J'aimerais vous souhaiter la bienvenue à la 36e séance du Comité permanent du patrimoine canadien. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions l'avenir du Fonds canadien de la télévision.
Nous recevons ce matin trois groupes de témoins. Je vais accorder à chacun d'entre vous un temps de parole de cinq minutes, questions et réponses comprises.
Vous allez remarquer qu'il y a deux avis de motion inscrits à la fin de l'ordre du jour. Je propose que nous les examinions jeudi sans faute étant donné que nous avons alors seulement un témoin de prévu au programme.
Nos premiers témoins d'aujourd'hui sont les représentants de Shaw Communications Inc. Ils sont avec nous jusqu'à 9 h 45; à 9 h 45, nous mettrons fin aux questions pour nous préparer à recevoir le groupe suivant.
Je souhaite la bienvenue à MM. Jim Shaw et Ken Stein. Merci, messieurs, de votre présence ce matin.
Allez-y, monsieur Shaw.
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Bonjour. Merci de nous avoir invités, Ken Stein et moi, à vos délibérations d'aujourd'hui. Je suis le chef de la direction et Ken est le premier vice-président, Affaires corporatives et réglementaires.
C'est la première fois que le comité invite Shaw Communications, un des principaux bailleurs de fonds de la programmation canadienne, à venir témoigner dans le cadre de son examen du Fonds canadien de télévision.
Avant d'annoncer que nous suspendions nos versements au Fonds canadien de télévision, il y avait peu de décideurs intéressés à connaître notre opinion. Nous avons posé ce geste pour une raison claire et cohérente puisque le FCT n'a pas rempli son mandat qui est d'encourager la production d'émissions de télévision de qualité typiquement canadiennes.
Nous sommes ici aujourd'hui parce que cette question nous tient à coeur et parce que nous voulons faire notre part pour améliorer la télévision canadienne. Vous désapprouvez peut-être les moyens que nous avons utilisés pour attirer l'attention, mais j'espère que vous ne désapprouvez pas notre objectif. Le gouvernement et le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes ont exprimé le souhait d'améliorer le faible rendement du FCT, et ils ont tous les deux engagé des consultations avec nous et d'autres membres de l'industrie.
Nous sommes tous déterminés à établir des mécanismes de financement d'émissions qui peuvent répondre aux défis de la concurrence à l'ère de la technologie numérique. Pour Shaw, la réforme du régime repose sur trois principes fondamentaux, à savoir le rendement, la responsabilité et l'équité.
Le FCT n'a pas créé une industrie de la production solide, autonome et capable de s'autofinancer. Cette industrie ne peut pas rester complètement dépendante du FCT, et le FCT ne peut pas être indéfiniment tributaire des impôts des Canadiens.
Le FCT n'a pas fait augmenter les cotes d'écoute des émissions canadiennes. Il a dépensé 2,3 milliards de dollars pour obtenir seulement quelques grands succès. Pouvons-nous dire que cet investissement a eu des résultats positifs?
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En 1993, le CRTC a décidé d'un arrangement qui permettait aux réseaux de choisir s'ils voulaient verser une partie de l'argent dans un fonds ou rembourser les abonnés.
Il y a des gens qui ont expliqué ce régime, qui a pris fin en 1996, c'est-à-dire il y a dix ans. Il n'existe plus.
Le système de majoration tarifaire basé sur les dépenses d'immobilisation a été éliminé. À ce moment-là, la responsabilité du fonds, qui était réglementé par le CRTC, a été transférée au ministère du Patrimoine canadien. C'est ce ministère qui a alors pris la relève. C'est bien expliqué dans les décisions rendues par le Conseil en 1996-1997. Il était prévu que le fonds serait alimenté par le gouvernement, et des mesures ont été prises pour en faire un partenariat.
À l'époque, on a imposé une contribution de 5 p. 100 pour les satellites, les services par satellite et la diffusion directe, et une contribution de 5 p. 100 pour la câblodistribution. Le poste communautaire touchait 2 p. 100 et les 3 p. 100 restants étaient versés au fonds canadien de programmation et à ses successeurs ainsi qu'à des fonds privés comme le fonds Rocket de Shaw. Cette décision a été prise en 1996.
Quand les gens parlent de ce qui s'est passé depuis treize ans, ils décrivent la situation des trois premières années et oublient celle des dix dernières.
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Je vais passer à autre chose, parce que le président va m'interrompre d'un moment à l'autre.
J'aimerais reparler de la première version du fonds de télévision par câble qui était financé à parts égales par le gouvernement et l'industrie, et je comprends que les choses ont changé depuis le début des années 1990.
Monsieur Stein, vous faisiez partie du premier groupe qui trouvait que c'était une bonne formule parce que les câblodistributeurs ont ainsi pu garder la moitié de la grosse augmentation des tarifs d'abonnement alors que l'autre moitié a été versée dans le fonds de télévision par câble de l'époque. Autant que je sache, ces bénéfices supplémentaires n'ont jamais été rendus aux abonnés, et il semble donc... On a dit qu'on devait peut-être aux abonnés des montants pouvant aller jusqu'à 900 $. Je pense que cette formule vous a assez bien servis.
Vous dites que c'est une taxe injuste et, pourtant, vous facturez aux abonnés des tarifs pour des signaux que vous obtenez gratuitement; vous êtes protégés de la concurrence étrangère de, disons, DirecTv; votre valeur sur le marché est de plus de 9 milliards de dollars; vous siégez au conseil du FCT; vous êtes protégés et dorlotés sur le marché par le CRTC. Maintenant, vous venez nous demander quelle assurance nous, les parlementaires, allons vous donner pour que vous vous donniez la peine de payer votre part de licence. Je ne vois simplement aucune autre entreprise qui peut dicter des conditions de ce genre.
