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Monsieur le Président, il me fait plaisir de prendre la parole sur le projet de loi C-4. Je prendrai quelques instants pour lire le libellé de la loi, qui se lit comme suit:
Loi de mise en œuvre de la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles et du Protocole portant sur les questions spécifiques aux matériels d’équipement aéronautiques à la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles
Il s'agit d'un texte savant et compliqué. L'Organisation de l'aviation civile internationale, l'OACI, a adopté ces protocoles à l'automne 2001. Évidemment, souvenez-vous de septembre 2001, où l'on a assisté à une grave crise dans toute l'industrie aéronautique et aérospatiale. L'OACI s'est réunie et a décidé de négocier des protocoles pour faciliter les prises en garantie des aéronefs par les banques, et ce, dès l'automne 2001. Depuis ce temps, 32 pays ont signé ce protocole. Le Canada, lui, n'a signé qu'en mars 2004, malgré le besoin pressant de l'industrie. Si l'Organisation de l'aviation civile internationale s'est réunie à l'automne 2001, c'est parce qu'il y avait péril en la demeure. On voulait être capable d'uniformiser la prise de garanties sur la planète. Tel était l'objectif, de façon à ce que les banquiers, si jamais il y avait reprise de possession d'aéronefs, puissent avoir la facilité du respect de leurs garanties et des reprises de possession, si jamais c'était nécessaire.
Les banquiers étaient nerveux et ne voulaient pas financer de nouveaux équipements. Même si l'industrie le demandait et même si c'était une urgence que cela fasse l'objet de discussions à l'automne 2001, ce n'est qu'en mars 2004 que le Canada a signé cette convention. Aujourd'hui, en novembre 2004, on en est encore à discuter d'un projet de loi qui a été déposé après les élections. On comprendra un peu notre scepticisme quand on vient nous dire qu'il y a urgence et qu'il y a une demande de l'industrie. Je pense que l'industrie est passée à autre chose. L'industrie de l'aéronautique vit une situation de crise grave. On se serait attendu, dans l'industrie, à ce que le gouvernement dépose un véritable programme d'aide à l'industrie aéronautique, et non pas à ce qu'il dépose ce projet de loi, qui aurait déjà dû être déposé en 2001 ou en 2002, au pire.
Encore une fois, le gouvernement libéral a décidé que pour aider l'industrie aéronautique, on allait déposer un projet de loi pour faciliter la prise de garanties des banquiers. Le problème qu'on vit, c'est qu'il n'y a pas de banquiers qui courent aux portes pour financer des avions par les temps qui courent. Telle est la réalité. L'industrie travaillera, comparaîtra devant le comité, proposera des modifications et essaiera d'avoir un projet de loi potable pour qu'un jour, quand les banquiers se réintéresseront à l'industrie de l'aviation, on ait des lois pour être capable de les protéger. Quand on parle de protéger les créanciers, c'est parce que ce projet de loi modifiera la Loi sur la faillite et la responsabilité, la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, la Loi sur les liquidations et les restructurations et la Loi sur les banques. Ce qu'on veut, c'est que les banquiers, une fois qu'ils auront pris des garanties partout à travers le monde, soient capables d'exiger le respect des conventions et qu'ils puissent être soumis à une loi uniforme partout sur la planète.
Nous, du Bloc québécois, sommes d'accord avec ce projet de loi. Nous aurions été d'accord pour qu'il soit déposé en 2001 et adopté en 2002. Le problème, c'est l'inertie des libéraux. C'est tout cela. On arrive aujourd'hui, en 2004, après les élections, à un protocole qui a été signé en mars, alors qu'on aurait dû avoir une loi tout de suite avant les élections. Mais non, on a décidé que ce n'était probablement pas assez urgent. Aujourd'hui, on essaie de nous dire, en toute urgence, qu'il faut adopter ce projet de loi, alors que ce qui est véritablement urgent, c'est ce qui constitue la deuxième partie de mon discours, c'est-à-dire qu'il faut un véritable plan d'aide à l'industrie de l'aéronautique, une véritable politique nationale de l'aéronautique.
