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Monsieur le Président, je suis très heureux d'intervenir aujourd'hui à l'étape de la troisième lecture du projet de loi C-7, Loi modifiant la Loi sur le ministère du Patrimoine canadien et la Loi sur l'Agence Parcs Canada et apportant des modifications connexes à d'autres lois.
Cette mesure législative donnerait force de loi à la restructuration du gouvernement, qui a été annoncée le 12 décembre 2003, et qui concerne Parcs Canada, le ministère du Patrimoine canadien et le ministère de l'Environnement.
Le projet de loi mettrait à jour la législation actuelle de façon à refléter les deux décrets qui ont pris effet en décembre 2003 et juillet 2004 et qui ont pour objet le transfert du contrôle et de la supervision de l'Agence Parcs Canada du ministre du Patrimoine canadien au ministre de l'Environnement.
Le projet de loi préciserait que Parcs Canada est responsable des lieux historiques du Canada, ainsi que de l'élaboration et de la mise en oeuvre de programmes relatifs au patrimoine bâti.
Le projet de loi est principalement de nature technique. Il fait une mise à jour de la Loi sur le ministère du Patrimoine canadien et de la Loi sur l'Agence Parcs Canada. De même, il modifie les lois qui permettent à Parcs Canada de s'acquitter de son mandat, notamment la Loi sur les parcs nationaux du Canada, la Loi sur les lieux et monuments historiques, la Loi sur les aires marines nationales de conservation du Canada, la Loi sur les espèces en péril, la Loi sur la marine marchande du Canada et la Loi sur la protection des gares ferroviaires patrimoniales.
Les parcs nationaux du Canada, les sites historiques nationaux et les aires marines nationales de conservation reflètent l'âme du Canada. Ils forment le coeur de notre identité et de notre caractère. Ce sont des lieux magiques, merveilleux, qui font partie de notre patrimoine. Chacun d'eux nous raconte son histoire. Ensemble, ils rattachent les Canadiens à nos racines, à notre avenir et à nos prochains. La sauvegarde et la célébration de notre patrimoine continueraient d'être réparties entre plusieurs ministères et organismes gouvernementaux.
Le ministre du Patrimoine canadien conserverait un rôle de premier plan et, globalement, la charge de l'héritage culturel, et il continuerait de collaborer étroitement avec le ministre de l'Environnement et d'autres ministères pour préserver les objectifs communs en matière de patrimoine.
Je voudrais assurer à la Chambre que l'intégrité organisationnelle de Parcs Canada serait maintenue. Cet organisme resterait déterminé à collaborer avec les Canadiens afin de protéger et de montrer des exemples importants du patrimoine naturel et culturel canadien aux générations présentes et futures. Cela découle des liens importants entre l'environnement, le patrimoine et le développement durable.
Encore une fois, je voudrais être précis sur un point: le premier ministre garde le pouvoir de décider quel ministre est responsable de quels ministères et organismes et de déplacer des organismes d'un portefeuille ministériel à un autre afin de satisfaire aux objectifs fixés.
Le Parlement a habilité le gouvernement à déplacer un secteur de l'administration publique à un autre secteur de l'administration publique ou des pouvoirs, fonctions et attributions d'un ministre à un autre ministre. Ce faisant, il ne donne pas au gouverneur en conseil le pouvoir d'élargir et de modifier les pouvoirs des ministres ou des ministères. Le Parlement joue un rôle important à cet égard.
Le pouvoir accordé au gouvernement nous donne la souplesse nécessaire pour réorganiser les institutions gouvernementales afin d'agir dans les sujets prioritaires du gouvernement et les besoins du public. Il est conforme à l'obligation du premier ministre d'attribuer les portefeuilles ministériels, d'établir leurs mandats dans le respect de la loi en vigueur, et de cerner les priorités pour leur portefeuille.
Le ministre de l'environnement est responsable de l'Agence Parcs Canada depuis le 12 décembre 2003.
Les amendements reflètent tout simplement les réalités actuelles; cependant, le gouvernement doit défendre un principe: le premier ministre est capable de faire des changements organisationnels. Nous n'appuierons donc pas ces amendements.
