FINA Réunion de comité
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STANDING COMMITTEE ON FINANCE
COMITÉ PERMANENT DES FINANCES
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le lundi 30 mars 1998
[Traduction]
Le président (M. Maurizio Bevilacqua (Vaughan—King—Aurora, Lib.): La séance est ouverte. Comme vous le savez, nous sommes réunis en vertu de l'article 108(2) du règlement. Nous étudions des dispositions relatives aux ventes liées stipulées par la Loi sur les banques.
Cet après-midi, nous entendrons le premier intervenant, Douglas Clark, comptable agréé. Monsieur Clark, vous êtes ici depuis ce matin; vous avez donc pu observer et comprendre comment se déroulent les audiences du Comité. Vous disposez de dix à quinze minutes pour présenter votre exposé, qui sera suivi d'une période de questions. Bienvenue.
M. Douglas Clark (témoignage à titre personnel): Merci beaucoup, monsieur le président.
Avez-vous tous une copie du dossier en main? J'y ferai référence.
Je voudrais tout d'abord remercier les membres du Comité de me donner l'occasion de parler de la question des ventes liées, traitée dans le projet de loi C-82, adopté au cours de la législature précédente.
Je possède les compétences nécessaires pour aborder le sujet des ventes liées. En 1979, j'ai obtenu un baccalauréat en commerce de l'Université de Toronto, après quoi je me suis joint à l'équipe de Coopers & Lybrand, à Toronto. En décembre 1982, j'ai été admis à l'Institut des comptables agréés de l'Ontario. Durant les années où j'ai été à l'emploi du cabinet Coopers, je vérifiais des banques, des fonds mutuels, des courtiers, des sociétés d'assurances et d'importantes entreprises minières. J'ai pu ainsi acquérir une très bonne connaissance du fonctionnement interne du secteur des services financiers. En 1987, j'ai démarré ma propre entreprise de services professionnels de comptabilité; la majorité de mes clients provenaient du secteur des services financiers du Grand Toronto. Je suis membre de la Chambre de Commerce de Toronto, ainsi que de la Chambre de Commerce d'Aurora.
Avant d'écrire ma première lettre au président de la Banque Royale, je n'avais pas conscience de l'importance de la question des ventes liées pour la population canadienne.
Je ferai tout d'abord référence à la première lettre, à la page N2. Les documents sont classés par ordre alphabétique. Je commencerai par l'avant-dernière lettre. Une lettre adressée à Paul Martin commence à N1.
[Traduction]
Dans la lettre que j'ai envoyée au ministre Paul Martin, je conclus à la dernière page, N2, que le sujet des ventes liées a des conséquences pour tous les Canadiens. En effet, pour obtenir du crédit, la banque demande aux clients des détails sur leurs affaires personnelles, ce qui lui donne une position privilégiée. Si elle se sert de ces renseignements en mauvaise part afin de convaincre une personne de prendre une décision qui lui est grandement préjudiciable mais qui est profitable pour la banque, c'est immoral.
Dans son désir de devenir la principale institution financière du Canada, la Banque Royale semble avoir oublié qu'elle doit cette position enviable au fermier de l'Alberta, au pêcheur de l'Île-du-Prince-Édouard, au plombier de la Colombie-Britannique, à la mère monoparentale de l'Ontario et à l'enfant du Québec qui ouvre son premier compte.
Vous avez entre les mains un document qui relate en détail les événements qui m'ont conduit ici. Il contient toutes les lettres que j'ai envoyées à la Banque Royale, et celles qu'elle m'a envoyées. Le document contient aussi trois articles du Toronto Star, deux du Toronto Sun, un de la Montreal Gazette et un du Aurora Weekly.
Fait intéressant, j'ai reçu vendredi dernier un appel de Fidelity, dont le président se trouvait à Toronto. Il vit à Boston, et avait reçu de sa mère une copie de l'article du journal de Halifax—où elle vit encore—qui traite de mon cas. Il était trop tard pour joindre cet article au document, mais je vous le mentionne pour illustrer à quel point tous les Canadiens sont touchés par cette question.
Mon exercice financier a pris fin le 31 janvier 1998. À ce moment, le directeur des comptes de la Banque Royale m'a demandé si je désirais augmenter ma marge de crédit. J'ai accepté et j'ai demandé qu'on l'augmente de 40 000 $.
Au début du dossier se trouve la lettre qui est à l'origine de toute l'affaire, la pièce A1; elle est datée du 16 février 1998, et est adressée à John Cleghorn.
Durant la semaine précédant cet envoi, j'avais reçu un appel de Nicki Lawrence, la directrice des comptes, qui m'informait que ma demande serait acceptée à la seule condition que je vende mes fonds mutuels Fidelity et que j'achète des fonds mutuels de la Banque Royale. Je lui avais déjà donné tous les renseignements personnels et d'entreprise afin que la banque procède à la révision annuelle. Elle savait tout de moi, et j'ai été choqué devant une telle demande.
J'ai refusé catégoriquement et lui ai demandé ce qu'il en était de l'accord verbal que nous avions depuis 1996. Elle a tout d'abord refusé de reconnaître qu'il y avait eu accord verbal. Je lui ai demandé de mettre l'appel en attente afin qu'elle puisse confirmer le fait que j'avais bel et bien mis 40 000 $ de plus en garantie que ce qui était demandé. J'ai ensuite demandé officiellement que l'accord verbal soit signé. Elle a refusé. J'ai annulé ma demande, ce qui a mis un terme à la conversation.
Le lundi 16 février, j'ai envoyé la lettre numéro 1 au
président de la Banque Royale. Dans la minute qui a suivi la
réception d'une copie par télécopieur, la directrice des comptes me
téléphonait. Voici ce qu'elle m'a dit: «Belle lettre, Doug, mais ça
va aller mal quand le président va la recevoir. C'est ma parole
contre la vôtre.» J'ai répondu: «Nicki, je m'en suis tenu aux
faits. Pouvez-vous contester aucun de ces faits?» Ce à quoi elle a
répliqué: «Non. Tous les faits que vous rapportez sont exacts. Je
ne suis pas d'accord avec le mot
J'ai réalisé plus tard seulement que son seul problème était
lié à l'utilisation du mot «coercition», et qu'elle semblait
trouver tout à fait correct d'exercer des pressions sur moi pour me
vendre des fonds mutuels très désavantageux, et donc pour me faire
prendre une très mauvaise décision d'affaire.
Je veux juste démontrer à quel point il s'agissait d'une
mauvaise décision, et cela vient éclairer certaines des difficultés
qui ont été soulevées ce matin. Passons maintenant à F2 et F3.
Je vais expliquer le contexte. Les fonds mutuels Fidelity sont
les deuxièmes au Canada au chapitre des ventes de fonds mutuels; au
premier rang, la Banque Royale. Il s'agit d'un fait important;
observons maintenant leur rendement respectif. J'ai demandé à mon
courtier de passer mon portefeuille en revue, de relever tous les
fonds similaires de Fidelity et de la Banque Royale et de faire une
comparaison sur deux ans quand les chiffres existent pour les deux
années.
• 1540
Tout le monde parlait du fonds Far East et des déboires des
derniers temps. Eh bien, Fidelity a enregistré des pertes de
22,2 p. 100 et des gains de 21,7 p. 100 en 1996. Mais la Banque
Royale a quant à elle enregistré des pertes de 38 p. 100 et des
gains de 8,5 p. 100!
J'ai fait mes frais avec le fonds Fidelity, alors que j'aurais
perdu 30 p. 100 avec la Banque Royale.
Revenons à ce que j'ai déjà dit. Si j'avais acquiescé à la
demande de la Banque Royale voilà deux ans, j'aurais pris une très
mauvaise décision d'affaire.
Une question me trotte dans la tête: Comment la Banque Royale
peut-elle se trouver au premier rang avec un si piètre rendement
comparativement à son plus proche concurrent? Je pose la question
tout simplement, car je ne connais pas la réponse. Je sais par
contre que de nombreux Canadiens ne prennent pas les bonnes
décisions eu égard à leur fonds de retraite, parce qu'ils font
confiance aux banques sans comparer avec les autres fonds mutuels.
Je n'irai pas plus loin pour l'instant.
Le 5 mars, j'ai reçu un appel de Julie A. Hardie, une
gestionnaire de la Banque Royale. J'avais envoyé une lettre le 16
février. En fait, l'appel concernait une lettre expédiée le 3 mars,
que je n'avais pas encore reçue.
Cette lettre se trouve à C1. Même si je ne l'avais pas reçue,
j'en ai discuté avec Mme Hardie. Je lui ai posé des questions sur
la convention liant les parties. Elle a répondu qu'elle ne pouvait
pas commenter les questions relatives au crédit et qu'elle devait
se rendre à une réunion importante, après quoi elle a mis fin à
notre conversation téléphonique. Elle avait accepté de me
télécopier la lettre en question, qui se trouve à C3, et de me
rappeler. Je ne lui ai jamais reparlé.
Le lendemain, soit le 6 mars, au comble de la frustration,
j'ai expédié une deuxième lettre, qui se trouve à D1 et D2. Il
s'agit donc de la lettre 2.
Le lundi suivant, le 9 mars, j'ai réuni ces trois lettres et
les ai expédiées au Toronto Star, au Toronto Sun et au Globe and
Mail. Le 12 mars, les deux premiers articles—E1 et F1—sont parus
dans le Toronto Sun et le Toronto Star. Voici l'original de
l'article du Toronto Sun et celui du Toronto Star. L'un deux est
paru sur la première page de la section des affaires, accompagné
d'une photo de moi en face de la Banque Royale, tenant la lettre
que vous venez de voir sur la page précédente.
Il est rapporté dans les articles cités en E1 et F1 que
l'ombudsman bancaire canadien niait avoir reçu des plaintes. J'ai
donc envoyé une lettre au rédacteur en chef (à G1, la page
suivante). Pendant que Linda Leatherdale, du Toronto Sun, préparait
un article pour l'édition du dimanche suivant, j'ai reçu un appel
de l'ombudsman, qui m'annonçait que je représentais dorénavant la
première vraie victime des procédés de vente liée au Canada, et que
je ferais donc partie de ses statistiques annuelles.
Pour éliminer la confusion—nous avons entendu beaucoup de
rapports sur des sujets ne faisant pas l'objet de rapports et où
rien n'est clair—je me suis entretenu avec lui. Je l'ai
rencontré—comme en fait foi la pièce G1—deux jours après avoir
posté la première lettre, le 6 février. Il a fait une présentation
au dîner de la Chambre de Commerce d'Aurora, et je lui ai remis une
lettre après son discours. Je lui ai souligné que c'était
probablement son premier cas de vente liée.
• 1545
Il ne pouvait le reconnaître à ce moment mais, quand les
journalistes ont commencé à lui poser des questions à mon sujet—il
parlera après moi—il a pris la décision, peu avant de m'appeler,
qu'il reconnaîtrait mon cas comme étant le premier porté à son
attention. Vous pourrez lui poser des questions.
Je crois que la règle stipule une procédure précise, que je
n'avais vraisemblablement pas suivie. Il s'en est rendu compte
quand les journaux se sont emparés de l'affaire. Je crois qu'il a
fait cette déclaration la même semaine où la lettre a été envoyée
à l'ombudsman de la Banque Royale. Il a laissé un message à mon
répondeur le vendredi après l'envoi de la première lettre, il
disait qu'il ne voulait pas ajouter de commentaires jusqu'à ce
qu'il ait parlé à l'ombudsman de la Banque Royale.
J'en ai déduit que la plainte était dorénavant officielle.
Vous pourrez demander à Mike de vous expliquer la procédure, mais
je crois qu'il confirmera que mon cas est actuellement le seul qui
concerne la vente liée au Canada, et que cette pratique sera
éventuellement éliminée.
Le lendemain, le 13 mars, 12 minutes avant la fermeture, j'ai
reçu une télécopie—jointe en I1—de George F. Gaffney, le
vice-président exécutif de la Banque Royale. Il m'y indiquait que
je rencontrerais le vice-président régional, Blair Boyd.
Le 17 mars, des rumeurs indiquaient que le ministre des
Finances de l'Ontario avait reçu des pressions pour retirer les
dispositions relatives aux ventes liées de la loi sur les valeurs
mobilières qu'il s'apprêtait à présenter. J'ai envoyé une
lettre—pièce J1—à mon député, Frank Klees, et aux trois journaux
mentionnés ci-dessus. Valerie Lawton m'a rappelé aussitôt. Je lui
ai dit ce que je savais et que je pensais qu'une lettre datée du 10
mars circulait—je n'en possédais pas de copie. Elle m'a répondu:
«Ne t'en fais pas, Doug, je vais la trouver.» Elle a en effet
trouvé une copie de la lettre et l'article est paru le lendemain,
le 18 mars. L'article paru dans le Toronto Star conséquemment à la
lettre du 10 mars se trouve à L1. Une fois de plus, le thème des
ventes liées faisait la une.
Le matin même de la parution dans la presse de cette lettre de
l'Association des banques canadiennes tentant de faire des
pressions sur M. Eves pour qu'il retire les dispositions sur les
ventes liées, j'ai rencontré le vice-président de la Banque Royale,
Blair Boyd. Il avait déjà pris connaissance de l'article de Valerie
Lawton cité ci-dessus. Les propos échangés furent très francs et
très directs, permettant de résoudre toutes nos divergences
d'opinion. J'ai envoyé une autre lettre—pièce M-1, la lettre
no 3—au président de la Banque Royale.
Il m'a dit—c'est assez intéressant je crois—qu'il avait
examiné mon dossier en long et en large et que, même s'il n'y
trouvait rien au sujet de l'accord verbal, il était satisfait qu'un
accord avait été signé. Il était d'accord avec moi et ne comprenait
pas pourquoi ma demande avait été refusée. Étant donné que la
banque avait déjà accepté mon dossier et m'avait offert un crédit
personnel, elle aurait dû, en ma qualité de propriétaire unique de
l'entreprise, m'accorder automatiquement le crédit demandé pour
l'entreprise.
Cela démontre à quel point les petites entreprises ont de la
difficulté à faire affaire avec les grandes banques. Celles-ci ne
comprennent pas nécessairement comment les petites entreprises
fonctionnent et que, si votre cote de crédit personnelle est bonne,
votre cote de crédit d'entreprise est aussi très bonne.
Il m'a alors offert une marge de crédit supplémentaire de
40 000 $ sans condition, sans que je l'aie demandé. J'ai réfléchi
quelques instants et j'ai accepté de faire la demande. Après tout
ce que j'avais enduré, je n'allais pas laissé passer cette
occasion.
• 1550
J'ai alors pris rendez-vous le mardi 24 mars, à 11 h, pour
signer la garantie personnelle et la subordination de réclamation.
J'ai demandé de continuer de traiter avec la même directrice des
comptes. Blair Boyd, le vice-président, l'a rencontrée la veille du
rendez-vous pour s'assurer que c'était possible. J'ai donc signé la
garantie avec cette directrice.
Au moment où je partais, elle m'a demandé à quel moment je
désirais obtenir la marge de crédit supplémentaire, parce que la
procédure pouvait prendre de quatre à cinq jours. J'ai répondu que
je la voulais le plus tôt possible, et je suis parti.
Heureusement, je n'avais pas tenu pour acquis la deuxième
promesse verbale de la Banque Royale, faite le 18 mars, car mes
chèques auraient rebondi.
Je crois que la pratique des ventes liées est très courante
mais que, tout comme c'était le cas pour les abus sexuels voilà 20
ans, les gens ont peur d'en parler ou, tout comme les victimes
d'abus, ils ne savent pas qu'ils ont des droits.
J'en profite pour remercier Les Whittington et Valerie Lawton
du Toronto Star, et Linda Leatherdale du Toronto Sun. C'est grâce
au courage de ces reporters et à leur désir de faire la lumière sur
cette histoire que des douzaines de gens ont commencé à en parler.
Tout comme les abus sexuels, les abus financiers cesseront à
partir du moment où ils seront révélés au grand jour. Les ventes
liées ne sont en fait que des abus—très grossiers—de pouvoir. Ce
dossier est dorénavant entre les mains de nos représentants élus,
aux échelons fédéral et provincial.
J'aimerais terminer en vous reportant à ma lettre au ministre
Paul Martin, jointe en N1 et N2, qui relate un exemple personnel
démontrant les dangers de l'autoréglementation non régie par des
lois.
Je voudrais ajouter très brièvement que l'Institut des
comptables agréés de l'Ontario, l'un des organismes autoréglementés
les plus importants et les plus puissants, a fait un virage
important voilà huit ans quant à ses règles désuètes en matière de
publicité. J'ai rencontré mon député, le président actuel du
Comité, et il a accepté d'aider un de ses électeurs en faisant
appel à une loi fédérale. Mon cas, ou celui de l'Institut, est
expliqué au bas des pages N1 et suivantes.
Il faut adopter le projet de loi C-84 sur les ventes liées et
éliminer tous les articles qui l'affaiblissent. Si les ventes liées
ne sont pas réglementées, vous liez les mains de nos élus et donnez
le pouvoir à M. Cleghorn et à ses semblables.
Je le répète, il faut se montrer très prudents afin que les
profits réalisés par un monopole ne bénéficient pas uniquement aux
actionnaires, mais à la population aussi.
Merci de m'avoir écouté.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Clark.
Mme Karen Redman (Kitchener Centre, Lib.): Monsieur le
président, je me permets d'intervenir et d'apporter une précision
personnelle; je comprends que M. Clark a consacré beaucoup de
travail et de temps au problème soulevé, mais je m'objecte à sa
comparaison entre les abus financiers et les abus sexuels. Je
conçois très bien qu'ils sont aussi tabous et que l'analogie peut
paraître percutante sous certains aspects, mais je soulève quand
même une objection.
M. Douglas Clark: Je ne voulais pas vous offenser.
Le président: Merci, monsieur Clark.
Merci, madame Redman.
Nous passons maintenant à la période questions; monsieur
Solberg tout d'abord.
M. Monte Solberg (Medicine Hat, Réf.): Merci beaucoup,
monsieur le président.
Merci, monsieur Clark, de vous être déplacé. Le sujet dont
vous avez parlé est très délicat. La banque a posé des gestes—ce
ne sont pas seulement des soupçons, car elle admet dans les
documents avoir posé ces gestes—que la plupart des gens, je crois,
qualifieraient de préjudiciables. Cela étant dit, je remarque par
ailleurs que la banque a réagi très rapidement pour réparer ses
erreurs, même si elle a fait des faux pas. Devant ces faits, ne
pourrait-on pas considérer que l'autoréglementation, combinée à la
transparence et à l'examen obligé qui permettent aux médias de
suivre de près ces dossiers, sont des alliés sûrs pour éliminer ces
difficultés?
M. Douglas Clark: Vous faites une supposition qui, à mon avis,
est surfaite, à savoir que les gens connaissent leurs droits. C'est
loin d'être le cas. Depuis que ces articles sont parus, je ne peux
arpenter la rue Yonge, au centre-ville de Toronto, sans que les
gens m'arrêtent, même s'ils ne me connaissent pas, pour me raconter
en détail une histoire qui leur est arrivée avec la Banque Royale
ou une autre banque.
Ce matin, par exemple, à 5 h 30, alors que je m'enregistrais
pour mon vol sur Air Canada, à l'aéroport international de Toronto,
la dame qui me donnait ma carte d'embarquement m'a dit: «Je vous
connais. Je vous ai vu dans le journal, non?» Comme nous parlions,
elle m'a avoué que sa banque lui avait demandé la même chose, mais
qu'elle ne savait pas que ce n'était pas correct. Elle m'a demandé
si j'avais l'article du journal et, à l'heure qu'il est, tous les
agents de bord de l'aéroport de Toronto ont lu cet article. Ils
ignoraient tous que ce que la banque leur demandait n'était pas
juste. Je vous épargne les détails.
Je pourrais aussi vous raconter ce qui est arrivé à un ami. Il
ne veut pas donner son nom car il a peur des représailles de la
banque. Après avoir lu l'article paru le jeudi dans le Toronto
Star, il a appelé sa banque. On l'y avait informé que s'il vendait
les fonds mutuels qu'il possédait et achetait ceux de la banque, il
obtiendrait sa marge de crédit. Avec l'article du Toronto Star en
main, il a rappelé la banque et leur a demandé: «Avez-vous lu le
Star aujourd'hui? Mon ami Doug Clark fait la une». On lui a
raccroché au nez. Je ne dirai pas de quelle banque il s'agit parce
qu'il ne veut pas le révéler.
Vous avez raison, mais je crois fortement qu'il faut éduquer
la population. Pour faire respecter leurs droits, les gens doivent
les connaître.
J'ai pensé à quelques moyens très concrets. Dans l'industrie
des fonds mutuels, on doit remettre un prospectus. Chaque fois
qu'une personne achète un nouveau fonds mutuel, la loi exige qu'on
lui remette un prospectus. Pourquoi les droits des investisseurs ne
seraient-ils pas énoncés sur la première page du prospectus? On
pourrait dire par exemple que, même si l'investisseur possède un
compte dans une banque, ou achète des actions auprès d'un courtier,
rien ne l'oblige à acheter un fonds mutuel auprès de cette banque
ou de ce courtier.
L'autre problème est qu'il existe beaucoup de dépliants sur
les droits, mais qu'il faut se rendre à la section information pour
trouver le bon dépliant, et qu'il faut lire six ou sept pages. La
plupart des gens ne se donnent pas cette peine. Il faudrait
peut-être que l'information soit plus acessible, plus simple. Une
affiche au mur pourrait par exemple expliquer leurs droits
individuels aux clients qui attendent leur tour pour être servis.
Si la société de courtage de fonds mutuels doit indiquer ces
renseignements dans son prospectus, on pourrait obliger la banque
à l'afficher au mur.
Il faut que les Canadiens connaissent leurs droits, afin
qu'ils se rendent compte qu'ils sont victimes d'abus financiers. Il
faut trouver des solutions pratiques.
Je sais qu'une partie du problème provient du fait que—même
si c'est difficile à croire—les banques ont un taux de marge
faible. Autrement dit, elles doivent vendre beaucoup de produits
avant de faire des profits. Pas à cause des frais de services.
Elles ont besoin de garanties, mais elles ont tendance à prendre
des raccourcis pour les obtenir.
• 1600
Dans mon cas, mes fonds de REER ne sont pas réservés. Cela
signifie qu'ils sont réservés ou logés auprès d'une compagnie
d'assurances, de sorte que la banque ne peut mettre la main dessus
en cas de mise sous séquestre. L'important est que la banque ne
veut pas de complications et que ce processus est très complexe.
Les banques veulent avoir la possibilité de recouvrer leur mise
rapidement et facilement.
Il existe une autre possibilité. À mon avis, on peut faciliter
la procédure relative aux garanties. On pourrait peut-être éliminer
l'obligation de faire croire aux clients qu'ils doivent vendre
leurs fonds mutuels et acheter ceux de la banque. Les clients
auraient la possibilité de choisir des fonds à rendement plus élevé
et les banques sauraient qu'elles peuvent facilement recouvrer
leurs prêts. Ce sont des ébauches de solution.
Je crois que la plupart des gens ne tiendront pas tête à leur
banque parce qu'ils ne sont pas dans ma position. Le 13 avril
prochain, quand j'aurai fait mon dernier paiement sur ma
camionnette, je n'aurai aucune dette personnelle. Ma seule dette
concerne l'exploitation de ma compagnie.
Parce que ma maison est payée et que je n'ai aucune dette
personnelle, je peux me permettre de tenir tête à la Banque Royale.
Je pourrais très bien aller dans n'importe quelle autre institution
financière et obtenir les mêmes conditions, sinon de meilleures.
Pourquoi suis-je ici? Je vous ai cité mes antécédents parce que je
sens qu'il est important que je défende ceux qui ne sont pas
capables de se défendre eux-mêmes.
Le cas de mon ami, celui de mon voisin... Je vais vous donner
un autre exemple. Mon voisin m'a dit: «La banque fait des pressions
pour que je transfère toutes mes affaires, que je vende mes fonds
mutuels et que j'achète ceux de la Banque Royale. Je ne sais pas
quoi faire. Ils vont annuler ma marge de crédit sinon». J'ai été
inspiré. Je lui ai demandé s'il avait des fonds mutuels. Il en
avait. Je lui ai dit d'appeler un ami à la succursale Plaza de la
Dominion Securities, et d'ouvrir un compte, de transférer tous ses
fonds mutuels à cet ami et d'appeler la Banque Royale pour lui dire
que mon ami avait toutes ses affaires en main. C'est ce qu'il a
fait. Mon voisin avait en fait répondu à toutes les demandes de la
banque. Les actifs sont maintenant entre les mains d'une société
soeur. Il a toutes les garanties voulues, mais ce n'était certes
pas la voie orthodoxe.
Des solutions existent, mais j'essaie d'atteindre un
équilibre... Il faut mettre beaucoup d'argent... Ce n'est peut-être
pas ce que la Chambre des communes souhaite faire. L'industrie doit
éduquer le public sur ses droits et se doter d'une
autoréglementation très sévère.
J'espère que je n'aurai plus à demander à mon député que deux
avocats du gouvernement fédéral soumettent une mise en accusation
directe en vue d'obliger un organisme autoréglementé à abroger une
règle très désuète. Dans mon cas, il s'agissait de publicité. Pour
le secteur des services financiers, ce sera la vente liée.
• 1605
Dans mon cas, cela n'a pas été suffisant. Il faudra
probablement donner un gros coup de massue à une institution
financière pour que les autres reprennent leur rang. Mais il faut
atteindre un certain équilibre.
Je ne prétends pas qu'il faille diriger les banques à coups de
massue. Mais si l'autoréglementation est insuffisante, il faut
frapper. Le gouvernement ni le pays n'ont les moyens de financer
l'autoréglementation à même les deniers publics. Il faut aussi
s'assurer que les motivations sont suffisantes pour que
l'autoréglementation soit efficace.
Voilà, j'en ai assez dit.
Le président: Merci.
Madame Lalonde.
[Français]
Mme Francine Lalonde (Mercier, BQ): Merci
beaucoup, monsieur, de votre témoignage. Je dois vous
dire que j'apprécie le courage dont vous avez dû faire
preuve.
Vous avez sans doute raison de dire que, si vous
n'aviez pas été dans une situation heureuse sur le plan
du crédit personnel,
vous n'auriez pas été capable d'exercer cette
pression. C'est extrêmement utile pour nous de
vous entendre. Siégeant au
Comité de l'industrie, qui est responsable de la
dimension particulière des prêts aux petites
entreprises, je suis extrêmement sensible à votre
intervention. On peut comprendre à quel point
les pressions peuvent encore être grandes, même avec la
garantie gouvernementale de la Loi sur les prêts aux
petites entreprises, quand vient le temps de faire un
prêt aux petites entreprises.
