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Monsieur le Président, mon défi, aujourd'hui, consiste à tenir les députés éveillés pendant mon intervention sur la péréquation. Il s'agit là d'une idée obscure, en fait d'un projet de loi obscur qui intéresse véritablement très peu de gens car il touche la budgétisation à l'échelon fédéral et aux échelons provinciaux et territoriaux.
Cette mesure n'a rien à voir avec l'accord sur les hydrocarbures extracôtiers. Elle fait l'objet de négociations à part. Le projet de loi C-24 s'inscrit dans la foulée de la conférence des premiers ministres fédéral et provinciaux tenue en septembre, où on a annoncé la réforme du régime de péréquation du Canada et de la formule de financement des territoires.
Cette annonce visait à donner suite aux préoccupations soulevées par les provinces bénéficiaires quant au financement de la péréquation et aux difficultés de planification auxquelles elles sont confrontées en raison des fluctuations annuelles des paiements qu'elles reçoivent. Des ministres des Finances ont signalé, lorsque nous avons parcouru le pays, qu'il était très difficile de préparer un budget en fonction des paiements de péréquation lorsque ceux-ci sont imprévisibles d'une année à l'autre.
Le gouvernement a été à l'écoute et a essayé de régler ce problème en présentant un projet de loi qui a pour effet de fixer des planchers et des plafonds ainsi qu'un apport d'argent prévisible pour chaque province qui reçoit des paiements de péréquation. Ce nouveau cadre représente probablement les plus importants changements jamais apportés à ce programme. Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui permet essentiellement la mise en oeuvre de ces changements.
Les modifications apportées au programme de péréquation et aux arrangements concernant la FFT, ou formule de financement des territoires, visent à assurer la stabilité, la prévisibilité et la croissance du financement général consenti dans le cadre de ces programmes et à consulter une tierce partie sur la meilleure façon pour le gouvernement du Canada d'allouer les paiements entre les provinces et les territoires. Le projet de loi permet la mise en application de cette formule négociée par le premier ministre fédéral et ses homologues provinciaux. J'espère que tous les députés appuieront ce projet de loi.
Le projet de loi C-24 propose une solution aux problèmes de la stabilité, de la prévisibilité et de la croissance. Je vais expliquer brièvement les dispositions législatives proposées dans le projet de loi C-24. Il importe toutefois de faire d'abord l'historique du programme de péréquation et de la FFT, de manière à situer le tout dans un certain contexte et à pouvoir déterminer où nous nous situions dans le passé, où nous en sommes maintenant et où nous espérons être demain.
Le programme de péréquation a vu le jour en 1957, et celui à l'intention des territoires a été établi en 1985. Le volet du programme qui concerne la péréquation existe depuis un certain temps et est, pour les Canadiens, un des moyens de concevoir le partage de la richesse de notre merveilleux pays. Ces deux programmes ont permis, dans une large mesure, d'accorder un soutien tout en réduisant les disparités régionales.
Ces programmes visent à faire en sorte que tous les Canadiens, peu importe l'endroit où ils vivent, aient accès à des services publics raisonnablement comparables, l'expression clé quand vient le moment d'évaluer le succès du programme, cela, sans qu'il soit nécessaire, pour financer ces services, de recourir à des niveaux d'imposition économiquement préjudiciables. Ce sont les deux idées importantes en l'occurrence, l'offre de services publics raisonnablement comparables sans qu'il faille pour autant recourir à des niveaux d'imposition préjudiciables sur le plan économique.
L'idée selon laquelle les Canadiens devraient avoir accès à d'excellents services sociaux et de santé qui sont comparables indépendamment de l'endroit où ils vivent est fondamentale par rapport à l'équité et à l'intégrité de la fédération canadienne. Cette question est tellement importante qu'elle est protégée aux termes de la Constitution, grâce à la péréquation.
En bref, le programme de péréquation assure des paiements de transfert aux provinces et aux territoires moins prospères, conformément à une formule axée sur la capacité de chaque province de générer des recettes. Cela signifie que, lorsqu'une province devient plus prospère, son admissibilité aux paiements de péréquation diminue. En effet, la péréquation vise à combler l'écart pour faire en sorte que l'ensemble des Canadiens aient accès aux services sociaux et de santé de haute qualité auxquels ils s'attendent et qu'ils exigent, quel que soit leur lieu de résidence au Canada.
Qui plus est, ce programme fait en sorte que, pour financer ces services, les provinces moins prospères n'ont pas à recourir à des taux d'imposition nuisibles à l'économie.
Je répète que nous cherchons un équilibre ici. Les régions moins prospères ont moins de capacité à générer des recettes, mais, parallèlement, les Canadiens, où qu'ils vivent, ont droit à certains services de base. Espérons qu'il sera possible d'assurer ces services de base entre autres grâce aux sommes versées dans le cadre du programme de péréquation.
Je reviens aux mécanismes de financement des provinces et des territoires. Les modifications à ces programmes comprennent trois éléments importants. Primo, le nouveau cadre pour la péréquation et le financement territorial qui entrera en vigueur à l'exercice 2005-2006; secundo, un examen indépendant des programmes, réalisé par un groupe d'experts et, tertio, une protection complète pour les provinces et les territoires contre toute diminution globale ou individuelle des paiements au cours de l'exercice 2004-2005.
J'aimerais développer chacun des trois éléments précités. Premièrement, le nouveau cadre pour le régime de péréquation; deuxièmement, l'examen indépendant et, troisièmement, la protection accordée au cours du présent exercice.
Je commence par le nouveau cadre dans lequel s'inscrivent la péréquation et le financement territorial. À compter de 2005, le gouvernement établira un nouveau cadre législatif sur le plan financier, tant pour la péréquation que pour le financement territorial. Ce nouveau cadre prévoit des niveaux de paiement fixes assurant aux provinces et aux territoires un financement prévisible et croissant,. Les niveaux de financement pour 2005 et 2006 seront établis à 10,9 milliards de dollars pour la péréquation et à 2 milliards de dollars pour le financement territorial. Ces niveaux augmenteront ensuite de 3,5 p. 100.
Voilà pour ce qui est de la stabilité et de la prévisibilité. On sait exactement où se situe le niveau plancher et de combien le programme augmentera.
Le gouvernement s'est engagé à revoir, après cinq ans, l'ensemble des niveaux de financement de la péréquation et de la formule de financement des territoires. Au besoin, il fera des rajustements en 2010-2011, en fonction de mesures concrètes fondées sur la réalité de l'évolution des disparités et des coûts pour les territoires.
Espérons, monsieur le Président, que ni vous ni moi ne reparlerons de péréquation en 2010 ou en 2011.
En deuxième lieu, j'aborde le groupe d'examen composé d'experts. Le deuxième élément des changements au programme de péréquation concerne la mise sur pied d'un groupe d'examen indépendant composé d'experts. Notre gouvernement reconnaît qu'il est insuffisant de simplement injecter plus d'argent dans le système. Il faut se pencher attentivement sur la manière dont le niveau actuel de péréquation et de financement territorial permet d'affecter des fonds aux provinces et aux territoires. C'est pourquoi le nouveau cadre exige que l'on examine comment affecter les paiements de péréquation et de financement territorial aux provinces et aux territoires pour l'exercice 2006-2007 et les exercices subséquents.
Nous commençons avec un montant de 10 milliards de dollars en 2004-2005. Puis nous passons à 10,9 milliards de dollars l'année suivante, pour ensuite augmenter de 3,5 p. 100. Nous espérons que le groupe d'experts sera en mesure de cerner la meilleure façon de distribuer l'argent aux provinces.
L'examen visera, entre autres, les priorités suivantes.
Premièrement, il faut évaluer les méthodes actuelles de mesure des disparités financières entre les provinces et les territoires.
Deuxièmement, il convient d'examiner d'autres façons de distribuer les paiements de péréquation et de financement territorial, notamment la possibilité de ramener ces affectations sous forme d'indicateurs économiques, comme le PIB ou le revenu disponible, ou de les fonder sur les besoins des provinces et des territoires.
Troisièmement, il faut déterminer comment les disparités financières entre diverses provinces sont apparues au fil du temps, et évaluer les coûts associés à la prestation des services dans les territoires.
Enfin, il faut indiquer au gouvernement s'il convient ou non qu'il établisse une instance indépendante permanente qui lui fournirait des conseils sur l'affectation des paiements de péréquation et de financement territorial.
J'aimerais souligner que, bien que le rôle du groupe d'experts soit de fournir des conseils, le gouvernement est déterminé à écouter ses recommandations et à prendre des décisions en fonction de ses conseils, de concert avec les provinces et les territoires.
Si le Parlement adopte ce cadre, le groupe devra présenter son rapport au gouvernement d'ici la fin de 2005. Ce délai sera adéquat pour qu'il y ait un effet sur les allocations de péréquation et sur les budgets territoriaux pour l'exercice 2006-2007.
Ceci m'amène à la troisième facette des changements à la formule de péréquation et de financement des territoires qui offre une protection financière aux provinces et aux territoires. Pour améliorer la stabilité en 2004-2005, le gouvernement du Canada veillera à ce que les paiements de péréquation totaux des provinces et des territoires s'élèvent à au moins 10 milliards de dollars.
