HEAL Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 3e SESSION
Comité permanent de la santé
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mardi 27 avril 2004
 | 1205 |
La présidente (Mme Bonnie Brown (Oakville, Lib.)) |
L'hon. Pierre Pettigrew (ministre de la Santé) |
 | 1210 |
 | 1215 |
La présidente |
 | 1220 |
M. Rob Merrifield (Yellowhead, PCC) |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Rob Merrifield |
M. Ian Shugart (sous-ministre adjoint, Direction générale de la politique de la santé et des communications, ministère de la Santé) |
M. Rob Merrifield |
M. Ian Green (sous-ministre, ministère de la Santé) |
M. Rob Merrifield |
L'hon. Pierre Pettigrew |
 | 1225 |
M. Rob Merrifield |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Rob Merrifield |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Ian Shugart |
M. Rob Merrifield |
M. Ian Shugart |
M. Rob Merrifield |
M. Ian Shugart |
M. Rob Merrifield |
M. Ian Shugart |
M. Rob Merrifield |
M. Ian Shugart |
M. Rob Merrifield |
 | 1230 |
M. Ian Green |
M. Rob Merrifield |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Rob Merrifield |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Rob Merrifield |
L'hon. Pierre Pettigrew |
 | 1235 |
M. Rob Merrifield |
La présidente |
L'hon. Pierre Pettigrew |
La présidente |
M. Réal Ménard (Hochelaga—Maisonneuve, BQ) |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
 | 1240 |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
 | 1245 |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
La présidente |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
La présidente |
Mme Bev Desjarlais (Churchill, NPD) |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Ian Shugart |
Mme Bev Desjarlais |
M. Ian Shugart |
Mme Bev Desjarlais |
M. Ian Shugart |
Mme Bev Desjarlais |
M. Ian Shugart |
Mme Bev Desjarlais |
M. Ian Shugart |
Mme Bev Desjarlais |
M. Ian Shugart |
Mme Bev Desjarlais |
M. Ian Shugart |
Mme Bev Desjarlais |
 | 1250 |
L'hon. Pierre Pettigrew |
Mme Bev Desjarlais |
L'hon. Pierre Pettigrew |
Mme Bev Desjarlais |
L'hon. Pierre Pettigrew |
Mme Bev Desjarlais |
L'hon. Pierre Pettigrew |
Mme Bev Desjarlais |
L'hon. Pierre Pettigrew |
Mme Bev Desjarlais |
L'hon. Pierre Pettigrew |
Mme Bev Desjarlais |
L'hon. Pierre Pettigrew |
Mme Bev Desjarlais |
M. Ian Green |
Mme Bev Desjarlais |
M. Ian Green |
Mme Bev Desjarlais |
L'hon. Pierre Pettigrew |
 | 1255 |
Mme Bev Desjarlais |
La présidente |
Mme Bev Desjarlais |
La présidente |
L'hon. Susan Whelan (Essex, Lib.) |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Patrick Borbey (sous-ministre adjoint, Direction générale des services de gestion, ministère de la Santé) |
L'hon. Susan Whelan |
· | 1300 |
L'hon. Pierre Pettigrew |
L'hon. Susan Whelan |
L'hon. Pierre Pettigrew |
L'hon. Susan Whelan |
· | 1305 |
L'hon. Pierre Pettigrew |
L'hon. Susan Whelan |
La présidente |
L'hon. Susan Whelan |
La présidente |
L'hon. Susan Whelan |
La présidente |
L'hon. Susan Whelan |
La présidente |
M. Rob Merrifield |
M. Ian Green |
M. Rob Merrifield |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Rob Merrifield |
· | 1310 |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Rob Merrifield |
L'hon. Pierre Pettigrew |
La présidente |
Mme Leslie MacLean (directrice générale, Services de santé non assurés, Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits, ministère de la Santé) |
M. Rob Merrifield |
La présidente |
L'hon. Pierre Pettigrew |
La présidente |
L'hon. Pierre Pettigrew |
La présidente |
L'hon. David Kilgour (Edmonton-Sud-Est, Lib.) |
L'hon. Pierre Pettigrew |
L'hon. David Kilgour |
M. Ian Shugart |
L'hon. David Kilgour |
· | 1315 |
M. Ian Shugart |
L'hon. David Kilgour |
L'hon. Pierre Pettigrew |
Hon. David Kilgour |
L'hon. Pierre Pettigrew |
Mme Susan Fletcher (sous-ministre adjointe, Direction générale de la santé environnementale et de la sécurité des consommateurs, ministère de la Santé) |
L'hon. David Kilgour |
Mme Susan Fletcher |
L'hon. David Kilgour |
L'hon. Pierre Pettigrew |
L'hon. David Kilgour |
La présidente |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
· | 1320 |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
Dre Karen L. Dodds (sous-ministre adjointe déléguée par intérim, Direction générale des produits de santé et des aliments, ministère de la Santé) |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
La présidente |
Mr. Réal Ménard |
La présidente |
M. Réal Ménard |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Réal Ménard |
La présidente |
M. Gilbert Barrette (Témiscamingue, Lib.) |
M. Ian Green |
· | 1325 |
M. Gilbert Barrette |
M. Ian Green |
M. Gilbert Barrette |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Ian Green |
L'hon. Pierre Pettigrew |
M. Gilbert Barrette |
La présidente |
M. Gilbert Barrette |
La présidente |
· | 1330 |
L'hon. Pierre Pettigrew |
La présidente |
CANADA
Comité permanent de la santé |
|
l |
|
l |
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TÉMOIGNAGES
Le mardi 27 avril 2004
[Enregistrement électronique]
 (1205)
[Traduction]
La présidente (Mme Bonnie Brown (Oakville, Lib.)): Bonjour, mesdames et messieurs. Je déclare ouverte cette réunion du Comité permanent de la santé. Au cours de cette séance, nous étudierons le Budget principal des dépenses pour l'exercice 2004-2005.
Au nom du comité, je souhaite la bienvenue à l'honorable Pierre Pettigrew, notre nouveau ministre de la Santé, qui assiste à une de nos réunions pour la première fois, ainsi qu'aux fonctionnaires qui l'accompagnent.
Nous allons maintenant passer à l'étude du crédit 1 afin d'amorcer notre examen du budget principal. Je cède, bien entendu, la parole au ministre pour sa déclaration d'ouverture.
L'hon. Pierre Pettigrew (ministre de la Santé): Merci beaucoup, madame la présidente. Je suis ravi de vous voir, et bien sûr les autres membres du comité.
Je suis heureux que nous puissions enfin nous rencontrer à l'occasion de votre examen du Budget principal des dépenses pour la présente année financière.
J'aimerais profiter de l'occasion pour vous remercier du travail opportun et réfléchi que le comité a déjà effectué en produisant le rapport sur les médicaments sur ordonnance. Les changements que le comité propose concernant les essais cliniques, les effets indésirables des médicaments et la publicité directe ont été extrêmement utiles : ils nous ont aidés à clarifier certains des choix difficiles qui s'imposent dans ce secteur de politique gouvernementale de plus en plus important.
Avant de poursuivre, et avec votre permission, madame la présidente, j'aimerais vous présenter les fonctionnaires de mon ministère qui m'accompagnent aujourd'hui. Il s'agit d'Ian Green, sous-ministre, de Karen Dodds, sous-ministre adjointe déléguée par intérim, Direction générale des produits de santé et des aliments, de Patrick Borbey, sous-ministre adjoint, Direction générale des services de gestion, et d'Ian Shugart, sous-ministre adjoint, Direction générale de la politique de la santé et des communications.
Toujours avec votre permission, madame la présidente, il se pourrait que je fasse appel à leurs services lors de la période des questions.
Je vais essayer d'être bref dans mes observations liminaires parce que je sais que vous avez bon nombre de questions à me poser. Il est important d'avoir le temps voulu pour des échanges fructueux. Cet exercice, qui consiste à m'interroger et à interroger mes fonctionnaires à propos du volet Santé Canada du Budget principal des dépenses, est très important, puisqu'il s'agit avant tout de responsabilisation et de priorités.
Cela dit, je commencerai en faisant ressortir certaines initiatives clés du Budget principal des dépenses, puis je présenterai brièvement ma vision d'un partenariat renouvelé pour assurer la viabilité du système de santé canadien.
Le Budget principal des dépenses illustre l'importance que nous accordons aux besoins pressants des Autochtones en matière de santé. Cette importance se manifeste par de nouveaux investissements dans le Régime de santé des communautés des Premières nations et des Inuits, la Stratégie de gestion de l'eau pour les Premières nations et la croissance générale de l'enveloppe de la santé des Premières nations et des Inuits. Le Budget principal reflète également un investissement accru dans des initiatives importantes telles que le Fonds pour l'adaptation des soins de santé primaires et la Stratégie canadienne antidrogue.
D'un intérêt particulier pour le comité, madame la présidente, le Budget principal des dépenses comprend un nouvel investissement pour la Stratégie d'accès aux produits thérapeutiques. Ce plan d'action nous aidera à améliorer la réglementation de façon à ce que les produits fassent l'objet d'examens en temps opportun et de façon efficace. Et vous conviendrez avec nous qu'il importe d'accorder plus d'importance à la surveillance des produits déjà homologués, ce qui permettra de mieux déceler des problèmes éventuels et de prendre les mesures qui s'imposent.
Bref, le Budget principal des dépenses pour 2004-2005 décrit un ministère qui gère ses ressources de façon à tenir compte des grandes priorités. J'aimerais faire remarquer, toutefois, que ce budget ne comprend pas nos toutes dernières décisions financières et stratégiques.
[Français]
Bref, le Budget principal des dépenses pour 2004-2005 décrit un ministère qui gère ses ressources de façon à tenir compte des grandes priorités. J'aimerais faire remarquer, toutefois, que ce budget ne comprend pas nos toute dernières décisions financières et stratégiques.
Par exemple, les prévisions budgétaires pour Santé Canada n'incluent pas le dernier Transfert fédéral au titre des soins de santé. Il s'agit d'une somme additionnelle de 2 milliards de dollars que le gouvernement fédéral verse aux provinces et territoires dans le cadre de son budget de 2004. Ces fonds permettront de renforcer le système de santé canadien au moyen d'un financement croissant, viable et prévisible. Cette mesure portera à 36,8 milliards de dollars le financement prévu en vertu de l'Accord sur la santé de 2003.
Le Budget principal des dépenses ne tient pas compte, non plus, de l'engagement du budget fédéral et du discours du Trône visant à créer l'agence canadienne de santé publique. Ce nouvel organisme servira de centre de coordination pour le réseau national de lutte contre les maladies, la promotion de la santé et les interventions d'urgence. Pour soutenir cette initiative, on effectuera le transfert d'environ 400 millions de dollars, somme puisée à même le volet Santé Canada du Budget principal des dépenses.
Le budget fédéral prévoit également un nouveau financement de 665 millions de dollars pour la présente année financière et les deux années subséquentes, dans le but d'aider le Canada à mieux se préparer à faire face aux situations d'urgence en santé publique. De cette somme, 400 millions de dollars serviront à renforcer les activités sanitaires des provinces et territoires, et 165 millions de dollars seront versés à la nouvelle agence canadienne de santé publique.
J'aimerais ajouter, enfin, que même si le Budget principal des dépenses représente bon nombre de nos priorités, il ne permet pas de saisir dans sa globalité la démarche que nous avons entreprise pour relever les défis que présente le système canadien de santé publique.
Sur cette note, j'aimerais prendre quelques minutes pour vous présenter ma vision du renouvellement du système de santé sur une période de 10 ans.
[Traduction]
Mes fonctions de ministre de la Santé et ministre des Affaires intergouvernementales ont façonné ma vision du renouvellement du système de santé. Je m'engage à travailler en étroite collaboration avec les provinces et territoires pour rétablir la confiance des citoyens dans le système et effectuer les réformes requises pour le revitaliser et lui assurer une meilleure assise financière dans les années à venir. Permettez-moi d'expliquer sommairement ce que nous entendons faire pour concrétiser cette vision.
Les Canadiens doivent avoir la certitude qu'ils pourront se prévaloir d'un système de santé de haute qualité lorsqu'ils en auront besoin. Malheureusement, depuis un certain temps déjà, la confiance que les citoyens avaient à l'endroit de leur système de santé et de son avenir est en train de disparaître : ils s'inquiètent de plus en plus de ne pouvoir obtenir les services dont ils ont besoin au moment voulu. Pour relever le défi des délais d'attente et ce, à long terme, il nous faudra concevoir une solution ciblée, en profondeur et à volets multiples.
