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Monsieur le Président, je remercie mes collègues de me permettre de parler de l'étude menée par le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire intitulée « L'abordabilité de l'épicerie: un examen de l'augmentation du coût des aliments au Canada ».
Je partagerai mon temps de parole avec la députée de , qui a beaucoup travaillé sur cette question et notamment sur l'importance d'un code de conduite des épiceries, par exemple, pour renverser la baisse du pouvoir d'achat alimentaire des consommateurs canadiens.
Je pense qu'il est important de discuter de cette étude ici aujourd'hui en raison de certaines informations qui ont été publiées récemment concernant l'augmentation du prix des denrées alimentaires pour les Canadiens. Lorsque nous avons réalisé cette étude en juin, les consommateurs canadiens ont assez mal reçu les nouvelles sur l'augmentation des coûts et sur les questions et préoccupations croissantes concernant l'abordabilité et l'incapacité des Canadiens de nourrir leur famille. La situation s'est encore aggravée avec la publication du rapport sur le prix des denrées alimentaires au Canada, la semaine dernière. Ce rapport révèle que, en 2024, les familles canadiennes paieront 700 $ de plus pour l'épicerie que l'année précédente. Même le travail que nous avons effectué dans le cadre de cette étude au printemps dernier est aujourd'hui presque obsolète, car le prix des denrées alimentaires a continué d'augmenter. Nous constatons aujourd'hui que le prix des denrées alimentaires augmentera de nouveau l'année prochaine de 5 à 7 % selon le produit.
Dans le cadre de cette étude, nous attendions un rapport supplémentaire de l'Université Dalhousie et du spécialiste Sylvain Charlebois. Le résumé des résultats de son étude indique que l'Université Dalhousie et lui-même ont prévu que les pressions inflationnistes et les politiques non concurrentielles, comme la taxe sur le carbone, qui s'appliquent à la production, à la transformation et au transport des aliments feront grimper le coût des aliments vendus en gros de 34 % en moyenne pour toutes les catégories d'aliments d'ici 2025. Les consommateurs canadiens peuvent donc s'attendre à ce que le coût des aliments augmente de 34 % au cours des deux prochaines années, au moment même où quelque 2 millions de Canadiens dépendent d'une banque alimentaire chaque mois et où un Canadien sur cinq saute des repas parce qu'il n'a pas les moyens d'acheter de la nourriture.
Cependant, je pense que les statistiques que nous avons entendues dans le cadre de cette étude sont encore plus préoccupantes. Dans le cadre de cette étude, nous avons entendu les témoignages des représentants de la Daily Bread Food Bank et de Deuxième récolte. Ils ont déclaré que, d'après leurs données, en raison de la situation désastreuse, « les banques alimentaires et autres programmes relatifs à l’alimentation au Canada ont servi [5,1 millions] de personnes par mois l’année dernière ». Je sais que nous parlons de 2 millions de Canadiens qui dépendent d'une banque alimentaire chaque mois, mais si nous incluons d'autres programmes de lutte contre l'insécurité alimentaire, comme Deuxième récolte, le nombre de Canadiens qui ont recours à un programme de sécurité alimentaire ou à un organisme de bienfaisance comme une banque alimentaire chaque mois grimpe à plus de 5 millions. Or, selon les informations supplémentaires qui nous ont été fournies, les prix des aliments pourraient augmenter de 34 %.
Encore une fois, selon leurs témoignages, la Daily Bread Food Bank et Deuxième récolte s'attendent à ce que le nombre de Canadiens qui ont recours aux banques alimentaires et à d'autres organismes de bienfaisance alimentaires atteigne les 8,2 millions, ce qui représente une augmentation d'environ 60 %. Les députés peuvent-ils imaginer que, à cause de politiques inflationnistes comme la taxe sur le carbone, au Canada, où nous avons la capacité non seulement de nourrir nos propres résidants, mais aussi de contribuer à nourrir le monde, plus de 8 millions de Canadiens pourraient devoir compter régulièrement sur des banques alimentaires et des organismes de bienfaisance alimentaires pour nourrir leur famille? Je trouve inconcevable de voir ce genre de chiffres au Canada. J'espère que tous les députés estiment que ces chiffres sont absolument choquants.
En juin dernier, les conservateurs ont présenté un certain nombre de recommandations, et nous avons demandé au gouvernement d'y donner suite afin de tenter d'inverser certaines des tendances préoccupantes que nous observons. Je tiens à mentionner quelques-unes des recommandations que nous avons formulées et qui, à mon avis, sont très précises et contribueraient grandement à résoudre la crise que nous traversons.
La première recommandation se lisait comme suit: « Que le gouvernement du Canada élimine la taxe sur le carbone qui s’applique à tous les intrants et à la production alimentaires, y compris tous les carburants agricoles et autres aspects [...] du système d’approvisionnement alimentaire. » La deuxième recommandation était que le gouvernement du Canada réalise une étude complète sur les conséquences économiques de la taxe sur le carbone et du Règlement sur les combustibles propres — la deuxième taxe sur le carbone — ainsi que sur les effets de ces augmentations sur le coût de la production alimentaire, le prix des aliments et l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en nourriture. La troisième recommandation disait ceci: « Que le gouvernement du Canada abroge immédiatement sa politique sur l’étiquetage sur le devant des emballages. »
Il y a une seule chose qui nous a échappé, et je pense que nous l'aurions ajoutée comme quatrième recommandation si nous l'avions su à l'époque. Nous savons maintenant que le gouvernement libéral interdit les emballages en plastique, surtout pour les fruits et les légumes frais, ce qui ajoutera 8 milliards de dollars au coût des aliments. Je tiens à insister sur ce point auprès de tous les députés et de tous ceux qui nous regardent. Cette interdiction des plastiques n'est pas l'interdiction des plastiques à usage unique que le gouvernement a été forcé d'annuler à la suite de la décision de la cour parce qu'elle est inconstitutionnelle. Il s'agit d'une autre interdiction des plastiques.