Je dois dire que votre comparaison avec la façon dont
les femmes pouvaient réagir au harcèlement sexuel il y
a 20 ans ne me choque pas.
Dans notre société, qui attache une si grande importance
au bon crédit, quand quelqu'un ne se fait pas
reconnaître un bon crédit par une banque, c'est comme
s'il était coupable de quelque chose. C'est cette
forme de culpabilité qui empêchait les femmes de
parler du harcèlement qu'elles subissaient.
Il me semble qu'une forte loi est
indispensable et que l'autorégulation
n'est pas suffisante. Malgré tout, si vous
n'aviez pas pu obtenir cette publicité dans les
journaux,
vous n'auriez sans doute pas
eu cette lettre, ce téléphone et ce résultat du
vice-président de la Banque Royale. Est-ce que vous
êtes d'accord sur cela?
[Traduction]
M. Douglas Clark: Je suis tout à fait d'accord. Je ne crois
pas que j'aurais pu, ou alors les résultats auraient été beaucoup
plus longs à venir. Quand vous envoyez une lettre au président
d'une banque et que vous recevez la réponse de la part du directeur
des comptes qui n'a pas le pouvoir de traiter le cas... La seule
raison pour laquelle nous avons marqué un point est que l'affaire
a été publicisée dans la presse.
[Français]
Mme Francine Lalonde: En Ontario,
est-ce que le ministre a conservé dans son
projet de loi la disposition interdisant les
prêts liés?
[Traduction]
M. Douglas Clark: À ma connaissance, cela n'a pas été enlevé.
Cependant, je ne lui ai pas parlé et je n'ai pu joindre mon député,
alors je ne peux tirer aucune conclusion définitive.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Au Québec, il y a une
disposition et elle sera aussi renforcée.
Je vous remercie beaucoup de votre intervention, mais
j'ajouterai une question quant aux possibilités
de renseigner les gens et les entreprises sur leurs
droits. Vous avez raison de dire que, même
s'il y a une loi, les droits que confère la loi ne sont
pas bien connus et les gens sont
donc susceptibles de céder quand même à une espèce de
chantage.
[Traduction]
M. Douglas Clark: Non. Vous avez tout à fait raison. J'ai
offert mon aide au vice-président exécutif de la Banque Royale pour
son programme de formation. Je ne sais pas s'il va accepter mon
offre, mais elle tient toujours. J'attends de ses nouvelles. Mais
vous avez tout à fait raison de dire qu'il faut donner beaucoup
plus d'information. Personnellement, je crois que la presse est
prête à nous prêter main forte, parce que les journalistes sont
très au courant de l'affaire, autant que vous et moi; cela ressort
clairement dans la façon de le sujet a été traité.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Une dernière question, monsieur le
président.
Le vice-président,
lui, vous a offert tout de suite une entente. Il n'y
avait pas de
problème et il n'était pas question de lier votre marge de crédit à
quelque transfert de vos fonds communs que ce soit.
Cependant, pensez-vous que si on a
exercé des pressions sur vous en bas de la hiérarchie,
c'était d'abord à cause de pratiques liées à des
objectifs de rendement qu'on pouvait avoir?
Ces choses rendent la loi absolument
obligatoire.
S'il n'y a pas de loi, les objectifs de
rendement vont continuer à prévaloir.
[Traduction]
M. Douglas Clark: Vous avez raison, je crois. Mes fonds
mutuels sont portés à mon compte au début de chaque mois—ils sont
répartis sur douze mois—depuis plusieurs années. Au début de
l'année, durant la période des REER, la directrice des comptes,
même si elle connaît déjà la réponse, m'appelle et me demande si je
désire acheter des fonds mutuels de la Banque Royale.
Il est évident à mes yeux qu'elle doit faire cet appel, peu
importe que le client ait besoin de ces fonds ou souhaite en
acheter. Et, pour répondre à votre question, oui, j'ai la nette
impression que, sans la publicité, le dénouement aurait été
différent.
De plus, je n'ai pas mentionné que... Aucune marge de crédit
n'est refusée sans l'accord du supérieur immédiat de la personne
qui a signifié le refus. Autrement dit, la directrice des comptes
a vraisemblablement consulté son directeur, qui a sans doute rejeté
ma demande aussi. On pourrait donc dire que c'est la personne
visée, mais je ne peux l'affirmer puisque je ne lui ai jamais
parlé, depuis toutes ces années. Quand je me suis rendu au
rendez-vous de 11 h, sa porte était fermée et il n'est pas sorti.
C'était très intéressant. Mais il a peut-être dit: «Voyez si vous
pouvez mettre la main sur d'autres actions et il pourra avoir le
prêt». Je n'en ai aucune idée, car je n'ai aucun moyen de savoir ce
qui s'est passé, mais je ne serais pas surpris.
Ce qui nous amène à l'autre sujet. Je crois que c'est un sujet
très... Je donne cet exemple parce que je veux me montrer juste
envers la Banque Royale. J'ai rencontré l'ancien directeur de la
succursale Aurora Plaza la veille de la rencontre du 18 mars. Quand
il m'a aperçu, il a mis fin à sa rencontre, il m'a attiré dans un
bureau, il a fermé la porte et m'a dit: «Doug, tu ne peux
t'imaginer quel impact a eu la parution de ta lettre dans les
journaux». «Que veux-tu dire»? ai-je répondu.
Son nom est Larry Otterman. Vous le connaissez peut-être,
Maurizio. Il m'a dit qu'ils avaient tenu une conférence
téléphonique entre tous les représentants des ventes du pays—une
conférence téléphonique!—de Terre-Neuve à Victoria, le 12 mars,
soit le jour où des articles sont parus dans le Toronto Sun et le
Toronto Star. Des séances de formation d'urgence ont été tenues
durant les quatre jours suivants dans tout le réseau de la Banque
Royale.
Ma question est la suivante: Leur montrait-on comment éviter
de se faire prendre quand ils proposent des ventes liées, ou leur
enseignait-on à ne pas proposer de ventes liées? Je ne le sais pas.
Je ne le lui ai pas demandé. Mais une chose est sûre, l'effet a été
très important au sein de l'institution. Je suis presque désolé que
la directrice des comptes en ait fait les frais, mais ainsi va la
vie. Je crois que c'est la Banque Royale elle-même qui est
responsable. J'espère qu'il est un peu plus clair maintenant que la
prudence est de mise.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Merci, monsieur.
[Traduction]
Le président: Monsieur Casey.
M. Bill Casey (Cumberland—Colchester, PC): Merci.
Si je me fie à vos remarques et à votre excellente
présentation, de même qu'à ma propre expérience et aux témoignages
que nous avons entendus ce matin, j'ai le sentiment que les ventes
liées ne sont pas exceptionnelles. Il s'agit d'une pratique très
fréquente et très envahissante.
Selon les remarques faites par les présidents et les
représentants des banques, leur politique interdit formellement les
ventes liées. Comment peuvent-ils faire de telles affirmations
alors que cette pratique est si courante? Soit qu'il n'existe aucun
lien entre les dirigeants et le personnel de vente, soit qu'ils
font semblant de l'ignorer. Quelle est votre opinion?
M. Douglas Clark: Je crois que les cadres supérieurs n'ont pas
la même vision. Ce qui importe pour eux, ce sont les objectifs de
ventes et les façons de les atteindre. Peut-être pourrait-on dire
qu'ils mettent la pression sur les vendeurs des niveaux inférieurs
qui, dans certains cas—comme c'était probablement le cas de cette
directrice des comptes—interprètent les objectifs et font du zèle
pour les dépasser.
Je crois que c'est ce qui est arrivé. Je crois aussi que les
cadres supérieurs doivent reconnaître qu'ils font usage de
tactiques qu'on pourrait qualifier de coercitives auprès du
personnel. Et de telles tactiques entraînent obligatoirement des
erreurs de jugement et autres. Non seulement est-il essentiel de
renseigner la population, mais il est aussi essentiel de former le
personnel de ces futures mégabanques.
Il faut le rappeler, la Banque Royale aura 17 millions de
clients au Canada quand elle aura fusionné avec la Banque de
Montréal, soit plus de la moitié de la population (31 millions). La
pression sera de plus en plus forte, et il faut équilibrer les
forces entre la nécessité d'augmenter les profits des actionnaires
et celle de s'assurer que les Canadiens bénéficient d'un système
bancaire sûr, l'objectif principal de l'exercice à mon sens.
Une fois de plus, je répète que les profits d'un monopole ne
doivent pas aller seulement aux actionnaires, mais aussi aux
employés et à la population canadienne. Il n'en tient qu'à vous
maintenant.
Le président: Votre dernière question, monsieur Casey.
M. Bill Casey: Je ne sais pas si vous étiez ici, mais ce matin
j'ai raconté que, en tant que conseiller financier, j'ai eu un
client qui avait demandé à la banque de transférer l'argent de son
compte à mon bureau parce qu'il désirait changer ses objectifs
d'investissement. Comme l'argent n'arrivait pas, le client a
rencontré le directeur adjoint de la banque, qui lui a dit:«Le
formulaire 2033 est sur le bureau du directeur. Il a dépassé la
limite de comptes transférés pour ce mois-ci, et vous devrez
attendre jusqu'au mois prochain».
Je crois que cet exemple illustre bien vos propos,
c'est-à-dire que la pression est mise sur les épaules des employés,
qui la font sentir à leur tour aux clients. Même si les cadres
supérieurs se vantent d'avoir une politique qui interdit les ventes
liées, ils imposent aux employés des buts et des objectifs qui les
obligent à mettre de la pression sur les clients.
M. Douglas Clark: Je vais vous raconter une petite histoire
pour faire suite à votre question. Le chef de l'exploitation de
Fidelity, David Denison, m'a dit qu'il avait été témoin de nombreux
cas de ce qu'il qualifie de «coercition administrative». Il affirme
que, quand Fidelity reçoit une demande de transfert de REER à une
banque, la transaction est faite dans la journée. Par contre, si
Fidelity demande à une banque de lui transférer un fonds mutuel,
l'opération peut prendre des semaines, voire des mois ou plus; ces
délais sont un poison administratif pour le client. En tant que
législateurs, vous pourriez simplement imposer des délais limites
pour le transfert de valeurs.
Les entreprises fiables qui font déjà le transfert rapidement
ne seront pas pénalisées. Ce ne sera pas le cas de celles qui
mettent des mois.
Le président: Monsieur Clark, merci beaucoup.
Monsieur Cullen, suivi de madame Redman.
M. Roy Cullen (Etobicoke North, Lib.): Merci, monsieur le
président.
Merci, monsieur Clark. Je vous félicite. Je suis sûr que votre
action contribue à sensibiliser les banques à ce problème précis.
Mais si j'examine les faits, je me demande pourquoi, quand la
directrice des comptes vous a fait cette proposition, vous ne lui
avez pas demandé: «C'est votre dernière proposition»? Si elle avait
fait une réponse affirmative, vous auriez pu aviser le directeur de
la succursale de cette proposition et menacer d'aller voir une
autre banque.
M. Douglas Clark: En gros, elle me disait que mon ratio était
trop élevé. Ou, en termes clairs, qu'il n'était pas conforme aux
paramètres préétablis par la banque. Je connaissais déjà le système
parce que je suis dans l'industrie depuis longtemps, de même que je
savais qu'il n'y avait aucun espoir de la faire changer d'avis
parce que j'avais déjà essuyé un refus, probablement à Beaver
Creek, en raison de l'importance du crédit. Cette demande a
probablement été présentée au bureau régional, et je savais que je
ne pouvais obtenir gain de cause contre le système.
Une des raisons qui m'ont poussé à écrire à John Cleghorn
après la fin de semaine est que lui seul avait le pouvoir de
changer les règles.
M. Roy Cullen: Vous connaissez sûrement mieux que moi les
règles, mais si le directeur de ma succursale ne pouvait m'aider
dans un tel cas, je changerais de banque sans attendre.
Vous a-t-on donné des raisons, par exemple l'obtention de
meilleures garanties pour votre prêt, ou était-ce aussi grossier
que vous le dites? On vous demandait bêtement de vendre vos fonds
de Fidelity et d'acheter ceux de la Banque Royale? C'est ça?
M. Douglas Clark: C'est en effet ainsi que les événements se
sont déroulés.
M. Roy Cullen: À simple titre d'information, faites-vous
affaire avec la RBC Dominion Securities Ltd.?
M. Douglas Clark: Non. Je préfère ne pas mettre tous mes oeufs
dans le même panier, et c'est probablement ce qui les ennuie. Je
fais affaire avec un petit courtier indépendant, Thomson Kernaghan,
depuis longtemps, et je suis très satisfait du service. La
dispersion de mes oeufs est une stratégie gagnante dans mon cas.
Je savais aussi que les fonds mutuels de la Banque Royale
avaient un très piètre rendement. Cela nous amène à nous demander
si les grandes banques servent leurs intérêts ou ceux de leurs
clients.
Tout directeur des comptes de la Banque Royale qui conseille
d'acheter des fonds mutuels de son institution fait fi des chiffres
et des résultats. Il ne met pas la priorité sur les intérêts du
client. Pourquoi? Parce que ces comparaisons sur deux ans ne sont
pas atypiques eu égard aux résultats.
J'aimerais aussi souligner que les banques pourraient mieux
servir les clients, et qu'elles ne devraient pas permettre aux
directeurs des comptes de faire des recommandations aux clients
relativement à leurs investissements. Dans le cas de la Banque
Royale, ce sont les employés de Dominion Securities qui devraient
faire ces recommandations. Je sais par un ami que les employés de
DS ne recommandent pas les fonds mutuels de la Banque Royale à
leurs clients en raison de leur piètre rendement. Ils recommandent
les fonds Fidelity et d'autres, dont le rendement RER est plus
élevé.
Pourquoi la Banque Royale ne fait-elle pas appel au personnel
des sociétés affiliées, qu'elle dirige de toute façon? Je crois que
la concurrence est féroce entre les grandes banques et qu'elles
obtiennent plus de bénéfices si j'achète des fonds mutuels de la
Banque Royale que si on me renvoie à la DS qui pourrait me donner
de meilleurs conseils de placement. À mon avis, mon cas démontre
que les politiques de rémunération et de récompense dans les
banques sont inadéquates et n'incitent pas le personnel à faire en
sorte que le client reçoive le meilleur service possible.
Le président: Merci, monsieur Clark.
Madame Redman.
Mme Karen Redman: Merci, monsieur le président.
Je dois dire que vous avez fait du très bon travail, et je
crois que vous devriez être fier de contribuer à sensibiliser la
population à ce sujet, monsieur Clark.
Vous soulevez un point intéressant quand vous dites que les
banques devraient faire en sorte d'offrir un meilleur service à
leurs clients. Un intervenant précédent—que vous avez entendu—a
mentionné que c'était systématique selon lui. J'aimerais entendre
vos commentaires à ce sujet.
Il a aussi demandé que soient annulés les paragraphes 459.1(2)
et (3) proposés, et que le paragraphe 459.1(1) soit maintenu.
J'aimerais savoir si vous croyez que ce serait souhaitable et s'il
s'agit d'un pas dans la bonne direction.
M. Douglas Clark: Je n'ai pas pris connaissance des
paragraphes 459.1(1) et (2) proposés mais, s'ils affaiblissent
l'article qui précède, je crois qu'il est indiqué de les éliminer.
Je vous recommande de rendre l'article aussi strict que possible,
sans qu'il puisse être débouté.
Il faut faire attention de ne pas adopter une loi trop sévère
ou abusive, parce qu'elle serait alors susceptible d'être déboutée
par les tribunaux. Mais elle doit être suffisamment sévère pour que
les banques n'aient pas la tentation de dépasser les limites. Vous
devriez donc suggérer au témoin suivant, l'ombudsman, de faire en
sorte que seuls les cas les plus flagrants soient...
D'un autre côté, si cette loi, ou cet article, était déjà en
vigueur, quels seraient les effets pour la Banque Royale si elle
devenait rétroactive au 31 janvier de cette année? La Banque Royale
chercherait à se cacher. On en ferait un cas d'espèce et on ne
reverrait pas un tel cas avant des années, j'espère.
Je fais peut-être du mélodrame; c'est simplement une question.
Le président: J'avais justement l'intention de vous demander
comment le processus aurait été appliqué si cet article avait été
en vigueur.
M. Douglas Clark: Je crois que le processus aurait suivi son
cours parce que je vous aurais appelé, une fois de plus, pour vous
dire: «Maurizio...» Mais honnêtement, même avant que je le suggère,
j'aurais demandé à l'ombudsman de collaborer avec la banque.
Comment expliquer? Je vais aborder un autre thème.
Dans le domaine des prix de transfert, Revenu Canada... Les
gens qui font passer des marchandises aux frontières doivent
démontrer qu'ils ont instauré des procédures et des processus afin
d'éviter les abus liés aux prix de transfert. Autrement dit, on
pourrait dire qu'on s'assure que les entreprises ne fraudent pas le
fisc en transférant les coûts aux Canadiens afin de payer moins de
taxes. Les entreprises doivent prouver que des procédures ont été
prévues et qu'elles sont appliquées en vertu des dispositions de la
loi de l'impôt de Revenu Canada.
Je dirais donc qu'on peut faire différentes choses pour aider
les banques. Une loi devrait obliger les banques à démontrer
qu'elles ont bien formé le personnel—relativement à tel, tel et
tel aspect—afin d'éviter les abus, et que des mécanismes précis
sont en place, sans quoi elles seraient présumées coupables.
Le président: Depuis combien de temps faites-vous affaire avec
cette banque?
M. Douglas Clark: Depuis dix ans.
Le président: Aviez-vous été victime de pressions auparavant?
M. Douglas Clark: Non.
Le président: Combien de comptes et de gens «pourraient» être
victimes de soi-disant ventes liées au pays? En avez-vous une idée?
Vous avez dit 17 millions, ou quelque chose comme ça?
M. Douglas Clark: Si la Banque Royale et la Banque de Montréal
fusionnent, leur clientèle sera de 17 millions.
Le président: Pour une banque seulement.
M. Douglas Clark: Oui.
Le président: Au total, si on fait un compte rapide, ce
serait... Je vais demander à l'ABC et à d'autres témoins combien de
personnes recourent effectivement aux services d'une banque et
combien de plaintes ont été déposées, afin de mettre les chiffres
en perspective.
Je ne dis pas que cette pratique n'existe pas, car votre cas
démontre le contraire. Mais je veux connaître son étendue. Est-elle
courante dans toute l'industrie? À quel point est-elle fréquente?
M. Casey semble penser qu'elle est très courante, mais j'aimerais
en savoir plus afin d'avoir un portrait exact de la situation.
• 1630
M. Douglas Clark: En quelque sorte. Il n'y aurait pas eu de
tentative de vente liée si l'accord verbal avait été respecté. Ils
ne m'auraient jamais parlé de vendre mes fonds mutuels. En vertu de
l'accord verbal, ils n'auraient pas eu le choix d'acquiescer à ma
demande.
Le président: De plus, il me semble qu'une bonne partie de vos
commentaires concernent le manque de formation des chargés de
prêts. C'est un fait important à vos yeux, n'est-ce pas?
M. Douglas Clark: Oui, en effet. Je tiens pour acquis que la
directrice des comptes n'a pas agi avec des intentions
malveillantes. Je la connais depuis quelque temps et je dirais
plutôt que sa formation était insuffisante ou qu'elle agissait sous
pression pour atteindre les objectifs de vente qu'on lui avait
fixés.
Le président: Utiliseriez-vous le terme «coercition» dans ce
cas?
M. Douglas Clark: Pardon?
Le président: S'agit-il de coercition dans ce cas, à votre
avis? Peut-on dire qu'une personne qui ne commet pas
intentionnellement un geste malveillant...? L'intention joue-t-elle
un rôle ici, dans la forme ou dans la manière?
M. Douglas Clark: Vous pouvez forcer quelqu'un à faire quelque
chose sans même le savoir, et je crois que c'est le cas ici. Parce
qu'elle tentait d'atteindre des objectifs de vente, elle était sous
pression, ce qui l'a menée à poser un geste coercitif envers moi en
liant la possibilité d'obtenir du crédit à l'achat d'autres
services.
J'essaie de voir où vous voulez en venir.
Le président: Je veux tout simplement obtenir des réponses.
M. Douglas Clark: Oui.
Le président: La question de la formation du personnel
est-elle très importante à vos yeux?
M. Douglas Clark: Oui.
Le président: Ce domaine devrait-il faire l'objet
d'autoréglementation, ou faudrait-il dire aux industries quoi
faire?
M. Douglas Clark: Je crois que l'industrie fera de la
formation si on exerce des pressions suffisantes afin que des cas
comme le mien ne se produisent plus. Je crois que les programmes de
formation de la Banque Royale sont plus fréquents actuellement à
cause de ce qui s'est passé.
Le président: Dans votre cas, vous avez dit que l'employée
avec qui vous avez fait affaire n'avait pas d'intentions
malveillantes.
M. Douglas Clark: Non, je ne crois pas qu'elle avait de telles
intentions.
Le président: Donc, vous croyez que l'incident résulte d'un
manque de formation ou...
M. Douglas Clark: Ou de pressions excessives de la part de la
direction.
Le président: Merci, monsieur Clark. Vous avez fait du très
bon travail. Votre exposé, avec toutes les pièces justificatives,
est l'un des meilleurs que nous ayons entendus jusqu'à maintenant.
Vous nous avez donné une idée concrète des enjeux réels, et nous
vous en remercions.
M. Douglas Clark: Merci beaucoup, monsieur le président.
Le président: Nous ferons une pause de trois minutes.
Le président: Nous reprenons nos travaux. J'invite M. Michael
Lauber, ombudsman bancaire canadien.
Monsieur Lauber, nous sommes très intéressés à entendre votre
témoignage. Comme vous l'avez sûrement deviné, nous aurons des
questions très intéressantes à vous poser.
M. Michael Lauber (Ombudsman bancaire canadien): Merci
beaucoup, monsieur le président.
Merci de me donner la possibilité de témoigner devant votre
Comité relativement à la très importante question des ventes liées.
J'ai témoigné devant le Comité l'an dernier, à la même période, sur
le même sujet, entre autres. À cette occasion, j'avais dit au
Comité que nous n'avions reçu aucune plainte relativement à des
tentatives de ventes liées.
J'aimerais vous expliquer aujourd'hui en quelques mots le rôle
de l'ombudsman bancaire canadien et quelles activités il est appelé
à exercer. Je vous parlerai aussi de nos expériences quant à la
vente liée, et de celles des ombudsmans des banques dans le même
domaine.
J'ai été présent toute la journée, et je serai ici demain
matin, parce que j'ai la charge de régler des différends et des
litiges entourant les ventes liées. Je crois donc qu'il est
important pour moi d'assister à vos réunions afin de prendre le
pouls de la situation et de connaître les points de vue différents
quant à la définition de la vente liée. C'est pourquoi j'ai été
présent tout le temps.
En bref, l'ombudsman bancaire canadien est un organisme
indépendant de résolution des différends. Nos clients sont des
petites et moyennes entreprises qui sont clients des banques, ainsi
que les clients personnels. Notre rôle est d'évaluer le bien-fondé
de la plainte d'un client, non le contexte juridique. Nous nous
appuyons sur les codes et pratiques des industries, eu égard par
exemple à la vente liée, aux codes des petites entreprises, aux
codes concernant la vie privée. Nous ne fixons pas les normes; nous
les utilisons comme points de repère afin de déterminer ce qui est
juste et adéquat dans une situation donnée.
Nos activités couvrent tous les services bancaires. Nous nous
intéressons aux questions relatives à la vie privée et à la vente
liée. Nous sommes une corporation autoréglementée à but non
lucratif, créée au milieu de 1996. Au début, sept banques étaient
membres; nous en comptons actuellement douze. Je suis sous les
ordres d'un Conseil d'administration, composé en majorité
d'administrateurs indépendants, non liés à des banques. L'effectif
compte six personnes, dont moi; un travaille à Montréal, et quatre
sont bilingues.
Je crois que vous avez pu avoir une idée de notre façon de
procéder: si un client a un différend avec une banque, il remplit
un formulaire de résolution des litiges, remis par cette dernière,
puis le présente à l'ombudsman de la banque en question et,
éventuellement, la cause est portée en appel devant notre organisme
indépendant.
Nous entendons tous les clients du groupe bancaire, soit la
banque, le trust affilié; la filiale de placement, d'escompte et
autres, les courtiers d'assurance-vie et d'assurances générales
affiliés aux banques.
Pour vous donner une idée de nos activités, jusqu'à maintenant
toutes les recommandations que nous avons faites aux banques ont
été appliquées et, sur le plan financier, nos plus grandes remises
ont été de l'ordre de 260 000 $, 120 000 $, 37 000 $ et
25 000 $.
L'importance de la plainte n'est pas tributaire seulement du
montant, mais c'est quand même un indice à considérer.
L'information est importante à nos yeux. Il en a été question
à plusieurs reprises aujourd'hui. Tom Caldwell a soulevé ce matin
la question de la transparence des procédures appliquées par notre
organisme.
Je peux vous dire que j'ai participé à près de 50 entrevues à
la télévision et à la radio, dans tout le pays, et fait je ne sais
plus combien de citations dans les journaux. J'ai eu «50 millions
de contacts», comme on le dirait dans la presse, que je fais
actuellement calculer par curiosité, par une compagnie spécialisée.
Je crois que les niveaux de transparence et de sensibilisation
sont très acceptables. Par exemple, j'ai fait livrer cette semaine
50 000 brochures à la Fédération canadienne des entreprises
indépendantes, qui se chargera de les distribuer à tous ses
membres. Elle en a besoin de plus, mais nous avons commencé par
50 000. La brochure vous a été remise. Je la ferai envoyer à tous
les bureaux de comté des députés, etc.
C'est un processus qui a fait ses preuves. Nous sensibilisons
les banques et les autres à la nécessité de s'occuper des plaintes
des clients. Les ombudsmans des banques me rapportent que les
choses changent: on est beaucoup plus conscients qu'il faut
s'occuper des plaintes des clients et les résoudre. C'est le but de
notre travail.
En tant qu'instance d'appel, nous occupons l'échelon
supérieur. Les banques veulent avoir le contrôle sur les plaintes.
