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Madame la Présidente, cela fait plus de 13 ans que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies. Cela fait cinq ans cette semaine que la a participé à l'Assemblée générale des Nations unies pour annoncer que le Canada appuyait sans réserve la Déclaration. Elle a aussi réaffirmé l'engagement du Canada à adopter et à mettre en œuvre ce document international sur les droits de la personne conformément à la Constitution canadienne.
La présentation du projet de loi en décembre dernier a permis au gouvernement de respecter son engagement de présenter une mesure législative avant la fin de 2020 pour mettre en œuvre la Déclaration. De plus, la mesure législative veille à ce que les dispositions prévues dans l'ancien projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , servent de base minimale à respecter, et non d'un plafond à atteindre.
Je tiens à profiter de l'occasion pour souligner l'initiative d'un ancien député, soit mon cher ami Romeo Saganash. Je tiens à profiter de l'occasion pour le remercier du travail qu'il a accompli au Parlement et partout au pays avec les peuples et les communautés autochtones pour faire avancer son projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi C-262, visant à mettre en œuvre la Déclaration au Canada. C'est très malheureux que le projet de loi soit mort au Feuilleton parce qu'il n'a pas réussi à franchir toutes les étapes au Sénat avant les dernières élections fédérales. Par conséquent, j'exhorte aujourd'hui tous les parlementaires à faire en sorte que cela ne se produise pas avec le projet de loi .
La Déclaration est l'aboutissement de décennies d'efforts infatigables, de négociations et de lutte soutenue aux Nations unies, de la part de remarquables dirigeants autochtones de partout dans le monde, y compris plusieurs du Canada. Qu'on pense à Willie Littlechild, à l'ancien député néo-démocrate Romeo Saganash, à Sákéj Henderson et à beaucoup d'autres, les dirigeants autochtones canadiens ont joué un rôle de premier plan dans l'élaboration de ce document international historique sur les droits de la personne.
La Commission de vérité et réconciliation a déclaré que la Déclaration contenait les principes et les normes nécessaires au rayonnement de la réconciliation dans le Canada du XXIe siècle. Dans son appel à l'action no 43, la Commission demande à tous les ordres de gouvernement d'adopter et de mettre en œuvre la Déclaration. Au terme de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, on a demandé aux gouvernements de mettre en œuvre la Déclaration immédiatement et de s'y conformer.
La Déclaration est d'une importance cruciale pour les peuples autochtones de partout au Canada et sa mise en œuvre est essentielle à notre cheminement commun vers la réconciliation. Il est grand temps que le Parlement du Canada adopte une loi pour faire appliquer les principes énoncés dans la Déclaration. Une fois adopté, le projet de loi confirmerait que la Déclaration constitue un instrument international universel en matière de droits de la personne qui trouve application en droit canadien. Il offrirait aussi un cadre pour la mise en œuvre de la Déclaration par le gouvernement du Canada.
Ce cadre définirait pour le gouvernement du Canada la nouvelle responsabilité de travailler avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis pour trouver de nouveaux moyens de protéger, de promouvoir et de respecter les droits des peuples autochtones partout au Canada. En outre, ce cadre législatif réaffirmerait l'engagement du Canada à respecter les droits des peuples autochtones, aussi bien maintenant que pour l'avenir. Il préciserait aussi la voie à suivre pour les peuples, les communautés et les industries autochtones, de même que pour tous les Canadiens.
Une fois adopté par le Parlement, ce projet de loi imposerait de nouvelles exigences pour que le gouvernement du Canada, en collaboration avec les peuples autochtones, prenne toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que les lois du Canada respectent la Déclaration, ainsi que pour préparer et mettre en œuvre un plan d'action visant à atteindre les objectifs définis dans cette déclaration.
Dorénavant, les lois du Canada devraient tenir compte des normes définies dans la Déclaration tout en respectant les droits ancestraux ou issus de traités que la Constitution reconnaît et confirme. Le projet de loi exigerait que le gouvernement du Canada fasse rapport au Parlement chaque année sur les progrès réalisés dans l'adaptation des lois du Canada par rapport à la Déclaration, ainsi que sur la conception et la mise en œuvre du plan d'action. Cette approche est conforme à la Déclaration elle-même, dont l'article 38 demande aux États de collaborer avec les peuples autochtones pour établir des mesures appropriées, y compris des mesures législatives, visant l'atteinte des objectifs définis dans la Déclaration.
Nous reconnaissons que certains ont exprimé des préoccupations à l'égard de la durée de la consultation portant sur le projet de loi . Or, il est important de souligner que le projet de loi d'initiative parlementaire , sur lequel se fonde le projet de loi dont la Chambre est saisie aujourd'hui, a également fait l'objet de vastes débats parlementaires et d'un examen approfondi durant la législature précédente. En dépit d'un processus de participation accéléré pour le projet de loi C-15, même durant la pandémie, les ajouts que propose cette mesure législative par rapport au fondement du projet de loi C-262 correspondent au contenu qui a été demandé par un large éventail de partenaires des Premières Nations, des Inuits et des Métis d'un océan à l'autre.
En tout, plus de 70 séances à distance ont été organisées. Nous avons ainsi pu entendre le point de vue de plus de 462 participants sur les possibles améliorations à apporter au texte législatif provisoire, qui était fondé sur l'ancien projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi . Avant juin et novembre 2020, le gouvernement a tenu 33 séances bilatérales avec l'Assemblée des Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami et le Ralliement national des Métis, où il y a eu de vastes discussions techniques sur le contenu du projet de loi .
Natan Obed, président de l'Inuit Tapiriit Kanatami, un organisme national qui représente les Inuits au Canada, a pris la parole devant le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones vendredi dernier. Je n'ai accès qu'aux bleus pour le moment, mais voici ce qu'il a dit: « Nous avons travaillé de façon positive et constructive avec le gouvernement fédéral sur la préparation du projet de loi C-15 dans une période relativement courte. Je tiens à remercier le ministère de la Justice et le ministre, qui ont veillé à l'élaboration conjointe de cette mesure législative. Je remercie également le gouvernement d'avoir fait preuve de souplesse et d'avoir étudié les amendements proposés tout au long du processus. »
À l'automne dernier, au moyen d'une série de séances à distance, le gouvernement a aussi mené une consultation exhaustive de six semaines auprès d'un large éventail de partenaires autochtones sur l'élaboration de l'avant-projet de loi. Y ont participé des Premières Nations autonomes et signataires de traités modernes, des régions inuites, d'autres détenteurs de droits, des organisations nationales et régionales de femmes, des jeunes, des représentants LGBTQ ainsi que des intervenants non autochtones.
Je précise qu'il y a eu 28 séances de consultation auxquelles ont participé des titulaires de droits, des partenaires de traités modernes et des représentants d'organisations nationales et régionales, y compris des organisations féminines. Par ailleurs, quatre tables rondes ont été organisées pour les secteurs industriels clés des minéraux et des métaux, de l'énergie propre, de la foresterie et du pétrole. Je souligne que lors de ces événements nous avons pu compter sur la participation des Autochtones.