Comme j'ai dit plus tôt, le plancher est de 10 milliards de dollars. L'an prochain, il sera de 10,9 milliards et chaque année par la suite, ce niveau sera augmenté de 3,5 p. 100. Le niveau minimum de financement des territoires sera de 1,9 milliards de dollars en 2004-2005, et ce montant passera à 2 milliards pour les années subséquentes.
De plus, il sera garanti que les paiements de péréquation des provinces et le financement des territoires de 2001-2002 à 2004-2005 ne seront pas inférieurs aux estimations inscrites dans le budget de février 2004 et incluses aux budgets de ces années.
En ce qui a trait à l'impact financier du nouveau cadre, au cours des 10 prochaines années, ce dernier prévoit des montants de péréquation et de financement des territoires supérieurs de 33,4 milliards de dollars par rapport aux montants estimés pour 2004-2005 dans le budget de 2004: 9,5 milliards de dollars pour la péréquation et 1,8 milliard pour le financement des territoires. Ces montants feront l'objet d'un examen après les cinq premières années.
Il s'agit donc de 33 milliards de dollars sur dix ans, qui s'ajoutent aux montants actuels. Ce n'est pas rien. En fait, les changements proposés au cadre de péréquation et de financement des territoires se chiffrent à environ 33 milliards de dollars, ce qui représente la plus importante hausse jamais proposée pour ces programmes.
Il est important de noter que les paiements de péréquation et de financement des territoires ne sont pas les seules sources d'aide fédérale pour les provinces et les territoires. Il y a aussi les paiements de transfert du Canada en matière de santé, le transfert social canadien, la péréquation et un certain nombre d'autres programmes d'aide fédérale aux provinces pour la prestation des services à tous nos citoyens. Ces montants s'ajouteront à tout cela.
Les députés se souviendront certainement que le premier ministre et tous ses homologues des provinces ont récemment signé le Plan décennal pour consolider les soins de santé, qui prévoit de nouveaux fonds de 41,3 milliards de dollars pour la santé. Nous avons donc 33 milliards pour la péréquation et 41 milliards en nouveaux fonds pour la santé.
Le programme comprend des éléments fondamentaux de réforme systémique et les meilleures normes jamais prévues en matière de rapports et de reddition de comptes. En allant même au-delà de toutes les normes financières proposées dans le rapport Romanow, qui fera date, le programme permet de mettre un terme à la querelle opposant chaque année les gouvernements au sujet du financement de la santé.
L'accord sur la santé fixe les bonnes priorités pour tous, à savoir réduire les attentes; accroître le nombre de professionnels de la santé; fournir un meilleur équipement; améliorer les soins primaires, les soins à domicile et l'assurance-médicaments; dispenser de meilleurs services dans le Nord et dans les communautés autochtones; accroître la recherche et l'innovation en matière de santé et améliorer la santé et le bien-être publics.
Il importe se souligner que les 41,3 milliards de dollars prévus dans l'accord sur la santé, ajoutés aux 33 milliards au titre de la péréquation et du financement des territoires, représentent 74 milliards de plus sur les dix prochaines années. Il s'agit d'argent neuf que le fédéral transférera aux provinces.
C'est vraiment une somme considérable, qui montre bien la détermination du gouvernement de faire en sorte que les Canadiens soient traités équitablement et aient accès à des niveaux de services sensiblement comparables, où qu'ils habitent au pays.
Le gouvernement reconnaît la nécessité de donner à toutes les provinces et aux territoires les moyens d'offrir les meilleurs services possibles à leurs populations respectives. La péréquation et la formule de financement des territoires illustrent bien notre détermination à cet égard.
En somme, le projet de loi prévoit que 33 milliards seront affectés à la péréquation et 41 milliards au Transfert canadien en matière de santé au cours des dix prochaines années. Le programme sera soumis à l'examen d'un groupe d'experts, afin de savoir s'il existe une meilleure façon de le mettre en oeuvre.
Nous avons créé un programme qui, selon nous, répond à un bon nombre des attentes des premiers ministres provinciaux et de leurs ministres des Finances en ce qui concerne la stabilité et la prévisibilité de leurs budgets. Ils savent maintenant qu'ils peuvent compter sur un financement de base sûr et que ce financement augmentera d'année en année.
Il m'apparaît évident que le gouvernement est déterminé à poursuivre sa collaboration avec les provinces et les territoires, pour améliorer le niveau de vie des Canadiens d'un océan à l'autre.
Comme je le disais plus tôt, le projet de loi que j'ai passé en revue aujourd'hui assurera les investissement les plus importants jamais vus en matière de péréquation et de financement des territoires. Ce projet de loi est indispensable pour que les Canadiens, où qu'ils vivent, aient accès à des niveaux comparables de soins de santé et d'autres services indispensables.
J'invite les députés à appuyer le projet de loi, dont le contenu a été négocié par le premier ministre et ses homologues provinciaux. J'espère que tous les députés accorderont leur appui à ce projet de loi et au travail du premier ministre et des premiers ministres provinciaux.
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Monsieur le Président, comme les députés le savent, le Parti conservateur appuie le programme de péréquation et reconnaissent qu'il constitue un outil de développement aussi important que nécessaire pour notre pays. Il permet de créer, ou à tout le moins de tenter de créer, les conditions assurant des services sociaux relativement égaux à tous les Canadiens où qu'ils vivent.
Nous appuyons également les principes du programme de péréquation qui vise, de concert avec d'autres programmes fiscaux du gouvernement fédéral, à aider les provinces à mettre sur pied des conditions qui peuvent permettre de réaliser de plus grandes économies au niveau local et provincial.
Avec le temps, la formule de calcul des montants auxquels chaque province a droit a changé. Par exemple, comme je l'ai dit ici à la Chambre il y a quelques semaines, lorsque l'Alberta faisait partie des provinces moins bien nanties, entre 1957 et 1965, Ottawa ne récupérait pas les revenus que la province tirait du pétrole et du gaz dans le cadre du programme de péréquation. Cela a permis à l'Alberta de raffermir son industrie pétrolière et gazière en réinvestissant ses profits dans l'industrie.
Comme nous le savons bien, de nos jours les provinces comme Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan, de même que les territoires ne profitent pas de ce genre d'arrangement. J'aimerais parler un peu plus de la question des revenus tirés des ressources naturelles non renouvelables dans le calcul de la formule de péréquation parce que je crois que c'est une question sur laquelle nous devons nous pencher dans notre étude sur la reconduction de ce programme.
Au cours des quelques dernières années, les Conservateurs ont plaidé en faveur de l'adoption d'une norme basée sur dix provinces au lieu de cinq et du retrait des revenus tirés de l'exploitation des ressources naturelles non renouvelables de la formule. Nous croyons également que si de tels changements devaient être apportés à la formule actuelle, il faudrait prévoir une période d'application progressive pour que les provinces ne soient pas lésées.
Nous sommes déçus de voir que le gouvernement ne s'attaque pas directement à ces questions alors qu'il existe un vaste consensus parmi les provinces et les territoires sur les changements qui s'imposent, mais nous appuyons le processus de révision en cours et nous attendons avec impatience les conclusions du groupe de travail à ce sujet.
Le projet de loi apporte des changements fondamentaux à la loi qui étaient essentiels pour assurer des garanties au programme de péréquation et prévoir les fonds nécessaires pour l'année à venir et pour cette raison, nous l'appuyons.
Le projet de loi établit un financement minimum de 10 milliards de dollars au chapitre de la péréquation et de 1,9 milliard pour la formule de financement des territoires pour l'année 2004-2005. C'est une chose que les provinces et les territoires ont exigée à titre de moyen visant à protéger les provinces contre la réduction générale et individuelle des paiements en 2004-2005.
Cela permet également de garantir qu'aucune province et qu'aucun territoire ne recevra moins que les niveaux prévus dans le budget de 2004, ce qui fixe donc à 10,9 milliards de dollars les paiements de péréquation et à 2 milliards de dollars la formule de financement des territoires pour 2005-2006.
Également, on a prévu un facteur d'accroissement annuel de 3,5 p. 100 jusqu'en 2009-2010 pour le calcul selon la formule du financement de la péréquation et des territoires.
Enfin, le projet de loi donne la ventilation des parts de péréquation des provinces pour 2005-2006 et la ventilation des parts de financement des territoires pour 2005-2006.
Il est très clair que le projet de loi apporte enfin une réponse aux demandes des provinces, des territoires et du parti conservateur, d'une plus grande certitude dans les versements. Cependant, le projet de loi laisse encore plusieurs questions à résoudre.
Le projet de loi ne précise pas comment les niveaux de financement des territoires selon la formule de péréquation établie seront répartis entre les provinces et territoires à partir de 2006-2007. Le gouvernement fédéral a lancé un examen par un groupe indépendant d'experts, où siègent deux représentants des provinces et des territoires. Cependant, nous continuons de nous inquiéter du fait que le gouvernement fédéral ait conservé le pouvoir décisionnel final concernant la répartition future des niveaux de financement.
Plus important encore, le projet de loi ne traite, ni de près ni de loin un aspect qui inquiète depuis longtemps le Parti conservateur, les provinces et les territoires, à savoir celui de l'inclusion des recettes provenant des ressources naturelles non renouvelables dans la formule de péréquation actuelle. Selon cette formule, en effet, les provinces qui bénéficient de recettes provenant des ressources naturelles non renouvelables sont assujetties à des mesures de récupération qui font baisser leurs versements de péréquation.
