:
Monsieur le président, membres du comité, bonjour. Je m'appelle Pamela Brand; je suis directrice générale nationale et chef de la direction de la Guilde canadienne des réalisateurs. Je suis accompagnée de Monique Lafontaine, avocate générale et directrice aux affaires réglementaires de la GCR.
La GCR est une organisation syndicale nationale qui représente des professionnels clés des services artistiques et logistiques de l'industrie cinématographique et télévisuelle. Nous représentons plus de 3 800 membres qui travaillent au Canada dans 47 domaines dont la réalisation, la conception, la production et le montage. La GCR vous remercie de lui permettre de témoigner devant le Comité permanent du patrimoine canadien pour présenter son point de vue sur le rôle et la valeur du Fonds canadien de télévision.
D'emblée, nous aimerions signaler que le FCT est la source de financement la plus importante pour les programmes canadiens de notre pays. Il fournit un soutien crucial aux émissions françaises ou anglaises, qu'il s'agisse de dramatiques, de documentaires, d'émissions musicales ou de variétés ou de programmes pour enfants.
Le FCT est une réussite exceptionnelle. Depuis sa création en 1996, il a permis de financer plus de 20 000 heures de programmation canadienne de haute qualité, y compris Da Vinci's Inquest, DeGrassi: The Next Generation, This Hour has 22 Minutes, Les Bougon, Newsroom, Instant Star, Un gars, une fille, Little Mosque on the Prairie, et Trailer Park Boys, parmi tant d'autres.
Comme les représentants du FCT vous l'ont signalé la semaine dernière, beaucoup d'émissions financées par lui ont été acclamées par la critique, ont un audimat canadien très impressionnant et fait l'objet de contrats de licences avec des télédiffuseurs à l'étranger. Sans le FCT, nous observerions sans aucun doute une diminution de la programmation canadienne de qualité. Compte tenu de la taille du marché canadien, il est très difficile de financer les productions conçues pour le public canadien. Si l'on laisse faire les forces du marché, beaucoup de genres d'émissions ne seraient plus réalisées au Canada.
Le FCT a également des retombées économiques significatives pour notre pays. De 2005 à 2006, il représentait 46 700 emplois directs et indirects au pays. En outre, il joue un rôle essentiel car il encourage l'investissement du secteur privé. En 2005-2006, le budget de 249 millions de dollars du FCT a permis un financement supplémentaire de 568 millions de dollars, ce qui représente un investissement total annuel de 817 millions de dollars pour la production de contenu canadien pour la télévision canadienne.
Par conséquent, il est essentiel que le FCT continue d'exister aujourd'hui et pour de nombreuses années à venir. Le gouvernement canadien doit conserver ce programme de financement culturel.
Nous aimerions parler à présent de la crise du FCT et, par conséquent, de tout le secteur canadien de la production. Monique Lafontaine va prendre la parole à ce sujet.
Comme le savent les membres du comité permanent, deux distributeurs canadiens, à savoir Shaw et Vidéotron, ont récemment cessé de contribuer au FCT. Il est vrai que Vidéotron s'est engagé à y contribuer de nouveau, mais ce n'est pas le cas de Shaw.
La réglementation du CRTC oblige les moyennes et grandes EDR à consacrer une partie de leurs revenus à la programmation canadienne. Cette réglementation exige également que 80 p. 100 des revenus en question soient versés dans le FCT, et la note de service 426 du CRTC précise qu'il doit s'agir de versements mensuels.
Normalement, le FCT prend ses décisions de financement au printemps de chaque année. Si on laisse Shaw retenir sa part de financement, le FCT devra vraisemblablement ajuster son budget pour en exclure la contribution attendue de Shaw lorsqu'il prendra ses décisions de financement au printemps 2007.