Je veux que les Canadiens comprennent. En raison de l'interdiction des plastiques pour les fruits et légumes frais, les Canadiens ne pourront plus acheter les produits essentiels dont ils ont besoin au quotidien, comme les salades préemballées, les concombres et les bananes. Bon nombre de ces produits sont importés au Canada. Nous ne cultivons pas de bananes sous notre climat. Nous n'y sommes pas encore tout à fait parvenus en utilisant des serres. Les entreprises à l'extérieur du Canada ne vont pas perturber leurs systèmes pour se conformer à ces règles sur les emballages de plastique, des règles incompréhensibles qu'elles ne voudront et ne pourront pas appliquer. À l'épicerie, les Canadiens vont trouver des tablettes vides parce que nous ne pourrons plus importer ces produits.
La deuxième préoccupation qui découle des exigences relatives à l'étiquetage sur le devant des emballages et de cette interdiction des plastiques, lesquelles vont coûter 14 milliards de dollars supplémentaires à l'industrie alimentaire, c'est que les Canadiens vont voir le prix des aliments monter en flèche. Nous avons vu les statistiques de Sylvain Charlebois, selon lesquelles la taxe sur le carbone et d'autres politiques ont fait augmenter de 34 % le prix des aliments. Or, on veut maintenant ajouter à cela d'autres couches de bureaucratie. C'est insensé. Ce n'est fondé sur aucune donnée scientifique. L'industrie des fruits et légumes frais ne peut pas respecter la date butoir qui lui est imposée.
En même temps, les sénateurs fidèles au Parti libéral ont fait tout en leur pouvoir pour torpiller le projet de loi , qui ferait économiser aux agriculteurs canadiens 1 milliard de dollars de taxe sur le carbone d'ici 2030. Nous avons entendu le à la période des questions d'aujourd'hui remettre essentiellement en question les factures de taxe sur le carbone que les agriculteurs nous transmettent chaque jour. Il croit qu'ils ne disent pas toute la vérité concernant le montant de taxe sur le carbone qu'ils paient; il pense que les chiffres sont gonflés. Il devrait consulter toutes les exploitations agricoles du Canada. Chaque mois, elles dépensent des dizaines de milliers de dollars en taxes sur le carbone pour le chauffage et le refroidissement de leurs bâtiments, le séchage de leur grain et les autres activités d'une exploitation agricole familiale. Ce sont les conséquences réelles des politiques du gouvernement en matière de taxe sur le carbone, et cela nuit à la capacité des Canadiens ordinaires de nourrir leur famille.
Il me semblait très important d'avoir l'occasion de nous pencher sur l'étude que nous avons présentée en juin dernier et d'essayer de mettre à jour certains chiffres de l'étude dans la foulée de la publication de données plus récentes. Le prix des aliments n'augmente pas seulement de 5 à 7 %. Comme l'indiquent les données et les études qui ont été effectuées, la taxe sur le carbone des libéraux et d'autres politiques punitives, telles que l'étiquetage sur le devant des emballages et l'interdiction de certains plastiques dans le cadre du P2, soit l'Avis de planification de la prévention de la pollution, font que les Canadiens auront de plus en plus de difficulté à se nourrir et qu'ils seront des millions de plus à faire appel aux banques alimentaires et aux organismes de bienfaisance.
Après huit ans sous la gouverne du , il n'en vaut tout simplement pas le coût.
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Monsieur le Président, je suis ici aujourd'hui pour parler de l'abordabilité des produits d'épicerie et de l'augmentation du coût des aliments au Canada. Le comité de l'agriculture a présenté ce rapport en juin, après une étude assez longue.
C'est un sujet qui me tient à cœur depuis de nombreuses années. Je viens d'une famille de producteurs de fruits et légumes. Ma famille a toujours été fière d'avoir une ferme familiale et une entreprise de fruits et légumes qui contribue à nourrir les Canadiens. C'est notre gagne-pain. Tous les producteurs agricoles du pays veulent pouvoir vendre des produits abordables aux Canadiens afin que les familles canadiennes aient les moyens d'acheter des aliments sains et nutritifs à un prix raisonnable.
Malheureusement, à l'heure actuelle, ce n'est pas ce qui se passe. Les familles sont en difficulté. C'est ce que j'entends tous les jours. Elles ont du mal à se payer les produits de première nécessité, à chauffer leur maison, à payer leur hypothèque et à se nourrir.
Récemment, j'ai parlé à un homme de ma région qui dirige l'une des banques alimentaires. Je lui ai demandé comment allaient les choses et s'il avait remarqué une augmentation de la demande de nourriture. Il m'a répondu qu'il était tellement occupé qu'il n'avait même pas eu le temps de s'asseoir pour regarder les chiffres. La nourriture continue d'arriver, et les gens se présentent à la porte pour en obtenir. Les gens lui disent qu'ils ont juste besoin de nourriture pour un mois ou une semaine, et qu'ils s'en sortiront dans quelques semaines, qu'ils n'ont besoin que d'un peu de nourriture pour le moment. Il dit aux gens qu'ils peuvent avoir recours à la banque alimentaire aussi longtemps qu'ils en ont besoin. Il ne veut pas qu'ils s'endettent sur leurs cartes de crédit pour manger. Ils peuvent utiliser la banque alimentaire aussi longtemps qu'ils en ont besoin et payer leurs factures. La banque alimentaire sera là pour les soutenir et s'assurer qu'ils peuvent nourrir leur famille et leurs enfants.