Il y a aussi eu 5 séances avec les représentants des provinces et des territoires, notamment deux réunions ministérielles, et des experts et des dirigeants autochtones ont participé à certaines de ces réunions. Il y a également eu une table ronde avec des jeunes de l'Assemblée des Premières Nations, de l'Inuit Tapiriit Kanatami, du Ralliement national des Métis et du groupe Échanges Racines canadiennes, ainsi qu'avec des étudiants en droit.
De plus, nous avons reçu plus de 50 mémoires dans lesquels on nous a donné de la rétroaction sur le projet de loi, proposé des modifications à son libellé, exprimé des points de vue et fait des recommandations sur l'élaboration d'un plan d'action. Un rapport exhaustif intitulé « Ce que nous avons appris » a été publié sur le site Web du ministère de la Justice. On y trouve un résumé de l'abondante rétroaction reçue au cours du processus de mobilisation sur le cadre législatif que le gouvernement a proposé.
Le vaste effort de mobilisation, notamment avec des partenaires autochtones, a débouché sur des améliorations clés au projet de loi C-15, qui s'appuie sur le projet de loi d'initiative parlementaire . Le libellé du préambule du projet de loi est nouveau et souligne notamment que la Déclaration peut favoriser la réconciliation, la guérison et la paix, ainsi que des relations caractérisées par l'harmonie et la collaboration au Canada.
Cette mesure législative reconnaît les droits inhérents des peuples autochtones. Elle tient compte de l'importance de respecter les traités et les accords. Elle met en lumière le lien entre la Déclaration et le développement durable. Enfin, elle souligne la nécessité de prendre en compte les distinctions entre les diverses populations autochtones dans l'application de la loi.
Une disposition de déclaration d'objet a été ajoutée pour assurer que la déclaration trouve application en droit canadien et pour consacrer la mesure législative comme nouveau cadre fédéral de mise en œuvre de la déclaration.
Le projet de loi comporte des dispositions claires et plus rigoureuses sur l'élaboration et la présentation d'un plan d'action et de rapports annuels. Une autre disposition prévoit expressément que le gouverneur en conseil peut charger tout ministre fédéral de l'application de n'importe quelle disposition de la loi. Ces modifications et ajouts améliorent ce qui était prévu à l'origine dans le projet de loi .
Les consultations ne se sont pas arrêtées après la présentation du projet de loi. Depuis la présentation du projet de loi en décembre, de nombreuses rencontres ont eu lieu avec nos partenaires autochtones et d'autres parties intéressées. Les discussions qui sont toujours en cours, en plus de l'étude approfondie menée par le Comité permanent des affaires autochtones et du Nord, ont servi de fondement pour de nouveaux amendements au projet de loi qui ont été adoptés par le comité de la Chambre. Je veux prendre le temps de remercier les membres du comité permanent de leur excellent travail et de leur collaboration pour l'adoption du projet de loi à l'étape du comité.
Dans son préambule, le projet de loi tel qu'amendé comprend maintenant une mention concernant le rejet des doctrines racistes et coloniales de la découverte et de terra nullius. Le préambule indique maintenant également que les tribunaux canadiens ont déclaré que les droits ancestraux ou issus de traités — reconnus et confirmés par l'article 35 de la Loi constitutionnelle — ne sont pas figés et peuvent évoluer et s'accroître. Le projet de loi mentionne maintenant explicitement le mot « racisme », autant dans le préambule que dans le corps du texte.
Selon les conseils consensuels de partenaires autochtones, le gouvernement a également accepté de ramener de trois à deux ans le délai pour élaborer conjointement le plan d'action. Nous sommes convaincus qu'il s'agit d'un délai suffisant pour un processus réfléchi et l'élaboration conjointe d'un plan d'action efficace.
Le gouvernement s'engage à élaborer conjointement et de manière réfléchie le plan d'action du projet de loi avec des partenaires et des experts autochtones afin de garantir que la mise en œuvre de la mesure législative soit efficace et responsable. Le projet de loi lui-même prévoit que le plan d'action doit comprendre des mesures visant à lutter contre les injustices, à combattre les préjugés et à éliminer toute forme de violence, de racisme et de discrimination, notamment le racisme et la discrimination systémiques, auxquels se heurtent les peuples autochtones, ainsi que les aînés, les jeunes, les enfants, les femmes et les hommes autochtones, les Autochtones handicapés et les Autochtones de diverses identités de genre ou bispirituels. Il doit promouvoir le respect et la compréhension mutuels et de bonnes relations, notamment grâce à de la formation sur les droits de la personne.
Le plan d'action doit également comporter des mesures de contrôle ou de surveillance, des voies de recours, des mesures de réparation ou d’autres mesures de reddition de comptes en lien avec la mise en œuvre de la Déclaration. Nous avons déjà entamé des discussions préliminaires avec des partenaires autochtones sur la conception du futur processus. Le budget de 2021 prévoit 31,5 millions de dollars sur deux ans pour soutenir l'élaboration conjointe du plan d'action.
Mes collègues conservateurs présentent le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause comme un concept indéfini qui pourrait, selon eux, être interprété comme un droit de veto automatique accordé aux communautés et aux groupes autochtones quand il est question de développement des ressources. Soulignons que le terme « veto » n'apparaît nulle part dans le document. Ils tentent de faire croire que cette recherche de consentement mettrait l'économie en péril et serait source d'incertitude pour le secteur des ressources. Dans les faits, le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause a pour but d'inclure les voix, les préoccupations et les opinions de tous les peuples autochtones qui seraient touchés par l'activité ou le projet proposé, de manière à ce qu'on tienne compte de leurs inquiétudes et qu'on mette en place des plans pour les atténuer.
Mme Mary Ellen Turpel-Lafond l'a particulièrement bien exprimé quand elle a témoigné devant le comité de la Chambre, le 13 avril, au nom de l'Assemblée des Premières Nations:
[...] il y a un élément que j'appellerais une « campagne de peur » au sujet du concept de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, selon lequel il en résulterait des dommages économiques, etc. En fait, le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, et le fait de le concrétiser en amenant l'industrie, le gouvernement et les Premières Nations à collaborer assez tôt, dans le contexte de la reconnaissance des droits, procurent davantage de stabilité, de certitude et de sécurité.
En conclusion, le chef national Perry Bellegarde, qui représentait l'Assemblée des Premières Nations devant le comité sénatorial des peuples autochtones, s'est dit en faveur de l'adoption du projet de loi la semaine dernière. Il a dit ceci:
Je vous invite tous à saisir cette occasion historique et à jouer un rôle déterminant dans le respect et la promotion des droits fondamentaux des peuples autochtones.