Nous estimons à environ 56 millions de dollars le montant que Shaw refuse de verser au Fonds. Cependant, l'attitude de cette société aura des conséquences beaucoup plus vastes, puisque ces 56 millions de dollars auraient permis d'aller chercher plus de 130 millions de dollars supplémentaires de financement de production auprès de différentes autres sources. Par conséquent, si le budget du FCT diminue à cause du non-paiement de Shaw, le secteur de la production canadienne va perdre un montant total de 185 millions de dollars pour l'exercice 2007-2008. Il s'agit d'un montant astronomique qui va sérieusement porter atteinte à l'activité de production au Canada, entraîner la perte de milliers d'emplois et réduire considérablement la gamme des émissions originales canadiennes proposées aux télédiffuseurs. En réalité, c'est le gagne-pain de milliers de Canadiens travaillant dans le secteur de la création qui est menacé.
Nous signalons à titre d'information que si Vidéotron avait continué de refuser de verser sa contribution d'environ 50 millions de dollars, le régime de financement aurait perdu un montant supplémentaire de plus de 35 millions de dollars.
Que peut-on faire? Il est essentiel que le gouvernement canadien, les parlementaires et le CRTC prennent l'initiative de sauvegarder l'existence du FCT. Ils devraient également veiller à ce que toutes les EDR canadiennes visées par les articles 29 et 44 du Règlement sur la distribution de radiodiffusion se conforment aux dispositions en question et effectuent leurs versements au FCT.
La politique canadienne sur la radiodiffusion énoncée dans la Loi sur la radiodiffusion exige que chaque élément du réseau canadien de radiodiffusion contribue équitablement à la création et à la présentation d'émissions canadiennes. Étant donné que les EDR ne créent pas d'émissions, leur contribution au FCT permet au Canada d'atteindre ce très important objectif d'intérêt public.
Je voudrais maintenant parler du plan d'action recommandé par la Guilde pour remédier à la crise actuelle du FCT.
En ce qui concerne le CRTC, la Guilde l'invite à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire appliquer dans les plus brefs délais sa note de service 426 et pour obliger Shaw à effectuer chaque mois ses versements au Fonds. Nous invitons également le Conseil à modifier les licences de Shaw qui ont été renouvelées il y a plus de cinq ans pour exiger que le titulaire effectue ses contributions au FCT.
En outre, la Guilde presse le CRTC d'amorcer immédiatement la modification du Règlement sur la distribution de radiodiffusion de façon à y faire stipuler l'obligation, pour les entreprises de distribution, d'effectuer chaque mois leurs versements au FCT.
:
Monsieur le président, chers membres du comité, bonjour. Mon nom est Caroline Fortier. Je suis directrice exécutive de l'Alliance pour l'enfant et la télévision, l'AET, un organisme sans but lucratif canadien que je vous décrirai brièvement un peu plus tard au cours de la présentation.
Tout d'abord, je voudrais vous indiquer que vous trouverez dans votre pochette des informations supplémentaires sur l'alliance, de même qu'un aperçu d'une étude.
Dans un premier temps, je voudrais vous remercier de nous permettre de prendre la parole ce matin. Ensuite, je vous présenterai deux membres du conseil d'administration de l'AET qui s'adresseront également à vous ce matin. On vous brossera, en anglais cette fois, un bref tableau de leur parcours professionnel respectif.
[Traduction]
M. Peter Moss est président de l'AET et membre du conseil d'administration de cette organisation depuis 2005. M. Moss travaille dans le domaine du divertissement pour enfants depuis plus de 25 ans et a touché autant à la télévision privée qu'à la télévision publique. Il a ainsi été directeur de la création pour le secteur des émissions pour enfants de CBC Television et vice-président de la programmation et production pour les chaînes YTV et Treehouse TV. Il a aussi été réalisateur-coordonnateur pour la chaîne The Children's Television Workshop (aujourd'hui appelée Sesame Workshop) et président de CINAR Animation.
En animation, il a participé notamment à la réalisation des productions Jacob Two-Two, Mischief City, If the World Were a Village et Weird Years comme directeur de la création.
Au théâtre, il a été metteur en scène pour le Festival de Stratford, parmi d'autres institutions, et a aussi été directeur artistique de YPT à Toronto pendant onze saisons d'affilée.
