a) la Chambre rappelle au gouvernement que des élections générales se sont tenues en octobre 2019 et constate avec tristesse que plus de 1,3 million de Canadiens, dont près de 360 000 Québécois, ont été atteints de la COVID-19 et que près de 25 000 personnes en sont mortes;
b) de l’avis de la Chambre, tenir des élections en temps de pandémie serait irresponsable, et qu’il est de la responsabilité du gouvernement de tout mettre en œuvre pour éviter que les électeurs soient appelés aux urnes tant et aussi longtemps que durera cette pandémie.
— Monsieur le Président, il serait irresponsable de tenir des élections en temps de pandémie. Je pense que ce mot, que nous avons inclus dans la motion, est approprié. Je répète que ce serait irresponsable de le faire alors qu'on demande depuis 14 mois aux gens de réduire au minimum leurs activités. Ils font des sacrifices et ne voient pas leurs proches. Souvent, les parents ne voient pas leurs enfants et les grands-parents ne voient pas leurs petits-enfants. Or, on dit aux gens qu'ils doivent aller voter malgré tout cela, parce qu'il est important de faire son devoir de citoyen.
Certes, les élections sont importantes, mais, tenir des élections en temps de pandémie, c'est jouer avec le feu. Nous n'avons pas besoin de cela. Nous ne pouvons pas remettre en cause ce qui s'en vient probablement. En fait, nous espérons que cela s'en vient, vu la vaccination tardive. Nous sommes néanmoins sur la bonne voie pour sortir de cette pandémie.
Je dois toutefois mettre un bémol à ce que je viens de dire. Au Québec, la situation s'est améliorée, et nous touchons du bois. Cependant, la situation ailleurs au Canada est problématique. La semaine passée, un débat d'urgence s'est tenu à la Chambre sur la situation en Alberta. Pense-t-on que les Albertains veulent des élections? J'en doute.
L'Ontario est en pleine troisième vague et est aux prises avec des variants, parce que le gouvernement libéral n'a pas fermé ses portes et a laissé entrer les variants. Le a dit à répétition qu'il avait fermé les frontières, qu'il était tellement sévère, et ainsi de suite. Pourtant, au Québec, 84 % des cas de COVID-19 sont causés par des variants. Comment ces variants sont-ils entrés ici? Ont-ils sauté par-dessus l'Atlantique?
Non, ils sont entrés par les aéroports, dont les employés n'étaient pas mandatés par le gouvernement pour s'assurer que les voyageurs faisaient leur quarantaine. Les voyageurs n'ont pas été mis en quarantaine et, maintenant, la pandémie se poursuit à cause des variants. Voilà la réalité.
Le gouvernement, qui a laissé entrer les variants et qui a reçu ses vaccins deux mois après presque tous les autres, nous dit que ce serait peut-être une bonne idée de tenir une élection. Bien sûr, il ne le dit pas aussi clairement.
M. Trudeau se promène. On lui pose des questions et il répond que les libéraux ne veulent pas d'élections.
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Madame la Présidente, je présente mes excuses au député. Je suis vraiment désolé. Cela m'est arrivé quelques fois d'employer le nom d'une personne. Quand je siégeais à l'Assemblée nationale, à Québec, les députés n'employaient jamais le nom d'une autre personne. Ici, on le fait dans certaines circonstances, par exemple lors des réunions de comités. Je vais essayer de ne plus le refaire.
Le dit à qui veut l'entendre qu'il ne veut pas tenir des élections alors que nous vivons une pandémie. On le voit à la télévision dire que le gouvernement ne veut pas d'élections, que c'est bien évident et qu'on peut lui faire confiance. Ce n'est pas clair du tout.
Par la suite, les libéraux ont tenu un congrès, où tout le monde faisait la fête. De quoi parlaient-ils? Ils ne parlaient que d'élections. À un certain moment, le leader du gouvernement, qui dit que c'est l'opposition qui parle d'élections, a fait un topo à Radio-Canada. Tout ce qu'il avait dans la bouche, c'était le mot « élections ». En parlant d'élections, il était excité comme un caniche qui attend des amis. Il dit que nous parlons d'élections, mais je crois qu'il fait de la projection.
Bien qu'il dise ne pas vouloir déclencher des élections, nous nous doutons qu'il veut en déclencher. C'est peut-être moins le cas maintenant, puisque les sondages à ce sujet commencent à être moins bons.
Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a travaillé sur un rapport d'élections durant la pandémie. Nous avons rencontré des dizaines de témoins, notamment des gens de la santé publique, des professeurs et des gens de divers horizons. Ils nous ont expliqué qu'il ne fallait pas tenir d'élections en temps de pandémie, mais qu'ils avaient des propositions à nous faire si l'on décidait d'en tenir. Tout le monde disait ne pas vouloir déclencher des élections.
Selon le professeur Blais, il ne devrait pas y avoir d'élections en temps de pandémie et le gouvernement minoritaire ne devrait pas déclencher des élections durant la pandémie. Plus encore, il a dit qu'un gouvernement minoritaire ne devrait jamais déclencher d'élections, à part aux quatre ans. Je l'ai trouvé original, mais je ne dis pas que c'est ce que je pense. C'est un clin d'œil que je lui fais.
Les chefs sont d'accord sur le fait de ne pas déclencher des élections. Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a tout de même analysé cela, et tous ses membres ont voté à l'unanimité pour dire qu'ils ne voulaient pas d'élections. En comité, les députés libéraux présents ont dit qu'ils ne voulaient pas tenir d'élections. Dans ce cas, pourquoi ne le disent-ils pas à leur chef? Tout cela est douteux. La bonne volonté du gouvernement est aussi éphémère qu'une balloune dans une fête de porcs-épics.
Le gouvernement dit qu'il ne veut pas tenir d'élections, mais qu'il va déposer un projet de loi. S'il ne veut pas tenir d'élections, pourquoi dépose-t-il un projet de loi? Je ne comprends pas trop. On a répondu que c'était au cas où. Ensuite, il a convaincu le NPD. Quand les libéraux ont demandé aux députés du NPD ce qu'ils en pensaient, ils ont répondu que ce n'était pas une idée folle. Ils ne veulent pas tenir d'élections, mais ils déposent un projet de loi pour préparer les élections en temps de pandémie. Voilà ce qu'ils ont dit.
Les députés qui siègent au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre étaient tout énervés. Nous avons travaillé très fort afin de publier un rapport. Nous voulions le publier rapidement, afin d'éclairer leur lanterne. Nous voulions que notre travail porte ses fruits. Or ils ont déposé le projet de loi avant que nous déposions notre rapport. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que nous avons travaillé fort, mais qu'ils n'en avaient rien à cirer. Ils ont déposé leur projet de loi. Nous étions fâchés, et nous nous demandions pourquoi nous travaillions. Ainsi va la vie.
J'aimerais maintenant prêter ma voix à quelques analystes politiques, afin de démontrer à mes collègues que celui qui parle, ce n'est ni le député de La Prairie ni le bloquiste, mais plutôt les analystes qui commentent le fait de tenir des élections en temps de pandémie. Emmanuelle Latraverse, une analyste politique, a dit que le gouvernement avait attendu au 10 décembre pour déposer un projet de loi. Quand le projet de loi a-t-il été débattu pour la première fois? C'est au mois de mars.
Ils se sont dépêchés de déposer un projet de loi en décembre, mais il a seulement été étudié au mois de mars. Nous nous sommes demandé pourquoi ils n'ont pas attendu au mois de mars pour déposer le projet de loi. Ainsi, nous aurions pu commencer à travailler immédiatement, et nous aurions pu déposer notre rapport. Or cela semble trop compliqué.
Ils ont dit que le projet de loi avait été déposé le 10 décembre et n'ont jamais expliqué pourquoi.
Par ailleurs, même si c'était prétendument important, ils ne s'en sont jamais occupés avant le 8 mars, et, au cours des 51 derniers jours, il n'y a eu que trois heures de débat.
Tout à coup, le gouvernement se réveille. Cela devient une urgence nationale, et il impose le bâillon. Je me mets à la place des citoyens, qui doivent se demander quel est l'intérêt de cette manœuvre. Pourquoi ne pas avoir négocié et trouvé un compromis?
C'est le genre de gestion de calendrier parlementaire qui envenime les relations entre les partis politiques. Si nous en sommes rendus là, c'est à cause de la prorogation, à cause de WE Charity. Quand le gouvernement a prorogé le Parlement, tous les projets de loi qui étaient inscrits au Feuilleton sont morts. Nous avons dû refaire le travail, ce qui nous a fait perdre des journées. Nous avons dû repartir à zéro, parce que le gouvernement avait décidé de proroger le Parlement. Soudainement, c'est péril en la demeure et on impose un bâillon.
Ce gouvernement est le gouvernement du désordre législatif. Les libéraux se cherchent. Ils ne savent pas où ils s'en vont. Le calendrier est toujours très maigre, parce que le gouvernement ne sait pas comment le gérer. Voilà le problème fondamental: les libéraux multiplient les bâillons parce qu'ils ont de la difficulté à gérer leurs projets de loi.
J'aime bien ce que dit Pierre Nantel: pour l'adoption d'un tel projet de loi, on sent que les députés du PLC suivent un script qui a été écrit par le professeur de théâtre.
Puis, Pierre Nantel nomme le premier ministre et poursuit en disant: les libéraux agissent de la sorte avec ce projet de loi avec l'unique objectif de présenter les conservateurs comme étant toujours contre tout.
Je pourrais continuer longtemps, mais, en terminant, je tiens à dire que, quand on joue avec la loi électorale, surtout en temps de pandémie, il faut un consensus. Nous en aurions eu besoin, mais nous avons affaire à un gouvernement de cow-boys qui ne fait que brusquer la Chambre, malheureusement.
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Madame la Présidente, cela me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui en cette journée de l'opposition au sujet du projet de loi et de la volonté très ferme du gouvernement — du moins pour ce qui est du moment, parce que ce n'était pas le cas il y a quelques semaines ou quelques mois — de le faire adopter sous bâillon, sans le consensus d'aucun parti.
Pour ma part, je qualifierais cette manœuvre d'égoïste, d'irresponsable et même d'arrogante et j'aimerais expliquer pourquoi si besoin est. Évidemment, il y a plusieurs raisons. Mon collègue de en a parlé plus tôt et je suis d'accord sur ce qu'il a dit, mais j'aimerais en rajouter une couche.
La première des choses est la question de la démocratie. Cela évoque le souvenir de la prorogation du Parlement l'été dernier. Cette même question de principe était mise de l'avant. On fait cela sous prétexte d'exercer un devoir démocratique, celui d'être en mesure de voter s'il le faut.
En même temps, de façon tout à fait paradoxale sinon ironique, ce qu'on fait est un déni de la démocratie. On décide d'imposer un bâillon sur un projet de loi qui concerne l'ensemble des Québécois et des Canadiens pour une élection en temps de pandémie. Le gouvernement dit qu'il veut que les gens puissent exercer leur droit démocratique. Or, quand c'est le moment de représenter l'ensemble de la population et de dégager un consensus avec l'ensemble des élus et des partis à la Chambre des communes, eh bien là, on s'en lave les mains.
Pour moi, c'est vraiment complètement incohérent. Je ne suis pas nécessairement surprise, car on n'en est pas à une incohérence près. Or, dans ce cas-ci, c'est tellement gros qu'on peut se poser des questions absolument légitimes quant à la volonté du gouvernement d'adopter un projet de loi aussi rapidement au printemps, alors qu'avant, ce projet de loi n'était même pas dans leur programme législatif. On l'a oublié pendant des mois, et, tout à coup, on a besoin de cette loi de façon urgente.
Selon moi, c'est un prétexte. S'il y a présentement une majorité qui est en faveur de ce projet de loi, c'est une majorité qui l'est par dépit. Nous avons pu le constater lors du bâillon. Mes collègues du NPD ont mentionné précédemment qu'ils n'étaient pas pour la tenue d'élections et qu'ils n'en voulaient pas.
Nous pouvons travailler sur un projet de loi, car nous sommes ici pour cela, sauf que personne ne veut d'élections. Tant qu'à faire un projet de loi, faisons-le correctement et écoutons l'ensemble des partis. Tout à l'heure, mon collègue a mentionné qu'on n’avait même pas pris en considération les travaux que les membres du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre avaient faits. Encore une fois, le gouvernement refuse de faire un bon travail en voulant faire adopter ce projet de loi rapidement.
Ce n'est pas une question de chicane ou de ne pas vouloir collaborer, bien au contraire. Nous parlons de consensus et de travailler ensemble pour arriver à une solution qui représente l'ensemble de la population. Je pense que c'est une façon responsable et transparente d'y arriver et qui évite toute volonté partisane et disgracieuse dans la situation.
Hier, le du Bloc québécois a proposé une solution pour le projet de loi , qui éviterait l'imposition du bâillon. C'est très simple. Il propose que le rencontre, par exemple, les chefs des différents partis derrière des portes closes. Ils pourraient discuter pour en arriver à un consensus. Il y aurait bien évidemment des compromis, car c'est cela, un consensus, toutes les parties doivent s'y retrouver. Ensuite, les députés à la Chambre continueraient de travailler pour le faire adopter. Ce serait la seule et unique bonne façon de le faire.
Nous n'avons pas entendu le premier ministre accepter cette proposition. Pourtant, quand on change les règles démocratiques, on le fait pour tout le monde. Il ne revient pas à un parti unique de décider de ces règles. En la matière, je dois ajouter que le Québec est exemplaire, car c'est ainsi qu'il fonctionne. Lorsque le Québec change la Loi électorale, il le fait avec la participation de tout le monde, parce qu'il veut représenter l'ensemble de la population. C'est un processus transparent.
Je le répète: il n'y a pas urgence en la demeure. Je sais que le gouvernement dit deux choses en même temps: d'une part, il propose ce projet de loi afin de déclencher des élections et, d'autre part, il dit qu'il ne veut pas d'élections et que c'est l'opposition qui le pousse dans ce sens.
Comme le disait si bien mon collègue de , si nous votons contre certains projets de loi, c'est tout simplement parce qu'ils sont mauvais. Je pense que l'opposition a encore le droit de voter contre de mauvais projets de loi.
Ensuite, j'aimerais parler de la tour d'ivoire du gouvernement et des raisons pour lesquelles il veut déclencher des élections. C'est certain qu'avec la pandémie, on a envoyé des dollars un peu partout. On a l'impression que ce gouvernement est si généreux. Il a donné de l'argent à tout le monde et on a l'impression que ce qu'il a fait est extraordinaire. J'aimerais rappeler que l'argent qu'il dilapide, même si l'aide est nécessaire, appartient aux contribuables. Certains de mes collègues seront d'accord avec moi. Il a aussi une responsabilité. Ce sont les contribuables eux-mêmes qui se donnent de l'argent en temps de pandémie, il faut le rappeler.
Le gouvernement donne l'impression, en mettant son drapeau dans le coin des chèques, qu'il est généreux. S'il est généreux, c'est envers lui-même, pour proposer un projet de loi comme celui-ci et déclencher rapidement des élections, en espérant que les chiffres soient bons et que ce soit pour lui la façon de former un gouvernement majoritaire. À mon sens, cela démontre qu'il est incapable de gouverner, parce qu'il serait capable de gouverner en situation minoritaire, j'ose l'espérer. Le problème, c'est son manque de collaboration. C'est pour cela qu'il y a des chicanes.
J'aimerais parler de ce qui se passe chez moi. Oui, nous sommes en temps de pandémie, mais nous devons aussi faire notre travail. Je dois être présente à la Chambre pour représenter mes concitoyens de la Côte-Nord et les Québécois. Je dois continuer à travailler, et on devrait travailler deux fois plus fort.