Lors de la même réunion du comité sénatorial, Natan Obed, président d'Inuit Tapiriit Kanatami, a déclaré: « Nous considérons que cette mesure législative fédérale contribue positivement à l'application des droits fondamentaux de la même manière à tous les Canadiens. »
Le 15 avril, David Chartrand, représentant du Ralliement national des Métis, a déclaré ce qui suit au Comité permanent des affaires autochtones et du Nord:
Nous croyons que l'adoption de ce projet de loi est essentielle pour garantir, à l'avenir, le respect de nos droits en tant que nation. Nous exhortons les membres du Comité à accélérer le processus pour assurer l'adoption du projet de loi C-15 durant la présente session du Parlement.
Même si aucune mesure législative ne fera l'unanimité de tous les peuples autochtones au Canada, le projet de loi est largement appuyé par les Premières Nations, les Inuits et les Métis d'un bout à l'autre du pays. Le projet de loi permettra de passer à la déchiqueteuse notre passé colonial afin d'écrire le prochain chapitre ensemble, en tant que partenaires des Autochtones.
Par conséquent, j'exhorte tous les députés à appuyer cette mesure législative fondamentale, à appuyer le projet de loi .
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Madame la Présidente, je suis ravi d'ajouter mon opinion au débat sur le projet de loi .
Je reconnais que le chemin a été long et ardu avant que la Déclaration sur les droits des peuples autochtones ne franchisse toutes les étapes avant d'être adoptée par les Nations unies. Je tiens aussi à souligner le travail de Romeo Saganash, avec qui j'ai eu le privilège de siéger au comité par le passé. Nous avons tissé des liens d'amitié et ce fut un réel plaisir de collaborer avec lui aux travaux du comité.
Le projet de loi est une mesure législative intéressante. À mon avis, nous sommes en présence d'un cas flagrant d'un manque de cohérence entre les paroles et les actes. Les libéraux semblent en avoir fait une habitude. Ils disent qu'ils font quelque chose quand, en réalité, ils ne le font pas, ou encore, ils disent qu'ils ne font pas quelque chose quand, en réalité, ils le font. Or, le projet de loi est un cas typique de manque de cohérence, selon moi. Les conservateurs ont l'habitude de dire ce qu'ils pensent et de faire ce qu'ils disent. Si nous ne le pensons pas, nous ne le disons pas.
Ce que je trouve frustrant au sujet de ce projet de loi est le fait que l'article 4 nous entraîne en terrain inconnu. Je crois que le point central du projet de loi réside dans l'article 4, qui se lit comme suit:
La présente loi a pour objet:
a) de confirmer que la Déclaration constitue un instrument international universel en matière de droits de la personne qui trouve application en droit canadien;
b) d’encadrer la mise en œuvre de la Déclaration par le gouvernement du Canada.
Ce qui est frustrant, c'est que je pense que la Déclaration est un instrument international universel en matière de droits de la personne et qu'elle s'applique en droit canadien, peu importe que le projet de loi le stipule ou non.
J'utilise beaucoup le Protocole de Palerme, qui est un protocole utilisé par les Nations unies pour identifier les victimes de la traite des personnes. Étant donné qu'il fait partie des Nations unies, le gouvernement canadien peut se servir de ces protocoles ou déclarations pour confirmer si nos lois s'inscrivent ou non dans ces cadres. Nous les utilisons comme un instrument d'évaluation du droit canadien, et ce ne serait pas différent dans le cas de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Il en va de même pour la Déclaration des droits de l'enfant des Nations unies. Nous nous servons de cette déclaration pour évaluer le droit canadien. Nous prenons les lois canadiennes sur les droits des enfants et la protection des enfants et nous les comparons à la Déclaration des droits de l'enfant des Nations unies pour déterminer si nous respectons et atteignons les seuils établis dans la Déclaration. Si ce n'est pas le cas, nous tentons alors d'harmoniser la loi canadienne.
C'est ce que j'ai fait en présentant des projets de loi et en veillant à ce que les lois canadiennes soient entièrement conformes au Protocole de Palerme. En gros, nos lois sont conformes au protocole, mais pas totalement, et c'est le cas pour la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il s'agit d'un instrument qui nous permet d'évaluer les lois canadiennes pour voir si elles correspondent aux attentes énoncées dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Sommes-nous à la hauteur des idéaux que la réconciliation permettrait d'atteindre? Personne n'est contre cela.
Ce que propose le projet de loi est unique, car aucune autre déclaration de l'ONU ne comporte de disposition législative applicable aux lois canadiennes. Lorsque j'ai interrogé les représentants du ministère de la Justice à ce sujet au comité, ils m'ont répondu que j'avais raison, qu'il s'agissait d'un cas unique. La Déclaration des droits de l'enfant n'a pas de disposition législative que nous reconnaissons comme instrument en droit canadien. Cependant, lorsque l'on plaide une cause devant un tribunal, on peut invoquer un document des Nations unies, une déclaration des Nations unies, pour étayer sa plaidoirie. Ce qui me contrarie dans le projet de loi , c'est qu'il ne changera rien à l'application de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones au Canada.
Certains témoins ont dit au comité qu'à leurs yeux, ce projet de loi équivalait à une charte des droits des Autochtones. Le ministère de la Justice nous a toutefois assurés qu'il n'en était rien et qu'il s'agit plutôt d'un cadre à partir duquel le gouvernement pourra se doter d'un plan.
Si l'instrument universel qu'est la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones était intégré au droit canadien, celle-ci pourrait-elle être invoquée pour intenter une action en justice? J'ai posé plusieurs fois la question — sera-t-il possible de traîner le gouvernement devant les tribunaux si celui-ci contrevient à l'un des objectifs de la Déclaration? —, mais là encore, on m'a assuré que non. Pourquoi ce projet de loi, alors? Qu'est-ce qu'il changera? Si, comme nous le répètent les libéraux, le droit canadien est vraiment à un carrefour, qu'est-ce qui va changer exactement? C'est éminemment vexant.
Les libéraux nous accusent sans cesse de semer la peur, mais ça aussi, c'est faux. Nous voulons seulement savoir si les affirmations des libéraux sont fondées. Si ce projet de loi vise à modifier l'application du droit canadien, qu'ils nous disent en quoi. Le texte à l'étude ne le précise pas, du moins pas selon ce que je vois. Il dit simplement qu'il y aura un cadre.
La notion de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, ainsi que sa signification, se trouvent au cœur de bon nombre des enjeux qui nous occupent. L'une des questions que nous avons posées constamment portait sur le gouvernement du Canada, les nombreuses années de jurisprudence, les causes judiciaires débattues et gagnées au Canada au sujet de la consultation, le terme « obligation de consulter », et comment tout cela s'articule et pourrait concorder avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Je dirais que le Canada est en bonne voie de créer des systèmes qui concordent avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et touchent le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause. Étant donné l'évolution de nos lois et l'obligation de consulter, nous voyons des entreprises faire des démarches et aller consulter les Autochtones. Nous sommes vraiment sur la bonne voie, selon moi. Quand on compare l'instrument de la Déclaration des Nations unies et les lois et décisions judiciaires concernant, au Canada, le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, ce sont autant d'éléments auxquels on peut penser.
