des placements à sécurité maximale.
Le personnel correctionnel peut déroger à l'échelle de classement. En pratique, cela signifie qu'une fois le classement établi, les agents peuvent, à leur discrétion, ne pas en tenir compte. Il appert que le personnel correctionnel a dérogé à plus de 53 % des classements recommandant un placement dans un établissement à sécurité minimale, alors que le niveau de dérogation était de 27 % chez les femmes non autochtones. Autrement dit, les femmes autochtones étaient classées à un niveau de sécurité plus élevé dans 53 % des cas, alors que la moyenne était de 27 % chez les femmes non autochtones.
Dans le cas des hommes autochtones, le personnel correctionnel a dérogé à plus de 46 % des classements recommandant un placement dans un établissement à sécurité minimale en comparaison avec un taux de dérogation de 33 % pour les délinquants non autochtones. Voici ce que dit le rapport:
[...] un nombre plus élevé de délinquants autochtones sont demeurés en détention jusqu'à leur libération d'office et ont été libérés d'établissements à sécurité élevée directement dans la société.
Ces résultats signifient essentiellement que plus le niveau de sécurité du délinquant est élevé, plus il est difficile pour lui de bénéficier des programmes de soutien nécessaires pour réintégrer la société.
Cela signifie également que ces délinquants purgent une plus grande partie de leur peine en détention, alors que ceux qui ont été classés à un niveau de sécurité inférieur passent parfois moins de temps en détention et plus de temps dans des programmes de transition qui permettent de réintégrer la collectivité. Bref, la façon de procéder actuelle fait essentiellement monter le taux de récidive.
À mon avis, l'élément le plus substantiel du rapport de la vérificatrice générale, c’est qu'il quantifie, pour la première fois, le racisme systémique au sein du système de justice pénale au Canada. Quant à la réduction des peines minimales obligatoires, il est très important que nous réfléchissions à ses conséquences. Nous savons que les infractions visées par le projet de loi , pour lesquelles nous abrogeons bon nombre des peines minimales obligatoires, ont une incidence directe sur les délinquants autochtones et noirs. Il est essentiel que nous gardions cela à l’esprit en examinant ce projet de loi.
Je veux parler de mon expérience personnelle avec les jeunes dans le système de justice pénale. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, avant d’entrer à la faculté de droit, j’ai dirigé un organisme appelé le Canadian Tamil Youth Development Centre. J’ai eu affaire à un certain nombre de jeunes contrevenants et même à quelques adultes qui avaient eu des démêlés avec la justice. J’ai travaillé avec eux pendant de nombreuses années. Encore aujourd’hui, ces gens sont mes amis grâce aux relations que nous avons établies pendant cette période.
Certains de ces jeunes avaient été impliqués dans des crimes violents. D’autres avaient commis de petits vols ou d’autres larcins dans leur collectivité. Pendant cette période, j’ai appris que ces personnes avaient besoin de soutien. Il est très facile pour la société d’incarcérer quelqu’un. C’est la chose la plus facile à faire. Par contre, il est bien plus difficile d’aider les jeunes à se racheter et à réintégrer la société.
L’une des choses dont je me suis rendu compte, c’est que plus nous sommes en mesure d’offrir du soutien aux jeunes, plus nous offrons de portes de sortie à ceux qui peuvent avoir des démêlés, pour la première ou la deuxième fois, avec le système de justice pénale, mieux la société s’en porte à long terme. J’ai souvent vu, dans certains cas, des jeunes qui ont purgé leur peine et qui sont maintenant des membres très actifs et utiles de notre société. Ce n’est pas toujours le cas, mais d’après la grande majorité des gens auprès de qui j’ai travaillé, c’est ce que j’ai souvent constaté.
Au cours des délibérations du comité, nous avons entendu un certain nombre d’intervenants importants. Je tiens à souligner le témoignage de Raphael Tachie, président de l'Association des avocats noirs du Canada, qui appuie évidemment l’abrogation de bon nombre des peines minimales obligatoires qui figurent ici.
Il a parlé de l’expérience qu’il a vécue en tant que jeune Noir ayant grandi en Colombie‑Britannique. Il a parlé de la première fois qu’il est allé au cinéma et qu’il y a eu un peu d’agitation à l’extérieur. Il y était allé dans le cadre d’un rendez-vous galant. Il s’est retrouvé, avec de nombreux autres jeunes Noirs, encerclé par la police puis interrogé. Heureusement pour lui, il pouvait compter sur un excellent système de soutien qui lui a permis de bien se défendre parce qu’il n’avait rien fait de mal.
Cependant, la réalité pour beaucoup de personnes noires, c’est que la surveillance policière excessive mène souvent à des arrestations injustifiées et à des condamnations, car une fois qu’on est dans le système de justice pénale, le cycle ne fait que se perpétuer. Les mesures de protection sont limitées.
Lorsque M. Tachie s’est exprimé, ses paroles m’ont interpellé et m’ont touché sur le plan personnel, compte tenu du nombre de fois où j’ai été arrêté par la police en tant que personne racialisée ayant grandi à Scarborough. On continue de m’arrêter, et je suis loin d’être le seul dans ce cas. C’est la même chose pour de nombreuses personnes qui ont grandi dans ma collectivité. On les arrête et on les interroge au hasard. Cela m’arrive même en tant que député. Cela ne s’est pas arrêté lorsque je suis devenu député, secrétaire parlementaire ou candidat du Parti libéral. Cela n'a jamais cessé.
Pour les jeunes, cela signifie que, bien souvent, ils n’ont pas le soutien nécessaire, ni les bons avocats, ni des parents capables de les soutenir, peut-être parce qu’ils occupent plusieurs emplois ou qu’ils occupent des emplois dont ils ne peuvent s’absenter. Cela défavorise vraiment les jeunes dans cette situation.
Je réfléchis souvent à ce dont M. Tachie a parlé et à ce que ma vie pourrait être aujourd’hui si, au cours d’une de ces demi-douzaines ou de ces douzaines de fois où j’ai été arrêté ou soumis à ce genre d’interpellation, j’avais donné la mauvaise réponse ou avais été accompagné des mauvaises personnes. C’est l’histoire de tant de gens, non seulement dans ma circonscription, Scarborough—Rouge Park, mais aussi dans bien d’autres régions du Canada. C’est un mal profondément enraciné.
L’incident qui s’est produit avec George Floyd il y a deux ans en dit long sur la disparité qui existe aux États‑Unis, mais elle n’est pas unique. Nous savons qu’il est arrivé à plusieurs reprises au Canada que des hommes et des femmes autochtones soient arbitrairement arrêtés ou battus. Nous avons vu que la discrimination ne s’arrête pas vraiment, même chez les chefs et les gens qui ont un profil national ou local, en raison de qui ils sont, et nous le constatons en particulier chez les jeunes hommes noirs.
En 2019, juste avant les élections ou aux alentours de celles-ci, je me souviens que l’actuel était venu dans ma circonscription en route vers la région du Grand Toronto, et nous avons pu rencontrer un grand nombre d’intervenants, dont la plupart travaillent avec les jeunes de nos collectivités. Ils demandaient principalement de nous occuper du dossier des peines minimales obligatoires, qui ont ciblé de façon disproportionnée de nombreux Canadiens autochtones et noirs. C’est un système qui ne fonctionne pas. Ce sont des politiques du passé qui n’ont rien réglé et que nous devons corriger. Louis March, que de nombreux députés connaissent peut-être, est le chef du Zero Gun Violence Movement. Toute sa vie a été consacrée à la lutte contre la violence armée. Il a affirmé catégoriquement que le système de peines minimales obligatoires ne fonctionne pas et a demandé au gouvernement de s’y attaquer. Voilà donc où nous en sommes.
Premièrement, nous sommes ici pour abroger toutes les peines minimales pour les infractions liées aux drogues, les infractions liées au tabac et les 13 infractions liées aux armes à feu. Je sais que lorsque nous disons que nous voulons réduire les peines minimales obligatoires pour les infractions liées aux armes à feu, de nombreux députés peuvent légitimement demander pourquoi nous réduisons les peines alors que l’utilisation d’armes à feu est en hausse. C’est une question très pertinente, car le projet de loi , qui a été présenté par le , traite de cette question puisqu’il ferait passer de 10 à 14 ans la peine maximale pour les infractions liées aux armes à feu. Nous disons que le pouvoir judiciaire discrétionnaire est nécessaire. C’est ce que ferait ce projet de loi: il permettrait aux juges d’exercer leur pouvoir discrétionnaire. Il donnerait au juge le pouvoir discrétionnaire d’examiner la personne et les circonstances de l’affaire, et il porterait la peine maximale à 14 ans. Je pense que c’est un point très important qu’on oublie parfois dans ce débat.
Deuxièmement, le projet de loi éliminerait certaines restrictions qui empêcheraient le tribunal qui détermine la peine d’envisager l’imposition d’ordonnances de sursis. C’est un point très important. Il importe de souligner que notre système de justice pénale est injuste, et j’ai souligné les problèmes de racisme systémique, particulièrement en ce qui concerne les Canadiens autochtones et noirs, qui entraînent non seulement une surreprésentation au sein de la population carcérale, mais aussi une catégorisation injustifiée de certains groupes de personnes.
Les ordonnances de sursis permettent au juge d’imposer des peines d’emprisonnement avec sursis à des personnes qui ne présentent pas de risque pour la société. Je répète que c’est un aspect très important. Il ne s’agit pas d’imposer une peine d’emprisonnement avec sursis à tous les délinquants. C’est une politique intelligente qui revient à dire qu’en jetant quelqu’un en prison, nous le criminalisons encore plus. Nous ne lui offrons pas le soutien dont il a besoin. Nous l’arrachons à sa famille et ne lui offrons pas les soins dont il pourrait avoir besoin pour traiter sa toxicomanie. Qui plus est, nous lui enlevons la responsabilité de travailler, d’œuvrer au sein de la collectivité, d’être membres de son église ou de faire partie de la collectivité locale, autant de lieux qui pourraient lui donner le soutien dont il a besoin pour sortir du système de justice pénale.
C’est une politique très intelligente qui est souvent mal comprise, parce que ce régime ne serait pas accessible à tout le monde. Il serait offert uniquement à ceux qui sont réputés ne pas présenter de risque pour la société.
D’après les statistiques recueillies au fil des ans, avant l’entrée en vigueur de la plupart des peines minimales obligatoires, on comptait plus de 11 000 ordonnances de sursis au Canada. Ce chiffre est maintenant tombé à environ 6 000.
Je sais que de nombreux collègues très progressistes soutiendront que ce projet de loi ne va pas assez loin. Je leur répondrai que c’est un projet de loi important parce qu’il permettrait d’augmenter le nombre d’ordonnances de sursis de façon très intelligente. Il donnerait en effet aux juges le pouvoir discrétionnaire de placer des personnes qui ne représentent pas de risque pour la société en leur permettant de payer leur dette tout en poursuivant leur vie. Nous parlons ici d’environ 5 000 Canadiens, selon les statistiques que nous avons vues.
Enfin, nous voulons encourager d’autres approches à un stade précoce pour intervenir auprès des personnes en possession de drogues illicites. Je sais que la a récemment appuyé l’appel de la Colombie‑Britannique et permis à cette province de mieux contrôler les problèmes liés aux drogues. Nous savons que les mesures de soutien appropriées sont essentielles pour réduire les problèmes de toxicomanie et de santé mentale. C’est ce que le projet de loi permet.
Malheureusement, je n’ai pas le temps de terminer mon discours. Je tiens à souligner qu’il s’agit d’une politique publique intelligente. C’est une politique intelligente en matière de justice pénale. Je compte sur l’appui de tous les députés.
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Madame la Présidente, un homme est mort et sept personnes ont été blessées lors d'attaques sanglantes survenues la fin de semaine dernière, et nous apprenons que, dans une ville déjà éprouvée par les récents cas de violence, les tensions continuent de monter entre les trafiquants de drogue et les membres de gangs. Du vendredi soir au lundi matin, on compte au moins deux personnes qui ont été atteintes par des coups de feu et cinq personnes qui ont été poignardées, et une autre personne a été assassinée, dimanche, dans l'immeuble d'appartements West Broadway Commons, à Winnipeg. Lundi, l'agente Dani McKinnon, porte-parole du service de police de Winnipeg, a dit que 60 fusillades ont eu lieu jusqu'à présent cette année. Malheureusement, un homme de 24 ans, Austin Mark Chief, est décédé plus tard, à l'hôpital. Ce décès, qui fait l'objet d'une enquête, est considéré comme le 24
e homicide de l'année à Winnipeg.
Un article publié à ce sujet dans le Winnipeg Free Press cite les propos de Mitch Bourbonniere, un travailleur social que nous avons également entendu au comité de la sécurité publique et nationale, lors de notre étude sur les armes à feu et les gangs. Il a dit ceci au sujet de la violence:
« Elle s'est intensifiée [...] Le trafic d'opioïdes et de fentanyl ainsi que les intoxications [sont en hausse] [...] Il y a beaucoup de violence en ce moment [...] J'en conclus que la ville a sans aucun doute atteint un sommet en ce qui a trait à la violence. »
« C'est un problème constant, mais il s'est intensifié. Les gens sont plus désespérés et plus violents, il y a plus de concurrence, il y a plus de drogues de rue dures, il y a plus d'armes à feu — il y a simplement plus de tout », a-t-il déclaré. « Ces trois mots: drogues, gangs, armes. »
Cette histoire a fait la manchette du Winnipeg Free Press ce matin.
Pas plus tard que la semaine dernière, il y a eu une autre histoire. De telles histoires sont maintenant publiées presque toutes les semaines à Montréal. La police enquête sur trois fusillades dans différents quartiers de Montréal. Le nombre de fusillades à partir d'un véhicule a également augmenté à Montréal et dans des villes comme Toronto. La semaine dernière, le 6 juin 2022, il y a eu une autre histoire au sujet d'une femme avec son nourrisson à Winnipeg qui a été dévalisée sous la menace d'une arme à feu et qui s'est fait voler sa voiture devant ses yeux. Elle a été dévalisée sous la menace d'une arme à feu alors qu'elle avait son nourrisson avec elle.
De telles histoires commencent à paraître chaque semaine à Winnipeg et dans des villes comme Toronto, Montréal, Regina, Edmonton et Vancouver, à tel point que je pense que le public commence à se désensibiliser au nombre accru de crimes violents dans les villes depuis que les libéraux forment le gouvernement. C'est un fait que les crimes violents n'ont cessé d'augmenter au cours des sept années que les libéraux ont été au pouvoir. C'est un fait que nos rues sont moins sûres sous le prétendu leadership du gouvernement libéral et du .
Aujourd’hui, nous débattons du projet de loi à l’étape de la troisième lecture. Ce projet de loi vise l'élimination de peines minimales obligatoires à l’égard d’un certain nombre de crimes graves. Je vais les passer en revue pour mes collègues.
Le projet de loi éliminerait les peines d’emprisonnement obligatoire pour des infractions commises avec une arme à feu. Comme je l'ai dit dans mon discours précédent, je n'arrive pas comprendre que le gouvernement puisse prétendre sévir contre les armes à feu, alors que le projet de loi supprimerait les peines d’emprisonnement obligatoire pour des crimes violents commis avec une arme à feu, par exemple, pour un vol qualifié à main armée. Prenons le cas que je viens d’évoquer, celui de la femme de Winnipeg et de son bébé qui ont été victimes de vol sous la menace d’une arme et dont la voiture a été volée: aux termes du projet de loi C‑5, le contrevenant qui les a terrorisés ne serait plus passible d’une peine d’emprisonnement obligatoire.