Le projet de loi ne traite pas non plus du partage des recettes provenant des ressources naturelles non renouvelables en dehors du cadre de la péréquation, et n'apporte donc aucun élément de solution pour régler le problème de la promesse non tenue du premier ministre à l'égard de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse.
Autre aspect tout aussi important, le projet de loi ne traite pas davantage du partage des recettes provenant des ressources naturelles non renouvelables en dehors du cadre de la formule de financement des territoires. Cette formule constitue un mécanisme de subvention important et nécessaire pour répondre aux besoins actuels des territoires. Le Parti conservateur l'appuie, mais nous estimons cependant que le gouvernement fédéral doit absolument négocier un accord de partage avec les territoires des recettes provenant des ressources pour répondre à leur volonté d'être maîtres de leur économie et de parvenir à l'autosuffisance économique.
La question des ressources naturelles non renouvelables et de leur traitement dans le cadre de la formule de péréquation actuelle est devenue une préoccupation d'envergure et un frein économique pour les provinces et les territoires qui souhaitent le plein accès à ces recettes pour poursuivre le développement de leurs ressources et pour maîtriser leur avenir économique. Il est non seulement possible mais nécessaire de restructurer la péréquation de manière à tenir compte des ressources naturelles non renouvelables comme les hydrocarbures de Terre-Neuve-et-Labrador, de la Nouvelle-Écosse, de la Saskatchewan et des territoires.
Terre-Neuve-et-Labrador présente une étude de cas opportune et intéressante dans le cadre de cette politique. Nous, et bien d'autres Canadiens, avons suivi de très près la rencontre sur la péréquation qui s'est tenue en octobre. Nous avons été déçus par le refus du premier ministre d'honorer la promesse électorale qu'il avait faite au premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador et à celui de la Nouvelle-Écosse. Le premier ministre a tenté d'utiliser le programme de péréquation comme moyen de négociation pour diluer l'engagement qu'il avait pris envers ces premiers ministres lors des élections. Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador n'a rien voulu entendre et a eu raison de quitter le lieu de la rencontre.
Comme je l'ai déjà dit à la Chambre, notre parti appuie la position de Terre-Neuve-et-Labrador au sujet de ses ressources pétrolières extracôtières. Nous continuerons de presser le premier ministre se tenir son engagement envers Terre-Neuve-et-Labrador. Bref, le Parti conservateur appuie les efforts de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse pour obtenir la totalité de leurs recettes provenant de l'exploitation des ressources pétrolières extracôtières, en dehors de la formule actuelle de péréquation, sans plafond ni restriction.
J'ai soulevé cette question parce que, encore une fois, le calcul des recettes provenant de l'exploitation des ressources naturelles non renouvelables est un des principaux points en litige dans la formule de péréquation au Canada. Bien que notre parti estime qu'il est bon, en fin de compte, que le gouvernement apporte une plus grande certitude concernant le total des montants prévus dans le programme de péréquation, nous continuons d'appuyer clairement les demandes des provinces et des territoires pour que le calcul des recettes provenant de l'exploitation des ressources non renouvelables soit modifié dans la formule.
J'ai également soulevé cette question, car elle met en lumière la négligence du gouvernement dans ce dossier. Ce problème persiste et doit être réglé immédiatement. Comme le gouvernement ne s'y est pas attaqué, il a dégénéré en crise dans des provinces comme Terre-Neuve-et-Labrador. D'autres provinces et territoires surveillent de près la situation pour savoir quelle entente pourra être conclue avec les provinces atlantiques.
Si Terre-Neuve-et-Labrador parvient à bénéficier d'une entente, d'autres provinces et territoires réclameront une entente semblable, et à juste titre. Leur économie subit une récupération analogue en raison de leurs recettes provenant de l'exploitation des ressources naturelles. Bien sûr, si des modifications de ce genre étaient apportées à la formule, le gouvernement fédéral aurait moins d'argent et les provinces en auraient davantage. Par conséquent, les provinces seraient mieux en mesure d'offrir des services sociaux et de créer elles-mêmes les conditions propices au développement économique, sans ingérence du gouvernement fédéral.
Cela n'améliore guère la situation politique du gouvernement fédéral, qui, depuis 11 ans, se sert du déséquilibre fiscal et de la pauvreté relative des provinces et des territoires par rapport à lui pour empiéter davantage sur les compétences provinciales et territoriales. Si le gouvernement modifie la formule de manière à céder aux provinces les recettes tirées des ressources non renouvelables, les provinces en cause pourraient se servir de ces recettes pour investir dans leur industrie et leur infrastructure. Les provinces profiteraient des recettes provenant des impôts des sociétés et de leurs employés, ce dont il serait tenu compte dans le programme de péréquation.
Le gouvernement fédéral tirerait toujours profit de l'impôt sur le revenu des particuliers payé par les travailleurs aux provinces et au gouvernement fédéral. Ce dernier profiterait aussi de l'impôt sur le revenu des sociétés payé aux provinces et au gouvernement fédéral. Les changements que je propose profiteraient non seulement aux provinces en cause, mais encore à l'ensemble du pays.
Quand on songe au développement économique, on peut commencer à penser à l'avenir. On peut ouvrir la porte à la coopération avec les provinces pour réaliser le potentiel économique des provinces. On constatera alors que tous profiteront de l'établissement d'un Canada fort et possédant une économie dynamique et diversifiée. En considérant les provinces comme des territoires à développer, on peut axer le développement économique sur l'amélioration de la qualité de vie, des services sociaux et des perspectives d'avenir pour les jeunes de toutes les régions du pays, aidant du même coup les provinces à devenir économiquement autosuffisantes.
Quand on parle de péréquation, l'égalité constitue certes le principal objectif, mais pas le seul. Parler d'équité, dans le contexte du programme de péréquation, ne nous avance guère. Les interlocuteurs supposent que les provinces garderont à peu près la même position les unes par rapport aux autres. Ainsi, l'Ontario et l'Alberta sont les provinces riches, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique oscillent entre le statut de province riche et celui de province pauvre; quant au Manitoba, au Québec et aux Maritimes, ce sont les provinces les moins bien nanties.
Ceux qui favorisent le statu quo et qui adoptent uniquement la perspective de la répartition équitable de la richesse doivent tenir pour acquis que ce classement des provinces est immuable, ce qui signifie en contrepartie qu'il n'y aura pas d'évolution de la performance économique. Or, nous savons que c'est faux. Nous savons que chaque province, ainsi que chaque territoire, s'efforce de développer son économie et réalise des gains sur le plan de la diversification et de l'amélioration de la qualité de vie.
Par conséquent, toute réforme du programme de péréquation doit être faite dans la perspective du développement économique comme instrument servant à améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens. Après tout, les efforts de chaque province comportent deux volets: premièrement, améliorer les services à sa population, et faire des gains d'efficacité à cet égard, de manière à hausser la qualité de vie des gens; deuxièmement, parvenir à l'autonomie, c'est-à-dire obtenir de si bons résultats qu'elle n'aura plus besoin des paiements de péréquation fédéraux.
C'est en ayant comme objectif une formule de péréquation qui tienne compte du développement économique que je soulève la question de la place des recettes issues de l'exploitation des ressources naturelles non renouvelables dans la refonte de cette formule. Nous sommes encore loin de l'objectif, et il faudra un gouvernement conservateur pour l'atteindre.
Nous devons également nous occuper du problème de la comptabilisation des recettes issues de l'exploitation des ressources non renouvelables dans le cas des territoires. Le projet de loi C-24 ne résout pas ce problème, dont parlent pourtant depuis trop longtemps le Parti conservateur et les territoires parce qu'ils sont d'avis qu'il faut que le gouvernement fédéral conclue avec les territoires des accords de partage de ces recettes. La formule de financement des territoires est un mécanisme important et nécessaire pour répondre aux besoins actuels des territoires.
Nous sommes d'accord avec l'utilisation de la formule de financement des territoires, mais nous croyons aussi qu'il est temps que le gouvernement fédéral s'emploie à conclure un accord sur le partage des recettes issues de l'exploitation des ressources avec les territoires dans le but de les aider à prendre en charge leur économie et à devenir autonome. Le Yukon est signataire d'un accord de transfert des compétences avec le gouvernement fédéral qui devrait lui permettre de cheminer vers l'autonomie et lui donner plus de souplesse dans l'administration de ses affaires. Les Territoires du Nord-Ouest s'emploient actuellement à conclure, eux aussi, un accord de transfert des compétences, et le Nunavut s'efforce aussi d'amener le gouvernement fédéral à négocier un tel accord.
Un plus grand contrôle des ressources naturelles qui se trouvent dans les territoires est indissociable de la dévolution. Des accords de cette nature sont importants pour des raisons d'ordre pratique. Les représentants du Nord soutiennent que la majeure partie de l'argent destiné à leur région se dépense en fait dans le Sud. Prenons les soins de santé. Si un patient a besoin d'une opération chirurgicale majeure, le gouvernement territorial paie le transport par avion dans le Sud, le traitement, l'hébergement jusqu'au lendemain, peut-être à l'hôtel, les repas et le retour en avion. C'est le gouvernement du Nord qui paie, mais c'est l'économie d'une province, au Sud, qui reçoit les retombées.