Elles veulent faire affaire directement avec leurs clients. Elles
veulent résoudre les plaintes afin de garder leurs clients. Nous
faisons des pressions, les ombudmans et d'autres instances mettent
d'autres pressions sur les dirigeants des banques, et les litiges
se règlent.
• 1645
Notre Conseil a récemment approuvé l'expansion de nos
services. Si d'autres institutions financières souhaitent se
joindre à notre organisme, nous serons très heureux de les
accueillir. Nous accepterons comme membres les compagnies de
fiducie, les coopératives de crédit, les autres institutions
financières, étrangères ou non, telles que Wells Fargo, GE Capital,
Newcourt ou Beneficial.
L'idée est de faire place aux supermarchés de la finance. Les
banques sont actives dans tellement de domaines. Les compagnies
d'assurances ne sont pas appelées pour le moment à cause de leur
statut particulier, mais on ne sait jamais.
Nous avons reçu au cours du dernier exercice 96 plaintes
formelles pour enquête et 606 demandes d'information, de conseils.
Nous déterminons si les appelants doivent vraiment déposer une
plainte ou s'ils ont besoin plutôt de conseils de la part d'une
banque. Durant le premier trimestre de 1998, nous avons reçu 48
plaintes formelles et 208 demandes.
Nos recommandations sont favorables au client dans 40 p. 100
des cas, un très fort pourcentage. Il serait étonnant que cette
tendance se maintienne, mais elle a cours depuis un certain moment.
Entre 50 et 60 p. 100 des plaignants ont été complètement ou
partiellement satisfaits. Comme je l'ai déjà dit, ces chiffres ne
seront pas toujours si élevés à long terme, parce que les cas sont
soumis à l'ombudsman et sont examinés très minutieusement.
Éventuellement, les pourcentages seront moins élevés.
Passons maintenant au sujet qui nous intéresse, soit la vente
liée. La semaine dernière, nous avions reçu en tout et pour tout
une plainte formelle concernant la vente liée, qui n'est pas celle
de Doug Clark. Son cas a été réglé par la Banque Royale. Il faut
bien comprendre que notre bureau n'a pas traité sa plainte. C'est
la Banque Royale qui a réglé le litige avec lui, et c'est la
procédure normale.
J'ai rencontré Doug, qui m'a remis ceci. Je l'ai télécopié.
J'ai dit à Doug que j'enverrais le document à l'ombudsman de la
Banque Royale, Verne McKay, qui s'est occupé du cas. Tout ce que je
sais du cas m'a été rapporté par des tiers, principalement par
Doug. Mais c'est la procédure normale.
Examinons la plainte qui a été déposée à notre bureau cette
semaine. J'ai obtenu quelques renseignements à ce sujet. Nous nous
sommes entretenus avec le plaignant, qui a utilisé le terme
«coercition»; la plainte a été classée sous le thème «vente liée».
Les ombudsmans des banques, au cours de la dernière année et
demie, avaient reçu six plaintes concernant les ventes liées. Une
seule a été effectivement apparentée à la vente liée—celle de Doug
Clark. J'ai examiné les brèves réévaluations qui ont été faites de
ces plaintes traitées dans les banques. Je n'ai pas le détail. Il
ne s'agissait pas de vente liée si je me fie aux renseignements qui
m'ont été donnés. Il s'agissait en fait de vente par encouragement
que les plaignants avaient pris à tort pour de la vente liée.
Les clients n'osent pas appeler l'ombudsman de leur banque.
Plusieurs intervenants, y compris Doug, ont mentionné ce problème.
Les gens n'osent pas invoquer le processus de résolution des
litiges avec les banques ni faire appel à l'ombudsman.
Depuis que notre organisme est en fonction, soit deux ans
environ, plus de 6 000 personnes ont déposé des plaintes auprès des
ombudsmans des banques. Il faut avouer que certains cas sont
beaucoup plus émotifs que la simple pression ressentie à la suite
de tentatives de ventes liées. Je ne crois pas que les gens ont
peur de s'adresser à l'ombudsman dans ce dernier cas.
Pour notre part, quelque 1 000 personnes se sont adressées à
nous, pour recevoir de l'information ou pour d'autres raisons.
Parmi celles-ci, entre 125 et 130 personnes voulaient réellement
que l'on fasse enquête. Mais 6 000 examens complets ont été faits
par les ombudsmans. Cela démontre à mon sens que les gens ne sont
pas si effrayés...
• 1650
Mais vous devez vous rappeler que mon rôle est indépendant par
rapport à l'industrie bancaire, bien que je travaille en lien
étroit avec cette industrie. Je ne connais pas les transactions
quotidiennes et je ne vois jamais les clients satisfaits, parce que
les seuls qui viennent me voir sont ceux qui ont des problèmes.
Je ne peux donc pas affirmer que j'ai une vue d'ensemble de la
situation. Je n'entends pas parler uniquement des erreurs des
banques, mais aussi de l'avortement du processus de résolution, qui
aboutit à la soumission d'une plainte à mon bureau.
Après la couverture récente par les médias, j'ai reçu deux
lettres, dont l'une provient de l'un des conseillers en
investissement auxquels Caldwell a fait référence ce matin. Si les
faits cités sont exacts, il s'agirait de ventes liées. Dans un cas,
il croyait qu'une banque était en cause, et dans l'autre, c'est
d'une coopérative de crédit dont il s'agit. Mais il s'agirait de
vente liée, bien qu'il n'ait pas brillé par la précision.
Beaucoup de personnes sont impliquées. Un autre plaignant m'a
écrit après que l'affaire a été traitée dans les journaux. Il
faisait état de deux exemples personnels en lien avec une compagnie
de fiducie. Je lui ai parlé pendant 20 minutes au téléphone, pour
découvrir qu'il ne s'agissait pas de vente liée ni de coercition,
dans aucun des cas. Il n'en était pas moins convaincu qu'il avait
subi des pressions et de la coercition, selon ce qu'il avait lu
dans les journaux. En fait, c'était tout simplement de la vente par
encouragement. On lui avait offert une baisse de taux d'intérêt
s'il achetait plusieurs produits.
C'est le genre de cas qui ont été portés à notre connaissance
ces derniers temps, à l'exception de celui, plus récent, que j'ai
mentionné au début de mon intervention. J'ai parlé aux plaignants—
de même qu'à mon député—et, à la lumière des renseignements dont
je dispose actuellement, il ne s'agit pas de vente liée.
Je crois qu'il y a beaucoup de confusion entre la vente liée
et la vente par encouragement. Il est clair qu'il faut diffuser de
l'information à ce sujet, autant auprès du public que du personnel
bancaire. Je ne crois pas toutefois que les 6 000 personnes qui ont
déposé des plaintes auprès des banques et que les 1 000 qui l'ont
fait à nos bureaux, et tous les autres, aient peur de se plaindre.
Je peux dire que Verne McKay, l'ombudsman de la Banque Royale,
a effectivement examiné la plainte de Doug Clark. Il m'a dit
l'autre jour que l'expérience récente avait eu des répercussions
positives pour la banque. Elle a pu attirer l'attention des
employés sur cette question et sur son importance, et a mis en
relief la nécessité de la formation continue. C'est en gros ce que
Verne avait à dire.
J'ai assisté à une de vos rencontres l'autre jour et j'ai dîné
avec un banquier; nous avons parlé des ventes liées. Je crois que
la publicité récente a mis la puce à l'oreille des banques. Elles
se sont rendu compte qu'il s'agissait d'une question importante;
elles comprennent qu'elles doivent se montrer prudentes et
déterminer ce qui est bien et ce qui ne l'est pas.
Je suis donc d'accord avec Doug. La publicité est efficace.
Voilà ce que j'en pense. Pour ce qui est du cas de Doug, s'il
avait choisi d'en parler au directeur de sa succursale, au
vice-président régional ou à une autre personne, son cas aurait
suivi la filière du processus de résolution des litiges de la
Banque Royale. Tôt ou tard, il aurait eu affaire à Verne McKay et
le dénouement aurait été très semblable.
J'ai la conviction que la publicité médiatique n'a aucune
influence sur le processus de défense des droits. Notre bureau, pas
plus que les autres bureaux d'ombudsman, ne prend pas une décision
différente parce que le plaignant a mis l'affaire entre les mains
des journalistes. Faites ce que vous avez à faire, mais cela ne
changera en rien ma réaction. Tous les cas font l'objet d'un examen
exhaustif. Le jugement est fondé sur cette évaluation, et non sur
la publicité que vous avez reçue dans les médias. C'est une
question de justice, et elle prévaut dans les deux sens.
Le président: Merci, monsieur Lauber.
La première question sera posée par monsieur Solberg.
M. Monte Solberg: Merci beaucoup, monsieur Lauber, de nous
accorder du temps. J'aimerais revenir sur un élément que vous avez
mentionné au début: selon vous, l'ombudsman est de plus en plus
connu. Les banques sont-elles tenues actuellement de mettre des
affiches au mur—comme le suggérait M. Clark eu égard aux droits
des clients—pour indiquer aux clients que toutes les banques sont
dotées d'un bureau d'ombudsman, et autres renseignements de ce
type?
M. Michael Lauber: En premier lieu, je dois dire que toutes
les banques ont leur propre documentation. En règle générale, une
brochure de base traite distinctement de la satisfaction des
clients et des processus de résolution des litiges. La brochure
explique comment déposer une plainte à la Banque Royale, à la
Banque TD, comment entrer en contact avec l'ombudsman, comment
joindre notre bureau, etc. Une exigence légale oblige aussi les
banques à mentionner dans une telle brochure le recours possible au
BSIF.
Récemment, les banques ont fait circuler des brochures sur la
protection des renseignements personnels, où elles expliquent aussi
le processus de résolution des conflits, le rôle de l'ombudsman de
la banque, notre rôle, ainsi que celui du BSIF, je crois.
Les brochures sur la vente liée—la brochure de l'ABC en
parle. Pour ce qui est des brochures distribuées par chaque banque,
j'ai en main celle de la Banque Royale, qui parle en effet du
processus, du centre de résolution des plaintes de l'institution,
du bureau de l'ombudsman, de la banque canadienne... Tous ces
renseignements se trouvent dans leur documentation.
M. Monte Solberg: Bien. C'est très bien. Je n'ai rien à
redire, sauf que la plupart des clients ne lisent pas ces
brochures. Ne serait-il pas mieux d'afficher ces renseignements au
mur des bureaux des agents de prêt dans toutes les banques? Le
client qui se présente à ce bureau pourrait prendre connaissance
des renseignements simplement en levant les yeux. Si les banques
veulent réellement faire connaître l'existence du bureau de
l'ombudsman—celui de la banque et le vôtre—je crois que c'est la
meilleure solution pour éviter le genre de problèmes dont nous
traitons aujourd'hui.
Dans ce cas précis, c'est l'ombudsman qui aurait été saisi de
l'affaire, peut-être. Ne serait-ce pas plus sensé?
M. Michael Lauber: Je crois que Doug connaissait fort bien
l'existence de l'ombudsman.
M. Douglas Clark: À vrai dire, non. Je l'ai appris seulement
après avoir envoyé ma lettre.
M. Monte Solberg: Est-ce qu'une telle pratique ne serait pas
indiquée? Vous nous avez parlé de vos sorties dans les médias, mais
ne serait-il pas mieux de faire de la publicité directement dans
les banques?
M. Michael Lauber: Ce n'est pas moi qui vais vous contredire
sur la nécessité de faire connaître l'ombudsman, mais je crois que
les banques ont fait... Par exemple, nous avons fait récemment une
recherche parce que notre Conseil voulait savoir ce qui se passait,
et nous avons demandé aux banques de nous fournir l'information.
Beaucoup d'information a été distribuée aux clients des banques
relativement au rôle de l'ombudsman. C'est vraiment impressionnant.
La Banque TD, en janvier je crois, a remis une brochure à chaque
client commercial.
M. Monte Solberg: Bien. Ma prochaine et dernière question est
la suivante: M. Clark recommande que les banques soient
autoréglementées, mais que des lois encadrent cette
autoréglementation. Si l'autoréglementation n'est pas adéquate, une
loi viendrait à la rescousse du public; cette menace obligerait les
banques à faire attention.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez, si vous avez étudié
d'autres professions qui recourent à ce type d'autoréglementation.
Je crois que c'est le cas pour les CA.
M. Michael Lauber: Je suis moi-même comptable agréé...
M. Monte Solberg: Bon.
M. Michael Lauber: Vous pourriez consulter le document que
j'ai soumis voilà dix jours à Industrie Canada relativement à
l'utilisation des renseignements personnels. Mon point de vue est
très clair: il faut instaurer une autoréglementation et, si les
industries—les banques sont loin d'être les seules à être
concernées—ne sont pas assez diligentes, alors seulement le
gouvernement doit intervenir. Mais il faut tout d'abord que les
industries le fassent d'elles-mêmes. C'est le thème de ce document,
et je ne crois pas qu'il en est autrement dans notre cas.
M. Monte Solberg: Merci.
Le président: Madame Lalonde.
[Français]
Mme Francine Lalonde:
Monsieur Lauber, j'ai lu la petite brochure que vous
nous avez remise. Franchement, j'ai été extrêmement
surprise. Vous allez me permettre de vous lire le
dernier paragraphe.
On écrit en français:
C'est un «etc.» lourd de
conséquences.
Sur quoi pouvez-vous donc vous
prononcer? Sur la politesse des caissiers et des
caissières, ou sur l'obligation d'aller se servir
soi-même aux guichets automatiques?
[Traduction]
M. Michael Lauber: Madame, nous pouvons faire une enquête sur
à peu près tous les éléments d'une plainte d'un client envers une
banque. Mais cela signifie que, au chapitre de l'établissement des
prix des produits et des services, il nous incombe de faire des
recherches et de déterminer si les plaintes individuelles sont
justifiées. Il n'est pas de notre ressort de déterminer si le taux
d'intérêt de 19 p. 100 imputé sur les cartes de crédit dans toute
l'industrie est justifié. Je ne peux rien faire dans ce domaine
pour un client précis.
Ce n'est pas le rôle de notre bureau. Si des frais de service
injustifiés pour une transaction d'affaire sont imputés à un
client, je peux m'en occuper. Mais je ne m'attaquerai pas au fait
que la banque impose des frais généraux de 0,50 $ par chèque à tous
ses clients; ce n'est tout simplement pas de ma compétence.
Pour ce qui est des politiques d'octroi de crédit, chaque
banque a ses critères. Les garanties demandées, pour une hypothèque
par exemple, ou le revenu exigé pour être admissible—si la banque
satisfait à ces critères, nous n'avons rien à redire. Nous nous
attaquons plutôt aux processus. Ce ne sont pas les critères qui
sont... Les critères sont justifiés. En règle générale, le client
se plaint parce que la banque n'a pas appliqué la procédure qu'elle
a elle-même établie. La décision a été prise selon d'autres
facteurs. Ou en raison de la personnalité du requérant. Ou
l'évaluation du dossier est incomplète. Ou la banque n'a pas
recueilli toutes les données voulues avant de faire l'évaluation.
Il est tout à fait correct que la banque exige du client que
son revenu familial s'élève à 50 000 $ pour lui accorder une
hypothèque de 80 000 $—je donne les chiffres à titre d'exemple.
Mais si la banque impose des conditions qui ne sont pas stipulées
dans ses propres politiques, alors nous avons notre mot à dire.
C'est l'un des aspects de notre travail.
Pour ce qui est du troisième aspect, soit les litiges portés
devant les tribunaux, il n'est pas du ressort de l'ombudsman de
contester la décision d'un juge.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Est-ce que je peux vous
dire une chose? Si moi je l'ai lu comme ça,
beaucoup de
gens peuvent le lire comme ça. Si c'est la publicité
qu'on fait, on peut difficilement
penser qu'on peut avoir recours à l'ombudsman.
Je peux
par ailleurs questionner le fait que le mandat soit
si «limité». Pour ce qui est des
politiques d'octroi de crédit, la marge entre la
politique et l'application de la politique peut être
étroite. Cela me fait souhaiter de
voir... Cela doit être dans les documents que j'ai,
mais on
en a tellement. Ce n'est pas que l'ABC ne nous fournit
pas d'information, mais vous savez que trop,
c'est parfois comme pas assez.
Je ne sais pas si j'ai le mandat de
l'ombudsman.
Ce serait intéressant qu'on l'ait.
• 1705
Quand il s'agit des politiques d'octroi de crédit,
ça peut poser problème. Ça peut être la
perception qu'a la personne de la politique d'octroi de
crédit et ça peut être la politique d'octroi de
crédit qui pourrait être questionnée. Vous
n'avez pas besoin de le faire publiquement, mais...
[Traduction]
M. Michael Lauber: Nous n'avons pas eu de difficulté jusqu'à
maintenant. Nous n'avons pas reçu beaucoup de commentaires à cet
effet, mais je prends note de votre avertissement.
Ce qui est important de se rappeler, c'est que nous traitons
une plainte individuelle à la fois. Pour ce qui est des processus
de défense des droits dans les banques, ils sont beaucoup plus
restreints. Au Royaume-Uni, par exemple, ils utilisent le terme
«mauvaise gestion des affaires», lié au crédit; autrement dit, ils
s'occupent tout simplement de la mauvaise gestion des processus.
Nous nous occupons aussi de la mauvaise gestion des processus de
financement pour ce qui est des plaintes relatives au crédit. Mais
ces plaintes constituent un faible pourcentage des plaintes que
nous recevons, tout au plus 20 p. 100.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Ce n'est peut-être pas
surprenant.
[Traduction]
Le président: Monsieur Nystrom.
M. Lorne Nystrom (Qu'Appelle, NPD): J'ai deux questions. Je
veux tout d'abord vous souhaiter la bienvenue et vous féliciter
pour le travail que vous faites.
Je voulais vous demander si, en vous fiant à votre expérience,
vous recommanderiez qu'on nomme un ombudsman indépendant pour
vérifier les institutions financières. Vous dites dans votre
brochure—Mme Lalonde a brièvement abordé ce sujet—que les banques
ne sont pas tenues de suivre vos recommandations. Vous n'êtes pas
indépendant des banques; vous agissez en tant que conseil
indépendant, mais vous appartenez aux banques. C'est un peu comme
si les poulets déposaient une plainte contre le colonel Sanders;
les ombudsmans jouent à la fois le rôle du colonel Sanders et celui
de ses frères. Nous sommes réellement dans une situation de droits
acquis et de conflits d'intérêts.
M. Michael Lauber: Je suis l'ombudsman indépendant pour les
banques.
M. Lorne Nystrom: Oui, mais je vous fais remarquer que vous
appartenez aux banques.
M. Michael Lauber: Non; elles nous financent.
M. Lorne Nystrom: Elles vous financent et...
M. Michael Lauber: Je reçois les ordres d'un conseil
d'administration indépendant.
M. Lorne Nystrom: Mais les banques vous financent;
mordriez-vous la main qui vous nourrit? Je ne veux pas vous mettre
dans une position défensive...
M. Michael Lauber: Non, non.
M. Lorne Nystrom: ...mais je voulais vous demander si ce pays
ne serait pas mieux de se doter d'un ombudsman qui ne dépend pas du
financement des banques.
M. Michael Lauber: Il y a un ombudsman indépendant. Le
financement n'est pas en cause, très honnêtement. Tous les services
d'ombudsman bancaire sont structurés de la même façon dans le
monde. Ils sont financés par les institutions financières et
reçoivent les ordres d'un conseil d'administration indépendant.
Notre structure est exactement la même. Nous sommes totalement
indépendants des banques et elles ont suivi toutes nos
recommandations. Je ne vois aucun problème, alors je ne vois pas
pourquoi on s'inquiète. Si les banques ne suivaient pas nos
recommandations, il y aurait matière à s'inquiéter.
M. Lorne Nystrom: Vous ne recommandez donc pas la mise sur
pied d'un bureau totalement indépendant qui ne serait pas financé
par les banques?
M. Michael Lauber: Nous sommes un bureau entièrement
indépendant.
M. Lorne Nystrom: Oui, mais qui ne devrait pas être financé
par les banques.
M. Michael Lauber: Mais qui le financerait alors?
M. Lorne Nystrom: Il existe plusieurs formes de financement
pour les organismes et les tribunaux indépendants dans ce pays.
M. Michael Lauber: Pour être plus clair, même si le
financement provenait d'une autre source, le bureau fonctionnerait
de la même façon.
M. Lorne Nystrom: Mon autre question est la suivante: Vous
avez reçu plusieurs centaines de plaintes, et 40 p. 100 sont
résolues de façon positive, alors que 50 à 60 p. 100 des gens sont
satisfaits.
M. Michael Lauber: Oui.
M. Lorne Nystrom: Quelles sont les plaintes les plus
fréquentes? Pour quels types de plaintes les clients se disent-ils
satisfaits des résultats? Pouvez-vous me donner deux ou trois
exemples?
M. Michael Lauber: Les petites entreprises déposent environ
25 p. 100 des plaintes, et la moitié concernent le recouvrement des
prêts. Les autres plaintes proviennent d'individus et sont très
variées; elles peuvent concerner les produits d'investissement,
quelques-unes ont trait aux renseignements personnels, mais la
grande majorité concerne les transactions. Quelques plaintes ont
trait à la lenteur du transfert de RPR, mais elles touchent une
grande partie des services. Il y a beaucoup de cas de mauvaises
créances et de découverts liés aux cartes de crédit.
M. Lorne Nystrom: À la lumière de celles-ci, pourriez-vous
faire des recommandations relatives à des politiques à ce Comité?
Par exemple, M. Clark disait qu'il faudrait imposer des délais pour
le transfert des REER; pourriez-vous faire une recommandation en ce
sens?
M. Michael Lauber: L'industrie s'est déjà dotée d'une
politique en matière de transfert des produits enregistrés.
M. Lorne Nystrom: Ce n'est pas l'objet de ma question. Vous
sentez-vous apte à faire des recommandations sur les politiques à
ce Comité dans les domaines où vous avez décelé des difficultés, ou
tout vous semble-t-il parfait?
M. Michael Lauber: Non, tout n'est pas parfait, peu s'en faut.
Je suis venu ici aujourd'hui pour parler des ventes liées. Nous
pourrions faire des recommandations dans certains domaines, bien
entendu. Mais nous sensibilisons le public. Nous publierons bientôt
notre rapport annuel, qui fera état de certaines difficultés.
M. Lorne Nystrom: Ce n'est donc pas vraiment votre rôle.
M. Michael Lauber: Je n'ai effectivement pas ce mandat.
N'oubliez pas, monsieur Nystrom, dans quelle contexte je m'inscris.
Je vois seulement les failles du système et les sujets qui
provoquent l'insatisfaction des clients, qui représentent une
petite partie de toute la clientèle. Je ne pourrais pas changer
tout le système, car je ne vois qu'une partie de la situation
réelle.
Le président: Monsieur Casey.
M. Bill Casey: Je suis très surpris que vous ayez reçu
seulement 606 plaintes. Je fais un calcul sommaire du nombre de
comptes bancaires au Canada. Il doit y en avoir au moins
40 millions, voire 50 ou 60 millions.
M. Michael Lauber: Oh! c'est possible!
M. Bill Casey: Et vous avez reçu seulement 600 plaintes l'an
dernier , et 96 ont fait l'objet d'une enquête. Cela vous
semble-t-il suffisant, si on considère qu'il y a 40 millions de
comptes?
M. Michael Lauber: Peut-être les banques font-elles du très
bon travail, je ne sais pas.
M. Bill Casey: Nous ne serions pas ici si c'était le cas.
M. Michael Lauber: Parmi ces détenteurs de comptes, 6 000 ont
déposé une plainte à l'ombudsman de leur banque durant cette
période. Parmi les plaignants, environ 120 ont déposé une plainte
formelle à nos bureaux durant la dernière année et demie. Environ
70 p. 100 des plaignants sont satisfaits.
M. Bill Casey: Je crois que la règle qui dicte aux clients de
voir l'ombudsman de leur banque en premier élimine environ
95 p. 100 des gens qui souhaiteraient porter plainte, parce qu'ils
ne veulent tout simplement pas retourner à la banque qu'ils
viennent de quitter en catastrophe. Ils n'osent pas se plaindre. Je
le sais par expérience en tant que conseiller financier.
M. Michael Lauber: Eh bien, 6 000 personnes ont osé aller
jusqu'à l'ombudsman. Combien ont fait affaire avec le service de
résolution des litiges ou avec d'autres niveaux de direction?
Probablement trois ou quatre fois plus.
M. Bill Casey: On dit 606 ici.
M. Michael Lauber: Ce chiffre vaut pour mon bureau. Depuis les
deux dernières années, environ 6 000 clients ont déposé une plainte
auprès de l'ombudsman d'une banque.
M. Bill Casey: Faudrait-il, à votre avis, changer la règle
afin que les gens puissent se plaindre à vous directement, sans
avoir à retourner à leur banque?
M. Michael Lauber: Je sais que le système de défense des
droits fonctionne ainsi en Australie. Il n'y a pas d'ombudsman dans
les banques. Ce sont des gestionnaires intermédiaires qui traitent
les plaintes dans les banques. L'ombudsman australien a passé deux
jours avec moi à Toronto, de même qu'avec deux autres ombudsmans.
Il m'a écrit la semaine dernière et me parlait de notre
«merveilleux système canadien», avec ses bureaux d'ombudsman dans
les banques, gérés par des cadres supérieurs. Il a été très
impressionné.
M. Bill Casey: Si les clients mettaient eux-mêmes sur pied un
système de défense des droits, croyez-vous qu'ils feraient en sorte
de ne pas avoir à retourner à la banque et de s'adresser
directement à votre bureau? Si le système était véritablement conçu
pour le bénéfice des clients, ne pensez-vous pas qu'ils pourraient
s'adresser directement à vous?
M. Michael Lauber: Les banques veulent se garder le plaisir de
résoudre elles-mêmes les plaintes des clients.
M. Bill Casey: C'est ce que les banques veulent. Mais qu'en
est-il du client? S'il pouvait choisir, pensez-vous que le client
mettrait sur pied un système différent?
M. Michael Lauber: Peut-être. Au Royaume-Uni, le client
s'adresse directement à l'ombudsman des banques. L'an dernier, les
ombudsmans des banques y ont reçu, si je me souviens bien, 8 000 ou
9 000 plaintes. L'ombudsman des banques a fait 600 ou 700 enquêtes,
et a transmis le restant aux banques, parce que celles-ci
détenaient l'information qui permettait de les résoudre.