Il n'est pas pensable qu'on voie, année après année, mois après mois, les Bombardier de ce monde venir quémander auprès du gouvernement fédéral. J'ai eu la chance d'assister à une exposition internationale de l'aérospatiale. Vous y étiez présent, monsieur le Président, au Bourget, il y a quelques années. C'était inouï de voir combien il y avait d'entreprises de pays à travers le monde qui sollicitaient nos fleurons nationaux que sont Bombardier et les autres entreprises ayant des équipements ici au Canada afin qu'elles s'installent dans leur pays. C'est glamour d'avoir une industrie de l'aéronautique sur son territoire. Plusieurs pays sont prêts à avoir les fleurons de notre industrie. On n'a pas l'air à comprendre cela ici au Canada. Par contre, on comprend que l'industrie de l'automobile en Ontario a besoin d'argent.
On comprend cela. Je reprends les propos du ministre des Transports—et je suis surpris, parce que c'est un fervent supporter du premier ministre—, qui utilise les mêmes mots qu'utilisait Jean Chrétien quand il était premier ministre: « L'automobile est à l'Ontario ce que l'aéronautique est au Québec. » L'inverse est vrai également: l'aéronautique est au Québec ce que l'automobile est à l'Ontario. Peu importe, il a peut-être inversé les propos de Jean Chrétien.
Il reste quand même que nous avons vécu durement au Québec « ce que l'automobile est à l'Ontario ». En effet, il y a eu la fermeture de GM à Sainte-Thérèse-Boisbriand et on a concentré l'industrie de l'automobile en Ontario. Il y a eu un plan d'aide de 500 millions de dollars pour l'industrie de l'automobile avant les élections. Mais pendant ce temps dans le domaine de l'aérospatiale, les Bombardier, Pratt & Whitney—et s'ajoutera à cela Bell Helicopter—vont demander une aide au gouvernement. Ce n'est pas une aide extraordinaire.
J'ai entendu des députés d'autres partis en cette Chambre dire que cela n'avait pas de bon sens et j'ai lu des articles de journaux dans lesquels on demandait: « Qu'est-ce qu'on peut donner à Bombardier ». Il ne s'agit pas de savoir ce qu'on donne à Bombardier; il s'agit d'offrir ce que les autres États sont prêts à payer pour avoir une industrie de fine pointe et une industrie « glamour ».
Si on n'en veut pas et si le Canada veut passer au deuxième, troisième ou dixième rang, qu'il le dise. Toutefois, il reste qu'il y a des pays qui sont intéressés à avoir les fleurons de notre industrie pour qu'ils construisent leurs aéronefs sur leur territoire. En effet, un seul État américain est prêt à offrir ce que le gouvernement du Canada refuse présentement de donner. On ne parle pas des États-Unis en entier. On parle d'un seul État. De plus, il y en a trois sur la liste pour offrir la même chose que ce que Bombardier demande au Canada.
Je trouve Bombardier bien poli, parce que j'ai assisté à une rencontre. Les représentants de Bombardier disaient: « On ne veut pas partir d'ici. » Une chance que cette compagnie a été créée ici, parce qu'il y a longtemps qu'elle serait partie. Elle essaie par tous les moyens d'ouvrir les portes. Les ministres viennent dire: « Vous savez, ce n'est pas facile. » J'ai entendu le président de Bombardier dire: « Le Canada est trop petit pour nous. » Un pays membre du G-7 se fait dire cela, et personne ne bronche. Le ministre de l'Industrie était là, de même que le ministre des Affaires étrangères qui disait: « On y va avec les moyens du bord. »
Sachez que les moyens du bord sont dépassés. Il n'y a pas eu d'argent frais pour l'industrie aéronautique comme il y en a eu pour l'industrie de l'automobile en Ontario. On utilise les programmes existants. À cet égard, c'est difficile pour les Québécois et les Québécoises que nous sommes, parce que l'industrie de l'aéronautique au Québec est le deuxième pôle en importance en Amérique du Nord, après Silicon Valley. Nous en sommes donc fiers. Nous sommes fiers du fleuron que représente l'industrie de l'aéronautique et de la haute technologie, parce que c'est du high-tech. Telle est l'aéronautique aujourd'hui.