Comme il nous l'a démontré avec la prorogation, le gouvernement aime mieux s'en aller, en temps de pandémie. Il préfère déclencher des élections et proroger la Chambre plutôt que de faire son travail, non seulement celui qu'il a à faire en temps de pandémie, mais le travail régulier qu'il doit faire aussi.
J'aimerais donner des exemples concrets de ce qui se passe chez moi en ce moment. Une personne de Baie-Comeau a téléphoné à mon bureau parce qu'elle avait besoin d'aide. Sa demande de Prestation canadienne de la relance économique, ou PCRE, a été refusée parce qu'elle avait fait une demande d'assurance-emploi par erreur, tout simplement. Cette personne est obligée d'avoir de l'aide d'un organisme pour les personnes sans abri, parce qu'elle n'est pas capable de payer son loyer et de se nourrir. Le gouvernement devrait travailler sur des problèmes criants comme celui-là, surtout en temps de pandémie, plutôt que de prendre une pause.
Il y a aussi une étudiante au cégep qui a été fraudée et qui s'est fait demander de rembourser les sommes. C'est une étudiante de l'extérieur de ma région. Elle n'arrive pas à se nourrir. On parle encore de besoins essentiels tels que définis par la pyramide de Maslow. Elle a besoin de se nourrir, et cela met en péril son projet de vie et son projet d'étude chez nous. C'est ce qui se passe en ce moment. Pendant ce temps, la , elle, ne travaille pas là-dessus. Notre région n'est pas épargnée par la pandémie non plus. Ce sont donc vraiment des cas concrets.
Je pourrais parler de Cap-aux-Meules, où certains pêcheurs n'ont plus de quai et mettent leur sécurité et leur vie en péril. Le gouvernement ne travaille pas vraiment sur ce dossier-là, et il veut déclencher des élections. Les pêcheurs ne savent même pas s'ils vont pouvoir pêcher l'année prochaine. Même cette année, ils ne le savaient pas. Cela n'a aucun sens. Il y a d'autre travail à faire que d'imposer des bâillons et dire qu'on va fort probablement aller aux urnes. Bien franchement, si on ne voulait pas déclencher des élections au mois d'août, on pourrait prendre le temps de le travailler, ce projet de loi, plutôt que d'imposer un bâillon.
J'ai énormément de sujets à aborder. Je peux parler de la forêt de la Côte-Nord, chez nous, qui est en train de se mourir. On pourrait travailler là-dessus.
Si le gouvernement voulait vraiment travailler en faveur de la population, il aurait pu faire deux choses dans le dernier budget sans devoir attendre une élection. Je dis qu'il y en a deux, mais il y en a une multitude. Premièrement, il faut penser aux transferts en santé. Il n'en a pas parlé et il n'en parle plus. Deuxièmement, il y a le projet de loi . Troisièmement, il y a la question des aînés. Ce gouvernement crée deux classes d'aînés: ceux qui ont 65 ans ou plus et ceux qui ont 75 ans ou plus. Ce n'est pas tout le monde qui a droit à la même chose. C'est de la discrimination.
Je ne comprends absolument pas où le gouvernement veut s'en aller, mais il ne travaille certainement pas pour la population du Québec et les Nord-Côtiers. Il travaille tout simplement pour lui-même. Ce que les libéraux veulent, c'est déclencher des élections et être totalement irresponsables. Je ne peux penser à un mot plus précis qu'« irresponsable » pour qualifier le gouvernement.
Alors, j'aimerais tout simplement rappeler à la population que je représente, celle de la Côte-Nord, mais également aux Québécois, que je souhaite rester à la Chambre pendant la pandémie pour travailler deux fois, voire trois fois plus que nécessaire pour aider la population, et non travailler pour des intérêts partisans comme le fait le gouvernement.
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Madame la Présidente, je suis ici pour débattre de la motion présentée par mon ami de sur l’éventualité d’une élection en cas de pandémie.
Permettez-moi de commencer en disant que, depuis le début de la pandémie, notre gouvernement s’est efforcé de répondre aux besoins des Canadiens. Les Canadiens s’attendent à ce que leur Parlement s’efforce de les aider tout au long de la pandémie et, en effet, au cours des derniers mois, c’est ce que le gouvernement a fait.
Le gouvernement n’a aucun intérêt à ce qu’il y ait des élections. Nous l’avons dit à plusieurs reprises. Le l’a dit. Cependant, comme la Chambre le sait bien, une élection peut survenir à tout moment dans un parlement minoritaire. Il nous incombe, en tant que parlementaires, de nous préparer à une telle éventualité. C’est pourquoi, à la suite d’un rapport du directeur général des élections du Canada, le gouvernement a présenté le projet de loi , qui permettrait de modifier temporairement la Loi électorale du Canada dans le contexte d’une pandémie.
Nous convenons avec l’opposition qu’il serait malheureux de tenir une élection pendant une pandémie sans d’abord mettre en œuvre ces dispositions qui permettraient aux Canadiens de voter en toute sécurité. L’opposition a fait preuve d’un mépris total pour la santé et la sécurité des Canadiens au cours des dernières semaines. Elle a formulé 14 fois un vote de défiance, ce qui signifie qu’elle a voté 14 fois pour une élection immédiate. Si l’opposition tient à ce que les Canadiens ne se rendent pas aux urnes, elle devrait peut-être cesser de voter pour des élections immédiates.
Le gouvernement veut que la Chambre des communes travaille de façon constructive, comme elle l’a fait au cours des derniers mois. Cela comprend notamment une étude opportune du projet de loi afin de faire en sorte que, si une élection devait se tenir, ce que souhaitent manifestement de nombreux députés de l’opposition, elle serait sûre et sécurisée, et accessible au plus grand nombre d’électeurs possible.
Nous sommes prêts à travailler avec tous les parlementaires pour faire en sorte que ces changements temporaires à la Loi électorale du Canada répondent à nos objectifs collectifs, mais cela exige que l’opposition travaille également de façon constructive au sein des comités parlementaires. Les tactiques actuelles de l’opposition visant à paralyser le travail à la Chambre et dans les comités ne sont parfois rien de moins que dysfonctionnelles.
Permettez-moi de citer le très honorable Stephen Harper, qui a dit: « C’est dans la nature de l’opposition de s’opposer au gouvernement, mais en même temps, j’espère que nous pourrons concentrer nos efforts sur les vraies questions, les questions de politique publique. »
Tout premier ministre responsable doit décider du bon fonctionnement du Parlement. J’encourage nos collègues de l’opposition à viser, comme l’a fait le gouvernement, l’obtention de résultats concrets pour les Canadiens. Qu’il s’agisse d’investir dans de l'équipement de protection individuelle, d’accroître la capacité de dépistage et de recherche des contacts ou de livrer plus de 20 millions de doses de vaccin dans le Canada, nous n’avons ménagé aucun effort pour lutter contre la pandémie et apporter un soutien aux personnes les plus touchées.
Une approche d’Équipe Canada est clairement la meilleure façon de vaincre la COVID-19 et de maintenir la sécurité et la santé des Canadiens. Je demande instamment à mes collègues de la Chambre de continuer à travailler de manière productive dans le cadre de notre travail commun pour protéger et soutenir les Canadiens.
[Français]
Maintenant, j'aimerais discuter brièvement, comme la motion nous l'impose, de la situation au Québec au cours de la dernière année. La pandémie de COVID-19 a eu des effets étendus et sans précédent sur les Canadiens, y compris les Québécois, évidemment. Cela a amené notre gouvernement à fournir un soutien important à l'ensemble des provinces et des territoires, dont le Québec.
En vertu de l'Accord sur la relance sécuritaire, le Québec recevra plus de 3 milliards de dollars pour, entre autres mesures essentielles, des tests de dépistage rapide et la recherche de contacts, les municipalités et le transport en commun, ainsi que les services de garde d'enfant pour ceux qui retournent au travail.
De plus, en vertu du Fonds pour une rentrée scolaire sécuritaire, le Québec recevra plus de 432 millions de dollars, et l'allocation du Québec en vertu du nouveau volet Résilience à la COVID-19, qui fait partie du programme d'infrastructure, est également de plus de 432 millions de dollars.
Enfin, il y a eu plus de deux millions de demandes au Québec pour la Prestation canadienne d'urgence.
[Traduction]
Je crois que le soutien que nous avons offert aux Canadiens tout au long de cette pandémie a été évident, et nous sommes reconnaissants aux partis de l’opposition qui nous ont aidés à mettre en place ces programmes dont tant de Canadiens ont bénéficié.
Cette motion offre également l’occasion de discuter des mesures prévues dans le projet de loi . Elles contribueraient à garantir que si les Canadiens devaient se rendent aux urnes alors que le Canada est en pleine pandémie de COVID-19, ils pourraient le faire en toute confiance en ce qui concerne leur sécurité et l’intégrité de l’élection. J’ai bon espoir que nous pourrons compter sur un soutien similaire de la part de l’opposition pour bon nombre de ces mesures qui relèvent du bon sens. Je constate que tous les partis d’opposition ont voté pour le projet de loi en deuxième lecture.
Dès les premiers jours de la pandémie l’an dernier, les administrateurs des élections de tout le pays ont commencé à réfléchir à la façon de tenir des élections en toute sécurité pour les travailleurs et les bénévoles, tout en maintenant les normes élevées d’intégrité auxquelles les Canadiens s’attendent. Depuis mars 2020, des élections générales ont eu lieu dans quatre provinces et un territoire. La COVID-19 a peut-être restreint de nombreux aspects de la vie au Canada, mais des élections ont encore lieu, quoique sous une forme modifiée, et en tenant compte des intérêts de chacun en matière de sécurité. De plus, le directeur général des élections du Canada a supervisé l’administration de deux élections fédérales partielles à Toronto en octobre 2020.
[Français]
Le projet de loi s'appuie sur les recommandations émises en octobre 2020 par le directeur général des élections concernant le vote dans le contexte d'une pandémie, ainsi que sur le travail essentiel de nos collègues qui ont réalisé une étude sur la tenue d'une élection dans le contexte d'une pandémie.
Le projet de loi C-19 contient quatre éléments que je vais expliquer en détail: une période de scrutin de trois jours, le déroulement du scrutin en toute sécurité pour les résidents des centres de soins de longue durée, des pouvoirs d'adaptation accrus pour le directeur général des élections et le renforcement des mesures relatives au vote par correspondance.
[Traduction]
Avant d’aborder ces mesures, j’aimerais souligner la nature exceptionnelle des modifications législatives prévues dans le projet de loi . Je répète qu’aucune des modifications proposées ne constituerait une modification permanente de la Loi électorale du Canada, et que le projet de loi comporte une disposition de caducité. Ces mesures sont rédigées de manière à ce qu’elles cessent d’être en vigueur six mois après que le directeur général des élections, après avoir consulté l’administratrice en chef de la santé publique, détermine que ces mesures ne sont plus nécessaires.
Comme nous l’avons vu à la grandeur du pays, cette pandémie n’a pas empêché les Canadiens d’exercer leurs droits démocratiques. C’est notre rôle, comme représentants élus, de veiller à ce qu’ils puissent le faire de la manière qu’ils préfèrent, si le moment est venu pour les Canadiens de retourner aux urnes, et être assurés de leur sécurité et de la santé de leur collectivité.
Dans toutes les élections générales et partielles modernes, le directeur général des élections s’est vu conférer des pouvoirs d’adaptation qui peuvent être appliqués à la Loi électorale du Canada afin que les électeurs puissent exercer leur droit de vote. Ces pouvoirs d’adaptation peuvent faciliter la tenue d’élections en cas d’urgence ou d’autres circonstances imprévues.
[Français]
Aux élections précédentes, le directeur général des élections a exercé ce pouvoir, entre autres pour permettre aux travailleurs résidant temporairement à l'extérieur de leur circonscription de voter. Cependant, l'incertitude de la pandémie actuelle justifie l'élargissement des motifs pour lesquels la loi peut être adaptée. Le projet de loi renforcerait les pouvoirs d'adaptation du directeur général des élections afin de lui permettre d'adapter les dispositions de la Loi électorale du Canada pour assurer la santé et la sécurité des électeurs et du personnel électoral, y compris les bénévoles.
[Traduction]
Il lui permettrait de mettre en place des mesures de protection dans les bureaux de scrutin afin de réduire la propagation de la COVID-19. Ces mesures sont particulièrement importantes quand on songe au fait que, lors d'élections fédérales, le personnel électoral est largement composé d'aînés qui, nous le savons, sont particulièrement vulnérables à la COVID-19.
Ces mesures d'adaptation contribueront à soutenir une autre mesure clé du projet de loi , soit le prolongement de la période de scrutin, qui passerait du lundi seulement à trois jours.
[Français]
Afin de faciliter la distanciation physique dans les bureaux de vote, le projet de loi propose d'ajouter deux jours de scrutin supplémentaires, soit le samedi et le dimanche précédant le jour du scrutin traditionnel du lundi. Cette mesure diminuerait le nombre de personnes présentes aux bureaux de scrutin à un moment précis. Elle sera particulièrement utile dans les circonscriptions où les autorités de santé publique ont établi des limites strictes sur le nombre de personnes permises dans les lieux publics.
[Traduction]
Certains collègues ont dit qu'une période de scrutin de trois jours, c'est trop long, ou encore que la période de scrutin devrait avoir lieu soit seulement le lundi, soit pendant la fin de semaine. Une foule de raisons peuvent expliquer le fait qu'une personne puisse avoir de la difficulté à aller voter: le travail, des obligations familiales, des motifs religieux, la nécessité d'avoir accès à des services de garde d'enfants ou à des transports publics adéquats, et j'en passe. La période de scrutin de trois jours offrirait davantage de souplesse au directeur général des élections et aux responsables électoraux locaux pour déterminer des lieux de scrutin adéquats et accessibles.
Pendant une période électorale, Élections Canada devient le plus important employeur au pays. Plus de 250 000 travailleurs ont en effet été embauchés pour les élections de 2019. Même s'il n'est pas question du défi que pose le recrutement du personnel électoral dans le projet de loi , j'aimerais souligner un changement qui a été apporté en 2018 grâce à la Loi sur la modernisation des élections: Élections Canada pourra dorénavant embaucher des travailleurs âgés de 16 et 17 ans.
J'aimerais maintenant aborder un autre élément clé du projet de loi, élément qui, je le sais, intéressera tous mes collègues. Il s'agit de la protection de personnes aptes à exercer leur droit de vote qui comptent parmi les plus vulnérables au Canada. Partout au pays, les établissements de soins de longue durée ont été durement touchés par la COVID-19. Malgré les taux de vaccination élevés, il est nécessaire de protéger ces établissements contre la menace du virus.
[Français]
Le projet de loi faciliterait l'exercice du droit de vote de manière sécuritaire pour l'un des groupes les plus vulnérables et durement touchés par la pandémie, soit les personnes vivant dans des établissements de soins de longue durée. Le projet de loi C-19 établirait une période de 13 jours avant le début du scrutin pour faciliter l'administration du vote dans ces établissements. Cette période permettrait au personnel d'Élections Canada d'assurer une coordination avec le personnel des établissements de soins de longue durée de manière à s'assurer que les résidants peuvent voter en toute sécurité.
[Traduction]
Selon la loi actuelle, les travailleurs d'élection ne se déplacent d'un établissement à l'autre pour administrer le vote que le jour du scrutin. Les répercussions de cette pratique sur la sécurité sont évidentes dans le contexte de la COVID-19. Le directeur général des élections du Canada a d'ailleurs souligné la difficulté qui en résulte dans son rapport spécial d'octobre dernier.