Il n'existe pas de solution miracle. Il faudra que les gouvernements et les dirigeants des organismes de santé se concertent pour résoudre les écarts dans la demande, l'approvisionnement et la distribution des ressources humaines en santé, et dans les capacités d'exécution des services. Il faudra réaliser de nouveaux progrès en matière de prestation de soins dans le contexte le plus approprié, qu'il s'agisse d'une clinique de soins primaires, d'une salle d'urgence ou encore de services à domicile en assurant aux patients le soutien nécessaire pour se rétablir après une chirurgie.
Avec des soins à domicile et des services communautaires appropriés, il sera possible d'alléger les pressions sur les soins actifs, d'améliorer les services aux citoyens et de rendre plus abordable et viable notre système de santé. Il faudra élaborer des stratégies nationales pour investir dans la promotion et la protection de la santé, ce qui permettra d'alléger les pressions sur la prestation même des services de santé.
À cet égard, la nouvelle Agence canadienne de santé publique apportera une contribution importante. J'aimerais souligner ici l'important travail qu'effectue ma collègue, la ministre d'État à la Santé publique, pour façonner la nature de cette agence, définir le rôle de l'agent de santé publique en chef du Canada et mettre sur pied le réseau pancanadien de santé publique.
Il faudra aussi renforcer l'administration de la santé, promouvoir des innovations qui améliorent la productivité du système et établir de nouveaux mécanismes qui permettront de partager et d'adopter des pratiques exemplaires. En fait, ce que veulent les Canadiens, ce n'est pas seulement avoir un meilleur accès à un système de santé qui remonte à plus de quarante ans. Ils veulent pouvoir disposer d'un système dynamique, d'avant-garde et axé sur le patient; un système qui intègre rapidement les meilleures options de traitement et technologies médicales d'aujourd'hui.
Enfin, il faudra assurer une plus grande responsabilisation et une transparence accrue dans l'ensemble du système. Je reviendrai sur ce sujet dans un moment.
 (1210)
[Français]
Avant d'exposer notre programme de réforme, je tiens à faire savoir que je réfute l'idée selon laquelle le gouvernement canadien est en meilleure position pour connaître les besoins en soins de santé, ou encore qu'il peut ou devrait dicter aux provinces et territoires les mesures à prendre pour réformer leurs services. Une chose est certaine: pour que des progrès durables se réalisent, il nous faut absolument mettre en place une collaboration productive avec les provinces et territoires. Si les provinces et territoires assument la responsabilité principale en ce qui a trait à l'exécution des services de santé au pays, les Canadiens s'attendent clairement à ce que le gouvernement canadien exerce une surveillance de l'intérêt national pour s'assurer que le système continue à refléter à la fois l'esprit et la lettre de la Loi canadienne sur la santé.
Si le gouvernement fédéral doit respecter le rôle des provinces pour ce qui est de fournir des services de santé aux Canadiens, les provinces doivent reconnaître la responsabilité fédérale pour ce qui est d'assurer un accès équitable à des soins de qualité pour tous les Canadiens partout au Canada.
Mais la bonne volonté ne suffit pas. Cela m'amène à vous parler de la deuxième composante clé d'un nouveau partenariat en matière de santé, à savoir un système de financement prévisible, adéquat et stable.
Nous devons mettre un terme à ce débat destructeur et débilitant au sujet de l'argent. Les Canadiens sauront exactement ce que devrait être la contribution du gouvernement canadien aux soins de santé, et s'il maintient ou non sa part de responsabilité à cet égard.
Mais les Canadiens s'attendent à ce que nous soyons plus que le simple banquier du système. Nous sommes prêts à franchir la prochaine étape pour devenir un partenaire à part entière du système, à partager le risque de maintenir et d'améliorer le système au fil des ans et de façonner son avenir.
Dans son discours prononcé à Toronto, le premier ministre a également affirmé que tout plan de réforme des soins de santé doit inclure des mesures qui soutiennent l'évolution des soins à domicile et des soins de santé communautaires. Ce plan doit également prévoir une stratégie nationale sur les médicaments.
Ce sont là de nouveaux enjeux pour le système de santé. Le secteur pharmaceutique est celui qui affiche la plus forte croissance dans les dépenses des provinces en santé. Le gouvernement canadien soutient déjà les efforts déployés dans ce secteur, comme dans d'autres. Nous sommes prêts à discuter avec les provinces pour en faire davantage.
La troisième condition, bien sûr, du nouveau partenariat, c'est de moderniser les fondements du système.
La Loi canadienne sur la santé a été et demeure pour les Canadiens un symbole de solidarité nationale et de valeurs communes. Les cinq principes qui la sous-tendent sont aussi pertinents aujourd'hui qu'ils l'étaient il y a deux décennies, quand elle a été votée à l'unanimité par tous les partis politiques à la Chambre des communes.
Mais, au cours des dernières années, des divergences d'opinion, notamment sur la façon d'interpréter des articles de cette loi, de même qu'une application incohérente de certaines de ses prescriptions, ont suscité de la confusion et des incertitudes quant à ce qu'elle permet et à ce qu'elle interdit.
Bien que je ne propose pas de revoir la loi en tant que telle, j'estime qu'il nous incombe d'en clarifier la signification pratique en utilisant les termes d'aujourd'hui.
Par ailleurs, compte tenu de l'intérêt croissant que manifestent les provinces pour ce qui est d'expérimenter de nouvelles formes de prestations de services de santé, nous devons nous assurer que les règles du jeu sont clairement définies et que de telles expériences sont étroitement surveillées à la lumière de l'intérêt public.
En définitive, dans ce contexte, je crois que nous devons revoir les mécanismes de prévention des différends actuellement prévus dans la Loi canadienne sur la santé pour les rendre à la fois plus transparents et plus inclusifs. Nous devons également nous assurer que l'application des dispositions de la loi est plus cohérente et s'appuie sur des faits.
Au Canada, les soins de santé représentent maintenant une affaire de plus de 120 milliards de dollars, ce qui représente près de 10 p. 100 de notre économie. Mais nous commençons à peine à tenir compte de la façon que ces sommes sont dépensées. Trop souvent, les Canadiens sont invités à accepter aveuglément des affirmations comme des faits, à faire simplement confiance aux gouvernements et aux fournisseurs de soins pour effectuer le travail.
Nous ne rétablirons pas la confiance des Canadiens à l'égard de leur système de santé tant que nous ne leur permettrons pas de mieux connaître les faits. Les Canadiens n'acceptent plus de se faire dire que les choses vont s'améliorer. Ils veulent voir des preuves que les choses s'améliorent vraiment.
Les Canadiens ont le droit de savoir, par exemple, ce qu'Il en est des budgets de santé, du nombre de lits d'hôpital, de médecins, d'infirmiers et d'infirmières disponibles. Ils ont aussi le droit de savoir si les écarts se rétrécissent, si les soins à domicile et les services de santé communautaires sont renforcés et si les résultats thérapeutiques s'améliorent.
 (1215)
Un meilleur partage de l'information permettra aux Canadiens d'être en mesure de discuter des objectifs nationaux relativement à des soins de qualité. Cette information leur fournira des réponses à une série de questions: combien d'appareils d'IRM avons-nous besoin? Quelle devrait être la norme en ce qui concerne le nombre et la répartition des médecins spécialistes? Quels sont les besoins particuliers des médecins dans les régions rurales et éloignées?
Les Canadiens ont besoin de ces informations, non pas pour que les gouvernements se disputent au sujet de leurs responsabilités respectives, mais pour que tous les gouvernements et tous les fournisseurs de soins de santé soient responsables à l'égard des citoyens.
En fait, il est impossible d'améliorer ce que l'on ne peut pas mesurer.
[Traduction]
Pour améliorer notre système de santé, il faudra une bonne dose de collaboration entre tous les paliers de gouvernement, les fournisseurs de soins et les citoyens. Une concertation fondée sur les principes de la collaboration, du partage et du respect. Nous avons déjà commencé à bâtir un meilleur système de santé au Canada, qui garantira l'accès en temps opportun à des soins de qualité. Il s'agit là d'un droit de citoyenneté, et non d'un privilège. Un système à la fois plus rationnel et mieux adapté, qui est axé d'abord et avant tout sur le patient. Un système qui permet de recueillir et de diffuser l'information, qui permet d'établir des normes de façon concertée, de mesurer le rendement de façon objective et de prendre des décisions fondées sur des faits. Un système responsable qui permet aux citoyens de se prendre en charge, d'agir en partenaires pour ce qui est de déterminer leurs besoins de santé et de prendre les mesures qui s'imposent.
Nous avons déjà fait beaucoup de chemin dans la mise sur pied d'un système doté de tous ces attributs. Cela dit, madame la présidente, je me ferai un plaisir de répondre aux questions du comité. Qui plus est, je veux profiter de vos conseils pour savoir ce que le gouvernement fédéral devrait faire pour rendre le système de santé à la fois plus adapté, plus intégral et plus rentable, et pour limiter les dangers qui menacent son intégrité et sa viabilité.
Je vous remercie beaucoup de votre attention.
La présidente: Merci, monsieur le ministre, pour ce survol de vos plans et priorités.
Nous passons maintenant à la période des questions. Je donne d'abord la parole au porte-parole principal de l'opposition officielle, M. Rob Merrifield. Monsieur Merrifield, vous avez 15 minutes.
 (1220)
M. Rob Merrifield (Yellowhead, PCC): Merci, monsieur le ministre, d'être venu nous faire part de votre vision, de votre plan et de votre conviction qu'il faut travailler en collaboration plus étroite avec les provinces. Cela augure bien pour l'avenir du régime de santé au Canada et je crois que toutes les régions du pays s'en réjouissent.
J'aimerais aborder le plan quinquennal que nous étudions actuellement pour savoir comment il s'intégrera à votre plan de 10 ans, ou s'il sera incompatible avec lui. Toutefois, avant d'aborder ce sujet, je sais que dans le discours que vous avez prononcé à Toronto la semaine dernière, vous avez mentionné que 55 milliards de dollars ont été affectés aux soins de santé. Je suis un peu intrigué par ce montant. Pourriez-vous nous expliquer d'où il vient?
L'hon. Pierre Pettigrew: Merci beaucoup, monsieur Merrifield.
Je peux vous assurer que le plan de 10 ans que nous élaborons en ce moment avec les provinces se fonde sur l'Accord de 2000 sur la santé et sur l'Accord de 2003 sur la santé. Évidemment, nous ne faisons pas table rase de ce qui s'est fait jusqu'à maintenant; nous tirons parti de ce que cet accord nous a appris. Le montant de 55 milliards de dollars représente la somme de l'argent prévu pour les accords de 2000 et de 2003 sur le renouvellement des soins de santé. Si on y ajoute la contribution supplémentaire du gouvernement du Canada, cela monte à 55 milliards de dollars.
M. Rob Merrifield: Voilà justement ce que je ne comprends pas. Si je ne m'abuse, l'Accord de 2003 sur la santé prévoyait 24,8 milliards de dollars. À cela, vous avez ajouté 2 milliards de dollars, n'est-ce pas?
M. Ian Shugart (sous-ministre adjoint, Direction générale de la politique de la santé et des communications, ministère de la Santé): C'est 34,8 milliards de dollars.
M. Rob Merrifield: D'accord.
L'Accord de 2000 prévoyait 20 milliards de dollars. C'était pour une période de cinq ans, mais cette période n'a pas encore débuté. Par conséquent, vous ne pouvez pas prendre ces deux chiffres, en faire la somme et arriver à 55 milliards de dollars. Je trouve que les chiffres que vous donnez prêtent à confusion. Il faudrait peut-être les clarifier quelque peu.
M. Ian Green (sous-ministre, ministère de la Santé): La somme de 55 milliards de dollars représente le total cumulatif des 20 milliards de dollars prévus par l'Accord de 2000 et des 34,8 milliards de dollars. Je n'ai pas la ventilation de cette somme par année, mais je peux vous l'obtenir. Cela représente les sommes d'argent considérables que le gouvernement a injectées dans le système de soins de santé pendant ces deux périodes.
M. Rob Merrifield: Les 34,8 milliards de dollars englobent ce qui restait des 20 milliards de dollars prévus dans l'Accord de 2000, si je ne m'abuse. Je ne vais pas me lancer dans de grands débats sur ces chiffres, mais je pense qu'en transmettant au comité les chiffres réels, vous pourriez dissiper tout malentendu à ce sujet.