M. Steven DeNure est vice-président de l'AET et siège à son conseil d'administration depuis plus de trois ans. Il est également président de DECODE Entertainment, un chef de file dans la production et la distribution à l'échelle mondiale d'émissions pour enfants. Avant de fonder DECODE avec son partenaire, M. DeNure était président d'Alliance Productions.
La liste des productions auxquelles il a participé est longue et regroupe autant de séries d'animation comme ReBoot, Angela Anaconda et Franny's Feet, que des dramatiques jeunesse comme Radio Free Roscoeet Naturally, Sadie, ainsi que des émissions phares d'une heure comme Due South et North of 60.
[Français]
Comme vous le constatez certainement, MM. Moss et DeNure sont des personnes engagées, actives et productives dans la création de contenu jeunesse. En fait, pour les décrire en quelques mots, ce sont des passionnés de télévision pour enfants.
Je pourrais dire la même chose de tous les membres de notre organisation, composée essentiellement de créateurs, d'artisans, d'éducateurs, de producteurs et de télédiffuseurs canadiens de contenu jeunesse sur toutes les plateformes. Tous ont le même souci de contribuer à faire une télévision jeunesse canadienne de la plus haute qualité, un objectif que poursuit l'alliance avec eux depuis sa fondation, en 1974, au moyen de ses activités de formation professionnelle, ses prix d'excellence couronnant annuellement les meilleures productions anglophones et francophones et ses interventions auprès des instances gouvernementales et autres organismes concernés, tel que nous le faisons aujourd'hui.
Voilà donc pour la brève description de l'AET. Je vous invite maintenant à entendre M. Peter Moss.
Bonjour et merci de nous écouter.
Permettez-moi de vous expliquer l'importance de la télévision pour enfants et ensuite je passerai la parole à mon collègue Steven DeNure qui vous expliquera de quelle manière le FCT et l'Alliance travaillent la main dans la main et leur influence réciproque. En fait, c'est pour les consommateurs des réalisations du FCT et de l'AET que nous nous préoccupons. C'est pourquoi nous parlons au nom des enfants.
Au fil des ans, le Canada s'est bâti une solide industrie de télévision pour les enfants. Celle-ci repose sur un savant équilibre entre des intérêts privés et publics. Ce genre de partenariat entre le public et le privé découle généralement d'une nécessité culturelle — et on parle ici de culture dans son sens le plus large. C'est un trait qui nous définit, tout comme l'assurance-maladie a été la réponse que la société canadienne s'est donnée pour réaliser son idéal culturel de pouvoir offrir des services de santé de qualité à l'ensemble de ses citoyens, du berceau au tombeau, nécessité étant mère d'invention.
Je vous entends penser: mais à quel besoin culturel l'industrie canadienne de la télévision pour enfants peut-elle bien répondre? Je crois que le défi culturel se résume en une seule phrase: le Canada doit lutter pour capter l'attention de ses propres enfants. Pour ainsi dire, aucun autre pays au monde ne se trouve dans une situation comparable à celle du Canada, vulnérable sur le plan géographique et dans le cas du Canada anglais, dans l'ombre d'un géant partageant la même langue, capable de diffuser sur ses ondes et pour qui notre pays n'est qu'un prolongement de son propre marché national. Il considère notre territoire comme faisant partie de son marché intérieur.
Comment pouvons-nous capter l'attention? L'identité canadienne n'est pas uniquement attachée aux valeurs et aux services que le Canada offre, mais à l'optimisme qui nous anime et à notre volonté de créer ensemble notre propre projet social. Être canadien signifie partager tout cela, le meilleur comme le pire.