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Je crois que M. Barrett a indiqué lorsqu'il a comparu qu'il savait que les EDR n'étaient pas satisfaites depuis 10 ans. Je dirais que c'était là la nature de nos préoccupations.
Il y a eu diverses questions. Nous étions préoccupés par les vérifications, puis on nous a dit que la vérificatrice générale allait faire un examen, ce qu'elle a fait — un bon examen. On nous a dit que les problèmes relevés par la vérificatrice générale ont été corrigés, mais nous ne savons pas comment et nous ignorons les commentaires qu'elle a faits.
Par ailleurs, la vérificatrice générale regarde la chose du point de vue du gouvernement, et non du point de vue d'un partenaire du secteur privé. Le gouvernement a le droit de conclure une entente de contribution. Nous n'avons pas pareille entente. Le gouvernement a le droit d'effectuer une vérification. Nous n'avons pas ce droit. Nous apportons donc une juste contribution au fonds, mais ce n'est pas un partenariat public-privé puisque le gouvernement a tous les droits, mais pas nous.
Star Choice contribue au fonds autant que Shaw Cable et au cours des dernières années — depuis 2004, je crois — nous avons fait valoir que les entreprises de SRD devraient occuper deux sièges au conseil d'administration.
Le conseil d'administration du FCT — et je ne sais pas s'il a le droit de décider lui-même de sa composition — a décidé qu'il n'y aurait qu'un seul représentant d'entreprise de SRD. Puis on m'a dit qu'il préférerait avoir Bell plutôt que Star Choice, parce que Shaw faisait déjà partie du conseil.
Nous avons répliqué que Shaw ne faisait pas partie du conseil d'administration, puisque notre membre s'est fait dire qu'il ne pouvait représenter Shaw; il représente l'ACTA.
Alors, toutes sortes de problèmes perdurent depuis quelques années et aucun n'a été réglé.
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Je dirai deux choses. Premièrement, nous avons abordé ces questions lors de l'audience du CRTC, et lorsque le FCT a comparu, nous n'avions pas l'impression qu'on s'intéressait à ces questions. Toutefois, nous avions fait valoir nos préoccupations au sujet du FCT dans les interventions que nous avons faites auparavant et publiquement.
De plus, un des faits marquants est survenu lorsque notre soi-disant membre du conseil d'administration a été prié de se retirer des discussions parce que nous avions fait l'acquisition d'un système de câblodistribution desservant Kenora. Nous sommes très fiers d'offrir des services dans les petites collectivités. Ce n'est peut-être pas à Timmins, mais dans un certain nombre de petites collectivités, et nous en sommes très fiers.
Dans le cadre de cette acquisition, nous sommes devenus propriétaires d'une station de télévision à Kenora, qui offre un service utile dans cette région. C'est une petite station de radiodiffusion, que nous avons acquise en même temps que l'entreprise de câblodistribution de cette région.
On a dit à notre membre qu'il ne pouvait plus participer aux discussions parce que nous étions maintenant un diffuseur. Nous étions propriétaires d'une petite station à Kenora, et nous avons dû quitter la salle avec CTV, Global et TVA. C'est ridicule.
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Concernant les deux marchés, permettez-moi d'abord de parler du marché de langue anglaise, parce que vous avez devant vous ces données produites par la CBC. La société d'État a présenté un tableau, qui est très intéressant. On y voit le nombre d'émissions produites grâce au financement du FCT, dont une émission de CTV présentée le samedi soir à 22 heures, je crois, et une autre sur Global à la même heure. Ces deux émissions ont une très faible cote d'écoute.
Nous avons une liste des 200 premières émissions de la programmation de langue anglaise, et ces programmes se classent au 140e et au 163e rangs. La plupart des émissions les mieux cotées sont les programmes américains et le Hockey Night in Canada.
Nous ne portons aucun jugement sur la programmation, mais nous croyons que si nous avons dépensé 2,3 milliards de dollars, deux choses auraient dû se produire. Premièrement, nous devrions avoir une industrie de production solide, compte tenu de cet investissement et des paiements que versent les Canadiens. Deuxièmement, il devrait y avoir une reddition de comptes pour ce qui est de l'auditoire.
Le FCT n'a produit qu'un seul rapport sur l'auditoire au cours des cinq dernières années. Ses porte-parole ont présenté quelques-unes de ces données à votre comité. Rien ne montre que l'argent injecté dans le système a permis de produire des émissions qui ont connu du succès auprès des téléspectateurs canadiens, et nous croyons que c'est un problème. C'est ce que nous essayons de dire.
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Thank you, Mr. Chairman.
Mesdames et messieurs les députés, monsieur le président, merci de nous accueillir ici ce matin.
Depuis deux ans, Quebecor Média essaie par tous les moyens d'alerter tous les milieux concernés, que ce soit les politiciens, les fonctionnaires, les autorités réglementaires ou les intervenants de l'industrie de la télévision, au sujet des conséquences des changements radicaux que la révolution numérique fait subir au paysage audiovisuel canadien.
Devant l'absence de réaction et l'inertie auxquelles nous avons été confrontés, nous avons décidé de hausser le ton en suspendant pendant 21 jours notre versement mensuel au Fonds canadien de télévision. Je suis heureux de constater qu'une des conséquences de notre geste a été de convaincre le Comité permanent du patrimoine canadien de tenir des audiences spéciales pour discuter du dossier, car je crois sincèrement que si nous ne réagissons pas rapidement, l'industrie canadienne de la production audiovisuelle court de très graves dangers qui pourraient la mener à l'étouffement.
Permettez-moi d'abord de faire une mise au point. Je m'étonne que cela s'avère nécessaire, mais à la lecture des propos qui ont été rapportés dans les médias et les témoignages qui ont été livrés ici, je me sens dans l'obligation de le faire.