Parmi les autres infractions, il y a l’extorsion au moyen d’une arme à feu, le trafic d’armes, l’importation ou l’exportation délibérées d’armes non autorisées et la décharge d’une arme à feu dans l’intention de blesser, c’est-à-dire tirer sur quelqu’un dans l’intention de l'atteindre avec la balle. Si le projet de loi était adopté, ces crimes ne seraient plus passibles d’une peine obligatoire d’emprisonnement.
Parmi les autres infractions, il y a l’utilisation d’une arme à feu pour commettre une infraction et la possession délibérée d’une arme à feu non autorisée. Une personne qui détiendrait une arme sans en avoir le droit ne serait plus condamnée à une peine d’emprisonnement obligatoire. Pourtant, nous savons pertinemment que les statistiques montrent que les actes de violence commis avec des armes à feu au Canada sont le fait de personnes qui ne sont pas légalement autorisées à posséder une arme à feu. Aux termes du projet de loi , ces personnes qui terrorisent nos concitoyens ne seraient plus envoyées d'office en prison.
Les autres chefs d’accusation comprennent la possession d’une arme à feu prohibée ou à autorisation restreinte avec munitions, la possession d’une arme obtenue lors de la perpétration d’une infraction, la possession d’armes en vue d’en faire le trafic et la décharge d’une arme à feu avec insouciance. En raison du projet de loi , ces actes de violence très graves commis avec une arme à feu n’entraîneraient plus de peines d’emprisonnement obligatoire.
Les députés libéraux répètent constamment qu’ils abrogent les mauvaises politiques des conservateurs, mais la réalité, c’est que bon nombre de ces peines minimales obligatoires ont été instaurées par des gouvernements libéraux. L’une d’elles en particulier, soit l’utilisation d’une arme à feu lors de la perpétration d’une infraction, a été érigée en infraction par le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau en 1976. En revanche, les libéraux maintiennent en place un certain nombre des peines minimales obligatoires instaurées par les conservateurs, alors leur argument ne tient pas la route.
Soyons clairs: les libéraux élimineraient les peines d’emprisonnement obligatoire pour les crimes de vol qualifié à main armée, de trafic d’armes et de fusillade à partir d’une voiture. Ils sont en train de faire preuve de laxisme à l’égard de la criminalité et ils appellent à la tolérance envers les criminels. Ils semblent davantage intéressés par la défense des criminels que par celle des victimes qui ont été terrorisées au moyen d'une arme à feu.
Par exemple, les libéraux élargiraient les peines avec sursis et autoriseraient la détention à domicile pour des crimes comme les agressions sexuelles. Un agresseur sexuel pourrait purger une peine de détention à domicile dans le quartier même où vit la personne qu’il a agressée. À cause du projet de loi , les peines avec sursis, la détention à domicile et d’autres mesures deviendraient plus courantes, et les tribunaux pourraient plus facilement y recourir.
Il y a aussi l’enlèvement, notamment d’une personne de moins de 14 ans. L’auteur de l’enlèvement d’un enfant pourrait être assigné à domicile. L’incendie criminel avec intention frauduleuse, c’est-à-dire mettre le feu volontairement, est une infraction qui pourrait aussi entraîner la détention à domicile, tout comme l'agression armée ou l'infliction de lésions corporelles, l'agression armée ou l'infliction de lésions corporelles contre un agent de la paix ainsi que le trafic, l’exportation ou l’importation de drogues figurant à l’annexe III.
Parlons un peu plus des infractions liées à la drogue, car c’est vraiment intéressant. Le projet de loi éliminerait également les peines de prison obligatoires pour les trafiquants de drogue. L’an dernier, plus de 7 000 Canadiens sont décédés à la suite de surdoses d’opioïdes causées par des substances comme le fentanyl et le carfentanil. La dépendance aux drogues devrait être traitée comme un problème de santé. Les conservateurs croient qu’une personne toxicomane doit être traitée. Nous devons avoir un meilleur accès. C’est pourquoi, lors de la dernière élection, nous avons proposé de créer davantage de places pour le traitement. C’est très clair.
Toutefois, les personnes responsables de l’introduction de drogues mortelles au Canada, qui ont tué 7 000 personnes l’an dernier, méritent d’aller en prison, point final. Ce projet de loi éliminerait les peines d’emprisonnement obligatoires pour le trafic ou la possession de drogues dans le but d’en faire le trafic. Il s’agit des revendeurs et des trafiquants de drogue. Cela comprend également l’importation, l’exportation ou la possession dans le but d’exporter. Il n'y aurait plus de peine de prison obligatoire pour les personnes qui font entrer clandestinement au Canada des drogues qui tuent des milliers de Canadiens.
Prenons la production de substances figurant à l’annexe I ou à l’annexe II, soit des drogues comme l’héroïne, la cocaïne, le fentanyl et la méthamphétamine en cristaux. Les personnes qui créent ces drogues, qui tuent des milliers de Canadiens, en particulier des jeunes en Colombie‑Britannique et en Ontario, ne risqueraient plus de peine d’emprisonnement obligatoire grâce au projet de loi .
Cela fait suite à la décision controversée de la Colombie-Britannique de décriminaliser la possession d’opioïdes et d’autres drogues dures à hauteur de 2,5 grammes. Dans le cas du carfentanil, par exemple, 2,5 grammes peuvent tuer 1 250 personnes. Si l’on décriminalise la possession tout en adoptant le projet de loi , quel message envoie-t-on? D’un côté, on décriminalise des drogues mortelles qui ont tué 7 000 Canadiens l’an dernier et, de l’autre, on dit qu’il n’y a plus de peine d’emprisonnement obligatoire pour les gens qui fabriquent ces drogues, qui en font le trafic ou qui s'en prennent à des Canadiens vulnérables. Quel genre de message cela envoie-t-il? Les trafiquants de drogue se frottent les mains en songeant à tout l’argent qu’ils vont gagner grâce à ces mesures.
C’est accablant pour les familles. Je sais qu’il existe différentes approches pour lutter contre l’épidémie de drogue au Canada, mais je crois fermement, comme d’autres conservateurs, que quiconque est responsable du trafic de ces drogues dangereuses qui tuent des milliers de Canadiens mérite d’aller en prison. On parle de plus de 7 000 personnes. Les opioïdes sont plus mortels que la COVID pour les jeunes Canadiens. Voilà à quel point l’épidémie de drogue est grave.
Les libéraux permettent à ceux qui profitent de Canadiens vulnérables de s’en tirer à bon compte. C’est inacceptable. C’est inacceptable pour les 7 000 familles qui ont perdu de jeunes membres l’an dernier à cause des opioïdes.
Tout cela se produit alors que les statistiques indiquent une hausse considérable des crimes violents au Canada au cours des sept dernières années. Par exemple, à l’échelle du pays, la police a signalé 743 homicides en 2020, soit le nombre le plus élevé d’homicides enregistrés au Canada depuis 1991. Il y a également eu 56 homicides de plus en 2020 qu’en 2019, une hausse qui a fait grimper le taux du Canada de 7 % pour atteindre presque deux homicides par 100 000 habitants au Canada en 2020. Ce taux est en hausse par rapport à l’année précédente. Les crimes violents augmentent et le gouvernement libéral présente le projet de loi , qui permettrait aux individus qui utilisent des armes à feu dans des crimes très dangereux de s’en tirer à bon compte.
Selon le Globe and Mail, un rapport récent de Statistique Canada, publié il y a quelques semaines, indique que depuis 2009, le taux par habitant d’armes à feu pointées sur quelqu’un lors de la perpétration d’un crime a presque triplé et le taux d’armes à feu utilisées dans l’intention de tuer ou de blesser a quintuplé. Encore une fois, comme je l’ai dit, ces crimes, comme le fait de tirer avec une arme à feu dans l’intention de blesser quelqu’un, ont été multipliés par cinq, mais ces personnes ne risquent plus d’être condamnées à une peine de prison obligatoire.
Le service de police de Toronto a proposé un certain nombre de solutions. Il a déclaré que le gouvernement fédéral devrait envisager d’exiger que les enquêtes sur le cautionnement des personnes accusées des infractions les plus graves liées aux armes à feu soient entendues par des juges plutôt que par un juge de paix. Cette mesure, selon la police, traduirait clairement l’opinion du Parlement sur la gravité de ces infractions.
Encore une fois, les choses que nous faisons ici ont aussi une signification symbolique importante. Le message que nous envoyons aux criminels et aux victimes est très important. Je pense avoir exposé assez clairement le message que le gouvernement libéral envoie aux criminels qui mettent en danger la vie des gens, surtout au sein de nos communautés vulnérables.
La police elle aussi propose de réformer la mise en liberté sous caution, et j’ai récemment demandé à un certain nombre de policiers du Sud de l’Ontario ce qu’ils pensaient de cette réforme. Les députés se souviendront peut-être qu’il y a quelques années, en juin 2019, le projet de loi , un projet de loi des libéraux, a mis à jour les dispositions du Code criminel sur la mise en liberté sous caution pour la première fois depuis 1972. Les opinions divergent à ce sujet. La police dira que certains aspects étaient bons et d’autres, très mauvais.
Dans un article publié l’an dernier, le chef de la police de Victoria, Del Manak, s’est fait demander pourquoi on remet en liberté des délinquants violents, chroniques et récidivistes sans rien prévoir ou presque pour les empêcher de récidiver. C’est ce que répètent constamment les policiers. C’est le phénomène de la porte tournante. Les policiers mettent leur vie en danger pour arrêter les criminels qui terrorisent des quartiers et pour les mettre en prison, mais ceux-ci sont libérés une semaine plus tard. C’est ainsi que 100 à 200 délinquants dans les villes, surtout dans les quartiers vulnérables, font des allers-retours réguliers en prison. Ils sont à l’origine de la grande majorité des actes de violence. La police les arrête et les libère chaque semaine, mettant ainsi en danger la vie des policiers qui doivent assurer la sécurité des collectivités vulnérables.
Comme les policiers doivent attraper continuellement ces individus, je leur ai posé des questions à ce sujet. L'an dernier, le chef de la police de Victoria s'est aussi fait poser des questions. Nous savons, bien sûr, qu'il est incroyable de se promener à Victoria et à Vancouver et de voir la criminalité au quotidien, mais comme l'a dit le chef de police de Victoria, M. Manak, dont les propos ont été cités par le journal Times Colonist de Victoria:
La réponse [...] se trouve dans les changements considérables qui ont été apportés récemment au système de libération sous caution du Canada dans le but de désengorger les tribunaux et de régler le problème de la surreprésentation des populations vulnérables....
La loi dit clairement que la considération primordiale des policiers doit être de libérer l'accusé à la première occasion et aux conditions les moins sévères possible.
J'en ai parlé avec les policiers il y a quelques années, en 2019. Les réformes du système de libération sous caution commençaient donc à être mises en place. Or, bon nombre de policiers, qui sont davantage témoins de ce phénomène que ne le sont les députés, croient que ces réformes ont accéléré les politiques de capture et de remise en liberté. Il faut aussi savoir qu'il y a une augmentation de crimes armés et de crimes violents dans nos villes, et que plusieurs personnes croient qu'elle est attribuable aux réformes apportées au système de libération sous caution il y a quelques années, dont les conséquences se font maintenant sentir.
Nous avons maintenant le projet de loi . Les députés pensent-ils que la situation va s’améliorer si nous ne mettons pas en prison les criminels violents qui tirent sur des gens avec l’intention de les blesser, qui les volent sous la menace d’une arme à feu ou qui vendent des drogues à des Canadiens vulnérables et qui ont tué 7 000 personnes l’an dernier? Que croyons-nous qu’il arrivera aux statistiques sur la criminalité lorsque le projet de loi sera adopté? Croyons-nous vraiment qu’elles vont baisser? Je ne le crois pas. Compte tenu des politiques récentes sur la réforme du cautionnement et de ce que j'entends des agents de police de première ligne, j’imagine que d’ici quelques années, il y aura une augmentation de la violence dans nos rues et celles-ci seront moins sûres qu'aujourd'hui à cause du projet de loi .
La détention à domicile est une mesure très intéressante. Si quelqu’un tire avec une arme à feu sur quelqu’un d'autre, il ne sera pas condamné à une peine de prison obligatoire, mais peut-être à une détention à domicile. Qu’est-ce que cela signifie? Je n’étais même pas sûre de ce que « détention à domicile » voulait dire. Je pensais que cela signifiait qu’un agent de police serait posté à l’extérieur de la maison d’un délinquant dangereux qui a tiré sur quelqu’un, volé quelqu’un sous la menace d’une arme à feu ou extorqué quelque chose à quelqu’un avec une arme à feu, car il doit être surveillé. Ce n’est pas exactement cela. Cet individu doit rester chez lui, bien souvent dans la collectivité qu’il a terrorisée, et est essentiellement laissé à lui-même.
Les députés peuvent-ils imaginer ce qui se passera lorsqu’une collectivité vulnérable aura été terrorisée par un criminel armé, et qu’au lieu de le retirer de la situation et de lui faire purger une peine de prison pour le crime qu’il a commis envers sa collectivité, on le laisse purger sa peine sous l’influence des gangs qui l’ont conduit à la criminalité? Comment croyons-nous que cela va fonctionner?
Les députés d’en face ont formulé quelques observations, et je leur demanderais de penser aux agressions sexuelles. J’en ai déjà parlé. Une personne peut agresser sexuellement une autre et ensuite être placée en détention à domicile dans la collectivité de sa victime. C’est dans le projet de loi. Cela n’a vraiment pas beaucoup de sens pour moi.
Nous avons entendu le discours du . Je suis sûre qu’il était très sincère, et j’ai beaucoup de respect pour le député. Cependant, chaque fois que l'on interroge le député et les libéraux pour leur demander pourquoi ils sont indulgents envers les criminels qui utilisent des armes à feu pour commettre des crimes dangereux, ils répondent qu’ils augmentent également les peines obligatoires pour ces derniers. Cet argument ne tient pas debout. Nous demandons pourquoi ils sont indulgents envers les criminels qui utilisent des armes à feu et ils répondent qu’ils augmentent les peines. Cela n’a pas de sens. Ils disent qu’ils augmentent les peines, mais ils laissent les criminels purger leur peine en détention à domicile dans les collectivités qu’ils ont terrorisées.
Je viens de passer en revue une situation où une femme, accompagnée de son enfant, s'est fait voler sous la menace d’une arme à feu. Le vol à main armée ne donnera plus lieu à une peine d'emprisonnement obligatoire. Cela peut mettre les députés d’en face mal à l’aise, mais c’est dans leur projet de loi. L’individu qui a volé cette femme et son bébé sous la menace d’une arme à feu mérite d’aller en prison; aucune excuse. Il n’y a pas d’autre façon de voir les choses. C’est incroyable. Cet individu, que la police a arrêté, a été accusé de vol à main armée et de violation de son ordonnance d’interdiction de posséder une arme à feu. Il avait déjà été arrêté auparavant, accusé d'une infraction, puis relâché. Maintenant, il a de nouveau terrorisé la collectivité et a volé une femme avec un bébé sous la menace d’une arme à feu, et il sera probablement libéré de nouveau.