Le projet de loi à l'étude ne servirait qu'à causer de l'incertitude. Il ajouterait un nouvel élément. Si ces articles de la Déclaration des Nations unies font désormais partie du droit canadien, est-ce que l'obligation de consulter est l'équivalent du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause? Nous pourrions en débattre et présenter des arguments, mais pour le moment, nous n'avons pas la réponse. Il y a un manque de clarté à ce sujet, un manque de clarté produit par ce projet de loi. Qu'est-ce que le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, et en quoi est-il lié à l'obligation de consulter?
Nous avons vu que cela a causé beaucoup d'incertitude sur le marché dans ce pays. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a adopté la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones de façon similaire, sans définir clairement les termes, et il y a maintenant une prime de 1 % à payer pour investir en Colombie-Britannique. Il y a une prime de risque à payer pour faire des affaires en Colombie-Britannique à cause de cela, et selon les estimations sur le marché, elle est évaluée à environ 1 %; les investissements rapporteront 1 % de moins, ce qui pose problème. En Colombie-Britannique, si on va sur le marché pour trouver des capitaux pour un projet, il faudra payer 1 % de plus comparativement au reste du pays. Il est exaspérant que l'on dise qu'il n'y aurait pas de risque ni d'incertitude, car ce n'est manifestement pas vrai.
J'aimerais revenir au principe selon lequel il faut dire ce qu'on pense et penser ce qu'on dit. Où est le principe du consentement libre, préalable et éclairé dans ce projet de loi? Il n'y est pas vraiment pris en compte. On en parle dans le document, et on dit que la déclaration doit s'appliquer de manière universelle aux lois du Canada, mais encore une fois, qu'est-ce qu'on entend par là exactement? Nous savons que cela ne fera que créer plus d'incertitude. Cela ne nous permet pas de nous fonder sur la déclaration pour établir les critères auxquels les lois canadiennes doivent se conformer. C'est un irritant qui continue de poser problème dans ce processus.
De nombreux Canadiens de partout au pays ont témoigné au sujet de ce projet de loi au comité, et il est intéressant de constater que les libéraux semblent adopter une approche distincte en matière de consultation. Ils ont dit aujourd'hui qu'ils avaient mené de vastes consultations, même lors de l'élaboration du projet de loi. Cependant, je dirais que, au départ, quand nous avons commencé à communiquer avec les gens à ce sujet, ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas été consultés au sujet du projet de loi. Ce n'est que lorsque le projet de loi a été présenté que les libéraux ont commencé à effectuer des consultations. Il est donc vrai que, lorsque le comité a reçu le projet de loi, ce dernier avait fait l'objet de consultations et obtenu l'appui de certaines personnes, mais de vastes consultations n'ont pas été tenues lors de son élaboration.
C'est devenu très évident quand les représentants de tous les organismes comparaissant devant nous avaient des amendements à proposer au projet de loi. Ils avaient tous des amendements à proposer, même s'ils reconnaissaient tous que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones est un outil utile qu'on devrait intégrer au droit canadien. Je ne suis pas convaincu que c'est ce à quoi ils s'attendaient lorsque nous avons décidé de mettre en œuvre cette déclaration au Canada. En réalité, c'est plus un plan de mise en œuvre qu'une véritable mise en œuvre. La situation deviendra donc de plus en plus intéressante à mesure qu'elle évoluera.
Nous avons également constaté au comité que le gouvernement a modifié son propre projet de loi. À mon avis, cela indique que les consultations n'ont pas été menées adéquatement au début. Si le gouvernement avait mené de vastes consultations, comme il l'affirme, nous n'aurions pas vu tous les organismes qui ont comparu proposer des amendements, et le gouvernement n'aurait pas eu à modifier le projet de loi. Il me semble qu'il y a eu une absence totale de consultation.
Il y a une autre chose qui mérite d'être soulignée concernant le gouvernement et son bilan en matière de consultations: il semble consulter uniquement les intervenants susceptibles de lui donner les réponses qu'il souhaite obtenir. Nous l'avons constaté à maintes reprises avec les communautés autochtones du Nord de l'Alberta. Bon nombre d'entre elles avaient des intérêts dans le projet d'oléoduc Northern Gateway. Nous avons vu à quel point le projet de construction leur a profité, du point de vue de la construction et des capitaux. Pourtant, le projet de pipeline a été annulé après l'adoption de la Loi sur le moratoire relatif aux pétroliers, le projet de loi , sans qu'il y ait eu consultation au sujet de l'impact de cette décision sur ces communautés. À l'heure actuelle, le Nord de l'Alberta affiche l'un des taux de chômage les plus élevés au pays. Pourquoi? Parce que le gouvernement a omis de mener des consultations avec les Premières Nations et n'a pas su reconnaître l'impact de la décision sur ces communautés.
Voilà un autre domaine où le gouvernement affirme une chose et semble en faire une autre. Le concept de la consultation n'importe que pour obtenir des réponses dans un sens en particulier, ou lorsqu'il s'agit de bloquer un projet de pipeline plutôt que d'en faire construire un. Cela a été et continue d'être extrêmement frustrant pour les communautés autochtones du Nord de l'Alberta.
Il reste encore beaucoup de questions en suspens. Alors que le gouvernement continuera de travailler à la mise en œuvre de la Déclaration, nous devrons discuter de ce que signifie le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, parce que ce n'est pas clair. Personne n'a dit que l'obligation de consulter et le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause étaient équivalents. On n'a pas non plus défini clairement qui aura le dernier mot lors de la prise de telles décisions. À mon avis, ce sera le gouvernement fédéral dans le cas des projets d'envergure. C'est lui qui prend la décision finale dans bon nombre de ces questions lorsqu'elles sont soulevées et il est important de le noter.
Le gouvernement n'a pas vraiment été clair. Nous aimerions certainement avoir des précisions. Lorsque des pipelines sont construits, lorsque les lois fédérales du Canada sont élaborées et que le Parlement prend des décisions, ces dernières priment. Nous voudrions que, pour la suite des choses, la question du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause soit éclaircie. Ce sont certaines des préoccupations qui ont été soulevées au comité par les témoins.
Un autre point intéressant est l'application aux niveaux fédéral et provincial. Le projet de loi mentionne quelques fois le « droit canadien ». Entend-on par là les lois provinciales autant que les lois fédérales ou simplement les lois fédérales? Il faudra que ce soit précisé et j'espère que le gouvernement est en mesure de donner des réponses à certaines de ces questions.
À mesure que les gens nous parlent de ce projet de loi, il est intéressant de noter qu'il ne fait pas l'unanimité chez les communautés des Premières Nations. La Première Nation O'Chiese, en Alberta, visée par le Traité no 6, rejette d'emblée le projet de loi . Elle considère qu'il affaiblira sa position au sein du Canada et s'y oppose entièrement. Le gouvernement n'a pas semblé reconnaître que certaines communautés des Premières Nations n'appuyaient pas le projet de loi C-15.