Le monopole dans le secteur de la câblodistribution n'existe plus. Il a été remplacé, comme l'a souhaité le législateur dans les années 1990, par un marché hautement concurrentiel dans lequel s'affrontent les anciens câblodistributeurs, les nouveaux entrants dans le secteur, les télédistributeurs par satellite, les entreprises de téléphone qui offrent maintenant ce service par de nouveaux moyens technologiques et, surtout, l'Internet, qui est en train de devenir le véhicule universel de la communication.
Au cas où vous l'ignoriez, il y a 2,8 millions de foyers canadiens abonnés à un service autre que la câblodistribution. Le législateur a eu raison d'imposer la déréglementation, même si elle est loin d'être aussi complète qu'elle devrait l'être. En effet, les câblodistributeurs sont toujours soumis à une réglementation tatillonne qui frêne leur capacité d'offrir un meilleur service aux consommateurs et de concurrencer à armes égales les nouveaux venus de la télédistribution.
C'est pourquoi nous avons maintes fois encouragé publiquement les diverses autorités concernées d'aller jusqu'au bout de la logique qui a guidé le ministre de l'Industrie, monsieur Maxime Bernier, dans sa décision d'accélérer la déréglementation dans le secteur de la téléphonie résidentielle et de déréglementer aussi totalement que possible le secteur de la câblodistribution.
Néanmoins, force est de reconnaître que la déréglementation déjà en place a bien servi les consommateurs. Les services se sont grandement améliorés, les prix sont plus bas et les câblodistributeurs utilisent maintenant leurs très coûteuses infrastructures pour offrir de nouveaux services aux consommateurs et aux citoyens. C'est ainsi que pour la première fois dans l'histoire du Canada, l'arrivée de Vidéotron et des autres câblodistributeurs dans le marché de la téléphonie résidentielle a permis une diminution très substantielle des prix du téléphone.
Un autre mythe que j'aimerais dissiper est celui qui veut que le droit de diffuser des émissions de télévision soit un privilège, puisque les ondes sont la propriété publique. Croyez-vous que YouTube.com, qui vient de conclure une entente avec un grand distributeur de contenus pour diffuser des émissions dans leur intégralité, ou que tetesaclaques.com, un véritable phénomène au Québec, a demandé l'octroi d'un privilège à quiconque pour occuper une place de plus en plus grande dans le paysage audiovisuel?
Les mesures protectionnistes ne sont possibles que si on peut contrôler les frontières. Ce n'est plus le cas. Les auditoires massifs à qui nous pouvions imposer une grille-horaire ne sont plus là. Ils sont dispersés sur des centaines de nouvelles fenêtres. Les diffuseurs généralistes, comme le réseau TVA, qui ne peuvent compter que sur les revenus de la publicité, sont donc en danger. Les auditoires baissent de façon substantielle et les revenus publicitaires suivent cette courbe descendante. Si nous ne nous réveillons pas, ces grands diffuseurs généralistes qui offrent les grands bulletins de nouvelles et les émissions d'affaires publiques ne pourront même plus offrir ces services.
Au Québec, nous avons eu la chance de bénéficier de la protection de la langue, ce qui a permis d'attirer d'importants auditoires pour les productions faites ici. Malheureusement, il ne faut pas se leurrer en se disant que le Québec est protégé à jamais contre la réalité mondiale.
Le modèle en vertu duquel des producteurs indépendants n'investissent pas 1 sou; ne prennent aucun risque; sont complètement subventionnés par une combinaison du Fonds canadien de télévision, de fonds privés et de crédits d'impôt; se versent comme rémunération 20 p. 100 du coût total de la production; vendent des licences pour une seule diffusion et continuent de posséder les droits pour diffusion sur les autres fenêtres, là où se trouvent les auditeurs que nous devons rejoindre pour continuer à rendre viable l'existence d'un diffuseur généraliste, ce modèle-là ne peut plus fonctionner. Pour continuer de justifier les investissements nécessaires à la diffusion de productions de qualité, un groupe comme Quebecor Média doit posséder les droits sur les produits qu'il diffuse. Nous devons pouvoir pleinement exploiter le potentiel économique des diverses émissions en les faisant migrer de la vidéo sur demande au réseau généraliste, à une chaîne numérique, à un site de téléchargement et, finalement, à la vente au détail sous forme de DVD. C'est désormais la seule façon de rendre économiquement viable la production de qualité.
En cela, l'intégration de Quebecor Média ne diffère pas de celle que l'on retrouve chez les grands groupes mondiaux de l'industrie du divertissement et des communications. Le Fonds canadien de télévision, qui a pu jouer un rôle constructif dans le passé, n'est plus adapté à la réalité créée par la révolution numérique qui a eu pour résultat la multiplication des canaux de diffusion et l'abattement des frontières.
Au cours du dernier trimestre, TVA a vu ses revenus publicitaires diminuer de 3,7 p. 100. C'est énorme, pour un seul trimestre. En gestionnaires responsables que nous sommes, nous devons prendre les mesures appropriées pour ajuster les dépenses à cette nouvelle réalité. Je vous rappelle que Quebecor Média, dont la filiale TVA dépense déjà 109 millions de dollars annuellement pour la production et l'acquisition de contenu canadien, a l'intention de maintenir un niveau de dépenses similaire pour les années qui viennent. Par ailleurs, Quebecor Média, par sa filiale Vidéotron, propose d'augmenter considérablement sa contribution à la production canadienne.
À l'heure actuelle, Vidéotron verse 19 millions de dollars au Fonds canadien de télévision et à un fonds privé régi par le CRTC pour la production d'émissions canadiennes.
Nous proposons de faire passer cette somme à 109 millions de dollars pour les trois prochaines années. Nous proposons d'assumer la responsabilité de cet engagement devant le CRTC, en lui permettant de siéger au conseil du fonds qui sera chargé de gérer cet investissement, lequel devra produire un rapport annuel qui sera rendu public.