Récemment, j’étais à Grand Bend, une charmante collectivité sur le lac Huron, avec la députée de . J’ai parlé à des policiers sur le terrain et ils m’ont raconté ce qui s’est passé à la suite de la politique libérale laxiste envers la criminalité dans le cadre de la réforme du cautionnement. Un individu a été poignardé à mort à l’extérieur d’un bar à 2 heures du matin dans cette belle petite ville touristique. C’est un événement très rare dans cette merveilleuse collectivité, par ailleurs très sûre. Deux semaines plus tard, lorsque cet individu a été libéré sous caution, il est entré dans une station-service et a menacé la vie de deux adolescentes qui s’y trouvaient. Cet homme a assassiné quelqu’un avec un couteau, un homme innocent qui se trouvait à l’extérieur du bar au mauvais moment. Il l’a assassiné et s’est retrouvé dans la rue deux semaines plus tard, menaçant la vie de deux adolescentes. C’est le résultat de la réforme du cautionnement et de ce que les libéraux ont fait avec leurs politiques de tolérance à l’égard de la criminalité.
Si les libéraux prenaient le temps de parler aux policiers de leurs collectivités, ils entendraient les mêmes choses que moi. C’est incroyable. C’est comme si certaines parties de nos collectivités devenaient anarchiques.
Lorsque nous pensons aux services de police, qu’est-ce que les députés pensent que cela fait aux agents de police de mettre leur vie en danger et de courir après le type dont je viens de parler qui a volé une femme sous la menace d’une arme? Qu’est-ce qu’ils ressentent, d’après les députés? Ils mettent leur vie en danger et il est de retour dans la rue trois jours plus tard. Quel intérêt auront-ils à se précipiter sur la scène d’un crime quand ils voient le même type qu’ils ont appréhendé semaine après semaine? C’est incroyable.
J'aimerais utiliser le temps qu'il me reste pour proposer un amendement. Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
le projet de loi C‑5, Loi modifiant le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, ne soit pas maintenant lu une troisième fois, mais qu’il soit renvoyé de nouveau au Comité permanent de la justice et des droits de la personne afin de réexaminer les articles 5, 6, 7, 8, 10 et 12 en vue de supprimer les dispositions du projet de loi qui élimineraient un certain nombre de peines minimales obligatoires pour certains crimes très graves, à savoir le vol qualifié perpétré avec une arme à feu, le trafic d’armes et le déchargement d’une arme à feu avec une intention particulière, la possession d’une arme obtenue lors de la perpétration d’une infraction, et la possession en vue de faire le trafic d’armes.
Cet amendement vise à supprimer les parties les plus insensées du projet de loi afin que les individus...
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Madame la Présidente, je vais reprendre où j'en étais.
Le sommaire du projet de loi est libellé ainsi:
Le texte modifie le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances afin notamment d’abroger certaines peines minimales, de permettre un recours accru aux ordonnances de sursis et de prévoir des mesures de déjudiciarisation pour les infractions de possession simple de drogues.
Pour le Bloc québécois qui a toujours milité pour la déjudiciarisation et la réhabilitation et pour laisser aux juges le soin de déterminer les peines adéquates, à première vue, c'est ce qu'on appelle chez nous de la tarte aux pommes. Or, comme trop souvent à la Chambre, la tarte cache la pomme avariée qu'on n'a surtout pas envie de manger. Je ne peux que me réjouir des mesures de déjudiciarisation. Trop de gens ayant surtout besoin de soins de santé occupent inutilement nos palais de justice et nos prisons. Aussi malheureuses soient-elles, les dépendances doivent être soignées et non pas punies. Il faut sortir de ce paradigme mal fondé et nuisible.
C'est la même chose pour les ordonnances de sursis. Ce n'est pas une panacée, loin de là. Si elles sont utilisées judicieusement, et je n'ai aucune raison de croire que nos tribunaux seraient incapables de décisions judicieuses, elles permettront elles aussi une meilleure réhabilitation.
Quant aux peines minimales qu'on vise à abroger, elles doivent pour la plupart l'être, et je salue ce geste de confiance envers nos tribunaux. Les juges qui président les procès entendent une preuve assez exhaustive des faits en litige pour pouvoir évaluer mieux que quiconque la peine adéquate pour chaque situation. Je leur fais confiance.
Cela dit, le projet de loi ratisse un peu large. Alors qu'on vit une véritable crise de crimes avec arme à feu un peu partout au Québec et ailleurs au Canada, tout ce que le gouvernement nous propose pour y faire face, c'est l'abolition des peines minimales pour certaines de ces infractions. Je vais en nommer quelques-unes.
Au paragraphe 244(1) du Code criminel, on peut lire ceci au sujet de la décharge d'une arme à feu avec une intention particulière:
Commet une infraction quiconque, dans l'intention de blesser, mutiler ou défigurer une personne, de mettre sa vie en danger ou d'empêcher son arrestation ou sa détention, décharge une arme à feu contre qui que ce soit.
Ce n’est quand même pas banal. Le Code criminel actuel prévoit une peine minimale de cinq ou de sept ans pour ces crimes, s'ils sont commis avec l'aide d'une organisation criminelle ou au bénéfice d'organisations criminelles.
Pour ce qui est d'un vol qualifié en utilisant une arme à feu, l'article 344 du Code criminel prévoit une peine minimale de quatre ans.
Pour l'extorsion avec une arme à feu, voici ce qu'on peut lire au paragraphe 346(1) du Code criminel:
Commet une extorsion quiconque, sans justification ou excuse raisonnable et avec l'intention d'obtenir quelque chose, par menaces, accusations ou violence, induit ou tente d'induire une personne, que ce soit ou non la personne menacée ou accusée, ou celle contre qui la violence est exercée, à accomplir ou à faire accomplir quelque chose.
S'il y a usage d'arme à feu dans ces cas-là, la peine minimale est de quatre ans.
Il y en a d'autres, mais pour ces trois exemples, à savoir le vol qualifié en utilisant une arme à feu, la décharge d'une arme à feu avec intention de blesser, mutiler ou défigurer et l'extorsion en utilisant une arme à feu, le Code criminel prévoit pour l'instant des peines minimales.
Un juge est-il en mesure d'appliquer les peines adéquates pour ces infractions? Honnêtement, je pense que oui. Je pense que nos tribunaux sont tout à fait capables d'entendre la preuve et de décider de ce qui est adéquat dans ces cas comme dans les autres cas. Cependant, au moment où on vit la montée de la violence avec arme à feu, particulièrement dans la région de Montréal, mais ailleurs aussi au Québec et au Canada, cela me semble être un bien mauvais message à envoyer.
Ce n'est certainement pas ce que j'appellerais une utilisation judicieuse du pouvoir de légiférer. On aurait pu proposer des mesures de déjudiciarisation, des mesures de réhabilitation, l'abolition de certaines peines minimales en excluant les crimes aussi graves que ceux commis avec des armes à feu. On aurait pu le faire.
Au début de l'étude du projet de loi , le Bloc québécois a demandé de scinder le projet de loi pour qu'on puisse étudier la déjudiciarisation et ensuite la question des peines minimales dans un deuxième projet de loi. Cela nous aurait permis d'en adopter un rapidement, de travailler l'autre et de, peut-être, lui faire avoir la couleur que l'ensemble des justiciables québécois et canadiens voudraient qu'il ait. Malheureusement, on fait face à un entêtement du côté du gouvernement, un entêtement que je m'explique mal. En fait, je dirais même que je ne me l'explique pas.
Il semble que nous devons malheureusement accepter la pomme empoisonnée si on veut aussi que le remède de la déjudiciarisation, des sursis et de l'abolition de certaines autres peines minimales sur des infractions bien ciblées soit adopté. Cette façon de prendre le processus démocratique en otage est désolante et finira bien, un jour, par nous jouer un vilain tour. Espérons qu'entretemps, le gouvernement grandira un peu en sagesse. Qu'il soit libéral ou conservateur, espérons que cela arrive et qu'il se rende un jour aux arguments de l'opposition. Même si les partis de l'opposition s'opposent et que cela peut quelquefois sembler non fondé, il s'agit souvent d'une opposition bien fondée qui représente l'opinion d'une bonne partie de la population, quand ce n'est pas de la majorité de la population. Espérons que le gouvernement se rende un jour aux arguments de l'opposition et qu'il scinde ce type de projet de loi, afin qu'on puisse discuter sereinement et efficacement de chacune des dispositions qu'il vise dans l'intérêt supérieur de l'ensemble de la population du Québec et du Canada.
Pour l'instant, compte tenu des circonstances, le Bloc québécois va devoir voter en faveur du projet de loi C‑5. Il votera en faveur, parce qu'encore une fois la déjudiciarisation m'apparaît essentielle pour l'ensemble du système judiciaire. On en a besoin. Nous voterons en faveur du projet de loi C‑5, parce qu’effectivement les peines avec sursis m'apparaissent judicieuses et essentielles pour le bon fonctionnement de nos tribunaux, pour le bon fonctionnement de l'ensemble du système judiciaire et pour la réhabilitation de nombre de personnes délinquantes. Nous voterons en faveur du projet de loi C‑5, parce que l'abolition de certaines de ces peines minimales est essentielle, elle aussi, au système judiciaire et à la réhabilitation.
Nous voterons en faveur du projet de loi C‑5 en nous bouchant toutefois le nez sur ce déni de démocratie que le gouvernement perpétue en refusant de retirer du projet de loi C‑5 les dispositions qui vont être nuisibles à la lutte contre le crime organisé, à la lutte contre les fusillades quotidiennes et intempestives dans nos rues.
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Madame la Présidente, c'est de nouveau avec beaucoup de questions, d'interrogations et de perplexité que je prends la parole aujourd'hui sur le projet de loi à l'étape de la troisième lecture.
En tant que porte-parole en matière de condition féminine et de l'égalité des genres, j'observe une hausse du nombre de féminicides et de la violence fondée sur le genre. Tout comme mon collègue de , que je félicite pour son discours et que je remercie d'avoir bien voulu partager son temps avec moi, je me questionne sur le drôle de message que le gouvernement lance avec ce projet de loi.
Je vais donc aborder cette délicate question des peines minimales obligatoires en rappelant d'abord mon passé communautaire. Ensuite, j'aborderai les lacunes du projet de loi. Je terminerai par quelques souhaits pour contrer les violences et envoyer un message fort pour que cesse la hargne actuelle entourant ce projet de loi et, surtout, la désinformation que l'on entend et qu'a aussi soulignée mon collègue de .
Je rappelle que je viens du milieu communautaire, plus précisément d'un organisme qui travaillait en justice alternative et en médiation. Je crois donc sincèrement en la justice réparatrice. Je suis entièrement en accord avec la position traditionnelle du Bloc, qui représente bien celle du Québec sur les peines minimales obligatoires.
En matière de justice, le Bloc québécois défend plutôt une approche qui permet la réhabilitation et la réduction de la criminalité. Nous considérons que les peines minimales obligatoires, ou PMO, apportent peu de bénéfices, qu'elles n'ont aucun effet dissuasif sur le crime et qu'elles introduisent de nombreux problèmes, notamment la surreprésentation des communautés autochtones et noires dans les prisons, ainsi que des coûts de système supplémentaires. Le Bloc québécois est donc plus favorable au principe de l'abolition de certaines PMO.
Cependant, au Bloc québécois, nous considérons aussi le moment choisi, puisque, dans la vie, tout dépend du moment. Dans le cas du présent projet de loi, le moment est plutôt mal choisi pour abolir les PMO liées aux armes alors que plusieurs villes québécoises et canadiennes connaissent une épidémie de violence avec armes à feu, notamment en raison de l'inaction du gouvernement libéral pour contrôler les frontières.
Plusieurs groupes de femmes sont d'ailleurs très inquiets à ce sujet et aimeraient un meilleur contrôle des armes à feu pour tenter de s'attaquer aux féminicides. L'abolition des PMO sans aucune action de la part du gouvernement fédéral pour contrer l'importation illégale d'armes à nos frontières envoie donc un signal contradictoire.
D'un autre côté, le projet de loi renforcerait certaines peines maximales. Or, il faut faire attention de bien distinguer entre les deux projets de loi. Si l'abolition des PMO pour la possession d'armes à feu nous apparaît défendable, leur abolition proposée pour certains crimes avec arme à feu, comme la décharge d'une arme avec intention, le vol ou l'extorsion avec une arme à feu, semble contraire à la prétention du gouvernement de les maintenir pour certaines catégories de crimes graves.
Il faut donc surveiller de près cet aspect du projet de loi, ainsi que la possibilité de maintenir les PMO pour une troisième ou une deuxième offense. Comme le Bloc québécois l'avait suggéré, les tribunaux pourraient plutôt avoir le pouvoir de déroger à l'obligation d'imposer ces PMO dans le cas de ces crimes graves lorsque des circonstances exceptionnelles le justifient.
Je tiens donc à préciser que sur le Bloc québécois s'est prononcé en faveur de l'introduction du principe de la déjudiciarisation de la possession simple de drogues lors de la dernière campagne électorale et des débats sur le projet de loi . Rappelons que certaines des PMO devant être abolies visent la production de drogues, alors que la crise des opioïdes fait de plus en plus de victimes au Québec comme au Canada.
Les groupes communautaires qui travaillent auprès des itinérants et dont les travailleurs de rue font un excellent travail, comme c'est le cas pour celui qui travaille dans les rues de Granby, m'ont interpelée sur ce sujet lors de la dernière campagne électorale. Le Bloc québécois rappelle cependant qu'une telle mesure ne sera effective que si des investissements sont faits en santé pour accompagner les systèmes de santé et les organismes communautaires. Ces derniers ont besoin de moyens pour aider les personnes aux prises avec un problème de dépendance et de santé mentale, autre sujet sur lequel on m'a interpelée pendant la dernière campagne.
À ce sujet, le Bloc québécois rappelle que la question du financement des soins de santé à la hauteur de 35 % des coûts du système n'a toujours pas reçu de réponse du gouvernement libéral, malgré l'appel unanime du Québec et des provinces. Évidemment, sans ces investissements, il est difficile pour les organismes communautaires de répondre aux besoins grandissants dus à la hausse de l'itinérance dans des municipalités comme Granby. La pandémie n'a aidé en rien ce problème et l'a plutôt exacerbé. D'ailleurs, en tant que porte-parole en matière de condition féminine, j'observe un visage différent pour l'itinérance chez les femmes.
D'ailleurs, encore une fois, le Bloc québécois se fait le porte-voix du Québec, où la déjudiciarisation est un principe pleinement reconnu et intégré dans plusieurs sphères de la justice. Par exemple, en matière de droit de l'enfance, des alternatives extrajudiciaires sont offertes aux jeunes contrevenants depuis les années 1970 grâce à la réforme de la Loi sur la protection de la jeunesse par M. Claude Castonguay. Il existe également le Programme de mesures de rechange pour les adultes en milieu autochtone, qui permet à des individus issus de communautés autochtones de faire face à des mesures autres qu'une poursuite au criminel.
Il existe le Programme d'accompagnement justice et santé mentale, qui permet aux individus qui ont commis une infraction criminelle, mais qui sont aptes à subir un procès, d'obtenir une réduction de peine ou parfois la déjudiciarisation. Il y a aussi le Programme de mesures de rechange général pour adultes, qui est en train d'être mis en œuvre et qui offre aux adultes accusés de certaines infractions criminelles la possibilité d'assumer la responsabilité de leurs actes et de régler le conflit qui les oppose à la justice autrement qu'en étant assujettis aux procédures judiciaires usuelles prévues par le Code criminel.