Voilà pourquoi les pays ou les États veulent avoir cette industrie; c'est parce que c'est « glamour » et parce que c'est de la technologie de la plus fine pointe. Nous avons la chance de l'avoir chez nous. Les Québécoises et les Québécois que nous sommes veulent la garder, et c'est normal.
Nous voulons que le gouvernement qui les a toujours aidé continue à le faire. Les exportations sont sous sa juridiction et sa responsabilité. Ce n'est pas parce que le Québec ne souhaiterait pas être un pays, ce n'est pas parce qu'on ne travaille pas en ce sens. Cependant, nous sommes encore ici dans le Canada, et celui qui s'occupe des exportations et qui doit aider à l'exportation, c'est le gouvernement fédéral. Donc, nous lui demandons d'agir selon ses responsabilités, dans ses champs de compétence.
Regardons tous les investissements qu'essaie de faire le gouvernement fédéral dans tout ce qui n'est pas dans ses champs de compétence: le réseau de santé, le réseau des garderies, les municipalités, cela ne relève pas de sa compétence. Par contre, les programmes d'exportation relèvent de sa compétence, et il ne le fait pas. Il ne veut pas. Il n'a pas d'argent. Il n'augmente pas les budgets. Telle est la dure réalité.
Encore une fois, ce n'est pas sorcier. Le gouvernement fédéral est responsable. Il a des programmes d'exportation. Des idées, nous allons lui en donner. Toutefois, ces idées sont connues de l'industrie. Il existe des programmes et je vous en ferai une brève nomenclature. Le problème, c'est qu'il n'y a plus de nouveaux fonds. Il n 'y a pas d'argent frais. Telle est la dure réalité. Il faut donc que le gouvernement mette à niveau les sommes d'argent qui sont dans les programmes existants.
Bombardier veut financer de nouveaux appareils. Il y a des programmes pour financer cela. C'est la même chose avec Bell Hélicoptère qui a annoncé dans le journal Les affaires, pas plus tard que la semaine dernière, que s'il n'avait pas d'aide fédérale, il s'en irait lui aussi.
J'ai rencontré les représentants de Bell Helicopter. Je n'ai pas fait comme le secrétaire parlementaire du ministre des Transports; je n'en parle pas, je suis allé les voir. Le problème qu'ils ont est simple: ils ont des offres dans d'autres pays. Si on ne veut pas, ils vont aller ailleurs eux aussi. Évidemment, le premier dossier, c'est Bombardier. On ne peut pas la laisser aller. Bombardier demande et redemande un programme de mise à niveau du gouvernement fédéral, pas une aide extraordinaire.
Ce que demande Bombardier, c'est ce que les autres pays offrent. Les autres politiciens de cette Chambre ont de la difficulté avec cela et ils se demandent pourquoi on donnerait encore à Bombardier? Non, on va soutenir une industrie de pointe que d'autres pays veulent nous enlever. C'est cela qu'on va faire. Ce n'est pas plus difficile que cela. Et ce n'est pas en leur donnant trop d'argent, mais en leur donnant ce que les autres sont prêts à leur donner, pas plus que cela.
Bombardier, je vous l'ai dit tantôt, a été très respectueuse. Elle ne demande que ce que les autres sont prêts à lui offrir et ce dont elle a besoin pour être capable de développer de nouveaux équipements. Cela, évidemment, vous l'avez là. Ce que nous demandons, c'est qu'il y ait une augmentation du soutien à la recherche industrielle.
Ce n'est pas difficile pour la simple et bonne raison que le seul argent disponible provient de Partenariat technologique Canada. Celui-ci n'a pas d'argent neuf. Comment fonctionne Partenariat technologique Canada? Quand vous développez un nouvel appareil, ils vous subventionnent. Donc, ils vous prêtent de l'argent et lorsque l'appareil est vendu, vous payez des redevances. On estime à environ 50 millions de dollars par année les redevances que les compagnies remboursent annuellement. C'est cet argent qui est disponible. Il n'y a pas de nouvelles sommes. On réinjecte l'argent et on n'a presque pas fait d'augmentation.