Avant de répondre à vos questions, je vous lance un appel sincère au réalisme. Notre industrie est à un point tournant de son existence. Dans votre grande sagesse, je suis convaincu que vous vous en rendez compte. S'il y a une chose que je voudrais que vous gardiez en tête, c'est que le changement que nous vivons va en s'accélérant, et que nous n'avons plus le temps d'en débattre pendant des mois et des années. Il est temps d'agir.
Je vous remercie énormément de votre attention.
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Je crois que vous savez, après avoir entendu un certain nombre de personnes autour de cette table, que nous sommes d'accord avec vous pour dire qu'avec l'avènement des nouveaux médias, c'est très difficile d'atteindre les auditoires et que les mesures protectionnistes, comme vous dites, ne fonctionnent pas très bien. Toutefois, je trouve déplorable que vous considériez l'idée de la programmation canadienne et du contenu canadien comme une mesure protectionniste, parce que si on regarde d'autres pays qui cherchent à préserver leur propre culture dans ce monde de communications de masse — Si vous regardez l'Angleterre et la BBC, si vous regardez le travail qu'on fait en Angleterre, celui qu'on fait en Australie, vous verrez que l'industrie y est très forte.
La question n'est pas vraiment de savoir si nous devons nous protéger. Il s'agit de savoir comment nous injectons de l'argent dans un fonds qui permettra de garantir que le contenu canadien, la culture canadienne garde toute sa vitalité et toute sa force dans cette ère de communications de masse multimédias.
C'est une grande question. Des gens nous ont dit ce qui s'était produit, etc., et maintenant nous remettons l'argent dans le fonds.
Shaw nous a dit un peu plus tôt qu'ils avaient des problèmes. Ils avaient besoin d'une vérification. Eh bien, la vérification de la vérificatrice générale ne semble pas régler les choses.
La grande question est la suivante. J'aimerais que l'on propose des solutions vraiment positives parce que l'idée que nous allons supprimer le Fonds canadien de télévision et que nous allons tous nous évanouir dans la nature ne va pas se concrétiser. Nous voulons tous l'affirmation de la culture canadienne, d'une programmation canadienne.
Évidemment, la langue est importante. Le Québec peut garder la tête en dehors de l'eau à cause de sa langue. Nous sommes probablement les seuls dans cet hémisphère à pouvoir conserver une programmation de langue française à la fois solide et de qualité. Toutefois, puisque nous vivons si près des États-Unis, nous devons être en mesure de garantir que nous avons une programmation solide.
J'aimerais que vous me donniez des solutions positives pour montrer que vous tenez à maintenir un FCT solide et une façon de garantir que nous produisons des émissions de qualité. Si vous pouvez me donner ces réponses, j'aimerais les entendre.
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Nous en avions une. Nous avons proposé une solution.
Puisque l'objectif de la loi est de contribuer à l'industrie de la programmation canadienne, je ne crois pas que nous avons l'obligation de contribuer à un fonds; l'obligation est de contribuer à la programmation canadienne, ou au système de radiodiffusion canadien.
C'est pourquoi nous proposons de verser davantage que ce que nous versons dans le fonds canadien, pour un total de 30 millions de dollars par année, et nous sommes prêts à prendre un engagement de trois ans, pour plus de 100 millions de dollars. Je crois que c'est une vraie solution.
En fait, nous allons mieux contribuer à l'industrie et en même temps, nous n'allons pas contribuer à une structure bureaucratique qui dit « Eh bien, c'est la fin de semaine ». Une foule de personnes disent « Nous pouvons financer cela avec le FCT, mais pas ceci ». Qui sont ces gens pour dire ce qui est bon pour les Canadiens?
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Monsieur Péladeau, monsieur Lavoie, bienvenue.
À vous écouter, j'anticipe un débat plus large que celui qui entoure l'existence du Fonds canadien de télévision lui-même avec l'avènement des nouvelles technologies. Vous avez parlé de déréglementation. Avez-vous envisagé les impacts d'une telle procédure? On parlait de télécommunications, mais on va souhaiter la même chose en radiodiffusion et télédiffusion. Avez-vous évalué les impacts, au Québec et au Canada, sur la souveraineté culturelle, compte tenu du fait, comme le disait Mme Fry, de la proximité que nous avons avec les États-Unis?
Le Québec, par le biais de son identité et de sa langue est relativement à l'abri — je dis bien relativement à l'abri —, mais les anglophones du Canada seraient à la merci d'une acculturation, voire d'une assimilation culturelle, dans ce cadre.
J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet.
La solution que nous proposons est justement d'améliorer et d'augmenter les contributions financières au système canadien de radiodiffusion et, en particulier, comme vous pouvez vous en douter, à l'espace québécois de langue française dans lequel nous évoluons en grande partie. Vous avez mentionné un peu plus tôt que 16 000 emplois étaient en jeu. On n'a pas du tout l'intention de mettre ces emplois en jeu, bien au contraire. Avec les sommes supplémentaires que nous entendons engager dans l'industrie, on assistera peut-être même à une augmentation des emplois.
Nous avons l'intention de nous assurer que l'enveloppe francophone du système de radiodiffusion canadien soit solide. L'objectif recherché est de nous assurer dorénavant d'occuper l'ensemble audiovisuel, lequel ne se limite plus à la télévision. Auparavant, il existait deux grands médias de divertissement et d'information : les journaux et la télévision généraliste. C'était l'environnement qui prévalait au moment de la création du Fonds canadien de télévision. Cet environnement a complètement éclaté.
Nous avons des canaux de distribution qui aujourd'hui font en sorte que les auditoires, qui étaient autrefois uniquement réservés à la télévision conventionnelle, se sont déplacés, et les revenus publicitaires également.
Croyez-vous que cela nous ait plu quand nous avons dû cesser la série lourde Vice caché? Moi et mes collègues collaborateurs et membres de ma famille l'avons regardée et nous avons trouvé que c'était une très bonne série. Malheureusement, on n'était pas en mesure de la financer, puisque l'auditoire, qui était de l'ordre de deux millions, est tombé en deçà d'un million.
