SINT Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mercredi 2 avril 2003
¹ | 1545 |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ)) |
M. Robert Keyes (vice-président, Division internationale, Chambre de commerce du Canada) |
¹ | 1550 |
¹ | 1555 |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
M. Gordon Chu (directeur, Politique des transports et du commerce, Administration portuaire de Vancouver) |
º | 1600 |
º | 1605 |
º | 1610 |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
Mme Patty Townsend (directrice exécutive, Alliance canadienne du commerce agro-alimentaire) |
º | 1615 |
º | 1620 |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
M. Rick Casson (Lethbridge, Alliance canadienne) |
M. Gordon Chu |
º | 1625 |
M. Rick Casson |
M. Gordon Chu |
M. Rick Casson |
M. Gordon Chu |
M. Rick Casson |
M. Gordon Chu |
M. Rick Casson |
M. Robert Keyes |
M. Rick Casson |
º | 1630 |
Mme Patty Townsend |
M. Rick Casson |
M. Robert Keyes |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.) |
M. Gordon Chu |
º | 1635 |
M. Robert Keyes |
M. Murray Calder |
M. Robert Keyes |
º | 1640 |
M. Murray Calder |
M. Robert Keyes |
M. Murray Calder |
Mme Patty Townsend |
Mme Patty Townsend |
M. Murray Calder |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.) |
M. Robert Keyes |
º | 1645 |
M. Raymond Simard |
M. Robert Keyes |
M. Raymond Simard |
M. Gordon Chu |
º | 1650 |
M. Raymond Simard |
Le président |
M. Mark Eyking (Sydney—Victoria, Lib.) |
Mme Patty Townsend |
M. Mark Eyking |
Mme Patty Townsend |
M. Mark Eyking |
Mme Patty Townsend |
º | 1655 |
M. Mark Eyking |
Mme Patty Townsend |
M. Mark Eyking |
Mme Patty Townsend |
M. Mark Eyking |
Mme Patty Townsend |
M. Mark Eyking |
Mme Patty Townsend |
M. Mark Eyking |
Mme Patty Townsend |
M. Mark Eyking |
M. Robert Keyes |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
M. Rick Casson |
Mme Patty Townsend |
M. Rick Casson |
Mme Patty Townsend |
» | 1700 |
M. Robert Keyes |
M. Rick Casson |
Mme Patty Townsend |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
Mme Patty Townsend |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
M. Raymond Simard |
M. Gordon Chu |
M. Raymond Simard |
M. Gordon Chu |
M. Raymond Simard |
M. Gordon Chu |
» | 1705 |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
M. Robert Keyes |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
M. Murray Calder |
M. Gordon Chu |
» | 1710 |
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron) |
CANADA
Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international |
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l |
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TÉMOIGNAGES
Le mercredi 2 avril 2003
[Enregistrement électronique]
¹ (1545)
[Français]
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ)): À l'ordre.
Chers collègues, nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui, pour cette séance du Sous-comité du commerce international, des différends commerciaux et des investissements internationaux du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international, M. Robert Keyes, vice-président, Division internationale de la Chambre de commerce du Canada; M. Gordon Chu, directeur, Politique des transports et du commerce de l'Administration portuaire de Vancouver; et Mme Patty Townsend, qui est directrice exécutive de l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire. Nous rencontrons ces témoins dans le cadre de l'étude pour le renforcement des relations économiques entre le Canada et l'Asie.
Dans un premier temps, j'aimerais m'excuser et excuser mes collègues pour notre retard. Nous avions un vote à la Chambre des communes. C'est ce qui explique que nous avons dû vous faire attendre quelques instants. Nous en sommes très désolés, mais sans plus tarder, nous allons maintenant procéder aux audiences.
Dans un premier temps, j'invite M. Keyes à nous faire une brève allocution, après quoi nous entendrons les autres témoins et procéderons par la suite aux questions des différents députés membres du sous-comité.
Monsieur Keyes.
[Traduction]
M. Robert Keyes (vice-président, Division internationale, Chambre de commerce du Canada): Merci, monsieur le président.
Au nom des membres de la Chambre de commerce du Canada, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant votre comité. Je suis accompagné d'un de mes collègues, Darrel Houlahan. Nous sommes ravis d'être ici aujourd'hui pour vous parler du Canada et de l'Asie.
Vous devriez avoir reçu un document contenant une série de diapositives que nous avons envoyé au secrétariat la semaine dernière. Je vais le commenter brièvement car je préfère garder du temps pour discuter avec vous plutôt que de me lancer dans une déclaration interminable. Je vous exposerai quelques-unes de nos priorités, vous expliquerai les relations d'affaires bilatérales puis vous ferai part de quelques réflexions au sujet des priorités commerciales et des priorités d'investissement.
Pour nos membres, il ne fait aucun doute que l'Asie offre d'énormes possibilités aux entreprises canadiennes. Cette région du monde connaîtra une croissance fulgurante. La population de base et l'accroissement de la richesse suffisent à garantir d'importants débouchés. La question qui se pose, cependant, est de savoir comment les exploiter. Bien sûr, cela fait longtemps qu'on nous dit que c'est une région pleine de potentiel.
Je pense qu'on commet souvent l'erreur de penser que l'Asie est homogène. Ce n'est pas le cas. Les pays qui la composent sont très disparates et il y a aussi des différences au niveau du développement, des besoins, des priorités, des enjeux et des opportunités. En outre, la capacité de réaliser des affaires est variable pour les entreprises canadiennes.
Nous l'avons appris par nous-mêmes. Nous venons de terminer un projet de développement aux Philippines destiné à jumeler des PME canadiennes et philippines. Il nous est rapidement apparu évident qu'une PME au Canada est souvent considérée comme une grande entreprise aux Philippines. Nous avons constaté un grand déséquilibre des capacités et des aptitudes de ces entreprises à répondre aux initiatives.
Nous avons donc connu une crise de croissance, mais nous avons aussi appris beaucoup de choses. Et nous avions lancé notre projet au milieu de l'année 1997, juste avant la crise financière. C'était une époque très intéressante pour travailler aux Philippines. D'ailleurs, notre projet a remporté un très grand succès.
Pour ce qui est des priorités canadiennes et asiatiques, il convient de dire que l'Asie doit rester une priorité importante pour le Canada, même si les États-Unis demeurent notre priorité numéro un. C'est une réalité avec laquelle nous devrons composer. En outre, il existe beaucoup de débouchés dans de nombreux pays dont le milieu des affaires profite et continuera de profiter.
Permettez-moi de vous brosser un tableau très rapide de la situation depuis notre optique.
Tout d'abord, malgré son malaise économique, le Japon demeure un partenaire clé pour le Canada.
En Chine, le potentiel est énorme, mais comment traiter avec un géant commercial? L'environnement d'affaires est riche en défis. De plus, ce pays fait maintenant partie de l'OMC. Quelles sont les conséquences d'une telle adhésion? Représente-t-elle une menace ou une occasion à saisir pour le Canada?
Hier, j'ai lu un article très intéressant publié dans un journal du sud des États-Unis et qui parlait de l'activité dans les maquiladoras, au Mexique. L'article s'intitule: «The giant in Mexico's rear-view mirror». Les Mexicains sont menacés par la Chine. Ils subissent des pressions liées au prix de revient des marchandises et à la capacité de production. Et le Mexique, malgré tous les avantages qu'il peut offrir en terme de coûts de main-d'oeuvre, notamment, connaît des difficultés. La Chine est donc vraiment une arme à double tranchant.
Par ailleurs, la semaine dernière, j'ai eu une conversation avec un représentant de l'industrie sidérurgique. Il se demandait ce qu'il arrivera lorsque la Chine continentale entrera en récession. Ce pays a fortement augmenté sa capacité de production, mais il y a un manque de discipline économique permettant d'absorber la surproduction. Et où s'en iront toutes les marchandises produites? Il semble qu'elles seront écoulées sur le marché libre. Par conséquent, je suis certain que nous en ressentirons le contrecoup.
Hong Kong est aussi aux prises avec quelques difficultés, mais elle continue d'être la porte d'entrée et la plate-forme de lancement vers l'Asie du Nord et la Chine. Hong Kong tente de devenir le tremplin des entreprises canadiennes désireuses de faire des affaires en Asie.
Singapour est surtout un centre de services, une porte ouverte sur l'Asie du Sud-Est et le siège social de nombreuses sociétés établies dans le sud-est asiatique.
La Corée du Sud demeure un grand partenaire commercial, mais elle traverse une période d'ajustement intéressante avec son nouveau gouvernement. Il y a encore des débouchés dans ce pays. Actuellement, nous discutons avec les Coréens de la possibilité d'organiser une rencontre à la fin du mois de juin. Ils veulent venir nous parler du programme du nouveau gouvernement et des occasions d'affaires.
Les Philippines sont un partenaire commercial de longue date pour les sociétés canadiennes qui y sont établies, comme la Sun Life, et elles offrent des perspectives intéressantes, même si leur économie a été chancelante.
Quant au Vietnam, il suscite un intérêt grandissant en raison de ses capacités. Je m'y suis rendu il y a deux ans, dans le cadre d'un programme, pour y parler de l'organisation d'entreprises. On peut voir poindre la lumière dans ce pays qui commence à s'organiser.
L'Indonésie et la Malaisie sont très riches en défis. Le Pakistan et le Bangladesh offrent quelques débouchés. L'Inde présente un potentiel énorme, mais continue de dresser des obstacles bureaucratiques.
En ce qui concerne les relations d'affaires bilatérales, permettez-moi de vous dire très brièvement que nous avons le privilège, en tant que Chambre de commerce du Canada, de compter plusieurs représentations en Asie. Dans certains cas, il s'agit de petites organisations. Certaines sont sans grande prétention, mais d'autres emploient du personnel permanent et travaillent en très étroite collaboration avec les ambassades.
Quand elles atteignent une masse critique, les entreprises canadiennes s'organisent en chambre de commerce ou en association et elles offrent une belle vitrine aux entreprises désireuses de s'établir dans ce pays. Mais le potentiel de réseautage a besoin d'être dynamisé; au cours des trois derniers mois, on a accompli beaucoup de progrès à ce chapitre.
Hier soir, j'ai reçu un document de la Chambre de commerce canadienne en Corée du Sud. Il s'agit d'un exposé et d'un point de vue très intéressant sur une analyse des forces, des faiblesses, des possibilités et des menaces du Canada en Corée. Je pense que quelques-unes des observations peuvent s'appliquer à d'autres pays, c'est pourquoi je remettrai ce document au greffier, monsieur le président, pour votre information. Pendant la période de questions, j'en profiterai pour commenter plusieurs des points soulevés dans ce document.