La souplesse de cette période de 13 jours permettrait à Élections Canada de travailler en étroite collaboration avec chaque établissement pour déterminer les dates et les heures les plus propices et les plus sûres auxquelles les résidants pourront voter. Ces établissements sont essentiels à la sécurité des Canadiens et cette souplesse aidera également les personnes vulnérables.
Si une élection générale est déclenchée pendant la pandémie, le directeur général des élections s'attend à ce que le nombre de bulletins de vote par correspondance augmente, peut-être même jusqu'à 5 millions. Nous avons effectivement constaté une hausse importante du nombre de bulletins de vote par correspondance lors de l'élection générale d'octobre 2020 en Colombie-Britannique et lors de l'élection présidentielle américaine de novembre dernier.
Le vote par correspondance permet aux Canadiens d'exercer leurs droits démocratiques en toute sécurité. Les électeurs canadiens ont depuis longtemps l'option de voter par correspondance; toutefois, compte tenu de l'importance évidente de ce mode de scrutin pendant une pandémie, le projet de loi prévoit des mesures visant à garantir que le système de vote par correspondance au Canada est le plus simple et le plus accessible possible.
À l'heure actuelle, l'inscription au vote par correspondance peut seulement se faire par la poste ou en personne. S'il était adopté, le projet de loi permettrait désormais aux électeurs de s'inscrire en ligne. Je précise au passage que cette nouvelle option n'empêcherait absolument pas les Canadiens qui n'ont pas accès à Internet de continuer à s'inscrire par la poste ou en personne. C'est juste qu'en autorisant les inscriptions en ligne, nous élargirons la gamme d'options s'offrant aux Canadiens.
[Français]
Le projet de loi prévoit l'installation de boîtes de réception sécurisées dans tous les bureaux de scrutin et dans les bureaux des directeurs de scrutin. Cela permettra à celles et à ceux qui ne peuvent pas faire parvenir leur bulletin de vote par la poste de le déposer en toute sécurité. Ces mesures visent à assurer qu'une élection, si elle doit avoir lieu pendant une pandémie, sera plus sécuritaire et offrira aux électeurs le plus grand nombre de possibilités d'exercer leur droit démocratique.
[Traduction]
La dernière partie de mon intervention sur le vote par correspondance s'adresse aux députés qui se demandent si le grand nombre de bulletins spéciaux pourrait retarder le décompte des voix ou l'annonce des résultats. Je peux tout de suite rassurer la Chambre: selon le directeur général des élections, le nombre élevé de bulletins de vote par correspondance ne devrait pas retarder l'annonce des résultats du scrutin.
La pandémie a complètement chamboulé la vie des Canadiens. Les difficultés ont été considérables, et personne n'a été épargné, mais cette année exceptionnelle aura aussi permis de mettre en lumière l'extraordinaire résilience des Canadiens. Chose certaine, la pandémie ne les a pas empêchés d'exercer leurs droits démocratiques en Colombie-Britannique, en Saskatchewan, à Terre-Neuve-et-Labrador, au Yukon et même dans ma province, le Nouveau-Brunswick. De notre côté, nous devons tout faire pour qu'en cas de besoin, les Canadiens puissent les exercer aussi au niveau fédéral, sans mettre leur santé et celle de leurs concitoyens en danger.
Si les députés de l'opposition continuent de ne pas vouloir accorder leur confiance au gouvernement, il est irresponsable de leur part de ne pas travailler de concert avec le gouvernement en vue de mettre en place ces mesures destinées à protéger les Canadiens. La partisanerie à outrance de l'opposition risque d'empêcher le gouvernement de mettre en œuvre son programme et d'offrir l'aide dont les Canadiens ont désespérément besoin. Nous ne souhaitons pas déclencher des élections, mais comme tout premier ministre responsable en situation minoritaire, le doit déterminer quand il a ou n'a pas la confiance de la Chambre, et agir en conséquence.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Ce dont nous débattons aujourd'hui, c'est une motion présentée par le Bloc québécois. La Chambre des communes demande au gouvernement de ne pas déclencher d'élections. C'est la motion dont nous débattons aujourd'hui.
Pour ceux qui nous regardent et qui ne suivent peut-être pas toujours ce qui se passe au Parlement, il est important de comprendre que le gouvernement, actuellement, est minoritaire. Cela signifie qu'aucun parti n'a la majorité absolue des sièges à la Chambre des communes. Donc, en théorie, en situation minoritaire, le gouvernement doit travailler avec les autres partis politiques pour espérer faire adopter ses mesures législatives.
Le Parti libéral avait la majorité entre 2015 et 2019, puis il l'a perdue lors des élections de 2019. Pendant ces quatre ans, les libéraux avaient l'habitude de faire adopter des mesures législatives à toute vapeur à la Chambre des communes, de ne pas vraiment travailler avec l'opposition et d'avoir aussi la mainmise sur les comités parlementaires.
Pour ceux qui ne savent pas ce que sont les comités parlementaires, ce sont des groupes de députés qui ont un mandat précis les chargeant d’examiner des lois et différents sujets. Ils sont très importants pour le fonctionnement du Parlement. Encore une fois, pour expliquer de manière plus précise le fonctionnement du Parlement, chaque député a la responsabilité de demander des comptes au gouvernement. Ce que j’entends par gouvernement, c’est bien sûr le Cabinet, composé des députés qui occupent des postes de ministre.
Si quelqu’un n’occupe pas un poste au sein du Cabinet, son travail consiste à interroger le gouvernement et à demander si une chose est dans l’intérêt des Canadiens, si nous pourrions faire mieux, si nous choisissons la meilleure solution et pourquoi nous faisons telle ou telle chose. C’est le travail du Parlement.
Ce type de dialogue mène à de bonnes politiques publiques, mais sous le gouvernement libéral, il n’en est rien. Les libéraux ont pris l’habitude, pendant leurs années de majorité, d'imposer une position à leurs députés d'arrière-ban et de faire avancer leurs dossiers sans tenir de débat.
Je suis maintenant dans l’opposition depuis plusieurs années et je prends très au sérieux ma responsabilité de demander des comptes au gouvernement. Je l’interroge vigoureusement sur ses politiques. J’examine les lois pour voir si elles sont dans l’intérêt de mes concitoyens. J’utilise les comités parlementaires pour obtenir des réponses, et j’ai recours à la procédure parlementaire pour le faire, ce que tout parlementaire devrait faire.
Pour en revenir à la motion d’aujourd’hui, le libéral qui en est responsable vient de faire un discours d’environ 30 minutes avec un tas de termes presque orwelliens. Si ce dont il parlait était adopté, le Parlement ne fonctionnerait absolument pas. Revenons aux premiers arguments des libéraux.
Les libéraux disent que tout le monde veut des élections parce que les partis d’opposition pourraient voter contre une mesure législative et que c’est une question de confiance. Si le gouvernement présente un mauvais projet de loi ou si l’opposition n’est pas d’accord sur certaines parties du projet de loi, nous devons exercer notre rôle de parlementaires et ne pas l’appuyer. Le gouvernement doit me convaincre de voter pour ce qu'il propose, tout comme il devrait convaincre également ses députés d'arrière-ban au lieu de leur imposer la ligne de parti avec le bâton ou la carotte. Cet argument est vraiment mauvais. Il est honteux que quelqu’un qui est l’ancien leader du gouvernement à la Chambre des communes le propose, alors ne comptons pas là-dessus.
Revenons sur ce contexte de gouvernement minoritaire. En ce moment, le gouvernement n’a d’autre choix que de travailler avec l’opposition. Il doit gagner l’appui d’un autre parti sur les questions de confiance pour que les projets de loi puissent être adoptés. Les libéraux ne veulent pas le faire. Bien sûr qu’ils ne veulent pas le faire. Ils ne veulent pas avoir à négocier avec le Bloc québécois, les néo-démocrates, les conservateurs ou les verts. Ils ne veulent pas le faire.
Que veulent-ils faire? Ils veulent retourner aux urnes afin d’obtenir une majorité. Chaque fois que quelqu’un entend des conjectures à propos d’élections pendant une pandémie, c’est parce que c’est la volonté du gouvernement. Le libéral responsable de ce dossier vient de se faire demander sans détour par notre collègue du Bloc québécois s’il pouvait confirmer que le gouvernement ne veut pas d’élections. Fidèle à la tradition libérale, il a tourné autour du pot et n’a pas répondu.
Je pense que notre collègue du Bloc québécois a eu raison de le souligner aujourd’hui. Pour ceux qui nous regardent, je rappelle que les libéraux ont présenté un projet de loi, le projet de loi , qui modifie considérablement la Loi électorale du Canada. Ils ont usé d'un mécanisme qu'on appelle l'« attribution de temps ». Cela signifie qu’ils ont limité le débat sur ce projet de loi, car ils veulent le faire adopter avant l’été. De l’avis de bien des experts, c’est parce que le veut déclencher des élections.
Cela n’a rien à voir avec un vote de confiance à la Chambre des communes. Les médias et les experts se sont perdus en conjectures pour savoir s’il s’agissait ou non d’un vote de confiance à la Chambre des communes. En général, le s’adresserait au gouverneur général pour déclencher des élections, mais il s’est aussi planté dans ce dossier-là. C’est vraiment ce qui est en jeu ici, alors quand nous entendons les libéraux répéter leurs arguments bidon sur ce sujet, c’est de la pure foutaise.
Parlons d'élections dans le contexte de la pandémie. En ce moment, les gens de ma circonscription veulent de l’espoir et un plan pour sortir de la pandémie. Je suis très heureuse d’être la porte-parole de l’opposition en matière de santé depuis septembre. Je suis très fière d’avoir utilisé tous les outils à ma disposition pour forcer le gouvernement à donner des réponses sur l’approvisionnement en vaccins et en tests de dépistage rapide. Je n’oublierai jamais le moment où, au comité de la santé, Pfizer a déclaré que le gouvernement n’avait pas négocié la livraison de nos vaccins avant la fin de février. Il n’est retourné voir Pfizer qu’en novembre pour renégocier un contrat afin d’obtenir quelques doses en décembre. Comment cela se fait-il? C’est parce que le Parlement a exercé des pressions politiques sur le gouvernement pour que des vaccins soient disponibles pour les Canadiens. Je pense que le parrain de cette motion aujourd’hui est mon collègue du Bloc québécois qui siège avec moi au comité de la santé.
C’est ainsi que le Parlement fonctionne. Quand le gouvernement ne fait pas ce qui doit être fait, d’autres députés recourent à la procédure pour l’obliger à faire ce qu’il faut ou à envisager une autre option. Cela n’arrange peut-être pas le gouvernement libéral. Je le conçois, mais c’est ainsi que notre démocratie fonctionne. Nous voyons ce qu’a fait le gouvernement, par exemple, lors de la prorogation, lorsqu'il a, en fait, fermé le Parlement.
L’autre argument que les libéraux utilisent aujourd’hui est que l’opposition doit travailler en collaboration avec les comités. Chaque fois que nous entendons les libéraux parler de travailler en collaboration, nous savons que cela veut dire que nous ne devrions pas poser de questions, mais nous taire et voter comme ils l’entendent. Malheureusement pour le gouvernement libéral, ce n’est pas ainsi que fonctionne le Parlement, et heureusement pour les Canadiens.
Enfin, en ce qui concerne les comités, si un libéral ose dire aujourd’hui qu’ils ne fonctionnent pas, je rappelle que chaque fois qu'il y a de l’obstruction, ce sont des députés du Parti libéral qui en sont la cause. J’ai assisté pendant la pandémie à de nombreuses manœuvres dilatoires au comité de la santé quand il était question de motions visant à informer les Canadiens et à faire venir des ministres au comité et dont la presse a parlé. L’idée était que les Canadiens se rendent compte que ça ne se passait pas bien et qu’ils méritaient peut-être mieux. En tout cas, ces pressions politiques obligent le gouvernement à agir.
Soyons clairs, nous sommes en train de parler d’élections, alors que seulement 3 % des Canadiens ont reçu leurs deux doses de vaccin. Nous voyons que le Royaume-Uni déconfine. Hier, j’ai vu que le gouverneur de la Californie, État très démocrate, allait lever l’obligation du port du masque à la mi-juin en raison des progrès enregistrés dans la vaccination. Le Canada est loin de pouvoir en dire autant.
Le gouvernement fédéral n’a même pas donné d’indications sur ce que les personnes vaccinées peuvent faire dans notre pays. Beaucoup de Canadiens nous regardent aujourd’hui et se disent qu’ils en ont assez. Ils veulent être en sécurité, en bonne santé, et ils veulent avoir le droit de travailler. Ils veulent avoir le droit de voir leur famille et de se déplacer librement. Voilà bien plus d’un an maintenant que leurs libertés et leur sécurité sont remises en question et que le gouvernement libéral ne fait pas son travail à cet égard. Voilà ce qu’ils se disent.
C’est pourquoi le gouvernement libéral veut des élections. Parce qu’il ne veut pas que ces voix se fassent entendre et exigent plus. Je peux dire au nom de tous les députés de l’opposition, qu’ils soient du Bloc québécois, du NPD ou du Parti vert, que même si nous sommes en désaccord sur des questions de politique, nous nous entendons tous pour dire que le gouvernement doit faire mieux face à la pandémie. C'est ce sur quoi il doit se concentrer.
Je crois qu'aucun de nous ne va demander pardon pour le travail qu'il fait afin que les Canadiens aient des réponses. En tout cas, pas moi. Les résidants de ma circonscription me paient pour lutter, pour poser des questions difficiles et pour défendre leurs causes.
Si Justin Trudeau veut aller rencontrer notre gouverneur général fantôme pour déclencher des élections, il devra en répondre, mais, pour l'instant, nous allons continuer de nous concentrer sur la sortie de la pandémie.
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Madame la Présidente, c'est à mon tour de prendre la parole et je pense qu'il est important de la prendre aujourd'hui pour appuyer cette motion qui affirme que:
b) de l’avis de la Chambre, tenir des élections en temps de pandémie serait irresponsable, et qu’il est de la responsabilité du gouvernement de tout mettre en œuvre pour éviter que les électeurs soient appelés aux urnes tant et aussi longtemps que durera cette pandémie.
Dans ma circonscription, je n'ai rencontré personne qui m'ait demandé de tenir des élections en pleine pandémie. Au contraire, je pense sincèrement que les gens seront choqués et vraiment déçus de ce gouvernement s'il continue à vouloir déclencher des élections en pleine pandémie.
Je suis sûr que les Canadiens n'ont pas besoin de se rappeler que le début du processus de vaccination a été lent et a subi plein de retards causés par la mauvaise gestion du dossier par le gouvernement. Le gouvernement a tardé à signer des accords avec les fabricants de vaccins, il n'a pas agi assez rapidement pour garantir une capacité nationale de vaccins, il n'a pas réussi à favoriser l'immunité collective au Canada avec les quantités de doses reçues et il n'a pas réussi à garantir la protection des Canadiens au moyen de l'administration de doses uniques. Le discours « un été à une dose » ne fait vraiment pas l'affaire des Canadiens.
L'absence de contrôles aux frontières a permis à des variants préoccupants de faire leur apparition au sein de nos communautés. Depuis la semaine dernière, 90 % des cas de coronavirus au pays sont liés au variant britannique. Trois douzaines de cas d'un variant découvert pour la première fois en Inde ont également été identifiés.
En gros, il est clair que le gouvernement libéral n'a pas réussi à empêcher la pandémie d'atteindre nos côtes, ni à sortir les Canadiens de cette crise. Dans d'autres pays, par contre, on voit que cela va beaucoup mieux qu'au Canada. La responsabilité de cette crise de santé publique repose donc carrément sur les épaules de ce gouvernement et la dernière chose dont les Canadiens ont besoin, c'est d'une élection pendant une troisième vague.