La société canadienne se distingue en ce qu'elle propose à ses membres un contrat social fondé sur un lien de confiance. Le lien de confiance de base est un principe que j'emprunte à la psychologie du développement de l'enfant. Il s'agit d'un élément essentiel pour permettre aux enfants de grandir, de faire leurs expériences et de se développer. C'est un cadeau que les parents font à leur progéniture, celui de leur donner l'assurance inébranlable qu'ils ont leur place dans la famille et dans le monde du simple fait qu'ils sont uniques. Sans ce sentiment d'acceptation inconditionnel, le monde serait un endroit austère et inhospitalier, alors qu'avec la confiance, toutes les portes leur sont ouvertes.
La société canadienne s'efforce de donner à ses citoyens l'assurance fondamentale qu'ils sont les bienvenus en son sein et appréciés pour ce qu'ils sont. Comme un parent bienveillant, la télévision pour enfants souhaite transmettre ce lien de confiance aux enfants canadiens. C'est d'ailleurs ce qui distingue les émissions canadiennes sur les marchés internationaux. C'est dans leur ton. C'est pour cette raison que les télédiffuseurs comme PBS souhaitent que 25 à 50 p. 100 de leur programmation jeunesse soit composée de programmes canadiens.
Le Canada accueille constamment de nouvelles vagues de citoyens, des enfants qui découvrent la réalité canadienne à travers le regard d'immigrants, aux côtés de parents qui leur transmettent leur patrimoine culturel. Qui alors se chargera de les initier à la culture canadienne, à nos façons de faire, à nos attentes en tant que collectivité et à la façon dont nous nous traitons les uns les autres?
La valeur des émissions de télévision pour enfants comme instrument d'apprentissage de la culture n'est pas moindre que celle des histoires que leur racontent leurs parents et leurs grands-parents ou qu'ils lisent à l'école. Selon la génération, qui ne se souvient pas de The Friendly Giant, de Mr. Dress-Up ou de Bobino?
Si nous voulons que les prochaines générations soient aussi intéressées que nous à poursuivre l'expérience canadienne et aussi engagées que nous dans la réalisation du processus, nous devons leur donner l'occasion d'être partie prenante dès le début. Déjà, lorsqu'ils quittent l'école primaire, les jeunes ont passé autant de temps devant le téléviseur qu'en classe. C'est peut-être malheureux, mais c'est un fait. Ne devrions-nous pas insister pour que la télévision qu'ils regardent, les intrigues et les personnages auxquels ils s'identifient et qui leur servent de tuteurs reflètent le plus fidèlement possible le monde que nous souhaitons leur donner?
Je demanderai maintenant à Steven de vous parler de l'influence du FCT sur le travail que nous faisons.
Avant toute chose, nous voudrions dire à quel point le Fonds canadien de télévision a été un moteur puissant pour la création d'un nouveau contenu destiné aux enfants. La télévision pour enfants constitue l'un des plus beaux succès de l'industrie canadienne des médias. Les radiodiffuseurs et les producteurs canadiens ont accès à une extraordinaire richesse et diversité de talents artistiques et techniques pour produire des émissions qui plaisent non seulement aux petits Canadiens, mais aux enfants du monde entier. La création de contenu déborde du cadre de la télévision pour englober ce que l'on appelle les « nouveaux médias », dont les jeux et les activités sur le Web. On le sait, les jeunes sont parmi les plus réceptifs aux nouvelles technologies, les créateurs doivent donc être à l'avant-garde de cette nouvelle vague de contenu pour pouvoir continuer de captiver l'intérêt des enfants canadiens.
Au Canada, de nombreux radiodiffuseurs inscrivent les émissions pour enfants qu'ils produisent dans des cases prioritaires de leur grille non pas parce qu'ils y sont obligés, mais parce que le public les réclame. Lorsqu'on leur en propose et qu'ils sont libres de choisir, les enfants canadiens regardent les émissions de télévision faites ici, des émissions qui reflètent notre culture et nos valeurs. Selon les statistiques compilées pour l'année 2002-2003, les émissions canadiennes présentées à la télévision anglaise ont obtenu une part d'auditoire de 38 p. 100, alors qu'à la télévision française, la proportion grimpe à 55 p. 100.