Le gouvernement consulte les trois principaux regroupements autochtones nationaux, mais pas nécessairement les bandes individuelles des Premières Nations partout au pays. Une chose que j'entends sans cesse de la part des bandes, c'est que le gouvernement doit écouter leur opinion à titre individuel en plus d'écouter les regroupements nationaux, car ces derniers ne parlent pas toujours en leur nom. C'est une autre grande préoccupation que nous avons entendue.
Nous recherchons plus de clarté concernant divers aspects ambigus, et ce projet de loi ne ferait rien pour les clarifier. Il nous engagerait sur la bonne voie pour harmoniser les lois canadiennes avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, ce que j'appuie. Toutefois, il ne ferait pas nécessairement ce qu'affirme le gouvernement. Le projet de loi ne dit pas quelle sera la prochaine étape de cette harmonisation. Il dit simplement que le gouvernement élaborera un plan à cette fin, ce qui est très frustrant.
J'aurais espéré que le gouvernement fasse des progrès vers l'alignement du droit canadien sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et qu'il clarifie certaines ambiguïtés, notamment en ce qui a trait à la conformité des lois canadiennes avec l'article 43 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il aurait également pu préciser si, selon lui, l'obligation de consulter en fonction du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause est une mesure adéquate ou insuffisante. Le gouvernement pourrait indiquer quelles améliorations il entend apporter par rapport au devoir de consulter pour respecter la notion de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, car ce consentement est important. Si le gouvernement insiste pour dire qu'il ne s'agit pas d'un droit de veto, alors que signifie-t-il? À quoi ressemble ce modèle de consultation? La jurisprudence à l'égard du devoir de consulter tient-elle toujours?
Voilà quelques exemples de ce que j'aurais pensé voir dans un projet de loi mettant en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Or, ces précisions ne figurent pas dans le projet de loi. De plus, ce dernier comporte des déclarations plutôt ambiguës.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre de nouveau la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui vise à mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
À cette étape-ci, nous sommes confiants, mais tout de même prudents quant à ses chances d'être enfin adopté. Je dis « enfin », parce que nous attendons depuis longtemps ce projet de loi et que son adoption, que l'on souhaite rapide, n'est toujours pas chose faite.
La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée le 13 septembre 2007. Nous sommes en mai 2021, soit près de 15 ans plus tard, et elle n'a toujours pas été enchâssée dans la législation canadienne. Cela fait 15 ans. Quinze ans, c'est énorme. Quinze ans, c'est la durée de quatre législatures du Parlement. Quinze ans, pourtant, c'est un peu moins que l'écart d'espérance de vie à la naissance entre les Inuits et le reste de la population canadienne. Chez les hommes, l'écart était de 15 ans en 2017. Quinze ans, c'est la moitié d'une génération, le sixième d'un siècle. C'est beaucoup à l'échelle d'une vie humaine.
Le temps passe, le monde change, mais, pour les droits des peuples autochtones, il est pourtant suspendu. Rien ne bouge, rien ne change, parce que le Canada est le royaume de l'atermoiement. C'est le temps que ça change. Malgré quelques imperfections, nous croyons, tout comme l'Assemblée des Premières Nations, qu'il faut aller rapidement de l'avant avec l'adoption du projet de loi C-15, quitte à le modifier plus tard.
Je voudrais aujourd'hui parler, dans un premier temps, de l'histoire de notre formation politique en lien avec la Déclaration, pour ensuite bien sûr déboulonner certains mythes tenaces qui sont souvent colportés à propos de ce projet de loi.
Je réitère aujourd'hui que le Bloc québécois est en faveur de ce projet de loi, et ce, même si les amendements que nous avons voulu y apporter pour clarifier la portée du projet de loi n'y ont pas été intégrés. Nous sommes convaincus depuis déjà longtemps que la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies est une condition essentielle pour la réconciliation avec les peuples autochtones. Nos convictions à ce sujet n'ont pas changé.
Avant même que la Déclaration ne soit signée, le Bloc était là. Le Bloc était là en septembre 2004 à Genève, lors de la réunion du groupe de travail sur le projet de déclaration des droits des peuples autochtones, pour faire reconnaître leur droit à l'autodétermination. Le Bloc était là encore en 2006, au moment du sprint final précédant l'adoption, lorsqu'il a fallu multiplier les efforts aux côtés des peuples autochtones et de la communauté internationale. Le Bloc était là en 2007, lorsqu'il a fallu dénoncer la position du Canada, qui avait alors refusé d'endosser la Déclaration lors de l'Assemblée générale des Nations unies. Le Bloc était là dans les années suivantes pour faire pression sur l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper, pour qu'il endosse la Déclaration.
Le Bloc québécois était là, le Bloc québécois est là et il sera toujours là pour faire avancer la Déclaration. Sa ratification par le Parlement permettra non seulement de reconnaître les droits inhérents — j'insiste sur le mot « inhérents » — des peuples autochtones, mais aussi de les clarifier pour tout le monde, parce que, les droits des peuples autochtones, il faut le rappeler, ce n'est pas un cadeau du ciel. C'est légitime et, comme je l'ai dit, c'est inhérent.
Au Bloc québécois, nous croyons que la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies permettra non seulement d'améliorer la situation économique et sociale des communautés autochtones, mais qu'elle garantira également une meilleure prévisibilité pour les entreprises qui œuvrent dans le secteur primaire, tout en assurant un développement durable et responsable du territoire.
En ce sens, et si ce n'était qu'en ce sens, tout le monde sortira gagnant, l'économie tout comme les Premières Nations.
Je disais plus tôt que, pour les droits des peuples autochtones, le temps est figé, immobile, statique. Je m'adresse donc à mes collègues des autres partis et à ceux de la Chambre haute. Il revient à eux maintenant de faire avancer l'horloge.
À cet égard, je dois avouer que je n'ai jamais vraiment compris l'opposition viscérale du Parti conservateur à la Déclaration. Au mois d'août dernier, lors d'une entrevue avec Perry Bellegarde, le avait justifié son opposition à la Déclaration par le fait que, selon lui, la jurisprudence actuelle créait déjà une obligation de consulter et que, par conséquent, il n'y a pas de valeur ajoutée à la Déclaration. Eh bien, si cela ne change rien, pourquoi craindre son adoption?
Pourtant, du même souffle, les conservateurs essaient de nous faire peur. Nous l'avons vu pendant les débats et au cours des dernières minutes. Ils nous disent que l'adoption de la Déclaration bloquera les projets parce qu'elle créera de nouvelles obligations en matière de consultations.
On ne peut pas, d'un côté, dire que cela ne change rien et, de l'autre, craindre que cela change quoi que ce soit. Le chef de l'opposition devrait clarifier sa pensée. Est-il contre le changement parce que cela change quelque chose ou est-il contre le changement parce que cela ne change rien? Il faudrait qu'il nous l'explique, parce que cet argument, qui m'apparaît plutôt un prétexte, tient du paradoxe.