Pour toutes ces raisons, je tiens à saluer l'organisme Justice alternative et médiation, pour lequel je travaillais. Je tiens à m'excuser de n'avoir pu être à l'assemblée générale, mais je sais que le travail de cet organisme sur tous les dossiers que je viens d'évoquer est crucial.
Finalement, en lien avec les drogues, il existe le Programme de traitement de la toxicomanie de la Cour du Québec, qui permet de reporter le prononcé de la peine, le temps qu'un contrevenant puisse suivre un traitement sous la supervision du tribunal pour mettre fin à sa dépendance. Il prévoit également une étroite collaboration entre le tribunal et les ressources en toxicomanie pour établir les modalités de traitement, dont les activités de thérapie, de réadaptation et de réinsertion sociale. Ce programme n'est cependant offert qu'à Montréal et à Puvirnituq. Ce serait intéressant qu'il puisse être élargi.
Bref, comme le démontrent les exemples précédents, le principe de déjudiciarisation n'est pas nouveau dans l'écosystème judiciaire du Québec. Le projet de loi no 32 était en cours d'étude à Québec et empruntait cette même voie de la déjudiciarisation. Le gouvernement caquiste avait concentré ses efforts sur l'adoption de ce projet de loi qui vise à améliorer l'efficacité de la justice pénale. Ce projet de loi a introduit le concept de programme d'adaptabilité qui donnera aux municipalités une option pour gérer les constats d'infraction aux personnes vulnérables, comme celles en situation d'itinérance ou ayant un problème de santé mentale ou de dépendance.
En tant que porte-parole de la condition féminine, je suis toujours un peu choquée d'observer une surreprésentation des Autochtones en milieu carcéral et de constater que cela touche davantage les femmes. Ainsi, chez les femmes, 38 % de celles qui ont été admises dans les établissements de détention provinciaux et territoriaux après condamnation étaient des Autochtones, alors que la proportion correspondante des admissions chez les hommes s'identifiant comme Autochtones était de 26 %. Cela touche donc beaucoup plus les femmes autochtones. Dans les services correctionnels fédéraux, les femmes autochtones comptaient pour 31 % de celles qui ont été admises en détention à la suite d'une condamnation, tandis que les hommes autochtones comptaient pour 2 % des admissions. C'est énorme, comme chiffre. Avec ces chiffres, est-ce que les peines minimales obligatoires peuvent contribuer à augmenter la surreprésentation des Noirs et des Autochtones dans le système carcéral? Certains indicateurs semblent tendre vers oui.
La déjudiciarisation est également bénéfique pour les individus. Cela allège la stigmatisation liée aux drogues, de même que les barrières que cause un casier criminel, qui sont disproportionnées par rapport à l'offense qu'est la simple possession. Comme dernière chose, je mentionnerai que les peines minimales obligatoires coûtent cher, d'abord parce qu'elles engendrent des frais de services correctionnels de longue durée en plus d'accroître les frais judiciaires. Les PMO engendrent des coûts sociaux importants parce que l'argent consacré à l'emprisonnement n'est pas consacré à la réinsertion sociale.
En conclusion, je dirai que, provenant du milieu communautaire, je suis sensible à plusieurs considérations en lien avec ce projet de loi. Une chose est certaine: il ne doit pas nous déresponsabiliser comme parlementaires, notamment en raison du fait que les crimes avec arme à feu sont une préoccupation importante due à l'actualité récente, alors que plusieurs victimes innocentes ont été tuées par des armes à feu. Si nous sommes d'accord sur l'abolition des PMO, il ne faut pas minimiser les crimes par arme à feu ni l'importance d'assurer le sentiment de sécurité de la population et de se pencher sur de meilleures mesures de contrôle des armes à feu. Cela fera toutefois débat dans le cadre d'un autre projet de loi. Concentrons-nous sur celui d'aujourd'hui.
Je peux affirmer une chose. D'une part, les néo-démocrates disaient que ce projet de loi n'allait pas assez loin. D'autre part, les conservateurs perpétuent cette approche tough on crime. Est-ce la bonne façon de faire? On peut se questionner.
D'un autre côté, il y a les libéraux, qui, comme je l'ai dit, font preuve d'hypocrisie, notamment dans le cas des crimes contre les femmes. L'appel à l'action 32 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada permettait et permet aux juges d'avoir une forme de dérogation dans certaines circonstances — je parle ici de crimes graves envers les femmes —, l'idée étant de laisser les juges décider si l'abolition de la PMO est ou non la meilleure idée. C'est pour envoyer un message fort, surtout dans le cas de crimes graves envers les femmes. Les libéraux l'avaient pourtant fait dans le cas de la Commission de vérité et réconciliation.
Encore une fois, c'est un projet de loi qui représente un peu le côté fourre-tout des libéraux, qui essaient de tout mêler. Peines minimales, peines maximales, déjudiciarisation: on mêle tout. Bref, encore une fois, c'est le Bloc québécois qui s'est proposé comme adulte dans la pièce en essayant d'avoir l'approche la plus raisonnée et la plus raisonnable.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole à distance pour parler du projet de loi en troisième lecture, mais je dois dire que j'attends avec impatience le jour où les circonstances ne m'obligeront pas à faire des discours au moyen d'une caméra aussi grosse qu'un trou de serrure, avec tous les problèmes techniques que cela occasionne.
Je veux commencer en parlant de ce qu'est le projet de loi et de ce qu'il n'est pas. Je tiens à dire clairement, alors que nous en arrivons à la troisième lecture de ce projet de loi, que je suis heureux de m'exprimer en faveur de celui-ci en raison de ce qu'il contient réellement.
Bien que modeste, le projet de loi C‑5 joue un rôle important dans la lutte contre le racisme systémique dans notre système de justice. Il suffit de jeter un bref coup d'œil aux statistiques, qui montrent qu'en dépit du fait qu'ils ne soient pas plus impliqués dans le trafic de drogues ou des activités criminelles que d'autres, certains membres de la société canadienne, les Autochtones et les Canadiens racialisés, se retrouvent en prison beaucoup plus souvent et dans une proportion beaucoup plus élevée que les autres Canadiens.
L’enquêteur correctionnel a souligné que les Autochtones représentent moins de 5 % de la population, mais plus de 30 % des personnes incarcérées au Canada. Les Canadiens qui s’identifient comme Noirs représentent environ 3,5 % de la population et plus de 7 % de ceux qui sont en prison. La situation est pire lorsqu’il s’agit des femmes autochtones et des femmes qui vivent dans la pauvreté. Ces femmes représentent plus de 50 % des détenues dans les prisons pour femmes. Encore une fois, si l’on considère les femmes noires canadiennes, elles représentent environ 3 % de la population, mais plus de 9 % des détenues dans les établissements correctionnels. Il est clair que nous avons un problème de racisme systémique dans notre système judiciaire.
Le projet de loi apporterait également une modeste contribution à la lutte contre la crise des drogues toxiques dans notre pays. L’élimination des peines minimales obligatoires pour les infractions liées à la drogue et l’augmentation de la capacité de la police et des juges à écarter de la prison les personnes aux prises avec une dépendance pour qu’elles suivent un traitement seront évidemment utiles.
Pouvons-nous en faire plus pour lutter contre le racisme systémique et la crise des opioïdes? Évidemment.
Permettez-moi de commencer par parler de ce que le projet de loi ne fait pas, car nous avons entendu de nombreuses affirmations scandaleuses, de la part des conservateurs en particulier, mais aussi parfois du Bloc, sur ce que fait le projet de loi. Le projet de loi ne réduit en aucune façon les peines que les juges infligeront pour les crimes graves. La suppression des peines minimales obligatoires ne fait que supprimer la peine minimale pour une infraction donnée, pas la peine maximale, pas la peine moyenne, pas la peine normale. Seule la peine minimale est supprimée.
Les témoignages que nous avons entendus en comité, ainsi que les témoignages en matière de justice pénale, sont très clairs: les peines minimales obligatoires n’ont aucun effet dissuasif sur les crimes. Il y a très peu de criminels qui feuillettent le Code criminel pour décider quelle infraction leur offre la meilleure solution, évidemment. Nous savons, grâce à la recherche, que le véritable facteur de dissuasion est le fait de se faire prendre. Tous les criminels ont tendance à penser qu’ils sont les plus intelligents de la bande et qu’ils ne se feront pas prendre, mais c’est cette crainte des forces de l'ordre qui est en fait un facteur de dissuasion.
Les preuves nous montrent que les peines minimales obligatoires augmentent en fait la probabilité de récidive. En fait, elles font diminuer le sentiment de sécurité du public au lieu de le faire augmenter. Ne prêtons pas attention à ceux qui nous disent que le projet de loi est laxiste en matière de criminalité, mais prenons plutôt le temps d'examiner ce qu'il fait vraiment.
Il supprime 20 peines minimales obligatoires: 14 du Code criminel et 6 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Il y a beaucoup d’autres peines minimales obligatoires qui pourraient être supprimées, mais des experts nous ont dit que la suppression de ces 20 peines contribuera grandement à contrer la surreprésentation des personnes racialisées et autochtones dans notre système correctionnel.
Les néo-démocrates appuient le maintien des peines minimales obligatoires pour les crimes les plus graves et les plus violents, lorsqu’il est prouvé qu’une supervision plus longue peut être utile et nécessaire pour la sécurité publique, mais nous reconnaissons que toutes les peines minimales obligatoires peuvent avoir et ont effectivement des répercussions disproportionnées sur les Autochtones et les Canadiens racialisés.
C’est pourquoi nous avons tenté d’amender le projet de loi en comité afin d’ajouter une dérogation rétablissant le pouvoir judiciaire discrétionnaire dans le cas d’infractions assorties de peines minimales obligatoires lorsqu’il serait manifestement injuste d’appliquer ces peines minimales obligatoires. Cela est conforme aux principes de Gladue, qui exigent que les juges tiennent compte de la situation des Autochtones lorsqu’ils déterminent la peine. Malheureusement, dans les lois actuellement en vigueur, les principes de Gladue ne s’appliquent pas en présence d’une peine minimale obligatoire.
Je dois souligner que, d’après moi, le député bloquiste de ne se rappelle pas très bien ce qui s’est passé au comité. Plusieurs députés et partis ont tenté à plusieurs reprises d’ajouter ce type de dérogation au projet de loi , mais en raison du libellé étroit du projet de loi, ces tentatives ont malheureusement été jugées irrecevables, hors de la portée du projet de loi, de sorte que personne n’a voté contre l’ajout de cette dérogation.
Encore une fois, les néo-démocrates sont pour l’ajout d’une disposition analogue au principe Gladue, qui exigerait que les juges tiennent compte des circonstances au moment de condamner des Canadiens racialisés. Ce type de dérogation constituerait une façon d'intensifier nos efforts de lutte contre le racisme systémique au sein du système judiciaire.
Je le répète: qu'y a-t-il dans ce projet de loi au juste? Cette mesure législative supprimerait 20 peines minimales obligatoires, dont la plupart sont associées à des peines d’emprisonnement de moins de deux ans. Habituellement, les peines minimales obligatoires de moins de deux ans n'entraînent que de courtes périodes à purger. Vu le temps qui peut avoir été passé en détention avant le procès, et les dispositions prévoyant une libération anticipée pour bonne conduite, ce qui est essentiel pour maintenir la discipline dans notre système correctionnel, le temps purgé en vertu de ces peines minimales obligatoires serait très, très court dans la plupart des cas.
Cela signifie également que la peine sera purgée dans des établissements provinciaux, qui ne disposent pas, en règle générale, de programmes de réadaptation complets étant donné la brièveté du séjour de la plupart des délinquants qui y sont incarcérés. De toute évidence, si les gens ne sont en détention que pendant quelques mois, ils ne peuvent pas vraiment suivre de programme de traitement des dépendances. Ils ne peuvent pas vraiment suivre de formation qui pourrait leur permettre d’obtenir un meilleur emploi à leur sortie du système correctionnel. Ils ne peuvent même pas suivre, en cette très courte période, de cours d’alphabétisation, qui sont importants pour bon nombre de personnes qui passent par le système de justice pénale. Le temps passé en détention, dans le cadre de ces peines minimales obligatoires, n’est pas suffisant pour obtenir une aide réelle permettant de réintégrer la société et de poser une menace moindre pour la sécurité publique.
Ces peines minimales obligatoires garantissent que les délinquants purgent une peine juste assez longue pour perdre leur emploi, leur logement et souvent la garde de leurs enfants. Ce sont des peines supplémentaires assez lourdes qui, à mon avis, n’ont jamais été prévues pour des actes comme la possession personnelle de drogues. Ces peines sont juste assez longues pour que les contrevenants risquent davantage de revivre des démêlés avec la justice que de réintégrer leur collectivité.
Il faut souligner qu'au lieu des peines minimales obligatoires, le projet de loi accorderait un accès supplémentaire aux peines avec sursis, de sorte que les juges pourraient imposer des peines avec sursis au lieu des peines minimales obligatoires actuelles. Les juges pourraient donc imposer des peines à purger les fins de semaine ou la détention à domicile. C’est important, car les conservateurs déforment encore une fois ce que ferait le projet de loi. Les juges sont autorisés à utiliser les peines avec sursis uniquement dans les cas où la peine attribuée est inférieure à deux ans de détention. Les exemples extrêmes évoqués par les conservateurs de ce qui pourrait faire l'objet d'une peine avec sursis ne figurent tout simplement pas dans ce projet de loi.
Pour les gens qui purgent leur peine les fins de semaine, les peines d’emprisonnement avec sursis pourraient leur permettre de conserver leur emploi et de continuer à subvenir aux besoins de leur famille. Les personnes en détention à domicile dans le cadre d’une peine avec sursis pourraient rester les principaux fournisseurs de soins de leurs enfants et éviter que ceux-ci soient pris en charge par les autorités. Cela pourrait leur permettre de garder leur famille unie. Nous avons tous vu les terribles répercussions, tant sur les Canadiens autochtones que sur les communautés racialisées, de la prise en charge par un système qui comporte autant de problèmes de racisme systémique que le système judiciaire.
Encore une fois, le projet de loi ne fait rien pour réduire la durée des peines infligées par les juges pour les crimes graves, rien du tout. Le pouvoir discrétionnaire des juges et les lignes directrices en matière de détermination de la peine signifient que les crimes graves continueront de donner lieu à de lourdes peines d’emprisonnement même après l’adoption du projet de loi C‑5.
Le troisième aspect du projet de loi , le troisième changement majeur qu’il prévoit, est qu’il habilite la police et les procureurs à recourir davantage aux avertissements et à la déjudiciarisation, au lieu de porter des accusations dans le cas d’infractions relatives à la possession de stupéfiants. Non seulement le recours à d’autres mesures, comme les avertissements et le renvoi à des services de counseling pour les infractions pénales mineures, évite de gaspiller le temps des tribunaux et d’en rallonger les délais, mais grâce à la déjudiciarisation, les personnes sont moins susceptibles de prendre part à des activités criminelles à l'avenir. L’avantage évident de la déjudiciarisation est qu’elle permet à la personne de suivre un programme de désintoxication et de régler les problèmes de dépendance qui l’ont amenée à avoir maille à partir avec la justice pénale.
Tous ces aspects du projet de loi amélioreront la sécurité publique, et pas le contraire, comme voudraient nous le faire croire les opposants au projet de loi. Personne ne nie qu’il y a de nombreux problèmes de sécurité publique que nous devons régler, mais le projet de loi crée un espace dans notre système de justice pénale pour nous attaquer aux crimes les plus graves en sortant les infractions mineures du système judiciaire et en autorisant les juges à prononcer les peines les plus appropriées, pas seulement pour le délinquant, mais aussi pour éviter les récidives, ce qui aide aussi à défendre ou à protéger la sécurité publique dans la collectivité.