• 1715
M. Bill Casey: Je veux tout juste faire remarquer que le plan
a été élaboré par les banques elles-mêmes, comme l'a souligné M.
Nystrom, et que cette façon de faire leur permet d'avoir le
bénéfice du doute, peut-être plus que si le système était conçu par
les clients eux-mêmes.
M. Michael Lauber: Mais le plan a été élaboré en fonction des
lignes directrices en vigueur dans le monde entier eu égard aux
services d'ombudsman.
M. Bill Casey: Lignes directrices élaborées par les banques.
M. Michael Lauber: Mais elles n'en sont pas moins très
respectées; elles constituent la norme.
M. Bill Casey: Si le système était conçu à l'avantage des
clients, ceux-ci pourraient s'adresser directement à vous, sans
avoir à retourner à leur banque, où ils se sentent déjà pris en
défaut.
M. Michael Lauber: Mais ils auraient quand même à retourner à
la banque.
M. Bill Casey: Au moins, quelqu'un pourrait les aider; c'est
là que le bât blesse.
M. Michael Lauber: Vous devez comprendre le rôle de
l'ombudsman de la banque. C'est toujours un cadre avec une vaste
expérience. Dans les grandes banques, ce poste est occupé par un
vice-président directeur ou par un vice-président directeur à la
retraite. On leur fournit un bureau indépendant. Ils sont sous les
ordres du conseil de la banque ainsi du conseil complet, ou du
comité du conseil. Ils jouissent d'une grande autonomie et de
beaucoup d'indépendance à l'intérieur de la banque.
Je ne veux pas en mettre trop sur les épaules de Verne McKay,
de la Banque Royale, mais il a un jour répondu à un journaliste que
la banque le payait pour être indépendant. Bien entendu, il reste
un employé de la banque, mais son rôle est d'adopter un point de
vue indépendant quand une plainte est déposée et de la résoudre.
Notre rôle est celui d'un organisme indépendant qui donne une autre
opinion.
M. Bill Casey: Quatre de mes clients à qui je donne des
conseils financiers ont rencontré des problèmes avec leur banque.
Je citerai un seul cas. Il s'agit d'un homme d'affaires qui a
demandé à sa banque de transférer son REER. Je ne sais pas ce qui
s'est dit au juste, mais il a eu l'impression que sa marge de
crédit d'entreprise serait annulée s'il transférait son REER.
Il n'est pas retourné à la banque pour se plaindre, parce
qu'il était très mal à l'aise avec cette histoire. Il craignait
qu'on lui retire sa marge de crédit s'il déposait une plainte. Vous
n'en entendrez jamais parler, ni la banque d'ailleurs. Je veux
juste illustrer que, si les gens pouvaient se plaindre directement
à votre bureau, vous auriez eu plus que 606 plaintes jusqu'à
maintenant.
M. Michael Lauber: Dans un tel cas, toutefois, que pourrais-je
faire? Croyez-moi, il y a toujours deux côtés à une médaille.
M. Bill Casey: Je suis d'accord.
M. Michael Lauber: Peu importe si cette personne est crédible
ou non. Quand vous analysez l'autre versant des faits, la
perspective change. On ne peut faire une enquête si on a juste une
version des faits. Il faudrait de toute façon retourner à la
banque.
C'est là le problème. Vous ne pouvez pas venir me voir et me
dire: «C'est terrible. Ils ne devraient pas faire ça». Je ne peux
pas faire de suppositions avant d'avoir le dossier de la banque.
Nous avons accès à tous les dossiers bancaires. Nous en avons des
piles et des piles. La plupart laissent même des renseignements
juridiques protégés dans les dossiers qu'elles nous remettent.
Mais nous rencontrons toujours la même difficulté dans ce
domaine, y compris les ventes liées: aucune mouche n'écoutait au
mur quand l'offre a été faite, et il peut s'agir tout simplement
d'une erreur de syntaxe ou d'un mauvais choix dans l'ordre.
Dans le cas de Doug, la directrice des comptes n'a pas choisi
le bon ordre. Si elle avait dit: «Je vous accorde le prêt. Vous
devez me fournir des garanties de tant de dollars. Êtes-intéressés
à acquérir d'autres produits?», tout aurait été correct. Elle a
malencontreusement introduit les offres de vente intéressantes
entre les deux.
M. Bill Casey: La situation que j'ai décrite représente-t-elle
un cas de vente liée, à votre avis? Je sais qu'il y a toujours deux
côtés à une médaille, mais si les choses se sont réellement
déroulées comme je l'ai raconté...
M. Michael Lauber: Si l'octroi du prêt était vraiment lié au
transfert ou non du REER, il pourrait peut-être s'agir en effet de
vente liée, parce qu'il n'y a pas de raison de lier un REER à un
prêt.
M. Bill Casey: Pour une entreprise.
M. Michael Lauber: Oui.
M. Bill Casey: Mais il devrait retourner à la banque pour se
plaindre.
M. Michael Lauber: Mais s'il s'agissait d'autres formes de
garantie et s'ils disaient «Regardez, votre entreprise ne constitue
pas une garantie suffisante pour ce prêt; nous avons besoin d'un
cautionnement personnel de 50 000 $ pour garantir cet emprunt»,
alors ce serait parfait. C'est ce qu'il faut faire.
M. Bill Casey: Bien. D'accord.
Le président: Monsieur Cullen.
M. Roy Cullen: Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Lauber, d'être venu témoigné devant le comité
aujourd'hui. Tout à l'heure, vous avez fait une distinction entre
une vente liée et une vente par encouragement. Au lieu de nous
donner des exemples, pourriez-vous plutôt nous définir ces deux
principes de vente, cela aiderait le comité?
M. Michael Lauber: Une vente par encouragement serait... bien
une vente du genre de celle dont le type parlait tantôt. Son fils
voulait obtenir une hypothèque pour acheter sa première maison. La
banque lui a offert le taux préférentiel plus X p. 100 ou quelque
chose du genre pour son hypothèque.
M. Roy Cullen: Je suis certain que cela peut être utile mais
y a-t-il moyen de définir clairement vente par encouragement et
vente liée?
M. Michael Lauber: Vous avez une vente par encouragement
lorsque vous donnez au client un avantage qui est rattaché à
l'achat d'un autre produit ou d'un autre groupe de produits. Dans
une transaction de ce genre, le consommateur gagne. Vous obtenez
votre hypothèque mais vous avez droit à une diminution d'un
demi-point si vous achetez vos REER à la banque. Vous sortez
gagnant puisque vous payez 0,05 p. 100 de moins sur votre
hypothèque.
Il y a beaucoup de promotions de ce genre. Durant la période
des REER, les banques offrent des prêts pour les REER. Si vous
achetez un produit d'investissement offert par la banque vous avez
la chance d'obtenir un prêt au taux préférentiel. Par contre, si
vous contractez un emprunt ordinaire afin d'acheter des REER, vous
obtenez le taux régulier, c'est-à-dire le taux préférentiel plus
0,05 p. 100 ou 1 p. 100. Vous avez donc un avantage lorsque vous
achetez le produit de la banque. C'est une vente qui comporte
certains avantages.
Mais si la banque ne fait pas cela et dit plutôt que vous ne
pouvez pas obtenir de prêt à moins d'acheter un de ses produits
financiers, alors il s'agit d'une vente liée.
M. Roy Cullen: Si je comprends bien, vous dites que pour
qu'une vente soit liée, l'obtention d'un service est conditionnelle
à l'achat d'un autre produit ou service.
M. Michael Lauber: C'est exact. Dans le cas présent, vous ne
pouvez obtenir un prêt pour votre entreprise que si vous achetez
votre REER au même endroit, car votre REER ne peut pas servir de
garantie. Il n'y a donc aucune raison d'affecter votre REER en
garantie pour un prêt. La banque pourrait vous offrir un taux
préférentiel si vous y achetiez votre REER ou si vous le
transfériez là.
M. Roy Cullen: Selon vous, les deux choses sont-elles très
différentes? Est-ce qu'on fait face à une situation claire et nette
ou y a-t-il des zones grises?
M. Michael Lauber: Je suis certain qu'il peut y avoir des cas
plus ambigus, mais généralement on parle de vente liée lorsque vous
êtes obligés ou contraints à acheter un second produit qui ne vous
apporte aucun avantage. On ne vous aide pas, on vous nuit. Dans le
cas d'une vente par encouragement, les avantages sont clairs et il
s'agit la plupart du temps d'avantages financiers. Vous êtes en
meilleure position financière si vous achetez le second produit ou
les deux produits.
M. Roy Cullen: Merci.
Changeons de sujet pour un instant; comme les banques se
dirigent, si je comprends bien, vers la gestion de la richesse, il
me semble—et votre rôle n'est peut-être pas de prévoir les
politiques mais j'aimerais tout de même connaître votre opinion sur
le sujet—que, disons au niveau du commerce de détail ou en fait à
n'importe quel niveau, face à la quantité de renseignements qui
circulent sur les REER, les CGP, les comptes d'épargne, les
assurances, etc., certains employés payés à commission ne
pourraient-ils pas être tentés d'utiliser toute cette information
comme outil de vente lorsqu'ils proposent certains produits ou
services?
Quelles mesures suggéreriez-vous au comité afin d'éviter que
de pareilles situations se produisent?
M. Michael Lauber: Les banques ont un code sur le respect de
la vie privée dans lequel il est question du partage des
renseignements relatifs à un client à l'intérieur de la banque et
entre les différentes divisions. Elles ne peuvent pas partager ces
renseignements.
• 1725
Les banques sont des organismes très discrets et lorsqu'il est
question de partage des renseignements à des fins de marketing,
elles ont des codes pour le respect de la vie privée—je suis
certain que vous les connaissez—inspirés du code pour le respect
de la vie privée de l'Association canadienne de normalisation et
adaptés pour l'Association des banquiers canadiens. Chaque banque
a ensuite adapté ces codes selon ses besoins et sa situation et
chaque code est une étape vers le prochain, car il «ne peut pas
avoir un niveau de protection moindre que le précédent».
Je ne vois donc pas cela comme un problème.
M. Roy Cullen: Non, pas à ce moment-ci. Mais les politiques
sont ce qu'elles sont et même avec les meilleurs intentions du
monde, la nature humaine étant ce qu'elle est, ne craignez-vous pas
que les pressions exercées dans le but d'éliminer ces barrières
deviennent très intenses si les banques offrent des récompenses? Ou
croyez-vous plutôt, comme vous le dites, que les banques aient un
dossier et une culture si irréprochables qu'elles seront capables
de faire face à ce processus?
M. Michael Lauber: Il y a, je crois, 225 000 personnes qui
travaillent dans le secteur bancaire. Elles effectuent chaque jour
toutes sortes de transactions, simples et complexes. Il serait naïf
de croire que personne, nulle part, ne fera jamais d'erreurs, n'ira
pas trop loin ou ne dira pas la mauvaise chose. Tout le monde se
lève du pied gauche de temps en temps. Des erreurs vont se produire
et c'est pour cela qu'il y a un processus.
C'est à cela que sert notre processus: lorsqu'une erreur se
produit, si la situation n'est pas résolue dans la succursale, si
par exemple, ils n'avouent pas leur erreur à M. Jones, n'admettent
pas qu'ils se sont trompés, ne s'excusent pas et ne font rien pour
corriger la situation, le processus est enclenché et on procède à
une évaluation et quelqu'un s'assure que M. Jones est traité
équitablement. C'est à cela que sert le processus, à corriger les
erreurs qui ne sont pas traitées immédiatement.
Le président: Merci, monsieur Cullen. Madame Torsney.
Mme Paddy Torsney (Burlington, Lib.): Merci.
Après avoir entendu votre description, il me semble qu'il y a
un tas de questions sur les conditions et sur ce que les gens
appellent les ventes liées. Il semble y avoir beaucoup plus de gris
que de noir ou de blanc. Je crois de plus qu'il s'agit d'une
inégalité du pouvoir ou tout au moins de la perception d'une
inégalité du pouvoir; Il s'agit en fait des consommateurs et de la
connaissance de leurs droits. Et même s'il n'y a eu qu'un cas et
même si les amis de M. Casey ont offert ou non leur aide, beaucoup
de gens peuvent avoir été victimes de ventes liées sans le savoir
et ne se plaignent pas parce qu'ils croient qu'il s'agit d'une
pratique normale.
M. Michael Lauber: Oui.
Mme Paddy Torsney: En fait, cette discussion n'est pas très
claire, parce que, bien sûr, vous n'avez reçu qu'une seule plainte
et les banques seulement six, mais qui peut nous dire à combien de
reprises cela s'est produit? Et je ne peux pas croire que les gens
ne vous disent pas, durant des rencontres sociales ou autres,
lorsque vous abordez le sujet, qu'ils sont inquiets, qu'ils n'ont
jamais ressenti un certain malaise lorsqu'on leur suggère de
déménager leurs comptes.
M. Michael Lauber: Je peux honnêtement vous dire que dans ce
genre d'emploi vous êtes un peu comme un médecin lorsqu'il assiste
à une soirée...
Mme Paddy Torsney: Imaginez lorsque vous êtes députée.
M. Michael Lauber: ... tout le monde a sa petite histoire sur
les banques. Vous allez jouer au golf et là encore on entend toutes
sortes d'histoires et c'est partout pareil. Mais pour vous dire la
vérité, jamais personne dans cet environnement n'a soulevé la
question des ventes liées. Ils ont tous leurs histoires d'horreur
et j'en ai entendues des salées mais personne ne m'a jamais
approché pour me parler de ventes liées.
Il y a bien sûr des cas de ventes liées, les gens font des
erreurs et vont parfois au-delà de ce qui est permis. On entend
toutes sortes d'histoires, il doit donc y avoir du vrai, mais je ne
crois pas que ce soit systémique.
Mme Paddy Torsney: Alors à quoi servent les 605 plaintes que
vous avez reçues et pour lesquelles nous avons besoin d'une loi?
M. Michael Lauber: Nous n'en avons pas besoin.
Mme Paddy Torsney: Vous êtes en train de nous dire que ce
problème n'en est pas un, que cette loi est inutile et que peu
importe les préoccupations des consommateurs, des 605 appels reçus
par votre réceptionniste, seulement 96 d'entre eux ont nécessité
votre intervention? Pouvez-vous m'expliquer ce qui se passe?
M. Michael Lauber: Il y en a de toutes les sortes. Laissez-moi
jeter un coup d'oeil. J'ai des statistiques ici, quelque part. Si
je vous les présente, vous allez mieux comprendre.
Mme Paddy Torsney: Croyez-vous que nous ayons besoin de cette
loi?
M. Michael Lauber: Sur ce sujet précis? Bien, d'après ce que
je vois, non. Je n'ai pas traité de problèmes assez importants pour
justifier une telle position. C'est tout ce que j'ai pour établir
mon opinion.
Mme Paddy Torsney: Nous n'avons donc pas besoin d'appliquer
les articles 1, 2 ou 3?
M. Michael Lauber: J'ai bien peur de ne pas vraiment
comprendre la controverse qui porte sur les articles 1, 2 et 3.
Pour vous aider à mieux comprendre, laissez-moi vous dire
qu'au cours de la dernière année financière, nous avons reçu 61
plaintes de consommateurs... En fait, 23 p. 100 d'entre elles
avaient trait à la perception tandis que 30 p. 100 concernaient les
comptes et les transactions. Lorsqu'il y a des transactions, il
arrive souvent qu'il y ait des pépins. Il peut s'agir d'arrêts de
paiement, de chèques sans provision ou d'autres problèmes du même
genre. Le respect de la vie privée et la confidentialité ne
comptent que pour 3 p. 100 des plaintes, ce qui ne représente que
quelques cas. Le service et les conseils comptent pour 8 p. 100 et
ainsi de suite. Les cartes de débit et de crédit représentent
10 p. 100.
Pour sa part, l'ombudsman de la banque reçoit plus de cas
ayant trait au crédit, je les reçois aussi et j'en fais rapport.
Mais somme toute, l'éventail des plaintes est assez large. Le
crédit représente le domaine qui génère le plus de plaintes de la
part des petites entreprises, en fait la moitié d'entre elles ont
trait à la perception.
La perception dans le domaine des petites entreprises n'a pas
beaucoup à voir avec les décisions d'affaires portant sur la survie
de l'entreprise ou sur le fait que cette dernière connaisse des
difficultés. Dans la plupart des cas, si vous creusez un peu, vous
verrez le processus qu'elles ont adopté.
Nous sommes maintenant de nouveau face à une mauvaise
administration dans tout ce processus du crédit. Les entreprises
auxquelles je pense étaient généralement des entreprises en
problèmes. Le processus n'a pas été suivi correctement. Les gens
n'ont pas été bien traités. On ne leur a pas donné suffisamment de
temps. Ils n'ont pas reçu les conseils ou les occasions d'affaires
appropriés. C'est généralement comment ça que ça se passe, car au
départ la décision d'affaire était correcte.
Mme Paddy Torsney: Monsieur Lauber, il semble que sur cette
question il y ait divergence entre votre propre expérience, celle
des gens qui ont contacté leurs députés, ce que certaines banques
ont vécu et toutes sortes d'autres choses. Le vrai problème
n'est-il pas que les consommateurs ne connaissent pas leurs droits?
M. Michael Lauber: Je suis persuadé que le fait de savoir ce
qui est légal et ce qui ne l'est pas constitue un élément. Même
dans le cas des banques, il est évident qu'il a y un problème de
formation. La Banque Royale l'a déjà dit publiquement et on me l'a
répété personnellement. On s'entend pour dire qu'il y a une lacune
du côté de la formation. On essaie de remédier à la situation mais
en attendant elle est là.
Il y 18 mois, combien de consommateurs avaient déjà entendu
l'expression «ventes liées»? En tant que comptable, je ne crois pas
que j'aie entendu cette expression avant d'obtenir le poste que
j'occupe présentement. Et encore, il a fallu un certain temps avant
que j'entende parler de «ventes liées».
Je crois que je comprends bien le concept de la coercition et
je sais que la majorité des gens sont plutôt difficiles à
contraindre. Dans certains des cas qui ont été abordés
précédemment, je ne comprends pas pourquoi les gens se sont laissés
contraindre car ils n'étaient pas dans une situation où ils avaient
à subir cette pression.
Mme Paddy Torsney: Ce n'est qu'une question de perception. Si
je sens que je subis une contrainte et que je n'ai pas le moyen
d'aller ailleurs, je suis alors contrainte.
M. Michael Lauber: Dans le cas de certaines de ces personnes,
je me demande pourquoi elles n'ont pas dit aux banques d'aller se
faire voir et ne sont pas allées faire affaire avec un autre
établissement, après tout, rien ne les retenait.
Mme Paddy Torsney: Il n'y avait peut-être pas d'autres banques
dans leur ville.
M. Michael Lauber: Peut-être, mais dans la plupart des
endroits, ces personnes ont le choix.
Mme Paddy Torsney: Êtes-vous allé faire un tour en régions
dernièrement?
M. Michael Lauber: Oui. Mais 75 p. 100 de la population du
pays habite dans cinq centres urbains.
Mme Paddy Torsney: Bon, d'accord.
M. Michael Lauber: Donc, dans la plupart des cas, les gens ont
le choix. Quelqu'un qui paie son hypothèque et ses cartes de crédit
ne peut pas être contraint par sa banque. S'il l'est, il devrait
porter plainte. Je suis certain que les employés des banques qui
exercent des pressions vont se faire réprimander sévèrement.
Certaines personnes sont plus vulnérables parce qu'elles sont
très endettées et qu'elles ont peur de porter plainte. Mais
lorsqu'une personne paie régulièrement son hypothèque et ses cartes
de crédit—ce qui est le cas de la plupart des gens—elle ne
devrait pas hésiter à consulter l'ombudsman si elle se sent lésée,
et je peux vous dire qu'elle sera prise au sérieux.
Mme Paddy Torsney: Oui. Les cas dans lesquels on fait face à
des inégalités de pouvoir sont souvent délicats. Je suis d'accord.
Le président: Merci, madame Torsney. Madame Redman.
Mme Karen Redman: Merci, monsieur le président.
Après les définitions de vente par encouragement et de ventes
liées que vous nous avez offertes, je voulais vous poser une
question mais vous y avez déjà répondu. Les ventes liées sont-elles
inadmissibles?
M. Michael Lauber: Je le crois, oui.
Mme Karen Redman: Croyez-vous que ce soit l'opinion de la
plupart des gens oeuvrant dans le secteur bancaire?
M. Michael Lauber: Je le crois bien. Oui. Ils ont même émis un
communiqué à cet effet.
Peu importe le domaine dans lequel vous opérez, je crois qu'il
est inadmissible d'utiliser la contrainte pour vendre un produit.
Mme Karen Redman: Donc l'article... je crois qu'il s'agit de
l'article 495.1, qui somme toute enchâsse cela dans la loi—d'après
vous, si on oublie le volume des plaintes, y a-t-il d'autres
raisons de ne pas aller dans cette direction?
M. Michael Lauber: Je ne sais pas quels en seront les effets
négatifs et je ne sais pas non plus quelles seront les conséquences
de cette erreur innocente. Je me demande seulement si ce n'est pas
exagéré, parce que l'employé de la banque qui fait une erreur et
qui essaie de vendre un produit à quelqu'un en l'y
contraignant—quel effet cela aura-t-il sur la personne ou sur
l'institution lorsque cela fera partie de la loi? Je ne sais pas
comment répondre à cela. Je ne suis pas avocat.
Je sais que dans le cadre du règlement des différends, le
consommateur est compensé. Je crois toutefois qu'avec la loi, les
institutions fautives seraient punies mais rien dans la loi
n'assure de compensation au client. En tous cas, c'est ce que je
comprends de la loi.
C'est comme lorsqu'on se présente devant l'Association
canadienne des courtiers en valeurs mobilières. L'Association peut
imposer des pénalités à une institution mais elle ne peut rien
faire pour le consommateur.
Le président: Vous ne croyez donc pas que la mise en
application de cet article change vraiment quelque chose?
M. Michael Lauber: Monsieur le président, je ne suis pas
avocat. Je ne suis pas dans le secteur bancaire et je n'opère pas
dans le secteur bancaire. Pour moi, qu'il y ait une loi ou non, si
j'ai devant moi un client ayant subi une vente liée, j'essaierai de
régler son problème et je verrai à ce qu'il soit traité
équitablement.
M. Bill Casey: Je vous écoute et j'aimerais vous poser une
autre question sur un exemple différent.
Le président: Allez-y, monsieur Casey. Posez votre question.
M. Bill Casey: Je connais un couple de retraités qui ont voulu
déménager leurs REER chez nous et leur banquier leur a dit, «Il n'y
a aucun problème mais où allez-vous renouveler votre hypothèque la
prochaine fois?» Est-ce qu'on peut appeler cela une vente liée?
M. Michael Lauber: Oui, probablement.
M. Bill Casey: J'ai reçu deux fois plus de plaintes en rapport
avec des ventes liées que vous.
Des députés: Oh, oh!
M. Bill Casey: J'en ai reçu deux. Vous n'en avez reçu qu'une
seule.
M. Michael Lauber: Vous devriez me les faire parvenir.
M. Bill Casey: Le système ne fonctionne pas. Le système ne
fonctionne pas. Il est conçu pour les banques et non pour les
clients.
M. Michael Lauber: Dites-leur de m'écrire.
M. Bill Casey: Ils ont peur de perdre leurs marges de crédit
et leurs hypothèques.
M. Michael Lauber: Un instant. Ils ont environ deux cent mille
dollars en placements, je ne peux pas croire qu'ils ne peuvent
déplacer...
M. Bill Casey: Il s'agit de petites sommes d'argent et de gens
qui ne peuvent pas faire cela.
De toute façon, je voulais simplement vous montrer que le
système ne fonctionne pas correctement.
Le président: Vous devez aussi vous battre pour conserver vos
droits.
Monsieur Schmidt, puis monsieur Pillitteri, et nous allons
ensuite conclure.
M. Werner Schmidt (Kelowna, Réf.): Merci, monsieur le
président.
Ça me rappelle l'étude du comité du secteur bancaire qui a eu
lieu il y a environ trois ans et demi, lorsqu'il était question
d'accès au capital pour les petites entreprises. Les gens
d'affaires nous disaient qu'il y avait un problème et les banquiers
nous disaient qu'il n'y en avait pas. Les gens d'affaires
affirmaient qu'il y avait un resserrement du crédit et les
banquiers nous disaient que ce n'était pas le cas. Les gens
d'affaires se plaignaient qu'ils ne recevaient aucune aide des
banques.
• 1740
Il y a toutes sortes d'histoires. M. Casey nous en a raconté
une. J'ai entendu un paquet d'anecdotes et c'est aussi le cas de
toutes les personnes assises autour de cette table. Le fait qu'on
n'utilise pas le processus officiel est plutôt révélateur. Il y a
une part de sensibilisation et une autre part composée d'un paquet
de raisons. Mais la question qu'on devrait vraiment se poser est la
suivante: En tant qu'ombudsman, que voulez-vous accomplir?
Voulez-vous aider le client? Voulez-vous aider les banques?
Voulez-vous faire en sorte qu'il n'y ait plus de ventes liées au Canada?
M. Michael Lauber: Mon mandat et mon rôle consistent à voir à
ce que les consommateurs qui nous consultent parce qu'ils éprouvent
des difficultés avec leurs banques obtiennent un règlement de la
situation qui soit équitable, qu'il s'agisse d'un problème de
crédit, d'un problème de transaction, de ventes liées ou de respect
de la vie privée. Notre intérêt premier est le consommateur. Les
banques sont assez grandes pour s'occuper d'elles-mêmes. Elles ont
leurs propres processus. Les clients cheminent à travers ce
processus et s'ils ont recours à notre bureau, nous examinons la
situation depuis le début.
M. Werner Schmidt: Si c'est exact, cela signifie que vous vous
concentrez entièrement sur le processus et que votre orientation
n'a rien à voir avec la substance et la justice. Mais c'est ce qui
est au coeur de la coercition; c'est l'essence même de cette
inégalité de pouvoir. On peut parler de processus jusqu'à ce que
les poules aient des dents.
J'ai siégé au Bureau des gouverneurs de l'Université d'Alberta
et nous étions toujours confrontés à des problèmes de processus et
non à des problèmes de justice. Le processus servait à régler tous
les problèmes et tous les différends, que la personne ait ou non
fait quelque chose de mal n'entrait pas en ligne de compte. Suivre
le processus est ce qui comptait le plus. Si vous commettez une
injustice ou que vous faites quelque chose d'inadmissible, le fait
d'utiliser le bon processus ne change rien, ce que vous avez fait
demeure inadmissible. C'est à mon avis le coeur du débat.