Cela m'a vraiment frappée. Jamais dans ma vie je n'ai imaginé que je verrais au Canada des gens qui ont tellement de problèmes qu'ils n'ont plus les moyens de nourrir leur famille, surtout qu'on sait que les produits au Canada sont parmi les meilleurs au monde et que les Canadiens ont accès à plus de produits frais que jamais.
Ce qui fait qu'il en coûte plus cher aux agriculteurs pour produire leurs aliments, c'est notamment la taxe sur le carbone. Il en a été question dans le rapport. Je regarde toutes les étapes qui sont franchies tout au long du processus à ma ferme, d'après mon expérience, et lorsque le coût du carburant augmente, cela a une incidence sur les coûts d'exploitation. Il ne s'agit pas seulement du carburant que nous utilisons pour transporter les marchandises du champ à l'entrepôt, de l'entrepôt à l'établissement d'emballage, puis de l'établissement d'emballage aux centres de distribution alimentaire, mais de toute la chaîne d'approvisionnement.
L'emballage est un domaine où j'ai remarqué une augmentation au fil des ans, surtout pendant la COVID. Les gens essayaient de se procurer des emballages pour vendre leurs produits aux consommateurs, qui mangeaient davantage chez eux que dans les restaurants, et lorsque les habitudes d'achat des consommateurs ont changé, les épiceries et les producteurs ont dû faire face à une forte demande et ils ont dû continuer à acheminer les produits dans les épiceries. Le coût des emballages a augmenté en partie en raison de l'augmentation du coût liée à la taxe sur le carbone pour se procurer les emballages et pour toutes les étapes nécessaires à la fabrication de ces emballages, mais aussi en raison de la demande liée aux emballages.
Je mentionne le coût des emballages parce que, récemment, le gouvernement a proposé une nouvelle interdiction des plastiques. Je ne parle pas de la première interdiction, qui a été invalidée par la Cour suprême, mais de la deuxième interdiction des emballages en plastique. L'une des recommandations du rapport propose que le gouvernement s'assure « que ses exigences en matière de réduction des plastiques sont réalisables, en prolonge[ant] le délai de mise en œuvre de l'interdiction des plastiques à usage unique et en collaborant étroitement avec les fournisseurs de produits alimentaires pour veiller à ce que des produits de remplacement commercialement viables, en particulier pour les emballages qui visent à étendre la durée de conservation des aliments et limiter le gaspillage alimentaire, soient disponibles en quantités nécessaires ».
Je voudrais prendre un moment pour informer ceux qui suivent le débat à la maison en ce moment. L'interdiction des plastiques proposée pour l'industrie des fruits et légumes est nouvelle. Il ne s'agit pas de l'interdiction des plastiques à usage unique. Ce que les consommateurs doivent savoir, c'est que les deux tiers des fruits et légumes frais que nous consommons au pays sont importés. Bien qu'il y ait à Leamington une grande région où l'on cultive beaucoup de légumes en serre et que la production de légumes en serre augmente chaque année, nous dépendons toujours de l'importation, car la plupart de ce que nous mangeons vient de l'étranger.
Le commun des mortels ne se rend pas compte qu'avant d'arriver sur les étagères de leur épicerie, certains aliments ont été transportés par bateau depuis l'autre bout du monde. Que ces aliments proviennent d'Amérique du Sud, d'Afrique du Sud ou d'autres parties de l'Afrique — et beaucoup viennent d'Amérique du Sud —, ils sont stockés dans des conteneurs réfrigérés sur des navires qui traversent l'océan pour arriver au Canada. Ils doivent ensuite être déchargés dans un port, puis chargés dans un camion. Ces camions viennent des États‑Unis. Ils passent parfois par Montréal ou par la Colombie‑Britannique. Quoi qu'il en soit, ils viennent la plupart du temps des États‑Unis. Une grande partie des produits arrivent à Toronto, à l'Ontario Food Terminal.
Pour que les fruits et légumes restent frais tout au long de leur parcours jusqu'aux étalages d'une épicerie, qui peut durer des semaines, ils doivent être conditionnés dans des emballages résistants qui préserveront leur qualité.
Les fruits et légumes sont essentiellement constitués d'eau. C'est une réalité. Je ne connais pas le pourcentage exact, mais il est d'environ 90 %. Lorsqu'on transporte de l'eau sous la forme de fruits et de légumes, il faut le faire dans un emballage durable qui préservera leur fraîcheur et leur qualité jusqu'à leur arrivée sur les étalages des épiceries.
Le produit le plus consommé dans le monde est la banane, et il faut l’expédier dans du plastique pour l’empêcher de mûrir en cours de route afin que nous puissions la faire mûrir une fois qu’elle arrive au pays. Si cette nouvelle interdiction des plastiques est adoptée, il n’y aura plus de bananes sur les tablettes. En fait, aux États-Unis, des gens ont dit, et certains fournisseurs ont aussi dit, que si l’interdiction des plastiques sur les fruits et légumes est appliquée au Canada, nous ne verrons plus sur les tablettes des produits comme les salades ensachées et tous les produits préparés à l’avance, comme les légumes et les fruits précoupés.
Il n’y aura pas de petits fruits dans les coquilles en plastique. Les raisins arrivent en sacs. Certaines pommes de terre arrivent dans des sacs de plastique, et il y a une raison pour cela, et c’est pour les garder fraîches chez nous pour que nous ayons le temps de les consommer avant qu’elles ne soient plus consommables. Si cette interdiction était adoptée, il y aurait d’énormes quantités de déchets alimentaires, ce qui augmenterait les émissions de gaz à effet de serre. Il y aurait jusqu’à 50 % de déchets alimentaires, et les émissions de gaz à effet de serre provenant de ces déchets doubleraient.