Je voudrais prendre quelques instants pour parler du patrimoine bâti qui figure dans le mandat de Parcs Canada. Patrimoine bâti s'entend notamment des sites, édifices et monuments reconnus pour leur valeur historique. Il comprend les champs de bataille, les forts et citadelles, les épaves, les sites archéologiques, les paysages culturels, les ponts, les maisons, les cimetières, les gares ferroviaires, les arrondissements historiques, les ruines, les merveilles techniques, les écoles, les canaux, les palais de justice, les théâtres et les marchés.
La responsabilité du patrimoine bâti relève de différents programmes, qui traitent notamment des lieux historiques nationaux, des édifices fédéraux patrimoniaux, des gares ferroviaires patrimoniales, d'archéologie, des épaves patrimoniales et du rôle du gouvernement fédéral dans l'Initiative des endroits historiques. Ces activités intéressent tous les parlementaires et les Canadiens en général.
Par l'entremise de l'Agence Parcs Canada, le ministre de l'Environnement compte des responsabilités dans trois secteurs clés: la gestion du patrimoine bâti de Parcs Canada, le leadership du gouvernement fédéral dans les programmes liés au patrimoine bâti et son leadership à l'échelle du pays en ce qui concerne le patrimoine bâti.
Les députés connaissent probablement mieux le premier de ces secteurs, à savoir le rôle de Parcs Canada en tant que gardien des sites patrimoniaux. Parcs Canada dirige le programme national de commémoration historique, qui définit les endroits, les personnes et les événements d'importance historique nationale. Le programme vise à célébrer l'histoire du Canada et à protéger les lieux qui y sont associés.
Parcs Canada administre environ un sixième des plus de 900 sites historiques nationaux, nombre qui témoigne de la diversité et de la richesse historique du Canada. Le rôle d'intendance qu'assume Parcs Canada pour ces endroits, pour les valeurs et les ressources historiques qu'ils représentent, est semblable au rôle d'intendance qu'il joue à l'égard des parcs nationaux.
Les programmes du gouvernement fédéral ayant trait au patrimoine bâti constituent le deuxième secteur clé de responsabilité du ministre. En raison du rôle de direction qu'il joue dans le programme des édifices fédéraux du patrimoine, Parcs Canada collabore avec d'autres ministères pour protéger le caractère patrimonial d'édifices dont la propriété relève de la compétence fédérale.
La vérificatrice générale a fait savoir que les sites historiques nationaux et les édifices patrimoniaux administrés par d'autres ministères connaissaient le même genre de problèmes que les sites historiques nationaux administrés par Parcs Canada. Le gouvernement étudie actuellement des moyens d'agir pour tenir compte des inquiétudes soulevées par la vérificatrice générale concernant l'insuffisance de normes de conservation et d'obligations redditionnelles et concernant la recommandation de renforcer le cadre législatif visant à protéger le patrimoine bâti. Pendant de nombreuses années, le Canada s'est laissé distancer par les autres pays du G-8 ainsi que par les gouvernements provinciaux et territoriaux dans le domaine de la protection des endroits historiques.
Le troisième secteur de responsabilité du ministre consiste à assurer le leadership dans le domaine du patrimoine bâti. Seule une partie des endroits historiques du Canada appartient au gouvernement fédéral. La coopération avec les autres partenaires est donc essentielle. Cela nécessite la participation des particuliers, des sociétés et des autres ordres de gouvernement d'un bout à l'autre du pays.
Année après année, décennie après décennie, de plus en plus d'endroits historiques sont perdus. Ce qui reste des immeubles et des structures du patrimoine historique, des paysages culturels et des sites archéologiques continue d'être menacé. Reconnaissant le besoin d'une protection accrue du patrimoine bâti, le gouvernement du Canada a lancé l'Initiative des endroits historiques, le plus important programme de conservation des lieux historiques de l'histoire de notre pays.
L'Initiative des endroits historiques se fonde sur la reconnaissance que le gouvernement ne peut, à lui seul, sauvegarder tous les immeubles et autres lieux historiques. Au coeur de l'initiative se trouve une large coalition nationale formée des provinces, des territoires et des municipalités ainsi que des peuples autochtones, des experts du patrimoine, d'un large éventail d'établissements, d'organismes, de collectivités et de particuliers.
Dans le domaine du patrimoine, nous sommes vraiment dans une ère d'interdépendance en matière d'orientations. L'initiative vise à créer une culture de la conservation du patrimoine dans notre pays en fournissant aux Canadiens les outils de base pour préserver et célébrer les endroits historiques et en protégeant les endroits historiques relevant de la compétence fédérale. Les stratégies sont axées sur l'aide offerte aux Canadiens pour créer une culture de la conservation.