Je rappelle que plus de 1,3 million de Canadiens ont été infectés par le virus, dont plus de 360 000 uniquement au Québec, que 78 000 cas restent actifs et que 25 000 personnes ont perdu la vie. Cela donne une bonne indication de la gravité de la pandémie. Compte tenu des restrictions qui ont été imposées aux Canadiens depuis le mois de mars 2020 et celles encore en vigueur, il est étonnant de voir que ce gouvernement libéral n'a qu'un seul objectif en tête, et ce n'est malheureusement pas la vaccination pour tous les Canadiens avant l'été.
Le dirige son navire vers une île qui s'appelle « des élections générales ». Les efforts déployés par ce gouvernement pour détourner l'attention de sa réponse désastreuse à la pandémie sont épouvantables. Plutôt que de vouloir pousser les Canadiens aux urnes à tout prix, ce gouvernement minoritaire devrait faire tout ce qu'il peut pour assurer la sécurité des Canadiens pendant que la pandémie fait rage.
Bien entendu, on comprend et on sait pourquoi les libéraux veulent des élections. Premièrement, dès le départ, le gouvernement a échoué lamentablement dans la gestion de la pandémie, particulièrement au niveau économique. Le Canada a subi des dommages économiques importants partout au pays depuis que le virus s'est installé à l'intérieur de nos frontières.
Les chiffres ne mentent pas lorsqu'il est question des emplois. Avant le début de la pandémie, le taux de chômage au Canada était de 4,5 %. À la fin du mois d'avril 2020, ce pourcentage avait quadruplé. La rapidité avec laquelle les emplois ont été perdus au Canada était historique. Statistique Canada n'avait jamais enregistré un nombre aussi élevé de pertes d'emploi depuis que l'organisme a commencé à suivre cette donnée.
Pour l'année 2020, les possibilités d'emploi dans le secteur de la restauration ont diminué de 40 % au Québec et il y a eu une baisse de 13 % dans le secteur de la vente au détail. Il a été démontré que les pertes dans ces secteurs affectent de manière disproportionnée les travailleurs plus jeunes et plus vulnérables, notamment les femmes, qui ne bénéficient pas d'une sécurité d'emploi ni de salaires élevés.
Maintenant, 14 mois après le début de la pandémie de la COVID-19, le taux de chômage national est de 8,1 % et la mauvaise gestion de ce gouvernement libéral a conduit à la réimposition de mesures de confinement dans de nombreuses régions du pays.
Présentement, on se trouve embourbés dans ce qui a été considéré comme la troisième vague du premier ministre en raison de l'incapacité du gouvernement à assurer l'approvisionnement en vaccins et de sa lenteur à utiliser la technologie des tests rapides et à fermer les frontières. C'est à cause de l'incompétence et du manque de leadership de ce gouvernement que la COVID-19 continue de dévaster l'économie canadienne.
Doug Porter, économiste en chef à BMO Marché des capitaux, a noté que cet épisode actuel de chômage a frappé un peu plus le Canada alors qu'une baisse plus marquée des emplois à temps plein et de l'emploi dans le secteur privé a été constatée. Dans d'autres secteurs, les gens qu'on côtoie dans nos régions dans les secteurs de l'hôtellerie, de la restauration et du divertissement ont souffert à la suite de la réimposition des confinements provoqués par la troisième vague des libéraux.
Les chiffres ne mentent pas. Leah Nord, directrice principale à la Chambre de commerce du Canada, a laissé entendre que certaines cicatrices sur le marché du travail ont commencé à être visibles au Canada alors que le chômage de longue durée dans notre pays a augmenté de 4,6 % pour atteindre 480 000 personnes. Elle dit que les perspectives d'emploi des travailleurs déplacés se réduisent pour chaque mois de confinement, alors que de plus en plus d'entreprises jettent l'éponge.
Il n'est pas vraiment difficile de deviner pourquoi les libéraux pourraient vouloir tourner la page sur leurs échecs au moyen d'une élection: c'est pour détourner l'attention. Les libéraux sont les seuls responsables de la situation inacceptable dans laquelle se retrouvent les travailleurs canadiens. En raison de l'incapacité des libéraux à tracer une voie cohérente pour sortir de la pandémie, les Canadiens se sont trouvés à maintes reprises soumis à diverses formes de confinement et de fermetures.
Les libéraux peuvent tenter de détourner l'attention des effets que leur échec dans leur réponse à la pandémie a eus sur les Canadiens, mais le fait est que la tenue d'élections ne fera pas que les gens oublient, pas quand les blessures infligées sont aussi profondes qu'elles le sont ni quand les douleurs de leur échec continuent de se faire sentir partout. L'année 2020, d'un point de vue général, passera à l'histoire comme la pire année économique jamais enregistrée au Canada. Quelle est la solution du gouvernement à tous ces problèmes?
Plutôt que de travailler dur pour régler les vrais problèmes auxquels sont confrontés les Canadiens, et malgré les belles paroles du premier ministre qui répète partout où il passe, notamment à la Chambre des communes et dans les médias, qu'il ne veut pas d'élections, les libéraux ont tout mis en place pour qu'une élection se déroule en pleine pandémie. Je suis d'accord avec les propos de ma collègue de , qui dit que les paroles du premier ministre sont déconnectées de la réalité.
Les libéraux veulent tellement une élection qu'ils ont, sous bâillon et avec la complicité tacite du NPD, fait adopter en deuxième lecture le projet de la loi sur la tenue d'élections en pandémie. Quand il est question de changer les règles électorales, la moindre des choses pour un gouvernement minoritaire est d'essayer d'obtenir un consensus, et non pas une alliance nombriliste. Ce que les libéraux sont en train de faire n'améliore en rien la perception qu'ont les citoyens des politiciens.
Tout à l'heure, j'ai entendu mon collègue libéral parler d'hypocrisie. Je l'ai entendu répéter ce mot environ 15 fois dans son discours. Les libéraux ont cependant une grande part de responsabilité dans le fait que la perception des politiciens est à son plus bas et que les députés ministres se placent au 73e rang des 76 professions évaluées par l'Institut de la confiance dans les organisations. Le comble de l'ironie, c'est que les députés libéraux sont si pressés d'adopter une loi pour changer les règles électorales en pleine pandémie qu'ils vont se succéder aujourd'hui pour dire qu'il n'était pas question de tenir des élections en pleine pandémie.
On les entend dire et répéter qu'ils ne parlent pas d'élection, que ce sont les partis de l'opposition qui en parlent, mais ce n'est pas l'opposition officielle qui a déposé un projet de loi pour tenir des élections en pleine pandémie. Le premier ministre a dit à plusieurs reprises que les partis de l'opposition avaient voté contre les motions de confiance, comme le budget et l'énoncé économique. On parle même d'une quinzaine de votes, comme si notre vote avait le moindre rapport avec la tenue des élections.
Si le gouvernement avait voulu obtenir l'appui des partis de l'opposition pour son budget, il aurait d'abord tenté d'obtenir des consensus. Il aurait d'abord tenté de se concentrer sur un plan de relance de l'économie et sur l'aide aux Canadiens, plutôt que sur ses valeurs idéologiques et sur sa plateforme électorale, mais non. Le premier ministre est tellement obsédé par le pouvoir et si contrarié d'être à la tête d'un gouvernement minoritaire qu'il a fait de son budget un véritable programme idéologique, qu'il n'a reculé devant aucune dépense ni démontré aucune volonté de présenter un plan de relance de l'économie. C'est un budget qui va dans toutes les directions. Plusieurs analystes le disent. Le mot billion est un nouveau mot qui deviendra bientôt un mot commun à la Chambre. On parle de mille milliards de dollars de déficit pour le Canada.
Maintenant qu'il voit que la population canadienne n'est pas dupe et qu'elle ne s'est pas laissée prendre à son jeu, le premier ministre veut des élections au plus vite, quitte à faire table rase des critiques du Parlement et de tout consensus. Ses prétentions sont ridicules. Cependant, le rôle de l'opposition est de défendre les Canadiens, qui en ont besoin en temps de pandémie. Il n'est pas question de déclencher des élections. Le chef de l'opposition n'en veut pas, le chef du Bloc n'en veut pas, le chef du NPD n'en veut pas. Si les trois chefs de l'opposition n'en veulent pas, le seul qui peut déclencher des élections unilatéralement, c'est le premier ministre lui-même.
J'invite mes collègues libéraux, qui vivent eux aussi la même situation que moi face aux problèmes des gens dans leur circonscription, à se tenir debout et à voter en faveur de cette motion, qui est remplie de bon sens.
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Madame la Présidente, d'entrée de jeu, je vous indique que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
[Traduction]
Je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet d'une motion qui énonce une évidence, soit que la tenue d'élections durant une pandémie n'est pas une bonne idée.
Dans l'ensemble du Manitoba, y compris dans la circonscription d'Elmwood—Transcona, il y a un resserrement important des restrictions liées à la pandémie. La capacité des magasins est grandement réduite, nos écoles ferment, et la province vient d'interdire aux Manitobains d'aller visiter des amis et des membres de leur famille chez eux. La dernière chose que souhaitent les habitants de ma circonscription, comme ceux de la circonscription de mon collègue conservateur, c'est d'avoir des élections.
Même si les électeurs ne sont pas nécessairement impressionnés par tout ce que le gouvernement a fait contre la pandémie, je pense qu’ils reconnaissent qu’il vaut mieux que le Parlement continue à travailler et à mettre de la pression sur le gouvernement pour qu’il corrige le tir plutôt que de suspendre le Parlement, ce qui permettrait au gouvernement de gouverner en toute liberté pendant la période électorale. Nous ne savons pas non plus quelle serait l’issue de ces élections, qu'il s'agisse du parti qui formerait le gouvernement ou du nombre de circonscriptions où un député serait bel et bien élu. Nous avons l’exemple de Terre-Neuve-et-Labrador, une province qui n’a pas été en mesure de tenir ses élections comme prévu, ce qui a donné lieu à de nombreux litiges sur la légitimité des résultats. Dans le contexte actuel, le Canada ne peut se permettre d’ajouter une crise politique à une crise sanitaire et économique, d’où l’importance de cette motion.
Comme je l’ai dit, les restrictions sont de plus en plus sévères au Manitoba. Dans certains cas, cela signifie simplement que nous prenons des mesures qui sont déjà en vigueur depuis un certain temps dans d’autres provinces en raison de la troisième vague. Dans certaines provinces, les restrictions restent moins sévères. Cependant, même si des élections provinciales se sont déroulées à certains moments pendant la pandémie, les obstacles à surmonter sont beaucoup plus importants lorsqu'il s'agit de tout le pays, avec 10 provinces et trois territoires, que dans le cas d'une seule province. Or, même à l'échelle provinciale, nous avons pu constater que les élections risquent de se solder par un échec.
L'organisation des élections fédérales est de loin plus complexe que celle des élections provinciales. Il est donc important d'éviter de tenir des élections, et à plus forte raison si ce sont des élections fédérales.
Que faut-il pour éviter que des élections aient lieu? Il faut de la bonne foi et de la bonne volonté de la part de tous les acteurs à la Chambre, mais surtout de la part du gouvernement, qui doit trouver un modus vivendi. Cela ne veut pas dire que le gouvernement doit toujours obtenir un consensus réunissant tous les partis, mais il doit au moins pouvoir compter sur un partenaire sérieux pour chacun des projets de loi qu’il propose. Il doit aussi comprendre que, s’il ne peut compter sur l'appui d'au moins un autre parti, dans un dossier donné, c'est qu'il doit retirer sa proposition.
Comment le Parlement pourrait-il être dissout malgré tout? Cela pourrait se produire uniquement si tous les autres partis décident de défaire le gouvernement un moment donné. Ce sera alors la preuve concrète que le gouvernement n'est pas capable de trouver un consensus sur une question importante ou essentielle de son mandat. C’est cela, le véritable critère. Les élections ne devraient pas lieu simplement parce que le s'est levé du mauvais pied un matin ou parce qu'il trouve que certains députés de l’opposition l’ont trop critiqué sur un sujet donné ou parce qu'à ses yeux, ils abordent trop souvent certaines questions. Dès lors que le premier ministre peut trouver un partenaire relativement à des mesures qu'il souhaite faire adopter, cela peut se faire rapidement, comme nous en avons eu la preuve. Cela s'est déjà produit. Le NPD a récemment collaboré avec le gouvernement pour tenter de faire adopter le projet de loi par le comité, parce que mes collègues néo-démocrates et moi pensons qu’il est important que le projet de loi soit adopté. J'en dirai davantage à ce sujet dans un instant.
Cependant, pour l’instant, j’aimerais savoir si, en présentant cette motion comme ce n’est pas la première fois qu'il le fait, le Bloc est en train de nous dire qu’il ne devrait pas y avoir d’élections pendant la pandémie. J'aimerais savoir s’il s'engage à ne pas en provoquer. Le Parti conservateur s’est prononcé il y a longtemps à ce sujet. Cela remonte au moins au mois de février, quand son chef a déclaré très clairement au Toronto Star qu’il ne provoquerait pas d’élections. Oui, les conservateurs ont voté contre le budget et contre d’autres choses, mais ils l’ont fait en sachant qu’un autre parti responsable ferait contrepoids pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’élections. Nous avons tous des idées bien arrêtées sur ce que fait le gouvernement, mais nous sommes très conscients des conséquences de nos actes dans le caucus néo-démocrate et nous sommes prêts à nous comporter en adultes à la Chambre.
Nous le disons depuis longtemps, depuis juin 2020, quand j’ai écrit aux députés sur le dossier de la réforme démocratique pour leur dire que nous devions parler de ce qui arriverait si la situation au Parlement devait conduire au déclenchement d'élections. Je n’ai pas eu de réponse pendant l’été, mais nous avons fini par obtenir qu'une étude soit faite par le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Il en est résulté une recommandation unanime des partis, écrite noir sur blanc dans le rapport final du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Elle dit qu’il ne devrait pas y avoir d’élections pendant la pandémie, sauf si le gouvernement perd un vote de confiance à la Chambre des communes, ce qui ne s’est pas encore produit.
Peu importe que des partis votent contre le gouvernement. Ce qui compte, c’est que le gouvernement trouve un partenaire pour faire adopter par la Chambre les projets de loi qui sont d'importance vitale. Pour l’instant, il y est parvenu et, selon nous, il devrait continuer ainsi. Du moment qu’il est prêt à faire des compromis raisonnables, il pourra trouver un partenaire jusqu’à la fin de la pandémie.
Si les conservateurs, les députés du Bloc et les néo-démocrates disent qu’ils ne veulent pas d’élections pendant la pandémie, comment pourrait-il y en avoir si le ne décide pas unilatéralement d’exercer sa prérogative pour déclencher des élections en dépit de l'intention des partis de l'opposition d'éviter qu'il y en ait. Après qu'on a demandé au premier ministre à plusieurs reprises de s’engager à ne pas emprunter cette voie, de manière à rassurer les Canadiens, qui sont inquiets de voir qu'une crise politique pourrait s’ajouter à une crise économique et sanitaire, il refuse de prendre cet engagement, ce qui suscite un fort mécontentement.
Cela m’amène à la question du projet de loi qui a été soulevée plus tôt. Effectivement, le NPD a collaboré avec le gouvernement parce que nous avons constaté qu'il y avait consensus autour du principe du projet de loi. J'ai pu observer le même consensus au comité de la procédure et des affaires de la Chambre, consensus que fait d'ailleurs ressortir le rapport final du comité. Si nous suivions les règles électorales actuelles et que nous essayions de tenir des élections comme d'habitude, en faisant comme s'il n'y avait pas de pandémie, cela nous mènerait à un échec. Les élections risqueraient d'avoir des conséquences sanitaires, et elles auraient certainement des conséquences sur le plan de la démocratie. Nous devons essayer de trouver un compromis. Pourquoi est-ce urgent? C’est parce que le refuse de s’engager à ne pas déclencher des élections.