Je reviens à l'accord sur la santé signé il y a un an. C'était un accord historique. Pour la première fois en 10 ans, les deux paliers de gouvernement, les provinces et le gouvernement fédéral, s'entendaient sur une stratégie quinquennale visant à assurer la viabilité du régime de santé. Certains événements devaient arriver la première année de l'accord, mais ils ne sont pas arrivés. Le gouvernement fédéral n'a pas pris d'engagement relativement à l'accord lorsqu'il a rencontré les premiers ministres des provinces le vendredi précédant le discours du Trône. Pas un mot à ce propos dans le discours du Trône ni dans le budget. Aucun engagement vis-à-vis des principes de l'accord ne transparaît dans tout ce que vous avez dit. Vous nous parlez maintenant d'un plan de 10 ans. Mais il y a déjà un plan quinquennal. Ce que j'aimerais savoir, et que les téléspectateurs voudraient aussi savoir, c'est où en sommes-nous en ce qui concerne l'engagement à mettre en oeuvre ce plan quinquennal?
L'hon. Pierre Pettigrew: Nous avons incontestablement rempli nos engagements financiers dans ce plan quinquennal. Certains disent que tous les éléments ne sont pas encore en place. Le Conseil de la santé a été créé et est dirigé par M. Michael Decter. J'ai assisté à sa première réunion à la fin de janvier. Je pense que le Conseil apportera une très importante contribution au débat. Nous avons mis sur pied l'Institut canadien sur la sécurité des patients, qui avait été annoncé le 10 décembre 2003, et signé une entente relative à une stratégie pancanadienne de promotion de modes de vie sains afin d'améliorer la santé des Canadiens de tout âge. Certains volets de l'accord ont donc déjà été mis en oeuvre.
Par ailleurs, certaines provinces ont amorcé différentes réformes, bien que je reconnaisse que toutes n'avancent pas au même rythme. Certaines provinces sont plus avancées, par exemple en ce qui concerne l'amélioration des services à domicile ou l'instauration d'un régime d'assurance-médicaments. Si on leur demande pourquoi elles n'ont pas tenu tous leurs engagements de 2003, certaines répondent qu'elles n'avaient pas assez d'argent pour procéder à toutes ces réformes, mais qu'elles sont d'accord avec l'orientation tracée dans l'accord. Certaines provinces ont déjà amorcé ces réformes. Il ne faudrait pas s'imaginer qu'on est train de réinventer la roue.
 (1225)
M. Rob Merrifield: D'après l'accord, le Conseil de la santé devait être établi au plus tard en mai. Or il ne l'a été qu'en décembre. Quoi qu'il en soit, il est en place maintenant.
L'hon. Pierre Pettigrew: Effectivement.
M. Rob Merrifield: D'accord. J'ai parlé à M. Decter la semaine dernière. Il est un peu inquiet, il se demande si l'accord va véritablement donner les résultats escomptés et si les intéressés vont tenir leurs engagements. Espérons que oui.
Il y a deux autres échecs majeurs dans la mise en oeuvre de l'accord. Premièrement, les indicateurs de la santé communs devaient être prêts en septembre. L'accord décrit en détail ce qui devait être mis en place et le dossier sur lequel il fallait travailler. J'en ai parlé la semaine dernière à plusieurs ministres de la Santé, parce que je crois que les deux paliers de gouvernement doivent faire leur part. Ils m'ont dit qu'il la faisait et qu'ils tenaient leurs engagements. Rien n'indique cependant que le gouvernement fédéral ait tenu ses promesses en ce qui concerne les indicateurs de rendement, malgré l'accord de la santé et les obligations qu'il comporte. Les choses vont-elles continuer ainsi? Est-ce que cela fait partie de votre plan de dix ans? Pas un mot à ce sujet dans votre plan de dix ans.
L'hon. Pierre Pettigrew: Nous nous sommes engagés à mettre au point ces indicateurs.
Monsieur Shugart.
M. Ian Shugart: C'est exact, monsieur le ministre. En vertu de l'accord de 2000, tous les gouvernements se sont engagés à publier la première série d'indicateurs au plus tard à l'automne 2002, ce qui a été fait. Toutes les provinces les ont rendus publics. Nous travaillons avec l'ensemble des provinces à mettre au point la prochaine série d'indicateurs et à appliquer certains des nouveaux indicateurs décrits dans l'accord de 2003. Nous sommes persuadés que tous les intéressés, y compris le gouvernement fédéral, seront en mesure de rendre publique la prochaine série de rapports sur les indicateurs à l'automne 2004, tel que prévu dans l'accord. Nous estimons donc que le projet avance comme prévu.
M. Rob Merrifield: D'après l'accord, cela devait être fait avant septembre 2003.
M. Ian Shugart: Oui.
M. Rob Merrifield: Et non en 2004.
M. Ian Shugart: Oui.
M. Rob Merrifield: Mais vous dites que cela se fera avec une année de retard.
M. Ian Shugart: Non, d'après l'accord de 2003, la date de la parution des rapports suivants était 2004, et nous pensons bien y arriver.
M. Rob Merrifield: Voilà qui est intéressant, car j'ai devant moi le texte détaillé de l'accord et on y dit que cette étape doit être terminée au plus tard en septembre 2003.
M. Ian Shugart: Je crois pouvoir vous répondre, monsieur Merrifield. L'entente visait l'établissement du contenu des indicateurs en 2003 et la publication du premier rapport sur ces indicateurs en 2004. Autrement dit, la première étape était de discuter des indicateurs, de les élaborer et de s'entendre sur ce sur quoi ils s'appliqueraient; ensuite, il faut un certain temps pour recueillir les données pertinentes pour pouvoir enfin présenter un rapport en 2004.
On s'est donc entendu sur le genre d'indicateurs qui seraient inclus dans le rapport et les provinces travaillent à recueillir ces données.
M. Rob Merrifield: Ian, sauf votre respect, tout cela est bien beau, sauf que l'accord prévoyait déjà le genre d'indicateurs qui feraient l'objet d'un rapport. Je ne vois donc pas sur quoi il fallait encore vous entendre avant septembre 2003 puisque tout était déjà prévu dans l'accord et qu'il suffisait de s'y conformer.
Je comprends que l'on ne puisse pas toujours respecter les échéances. Ce qui m'inquiète, c'est que je n'entends plus parler de l'engagement qui avait été pris dans l'accord et qui n'a pas été respecté. De plus, les normes de base pour les soins à domicile auraient dû être établies en septembre. Je n'ai rien entendu à ce sujet non plus.
 (1230)
M. Ian Green: J'aimerais préciser une chose concernant les indicateurs de rendement. Les ministres et les sous-ministres se sont entendus sur les indicateurs de rendement relatifs à l'accès, à la qualité et à la viabilité qui devront faire l'objet d'un accord et qui constitueront le fondement des rapports auxquels M. Shugart a fait allusion.
Pendant tout l'automne, nous avons mis la touche finale à l'entente sur le genre d'indicateurs de rendement qu'on voulait, en tenant compte de certaines modifications que souhaitaient les provinces. Il y a donc eu une entente de principe à l'automne et nous n'estimons pas accuser de retard au chapitre des indicateurs de rendement.
La question des soins à domicile n'a en effet pas encore été réglée. L'accord prévoyait essentiellement la création d'un ensemble de services, évalués selon les besoins et la couverture au premier dollar des soins actifs de courte durée à domicile, des soins en santé mentale et des soins de fin de vie. Nous sommes en pourparlers avec les provinces. Aucune entente n'est encore intervenue sur ce qui constituerait les éléments de cet ensemble. C'est un domaine très complexe. Je signale toutefois que bien des provinces ont déjà commencé à dispenser des soins à domicile, et les discussions se poursuivent.
Pour revenir à votre question de savoir si ces engagements sont intégrés à la vision de l'avenir, le premier ministre et le ministre ont dit clairement que la question des soins à domicile sera de nouveau soulevée lors des discussions qui se poursuivent avec les provinces sur le plan à long terme en matière de soins de santé.
M. Rob Merrifield: Vous êtes donc prêt à respecter l'engagement qui a été pris dans l'accord.
Ce qui est frustrant pour moi, c'est qu'on ne parle même plus de l'accord; l'accord n'a pas été mentionné dans le discours du Trône, dans le budget ou à la réunion avec les provinces. À cette première réunion avec les provinces, vous n'avez parlé que des 2 milliards de dollars supplémentaires déjà prévus par l'accord, ce que tous savaient déjà. Voilà ce que je trouve frustrant.
L'hon. Pierre Pettigrew: Cela faisait partie du discours que j'ai prononcé la semaine dernière. J'en ai parlé pendant mon discours de la semaine dernière à Toronto, et le premier ministre en a aussi fait mention. Nous avons parlé de l'accord sur la santé...
M. Rob Merrifield: Oui, mais seulement en passant, ce qui est très frustrant. Vous ne respectez pas les échéances... j'aurais cru que vous auriez commencé par dire pourquoi vous n'avez pas respecté ces échéances et ce que vous comptiez faire pour rectifier la situation.
Cela m'amène à parler de la couverture des médicaments onéreux et du rapport sur la santé des Autochtones qui figuraient aussi dans l'accord...
L'hon. Pierre Pettigrew: Mais c'est ce que nous faisons. Nous sommes bien conscients de n'avoir pas respecté les échéances. Lorsque j'ai parcouru le pays en janvier, pour rencontrer mes homologues, j'ai soulevé la question des éléments de l'accord qui n'avaient pas encore été concrétisés. C'est ce que je voulais vous dire quand... Ils me répondent, oui, Pierre, mais nous n'avons tout simplement pas assez d'argent en ce moment pour mettre en oeuvre toutes ces réformes.
Oui, nous avons conclu l'accord sur la santé en 2003. Nous en sommes encore aux premières étapes et nous faisons de notre mieux pour respecter les échéances, mais nous devons, toujours en tablant sur l'accord, revoir certains éléments.
M. Rob Merrifield: C'est important, car c'est la première fois en dix ans que les provinces et Ottawa—les deux ordres de gouvernement—dressent un plan quinquennal qui, malheureusement, dès la première année, ne répond pas aux attentes. Le gouvernement fédéral ne semble pas vouloir s'engager à concrétiser cet accord, et cela m'inquiète.
Mais mon temps est presque écoulé et je crois que nous avons fait le tour de cette question.
Parlons maintenant du mécanisme de règlement des différends qui a été créé en avril 2002. Il n'a jamais été contesté ni mis à l'essai et voilà que vous envisagez de modifier les critères et l'approche. J'ignore exactement quelle est votre position relativement à ce mécanisme, mais j'en ai beaucoup entendu parler ces derniers jours et je me demande si vous êtes prêt à vous engager à mettre en place le comité de règlement des différends tel qu'il a été conçu.
L'hon. Pierre Pettigrew: J'estime que le mécanisme de prévention des différends qui a été élaboré dans les lettres que se sont échangés Mme McLellan et le gouvernement de l'Alberta nous aide à mieux comprendre tout ce dossier.
Si nous voulons renforcer la Loi canadienne sur la santé, ce qui est notre intention... Notre gouvernement tient à renforcer la Loi canadienne sur la santé encore plus qu'au cours des 20 dernières années. Si c'est notre objectif, nous devons d'abord en discuter avec ceux qui assurent la prestation des services.
Depuis mon arrivée à Ottawa il y a bien des années, je mets en pratique la même méthode de travail : j'estime que le consensus mène à la conformité.
Ce sont de nouveaux éléments en matière de soins de santé et nous devons en discuter avec les intéressés. Les Canadiens croient aux cinq principes de la Loi canadienne sur la santé et veulent que la loi soit appliquée de façon stricte et cohérente. Parallèlement, il faut s'assurer d'adapter la terminologie à la situation et à la technologie d'aujourd'hui—quand on parle de ce qui est médicalement nécessaire, par exemple. À mon sens, ce n'est pas au cabinet fédéral de prendre ces décisions unilatéralement, car ceux qui dispensent les services...
 (1235)
M. Rob Merrifield: Ce que je vous ai demandé, c'est si le mécanisme de règlement des différends pose un problème?
La présidente: Monsieur Merrifield, votre temps est écoulé.
L'hon. Pierre Pettigrew: Non, non, il n'y a aucun problème. Mme McLellan a eu une correspondance très fructueuse avec le gouvernement de l'Alberta, qui a donné des résultats très utiles. Mais je veux aller au-delà de ça car je crois qu'il faut renforcer encore davantage la Loi canadienne sur la santé.
La présidente: Merci, monsieur le ministre.
Merci, monsieur Merrifield.
Je cède maintenant la parole à M. Ménard.