La protection du patrimoine bâti du Canada, ce n'est pas seulement sauvegarder des vestiges de notre pays qui méritent de l'être. C'est aussi maintenir de fortes collectivités aujourd'hui comme demain, réhabiliter des immeubles existants, tabler sur les énergies investies dans les structures originelles et prévenir l'utilisation non nécessaire de nouveaux matériaux et des ressources énergétiques.
Moins de démolition se traduira par une pression réduite sur les lieux d'enfouissement. La revitalisation des centres-villes historiques réduit la nécessité de nouvelles infrastructures civiles, comme des routes, des égouts et des transports en commun. En contribuant à pareilles collectivités durables, la politique d'intérêt public fait vraiment la différence dans la vie des gens.
Un consensus s'est dégagé sur le rôle que le Canada et les Canadiens veulent que les endroits historiques jouent dans nos vies et nos collectivités. Parmi les objectifs communs, on compte la nécessité de communiquer à tous les Canadiens l'information et les outils dont ils ont besoin pour protéger les endroits historiques.
Le Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, créé en 2004, est le fruit de cette collaboration. Il s'agit probablement de l'une des plus grandes initiatives lancées au Canada pour préserver et célébrer notre patrimoine. Pour la première fois, les Canadiens disposeront d'un répertoire unique énumérant les immeubles et les endroits considérés d'importance historique par un arrêté de n'importe quel palier de gouvernement.
On prévoit que ce répertoire contiendra quelque 20 000 endroits historiques, lorsque le recensement sera terminé. Le répertoire sera un outil important pour les décideurs, pour les organismes communautaires, pour les enseignants, pour les étudiants et pour les familles souhaitant se renseigner sur le passé et souhaitant contribuer à le préserver.
À titre d'ancien éducateur ayant enseigné l'histoire canadienne pendant 20 ans, je puis affirmer qu'il s'agit là d'une percée marquante non seulement en raison de la constitution de ce registre, mais également parce que nous disposons maintenant d'un engagement conjoint de tous les paliers gouvernementaux dans ce domaine. Voilà un exemple de bonne collaboration entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Ces normes et ces lignes directrices fournissent des indications claires et faciles à comprendre sur les bonnes pratiques dans le domaine de la conservation. Ce document a été élaboré en consultation avec les intéressés fédéraux, provinciaux, municipaux et non gouvernementaux pour uniformiser les principes et les pratiques de conservation au Canada.
Il a déjà été adopté par Parcs Canada et par plusieurs instances provinciales et municipales.Les normes et les lignes directrices préconisent une nouvelle approche à l'égard de la science et de la technologie de préservation des immeubles ainsi que la grande diffusion de l'information à ce sujet dans l'intérêt de tous les Canadiens.
Parcs Canada est également en train de mettre en oeuvre le programme des Fonds pour la conservation des propriétés patrimoniales commerciales. Ce nouveau programme, dont l'annonce a été faite en 2003, vise à mettre à contribution le secteur privé dans la conservation des immeubles historiques. Ce fonds, de 30 millions de dollars, s'appuie sur un plan quadriennal et a pour but de favoriser la préservation plutôt que la démolition. Il procure des incitatifs financiers pour les lieux patrimoniaux à potentiel commercial admissibles et figurant au répertoire et il vise à encourager une vaste gamme d'utilisations commerciales de ces propriétés au sein de nos collectivités.
Des mesures financières semblables à ce programme sont essentielles pour encourager divers intervenants à réaliser l'objectif gouvernemental visant les immeubles patrimoniaux. Les endroits historiques permettent d'établir des liens avec notre passé, avec notre avenir et avec nos concitoyens. Ils sont des lieux d'apprentissage pour nos enfants, et des occasions de se comprendre pour les nouveaux immigrants tout comme pour les Canadiens de longue date.
Lorsque nous chérissons quelque chose comme faisant partie de notre identité nationale, nous éprouvons également une responsabilité nationale à son égard. Tous les Canadiens partagent cette obligation de préserver et de protéger le patrimoine culturel et naturel de leur pays. Nous sommes solidairement les dépositaires de nos parcs nationaux, de nos endroits historiques nationaux et de nos aires marines de conservation au profit des générations actuelles et futures.