Cette émission est d'aussi bonne qualité que n'importe quelle autre émission américaine. On pense notamment à la série Desperate Housewives, que Radio-Canada a achetée pour la diffuser à son antenne. Malheureusement, financièrement, nous ne pouvons plus produire la série Vice caché puisque l'auditoire s'est dispersé au profit d'autres canaux. Soyez assuré que notre motivation est de maintenir un très haut niveau de financement de la production canadienne.
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Dans votre préambule, vous avez parlé de la protection de la culture canadienne, qui m'apparaît une cause extrêmement noble et très défendable. Le problème est que cela ne fonctionne plus.
Comment allez-vous trouver un moyen d'empêcher YouTube et ses équivalents d'entrer au Canada? Je ne sais pas comment vous allez empêcher ces nouveaux véhicules de communication universelle et extrêmement puissants d'entrer au Canada.
Mes collègues de Shaw n'ont pas voulu s'avancer trop loin dans l'analyse du marché francophone. Je me permets quand même de dire, en tant que personne ayant vécu longtemps au Canada anglais et aimant beaucoup le Canada, ce qui suit. Jim Shaw a fait référence au cas CSI. La semaine dernière, quelqu'un me disait qu'une des émissions les plus populaires aux États-Unis, 24 , avait une équipe de production composée de la moitié, sinon plus, de Canadiens.
Cela me rappelle aussi qu'en 1992, le CRTC a décrété que la chanson Everything I Do, de Brian Adams, n'était pas canadienne. Pourtant, le compositeur était canadien, celui qui avait écrit les paroles était canadien et le chanteur était canadien. Tout était canadien, mais en vertu d'une grille technocratique mise en place par on ne sait trop qui, on avait décrété qu'une des chansons les plus vendues de l'histoire de la musique n'était pas canadienne.
J'ai beaucoup de réticence face à cela. Il y a une attitude qui consiste à dire qu'il faut se protéger parce qu'on n'est pas bons. Je pense que les Canadiens anglais sont aussi bons que les Américains. D'ailleurs, quand on leur en donne la chance, ils produisent des émissions d'une qualité exceptionnelle. Les émissions 24 et CSI en sont de bons exemples.
Allez faire un tour à Hollywood et à New York, et vous y trouverez beaucoup de Canadiens. Je me demande si ce n'est pas le système lui-même qui a fait en sorte que les Canadiens sont allés produire leurs émissions ailleurs.
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Je vais commencer par répondre à votre première question. Quel était l'objectif de la loi? Qu'est-ce que le législateur a recherché en créant des obligations pour le câblodistributeur qui était, à l'époque, un monopole? Or, ce monopole a complètement disparu. Comme vous le savez fort bien, si les Canadiens bénéficient d'un système de communication aussi efficace, c'est parce qu'on y a investi des milliards de dollars. M. Shaw y a fait référence.
C'est la même chose pour nous. Nous avons investi 750 millions de dollars dans Vidéotron. Nous investirons également 1 milliard de dollars dans les trois prochaines années pour nous assurer encore une fois que les Canadiens puissent bénéficier des plus récentes technologies, d'un environnement concurrentiel et de services de télécommunications à des prix les plus concurrentiels possible.
À l'origine, l'objectif de la loi était de contribuer à la programmation canadienne ou à ce qu'on a appelé le système canadien de radiodiffusion. Or, c'est exactement ce à quoi nous voulons arriver. Nous voulons le faire plus efficacement que ne le fait actuellement une structure bureaucratique qui, malheureusement, à cause de ses règles tatillonnes, constitue plutôt un empêchement.
Mon collègue M. Lavoie l'a mentionné un peu plus tôt. Cela fait quand même un certain temps qu'on soulève la question des nouvelles plateformes.
Pourquoi le Fonds canadien de télévision n'est-il pas en mesure de faire évoluer sa réflexion? Pour une raison très simple: les producteurs indépendants n'y sont pas intéressés. Ils ne sont pas intéressés à faire en sorte que les nouveaux canaux de distribution, pour l'ensemble de l'industrie canadienne et dans une perspective à moyen et à long terme, puissent bénéficier d'une solidité.
Pourquoi un producteur indépendant qui reçoit 20 p. 100 du coût de production et qui, donc, n'a aucun véritable incitatif financier pour créer une production de qualité au meilleur coût possible serait-il intéressé à changer le système? Rien ne l'incite à le faire.
Il faut savoir que ce qui déclenche la contribution du FCT est le généraliste, seulement s'il détient une licence de diffusion sur le généraliste. Toute autre licence de diffusion fera en sorte de freiner le déclenchement de la contribution du FCT. Ces détails sont techniques, mais ils sont d'une extrême importance. Malheureusement, c'est là que se situe le problème.
Mesdames et messieurs les membres du comité permanent, bonjour. Mon nom est Glenn O'Farrell. Je suis président et chef de la direction de l'Association canadienne des radiodiffuseurs, ou ACR. Aujourd'hui, je suis accompagné de Susan Wheeler, vice-présidente de l'ACR en matière de politiques et affaires réglementaires, télévision.
Nous désirons tout d'abord remercier le comité permanent de nous accueillir ce matin et de nous permettre de nous exprimer au sujet du Fonds canadien de télévision, le FCT.
[Traduction]
Monsieur le président et membres du comité, notre exposé d'aujourd'hui comporte trois points : premièrement, le rôle du FCT dans le cadre réglementaire de la programmation canadienne; deuxièmement, l'orientation future des mécanismes de financement de la production et l'importance de rester au diapason des réalités changeantes dans les secteurs de la radiodiffusion et des communications; et, troisièmement, les mesures à prendre dans l'immédiat pour stabiliser le modèle actuel de financement des émissions canadiennes et trouver des solutions à long terme.