Il est temps maintenant d'abattre les mythes, dont ce dernier. Je ne peux passer sous silence la notion, qui est bien plus controversée qu'elle ne le devrait, mais qui a été au centre des débats, c'est-à-dire celle du consentement préalable, libre et éclairé, le fameux CPLE, qui hante notamment les cauchemars de mes collègues de l'opposition officielle.
En effet, les adversaires de la Déclaration n'ont jamais cessé de répéter que le consentement préalable, libre et éclairé équivalait à un droit de veto. Or rien n'est plus faux. Cette fois-ci, tout comme c'était le cas avec le projet de loi de mon collègue prédécesseur Roméo Saganash, à qui l'on doit beaucoup pour ce combat et que je salue respectueusement et amicalement, l'intention du législateur est manifeste. Il ne conçoit pas cette notion du consentement préalable, libre et éclairé comme un droit de veto, nullement. Le l'a dit à maintes reprises, les tribunaux ne pourront donc pas faire abstraction de ce fait.
En fait, la version française de la Déclaration est tout à fait claire sur cette question. Voici ce qu'elle dit:
Les États consultent les peuples autochtones concernés et coopèrent avec eux de bonne foi par l'intermédiaire de leurs propres institutions représentatives, en vue d'obtenir leur consentement, donné librement et en connaissance de cause [...]
Il y a ici une exigence de consultations et de bonne foi. Nulle part dans la Déclaration il n'est question de veto. On ne le répétera jamais assez souvent — peut-être même jusqu'à ce soit compris — que cet argument se dissolve de lui-même.
Pour moi, l'intention du législateur apparaît également très claire quant à la portée du projet de loi. Il ne s'applique qu'aux compétences de ce Parlement. Même si c'est quelque chose qui va de soi et qui semble tomber sous le sens, le parrain du projet de loi a quand même pris la peine de réitérer que le projet de loi n'imposerait pas d'obligation aux autres ordres de gouvernement. C'est on ne peut plus clair. C'est même très clair, limpide. Il faut garder à l'esprit que, si les députés du Bloc québécois ont appuyé ce projet de loi, de même que ceux de la partie gouvernementale — j'en ai la certitude —, c'est avec la compréhension et avec la conviction que la mise en œuvre de la Déclaration dans le droit devra se faire en partenariat avec les provinces et dans le respect complet de leurs champs de compétences.
Je ne peux qu'insister sur ce point.
Dans un article du plus récent numéro de Recherches amérindiennes au Québec, l'avocate Camille Fréchette écrivait: « Étant donné le partage des compétences propre au système de gouvernement fédéral canadien, la mise en œuvre du droit au [consentement préalable, libre et éclairé] concerne directement les provinces, qui ont compétence exclusive sur les terres publiques et en matière d'exploitation des ressources naturelles [...] »
En ce sens, selon nous, il coule de source que, pour que la loi soit appliquée de façon adéquate, une réelle collaboration est essentielle entre les différents ordres de gouvernement. Les provinces devront être consultées et être parties prenantes du processus de mise en œuvre pour que les choses se fassent de façon cohérente. À notre humble avis, la réconciliation ne pourra que bénéficier d'une telle façon de faire, si tant est que tout le monde agisse de bonne foi et qu'on aspire à maintenir le dialogue.
Cela m'amène d'ailleurs à apporter une précision en faisant une courte digression parce qu'il nous faut être rigoureux et parce qu'il y a beaucoup de désinformation à propos du projet de loi . Certains ont essayé de nous faire croire que le Bloc québécois mettait en péril la souveraineté du Québec. Il s'agit d'une idée absurde, mais prenons tout de même le temps de la déconstruire à l'aide d'un seul exemple: celui du territoire.
La Constitution de 1867 est assez claire sur le fait que ce sont les provinces qui sont propriétaires du territoire et qui en sont les gardiennes. Pour paraphraser le constitutionnaliste André Binette, si ce n'était pas le cas, Hydro-Québec n'aurait tout simplement jamais existé. Le caractère inaliénable de la souveraineté du Québec sur son territoire ne fait que renforcer la nécessité d'une approche collaborative pour qu'il y ait une mise en œuvre cohérente et harmonieuse de la Déclaration.
En 1985, à l'initiative du gouvernement de René Lévesque, l'Assemblée nationale du Québec a d'ailleurs reconnu 10, puis 11 nations autochtones sur le territoire du Québec. En 2006, la Chambre des communes a également reconnu que le Québec formait une nation. Au Bloc québécois, nous l'avons dit et nous le répétons aujourd'hui: seul un dialogue de nation à nation permettra d'engendrer la paix et l'harmonie, pour ne nommer que celles-là.
Cela dit, à ce stade-ci, en ce qui concerne la mise en œuvre de la Déclaration, j'ai le sentiment que nous avons suffisamment débattu et que nous devrions passer à une autre étape. Je rappelle que cela fait tout de même près de 15 ans — 163 mois, ou 4 990 jours, plus exactement — que les nations autochtones attendent un geste décisif de la part des législateurs que nous sommes. Les peuples autochtones ont assez attendu. J'ajouterais qu'ils ont trop attendu: ils ont les yeux rivés sur nous pendant que le compteur tourne. C'est à nous d'agir maintenant, car il est question de leurs droits inhérents.
Tshi nashkumitin. Merci.
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Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi d'intervenir aujourd'hui pour parler du projet de loi , Loi concernant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Je ne saurais trop insister sur le fait que ce projet de loi est attendu depuis longtemps.
Pour construire le Canada, on a dépossédé, dans la violence, les Autochtones de leurs terres et de leurs ressources. C'est le genre de violence génocidaire qu'on voit se déchaîner contre les femmes et les filles autochtones, les personnes 2ELGBTQQIA, les donneuses de vie sacrées, notamment notre mère la Terre et l'eau. La destruction de l'environnement se poursuit, aidée par des gouvernements qui violent les droits de la personne et continuent de marginaliser et d'opprimer les peuples autochtones sur leurs propres terres.
Pendant que les grandes compagnies pétrolières et le Canada tirent avantage des ressources, nous ne respectons toujours pas les droits de la personne les plus fondamentaux. Le droit le plus fondamental dont tout le monde devrait jouir, c'est le droit au bonheur. Nos droits sont constamment remis en question et, pendant ce temps-là, les entreprises s'enrichissent encore et encore.
Soyons honnêtes: tous les partis politiques du Canada ont déjà bafoué et bafouent encore les droits des Autochtones. Même sur nos propres terres, nous passons toujours en second, et très souvent, nos droits sont carrément foulés aux pieds. Cette banalisation de la violation des droits autochtones doit cesser. Il est temps que nous appliquions la Constitution, y compris les dispositions sur les droits et les titres autochtones, et que nous honorions les obligations juridiques internationales qui sont les nôtres.