Dans une certaine mesure, je suis surpris du degré de confiance que mes collègues conservateurs et bloquistes semblent accorder au . Ils se fient à lui pour agir dans l'intérêt général plutôt que dans son intérêt politique à lui. Les néo-démocrates ne partagent pas cette confiance. Nous sommes prêts à négocier avec le gouvernement, même si nous sommes souvent en désaccord avec lui, parce que nous souhaitons faire avancer les choses et faire fonctionner le Parlement. Toutefois, cela n’entraîne en aucun cas une sorte de foi naïve de la part de notre parti à l’égard du premier ministre, un premier ministre dont le bras droit pendant une grande partie de la pandémie, Bill Morneau, vient d’être reconnu coupable de violations du code d'éthique dans le scandale de l’organisme UNIS. Le premier ministre a été lui-même reconnu coupable à de nombreuses reprises d’avoir contrevenu au code d’éthique auquel sont soumis les députés et le gouvernement. Il l'a été sur un certain nombre de questions, notamment celle de l’île aux milliardaires. Cela n'est pas arrivé à beaucoup de premiers ministres, et ce n’est donc pas un homme en qui nous pouvons avoir confiance lorsqu’il s’agit de prendre des décisions faisant passer l'intérêt public avant son propre intérêt.
Nous ne sommes pas naïfs à ce sujet, et c’est pourquoi nous pensons qu’il est important que l'étude du projet de loi continue d'avancer. Que les partis d’opposition et les Canadiens le veuillent ou non, le a clairement indiqué qu’il défendrait son droit de déclencher des élections quand cela lui conviendra. S’il ne tenait pas à laisser planer la menace électorale, il aurait déjà dit: « Je ne déclencherai pas d’élections à moins de perdre un vote de confiance à la Chambre des communes ». Cependant, il ne le dira pas. Nous savons tous lire entre les lignes sur la colline du Parlement. Nous savons exactement ce que cela signifie.
Dans le débat que le comité de la procédure et des affaires de la Chambre a tenu sur la tenue d'élections pendant une pandémie et dans le débat de plusieurs heures qui s'est tenu à la Chambre sur le projet de loi , je n’ai jamais entendu personne dire que les règles ne devaient pas être modifiées. Il s’agit de faire les modifications correctement, et le comité est capable de s'en charger. Il sera en mesure de s'y mettre dès que les libéraux auront cessé de faire de l’obstruction pour l'en empêcher. Nous pourrons nous atteler à cette tâche qui nous incombe, car nous savons qu’on ne peut pas faire confiance au pour faire passer l’intérêt des Canadiens avant ses intérêts politiques.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer à la discussion d'aujourd'hui sur cette motion de l'opposition déposée par le Bloc québécois.
Cela me permet de faire certains commentaires sur un aspect qui est cher aux néo-démocrates, soit la capacité de garder le cap et d'être cohérent. Toutes les formations politiques n'ont pas cette capacité, et je me trouve dans une situation assez inusitée alors que j'appuie la motion tout en trouvant les détails de la démarche de mes collègues du Bloc québécois assez difficiles à comprendre.
Je vais relire la motion.
a) la Chambre rappelle au gouvernement que des élections générales se sont tenues en octobre 2019 et constate avec tristesse que plus de 1,3 million de Canadiens, dont près de 360 000 Québécois, ont été atteints de la COVID-19 et que près de 25 000 personnes en sont mortes;
b) de l’avis de la Chambre, tenir des élections en temps de pandémie serait irresponsable, et qu’il est de la responsabilité du gouvernement de tout mettre en œuvre pour éviter que les électeurs soient appelés aux urnes tant et aussi longtemps que durera cette pandémie.
C'est bien, et c'est d'ailleurs ce que le NPD dit depuis des mois. Par contre, est-ce ce que le Bloc québécois et le député de disent depuis des mois?
J'ai devant moi un article de Radio-Canada qui date de six ou sept mois environ. Je vais lire la fin de l'article, laquelle indique qu'il y a eu un renversement de situation dramatique.
« Quant à savoir si une deuxième vague de COVID-19 pourrait freiner son projet, [le chef du Bloc québécois] affirme que des mesures existent pour assurer la sécurité des gens qui voteraient. La COVID-19 en soi n’est pas une raison suffisante pour s'empêcher de déclencher des élections, croit-il. “Si on prend le raisonnement a contrario, ça voudrait dire que tant qu’il y a pandémie, nous vivons en dictature”. » C'est ce qu'a conclu le chef du Bloc québécois.
Je me demande ce qui s'est passé. La seule explication que je vois, c'est que le caucus et les députés du Bloc québécois ont procédé à un examen de conscience et se sont demandé si ce serait une chose saine, responsable et sécuritaire que de tenir des élections en temps de pandémie, alors que le virus et ses variants sont sur le terrain. Je suis heureux de voir que le Bloc québécois s'est rangé aux arguments du NPD et de son chef, qui répètent depuis des mois que ce ne serait pas prudent.
En tenant une élection, on risque de mettre des citoyens et des citoyennes en danger, alors que l'on compte des centaines de nouveaux cas chaque jour et, qu'il n'y a pas si longtemps, on en comptait des milliers au Québec, en Ontario et dans d'autres provinces. Le renversement de position du Bloc québécois est difficile à suivre.
Il y a peu de temps, le Bloc québécois bombait le torse en disant qu'il se tiendrait debout, que le NPD sauverait les libéraux et que ce n'était pas grave si des élections étaient déclenchées, parce que, lui, il se tenait droit. Aujourd'hui, le Bloc présente une motion qui indique que ce serait une mauvaise idée de tenir des élections. Qu'est-ce qui s'est passé?
J'ai l'impression que le député de Beloeil-Chambly a trouvé son chemin de Damas. Il a vu la lumière et est tombé de son cheval. Il lui est arrivé quelque chose pour qu'il dise qu'il éviterait des élections par respect pour les citoyens et les citoyennes. Je trouve extrêmement intéressant de voir que le Bloc québécois se range finalement aux arguments sensés, raisonnables et responsables des députés du NPD. Nous martelons depuis des mois que nous n'allons pas mettre la santé et la sécurité de nos concitoyens en danger en déclenchant des élections dont personne ne veut.
Aucun de mes concitoyens de Rosemont-La Petite-Patrie ne me dit que c'est le temps de déclencher des élections et qu'il s'agit vraiment d'une priorité. Personne ne me dit que cela lui ferait plaisir, que ce serait une bonne chose, que ce serait facile et amusant. On a bien vu ce qui s'est produit lors des élections à Terre-Neuve-et-Labrador.
Depuis des mois, le Bloc québécois menace de déclencher des élections. Il l'a fait durant la première, la deuxième et la troisième vague. Aujourd'hui, il s'est rendu aux arguments du NPD, et c'est tant mieux. Je ne vais pas cracher là-dessus, mais j'ai du mal à suivre le raisonnement du Bloc. C'est pour cela que je parlais de l'importance de garder le cap et d'être cohérent.
En cette Semaine de la profession infirmière, nous reconnaissons le travail des infirmières, et c'est merveilleux. Depuis plus d'un an, les infirmières et des infirmiers sont au front dans nos établissements de santé pour sauver des vies, souvent au risque de la leur. Il ne faut pas non plus oublier les autres professionnels de la santé comme les médecins, les préposés aux bénéficiaires, les techniciens et les techniciennes.
Je pense que, par respect pour ces gens, pour le travail qu'ils font et pour les risques qu'ils prennent, on aurait dû dire dès le départ, comme le NPD l'a fait, qu'on n'augmenterait pas le risque de propagation du virus en déclenchant une élection, avec son porte-à-porte, ses rassemblements et ses files d'attente pour aller voter. C'est ce qui aurait été la bonne chose à faire depuis le début.
Dans l'article que je citais et qui date de quelques mois, est-ce que le chef du Bloc québécois avait oublié le respect du travail de ces professionnels et de ces professionnelles? Je n'accuse personne, je ne fais que poser des questions légitimes. Il me semble que c'est quelque chose qu'on peut faire, puisque j'ai déjà entendu cela quelque part.
Si on veut éviter de faire courir un risque aux gens qui travaillent dans notre réseau de santé, des gens qui vivent des moments difficiles depuis des mois, qui tombent comme des mouches et dont les conditions de travail sont pénibles, la bonne chose à faire est de dire qu'il ne doit pas y avoir d'élections tant qu'on est en pandémie.
J'aurais sincèrement aimé que le Bloc québécois le dise bien plus tôt et fasse preuve de cohérence par respect pour les professionnels de la santé, ainsi que la santé et la sécurité de l'ensemble de nos concitoyens. C'est bien qu'il y soit arrivé.
Pour revenir aux professionnels de la santé et à la Semaine nationale des soins infirmiers, je pense qu'il faut évidemment parler de la responsabilité qu'a le gouvernement fédéral d'offrir les meilleures conditions de travail possible à ces gens qui travaillent extrêmement fort pour soigner nos aînés et nos malades, à ces gens qui sauvent des vies et qui soignent des patients qui souffrent énormément depuis des semaines, voire des mois.
Je dois attirer l'attention sur les lacunes du gouvernement libéral en matière de transferts en santé pour les provinces. Le besoin que le gouvernement fédéral en fasse plus et augmente sa part du financement du système public de santé à 35 % du total fait l'unanimité. Aujourd'hui, il patauge autour de 20 %, ce qui est carrément insuffisant et met une pression énorme sur les provinces, notamment le Québec. Des mesures d'austérité ont été instaurées ces dernières années qui ont eu des répercussions sur les conditions de travail, notamment les salaires des préposés aux bénéficiaires et les horaires des infirmières, rendant leur travail d'autant plus pénible et difficile.
La pandémie a révélé l'ampleur de la crise, montrant à quel point notre système de santé devrait être mieux financé et structuré, et devrait accorder davantage de respect et de reconnaissance aux gens qui y travaillent. Le gouvernement fédéral doit contribuer à cet effort et il ne le fait pas, préférant injecter des fonds de manière ponctuelle et temporaire afin de se soustraire à sa responsabilité. Or, injecter tant de milliards de dollars en santé sur tel ou tel aspect, c'est bien beau, mais tout cela finit par prendre fin. Ensuite, les provinces et les hôpitaux et les professionnels de la santé se retrouvent aux prises avec les mêmes problèmes.
Ce qu'on demande, c'est un transfert stable et permanent du gouvernement fédéral aux provinces pour améliorer nos capacités et nos soins de santé et accroître nos garanties de soins à nos aînés, afin que les hécatombes qu'on a vues dans les centres de soins de longue durée ne se répètent plus.
Travailler ensemble, c'est la moindre des choses. Nous avons la responsabilité commune, comme représentants de nos concitoyens et de nos concitoyennes, de travailler fort pour assurer un minimum de décence à nos aînés, afin qu'ils puissent vivre les dernières années de leur vie dans la dignité sans que leurs loyers ne soient une source de profits.
Comme le chef du NPD le répète ad nauseam, la notion de profit et le secteur privé n'ont pas leur place dans les centres de soins de longue durée. C'est ce qu'on doit faire pour aider nos personnes âgées. Il faut éviter ce qu'on a vu à Dorval, alors que des gens ont empoché des milliers de dollars de profits chaque année sur le dos de ces personnes âgées, pour les abandonner quand le moment était venu de les aider pendant la crise. Ces personnes âgées se sont retrouvées seules, déshydratées, couchées par terre, avec de la nourriture avariée et sans quiconque pour prendre soin d'elles. Nous devons tous travailler ensemble pour éviter que de telles situations ne se reproduisent.
Un jour viendra où il y aura un scrutin et les gens auront des choix à faire. Les préférences de ce gouvernement, notamment pour les milliardaires, les grandes compagnies et les géants du Web, représentent de mauvais choix qui ne servent pas l'intérêt public, les services publics, ni le bien commun. D'ici ce scrutin, cependant, soyons responsables et évitons des élections. Je suis content de constater que la majorité des partis se sont rendus aux arguments que le NPD met de l'avant depuis maintenant des mois.
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Monsieur le Président, je suis vraiment surpris du ton de mon collègue de . Je comprends son amertume, car il a dû piler sur ses convictions.
La politique, c'est un rapport de force, mais je ne lui donnerai pas un cours de politique 101. Le chef a dit qu'il était prêt à y aller, pour des questions d'intégrité, et qu'on trouvera des dispositions pour assurer la sécurité du vote. Je comprends que le député de Rosemont—La Petite-Patrie et son parti ont préféré se coucher et abandonner les questions d'intégrité, qui sont fondamentales en démocratie, dans le but de réaliser un petit gain ici et là. Finalement, ils laissent un gouvernement minoritaire qui se comporte comme un gouvernement majoritaire en se servant de la pandémie et [difficultés techniques]. Je comprends l'amertume de mon collègue.
Cela dit, je voudrais m'élever au-delà de la partisanerie, parce que les libéraux ont envoyé un gros canon, quelqu'un d'expérimenté en la personne du , qui est si peu partisan, pour contrecarrer et débattre la motion du Bloc québécois. Je pense qu'il faudrait d'abord et avant tout recentrer le débat. Aujourd'hui, il s'agit d'essayer de tracer un équilibre entre l'accès au vote, la sécurité sanitaire dans les bureaux de vote et l'intégrité du vote.
Je vais rappeler ce que la motion dit. La première partie est désolante. Elle rappelle que plus de 1,3 million de Canadiens ont été atteints de la COVID-19 et que 25 000 Canadiens en sont morts. La deuxième partie dit au gouvernement que, de l’avis de la Chambre, tenir des élections en temps de pandémie serait irresponsable, et qu’il est de la responsabilité du gouvernement de tout mettre en œuvre pour éviter que les électeurs soient appelés aux urnes. Cela veut dire qu'il faut prendre acte de ce que la population a décidé le 21 octobre 2019 et se rappeler ce que le avait dit ce soir-là, soit qu'il avait compris et qu'il prendrait acte du résultat.
Prendre acte du résultat, ce n'est pas juste négocier rapidement avec le NPD derrière des portes closes pour avoir son appui au moment du vote afin de sauver sa peau et d'éviter des élections, empêchant ainsi les autres partis de négocier quoi que ce soit.
Prendre acte du résultat, ce n'est pas non plus s'assurer d'avoir l'appui d'un parti quelconque pour remporter un vote. Ce n'est pas renverser un vote non plus. Je rappelle ce qui est arrivé lorsqu'il était question des paradis fiscaux. La Chambre a renversé le gouvernement, parce que 67 % des électeurs ont voté contre ce gouvernement, qui disait être capable de gouverner en situation minoritaire, ce qui n'est absolument pas le cas. D'ailleurs, le premier ministre décide de saisir cette occasion rêvée de déclencher des élections pour tenter de constituer un gouvernement majoritaire. C'est cela, l'enjeu.
Le dit que le Bloc québécois est hypocrite. Moi, je trouve que les réponses que donnait le premier ministre au chef du Bloc québécois, qui lui proposait une solution, hier, cachaient ses intentions. Le jupon dépasse. Ce gouvernement est incapable d'assumer son rôle de gouvernement minoritaire. S'il veut déclencher des élections, nous, nous nous tenons debout pour défendre nos convictions et nous pensons, entre autres, que les aînés de 65 ans et plus ont droit à une augmentation de 110 $ par mois de leur pension de vieillesse. Si le gouvernement veut déclencher des élections là-dessus, nous n'aurons pas le choix, mais je voudrais bien savoir ce qu'il va dire à ces gens-là pendant la campagne électorale.