Le même problème se manifeste différemment dans le secteur des ressources. Les sociétés ont souvent leur siège dans un centre urbain du Sud. Les travailleurs viennent souvent du Sud. Les sociétés paient leurs impôts dans le Sud, tout comme les travailleurs qui ne demandent pas à devenir résidants du Nord. De plus, beaucoup de travailleurs subviennent aux besoins de leurs familles, qui habitent à Edmonton, à Ottawa ou à Québec, par exemple. Ils arrivent en avion dans le Nord, travaillent pendant la période prévue, retournent voir leurs familles ou envoient régulièrement leurs chèques. L'argent ne se dépense pas dans le Nord. Les impôts ne sont pas payés dans le Nord non plus.
Il est donc très important que les habitants du Nord aient un peu plus leur mot à dire dans leur secteur des ressources pour que leurs gouvernements gardent plus d'argent et qu'un plus grand nombre de résidants permanents travaillent dans ce secteur, ce qui donnerait aux pouvoirs publics une plus grande assiette fiscale. Grâce à cette assiette fiscale, les gouvernements du Nord pourraient respecter leurs priorités principales: développement économique, meilleurs soins de santé dans le Nord, meilleur système d'éducation et logement abordable. Voilà ce qu'ils doivent faire. Il leur faut pour cela un financement territorial suffisant et un accord sur le partage des revenus provenant des ressources naturelles.
Il est déconcertant que le premier ministre évoque à l'étranger l'idée que les territoires accèdent au rang de province, alors qu'il ne prend pas les mesures voulues pour répondre à leurs besoins les plus pressants: un accord de partage des ressources pour créer les conditions nécessaires afin de bâtir une économie plus vigoureuse et de créer davantage d'emplois dans le Nord pour les habitants du Nord et ceux du Sud et pour rendre les gouvernements plus autarciques.
Je suis aussi préoccupée par le nouveau plancher proposé. Le projet de loi prévoit un nouveau plancher dans le calcul des paiements qui donne aux provinces moins nanties la certitude qu'elles peuvent se baser sur les prévisions qu'elles ont reçues pour préparer leur budget. L'élément certitude est un élément important. Or, il y a déjà un plancher qui protège les provinces les moins nanties des replis de l'économie. Toutefois, l'adoption d'un nouveau plancher qui protège mieux les provinces les moins nanties des replis économiques protège moins bien les provinces les mieux nanties et le gouvernement fédéral.
Par exemple, il peut arriver que les paiements de péréquation minimaux convenus par le gouvernement fédéral soient plus élevés que les paiements dictés par la formule. Dans ce cas, compte tenu des paiements qu'on leur verse, les provinces les moins nanties peuvent en fait avoir une plus grande capacité fiscale que la moyenne nationale. Cela contredit le principe d'égalité de la formule de péréquation. Qui plus est, le nouveau plancher créé dans l'accord est basé sur le plus grand paiement versé par le gouvernement fédéral au cours des dix dernières années, et il est indexé.
D'un point de vue purement économique, nous savons que l'Ontario contribue à 50 p. 100 de l'activité économique que mesure la formule de péréquation et à une portion importante des recette fédérales. Étant la province la plus exposée à l'économie américaine, l'Ontario fait face à des risques économiques en raison des déficits accrus aux États-Unis, du montant de la dette américaine financé par la Chine et le Japon et des chocs économiques attribuables à l'incertitude mondiale. On peut imaginer que ces facteurs de risque conjugués pourraient avoir un effet de ralentissement sur la croissance économique en Ontario, si bien que la formule de péréquation dicterait le versement de paiements plus bas que ne le prévoit le plancher accepté par le gouvernement fédéral. De la même façon, une tourmente économique dans cette province aurait des effets extrêmes sur les recettes fédérales.
Dans cette éventualité, le gouvernement fédéral devrait, à partir de recettes générales en baisse, combler la différence entre le paiement calculé selon la formule et le paiement plancher prévu. En établissant un plancher si généreux, le gouvernement fédéral protège effectivement les provinces démunies contre une conjoncture économique qui pourrait être préjudiciable.
Le plancher imprudent, du point de vue budgétaire, qui est fixé pour les paiements de péréquation, conjugué aux autres engagements budgétaires importants pris au titre de la santé, multiplie les risques de ralentissement économique. Ces engagements limitent certainement la capacité du gouvernement fédéral de réagir à un ralentissement économique au moyen de mesures comme des baisses d'impôt ou des investissements ciblés. Les gouvernements ne peuvent miser sur un optimisme aveugle en matière économique lorsqu'ils élaborent une politique budgétaire, notamment s'ils tiennent compte de la précarité actuelle de la conjoncture mondiale.
Je veux revenir sur un autre aspect de notre politique, celui selon lequel une modification apportée à la formule ne devrait être synonyme pour aucune province d'une baisse du financement reçu. C'est un point important. Les provinces qui reçoivent des paiements de péréquation en ont besoin pour dispenser à leur population des services sociaux importants. Un simple changement apporté à une formule ne modifie pas la situation économique générale d'une province, mais il pourrait modifier le montant que cette dernière reçoit.
Après avoir encaissé le choc d'une baisse de financement, la province réduit habituellement les services qu'elle offre. Lorsqu'il apporte de tels changements, le gouvernement fédéral doit donc s'assurer que les provinces sont traitées équitablement et qu'elles ne sont pas perdantes. Les députés de ce côté-ci de la Chambre suivront de très près l'évolution de la situation pour s'assurer qu'un tel problème ne se pose pas, mais le cas échéant, nous nous emploierons à le régler.
Nous savons toutefois que les montants dont il est ici question sont plus sûrs et nous sommes impatients de prendre connaissance des idées qui seront formulées dans le cadre de l'examen. Nous espérons que ces idées déboucheront sur un régime de péréquation qui offrira un financement équitable et suffisant aux provinces sans pour autant entraver le développement économique comme le fait la formule actuelle.
Nous devons attendre que le groupe d'experts présente ses recommandations avant de pouvoir dire si nous appuyons pleinement le processus que le projet de loi propose de mettre en oeuvre. Nous reconnaissons toutefois la nécessité d'aller de l'avant et de mettre en place un système de financement prévisible. Le projet de loi semble un bon début. C'est à tout le moins notre impression.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, nous aurions aimé que les provinces participent davantage. Étant donné l'incidence du programme de péréquation sur le bon fonctionnement des gouvernements provinciaux et sur la prospérité économique des provinces, nous aurions aimé qu'elles s'expriment sur la question. Je suis sûre qu'elles auraient aimé avoir plus d'occasions de le faire.
Bien que le gouvernement ait cédé aux pressions des provinces pour que ces dernières puissent participer davantage, à mon avis, il n'est pas allé assez loin. Nous estimons qu'il serait approprié de permettre aux gouvernements provinciaux de participer davantage au processus.
Parmi les réformes annoncées dans le budget de 2004, il en manque une: celle qui aurait permis aux provinces ayant reçu un paiement excédentaire de disposer de plus de temps pour rembourser le gouvernement. Ces provinces, qui essaient tant bien que mal de répondre aux besoins de leurs habitants en matière de services sociaux et d'infrastructure, ne devraient pas être obligées de remanier entièrement leur budget parce que le gouvernement fédéral a fait une erreur de comptabilité.
En ce qui concerne la prévisibilité, nous aimerions que les paiements soient calculés en fonction d'une moyenne mobile de trois ans. Ceci mettrait fin aux paiements excédentaires et aux paiements insuffisants, et permettrait aussi aux provinces de savoir à quoi s'attendre.
Enfin, nous sommes heureux de voir que le gouvernement compte revoir le processus tous les cinq ans, ce qui permettra aussi aux provinces de mieux savoir à quoi s'attendre, et au gouvernement fédéral de procéder à des changements en fonction de prévisions économiques à moyen terme.
S'il avait plutôt choisi une échéance de 10 ans, nous pensons que cela aurait mis davantage en danger le calendrier des paiements et que le gouvernement fédéral aurait joui d'une moins grande flexibilité en ce qui concerne l'administration du programme.
Tout compte fait, notre parti appuiera le projet de loi parce qu'il constitue la première étape du remaniement tant attendu de la formule de la péréquation. Il représente un aveu du gouvernement libéral concernant les problèmes qui ont affligé le programme de péréquation par le passé. C'est un pas dans la bonne direction: le projet de loi permettra d'améliorer le programme de péréquation. Ceci dit, nous attendons avec impatience le rapport du groupe d'experts et espérons que nos recommandations seront adoptées.
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Madame la Présidente, tout à l'heure, j'écoutais mon collègue libéral, le secrétaire parlementaire du ministre des Finances, nous parler d'une entente pratiquement historique sur la péréquation, une harmonie retrouvée entre les provinces et le gouvernement fédéral, et nous dire que cela éviterait les nombreux différends annuels qui surviennent entre les provinces, le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral, s'agissant des paiements de péréquation et de la formule elle-même.