Il faut que les choses changent. Il faut changer les bases de notre relation, qui a comme point de départ la violation des droits des peuples autochtones — violation qui a d'ailleurs été légitimée par la Loi sur les Indiens —, afin qu'elle repose désormais sur le respect des droits fondamentaux de tous, y compris des peuples autochtones. On doit à tout le moins nous accorder les droits fondamentaux qui figurent dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Même si le projet de loi est imparfait, l'équipe du NPD et moi-même considérons qu'il s'agit d'un pas en avant qui permettra de mieux protéger les droits fondamentaux des peuples autochtones du Canada, et il était temps, comme je l'ai déjà dit.
Je rappelle à la Chambre qu'en décembre dernier, l'Assemblée générale des Nations unies a indiqué que la Déclaration avait « eu une influence positive sur l’élaboration de plusieurs constitutions et statuts aux niveaux national et local, en plus de contribuer au développement progressif de cadres et de politiques juridiques sur les plans national et international. » Il importe aussi de rappeler que l'Assemblée générale des Nations unies a réaffirmé la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones pour la dixième fois depuis son adoption par consensus. Cela signifie qu’aucun pays au monde ne s'oppose officiellement à cette déclaration.
Après la deuxième lecture du projet de loi , nous avons entrepris son étude en comité, étude dont nous faisons rapport aujourd'hui avec des amendements. J'aimerais profiter de l'occasion pour parler de certains de ces amendements.
Tout d'abord, en tant que législatrice, j'ai l'obligation légale de bien comprendre l'objectif ou les objectifs d'une mesure législative. C'est pourquoi notre parti a appuyé, lors des travaux du comité, un amendement visant à clarifier le fait que le projet de loi a deux objectifs: affirmer que la Déclaration a une application en droit canadien; encadrer la mise en œuvre de la Déclaration.
Ce projet de loi ne prévoit pas « canadianiser » la Déclaration; il confirme que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a une application en droit canadien, comme on peut le lire au 18e paragraphe du préambule: « il y a lieu de confirmer que la Déclaration est une source d’interprétation du droit canadien ». C'est une source d'interprétation du droit à l'instar d'autres cadres juridiques, dont les lois autochtones, la Constitution, le droit international et les traités avec les peuples autochtones.
Cette réalité juridique a été confirmée par la Cour suprême dès 1987. Même le Tribunal canadien des droits de la personne s'est fortement inspiré des dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans ses décisions concernant des affaires de discrimination raciale subie par des enfants autochtones vivant dans des réserves.
En fait, la Déclaration est une source d'interprétation du droit pour les tribunaux ainsi qu'une source de protection pour les enfants, les familles et les communautés. Nos enfants ont besoin de cette protection juridique pour s'épanouir, au lieu de se contenter de survivre. Les familles et les enfants doivent pouvoir bénéficier de la protection juridique dont ils ont besoin pour vivre dans la dignité et le respect de leurs droits fondamentaux, surtout avec le gouvernement actuel, qui les viole sciemment.
L'ancien juge en chef Dickson confirmait cette réalité en 1987, lorsqu'il écrivait ceci: « Les diverses sources du droit international des droits de la personne — les déclarations, les pactes, les conventions, les décisions judiciaires et quasi-judiciaires des tribunaux internationaux, et les règles coutumières — doivent, à mon avis, être considérées comme des sources pertinentes et persuasives quand il s'agit d'interpréter les dispositions de la Charte. »
Un autre amendement important au projet de loi que je tiens à souligner est l'inclusion de la doctrine de l'arbre dans le 19e paragraphe du préambule. Il s'agit d'un amendement crucial. La doctrine de l'arbre reconnaît que les droits ne sont pas figés et que les droits et les traités doivent évoluer au fil du temps à mesure que le pays et la situation changent.
La doctrine de l'arbre est un principe constitutionnel important, qui a aussi été confirmé par la Cour suprême du Canada. À titre d'exemple, dans le renvoi de 2004 relatif au mariage entre personnes de même sexe, la Cour a souligné que la Constitution est un « arbre vivant » qui peut faire l'objet d'une « interprétation progressiste ».
Dans ce cas-ci, la Cour suprême a rendu la décision suivante: « Le raisonnement fondé sur l’existence de "concepts figés" va à l’encontre de l’un des principes les plus fondamentaux d’interprétation de la Constitution canadienne: notre Constitution est un arbre vivant qui, grâce à une interprétation progressiste, s’adapte et répond aux réalités de la vie moderne. »
Dans l'arrêt Hunter c. Southam Inc. rendu en 1984, la Cour suprême explique la doctrine de l'arbre vivant comme ceci: « [...] une constitution est rédigée en prévision de l'avenir [...] Elle doit par conséquent être susceptible d'évoluer avec le temps de manière à répondre à de nouvelles réalités sociales, politiques et historiques que souvent ses auteurs n'ont pas envisagées. »
Par exemple, il aurait fallu augmenter en fonction de l'inflation les 5 dollars donnés chaque année aux nations signataires, au jour anniversaire d'un traité. J'estime qu'il ne s'agit pas d'un geste symbolique, mais bien de mauvaise foi. N'oublions pas que le Canada s'est construit sur des actes de génocide — qui se poursuivent, d'ailleurs — contre les peuples autochtones. Voilà pourquoi cet amendement revêt une importance cruciale. Il faut des outils juridiques pour exiger que le gouvernement rende des comptes lorsqu'il agit de mauvaise foi.
Un paiement de 5 dollars ne tient pas compte de l'inflation et ne tient certainement pas lieu d'indemnisation pour la destruction de terres, l'affaiblissement de notre capacité de participer aux pratiques traditionnelles de subsistance, la perpétuation de la violence dans nos communautés et l'absence de logement pour de nombreuses personnes sur nos propres terres, alors que les masses et les grandes entreprises continuent de tirer profit de la violation des droits fondamentaux des peuples autochtones. Il s'agit d'un privilège honteux.
Depuis l'époque de l'invasion, nos nations ont vécu des changements, que ce soit par choix ou à cause de politiques d'assimilation agressives. Ces changements ont transformé nos familles et nos nations. Cependant, bien que les colonisateurs aient souhaité nous faire disparaître, nous sommes encore ici et nous réclamons vigoureusement la protection de nos droits, ces mêmes droits pour lesquels nos ancêtres ont risqué leur vie.
Nous poursuivons la lutte, que ce soit devant les tribunaux ou devant les fusils des agents de la GRC, comme c'est arrivé sur le territoire des Wet'suwet'en ou lors de l'occupation de Kanesatake par des militaires. Nous continuons à réclamer nos droits. Aujourd'hui, on constate que le peu de territoire qui n'a pas été exploité est encore menacé, et cela renforce d'autant notre détermination à résister.
Nous ne céderons jamais nos droits, qui évoluent avec le temps. Il s'agit de terres autochtones, mais nous devons encore lutter pour des miettes contre le mépris de nos traités et l'absence de bonne foi des gouvernements lorsqu'il s'agit d'en interpréter la lettre et l'esprit. Je n'ai pas oublié, nous n'avons pas oublié, et nous n'oublierons jamais.