Sans égard à l'incapacité de ce gouvernement à gouverner d'une façon digne d'un gouvernement minoritaire qui a pris acte du résultat du dernier scrutin, il faut aussi prendre acte des failles de ce projet de loi. Or le disait vouloir nous rassurer en disant que le directeur général des élections lui avait assuré qu'il n'y aurait pas de retard indu lié à l'annonce du résultat électoral.
Je regrette, mais il aurait dû relire le projet de loi. Le gouvernement a déposé ce projet de loi sans tenir compte des recommandations du directeur général des élections du Canada. Celui-ci ne recommandait pas trois jours de scrutin, mais plutôt deux, parce que le troisième jour, le lundi, lui pose des difficultés logistiques pour la location des salles.
Par ailleurs, le gouvernement a décidé que le vote par la poste, qui serait probablement privilégié si des élections étaient déclenchées en temps de pandémie, pourrait être déposé jusqu'à 18 heures le mardi subséquent au scrutin du lundi. Imaginons la situation suivante. Il y a des boîtes aux lettres au bureau du directeur du scrutin dans les circonscriptions. On entend les résultats du lundi qui sont partiels. Mardi, matin on dépose son enveloppe au bureau du directeur du scrutin et ce vote sera comptabilisé. En sommes-nous arrivés là, en ce qui a trait à l'intégrité du vote?
Il y a des failles majeures dans ce projet de loi. Le gouvernement est déconnecté de la réalité du terrain. Il devrait téléphoner au directeur du scrutin, le directeur général des élections, et lui demander ce qui se passe. Je ne sais pas si c'est le cas ailleurs dans les autres provinces, mais chez nous, au Québec, les centres de services scolaires, anciennement appelés commissions scolaires, ne veulent pas louer leurs salles le lundi. On a non seulement de la difficulté à trouver des salles assez grandes pour assurer un scrutin sécuritaire, mais on aura aussi des problèmes à recruter des gens pour trois jours.
C'est bien beau d'ouvrir le vote, mais il faut y penser deux fois. Actuellement, il est possible de voter tous les jours en vertu de la Loi électorale du Canada et on prévoit quatre jours de vote par anticipation. À ces quatre jours de vote par anticipation prévus dans la Loi, on veut rajouter trois jours de scrutin, alors que le DGE a dit que, pour une question de logistique optimale, il faudrait plutôt que le scrutin se fasse sur deux jours au lieu du lundi traditionnel.
Quand le gouvernement présente un projet de loi sous bâillon, cela veut dire qu'il veut aller vite et qu'il a décidé qu'il ne ferait pas de compromis. Le dit que c'est effrayant que les partis de l'opposition aient voté 14 fois contre son gouvernement et qu'ils l'aient défié. Un gouvernement minoritaire qui prend acte du résultat devrait amender ses projets de loi. Il devrait donner une marge de manœuvre aux partis de l'opposition, qui représentent 67 % des gens qui n'ont pas voté pour lui, afin que leur point de vue se retrouve dans la mesure législative.
Or, le gouvernement actuel est incapable de faire cela. C'est pour cette raison que, présentement, on veut absolument déclencher des élections le plus vite possible. On pense avoir la pandémie sous contrôle et on pense que les vaccins en viendront à bout. Toutefois, compte tenu des nouveaux variants d'un océan à l'autre — les terrains sont très différents —, on ne sait pas à quoi ressemblera la situation. On parle d'une occasion au mois d'août, c'est un secret de polichinelle, mais on ne sait pas quelle sera la réalité au mois d'août.
Le va-t-il voyager d'une province à l'autre et atterrir au Québec? Ces déplacements seront-ils sécuritaires dans un contexte de pandémie?
Pour éviter que les électeurs se rendent aux urnes, encore faut-il que le gouvernement assume son rôle de gouvernement minoritaire, ce qu'il n'a pas fait jusqu'ici. D'ailleurs, la prorogation a servi justement à éviter d'assumer la responsabilité du scandale éthique et politique entourant l'affaire UNIS. Il faut se tenir debout pour ses convictions. Les Québécois se sont rangés derrière nous à cet effet et ils le prouveront lors de la prochaine élection.
Acceptons la proposition du chef du Bloc québécois et assoyons-nous avec le comité consultatif, comme l'a fait le Québec, pour en venir à un consensus. Par la suite, on pourra se réjouir de la collaboration de tous pour soutenir les règles démocratiques. On ne peut pas changer les règles de la démocratie de façon unilatérale ou au moyen d'un bâillon. C'est un déni de la démocratie.
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Monsieur le Président, de temps en temps, c'est bon de rappeler ce dont on discute.
La motion que nous proposons dit que:
a) la Chambre rappelle au gouvernement que des élections générales se sont tenues en octobre 2019 [il n'y a pas encore deux ans] et constate avec tristesse que plus de 1,3 million de Canadiens ont été atteints de la COVID-19 [...] et que près de 25 000 personnes en sont mortes;
b) de l'avis de la Chambre, tenir des élections en temps de pandémie serait irresponsable [...]
Nous avons pesé nos mots.
[...] et qu'il est de la responsabilité du gouvernement de tout mettre en œuvre pour éviter que les électeurs soient appelés aux urnes tant et aussi longtemps que durera cette pandémie.
J'écoute les débats depuis le début de la journée et je constate qu'on dévie de la question. Encore une fois, il y a beaucoup de partisanerie, malheureusement.
Il y a une chose sur laquelle tout le monde s'entend: si des élections devaient se tenir en temps de pandémie, des rajustements seraient évidemment nécessaires. C'est pour cela que nous sommes d'accord pour adopter des modifications à la loi électorale. Ce que nous demandons, c'est de le faire sans bâillon. Ce que nous demandons, c'est de le faire démocratiquement. Ce que nous demandons, c'est de le faire par consensus. Elle est là, toute la différence.
Je vais faire abstraction de toute la démagogie que j'ai entendue depuis le début de la journée. Je vais plutôt parler de ce qui suit. La loi actuelle a des lacunes et des imprécisions importantes que je nommerai un peu plus tard dans mon énoncé. Il faut en discuter, il faut en débattre. Ce n'est pas avec moins de quatre heures de débat qu'on peut faire cela.
Du point de vue de la santé publique, déclencher des élections rapidement serait irresponsable sur le plan éthique. Sur le plan démocratique — ce dont je suis en train de parler —, c'est assez ironique de vouloir changer les règles de la démocratie de façon unilatérale, en « bulldozer », alors qu'on forme un gouvernement minoritaire. Cela n'a pas de sens.
J'ai des questions, entre autres, sur l'appui du NPD à cette attribution de temps. Les gens du NPD sont souvent présents pour nous faire des discours de vertu, mais là, ils me semblent parler des deux côtés de la bouche. Comment peuvent-ils exiger du gouvernement de ne pas déclencher des élections et accepter à la va-vite, en valet de service comme ils le font depuis trop longtemps, depuis octobre 2019, de voter avec le gouvernement pour cette attribution de temps? Je lance la question. Cela porte à réflexion.
Tous les chefs de parti ont dit qu'ils ne voulaient pas d'élections, mais le gouvernement libéral regarde le contexte actuel. Il se trouve en bonne posture. D'ailleurs, je pense qu'on serait déjà en campagne électorale, n'eût été les explosions de cas en Ontario. Cela aurait été difficile, voire impossible. Les libéraux ne sont pas contents. Ils voient les sondages qui sont bons depuis un certain temps, mais les sondages commencent à être moins bons. Donc, ils se disent qu'ils vont devoir se dépêcher, sinon ils vont manquer l'occasion de former un gouvernement majoritaire et tout contrôler.
Le mandat que la population du Québec et du Canada a donné aux 338 élus de la Chambre en octobre 2019, c'est un gouvernement minoritaire. Dans la vraie vie, cela veut dire nous asseoir, nous parler et nous entendre les uns avec les autres pour faire des compromis et aller à la recherche du consensus. Voici le mot magique de la journée: le consensus.
On nous accuse de tous bords, tous côtés de vouloir des élections parce que nous votons contre les motions du gouvernement. Un instant: nous votons contre les mesures quand elles ne sont pas bonnes pour le Québec. C'est tout. Nous ne commencerons pas à voter n'importe quoi non plus, mais nous ne sommes pas assez irresponsables pour entraîner les gens dans des élections.
Présentement, au Québec, cela va mieux, mais, si on regarde l'Ontario et l'Alberta, il y a des provinces où cela ne va pas bien. Souvenons-nous et gardons en mémoire l'exemple de Terre-Neuve-et-Labrador qui a dû stopper son élection en plein déroulement. Est-ce cela qu'on veut?
Beaucoup de commentateurs et beaucoup de journalistes ont d'ailleurs formulé des questions au sujet de la participation citoyenne à des élections en temps de pandémie. Il y a de graves inquiétudes qui, je pense, sont justifiées et sérieuses. Notre devoir est d'agir quotidiennement pour le bien commun et de nous parler.
Plusieurs personnes ont fait allusion au chef du Bloc québécois tantôt. Notre chef est excellent. À mon sens, il est le meilleur. Cela me fait donc plaisir quand on fait référence à lui. Je ne suis jamais gêné de le citer ni de le défendre, parce qu'il a toujours une position sensée. Pas plus tard qu'hier, mon chef a tendu une main au . Il lui a dit que la situation avait dérapé, qu'on était rendu à une motion imposant le bâillon, mais qu'il y avait encore moyen de récupérer les choses.
Ce même chef, qui est toujours à la recherche de solutions raisonnables et consensuelles, a proposé, il y a quelques semaines et quelques jours à peine, une solution négociée dans le conflit de travail du port de Montréal. Cette solution aurait eu pour effet de ramener les travailleurs plus vite que par l'adoption d'une loi spéciale. Je ne referai pas le débat, mais tel est le chef du Bloc québécois. Tant que j'aurai ce chef, je serai très heureux que n'importe quel député à la Chambre y fasse référence et le cite, parce que j'aurai toujours quelque chose à répondre avec le sourire aux lèvres. Je ferme ici la parenthèse.
Si on se dépêche de voter une loi électorale, c'est probablement parce qu'on veut que des élections se déroulent durant l'été, pendant que la Chambre ne siège pas. Que va faire le premier ministre pour déclencher les élections? Va-t-il aller voir le juge en chef de la Cour suprême, qui remplace la gouverneure générale, pour dissoudre la Chambre?
Je vais me permettre une autre parenthèse assez agréable. Nous avons eu beaucoup de discours émotifs, ici, sur le rôle du gouverneur général et de sa grande importance. Si c'était important, la personne aurait déjà été remplacée, puisque cela fait déjà plus d'un mois. Le signal est donc assez clair: le gouverneur général ne sert pas à grand-chose. Par contre, nous sommes dans une situation où le juge en chef, qui remplace la gouverneure générale, se trouve à sanctionner des lois sur lesquelles il sera peut-être un jour appelé à se prononcer en tant que juge en chef de la Cour suprême, ce qui est sa vraie fonction. Cette situation a-t-elle de l'allure?
Poser la question, c'est y répondre, et soulever cette question-là, c'est soulever un exemple de plus parmi d'autres qui nous démontrent que ce gouvernement laisse traîner les choses, qu'il est lambin, qu'il est négligent, qu'il n'agit pas et qu'il n'est pas conscient de ce qui se passe. Je me sers de cette parenthèse pour lui lancer un message.
Plutôt que de nous dépêcher de voter — de force — une réforme électorale, il y aurait une autre solution. Le chef du Bloc québécois a proposé de nous rencontrer tous pour régler cela. Nous trouverons une position sur laquelle tous les partis seront d'accord, nous l'adopterons rapidement et nous pourrons passer au prochain débat.
Quel pourrait être le prochain débat? Ce serait celui qui porte sur les transferts en santé.
Cette semaine est la Semaine nationale des soins infirmiers, et tout le monde a fait de beaux discours émotifs, avec la main sur le cœur, en disant que les infirmières faisaient un travail formidable. D'accord, mais peut-on dégager les marges financières nécessaires dont les provinces et le Québec ont besoin pour gérer le milieu de la santé? Cela pourrait peut-être effectivement permettre d'améliorer les conditions de travail de ces hommes et de ces femmes. Ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée.
Cela doit faire une dizaine de fois que je parle des aînés à la Chambre, et, chaque fois que j'évoque le sujet, j'ai de la misère à me contenir. Je vais le répéter autant de fois que j'en aurai l'occasion, parce qu'il est important que la population le sache: je ne peux pas concevoir qu'un gouvernement fédéral qui s'aligne vers un déficit qui frise les 400 milliards de dollars ne soit pas foutu de traiter dignement les gens qui ont formé sa société et qui ont façonné le relatif confort dans lequel on vit aujourd'hui. Ce n'est pas seulement inadmissible, c'est révoltant.
Nous pourrions jaser de la PCU, car il y a des gens qui ont reçu un T4 de 10 000 dollars, mais qui n'ont jamais reçu cet argent. On leur dit qu'ils doivent payer leur impôt et qu'on les remboursera. Pendant ce temps, on regarde les sondages et on se dit qu'il faut vite faire adopter le projet de loi, parce qu'on aura une fenêtre cet été et que, si des élections ne sont pas déclenchées cet été, on manquera la fenêtre pour être élu majoritaire.
Je terminerai en disant que les gens ont beaucoup fait référence aux votes du Bloc québécois sur les projets de loi. Or je le répète: nous votons en faveur des projets de loi quand ils sont bons, et nous votons contre quand ils ne sont pas bons. Nous ne voulons pas d'élections. Par contre, nous ne serons jamais gênés de dire que, s'il devait y en avoir, nous serions prêts. Il y a une différence entre les deux.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir faire quelques observations sur la motion de l'opposition. Comme il y a eu beaucoup d'informations trompeuses, si je peux m'exprimer ainsi, j'aimerais d'abord dire très clairement à ceux qui suivent le débat que le gouvernement du Canada, sous la direction du , a indiqué on ne peut plus clairement que sa priorité, depuis le début de la pandémie, est d'aider les Canadiens.
Les Canadiens s'attendent à ce que leur Parlement les appuie pendant cette pandémie, et nous avons redoublé d'efforts en ce sens au cours des derniers mois. Au tout début de la pandémie, nous avons créé des programmes qui ont permis d'aider des millions de Canadiens, de sauver bon nombre de petites entreprises, d'éviter des faillites et de maintenir des employés en poste. Nous avons mis en place des programmes pour les aînés et les personnes handicapées et amélioré les perspectives d'emploi pour les jeunes. Nous avons offert des fonds de relance aux provinces pour financer les réseaux scolaires et accélérer les programmes d'infrastructure.
Le gouvernement a adopté une approche Équipe Canada. Au cours des deux ou trois premiers mois, il y avait beaucoup de collaboration à la Chambre des communes, mais ce n’est plus le cas. Le Parti conservateur, pour sa part, a commencé à changer vers la fin de juin. Le changement chez les autres partis est venu peut-être un peu plus tard. Il ne fait aucun doute que depuis le début, le gouvernement du Canada s’est concentré sur la pandémie et sur l’aide aux Canadiens jour après jour, sept jours sur sept. Qu’il n’y ait aucun doute à ce sujet.
C’est l’opposition qui continue de vouloir parler d’élections. De plus, nous avons même vu des menaces d’élections de la part de certains politiciens des partis de l'opposition. L’élément vraiment intéressant dans la motion d’aujourd’hui, c’est que le Bloc affirme qu’il ne veut pas d’élections pendant la pandémie. C’est ce qu’il dit publiquement aujourd’hui.
Je mets au défi les députés du Bloc de dire aux Canadiens ce qu’ils croient vraiment. L’année dernière, le chef du Bloc a été très clair. Il a juré que si le du Canada ne démissionnait pas, il forcerait la tenue d’élections pendant la pandémie. C’est ce que le chef du Bloc a dit. Ce même parti bloquiste affirme aujourd’hui que nous ne devrions pas tenir d’élections pendant la pandémie.