C’est en raison de ces trois éléments, l’élimination de 20 peines minimales obligatoires, l’accès accru à des peines avec sursis et l’accès accru à la déjudiciarisation, que les néo-démocrates ont dit qu’ils appuieraient le projet de loi à l’étape de la deuxième lecture. À vrai dire, ce projet de loi ne nous plaisait pas vraiment parce que nous espérions que les libéraux se montreraient plus audacieux dans la lutte contre le racisme systémique dans le système de justice pénale. Les citoyens entendent souvent dire que le Parlement est dysfonctionnel et que nous ne coopérons pas, mais nous avons prouvé au comité de la justice que nous pouvons coopérer pour améliorer les projets de loi. Au comité, nous avons proposé quatre amendements, dont deux ont été adoptés, et je peux dire, pour ma part, que le projet de loi me plaît beaucoup plus maintenant.
Le premier amendement adopté prévoit que les dossiers de déjudiciarisation soient conservés pour être utilisés de façon discrétionnaire. C’est important, car conserver les dossiers de déjudiciarisation permettra d’étudier l’utilisation par la police de son pouvoir discrétionnaire et de lui demander des comptes. Nous pourrons ainsi vérifier que ce pouvoir discrétionnaire n’est pas seulement utilisé pour favoriser ceux qui sont déjà les plus privilégiés dans la société, mais est utilisé équitablement en ce qui concerne les Autochtones et les Canadiens racialisés. L’amendement garantit également que les avertissements et la déjudiciarisation ne peuvent pas être utilisés dans des procédures judiciaires ultérieures. Ce facteur est important en ce sens qu’il garantit qu’il y a une réelle incitation à mener à bien des solutions comme la déjudiciarisation.
Le dernier amendement adopté concerne la question des casiers judiciaires pour possession de drogues à usage personnel. Le projet de loi garantit à présent que tous ces casiers judiciaires seront effacés d’ici deux ans, de sorte que des personnes qui se voient souvent refuser un logement, un emploi, la possibilité de voyager, des prêts bancaires et des prêts hypothécaires ou la possibilité de faire du bénévolat auprès de personnes âgées ou d’enfants n’auront plus de casier judiciaire et pourront poursuivre une réinsertion dans la société qui leur permettra d’avancer dans la vie, comme les autres Canadiens.
Les libéraux ont mis en place un processus de suspension du casier judiciaire pour la marijuana quand elle a été légalisée, mais je dois souligner que ce processus n’a permis d’effacer le casier que de 484 personnes sur les centaines de milliers qui ont un casier pour possession simple. Le projet de loi supprimera tous ces casiers judiciaires sans qu’il faille en faire la demande et sans frais.
Notre amendement portait aussi sur les conditions futures concernant la possession de drogues pour usage personnel, qui reste une infraction après que le gouvernement s’est assuré du rejet du projet de loi , le projet de loi d’origine parlementaire déposé par le député de qui aurait totalement décriminalisé la possession de drogues pour usage personnel. Comme ces condamnations restent possibles, avec notre amendement, le projet de loi garantit que toute nouvelle condamnation disparaîtra du casier judiciaire deux ans après la fin de toute peine en résultant, autrement dit, qu’elle ne restera pas inscrite perpétuellement au casier judiciaire avec toutes les conséquences négatives que je viens de mentionner. Ce processus, que le gouvernement qualifie de « retrait des casiers judiciaires », fera en sorte que ces casiers n'apparaissent pas dans les vérifications de casier judiciaire, mesure qui bénéficiera directement à 250 000 Canadiens.
N’écoutons pas les détracteurs qui essaient d’attiser des craintes pour la sécurité publique au sujet du projet de loi . C’est exaspérant quand on sait que le projet de loi fera tellement plus pour aider à rendre nos collectivités plus sûres. Il est, pour tout dire, irritant de voir les opposants au projet de loi en ignorer la véritable incidence sur la lutte qui s’amorce contre le racisme systémique qui sévit dans le système judiciaire et qui rend la vie de tant d’Autochtones et de Canadiens racialisés tellement plus difficile.
Le projet de loi répond-il à tous les espoirs des intervenants communautaires? Non. Les libéraux auraient pu se montrer plus audacieux, comme je l’ai dit, dans la lutte contre le racisme systémique et face à la crise des opioïdes, mais le projet de loi marque-t-il un pas en avant important pour régler ces problèmes? Je crois que oui, et c’est pourquoi les néo-démocrates sont heureux d’appuyer le projet de loi C‑5 à l’étape de la troisième lecture aujourd’hui.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps avec la députée d'.
Je suis heureux de prendre la parole à propos du projet de loi . J'aimerais m'attarder aujourd'hui aux modifications nécessaires qui sont proposées dans le projet de loi C‑5.
Notre système de justice pénale perpétue encore et toujours le cycle du racisme systémique, un système au sein duquel les Autochtones, les Canadiens noirs et les membres des communautés marginalisées sont surreprésentés de façon disproportionnée, tant comme délinquants que victimes. Les lois régissant la détermination de la peine au sein du système de justice pénale canadien mettent depuis toujours l'accent sur la punition par l'emprisonnement plutôt que de veiller à ce que les mesures prises à l'égard des comportements criminels soient justes, efficaces et axées sur la sécurité publique.
Il est donc primordial d'adopter les modifications proposées dans le projet de loi pour rompre le cycle du racisme systémique et la surreprésentation dans le système de justice pénale tout en prenant des mesures pour remédier aux disparités que vivent les groupes vulnérables. Les modifications proposées maintiennent la capacité des juges d'imposer de sévères sanctions, au besoin, pour les infractions relatives aux armes à feu, ce qui assure une peine proportionnelle au crime.
J’ai l’honneur de présider le Comité permanent de la justice et des droits de la personne, qui vient de terminer son examen du projet de loi. Nous avons entendu les témoignages d’experts, de policiers, d’avocats et de représentants des personnes marginalisées et des repris de justice. Ces témoins ont évoqué les expériences diverses de ceux qui ont subi les conséquences du projet de loi partout au Canada, et ont montré que les personnes racialisées et marginalisées ont été victimes de racisme dans leurs contacts avec la police et le système carcéral, et qu’un système d’incarcération colonial ne répond pas adéquatement aux besoins des Canadiens.
Le projet de loi répond aux préoccupations soulevées par les témoins que nous avons entendus en ce qui concerne le racisme et la surreprésentation de certains groupes dans le système carcéral, parce qu’il renforce le pouvoir discrétionnaire des magistrats et privilégie les peines sur mesure. On garantira ainsi qu’une personne reconnue coupable soit condamnée à une peine proportionnelle à son degré de responsabilité et à la gravité de l’infraction. Le tribunal qui détermine la peine devra examiner toutes les circonstances atténuantes et aggravantes du dossier, y compris le risque que le délinquant représente pour la sécurité publique, sa situation personnelle et les expériences de racisme systémique qu’il a vécues.
S’agissant d’infractions, notamment les infractions commises avec une arme à feu et la violence perpétrée par des jeunes, je travaille avec des groupes depuis plusieurs décennies. Je peux vous dire que les peines minimales obligatoires n’ont aucun effet dissuasif sur les délinquants et sur le nombre de crimes commis avec une arme à feu. Par contre, la prévention, l’intervention et la stricte application de la loi aux frontières sont efficaces. La plupart de ces jeunes ont besoin d’aide, et la prison n’est pas la solution.
Un système de justice pénale qui se sert des peines minimales obligatoires pour réformer les détenus n’est pas conforme aux valeurs canadiennes et ne répond pas adéquatement aux besoins des groupes racialisés et marginalisés du Canada. Les statistiques nous montrent que notre système de justice pénale n’a jamais été bien outillé pour considérer le cas des personnes qui sont vulnérables, qui ont des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, qui sont sans abri, qui vivent dans la pauvreté ou qui n’ont pas accès aux services essentiels. Il ne faut pas que le Canada se serve du système de justice pénale pour régler des problèmes sociaux. Nous devons au contraire mettre l’accent sur la sécurité publique, la responsabilité et la justice.
Les études montrent qu’au Canada, les peuples autochtones, les noirs et les autres personnes racialisées sont plus susceptibles d’avoir des démêlés avec le système de justice pénale, souvent à cause du racisme systémique et d’autres facteurs socio-économiques. Cela est d’autant plus évident que les membres de ces communautés sont surreprésentées dans les établissements carcéraux.
Entre 2007-2008 et 2016-2017, les délinquants autochtones et noirs ont été, plus souvent que les autres groupes, envoyés dans un pénitencier fédéral pour une infraction passible d’une peine minimale obligatoire. Pendant cette période, le nombre d’adultes autochtones emprisonnés dans un pénitencier fédéral pour une infraction commise avec une arme à feu et passible d’une peine minimale obligatoire a augmenté de 23 %.
Même s’ils ne représentaient que 5 % de la population adulte canadienne en 2020, les adultes autochtones représentaient 30 % des détenus incarcérés dans des pénitenciers fédéraux. En 2018-2019, les noirs représentaient 7 % des détenus incarcérés dans des pénitenciers fédéraux, alors qu’ils ne représentaient que 3 % de la population canadienne. Si nous maintenons en place un système qui perpétue le racisme systémique, beaucoup de ces communautés continueront d’être enfermées dans l’engrenage de l’incarcération.
Le projet de loi abroge 13 peines minimales obligatoires pour des infractions commises avec une arme à feu il et donne aux tribunaux le pouvoir d’imposer aux délinquants des peines proportionnelles et individualisées.
Le projet de loi abroge les peines minimales obligatoires concernant la possession d’une arme à feu chargée, interdite ou à utilisation restreinte, la possession d’une arme acquise par infraction ainsi que la possession et l’importation délibérée d’une arme à feu non autorisée.
L’abrogation de ces peines minimales obligatoires permettra un recours accru aux ordonnances de sursis lorsqu’un délinquant s'expose à une peine d’emprisonnement de moins de deux ans et qu’il ne représente pas une menace pour la sécurité publique. Cette mesure obligera également la police et les procureurs à envisager des mesures autres que l’incarcération.
L’expérience montre que le recours restreint aux ordonnances de sursis contribue à aggraver les disparités que vivent les communautés racisées et marginalisées au Canada. Conformément aux engagements pris par le gouvernement, les peines minimales obligatoires seront maintenues pour les infractions liées à un vol, à une extorsion, à l’utilisation d’une arme à feu dans l’intention de causer des blessures, au trafic et à l’importation d’armes à feu ainsi qu'à la fabrication d’armes automatiques.
Un système de justice qui cible injustement les communautés autochtones, noires et marginalisées n'est pas un système efficace, car il n’assure pas notre protection. Il faut par conséquent le réformer. À ceux qui disent que le projet de loi n’est pas assez répressif, je répondrai que les individus qui commettent de graves infractions continueront de se voir imposer de lourdes peines.
L’objectif du projet de loi est de se débarrasser des politiques inefficaces qui ont contribué à remplir les prisons canadiennes de primodélinquants qui présentent peu de risque. Ceux-ci n’ont pas besoin d’être incarcérés, ils ont besoin de soutien. Ces politiques inefficaces n’ont eu aucun effet dissuasif dans le passé. Elles n’ont pas contribué à assurer notre protection et elles n’ont pas rendu notre système judiciaire plus efficient. De plus, elles ont ciblé les Canadiens vulnérables et racisés.
Comme moi, les Canadiens constatent chaque jour les effets dévastateurs de l’utilisation d’armes à feu. Cependant, je reconnais qu’un système universel, où les peines minimales obligatoires sont considérées comme justes et équitables, ne répond pas adéquatement aux besoins des gens qui, de façon disproportionnée, ont des démêlés avec le système de justice pénale canadien.
Lorsqu’un délinquant représente un danger pour le public, qu’il a commis un crime grave ou qu'il est un récidiviste, le juge aura le pouvoir, dans certains cas, d’imposer des peines plus sévères que les peines minimales. Il s’agit donc d’adopter non pas une approche laxiste, mais plutôt une approche qui fait une distinction entre les problèmes sociaux et les problèmes judiciaires et qui permet aux magistrats de déterminer une peine appropriée.
Pour mettre un terme à cet engrenage de la surreprésentation, nous devons adopter une approche sur mesure qui encourage la réadaptation et qui tient compte des injustices historiques et contemporaines dont certains Canadiens sont victimes. Le fait d’abroger certaines peines minimales obligatoires ne signifie pas que les infractions commises avec une arme à feu sont de graves infractions; il s’agit plutôt de donner aux tribunaux le pouvoir d’imposer des peines appropriées et proportionnées.
Les changements que nous apportons aujourd'hui au système de justice pénale canadien auront un impact sur les Canadiens d'aujourd'hui et de demain. Ils changeront la façon d'intervenir auprès des communautés racialisées et marginalisées, notamment en accordant un véritable soutien aux victimes, aux accusés, aux délinquants, aux familles et aux collectivités.
Le gouvernement est déterminé à maintenir la sécurité publique et il adopte des mesures urgentes et importantes pour rendre le Canada plus sûr.
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Madame la Présidente, ces politiques bancales n’ont pas assuré la sécurité des Canadiens ni rendu notre système judiciaire plus efficace. Elles n’ont fait que remplir nos prisons de délinquants primaires à faible risque qui avaient besoin d’aide.
Le projet de loi supprime les peines minimales obligatoires qui ciblent les délinquants à faible risque et les délinquants primaires et dont il a été démontré qu’elles augmentent l'incarcération excessive des groupes racialisés et marginalisés. La suppression de ces peines minimales obligatoires n’empêche en rien l’imposition de peines sévères à ceux qui commettent des crimes graves. Nous n’empêchons pas la police d’inculper des personnes pour des infractions liées aux armes à feu ni les procureurs d’intenter des poursuites.
Nous rétablissons le pouvoir discrétionnaire des juges afin qu’ils puissent imposer des peines justes, proportionnelles au degré de responsabilité du délinquant et à la gravité de l’infraction, et tenant compte de tous les facteurs aggravants et atténuants, y compris le risque pour la sécurité publique, la personne en face d’eux et leur expérience du racisme systémique.
Cela pourrait se traduire par des peines d’emprisonnement inférieures ou supérieures aux peines minimales obligatoires qui seraient abrogées. Les peines minimales obligatoires continueraient d’exister pour des infractions comme le meurtre, la haute trahison, les infractions sexuelles, les infractions de conduite avec facultés affaiblies et les infractions graves liées aux armes à feu.
Deuxièmement, le projet de loi permettrait un recours accru aux ordonnances de sursis pour les délinquants passibles d'une peine d'emprisonnement de moins de deux ans qui ne représentent pas une menace pour la sécurité publique. Le projet de loi élargirait de nouveau l'admissibilité aux peines avec sursis afin que les juges aient la marge de manœuvre nécessaire pour permettre aux délinquants qui ne représentent pas de menace pour la population de purger leur peine dans la collectivité sous des conditions strictes. Parmi ces conditions, mentionnons le couvre-feu, l'assignation à résidence, l'abstention de consommer de la drogue ou de l'alcool, l'interdiction de posséder, de détenir ou de transporter une arme, l'interdiction de communiquer avec les victimes et l'obligation de suivre un programme de traitement approuvé par la province.