[Français]
M. Réal Ménard (Hochelaga—Maisonneuve, BQ): Merci, monsieur le ministre, d'être ici avec nous.
Pour qu'on se comprenne bien, dans les documents que vos fonctionnaires ont déposés lors de leur dernière comparution relativement à la ventilation de la contribution du gouvernement fédéral, on comprend que le 36 milliards de dollars pour les transferts dont vous parlez inclut aussi les points d'impôt. Les transferts comme tels, c'est 24 milliards de dollars, et les points d'impôt, c'est un autre dix milliards de dollars, ce qui nous amène à 36 milliards de dollars. Mais la contribution réelle pour les transferts aux provinces, on comprend qu'à l'instant où on se parle, c'est 24 milliards de dollars.
Je dois faire un constat assez triste, mais je compte sur vous pour corriger la situation. On est loin du 25 p. 100 que M. Romanow a demandé pour les transferts aux provinces.
Alors, voici ma première question: quand prévoyez-vous contribuer à hauteur de 25 p. 100 pour les paiements de transfert en santé alors que, vous le savez, cela devrait être 50 p. 100, selon les termes mêmes de la Loi sur l'assurance-hospitalisation? On ne pourra pas oublier, monsieur le ministre, que quand les libéraux ont été élus, il y avait 18,7 milliards de dollars pour les paiements de transfert. Ensuite, vous avez coupé unilatéralement, sans consultations--le mot « consensus » n'était pas très fort, à ce moment-là--, et vous avez ramené le transfert à 12,7 milliards de dollars. Il a fallu attendre jusqu'en 2003 pour remonter à 24 milliards de dollars.
Quand ça va mal dans les provinces, il faut savoir que c'est pas mal le gouvernement fédéral qui en est le responsable, car il y a eu une période de sept ou huit ans où vous avez coupé dans les transferts, sans négocier avec les provinces, sans signes précurseurs. Or, pour maintenir les systèmes de santé, il a fallu que toutes les provinces, sans égard aux allégeances partisanes... Vous êtes un peu plus vieux que moi, mais on n'a pas vu cela souvent, dans la diplomatie fédérale provinciale, un front commun de toutes les provinces, qui ont mobilisé leurs fonctions publiques et vous ont remis un rapport disant que les dépenses en santé allaient augmenter de 5 p. 100 par année. Et malgré tout, pendant des années, vous avez sous-investi dans le système.
Donc, je vous pose trois questions bien amicalement. Vous aimez citer le Rapport Romanow: vous l'avez fait à quatre reprises dans votre discours à Toronto. Pouvez-vous, sur votre parole d'honneur, nous dire que l'an prochain, pour les paiements de transfert en santé--pas les points d'impôt, ça, c'est autre chose--, vous serez conséquent avec vous-même et vous ramènerez cela à 25 p. 100?
Deuxièmement, monsieur le ministre, j'aimerais que vous m'expliquiez quelque chose quant à la question de l'imputabilité. C'est important. On veut tous savoir à quoi l'argent sert. Avez-vous des indications à l'effet que des provinces auraient détourné des fonds? Avez-vous des indications que, dans les différentes provinces, ces mécanismes d'imputabilité-là n'existent pas? Pourquoi le fédéral serait-il le gardien de l'imputabilité, alors que vous connaissez sa contribution financière?
Troisièmement, pouvez-vous nous parler davantage du Fonds pour l'adaptation des soins de santé primaires? Ce sont quand même 800 millions de dollars; ce n'est pas rien. J'aimerais que vous déposiez auprès de nous les projets qui seront soutenus pour le Québec.
Donc, je vous demande votre parole sur les 25 p. 100, je vous demande de nous dire pourquoi vous êtes si frileux, si suspicieux à l'endroit des mécanismes d'imputabilité qui existent déjà pour les provinces, et je vous demande de nous parler des 800 millions de dollars pour le Fonds pour l'adaptation des soins de santé primaires.
J'aurai trois autres questions pour vous.
L'hon. Pierre Pettigrew: D'abord, le 34 milliards de dollars, ce n'est que l'argent comptant, dans le chiffre que vous voyez. Cela ne fait pas partie des points d'impôt qui avaient été donnés il y a un certain nombre d'années. C'est ce que mes collaborateurs me disent. Je ne sais pas quel document...
M. Réal Ménard: Ça vient de votre ministère: cela comprend les points d'impôt. Je vous en ferai une copie.
L'hon. Pierre Pettigrew: De toute façon, vous allez être d'accord avec moi qu'à partir du moment où vous souhaitez avoir d'autres transferts de points d'impôt, vous devriez, si vous voulez, stratégiquement et politiquement, un petit conseil d'ami, nous donner l'envie...
 (1240)
M. Réal Ménard: Je sais que vous êtes un grand stratège.
L'hon. Pierre Pettigrew: Si vous voulez nous donner l'envie de transférer des points d'impôt, vous devriez les respecter par la suite. Si vous nous dites de transférer des points d'impôt, mais que par la suite cela ne compte pas, qu'on recommence à zéro et qu'on ne veut plus en tenir compte dans les calculs...
M. Réal Ménard: Ce n'est pas le transfert, ça.
L'hon. Pierre Pettigrew: Non, mais quand on a cédé les points d'impôt, on n'a plus accès à cette assiette fiscale, qui a été transférée. Alors, c'est quand même une contribution fédérale.
M. Réal Ménard: Mais ce n'est pas dans le transfert. Ne dites pas que c'est dans le transfert.
L'hon. Pierre Pettigrew: Je voulais dire « céder » des points d'impôt.
Ce qu'on me dit, c'est que le 34 milliards de dollars, c'est de l'argent comptant. Vous dites que non, mais mes gens vont examiner cela de plus près avec vous.
Je ne veux pas entrer dans une guerre de chiffres, à savoir ce que couvre le « Romanow gap » de 25 p. 100, etc. Est-ce que ça couvre seulement les services de santé du départ? Lorsque vous parlez du 50 p. 100 pour le système de santé, c'était la médecine et les hôpitaux. Je ne veux pas entrer aujourd'hui dans un débat sur les chiffres. D'abord, je n'en ai pas l'autorité, je ne suis pas le ministre des Finances. Alors, je ne peux pas vous donner ma parole d'honneur.
Vous me demandez de vous donner ma parole d'honneur. Je ne peux pas parler au nom du ministre des Finances et du gouvernement du Canada aujourd'hui et vous dire quels seront les chiffres. Ce que je vais vous dire, c'est que, comme ministre de la Santé, je vais jouer de toute l'influence dont je suis capable pour développer un plan de santé qui va nous assurer la viabilité à long terme de notre système de santé et engager le gouvernement canadien, sur une base permanente et en vertu de discussions avec les provinces, à faire en sorte que le gouvernement canadien soit là sur une base permanente, et pas seulement pour une période de trois ans ou quatre ans qu'on doit revoir constamment. On aura ainsi une formule en vertu de laquelle on saura si le gouvernement y est, et cela aura été discuté avec les provinces.
Tout ce que les provinces me disent par rapport aux réformes qu'elles ont besoin de faire, c'est qu'elles ont besoin de prévisibilité. Elles doivent savoir que le gouvernement canadien, après 2007-2008, sera là et à quelle hauteur. Je ne dis pas que le montant d'argent n'est pas important. Il l'est, bien sûr, mais le simple fait de savoir que ce sera là permet des engagements plus judicieux. Alors, on y sera, on y sera pour de bon, sur la base d'une formule qui sera transparente et connue.
M. Réal Ménard: Et vous n'adopterez plus l'approche cavalière de couper unilatéralement sans respecter les provinces.
L'hon. Pierre Pettigrew: C'est absolument l'engagement que je souhaite que notre gouvernement prenne dans le cadre d'un plan de santé où nous nous engagerions d'une manière solide. Je ne veux pas refaire le débat que nous avons eu dans les années...
M. Réal Ménard: Parlez-nous de l'imputabilité.
L'hon. Pierre Pettigrew: Il faut aussi dire que le Canada était sous examen au Fonds monétaire international.
M. Réal Ménard: Je connais ce discours-là. Parlez-nous de l'imputabilité. Pourquoi êtes-vous si suspicieux?
L'hon. Pierre Pettigrew: Je vais passer à l'imputabilité lorsque j'aurai reconnu que le déficit zéro, qui profite à chaque juridiction et au sujet duquel chaque juridiction me dit qu'elle y tient, au Québec comme ailleurs...
M. Réal Ménard: Mais vous n'avez pas coupé dans vos programmes, monsieur le ministre. Vous avez coupé davantage dans les transferts que dans vos programmes. Allez prendre un café avec M. Léonard, ça va vous faire du bien. C'est un homme que vous tenez en haute estime.
L'hon. Pierre Pettigrew: On ne tombera pas dans la partisanerie: aller voir M. Léonard...
M. Réal Ménard: Ne nous dites pas que le déficit... Vous avez annihilé le système de santé, vous avez mis les provinces dans des situations inacceptables. Votre discours me plaît quant à la volonté de collaboration, mais ne jouez pas les vierges offensées par rapport au passé.
L'hon. Pierre Pettigrew: Non, mais ce que je dis, c'est qu'il faut faire attention et mettre les choses dans la perspective qui est la leur.
M. Réal Ménard: La perspective, c'est que vous avez coupé dramatiquement sans consulter les provinces, et cavalièrement.
Quant à l'imputabilité, pourquoi pensez-vous être mieux placé pour demander des comptes que les provinces?
L'hon. Pierre Pettigrew: D'abord, qui parle de cela? Vous partez avec un point de vue, et vraiment je suis toujours sidéré quand j'entends une chose comme celle-là. Vous avez cette conception du fédéralisme où le gouvernement canadien doit être un gouvernement supérieur.
M. Réal Ménard: Pas de foi sans les oeuvres! Vous qui connaissez la théologie, pas de foi sans les oeuvres.
L'hon. Pierre Pettigrew: Réal, vous venez de dire, une fois de plus, que toutes les décisions qui ont été prises à Québec ne sont que le fruit de décisions qui avaient été prises à Ottawa. Je trouve que cette façon de déresponsabiliser les gouvernements provinciaux ne reflète pas ma philosophie du fédéralisme canadien où les deux ordres de gouvernements sont égaux. Ce sont deux gouvernements souverains, chacun dans sa juridiction.
M. Réal Ménard: Comment cela s'aménage-t-il dans l'imputabilité?
L'hon. Pierre Pettigrew: Un instant, j'y arrive. Vous me dites, encore une fois, que toutes les décisions qui ont été prises à Québec au cours des années 1990 quand vos amis péquistes étaient au pouvoir sont le fruit d'Ottawa. Moi, je vous dis: un instant.
M. Réal Ménard: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je suis un homme nuancé.
L'hon. Pierre Pettigrew: Il ne faut pas déresponsabiliser les ordres de gouvernement. Je crois que l'imputabilité doit être faite vis-à-vis des citoyens. J'ai négocié moi-même la Prestation nationale pour enfants il y a quelques années. Personne ne croyait, au moment où j'ai commencé à négocier la Prestation nationale pour enfants...
M. Réal Ménard: Vous prenez mon temps en parlant d'histoire, et il ne me sera pas compensé. Allez-y.
L'hon. Pierre Pettigrew: Alors, qu'est-ce que l'imputabilité dans la Prestation nationale pour enfants?
M. Réal Ménard: Parlez-moi de la santé. Quelle forme prend l'imputabilité?
L'hon. Pierre Pettigrew: Je vous dis que le modèle, c'est de fixer ensemble des objectifs et que ces objectifs soient, d'une façon transparente, rendus publics auprès des citoyens. Ce n'est pas Québec qui rend des comptes à Ottawa.
M. Réal Ménard: Qui va les rendre publics?
L'hon. Pierre Pettigrew: Le gouvernement du Québec va les rendre publics auprès des citoyens québécois.
 (1245)
M. Réal Ménard: Mais ça existe déjà, les rapports à la régie régionale. Vous parlez comme si l'imputabilité n'existait pas.
L'hon. Pierre Pettigrew: Alors, si cela existe déjà...
[Traduction]
La présidente: Quand vous interrompez le ministre, nous perdons l'interprétation. Nous entendons la fin des interventions du ministre, mais pas la vôtre. Je suggère donc que ce soit un à la fois. Je vous rappelle aussi qu'il ne vous reste que 20 secondes.
[Français]
M. Réal Ménard: Oui.
L'hon. Pierre Pettigrew: Donc, l'imputabilité, je ne vous dis pas que cela n'existe pas. Si vous dites que c'est déjà fait, alors, n'ayez pas peur. Si vous me dites que c'est déjà fait et que le gouvernement du Québec assume parfaitement cette imputabilité, alors, je vous dis de ne pas vous inquiéter, c'est déjà fait. Donc, pourquoi cela vous fait-il tellement peur d'avoir une imputabilité supérieure?