Il faut voir, dans la création du FCT en 1996 en tant que partenariat privé-public, la nette expression d'une volonté politique d'ériger et d'étayer les fondements durables d'une programmation foncièrement canadienne, en français, en anglais et en langues autochtones. La volonté politique est toujours aussi forte, comme en atteste le renouvellement de la contribution de 100 millions de dollars du gouvernement. En fait, au milieu du débat actuel, nous constatons que la ministre du Patrimoine canadien a démontré à quel point le gouvernement appuie la production d'une programmation canadienne en annonçant, avant même l'échéance du cycle budgétaire, qu'il renouvelait pour deux ans son engagement en faveur du FCT.
Les télédiffuseurs privés du Canada remercient le gouvernement pour cette preuve tangible de sa confiance dans la capacité de l'industrie à répondre aux grands objectifs de la politique culturelle et industrielle qui traduisent les aspirations des Canadiens et cherchent à préserver leur identité aussi bien nationale que régionale.
Pour mieux comprendre le rôle du FCT dans un contexte réglementaire élargi, nous croyons qu'il faut d'abord rectifier certains faits qui ont été mal interprétés au cours des récentes semaines. Premièrement, les télédiffuseurs privés du Canada sont, sans l'ombre d'un doute, ceux qui investissent le plus dans la programmation canadienne, et leurs investissements augmentent d'année en année. Pour la seule année 2005, les télédiffuseurs privés du Canada ont investi près de 1,4 milliard de dollars dans des émissions canadiennes de tout genre : dramatiques, comédie, sport, affaires publiques.
Deuxièmement, en vertu des politiques actuelles, les télédiffuseurs privés ne reçoivent pas d'argent du FCT. Celui-ci finance effectivement les producteurs indépendants avec des suppléments de droits de diffusion et des investissements en capital une fois assurés les droits de diffusion. Alors que les auditoires des émissions canadiennes doivent être une priorité clé, il est aussi important de noter que les investissements du FCT dans les émissions canadiennes soutiennent l'ensemble du secteur de la création, mais le succès du fonds ne peut être mesuré uniquement en termes d'auditoires, bien que cela soit un aspect à considérer. Comme les responsables du FCT l'ont mentionné lors de leur comparution la semaine dernière, chaque dollar investi par le FCT génère un investissement de 3,50 $ dans la production.
Troisièmement, le FCT finance des émissions que les Canadiens aiment regarder. On ne peut douter que grâce à la mise en commun des ressources publiques et privées dans ce fonds, le FCT a remporté des succès retentissants, quelle que soit la façon de les envisager, en contribuant au financement d'émissions canadiennes de qualité s'adressant à des auditoires de tous âges, dans toutes les régions du pays.
Nous avons de quoi être fiers de ce partenariat privé-public et de la façon dont il a aidé l'industrie à promouvoir les objectifs culturels du Canada. Nous estimons que c'est un bel exemple de collaboration dont pourraient bénéficier d'autres pays. Bien que bâtir un auditoire pour une émission canadienne de langue anglaise reste toujours un défi, les émissions que finance le FCT dans les deux langues officielles se classent parmi les émissions les plus populaires et les plus regardées de la télévision canadienne. En voici d'ailleurs des exemples très concrets.
Dans le cadre de son film de la semaine, One Dead Indian a valu à CTV plus d'un million de téléspectateurs et son documentaire Ice Storms: Scandal at Salt Lake en a attiré 1,2 million. Sa série régulière DeGrassi est l'émission dramatique de langue anglaise la plus regardée et est vendue de par le monde dans quelques 150 pays. Sur Showcase, Trailer Park Boys est regardé par 1,5 million de téléspectateurs. Cela constitue un véritable succès. Non seulement Trailer Park Boys est-il diffusé à travers le monde, démontrant ainsi sa pertinence auprès des auditoires canadiens et internationaux, mais la série a inspiré la production d'un long métrage canadien dont les recettes en salles au Canada anglais, de l'ordre de 4 millions de dollars, en font l'un des plus grands succès du cinéma canadien. Les émissions Godiva 's et Charlie Jade diffusées sur CHUM en sont d'autres exemples. Global rejoint 575 000 personnes partout au pays avec sa nouvelle série Falcon Beach. De plus, le Canada maintient sa position de chef de file pour ce qui est des émissions pour enfants avec la production d'émissions populaires telles Daniel Cook de Tree House et Jacob Two Two de YTV, les deux émissions se retrouvant parmi les plus populaires auprès de l'auditoire jeunesse et générant des produits dérivés tels des livres pour enfants et des DVD.
Il n'y a pas que les grandes stations qui réunissent de vastes auditoires avec des émissions financées par le FCT. Les émissions canadiennes diffusées par des chaînes spécialisées comme le réseau de télévision des peuples autochtones (APTN) et la chaîne religieuse VisionTV rallient aussi d'importants auditoires.
[Français]
Les télédiffuseurs de langue française ont connu de remarquables succès, des émissions canadiennes faisant régulièrement partie des 25 émissions les plus écoutées et regardées au Québec.
L’ACR note également que 10 des 25 émissions francophones les plus regardées au Québec ont été financées par le FCT. De plus, ce succès s’étend à toutes les catégories d’émissions : 50 p. 100 des émissions pour enfants et pour jeunes dans le marché francophone sont financées par le FCT, qui contribue au financement de 37 p. 100 de toutes les dramatiques diffusées aux heures de grande écoute et 59 p. 100 de l’ensemble des émissions de variétés et d’arts de la scène. Permettez-moi de vous donner rapidement quelques exemples.
À TVA, les dramatiques Nos Étés et Laura Cadieux, qui sont financées par le FCT, attirent régulièrement de 1,2 à 1,3 million de téléspectateurs.