Cela aurait également des répercussions catastrophiques sur la sécurité alimentaire au Canada. Nous ne parlons pas seulement de l’abordabilité pour les Canadiens, mais bien de sécurité alimentaire, en raison des propres politiques du gouvernement néo-démocrate et libéral, qui sont à l’origine de ce scénario.
Je veux aussi parler de la taxe sur le carbone. Des gens de ma circonscription m’ont écrit récemment pour me parler de ces augmentations de leurs coûts de production qu’ils ne peuvent pas récupérer. Un céréaliculteur m’a dit que sa facture de gaz pour le séchage du maïs était de 39 000 $ le mois dernier. C’était seulement pour un mois. La taxe sur le carbone sur ce montant représentait 10 000 $ pour un mois, et cet agriculteur ne pourra jamais récupérer ces 10 000 $. Il ne pourra pas réinvestir cet argent dans son entreprise pour innover et s’assurer de faire ce qu’il peut pour aider l’environnement.
Un éleveur de poulets de ma circonscription m’a montré ses factures de gaz pour toute l’année. Il paie 15 000 $ en taxe sur le carbone cette année simplement pour chauffer un bâtiment d'élevage.
Les propres politiques du gouvernement, qu’il s’agisse de la nouvelle interdiction des plastiques ou de la taxe sur le carbone, créent des aliments inabordables pour les Canadiens, et le gouvernement doit en faire davantage pour s’assurer que les Canadiens peuvent se permettre de se nourrir en modifiant ses politiques et en éliminant la taxe sur le carbone. Les Canadiens savent que les conservateurs aboliraient la taxe sur le carbone. Nous rendrions le coût de la vie plus abordable pour les Canadiens parce que, après huit ans, nous constatons que ce n'en vaut vraiment pas le coût.
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Monsieur le Président, l’autre jour, je n’arrivais pas à croire combien de fois les conservateurs ont invoqué le Règlement. Je pense qu’ils ont presque doublé la durée de mon intervention à cause de toutes ces interruptions. Pourquoi ont-ils agi de la sorte? C’est parce que je disais aux gens qui suivaient les débats comment les conservateurs votaient; ils se sont offusqués que je dise qu’ils n’appuient pas l’Ukraine et qu’ils votent constamment contre nos mesures de soutien. Les uns après les autres, ils se sont levés pour dire que je ne pouvais pas révéler aux Canadiens comment ils avaient voté.
Le fait est que, aussi sensibles que puissent être les députés conservateurs à la Chambre, leur envoie des messages très trompeurs. Je vais utiliser l’exemple précis qui a déjà été soulevé par un certain nombre de députés aujourd’hui. Les conservateurs parlent de la tarification de la pollution. Peu importe le nombre de fois que j’ai dû me répéter, ils ignorent les faits et la réalité. Je vais énoncer les faits, ce qu’ils ne peuvent pas nier.
Je vais à l’Université de Winnipeg et je m’assois dans des salles de classe pour des cours d’introduction ou des programmes de deuxième année, ainsi que dans des écoles secondaires dans le Nord de Winnipeg, et je discute avec les étudiants. Je ne sais pas s’il y a un député conservateur qui aurait le courage de s’asseoir à côté de moi et de participer à cette discussion, mais j'exposerai les faits et je verrai ce que le député a à dire.
Voici un fait: la tarification de la pollution prévoit également un remboursement, et au moins 80 % des Canadiens reçoivent un remboursement supérieur à ce qu’ils paient. Soit les conservateurs ne le comprennent pas, soit ils induisent les Canadiens en erreur. Lorsque le parcourt le pays et dit qu’il va éliminer la tarification de la pollution, ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il va aussi éliminer le remboursement. Cela nuirait aux Canadiens de la classe moyenne et à ceux qui aspirent à en faire partie, c'est-à-dire ceux qui en ont le plus besoin. Il leur enlèverait cet argent. Voilà la réalité.
Toutefois, cela n’empêche pas le de faire le tour du pays et de dire aux gens que s’il élimine la tarification de la pollution, la vie sera plus abordable pour les Canadiens. Ce n’est tout simplement pas vrai. Comme Donald Trump, il dit des choses qui ne sont pas vraies. C’est cet élément de droite très réel du mouvement MAGA que le Parti conservateur du Canada courtise avec autant d'ardeur; il est prêt à sacrifier une politique publique judicieuse pour s’emparer de cette base d’appuis.
Au bout du compte, c'est malheureux, parce que les gens sont inquiets au sujet de l'environnement, contrairement aux conservateurs qui, pour la plupart d'entre eux, continuent de nier que les problèmes liés au climat sont réels. Ils ne croient pas aux changements climatiques, du moins pas officiellement et pas dans les politiques qu'ils proposent. Ils disent qu'ils veulent rendre la vie plus abordable en éliminant la tarification de la pollution. Je leur rappellerais ce que le gouverneur de la Banque du Canada a dit. Nous savons tous qui est le gouverneur; c'est la personne qui dirige la Banque du Canada et que le voulait congédier. Il y a ensuite eu une question sur laquelle il était d'accord avec le gouverneur de la Banque du Canada, alors il a mis un peu d'eau dans son vin.
Le député d' a été sommé d'arrêter d'indiquer au ce qu'il devait dire, quelque chose comme cela. On pourrait parler de rétrogradation, mais je ne m'aventurerai pas sur ce terrain-là. Cela relève de la politique interne du Parti conservateur.
Cependant, je peux dire aux députés que le Parti conservateur du Canada semble maintenant voir la Banque du Canada d'un œil légèrement moins réprobateur.