Il faut avoir un front de boeuf, comme on dit par chez nous, pour présenter cette entente comme étant une entente harmonieuse entre les provinces. Ce que mon collègue libéral a oublié de dire tout à l'heure, c'est que ce n'est pas une entente harmonieuse. C'est une entente qu'on a entrée de force dans la gorge des provinces et du Québec. On a dit au Québec: « Maintenant qu'on vous a assoiffées depuis à peu près une dizaine d'années; qu'on vous a coupé les vivres quant au Transfert social canadien concernant la santé, l'éducation et le soutien au revenu; qu'on a pigé dans la caisse de l'assurance-emploi; qu'on a remis en cause plusieurs consensus du Québec pour des politiques sociales et économiques qui pourraient faire en sorte que le Québec puisse se projeter vers l'avenir, améliorer le sort des plus démunis et créer un environnement propice aux investissements et à la croissance économique, vous allez prendre ce qu'on va vous donner. Vous vous la fermez. Vous acceptez ce qu'on vous donne. C'est à prendre ou à laisser. »
C'est exactement ce qui s'est passé le 26 octobre dernier. En effet, il y a eu une première conférence des premiers ministres ici, à Ottawa, concernant la santé. Cette offre du gouvernement fédéral en ce qui a trait à la péréquation a été déposée une première fois sur la table. Elle a été rejetée unanimement par toutes les provinces et par le gouvernement du Québec, au premier chef. Le gouvernement est revenu quelques semaines plus tard avec exactement la même fichue d'entente. On a alors forcé le gouvernement du Québec à accepter. On lui dit: « C'est à prendre ou à laisser. » Cela a beau être des montants importants lorsqu'on les présente de façon globale, mais cela ne correspond pas à l'ensemble des montants auxquels auraient eu droit le gouvernement du Québec et les provinces du Canada si l'on avait vraiment réformé en profondeur la formule de péréquation.
Cela ne prend pas des conférences à tout casser et à tout rompre pour en arriver à modifier en profondeur cette formule. Cela fait dix ans qu'on présente les mêmes arguments pour améliorer cette formule de péréquation, comme tenir compte de la norme des dix provinces, au lieu des cinq provinces, comme c'est le cas à l'heure actuelle. Pourquoi, dans un régime représentatif du potentiel fiscal des provinces, retiendrait-on seulement cinq de ces provinces pour établir une moyenne, et que les provinces qui se retrouvent en bas de cette moyenne auraient droit à un paiement de péréquation, alors que celles au-dessus n'y auraient pas droit? Selon un calcul et des règles arithmétiques simples, une moyenne s'établit pour l'ensemble, si on veut faire des comparaisons.
Cela aurait été facile pour l'impôt foncier aussi. Cela aurait été d'une grande facilité. Tout ce qu'on demande depuis des années, c'est qu'on tienne compte de la véritable richesse foncière du Québec et non pas des approximations d'économistes et de spécialistes, moyennant ce qu'on appelle des proxies, qui n'arrivent jamais à refléter adéquatement le potentiel foncier du Québec comme du reste du Canada, d'ailleurs. Ce sont des modifications qui auraient pu se faire avec un peu de bonne volonté. Mais non, à l'instar de ce qui se passe ailleurs, dans toutes les négociations fédérales-provinciales, avec l'arrogance de ce gouvernement, on impose. Imaginez-vous qu'Ottawa estime connaître plus les besoins des provinces que les provinces elles-mêmes! C'est Ottawa qui estime connaître plus la santé, l'éducation et le soutien au revenu que les provinces dont c'est le mandat qui est inscrit dans la Constitution.
D'ailleurs, la vérificatrice générale vient de nous donner un bon exemple de la bonne gestion du gouvernement fédéral quant aux hôpitaux pour les anciens combattants et les premières nations. C'est un fiasco. C'est une catastrophe. S'il fallait donner cette responsabilité du réseau de la santé et de l'éducation au gouvernement fédéral, il y a longtemps que cela serait une catastrophe généralisée dans toutes les provinces; mais non, Ottawa knows best, comme on dit! De plus, on ose appeler cette entente « une entente d'harmonie ». Il y a toujours une limite à rire des gens.
Il y a aussi un gros problème avec cette entente. Il s'agit de toutes les ententes particulières. On s'est arrangé pour faire en sorte que la Saskatchewan et la Colombie-Britannique gagnent au change avec cette conférence. On a dit que, pour éviter des chocs entre les montants de péréquation qui seraient versés aujourd'hui et les montants qui étaient prévus lors du dernier budget de 2004, on allait établir une espèce de formule, un accord particulier avec les provinces. Malheureusement, le barème part du budget 2004.
La Saskatchewan reçut la mauvaise nouvelle que, durant la période de 2001 à 2004, on lui avait payé 590 millions de dollars en trop. Alors pour éviter des chocs, dans une entente particulière, le 26 octobre dernier, on avait prévu que la Saskatchewan pourrait gagner en péréquation. Cependant, au début octobre, on lui a dit qu'elle pouvait perdre.
Étant donné que, au dernier budget, on a dit à la Saskatchewan qu'elle pouvait gagner en péréquation, pour ne pas créer de choc, on a décidé de lui donner la somme de 590 millions de dollars qu'elle aurait dû normalement rembourser au gouvernement fédéral.
Malheureusement, pour le Québec, la mauvaise nouvelle est arrivée avant le budget de 2004. On a dit au Québec qu'il devait 1,2 milliard de dollars, si ma mémoire est bonne. Le Québec va devoir rembourser parce que le gouvernement fédéral a prévu qu'il payerait un peu trop en 2004-2005 que ce qui avait été convenu auparavant.
On oblige le Québec à rembourser ce 1,2 milliard de dollars. Pourtant, quelques mois après, étant donné qu'on ne veut pas créer de choc à partir du budget et la récente révision du début octobre—et que c'est le budget qui est le fer de lance pour évaluer les paiements de transition—, on dit à la Saskatchewan: « On vous avait dit que vous auriez un bon montant en péréquation au budget de 2004, on a révisé au début octobre, vous aviez 590 millions de dollars payés en trop par le gouvernement fédéral mais étant donné qu'il ne faut pas créer de choc, on vous laisse cette somme ». Ce sont deux poids, deux mesures.
La Saskatchewan n'aura pas à verser 590 millions de dettes au gouvernement fédéral. Donc, on va lui verser le paiement supplémentaire prévu en 2004-2005 de 590 millions. Quant au Québec qui a 1,2 milliard de dollars payés en trop, ce n'est pas grave si cela fait un choc à ses finances publiques. Il devra donc rembourser cette somme au cours des 10 prochaines années.
On sait que la péréquation est évaluée sur une base per capita, c'est-à-dire par habitant. Il y a un million d'habitants en Saskatchewan. Cela veut dire que cet arrangement particulier avec la Saskatchewan, dont le Québec ne peut bénéficier, donne 590 $ en moyenne par personne.
Si on applique ces 590 $ par personne aux sept millions de Québécois, cet ajustement aurait pu valoir environ 4,5 milliards de dollars pour le Québec. Ce ne sont pas des petites affaires. Le montant per capita offert en cadeau à la Saskatchewan et le fait que nous continuerons de payer 1,2 milliard de dollars au cours des 10 prochaines années pour rembourser le trop perçu de l'année dernière, c'est ce que cela donne.
C'est toujours triste de voir que chaque fois qu'on sort d'une conférence fédérale-provinciale, il y a des gens qui sont insatisfaits au Québec, entièrement ou partiellement. Cette fois-ci, on a tellement assoiffé le gouvernement du Québec depuis les sept dernières années, on lui a tellement coupé les vivres, qu'on se contente de ce qu'on a sur la table. On dit qu'on est en maudit, mais on va accepter ces montants.
C'est comme cela tout le temps. Il n'y a pas une conférence fédérale-provinciale sur des accords particuliers d'où l'on ne sort pas frustrés. Il n'y a pas de consensus au Québec qui ne soient pas foulés aux pieds chaque fois qu'on demande une participation du gouvernement fédéral, une participation juste et équitable.
Je vous donne l'exemple des garderies. Pour tout le monde au Canada et ici, dans ce Parlement, l'exemple, c'est le Québec. On aime le Québec et on trouve que le programme est bien fait. Oui, c'est bien fait. Cela fait cinq ans que les garderies à 5 $ puis 7 $ existent au Québec.
Dû au fait que les parents paient 5 $ et 7 $ par jour pour les garderies, c'est le gouvernement fédéral qui a gardé dans ses poches les crédits d'impôt ou les déductions fiscales fédérales dont ils bénéficiaient par le passé, lorsqu'ils payaient 30 $ ou 35 $ par jour pour faire garder leurs enfants. Il n'y a pas eu d'entente possible, même si le Québec était présenté comme un exemple patent d'une mesure relative aux garderies. Il était progressiste, cité partout et encensé ici. Nous voulons bien être encensés et félicités pour nos bons coups, mais pendant nous sommes félicités, le gouvernement fédéral ne fait pas sa part.
Juste l'année passée, c'est 250 millions de crédits d'impôt et de déductions fiscales que les parents québécois ont perdus du gouvernement fédéral parce que, justement, il y a un système progressiste au Québec qui fait l'envie de tout le monde et dont on veut copier les tenants et les aboutissants dans le reste du Canada.
Depuis cinq ans, les familles québécoises ont fait entrer 1 milliard de dollars dans les coffres du gouvernement fédéral, parce que ce dernier n'a pas eu besoin de payer des crédits d'impôt et des déductions fiscales.