TQS remporte d’énormes succès avec des comédies subventionnées par le FCT comme 450, Chemin du Golf et Bob Gratton, ma vie, my life, qui sont écoutées respectivement par environ 600 000 et 1,4 million de téléspectateurs chaque semaine. Les services spécialisés de langue française ne sont pas en reste.
Les séries documentaires Un tueur si proche et Danger dans les airs de Canal D comptent 358 000 et 272 000 téléspectateurs en moyenne, tandis que Une grenade avec ça? et Dans une galaxie près de chez vous, que diffuse Vrak.TV, ont respectivement un auditoire de 448 000 et 481 000 jeunes.
Dans un marché étroit ne comptant que 6 millions de francophones, ces chiffres ont de quoi impressionner. De façon à demeurer concurrentiels, les télédiffuseurs devront pouvoir offrir leur contenu sur l’ensemble des plateformes et bénéficier de la flexibilité nécessaire afin de poursuivre leurs stratégies de programmation tout en reflétant leurs conditions d’affaires et leurs besoins spécifiques.
Passons au point deux: les mécanismes de financement doivent s'ajuster aux réalités du marché. Toutes les entreprises de radiodiffusion autorisées ont la responsabilité, en vertu de leur statut réglementaire, de soutenir la programmation canadienne, laquelle représente un objectif clair de la Loi sur la radiodiffusion. Cette responsabilité s'étend aux entreprises de câblodistribution et aux entreprises de SRD, les grands gagnants de la réglementation dans ce secteur.
Aucun joueur ne peut refuser unilatéralement de verser des contributions lorsqu'elles ne font plus son affaire. Les télédiffuseurs s'engagent à soutenir la programmation canadienne en vertu d'un cadre réglementaire qui s'applique à l'ensemble de l'industrie, et cela englobe les mécanismes de financement comme le FCT. Il est clair qu'un système réglementé, pour fonctionner de façon adéquate, oblige toutes les parties prenantes à se conformer aux règles. La ministre s'est clairement exprimée sur ce point devant vous la semaine dernière, ce que le président du CRTC est venu renforcer dans sa déclaration publique.
Cela dit, l'ACR reconnaît les avantages à débattre publiquement de la question pour évaluer l'utilisation et l'efficacité des contributions à la programmation canadienne que font le gouvernement, les distributeurs, les télédiffuseurs et, bien sûr, les producteurs.
Nous prenons note que le président du CRTC s'est déjà prononcé sur le fait que cet enjeu mérite d'être étudié plus à fond. Cependant, l'ARC est d'avis que la discussion ne devrait pas être limitée à l'environnement réglementé, mais plutôt être élargie de manière à englober toutes les parties impliquées — réglementées et non réglementées — dans le système, pour déterminer comment chaque élément peut contribuer à l'atteinte des objectifs de politique culturelle et industrielle du Canada.
Notre environnement médiatique évolue à un rythme trépidant et chaque jour, le consommateur se voit offrir de nouveaux choix de contenu et de distribution. C'est un environnement dans lequel des médias réglementés sont en concurrence avec des médias qui ne le sont pas pour tenter d'accaparer le temps d'écoute et l'attention des Canadiens. À cet égard, les tableaux joints à mon mémoire donnent un aperçu de la situation des médias réglementés en 1996. Ils présentent une ventilation des marchés de langue anglaise et de langue française, et brossent un tableau du paysage médiatique tel que nous le connaissons en 2005-2006. Ces chiffres montrent bien le changement radical et la fragmentation survenue sur la scène médiatique.
À cela s'ajoute maintenant la pléthore de médias non réglementés qui sont offerts aux consommateurs canadiens et qui opèrent dans le même espace : mentionnons les sites MySpace et YouTube, dont nous avons beaucoup entendu parler récemment.
L'ARC recommande, comme premier pas, une évaluation du partenariat public-privé. De façon plus précise, il faut revoir de fond en comble notre façon de procéder pour que les mécanismes de financement puissent s'adapter aux conditions changeantes du marché, et ce, afin que notre industrie demeure concurrentielle, non seulement chez nous, mais aussi par rapport au reste du monde. Le principe fondamental de cette revue doit sans contredit viser la création d'émissions canadiennes qui attirent les auditoires.
Glenn.
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L'ACR se réjouit de l'annonce récente de Quebecor de reprendre sa participation dans le FCT jusqu'à ce que le CRTC ait l'occasion d'étudier le nouveau fonds qu'elle propose.
Vous avez eu l'occasion de discuter longuement de la question avec les représentants de la société, ce matin.
L'ACR a également bien accueilli la décision de Shaw qui, ce matin, a annoncé qu'elle reprenait elle aussi ses versements au FCT.
Comme nous l'avons mentionné plus tôt, l'ACR croit en effet qu'il faut étudier et réévaluer les mécanismes de financement sur une base constante de manière à s'assurer qu'il reste au diapason de la réalité changeante des secteurs de la radiodiffusion et des communications.
Du point de vue de la politique d'intérêt public, toutefois, l'ACR estime plus fructueux d'élargir les discussions pour y inclure tous les mécanisme de financement de la production télévisuelle, et non pas seulement ceux que proposent les titulaires individuels. À cette fin, l'ACR recommande deux mesures pour dissiper le climat d'incertitude engendré par les récents événements et jeter les bases d'une solution à long terme.
Premièrement, si nous voulons trouver des solutions à long terme aux problèmes que beaucoup de gens, comme nous, ont évoqué — et vous avez entendu des témoignages à ce sujet ce matin et lors de précédentes audiences —, nous devons adapter les mécanismes de financement aux réalités changeantes du marché. Il s'agit pour nous d'une priorité. Nous recommandons au gouvernement d'utiliser les pouvoirs que lui confère l'article 15 de la Loi sur la radiodiffusion pour ordonner au CRTC de tenir une audience et de faire rapport sur la situation des mécanismes de financement de la production. Cela garantira un débat en profondeur sur le rôle des mécanismes de financement et leurs retombées sur tous les intervenants du système. Autrement dit, qu'allons-nous financer, comment, et dans quel but?