Pour mettre ces chiffres en contexte, les dramatiques et les comédies canadiennes présentées à la télévision anglaise obtiennent à peine 10 p. 100 de l'auditoire. Nous reconnaissons que le secteur des dramatiques canadiennes a besoin d'aide, mais cet appui ne doit pas se faire au détriment de la télévision pour enfants.
Une étude intitulée The Case for Children's Programming, qui a été réalisée récemment à la demande de notre organisation en collaboration avec l'ACPFT, l'ONF et Shaw Rocket Fund, a démontré que les fonds consacrés à la production d'émissions pour enfants au Canada et la part du budget global du FCT qui va à la télévision canadienne sont tous deux en régression. L'étude a permis de constater que les budgets alloués à la production d'émissions de télévision pour enfants sont passés de 389 millions de dollars en 1999-2000 à 283 millions en 2005-2006, soit une baisse de 25 p. 100. De 2002-2003 à 2005-2006, la part du FCT utilisée pour la production d'émissions pour enfants est passée de 22,8 p. 100 à 18,6 p. 100, ce qui représente un recul de 17 p. 100.
Nous croyons que l'industrie canadienne de la radiodiffusion a besoin d'un fonds de télévision en santé, mais nous croyons aussi qu'il faut investir davantage dans la production d'émissions destinées à notre public le plus jeune, le plus réceptif et le plus ouvert de tous, et que les ressources allouées doivent servir aussi à d'autres plateformes que la télévision.
La télévision canadienne pour enfants est appréciée au Canada et à l'étranger. Dans ce domaine, le talent de nos créateurs est inégalé. Notre télévision pour enfants véhicule notre culture et nos valeurs aux téléspectateurs les plus réceptifs que nous ayons et nous ouvre un monde d'occasions pour domestiquer de nouvelles technologies.
Devant ce tableau éloquent, pourquoi la télévision pour enfants serait-elle traitée comme un genre mineur? Nous ne rejetons pas l'importance du FCT comme outil de financement de la production canadienne, mais nous croyons qu'il est temps de revoir les priorités en matière de dépenses pour donner aux enfants canadiens la préséance qui leur revient.
Merci.
:
Merci beaucoup. J'espère que cette remarque ne visait pas ma propre expérience personnelle.
Je tiens à remercier les témoins d'être venus et je voudrais en profiter pour aborder des sujets plus vastes qu'on a évoqués concernant les ressources, etc.
Je suis entièrement d'accord: il nous faut investir dans la réalité canadienne. Si nous voulons que soit raconté ce qui nous arrive, si nous voulons capter l'attention des enfants et des adultes, et si nous voulons que nos dramatiques soient disponibles d'une façon comparable à celles qui nous viennent d'autres pays, il est de la plus haute importance de ne pas s'en remettre uniquement aux forces du marché pour cela. Si nous le faisions, nous serions tout à fait écartés. Ainsi, je suis ravi que nous ayons eu une discussion là-dessus.
Je sais que nous sommes réunis aujourd'hui pour aborder une question plus urgente, la crise avec laquelle nous sommes aux prises, et j'y viendrai dans un instant. Pour ce qui est des émissions pour enfants, je me trouve dans une situation unique: j'ai des enfants de 20 et 22 ans, et un autre d'un an. Ainsi, je peux faire des comparaisons. Je vous félicite pour les émissions qu'on nous offre actuellement, mais je ne sais à qui en revient la responsabilité, à vous ou au FCT. Non seulement moi j'apprécie ces émissions, mais mon enfant d'un an également, et cela me plaît.
Pour ce qui est du financement provisoire, on a recommandé d'intervenir immédiatement. Pour pouvoir présenter des arguments au gouvernement, il nous faut savoir quels sont les enjeux pressants dans le secteur, et il faut que cela soit diffusé dans un grand public. Étant donné la nature des productions, chaque jour compte. Donnez-nous donc des renseignements là-dessus afin que le comité puisse inciter le gouvernement à prendre cette mesure précise.
:
Merci, monsieur le président.