Un député conservateur veut nous faire croire qu'il y aurait une augmentation de plus de 30 %...
M. Marilyn Gladu: De 34 %.
M. Kevin Lamoureux: Monsieur le Président, de 34 %, comme vient de le préciser la députée d'en face.
Cependant, comme les conservateurs veulent donner ces bribes de fausses informations, que dit le gouverneur de la Banque du Canada? Nous parlons d'une décimale, soit 0,15 % de 1 %. À mon avis, cela fait du Parti conservateur une vraie farce. Il est totalement absurde pour le Parti conservateur d'essayer de dire aux Canadiens que l'élimination de la tarification de la pollution rendra le coût de la vie plus abordable. Il se peut que la droite MAGA le croie, et elle en parlera longuement pendant les vacances de Noël, jusqu'à ce que nous revenions. Les conservateurs vont continuer à faire croire que c'est la tarification de la pollution qui fait grimper l'inflation, alors que rien n'est plus faux. On pourrait penser que cela changera leur comportement, mais il ne faut pas compter là-dessus. Les conservateurs ne changeront pas, car ils se soucient davantage de cette simple phrase afin de pouvoir l'apposer sur un autocollant de pare-chocs. C'est regrettable, car il s'agit d'une bonne politique publique et nous pouvons penser aux conséquences qui en découlent.
Si les conservateurs veulent parler d'abordabilité, nous pouvons penser à tout ce qui a un impact sur le prix de l'épicerie. Un des facteurs majeurs est la situation dans le monde; par exemple, la guerre en Europe. La Russie a envahi l'Ukraine. Au début, tous les députés étaient unis et reconnaissaient qu'il fallait soutenir l'Ukraine. La majeure partie de la planète reconnaissait l'importance de la solidarité envers l'Ukraine. Or, au cours des dernières semaines, les conservateurs à la MAGA ont décidé qu'ils n'appuient pas l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine. Je laisse les députés réfléchir à cela un instant.
Nous avons conclu un très grand nombre d'accords commerciaux, 35 ou 40. Nul premier ministre ni nul gouvernement au Canada n'a signé plus d'accords commerciaux que le actuel, et il était bien que le Parti conservateur appuie chacun d'eux. Même lorsqu'ils formaient le gouvernement, les conservateurs ont conclu des accords commerciaux. Pourquoi? Parce qu'ils avaient compris que c'est dans l'intérêt du Canada. Ces accords procurent des débouchés supplémentaires, favorisent la concurrence et, par conséquent, font baisser les prix. La toute première fois où j'ai vu le Parti conservateur voter contre un accord commercial, c'était contre l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine. Je ne comprends pas comment ils peuvent justifier cette position. Cela ne rendra pas la vie plus abordable au Canada. Donc, quand les députés d'en face parlent d'abordabilité, comment justifient-ils leur comportement digne du mouvement MAGA à l'égard de l'accord commercial Ukraine-Canada?
Les conservateurs tentent encore de propager toutes sortes d'information. Ils prétendent appuyer l'Ukraine. Des députés prononcent une déclaration de député pour dire à quel point ils soutiennent l'Ukraine. S'ils soutenaient réellement l'Ukraine, ils appuieraient des prix plus abordables à l'épicerie, surtout à long terme. Pourquoi ont-ils voté contre l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine? Ils ont voté contre non pas une fois, non pas deux fois, mais à au moins trois occasions distinctes pendant la ventilation ligne par ligne des dépenses du gouvernement.
À trois reprises, les conservateurs ont intentionnellement voté contre ce financement, et ils disent pourtant appuyer l'Ukraine. Les gestes sont plus éloquents que les paroles. J'invite mes collègues conservateurs d'en face à réfléchir à leur volte-face dans le dossier de la tarification de la pollution. Ils disent que la tarification de la pollution rendra le coût de la vie moins abordable. Nous savons que ce n'est pas vrai, mais c'est ce qu'ils affirment. Ce n'est pas ce qu'ils disaient lors des dernières élections fédérales. Aux dernières élections, ils étaient en faveur de la tarification de la pollution, mais ils ont fait volte-face, et maintenant, ils n'y sont plus favorables. L'effet est minime. Cette tarification ne représente qu'une infime partie de l'inflation qui touche l'alimentation.
J'aimerais qu'ils fassent ce que j'appellerais une volte-face honorable, qui consisterait à reconnaître que le mouvement MAGA a tort, à soutenir l'Ukraine et à appuyer le gouvernement, les libéraux et les néo-démocrates. Les néo-démocrates votent rarement en faveur des accords commerciaux, mais même eux voient des avantages à cet accord commercial. Il en va de même pour le Bloc québécois et le Parti vert. Le Parti conservateur est le seul à s'y opposer. Il est le seul à avoir voté contre lorsqu'on s'est penché sur les divers postes de dépenses. Cela a une plus grande incidence sur le prix des aliments à long terme que la tarification de la pollution.
J'invite les conservateurs, lorsqu'ils iront parler à leurs concitoyens au cours des prochaines semaines, à réfléchir à la façon dont ils se comportent à la Chambre. Ils devraient examiner les avantages des mesures législatives et budgétaires que le gouvernement a prises pour rendre la vie plus abordable et commencer à voter en faveur de certaines d'entre elles, comme le régime de soins dentaires que nous venons d’annoncer et qui aidera littéralement des millions de Canadiens; le remboursement pour l’épicerie que le gouvernement a accordé et qui a aidé entre 9 et 11 millions de Canadiens; et le programme de garderies à 10 $ par jour que nous avons créé, un programme véritablement national. Soit dit en passant, c'est un programme qu'ils ont traité de caisse noire pendant les dernières élections fédérales.