Il faut que je sois honnête. La contribution a augmenté de 8 p. 100 par année alors qu'elle est de pratiquement 30 p. 100 dans d'autres pays. C'est cela la réalité. Le Canada a augmenté son programme de Partenariat technologique Canada de 8 p. 100, plus les redevances qui sont remboursées par ceux qui vendent des équipements qui avaient été financés par le programme il y a plusieurs années.
Concernant la série de jets que Bombardier construit à travers le Canada, quand ils en vendent un, ils payent des royautés au gouvernement. C'est ce qui gonfle les coffres de Partenariat technologique Canada. Le problème est que ce fonds-là n'augmente pas selon les besoins de l'industrie, comme les besoins dans les autres pays à travers le monde. Ce n'est pas plus difficile que cela.
Cela est une responsabilité du gouvernement fédéral. Sciemment, celui-ci décide de ne pas investir dans sa propre juridiction qu'est l'exportation. Encore une fois, cela est difficile à comprendre.
Je peux comprendre Bombardier, Bell Helicopter, Pratt & Whitney et les 240 sous-traitants de l'aéronautique à travers le Québec seulement. Ils se demandent pourquoi il n'y a pas d'augmentation. S'il y avait une augmentation au niveau du programme de recherche, à ce moment-là, Bombardier pourrait financer ses nouveaux équipements et Bell Helicopter pourrait faire financer ses nouveaux appareils.
On parle de la conception. C'est un programme de recherche industrielle. C'est de la recherche pour faire la conception de ce nouvel équipement-là. C'était cela la somme de 700 millions de dollars que demandait Bombardier, entre autres, pour développer son programme. Bell Helicopter demande environ 250 millions de dollars pour développer lui aussi sa série d'appareils pour pouvoir être compétitif.
Pourquoi font-ils cela? Ce n'est pas pour le plaisir d'avoir de nouveaux appareils. C'est parce que la compétition leur rentre dans le corps, excusez l'expression. C'est comme cela. Il faut faire attention, il faut toujours être up to date sinon on se fait dépasser par les compétiteurs.
Parlons-en des compétiteurs. Il y a entre autres Embraer au Brésil. Pour cette compagnie, je vous dirais que, en plus de l'aide que peut lui apporter l'État, le Brésil finance les exportations. Donc, quand on vend un appareil, le gouvernement du Brésil finance le client qui l'achète. L'an passé, cela a été à hauteur de 80 p. 100 des livraisons d'Embraer. Cela n'est pas facile. On ne sera pas chauvin, mais Bombardier et Embraer, c'est à peu près de la même dimension.
Ici, au Canada, c'est seulement 41 p. 100 des exportations qui ont été financées durant la dernière année. En 2003, c'était 37 p. 100. On avait même baissé au cours des dernières années. Là, on a donné un petit coup pour essayer de les aider au cours des derniers mois. Cependant, par rapport à ce qui se fait dans les autres pays, cela n'a aucune commune mesure, comme dirait ma collègue de Terrebonne—Blainville. C'est cela la dure réalité.
Je comprends les présidents des compagnies que sont Bombardier, Bell Helicopter, Pratt & Whitney et toutes les autres qui disent au gouvernement fédéral que cela prend une véritable politique de développement de l'aéronautique au Canada. Cela en prend une avec les fonds nécessaires établis sur ce qui se dépense ailleurs.
Évidemment, encore une fois, quand on pense que seulement en recherche et développement aux États-Unis, le Pentagone a dépensé 45 milliards de dollars américains l'an passé pour le secteur aéronautique. Seulement pour Boeing, il y a eu 6,5 milliards de dollars. Comment voulez-vous qu'une compagnie canadienne comme Bombardier espère un jour concurrencer avec cela? Pour que la multinationale Bombardier puisse concurrencer la multinationale Boeing dans leurs équipements, cela prendrait un aide phénoménales. Cela fait qu'évidemment, nous ne sommes pas de calibre.