Lorsque je suis entré à la Chambre de commerce du Canada, en 1977, il existait plusieurs conseils bilatéraux d'entreprises. Il y en avait à Taïwan, en Corée et avec l'ANASE. Nous avons fermé ce dernier. Il a eu une crise identitaire. Les entreprises canadiennes ne font pas affaire avec l'ANASE, mais directement avec les nations qui la composent, et la tentative consistant à organiser un groupe commercial autour de l'ANASE n'a tout simplement pas fonctionné.
On avait aussi ouvert une chambre de commerce canadienne à Taipei, à Taïwan. Je l'ai dirigée pendant deux ou trois ans. Certaines personnes voulaient créer un organisme indépendant de la Chambre; elles ont réussi, mais au bout d'un an, ce dernier a fait faillite. Le jeu n'en valait pas la chandelle.
La représentation canadienne en Corée du Sud a connu des difficultés et elle n'existe maintenant que sur papier, mais nous espérons pouvoir la remettre sur pied cette année.
Vous allez me dire, si les entreprises canadiennes ont des intérêts dans ces pays, pourquoi ces organisations sont-elles en train de disparaître? Tout d'abord, c'est à cause d'Internet. L'accès à l'information a été révolutionné avec ce nouveau moyen de communication. Deuxièmement, ces conseils ont commencé à fonctionner avec des fonds publics au milieu des années 1980, et ils avaient un rôle important, mais les entreprises canadiennes ont pris de l'expansion; elles n'ont plus besoin de ce type d'organisation pour faire du réseautage. Il nous était de plus en plus difficile de nous tenir informés des nouveautés et des débouchés; nous ne pouvions plus soutenir le rythme.
Notre objectif essentiel consiste à inciter les entreprises canadiennes à se tourner vers l'Asie et pas seulement à regarder vers le Sud. Il n'en demeure pas moins que les États-Unis restent notre partenaire commercial numéro un. Cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Il est beaucoup moins facile de faire des affaires avec l'Asie qu'avec Détroit car il faut beaucoup de détermination, le goût du risque, une grande disponibilité, une ouverture à la culture et à la langue, etc.
Certaines grandes entreprises y sont établies depuis longtemps. Elles ont très bien performé en Asie et continuent de le faire, mais le défi est beaucoup plus grand pour nombre de PME. Celles-ci sont plus petites et leur surface est moindre. Quoi qu'il en soit, il y a des débouchés.
En ce qui concerne les priorités, permettez-moi de vous dire très rapidement que la facilitation du commerce est une question importante, particulièrement en ce qui a trait aux procédures de pénétration des marchés, à la compréhension des règles, à la transparence et aux formalités douanières. Il existe plusieurs secteurs clés dont je ne vous parlerai pas, mais nous avons décidé de limiter notre rôle de fournisseur de matières premières sans valeur ajoutée.
¹ (1550)
On perçoit toujours le Canada comme un producteur de matières premières. Le défi consiste à changer, à rehausser notre image et à sortir de l'ombre des États-Unis, ce qui n'est pas facile.
En ce qui concerne les accords commerciaux bilatéraux, nous sommes sur le point de conclure les négociations avec Singapour. Au cours de la dernière année, nous avons eu des discussions avec le Japon, mais malheureusement, il est peu probable qu'elles se concrétisent à court terme.
L'APEC est un forum intéressant pour les échanges, mais pas pour la conclusion d'accords commerciaux. Néanmoins, les questions relatives à la facilitation du commerce soulevées au sein de l'APEC se sont révélées fort utiles.
Au chapitre des ressources gouvernementales, les chambres de commerce canadiennes à l'étranger—nous avons organisé une conférence téléphonique avec elles il y a deux semaines pour aborder certaines questions en préparation de cette réunion—sont préoccupées par le niveau de ressources gouvernementales et elles se demandent si le Canada restera vigilant, compte tenu de nos nombreuses priorités commerciales et de nos activités ailleurs dans le monde. Elles aimeraient occuper davantage le devant de la scène.
Les priorités d'investissement vont de pair avec les débouchés commerciaux. Le gouvernement examine de nouveaux accords de protection des investissements étrangers. Il est important de protéger les investisseurs canadiens à l'étranger. Il faut garantir une certaine assurance, la primauté du droit et des procédures équitables pour protéger les investissements. Il suffit de voir ce qui s'est passé en Indonésie récemment. Tout ceci est donc très important.
Les approches multilatérales en matière d'investissement de l'OMC, par exemple, prendront trop de temps et seront très générales. Selon moi, il vaudrait beaucoup mieux conclure un accord de protection des investissements étrangers adapté à la situation dans chaque pays et aux besoins propres des entreprises. Actuellement, nous n'avons signé des accords qu'avec les Philippines et la Thaïlande. Il nous reste donc encore beaucoup de chemin à parcourir. On a déjà discuté à plusieurs reprises de la possibilité de conclure une entente avec l'Inde.
Enfin, nos collègues de la Chambre de commerce canadienne au Japon nous ont demandé d'attirer votre attention sur la nécessité de négocier un accord sur la sécurité sociale avec le Japon. Actuellement, les sociétés canadiennes qui envoient du personnel au Japon et les entreprises japonaises qui transfèrent des employés au Canada doivent payer les cotisations sociales en double. Il n'y a pas de reconnaissance. Ainsi, elles doivent payer deux fois les cotisations à l'assurance-emploi, au Régime de pensions du Canada ou à tout autre régime de retraite, tout comme leurs contributions à l'assurance-maladie et leurs impôts car il n'y a pas de système de compensation mutuelle.
C'est le principal problème de la Chambre de commerce canadienne au Japon, et il traîne depuis longtemps. Les Japonais commencent à répondre positivement. Nous espérons obtenir quelque chose cette semaine. C'est un dossier qui retient toute notre attention.
La semaine dernière, nous avons rencontré des représentants de la Japan External Trade Organization; je pense que vous devriez les inviter à comparaître devant ce comité. Cette organisation a un nouveau mandat qui consiste à promouvoir le commerce au Japon et à favoriser l'exportation de produits japonais. Elle se concentre maintenant sur les investissements car le Japon a besoin de capitaux.
Parallèlement à cela, les entreprises canadiennes et japonaises doivent assumer tous les coûts associés à la couverture sociale. Il faut absolument régler ce problème.
Ceci conclut mon exposé et je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Merci.
¹ (1555)
[Français]
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Monsieur Keyes, nous vous remercions de votre présentation. Nous aurons l'occasion de vous entendre de nouveau lorsque vous répondrez aux questions que les membres du sous-comité auront à vous poser. Nous allons prendre possession de votre document pour le faire traduire et le faire distribuer aux membres du sous-comité.
J'invite maintenant M. Gordon Chu, directeur de la Politique des transports et du commerce à l'Administration portuaire de Vancouver, à bien vouloir nous adresser la parole.
[Traduction]
M. Gordon Chu (directeur, Politique des transports et du commerce, Administration portuaire de Vancouver): Bonjour.
Je m'appelle Gordon Chu et je représente l'Administration du port de Vancouver. Je suis très heureux et très honoré d'avoir été invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je pense que le document que j'ai apporté vous a été distribué et que vous avez pu y jeter un coup d'oeil. Si vous me le permettez, je mettrai l'accent sur les faits saillants de mon exposé.
Celui-ci porte essentiellement sur deux grandes questions. Beaucoup d'intervenants très compétents sont venus et viendront encore vous parler du volet commercial et du type de débouchés qu'offre l'Asie-Pacifique, que ce soit en Chine, à Taïwan, à Hong Kong ou au Japon. Je crois, tout comme le reste de l'administration du port de Vancouver, que c'est là-bas que se trouvent les possibilités d'affaires. Selon moi, le système portuaire canadien joue un rôle vital dans le transport maritime puisque, globalement, le commerce au Canada continue de se faire au moyen du système portuaire, comme c'est le cas ailleurs dans le monde. Le système portuaire est toujours essentiel au commerce de n'importe quel pays; c'est pourquoi nous y accordons une si grande importance.
Le problème que nous voyons à Vancouver, c'est que nous savons qu'il y aura des débouchés dans dix ou vingt ans, mais nous ne savons pas si nous disposerons alors des infrastructures suffisantes pour répondre à la demande. La construction de terminaux, de terminaux maritimes et la création de systèmes de transport terrestre coûtent cher et prennent aussi beaucoup de temps. En tout et pour tout, il faut compter environ cinq à sept ans pour construire un grand terminal pour conteneurs maritimes. Par conséquent, si nous voulons combler les besoins à long terme, d'ici dix à vingt ans, nous devons réfléchir à ces questions maintenant et commencer à construire des installations.
Je reviendrai sur d'autres points plus tard, mais ceci est le premier sujet que je voulais aborder.
Deuxièmement, il y a le problème de la concurrence—la concurrence avec les ports américains situés au sud de la frontière, sur la côte Ouest. Nos principaux concurrents américains sont les ports de Tacoma et de Seattle et, plus au sud, de Long Beach et de Los Angeles. Ces ports sont fortement subventionnés par le gouvernement de leur pays.
Pour vous donner un exemple, Seattle lève un impôt municipal... d'environ 58 millions de dollars américains par année. Je précise que c'est par année et qu'elle peut l'augmenter selon ses besoins. Au Canada, il n'y a rien de tel. Nous livrons donc concurrence à un système fortement subventionné par l'État. Reste à savoir combien de temps nous serons capables de soutenir la concurrence contre un tel système.
Autre élément important: le port de Vancouver enregistre des mouvements de marchandises totalisant environ 29 milliards de dollars par année. Il relie le Canada à 90 partenaires commerciaux internationaux et il offre les installations portuaires les plus diversifiées en Amérique du Nord. Par «diversifiées», je veux dire que nous nous occupons de tous les types de cargaisons, des matières premières au bois d'oeuvre, sans parler du trafic de conteneurs et des bateaux de croisière. Il génère environ 3,4 milliards de dollars du PIB et emploie également 62 000 personnes.
Le segment du transport maritime qui enregistre la plus forte croissance est celui du trafic de conteneurs, qui se mesure en équivalence de conteneurs de 20 pieds ou EVP. Si vous regardez le graphique 1 de la page 3 du document, vous constaterez la rapidité avec laquelle augmente le volume des conteneurs. L'année dernière, nous avons transbordé 1,46 million d'EVP au port de Vancouver. Chaque conteneur qui est déposé sur le quai représente 450 $ en salaires et 1 200 $ en rendement économique.