Les nouvelles modalités de déclaration par l'intermédiaire du ministre de l'Environnement définiront clairement les responsabilités pour les programmes relatifs au patrimoine bâti. Parcs Canada continuera de protéger le patrimoine bâti du Canada, aidera à la protection des endroits historiques relevant du gouvernement fédéral et encouragera largement les Canadiens à participer à la conservation et à la célébration des endroits historiques du pays. L'Agence continuera d'occuper un rôle de premier plan dans la protection des sites patrimoniaux, car c'est un rôle qui lui vaut beaucoup de respect au pays et d'admiration à l'étranger.
J'encourage tous mes collègues des deux côtés de la Chambre à appuyer le projet de loi C-7. Ce dernier comporte des modifications de forme visant à transférer l'Agence Parcs Canada de Patrimoine canadien à Environnement Canada.
Cependant, le travail que nous faisons ensemble pour nous assurer de ne perdre aucun autre site historique est extrêmement important. Nous avons perdu 20 p. 100 de nos sites historiques depuis les années 70. Par conséquent, cet accord sur le registre est très important. Par ailleurs, le travail que nous faisons et l'appui que nous donnons à Parcs Canada, tant sur le plan émotionnel que financier, seront importants pour les générations à venir.
Encore une fois, j'incite tous les députés à appuyer le projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis certes heureux d'intervenir de nouveau au sujet de ce projet de loi et de dire à la Chambre que nous appuyons le transfert de parcs du ministère du Patrimoine canadien au ministère de l'Environnement. Nous estimons qu'il s'agit d'une initiative fort judicieuse qui assurera, de toute évidence, une meilleure administration.
Aujourd'hui, nous devons également prendre un engagement à l'égard des parcs et des sites patrimoniaux pour qu'ils ne deviennent pas les parents pauvres du ministère de l'Environnement, mais, qu'au contraire, ils soient considérés comme un élément important des attributions du ministère.
Le secrétaire parlementaire a fait état de la collaboration entre les municipalités et les gouvernements provinciaux. Notre parti croit fermement dans le bien-fondé d'une telle approche.
Il est également intéressant de discuter avec les Canadiens en général. Je viens tout juste, à l'instar de mon collègue bloquiste, d'avoir le plaisir de prendre la parole devant un groupe d'étudiants universitaires qui visitent la Chambre des communes cette semaine. Lorsqu'on écoute leurs questions et leurs préoccupations, on constate que l'environnement joue un rôle considérable à l'égard de ce que ce jeunes estiment important pour leur avenir et celui de leur famille. Il est très gratifiant de s'adresser à des groupes de ce genre, notamment à cause de leurs commentaires, questions et encouragements.
De plus, j'estime important de parler du patrimoine des parcs et de leur signification pour différents Canadiens, de leur importance sur les plans économique et écologique et, bien sûr, sur le plan touristique. Il faut également s'interroger au sujet de leur signification et de l'image qu'ils présentent du Canada. Nombre d'entre nous voyagent énormément et sont très préoccupés depuis de nombreuses années de l'opinion qu'ont les étrangers du Canada. Pour bien des gens d'ailleurs ce sont les parcs et les réseaux de parcs qui ressortent. Lorsque je dis d'où je viens, les gens me demandent souvent si c'est à proximité de Banff ou du lac Louise par exemple, ce qui montre que nos parcs ont une réputation internationale.
Je suis également fort préoccupé par le déficit de 500 millions de dollars en ce qui concerne l'infrastructure. Au cours des années 50 et 60, nous nous sommes engagés à préserver ces parcs, à y assurer une signalisation appropriée et à offrir un réseau de parcs adéquat. Malheureusement, pour diverses raisons, nous avons laissé nos parcs se détériorer. J'estime qu'en laissant de nombreux parcs se dégrader, nous avons rendu un mauvais service aux Canadiens qui nous suivront.
En outre, lorsque j'ai visité les parcs, j'ai rencontré des membres des chambres de commerce situées à proximité des parcs. Je pense en particulier au parc Jasper. Ce qu'on m'a dit, surtout, c'est que les sommes nécessaires pour déneiger et réparer les routes qui sont situées dans les parcs proviennent du budget des parcs, alors que bon nombre de ces routes traversent les parcs mais servent au transport. Une grande partie du budget des parcs est consacrée à l'entretien des routes, une question qui concerne le transport et n'a rien à voir avec les parcs.