En Europe, Airbus a reçu 3 milliards de dollars américains. C'est une industrie qui doit être financée en recherche et développement. On doit aller chercher ces fonds par les royautés lorsque des appareils sont vendus. Nous demandons donc une mise à niveau du programme Partenariat technologique Canada.
En ce qui concerne les exportations, Exportation et développement Canada garantit des livraisons d'équipements. Nous souhaitons qu'ils soient au même niveau que le compétiteur de Bombardier, entre autres. Quand le Brésil garantit 80 p. 100 des achats des clients, on souhaiterait que le Canada soit capable d'être concurrentiel, à raison de 41 p. 100. Je ne dis pas qu'il faut arriver à 80 p. 100 dans la même année. Il ne faut pas trop faire tomber les libéraux de leur chaise. On leur laissera une chance. On aura un programme qui sera modulé et qui ira en s'accroissant, de façon à ce que Bombardier puisse voir venir les demandes et soit capable de faire ses livraisons et d'harmoniser son carnet de commandes avec les garanties qui pourraient être offertes par le gouvernement du Canada.
Cela est très important par les temps qui courent en raison du 11 septembre 2001. L'industrie de l'aviation et de l'aéronautique à travers le monde est en crise. On est à se sortir de là. Un jour, quand les choses iront bien, les banquiers de ce monde, les GE Capital qui finançaient une grande partie des flottes des compagnies aériennes, décideront eux aussi, quand ils verront la lueur et la possibilité d'effectuer leur profit, de se substituer aux États et garantiront des prêts, par la loi que nous adopterons aujourd'hui. Or, on n'en est pas rendu là.
C'est comme si le gouvernement nous disait aujourd'hui qu'avec le projet de loi C-4, on dira aux banquiers qu'ils peuvent maintenant prendre des garanties puisque toutes les lois sont harmonisées et que lorsqu'ils prêteront, il n'y aura pas de problème, ils pourront récupérer l'équipement. Le problème, c'est qu'il n'y a pas de banquier intéressé par les temps qui courent. Si l'on demande aux banquiers qui veulent acheter un avion de lever leur main, on verra que peu d'entre eux se diront prêts à offrir une garantie. C'est ainsi parce qu'il y a encore des compagnies qui sont sous la protection de la Loi sur la faillite aux États-Unis. Air Canada vient d'en sortir. Ce n'est pas facile.
Les choses vont peut-être se replacer, mais en attendant, il faut que le gouvernement fédéral use de ses moyens dans son champ de compétence. Je ne répéterai jamais assez que les exportations se trouvent sous son champ de compétence. Il préfère essayer d'enlever les responsabilités des provinces et aller fouiller dans leurs compétences. Il trouve probablement que c'est plus glamour. Par contre, s'il perdait l'industrie aéronautique, si jamais il laissait aller des entreprises en aérospatiale et en aéronautique en raison d'un manque de fonds, je ne suis pas certain qu'il serait vu de la même façon à travers le monde.
Je ne suis pas sûr que le Canada sera toujours un des leaders au sein du G-7, comme il aime souvent le dire. Il dit qu'on est le premier et « le plus meilleur pays du monde », comme l'a dit Jean Chrétien. Toutefois, « le plus beau pays du monde » est en train de perdre son industrie de l'aéronautique et de l'aérospatiale. C'est ce qu'il est en train de faire par le biais de compétiteurs qui, eux, veulent ces entreprises, parce qu'ils trouvent très opportun de financer l'industrie qui est à la plus fine pointe de la technologie. Telle est la réalité. Il y a des pays sont prêts à faire cela.
Que ferons-nous quand ces industries fermeront leurs portes? Nous pleurerons le sort des employés de Bombardier. Déjà 2 000 employés dans la région de Montréal ont perdu leur emploi. Cela ne fait pas notre affaire, en cette Chambre. Nous aimerions non seulement que ces 2 000 personnes conservent leur emploi, mais qu'on en engage encore 2 000 autres. Tel serait le but.