º (1600)
Nous croyons que d'ici 2020, notre volume de conteneurs triplera pour atteindre environ 4 millions d'EVP. Une fois encore, permettez-moi d'insister sur la question que j'ai posée précédemment, à savoir : serons-nous capables de faire face et de suivre la cadence? Comme nous avons atteint 1,6 million d'EVP l'année dernière et que notre capacité maximale actuelle est de 1,7 million, il suffit que le volume d'activités augmente de 10 à 15 p. 100 cette année pour que nous travaillions à plein régime. C'est notre plus grande préoccupation en ce moment.
Nous avons des échanges avec tous les pays d'Asie-Pacifique. Notre premier partenaire commercial est le Japon, suivi de la Chine—sans Hong Kong—, de la Corée du Sud, des États-Unis, du Brésil, de Taïwan, du Mexique, de l'Allemagne et des Pays-Bas. Nous nous classons au vingt-sixième rang mondial pour le volume d'activités et nous arrivons bon premiers en Amérique du Nord au chapitre des exportations et au troisième rang pour le volume total de commerce extérieur.
Nous exploitons également le secteur des bateaux de croisière, qui n'est pas très connu de beaucoup de gens. Il représente 11 p. 100 de nos revenus.
Par ailleurs, nous avons récemment décidé de dépenser 12,5 millions de dollars pour accroître la sécurité de nos installations, suite aux événements du 11 septembre 2001.
Permettez-moi de vous parler plus en détail des débouchés les plus importants en Asie-Pacifique. Simplement pour mettre les choses en perspective, sachez qu'en 2002, le marché des conteneurs qui ont transité par les six plus grands ports de la côte ouest de l'Amérique du Nord—Los Angeles, Long Beach, Oakland, Seattle, Tacoma et Vancouver—n'a totalisé que 18 millions d'EVP. En 2001, pour le seul port de Hong Kong, la valeur correspondante était de 18 millions d'EVP.
Monsieur le président, le témoin précédent a aussi parlé des débouchés en Chine. Pour vous donner une idée de l'importance que cela peut représenter pour nous, du type d'infrastructures requises et des occasions d'affaires en Chine, sachez qu'à lui seul, le port de Shanghai pourra transborder 30 millions d'EVP d'ici 2010. Il s'agit d'une réalité et non d'une fiction.
Ils sont en train de construire un terminal au bord du fleuve Yangtze, relié à un pont-jetée de 35 kilomètres. Ce port ouvrira en 2010 et durant la première phase, il pourra recevoir entre 20 et 30 millions de conteneurs. Cela non plus, ce n'est pas de la fiction. Les Chinois viennent d'ailleurs de commencer les travaux de construction.
Voilà donc la situation. C'est à nous de décider si le Canada veut prendre part au commerce maritime transpacifique. Et je répète ce que j'ai dit plus tôt, notre défi consiste à être capables de financer suffisamment d'espace dans notre terminal maritime pour absorber cette croissance.
Nous devons également faire face à un autre défi de taille, je veux parler de la Loi maritime du Canada. Cette mesure législative, adoptée en 1999, fait actuellement l'objet d'une révision. Cette loi impose un certain nombre de restrictions financières. Je vous ai parlé de nos besoins financiers pour la construction de nouveaux terminaux. Mais la loi interdit le gouvernement fédéral d'injecter des fonds dans la construction de nouvelles installations portuaires.
Deuxièmement, notre capacité d'emprunt se limite à environ 245 millions de dollars. Cela peut sembler beaucoup, mais il faut savoir qu'un terminal moderne d'une capacité de 1,5 million de conteneurs coûte environ 500 millions de dollars. C'est donc beaucoup d'argent, et même si nous réussissons à obtenir un prêt, il ne nous permettra de financer que la moitié des travaux. Nous faisons donc face à d'énormes contraintes financières.
º (1605)
L'examen de cette mesure législative a été confié à un autre comité parlementaire et, bien sûr, ce n'est pas à vous de l'étudier, mais nous avons recommandé que d'importantes modifications soient apportées à la Loi maritime du Canada, qui est examinée actuellement par le comité et le ministre des Transports.
Sans ces modifications, je crois pouvoir affirmer sans risque que tous les efforts réalisés par les secteurs privé et public pour faire la promotion du commerce en Asie-Pacifique vont rester vains parce que nous n'avons tout simplement pas la capacité nécessaire. Je vous en ai déjà fait la démonstration.
En conclusion, monsieur le président, j'aimerais souligner que le port de Vancouver doit demeurer la pierre angulaire de notre politique commerciale avec l'Asie-Pacifique. Cette réalité doit se refléter dans la structure de gouvernance et d'administration qui nous régit.
On s'attend à ce que des modifications à la Loi maritime du Canada soient présentées au Parlement plus tard ce printemps. Elles seront probablement très limitées, même si je n'en suis pas certain.
Monsieur le président, il est dans l'intérêt de tous les Canadiens de renforcer l'autonomie du port de Vancouver pour qu'il puisse faire concurrence à armes égales aux ports américains fortement subventionnés. C'est le moyen d'attirer chez nous plus d'investissements ainsi que des emplois fortement rémunérés et des revenus qui, autrement, s'en iraient au sud de notre frontière.
Je vous garantis que, si nous ne sommes pas en mesure de rivaliser avec les ports américains, en bout de ligne, les marchandises canadiennes passeront par les ports américains et tout le marché canadien sera desservi par ces ports.
Maintenant, si vous vous demandez ce qu'il y a de mal là-dedans, c'est que nos expéditeurs, nos clients, devront se fonder sur des systèmes de tarification sur lesquels nous n'avons absolument aucun contrôle. C'est aussi simple que cela.
J'aimerais aujourd'hui recommander au comité que le gouvernement du Canada adopte une loi qui permettrait au port de Vancouver de réunir suffisamment de capitaux et de fonds fédéraux pour aménager des infrastructures de sorte qu'il puisse concurrencer à armes égales ses rivaux américains subventionnés afin de saisir les occasions que le marché lucratif de l'Asie-Pacifique présente.
Monsieur le président, le Canada est de fait le tigre du Nord, mais nous ne devons pas perdre de vue le fait qu'il y a d'autres animaux dans cette jungle. La concurrence est féroce, et le Canada doit se donner les moyens de répondre aux exigences du marché si nous voulons obtenir notre part des richesses qui sont à notre porte dans la région de l'Asie-Pacifique.
Merci. Je répondrai volontiers à vos questions.
º (1610)
[Français]
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Je vous remercie, monsieur Chu. Je veux vous remercier d'avoir mis l'accent sur l'importance des infrastructures pour le commerce. Évidemment, aucun commerce ne peut s'effectuer sans qu'il y ait des infrastructures adéquates. Nous reviendrons dans quelques instants pour la période de questions.
J'invite maintenant Mme Townsend, directrice exécutive de l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire, à nous adresser la parole.
[Traduction]
Mme Patty Townsend (directrice exécutive, Alliance canadienne du commerce agro-alimentaire): Merci, monsieur le président.
Je suis plutôt une nouvelle venue dans le milieu, étant donné que l'ACCAA n'existe pas depuis très longtemps. Je signale que l'ACCAA est l'acronyme de l'Alliance canadienne du commerce agro-alimentaire.
L'ACCAA est une coalition de 11 organisations et associations nationales et régionales qui représentent des producteurs, des transformateurs, des commerçants et des exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires. Nos membres dépendent énormément du commerce international et, comme tout le monde le sait, nous devons affronter un marché qui est grandement dénaturé par les subventions, les droits tarifaires et les barrières non tarifaires. Si nous voulons que notre secteur continue de croître et contribue de plus en plus à l'économie canadienne, il faut que le marché international soit libre de ce genre d'obstacles.
Le secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire dépend énormément du marché américain. En fait, nous exportons près de 60 p. 100 de nos produits aux États-Unis. Compte tenu du climat qui règne actuellement aux États-Unis et du protectionnisme grandissant—comme le prouvent la loi sur l'étiquetage du pays d'origine, les règles pour la lutte contre le terrorisme, la loi sur le bioterrorisme et les innombrables droits antidumping et compensateurs—nous en sommes arrivés à la conclusion que nous devions diversifier nos marchés pour dépendre le moins possible des États-Unis, et saisir de nouvelles occasions d'affaires.
La région de l'Asie nous offre une de ces occasions. En 2002, le Canada a exporté en Asie des produits agricoles et alimentaires pour une valeur d'environ 2,7 milliards de dollars. Actuellement, le Japon est notre marché le plus important mais, comme M. Keyes l'a dit, c'est un marché qui arrive à maturité. Il y a un malaise économique là-bas. Nous cherchons actuellement d'autres marchés que celui du Japon pour certains de nos produits.
La Chine est aussi un marché important, et peut-être plus important encore pour nous. La Corée du sud et l'Inde sont aussi d'autres grands marchés d'Asie auxquels nos secteurs s'intéressent.
Sur le marché asiatique, nous exportons surtout des oléagineux, du blé et des produits du blé, du porc, du boeuf et leurs produits dérivés.
Le marché de l'Asie offre un grand potentiel, mais il est semé d'embûches, qui vont des subventions aux tarifs douaniers en passant par des contingents tarifaires, des barrières non tarifaires, des restrictions et des interdictions pures et simples. Parfois, il suffit de comprendre comment ces pays transigent, comment fonctionnent les douanes et comment remplir les formulaires, mais beaucoup de formalités administratives régissent le commerce dans cette région.
Je veux passer en revue ces marchés et indiquer quelques-uns des problèmes les plus flagrants auxquels nous sommes confrontés. Je vais commencer par le Japon.
L'industrie du boeuf prévoit tripler ses exportations à destination du Japon d'ici 2010, mais elle doit régler un certain nombre d'irritants commerciaux pour pouvoir atteindre cet objectif. Le Japon maintient encore des droits tarifaires généralement très élevés de 38,5 p. 100 sur les importants de boeuf, et les droits augmentent plus le produit est transformé. Les droits sur le boeuf cuit et assaisonné, par exemple, atteignent jusqu'à 50 p. 100. C'est ce que nous appelons la «progressivité tarifaire».
Ce qui est très grave pour l'industrie du boeuf, c'est que le Japon veut invoquer des mesures de sauvegarde qui porteraient les droits tarifaires sur le boeuf de 38,5 p. 100 à 50 p. 100 si les importations augmentaient de plus de 17 p. 100 par rapport à l'année précédente.