M. Réal Ménard: Pierre, je vais vous dire une chose. Je termine là-dessus.
Est-ce que je peux terminer?
[Traduction]
La présidente: Merci, monsieur Ménard. Je suis désolée, mais vous avez dépassé les dix minutes dont vous disposiez.
Madame Desjarlais, vous avez la parole.
Mme Bev Desjarlais (Churchill, NPD): Merci, madame la présidente.
Ma première question appelle une réponse de deux ou trois mots, selon le chiffre. La Loi canadienne sur la santé comprend deux régimes d'application, l'un sur la facturation et le ticket modérateur, le second, sur le non-respect des cinq critères de la loi. Aux termes de ce dernier régime, le ministre de la Santé doit intervenir quand une province ne respecte pas les critères de la loi en lui remettant un avis faisant état du problème. Compte tenu des nombreux cas de prestations de soins de santé à but lucratif par les provinces, combien de ces avis ont été remis à des gouvernements provinciaux depuis l'entrée en vigueur de la Loi canadienne sur la santé en 1984?
L'hon. Pierre Pettigrew: Je demanderais à M. Shugart de répondre à votre question.
M. Ian Shugart: Je n'ai pas le chiffre exact en tête, mais je peux recommuniquer avec vous pour vous donner la réponse. La réponse se trouve aussi dans le rapport annuel sur la Loi canadienne sur la santé.
Mme Bev Desjarlais: Vous n'avez pas un ordre de grandeur à nous donner? Est-ce que ce serait de un à dix, de dix à vingt? Depuis l'entrée en vigueur de la loi.
M. Ian Shugart: Vous parlez de...
Mme Bev Desjarlais: D'avis faisant état d'une infraction à la loi.
M. Ian Shugart: Les avis obligatoires ou discrétionnaires?
Mme Bev Desjarlais: Combien d'avis faisant état de l'existence de soins de santé à but lucratif ont été délivrés aux provinces, approximativement? Est-ce de un à dix, de dix à vingt, depuis l'entrée en vigueur de la Loi canadienne sur la santé?
M. Ian Shugart: L'administration de la loi se fonde...
Mme Bev Desjarlais: Depuis votre arrivée au ministère, combien, un à dix?
M. Ian Shugart: Ce n'est pas ainsi que l'on procède pour les soins de santé à but lucratif.
Mme Bev Desjarlais: Pourrait-on dire qu'aucun de ces avis n'a été émis?
M. Ian Shugart: Aucun avis n'est émis pour la prestation de soins de santé à but lucratif, mais il peut y en avoir pour la surfacturation ou l'imposition d'un ticket modérateur.
Mme Bev Desjarlais: Et qu'en est-il du non-respect de la loi?
M. Ian Shugart: Aucune peine n'a été imposée aux provinces aux termes d'un avis discrétionnaire relatif à l'un ou l'autre des cinq principes de la loi, mais il y a eu des avis obligatoires pour la surfacturation ou l'imposition d'un ticket modérateur.
Mme Bev Desjarlais: C'est la réponse que je voulais.
Deuxièmement, monsieur le ministre, il ne fait aucun doute que les Canadiens accordent une très grande valeur à leur système de soins de santé. Vous avez dit à plusieurs reprises que les Canadiens souhaitent que la Loi canadienne sur la santé soit respectée. Pour les Canadiens, notre système est un système universel, à but non lucratif et public. Je parierais que la plupart des Canadiens ne connaissent pas les cinq principes de la Loi canadienne sur la santé, mais ils s'attendent à ce que leurs gouvernements, fédéral et provincial, leur garantissent des soins de santé universels et à but non lucratif. C'est ce qu'ils veulent. Or, votre gouvernement n'a jamais affirmé qu'il n'appuierait pas la prestation de soins de santé à but lucratif au Canada. Il n'a pas affirmé qu'il fera l'impossible pour que notre système reste universel, public et à but non lucratif. À la lumière des nombreuses observations faites par le ministre et le premier ministre concernant l'inclusion du secteur privé pour dispenser des soins à but lucratif au sein de notre système, j'aimerais que le ministre nous indique si lui et le gouvernement du Canada appuieront la prestation de soins de santé à but lucratif au Canada.
 (1250)
L'hon. Pierre Pettigrew: Notre gouvernement appuie les cinq principes de la loi. Vous insistez beaucoup sur la prestation à but lucratif. Nous, nous nous engageons à ce que le système reste administré de façon publique et financé à même une seule source publique afin que tous les Canadiens et Canadiennes reçoivent les services dont ils...
Mme Bev Desjarlais: Vous nous dites donc, si je peux me permettre de vous interrompre...
L'hon. Pierre Pettigrew: Je vous en prie.
Mme Bev Desjarlais: Je n'ai que quelques minutes; voilà pourquoi je me sens obligée de vous interrompre.
Vous nous dites donc que vous seriez d'accord pour que l'argent des contribuables serve à financer la prestation à but lucratif de soins de santé, la méthode qui s'est avérée la plus coûteuse et la moins efficace.
L'hon. Pierre Pettigrew: Ce que je vous dis, c'est qu'il est important, je dirais même impératif, que tous les Canadiens et Canadiennes aient accès aux services qui sont médicalement nécessaires, mais que l'expression « médicalement nécessaire », devra être revue et redéfinie avec les provinces. On ne s'entend pas tous sur ce qui est médicalement nécessaire.
À mon avis, l'administration publique du système ne signifie pas qu'il n'y a aucune place pour...
Mme Bev Desjarlais: La réalisation de profits sur le dos des malades?
L'hon. Pierre Pettigrew: À une certaine époque, dans les hôpitaux, les services de cafétéria, de blanchisserie et d'autres étaient assurés différemment...
Mme Bev Desjarlais: Vous ne laissez donc pas entendre que les services de santé pourraient être à but lucratif, mais seulement que certains aspects le seraient, tels que l'entretien des installations, par exemple, mais pas les services médicaux. Faites-vous une distinction entre...
L'hon. Pierre Pettigrew: Non, je dis que la Loi canadienne sur la santé n'empêche pas la prestation de services par le secteur privé à condition que tous les services soient payés par l'État.
Mme Bev Desjarlais: Je vois.
Reconnaissez-vous que la plupart des Canadiens croient que leur système de soins de santé est un système à but non lucratif et que c'est ce qu'ils appuient? Êtes-vous prêt à reconnaître que c'est ce que veulent les Canadiens?
L'hon. Pierre Pettigrew: L'essentiel, c'est l'administration par l'État. Il faut aussi qu'il y ait un seul payeur...
Mme Bev Desjarlais: Je ne suis pas d'accord.
L'hon. Pierre Pettigrew: Vous n'êtes peut-être pas d'accord, mais vous me demandez si la loi interdit quoi que ce soit, et je vous dis que ce n'est pas nécessairement le cas. Je vous affirme aussi que je m'engage à faire respecter les cinq principes de la loi, et non pas votre interprétation de la loi, sauf votre respect, ou ce que d'autres peuvent en penser. Notre engagement porte sur l'administration publique, l'intégralité, l'universalité, la transférabilité et l'accessibilité.
Mme Bev Desjarlais: Mais vous ne vous engagez pas à vous opposer à la prestation à but lucratif des soins de santé? Oui ou non? Votre engagement ne porte pas sur la prestation à but non lucratif des soins de santé?
M. Ian Green: Je crois que le ministre dit que le Canada...
Mme Bev Desjarlais: Il me semble que le ministre pourrait probablement me répondre lui-même. Puisqu'il est ici, il devrait me répondre lui-même.
M. Ian Green: Je crois qu'il est tout à fait prêt à le faire. Je voulais simplement signaler qu'il souligne que la Loi canadienne sur la santé n'interdit pas la prestation de soins de santé par le secteur privé tant que les patients assurés n'aient pas à payer pour les services de santé assurés.
Mme Bev Desjarlais: D'accord, mais je crois que ce qu'il faut, c'est être honnête avec les Canadiens. Le gouvernement vient de nous dire qu'il fera la promotion des services de santé à but lucratif.
L'hon. Pierre Pettigrew: Vous emploierez les termes que vous voudrez, madame Desjarlais, et j'emploierai les termes que je veux. Ma position est très claire et je suis très honnête avec les Canadiens, tout autant que vous. Je sais que vous aimez vous montrer vertueuse, mais je peux aussi être franc et honnête. Je vous dis que les provinces ont un rôle à jouer dans ce pays. Je sais que les néo-démocrates ne comprennent pas cela. Les provinces dispensent les services de santé aux Canadiens. Nous croyons que tout service médicalement nécessaire doit être dispensé aux Canadiens, qu'ils soient en mesure de le payer ou non, s'ils en ont besoin.
Il est important que nous discutions avec les provinces de la meilleure façon de dispenser les soins de santé. Vous dites que si c'est privé, c'est mauvais. Très bien. Moi, j'estime qu'il y a des possibilités de prestation par le secteur privé, à condition qu'il n'y ait qu'un payeur, l'État. C'est ce que stipule la loi.
Vous pouvez continuer de scander vos slogans et d'affirmer que tout ce qui est à but lucratif est mauvais, si vous le voulez. Moi, je vous dis que nous allons collaborer avec les provinces pour préciser toutes ces choses et que si les Canadiens sont mieux informés, la situation n'en sera que meilleure.
 (1255)
Mme Bev Desjarlais: Est-ce qu'il me reste encore un peu de temps, madame la présidente?
La présidente: Il vous reste une minute.
Mme Bev Desjarlais: Je ne voulais pas laisser entendre que les provinces ne sont pas des partenaires. Mais les provinces ont indiqué que si le gouvernement fédéral avait versé sa part, comme l'a fait remarquer M. Ménard, et si on déployait des efforts pour que la part du fédéral atteigne 25 p. 100 comme l'a recommandé la Commission Romanow, les provinces seraient tout à fait disposées à continuer de dispenser des soins de santé à but non lucratif.
En réalité, vous venez de nous dire que vous appuierez les services de santé à but lucratif. Je ne prétends pas que tous les services privés sont mauvais, mais il a été prouvé que la prestation à but lucratif et par le secteur privé de services de santé entraîne une hausse de la mortalité et une baisse des soins dispensés à tous. Ce n'est pas le meilleur système.
Si vous avez des preuves du contraire, j'aimerais que vous nous les présentiez aujourd'hui.
Merci.
La présidente: Merci, madame Desjarlais.
Je cède maintenant la parole à Mme Whelan.
L'hon. Susan Whelan (Essex, Lib.): Merci, madame la présidente, et merci beaucoup à vous, monsieur le ministre, d'être venu témoigner aujourd'hui sur le Budget principal. Je crois que c'est la raison de cette réunion d'aujourd'hui.
En guise de préambule, je vous dirai que j'aimerais bien tenir un débat sur notre système de soins de santé, mais nous sommes ici pour traiter plus précisément du Budget principal et c'est ça qui m'intéresse, moi, qui viens de Windsor, dans le comté d'Essex en Ontario. Pendant des années, cette région n'a pas reçu les services dont elle avait besoin de la province. Le gouvernement néo-démocrate de Bob Rae a imposé les premières fusions municipales dans la ville de Windsor, sans pour autant lui verser davantage d'argent. Nous venons à peine de nous en remettre. Nous avons maintenant un nouveau gouvernement provincial libéral et nos attentes sont grandes.
Maintenant, parlons plus précisément du Budget principal. Peut-être pourriez-vous me donner une précision. J'ai du mal à comprendre les paiements de transfert.
Dans le Budget principal des dépenses de 2003-2004 et celui de 2004-2005, au chapitre des subventions et contributions, sous la rubrique appelée « Promotion et protection de la santé », je vois que les subventions à des personnes et à des organismes pour entreprendre des projets de promotion de la santé dans les domaines de la santé communautaire, de la création de ressources, de la formation et du perfectionnement des connaissances, et de la recherche sont passées de 26 millions de dollars à environ 21 millions de dollars. Je vois à la même rubrique que les contributions sont passées de plus de 41 millions de dollars à environ 8 millions de dollars.
Peut-être pourriez-vous me dire de quoi il s'agit.
L'hon. Pierre Pettigrew: Ce sont les trois programmes que nous avons été en mesure de maintenir cette année. Nous avons obtenu des fonds pour chacun de ces trois projets pour cette année.
Je demanderai à Patrick de vous donner plus de détails.