En ce qui concerne les congés parentaux, c'est la même chose. Nous nous mettons à genoux pendant des années, alors qu'il existe un consensus québécois. La Loi sur l'assurance-emploi permet de transférer autour de 600 millions ou 700 millions de dollars pour financer des programmes de congés parentaux, dont la politique est beaucoup plus généreuse et consensuelle auprès du gouvernement du Québec qu'elle ne l'est au niveau du gouvernement fédéral, où il y a des patentes incroyables. Lorsqu'on devient parent, on a deux semaines de carence, parce qu'on est assujetti au régime d'assurance-emploi. Ainsi, on est pénalisé pendant deux semaines si l'on est parent. Alors qu'on est tout fier d'être parent, le gouvernement fédéral pénalise ces gens.
En ce qui concerne la politique des congés parentaux au Québec, si nous avions été un Québec souverain, nous aurions réalisé ce système de congé parental depuis longtemps. Nous aurions utilisé depuis longtemps nos ressources fiscales, les plus de 40 milliards de dollars en taxes et impôts que nous payons à Ottawa tous les ans. Nous aurions utilisé cet argent depuis longtemps pour notre programme de garderies, pour augmenter les places dans les garderies, plutôt que de venir nous rouler dans la gravelle ici pour demander une part de ce que nous payons en taxes et en impôts au gouvernement fédéral pour concrétiser les consensus québécois. Cela n'a aucun sens.
C'est la même chose pour le secteur agricole. Pense-t-on que si le Québec avait été souverain, avec ces 40 milliards de dollars en taxes et impôts versés à Québec, nous aurions laissé nos agriculteurs mourir comme ils sont en train de le faire à l'heure actuelle? Pense-t-on que nous n'aurions pas trouvé une façon de leur venir en aide? Ces derniers reçoivent environ 20 p. 100 des prix qu'ils recevaient pour la vache de réforme, par exemple. Ils sont également victimes des subventions américaines au niveau des céréales. Face à la vache folle, le gouvernement fédéral dit qu'il a essayé, qu'il essaie toujours et que rien ne fonctionne. Nous aurions pris depuis longtemps des mesures pour aider les producteurs et les productrices agricoles du Québec.
Encore en fin de semaine, je lisais qu'Air Canada Jazz quitte Québec. Tout le monde est ébahi et se demande comment cela se fait-il. Pense-t-on qu'un Québec souverain aurait laissé partir Air Canada Jazz? Non, parce que la capitale nationale d'un Québec souverain aurait été Québec, justement. Aux yeux d'un Québec souverain, cette capitale nationale n'est pas qu'une région quelconque comme elle l'est pour le gouvernement fédéral, mais bien une capitale nationale. Par conséquent, nous aurions doté l'aéroport de Québec d'installations aéroportuaires dignes d'une capitale nationale. Je pense que les Québécois sont en train de comprendre de plus en plus que cela n'a aucun sens que d'avoir dans notre coeur une fierté nationale et de voir le gouvernement fédéral prendre nos taxes et nos impôts pour nous rentrer dedans, pour nous frustrer toutes les fois que nous sommes en train de négocier des ententes de répartition de nos propres taxes et impôts.
Je m'adresse maintenant à mes compatriotes. Il faut comprendre que quelque part, cela n'a plus aucun sens que de vivre dans un système comme celui-là. Même sur la scène internationale, on dit que nous sommes une nation et on parle d'État québécois. Nous avons une Assemblée nationale. Par contre, nous nous laissons déposséder par des ententes comme celle sur la péréquation, par des ententes qui tardent à venir au niveau des congés parentaux. Nous avons un système de garderies qu'on encense. Par ailleurs, depuis cinq ans, comme Québécois, nous sommes en train de créer un fonds pour développer les garderies en dehors du Québec.
Le gouvernement fédéral dit que pour la première année d'opération, les garderies pancanadiennes coûteront 1 milliard de dollars. Justement, cela fait cinq ans que le gouvernement fédéral économise en crédits d'impôt et en déductions fiscales qu'il donne aux parents québécois, ce que nous investissons au Québec en matière de garderies. Ainsi, ce sont les Québécois et les Québécoises qui financeront le premier milliard de dollars qu'il en coûtera la première année pour mettre en opération les garderies au Canada, soit en Ontario, à l'Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan, en Alberta, etc.
Or, nous servons d'exemple, mais il n'y a jamais de fonds ou de réelle accommodation harmonieuse pouvant venir du gouvernement fédéral. On tente toujours d'imposer. Il nous faut toujours nous battre jusqu'à la dernière énergie pour aller chercher le moindre cent de ce gouvernement, tandis que nous lui versons sans mot dire 40 milliards de dollars en taxes et impôts tous les ans.
Simplement au niveau de la lutte contre la pauvreté, c'est la même chose. Depuis combien d'années nous battons-nous pour exiger une véritable politique de logement social? Malgré le fait que le gouvernement du Québec soit aux prises avec des finances publiques pouvant tirer de l'arrière et être en difficulté au cours des prochaines années parce que le gouvernement fédéral lui a coupé les vivres, on se retrouve devant une situation où c'est le gouvernement du Québec qui investit massivement dans le logement social.
Si l'on avait la part que nous versons en pur gaspillage à Ottawa et en pur copinage—parce qu'on a vu qu'avec le programme des commandites, il y avait un système de corruption—, si on avait toutes ces ressources, on pourrait faire en sorte de construire davantage de logements sociaux. Cependant, on est encore obligés de se mettre à genoux devant le fédéral et de participer à une politique d'asservissement, parce que le gouvernement fédéral nous impose ses vues et parce que ce n'est pas la priorité du gouvernement fédéral. C'est le cas même si c'est la priorité du Québec, même si les congés parentaux relèvent de la priorité du Québec. C'est un consensus incroyable dans tout ce qu'on appelle le débat sur la conciliation travail-famille. Même pour l'agriculture—on l'aiderait demain matin si on avait les moyens de le faire, au Québec—, il faut toujours attendre. Même lorsqu'on demande au ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire d'imposer un prix plancher un peu partout concernant la vache de réforme—cela ne lui coûte rien—, on hésite, on consulte, on ne sait pas si l'Alberta sera d'accord, on ne sait pas si c'est une bonne formule pour l'ensemble du Canada.
Quant à la vache folle de l'Alberta, qui est la source du problème, à un moment donné, on a interrogé le ministre fédéral de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire en lui demandant s'il y avait moyen de faire des régions particulières, comme on le fait dans tous les différends commerciaux, de faire en sorte que le Québec, qui a un système de traçabilité et un système d'inspection qui sont supérieurs à tout ce qui se fait en Amérique du Nord, puisse être considéré comme une région, et de faire en sorte que l'Ouest et les Maritimes puissent être considérés comme deux autres régions. Non! Le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire s'est levé en disant: « Écoutez, on est tous Canadiens et Canadiennes d'est en ouest au Canada », tant et si bien que la vache folle est devenu un symbole de l'unité canadienne. Cela n'a aucun sens de gérer les choses comme cela, surtout quand on sait que c'est avec notre argent qu'on le fait.
Si le Québec acquiert son statut d'État souverain, c'en sera fini de ces chicanes. C'en sera fini de ces espèces de négociations bidon où, à la fin, Ottawa nous impose ses vues au détriment des priorités et des consensus que nous avons a définis nous-mêmes.
Quant au déséquilibre fiscal, cela fait combien d'années qu'on en parle? Le rapport Séguin a été publié il y a trois ans ou trois ans et demi, si ma mémoire est bonne. Tout est clair et limpide. Il y a trop de ressources ici à Ottawa pour les mandats du gouvernement fédéral prévus par la Constitution et pour les autres mandats qu'il s'est donnés au cours des dernières décennies. Il n'y en a cependant pas assez au Québec et dans les provinces pour financer des choses fondamentales comme la santé et l'éducation, le soutien au revenu, la construction de routes, le développement régional, et le reste.
Quant au déséquilibre fiscal, même si le gouvernement a convenu qu'il pourrait y avoir certaines pressions fiscales, on l'a à peine allégé avec l'entente sur la péréquation. Si l'on se fie aux calculs révisés de la Commission Séguin d'il y a trois ans, il manquerait encore près de 2,4 milliards de dollars par année dans les versements au Québec pour régler cette question de déséquilibre fiscal. C'est même en tenant compte de l'entente sur la santé et sur la péréquation. Il s'agit de 2,4 milliards de dollars. Le gouvernement du Québec risque cette année de passer au travers. Toutefois, l'année prochaine, il n'est pas exclu qu'il tombe en déficit.
Il y a des surplus énormes ici, et il y aurait des déficits dans les provinces. Même le ministre fédéral des Finances a commandé une étude au Conference Board il y a quelques mois, lui demandant de réviser la situation financière du gouvernement fédéral et des provinces au cours des 10 prochaines années. Il a eu la surprise de voir qu'au cours des 10 prochaines années160 milliards de dollars de surplus seraient accumulés dans les coffres du gouvernement fédéral, alors que les provinces accuseraient un déficit de plus de 60 milliards de dollars. Cela n'a aucun sens pour quelques-uns, comme le ministre des Finances et le premier ministre, qui croient au fédéralisme. On ne fait pas fonctionner un régime fédéral de cette façon, avec des provinces qui tirent de l'arrière et qui sont déficitaires, alors que le gouvernement fédéral a plein d'argent et investit dans tous les champs de juridiction de ces provinces, en ne tenant même plus compte de la Constitution.