L'an dernier, l'encéphalopathie bovine spongiforme, ou la maladie de la vache folle, a frappé le Japon et ses consommateurs ont arrêté d'acheter du boeuf. Les exportations ont diminué l'an dernier. Elles commencent à se rétablir cette année et, ce qui est cocasse, c'est que, même si elles n'ont pas encore regagné tout le terrain perdu, elles ont augmenté de plus de 17 p. 100 par rapport à l'an dernier, et la mesure de sauvegarde va probablement s'appliquer.
La mesure de sauvegarde vise aussi les importations de porc au Japon qui peut relever ses droits lorsque la valeur d'importation de porc augmente de plus de 19 p. 100 par rapport à l'année précédente. Paradoxalement, comme les acheteurs s'attendent à ce que la mesure soit enclenchée, ils se dépêchent d'acheter pour payer moins cher, ce qui provoque l'application de la mesure de sauvegarde.
Le Japon a aussi le droit d'imposer un tarif très élevé sur nos exportations de blé et d'orge, le tarif consolidé étant de 440 $ américains la tonne pour le blé et de 310 $ pour l'orge.
La progressivité tarifaire est aussi un problème pour les exportateurs d'huile de canola. Les graines de canola entrent au Japon en franchise de droits. Par ailleurs, des droits en yens par kilo qui correspondent à environ 15 p. 100 du prix actuel de l'huile frappent les importations d'huile de canola. La situation encourage l'exportation de graines, plutôt que leur transformation au Canada.
Le marché japonais est à peu près fermé pour nos exportateurs de sucre raffiné. Des droits de 361 p. 100 visent les produits et toutes les importations sont contrôlées par un acheteur unique.
Le Japon impose aussi d'autres obstacles techniques et barrières non tarifaires aux importations. Il a fait connaître son intention d'interdire sur ses marchés des additifs non précisés utilisés dans les aliments pour le bétail. Nous craignons qu'il interdise aussi les importations de boeuf engraissé avec ces additifs. Nos industries du boeuf et du porc sont très inquiètes à ce sujet.
º (1615)
Le Japon a aussi annoncé son intention d'appliquer un régime obligatoire d'étiquetage des produits qui contiennent des éléments de la biotechnologie. Ces dispositions ne visent pas l'huile de canola, mais le Japon n'en importe pas de toute façon, dans une large mesure. Il importe les graines, et nous craignons que ces mesures aient une incidence sur nos exportations de graines de canola.
Passons maintenant à la Chine. La Chine est un des plus importants débouchés pour nos produits agricoles et agroalimentaires. Son accession à l'OMC pourrait avoir un effet très positif pour nos exportateurs. La Chine a abaissé ses droits tarifaires sur l'orge de brasserie et le malt, sur les graines et l'huile de canola et elle éliminera ceux sur le boeuf d'ici l'an prochain. Les contingents tarifaires seront convertis en un système de simples droits tarifaires d'ici 2006.
C'est très encourageant sur papier, mais reste à savoir si cela va fonctionner, et c'est ce qui nous inquiète.
Nous avons encore beaucoup d'irritants en Chine, et ils vont probablement augmenter. Par exemple, le gouvernement chinois réduit ses droits sur les importations de sucre mais, parce que l'accès au marché est très compliqué et que le volume est contrôlé par l'État et les provinces et d'autres systèmes de propriété, nos exportateurs de sucre raffiné sont tenus à l'écart du marché chinois.
La progressivité tarifaire existe aussi en Chine. Par exemple, les droits sont de 3 p. 100 sur l'orge de brasserie, mais ceux qui frappent le malt sont de 10 p. 100 et il y a également une taxe à la valeur ajoutée de 17 p. 100 qui s'applique en plus.
La Chine a accordé son approbation à l'ensemble des usines de transformation des viandes approuvées par les autorités fédérales aux États-Unis, ce qui permet aux États-Unis d'exporter de la viande en Chine, mais seulement environ 6 p. 100 des usines de transformation des viandes du Canada ont reçu cette approbation, ce qui nous désavantage. En fait, nous pensons que cela va à l'encontre du principe de la «nation la plus favorisée» de l'OMC.
Les exportateurs de viande sont aussi très mécontents parce que la Chine a décidé d'interdire l'utilisation de gants de coton dans les usines canadiennes, sans appliquer la même restriction aux États-Unis. L'application de cette restriction a été suspendue, mais pas éliminée, et nous pensons toujours que cela représente une menace pour nos usines de transformation des viandes.
La Chine a commencé récemment à imposer un nouvel étiquetage sur les importations de boeuf, qui est plus restrictif que celui exigé par d'autres importateurs. Elle a aussi indiqué qu'elle allait exiger l'impression en chinois de toutes les indications sur les boîtes, ce qui augmente nos coûts et réduit notre avantage concurrentiel.
La Chine, tout comme le Japon, a aussi approuvé un nouveau règlement qui vise les produits de la biotechnologie. Le système n'est pas encore définitif, mais le système provisoire auquel les exportateurs sont assujettis est très contrariant parce que les exigences changent continuellement sans préavis.
L'Inde est un autre pays important pour nos membres. L'Inde est un marché qui présente un excellent potentiel d'exportation pour les produits canadiens, mais elle impose des droits très élevés, de plusieurs centaines de pour cent sur des produits comme le blé et le maïs. C'est un désavantage concurrentiel important pour les exportateurs canadiens d'huile de canola. En effet, l'Inde impose des droits de 85 p. 100 sur les importations d'huile de canola, tandis que les droits sur les importations d'huile de soya, qui est un produit concurrent, sont plus bas, à 45 p. 100. C'est très important pour nos exportateurs d'huile de canola parce que l'Inde est un des plus importants importateurs d'huile végétale au monde.
La Corée du Sud est un autre marché important qui prend de l'expansion pour les exportateurs canadiens, surtout de boeuf et d'oléagineux, mais c'est aussi un pays qui impose des droits tarifaires assez élevés d'environ 40,5 p. 100 sur le boeuf. La progressivité tarifaire existe aussi en Corée. Les droits dans le cas des produits du boeuf qui sont transformés peuvent atteindre 70 p. 100.
Comme en Inde, la parité pour des produits concurrents est un gros problème en Corée. Les droits sur les importations d'huile de canola sont de 30 p. 100 et ceux sur les importations d'huile de soya, de 8 p. 100.
Il y a un marché pour la pulpe de betterave sucrière du Canada en Corée, mais comme les tarifs douaniers sont prohibitifs, ce marché est à peu près fermé pour nos exportations de sucre raffiné.
De quoi avons-nous besoin pour saisir les occasions que ces marchés nous offrent? Nos producteurs, nos transformateurs et nos exportateurs se classent déjà parmi les meilleurs au monde. Ils doivent l'être parce qu'ils sont obligés de concurrencer des marchés dénaturés depuis très longtemps. Nous sommes dans une excellente position pour saisir toutes les occasions si des mesures disciplinaires sont imposées aux pratiques commerciales déloyales.
Les pays d'Asie, en particulier le Japon et la Corée, ont beaucoup hésité à participer sérieusement aux négociations de l'Organisation mondiale du commerce sur l'agriculture. Nous vous exhortons, au cours de vos déplacements à l'intérieur du pays et de vos rencontres avec les gens, à faire valoir les avantages d'une entente fructueuse à ces pays membres de l'OMC et à les inciter à participer pleinement aux négociations pour que nous puissions obtenir des résultats bénéfiques pour tous d'ici 2005.
Merci.
º (1620)
[Français]
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Je vous remercie beaucoup, madame Townsend. Je dois admettre que nous avons eu droit à d'excellentes présentations et je vous en remercie.
J'invite maintenant M. Casson à poser ses questions.
[Traduction]
M. Rick Casson (Lethbridge, Alliance canadienne): Merci beaucoup de vos exposés qui ont été très intéressants.
Monsieur Chu, il semble que c'est à vous qu'incombe l'expédition de tous ces produits à destination et en provenance du Canada et la recherche de plus gros marchés. C'est intéressant; vous devez m'expliquer un peu plus ce que vous voulez dire quand vous indiquez que la Loi maritime du Canada vous empêche de recevoir des subventions du gouvernement fédéral pour le développement d'infrastructures; cependant, votre capacité d'obtenir des fonds ailleurs est aussi limitée.
Quelles sont les raisons de cela?
M. Gordon Chu: Je n'ai pas participé à la rédaction de la Loi maritime du Canada, mais je crois qu'à l'époque...
Vous avez bien remarqué les deux problèmes. D'un côté, le gouvernement ne vous accorde pas... en fait, la loi interdit au gouvernement fédéral de verser des fonds aux ports canadiens. De l'autre, notre pouvoir d'emprunter sur le marché est plafonné à 245 millions de dollars, si je me rappelle bien.
Il en est ainsi, je crois, parce qu'à l'époque, avec l'ancienne loi, le prêt commercial était toujours cautionné par le gouvernement. Autrement dit, la banque nous prêtait volontiers de l'argent parce qu'elle savait très bien que son prêt serait garanti par le gouvernement fédéral.
Même si la loi ne prévoit plus de garantie, on craint peut-être toujours que si nous... Si la banque nous prête le montant que nous demandons, elle irait encore frapper à la porte du gouvernement fédéral. Je ne sais pas pourquoi on ne peut obtenir plus de 245 millions de dollars.
Le gouvernement fédéral a toujours été d'avis que, si nous avions besoin de plus d'argent, nous pouvions toujours revenir lui en demander et qu'il essaierait d'augmenter le montant, mais il reste que, comme nous devons suivre les règles qui s'appliquent sur le marché pour emprunter de toute façon, on peut se demander pourquoi il y a un plafond.
º (1625)
M. Rick Casson: Vous avez dit que vos mouvements de marchandise totalisaient 29 milliards de dollars par année. Est-ce vrai?
M. Gordon Chu: Oui.
M. Rick Casson: Vous auriez besoin seulement d'un petit pourcentage de cette somme pour pouvoir construire et vous développer.
M. Gordon Chu: C'est bien vrai.
M. Rick Casson: Est-ce que c'est une possibilité?
M. Gordon Chu: Non, ce ne l'est pas. La valeur des marchandises que nous transbordons est de 29 milliards de dollars. Nos recettes dépendent de différentes sources. Il y a le « droit de quai » qui correspond essentiellement aux frais perçus pour l'utilisation de notre quai. Ensuite, notre deuxième plus importante source de revenu vient des frais de service payés par les passagers qui circulent dans notre aérogare. Puis, bien sûr, il y a les frais de location que nous percevons auprès de nos locataires. Ce sont nos principales sources de revenu.