Voilà le genre de gestes qui, si le Parti conservateur laissait tomber la droite trumpiste, nous permettraient d'avoir de meilleures politiques publiques qui seraient dans l'intérêt des Canadiens et qui feraient baisser le coût de la vie. Le gouvernement continuera, jour après jour, de trouver des moyens de rendre le coût de la vie aussi abordable que possible grâce à une bonne politique gouvernementale. Nous nous attendons à ce que l'opposition, en particulier le Parti conservateur, reconnaisse ces faits. Il n'y a rien de mal à appuyer les initiatives que le gouvernement propose pour donner aux Canadiens le répit qu'ils veulent.
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Monsieur le Président, comme j'en ai l'habitude, je vais recentrer le débat sur le sujet qu'on nous demande de traiter, à savoir un rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Par contre, cela ne veut pas dire que je n'adhère pas aux commentaires qui ont été formulés, selon lesquels le Parti conservateur procède à de l'obstruction systématique et permanente tout en prétendant travailler pour le bien commun. C'est assez ironique. De l'autre côté, on a un gouvernement qui prononce de belles phrases, qui fait de belles opérations médiatiques, mais qui obtient peu de résultats. C'est assez ironique aussi. Il y a aussi le valet NPD, qui vote toujours avec le gouvernement, peu importe ce qui est proposé. Cela brosse le portrait de la situation.
Cependant, pour notre part, nous sommes ici pour parler de contenu, alors c'est ce que je vais faire.
Nous avons fait une étude sur le prix des aliments dans les chaînes d'épicerie. Cela me permet de faire une précision à l'intention du secrétaire parlementaire relativement à la question que je lui ai posée tantôt. Je lui ai dit que l'opération de son n'avait donné absolument rien sauf une belle opération médiatique pour tenter de remonter dans les sondages, ce qui a aussi été un échec. Cette étude, nous l'avions déjà faite. Les PDG des grandes épiceries, nous les avions déjà reçus en comité, et nous avions déjà goûté à leur insouciance. Nous avions déjà constaté qu'ils semblaient prêter peu d'importance à ce qu'on leur demandait.
Je l'ai déjà mentionné à la Chambre et je vais le mentionner de nouveau. Quand nous avons reçu ces cinq PDG d'épiceries, ils ne voulaient pas chiffrer leurs profits, qui sont astronomiques et qui ont augmenté par rapport aux années antérieures, malgré tout ce qu'ils peuvent nous dire. Ils nous disaient ne pas pouvoir nous donner ces chiffres en raison de la concurrence. Je leur ai demandé s'ils allaient les donner au Bureau de la concurrence, qui allait les garder confidentiels. Il y a une étude sérieuse à faire. Les cinq m'ont promis qu'ils le feraient.
Quand j'ai reçu le rapport du Bureau de la concurrence, j'ai vu que, dans les premières pages du rapport, on déplorait le fait qu'ils n'avaient pas fourni les chiffres. C'est de la belle honnêteté et de la belle transparence. Je les félicite tous.
Je suis en train de les recevoir de nouveau en comité parce que le bon nous a demandé de le refaire pour que nous participions à sa mise en scène, à sa pièce de théâtre pour faire croire aux gens que nous travaillons sur le prix de l'épicerie et que cela va avoir des effets. Il m'en manque deux, mais ces gens m'ont tous dit chacun leur tour qu'ils les avaient donnés. Nous allons probablement finir cette étude avec cinq PDG qui m'avaient promis de donner les chiffres, un Bureau de la concurrence qui me dit qu'il ne les a pas eus, et les cinq mêmes PDG qui vont me dire qu'ils les ont données. C'est cela, le pouvoir du gouvernement sur les prix en épicerie.
Le problème est plus profond que cela. Ce sont des entreprises privées. Le problème est lié à la concurrence. La situation actuelle vient d'une situation d'oligopole où cinq compagnies contrôlent 80 % du marché. Elles prétendent qu'elles ne se parlent pas, ce dont on peut douter. Or, puisqu'on ne peut pas accuser sans preuve, on est obligé de les croire. Cela dit, elles doivent se regarder parce qu'après la COVID‑19, elles ont toutes, dans la même journée, éliminé les primes versées à leurs employés. Si elles ne se parlent pas, elles se regardent faire. Quand on regarde la fixation des prix, on voit que cela se ressemble pas mal. Alors, c'est cela, le problème.
Cette situation d'oligopole existe aussi dans l'industrie pétrolière. Nos amis conservateurs dénoncent la taxe sur le carbone. Je comprends que cela a des répercussions sur la partie canadienne. Toutefois, au-delà de cela, ce sont les profits exorbitants de ces entreprises qui sont en hausse. C'est drôle, car je n'entends aucun député conservateur dénoncer cela. J'entends mes collègues du NPD dénoncer les profits des grands épiciers. Je le comprends et je ne suis pas en désaccord. Ils sont effectivement énormes. Pourquoi n'entend-on pas les conservateurs parler des profits? Quand on parle du prix de l'essence, quand on parle des gens dans les régions qui ont besoin de mettre plus d'essence, pourquoi les conservateurs n'en parlent-ils pas? J'aimerais que les conservateurs m'en parlent.
Tantôt, nous avons posé deux fois plutôt qu'une la question à ma très estimée collègue du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Deux fois plutôt qu'une, nous n'avons pas eu de réponse. Je vois des collègues que je connais bien. S'il y en a parmi eux qui ont envie de répondre à ma question, je les invite à le faire. Cela me ferait bien plaisir.