M. Patrick Borbey (sous-ministre adjoint, Direction générale des services de gestion, ministère de la Santé): Il y a trois programmes dont le financement devait prendre fin le 31 mars 2004. Ce sont la stratégie de prévention de l'hépatite C, la stratégie sur le diabète et la stratégie de guérison des Innus du Labrador. Le gouvernement a décidé de renouveler ces programmes pour une autre année. Le financement fait partie du cadre financier. Nous devons obtenir l'approbation du Conseil du Trésor et, ensuite, ces fonds figureront dans le Budget des dépenses supplémentaires A.
Le total, pour ces trois programmes, est d'environ 46 millions de dollars, ce qui explique la baisse qui figure sur cette ligne. Ces fonds figureraient aussi normalement à deux ou trois autres endroits.
L'hon. Susan Whelan: Cela m'inquiète beaucoup de voir ce genre de diminution dans le Budget principal. La prestation des soins de santé, la prévention et la promotion de la santé sont des choses qui doivent se faire en temps opportun. Si nous voulons faire de la prévention et de la promotion, il est important de le faire de la façon la plus proactive possible.
J'ai une autre question pour vous, monsieur le ministre : s'agissant justement de promotion de la santé et de prévention... Il s'est passé quelque chose en Ontario il y a quelques semaines. On a commencé à envisager d'ajouter la taxe provinciale aux repas de moins de 4 $.
Dans mes conversations avec mes électeurs, il a été suggéré—et c'est ce que j'ai suggéré à des représentants du secteur alimentaire—que les gouvernements fédéral et provinciaux unissent leurs efforts pour promouvoir ce que j'appelle les repas santé—des aliments nutritifs. J'ignore si nous pourrions élaborer des normes pour les repas de moins de 5 $ ou 6 $ et qui encourageraient les gens à choisir les repas santé qui ne sont pas assujettis à la taxe provinciale ou fédérale.
J'ignore si vous parlez de ces idées ou de ces suggestions avec les fonctionnaires de votre ministère ou avec le ministre des Finances, mais nous savons que les soins de santé coûtent de plus en plus cher. Pourquoi? Parce que les Canadiens ne prennent pas nécessairement bien soin d'eux-mêmes. Comment changer cette situation? En amenant les Canadiens à changer leur mode de vie. Il faut inciter les Canadiens à être plus actifs. Le dernier rapport sur l'obésité fait état d'une situation épouvantable. Et je vois maintenant que l'on a réduit les fonds consacrés à la promotion de la santé. Or, j'estime que ce budget ne devrait pas être maintenu au niveau de 2003-2004, mais devrait plutôt être augmenté. Je crois aussi que nous devrions examiner tous les aspects permettant de susciter un mode de vie sain. Quels sont les choix qui s'offrent aux Canadiens?
Nous ne semblons pas expliquer aux Canadiens qu'il est important qu'ils assument une part de responsabilité pour leur santé. C'est une suggestion que je vous fais. Vous avez peut-être d'autres idées semblables dont vous aimeriez nous faire part.
· (1300)
L'hon. Pierre Pettigrew: Je suis entièrement d'accord avec vous et je suis très heureux des progrès que nous avons réalisés en vue de créer une agence de santé publique. Je suis convaincu que la santé publique est extrêmement importante, que c'est un déterminant important de l'avenir de nos soins de santé et de nos services de santé publique.
Dans la plupart des provinces, les coûts de dialyse ont augmenté de 16 p. 100 l'an dernier ou ces dernières années. Cette augmentation de 16 p. 100 des coûts de dialyse est liée à une forme de diabète qui peut être prévenue avec un niveau suffisant d'activité et un régime alimentaire sain.
J'espère beaucoup qu'en mettant l'accent sur la santé publique, nous saurons mener de meilleures campagnes de sensibilisation. À l'heure actuelle, le programme de lutte antitabac, au budget de plus de 13 millions de dollars, a donné des résultats... a reçu une augmentation de 13 millions de dollars. Il a donné de si bons résultats... peut-être pas si bons que ça, mais c'est maintenant l'obésité et non plus le tabac qui est notre principal défi. Les fonds consacrés à la stratégie antidrogue ont été majorés de 16 millions de dollars. La stratégie d'accès aux produits thérapeutiques a un budget de plus de 29 millions de dollars. Nous consacrons aussi 9 millions de dollars à l'immunisation.
Je suis donc totalement d'accord avec vous pour dire que nous devons encourager un mode de vie sain de concert avec les provinces et les territoires et je suis aussi d'accord avec vous pour dire que nous devons mieux informer les Canadiens sur la nutrition.
L'hon. Susan Whelan: J'espère que c'est ce que nous ferons. Nos soins de santé nous coûtent de plus en plus cher, c'est l'escalade, mais nous savons où se situent les problèmes et nous savons aussi que nous, les Canadiens, pouvons assumer notre part de responsabilité, mais que le gouvernement, lui, se doit d'intervenir et d'apporter son aide. Quand je vois les rapports d'étude sur l'obésité, je trouve cela effrayant. Je suis certaine que tous les Canadiens sont de mon avis. La situation est terrible.
Que faire pour que cela change? Comment amener les Canadiens...
L'hon. Pierre Pettigrew: Comme vous le savez, nous avons le guide alimentaire, qui est de plus en plus consulté. Les Canadiens l'utilisent toujours davantage.
Vous avez raison, cependant, nous devons...
L'hon. Susan Whelan: C'est une combinaison. Auparavant, nous avions le programme ParticipAction qui, je crois, fait l'objet d'une réinvention, ou sera réinventé, dans cette optique. Lorsque j'étais une jeune élève, par contre, ce programme était offert dans toutes les écoles primaires. C'était très motivant de faire certaines activités, de participer, et de devenir plus active. Je crois qu'il est important que les enfants qui vont à l'école primaire, ou les étudiants du secondaire aient cette même motivation. Je crois qu'il est aussi important d'être plus dynamique dans nos collectivités afin que les gens s'activent, qu'ils marchent ou qu'ils fassent d'autres exercices, ou que nous ayons des installations sportives. Beaucoup de collectivités n'ont pas de telles installations. Bien sûr, vous, en qualité de ministre de la Santé, n'êtes pas le seul responsable. Selon moi, de plus vastes discussions entre différents ministères s'imposent.
J'ai aussi une question au sujet des Instituts de recherche en santé du Canada et des paiements de transfert. Nous avons parlé de subventions pour des projets de recherche et pour appuyer les membres du personnel, ainsi que de la situation aux instituts. Je crois qu'il s'y fait beaucoup de bon travail, cela ne fait aucun doute, mais comment élargir cette sphère afin d'englober des organisations et des champs de recherche qui ne sont pas généralement associés à la santé?
À titre d'exemple, la première cause de mortalité et de blessures chez les enfants dans ce pays n'est pas la maladie, mais plutôt les accidents automobiles. Pourtant, lorsque les fabricants automobiles nous demandent des fonds pour la recherche, nous refusons.
Comment apporter les changements qui nous permettront de travailler avec nos professionnels de la santé et avec les secteurs industriels concernés afin que nous reconnaissions les besoins et l'importance de telles initiatives, et afin que nous comprenions les coûts que cela représente pour notre système de santé? De telles blessures entraînent des coûts à long terme, mais elles sont évitables.
· (1305)
L'hon. Pierre Pettigrew: En ce qui concerne la recherche et l'innovation, nous avons fait des investissements massifs, appréciables. Ceux-ci s'élèvent actuellement à deux tiers de milliard de dollars pour les Instituts de recherche en santé du Canada. Il s'agit d'un montant considérable. Je crois que cela représente une somme additionnelle de 40 millions de dollars, ou un montant additionnel de 39 millions de dollars dans le dernier budget. Cela ne se reflète pas encore dans les chiffres du Budget principal des dépenses dont nous sommes saisis.
Des représentants des IRSC sont ici présents, je crois, et seraient en mesure de vous éclairer sur l'ampleur de la recherche à l'heure actuelle, si vous le souhaitez.
L'hon. Susan Whelan: En fait, je m'intéresse à un champ de recherche très précis. Je serais très heureuse de poursuivre mes discussions sur ce sujet avec eux, car je sais que ce projet n'a pas reçu de financement, et je sais que la demande a été présentée à quelques reprises.
Mon troisième sujet de préoccupation concerne les soins aux patients. Dans vos remarques préliminaires, vous avez dit : « Nous devons mettre un terme à ce débat destructeur et débilitant au sujet de l'argent! » Je suis tout à fait d'accord avec vous, mais pour ce qui est des soins aux patients, il y a un problème d'argent que nous devrons régler.
Encore une fois, je reviens au réseau hospitalier du comté de Windsor—Essex, d'où je viens, et je pense aussi aux défis que doivent relever les collectivités rurales, dont vous avez parlé. À l'île Pelée, région habitée la plus méridionale du Canada, on a recours aux infirmières praticiennes depuis une vingtaine d'années. Personne ne s'est rendu là-bas pour discuter avec les autorités responsables, pour comprendre comment fonctionne leur système ou pour étudier la santé des habitants. Par conséquent, je crois que nous discutons de ces questions en vase clos, dans une certaine mesure, ce qui est intéressant.
Lorsque j'examine la situation du comté de Windsor—Essex, je...
La présidente: Je suis désolée, madame Whelan, votre temps de parole est écoulé.
L'hon. Susan Whelan: Vraiment?
La présidente: Oui, votre temps est plus qu'écoulé.
L'hon. Susan Whelan: Je voulais simplement terminer ma question au sujet des soins aux patients, madame la présidente, et ensuite...
La présidente: Je me demande si le ministre serait prêt à répondre à votre question lors d'un deuxième tour ou à la fin de la réunion.
L'hon. Susan Whelan: Oui, vous pouvez inscrire mon nom pour un deuxième tour.
La présidente: Merci beaucoup.
Nous allons maintenant commencer le deuxième tour de questions avec M. Merrifield qui a cinq minutes. Ensuite nous passerons à M. Kilgour, M. Ménard et M. Barrette, qui disposeront chacun de cinq minutes seulement, et je vous demande d'être succincts dans vos questions afin que le ministre ait le temps de répondre.
M. Rob Merrifield: Merci.
J'aimerais poursuivre dans un autre ordre d'idées et vous poser une question sur une initiative qui reçoit mon appui, l'appui de mon parti, et, je le crois, celui de tous ceux qui sont réunis autour de cette table. Il s'agit de l'Inforoute santé, qui fait en sorte que les dossiers médicaux suivent les patients. Plus d'un milliard de dollars ont été investis dans l'Inforoute santé, mais il me semble que les résultats tardent à se manifester. J'aimerais savoir de quelle façon l'argent est dépensé, et j'aimerais connaître les progrès réels qui ont été réalisés relativement à l'Inforoute santé.
Je remarque que le sous-ministre de la Nouvelle-Écosse a éprouvé des difficultés à cet égard; il a eu des problèmes d'ordre bureaucratique lorsqu'il a tenté d'obtenir des fonds. En outre, les sommes destinées à l'Inforoute santé vont seulement aux logiciels. Il y a beaucoup d'argent affecté aux logiciels. Pouvez-vous me donner une idée précise de la situation?
M. Ian Green: Nous avons reçu du financement au titre de l'Inforoute pour mettre en place graduellement le dossier médical électronique, et pour poursuivre sur la lancée de la télésanté. En outre, monsieur Merrifield, l'Inforoute s'est vu attribuer des fonds supplémentaires afin qu'il y ait un travail conjoint avec les provinces et les territoires dans les domaines de la surveillance publique liée à la santé publique. Ainsi, les objectifs de l'Inforoute sont à la fois très vastes et très intéressants.
L'Inforoute santé est dotée d'un plan d'activités. Ce plan d'activités est fondé sur les cinq composantes clés du dossier médical électronique. Je n'ai pas les montants exacts sous la main aujourd'hui, toutefois, je sais que des montants non négligeables sont transférés vers l'Inforoute à l'heure actuelle. L'Inforoute n'a pas été conçue pour être l'objet de dépenses faites sans discernement. Elle a plutôt été conçue pour que nous dépensions des fonds en consultation avec les provinces, les territoires ainsi que d'autres partenaires afin de jeter les bases du dossier médical électronique. L'Inforoute comporte des initiatives dans cinq domaines d'activités, notamment un registre de patients, l'enrichissement des renseignements pharmaceutiques, etc. L'Inforoute reçoit actuellement du financement, et une autre somme considérable est prévue pour bientôt. L'Inforoute est dotée d'un plan d'activités qui a été rendu public et qui est connu dans tout le pays. Ce plan d'activités constitue la base de nos travaux.
Je ne suis pas au courant de la situation particulière du sous-ministre de la Nouvelle-Écosse, mais je sais que les sous-ministres de tous les provinces et territoires sont membres de l'Inforoute et ont approuvé le dernier plan d'activités à l'unanimité.