Notre revenu brut est de près de 100 millions de dollars. Notre revenu net est d'environ 30 à 40 millions de dollars par année. Selon les règles en vigueur sur le marché, avec cet argent, on pourrait probablement emprunter environ 400 millions de dollars au maximum et peut-être, en forçant un peu, 500 millions de dollars. Mais nous aurions assez d'argent pour construire un terminal pouvant contenir 1,5 million de conteneurs.
M. Rick Casson: Merci.
Monsieur Keyes, vous avez dit avoir comme priorités commerciales la diminution de l'approvisionnement en matières premières et l'augmentation de la valeur ajoutée. Je veux combiner cela à la question de l'image de marque du Canada et à la réputation que vous pensez que le Canada a comme partenaire commercial.
Nous voulons examiner des moyens d'améliorer nos possibilités commerciales dans la région de l'Asie-Pacifique. Que pensez-vous? Le Canada est-il considéré comme un bon partenaire commercial? Y a-t-il des choses à faire à ce propos? Et au sujet des matières premières, de quels produits parlez-vous?
M. Robert Keyes: Beaucoup de pays asiatiques et de pays européens pensent que nous sommes des producteurs de matières premières—minéraux, produits forestiers et produits agricoles. Il suffit de penser aux droits tarifaires dont Patty a parlé et à certains des obstacles imposés à la transformation.
Je pense qu'on nous considère comme un pays fiable et sécuritaire qui offre des produits de bonne qualité mais nos produits transformés et à valeur ajoutée ont du mal à percer et vont continuer d'en avoir pendant encore longtemps.
Je me rappelle de l'époque où je travaillais dans l'industrie minière quand un producteur de concentrés essayait d'affiner et de valoriser son produit. Au Japon, par exemple, toutes les fonderies étaient structurées de façon désavantageuse pour nous. C'est donc très difficile pour nous de faire changer les choses.
Nos activités modernes de haute technologie ne sont pas connues dans ces pays, et c'est très difficile de changer notre image. Dans un document que j'ai reçu hier soir de la Corée, on indique que le Canada n'a pas cette réputation. Pour les Coréens, le Canada est un bon endroit pour étudier ou immigrer, et c'est à peu près tout. Ils ne savent pas que nous exportons de l'électricité ou que nous avons des capacités bien développées dans le domaine des télécommunications ou de la transmission à large bande.
Je pense que le milieu des affaires et le gouvernement doivent tous les deux faire davantage pour changer les choses et nous faire connaître. Nous essayons d'agir depuis de nombreuses années, mais c'est très difficile de changer les mentalités. Nous n'arrivons pas à renverser la situation.
Je ne sais pas comment changer les choses, mais c'est ce que nous continuons d'entendre à notre sujet.
M. Rick Casson: Madame Townsend, je peux peut-être vous poser une question.
J'ai lu récemment que les débouchés pour l'orge de brasserie sont énormes en Chine. Je suis allé en Chine et je sais que la bière est bonne, et j'imagine que c'est parce que l'orge de brasserie est de qualité.
Vous avez parlé des droits tarifaires sur ce produit. Y a-t-il des possibilités à ce sujet, compte tenu des droits imposés, ou devons-nous intervenir avant que nos producteurs puissent en profiter?
º (1630)
Mme Patty Townsend: La Chine est un marché très important pour l'orge de brasserie canadien. Les droits tarifaires ont été réduits au moment de l'accession de la Chine à l'OMC, au point où nous exportons beaucoup d'orge de brasserie dans ce pays.
Comme Bob l'a dit, nous craignons d'être considérés comme un fournisseur de matières premières, pas un fournisseur de malt, ou de bière, d'ailleurs. Le droit tarifaire sur le malt est plus élevé que celui sur l'orge de brasserie, et le droit tarifaire sur la bière est prohibitif.
M. Rick Casson: J'aurais une dernière brève question à poser, monsieur le président, si c'est possible.
Monsieur Keyes, vous avez dit que le Canada s'est développé, ou n'avait plus besoin de certains types d'aide et, ailleurs, vous avez dit qu'une participation accrue du gouvernement était nécessaire pour accéder à certains de ces pays.
Vous aurai-je mal compris quand vous avez dit cela?
M. Robert Keyes: Je ne crois pas que ce soit ce que j'ai laissé entendre. J'affirmais plutôt, d'après l'expérience que nous avons vécue avec ces conseils d'entreprises, que le milieu des affaires est plus à l'aise dans l'art de brasser des affaires dans la région. Je crois que la croissance s'est stabilisée. Les gens d'affaires se connaissent, ils ont les relations, ils savent où s'adresser. Comme je l'ai dit, l'Internet a révolutionné la disponibilité de l'information.
Nos attachés commerciaux et nos gens sur le terrain, dans les ambassades et les missions d'Asie, sont-ils encore nécessaires? Absolument. Font-ils du bon travail? Oui. Sont-ils très utiles aux gens d'affaires? Tout à fait. Je disais simplement qu'il est beaucoup plus facile de brasser des affaires dans la région aujourd'hui que lorsque ces conseils d'entreprises ont vu le jour. Je crois que les conseils comme tels ont perdu une certaine part de leur utilité.
Mais à nouveau, je reviens sur ce document coréen, qui vous sera fourni et qui mentionne l'absence en Corée de délégués, de ministres et de bureaucrates canadiens de grand prestige. Les Coréens se demandent où ils sont. Il nous en faut.
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Merci, monsieur Casson.
Monsieur Calder.
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.): Monsieur le président, je vous remercie beaucoup.
Je ne saurais être plus d'accord avec vous, messieurs et Patty, pour dire que beaucoup de pays d'Asie nous considèrent comme un fournisseur de matières premières, mais je constate également que cette perception est en train de changer. Il vient tout juste d'être question d'orge de brasserie, par exemple. L'an dernier, des représentants chinois étaient à Winnipeg, à notre centre de recherche, d'octobre jusqu'en décembre pour essayer de nouvelles gammes de produits de bière. Ils n'ont pas eu besoin de fermer leurs brasseries là-bas, en Chine. Ils ont pu venir faire leurs essais ici.
J'aimerais donc que vous y réfléchissiez. Y a-t-il moyen d'élargir nos installations de recherche au Canada?
Je vais aussi vous poser quelques autres questions, après quoi vous pourrez répondre.
Gordon, vous avez parlé du barrage des Trois Gorges sur le fleuve Yangtzi. C'est énorme comme projet. Quand le barrage sera mis en service aux alentours de 2008 ou 2009, les Chinois auront la même capacité de production d'électricité que le centre-sud des États-Unis. Donc, en termes de production en Chine actuellement, la qualité des produits s'accroît énormément et, dans très peu de temps, la Chine va s'imposer comme un très important fabricant mondial.
Ma première question concernant le Yangtzi serait de savoir comment nous pouvons être proactifs de manière à leur vendre la technologie canadienne à mesure qu'ils construisent leur infrastructure. Ensuite, quelles sont nos possibilités d'investissement en Chine à mesure qu'elle s'impose comme important fabricant?
M. Gordon Chu: Je vous remercie d'avoir posé la question.
En fait, la Chine a toujours suscité chez moi un très vif intérêt parce que c'est un pays que je connais très bien. J'y ai travaillé pendant deux ans pour ouvrir un bureau de marketing dans le port de Beijing. J'y ai en réalité habité de 1993 à 1994 et j'y suis retourné en 1995 en tant que... Aucun autre pays du monde ne l'a fait, et nous en récoltons maintenant les fruits. Nous avons d'excellentes relations en Chine.
Pour en revenir à votre question au sujet du barrage des Trois Gorges, il y a deux volets. Vous avez déjà souligné son énorme capacité de production et assise manufacturière. Cependant, il faut aussi améliorer les voies d'eau navigables beaucoup plus en amont du fleuve Yangtzi, ce qui aidera à exploiter l'assise manufacturière de cette région. Voilà pourquoi je vous interroge sur la raison pour laquelle vous croyez que Shanghai est en train de construire un port pouvant accueillir 30 millions de conteneurs qui ouvrira probablement à la fin de la décennie. C'est justement ce qu'ils sont en train de faire. Si on n'en voit pas les possibilités, on rate le coche.
Par contre, de notre côté de l'océan, notre capacité est utilisée presque à plein régime. Or, nous n'avons ni les ressources financières ni de plan visant à adapter notre système portuaire à cette nouvelle situation.
Vous avez aussi posé une question au sujet des possibilités d'investissement. Nous avons beaucoup d'experts du transport par chalands sur la côte Est ainsi que sur la côte Ouest. C'est là la réponse : le transport par chalands. La voie d'eau est l'autoroute pour la Chine. Si vous êtes allé en Chine, vous en connaissez un peu le paysage. Il est très difficile aux Chinois d'accroître leurs réseaux d'autoroutes et de voies ferrées. Ils ont donc l'intelligence d'aménager les Trois Gorges. Ils ne le font pas seulement pour la production d'énergie, bien que celle-ci soit bien sûr importante pour la fabrication; ils construisent l'autoroute de transport des marchandises en provenance du delta du Yangtzi. Vous constaterez une énorme explosion démographique le long du fleuve, du côté de tous ces comtés avoisinants, simplement parce qu'ils disposent de suffisamment d'énergie pour fabriquer des produits. De plus, ils ont le réseau de transport voulu pour livrer ces produits en aval. Enfin, ils ont un port capable de répondre à cette croissance.
C'est ce que je vois. Il ne fait aucun doute que le Canada a la compétence requise dans le transport par chalands. Sur la côte Ouest, nous avons le meilleur système de transport par chalands au monde, ou probablement l'un des meilleurs, et ces gens devraient être en train d'étudier les possibilités de faire du transport par chalands en amont et en aval sur le Yangtzi.
º (1635)
M. Robert Keyes: Pour ce qui est de la technologie et du barrage des Trois Gorges, je ne suis pas sûr du nombre d'unités de production d'énergie qui viennent du Canada, mais je sais que certaines d'entre elles ont été fabriquées par la Générale électrique, à Montréal.
M. Murray Calder: Je crois aussi savoir que l'eau ne passe pas par-dessus le barrage, mais en dessous, ce qui permettra de régler le problème des crues.
M. Robert Keyes: L'eau passe effectivement en-dessous et au travers. Quoi qu'il en soit, ce projet particulier fait appel à des technologies et des compétences canadiennes.
Pour ce qui est d'investir, l'admission de la Chine au sein de l'OMC et les possibilités que cela crée ouvrent de toute évidence la porte à l'investissement, mais les entreprises canadiennes qui s'intéressent à la Chine demeurent préoccupées par la règle du droit, la protection de l'investisseur, les droits de propriété intellectuelle, ainsi que la certitude et la transparence du processus.