Si le gouvernement libéral voulait faire vraiment son travail en exportation, c'est ce qu'il ferait. Il s'arrangerait pour donner les fonds nécessaires à l'entreprise et pour promettre qu'on n'assisterait pas à des pertes d'emploi en aérospatiale, mais à des créations d'emploi. Par contre, ce n'est pas ce qu'on fait. On limite les dégâts, c'est ce qu'on essaie de faire. Aujourd'hui, on dépose le projet de loi C-4.
C'est un cri du coeur que nous lançons en cette Chambre, pour la simple et bonne raison que l'industrie de l'aérospatiale ne concerne pas uniquement Bombardier, Bell Helicopter et Pratt & Whitney. Ce sont 250 petites et moyennes entreprises au Québec qui vivent des redevances. Tel est le principe de la grappe. La grande entreprise est en haut et toutes les petites entreprises qui sont les fournisseurs s'installent près de cette grappe industrielle. C'est ce qui fait que le Québec est le deuxième pôle en importance en Amérique du Nord, après Silicon Valley.
On espère garder ce leadership et on espère que le gouvernement libéral n'osera pas perdre ce leadership au profit d'autres États américains ou d'autres pays à travers le monde, ne serait-ce que pour punir le Québec.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer cette importante mesure législative à l'étape de la troisième lecture. Je souhaite tout particulièrement attirer l'attention sur les avantages prévus de l'adoption de ce projet de loi sur les garanties internationales portant sur des matériels d'équipement mobiles.
Nous sommes tous d'accord sur ce point: un secteur de l'aérospatiale vigoureux est une facette importante de l'économie canadienne pour le siècle à venir. L'adoption de ce projet de loi aidera l'aviation commerciale et l'industrie aérospatiale au Canada à être plus concurrentielles dans une économie mondialisée en facilitant leur accès aux marchés financiers. C'est pour cette raison que l'industrie et les dirigeants appuient le projet de loi. Il semble que la majorité des députés l'appuient également.
Le 31 mars 2004, le Canada a signé la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d'équipement mobiles et le Protocole portant sur les questions spécifiques aux matériels d'équipement aéronautiques à la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d'équipement mobiles.
Des consultations exhaustives ont été menées auprès des parties intéressées tout au long du processus. Des représentants de l'industrie canadienne ont assisté et participé à bon nombre des réunions préparatoires à la conférence diplomatique du Cap, ainsi qu'à la réunion lors de laquelle les instruments ont été officiellement adoptés.
La convention et le protocole donneront un cadre international au financement des matériels d'équipement aéronautiques. Dans ce cadre, la valeur de l'aéronef servirait de garantie de paiement, à peu près comme c'est le cas pour une hypothèque ou un bail. Le fait d'adopter des lois de mise en oeuvre de la convention et du protocole réduira le risque financier des créanciers et leur permettra d'accroître le financement disponible pour l'achat d'aéronefs. Les sociétés aériennes, étant alors en mesure d'acheter ou de louer des appareils à moindre coût, deviendront plus concurrentielles, et les secteurs de l'aviation commerciale et de l'aérospatiale plus solides. On attend comme résultat direct une amélioration des bénéfices, de l'investissement et de la rentabilité d'ensemble des sociétés d'aviation.
La mise en oeuvre procure notamment comme avantages une sécurité accrue pour les créanciers, une plus grande compétitivité à l'échelle mondiale des secteurs canadiens de l'aviation commerciale et de l'aérospatiale et, autres aspects d'une grande importance, le maintien des emplois au Canada et les effets d'entraînement dans diverses régions du pays.
Si le Canada ratifie la convention et le protocole et assure l'adopion de la législation de mise en oeuvre en temps opportun, les acheteurs canadiens pourront bénéficier de commissions d'utilisation moindres. À titre d'exemple, la Export-Import Bank des États-Unis offre une réduction du tiers de ses commissions d'utilisation aux sociétés dont l'État d'attache a signé, ratifié et mis en oeuvre la convention et le prorocole avant le 30 septembre 2005. Une telle offre reflète les coûts moindres qui résultent d'une réduction de l'incertitude. C'est le type d'avantage qui rendrait le secteur plus concurrentiel.