M. Rob Merrifield: Au lieu de prendre le temps du comité, le ministre pourrait peut-être s'engager à nous faire une mise à jour à ce sujet lors d'une séance d'information ultérieure afin que nous connaissions la situation dans ses détails. Cela répondrait à mes préoccupations à cet égard de façon satisfaisante.
J'aimerais passer à un autre...
L'hon. Pierre Pettigrew: Je suis particulièrement heureux du fait que le Québec participe désormais au programme de l'Inforoute santé.
M. Rob Merrifield: Je sais que Réal sera heureux de vous l'entendre dire.
L'autre question que je voulais soulever se rapporte à une préoccupation qui a fait l'objet d'une étude sérieuse de la part du comité l'année dernière. Il s'agit de rapports sur les données portant sur la santé des Autochtones, rapports qui ont fait l'objet de changements. La date limite de dépôt de rapports avait d'abord été fixée au mois de septembre dernier, ensuite cette date a été reportée au 1er mars, puis on a de nouveau reporté l'échéance. Pouvez-vous me dire ce qu'il en est, et m'indiquer si ce gouvernement est déterminé à obtenir...
· (1310)
L'hon. Pierre Pettigrew: Nous avons résolu le problème des formulaires de consentement pour...
M. Rob Merrifield: Vous l'avez résolu?
L'hon. Pierre Pettigrew: Mme MacLean répondra à cette question.
La présidente: Madame, veuillez vous identifier au début de votre intervention pour le compte rendu.
Mme Leslie MacLean (directrice générale, Services de santé non assurés, Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits, ministère de la Santé): Bonjour.
Comme vous vous rappelez, lors de notre dernière comparution devant le comité au mois de septembre, nous avons soulevé la question du consentement. À l'époque, nous vous avions expliqué que les trois objectifs de l'initiative étaient de préserver l'accès aux prestations de soins de santé pour les Premières nations et pour les Inuits, de protéger et de respecter la vie privée et de protéger la sécurité des gens.
Vous avez raison de dire qu'il a coulé beaucoup d'eau sous les ponts depuis. Au début février, le ministre a été en mesure d'annoncer une nouvelle approche du consentement, simplement parce que beaucoup de choses avaient changé en ce qui concerne la vie privée. Parmi ces changements figurent les excellents commentaires et suggestions que nous avons reçus de la part des clients de ce programme qui sont Inuits et membres des Premières nations. Le ministre a été en mesure d'annoncer une approche ciblée du consentement. Selon celle-ci, le consentement ne serait exigé que dans très peu de cas, soit les cas où la sécurité du patient ou un usage inadéquat du système pourrait poser problème.
J'espère que cela répond à votre question.
M. Rob Merrifield: Oui, merci.
La présidente vient de me dire qu'il me reste 30 secondes, alors je vais poser deux petites questions.
D'abord, avant les élections, l'agent de santé publique en chef du Canada va-t-il être désigné maintenant que nous assistons à une nouvelle flambée du SRAS en Chine? La maladie pourrait éventuellement se propager jusqu'ici, alors sommes-nous vulnérables sans que cela se produise? En ce qui concerne l'agence, je sais que nous avons discuté du montant alloué dans le budget. Nous voulons connaître les résultats et l'échéancier réel relativement à la mise sur pied de ce système.
Je suis également préoccupé par le dossier de l'hépatite C. Allez-vous réexaminer ce dossier et faire ce qui s'impose? Il est peut-être temps pour le gouvernement de se libérer la conscience à ce sujet.
La présidente: Merci, monsieur Merrifield.
Il nous reste du temps pour une réponse très brève du ministre, au sujet de l'agent de santé publique en chef du Canada, peut-être.
L'hon. Pierre Pettigrew: Nous n'allons pas revoir les mesures d'indemnisation pour l'hépatite C à l'heure actuelle.
Pour ce qui est de l'agent de santé publique en chef, je ne peux pas vous donner la date des élections, je l'ignore moi-même, mais je sais que nous allons agir dès que possible dans le dossier de l'agent de santé publique en chef.
La présidente: Merci, monsieur le ministre.
L'hon. Pierre Pettigrew: Des mesures seront prises au cours des prochaines semaines.
La présidente: Merci, monsieur Merrifield.
Nous allons passer à M. Kilgour. M. Kilgour a la parole.
[Français]
L'hon. David Kilgour (Edmonton-Sud-Est, Lib.): Merci, madame la présidente.
Merci d'être venu, monsieur le ministre.
[Traduction]
J'aimerais poser certaines questions au sujet des professionnels formés à l'étranger. La blague suivante circule à Edmonton : si vous voulez un docteur, appelez un taxi. J'imagine que cela s'applique à beaucoup d'autres endroits au Canada, mais, en fait, il n'y a pas de quoi rire. Savez-vous combien de professionnels de la santé formés à l'étranger travaillent au Canada dans un domaine autre que celui de leurs études? Quels progrès réalisons-nous à cet égard?
L'hon. Pierre Pettigrew: Je n'ai pas ce renseignement, mais nous pouvons essayer de le trouver. Comme vous le savez, nous discutons énormément de cette question avec les provinces à l'heure actuelle, car ce sont elles qui disposent des leviers. Il y a aussi les collèges des médecins et autres institutions équivalentes.
L'hon. David Kilgour: Dans ce cas, parlons du financement de la résidence par le gouvernement fédéral. Qu'en est-il de cette initiative?
M. Ian Shugart: Monsieur Kilgour, nous accélérons la reconnaissance des diplômes étrangers. Nous estimons qu'il faudra environ trois ans pour terminer ce processus et que ces diplômés étrangers commencent à s'insérer dans le système de santé canadien, une fois que nous aurons mené à bien cette initiative.
Nous collaborons également avec les provinces pour faire de même dans le cas des infirmiers et des infirmières et d'autres professionnels de la santé.
L'hon. David Kilgour: Dites-moi si mes données sont exactes. Par exemple, je crois savoir que chaque année au Canada 2 000 étudiants obtiennent leur diplôme de médecine et qu'environ 1 000 d'entre eux partent presque aussitôt, la plupart vers les États-Unis. La Grande-Bretagne, qui compte environ le double de notre population, compte environ 6 000 nouveaux médecins à chaque année, à ce qu'on me dit. Ces données ne montrent-elles pas que nous avons un véritable problème en ce qui a trait aux médecins et, j'en suis sûr, d'autres professionnels de la santé?
· (1315)
M. Ian Shugart: On discute toujours du nombre de médecins qu'il faudrait former au Canada. Certaines provinces ont en fait augmenté le nombre d'étudiants pouvant être admis dans leurs facultés de médecine. Je pense que l'on reconnaît que nous formons probablement trop peu de médecins, et l'on est en train d'effectuer des études sectorielles pour essayer de cerner les tendances démographiques et d'autres facteurs encore pour réduire ce nombre encore davantage.
Parallèlement, de façon générale, les provinces ont augmenté d'environ 40 p. 100 sinon davantage le nombre de places pour les étudiants en sciences infirmières. Encore là, avec le temps, nous aurons davantage de diplômés en sciences infirmières.
On est aussi davantage porté à recourir davantage à tout l'éventail des professionnels de la santé, à faire davantage appel aux infirmières praticiennes, aux infirmiers et aux infirmières, aux pharmaciens, dans les équipes de soins de santé primaires, par exemple.
Le nombre d'inscriptions augmente progressivement dans l'ensemble du pays.
L'hon. David Kilgour: Je vais aborder un autre sujet. M. Merrifield et moi constatons que la consommation de méthamphétamine pose un problème dans nos villes, vos villes. Pouvez-vous nous dire tout ce que vous faites pour informer les jeunes au sujet de l'abus des drogues, mis à part les méfaits de l'alcool et du tabac? Je vais vous donner un exemple bien précis...
L'hon. Pierre Pettigrew: De quelle drogue s'agit-il?
Hon. David Kilgour: Un ami me raconte qu'il y a quelques années encore l'Alberta recevait environ 7 000 $ par année de votre ministère, monsieur le ministre, pour promouvoir des programmes comme DARE et d'autres programmes de sensibilisation aux dangers de la drogue destinés aux jeunes.
L'hon. Pierre Pettigrew: Nous avons augmenté le budget de notre stratégie de 60 millions de dollars pour aider les jeunes à mieux comprendre les conséquences de leurs actes. Mme Susan Fletcher a la responsabilité de cette stratégie au ministère.
Mme Susan Fletcher (sous-ministre adjointe, Direction générale de la santé environnementale et de la sécurité des consommateurs, ministère de la Santé): Merci.
À la Direction générale de la santé environnementale et de la sécurité des consommateurs, nous consacrons en fait pas mal d'argent à des activités de publicité portant sur les drogues et des substances réglementées. En fait, l'année dernière, nous y avons consacré près de 18 millions de dollars. Il s'agit en majeure partie de subventions et de contributions. Nous collaborons avec les provinces et avec des ONG pour mieux informer les jeunes et d'autres au sujet de l'usage abusif des drogues.
L'hon. David Kilgour: Combien cela coûterait-il, par exemple, dans le cas de l'Alberta, pour s'occuper de la consommation d'une drogue comme l'ecstasy?
Mme Susan Fletcher: Je regrette. Je n'ai pas de répartition par province, mais je pourrais vous trouver ce que nous dépensons dans chaque province.
L'hon. David Kilgour: S'il vous plaît, oui.
Enfin, j'ai une très courte question. Certains ont proposé qu'au lieu de parler d'Agence canadienne de santé publique et d'agent de santé publique en chef, nous parlions de l'Agence canadienne de santé et de l'agent de santé en chef. Avez-vous songé à supprimer dans ces deux titres l'adjectif « publique »?
L'hon. Pierre Pettigrew: La santé publique est importante en soi. Je pense que cet élément est important. Il y a la santé et il y a la santé publique. Je pense qu'il est important de continuer à insister sur cet aspect, mais je n'y ai pas trop réfléchi. C'est la première fois que j'entends cette suggestion.
L'hon. David Kilgour: Merci.
La présidente: Merci, monsieur Kilgour.
Nous revenons à M. Ménard. Je demanderais à M. Ménard de laisser le ministre répondre sans l'interrompre, afin que nous puissions entendre toutes ses observations.
[Français]
M. Réal Ménard: Mais oui. Le ministre est mon ami, il ne doit pas y avoir de doutes là-dessus. Alors, j'ai un petit commentaire et trois questions.
Pour continuer sur votre appel au consensus, on n'oublie pas que le Québec est opposé à l'agence canadienne de santé publique--et je comprends que vous irez de l'avant avec ce projet-là--comme il était opposé--et même le ministre Couillard a ramené à l'ordre votre prédécesseur--au projet de loi sur les nouvelles technologies de reproduction. C'est beau de parler de consensus, mais si on va de l'avant même quand les provinces ne sont pas d'accord...
Vous me corrigerez si je me trompe, mais le gouvernement libéral du Québec s'oppose vertement à l'agence canadienne de santé publique.
L'hon. Pierre Pettigrew: Ce n'est pas vrai, ça.
M. Réal Ménard: Je vous pose la question. Publiquement, il s'est exprimé là-dessus. Le Québec était opposé à cela.
Me permettez-vous de poser mes trois questions en rafale? Je ne parlerai plus après.
L'hon. Pierre Pettigrew: D'accord.
M. Réal Ménard: Deuxièmement, pouvez-vous me dire exactement combien il y aura pour la Stratégie canadienne sur le diabète? C'est une bonne nouvelle qu'elle soit reconduite, je pense, pour une année.
Je voudrais aussi connaître votre point de vue sur les médicaments. On a l'impression qu'il y a des situations où les compagnies pharmaceutiques innovatrices déposent des brevets à répétition. Avez-vous réfléchi sur cette question? Qu'est-ce que vous pensez qu'on pourrait faire?
Je vous promets de vous écouter, de ne plus parler, mais ne soyez pas trop dur envers moi ni envers le gouvernement du Parti québécois, parce que je suis très sensible sur cette question.
L'hon. Pierre Pettigrew: Je vais faire attention à votre sensibilité.
· (1320)
M. Réal Ménard: Faites attention à ma sensibilité.
L'hon. Pierre Pettigrew: Je vais faire attention à votre sensibilité.
Sur la question du diabète, on m'informe que c'est 30 millions de dollars par année qui feront partie de cette stratégie pour la prochaine année. Elle devait arrêter le 31 mars, mais on a obtenu du ministre des Finances une prolongation pour un an. On va voir, on va évaluer les effets, on va évaluer les impacts de cette stratégie, et on devra se pencher de nouveau sur cette réalité-là.