Comme je l'ai mentionné dans mon exposé du tout début au sujet de la conjoncture économique, la production augmente de façon phénoménale. Gordon a aussi mentionné la capacité de transport maritime que va avoir la Chine. Si la récession frappe le coeur économique de la Chine, où iront ces biens et quelle est la discipline? Quels seront les problèmes si vous vous trouvez à avoir une installation de production en Chine à ce moment-là?
Pour ce qui est de l'admission au sein de l'OMC, je crois que tous espèrent qu'elle sera avantageuse pour la Chine, mais qu'elle l'incitera également à se discipliner et à adhérer aux règles. Quant à la façon dont elle va pouvoir s'acquitter de certaines de ses nouvelles obligations, les Chinois en auront beaucoup à apprendre. Je suppose qu'il existe un certain scepticisme quant à la façon dont tout va se dérouler au cours des prochaines années.
Par conséquent, le milieu des affaires demeure sur ses gardes, en dépit des merveilleuses possibilités qui s'offrent en Chine et de la diversité des produits.
J'ai des gens qui font la promotion de l'exposition de Canton. La ville s'appelle peut-être Guangzhou maintenant, mais on parle toujours de l'exposition de Canton, parce que c'est sous ce nom-là qu'elle est connue. La gamme des produits et des exposants et ce qu'ils ont à offrir à cette exposition sont tout à fait époustouflants. Ils m'ont laissé le catalogue montrant le genre de produits qu'on y offre. Naturellement, ils veulent que le monde s'y rende et voit ce qu'ils ont à offrir.
Donc, la capacité manufacturière existe, tout comme la capacité d'accueil du port, la puissance hydroélectrique...
º (1640)
M. Murray Calder: C'est une renaissance.
M. Robert Keyes: Tout à fait.
M. Murray Calder: Patty.
Mme Patty Townsend: Vous souhaitez simplement m'interroger au sujet de la bière.
Une voix: Qu'essayez-vous de dire?
Des voix: Oh, oh!
Mme Patty Townsend: Tout le monde sait que la Chine et d'autres pays asiatiques, entre autres, croient que la technologie et les installations canadiennes sont bonnes. Notre problème, c'est que, comme vous l'avez dit, ils continuent de nous voir comme des fournisseurs de matières premières. Donc, en réalité, ils lorgnent notre orge, ils s'intéressent un peu moins à notre malt et ils ne veulent rien savoir en réalité de notre bière. Ils aimeraient pouvoir utiliser nos installations, comme ils le faisaient à Winnipeg, pour produire leur propre bière et faire l'essai de différents genres d'orge, par exemple.
Ce que nous disons, je suppose, c'est que vous pouvez exporter la technologie, mais que nous produisons déjà beaucoup plus que nous ne pouvons consommer en termes de matières premières et de produits à valeur ajoutée et que nous aimerions avoir accès aux marchés de là-bas pour nos produits transformés également.
M. Murray Calder: D'accord.
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Monsieur Simard.
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.): Merci, monsieur le président. Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Mes deux premières questions s'adressent à M. Keyes. La première concerne l'image du Canada.
Nous en avons beaucoup parlé avec d'autres témoins. Je suppose que nous sommes conscients que nous ne pourrons pas le faire seuls et j'aimerais savoir ce que la Chambre de commerce du Canada fait pour essayer de changer cette impression qui a cours sur les marchés asiatiques et selon laquelle le Canada est simplement un endroit propre et agréable à visiter.
Tout d'abord, assurez-vous une présence là-bas ou ne faites-vous que participer à des missions d'Équipe Canada, par exemple? Voilà pour ma première question.
Ensuite, vous avez mentionné que beaucoup d'entreprises canadiennes ont du succès là-bas et j'aimerais connaître leur secret. Quels genres d'entreprises connaissent du succès et de quelle taille sont-elles? Quels genres de produits offrent-elles et qu'est-ce qui leur donne un atout sur la concurrence?
M. Robert Keyes: Voilà d'excellentes questions.
Pour ce qui est de l'image, nos bureaux accueillent beaucoup de missions d'Asie qui souhaitent nous rencontrer pour discuter de possibilités commerciales. La plupart, bien sûr, souhaitent nous vendre leurs produits, mais il faut toujours en profiter pour renforcer son image et vanter ce qu'on a à offrir.
Nous avons participé à des missions d'Équipe Canada dans le passé. La plus récente en Asie remonte à 1997. Nous avons participé au programme des entreprises et avons organisé la visite dans plusieurs pays. Donc, nous avons certes été sur place.
C'est grâce à ces organismes affiliés, c'est-à-dire aux chambres de commerce canadiennes, que nous sommes connus en Asie. Assurément, la mission de ces organismes, de ces chambres de commerce, au Japon, en Corée, à Hong Kong, dans les Philippines, en Malaisie, au Vietnam—le Laos ne fait que commencer à s'organiser—et en Thaïlande...
Ces liens sont effectivement très flous. Ce n'est pas comme s'il s'agissait de nos membres, par exemple, mais nous avons un réseau électronique et nous communiquons très régulièrement avec ces organismes. Il y a trois semaines, nous étions au téléphone, et je vous ai parlé du document qui est arrivé de Corée hier soir.
Donc, ils nous sont très utiles, et nous essayons de les aider. Par là, j'entends qu'un de leurs principaux rôles en tant que représentants des entreprises canadiennes là-bas est de s'attaquer à certaines de ces questions directement. Or, ils n'ont pas beaucoup de ressources pour le faire. Ce sont de petits organismes. Ils travaillent en étroite collaboration avec les ambassades. Ils accomplissent des choses que les ambassades ne peuvent parfois peut-être pas faire pour aider à organiser.
De toute évidence, cependant, une de leurs missions consiste à expliquer le Canada et à s'en faire le reflet. Il se passe beaucoup plus de choses sur le côté culturel également. J'oublie le nom du programme qui a été institué au Japon l'an dernier, mais il a été très réussi. Naturellement, cette initiative culturelle s'accompagne de commerce, d'image de marque et de tout le reste.
C'est donc un point sur lequel il faut que nous travaillons tous, les gouvernements comme les entreprises, que nous continuions de travailler avec les représentants des gouvernements asiatiques ici au Canada et les ambassades pour essayer de renforcer le message de ce que nous avons à offrir.
Quant au secret de la réussite des entreprises, je l'ignore, mais je sais que ceux qui sont là-bas voient les choses à très long terme. Ils sont tenaces. Ils ne demeurent pas passifs. Ils font preuve d'une très grande patience. Ils tissent des liens personnels, après quoi s'établissent les relations d'affaires. Il semble qu'une fois que les relations sont établies, ils peuvent connaître beaucoup de succès à long terme. Toutefois, les affaires ne se brassent en Asie comme en Amérique du Nord ou en Europe, c'est-à-dire qu'on ne peut pas simplement y aller, réaliser des ventes, puis s'en revenir. L'approche demeure très différente et elle exige de la ténacité.
º (1645)
M. Raymond Simard: Selon vous, est-il plutôt difficile pour les petites et moyennes entreprises d'avoir cette ténacité?
M. Robert Keyes: Tout à fait, et elle coûte cher. Du point de vue commercial, en fin de compte, quand vous faites rapport à vos actionnaires, un dollar demeure un dollar. Si vous pouvez brasser des affaires et obtenir le même rendement au sud de la frontière, où seront investis les dollars et quel sera votre premier choix? Il est tout simplement beaucoup plus facile de brasser des affaires dans l'axe nord-sud que de s'inquiéter de la distance, de la culture et de la langue, des règlements, de la transparence, des règles, des barrières commerciales et des tarifs—à moins que vous n'ayez un créneau très précis qui vous confère un avantage commercial et que vous arriviez à bien vous en sortir sur ce marché. C'est ce que rechercheront les entreprises canadiennes, selon moi, dans ces régions.
M. Raymond Simard: Ma prochaine question s'adresse à M. Chu. Je suppose qu'il est très déconcertant pour moi de vous entendre dire que, lorsque nous nous rendrons en Asie pour essayer de conclure un nouveau marché, vous êtes incapable de vous en occuper. Vous êtes aussi en train de me dire que, pour apporter quelque amélioration que ce soit à votre port, il faudrait peut-être cinq ou sept ans.
Tout d'abord, j'aimerais savoir si vous avez l'espace voulu pour élargir vos installations, savoir si c'est un problème.
Ensuite, il me semble que vous avez presque atteint votre maximum, que vous êtes presque à pleine capacité. Il me semble qu'on aurait dû prévoir une certaine expansion. Vous avez parlé des restrictions dont vous devez tenir compte, mais cela me semble être un prétexte. Admettons-le. Il est impensable que vous soyez presque à pleine capacité, qu'il faille cinq à sept ans pour faire quelque chose et que vous n'ayez rien fait.
M. Gordon Chu: Je suis heureux que vous m'ayez posé la question, parce que j'essaie justement de faire comprendre le défi auquel nous sommes confrontés.
Je vais répondre à votre question de deux façons. Pour ce qui est de l'espace, il est très limité à Vancouver, cela ne fait aucun doute, mais il existe des moyens. En fait, nous avons un groupe dévoué d'employés (dont j'ai fait partie au cours des deux dernières années) qui envisagent d'élaborer un plan à long terme d'expansion des installations portuaires de Vancouver.
L'espace dont nous disposons est effectivement limité, mais nous pouvons en trouver. Vous dire comment serait une longue histoire, mais nous pouvons en trouver. De plus, étant donné le ralentissement de l'exploitation forestière au cours des dix dernières années, nous pouvons convertir un ou deux de nos terminaux de produits forestiers en installations pouvant accueillir des conteneurs. C'est donc une question de choix.
L'important, c'est que nous n'avons pas les ressources financières voulues pour faire un pareil saut. Si nous voulons mettre en oeuvre ce plan, il faut pouvoir l'appuyer d'importantes immobilisations. Nous en sommes incapables. Nous savons combien il nous faut. Mon président affirme publiquement que nous aurons probablement besoin d'un à deux milliards de dollars au cours des 10 à 15 prochaines années pour financer la construction de notre infrastructure.
Dans un horizon beaucoup plus rapproché, bien que je vous brosse un tableau très sombre, d'ici à 2005, nous pouvons augmenter notre capacité en améliorant notre productivité au terminal de manière à pouvoir manutentionner 350 000 conteneurs de plus environ, ce qui porterait notre capacité à près de deux millions. Voilà pour le court terme.