Ce qu'il faut, c'est de la transparence, du contrôle et de la concurrence. Nous avons demandé qu'on nous donne les informations sur la fixation des prix. Nous avons demandé qu'on donne plus de latitude entre autres aux communautés autochtones dans le Nord, où le coût de l'alimentation est épouvantablement plus élevé qu'ailleurs. On pourrait prendre des mesures pour éviter le gaspillage alimentaire. On pourrait notamment revoir les dates de péremption. Quand j'ai visité une usine de fabrication de yogourt et que j'ai dit au directeur de la production que, si la date de péremption était le 3 novembre, je jetais mon yogourt le 4 novembre, il a en quelque sorte un peu ri de moi. Il y a quelque chose de pas scientifique là-dedans; c'est une protection légale que les entreprises se donnent. On pourrait certainement se donner du lousse.
Ce qu'il faut aussi, c'est trouver une façon de redistribuer les surplus alimentaires. Il y a des producteurs agricoles qui m'ont écrit pour me dire que, quand leur machinerie est passée dans leur champ pour le maraîcher, il reste une certaine quantité. Il y a de belles opérations qui se font, comme le projet Maski Récolte dans ma circonscription, Berthier—Maskinongé. Des bénévoles vont dans les champs et récoltent les surplus. Cependant, ce n'est pas répandu sur l'ensemble du territoire. Pourquoi ne pourrait-on pas, comme État, compenser le coût pour les agriculteurs d'aller chercher ces aliments dans le champ s'ils les remettent aux banques alimentaires? Il me semble que cela pourrait être intéressant. Pourquoi les producteurs auraient-ils à payer pour partager ces surplus alors qu'ils travaillent déjà tout le temps, qu'on ne les soutient déjà pas, sinon peu, et qu'on les ignore?
Mon collègue d' était aujourd'hui accompagné de producteurs de sa région qui sont venus rencontrer le pour lui expliquer la réalité de la région, le manque de soutien et le manque de programmes pour les producteurs agricoles. On ne soutient pas notre monde agricole, on le laisse subir des conditions épouvantables et on se demande ensuite pourquoi le coût des aliments a augmenté. Or, il y a une logique là-dedans. Peut-on s'occuper de notre monde et être intelligent?
Nous avons parlé des plastiques. Nous sommes en faveur de la protection de l'environnement et pour le retrait des plastiques, mais il faut le faire intelligemment. C'est comme quand on décide de retirer un pesticide. Il faut d'abord savoir ce que l'industrie a préparé pour le remplacer et savoir quels seront les impacts. La solution sera-t-elle pire que le pesticide qu'on enlève? Les gouvernements, surtout quand un nom de pesticide devient plus populaire qu'un autre, ont parfois tendance à amener des mesures populistes. Ces mêmes gouvernements accusent d'autres formations politiques d'être populistes. Rassurons-nous, je ne suis pas en train de dire qu'ils ont tort quand ils accusent d'autres formations politiques d'être populistes. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas tomber là-dedans. Soyons intelligents.
Sait-on ce qu'on recommandait dans ce rapport? On recommandait au gouvernement de rembourser les agriculteurs qui avaient payé les 35 % de taxes sur les engrais russes. Ce n'est jamais arrivé et cela n'arrivera jamais, car ils ne sont pas capables de le faire. Ils ne savent pas qui a payé quoi. C'est trop compliqué. Ils laissent donc la taxe là. Le Canada est le seul pays du G7 à faire cela. Tout le monde veut aider l'Ukraine, mais peut-on être intelligent? Les Russes rient de nous, et cela n'a aucun effet. Nos producteurs paient la taxe et on est incapable de leur redonner leur argent. On leur a alors dit de ne pas s'en faire, qu'on va créer un beau programme d'investissement pour l'action climatique à la ferme et qu'on va mettre cela là-dedans. Les producteurs sont censés être contents de se payer un programme. Cela n'a pas de bon sens. Ensuite, on dit que l'alimentation coûte cher. J'ai des mots non parlementaires qui me viennent à l'esprit et que je dois, avec beaucoup de violence, retenir.
Qui plus est, et c'est ce que je veux dénoncer le plus haut et fort, on a parlé de liquidités dans ce programme. On parle souvent de l'agriculture, mais il ne faut pas oublier l'agroalimentaire, toute la transformation. Il y a beaucoup de mécanisation, beaucoup d'industries et un manque de main-d'œuvre chronique. Le gouvernement n'aide pas beaucoup, sinon pas du tout. C'est extrêmement complexe. Dans ce rapport, on demandait de faire en sorte qu'il soit plus facile pour les petites entreprises d'avoir accès à des liquidités pour rester vivantes. Tout ce qu'on fait actuellement, comme gouvernement, c'est leur prêter parfois de l'argent, mais il n'y a pas de soutien direct. Il y a un soutien pourtant très simple qu'on aurait pu offrir. J'aimerais d'ailleurs entendre mes collègues conservateurs parler plus souvent du report de remboursement du prêt du compte d'urgence pour les entreprises.
Cela fait longtemps que je n'ai pas entendu mes amis parler de cela. Il me semble que c'est quelque chose de logique, de concret. Selon l'ensemble de leurs discours, cela devrait cadrer dans le portrait. Pourquoi ne nous soutiennent-ils pas pour faire pression sur le gouvernement pour demander un an de plus, particulièrement pour le secteur agricole?
Je suis certain que c'est leur cas aussi, mais beaucoup de petits producteurs sont venus me voir pour me dire qu'ils n'étaient pas capables de rembourser le prêt et qu'ils avaient besoin de répit. À cela, le gouvernement répond qu'il va donner 18 jours supplémentaires, après quoi il faut emprunter au taux d'intérêt actuel de 7, 8 ou 9 % pour le rembourser sinon, le gouvernement, si généreux, va révoquer la subvention de 20 000 $ et financer cela à 5 %. C'est toute une générosité.