Voici ce que Michael Spratt a souligné lors de son témoignage:
Les délinquants peuvent être tenus de suivre des séances de counseling, de chercher un emploi, d'effectuer des travaux communautaires et d'accorder des réparations aux victimes de leurs infractions.
Cela s'explique du fait que, contrairement aux autres sanctions, les ordonnances de sursis permettent au tribunal de se concentrer sur la réadaptation. Les délinquants moins dangereux qui font l'objet d'une ordonnance de sursis seraient admissibles à des programmes de traitement et à d'autres services de soutien qui leur permettraient de rester dans leur famille et de bénéficier de soutiens communautaires. Cette approche coûterait considérablement moins cher au système. Par surcroît, elle favoriserait la réadaptation et la réintégration des délinquants qui ne posent pas de risque pour la société et, par extension, elle aurait un effet dissuasif sur la criminalité et contribuerait à la sécurité des collectivités. Il est bien connu que l'incarcération des délinquants moins dangereux n'est pas un moyen efficace pour favoriser la réadaptation. Il va sans dire que je l'ai moi-même constaté lorsque j'étais procureure générale en Nouvelle‑Écosse.
Je vais citer Brandon Rolle, de l'African Nova Scotian Justice Institute, qui a témoigné devant le comité. Il a dit ce qui suit:
[...] nous savons qu'un Noir en prison n'aura pas accès à des programmes adaptés à sa culture. Il sera plus souvent considéré comme un fauteur de troubles. Il sera classé à risque élevé. Il ne passera pas de là à un endroit où il pourra réussir sa réintégration dans la société.
Par conséquent, s'il est possible de permettre aux délinquants moins dangereux de purger leur peine dans la collectivité avec leurs réseaux de soutien, dans les cas où il n'y a aucun risque pour la sécurité publique, il nous incombe d'offrir cette option si nous avons vraiment à cœur la réadaptation des personnes reconnues coupables d'un crime. Pour y arriver, il faut rétablir le pouvoir discrétionnaire des juges afin de leur donner la marge de manœuvre nécessaire. Je fais confiance aux juges et aux témoins que nous avons entendus, y compris Mme Guerin Skalusat de la bande indienne de Musqueam, qui est gestionnaire des relations autochtones de la British Columbia Infrastructure Benefits. C'est exactement les propos qu'elle a tenus devant le comité:
Je dirais que je crois effectivement les juges capables de le faire. Selon moi, la mise en œuvre de l'arrêt Gladue s'est bien déroulée. C'est un mécanisme que les membres de notre communauté et ceux qui ont des démêlés avec le système de justice pénale connaissent maintenant très bien. Nous disposons d'une grande quantité de ressources pour appuyer ce processus. Je pense bien qu'avec un soutien semblable, ce serait une bonne chose.
Je tiens à ajouter que le projet de loi ne permettrait pas d'émettre des ordonnances de sursis dans les cas d’encouragement au génocide, de torture, de tentative de meurtre, de terrorisme, d’infractions d’organisation criminelle graves ou de toute infraction entraînant une peine minimale obligatoire.
Ensuite, ce projet de loi obligerait la police et les procureurs à envisager d’autres mesures pour la possession simple de drogues, comme l’aiguillage vers des programmes de traitement de la toxicomanie, plutôt que de porter des accusations ou de poursuivre des personnes pour possession simple de drogue illégale. L’amendement proposé renforce l'engagement du gouvernement à s’attaquer à la crise des opioïdes et à traiter la consommation problématique de substances comme une question de santé plutôt que comme une question criminelle. Ainsi, la priorité serait d’apporter aux gens l’aide dont ils ont besoin plutôt que de les stigmatiser et de les punir davantage. Cela permettrait également d'éviter les coûts liés à la défense. Les personnes inculpées pourraient être déjudiciarisées par le procureur de la Couronne.
Évidemment, la police et les procureurs auront besoin d’outils et de conseils pour que cela fonctionne. Le gouvernement sera là pour les soutenir. Comme l’exemption récemment accordée en Colombie-Britannique le démontre clairement, la crise des opioïdes est une crise de santé publique et la déjudiciarisation est une meilleure option que l'emprisonnement pour les personnes aux prises avec une dépendance. Voilà comment nous comptons réduire la criminalité.
Enfin, pour les Canadiens qui nous regardent et qui constatent que le débat s’est polarisé, je tiens à dire aux résidants de Halifax-Ouest, aux Néo-Écossais et aux Canadiens que nous avons travaillé en collaboration sur ce projet de loi en comité et que nous avons adopté un certain nombre d’amendements. En terminant, je ne saurais trop insister sur l’importance du projet de loi . Nous avons un grave problème d’incarcération excessive au Canada.
En guise de conclusion, lorsque nous étions plongés dans l’étude du projet de loi au comité, nous avons tous ce grand titre paru dans un journal: « Les femmes autochtones représentent presque la moitié de la population carcérale féminine. » Les femmes autochtones ne représentent que 4,9 % de la population féminine du Canada. Si cela n’appelle pas une réforme, je me demande bien ce qui le ferait. La tendance et la trajectoire actuelles ne peuvent se poursuivre. Nous devons prendre au sérieux la justice réparatrice et le soutien aux communautés touchées par la pauvreté et les traumatismes intergénérationnels. Je demande à tous les parlementaires de se joindre à nous pour adopter ce projet de loi et s'engager à travailler ensemble pour élaborer des solutions stratégiques intelligentes en matière de criminalité.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole aujourd’hui avec le député de .
Je suis heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd’hui pour parler du projet de loi , mesure législative qui modifierait le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Aux dires du gouvernement néo-démocrate—libéral, ce projet de loi serait bénéfique pour les Canadiens, mais c’est loin d’être le cas. Ce projet de loi vise à éliminer les peines minimales obligatoires pour les crimes odieux. Ainsi, à la manière néo-démocrate—libérale, il donne la priorité à la petite politique et à l'intérêt des délinquants plutôt qu’à la sécurité des personnes vulnérables et innocentes de nos collectivités.
Même après avoir revampé le projet de loi , qui date de la législature précédente, le gouvernement prétend que le projet de loi est axé sur le traitement équitable des délinquants et sur la surreprésentation de certains groupes démographiques dans les établissements correctionnels au pays.
En regardant de plus près cette mesure législative, nous voyons que le gouvernement est prêt à faire n’importe quoi pour rester au pouvoir, mais aussi qu’il ne tient pas du tout compte de la sécurité des Canadiens. L’approche proposée par le projet de loi est fautive et déplorable. Franchement, c’est une gifle pour les Canadiens qui ont placé leur confiance et leur foi dans le gouvernement dans l'espoir qu'il fasse ce qui est juste et qu'il préconise des solutions sensées pour protéger la souveraineté et la sécurité des Canadiens vulnérables.
Ce projet de loi propose des modifications très préoccupantes à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et au Code criminel du Canada. Ces modifications supprimeraient les peines minimales obligatoires non seulement pour les infractions liées à la consommation et à la distribution de drogues et de substances illicites, mais aussi pour les infractions impliquant des armes à feu.
Cela ne s’arrête pas là. En plus de faire pression pour assouplir les restrictions sur les armes à feu au Canada, le gouvernement préconise également l’application de peines avec sursis, telles que la détention à domicile, pour les crimes odieux qui mettraient des vies en danger. Ces crimes comprennent la tentative de meurtre, la torture infligée à une autre personne, l’incitation au génocide, l’agression sexuelle, l’enlèvement et la séquestration d’une personne de moins de 14 ans, la traite des personnes pour en tirer un avantage matériel et la contrebande d’armes à feu.
Les infractions que je viens d’énumérer ne sont que quelques-unes des nombreuses infractions qui pourraient donner lieu à des peines avec sursis, comme la détention à domicile, si les peines minimales obligatoires étaient supprimées à la suite de l'adoption du projet de loi . Le gouvernement épouse les principes de protection des contrevenants et de punition des Canadiens. Les criminels sont encore plus déterminés à terroriser, car ils reçoivent la bénédiction du gouvernement.
Le gouvernement néo-démocrate—libéral ferme les yeux sur l’acquisition illégale d’armes à feu en ne s'attaquant pas aux opérations et aux activités des gangs. En supprimant les peines minimales obligatoires pour les infractions graves, comme celles liées aux armes à feu, il dispense également ces criminels de l'incarcération dans des établissements correctionnels.
En outre, le projet de loi ajouterait des dispositions à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances en établissant une série de principes que les agents de la paix et les procureurs devraient utiliser pour déterminer s’ils doivent ou non porter des accusations de possession de drogue. Encore une fois, le gouvernement n'atteint pas son prétendu objectif de réduire la surreprésentation des communautés sous-représentées dans nos pénitenciers, car les agents de la paix, les responsables de l’application de la loi et les procureurs ont déjà le pouvoir et la souplesse nécessaires pour décider de porter ou non des accusations pour possession simple de drogues ou de substances illicites.
Le Service des poursuites pénales du Canada a déjà émis une directive demandant aux procureurs de limiter leur participation aux poursuites pour possession simple de drogues, à moins qu’il n’y ait des préoccupations prouvées et immédiates en matière de sécurité publique. Les conservateurs soutiennent que les délinquants impliqués dans des crimes graves et violents commis avec des armes à feu, notamment des infractions absolument effroyables, méritent une peine de prison. Ils ne méritent certainement pas d’être renvoyés chez eux avec une simple tape sur la main.
En outre, la participation des délinquants toxicomanes aux tribunaux canadiens de traitement de la toxicomanie devrait être obligatoire. Ce processus permettrait de mettre un terme au cycle du crime et de la drogue. Les délinquants se verraient offrir des possibilités de réadaptation et de thérapie au lieu de se voir offrir une réintégration prématurée dans la collectivité ou d'être enfermés dans les établissements correctionnels et exposés au système de justice pénale.
À ce jour, ce programme de réhabilitation est considérablement limité par des critères d’admissibilité stricts et une participation facultative. La proposition du gouvernement de lever les peines minimales obligatoires est un coup de théâtre qui ne s’attaque pas aux causes profondes de la crise de la drogue et du crime dans notre pays. Je trouve également discutable la façon dont le gouvernement insiste sur les peines d’emprisonnement avec sursis pour les présumés délinquants à faible risque, comme si les policiers avaient le temps et les ressources nécessaires pour surveiller continuellement ces personnes qui purgent leur peine avec sursis dans leur collectivité respective et veiller à ce qu’elles respectent la loi.
Contrairement à ce que prétend le gouvernement néo-démocrate—libéral, l’élimination du temps obligatoire des délinquants dans les établissements correctionnels n’atténuera pas la surreprésentation des communautés noires et autochtones dans les pénitenciers au pays. Ces modifications ne feront qu'offrir plus d’occasions aux criminels de s’infiltrer dans la population de personnes vulnérables et innocentes et de s'en prendre à elles.
De plus, le gouvernement prétend qu’il supprimera les peines minimales obligatoires pour possession simple, mais comment peut-il faire cela alors que les peines minimales obligatoires pour possession simple n’existent pas? Au lieu de pousser pour l'adoption du projet de loi , nous, les conservateurs, croyons qu’il faut établir une participation obligatoire aux programmes des centres de soutien et de réadaptation pour les personnes aux prises avec des dépendances, renforcer nos frontières pour empêcher la contrebande d’armes à feu et abolir les possibilités de peines avec sursis pour les crimes qui menacent la sécurité des Canadiens.
Pourquoi le gouvernement affaiblit-il nos lois sur les armes à feu, défend-il les criminels, fait-il fi de la douleur et du traumatisme vécus par les victimes et se montre- t-il indulgent à l’égard de la dissuasion et de la punition des délinquants, au lieu de défendre nos collectivités? Ces actions ne font que montrer que le gouvernement néo-démocrate—libéral accorde la priorité aux intérêts des délinquants et qu’il ne prend pas au sérieux la protection et la sécurité des Canadiens.
En ce qui concerne les drogues et les substances illicites qui circulent dans les quartiers, les conservateurs croient que toutes les peines minimales obligatoires devraient être maintenues, non seulement à titre de dommages-intérêts punitifs pour avoir commis les crimes décrits dans le Code criminel, mais aussi pour des considérations de protection et de justice pour les personnes vulnérables, les innocents et les victimes de ces transgressions odieuses. Comment les libéraux peuvent-il prétendre faire ce qu’il y a de mieux pour les Canadiens lorsqu’il propose de garder les délinquants en détention à domicile plutôt que de les placer dans des centres de réadaptation si leurs crimes sont alimentés par la toxicomanie, ou derrière les barreaux pour les transgressions graves?
Le gouvernement prétend qu’il supprimerait les peines minimales obligatoires pour la possession simple, mais il faut souligner que nos agents disposent déjà de ce pouvoir discrétionnaire. Ils peuvent offrir aux délinquants des programmes de traitement ou d’autres services de soutien plutôt qu’une peine de prison.
Quoi qu’il en soit, les peines minimales obligatoires pour la possession simple n’existent pas. Il est tout simplement temps que le gouvernement renonce à l’activisme performatif et qu’il investisse réellement dans la réhabilitation des délinquants et mette en priorité la sécurité des victimes et des personnes vulnérables.
Compte tenu des tactiques douteuses que le gouvernement a préconisées par le passé, il s’agit simplement d’une occasion manquée de prouver que les libéraux sont là pour les Canadiens, pour les survivants et pour la réhabilitation appropriée des délinquants tout en protégeant la sécurité de nos communautés. Il est temps que le gouvernement reparte à la case départ avec le projet de loi et maintienne les peines minimales obligatoires pour les infractions susmentionnées et toutes les autres infractions visées par le projet de loi.
En conclusion, je recommande au gouvernement de réexaminer de près son plaidoyer pour le projet de loi et d’accorder la priorité à la sécurité de tous les Canadiens en reconsidérant de près la levée des peines minimales obligatoires, la consommation et la distribution de drogues et de substances illégales et les peines minimales obligatoires pour les infractions graves.
Je répondrai maintenant aux questions de mes collègues.
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Madame la Présidente, je suis souvent à la Chambre et j’entends certainement le sempiternel refrain des députés d’en face, qui n’en ont que pour les experts. Quand les conservateurs parlent de l’obligation vaccinale, les libéraux disent qu’ils écoutent les experts. Quand nous demandons où sont ces experts ou que nous réclamons de voir leur rapport, évidemment, aucun rapport n’est jamais produit. « Nous écoutons les experts »: tel est le mantra des libéraux. Alors, parlons d’experts.
Nous devrions commencer par parler des crimes commis avec une arme à feu, dont le nombre a presque triplé au Canada au cours des 10 dernières années. Nous avons une épidémie de violence avec arme à feu. Que disent certains experts à ce sujet?
Au comité de la sécurité publique, le chef de police adjoint de Toronto a déclaré que 86 % des crimes commis avec une arme à feu le sont avec des armes illégales et que cette tendance est en augmentation. Il a ensuite déclaré: « À Toronto, le problème vient des armes de poing importées des États‑Unis. ». Voilà pour l’expert et son avis sur les crimes commis avec une arme à feu.
Que fait le gouvernement après avoir écouté les experts? Il entend éliminer les peines minimales obligatoires pour trafic d’armes. Oui, cela réglera le problème des armes à feu illégales en provenance des États‑Unis. On éliminera la peine minimale obligatoire pour trafic d’armes. Voilà qui réglera le problème.