Interrogé à ce sujet l’an dernier, il a répondu que permettre au gouvernement de rester en position de pouvoir causerait un plus grand tort au pays que de forcer les Canadiens à se rendre aux urnes en pleine pandémie. Il a clairement dit qu’il présenterait une motion de défiance si le ne démissionnait pas. À mon sens, c’est assez clair.
Nous avons vu à de nombreuses reprises tous les partis de l'opposition, ou du moins les conservateurs et le Bloc, refuser leur confiance. Nous avons même vu certains députés du Nouveau Parti démocratique appuyer des mesures de défiance à la Chambre, d’après ce que j’ai compris. Peut-être pas collectivement en tant que parti, mais certainement à titre personnel.
Les députés devraient écouter ce qui se dit dans les interventions. Le député de et moi-même passons beaucoup de temps à la Chambre ou au Parlement virtuel et nous écoutons ce que disent les députés de l’opposition. Contrairement à ce que certains députés du Bloc nous disent aujourd’hui, il est tout à fait irresponsable de notre part de croire à l’impossibilité de tenir des élections, alors que nous avons reçu des menaces de la part du chef d’un parti officiellement reconnu à la Chambre, qui a juré de tenir des élections. Dois-je croire que les députés du Bloc, collectivement, ont trouvé leur chemin de Damas et qu’ils ne veulent pas d’élections? Cela signifie-t-il qu’ils appuient pleinement le et que ce qu’ils ont dit l’an dernier était faux, que les Canadiens ont mal compris et que le premier ministre fait du bon travail, selon le Bloc maintenant? Est-ce bien ce que nous devons croire?
Je vais dire aux députés ce que je crois. Je crois à la réalité de ce que je vois concernant les votes sur le parquet de la Chambre et certains des propos que nous entendons de la part des députés d’en face, qui parlent constamment d’élections et qui mettent le gouvernement au défi de déclencher des élections, compte tenu des votes réels, pas une, deux ou trois fois seulement. J’ai bien aimé la façon dont le , qui est responsable de la Loi électorale du Canada, a demandé combien de fois les députés de l’opposition ont appuyé une motion de défiance envers le gouvernement: a), b), c) ou d). Ceux qui suivent le débat doivent garder à l’esprit que toute perte d’un vote de confiance précipite une élection. Les gens peuvent être surpris par le nombre réel. Le président du Conseil privé de la Reine a demandé si c’était a) 1 à 4 fois, b) 5 à 9 fois, c) 10 à 14 fois, ou d) plus de 15 fois. Je participe en ligne aux séances de la Chambre des communes, et je sais que c’est bien plus de 14 fois.
Il n’y a pas que les votes de confiance. Examinons la force destructrice que le parti de l’opposition officielle a exercée sur le parquet de la Chambre des communes et certaines des questions qui ont été posées aujourd’hui. Les députés parlent du projet de loi , qui est une mesure législative très importante. Nous ne pouvons pas continuer à tenir des votes de confiance et ne pas reconnaître la valeur de cette loi, mais certains députés ont dit que le gouvernement a eu recours à l’attribution de temps et que c’est une mesure mesquine car, après tout, il s’agit d’un gouvernement minoritaire qui impose l’adoption d’une loi électorale. Nous ne pouvons pas faire cela. Il nous faut l’appui d’un parti de l’opposition pour le faire. Heureusement, les néo-démocrates sont intervenus pour que nous puissions adopter le projet de loi C-19.
Ensuite, un autre député conservateur a dit que le gouvernement a imposé l’attribution de temps et que les députés ont eu très peu de temps pour débattre de la mesure. Le jour même où l’attribution de temps a été imposée, qu’ont fait les conservateurs? Ils ont présenté une motion d’adoption d’un rapport, empêchant ainsi des heures de débat sur le projet de loi . Cela a-t-il empêché le projet de loi d’être renvoyé en comité plus tard ce jour-là? Non. Cela a-t-il empêché les députés de s’exprimer sur le projet de loi? Oui, effectivement.
Ensuite, certains députés de l’opposition ont dit que c’était un mauvais projet de loi et ont posé des questions sur le consensus et m’ont même cité à ce sujet, en disant que nous devrions nous efforcer d’arriver à un consensus. Dois-je rappeler aux députés comment ils ont voté? Les libéraux savent comment ils ont voté. Tous les partis politiques ont voté pour le renvoi du projet de loi au comité. Ce que l’opposition tente de faire ici est tout simplement insensé. Il y a de quoi parler de la frustration du gouvernement en matière de législation.
Le affirme que la pandémie est la principale préoccupation du gouvernement. Nous assurerons le soutien des Canadiens et nous serons là pour eux. Cela signifie que nous devons adopter des lois importantes qui comptent pour tous les Canadiens. Le meilleur exemple qui me vient à l’esprit est probablement le projet de loi .
L’automne dernier, la toute première femme a présenté l'énoncé économique de l'automne, présenté un projet de loi en décembre et demandé à de nombreuses occasions qu’il soit débattu. Nous avons dû en forcer l’adoption parce que l’opposition ne coopérait pas. Dieu seul sait combien de temps les députés de l’opposition étaient préparés à garder le projet de loi à l’étape de la deuxième lecture. Cette mesure prévoyait des programmes d’aide et bien d’autres choses pour de vraies personnes et pour les entreprises en difficulté à cause de la pandémie.
Le gouvernement dispose en fait d’un nombre très limité de jours et d’heures pour la conduite des affaires de l’État. Les conservateurs, qui constituent l’opposition officielle, le savent. Ils le comprennent. On aurait pu croire, étant donné la pandémie et leur discours sur l’importance d’être là pour les Canadiens en cette période, qu’ils l’auraient compris, au lieu de débattre du projet de loi . On aurait pu croire qu’ils auraient fait en sorte que le débat sur le projet de loi se déroule mieux, dans une atmosphère plus saine, pour tous les parlementaires et, en fait, pour les Canadiens, et qu’ils y participeraient volontiers. On aurait pu le croire, mais il n’en a pas été ainsi.
J’ai écouté plusieurs personnes parler de la motion à l’étude aujourd'hui. J’essaie encore de retenir le sens de certains des acronymes utilisés dans les textos, comme OMG, qui veut dire, je crois, « Oh my God ». Eh bien, j’ai probablement eu trois ou quatre moments aujourd’hui où j’ai pensé Dieu du ciel, comment les députés peuvent-ils dire des choses pareilles?
Un député a expliqué à quel point les libéraux sont épouvantables. Il a déclaré que nous sommes des incapables et de bien piètres gestionnaires. Le député redoute-t-il que nous déclenchions des élections parce que nous avons été tellement mauvais? Certains députés disaient à quel point le Canada se montrait incapable de se procurer des vaccins. La dernière fois que j’ai vérifié, nous occupions le troisième rang au classement des pays du G20. Le Canada fait un excellent travail. En fait, nous aurons reçu entre 45 et 50 millions de doses de vaccin d’ici à la fin du mois de juin. Depuis hier, au Manitoba, toute personne de plus de 18 ans peut prendre rendez-vous pour recevoir sa première dose.
Les conservateurs devaient trouver quelque chose pour critiquer le gouvernement dans le dossier des vaccins. Alors, ils se sont attaqués à la question des deux doses. Ils ont cru pouvoir dire que le gouvernement ne faisait pas son travail à cet égard.
J’aimerais rappeler aux députés ce que l’opposition reprochait au gouvernement en décembre dernier. Faire des reproches, c’est le jeu quand on est dans l’opposition, comme les conservateurs, et je leur souhaite d’ailleurs d’y rester longtemps. Ils ont tout à fait le droit de critiquer le gouvernement et les décisions qu’il prend. Mais encore une fois, leur comportement est complètement surréaliste. Il faudrait qu’ils comprennent ce que les Canadiens veulent que nous fassions.
Quant à mes amis du Bloc, je les invite à réfléchir à la posture qu’affiche leur chef depuis ces derniers mois. Lorsque j’ai vu cette motion au Feuilleton, je me suis vraiment demandé si elle venait du Bloc, car je n’arrivais pas à le croire. Le Bloc a toujours été le parti le plus clair au sujet de la tenue d’élections maintenant.
Je n’arrive pas à le croire. C’est peut-être ce que pense le Bloc depuis 72 heures, mais Dieu sait ce qu’il pensera dans 24 heures. C’est la raison pour laquelle nous avons présenté le projet de loi .
Si le déclenchement possible des élections risque de poser des problèmes pour les Canadiens, étant donné le comportement de l’opposition, la seule solution est d’adopter le projet de loi . Commençons par l’envoyer en comité. Nous en avons déjà débattu pendant pas mal de temps. À plusieurs reprises, j’étais prêt à prendre la parole, notamment un jour de janvier ou février dernier, et comme par hasard, au moment où j’allais prendre la parole, le Parti conservateur a présenté une motion d’adoption. Ce n’était pas la première fois.
Curieusement, lorsqu’une motion d’attribution de temps pour le projet de loi a été présentée, les députés conservateurs ont présenté une autre motion d’adoption, ce qui a empêché d’autres députés de prendre la parole sur ce projet de loi, qui allait être envoyé en comité. Ça n’a aucun sens. Nous avons mis la question aux voix. Les conservateurs voulaient empêcher le gouvernement de faire avancer le projet de loi, par conséquent on aurait pu penser qu’ils allaient s’y opposer, mais non, pas du tout. De tout le caucus conservateur, ceux qui ont voté ont voté pour.
Maintenant, le sort du projet de loi est en suspens, même si les libéraux aimeraient bien qu’on en discute plus longtemps. Il contient d’excellentes propositions, et le ministre a clairement indiqué qu’il était ouvert à des suggestions. Le député d’ a déjà dit qu’il envisageait de présenter plusieurs amendements.
Je pense que nous avons dit très clairement que nous voulions que le projet de loi soit examiné en comité. Nous y sommes. Le comité peut commencer son travail immédiatement. L’opposition est-elle vraiment sincère lorsqu’elle dit se préoccuper de la tenue d’une élection pendant une pandémie? Nous savons qu’Élections Canada, qui jouit d’une excellente réputation dans le monde entier quant à sa capacité d’organiser des élections, sera la première à tirer profit de ce projet de loi, s’il est adopté. Je pense que c’est la chose à faire. Nous avons eu, ne l’oubliez pas, 14 ou 15 votes de défiance. Je pense que c’est la chose à faire.
Pourquoi ne voulez-vous pas en discuter en comité? S’agissant des principes, ce sont simplement des mesures temporaires. Nous ne savons pas jusqu’à quand va durer la pandémie, avec tous ces nouveaux variants. Nous sommes très optimistes aujourd’hui, mais il y a aussi des considérations à prendre en compte en matière de soins de longue durée. Le projet de loi propose d’augmenter le nombre de jours de scrutin et d’améliorer les conditions du vote par correspondance.
Les gouvernements de trois ou quatre provinces ont réussi, eux, à organiser des élections provinciales. Il y a eu aussi des élections très importantes au sud de la frontière. Élections Canada a réussi à organiser des élections partielles. Bref, j’aimerais que le comité de la procédure soit saisi du projet de loi le plus rapidement possible.
J’invite les députés à réfléchir à deux choses. D’abord et avant tout, le et son gouvernement ne ménagent aucun effort, depuis le début, pour lutter contre la pandémie et pour venir en aide aux Canadiens de façon très concrète. Deuxièmement, s’agissant de la tenue d’une élection, l’opposition en parle beaucoup plus que le gouvernement du Canada ou le premier ministre lui-même.
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Monsieur le Président, cela me fait très plaisir d'intervenir aujourd'hui sur cette proposition du Bloc québécois, en cette journée de l'opposition qui est la nôtre.
C'est une proposition qui touche peut-être la base même de notre engagement politique, c'est-à-dire l'expression de la démocratie elle-même. Il y a plusieurs volets et plusieurs choses à dire par rapport à cette proposition. Il y aurait aussi plusieurs choses à dire concernant le projet de loi .
Nous en sommes aujourd'hui à faire une proposition qui relève du gros bon sens, à savoir qu'il n'y ait pas d'élections lorsqu'une pandémie est dans sa phase la plus forte, ce qui reste à confirmer. En effet, par définition, on ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve: la première vague a été forte, la deuxième encore plus, et la troisième présente des variants particulièrement nocifs, plus dangereux et plus contagieux. À chaque vague, on s'est dit que cela ne pourrait pas être pire que ce qu'on venait de terminer, mais on a malheureusement été surpris. Ce sont les aléas de la santé publique et de la vie qui est la nôtre depuis maintenant un an.
Je trouve dommage de déposer une motion portant sur quelque chose qui relève du gros bon sens. Cette motion n'est même pas contraignante: si la situation change et que le besoin d'élections se fait sentir, il sera toujours légal de les déclencher. La question n'est pas là. Il s'agit vraiment d'une affirmation de bon gros sens: on comprend tous, collectivement, comme classe politique, que la priorité n'est pas dans la tenue d'élections. Cela devrait, il me semble, tomber sous le sens.
Pourtant, les preuves que le gouvernement a cette volonté de déclencher des élections sont nombreuses. Malheureusement pour lui, il est toujours forcé de retarder l'échéance. S'il n'y avait pas cette troisième vague aujourd'hui qui frappe particulièrement en Ontario — une province dont on sait qu'elle sera un terrain électoral particulièrement disputé —, nous ne serions pas ici en ce moment. Nous serions tous dans nos circonscriptions en train de travailler sur nos campagnes électorales. Il n'y a pas l'ombre d'un doute là-dessus.
En janvier, quand la Chambre a repris ses travaux après le congé des Fêtes, plusieurs articles de journaux rapportaient que le gouvernement avait invité son parti et ses associations de circonscription à se mettre sur le pied de guerre et à se préparer à une campagne imminente. Ce n'est pas le Bloc québécois qui le dit, mais des articles de journaux très sérieux.
Je trouve dommage que, parce qu'on soulève cette question, le gouvernement ne trouve rien de mieux à faire qu'à nous renvoyer la balle, disant que c'est le Bloc québécois qui vote souvent contre le gouvernement. J'ai une petite nouvelle pour le gouvernement: comme mon collègue de Berthier-Maskinongé le disait tout à l'heure, le gouvernement est minoritaire. Or, c'est lui qui décide souvent qu'une question fera l'objet d'un vote de confiance. Cela s'appelle du chantage.
Je prends l'exemple du sous-amendement du Bloc québécois à la politique budgétaire: je rappelle qu'on proposait une hausse de la pension pour les aînés et une hausse des transferts en santé et que le gouvernement nous a répondu qu'il en ferait une question de confiance. Voici donc un gouvernement minoritaire qui nous dit qu'il ne veut pas d'élections, qui nous reproche de voter contre lui lorsqu'il y a des votes de confiance, mais qui transforme lui-même des votes importants en votes de confiance.
Le gouvernement nous dit que si une majorité des députés à la Chambre impose une politique dont les libéraux ne veulent pas, il ne respectera pas la démocratie ni la constitution de ce Parlement issu des urnes et qui, dans le contexte actuel d'un gouvernement minoritaire, donne donc le gros bout du bâton à l'opposition, majoritaire. Le gouvernement nous dit qu'il va y avoir des élections, avant de reprocher à certains partis de l'opposition de vouloir provoquer ces élections. C'est quand même un peu drôle, et un peu particulier d'un point de vue éthique.
Les signes se multiplient, et je pense qu'il n'y a aucun doute que le gouvernement veut déclencher des élections. Je vais donner un exemple qui est très important, tout comme il l'est pour mon collègue de Berthier-Maskinongé: celui du projet de loi , au sujet duquel j'ai d'ailleurs invoqué le Règlement il y a quelques jours.