J'ai peut-être l'air un peu excédé, mais il me semble que je répète tout le temps les mêmes affaires. Un employé de la whip m'a dit qu'il fallait que je vienne à la Chambre parce qu'on parlait d'un rapport agricole. J'ai pris connaissance des recommandations et on dirait que c'est le même rapport dont on a parlé la semaine passée.
Au Comité permanent de l'agriculture de l'agroalimentaire, nous travaillons très fort et sérieusement. Nous faisons vraiment des recommandations qui ont de l'allure. Là, six mois ou un an plus tard, nous nous rendons compte que ce n'est pas fait. Puis, survient une autre situation, et la recommandation s'applique toujours, alors nous la répétons. Il y a plein de recommandations là-dedans que nous faisons depuis quatre ans. Cela fait quatre ans que je suis ici et quatre ans que nous faisons ces recommandations. Peut-on les concrétiser? Peut-on bouger?
On parle de liquidité dans les petites entreprises. Le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes pour les petites entreprises, c'est inacceptable. C'est révoltant. C'est choquant. C'est un scandale que les gens du gouvernement acceptent de voir nos petites entreprises, nos PME, y compris les entreprises en restauration, vont étouffer et faire faillite. Parce que le gouvernement est assoiffé de récupérer 40 000 $, il va en récupérer zéro, parce que ce sera des faillites. Bravo, c'est un beau succès.
Cela fait quatre ans qu'on dit dans les recommandations qu'il faut mettre un fonds d'investissement pour augmenter les infrastructures et moderniser les transformations agroalimentaires. Ce qu'on a constaté, quand on a regardé la chaîne d'approvisionnement, c'est qu'il y a un sous-investissement dans la technologie et dans les infrastructures pour les entreprises au Canada et au Québec. Quand on refuse d'investir à répétition, à un moment donné, au bout de 25 ans, il devient beaucoup plus payant de fermer les portes de l'entreprise et d'en ouvrir une nouvelle. Où sera située la nouvelle? Maple Leaf est un très bon exemple. Cette entreprise est allée aux États‑Unis. Va-t-on attendre cela?
Peut-on faire quelque chose de constructif? Ce n'est pas obligé de coûter cher à l'État, mais il faut faciliter l'investissement pour l'entreprise.
On a parlé de donner plus de pouvoir au Bureau de la concurrence pour qu'il puisse obtenir de force les chiffres que les épiciers n'ont pas voulu donner, par exemple. Quand il analyse des fusions, il doit arrêter d'approuver n'importe quoi. Actuellement, on dit qu'on accepte 30 à 35 % de concentration dans un marché pour une entreprise. Cela veut dire que trois entreprises peuvent tout contrôler. C'est un oligopole, encore. Dans le secteur des épiceries, il y a eu une série de fusions et d'acquisitions depuis les années 1980. C'est arrivé en rafale. C'est drôle, il n'y a personne, pas un seul dirigeant politique, qui a eu la vision de dire que ce marché serait trop concentré et que les entreprises pourraient contrôler les prix. C'est aujourd'hui qu'on s'en rend compte, quand cinq entreprises contrôlent 80 % du marché. Ensuite, on les convoque et on leur dit qu'ils doivent annoncer des rabais dans leurs circulaires. Puis, on pense qu'on va faire avaler cela au grand public. J'espère que les gens ne sont pas dupes au point d'accepter cela.
Il faut aussi regarder pourquoi il n'y a que cinq entreprises. Quelles sont les barrières? Il y a des pratiques anticoncurrentielles; par exemple, une épicerie qui a un local dans un centre commercial et qui exige qu'il n'y ait pas d'autres épiceries dans son centre commercial. Il faut que cela devienne illégal. Des fois, les épiceries déménagent, mais l'ancien propriétaire est encore pris pendant cinq ans à ne pas pouvoir mettre une autre épicerie là. Après, on s'étonne qu'il manque de concurrence.
C'est comme la main-d'œuvre. Depuis combien de temps sait-on cela? On se cogne le nez sur le mur, on dit qu'il manque de main-d'œuvre et en panique on se demande quoi faire. En fait, avec le gouvernement libéral, ce n'est même pas cela. Il constate qu'il manque de main-d'œuvre, mais il se dit qu'il va attendre un peu et que cela va passer. Il se ferme les yeux et il attend. Passent les semaines, et cela ne s'arrange pas tout seul. Le gouvernement essaie alors de faire quelque chose.
Il faut agir pour les gens et gérer la situation de façon sérieuse. C’est le message que je lance. Bien sûr, je le lance à nos collègues conservateurs, qui s’amusent à tout bloquer pour le plaisir de tout bloquer, pour dire que le gouvernement ne fonctionne pas et pour ensuite penser qu'ils ont l'air brillants à cause de cela. Je dis cela aussi au gouvernement libéral. Je lui demande d’avoir de la vision et d’écouter les propositions de l’opposition. Je dis aussi à mes amis du NPD d’arrêter de voter en faveur de n’importe quoi sous prétexte qu'ils auront un tout petit bonbon. Nous devons agir tous ensemble pour l’intérêt commun.
Ce n’est pas la première fois que je le dis à la Chambre, mais une période électorale devrait durer un mois et demi. Durant les quatre années qui sont entre les deux, pas pendant deux ans ni 18 mois, nous devrions tous travailler ensemble pour le bien commun. Pour démontrer cela, je vais m’arrêter quatre minutes avant la fin de mon temps de parole. J’espère que mon collègue du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire sera reconnaissant, même si je ne lui en ai pas laissé beaucoup. Il faut qu’il soit conscient que c’est énorme, parce que moi, j’en manque tout le temps.