M. Michael Lauber: Ce n'est pas le processus qui nous
intéresse. Nous voulons que le client soit traité avec justice et
que ses problèmes soient résolus de façon équitable.
M. Werner Schmidt: D'accord, mais que signifie équitable de
nos jours?
M. Michael Lauber: Équitable est un terme plutôt subjectif,
mais lorsqu'on dit est-ce que c'est équitable, on veut dire les
choses auraient-elles dû se produire de cette façon? Que s'est-il
passé? Est-ce que cela devait arriver? Le client a-t-il été traité
de façon équitable, etc.? C'est à peu près cela, en gros. Nous
consultons des outils de référence dont des codes et autres
ouvrages et c'est important. Mais en bout de ligne, la personne en
question aurait-elle dû recevoir le prêt? Le processus a-t-il
fonctionné correctement, le prêt lui a-t-il été refusé de façon
injuste? C'est ça la justice et l'équité.
M. Werner Schmidt: C'est très intéressant car la résolution
relative à l'ombudsman précise clairement que vous n'avez aucune
autorité pour traiter des politiques de prêt, de crédit ou de tout
autre chose du genre. Tout ce qui vous concerne est le processus
utilisé pour accorder un prêt. Je crois donc que le fait d'accorder
ou non le prêt est au coeur du débat et que les plaintes portent
sur ce sujet particulier. Bien sûr, le processus est partie
intégrante et je suis d'accord pour dire que tout conflit est
regrettable. Mais vous n'avez aucun moyen de vérifier, en termes de
substance, si on aurait dû accorder un prêt à cette personne ou
non.
M. Michael Lauber: Ce n'est pas tout à fait vrai. Nous avons
d'ailleurs discuté de cela un peu plus tôt. Nous savons que les
banques ont des politiques. Je vous ai donné l'exemple d'une
hypothèque tout ce qu'il y a de plus normale. Vous devez avoir un
revenu familial de, disons, 50 000 $ pour obtenir une hypothèque de
80 000 $. C'est une politique de la banque et la plupart des
banques ont des échelles du même genre. Une personne peut se voir
refuser une hypothèque pour différentes raisons.
Nous examinons et analysons toutes ces différentes raisons. Si
les personnes répondent aux critères—elles ont 50 000 $ de revenu
pour une hypothèque de 80 000 $—pourquoi n'ont-elles pas obtenu
leur hypothèque? Oui, ça fait partie du processus. C'est la manière
dont on traite les gens. La demande a-t-elle été évaluée
correctement à toutes les étapes du processus? Y a-t-il eu
discrimination durant l'évaluation de la demande d'emprunt? Tout
cela fait partie du processus et cela a une forte incidence sur le
fait d'obtenir ou non du crédit.
M. Werner Schmidt: Dans le cadre de vos résolutions de
différends, combien de prêts ont été accordés à des personnes qui
avaient préalablement essuyé un refus?
M. Michael Lauber: En toute franchise, nous avons traité plus
de cas ayant trait au recouvrement. Mais il y en a eu quelques-uns.
M. Werner Schmidt: Merci, monsieur le président.
Le président: Merci, monsieur Schmidt.
Monsieur Lauber, pour être bien clair, vous avez bien dit, et
il s'agit là d'un jugement de valeur, que selon vous les ventes
liées étaient inadmissibles? C'est bien cela?
M. Michael Lauber: Oui. On ne peut pas utiliser la contrainte.
Le président: C'est maintenant le tour de monsieur Pillitteri,
nous passerons ensuite à madame Lalonde.
M. Gary Pillitteri (Niagara Falls, Lib.): Merci beaucoup,
monsieur le président.
Monsieur Lauber, vous étiez présent ce matin et vous avez pu
entendre quelques-uns des autres exposés. Il y a eu des
commentaires. Certaines personnes disent que les conseillers
financiers, les individus, le traitement des investissements et
différentes autres choses, en fait on pense souvent qu'on ne va à
la banque que pour déposer de l'argent ou demander un prêt. On a
tendance à ne pas croire les gens qui...
Les banquiers devraient aussi vous conseiller et vous aider.
Votre entreprise n'est peut-être pas dans une des meilleures
situations, vos prêts pourraient sans doute être mieux structurés
et vous pourriez peut-être obtenir des conseils sur la façon
d'améliorer votre gestion.
En fait, j'aborde ce sujet, car la semaine dernière, j'ai
assisté à une réunion de la banque au cours de laquelle un individu
possédant 750 00 $ en capital et ayant une hypothèque de
275 000 $
voulait emprunter 100 000 $ additionnels. Il a accusé la banque
d'essayer de le contraindre—ça m'a touché personnellement—à
contracter une autre sorte de prêt. Après avoir assisté à cette
réunion et avoir vu ce que le directeur... et les autres, je n'ai
jamais trouvé... Je me demande parfois quelle proportion des
plaintes reçues sont frivoles, dans le sens de ce que j'ai vu.
M. Michael Lauber: De toutes les plaintes que nous recevons,
je dirais qu'au moins le tiers d'entre elles n'ont pas beaucoup de
substance.
M. Gary Pillitteri: Beaucoup de substance?
M. Michael Lauber: Oui. Nous avons aussi beaucoup d'appels à
la pleine lune, donc...
Une voix: Nous aussi.
M. Michael Lauber: Toutes les personnes responsables du
traitement des plaintes disent la même chose.
M. Gary Pillitteri: Dans votre rôle d'ombudsman, je peux
comprendre les ventes liées; je peux comprendre la coercition. Mais
dans votre rôle d'ombudsman, lorsqu'un client se voit refuser un
prêt, quel pouvoir possédez-vous pour faire accorder le prêt à
moins que le client ait les garanties nécessaires?
M. Michael Lauber: Bien, si le client ne répond pas aux
critères de la banque et que sa demande a été évaluée
correctement... je n'en ai aucun.
M. Gary Pillitteri: Merci.
M. Michael Lauber: Il y a cependant de nombreux cas où cela ne
se produit pas comme ça et je crois que nous avons acquis beaucoup
d'expérience dans le domaine du recouvrement. Les gens ont reçu
entre autres des compensations parce que le processus de la banque
ne fonctionnait pas correctement.
M. Gary Pillitteri: Ma dernière question est la suivante:
comme mon collègue l'a demandé, combien cela prend-il de temps
avant d'obtenir une réponse lorsqu'on dépose une plainte au bureau
de l'ombudsman? Six semaines? Deux mois?
M. Michael Lauber: Nous communiquons immédiatement avec les
gens. Mais cela peut prendre deux mois. J'ai certains cas qui
traînent depuis un an et demi et cela n'est pas fini parce qu'il
faut respecter le processus. L'entreprise opère toujours.
Je viens de résoudre le cas d'une entreprise immobilière après
dix-huit mois. C'est un des premiers appels que j'ai reçus. Nous
avons finalement restructuré toute l'affaire et le gars est en
affaires et tout va bien. Après dix-huit mois, il est maintenant
bien établi et il a réussi à récupérer son investissement. Il
l'aurait perdu si nous n'étions pas intervenus.
[Français]
Le président: Madame Lalonde.
Mme Francine Lalonde: J'ai deux petites questions
rapides.
Premièrement, vous êtes contre les prêts
liés, mais si c'était la politique d'une banque, vous
ne pourriez pas intervenir puisque ce serait sa politique
et que vous ne pouvez pas intervenir sur la politique.
Deuxièmement, j'ai été troublée par la réponse que vous avez
donnée tout à l'heure. Vous avez dit que dans le cas de
M. Clark, au fond, le problème des deux
premiers intervenants de la banque était qu'ils
ne lui avaient
pas demandé s'il avait une garantie
collatérale pour cette augmentation de crédit.
Ensuite ils auraient pu lui demander: «Eh bien, est-ce que
vous avez vu les conditions qu'on offre pour les fonds
communs?» Si les choses s'étaient passées de cette
façon, vous
n'auriez pas donné raison à M. Clark. Or, en allant
aux journaux et en obtenant de parler directement au
vice-président, il a obtenu un crédit accru sans
autre garantie collatérale.
Vous êtes obligé de convenir qu'il
a bien fait d'aller aux journaux plutôt que d'aller vous voir.
[Traduction]
M. Michael Lauber: Je ne crois pas qu'il ait discuté le fait
de fournir plus de garanties pour augmenter sa ligne de crédit. Je
ne crois pas que cela lui ait posé un problème. Il ne s'y est pas
objecté.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Je parle du fond.
Ce qui s'est passé, c'est cela.
[Traduction]
M. Michael Lauber: Je crois qu'il a dit qu'il avait obtenu le
prêt sans rien déposer en garantie.
[Français]
Mme Francine Lalonde: C'est cela. Oui, oui, il
l'a dit.
[Traduction]
Mme Paddy Torsney: La garantie avait déjà été déposée.
M. Michael Lauber: Elle était déjà là?
Mme Paddy Torsney: Oui, elle y était déjà. C'est le point. Il
avait déjà déposé les garanties mais il n'a pas obtenu l'argent.
M. Michael Lauber: Vous voyez, le problème avec cela—et je
pense que Doug l'a reconnu lorsqu'il a répondu à une question du
président—c'est qu'ils avaient discuté du prêt et des garanties et
qu'ils s'étaient entendus. S'ils ont scellé l'accord par une
poignée de mains et que le représentant de la banque a ensuite dit,
«Maintenant, monsieur Clark, pourrais-je vous présenter d'autres
produits ou services offerts par la banque qui pourraient vous
intéresser?», dans un cas pareil, il s'agit d'une initiative de
vente. La banque ne lie plus ses produits au prêt car le prêt a
déjà été accordé.
Je crois que M. Casey a fait référence à une situation
semblable un peu plus tôt. Le lien avec les autres produits
n'existe plus. On est en présence d'une personne qui fait son
travail, c'est-à-dire essayer de vendre les produits de la banque
à un client. On espère que cette personne dit quelque chose du
genre, «Voici, monsieur Clark, je crois qu'il s'agit de bons
produits et je pense que vous devriez songer à les inclure dans
votre portefeuille». Mais à ce moment-là, il n'y a plus de
contrainte, c'est un pur exercice de vente.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Mais il s'était quand même fait refuser
ce qu'il avait demandé auparavant. Il ne l'a obtenu que
parce qu'il a parlé au vice-président, après être allé
aux journaux.
[Traduction]
M. Michael Lauber: Je ne crois pas qu'on lui ait refusé son
prêt. Il l'a obtenu.
[Français]
Mme Francine Lalonde: C'est l'accroissement de
cela, ou bien je n'ai rien compris. Les papiers sont
là.
[Traduction]
M. Michael Lauber: Non, je ne crois pas...
[Français]
Mme Francine Lalonde: Autrement, il n'aurait pas
fait cela.
[Traduction]
M. Werner Schmidt: Puis-je vous lire des passages de cette
lettre?
C'est ce qui est écrit dans cette lettre adressée à M.
Cleghorn.
M. Michael Lauber: Et c'est aussi une question de garantie et
de ce qui est considéré comme une garantie acceptable. Mais, si je
comprends bien, la situation financière de M. Clark justifiait le
prêt. Il avait une quantité de garanties dont une variété d'autres
choses qui auraient pu être utilisées à cet effet, je ne crois donc
pas que l'approbation de son prêt ait été remise en question.
Cependant, on n'aurait pas dû l'inciter à convertir ou à transférer
ses placements, non. Mais s'il avait pris...
• 1755
Après, s'il s'assoit avec le client et lui dit, «Regardez, les
fonds de placement de la Banque Royale offrent un rendement
supérieur à ceux que vous possédez, vous devriez songer à les
convertir», c'est une question complètement séparée. Dans ce cas
particulier, il y a eu erreur car on a abordé le sujet au milieu
des discussions sur l'emprunt et les garanties. C'est là où la
banque a commis une erreur. La banque a reconnu que la responsable
des comptes avait commis une erreur, elle a présenté ses excuses au
client et elle a rectifié la situation. M. Clark m'a même dit qu'il
allait demeurer client de cette banque.
[Français]
Mme Francine Lalonde: Excusez-moi, mais
je vais vous lire une petite ligne. Le sens est le suivant:
[Traduction]
M. Michael Lauber: L'a-t-il demandé?
Mme Francine Lalonde: Oui. «Il n'y a pas de condition. Vous
n'avez pas à vendre vos fonds de placement», a déclaré M. Boyd, en
riant aux éclats.
M. Michael Lauber: Non, il n'a pas à vendre ses fonds de
placement mais il peut avoir à affecter des biens en garantie. Il
a probablement affecté ses fonds de placement Trimark en garantie.
Mme Francine Lalonde: Oui, au début, mais avant qu'il le
fasse, on ne voulait pas lui accorder les 40 000 $ supplémentaires.
C'est la vérité. C'est ce qu'il voulait. De toute façon, nous avons
les documents devant nous.
Le président: Monsieur Lauber, j'aimerais, au nom du comité,
vous remercier de votre présence. De toute évidence, la période qui
vous a été allouée indique bien que nous voulons entendre ce que
vous avez à dire. Nous allons sans doute vous demander de revenir
pour clarifier certaines autres questions.
M. Michael Lauber: Cela me fera plaisir de revenir.
Le président: Vous nous avez beaucoup aidés. Merci.
Je vais interrompre la séance pendant deux minutes et demi.
Le président: Nous reprenons les travaux et je souhaite la
bienvenue aux représentants de l'Association canadienne des
conseillers financiers et des conseillers en assurance (??): André
Richard et Susan St-Amand, membres du comité consultatif
parlementaire, et Mark McCarvill, directeur des relations
gouvernementales.
Vous connaissez sans doute la manière dont se déroulent les
audiences du Comité des finances. Vous avez de 10 à 15 minutes pour
faire votre présentation, puis il y a une période de questions.
Vous pouvez commencer.
M. André Richard (membre du comité consultatif sur les
affaires parlementaires, Association canadienne des conseillers en
assurance et en finance): Merci, monsieur le président.
C'est plutôt intimidant, car c'est la première fois que nous
venons témoigner devant un tel comité.
Nous représentons vraiment la base. Je travaille dans le
secteur des services financiers depuis plus de 35 ans. Et je
travaille pour la même société depuis 27 ans. J'occupe un poste de
gestionnaire tandis que Susan travaille du côté des ventes.
Je supervise le travail de 27 agents. Je travaille à Hull à
titre de gestionnaire depuis 24 ans. Susan travaille principalement
à Ottawa, de l'autre côté de la rivière.
Je tiens d'abord à vous remercier, ainsi que votre comité, de
nous permettre de venir nous exprimer devant vous aujourd'hui. Je
tiens aussi à féliciter le gouvernement d'avoir décidé de tenir de
telles audiences.
Les ventes liées effectuées par les banques n'existent pas
seulement dans d'obscurs articles de journaux. C'est une question
importante qui préoccupe nos membres, leurs clients et, nous le
croyons, l'ensemble des consommateurs canadiens.
Dans quelques minutes, je demanderai à mes collègues de vous
présenter les résultats de notre enquête ainsi qu'un aperçu des
raisons pour lesquelles on fait face au phénomène des ventes liées
et la façon dont votre comité peut arriver à les contrer, mais
d'abord, j'aimerais vous présenter brièvement notre association et
vous dire pourquoi les ventes liées préoccupent nos membres.
L'Association canadienne des conseillers en assurance et en
finance (ACCAF), anciennement l'Association des assureurs-vie du
Canada, sert les consommateurs canadiens depuis sa constitution en
société en 1906. Nos 18 000 membres répartis à travers le Canada
aident chaque jour les Canadiens à atteindre la sécurité financière
en leur offrant un large éventail de produits et services
financiers.
[Français]
Les membres de notre organisation bénévole apportent
des solutions aux besoins financiers des Canadiens et
Canadiennes, qu'il s'agisse d'assurance-vie ou
d'assurance-maladie, de contrats de rente, de
placements
de retraite, de fonds d'investissement ou de produits
financiers connexes.
L'Association canadienne des conseillers en assurance
et en finance, l'ACCAF, comprend aussi le Congrès des
assureurs-vie avancée, le CAVA, qui répond aux
besoins de nos membres dont l'activité se concentre
dans les domaines plus spécialisés tels que la
planification de la succession dans les entreprises, la
planification successorale, les régimes d'avantages
sociaux et les pensions.
Les clients de ces membres sont surtout des
propriétaires de petites entreprises.
Nous accueillons favorablement
cette initiative du gouvernement fédéral, par
l'entreprise de ce comité, d'étudier et de renforcer la
protection des consommateurs et, plus précisément, de
protéger davantage les intérêts des consommateurs face
aux institutions financières fédérales et spécialement
d'examiner le sujet de la vente liée abusive.
Monsieur le président, les phrases suivantes sont
empruntées au rapport du ministère des Finances, à la
suite de l'examen de 1997 de la législation régissant
les institutions financières.
Nous sommes d'avis qu'en raison de la nature
particulière de la relation existant entre les institutions
financières et leurs clients, ces clients sont
particulièrement exposés à la coercition et que le jeu
du marché et la Loi sur la concurrence n'assurent pas
une protection suffisante à cet égard.
[Traduction]
Comme nous l'avons mentionné dans notre mémoire présenté en
octobre 1997 devant le groupe de travail Mackay, dans les banques,
les clients qui ont le plus besoin de crédit sont aussi ceux qui
sont les plus vulnérables aux ventes liées. Les propriétaires de
petites entreprises, par exemple, doivent maintenir leurs marges de
crédit s'ils veulent être en mesure d'assumer les obligations de
leurs entreprises et de payer leurs employés. Ils ne vont pas
mettre leurs entreprises en danger pour pouvoir acheter leurs fonds
communs de placement là où ils le veulent. Et qui peut les blâmer?
Les jeunes familles, désireuses d'acheter leur première
maison, peuvent aussi renoncer à la liberté de choix afin d'obtenir
l'hypothèque tant désirée. Ces mêmes propriétaires de petites
entreprises et ces jeunes familles sont aussi les clients de nos
membres et ce sont à eux que l'on fait référence dans notre
enquête. Il faut les protéger.
Monsieur le président, si vous me le permettez, je demanderai
à Mark McCarvill, directeur des relations gouvernementales de
l'ACCAF, de nous donner un bref aperçu des résultats de l'enquête
sur les ventes liées qui a été menée auprès de nos membres.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Richard.
M. Mark McCarvill (directeur des relations gouvernementales,
Association canadienne des conseillers en assurance et en finance):
Merci, monsieur le président. Je vais essayer de vous résumer le
tout le plus rapidement possible.
L'ACCAF a décidé de mener une enquête sur les ventes liées
auprès de ses membres pour trois raisons. Il faut d'abord savoir
que l'activité principale des 18 000 membres de l'Association est
d'assurer la sécurité financière des Canadiens. Nos membres donnent
des conseils à leurs clients sur l'ensemble des besoins financiers
auxquels font face les familles, les individus et les petites et
moyennes entreprises. Pour ce faire, ils doivent acquérir une
connaissance approfondie des besoins et de la situation économiques
des Canadiens appartenant à tous les groupes socio-économiques.
Nous croyons donc que nos membres sont très bien placés pour
recevoir les commentaires de leurs clients lorsqu'il est question
de tentatives de ventes liées effectuées par les banques et nous
tenons à faire part à ce comité de notre perspective unique et,
selon nous, très pertinente sur le problème des ventes liées qui
ont cours sur le marché canadien.
Nous voulons ensuite pouvoir mesurer l'importance du problème
auquel nos membres sont confrontés lorsqu'ils sont en concurrence
avec les banques dans ce domaine car ils trouvent la concurrence
déloyale. Nos membres perdent régulièrement des comptes et parfois
même des clients importants au profit des banques, qui utilisent le
crédit pour influencer les clients à transférer leurs
investissements.
Nous voulions savoir, par exemple, quel pourcentage de nos
membres avaient eux-mêmes été la cible de ventes liées de la part
des banques, combien d'entre eux étaient conscients des
préoccupations de leurs clients à ce sujet et de quelles sortes de
ventes liées il était le plus souvent question. C'est ce que nous
avons réalisé.
Nous voulions enfin être en mesure de répondre à ceux qui
disent qu'il n'y a pas de cas de ventes liées parce qu'il n'y a pas
de preuves écrites. Nous voulions présenter à votre comité des
preuves tangibles de ventes liées; des consommateurs victimes de
ventes liées ont en effet accepté d'être nommés publiquement. Nous
avons aussi réalisé cela.
Naturellement, la plupart des clients de nos membres qui ont
avoué avoir été touchés par des ventes liées craignent que s'ils
dénoncent leur banque ils ne feront que compromettre une situation
financière déjà précaire. Toutefois, les membres de notre service
des affaires publiques interviewent et recueillent présentement le
témoignage de près de deux douzaines de consommateurs de partout au
Canada qui croient avoir été la cible de ventes liées de la part
des banques.
Monsieur le président, il nous a été impossible de communiquer
avec toutes ces personnes à temps pour que tout soit prêt
aujourd'hui, car notre enquête s'est terminée vendredi dernier.
Nous croyons cependant être en mesure de vous présenter les
résultats d'ici deux semaines.
Monsieur le président, bien que notre enquête ait été réalisée
à l'interne, nous l'avons fait examiner par une maison de sondage
indépendante, Compas Research, qui nous a assurés que l'enquête
correspondait aux normes de l'industrie canadienne en matière de
sondages. Une lettre à cet effet est d'ailleurs jointe à notre
mémoire.
Le comité a en sa possession tout le rapport d'enquête. Je
pourrais peut-être souligner quelques-uns des résultats qui nous
semblent particulièrement intéressants.
Même si on pouvait croire que les membres du personnel des
banques savent que les professionnels de l'assurance et les
conseillers financiers sont à l'abri des ventes liées, cela ne les
a pas empêchés d'essayer de contraindre plus du quart de nos
membres au cours des douze derniers mois. La question qui nous est
tout de suite venue à l'esprit est la suivante: si les conseillers
financiers et les conseillers en assurance ne sont pas à l'abri des
ventes liées, quelle chance a un consommateur moyen de pouvoir
exercer librement ses choix sur le marché des services financiers?
De plus, près des deux tiers de nos membres ont déclaré qu'au
moins un de leurs clients avait subi des pressions évidentes de
ventes liées de la part des banques au cours des douze derniers
mois. Seulement 6 p. 100 d'entre eux nous ont dit n'avoir reçu
aucun commentaire de cet ordre de la part de leurs clients.
• 1815
Je demanderai maintenant à ma collègue, Susan St-Amand, de
présenter le mot de la fin en parlant de la culture bancaire du
point de vue qui lui est propre.
Mme Susan St. Amand (membre, Comité consultatif sur les
affaires parlementaires, Association canadienne des conseillers en
assurance et en finance): Merci.
Monsieur le président, je voudrais passer d'un portrait global
du problème de la vente liée à une illustration concrète: qu'est-ce
qui se passe dans une succursale et pourquoi. Mes commentaires sur
la vente liée sont fondés sur mon expérience, tout d'abord comme
directrice-adjointe, qui a suivi tout le processus de formation des
gestionnaires et qui a travaillé pendant six ans et demi dans l'une
des six grandes banques, et maintenant à titre de conseillère
indépendante en matière de finances et d'assurance.
Je voudrais d'abord mettre l'accent sur un fait. Le phénomène
de la vente liée existe dans les banques. Je l'ai vu et je ne suis
pas d'accord avec cette pratique.
Deuxièmement, je ne suis pas une employés mécontente. En
réalité, je considère que mon expérience du milieu bancaire a
contribué à me donner de solides bases pour pratiquer ma profession
actuelle.
Pourquoi la vente liée se produit-elle? Essentiellement en
raison de la culture bancaire. Bon nombre de gens ne le savent
peut-être pas, mais les gestionnaires exercent une pression
extraordinaire sur le personnel de première ligne pour les inciter
à vendre des produits bancaires. Bien des employés sont maintenant
partiellement rémunérés au moyen de primes ou de commissions, mais
plus important encore, l'évaluation de leur rendement se fait
maintenant pour une bonne part à partir de la quantité de produits
vendus: Combien de nouveaux clients ont-ils attiré? Combien y
a-t-il eu de nouvelles demandes pour des cartes de crédit? Combien
de REER se sont ajoutés? Et ainsi de suite. S'ils ne respectent pas
les normes de rendement, ils se verront soit refuser une
augmentation de salaire ou une promotion, soit retirer des services
de première ligne, ou peut-être même qu'on les laissera partir.
La pression exercée par les représentants du service à la
clientèle ne constitue pas la plus grande inquiétude. La vente liée
survient souvent lorsque les clients n'ont pas suffisamment
confiance en leur position financière pour dire non merci devant la
pression de la banque et répondre «je vais aller ailleurs».
En d'autres mots, lorsqu'il fait une demande de prêt ou d'une
autre forme de crédit, le client qui sait qu'il peut aller ailleurs
sans trop de problème et sans que les coûts soient trop élevés, ne
laissera pas la banque le contraindre à commander de nouveaux
services ou à transférer son actif et son passif dans une seule
institution.
Voici un exemple classique tiré de mon expérience de
conseillère financière. La propriétaire d'une petite entreprise
dispose d'une marge de crédit commerciale de 100 000 $ et détient
des REER pour une valeur de 25 000 $ à sa banque. Je dois faire
remarquer que le REER n'a pas été affecté en garantie de l'emprunt.
Pour obtenir sa marge de crédit, la propriétaire a dû demander à
son comptable de préparer des rapports précis, pour une date
précise, ce qui lui a occasionné des frais et lui a demandé du
temps, mais elle a finalement obtenu la marge de crédit.
Peu de temps après, elle décide de transférer ses REER pour
obtenir un meilleur taux. La banque lui a téléphoné et lui a dit:
«Avant de le faire, vous devriez savoir que lorsque nous avons
étudié votre portefeuille, les REER que vous possédiez chez nous
constituaient pour nous une preuve de bonne foi. Nous aimerions
donc que vous reconsidériez le transfert de vos REER».
Ce sont les termes qu'ils ont utilisés. Ce n'est jamais aussi
évident que «Transférez vos REER ou nous rappellerons votre marge
de crédit», c'est plutôt «Il nous faut une preuve de votre bonne
foi».
La propriétaire de cette entreprise prendra-t-elle le risque
de devoir recommencer des démarches difficiles et coûteuses pour
obtenir une autre marge de crédit de 100 000 $, seulement pour
pouvoir choisir où elle placera un REER de 25 000 $? Probablement
pas. C'est donc l'une des raisons pour laquelle les propriétaires
de petites entreprises, les professionnels et d'autres dont la
situation financière est complexe ou précaire sont plus
susceptibles de subir les pratiques de vente liée.