À mesure qu'il deviendra plus concurrentiel sur le plan des coûts, le secteur de l'aviation commerciale du Canada pourra en faire bénéficier les consommateurs en leur offrant des services aériens accrus et des tarifs plus bas. Un secteur de l'aviation commerciale en bonne santé engendrera assurément un plus grand nombre d'emplois pour les Canadiens. À mesure que les transporteurs aériens seront plus concurrentiels et prendront de l'essor, ils accroîtront leur main-d'oeuvre, ce qui aura des retombées dans le secteur aéronautique. L'aviation commerciale et le secteur de la construction aéronautique offrent de nombreux emplois spécialisés et bien rémunérés. On ne peut ignorer l'importance de tels emplois et leurs répercussions sur l'économie.
L'ouest du Canada, dont l'Alberta, profitera de la compétitivité accrue de WestJet. Puisqu'il héberge Air Canada, Jetsgo, Pratt & Whitney Canada et Bombardier, le Québec connaîtra sans aucun doute un regain économique.
Je suis ravi de dire aujourd'hui que la présence de CanJet et de Pratt & Whitney Canada dans l'est du Canada aura des retombées économiques positives dans cette région. La Nouvelle-Écosse est l'une des provinces qui appuie sans réserves le projet de loi et est prête à adopter le protocole et la convention. Cela contribuera à la croissance de notre industrie aérospatiale.
La Nouvelle-Écosse est mieux connue pour la construction navale, une autre industrie que nous devons surveiller et appuyer. Toutefois, l'industrie aérospatiale est en croissance dans cette province et elle a tout le potentiel voulu pour poursuivre sur sa lancée.
Les petits transporteurs aériens bénéficieront aussi de la convention et du protocole. De plus, les avionneurs et leurs nombreux sous-traitants aux quatre coins du Canada bénéficieront du climat de confiance accrue que cela créera.
Le projet de loi C-4 est une étape importante dans la voie du renforcement de l'industrie aéronautique au Canada, ce qui entraînera des avantages sur le plan de la concurrence et sur d'autres plans, aux quatre coins du pays.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui à l'étape de la troisième lecture du projet de loi C-4, intitulé « Loi de mise en œuvre de la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles et du Protocole portant sur les questions spécifiques aux matériels d’équipement aéronautiques à la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles ». J'aimerais saisir l'occasion pour parler des modifications législatives qui entreront en vigueur une fois que la convention sera ratifiée.
Le Canada est un chef de file dans le domaine des registres électroniques et il dispose de l'un des systèmes de financement garanti par actifs les plus modernes au monde. Il a déjà un régime financier sophistiqué où l'actif sert de garantie. Cependant, la mise en oeuvre de la convention et du protocole profiterait au secteur de l'aviation en modifiant la législation sur l'insolvabilité et en établissant un registre international consacré spécialement à l'équipement aéronautique.
La convention et le protocole établiraient un registre international dans lequel serait consignée l'identité des personnes ayant des droits sur tout équipement aéronautique. Ce registre remplacerait les registres nationaux. On y noterait les droits existants et futurs, dont l'ordre de priorité serait indiqué, aux fins de l'achat et du financement des aéronefs.
Actuellement, au Canada, chaque province et chaque territoire tient à jour son registre aéronautique et l'État fédéral conserve lui aussi un registre, tel que le prévoit la Loi sur les banques. Avec le registre international, on remplacerait par un registre unique les registres fédéral et provinciaux des aéronefs et des pièces d'aéronef au Canada, ce qui simplifierait grandement l'enregistrement des aéronefs.