Cela dit, nous sommes donc forcés de dire que cette entente est non seulement une mauvaise entente, mais une très mauvaise entente. Toutefois, elle rapporte quelques millions de dollars aux provinces, soit au Québec et aussi aux provinces du reste du Canada, dont elles ont bien besoin, parce que le gouvernement fédéral les a assoiffées. En effet, il a sabré dans les transferts et il accule justement les provinces à des situations où le déséquilibre fiscal fait des victimes incroyables. On l'a vu cette année en Ontario. On pourrait le voir au Québec dans les prochaines années. Il n'y a que l'Alberta, finalement, qui peut s'en sortir à cause du pétrole.
Toutefois, pour le reste, il faut absolument que nous partions de cet exemple pour susciter un débat sérieux sur le déséquilibre fiscal, pour qu'on puisse le régler d'une façon définitive. J'espère que le sous-comité qui sera mis en place au Comité permanent des finances pour régler cette question du déséquilibre fiscal produira un rapport qui réglera effectivement une fois pour toutes ce déséquilibre, et qui fera en sorte qu'on arrêtera de dire, de l'autre côté de la Chambre, qu'on a une entente harmonieuse, alors qu'on entre dans la gorge des ententes dont les provinces ne veulent pas.
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Monsieur le Président, mon collègue est bien bon. Nous le remercions de toute cette générosité, mais c'est tout de même détestable que d'entendre un tel discours, surtout quand il compare des régimes d'un peu partout et quand il dit: «Vous avez une bonne portion des décisions à prendre.» Ce n'est pas une bonne portion des décisions qu'on veut prendre; c'est 100 p. 100 des décisions qu'on veut prendre en fonction des Québécois et des Québécoises, non pas en fonction des impératifs de Toronto et du reste du Canada. Il n'en est pas question. Telle est la souveraineté.
Comment se fait-il que la souveraineté canadienne soit très importante, alors que lorsqu'on parle de la souveraineté du peuple québécois, on se fait dire: «Vous savez qu'il y a des aménagements.» Ce n'est pas vrai, qu'il y a des aménagements. Toutes les fois qu'on a conçu des consensus au Québec, il a fallu ramer dans la gravelle. C'est toujours la même fichue d'histoire!
Ce n'est pas une partie de la décision qu'on veut; c'est toute la décision qu'on veut. Je vous donne un exemple concernant la Faculté de médecine vétérinaire, chez nous. Comment se fait-il que les quatre autres facultés de médecine vétérinaire au Canada aient toute leur accréditation totale et que la seule à ne pas l'avoir, celle qui a une accréditation partielle, c'est la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe? La seule faculté de médecine vétérinaire francophone en Amérique est québécoise, elle se trouve à Saint-Hyacinthe, et le gouvernement libéral réfléchit encore sur le fait ou l'opportunité de lui donner 25 millions de dollars manquants pour pouvoir faire en sorte qu'elle retrouve son accréditation.
Quant aux congés parentaux, depuis combien d'années en discute-t-on? Depuis combien d'années discute-t-on avec le gouvernement fédéral pour trouver des aménagements qui ne sont pas difficiles à trouver, parce que la Loi sur l'assurance-emploi nous permet, pour des programmes comparables, comme celui du congé parental, de transférer quelques centaines de millions de dollars au Québec pour qu'il puisse développer son programme de congé parental?
Pourtant, cela a été simple d'investir 500 millions de dollars en Ontario pour l'industrie de l'auto. Cette industrie ontarienne n'a même pas eu besoin de revendiquer et de négocier. En pleine campagne électorale, on a donné 500 millions de dollars à l'industrie automobile de l'Ontario. On demande un traitement similaire pour l'industrie aéronautique qui est principalement concentrée au Québec. Non. Vous avez des pinottes. Vous avez de la péréquation.
Toutes les dépenses structurantes se font en Ontario, mais le Québec a de la péréquation. Quelle honte que d'avoir un discours comme celui-là! On l'a entendu de la bouche des députés libéraux québécois. «Vous avez la péréquation et l'Ontario a les investissements et les emplois.» Telle est la réalité à l'heure actuelle.
Les 40 milliards de dollars de taxes et d'impôts qu'on aurait au Québec, on les utiliserait pour s'enrichir, pour enrichir le Québec et toutes les régions du Québec. Je n'ai jamais dit que cela serait le meilleur pays au monde. Nous n'avons pas cette prétention. C'est honteux, justement, que les premiers ministres successifs ici, au Canada, aient dit à la face du monde que le Canada était le meilleur pays du monde! C'est un affront diplomatique incroyable. On n'a jamais eu cette prétention.
Toutefois, avoir 100 p. 100 des décisions sur 100 p. 100 de nos consensus, choisir nous-mêmes ce qui est bon pour nous et ne pas nous faire dicter par Ottawa ce qui serait bon pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois, telle est la souveraineté. Si elle est importante pour le Canada, elle est importante pour le Québec aussi.
Je suis persuadé qu'au prochain rendez-vous, les Québécois et les Québécoises vont décider de sortir de ce régime, parce qu'on a des choses à construire. Ce n'est pas parce qu'on veut être acrimonieux. On a des choses à construire au Québec. Cela fait longtemps qu'on a mis toutes les pièces du puzzle en place pour pouvoir construire le Québec: le Québec des régions, le Québec agricole, le Québec industriel, le Québec...
Une voix: Le Québec culturel.
M. Yvan Loubier: Le Québec culturel, de même que le Québec riche, pas une province pauvre avec de la péréquation. Ce n'est pas ce qu'on veut.
Il y a un principe en économie qui dit qu'un dollar investi dans un secteur n'a pas la même valeur dans un autre secteur. Un dollar investi dans le secteur industriel a des effets multiplicateurs. C'est ce qui arrive avec l'Ontario depuis des années. L'Ontario a le dollar multiplicateur; nous avons la péréquation et il faudrait se fermer la boîte quand on dit: « Vous êtes corrects, vous retirez une bonne partie des taxes et des impôts que vous payez à Ottawa. »
C'est une vision colonialiste. Cela n'a aucun bon sens, et c'est ce qu'on veut changer.
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Monsieur le Président, je me fais un grand plaisir de participer au débat sur le projet de loi C-24, Loi modifiant la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces et d’autres lois en conséquence.
Tous les députés savent que la première lecture de ce projet de loi a eu lieu vers la fin de novembre. Il est essentiellement le reflet du nouveau cadre de la formule de péréquation et de financement des territoires dont les premiers ministres ont convenu à la fin d'octobre.
J'ai été attentive au débat depuis le début et il est évident que l'on y sent l'expression d'un certain degré d'acrimonie et de frustration de la part de bon nombre de Canadiens, non pas en raison des dispositions que contient la mesure à l'étude mais à cause du contexte dans lequel elle est présentée.
Les graves difficultés résultant de l'imposition unilatérale de lourdes mesures de compression dans les budgets Martin de 1996 et des années suivantes ont en effet engendré un climat d'acrimonie intense.
Tout le monde sait qu'il n'a pas été facile de nous remettre sur une voie plus constructive. À l'amorce du présent débat, il nous faut garder à l'esprit que les versements de péréquation ne sont pas des cadeaux entre provinces, contrairement à l'impression que l'on donne souvent. On peut avoir l'impression que, de bon ou de mauvais gré, et parfois très évidemment de mauvais gré, les provinces riches donnent de l'argent aux provinces pauvres.
Ce n'est pas ce qu'on entend par paiements de péréquation. Il est important de se le rappeler. Ce sont les impôts payés par les Canadiens d'un océan à l'autre qui permettent de faire les paiements de péréquation. Il ne s'agit pas de paiements que les provinces plus riches versent aux provinces plus pauvres. Nous nous sommes engagés à l'égard d'un principe important, en l'occurrence celui d'offrir un accès égal aux programmes et aux services importants qui assurent la qualité de vie. Ce principe permet de fixer un seuil sous lequel les Canadiens ne peuvent tomber, compte tenu de l'immensité des ressources de l'ensemble de la nation. Il est important de voir la question sous cet angle.
La péréquation crée vraiment un contexte où le Canada ne peut justifier qu'un fossé se creuse entre les nantis et les démunis, comme nous le voyons depuis quelques années à cause des compressions unilatérales massives dans les paiements de transfert et du plafond arbitraire que le gouvernement a imposé.
Au début des années 90, j'ai eu le privilège de siéger à la table de négociation sur la Constitution. Certains diront que ce privilège peut être remis en question parce que le moins qu'on puisse dire c'est que le processus s'est éternisé. Toutefois, à la table de négociation, il a entre autres été établi que la formule de péréquation devait être intégrée à notre cadre constitutionnel. Il est extrêmement important qu'il en soit maintenant ainsi.
Il serait facile de passer le peu de temps dont nous disposons à ressasser l'immense dommage résultant des compressions unilatérales dans le financement fédéral, notamment au titre des systèmes de soins de santé et d'éducation. De plus en plus, ce sont les étudiants de niveau postsecondaire qui font les frais de ces compressions massives.
Il serait facile de nous apitoyer sur le recul que ces compressions ont entraîné dans les mesures d'assainissement et de protection de l'environnement dans le secteur du transport en commun, en particulier dans la mise en oeuvre des projets des villes. Le gouvernement fédéral a rejeté du revers de la main un programme de garderie national prometteur en disant que, pour l'instant, nous n'en avons pas les moyens, même si, au cours des quelques années suivant l'arrivée au pouvoir des libéraux, le Canada a enregistré une croissance de 3 p. 100 et que nous aurions effectivement eu les moyens de nous offrir un tel programme.