Voilà le genre de questions sur lesquelles, je le souhaite, se penchera Environnement Canada. J'espère que ce ministère assurera une meilleure gestion que ne l'a fait le ministère du Patrimoine. En ma qualité de porte-parole dans ce domaine, je serai vigilant et verrai à ce que le gouvernement accorde aux parcs la priorité qu'ils méritent, comme le veulent, je crois, la majorité des Canadiens.
En outre, il est indispensable d'avoir une vision à long terme et de savoir la direction que nous voulons prendre pour ce qui est de l'environnement et du réseau de parcs. Qu'il s'agisse des Grands Lacs, des pêcheries de saumon dans le Pacifique, des graves problèmes de déversement de pétrole auxquels est confronté le Canada atlantique, peu importe l'endroit, ils font partie du Canada et je crois que nous avons eu une vision relativement à court terme de ce que nous voulons faire sur le plan environnemental.
D'ailleurs, le court terme ne s'applique pas aux écosystèmes et les changements dans l'environnement se produisent habituellement sur des périodes de temps beaucoup plus longues. J'encourage de nouveau le gouvernement à présenter un plan à plus long terme pour les parcs et les sites patrimoniaux de tout le pays, et ce sera à nous de veiller à ce qu'il y donne suite.
Dans une optique plus large, je parlerai du rendement environnemental du gouvernement. Je trouve intéressant que l'OCDE classe maintenant le Canada au vingt-quatrième et dernier rang des pays industrialisés. Nous avons fait faire une analyse par le Conference Board du Canada. Nous avons une commissaire à l'environnement qui fait état depuis plusieurs années de notre classement environnemental. Notre dossier n'est pas tellement reluisant. Nous sommes aux prises avec de graves problèmes environnementaux. Nous sommes perçus à l'étranger comme un pays vierge et propre, où l'air et l'eau sont purs; pourtant, en y regardant de plus près, on voit que ce n'est pas le cas.
Je suis donc déçu que nous soyons saisis de projets de lois environnementaux mineur. J'aimerais beaucoup que le gouvernement nous présente un programme sérieux en matière d'environnement. Le projet de loi C-7 est important, certes, et nous allons l'appuyer, mais, en bout de ligne, il ne déborde guère du cadre de la régie interne.
Pour ce qui est du projet de loi C-15, qui porte fondamentalement sur les oiseaux mazoutés de l'Atlantique et du Pacifique, je crois que j'ai posé ma première question à cet égard en 1996. Le nombre d'oiseaux qui meurent chaque année à cause des déversements d'hydrocarbures s'élevait à l'époque à au moins 300 000 et s'approchait probablement plus du million en réalité. On m'avait dit alors que le gouvernement prendrait des mesures législatives très bientôt. C'était en 1996. J'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire à ce sujet en 1997; nous voilà en 2004, bientôt 2005, et finalement nous avons un projet de loi sur les oiseaux mazoutés.
Très bon exemple de célérité, en effet. Si on fait le calcul, on voit que cela fait énormément d'oiseaux. Ces populations ne peuvent survivre avec un nombre si élevé de pertes d'une année à l'autre et avec un gouvernement qui agit si lentement sur les questions environnementales. J'espère que Parcs Canada n'aura pas à faire les frais de ce piètre rendement.
Je voudrais revenir sur les questions environnementales touchant notre pays. C'est vraiment incroyable que le Canada soit au 24e rang sur 24 selon l'OCDE. Je ne suis pas fier que le Conference Board du Canada nous classe entre le 23e et le 15e rang à peu près et que d'autres organisations et groupes importants nous placent parmi les derniers au sein des pays industrialisés. Chose certaine, en tant que principal porte-parole de mon parti en matière d'environnement, j'espère que nous allons changer cette situation et nous engager à le faire.
Permettez-moi de vous donner quelques exemples. Il y a tout d'abord la question du déversement d'eaux d'égout brutes dans l'océan. Un pays industrialisé ne déverse pas des eaux d'égout brutes dans l'océan et pourtant, trois de nos villes le font et nous appelons cela l'intégrité environnementale. Il faut changer cette situation, ne serait-ce que pour préserver la réputation de notre pays.
J'ai travaillé sur la question du projet Sumas 2, en témoignant aux États-Unis à titre d'intervenant dans ce projet et ensuite à Abbotsford sur le même projet.
Monsieur le Président, je sais que vous connaissez bien cette question.