Quand on élimine une peine minimale obligatoire, le juge a le pouvoir discrétionnaire de prononcer une peine inférieure. Je suis prêt à parier que c’est exactement ce qui va se passer. Le gouvernement se pare de l’avis d’experts en disant qu’il les écoute, mais les a-t-il entendus en l’espèce?
J'irais jusqu'à dire qu'il faut alourdir les peines pour trafic d’armes. Les trafiquants d’armes sont directement responsables du carnage qui sévit nos rues, dans des villes comme Toronto. La situation ne fait qu’empirer. Ce n’est pas seulement qu’il y a plus d’armes. Le chef a également déclaré que le nombre de balles tirées augmente. En 2021, la police a récupéré 2 405 douilles. C’est moitié plus qu’en 2020. Là encore, quelle est la réponse? Réduisons les peines.
Il y a le trafic d’armes et l’élimination de la peine minimale obligatoire. Il y a l’importation et l’exportation en sachant qu’elle n’est pas autorisée. Des deux côtés du trafic d’armes, des personnes voient maintenant leur peine réduite. En quoi cela les incite-t-il à cesser de faire ce qu’elles font? Je ne pense pas que cela marchera.
Quand allons-nous parler des victimes? Dans tout crime commis avec une arme à feu, il y a une victime. Les victimes veulent que justice soit faite. Il faut qu'il y ait une apparence de justice. Si les trafiquants d'armes reçoivent des peines allégées, les victimes de ce type de crimes ne penseront certainement pas que justice a été rendue.
Nous pourrions envisager de multiples solutions en ce qui concerne les peines pour les Autochtones et les personnes issues de communautés racialisées. Nous pourrions établir des facteurs que les juges prendraient en compte pour réduire les peines de ces personnes. Nous pourrions ajouter ces facteurs dans les lignes directrices sur la détermination de la peine. Par contre, il est inutile de réformer totalement la détermination de la peine pour les infractions graves. Tous les accusés ne viennent pas de communautés autochtones ou racialisées. Or, cette réforme s'appliquerait à tout le monde. Donc, tous les accusés pourront bénéficier d'une réduction de peine.
J’ai siégé au Comité de la justice de 2011 à 2015, à l'époque où nous avons instauré des peines plus sévères pour la traite de personnes. Il s’agit d’un crime très grave et les préjudices causés aux victimes sont considérables. Des victimes sont venues raconter au Comité des histoires horribles qui les ont marquées pour le reste de leur vie. Il s’agit d’un crime extrêmement grave qui a des répercussions durables sur les victimes, alors pourquoi l’élargissement des peines avec sursis serait-il autorisé dans le cas de la traite de personnes?
Je viens d’entendre le député d’en face dire qu’il faudrait que les délinquants se voient imposer une peine de moins de deux ans. Oui, c’est vrai, mais pourquoi laisser cette option? Pourquoi donner aux individus reconnus coupables de traite de personnes la possibilité d’obtenir une condamnation avec sursis? Si cela arrive une fois, c’est une fois de trop.
Voilà pourquoi ce projet de loi n’a aucun sens. Il comporte peut-être de bons éléments, mais je ne suis pas ici pour en parler. Je suis ici pour parler du dangereux précédent que crée cette mesure.
L’agression sexuelle est traitée de la même façon. Il s’agit d’un crime terriblement grave, mais une peine avec sursis est prévue, y compris l’assignation à résidence, pour les agressions sexuelles. Oui, il faudrait que le délinquant soit condamné à une peine de moins de deux ans, mais s’il commet une agression sexuelle et est assigné à résidence, quelle opinion la victime aura-t-elle du système judiciaire? Lorsque nous discutons du système judiciaire, nous devons penser à l’intégrité du système aux yeux du public. Si le public perd confiance dans le système de justice parce qu’il voit que justice n'est pas rendue, alors nous faisons face à un très grave problème.
Le projet de loi permettrait la condamnation avec sursis pour des crimes comme l’agression sexuelle, la traite de personnes et l’enlèvement, et je n’en cite que trois. Imaginez les victimes de l’un de ces crimes. Elles doivent se présenter au tribunal pour témoigner. Ce n’est pas un exercice facile pour les victimes de témoigner devant le tribunal. Elles décrivent souvent cette expérience comme un nouveau traumatisme.
Ensuite, elles doivent faire une déclaration de la victime. J’ai assisté au tribunal à des déclarations de la victime. Elles peuvent être absolument dévastatrices, car nous savons que les répercussions du crime sur la vie d’une victime sont persistantes, durables et dévastatrices. Imaginez ensuite que la victime entend un verdict d’assignation à résidence pour l’un des crimes que je viens d’énumérer. Voilà la peine. Une personne qui a commis une agression sexuelle est condamnée à une peine avec sursis assortie d’une assignation à résidence.
Je pense que le gouvernement a peut-être de bonnes intentions en présentant ce projet de loi, mais il rate la cible à bien des égards. Cette mesure aura de graves conséquences. Dans son programme de rachat d’armes à feu, le gouvernement rend certaines armes illégales, mais le programme ne fonctionne pas. Le chef adjoint de la police de Toronto vient de déclarer au comité que 86 % des armes utilisées dans sa ville sont des armes illégales provenant des États-Unis.
Je peux dire aux députés que les trafiquants d’armes peuvent constater que la peine minimale obligatoire pour le trafic d’armes a disparu. Les députés ne pensent-ils pas que cela aura une incidence? Les députés ne pensent-ils pas que cela lance aux trafiquants le message que leur commerce est maintenant encore plus avantageux? Bien sûr, c’est financièrement avantageux, mais maintenant, ils n’ont plus à se soucier d’une peine minimale obligatoire.
Voilà le genre de mesures qui, de l’avis du gouvernement, vont changer la donne. Elles peuvent sembler judicieuses, mais la réalité concrète du projet de loi est la suivante: il ne va pas réduire la criminalité; il ne protégera pas les victimes; et celles-ci auront une fois de plus l’impression que le système de justice les a laissé tomber.
J’espère que le gouvernement étudiera ce projet de loi très attentivement et qu’il invitera des victimes à en parler. Ce projet de loi ne devrait pas être adopté.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec ma collègue d'.
Je suis reconnaissante d'avoir l'occasion de m'exprimer sur notre projet de loi et, surtout, sur la nécessité de réformer notre système judiciaire pour apprendre des erreurs du passé et mettre un terme à des politiques malavisées, comme les peines minimales obligatoires.
Celles-ci ne contribuent pas à rendre nos communautés plus sûres et ont des conséquences disproportionnées et dévastatrices sur les communautés racisées et marginalisées. Avec le projet de loi C‑5, notre gouvernement prend une nouvelle approche qui tourne la page sur les politiques des années Harper.
[Traduction]
Je suis heureuse de prendre la parole aujourd’hui pour discuter du projet de loi et, en particulier, de la raison pour laquelle il importe, à mon avis, de réagir, en tant que gouvernement, aux nombreuses façons dont les peines minimales obligatoires au Canada ont entravé plutôt que favorisé l’administration de la justice au Canada, et, à la lumière des données, de mettre maintenant fin aux politiques introduites par le gouvernement Harper pour élargir le recours aux peines minimales obligatoires. Permettons plutôt au système judiciaire de faire son travail et aux juges d’évaluer les faits qui leur sont présentés afin qu’ils puissent appliquer les peines appropriées dans les circonstances.
L'imposition de peines minimales obligatoires a manifestement entraîné la surreprésentation des Canadiens marginalisés et racisés dans le système carcéral. Pour ne donner qu’un exemple aux députés, les femmes autochtones représentent plus de la moitié de la population carcérale féminine dans les prisons fédérales. C’est absolument scandaleux. Le projet de loi contribuerait à réduire la surreprésentation des Noirs, des membres de communautés marginalisées et des Autochtones dans notre système judiciaire et il offrirait davantage de possibilités de réadaptation, ce qui est très nécessaire dans notre lutte contre la crise des opioïdes.
J’aimerais également discuter d’importants amendements qui ont été apportés à ce projet de loi au comité de la justice. Je pense qu’il est très pertinent de noter que, dans un esprit de collaboration, le gouvernement a accepté les propositions d'amendement de tous les partis. Quatre amendements ont été apportés pour améliorer les objectifs sous-jacents de ce projet de loi.
[Français]
La première modification clarifierait le type d'information conservée dans les registres de police portant sur les avertissements et les renvois, l'utilisation qui peut en être faite et les personnes à qui l'information peut être divulguée.
[Traduction]
Elle répond aux préoccupations exprimées par bon nombre des témoins qui ont comparu devant le comité de la justice, qui redoutaient que les dossiers d’avertissements ou de renvois antérieurs aient une incidence négative sur les personnes qui entrent en contact avec le système judiciaire canadien après avoir été déjudiciarisées par le passé.
[Français]
La modification proposée s'inspire du régime actuel de mesures de rechange prévu à l'article 717(4) du Code criminel. Elle énonce les circonstances dans lesquelles les dossiers de police ou les avertissements et les renvois peuvent être divulgués afin de limiter l'effet négatif qu'un avertissement antérieur peut avoir sur un individu qui est trouvé en simple possession de drogue.
[Traduction]
Elle garantirait qu’un dossier d’avertissement ou de renvoi puisse être mis à la disposition d’un ministère ou d’un organisme du gouvernement du Canada chargé d’évaluer l’efficacité des mesures de rechange, sans toutefois permettre la divulgation de l’identité de la personne. De plus, les renseignements pourraient être communiqués à un juge, à un tribunal ou à un agent de la paix à toute fin liée à l’infraction de possession simple ou à l’administration de l’affaire, mais seulement pour l’infraction à laquelle le dossier se rapporte.
L’amendement limiterait également les possibilités d’utilisation abusive de ces dossiers, qui pourrait avoir des répercussions durables sur les personnes qui tentent de lutter contre la toxicomanie et qui pourraient avoir besoin de plus d’une chance pour réussir leur réadaptation. Les policiers ont l’obligation légale et éthique de prendre des notes, et cet amendement garantirait qu’ils continueront à soutenir les besoins opérationnels du système judiciaire canadien sans contrecarrer les objectifs du projet de loi.
[Français]
Une deuxième modification prévoit un mécanisme visant à réduire la stigmatisation associée aux condamnations pour simple possession de drogue en spécifiant que les condamnations passées et futures doivent être conservées séparément des autres condamnations pénales après une certaine période.
[Traduction]
Encore une fois, cette modification subséquente est conforme à l’objectif sous-jacent du projet de loi, qui est de s’attaquer aux conséquences négatives associées à la possession simple. Elle tient compte des demandes des organismes de santé publique et des intervenants auprès de personnes aux prises avec la toxicomanie. Elle permet de lever des obstacles à une réinsertion sociale réussie et d'agir sur un facteur qui contribue à la crise actuelle des opioïdes, à savoir la stigmatisation des consommateurs de la drogue.
[Français]
II est indéniable que l'existence d'un casier judiciaire est révélée dans le contexte d'une demande d'emploi, d'une vérification du secteur du logement ou d'autres vérifications des antécédents. Ces casiers touchent durablement la capacité des personnes réhabilitées à se réinsérer avec succès dans la société après avoir surmonté des obstacles personnels dans leur vie. Traiter la simple possession de drogues comme une question de santé et de société implique donc de supprimer la stigmatisation associée aux condamnations pour simple possession.
Un troisième amendement au projet de loi codifierait la défense de common law de la possession innocente dans un ensemble précis de circonstances. Ainsi, les travailleurs sociaux, les professionnels de la santé et les fournisseurs de services ne risqueraient pas de faire face à des accusations lorsqu'ils se retrouvent en possession de drogues dans l'exercice de leurs fonctions et qu'ils ont l'intention, évidemment, d'en disposer légalement et dans un délai raisonnable.
Enfin, le projet de loi C‑5 contiendrait désormais un nouvel article 21, qui exigerait un examen complet de la Loi au quatrième anniversaire de sa date d'entrée en vigueur.
[Traduction]
Cette période d’examen de quatre ans est conforme au processus décisionnel fondé sur des données probantes du gouvernement et elle nous donnera l’occasion d’évaluer les effets du projet de loi en pratique sur le terrain.
Enfin, nous savons que le Canada, comme de nombreux pays dans le monde, connaît une crise des surdoses et que ce problème a été exacerbé et s'est aggravé pendant la pandémie de COVID‑19.
[Français]
Comme le reconnaît le projet de loi , la consommation de substances psychoactives est un enjeu de santé publique qui prend racine dans des facteurs sociaux complexes. Bien que le projet de loi C‑5 ne soit qu'un élément du plan visant à atténuer ces décès, toutes les autres options disponibles pour prévenir les surdoses, améliorer les résultats pour la santé et sauver des vies sont envisagées par notre gouvernement.
[Traduction]
À cette fin, j’aimerais attirer l’attention de tous sur l’annonce faite par le gouvernement le 31 mai dernier, il y a quelques semaines à peine, d'accorder une exemption limitée dans le temps en vertu du paragraphe 56(1) de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances afin que les adultes de 18 ans et plus ne soient pas passibles d’accusations criminelles pour possession personnelle en Colombie-Britannique. L'exemption sera en vigueur de 2023 à 2026. Ce projet pilote de décriminalisation de la drogue en Colombie-Britannique est un pas dans la bonne direction pour traiter la dépendance pour ce qu’elle est: un problème de santé. C’est aussi un autre pas en avant pour nous permettre de recueillir des données et des renseignements en temps réel qui permettront au gouvernement de mettre au point des politiques plus efficaces pour lutter contre la pandémie des opioïdes.
Il y a encore beaucoup de travail à faire, et j’ai hâte d’arriver un jour à un point où un cadre national de décriminalisation pourrait être élaboré et mis en œuvre et où nous aurions les outils nécessaires pour réagir dans une optique de santé au problème de la toxicomanie dans tout le pays. La mesure législative dont nous sommes saisis, le projet de loi , qui modifie notre approche en matière de détermination de la peine, améliore le système judiciaire, favorise la réadaptation et nous fait progresser dans la lutte contre la crise des surdoses au Canada, revêt une importance capitale. J’exhorte donc tous les députés à appuyer cette importante mesure législative, car nous ne pouvons tout simplement plus attendre.
:
Madame la Présidente, je suis heureuse d’intervenir aujourd’hui pour parler des modifications importantes qui sont proposées dans le projet de loi , dans le cadre de l’action menée par notre gouvernement pour lutter contre le racisme et la discrimination systémiques. Ce sont des réalités auxquelles sont confrontés les Canadiens racialisés et les Autochtones qui ont des démêlés avec le système de justice criminelle, depuis les premiers contacts avec les forces de l’ordre jusqu’à la détermination de la peine, à l’incarcération et à la libération.
Nous avons entendu ici des conservateurs se demander si leur approche « sévère contre les criminels », qui consiste à imposer des peines minimales obligatoires, ne perpétue pas la discrimination systémique dans le système de justice criminelle. Or, c’est le cas.
En 2020, les adultes autochtones représentaient 5 % de la population adulte canadienne, mais 30 % des personnes incarcérées dans un établissement fédéral. Les femmes autochtones représentent maintenant la moitié de toutes les femmes incarcérées dans un établissement fédéral. Les Noirs sont également plus susceptibles que les autres Canadiens d’être placés en détention dans un établissement fédéral pour une infraction passible d’une peine minimale obligatoire. Les données du Service correctionnel du Canada pour la période de 2007 à 2017 montrent que 39 % des Noirs et 20 % des Autochtones qui ont été incarcérés dans le système carcéral fédéral durant cette période l’ont été pour des infractions passibles d’une peine minimale obligatoire. L’abrogation de ces peines minimales obligatoires devrait réduire les taux globaux d’incarcération des Autochtones, des Canadiens noirs et des personnes marginalisées.