J'aimerais seulement ajouter, monsieur le président, que si
une consommatrice ne se sent pas suffisamment forte pour dire non
à son banquier, il serait très surprenant qu'elle cherche à obtenir
l'aide d'une tierce partie comme l'ombudsman bancaire. La plupart
des consommateurs ne savent même pas qu'il existe un ombudsman
bancaire.
Selon l'enquête menée par l'ACCAF, la crainte de représailles
de la part des banques est la raison pour laquelle bien peu de
victimes de la pratique de la vente liée veulent voir leur nom
publié.
Je dois aussi ajouter que demain les banques peuvent peut-être
vous dire que les agents d'assurance-vie ne sont pas mieux en
matière de pratiques commerciales et que nous ne devrions pas
lancer de pierres si nous vivons dans des maisons de verre.
Laissez-moi aborder cette question sans détour.
Le principal problème avec cet argument, monsieur le
président, c'est que les conseillers financiers indépendants n'ont
aucun pouvoir sur leurs clients. Le détenteur d'une police
d'assurance-vie est tout à fait libre de changer de conseiller
aussi souvent qu'il le veut, s'il juge qu'il n'est pas bien servi.
En fait, un bon nombre ont déjà plus d'un conseiller.
• 1820
En revanche, bon nombre de prêteurs bancaires savent qu'ils
ont un certain pouvoir sur les emprunteurs. Occasionnellement, ils
aiment exercer ce pouvoir, il ne faut donc pas se laisser méprendre
par l'argument des maisons de verre.
Pour conclure, monsieur le président, le cas de vente liée que
je viens de décrire n'est qu'un exemple de ce que j'ai vu encore et
encore, et ceci me frustre, pour deux raisons. Premièrement, les
familles et les petites entreprises sont perdantes parce qu'elles
ont le sentiment d'avoir perdu le droit de choisir. Deuxièmement,
je suis perdante à titre de conseillère financière, puisque les
entreprises et les clients me sont retirés malgré leur souhait et
que je ne peux rien y faire. La phrase qui est trop fréquemment
utilisée est «Je n'ai pas le choix».
Et c'est pourquoi nous sommes ici: pour demander à votre
comité de recommander que le gouvernement adopte les règles
proposées à l'article 459.1 de la Loi sur les banques en matière de
vente liée et que ce gouvernement équilibre le rapport de force
entre les banques et les clients des banques ainsi qu'entre les
banquiers et les conseillers financiers.
Serez-vous capable d'enrayer la vente liée d'un coup de plume?
Bien sûr que non. Il faudra des années pour changer une culture qui
s'est construite depuis des décennies en faveur de la pression sur
les ventes, mais il n'en est que plus urgent d'agir maintenant.
Merci. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Le président: Merci beaucoup, madame St-Amand.
Nous allons passer à la période de questions. Monsieur
Schmidt.
M. Werner Schmidt: Merci beaucoup, monsieur le président.
Et merci d'être ici. Je suis désolé que vous ayez dû attendre
aussi longtemps, mais je suis néanmoins heureux que vous soyez ici.
J'aimerais vous poser une question concernant votre
recommandation de demander au gouvernement d'adopter l'article
459.1. Vous ne faites pas de distinction à savoir s'il s'agit de
l'article 459.1 au complet, des paragraphes (1), (2) et (3) ou
seulement du paragraphe 459.1(1).
M. Mark McCarvill: Nous recommandons l'adoption de l'article
au complet, des paragraphes (1) à (5).
M. Werner Schmidt: Bien. Ce matin, la suggestion du bureau des
assurances était d'adopter l'article 459.1, à l'exception des
paragraphes (2) et (3).
M. Mark McCarvill: Je n'ai malheureusement pas vu leur
mémoire. Ce que j'en comprends, c'est que le paragraphe 459.1(1) a
trait à la règle concernant la vente liée—vous ne pouvez pas
pratiquer la vente liée—et que le paragraphe 459.1(2) a trait à la
vente croisée qui permet explicitement aux banques de pratiquer ce
que l'on appelle la «gestion intégrée des affaires du client».
L'ACCAF ne voit donc aucun problème pour permettre le maintien du
paragraphe proposé.
M. Werner Schmidt: Ainsi, de l'avis de l'ACCAF, les
paragraphes (2) et (3) ne vont pas à l'encontre des dispositions du
paragraphe (1) et ne nuisent pas à leur compréhension.
M. Mark McCarvill: Non, nous ne croyons pas, monsieur le
président. Je pense que l'idée de vouloir séparer la vente liée et
la vente croisée est difficilement réalisable et je pense que pour
bien des gens la ligne entre les deux est bien ténue. Le
gouvernement aurait pu rédiger cet article de bien des façons et
nous n'allons sûrement pas nous poser en tant qu'experts pour ce
qui est de savoir quelle serait la meilleure formule de
réglementation en matière de vente liée en Amérique du Nord, mais
nous pensons que l'article proposé est somme toute correct.
M. Werner Schmidt: Bien. Merci beaucoup.
Mon autre question a trait à la reconnaissance de l'existence
d'un intérêt direct très strict dans toute cette affaire, l'intérêt
direct que vous avez à titre de conseiller financier de conserver
vos clients et l'intérêt direct de la banque qui essaie d'attirer
toujours plus de nouveaux clients et de conserver ceux qu'elle a
déjà.
Parce qu'en regard de l'une de ces cultures, je pense, comme
Mme St-Amand en expliquait l'existence dans le monde financier en
général, cette culture existe que ce soit dans les banques, les
compagnies d'assurance ou chez les conseillers indépendants:
essayer d'obtenir le contrôle total des finances d'une personne.
C'est la meilleure façon de procéder, car ainsi vous pouvez offrir
un service dans les différents domaines et si vous êtes un bon
courtier solide, vous pouvez avoir accès aux banques pour ceci, aux
sociétés de fiducie pour cela, aux courtiers en valeurs
immobilières pour autre chose, aux sociétés mutuelles et j'en
passe. L'idée est de gérer le maximum des ressources financières
d'une personne. N'est-ce pas la culture des conseillers en
assurance ou en matière de finances?
M. André Richard: Oui, je suis d'accord. Toutefois, nous le
faisons pour mieux servir le client. Mieux nous le connaissons,
mieux nous pouvons l'aider. Mais nous n'utilisons jamais des moyens
comme un prêt. C'est un peu comme de lui offrir une carotte pour le
faire. Nous n'utilisons pas des moyens de ce genre.
M. Werner Schmidt: C'est la grosse différence. La première
partie de la culture est la même, mais avec l'autre partie de la
culture, vous n'avez pas le levier vous permettant de dire au
client que s'il n'achète pas de vous, il n'obtiendra pas son prêt.
C'est la différence fondamentale entre les deux cultures.
Mme Susan St-Amand: J'aimerais seulement ajouter quelque chose
à cela. Je ne peux pas aller dans une compagnie d'assurance et dire
que mon client a transféré tout son argent ici et demander en
retour de l'assurer pour un million de dollars. Le risque associé
à cela ne se produira tout simplement pas, ce qui fait que le
pouvoir dont je jouis n'est pas le même que celui d'une banque.
Aussi, en tant que conseillère et à titre de courtier
indépendant, je fais affaire avec plus d'une institution. Il n'est
pas rare qu'un de mes clients détienne une police
d'assurance-invalidité avec une compagnie, une police
d'assurance-vie avec une compagnie différente et un REER avec une
autre compagnie, et il peut arriver que je travaille avec un autre
courtier—avec moi à titre de courtier en valeurs mobilières—ou
quelqu'un d'autre, ou même un banquier, au royaume de la situation
financière de mon client. Il n'est pas rare que je travaille avec
plus d'un conseiller sur le dossier d'un client.
M. Werner Schmidt: Je veux poser une autre question, monsieur
le président.
En tant que conseillère financière, avez-vous vu le mémoire
déposé par l'Association des banquiers canadiens sur la question de
la vente liée? J'aimerais en lire une section et vous demander
comment vous interpréteriez cette section:
Selon vous, rapidement, ce que je viens de lire va-t-il dans
le sens que la banque pratiquera effectivement la vente liée?
Le président: Nous pouvons peut-être obtenir une copie de ce
document pour eux.
Mme Susan St. Amand: Je pense que ce serait plus facile si je
pouvais lire.
M. Werner Schmidt: Bon, et je pense que c'est une question que
j'aimerais définitivement que vous examiniez. Certaines personnes
qui ont lu ceci ont dit que la banque peut imposer et imposera,
comme partie intégrante de sa politique, certaines conditions pour
l'octroi d'un prêt, ce qui est, selon ce que vous dites, ce que la
banque ne devrait vraiment pas faire. La banque dit que c'est une
politique et qu'elle procédera ainsi.
M. Mark McCarvill: Monsieur le président, sur la base de ce
qui nous été lu, nous n'avons absolument aucune objection à ce
qu'une institution financière adopte des politiques de prudence en
matière d'investissement, que ce soit une compagnie d'assurance ou
une banque. Nous ne voulons pas...
M. Werner Schmidt: Non, ce n'est pas la question.
M. Mark McCarvill: C'est lorsqu'ils vont au-delà de ce qui est
nécessaire, pour obtenir d'autres affaires, non pour des raisons
légitimes, mais pour d'autres raisons.
M. André Richard: Monsieur le président, peut-être qu'ils font
référence au fait que pour certains prêts commerciaux, on exigera
qu'une police d'assurance-vie soit affectée à titre de garantie du
remboursement en cas de décès de l'emprunteur.
M. Werner Schmidt: Oh, évidemment, nous savons que cela
existe. Mais si vous voulez ramener la question à une phrase, c'est
vraiment celle qui se lit comme suit «Par exemple, une banque peut
exiger d'un emprunteur qu'il acquiert un produit»—qui pourrait
être un fonds mutuel—«comme un compte d'opérations ou un compte de
fonctionnement» de sa banque.
Mme Susan St. Amand: En tant que personne qui regarde cela
rapidement, je dirais que cela signifie que les banques
pratiqueraient la vente liée. C'est à tout le moins de cette façon
que je le comprends.
M. Werner Schmidt: Je le comprends exactement de la même
façon. Je ne vois pas de problème à ce qu'une banque exige des
garanties adéquates. Je pense qu'il s'agit du simple bon sens.
Mme Susan St. Amand: C'est indispensable.
M. Werner Schmidt: Bien sûr. C'est la façon de procéder. Je
pense qu'ils ont aussi besoin, André, du même genre de chose s'ils
viennent à mourir. Il faudrait qu'il y ait des assurances pour
rembourser le capital. Je pense que c'est tout à fait correct. Mais
ils ne devraient pas exiger que ce soit une compagnie d'assurance
en particulier qui assure le prêt. Dans la mesure où il s'agit
d'une compagnie d'assurance enregistrée, alors on peut acquérir
cette assurance où l'on veut.
L'autre partie va plus loin que cela. On y dit que si vous
voulez obtenir un prêt, vous devez soit ouvrir un compte, acheter
un REER ou des fonds mutuels de la banque. Je crois que c'est de la
vente liée. Je pense que c'est leur politique de fonctionner comme
cela.
Mme Susan St. Amand: Je suis d'accord avec cette explication.
Le président: Monsieur Casey.
M. Bill Casey: Merci. Merci d'être venus et merci d'avoir mené
ce sondage. Nous parlons tous de la même chose, mais vous nous avez
fait voir en noir sur blanc ce que nous savons tous un peu sur
cette pratique.
Pourriez-vous m'expliquer le diagramme 9 de la page 13?
M. Mark McCarvill: Nous avons demandé aux membres s'ils
croyaient ou non—on revient à la question 7—que, de façon
générale, le personnel dans les banques obéirait à une nouvelle
réglementation interdisant la vente liée. Environ un quart ont
répondu oui, un peu plus de la moitié ont répondu non, et plus d'un
quart ont répondu qu'ils ne savaient pas, puisque bon nombre de
facteurs entrent en ligne de compte.
Nous avons demandé à ceux qui avaient répondu non,
c'est-à-dire un peu plus de la moitié, pourquoi exactement ils
avaient cette impression. Nous leur avons donné trois choix plus
une colonne pour les autres raisons. Nous avons constaté que la
pression sur les ventes exercée par les cadres de direction est la
réponse qui a obtenu le plus grand nombre de mentions. Cela
signifie que vous ne pouvez pas réglementer une culture.
M. Bill Casey: Il s'agit des gestionnaires de la banque, des
cadres de direction.
M. Mark McCarvill: Oui, c'est juste. Ils pensent aussi qu'il
serait difficile pour le gouvernement de réglementer cette
question, montrant ainsi que l'application est un aspect qui les
préoccupe.
Finalement, ils pensent que, outre la culture des ventes, les
banques ne prendraient pas suffisamment au sérieux une telle
réglementation pour la mettre en application.
M. Bill Casey: Pensez-vous que la direction des banques
connaît le niveau de ventes liées qui se pratique quotidiennement
dans une succursale? Le savent-ils et regardent-ils ailleurs? Le
savent-ils, ou quoi?
Mme Susan St. Amand: Je dirais qu'ils ne le savent probablement
pas. Je croirais qu'ils ne le savent pas. À partir de mon
expérience du milieu bancaire et de mon expérience actuelle, ils
n'en connaissent pas vraiment l'étendue.
M. Bill Casey: Donc, il y a une pression sur le personnel qui
doit produire et respecter certaines normes de rendement, et cette
pression se répercute sur les clients. La politique de la direction
est de ne pas pratiquer la vente liée, mais ils ont par ailleurs
une autre politique qui exerce une pression sur le personnel et qui
se traduit par la pratique de la vente liée. Est-ce bien cela?
Mme Susan St. Amand: Exactement. Selon mon expérience, les gens
qui sont en place à la banque n'imaginent même pas qu'ils peuvent
choisir leur façon de mener leurs affaires. Ils estiment qu'ils
doivent faire les choses de la façon dont ils les font, de façon à
obtenir des résultats. Ils ne considèrent pas qu'ils ont une
responsabilité. Ils ne se sentent pas responsables envers le
client.
Par exemple, à titre de conseillère indépendante, peu importe
la question dont je traite avec mes clients, je me sens responsable
de ce que je fais, et c'est pourquoi je détiens ma propre assurance
responsabilité en cas d'erreur ou d'omission. Je me pose
constamment la question: qu'est-ce qui arrivera si je me trompe?
Mais dans les banques, certainement en raison de mon expérience de
travail dans les banques, je n'ai jamais ressenti ce même degré de
responsabilité en terme de ce que disait la banque. Ils disaient
seulement qu'il s'agissait de la politique de la banque ou que
c'était la façon de faire les choses. D'un certaine façon, vous
faites les choses de la façon dont vous pouvez les faire.
J'ai travaillé dans sept succursales sur une période de six
ans et demi. Dans chaque succursale, la façon dont l'information
est transmise et la façon dont le personnel est formé sont
différentes. La seule chose qui demeure constante est qu'il n'y a
jamais suffisamment de temps pour dire aux employés comment ils
devraient agir dans des situations semblables et pour leur dire ce
que serait exactement le résultat final de façon à ce qu'ils
puissent se sentir responsables de leurs gestes.
M. Bill Casey: Quand avez-vous travaillé pour la banque?
Mme Susan St. Amand: J'ai travaillé à la banque de 1982 à 1989.
M. Bill Casey: Avez-vous vu une évolution des banques du
service vers les ventes?
Mme Susan St. Amand: Absolument. Quand j'étais dans le système,
j'ai été l'une des premières à suivre le cours de formation des
vendeurs de Xerox, qui s'appelait, si je me rappelle bien,
«Aptitudes à la vente III». Lorsque j'ai quitté la banque, tous les
employés suivaient ce programme de formation. Ils avaient décidé,
qu'à partir des caissiers en montant, tout le monde devait être
formé de cette manière.
M. Bill Casey: C'est une évolution qui nous a amenés à être ce
que nous sommes aujourd'hui et à nous retrouver ici aujourd'hui.
Mme Susan St. Amand: Absolument.
M. Bill Casey: Merci beaucoup.
Je suis désolé de manquer la pizza, monsieur le président,
mais je dois quitter. Je vous remercie beaucoup de nous avoir
permis de participer comme nous l'avons fait aujourd'hui. C'était
excellent.
Le président: Merci. Il y aura plus de pizza pour ceux qui
restent, monsieur Casey.
Monsieur Cullen.
M. Roy Cullen: Merci, monsieur le président. Merci mesdames et
messieurs.
Loin de moi l'idée de vouloir défier COMPAS, mais j'essaierai
quand même de faire cela, car dans sa lettre, il est dit que vous
voulez une évaluation objective par une tierce partie. La question
était «Les données reflètent-elles exactement les opinions de
l'univers qu'elles prétendent représenter»? Oui, l'univers c'est
l'univers, mais l'univers ce sont vos membres, n'est-ce pas?
M. Mark McCarvill: Exactement, et c'est autant ou aussi peu
que nous suggérons que ce soit.
M. Roy Cullen: Bien. Je ne veux pas dire que vous faites
autrement.
Serait-il juste de dire que vos membres n'aimeraient pas que
la vente liée ne soit aucunement contrôlée?
M. Mark McCarvill: Absolument. Je pense que les résultats de
notre sondage ont permis de démontrer que c'est un problème et
qu'ils perdent des affaires et des clients. Ce n'est donc pas
seulement une question d'intérêts personnels. Mais aussi, comme
vous pouvez le voir, l'idée qu'un client peut avoir l'impression
qu'il n'a pas le choix est lamentable.
M. Roy Cullen: Nous avons tous connu ce genre de situation où
en regardant un questionnaire vous savez quelles réponses vous êtes
censé donner. Je n'essaie pas de déprécier le sondage, mais si je
sais que c'est dans mon intérêt de montrer que la pratique de la
vente liée est répandue, peut-être que je cocherai plus de ces
cases que je ne devrais normalement. Est-ce juste de dire cela?
M. Mark McCarvill: C'est une excellente question. Je pense que
tout sondage auprès de membres est définitivement ouvert à la
spéculation en ce qui a trait aux motivations des répondants, bien
que je pense que le fait qu'environ deux tiers de nos membres aient
dit qu'ils n'étaient pas vraiment familiers avec la vente liée
devrait indiquer qu'ils ont pris le temps de réfléchir aux
définitions. Nous avons voulu que le sondage soit le plus fiable
possible de façon à ce que les personnes ne gonflent pas
artificiellement les réponses.
L'autre commentaire aussi, c'est qu'il y a d'autres groupes
qui utilisent ce moyen pour élaborer une politique. La FCEI, à
titre d'exemple, questionne ses membres concernant les pratiques
bancaires en matière de prêt aux petites entreprises. Évidemment,
les résultats de ces sondages seront utilisés par des responsables
de l'élaboration des politiques comme vous.
M. Roy Cullen: Oui, mais sauf le respect que je vous dois,
j'ai vu un bon nombre des sondages de la FCEI et il n'y a jamais de
conflit réel. La FCEI, c'est la petite entreprise, ce ne sont pas
les banques. Ainsi, si vous questionnez les membres de la FCEI au
sujet de la vente liée, par exemple, et s'ils désirent que le
marché soit concurrentiel, ils pourraient avoir un parti pris en ce
sens.
Je trouve parfois ces sondages très utiles, mais dans le cas
qui nous occupe, il me semble qu'il y a ici un certain conflit
potentiel. Vos membres ne veulent pas voir la vente liée sans
contrôle. Est-ce exact?
M. Mark McCarvill: Je crois que personne ne veut cela. Je ne
vois donc pas ce qui ferait que nous pencherions plus d'un côté que
de l'autre.
M. Roy Cullen: Mais si je remplis le questionnaire et que je
suis un de vos membres—disons que j'essaie d'être le plus objectif
possible—si je lis la question, je saurai, qu'en tant
qu'association et qu'en tant qu'industrie, vous désirez démontrer
le plus possible que la vente liée existe.
M. Mark McCarvill: C'est un commentaire tout à fait juste et
je ne peux en aucune façon le contredire. Tout ce que je peux dire
c'est que nous avons fait de notre mieux pour rendre ce processus
le plus neutre possible. La lettre d'accompagnement et les
définitions sont tirées de la Loi sur les banques. Tenant compte de
tous ces avertissements, il me semble difficile de remettre en
question le poids que peut avoir ce genre de sondage.
M. Roy Cullen: Avez-vous déjà songé à effectuer un sondage
auprès de la population en général, de l'entreprise canadienne en
général ou des consommateurs en général?
M. Mark McCarvill: C'est une bonne question. Nous avons pensé
commencer avec nos membres qui, nous le croyons, ont un point de
vue bien précis à partager sur le sujet. Il y a évidemment des
pours et des contres à sonder les membres en général sur une
question aussi complexe que la vente liée. Est-ce que la population
a une bonne idée de ce que signifie ce concept? Comment
demandons-nous aux gens au téléphone, alors que nous les dérangeons
pendant leur souper, s'ils ont été l'objet de vente liée? Quel
genre de réponse allons-nous obtenir? C'est pourquoi nous avons
pensé commencer par nos membres.
M. Roy Cullen: Numéro trois, «Y a-t-il une indication dans la
conception ou la méthodologie à l'effet que les résultats ont été
indûment déformés par le questionnaire, la conception...» Je suis
certain que dans le contexte du sondage c'est correct. Mais si vous
regardez le diagramme un, par exemple, si vous regardez à 64 p. 100
et que vous regardez rapidement, vous pensez que c'est un nombre
élevé. Puis vous lisez et il est dit que «64 p. 100 ont dit qu'au
moins un de leurs clients...» Vous savez, il y a des façons de
représenter l'information statistique. Je ne dis pas que cela a été
fait délibérément, mais il faut lire jusqu'au bout. On dit que
«64 p. 100 ont dit qu'au moins un de leurs clients leur a fait part
d'une tentative réelle de vente liée par la banque». Plus loin,
vous dites que 30 p. 100 disent ne pas être tout à fait certains
parce qu'ils ont pu confondre la vente croisée et la vente liée.
Puis vous dites: «Cette incertitude peut vraisemblablement être
attribuée au fait qu'il y a souvent une ligne ténue entre la vente
liée et la vente croisée.»
Serait-il juste de dire que des 64 p. 100 qui ont dit qu'au
moins un de leurs clients, peut-être certains confondaient-ils la
vente croisée et la vente liée? Ou croyez-vous que c'était clair
comme de l'eau de roche?
M. Mark McCarvill: Il n'y a aucune façon d'être absolument
certain, à moins évidemment d'appeler les membres un par un. Je
pense que nous avons pris toutes les précautions possibles pour
éliminer la confusion—par exemple, les définitions, et dans la
question, nous faisons même à nouveau référence aux définitions.
Nous avons essayé de bien faire saisir l'idée qu'il y a deux
notions. Je pense donc que s'il y avait un degré de confusion
déraisonnable, que le 64 p. 100 serait même plus élevé. Il y a la
vente liée et la vente croisée, donc si vous les réunissez, ce
devrait être 95 p. 100, par exemple. La possibilité existe-t-elle?
Bien sûr qu'elle existe.
M. Roy Cullen: Je vous suis reconnaissant de vos réponses.
J'essaie seulement, pour le bénéfice des autres membres du comité,
de faire ressortir quelle information nous devrions vraiment
regarder dans le contexte que vous venez de présenter. Il peut y
avoir des ventes liées, mais si vous ne regardez que ce sondage,
vous avez peut-être un point de vue légèrement déformé de l'ampleur
du phénomène. Merci.
M. André Richard: Monsieur le président, je voudrais seulement
ajouter que la ligne qui existe entre la vente liée et la vente
croisée est vraiment ténue. Dans bien des cas, ce peut être une
question de perception par le client. Peut-être que le directeur de
la banque croit qu'il ne s'agit que de vente croisée, alors que le
client, dont les affaires financières sont en cause, pense qu'il
s'agit réellement de vente liée et qu'il doit agir.
M. Roy Cullen: Monsieur le président, j'aimerais poser une
dernière question.
Le président: Seulement une.
M. Roy Cullen: Nous avons demandé à ceux qui ont fait leur
exposé précédemment de nous définir ce qu'est la vente liée par
rapport à la vente croisée ou la vente par encouragement. La vente
croisée et la vente par encouragement sont-elles une seule chose?
Quelle définition en donneriez-vous? Sans donner d'exemples,
comment définiriez-vous la vente croisée et comment définiriez-vous
la vente liée?
M. André Richard: Selon moi, la vente croisée consiste à
offrir un produit sans autre incitation que par exemple un meilleur
taux en raison du nombre de produits. La vente liée est... en
réalité il n'y a pas d'incitation autre que d'accorder quelque
chose en contrepartie. Je vous dirai qu'au cours de mes longues
années d'expérience je me suis toujours senti mal à l'aise de voir
quelqu'un, en particulier des gens d'affaires qui ont monté une
petite entreprise... et habituellement un agent sera le premier à
s'occuper de planification financière pour ces gens. Ils vont
acquérir un REER assez considérable. Maintes fois, comme nous
sommes en général très conscients des risques, nous prenons bien
soin de nous assurer que ce REER est à l'abri des créanciers
lorsque nous leur offrons un produit. Mais ce qui se produit
ensuite, c'est que cette homme d'affaires peut connaître des
difficultés financières temporaires et la première chose que nous
entendons, c'est qu'il doit transférer son REER à la banque pour
obtenir sa marge de crédit.
• 1845
Juste vendredi dernier, j'avais à répondre à la lettre d'un
avocat à qui pareille chose était arrivée. Le pauvre type avait
fait faillite, et son REER qui était à l'abri des créanciers avec
nous, car sa femme en était la bénéficiaire—c'était une rente—a
été complètement liquidé dans la faillite. Nous sommes témoins d'un
grand nombre de cas semblables.
Le président: Merci, monsieur Richard.
Madame Torsney.
Mme Paddy Torsney: Je veux clarifier: M. Schmidt a posé une
question concernant la gestion du risque de crédit, et je pense
qu'il supposait que vous pensiez qu'il y avait un certain lien avec
la vente liée. Est-ce exact?
Mme Susan St. Amand: Oui.
Mme Paddy Torsney: Pourriez-vous clarifier ce que vous croyiez
être de la vente liée?