Il s'agit aussi d'un principe constitutionnel important. Voilà pourquoi la nouvelle version du 19e paragraphe du préambule est très importante. Voici ce qu'elle dit:
que la protection des droits ancestraux ou issus de traités — reconnus et confirmés par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 — constitue une valeur et un principe sous-jacents à la Constitution du Canada et que les tribunaux canadiens ont déclaré que de tels droits ne sont pas figés et peuvent évoluer et s’accroître;
Dans ce cas particulier, je dirais que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones constitue une nouvelle réalité politique, historique et même juridique que reconnaît le projet de loi . Cependant, je dois admettre que j'aurais préféré que cet ajout se retrouve dans les articles du corps du projet de loi. Je crois d'ailleurs que c'est là qu'on devrait le trouver, comme certains l'ont proposé. Je sais toutefois que les paragraphes du préambule ont quand même un effet juridique, comme le confirme l'article 13 de la Loi fédérale d'interprétation.
Le dernier amendement dont j'aimerais parler est l'ajout du mot « systémique » pour qualifier le racisme, lorsqu'il est question des mesures visant à lutter contre les injustices subies par les peuples autochtones et contre les violations de leurs droits fondamentaux.
Le racisme systémique est la source de graves problèmes dans notre pays, et nous avons tous entendu parler de cas où nos concitoyens sont morts à cause de cela. Parmi les Autochtones qui ont perdu la vie aux mains de la police se trouvent Eishia Hudson, Jason Collins et Colten Boushie. Souvenons-nous aussi de la regrettée Joyce Echaquan, qui est morte alors qu'elle appelait à l'aide et que le système de santé l'intimidait, se moquait d'elle et n'avait aucun respect pour sa vie. Le système de santé l'a laissée mourir alors qu'il devait lui fournir des soins. Il a traité cette femme comme si sa vie n'avait pas de valeur, ce qui fait que ses enfants ont perdu leur mère et que son conjoint est veuf. De plus, les autorités continuent de rester les bras croisés dans le dossier du génocide qui continue d'être perpétré contre les femmes et les filles autochtones. Nous assistons à une montée fulgurante du mouvement nationaliste blanc et à une hausse du nombre de suprémacistes blancs partout dans le monde, y compris au Canada. Cet amendement au projet de loi est essentiel.
Nous devons aller de l'avant en nous assurant que tous les Autochtones peuvent vivre dans la dignité et dans le respect des droits de la personne au Canada. Nous devons nous montrer à la hauteur du pays que nous sommes et qui dit valoriser et respecter les droits de la personne. Nos comportements et nos décisions doivent en témoigner. Ce n'est toujours pas le cas, puisque des Autochtones continuent de voir leurs droits bafoués et que, en dépit des beaux discours voulant que nous soyons tous égaux au Canada, il existe encore une division très marquée entre opprimés et oppresseurs. Le gouvernement canadien continue de perpétuer une relation de néocolonialisme violent encore aujourd'hui.
Il n'y a pas encore, deux ans plus tard, de plan d'action pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles autochtones et aux personnes 2ELGBTQQIA. Il y a 10 ordonnances de non-conformité pour mettre fin immédiatement à la discrimination raciale à l'égard des enfants des Premières Nations dans les réserves. Les gens n'ont pas un accès équitable aux soins de santé et à l'éducation. Le problème des moisissures attend toujours d'être réglé, tout comme celui des avis de faire bouillir l'eau dans les réserves que les libéraux avaient promis d'éliminer d'ici 2021.
Il y plus d'enfants pris en charge aujourd'hui qu'au plus fort du système des pensionnats. Nous avons le taux de sans-abris le plus élevé au pays en raison de la dépossession forcée de nos terres qui a laissé beaucoup d'entre nous sans abri sur nos propres terres.
Les violations des droits fonciers se poursuivent, ce qui privilégie les entreprises au détriment du respect des droits fondamentaux des peuples autochtones. Ce qui est notamment le cas à Kanesatake, au Site C, pour les projets TMX et Keystone XL, à Muskrat Falls, dans le territoire de la nation des Wet'suwet'en, à la mine de Mary River, sur l'île de Baffin et au 1492 Land Back Lane. La décision de la Cour suprême dans le conflit des pêcheurs micmacs n'est toujours pas respectée plus de deux décennies après qu'elle ait été rendue. À la Chambre, nous continuons d'observer un manquement à nos obligations juridiques constitutionnelles et internationales, et nous sommes tenus de les respecter en tant que députés. La liste est longue.
La violation des droits des Autochtones par le gouvernement libéral actuel ne se limite même pas au Canada; elle se perpétue à l'échelle mondiale. D'ailleurs, selon Justice and Corporate Accountability Project, un groupe de défense juridique basé à Toronto, « 28 sociétés minières canadiennes et leurs filiales ont été liées à 44 décès, 403 blessures et 709 cas de judiciarisation, y compris des arrestations, des détentions et des accusations en Amérique latine entre 2000 et 2015 ».
Un groupe de travail déclare ceci: « le soutien financier et politique que le gouvernement du Canada a fourni à ses sociétés minières a été renforcé par la transformation de fait de ses organismes de coopération en organismes de promotion des investissements miniers. »
Ce groupe de travail a signalé des violations des droits de la personne commises par le Canada à l'encontre de peuples autochtones dans le secteur de l'exploitation minière, notamment au Venezuela, au Chili, en Colombie, au Mexique et au Guatemala.
Nous regardons aux nouvelles et sur les médias sociaux les événements qui se déroulent en ce moment même dans le quartier de Sheikh Jarrah, et le Canada ferme les yeux sur ce nettoyage ethnique. Il ne respecte pas ses obligations juridiques internationales, et des enfants et des êtres chers continuent de mourir. C'est un autre exemple flagrant du Canada et des gens privilégiés qui choisissent quand faire respecter les droits de la personne, c'est-à-dire quand cela sert les intérêts économiques et ne menace pas le pouvoir et les privilèges. Les choses doivent changer.
Je le souligne parce que, bien que nous travaillions à faire adopter un projet de loi visant à affirmer l'application de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, comme c'est le cas dans d'autres cadres juridiques, notamment le droit autochtone, le droit international, la Constitution et les traités, nous échouons constamment à faire respecter les droits.
Nous devons nous efforcer de faire respecter les droits de la personne au Canada et dans le monde entier. Des vies en dépendent. Le temps des beaux discours est terminé. Nous savons que des droits sont violés en ce moment même. Des personnes ne peuvent pas exercer leur droit de vivre dans la dignité, et cela entraîne parfois leur mort.
Nous devons faire quelque chose. Des vies sont en jeu. Bien que le projet de loi ne soit pas parfait, c'est un début, et il faut passer à l'action. Ce n'est qu'après la prise de mesures que justice sera faite. Il n'y a pas de réconciliation sans justice.