Lorsque je suis allé voir le gouverneur de l'État de Washington, cela a été très intéressant. Je suis allé là pour lui dire que son État prélevait de l'eau provenant de notre aquifère, que les Américains allaient polluer le bassin atmosphérique de la vallée du Fraser qui était déjà le plus pollué à part un au Canada et qu'ils allaient déverser des eaux usées dans la rivière Sumas qui s'écoule dans le fleuve Fraser au Canada. La question plus importante était l'emplacement qui était mauvais à cause de ces facteurs.
Le gouverneur m'a écouté et m'a ensuite formulé des observations. Il m'a dit qu'il était très heureux que je me sois adressé à lui. Il m'a précisé qu'il comprenait les problèmes de qualité de l'air dans la vallée du Fraser, mais qu'il allait m'amener en auto au port de Seattle et me montrer les eaux usées provenant de Victoria. Il m'a dit que lorsque nous prendrions des mesures au sujet de nos eaux usées, il serait alors prêt à parler de la qualité de notre air.
C'est un argument plutôt difficile à contrer. Il est plutôt difficile de dire à quelqu'un que la qualité de notre air est plus importante que la qualité de son eau. Il ne peut pas y avoir de gagnant. Ainsi, nous en sommes restés là. Je suis revenu chez nous et j'ai dit que j'allais faire tout ce que je pouvais pour mettre un terme à cette situation dans mon pays.
Nous parlons de l'eau pure et propre que nous avons, mais pourtant, en tout temps, au-delà de 300 avertissements sur la nécessité de faire bouillir l'eau sont en vigueur. Qui aurait imaginé que dans un pays comme le nôtre, on ne pourrait pas boire l'eau partout? Je suis gêné que ce soit le cas. Je crois que nous devons nous employer à régler ce problème, car c'est un grave problème.
Pourquoi n'a-t-on pas déposé un projet de loi sur cette question plutôt que celle-ci? Nous aurions pu rapidement transférer nos parcs. Cela a déjà été fait de toute façon. Ce n'est pas un point majeur. C'est une question administrative. Parlons des égouts. Parlons de l'eau. Parlons de choses semblables.
Nous avons plus de 50 000 sites contaminés. Nous avons au moins 8 500 sites fédéraux contaminés. Parlons de ce qu'il faut faire pour identifier ces sites, établir leur priorité et s'y attaquer. Un tel projet de loi susciterait beaucoup d'intérêt au Canada.
Parlons du nettoyage. Je ne crois pas que les gens de Sydney soient impressionnés par la vitesse à laquelle les étangs bitumineux ont été nettoyés. Oui, il y a eu des plans, et oui, il y a eu des plans qui ont échoué, mais il n'y a pas vraiment eu d'autre chose.
Parlons aux parents de jeunes enfants à Toronto. Parlons des jours d'alerte au smog où le petit Johnny ne devrait pas sortir et où grand-mère ne devrait pas quitter son domicile parce que l'air n'est pas assez propre et pourrait causer des problèmes de santé. Ce sont des questions auxquelles nous pouvons nous attaquer.
Parlons des lieux d'enfouissement. La semaine dernière, j'ai été en Colombie-Britannique. En route, j'ai lu un journal. Sur la première page du Ottawa Citizen jeudi dernier, j'ai vu qu'une poursuite de 45 millions était intentée contre la ville d'Ottawa. Pour quelle raison? Cette poursuite est intentée en raison des infiltrations qui proviennent des sites d'enfouissement et qui ont contaminé des propriétés adjacentes.
Que dire des zones désaffectées que personne ne veut assurer? Des services complets sont offerts plus loin, ce qui coûte beaucoup d'argent aux municipalités, mais ces terrains ne peuvent être utilisés en raison de la contamination potentielle et des poursuites éventuelles. Ces poursuites commencent à prendre forme.
Nous parlons bien du Canada. Nous parlons bien de notre environnement. Cela fait partie des cinq grandes questions qui préoccupent tous les Canadiens.
Existe-t-il des solutions? Assurément, et elles sont nombreuses. Il existe des solutions au problème de l'eau. Nous devons comprendre comment fonctionnent nos réseaux aquifères. Nous devons comprendre les phénomènes de constitution et de reconstitution de ces aquifères. Nous devons comprendre les questions de qualité et de pollution. Il faut voir à tout cela. Nous devons légiférer pour aider les provinces et les municipalités à le faire.