L'ACR est d'avis qu'il s'en dégagerait un message clair, à savoir qu'il n'appartient pas aux titulaires de décider de l'avenir du cadre de réglementation. De cet examen devraient se dégager des politiques et des principes permettant au gouvernement de considérer l'orientation future du financement des productions à l'intention des marchés de langues anglaise et française. Compte tenu du récent débat, il faudra particulièrement remettre en question l'admissibilité des télédiffuseurs publics aux fonds de production.
De plus, dans les conditions actuelles de fragmentation du marché, la priorité doit être accordée aux consommateurs de contenu, c'est-à-dire les auditoires, et non pas à ceux qui le produisent.
À cette fin, il faudra aussi se pencher sur l'admissibilité des producteurs affiliés aux mécanismes de financement. Si cette approche est adoptée, l'ACR suggère d'y recourir avant la prochaine année de radiodiffusion, qui débute le 1er septembre 2007.
Deuxièmement, l'alinéa 10(1)k de la Loi sur la radiodiffusion donne au CRTC le pouvoir de prendre toute mesure qu'il estime nécessaire à l'exécution de sa mission. L'ACR demande instamment au Conseil d'utiliser les pouvoirs que lui confère la loi et de prendre des dispositions immédiates pour modifier le règlement sur la distribution de la radiodiffusion de manière à préciser les paiements que les distributeurs ont l'habitude de verser aux fonds indépendants de production.
Cette démarche aurait pour effet de clarifier le calendrier des paiements et de donner plus de stabilité au secteur de la production télévisuelle au Canada. L'ACR croit comprendre que de telles modifications pourraient être apportées dans un délai de 60 jours en tenant compte de toutes les procédures.
Le nouveau président du Conseil a déclaré la même chose la semaine dernière ou, du moins, il s'est dit prêt à envisager une telle démarche.
Nous espérons que le comité appuiera notre appel en faveur de ces deux mesures à prendre dans l'immédiat.
L'ACR remercie le comité permanent de lui avoir permis d'exprimer ses vues, aujourd'hui. Nous nous ferons un plaisir de répondre à toutes les questions que pourraient avoir les membres.
Merci beaucoup, monsieur le président.
Il est important de l'examiner, car, franchement, les événements des dernières semaines nous montrent à quel point le système est volatile et fragile. Cela dit, je ne crois pas que nous puissions rester les bras croisés et tout simplement présumer que les choses vont évoluer, comme vous l'avez laissé entendre, dans des circonstances fort stables.
Le règlement doit être modifié afin de donner plus de stabilité au secteur. Le nouveau président semble être d'accord. Une recommandation en ce sens du comité aiderait à faire avancer le dossier
Il y a une autre question tout aussi importante, sinon plus, qu'il faut se poser : quelle sera la prochaine étape? Une fois le règlement modifié et le calendrier des paiements clarifié, qu'allons-nous faire? À notre avis, le gouvernement a le pouvoir, en vertu de l'article 15 — il l'a fait dans le passé —, de demander au Conseil d'examiner les enjeux que soulève la mise en oeuvre ou l'élaboration d'une politique, et d'en faire rapport.
Le Conseil a récemment été chargé, par la et le gouvernement, de procéder, en vertu d'un décret, à une étude sur les changements qui s'opèrent dans le secteur de la radiodiffusion. Il existe un précédent qui se rapporte peut-être davantage à cette question : en 1994, le gouvernement de l'époque a émis l'arrêté C.P. 1994-1689, qui demandait au Conseil de se pencher sur l'interconnexion et l'interfonctionnalité des installations de télécommunication et de câblodistribution, en vue d'assurer une plus grande interopérabilité entre les deux et d'offrir un plus grand choix aux consommateurs. Le Conseil a mené une étude et présenté un rapport au gouvernement. Des changements ont ensuite été apportés aux règles du jeu.
Nous devons déterminer ce que nous comptons faire, résoudre les problèmes de court terme en modifiant le règlement et amorcer rapidement un processus en vue d'analyser les propositions et les enjeux. Nous avons besoin d'un mécanisme concret, et c'est pour cette raison que nous avons formulé cette suggestion.
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Nous défendons vigoureusement la programmation canadienne, parce que nous investissons beaucoup dans celle-ci. Les télédiffuseurs sont ceux qui investissent le plus. Nous avons dit, dans notre exposé, que la contribution financière des télédiffuseurs dépasse de loin celle des autres secteurs: leurs investissements s'élèvent à plus d'un milliard de dollars par année, selon les derniers chiffres recensés.
Est-ce que ces émissions attirent les auditoires recherchés, et est-ce qu'elles connaissent autant de succès que les autres? Dans un monde idéal, nous dirions, bien entendu, qu'il y a place à l'amélioration. Nous espérons atteindre les objectifs plus nobles qui ont été fixés en termes d'auditoires dans toutes les catégories d'émissions. Toutefois, je voudrais revenir à une réalité qui, je l'espère, saura vous guider dans votre réflexion.
J'aimerais que le comité examine, pendant cinq minutes, les quatre graphiques qui ont été fournis. Ils couvrent essentiellement la période allant de 1996 — année de création du fonds — à 2006. Ils vous donnent une idée de la situation de la télévision de langue anglaise à ce moment-là, et aujourd'hui. Il en va de même pour la télévision de langue française.
Les graphiques montrent à quel point le système est fragmenté. Ce qui nous amène à la question suivante: que comptons-nous faire à la lumière de cette fragmentation.
J'aimerais ajouter un dernier commentaire, monsieur le président. Il est question, ici, du système réglementé, non pas des services non réglementés qui cherchent, eux aussi, à capter une plus grande part de l'auditoire canadien.