Le 31 mars, le Canada a signé la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles et le Protocole portant sur les questions spécifiques aux matériels d’équipement aéronautiques à la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles. Des fonctionnaires de Justice Canada ont régulièrement consulté les provinces et les territoires durant les négociations qui ont abouti à l'adoption de la convention et du protocole. Ceux-ci procureront aux entreprises canadiennes un cadre prévisible, sûr et uniforme au niveau international. Cela est conforme à l'objectif du Canada de parvenir à une prévisibilité, à une transparence et à une sécurité accrues dans les affaires internationales.
Le régime de sûreté particulière de la Loi sur les banques permet aux banques canadiennes d'enregistrer des garanties au Canada pour certains types de produits dont la liste est dressée dans la loi. La liste des produits qui peuvent être inscrits aux termes de la Loi sur les banques est assez générale sur le plan technique pour comprendre de l'équipement aéronautique visé par le nouveau protocole.
Étant donné que le protocole vise à créer un seul registre international, il faudrait modifier la Loi sur les banques afin d'éviter tout chevauchement. La meilleure solution à cet égard consisterait à soustraire les équipements aéronautiques à l'application de la Loi sur les banques.
Le registre international permettrait aux propriétaires d'aéronefs, aux bailleurs de fonds et aux institutions financières de faire enregistrer leurs droits, y compris leurs garanties touchant des aéronefs et des moteurs d'aéronef. L'enregistrement établirait la priorité de l'acheteur ou du créancier sur les intérêts d'autres parties qui ne sont pas enregistrés ou qui sont enregistrés plus tard.
Les renseignements contenus dans le registre sur Internet, seront directement accessibles à toutes les personnes et à toutes les entreprises. Il en résultera des économies appréciables de temps et d'argent et les questions de rang des garanties pourront se régler plus facilement.
Aviareto, une entreprise irlandaise, a été retenue comme Conservateur à la suite d'un appel d'offres supervisé par l'Organisation de l'aviation civile internationale. On a commencé à établir le Registre international et Aviareto le rendra opérationnel dès que la convention et le protocole entreront en vigueur.
Avant que le Canada ne ratifie la convention et le protocole, il examinera attentivement les conditions de fonctionnement du nouveau registre international pour déterminer si elles sont acceptables. Il surseoira à leur ratification tant qu'il ne sera pas persuadé que le registre est entièrement opérationnel et sûr.
La mise en application de la convention et du protocole nécessitera des modifications à la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies et à la Loi sur les liquidations. Le projet de loi prévoit un recours spécial si l'insolvabilité devait imposer une suspension des procédures durant une période fixe de 60 jours. Passé cette période, les créanciers pourront réclamer un aéronef ou un bien aéronautique sur lesquels ils détiendront une garantie.
En vertu des lois actuelles, il existe diverses périodes durant lesquelles les créanciers sont obligés de suspendre leur recours à faire valoir leurs garanties. Une telle suspension peut parfois durer plus d'un an. L'adoption d'une période fixe de 60 jours rendrait le système plus sûr et placerait le Canada et les États-Unis sur un même pied. L'industrie américaine bénéficie déjà d'une mesure semblable en vertu du code américain sur la faillite.
L'adoption de modifications corrélatives aux lois canadiennes sur l'insolvabilité bénéficierait aux avionneurs, aux financiers et aux lignes de transport aérien canadiens sur le plan international. Certes, ces modifications amélioreraient la protection accordée aux créanciers, mais elles ne réduiraient pas réellement la capacité des débiteurs à chercher à se réorganiser en cas d'insolvabilité.
Le projet de loi que le gouvernement fédéral doit adopter pour qu'entrent en vigueur la convention et le protocole apporterait les modifications nécessaires aux lois pertinentes. Les modifications législatives pourront entrer en vigueur à différents moments, mais au plus tard à la date d'entrée en vigueur de la convention et du protocole au Canada.
Il est clair que l'adoption de ce projet de loi marquera une étape importante dans l'instauration d'un régime international que l'industrie aéronautique mondiale considère comme bénéfique. Je félicite le Comité permanent des transports de la célérité et de la rigueur de ses travaux et j'invite tous les membres à approuver le projet de loi C-4 en troisième lecture.