Mme Susan St. Amand: Au fond, lorsqu'on dit qu'une banque peut
exiger d'un emprunteur d'obtenir un produit ou un service, comme un
compte d'opérations ou un compte de fonctionnement ou un supplément
de crédit, à titre de condition, cette partie est selon moi
fondamentalement logique. Si vous voulez emprunter de l'argent
d'une banque, vous devez posséder un compte bancaire dans cette
institution. Mais, lorsqu'ils disent «peut imposer certaines
exigences aux emprunteurs comme condition d'une extension de
crédit» et, de plus, encore, une banque peut exiger qu'un bien ou
un service qu'un emprunteur s'est procuré auprès d'un particulier,
à titre de garantie affectée à un prêt, fasse l'objet d'une
approbation par la banque. En d'autres mots, selon moi, la banque
dit que c'est correct pour ce REER, mais que ce ne l'est pas pour
cet autre REER, ou que ça va pour ce fonds commun, mais pas pour
cet autre.
Mme Paddy Torsney: Vous ne croyez pas qu'il y a aussi un lien
avec le fait que ce doit être une police d'assurance acceptable,
par exemple?
Mme Susan St. Amand: Je pense que cela dépend de la façon dont
vous l'avez lu lorsque vous l'avez lu, mais je répéterais que cela
dépend de votre situation financière et du fait que vous ayez ou
non l'impression que c'était...
Mme Paddy Torsney: Bien.
Mme Susan St. Amand: Je suis d'accord avec vous. Si, par
exemple, une banque a dit nous ne pensons pas qu'il est indiqué
pour vous de détenir un portefeuille international à risque élevé
en raison de votre ratio d'endettement, alors je croirais que tout
est bien. Mais si on vous disait je pense que le type de fonds que
vous possédez n'a pas vraiment d'importance, en autant que c'est le
nôtre, alors là c'est autre chose.
J'ai un autre exemple de cela, alors que l'un de mes clients
a transféré ses REER dans une banque, et j'ai été très surprise
lorsque la banque lui a en fait proposé ses fonds à risque élevé,
parce que selon moi, la situation financière de ce client était un
peu précaire et je ne suis pas certaine que ce niveau de risque...
J'ai dit que si c'était moi qui prêtais l'argent, j'aurais
l'impression que ces fonds étaient trop risqués par rapport au
montant de la dette, mais néanmoins...
Mme Paddy Torsney: Vous n'avez pas du tout confiance que même
si nous imposons cette réglementation, ce processus cessera.
M. Mark McCarvill: Je pense que les membres qui ne pensent pas
que cela puisse fonctionner comprennent qu'il s'agit d'une
situation complexe, que ce n'est pas quelque chose que l'on peut
faire disparaître en une nuit. Il y a un facteur culturel. Je pense
que ce qu'ils laissent entendre n'est pas qu'ils croient qu'il n'y
a pas de volonté politique; c'est la raison pour laquelle vous
tenez ces audiences. Je crois que ce qu'ils laissent entendre,
c'est qu'il s'agit d'un problème difficile et ils essaient de vous
dire que c'est un problème et qu'ils aimeraient obtenir votre aide
en regard d'une solution.
Mme Paddy Torsney: Mme St-Amand, vous avez laissé entendre
qu'une partie du problème avait trait à la culture ou à la
formation que reçoit le personnel, et au fait que les gens
travaillent avec des primes et des choses du genre. Mais la plupart
des employés des banques sont salariés et ont en plus une forme de
gratification. Quant à vous, êtes-vous tous des travailleurs à la
commission, ou certains d'entre vous reçoivent-ils un salaire?
Mme Susan St. Amand: Non, nous travaillons à peu près tous à la
commission.
Mme Paddy Torsney: Les gens de votre industrie ne seraient-ils
alors pas plus incités à...
Mme Susan St. Amand: Pratiquer la vente liée?
Mme Paddy Torsney: ...ou ne pas exercer de contrainte, mais
être un peu plus insistant?
Mme Susan St. Amand: Je croirais que ce serait très difficile.
J'y ai pensé. C'est une bonne question. J'ai essayé de penser s'il
me serait vraiment ou non possible de contraindre un client
d'exercer sur lui une pression indue pour une raison quelconque
qu'il fasse affaire avec moi, et je ne vois aucune raison pour
laquelle quelqu'un pourrait faire affaire avec moi si ce n'est le
fait que les gens ont cru que je connais mon affaire, que je suis
une bonne femme d'affaires et que je vais m'occuper de leurs
besoins comme il se doit.
Tout est une question de risque et de pouvoir ou de pouvoir
perçu, et je n'ai vraiment aucun don, comme je le dis plus tôt. Je
ne peux pas assurer quelqu'un si la compagnie d'assurance ne peut
accepter le risque qu'il représente. C'est tout ce que je peux voir
dans ces termes. Il n'y a vraiment rien que je puisse leur offrir
s'ils présentent un autre produit.
Mme Paddy Torsney: Que se passe-t-il s'ils ne peuvent prendre
une assurance-vie parce qu'ils sont malades?
Mme Susan St. Amand: S'ils ne peuvent prendre une assurance-vie
parce qu'ils sont malades, ils ne le peuvent pas. Je ne peux rien
y faire. Qu'importe la somme d'argent provenant de leur REER qu'ils
me transfèrent, ça ne changera rien. Je ne puis les assurer. De
même, s'ils ont une police d'assurance en vigueur et s'ils sont
maintenant inassurables, il n'y a rien que je puisse faire non plus
si ce n'est que de devenir agent réalisateur, puis réviser ce
contrat pour le client, et advenant que leur succession a besoin de
mes services au moment du décès, je suis là.
Le président: Ainsi donc, que risquez-vous? Les banques
risquent leur capital. Que risquez-vous?
Mme Susan St. Amand: Comme conseillère désintéressée?
Le président: Oui.
Mme Susan St. Amand: Ce que je risque, c'est ma réputation et
mon gagne-pain.
Si je conseille mal un client et qu'il éprouve par la suite
des difficultés et pour une raison ou pour une autre on découvre
que j'ai mal fait quelque chose, il peut alors me poursuivre. Il
peut certainement le faire et exiger quoi que ce soit devant un
tribunal. Je suis donc personnellement responsable pour toutes les
recommandations que je fais.
Le risque de la compagnie d'assurance est fondamentalement le
risque à prendre en charge.
Le président: Permettez-moi de vous poser une dernière
question. Supposons que nous allions suivre votre conseil et
recommander que cet article soit édicté. Combien de temps
pensez-vous que cela prendra pour que l'ensemble du système s'y
ajuste, et dans les faits comment cela se traduit-il vraiment pour
le client?
Suiviez-vous la question de M. Clark?
Mme Susan St. Amand: J'ai lu à ce sujet-là mais j'étais absente
au moment où il faisait son exposé.
Le président: À la fin de la journée, vous devez avoir trouvé
une solution au problème, n'est-ce pas?
Mme Susan St. Amand: Absolument.
Le président: Si nous faisions une proposition sur cette
question des ventes liées, qu'est-ce qui serait vraiment accompli
selon vous? Comment améliorerions-nous le système? C'est ce que
j'aimerais savoir.
Mme Susan St. Amand: Je pense que les banques feraient un peu
plus attention, et peut-être que ceux qui font partie de la haute
direction mais qui ne savent pas vraiment ce qui se passe
quotidiennement dans le service diraient «Nous devrions peut-être
y porter attention. Peut-être devrions-nous rencontrer nos
employés».
Tout comme lorsqu'ils se joignent à la banque, ils signent une
entente de non-divulgation précisant qu'ils ne révéleront à
personne les situations bancaires personnelles de leurs clients,
peut-être que les gestionnaires devraient aussi parler aux employés
et leur dire «Les ventes liées ne sont pas des choses que nous
tolérons. C'est interdit. Il y a des règlements et voici ce qui
arrive si nous sommes pris à le faire, donc abstenez-vous-en».
Le président: La grande question ici, cependant, c'est que les
employés doivent être plus conscients. Ils doivent comprendre. Il
faut qu'on leur dise et qu'on leur répète que les ventes liées sont
simplement interdites; vous n'y pensez tout simplement pas.
Mme Susan St. Amand: Oui, les employés le sont et les clients
des banques le sont également parce que plusieurs clients pris
individuellement ne comprennent pas vraiment, ne savent pas
vraiment ou ne pensent pas vraiment qu'ils ont le choix. Cela fait
partie du problème, c'est une partie énorme du problème.
Le président: Bien.
Je vous remercie beaucoup au nom du comité. Nous allons
examiner cette étude très attentivement et je suis certain que cela
va nous aider à mieux comprendre la situation. Merci.
Nous allons faire une pause de sept minutes et demie.
Le président: J'aimerais reprendre les travaux et souhaiter la
bienvenue aux représentants de l'Association canadienne des
compagnies d'assurances de personnes: M. Greg Traversy,
vice-président exécutif, élaboration des politiques; M. Jean-Pierre
Bernier, vice-président et directeur du contentieux; et M. Frank
Zinatelli. Molto bène.
Cela fait déjà un certain temps que vous êtes ici et je vous
prie de m'excuser du retard. Vous savez que vous avez 10 ou 15
minutes pour faire vos observations préliminaires, puis nous allons
passer à quelques questions.
[Français]
M. Greg Traversy (vice-président exécutif,
Développement des politiques, Association canadienne
des compagnies d'assurances de personnes):
Merci, monsieur le président et distingués membres
du comité.
Je veux d'abord vous signaler que nous nous
considérons très privilégiés d'avoir été invités à
contribuer aux délibérations du Comité permanent au
sujet de cette importante disposition législative.
Nos commentaires d'introduction seront principalement
en anglais, mais cela nous fera plaisir
de répondre aux questions posées dans les
deux langues officielles.
[Traduction]
Comme vous l'avez indiqué, monsieur le président, nous sommes
très heureux d'être ici aujourd'hui pour représenter l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes, l'association
nationale volontaire à but non lucratif d'assureurs de personnes,
représentant plus de 80 compagnies, qui s'occupent de plus de
90 p. 100 des transactions liées aux assurances au Canada.
Je voudrais souligner que M. Zinatelli est notre co-directeur
du contentieux.
Permettez-moi de commencer en attirant l'attention du comité
sur le texte portant sur les ventes liées sous contrainte, qui vous
a été remis ainsi qu'à vos collègues, je l'espère, monsieur le
président. Ce document comprend un bref profil de l'industrie pour
ceux d'entre vous qui sont intéressés à mieux la connaître, à
connaître ses produits et ses clients, c'est-à-dire plus de 20
millions de Canadiens.
Comme notre document l'indique, les législateurs canadiens ont
admis il y a plusieurs décennies le risque que les institutions de
crédit pouvaient éventuellement exercer une influence indue sur les
décisions d'achat d'assurance de leurs emprunteurs. Et bien sûr,
cette prise de conscience a amené le Parlement à prendre des
dispositions, en 1923, pour protéger les clients contre les ventes
liées sous contrainte au chapitre de l'achat des produits
d'assurance nécessaires pour obtenir du crédit. Ces dispositions
qui sont encore en vigueur de nos jours dans un libellé très
semblable au libellé original des années 1920 ont été et restent
toujours des garanties de protection des consommateurs.
En conséquence, lorsque le Parlement a d'abord examiné les
nouvelles modifications proposées concernant les ventes liées dans
le cadre de l'examen du projet de loi C-82, notre industrie a
exprimé haut et fort que des dispositions de protection devaient
être en vigueur en tout temps et qu'il ne fallait pas permettre que
les dispositions existantes ne deviennent caduques durant
l'intervalle pendant lequel les modifications étaient à l'étude.
Bien sûr, à ce moment-là, nous avons fortement appuyé la
décision du gouvernement de maintenir les dispositions existantes
jusqu'à ce qu'elles soient remplacées par des modifications qui
n'ont pas encore été promulguées et que ce comité est en train
d'examiner.
Lorsque le gouvernement a annoncé que la promulgation des
nouvelles dispositions relatives aux ventes liées serait reportée
jusqu'à ce que ce comité ait entrepris d'autres audiences, le
gouvernement s'est également tourné vers des industries de services
financiers pour qu'elles élaborent de nouvelles lignes directrices
en matière de ventes liées.
Depuis lors, l'industrie de l'assurance de personnes a bien
sûr élaboré et officiellement adopté de nouvelles lignes
directrices à l'échelle nationale au chapitre de la sélection
préalable des agents d'assurance-vie afin de juger de leur
compétence et de faire rapport sur leur inaptitude, ce qui inclut
l'obligation de signaler toute pression indue ou vente liée à
l'organisme de réglementation compétent. Étant donné que ces lignes
directrices sont relativement volumineuses, nous avons demandé au
greffier d'en remettre des copies au comité plutôt que de les
annexer à notre document. Ces lignes directrices sont entrées en
vigueur le 1er janvier de cette année et nous en sommes à la
première étape de leur application. Bien sûr, mon collègue
Jean-Pierre et moi-même aurons l'occasion de parler du déroulement
de cette mise en oeuvre à la réunion annuelle du Conseil canadien
des responsables de la réglementation d'assurance plus tard cette
semaine à Québec.
• 1910
En ayant à l'esprit ces données préliminaires, monsieur le
président, notre présentation se poursuit et compare les nouvelles
dispositions proposées concernant les ventes liées, que le comité
examine à l'heure actuelle, à celles qui sont actuellement en
vigueur. Si vous me le permettez, je demanderai à mon collègue
J.-P. Bernier de donner un bref résumé des résultats de cette
comparaison et d'exposer l'essentiel de ce que pense l'industrie
relativement à l'éventuelle promulgation de la nouvelle
disposition.
M. Jean-Pierre Bernier (vice-président et directeur du
contentieux, Association canadienne des compagnies d'assurances de
personnes): Merci Greg.
L'interdiction des ventes liées sous contrainte est un élément
important de la protection des consommateurs inscrit dans la Loi
sur les banques canadiennes depuis plus de 74 ans. En effet, cet
article a été incorporé à la Loi sur les banques en 1923 afin de
protéger les emprunteurs contre l'achat d'assurance sous contrainte
d'un assureur en particulier comme condition préalable à
l'obtention d'un prêt d'une banque.
La formulation de l'interdiction des ventes liées adoptée en
1923 est intéressante. Il est dit que:
Ce qui est intéressant de noter, c'est que les dispositions
actuelles énoncées au paragraphe 416(5) de l'actuelle Loi sur les
banques sont presque identiques à ce qu'elles étaient il y a 74
ans. La seule exception est qu'aujourd'hui, la banque ne doit pas
retenir indûment son approbation d'un assureur.
Il n'y a pas tellement longtemps, la question des ventes liées
a été examinée par le gouvernement afin d'assurer que les intérêts
des consommateurs de services financiers continuent d'être protégés
dans un secteur où les banques offrent plus de produits et de
services qu'auparavant. Une nouvelle restriction concernant les
ventes liées a été proposée dans le cadre du projet de loi C-82
pour remplacer l'actuelle restriction à compter du 30 septembre
1998. Elle est à l'étude par votre comité. La portée de la
proposition est plus large que ce qu'indique le paragraphe 416(5).
Les nouvelles dispositions empêcheraient une banque d'exercer
une pression indue ou une contrainte sur une personne pour obtenir
un produit ou un service d'un fournisseur particulier comme
condition d'obtention d'un prêt de la banque. Par comparaison, le
paragraphe 416(5) interdit seulement à une banque d'exercer une
pression sur un emprunteur pour qu'il choisisse une compagnie
d'assurance en particulier afin de placer une assurance pour
garantir un prêt bancaire. Fondamentalement, la restriction du
paragraphe 416(5) a été élargie pour qu'elle s'applique à tout
produit ou service offert par un fournisseur, y compris la banque
ou l'une de ses sociétés affiliées.
• 1915
[Français]
Nous sommes à votre disposition pour répondre à vos
questions. Merci.
[Traduction]
Le président: Merci beaucoup, monsieur Bernier, monsieur
Traversy et monsieur Zinatelli.
Nous allons passer à une période de questions. Nous allons
commencer par les députés ministériels. Monsieur Cullen.
M. Roy Cullen: Merci monsieur le président, et merci à vous
messieurs.
Au sein de votre propre industrie, c'est-à-dire l'assurance de
personnes, y a-t-il des cas de ventes liées, ou avez-vous des
lignes directrices au sein de votre industrie, abstraction faite
des banques? Je parle de l'assurance-maladie liée à l'assurance sur
la vie, etc.
M. Greg Traversy: Notre industrie est soumise à la loi et à
ses règlements dans chacune des provinces. Comme je l'ai indiqué,
nous avons remis au greffier du comité une liste représentative des
dispositions qui s'appliquent à l'industrie. Peut-être qu'on a pu
la faire circuler suffisamment parce que nous l'avons établie
durant la journée lorsque nous nous sommes rendu compte que le
comité serait très intéressé à en avoir une. Nous l'avions en main
et je regrette de ne pas l'avoir annexée à notre document. C'est ce
que nous aurions certainement fait si nous avions prévu qu'elle
vous intéresserait au plus haut point.
Nous devons composer avec la loi et ses règlements dans
chacune des provinces en ce qui concerne la contrainte, la pression
indue ou les ventes liées. Comme je l'indiquais aussi, nous l'avons
complétée, à partir du 1er janvier 1998, par de nouvelles lignes
directrices sur la sélection des intermédiaires comme les agents
d'assurance pour en confirmer leurs compétences, ce qui inclut la
nécessité de signaler tous les cas de ventes liées ou de contrainte
au responsable de la réglementation d'assurances.
Le fait même que cette loi existe et que notre industrie ait
élaboré ses lignes directrices indique certainement que ce n'est
pas quelque chose que l'industrie prend à la légère. Comme les
témoins précédents l'indiquaient, ce n'est pas si facile de
s'imaginer comment cela pourrait se traduire dans l'industrie des
assurances de personnes, qui vous approcheraient généralement pour
vous offrir un produit. C'est encore plus difficile de voir comment
cela pourrait se faire. Quoi qu'il en soit, je pense que vous
pouvez constater que les législateurs provinciaux et que
l'industrie elle-même ont reconnu que cela pourrait
vraisemblablement se concrétiser, et qu'ils ont agi pour que cela
ne se produise pas, pour indiquer clairement l'illégalité du
procédé, qu'il était sujet à sanction, etc.
Un indicateur très intéressant est peut-être le suivant.
L'industrie exploite un service d'aide aux consommateurs,
c'est-à-dire un service offert en direct aux consommateurs. Nous
avons des centres téléphoniques à Montréal et à Toronto. Nous le
faisons depuis 25 ans sans frais et, l'année dernière, le centre
téléphonique a traité 64 000 appels. Il y a un certain nombre de
plaintes—généralement environ 1 000 par année sur les 65 000 à
75 000 appels que nous recevons.
Nous avons parlé au directeur en prévision de notre
témoignage. Fait intéressant, l'an dernier—je ne sais absolument
pas si cela s'est déjà produit—aucun des appels ne concernait les
ventes liées. Donc, à première vue, c'est loin d'être une pratique
courante, mais on ne prend pas la chose à la légère et il y a les
lois qui s'y appliquent et il y a les lignes directrices de
l'industrie.
M. Roy Cullen: Merci. Votre industrie a-t-elle des
arrangements pour faire des ventes liées ou des ventes liées sous
pression avec les institutions bancaires en ce qui concerne
l'assurance sur la vie ou l'assurance-maladie? Il pourrait s'agir
de commissions, il pourrait s'agir de n'importe quel genre
d'arrangement, par exemple quelqu'un arrive à la banque, fait
affaire avec la banque et tout à coup, on découvre qu'il a besoin
d'assurance—comme un prospect ou un genre de commission.
M. Greg Traversy: Excellente question. Évidemment, la majorité
des assurances que les banques associent à l'octroi de crédit ne
viennent pas d'une banque affiliée mais plutôt d'une compagnie
d'assurance. Il existe des ententes de réseau ou de marketing
jumelé non seulement entre les banques mais avec d'autres
établissements de crédit—sociétés de fiducie, coopératives de
crédit, et ainsi de suite—où, par exemple, si vous obtenez un prêt
hypothécaire et qu'on vous suggère de contracter une assurance au
cas où vous décédiez ou deveniez invalide, vous seriez en mesure de
respecter vos obligations financières.
Généralement, ces produits d'assurance sont offerts bien sûr
par des compagnies d'assurance et la plupart d'entre elles sont
membres de notre association, comme je l'ai mentionné.
M. Roy Cullen: Bien. Je n'ai pas d'autres questions pour
l'instant monsieur le président. Merci.
Le président: Une question monsieur Pillitteri?
M. Gary Pillitteri: Oui.
Le président: Bien, madame Redman, allez-y la première.
Des députés: Oh, oh!
Mme Paddy Torsney: Vous feriez mieux d'abord de savoir s'il va
en venir aux mains avant de permettre à Mme Redman d'y aller.
Mme Karen Redman: Oui. Je ne veux pas le rattraper si...
M. Gary Pillitteri: Non, non, je n'aime vraiment pas me
chicaner mais la controverse met parfois un peu de piquant. J'aime
présenter la carotte mais j'aime également tenir un bâton dans la
main.
Clarifions une chose. Vous dites que nous avons les
règlements, que vous nous avez présentés. Bien sûr, vous êtes régis
par la Charte provinciale, et vos règlements s'appliquent à chacune
des provinces du Canada, vous devez donc... Il n'y a pas de charte
nationale dans vos opérations, c'est strictement
provincial—d'accord?—donc certaines provinces ont plus de
restrictions que d'autres lorsqu'elles vous indiquent votre mode de
réglementation et d'exploitation. Est-ce exact?
M. Greg Traversy: Oui, vous avez raison. Au plan
juridictionnel, toutes les activités du marché des compagnies
d'assurance sont réglementées au niveau provincial même si la
majorité de nos compagnies membres sont régies par une charte
fédérale et réglementées au chapitre de la solvabilité par le
responsable de la réglementation, le BSIF, qui sera votre premier
témoin demain matin.
En ce qui concerne le marché, les activités des compagnies
d'assurance sont constitutionnellement réglementées par les
provinces. M. Pillitteri a certainement raison de dire qu'une des
conséquences est que la nature de la loi ou de ses règlements—par
rapport, par exemple, aux ventes liées ou quoi que ce soit—peut
varier d'une province à l'autre.
À propos, c'est une des raisons pour lesquelles nous avons
travaillé avec un certain enthousiasme à l'élaboration des lignes
directrices nationales destinées à l'industrie, lesquelles, comme
je l'ai dit, sont en vigueur. Nous en avons parlé avec tous les
différents responsables provinciaux de la réglementation et tous
semblent les apprécier, et cela nous donne une certaine
normalisation.
M. Gary Pillitteri: Je continue: dites-moi pourquoi les
compagnies d'assurance ne font-elles pas de prêts? Je veux dire, je
pense que vous pouvez être dans les opérations de prêt. Il n'existe
pas de loi qui vous empêche d'être dans ce domaine et d'offrir des
services groupés, non seulement de l'assurance mais un ensemble de
deux ou trois choses.
M. Greg Traversy: Très bonne question. Évidemment, en 1992,
comme M. Pillitteri y fait probablement référence, les compagnies
d'assurance-vie se sont vu accorder de nouveaux pouvoirs en matière
de prêts aux consommateurs...
M. Frank Zinatelli (co-directeur du contentieux, Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes): Étendus.
M. Greg Traversy: Oui, des pouvoirs étendus de prêts aux
consommateurs.
Dans le marché, au meilleur de ma connaissance, il n'y a pas
eu jusqu'ici une acceptation marquée de ce nouveau champ
d'application. Et la raison de cet état de chose serait
certainement mieux expliquée, j'en suis sûr, par un des dirigeants
de notre industrie. Comme vous le laissez entendre, monsieur
Pillitteri, cela n'est certainement pas encore arrivé au moins.
M. Gary Pillitteri: J'ai posé cette question parce qu'il
semble qu'aujourd'hui, en un sens, que les banques—vous savez, en
tentant de faire un groupe de travail sur les banques, en tentant
de voir ce qu'elles font... Et plus particulièrement avec ce
regroupement, vous savez, vous dites moins de concurrence. Et j'ai
examiné quelques-unes des mesures législatives ici au Canada, et je
dis que les compagnies d'assurance pourraient se lancer dans ce
genre d'opérations. Nous aurions plus de concurrence, vous savez.
Ou encore il pourrait s'agir de regroupements des banques et des
compagnies d'assurance plutôt que des regroupements de banques
entre elles. Tout le monde peut facilement entreprendre ce genre
d'affaires. J'examine tout cela dans l'optique d'une meilleure
concurrence et ils répondent non nécessairement; parfois, le fait
d'avoir autant de monde dans le domaine ne se traduit pas par de la
concurrence. Tous pourraient charger les mêmes taux.
• 1925
Avant que vous ne répondiez à cette question, je voudrais
faire quelques remarques à ce sujet fondées sur mon expérience
personnelle d'homme d'affaires. J'habite Niagara Falls, et il y a
une tendance... Il existe ce qu'ils appellent au Canada des
chambres d'hôtel, et il y en a en abondance. Paddy, j'y arrive.
Mme Paddy Torsney: La capitale de la lune de miel.
M. Gary Pillitteri: La capitale de la lune de miel.
Mme Paddy Torsney: Je me demande simplement où cela nous mène.
Une voix: C'est ce qu'on appelle le tourisme réceptif.
M. Gary Pillitteri: Bon, ça va, le tourisme réceptif.
Et du fait qu'ils étaient dans cette industrie et que pendant
les cinq ou six dernières années cette industrie a éprouvé quantité
de problèmes... À propos, je faisais simplement remarquer que dans
le cas de plus de la moitié des hôtels, les propriétaires étaient
les banques parce qu'ils ne faisaient pas leurs paiements. Je sais
que dans chacun de ces hôtels les banques... Quelques-unes des
banques ne chargeaient que 20 ¢ par dollar sur les prêts, certaines
autres 50 ¢ par dollar.
Se peut-il qu'elles éprouvaient un tel problème avec tous les
prêts irrécouvrables, comme elles pouvaient les appeler, mais non
pas de façon réaliste parce que le marché était à la baisse? Il y
avait une récession, la valeur marchande n'était plus là et elles
ont commencé à rappeler des titres en remboursement de leurs
clients. Pensez-vous qu'il s'agisse de quelque chose qui se
produise maintenant surtout à cause du problème lié au côté
commercial, l'objectif commercial?
Il s'agit vraiment de ce que nous tentons d'aborder en matière
de ventes liées, les gens d'affaires sur lesquels on mettait
vraiment la pression. Mais ce sont les mêmes gens qui ont subi ces
pertes et peut-être que les banques tentaient de recouvrer
certaines de ces pertes qu'elles allaient subir. Je pourrais vous
nommer des hôtels où la norme est 20 ¢, 30 ¢. J'étais présent dans
nombre de ces situations.