Le gouvernement a accepté de voter en faveur du projet de loi pour mettre l'opposition officielle dans l'embarras. Depuis, par contre, il fait tout pour que, contrairement à la coutume, le projet de loi ne soit pas étudié en priorité au Comité permanent du commerce international, auquel je siège.
Le gouvernement a donc donné un appui circonstanciel, partisan et momentané au projet de loi tout en se disant que, de toute façon, ce dernier n'aura pas le temps de revenir à la Chambre avant les prochaines élections si le gouvernement fait tout pour qu'il soit étudié le plus tardivement possible. Après les prochaines élections, le gouvernement se dit qu'il va être majoritaire et que ce sera de l'histoire ancienne, mais que, d'ici là, il n'aura pas trop mal paru.
Nous en avons vu d'autres. Nous ne sommes pas nés de la dernière pluie. Nous connaissons ce tour de passe-passe qui est gros comme une maison. Nous savons très bien où le gouvernement veut s'en aller avec cela.
Maintenant, revenons à cette question du bâillon qui a été mis en place sur une loi fondamentale de notre démocratie, soit la loi qui définit les règles par lesquelles les Québécoises et les Québécois, les Canadiennes et les Canadiens choisissent leurs élus.
Évidemment, les questions entourant la tenue d'élections dans le contexte particulier se posent compte tenu du statut minoritaire de l'actuel gouvernement libéral. Si le gouvernement était majoritaire, on pourrait présumer que cette pandémie serait terminée lors des prochaines élections qui sont à date fixe selon la loi. Or, parce qu'il est minoritaire, on peut toujours être en élection. Comme je le disais, on y serait au moment où l'on se parle. Nous ne serions pas à la Chambre parce que celle-ci serait dissoute, n'eût été la troisième vague.
Si de telles élections devaient avoir lieu avant que la situation sanitaire ne soit améliorée, nous sommes d'accord. Nous avions même dit cela nous-mêmes l'automne dernier. Nous avions dit qu'il fallait nous doter de règles et nous invitions le directeur général des élections du Canada, ou DGE, à se pencher sur une formule. Nous sommes les premiers à le dire. Il est évident que les élections doivent se tenir dans un contexte le plus sécuritaire possible. Là n'est pas la question. La démocratie ne devrait pas être suspendue à cause de la crise sanitaire.
Je veux quand même souligner que le projet de loi , qui veut assurer la tenue d'éventuelles élections fédérales pendant la pandémie, a été déposé en décembre dernier en ignorant complètement l'étude effectuée auparavant au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre sur le sujet. Cela ignorait aussi les recommandations du DGE qui ont été formulées en novembre 2020. Le gouvernement a relancé le débat à la Chambre seulement le 8 mars dernier. Depuis le dépôt de ce projet de loi, cinq mois se sont donc écoulés et à peine quatre heures ont été consacrées à en débattre à la Chambre. Je dis bien quatre heures seulement pour la révision de la Loi électorale du Canada.
Soudainement, vendredi dernier, surprise, l'enjeu devient une urgence nationale, comme par hasard, au point où un bâillon a même été mis en place avec l'appui du NPD pour limiter les débats et pour accélérer l'adoption du projet de loi. Finalement, autant de temps aura été consacré à débattre du projet de loi qu'à débattre du bâillon. C'est gros, quand on y pense.
Des changements fondamentaux sont pourtant mis en œuvre dans ce projet de loi, notamment l'octroi de certains pouvoirs supplémentaires au directeur général des élections et le remplacement du jour de scrutin par plutôt trois jours de scrutin. Donc, ce n'est pas le jour J, ce sera trois jours J.
Nonobstant le bien-fondé ou non des différentes mesures qui sont prévues dans ce projet de loi, de tels changements dans une loi si fondamentale ne doivent pas être effectués sous le bâillon. On parle de transformer les règles de l'expression de la démocratie. Cela ne doit pas se faire sous le bâillon qui est une procédure exceptionnelle pour limiter justement les débats démocratiques.
En plus, tout le monde dit qu'on ne veut pas d'élections. Ce serait donc inutile. Qu'est-ce qui presse tant que cela? Elle était où l'urgence? Nous aimerions bien comprendre.
Pour les exemples que j'ai cités précédemment, personne ne croit que le Parti libéral ne veut pas d'élections. Je réitère que nous demandons une rencontre entre les partis pour remplacer le bâillon par une entente à l'amiable afin de dégager un consensus sur les lois électorales. Ne perdons pas notre temps, mais réitérons aujourd'hui que nous avons autre chose à faire que de déclencher des élections à court terme.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui, à l'occasion de la journée de l'opposition du Bloc québécois.
Les journées de l'opposition se font plutôt rares, d'où l'importance de choisir un sujet bien précis duquel débattre. La plupart du temps, nous nous posons les questions suivantes. Que veulent nos électeurs? De quels sujets les gens que nous représentons ont-ils envie de voir leurs élus débattre? Qu'est-ce qui leur tient à cœur? Qu'est-ce qui est important pour eux en ces temps difficiles?
À quelques reprises, nous avons profité des journées de l'opposition pour réclamer une hausse des transferts en santé pour le Québec et pour les provinces, parce que les besoins des réseaux de santé sont criants. En temps de crise sanitaire, tout le monde semble s’entendre pour dire que la santé, c’est la priorité logique, sauf peut-être les libéraux.
Nous avons également profité d'une journée de l'opposition pour réclamer que les prestations d'assurance-emploi pour les personnes atteintes d'une maladie grave passent de 15 à 50 semaines. C'est une discrimination que vivent plusieurs Québécois, et ils ont envie de voir leurs élus se battre pour cela.
Nous avons aussi profité d'une journée de l'opposition pour exiger que le gouvernement augmente de 110 $ par mois la pension de la Sécurité de la vieillesse pour tous les aînés de 65 ans et plus. C'est ce que les aînés des quatre coins du Québec réclament. Ils nous disent aussi que les gens de 65 à 74 ans en ont tout autant besoin que les gens de 75 ans et plus.
Lors d'une journée de l'opposition, nous nous posons habituellement la question suivante. Que veulent nos électeurs? Cette fois-ci, la question est plutôt la suivante. Que ne veulent-ils pas? Ils ne veulent pas qu'une élection fédérale soit déclenchée en pleine pandémie mondiale. C'est aussi simple que cela.
En déposant le projet de loi C-19 et en imposant un bâillon, le gouvernement nous pousse à débattre, avec un temps, ma foi, limité, d'un sujet dont la majorité des citoyens et citoyennes qui nous ont élus ne veulent rien entendre. Les libéraux savent aussi bien que nous que l'opinion des électeurs et des électrices est fondamentale. Pourtant, ils font la sourde oreille.
Le 18 avril dernier, un sondage Ipsos mené pour Global News dévoilait que 57 % des électeurs croient qu'une élection en temps de pandémie serait injuste. Mes collègues l'ont répété à plusieurs reprises. Les gens en ont déjà plein les bras avec la gestion quotidienne de la pandémie. Une élection est fort probablement la dernière chose qui figure sur leur liste de priorités.
Le taux de participation est, d'emblée, peu élevé, alors déclencher une élection maintenant est extrêmement risqué, et ce, pour plusieurs raisons. Il n'y a pas que nous ou nos électeurs qui le disons. Tout le monde le dit. Les chefs des trois partis de l'opposition le disent, et même le l'a dit. En effet, il a affirmé à plusieurs reprises que la tenue d'élections ne l'intéressait pas et que personne ne veut d'une élection pendant une pandémie.
Le problème, c'est que, malheureusement, personne ne le croit, puisque le gouvernement a déposé le projet de loi C-19 et a imposé le bâillon. Au Québec, personne ne le croit. Aucun analyste politique ne tombe dans le panneau et aucun ne croit que ce serait une bonne idée de déclencher une élection tant que la situation ne sera pas stable. Je pense notamment à Mario Dumont, à Paul Arcand, à Bernard Drainville, à Emmanuelle Latraverse, à Pierre Nantel et à Mathieu Bock-Côté. Aucun d'entre eux ne pense que déclencher une élection est une bonne idée.
Si tout le monde s'entend sur cela d'emblée, dont tous les partis de l'opposition, le premier ministre lui-même et la plupart de ses ministres québécois, qui ont dit publiquement que personne ne voulait d'élections, alors personne ne devrait avoir de problème à voter en faveur de notre motion. Elle est toute simple. Elle rappelle que des élections générales ont eu lieu en octobre 2019. On dirait que c'était hier, mais cela a peut-être paru plus long au gouvernement, puisqu'il est minoritaire.
Nous oublions rapidement une chose, soit le contexte actuel. Le pays connaît l'une des pires crises sanitaires de son histoire. Depuis mars 2020, plus de 1,3 million de Canadiens ont été atteints de la COVID-19 et près de 25 000 personnes en sont décédées. C'est pour cette simple et très importante raison que tenir des élections en temps de pandémie serait carrément irresponsable. Nous pensons donc que c'est la responsabilité du gouvernement fédéral de tout mettre en œuvre pour éviter que les électeurs et les électrices soient appelés aux urnes tant et aussi longtemps que durera la pandémie. Tant et aussi longtemps que la crise ne se sera pas résorbée et que la situation ne se sera pas davantage stabilisée, ce serait non seulement irresponsable, mais aussi dangereux pour la santé de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
J'entends déjà les libéraux nous dire que l'opposition a elle aussi la responsabilité de tout mettre en œuvre pour éviter que les électeurs et les électrices soient appelés aux urnes. Qui décide si les votes sont des votes de confiance ou non? Est-ce le gouvernement ou les partis de l'opposition? Qui peut aller voir le juge en chef du Canada ou le gouverneur général pour qu'il déclenche des élections? Est-ce le gouvernement ou les partis de l'opposition? Qui peut dissoudre le Parlement? Est-ce le gouvernement ou les partis de l'opposition? Poser ces questions, c'est y répondre. On dirait bien que le gouvernement confond le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
Je ne sais pas si c'est le cas de mes collègues libéraux, mais, personnellement, je serais extrêmement mal à l'aise de cogner à la porte de mes concitoyens pour leur parler d'élections alors que, à l'heure actuelle, du moins au Québec, ils ne peuvent pas recevoir leur propre famille à la maison. Plusieurs d'entre eux ont des enfants qui doivent faire l'école à la maison. Certains ne peuvent toujours pas rouvrir leur commerce. D'autres ont perdu leur emploi, parce que l'entreprise pour laquelle ils travaillaient a fermé ses portes. Ou encore, ce sont des professionnels de la santé qui n'en peuvent tout simplement plus ou des proches aidants qui ont dû s'empêcher d'aller voir leur père ou leur mère pendant des semaines.
Sinon, pire encore, ils ont eux-mêmes été infectés par la COVID-19 et en auront des séquelles pour le reste de leur vie, ou ils ont perdu un proche en raison du virus. C'est cela qui les préoccupe en ce moment. Ils ont besoin d'un gouvernement qui s'occupe davantage d'eux et de leurs besoins que de sa propre réélection.
Comme mes collègues l'ont dit bien avant moi, bien entendu, le Bloc québécois est d'accord sur une chose: si des élections devaient se tenir en temps de pandémie, des ajustements seraient effectivement nécessaires pour que le scrutin se déroule dans le respect des règles sanitaires édictées par le Québec et les provinces.
Toutefois, du point de vue de la santé publique, voire de l'éthique, une élection dans le contexte actuel n'est pas une décision responsable. Du point de vue technique, le projet de loi contient des lacunes et des imprécisions importantes desquelles on doit discuter et débattre. Du point de vue démocratique, il est tout à fait inconcevable qu'un gouvernement minoritaire impose un bâillon au Parlement sur un projet de loi destiné à encadrer les droits démocratiques des citoyens et des citoyennes.
Alors, vous aurez deviné notre position, monsieur le Président. Cela ne veut pas dire que nous sommes de mauvaise foi. Le Bloc québécois a même proposé un compromis pour traiter de toute cette question. Le chef du Bloc québécois a proposé au d'organiser une rencontre privée avec, par exemple, les chefs de tous les partis politiques présents, de trouver un consensus et de l'appliquer, plutôt que de recourir à un bâillon. Que répond le premier ministre? Il dit qu'il ne veut pas d'élection, mais il continue de nous enfoncer un projet de loi dans la gorge qui faciliterait justement une élection en temps de pandémie. C'est ironique, n'est-ce pas?
Je crois qu'il s'agit d'un manque flagrant de jugement et de compréhension de la situation. Je dirais même qu'il s'agit d'un manque d'empathie envers les électeurs et les électrices que de poursuivre dans cette course vers des élections à court terme, d'où le dépôt de cette motion du Bloc québécois aujourd'hui.
Je pourrais continuer d'énumérer pendant des heures les raisons pour lesquelles, du point de vue de la santé et de la sécurité publique, cela ne serait pas une bonne idée de déclencher une élection. Toutefois, j'ai aussi envie de discuter du contenu du projet de loi . Il y a des dispositions relatives au vote en résidence pour aînés, par exemple. On parle de 16 jours de vote, 16 jours où les travailleurs électoraux seraient sur place dans tous les CHSLD et les résidences. Cela nous semble irréaliste.
La date limite de réception des bulletins de vote par voie postale est aussi quelque chose qui nous agace. Le projet de loi C-19 permettrait, par exemple, à Élections Canada de recevoir des bulletins par la poste jusqu'au lendemain du jour J. Cela nous semble injustifié, et cela ne ferait que retarder le dévoilement des résultats de l'élection.
C'est sans parler de la question de la participation électorale. Un sondage Léger effectué au début du mois de mars démontre que moins du quart des Québécois et des Canadiens voudraient voter par correspondance si une élection fédérale avait lieu prochainement. Selon le sondage, cela prendrait une bonne campagne de sensibilisation pour que les gens acceptent que cette façon de voter est sécuritaire. La majorité des électeurs préfèrent le vote en personne. Ce serait regrettable que la pandémie entraîne une baisse de la participation aux élections, qui est déjà faible, il faut le dire.
Par ailleurs, le projet de loi voudrait que le vote se déroule sur trois jours, c'est-à-dire huit heures pour voter le samedi, huit heures le dimanche et douze heures le lundi. Toutefois, le fait de tenir un jour de vote le lundi fait en sorte qu'il faudra possiblement changer le lieu de votation le lundi, ce qui complique grandement l'organisation du scrutin.
La question de la confidentialité est également une préoccupation pour le Bloc québécois. Un vote par la poste est généralement sûr, cependant on peut tout de même identifier l'électeur si le bulletin est consulté ou manipulé. C'est pourquoi on privilégie toujours l'exercice du droit de vote en personne. En plus de préserver l'intégrité et l'aspect secret du vote, il nourrit également toute la symbolique derrière le geste social et engagé de voter.
Toutes ces préoccupations font état du côté technique d'un éventuel scrutin en période de pandémie, mais revenons à la base, à la raison même de notre motion d'aujourd'hui. Du point de vue de la santé publique, tenir des élections dans le contexte d'une crise sanitaire — je ne le répéterai jamais assez — est une décision irresponsable. En fait, la chose sur laquelle tous les partis s'entendent, le point de vue de tous les chefs à la Chambre, c'est qu'il est inapproprié de déclencher des élections en pleine pandémie.
Toutefois, ce qui est encore plus important, c'est que les citoyens et les citoyennes que nous représentons ne veulent pas des élections. Ils ont été clairs. Ils l'ont dit haut et fort. À nous maintenant de les écouter, de les respecter et de nous assurer qu'on ne les forcera pas aux urnes tant que nous mènerons la lutte contre la COVID-19.