À moyen terme, si le commerce des produits forestiers ne se rétablit pas, nous utiliserons peut-être une partie de l'espace de terminal auparavant réservé à cette fin pour les conteneurs. Cette conversion peut se faire très rapidement.
º (1650)
M. Raymond Simard: Merci.
Le président: La parole va maintenant à M. Eyking.
M. Mark Eyking (Sydney—Victoria, Lib.): Merci, monsieur le président.
J'aimerais dire à Mme Townsend qu'il y a près d'un milliard d'habitants en Chine. J'ignore si les données sont bonnes, mais les deux tiers d'entre eux probablement habitent sur terre. Je crois me rappeler avoir lu quelque part qu'au cours des dix à quinze prochaines années, le nombre de ceux qui produisent des aliments pourrait chuter d'un tiers.
Avez-vous une idée des quantités d'aliments que devra importer la Chine dans dix à quinze années peut-être? Quel pourcentage de la consommation d'aliments devra être importé?
Il me semble simplement qu'ils n'ont pas une grande masse continentale, beaucoup de petites fermes, et qu'ils ne pourront pas produire les aliments à un coût aussi bas que des pays comme la Nouvelle-Zélande, l'Australie, les États-Unis et nous-mêmes. Donc, combien d'aliments devront-ils importer et comment pouvons-nous capitaliser sur cet état de fait? Où nous situons-nous par rapport à ces autres pays?
J'ai une autre question au sujet des gants en coton. Je n'ai rien compris à ce que vous avez dit à ce sujet. Vous pouvez reprendre vos explications?
Mme Patty Townsend: Je vais commencer par répondre à votre première question. Nous n'avons pas de données estimatives ou, du moins, je n'en ai pas avec moi aujourd'hui. Je peux essayer de vous obtenir la réponse. L'industrie du boeuf a établi des cibles de dix ans pour ce qui est des quantités. Dans certaines régions d'Asie, elle prévoit tripler au moins les éventuelles exportations du Canada. Cependant, je ferai des recherches pour voir si je peux vous obtenir des chiffres précis.
J'ai simplement parlé des gants de coton pour illustrer certains des problèmes qui peuvent sembler des peccadilles, mais qui, en réalité, freinent les exportations. La Chine a décidé qu'elle n'allait pas approuver le port de gants de coton dans les usines de transformation des viandes. Or, ces gants sont la norme au Canada et aux États-Unis parce qu'on les estime plus propres. Ils sont faciles à nettoyer et ils sont confortables. C'est ce que tout le monde utilise. Cependant, tandis qu'ils franchissaient les différentes étapes de leur processus d'approbation des usines de transformation des viandes au Canada et aux États-Unis, ils ont dit à l'industrie canadienne de transformation et d'exportation de viandes qu'ils n'approuveraient pas le port des gants de coton.
M. Mark Eyking: Qu'utilisent-ils en Chine?
Mme Patty Townsend: Je l'ignore.
Ils utilisent des gants de coton aux États-Unis, et toutes les usines américaines ont été approuvées. C'est donc pour une autre raison que nos usines n'ont pas été approuvées. Ce qui est arrivé, c'est que cette décision a été suspendue. Ils l'ont mise en veilleuse parce qu'ils se rendent compte maintenant que les États-Unis utilisent également les gants de coton et que toutes leurs installations ont été approuvées. Donc, l'industrie canadienne a réussi à faire suspendre cette décision jusqu'à ce que les Chinois puissent trouver un critère qui s'applique à tous.
M. Mark Eyking: J'ignore si mes chiffres sont bons, mais il semblerait que la Chine ne peut produire que la moitié des aliments qu'elle consomme. Si ces données sont justes, dans dix à quinze ans, qu'est-ce que le gouvernement chinois...? Parce que cela pose un véritable problème au Japon. C'est pour cela qu'il a pris toutes ces mesures de protection concernant le riz et je ne sais quoi encore.
La Chine croit-elle elle aussi qu'étant donné qu'elle va expédier tous ses produits en Amérique du Nord, elle ne devrait pas s'inquiéter du fait qu'elle importera autant d'aliments? Ou est-ce là au contraire une grande source de préoccupation ou laissera-t-elle son marché...? Quelle est votre impression?
Mme Patty Townsend: Nous avons rencontré les gens de la délégation chinoise à Genève le mois dernier. Nous leur avons beaucoup parlé d'ouverture du commerce. La Chine ne subventionne pas autant que le Japon ou, du moins, le protectionnisme n'y est pas aussi étendu, mais le problème en Chine, c'est la bureaucratie et la difficulté qu'on a à savoir comment percer sur ce marché—comme Bob l'a dit, juste essayer de comprendre comment remplir les formulaires et répondre aux questions, savoir à qui s'adresser. Et les choses changent. Par exemple, dans le cas des règlements relatifs à la biotechnologie, la Chine a mis en place un règlement provisoire qu'elle a changé sans beaucoup de préavis.
C'est ici que nous trouvons que le personnel de la mission canadienne fait de l'excellent travail, parce qu'il nous aide, surtout notre industrie du canola, à nous retrouver dans tous ces changements que les autorités apportent sans grand préavis.
Nous voyons un potentiel énorme en Chine, parce que la Chine voit le Canada comme une bonne source, propre, d'aliments de bonne qualité et ce, nous l'espérons, aussi bien pour les produits en vrac que pour les produits transformés. C'est uniquement une question de parvenir à franchir toutes les barrières, aussi bien les barrières franchement tarifaires que les barrières non tarifaires, comme le cas des gants de coton.
º (1655)
M. Mark Eyking: J'ai une autre question. Si ces gens s'urbanisent, est-ce que leurs préférences alimentaires vont changer également? Y a-t-il plus de chances que nous puissions exporter des pommes de terre là-bas? Est-ce que les gens vont manger plus de pommes de terre, et des produits du boeuf et du porc, pour remplacer, peut-être, des produits à base de soya ou de riz? Est-ce que toute cette question va changer et est-ce qu'ils voient ce changement survenir également?
Mme Patty Townsend: Je pense qu'un bon nombre de nos membres comptent là-dessus. Il est connu qu'une augmentation de la richesse stimule la demande pour différents types de produits alimentaires, surtout les produits carnés. On délaisse les produits à base de céréale, à base de riz pour des produits à base de viande et d'autres produits transformés. Alors, c'est ce que nous essayons de faire maintenant, de développer ces marchés et de surmonter ces obstacles, de manière que nous puissions amener sur le marché des produits plus spécialisés et, en particulier, des produits davantage transformés.
M. Mark Eyking: À l'heure actuelle, je pense que 75 à 80 p. 100 de nos exportations agricoles vont vers les États-Unis.
Mme Patty Townsend: Environ 60 p. 100.
M. Mark Eyking: Combien vont en Asie, ou en Chine?
Mme Patty Townsend: Je l'ignore.
M. Mark Eyking: Seulement 5 p. 100, peut-être?
Mme Patty Townsend: Ce n'est pas un marché important à l'heure actuelle, c'est plutôt un marché potentiel.
M. Mark Eyking: Mais si nous jouons bien toutes nos cartes, on pourrait concevoir que dans 10 ou 15 ans, nous pourrions exporter presque autant vers la Chine que vers les États-Unis.
Mme Patty Townsend: Au moins, oui.
M. Mark Eyking: Avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Robert Keyes: Non, je signifiais uniquement mon accord avec les propos de Patty. De même, je réfléchissais à une discussion que j'ai eue à une réunion avec les Japonais la semaine dernière sur le fait que nous devons transformer et conditionner les aliments que nous exportons au Japon sous une forme qui réponde aux désirs des consommateurs et qui soit facilement acceptable. Il y a eu une discussion avec les conseillers du nouveau JETRO au sujet des aliments utilisables au micro-ondes; il faut les conditionner de telle manière qu'on ait juste à les mettre au four à micro-ondes et c'est tout. Un tel produit serait facilement accepté.
Le problème, c'est que nous devons satisfaire à certaines exigences très élevées en matière d'hygiène et de qualité des aliments. C'est une autre question qui figure en bonne place sur l'ordre du jour de la Chambre canadienne de commerce au Japon.
Je suis certain que Patty en sait beaucoup sur la question, beaucoup plus que moi.
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Monsieur Casson.
M. Rick Casson: Merci, monsieur le président.
Patty, juste une question. Cette semaine, une échéance a été ratée à l'OMC, concernant la prochaine ronde de discussions sur l'agriculture.
De même, monsieur Keyes, vous avez dit que traiter avec des groupes de pays semble être beaucoup plus laborieux et difficile que de traiter de manière bilatérale. Peut-être vous ai-je mal compris encore une fois, mais pourriez-vous expliquer cette affirmation davantage.
Quelle est l'importance de la prochaine entente à l'OMC pour notre avenir en Asie?
Mme Patty Townsend: Comme vous le savez, nous avons un certain nombre d'ententes bilatérales et multilatérales au Canada. Je pense que bon nombre de nos membres—et je vais utiliser l'exemple du sucre—trouvent que ces ententes ne sont pas à l'avantage de leur industrie, parce qu'il existe également des ententes bilatérales entre d'autres pays dans le monde qui donnent un accès préférentiel, et qui nous excluent de ces marchés. Il est capital que nous ayons un système multilatéral dans lequel tous les pays sont assujettis aux mêmes règles, où tout le monde respecte ces règles, où tout le monde assure les mêmes systèmes de soutien en vertu de ces mêmes règles de manière que nous puissions tous faire du commerce d'une manière plus équitable.
Nous croyons, du moins c'est le cas dans notre industrie, que c'est quelque chose de capital pour le bien-être d'un grand nombre de nos membres—pour leur croissance continue et, dans certains cas, pour leur survie—et nous avons beaucoup d'oeufs dans le panier de l'OMC à l'heure actuelle.
Nous sommes vraiment déçus que l'échéance a été ratée—non pas surpris, mais très déçus. Les pays ne sont pas encore prêts à négocier vraiment sérieusement dans le domaine de l'agriculture et j'espère qu'ils ne rateront pas une autre échéance concernant les services, parce que, je pense, certaines autres parties de la «ronde de développement» de Doha aideront à relancer la question de l'agriculture.
Par exemple, l'Union européenne ne veut pas bouger du tout sur la question de l'agriculture, mais elle veut une entente ambitieuse dans le domaine des services. Alors, nous avons besoin de ce type de négociation multilatérale, à facettes multiples de manière que tout le monde puisse obtenir des avantages.
M. Rick Casson: Ainsi, les leviers que nous pourrions créer en essayant d'en arriver à une entente sur certaines de ces autres questions pourraient aider le portefeuille agricole...