J'ai passé un moment intéressant à la fin du mois d'août. Mon épouse aussi. Je lui avais promis des vacances intéressantes pour la fin août, début septembre. Je lui ai dit: « Devine où nous allons? En passant, t'ai-je dit que nous avons quelques rendez-vous pendant nos vacances? » Notre premier rendez-vous était avec un incinérateur. Mon épouse a déjà vu de nombreux incinérateurs; elle savait donc à quoi s'attendre. Nous visitons aussi des lieux d'enfouissement. Nous le faisons depuis environ 35 ans.
Un jour, on nous a pris vers 7 h 30 le matin pour aller visiter l'incinérateur le plus moderne du centre-ville de Copenhague. Ce qu'il y a de fascinant, c'est que cette usine d'incinération est à la fine pointe de la technologie. On y recycle des produits du ciment, des matériaux de construction, du verre et d'autres produits semblables. Le reste est versé dans une énorme trémie, puis dans six énormes tambours rotatifs chauffés au gaz, pour porter la température interne à quelque 100 degrés Celsius.
À une autre occasion, mon épouse et moi sommes allés à Berlin, où on utilise comme combustible le méthane produit par la fermentation des résidus d'eaux usées. Ces villes recyclent ces matériaux. Les déchets sont incinérés et la combustion qui en résulte permet de porter les températures de 100 degrés Celsius à 1 000 degrés Celsius, afin de produire de la vapeur. Les déchets d'origine animale et les résidus des eaux usées peuvent également être consumés. La vapeur ainsi produite actionne une turbine qui produit de l'électricité, qui est ensuite vendue. La vapeur est ensuite refroidie et redistribuée sous forme d'eau chaude.
Ce réseau est long de 104 kilomètres. Sa perte d'énergie est d'environ 2 p. 100 et la chaleur qu'il produit est vendue. L'électricité et la chaleur produites sont des sources de revenu. Les gaz d'échappement subissent plusieurs traitements, au moyen de procédés chimiques, dont l'un consiste à utiliser l'ammoniaque et l'anhydride sulfureux produits par le gaz d'échappement, qui est transformé à 85 p. 100 au premier essai; le produit obtenu est transformé en gypse, qui sert à la fabrication de murs. La vente de ce gypse constitue une autre source de revenu.
L'oxyde de diazote est alors décomposé en ses éléments constitutifs et ensuite transformé en engrais, ce qui constitue une nouvelle source d'engrais, qui est vendu à la communauté agricole. Le CO2 est capté, gazéifié et ce CO2 gazéifié est ensuite mis dans des conteneurs de titane, qui sont alors vendus à l'industrie de la production en serres. Il faut se rappeler que le meilleur usage du CO2 est la photosynthèse. En ajoutant plus de CO2 aux cultures en serres, la production peut être considérablement augmentée. Il peut aussi être vendu à la Norvège, où il est mis dans des puits et améliore l'extraction de gaz et de pétrole en les retenant sous le sol. Maintenant le CO2 est parti.
Les métaux lourds ont subi une précipitation et ils peuvent alors être vendus à l'industrie et recyclés. Les dioxines sont alors isolées et encore incinérées.
Avec cette diatribe, si c'est le bon terme, voici où je veux en venir: telle est la sorte de vision et de loi qu'il nous faut à la Chambre. Elle est bonne au plan environnemental et elle changera les choses. Elle portera sur la qualité de l'air et la pollution de l'eau et elle constituera une source de revenus.
Je n'en dirai pas plus sur les déchets. J'aime visiter ces endroits. Je ne suis pas sûr que mon épouse partage cette joie. Chose agréable: les installations que j'ai visitées appartiennent à 11 municipalités et 21 villes et cités. Elles ont pris une hypothèque de 25 ans sur elles. Voilà comment s'est fait le financement. Oui, c'est plus cher qu'une décharge, mais pensez à ce qu'elles ont fait. Le prêt hypothécaire a été remboursé, et elles disposent maintenant d'une source de revenus qui peut rapporter des profits.
Je pourrais en dire encore beaucoup sur le thème de l'environnement. Je pense l'avoir démontré dans le passé. J'attends avec impatience l'occasion de m'exprimer sur les autres genres de projets de loi qui pourraient surgir. Réglons les questions administratives dès que possible et passons plutôt à des projets de loi valables portant sur les questions environnementales de fond.