Je vais prendre quelques minutes cet après-midi pour parler de quelques éléments positifs que j'ai constatés dans tout le pays et en particulier dans ma propre circonscription qui, selon moi, représente beaucoup de régions durement touchées par les décisions arbitraires du gouvernement dans les compressions et les restrictions appliquées à nos paiements de péréquation et à nos paiements de transfert.
Je me reporte à des consultations locales qui ont eu lieu en fin de semaine. Fondamentalement, depuis deux ans, la chambre de commerce organise une consultation sur toute la question du potentiel économique, centrée dans ce cas-ci sur ce qu'on appelle la MRH, ou municipalité régionale d'Halifax. Je dois dire en toute honnêteté que je suis très heureuse d'être députée d'Halifax, mais je crois que le fait de vivre dans une ville qui s'appelle maintenant MRH et non Halifax soulève la question de savoir comment une ville qui se nomme elle-même MRH peut avoir une âme, car c'est un nom nébuleux et dénué de sens.
Quand on prend la grande région d'Halifax-Dartmouth et tout ce qu'elle englobe, on s'aperçoit qu'il y a eu un large processus de consultation pour examiner le potentiel de croissance à l'avenir et, on peut l'espérer, un développement utile et un véritable progrès économique. Ce n'est pas simplement de la croissance pour la croissance, car la croissance peut être positive ou négative selon la façon dont les avantages en sont distribués et dont la croissance se fait. Nous aurons l'occasion d'en parler davantage un autre jour.
L'engagement dans la collectivité et le leadership dont a fait preuve la chambre de commerce en rassemblant de nombreux membres différents de la collectivité pour discuter de ces questions aide, bien sûr, à faire le point sur l'ampleur des torts causés par les énormes compressions unilatérales que le gouvernement fédéral a commencé à imposer au milieu des années 90, mais il aide aussi à nous pencher sur certaines solutions.
L'événement a été très instructif et je m'en réjouis. Il était temps de tourner la page. Je suis heureuse qu'on reconnaisse que certaines des plus graves entraves à un véritable progrès économique dans de nombreuses régions du pays, dont ma propre collectivité, Halifax, proviennent de l'érosion importante du financement dans des secteurs aussi essentiels que l'enseignement.
On a mis en lumière au cours de la fin de semaine que nous ne devons absolument pas perdre de vue le fait que, parallèlement à l'énorme dette qu'on fait assumer à nos étudiants du postsecondaire, on a malheureusement assisté à une diminution importante, du moins en Nouvelle-Écosse, de la qualité du système public d'éducation, de l'école primaire jusqu'à la douzième année. Des mesures correctrices doivent être prises à cet égard. Nous savons à quel point l'éducation est importante pour la croissance économique et l'avancement de nos collectivités.
En appuyant ce projet de loi dont la Chambre est saisie, nous reconnaissons qu'il s'agit d'une amélioration par rapport à la situation actuelle et aux graves effets des formules inadéquates. Cette proposition n'est pas parfaite, mais elle représente une amélioration. Elle découle de l'accord signé par tous les premiers ministres provinciaux.
L'important maintenant est de veiller à ce que nous tenions compte des leçons du passé. Le gouvernement renverse la vapeur en matière de péréquation et de paiements de transfert; nous devons nous assurer de réparer les dégâts causés aux systèmes d'éducation et de soins de santé.
Nous y arrivons. Des mesures importantes ont été prises en ce sens. Le système d'éducation a besoin du même type de contexte que celui de la Loi canadienne sur la santé, un contexte qui prévoit des normes et des mécanismes d'application. Cela reste encore à faire. Le projet de loi dont nous sommes saisis n'en fait pas assez sur le plan des arrangements fiscaux.
Ce week-end, à la conclusion des consultations sur le potentiel économique tenues à Halifax, on a reconnu le rôle fondamental des arts et de la culture. C'est très encourageant. Les arts et la culture ont un impact économique sur les collectivités. Nous devons reconnaître que la créativité qu'entraîne un engagement solide envers le financement des arts et de la culture nous permettra de prendre les décisions nécessaires et de trouver les solutions innovatrices dont nous avons terriblement besoin dans un monde complexe en constante évolution.
Des considérations semblables existent relativement à l'érosion de notre système de transport public, particulièrement en ce qui concerne le transport en commun en milieu urbain et dans les régions. D'énormes dommages ont découlé des compressions massives effectuées et, franchement, dans bien des cas, des solutions axées uniquement sur le marché qui ont été appliquées dans un domaine comme les transports. Cela ne fonctionne pas dans les régions moins prospères et moins peuplées du pays comme la région de l'Atlantique, en général, et ma province, la Nouvelle-Écosse, en particulier.
Il est important que nous reconnaissions les dommages qui ont été faits. Même dans les cas où il était clair que les citoyens les plus vulnérables porteraient le fardeau des compressions du gouvernement, ce dernier ne voulait pas reculer après avoir commencé à produire des excédents année après année. Après sept budgets excédentaires consécutifs, le gouvernement refuse toujours de réparer les dommages et d'apporter les changements requis dans le cadre fiscal qui nous permettraient de commencer la reconstruction.
On ne peut parler de cette question sans reconnaître les réductions massives dans les prestations d'assurance-emploi qui visent à créer une fausse impression quant à la taille de l'excédent. Cela n'a pas encore été réparé. Il semble tellement facile pour les libéraux de parler avec fierté de l'excellent travail qu'ils ont fait pour produire cet excédent. Ils passent sous silence le fait que les excédents ont été accumulés sur le dos des dernières personnes qui auraient dû payer les frais de la mauvaise gestion du gouvernement libéral au cours de la dernière décennie.
Le gouvernement a choisi d'ignorer le fait qu'une grosse partie de cet excédent a été généré en enlevant de l'argent directement--et je le dirai--de la bouche des enfants dans bien des cas. Cela s'est produit dans les familles où des travailleurs se sont retrouvés sans emploi indépendamment de leur volonté. Ils ont contribué de bonne foi au régime d'assurance-emploi au fil des ans et ont contribué à constituer cet excédent. Ils se sont aperçus qu'en raison des règles restrictives à l'admissibilité mises en place, ils ne pouvaient simplement pas bénéficier de l'assurance-emploi.
Une voix: Plus personne n'est admissible.
Mme Alexa McDonough: Monsieur le Président, comme le député vient de nous le rappeler, les conditions d'admissibilité sont actuellement restrictives au point qu'il ne faut pas la tête à Papineau pour comprendre pourquoi, en 2004, nous constatons une augmentation de la pauvreté des enfants dans ce pays aujourd'hui.
Cela peut sembler une digression d'aborder, pendant un débat sur la Loi sur les arrangements fiscaux, la question de l'accroissement de la pauvreté des enfants, une source d'embarras pour nous et un fardeau pour les familles à faible revenu, mais il y a un lien entre les deux questions. Il s'agit du mauvais ordre des priorités. En effet, depuis toujours, les politiques du gouvernement libéral ont contribué à enrichir les sociétés les plus riches du pays et les catégories les mieux nanties, au détriment de ceux qui auraient le plus besoin de savoir que leur collectivité et leur gouvernement sont là pour eux.
Nous espérons que ce projet de loi est une première mesure de réparation, bien qu'encore loin de la promesse non remplie qu'a faite le premier ministre pendant la dernière campagne électorale. Nous n'avons encore vu aucun signe de la volonté du premier ministre d'honorer la promesse qu'il a faite à la Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador relativement à la part qui nous est due et qui doit être investie pour favoriser la future prospérité économique de nos provinces, qui repose sur nos ressources naturelles.
Il est important de saisir cette occasion pour reconnaître le besoin de nouvelles mesure législatives. Nous ne parlons pas d'un amendement au projet de loi dont nous sommes saisis. Nous parlons d'un projet de loi complémentaire qui honorerait l'engagement pris, mais pas encore respecté, par le premier ministre, de faire en sorte que nous devenions les bénéficiaires des ressources extracôtières qui, pour l'instant, sont accaparées par le gouvernement fédéral.
Ce n'est pas seulement la chose juste à faire, mais c'est aussi la seule ligne de conduite honnête que le gouvernement peut suivre. Lorsque le premier ministre est venu dans l'Atlantique, il était évident qu'il tentait désespérément d'obtenir des votes. Les libéraux étaient si déterminés à garder leurs sièges et à prendre ceux du NPD partout où cela était possible. Ils se sont alors engagés à nous permettre d'investir les profits tirés de nos ressources extracôtières pour renforcer notre base économique et la rendre plus durable.
Ne perdons pas de vue ce qui doit être fait. Ce projet de loi n'aborde pas ce point. Toutefois, ce n'est pas moins urgent que les changements aux accords fiscaux qui sont proposés dans le but de garantir aux Canadiens une sorte de niveau plancher sous lequel personne au pays ne devrait tomber, à commencer par les enfants pauvres qui sont plus d'un million. Il est triste de voir que, selon les dernières statistiques disponibles pour l'année précédente, le nombre d'enfants pauvres est en hausse et non en baisse, contrairement à ce qu'avait promis le Parlement il y a 15 ans dans le cadre d'une résolution multipartite.