Le projet de loi comprend trois catégories de réformes. Premièrement, il éliminerait les peines minimales obligatoires pour toutes les infractions liées aux drogues, certaines infractions liées aux armes à feu et une infraction liée au tabac. Deuxièmement, il permettrait un recours accru aux ordonnances de sursis. La troisième et dernière catégorie de réformes encouragerait la police et les procureurs à envisager des solutions de rechange, telles que l’orientation des personnes vers des programmes de traitement, lorsqu’ils exercent leur pouvoir discrétionnaire dans les cas de simple possession de drogue.
Ces mesures mises en place par le gouvernement précédent, censées réduire la criminalité, se sont avérées inefficaces, coûteuses, nuisibles et racistes. Les réformes contenues dans le projet de loi donnent suite aux appels de la Commission de vérité et réconciliation et de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Plus récemment, le Caucus des parlementaires noirs, dans sa déclaration de juin 2020, a également demandé l’élimination des peines minimales obligatoires.
Soyons clairs: ces réformes n’auront pas d’incidence négative sur la sécurité publique et elles ne signalent pas aux tribunaux que ces infractions ne sont pas graves. Les peines minimales obligatoires continueraient de s'appliquer aux infractions graves comme le meurtre, l’agression sexuelle, toutes les infractions d'ordre sexuel contre des enfants et certaines infractions impliquant des armes à feu à autorisation restreinte ou prohibées, ou lorsque l’infraction implique une arme à feu et est liée au crime organisé.
Le projet de loi propose un recours accru aux ordonnances de sursis. Une ordonnance de sursis est une peine d’incarcération de moins de deux ans qui est purgée dans la collectivité sous des conditions strictes, comme un couvre-feu, une assignation à résidence ou l’interdiction de posséder, de détenir ou de porter une arme. La réforme proposée augmenterait l’accès aux solutions de rechange à l’incarcération pour les délinquants à faible risque. Il est prouvé que le fait de permettre aux délinquants qui ne présentent pas de risque pour la sécurité publique de purger leur peine dans la communauté dans des conditions punitives strictes peut être plus efficace pour réduire la criminalité future.
J’ai déjà raconté l’histoire d’Emily O’Brien, mais je pense qu’elle mérite d’être répétée. Emily a été envoyée dans une prison fédérale pour quatre ans après que son partenaire l’ait persuadée de faire passer des stupéfiants à la frontière canadienne. Elle a été condamnée à une peine minimale obligatoire et envoyée à l’établissement Grand Valley. Pendant les quatre années qu’elle y a passées, elle a remarqué que la prison ne préparait pas les femmes à se réinsérer dans la société. Après sa libération, elle a donc créé sa propre entreprise de maïs soufflé, Comeback Snacks, qui non seulement fabrique du délicieux maïs soufflé, mais a également pour mission d’embaucher des femmes ayant été condamnées à la prison afin d'éviter qu'elles retournent dans le système de justice pénale.
L’histoire d’Emily est l’exception à la règle: la plupart des femmes qui sortent du système de justice pénale après une peine minimale obligatoire en sortent en fait bien pires. Emily était consciente du privilège dont elle jouissait en tant que femme blanche ayant fait des études postsecondaires. Elle avait plus de ressources et de soutien à sa sortie de prison que la plupart des femmes.
Nous savons que les peines minimales obligatoires touchent plus particulièrement les femmes autochtones. Je l’ai constaté de visu lorsque j’ai visité l’établissement Grand Valley pour femmes et que j’ai parlé à de nombreuses femmes autochtones des Prairies qui ont été envoyées en Ontario parce que les prisons pour femmes de l’Ouest étaient trop pleines.
Il est devenu évident pour moi que les peines minimales obligatoires étaient l’une des raisons de la surpopulation des prisons pour femmes dans l’Ouest et de la séparation des femmes autochtones de leur communauté, de leur famille et de leur foyer pour purger une peine de prison. J’ai rencontré une femme de Flin Flon, au Manitoba, qui n’avait pas vu ses enfants depuis des années parce qu’elle avait été envoyée en Ontario. Elle avait le cœur brisé. Je ne peux m’empêcher de me demander, pour elle et pour d’autres femmes comme elle, ce qu’auraient pu être la vie de leurs enfants et leur relation avec eux si ces femmes avaient été condamnées à une peine avec sursis dans leur communauté. L’Établissement pour femmes Grand Valley a vu le nombre de détenues autochtones passer de 13 à 60 ces deux dernières années, une conséquence directe du régime actuel de détermination de la peine fondé sur les peines minimales obligatoires.
En prenant connaissance des témoignages devant le comité de la sécurité publique sur l’étude concernant les armes à feu et les gangs et en discutant moi-même avec des dirigeants communautaires, je me suis aperçu que la déjudiciarisation et la réadaptation, dirigées par la collectivité, des membres de gangs peuvent avoir un profond impact. Dans bien des cas, les prisons canadiennes sont une voie de recrutement pour les gangs. Je viens de terminer la lecture de The Ballad of Danny Wolfe. L’auteur, Joe Friesen, y confirme que, pour recruter les membres du gang autochtone fondé par Danny et son frère, les prisons canadiennes ont été un moyen essentiel. Elles ont joué un rôle majeur dans la croissance de ce gang, devenu par la suite le plus grand gang de rue du Canada.
En discutant avec un agent de libération conditionnelle et un leader communautaire dévoué qui travaille dans le domaine correctionnel depuis des décennies, j’ai été confortée dans l’idée qu’il est capital de distinguer les criminels endurcis et les jeunes hommes qui cherchent, en se joignant à un gang, à répondre à leur besoin d’appartenance à une communauté en raison des liens qui existent entre la famille et les amis. En obligeant les juges à appliquer les peines minimales obligatoires, qui ont été déclarées inconstitutionnelles à plusieurs reprises, notre système judiciaire ne reconnaît pas les circonstances atténuantes qui rendent les jeunes plus susceptibles d’être recrutés par des gangs.
Plutôt que d’envoyer des gens en prison et d’augmenter la probabilité qu’ils soient recrutés par des gangs à un rythme alarmant, il est nécessaire de soutenir des programmes qui changent la vie des gens, comme Liberty for Youth. Liberty For Youth est une organisation extraordinaire qui promeut la « deuxième chance » et qui aide les jeunes à risque d'Hamilton, tout en offrant un espace sûr où les jeunes se sentent acceptés, quelles que soient leurs erreurs, leurs difficultés ou leurs conditions de vie.
Le financement d’organisations communautaires telles que Liberty for Youth, Bear Clan Patrol et OPK au Manitoba, et Str8 Up en Saskatchewan, qui sont sur le terrain dans nos collectivités et aident les personnes à s’éloigner de la criminalité et à faire la transition, aurait un impact plus important sur notre sécurité publique que le fait de mettre des personnes vulnérables derrière les barreaux. Le soutien de ces jeunes au sein de leurs communautés est la raison d’être des ordonnances de sursis. Cependant, à l’heure actuelle, les ordonnances de sursis ne sont pas utilisées pour toutes les infractions faisant l'objet d'une poursuite par voie de mise en accusation passibles d’une peine d’emprisonnement maximale de 14 ans ou à vie. Il n’y a pas non plus d’ordonnance de sursis pour toutes les infractions passibles d’une peine maximale de 10 ans d’emprisonnement si l’infraction a causé des lésions corporelles et a impliqué des stupéfiants ou l’utilisation d’une arme à feu. Les modifications proposées supprimeraient bon nombre de ces limitations concernant les ordonnances de sursis.
Enfin, s’il est important d’adopter des mesures de détermination de la peine visant à réduire la récidive et la surreprésentation, il est tout aussi essentiel de veiller à ce qu’il existe des voies de sortie adéquates du système de justice pénale dès les premières étapes du processus pénal, en particulier pour les comportements qui auraient pu être traités de façon plus appropriée comme un problème de santé plutôt que comme un problème criminel. À cette fin, le projet de loi exigerait que la police et les procureurs envisagent des solutions de rechange au dépôt ou à la poursuite d’accusations pour possession simple de drogues. Les solutions de rechange possibles iraient de l’absence totale de mesures à l’émission d’un avertissement ou, si la personne y consent, à la déjudiciarisation vers un programme de traitement de la toxicomanie. Ces mesures sont conformes à une approche axée sur la santé publique pour lutter contre la consommation de substances et l’épidémie d’opioïdes au Canada.
Il est temps pour nous d’adopter une nouvelle approche. Nous veillerons à ce que les criminels endurcis continuent de recevoir des peines sévères, mais nous remettrons ce contrôle entre les mains des juges. Les réformes prévues dans le projet de loi C‑5 auraient un effet transformateur sur les personnes les plus touchées par le racisme systémique intégré à notre système de justice pénale, et j’espère que les députés de la Chambre l’appuieront.
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Madame la Présidente, c’est toujours un plaisir de prendre la parole au nom des résidants de Kamloops—Thompson—Cariboo. D’emblée, je précise que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Croyez-le ou non, c’est un dossier qui me tient à cœur parce que j’ai déjà donné un cours sur la détermination de la peine et travaillé dans le système de justice pénale, dans les services correctionnels fédéraux comme avocat de la défense et comme procureur de la Couronne. C’est un dossier qui m’intéresse beaucoup. Aujourd’hui, j’ai entendu différents points de vue, certains plus convaincants que d’autres. Ce que je trouve remarquable, dans ce débat, c’est que la plupart des parlementaires veulent parvenir au même objectif. La question est de savoir comment.
J’ai été passablement surpris par certains des commentaires que nous avons entendus aujourd’hui, parce qu’ils portaient sur l’objectif que nous visons. La question, à mon avis, est de savoir si ce projet de loi nous permet de l’atteindre. À ce sujet, je crois que tous les députés ici diraient, de manière catégorique et unanime, qu’ils veulent que les crimes commis avec des armes à feu diminuent. Il n’y a aucun doute là-dessus. Personne ne veut voir d’autres personnes se faire tirer dessus, en particulier des civils innocents qui se retrouvent littéralement pris entre deux feux. La question est donc de savoir si c’est le bon moyen pour y parvenir. Je remarque que le mot « victime » n’apparaît pas une seule fois dans le projet de loi ou dans le projet de loi .
Je pense, et je crois que c’est l’avis de beaucoup de gens à la Chambre, que les crimes commis avec des armes à feu sont devenus un phénomène hors de contrôle. Personne ici ne veut voir augmenter le nombre de crimes commis avec des armes à feu. Nous avons deux approches différentes dans le projet de loi et le projet de loi . Le projet de loi C‑5, en éliminant les peines minimales obligatoires, présente une approche qui a échoué. Je tiens à souligner ici un fait qui n’est pas souvent mentionné, à savoir que la plupart des peines minimales obligatoires, en ce qui concerne les crimes commis avec des armes à feu, ont déjà été invalidées.
En ce qui concerne l'approche défaillante, si cette approche s'est avérée un échec, c'est à partir du moment récent où les peines minimums obligatoires ont été invalidées. Nous évoluons dans un contexte où l'essentiel des peines minimales obligatoires ont été annulées pour la plupart des crimes commis avec une arme à feu, mais non dans le cas du vol qualifié commis avec une arme à feu, de l’extorsion avec une arme à feu ou de la décharge d'une arme à feu avec insousciance. Ces peines minimales existent toujours, mais au titre de l’article 95, par exemple, qui a été invalidé dans le jugement R. c. Nur il y a de nombreuses années. Ce n’est pas comme si nous parlions de statistiques de la semaine dernière, du mois dernier ou de l’année dernière, lorsque les peines minimales obligatoires étaient en vigueur. La plupart des peines minimales obligatoires ont été invalidées.
Je voudrais maintenant revenir sur ce qu’a dit le . Sur la question de la surreprésentation, je n’ai rien à redire. Je me souviens qu’à l’âge de 22 ou 23 ans, lorsque je me préparais à travailler pour la première fois dans le système correctionnel fédéral, j’ai constaté la surreprésentation des Autochtones, par exemple, dans le système judiciaire. À l’époque, la surreprésentation était d’environ six pour un, c’était donc très important. Comme jeune homme, c’est une chose que je devais apprendre et, franchement, les décisions que j’ai prises devaient en tenir compte. C’est une chose dont je suis très fier.
C’est également une question que j’ai dû aborder en tant que procureur. Si je ne m'abuse, les décisions R. c. Gladue et Ipeelee et l’alinéa 718.2e) traitent de la surreprésentation. J’étais tenu par ces préceptes éthiques de prendre en compte certaines considérations de l’arrêt Gladue dans la détermination de la peine, et j’ai toujours été très fier de placer ces considérations au premier plan de mes décisions.
Le et moi divergeons d'opinon lorsqu’il fait remarquer, au nom du gouvernement, que le projet de loi propose des solutions de rechange à l’incarcération tout en assurant la sécurité du public. Cet argument pourrait tenir la route, si ce n’était que des infractions graves sont incluses dans ce projet de loi. Je vais les passer rapidement en revue. Pour ce qui est de l'infraction qui consiste à décharger une arme à feu de façon imprudente, le paragraphe 244(1) précise ceci: « Commet une infraction quiconque, dans l’intention de blesser, mutiler ou défigurer une personne, de mettre sa vie en danger [...] décharge une arme à feu contre qui que ce soit ».
Nous parlons de protection du public. Nous parlons de violence armée. Nous voulons réduire la violence armée en général, et pourtant cette disposition a été incluse dans le projet de loi . Elle permet ce que j'appelle communément la fusillade au volant. Plutôt que de faire savoir que nous n’allons pas autoriser l'imposition d'une peine dans la collectivité pour une infraction aussi grave, il faudrait s'interroger sur la durée de l’incarcération. C’est paradoxal.
J’ai posé une question au secrétaire parlementaire à ce sujet, et je ne me souviens pas de sa réponse exacte, mais il m’a essentiellement répondu que je faisais de beaux discours. Ce n’est pas le cas. Je signale simplement qu’il existe désormais une option de condamnation permettant aux tireurs au volant de purger leur peine dans la collectivité. Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là. Je ne comprends tout simplement pas comment les ordonnances de sursis, dans les cas de fusillade au volant, améliorent les principes de détermination de la peine énoncés à l’article 718 et les mettent en application.
Le secrétaire parlementaire a parlé de racisme systémique, puis des services correctionnels. Je tiens à dire que je ne vois aucun inconvénient à ce qu'on s'attaque au racisme où que ce soit au Canada, absolument aucun. Il a parlé de l’échelle de classement par niveau de sécurité. En tant que personne qui a étudié cette échelle et qui a déjà travaillé dans le domaine des services correctionnels, je sais que, s’il veut s’attaquer à ce mode d'évaluation des cas et à la surreprésentation de certains groupes dans les établissements fédéraux à sécurité maximale, il devrait le faire. Pour y arriver, il faudrait modifier la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, mais non autoriser les ordonnances de sursis dans le cas d'infractions comme l’extorsion avec une arme à feu, le vol avec une arme à feu ou, plus grave encore, la décharge imprudente ou avec intention d'une arme à feu.
Le secrétaire parlementaire a dit que les conservateurs voulaient emprisonner les gens et jeter la clé. Rien n’est plus faux. Ce que nous voulons, c’est une société sûre et des condamnations justes...