Pour ce qui est de la santé publique, je peux vous assurer que le Dr Couillard, au contraire, m'a invité à visiter le laboratoire québécois, qui est la base de leur institut de santé publique; j'ai passé un vendredi après-midi là-bas avec lui. Il est parfaitement conscient de l'importance qu'il y ait une agence canadienne de santé publique, parce que les virus n'arrêtent pas aux frontières, et cette coordination entre les différentes juridictions et les différents territoires est extrêmement importante.
M. Réal Ménard: Mais il s'est prononcé contre.
L'hon. Pierre Pettigrew: Eh bien, je vous dis ce qu'il m'a dit. Qu'est-ce que vous voulez? J'ai même passé un vendredi après-midi avec lui. Sauf qu'il veut que l'agence canadienne de santé publique repose sur les expertises qui existent dans les juridictions et qu'elle ne soit pas, si vous voulez, un dédoublement de l'effort fait par Ottawa. Mais au contraire, il s'est dit tout à fait prêt, avec le Dr Massé, à participer et à contribuer à l'effort canadien de santé publique.
Pour ce qui est des médicaments, le docteur Mowatt, qui m'accompagne, peut vous éclairer sur cette question.
M. Réal Ménard: Mais vous, qu'est-ce que vous pensez de la reconduction des brevets? On a l'impression que les compagnies pharmaceutiques innovatrices ont été des corsaires de la gélatine, des délinquants de la pilule, des voyous du comprimé. Elles ont reconduit des brevets à perpétuité. Il va falloir que vous et moi travaillions ensemble là-dessus.
L'hon. Pierre Pettigrew: Karen Dodds va répondre à cette question.
M. Réal Ménard: J'aurais aimé vous entendre, vous me faites de la peine.
L'hon. Pierre Pettigrew: Je vous répondrai après, mais je vais d'abord écouter la personne qui connaît le dossier technique. Vous avez utilisé des mots tellement forts que je ne peux pas y souscrire.
M. Réal Ménard: Pas forts, virils.
[Traduction]
Dre Karen L. Dodds (sous-ministre adjointe déléguée par intérim, Direction générale des produits de santé et des aliments, ministère de la Santé): Merci.
Quand nous examinons des médicaments en vue de leur mise en marché au Canada, nous sommes tenus d'en informer le bureau des brevets. C'est le bureau des brevets qui en a la responsabilité. Nous l'en informons.
[Français]
M. Réal Ménard: Pensez-vous que je ne sais pas cela?
L'hon. Pierre Pettigrew: Écoutez, c'est important de s'assurer qu'il n'y a pas d'abus. Il est important que les brevets qui sont renouvelés aient de l'allure. Je vais examiner cela de plus près.
M. Réal Ménard: On reparlera de cela, vous et moi. On gagne à se connaître.
L'hon. Pierre Pettigrew: D'accord.
[Traduction]
La présidente: Il vous reste une minute, monsieur Ménard.
Mr. Réal Ménard: Une minute. Très bien.
[Français]
Je vais vous parler de la Stratégie canadienne...
[Traduction]
La présidente: Vous voyez, quand on reste tranquille, on a beaucoup plus de temps.
[Français]
M. Réal Ménard: J'ai besoin de vous, monsieur le ministre, pour convaincre tout le monde qu'il faut augmenter les budgets pour la Stratégie canadienne sur le VIH/sida. Vous savez qu'ils n'ont pas été augmentés depuis 10 ans.
L'hon. Pierre Pettigrew: Je suis d'accord avec vous, c'est le même 42 millions de dollars. Nous avons 42 millions de dollars par année, ce qui est quand même significatif, et ce montant-là est le même depuis plus d'une dizaine d'années, soit depuis 1992-1993. Alors, je crois qu'il va falloir faire un effort de ce côté. Il y a eu du très bon travail de fait avec les 42 millions de dollars. On a identifié des partenaires solides sur l'ensemble du territoire. Les gens font un travail très solide, et je vais vraiment travailler avec mes gens pour que nous identifiions des sources. J'avais espéré cette année, jusqu'à la dernière minute, qu'on pourrait faire quelque chose dans les arbitrages de dernière minute. Je n'ai pas réussi à sécuriser cela, mais je suis tout à fait sensible à l'excellent travail qui a été fait avec nos partenaires dans ces domaines-là et j'espère beaucoup qu'on pourra augmenter ce budget qui n'a pas bougé depuis 10 ans.
M. Réal Ménard: Merci.
[Traduction]
La présidente: Merci, monsieur Ménard.
Monsieur Barrette.
[Français]
M. Gilbert Barrette (Témiscamingue, Lib.): Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur le ministre, et merci à vos acolytes de bien vouloir vous prêter à cet exercice. Je suis convaincu que si vous aviez plus de disponibilité, ce serait aussi beaucoup apprécié.
Maintenant, j'ai quelques petites questions. Je n'ai pas vu dans le rapport la question de la télémédecine ou de la télésanté. Que ce soit l'un ou l'autre, c'est le même objectif qui est poursuivi. L'an passé ou il y a deux ans, il y a eu un projet en Abitibi-Témiscamingue sur la télémédecine. Santé Canada a investi tout près d'un million de dollars pour voir comment on peut relier les zones éloignées d'un centre de santé, et cela a apporté des résultats merveilleux, aussi bien auprès des autochtones que des personnes âgées, qui n'avaient pas besoin de se déplacer de leur centre d'accueil pour aller se faire examiner au centre de santé.
Est-ce qu'on donnera une suite à cela, sur les plans québécois et canadien, en termes d'investissement ou encore d'expertise?
[Traduction]
M. Ian Green: Pour ce qui est du financement, je ne connais pas ce projet particulier. Il est fort probable que le financement soit venu de notre programme de l'infostructure ou du Fonds pour l'adaptation des services de santé, qui ont été conçus pour assurer des fonds de lancement à des projets en vue de leur réalisation.
Une partie du financement que nous avons déjà mentionné et qui a été accordé à l'Inforoute Santé du Canada visait en fait à multiplier les initiatives de télésanté dans tout le pays. Ils examineront quels types d'initiatives cadrent avec l'élargissement du programme de télésanté dans l'ensemble du pays et qu'ils vont soutenir. Naturellement, dans le cas des provinces, quand nous parlons des soins de santé primaires, soit l'un des secteurs où des progrès sont enregistrés par rapport à l'accord, de la capacité des provinces d'utiliser les services de santé primaires et de lancer des initiatives de télésanté, ce financement peut en fait contribuer à renforcer des initiatives de ce genre.
Si les détails du projet vous intéressent, je peux trouver le programme, mais c'est essentiellement le genre d'appui que nous accordons.
· (1325)
[Français]
M. Gilbert Barrette: D'accord, merci.
Maintenant, on parle dans votre rapport des bureaux régionaux; il y en a six au pays. J'aimerais savoir quel sera ou quel est le rôle de ces bureaux régionaux, et quels liens il y aura avec les directions ou les ministères des différentes provinces là-dessus.
[Traduction]
M. Ian Green: Nous avons six bureaux régionaux. Ils visent à faire en sorte que le ministère assure une présence dans chacune des régions du pays. Nous avons dans tous ces bureaux du personnel qui reflète bon nombre des grands programmes que nous avons. En fait, de façon générale, le personnel est réparti dans une proportion de 70 à 30 entre Ottawa et les régions, et nous avons donc passablement de personnel dans tout le pays. Ces employés collaborent étroitement avec les gouvernements des provinces et des territoires.
En fait, dans les dernières années, nous avons augmenté certaines de leurs ressources pour leur permettre de travailler plus efficacement avec les gouvernements provinciaux et territoriaux. Ils collaborent aussi avec d'autres ministères fédéraux en ce qui concerne les conseils fédéraux. Ils permettent ainsi de disposer d'une perspective régionale sur ce que nous faisons et nous permettent de mettre au point nos programmes dans les régions et de les exécuter.
[Français]
M. Gilbert Barrette: D'accord, merci.
À plusieurs endroits, on mentionne l'appui aux Inuits, aux autochtones et aux premières nations. On parle de santé publique.
Est-ce que le volet habitation peut entrer dans la santé publique, en ce qui a trait aux affaires autochtones?
[Traduction]
L'hon. Pierre Pettigrew: Nous ne nous occupons pas de logement. Cela ne relève pas du ministère. Nous nous en occupons par l'intermédiaire d'autres ministères, mais le logement ne fait pas partie des services que nous offrons dans le cadre des soins de santé des Autochtones.
M. Ian Green: Tout à fait. Mais nous savons bien que si l'on pense à la promotion de la santé et que l'on tient compte de l'ensemble des déterminants de la santé, il faut tenir compte du logement, du revenu, et d'un bon nombre d'autres conditions ou facteurs.
Alors quoique nous ne nous occupions pas à proprement parler de ce programme, comme le ministre l'a dit, nous sommes bien conscients du fait que la promotion de la santé, pour être générale et efficace, doit s'inscrire dans une perspective à long terme et miser sur une collaboration avec d'autres pour ce qui est des questions de logement.
[Français]
L'hon. Pierre Pettigrew: On fait évidemment des inspections des résidences pour savoir si elles sont sanitaires ou s'il y a des moisissures qui pourraient poser un risque pour la santé des gens.
Nous avons une responsabilité par rapport à la qualité de l'eau sur les réserves.
M. Gilbert Barrette: J'aurais juste un commentaire à faire.
[Traduction]
La présidente: Oui, vous avez une dizaine de secondes.
[Français]
M. Gilbert Barrette: Pour avoir été impliqué dans le domaine de la santé au Québec à titre de président d'une régie régionale pendant 15 ans, j'ai pu constater et vivre des expériences assez intéressantes et, à l'occasion, plus douloureuses. Mais le commentaire que j'aurais à vous faire, ce serait surtout d'avoir un soutien--et je sais que vous êtes capable de l'apporter facilement--pour les services intégrés. Très souvent, ce n'est pas l'argent qui manque, c'est la communication, et ce n'est pas par méchanceté, c'est une question de culture. On fonctionne en silos et souvent le bénéficiaire ou le client--on peut l'appeler comme on voudra--se retrouve entre deux chaises parce que les gens ne se sont pas transmis les informations. Or, là, on réussit à avoir un service intégré. Que ce soit entre les petits ou encore avec les professionnels, je peux vous dire qu'il y a une qualité de service qui ne coûte pas plus cher, mais qui est drôlement appréciée des gens qui en bénéficient.
[Traduction]
La présidente: Merci, monsieur Barrette.
Je vois que le ministre doit nous quitter, mais j'aimerais auparavant, au nom du comité, remercier tous les hauts fonctionnaires de Santé Canada qui sont venus aujourd'hui et qui ont soit répondu aux questions ou étaient prêts à y répondre. Je tiens à vous remercier pour le travail que vous effectuez quotidiennement, pour Santé Canada et donc pour le bien-être de tous les Canadiens.
J'aimerais remercier le ministre d'être venu et du temps qu'il nous a consacré. Nous espérons vous revoir bientôt.
Monsieur le ministre, je tiens à vous remercier pour avoir réaffirmé votre engagement envers la Loi canadienne sur la santé et ses cinq principes. Nous sommes entièrement avec vous—tous ici autour de cette table. Je vous remercie d'avoir précisé ce que la Loi canadienne sur la santé vous autorise à faire en tant que ministre et ce que vous ne pouvez pas faire en vertu de cette loi. Je vous remercie d'avoir franchement parlé des problèmes d'application de la Loi canadienne sur la santé, des problèmes que nous avons eus dans le passé, et de vos plans en vue d'une meilleure collaboration à l'avenir.
Nous avons aujourd'hui exposé nos préoccupations au sujet de questions comme l'obésité, l'usage abusif de drogues illicites dans nos collectivités, et nous avons parlé de nos optiques communes. Je pense que nous tous réunis ici voyons vraiment le lien qui existe entre les problèmes sociaux et les problèmes de santé qui souvent en découlent. Nous espérons que ces échanges vous seront utiles, et nous espérons que notre étude sur les médicaments d'ordonnance vous sera également utile. Nous prévoyons approfondir la question. Nous pourrons peut-être vous éclairer sur les raisons pour lesquelles les coûts des médicaments d'ordonnance augmentent et alourdissent les coûts du système de soins de santé. Cela vous sera utile à vous et aux ministres des provinces qui tâchez de gérer le mieux possible les deniers publics tout en veillant à la bonne santé des Canadiens.
Au nom du comité, merci beaucoup d'être venu comparaître. Nous espérons vous revoir sous peu.
· (1330)
L'hon. Pierre Pettigrew: Merci beaucoup.
La présidente: La séance est levée.