Mme Patty Townsend: Et, vice versa; pour beaucoup d'autres pays, le fait d'obtenir quelque chose dans le secteur de l'agriculture les aidera à céder quelque chose dans d'autres secteurs. C'est pourquoi il est important que nous continuions de pousser de l'avant ces discussions.
» (1700)
M. Robert Keyes: Je suis d'accord. L'agriculture est la cheville ouvrière de ces négociations et de très nombreuses autres questions à l'ordre du jour dépendent véritablement d'une solution au problème de l'agriculture et d'un changement dans ce secteur, même dans la perception des pays en développement dont la majeure partie des exportations est constituée de biens agricoles et qui veulent avoir accès aux marchés des pays développés.
Alors, ces pays n'accepteront pas de jouer le jeu avec nous sur des questions qui sont importantes pour nous—les services, par exemple, et les investissements, et d'autres questions—s'il n'y a pas de changement dans le secteur de l'agriculture. Il s'agit d'un problème très difficile. Quant à savoir s'il s'agit d'un problème insoluble, on peut parfois se poser la question.
M. Rick Casson: Patty, y a-t-il, à votre avis, un véritable problème dans le cas de nos usines de conditionnement de la viande ou s'agit-il ici d'une joute politique entre la Chine et nous?
Mme Patty Townsend: Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un problème avec les usines. Je pense que nos usines sont aussi bonnes, voire meilleures, que celles que l'on retrouve ailleurs. C'est uniquement le fait que les États-Unis sont beaucoup plus gros que nous et qu'ils ont beaucoup plus à offrir à la Chine que nous et qu'il est beaucoup plus facile de traiter avec les États-Unis. La question des OGM ou de la biotechnologie est un autre cas où nous avons pu constater que du soja modifié génétiquement étaient accepté dans certaines parties d'Europe... alors que le canola y était interdit.
Alors, c'est beaucoup plus à cause de leur taille et du fait qu'ils ont davantage à offrir en échange. Je pense que c'est surtout là que réside le problème.
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Pourquoi dites-vous qu'il est plus facile de traiter avec les États-Unis?
Mme Patty Townsend: Je ne dis pas qu'il est plus facile; je dis qu'ils ont beaucoup plus à offrir parce que leur marché est plus grand et qu'ils ont plus de contrôle, plus de puissance. C'est juste que vous devez faire attention aux États-Unis parce qu'ils sont beaucoup plus gros que nous.
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Bien.
Monsieur Casson, ou monsieur Simard.
M. Raymond Simard: Probablement une dernière question. En fait, je pense que M. Casson a probablement posé la question qui m'intéressait au sujet de l'OMC. Je n'étais pas sûr du genre d'aide que vous attendiez de nous, mais je pense que vous avez répondu.
Monsieur Chu, premièrement, est-ce que l'administration portuaire est rentable? Deuxièmement, vous avez parlé des ports américains, de l'éventualité qu'ils reçoivent nos produits qui seraient ensuite expédiés de l'autre côté de la frontière. Est-ce que cela se produit actuellement et, si oui, quelle est l'ampleur du phénomène?
M. Gordon Chu: Voulez-vous parler du fret canadien?
M. Raymond Simard: De biens canadiennes livrés, disons, à Tacoma ou à Seattle et ensuite, expédiés au Canada. Est-ce que cela se fait beaucoup?
M. Gordon Chu: Pour répondre à votre première question, oui, nous sommes un port très rentable. Nous avons un revenu brut d'environ 100 millions de dollars et notre revenu net se situe entre 30 et 40 millions de dollars par année. Alors, nous sommes rentables.
M. Raymond Simard: J'aimerais poursuivre dans cette veine. Si vous êtes rentables et si nous décidons de vous donner encore plus de travail, serait-il à votre avantage de construire, de prendre de l'expansion?
M. Gordon Chu: Très certainement; très certainement. Cependant, les revenus, les liquidités elles-mêmes ne permettraient pas de financer la somme de 1 à 2 milliards de dollars nécessaire pour construire ce type d'installations.
Je veux également répondre à une question que vous avez posée sur le type de stratégie qui fonctionnerait en Chine et, également, sur les grands succès que nous avons connus dans ce pays.
Premièrement, je pense que beaucoup d'éléments ont été relevés sur la façon de faire des affaires en Chine. Je peux vous dire qu'en 1993, lorsque j'ai ouvert le bureau en Chine, il m'a fallu six mois—six mois—rien que pour faire une demande et obtenir l'autorisation d'avoir une ligne de téléphone dans mon bureau. Il a fallu dix ans, et ce n'est pas une blague, pour convaincre un transporteur chinois d'appeler à Vancouver. Mais j'ai réussi.
Alors, c'est très long. Il faut beaucoup de patience, des poches pleines et des contacts politiques et personnels. C'est pourquoi il est très difficile, sinon impossible, pour une petite entreprise de s'implanter sur le marché chinois.
Lorsque je suis revenu de Chine, beaucoup de gens sont venus me voir pour me demander mon avis sur la façon d'avoir accès au marché. La première question que je leur ai posée, c'est: «Avez-vous les poches bien garnies?»
Si vous n'avez pas les liquidités, n'essayez même pas. C'est pourquoi il est si important que le gouvernement et des grandes entreprises au Canada...
Il y a eu quelques succès. Nortel a été un des pionniers et Canpotex, entreprise qui exporte de la potasse en Chine. La potasse de Canpotex est probablement une des plus belles histoires de commercialisation et concerne l'exportation de potasse de Saskatchewan en Chine.
Maintenant, quelqu'un a posé une question au sujet des gants. Pour faire des affaires en Chine, vous ne traitez pas avec ce que vous entendez et avec ce que vous voyez; c'est avec ce que vous ne voyez pas que vous devez traiter.
Certains d'entre vous savent peut-être qu'il existe deux types de potasse, la rose et la blanche. Quelle est la différence? Il n'y en a pas. Les deux sont absolument identiques. Mais les Chinois préfèrent la rose. Dès les débuts, Canpotex a, dans sa stratégie de commercialisation, moussé l'idée que la potasse rose était meilleure que la potasse blanche. Il n'y a absolument aucun fondement étant donné que les deux sont identiques. Je ne suis ni scientifique ni chimiste, mais pour moi, elles sont identiques.
On dit qu'il y a beaucoup de difficultés dans le cas du marché chinois, mais c'est la même chose dans tous les autres marchés émergent dans le monde. C'est pourquoi je dois rendre hommage à tout le personnel et aux délégués commerciaux du MAECI, qui font un travail admirable partout en Asie. Je ne sais pas ce qu'il en est pour le reste du monde, mais j'ai affaire avec ces gens.
En 1988, lorsque je suis allé en Asie pour la première fois pour promouvoir le port de Vancouver, notre entreprise, nous n'avions pas d'Asiatiques et nous n'avions pas nos propres agents. Les seules personnes à qui je me suis fié, ce sont les délégués commerciaux et, depuis, ils n'ont jamais cessé de faire un travail extraordinaire. Au cours de toutes ces années—pendant lesquelles j'ai travaillé avec eux—, j'ai pu constater que leurs ressources n'ont pas augmenté, mais qu'elles ont même diminué.
Tout à côté, je vois les Australiens; lorsque j'ai travaillé en Chine, ils constituaient notre principal concurrent, surtout pour les produits agricoles. Ils ont progressé à pas de géant. Leurs délégués commerciaux... et il vous suffit d'aller parler aux Australiens.
Je pense que nos délégués sont laissés pour compte. Je ne dis pas cela parce qu'il s'agit d'un comité du MAECI. Je le dis parce que, d'après mon expérience, nous avons besoin d'eux pour avoir accès au marché, pour traiter avec ce que j'appelle la concurrence déloyale. Ce sont les experts dans le domaine, nos yeux et nos oreilles pour accéder à ce marché.
Merci.
» (1705)
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Monsieur Keyes.
M. Robert Keyes: Avant le début de la séance, j'ai parlé au greffier au sujet de vos projets de voyage et quelles seraient les destinations. Je lui ai demandé si la Corée faisait partie des plans et il n'a pas semblé que c'était le cas.
Je voulais juste vous dire ici que nos amis en Corée ont effectué une analyse F.F.P.M. et ils ont écrit, sous la rubrique «possibilités», que: «le Canada a créé un comité permanent pour réévaluer les occasions commerciales en Asie». Étant donné l'importance du commerce entre le Canada et la Corée, je vous encouragerais à faire en sorte que la Corée fasse partie de votre programme.
[Français]
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Merci de votre commentaire, monsieur. Nous allons tâcher d'en tenir compte.
M. Calder souhaiterait poser une autre question.
[Traduction]
M. Murray Calder: Merci beaucoup, monsieur le président.
Gordon, je n'ai qu'une courte question. Je suis allé à Vancouver et je l'ai vu. C'est très impressionnant de voir ces piles et ces piles de conteneurs universels. Si on augmentait la taille du port, qu'adviendrait-il de l'infrastructure ferroviaire qui prend en charge tout ce fret? Qu'allez-vous faire à ce sujet?
M. Gordon Chu: Excellente question. Je pense qu'un des avantages que nous avons à l'heure actuelle avec notre système de conteneurs universels, c'est l'arrière-pays portuaire très efficace assuré par le CN et le CP. C'est un avantage que nous avons. En fait, j'en fais état dans un mémoire que j'ai présenté aux membres du comité. Ils constituent maintenant un véritable chemin de fer transcontinental, d'un océan à l'autre.
Les compagnies de chemin de fer américaines ont peut-être plus de kilomètres de rail que les compagnies canadiennes, mais elles ne sont pas vraiment transcontinentales. Les nôtres le sont, d'est en ouest et du nord au sud. Les Américains sont séparés en deux zones, la côte Ouest et la côte Est. Alors, si vous êtes un expéditeur japonais, vous devez traiter avec plus d'une entreprise ferroviaire pour envoyer vos biens en Amérique du Nord.
Pour répondre à votre question directement, pour l'instant nous avons la capacité nécessaire, mais si nous voulons capitaliser sur une croissance future qui viserait quatre millions de conteneurs et plus, nous devrons également apporter des améliorations majeures à nos infrastructures ferroviaires.
» (1710)
[Français]
Le vice-président (M. Stéphane Bergeron): Monsieur Simard? Monsieur Eyking? S'il n'y a pas d'autres questions de la part de mes collègues et si nos témoins n'ont rien à ajouter, il ne me reste plus qu'à les remercier encore une fois d'avoir accepté notre invitation et à les remercier pour leurs présentations fort informatives pour nous.
La séance est levée.