M. Greg Traversy: C'est une hypothèse très intéressante.
J'aimerais mentionner tout d'abord que le domaine des prêts dans
lequel l'industrie de l'assurance-vie a historiquement été active
est celui des prêts hypothécaires. Donc, les problèmes mêmes dont
vous parlez sont des problèmes qui sont bien connus de notre
industrie—trop bien connus si l'on remonte à quelques années.
Heureusement, comme vous le savez, le marché immobilier s'est accru
par la suite...
M. Gary Pillitteri: Vous êtes tellement content de vous lancer
de nouveau dans les opérations de prêt.
M. Greg Traversy: Mais votre hypothèse est, je pense, que la
raison d'une prise de conscience accrue des ventes liées pourrait
au moins en partie découler du fait que pendant passablement
d'années, il n'y a pas tellement longtemps, on a connu ce phénomène
de plus en plus marqué des appels de marge, les gens étant... Je
n'ai pas la compétence voulue pour porter quelque jugement
professionnel sur cela, mais il s'agit d'une hypothèse très
intéressante qui pourrait bien constituer en partie la raison pour
laquelle il y a une prise de conscience accrue à ce sujet à ce
moment-ci.
Comme autres facteurs, il se pourrait bien qu'il y ait eu
l'effondrement répété des piliers, une expansion des divers
nouveaux types de produits et ainsi de suite. Plusieurs facteurs
peuvent être en cause, mais il se peut bien que ce soit l'un d'eux.
M. Gary Pillitteri: Pourrais-je terminer monsieur le
président?
Le président: Une très brève question seulement.
M. Gary Pillitteri: Je veux parler de la publicité de Niagara
Falls. C'est-à-dire que je comprends que les banques et les
compagnies d'assurance se bousculent pour chiffrer le potentiel qui
existe dans ma capitale canadienne de la lune de miel, Niagara
Falls. Au cours des quatre ou cinq prochaines années, il y aura
pour quelque 4 ou 5 milliards de construction, parce que c'est la
région qui se développe le plus rapidement au Canada.
Le président: Aimeriez-vous faire un commentaire ou poser une
question?
Mme Karen Redman: De fait, j'avais un commentaire. Je voudrais
mentionner que nous avons quantité de chambres à coucher à
Kitchener. C'est une charmante région à visiter.
Des députés: Bravo, bravo!
Mme Karen Redman: Je vous remercie de votre exposé.
Le président: Merci de votre commentaire, madame Redman.
Mme Karen Redman: Je sais que vous avez été ici toute la
journée, tout comme nous.
De toute évidence, vous appuyez la recommandation d'accepter
l'article 459.1 proposé dans sa totalité. Je pense que je vous
présenterais une question que j'ai bien tenté de résoudre toute la
journée en ce qui concerne toute cette affaire. Je n'ai pas
l'impression que quelqu'un pourrait affirmer que les ventes liées
sont une bonne chose et que personne ne les favoriserait.
Selon moi, le problème consiste à trouver une définition
complète pour cela. Vous avez déjà mentionné que le groupage ou
l'interdistribution est quelque chose que votre industrie n'est pas
la seule à faire, mais que cela peut être réalisé au meilleur des
intérêts du consommateur.
Je m'efforce donc en quelque sorte de trouver la définition.
L'un des premiers témoins a parlé de la contrainte perçue par
opposition à la contrainte réelle. Je me demande si cela ne crée
pas la division entre le manque de rapports que nous semblons
recevoir de quelque organisme officiel que ce soit ou de quiconque
qui recevrait ce genre de plaintes. On peut l'expliquer du fait que
les gens se sentiraient vulnérables et qu'ils ne veulent pas parler
publiquement contre leur banque, mais il semble qu'on manque de
personnes persuasives. Cependant, on perçoit que cela est assez
généralisé.
Si vous pouvez formuler une question à partir de cela,
j'aimerais bien que vous y répondiez.
M. Greg Traversy: Absolument. Définir ce que sont les ventes
liées est, comme Mme Redman le mentionne, un défi parce que c'est
en grande partie une question de perception autant qu'une question
de fait.
Je pourrais simplement demander à mon collègue, Jean-Pierre,
qui a consacré bien du temps l'année dernière à ces lignes
directrices comment on définit les ventes liées aux fins de
l'établissement des lignes directrices. Il faut se rappeler que les
lignes directrices qui sont maintenant en vigueur et dont nous
parlons avec l'appui de tous les responsables de la réglementation
d'assurances font valoir la nécessité de signaler au responsable
tous les cas de ventes liées. Donc, cela signifie que vous devez
savoir ce que sont les ventes liées.
Jean-Pierre, voudriez-vous simplement élaborer sur le sujet?
M. Jean-Pierre Bernier: Certainement. Les ventes liées sous
contrainte sont interdites dans les dix provinces. Il est également
illégal pour un banquier d'agir comme un agent d'assurance, et
aucun banquier ne peut obtenir, sauf exception, de permis
d'assurance dans les dix provinces.
Nous avons l'obligation de surveiller les pratiques
commerciales pour voir si elles sont conformes à la loi qui nous
touche. Et en raison de certaines variantes d'une province à
l'autre dans la définition de vente liée, nous avons dû trouver une
définition universelle qui s'appliquerait dans toutes les
provinces. Du point de vue des affaires, cela coûte trop cher
d'élaborer un programme de surveillance pour une province et
d'avoir un programme de surveillance différent pour la province
voisine, et ainsi de suite.
Donc, 54 compagnies d'assurance sur la vie en sont arrivées à
cette définition en collaboration avec les témoins qui nous ont
précédés, qui s'appelaient antérieurement l'Association des
assureurs-vie du Canada, représentant les assureurs sur la vie. Au
bas de la page 22 de nos lignes directrices, nous avons défini,
encore une fois en collaboration avec le Conseil canadien des
responsables de la réglementation d'assurance, ce que sont les
ventes liées. Elle dit que les ventes liées portent une
interdiction de rendre l'achat du produit A conditionnel à l'achat
du produit B.
C'est très simple. Il fallait que ce soit simple parce que ces
lignes directrices doivent être suivies par les agents et les
courtiers d'assurance-vie. Donc, tout devrait être très très
simple.
De fait, dans une certaine mesure, c'est l'interdiction qu'on
trouve au paragraphe 416(5) proposé qui précise qu'une banque ne
peut accorder un prêt qui soit conditionnel à l'achat d'un produit
d'assurance de la compagnie A.
Mme Karen Redman: C'est simple, c'est clair et facile à
comprendre.
M. Greg Traversy: Donc, on en revient à la question de choix
dont d'autres témoins et d'autres membres du comité ont parlé,
lorsque, tout comme l'a indiqué Jean-Pierre, il s'agit d'un cas où
le consommateur fait face à une situation ne lui offrant aucun
choix: «pour acheter ceci, vous devez acheter cela».
Mme Paddy Torsney: Donc, messieurs, vous avez toutes ces
tonnes de papier sur les lois dans toutes les provinces. Y a-t-il
des cas de ventes liées dans la majorité des provinces?
M. Jean-Pierre Bernier: Nous avons l'obligation de faire
rapport...
Mme Paddy Torsney: Vous espériez que quelqu'un d'autre
réponde, n'est-ce pas?
Des voix: Oh, oh!
M. Jean-Pierre Bernier: ...une obligation légale de faire
rapport en cas de non-respect de l'interdiction concernant les
ventes liées. Dans nos lignes directrices, nous avons élaboré une
formule très simple pour signaler les écarts. Et la formule
comprend une case réservée aux ventes liées. Cette formule est
acheminée aux responsables de la réglementation et une copie est
aussi envoyée aux agents et aux courtiers afin que les mesures
disciplinaires pertinentes soient prises. Nous rencontrerons les
membres du Conseil canadien des responsables de la réglementation
d'assurance plus tard cette semaine à Québec. Donc, nous le saurons
plus tard cette semaine. Ces formules sont en vigueur depuis le 1er
janvier 1998.
Mme Paddy Torsney: Bien, mais ces lois sont en vigueur depuis
bon nombre d'années. Y a-t-il des cas où elles sont enfreintes?
M. Frank Zinatelli: En vérité, il y a deux articles
particuliers qui touchent les ventes liées. Bon nombre d'autres
articles traitent de coercition et de pratiques déloyales, ce qui
peut couvrir les ventes liées. À ma connaissance, un seul cas a été
entendu devant un tribunal ou un organisme administratif, en
Colombie-Britannique, il y a à peu près un an. Je me ferai un
plaisir de vous le fournir. À ma connaissance, il n'y a eu qu'un
seul cas.
Mme Paddy Torsney: Bon, mais voici ma question. Il y a toutes
ces règles et il y a un seul cas, donc, si cela ne se produit pas,
pourquoi avons-nous besoin de toutes ces règles?
M. Frank Zinatelli: Bon nombre de ces règles sont en vigueur
depuis de nombreuses années dans notre industrie.
Mme Paddy Torsney: Alors, si je passe à... À la page 7 de
votre exposé, dans la deuxième partie de votre exposé, vous
indiquez où vous avez fait des investissements; vous avez fait des
prêts résidentiels et des prêts commerciaux et vous avez des
actions. Donc, je ne trouverai aucun cas où l'ACCAF a investi dans
telle ou telle compagnie, puis a obtenu une police d'assurance
collective ou des polices d'assurance sur la vie ou quelque chose
du genre.
M. Greg Traversy: Certainement pas quoi que ce soit dont j'ai
entendu parler, et certains éléments seraient probablement liés au
fait que ceux qui travaillent du côté des valeurs mobilières d'une
compagnie sont complètement coupés de ceux qui travaillent du côté
du produit. Ce sont simplement des gens totalement différents. La
politique d'investissement des compagnies d'assurance sur la vie
est très étroitement réglementée et soumise à toutes sortes de
règlements d'exécution dont l'objet est d'assurer que l'argent est
investi avec prudence. Je n'ai jamais entendu parler de cas de lier
une décision d'investissement à une décision concernant le produit.
Mme Paddy Torsney: J'essaie simplement de réfléchir. Disons
que vous avez un client important avec toutes sortes d'avantages
d'assurance groupe et d'assurance sur la vie. Il vous déclare,
«Écoutez, nous manquons présentement de liquidités et nous
cherchons quelques investisseurs»—ce n'est pas chez vous qu'ils
pourraient acheter des actions?
M. Greg Traversy: Pas vraiment. Un achat d'actions se ferait
sur le marché boursier et, en fait, plusieurs compagnies
d'assurance sur la vie font administrer leurs placements en actions
par des firmes autonomes spécialisées en gestion de valeurs
mobilières.
M. Jean-Pierre Bernier: Je suis dans l'industrie de
l'assurance de personnes depuis plus de 20 ans et durant toutes ces
années, au meilleur de ma connaissance, le seul cas signalé de
ventes liées est cette décision de la Cour d'appel de la
Colombie-Britannique.
M. Greg Traversy: Mais ce qui pourrait être intéressant de
savoir, dans quel sens s'orientent la cause et l'effet? Il y a des
lois et des règlements en vigueur depuis nombre d'années et il n'y
a aucun cas, ou très peu de cas de ventes liées. Donc, qu'est-ce
qui vient en premier, la poule ou l'oeuf? Quelqu'un sait-il?
Le président: Monsieur Cullen.
M. Roy Cullen: Monsieur le président, c'est là où je voulais
en venir. Je pourrais faire valoir, je suppose, qu'à cause des
lois, il n'y a eu aucun... Cela me rappelle une blague, que je vais
vous raconter simplement pour apporter un peu de détente, monsieur
le président, durant cette soirée par ailleurs très sérieuse.
• 1940
Mme Paddy Torsney: Permettez-moi de vous poser une dernière
question. Dans l'exemple de la Colombie-Britannique, quelle a été
la sanction ou la mesure corrective?
M. Frank Zinatelli: Il faudrait que je vérifie. Je ne peux pas
vous répondre au pied levé.
Mme Paddy Torsney: C'est l'autre facette de la loi. À quoi
sert de l'avoir s'il n'y a pas de mesure corrective ou de sanction?
Le président: Quelle est l'importance de cet article, la
culture?
M. Greg Traversy: L'existence d'un article sur les ventes
liées est certainement très importante. C'est pourquoi nous
voulions absolument voir que ce paragraphe 416(5) reste en vigueur
jusqu'au moment de son remplacement. Donc, un article a son
importance.
Dans quelle mesure est-il important de remplacer le paragraphe
416(5) par le nouvel article quelque peu plus radical? Cette
importance est relative mais je pense—et il se peut que J.-P.
désire faire un commentaire—qu'il ne s'agissait certainement pas
l'un de nos objectifs les plus fondamentaux durant le processus
d'adoption du projet de loi C-82. Nous avons apprécié le fait qu'il
soit plus rigoureux. Nous croyons qu'il est bien inspiré. D'autre
part, je ne crois pas que c'était quelque chose qui était perçue
comme de toute première importance au départ.
Le président: Madame Redman.
Mme Karen Redman: J'ai une petite question. Si on en a déjà
parlé, je vous prie d'accepter mes excuses.
Le dernier groupe de témoins a indiqué qu'il y avait beaucoup
de scepticisme de la part de leurs membres quant à l'impact que
pourrait avoir l'application de cette loi. Quelqu'un d'entre vous
peut-il élaborer sur le sujet selon son point de vue?
M. Greg Traversy: Je vais risquer un commentaire et demander
à mes collègues de compléter.
Nos membres partagent certains attributs avec les banques. Ce
sont principalement de grandes institutions financières très
étroitement réglementées, et je peux affirmer sans exagérer le
moins du monde qu'elles s'en tiennent à la lettre de la loi et de
ses règlements on ne peut plus sérieusement. Je dis bien on ne peut
plus sérieusement. Et j'inclurais certainement nos propres
compagnies adhérentes. Je peux affirmer devant ce comité que
lorsque le Parlement ou l'assemblée législative d'une province, ou
quoi que ce soit, fait valoir quelque chose, on en tient compte
avec le plus grand des sérieux. Ainsi donc, compte tenu de cette
expérience, je ne partagerais pas vraiment le scepticisme dont il
a été question.
J.-P.?
M. Jean-Pierre Bernier: Sans l'interdiction des ventes liées
dans la Loi sur les banques, et si vous deviez laisser les banques
s'auto-réglementer, le coût de la réglementation pour nous par
comparaison avec les banques nous placerait dans une situation
concurrentielle désavantageuse, parce que nous ne sommes pas
assujettis à l'auto-réglementation au niveau provincial et que les
banques ne sont pas soumises—ou du moins elles prétendent qu'elles
ne le sont pas—à la réglementation provinciale lorsqu'il s'agit de
vendre des assurances.
Le président: Y a-t-il d'autres questions?
Merci beaucoup.
M. Greg Traversy: Merci, monsieur.
Le président: Monsieur Zinatelli.
M. Frank Zinatelli: J'aimerais faire un commentaire sur la
question qu'on vient de poser il y a une minute sur ce qui s'est
produit dans le cas de la Colombie-Britannique, Il y a eu une
ordonnance du tribunal obligeant la compagnie à cesser de vendre ce
type de produit. Il y a bien eu une ordonnance. Le résumé que j'ai
ne mentionne pas précisément ce cas, mais nous allons voir.
Le président: Au nom du comité, je voudrais vous exprimer nos
plus sincères remerciements pour votre intervention. Merci.
La séance est levée.
Prenons par exemple Fidelity European Growth. En 1997, le
rendement a été de 26,9 p. 100, alors qu'il a été de 21,5 p. 100
pour Royal European Growth. En 1996, le même fonds Fidelity
atteignait 26,2 p. 100, alors que celui de la Banque Royale a
stagné à 19,5 p. 100. Fidelity True North est le principal fonds
d'actions de Fidelity au Canada; en 1997, son rendement s'élevait
à 24,1 p. 100. Le Royal Canadian Equity, semblable, était à 12,9 p.
100.
Quand il m'a rappelé, le même jour, il m'a dit que la
confusion provenait sans doute du fait que la lettre n'avait pas
emprunté la voie usuelle. Autrement dit, j'aurais dû aller à la
banque en premier. On laisse le soin aux banques de résoudre les
difficultés, puis le dossier lui est remis, le cas échéant.
M. Boyd m'a dit qu'il me suffisait d'appeler pour que la marge
de crédit augmentée soit portée à mon compte avant la fermeture.
Nous étions le 18 mars. Je lui ai dit que j'étais surpris de
n'avoir rien à signer ou de ne pas avoir à vendre de fonds mutuel.
Il s'est mis à rire: «Non, Doug, c'est une offre sans condition. Tu
n'as pas à vendre tes fonds mutuels». Notre conversation était
terminée.
J'ai joint ma garantie personnelle, aux pages P2, P3 et P4. Si
vous examinez ce document, vous verrez à quel point il est
rebutant. Il s'agit d'un document très détaillé et très complexe.
On y dit en gros que, si je ne rembourse pas mon prêt, la banque
peut saisir tout ce que je possède. Mais pour ce faire, si je ne
fournis pas de garanties à la banque, elle doit me mettre sous
séquestre. Elle doit nommer un syndic, une procédure très complexe.
Mais elle peut toujours recouvrer sa mise.
À moins qu'une grosse épée de Damoclès ne plane au-dessus de
leur tête, les organismes autoréglementés ont tendance à être très
indulgents envers eux-mêmes. Les lois doivent être très strictes au
cas où l'autoréglementation serait insuffisante. Les responsables
élus disposeraient ainsi... Si cela n'est pas suffisant, vous
pouvez toujours appeler votre député fédéral, le député provincial
s'il s'agit de la loi sur les valeurs mobilières, et lui demander
de déposer le dossier auprès du témoin suivant, l'ombudsman.
Dans votre cas, vous soulevez deux points qui vous causent du
souci. L'un concerne l'accord verbal qui n'a pas été respecté, et
l'autre concerne la vente liée. Mais il s'agit en fait de deux
points indépendants, non?
J'ai donc la conviction que la procédure est efficace. Elle a
certes besoin d'être améliorée. Nous représentons le maillon
indépendant du processus et nous mettons la pression suffisante
pour faire avancer les choses. Ultimement, la mentalité change au
sein des banques. Qu'elles prennent conscience qu'elles doivent
s'occuper de leurs clients et tenir compte de leurs plaintes,
qu'elles aient trait à la vie privée, à la vente liée ou aux
processus de remboursement des prêts.
Pour le reste, nous suivons de près le dossier de la vente
liée. J'ai déjà décrété qu'il s'agissait d'un sujet important. J'ai
suivi l'affaire dans les médias et ailleurs, m'entretenant avec des
personnes comme Doug.
Y a-t-il des questions que
l'Ombudsman ne peut examiner?
Oui. L'Ombudsman ne
peut pas examiner les plaintes portant sur la
tarification générale des produits et des services,
tels que taux d'intérêt, frais de service, frais de
carte de crédit, etc.,...
...sur les politiques d'octroi de crédit des
banques ou sur les questions qui font ou ont fait
l'objet d'une poursuite.
Je vous renvoie la question.
Pensez-vous qu'après avoir lu ça, quelqu'un
peut penser, si son problème en est un de
crédit... C'est gros, n'est-ce pas?
À la fin, on dit: «Y a-t-il des questions que
l'Ombudsman ne peut examiner?»
Je compare deux structures, c'est tout.
Comme vous le savez, je suis un comptable agréé, je
n'appartiens donc pas au secteur bancaire. Je n'ai d'ailleurs
aucune formation dans ce domaine. Je dois cependant avouer que j'ai
été impressionné par le respect de la confidentialité qui existe
dans les banques. Ce sont des organismes très discrets lorsque
vient le temps de partager ou d'utiliser des renseignements qui
concernent un client. Malgré les relations de travail qui existent
entre les banques, leurs ombudsmans et les autres intervenants, à
moins que le client ne donne sa permission écrite, nous n'avons
accès à aucun renseignement. Et c'est très bien ainsi, car tous les
renseignements que vous obtenez ont été approuvés et cela vous
évite de faire des erreurs.
Tout cela s'est traduit par la création du poste d'ombudsman.
Ça a été le résultat de l'attitude «il n'y a pas de problèmes». De
toute évidence, il y avait un problème. Il y avait un problème,
mais vous nous dites qu'il n'y a pas de problèmes.
à ce moment-là, la garantie non couverte...a diminué de 40 000 $ ,
mais j'ai décidé de contracter l'hypothèque maximale.... Je croyais
que ce...serait disponible...plus tard.
J'ai reçu un appel de Nicki Lawrence, directrice des comptes, au
début du mois de février 1998, me disant que ma demande allait être
rejetée à moins que je ne vende mes fonds communs de placement de
la Fidelity et que j'achète les fonds de placement de la Banque
Royale.
Examinons de plus près ce scénario. M. Clark fait une demande
de prêt. La banque accepte de lui donner l'argent à condition qu'il
ait suffisamment de garanties. Allons directement à ce point:
«Monsieur Clark, veuillez nous faire parvenir vos garanties. Peu
m'importe qu'il s'agisse d'actions de Trimark, de Bell ou autre.
Faites-nous parvenir l'équivalent au marché de 50 000 $ et nous
sommes en affaires». Et ils ont scellé l'entente par une poignée de
mains.
Il [M. Blair Boyd] m'a même spontanément offert de me donner les
40 000 $ additionnels sans conditions, au moment où j'en ferais la
demande.
Le gouvernement est [...] conscient que le jeu du marché
empêche généralement les entreprises de forcer les
consommateurs à acheter des produits dont ils ne
veulent pas. Cette approche ne garantit cependant pas
que celles-ci n'essaieront jamais d'obliger les
consommateurs à acheter un produit pour pouvoir en
acquérir un autre, ce qui n'est évidemment pas à
l'avantage des consommateurs.
Enfin, sur une note un peu plus pessimiste, la moitié de nos
membres croient que la vente liée persistera même si le
gouvernement légifère. Les trois raisons qui sont les plus
fréquemment citées pour justifier ce pessimisme sont celles-ci. Nos
membres croient que le personnel de première ligne continuera
d'être pressé par les dirigeants des banques de vendre des produits
bancaires de façon agressive; en d'autres mots, la culture ne
réagira pas à la réglementation. Deuxièmement, nos membres ne
croient pas que le gouvernement fédéral soit réellement en mesure
de faire appliquer une telle réglementation. Troisièmement, nos
membres ne croient pas que les banques soient elles-mêmes
intéressées à appliquer une réglementation semblable.
Si un de mes clients ou une de mes clientes désire changer
d'agent, tout ce qu'il ou elle a à faire est de signer une lettre
qui dit «Je souhaite prendre quelqu'un d'autre comme agent»—pour
les fins du dossier—«pour une police en particulier» et quelqu'un
d'autre est en mesure de s'en occuper. Il n'y a aucuns frais de
service, aucune modification n'est apportée au contrat signé avec
l'institution et les primes demeurent exactement les mêmes. Aucune
modification n'est apportée au contrat. Je ne dispose d'aucun
pouvoir de représailles à l'encontre de la perte d'un titulaire de
police.
Les banques ont l'obligation de gérer le risque de crédit
prudemment; lorsque les banques s'acquittent de cette obligation
avec diligence, ce sont tous les clients qui en bénéficient. En
conséquence, aux fins de la gestion du risque de crédit, les
banques peuvent imposer certaines exigences aux emprunteurs, comme
condition d'une extension de crédit. Par exemple, une banque peut
exiger d'un emprunteur qu'il se procure un produit ou un service,
comme un compte d'opérations ou un compte de fonctionnement, ou
l'empêcher de contracter une dette additionnelle pour lui accorder
un prêt. De plus, une banque peut exiger qu'un produit ou un
service obtenu par un emprunteur d'un particulier, à titre de
garantie affectée à un prêt, fasse l'objet d'une approbation par la
banque. Toutes les exigences imposées aux fins de la gestion du
risque de crédit seront cohérentes avec le degré de risque encouru
et ne serviront qu'aux seules fins de la gestion de ce risque de
crédit.
Ce qui est vraiment troublant, c'est que cette somme d'argent,
qui était à l'abri des créanciers pour que cette personne puisse à
tout le moins jouir d'une pension minimale à la retraite, a été en
réalité remise aux créanciers. J'ai vu tellement de cas de ce
genre.
Bien entendu, ces nouvelles lignes directrices complètent une
masse relativement imposante de prescriptions et de dispositions
réglementaires existantes en ce qui concerne les ventes liées,
prescriptions et dispositions qui s'appliquent déjà aux assureurs
de personnes dans chaque province. Bien entendu, nous avons
également remis au greffier du comité une liste représentative des
prescriptions et dispositions réglementaires de chaque province en
ce qui concerne la coercition, la pression indue et les ventes
liées.
Aucun agent ni gérant de banque ne peut agir en qualité d'agent de
toute compagnie d'assurance ou de toute personne relativement au
placement d'une assurance, et aucune banque ne doit exercer de
pression sur un emprunteur pour le placement d'une assurance pour
la sécurité d'une banque auprès d'une agence d'assurance
particulière. Cependant, nulle disposition de la présente ne doit
empêcher la banque d'exiger le placement d'une telle assurance
auprès d'une compagnie d'assurance qu'elle peut approuver.
Nos compagnies adhérentes ont étudié attentivement les
nouvelles dispositions relatives aux ventes liées et ont jugé les
améliorations suffisantes. L'essentiel pour notre industrie est que
si ce comité recommande la promulgation des dispositions relatives
aux ventes liées, ce serait un aboutissement positif et viable.
D'autres parts, si le comité décide d'explorer d'autres solutions
possibles, notre industrie est prête à participer le plus
pleinement possible à de telles délibérations.
Ce que je veux savoir au sujet de cette loi, qui existe depuis
1923 sur les ventes liées—elle mentionne spécifiquement les
banques, un établissement prêteur—c'est s'il y a un besoin qui se
fait sentir maintenant parce que vous percevez plus de mouvement.
C'est le gars qui se tient en plein centre du Times Square à
New York. Il se fait claquer les doigts et attire l'attention de
toute le monde. Quelqu'un s'avance et lui dit: «Pourquoi
faites-vous toujours claquer vos doigts?» Le bonhomme répond: «Mais
c'est pour tenir les éléphants éloignés.» L'homme lui répond qu'il
n'y a aucun éléphant à des milliers de milles à la ronde. Le gars
répond: «Ça fonctionne bien, n'est-ce pas?» Voilà.