Merci d'être ici aujourd'hui.
Le gouvernement a été très déçu des actions de Vidéotron et Shaw. J'espère qu'il ne s'agissait que d'un coup de semonce, peut-être une tentative pour renégocier les conditions des licences, ou autres. Mais je crois que vos commentaires illustrent le fait que l'annonce du ministre, au sujet des 200 millions de dollars en financement au cours des deux prochaines années, était clairement un vote de confiance envers le Fonds lui-même et ses objectifs.
Monsieur Moss, vous avez formulé des observations qui indiquaient que, selon vous, le FCT était attaqué, et que c'était peut-être le cas depuis un certain temps. Je ne suis pas certain d'être nécessairement en désaccord avec vous. L'une des préoccupations est, je crois, le fait que le cadre de réglementation bâti autour du FCT comporte des lacunes. Comme vous le savez, le FCT, dans une forme ou une autre, existe depuis 1993 et comporte, depuis 1996, la contribution du gouvernement. Mais au cours de ces années, nous avons eu un cadre de réglementation qui se sert de règlements, de circulaires et d'attribution de licences pour veiller à ce que les EDR fassent les contributions requises.
Lorsqu'on regarde les précédents juridiques, on voit que la capacité actuelle du CRTC de veiller à ce que les contributions de l'industrie soient faites n'est peut-être pas aussi forte que les gens le croyaient. Le problème existe depuis un certain nombre d'années, probablement depuis les débuts du programme, et il se peut qu'il faille une intervention des parlementaires pour veiller à ce que nous puissions obliger les entreprises à verser ces contributions.
Voilà un de nos combats. Je suis certain que tous les membres du comité sont un peu frustrés de cette situation. Certains ont indiqué que la ministre devrait intervenir. Certains ont indiqué que le CRTC devrait simplement appliquer le règlement et qu'il pourrait même ne pas être en mesure de le faire s'il fait l'objet d'une contestation devant les tribunaux.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
:
Tout d'abord, je ne suis pas avocat, et je ne peux parler de la légalité, mais je peux parler du souhait commun depuis 1993, puis encore une fois depuis 1996.
Pour ce qui est de l'impression que le Fonds est attaqué, chaque année ou tous les deux ans, tous retiennent leur souffle avant de savoir si le Fonds sera renouvelé. Cette situation a causé des problèmes de production. Aujourd'hui, nous voyons une exagération, je présume. Nous retenons tous notre souffle, au point de manquer d'air, en attendant la production. Mais il arrive assez régulièrement qu'on demande à l'industrie si elle agira d'une telle façon, puis de dire que oui elle agira d'une telle façon, pour un certain nombre d'années.
Ainsi, il y a cette impression qu'il n'y a pas d'engagement continu envers le renouvellement du Fonds et que cela se fait au petit bonheur, dans le premier cas.
Dans le second cas, il est vrai que nous avons un petit marché et que nous chérissons notre propre culture. Ainsi, il y a de nombreuses façons que nous avons trouvées, d'un commun accord, pour nous protéger; par exemple, nous demandons aux câblodistributeurs de verser un pourcentage de leurs recettes dans un fonds de production, nous protégeons les ondes publiques et nous indiquons que les EDR qui utilisent la radiodiffusion terrestre ou satellite sont protégées et doivent offrir un certain nombre de chaînes canadiennes.
Nous avons construit une infrastructure qui nous protège et, en même temps, qui est ouverte sur le monde. Il se peut que chaque loi ne soit pas conçue exactement de façon adéquate pour assurer la victoire dans le cas d'une contestation juridique, mais nous les avons conçues d'une façon telle qu'elles fonctionnent.
:
Merci, monsieur le président, membres du comité. Nous vous sommes reconnaissants de nous offrir l'occasion de vous parler aujourd'hui du Fonds canadien de télévision.
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Richard Stursberg, vice-président principal de CBC Television et ancien président du conseil du Fonds canadien de télévision, et de
[Français]
Sylvain Lafrance, vice-président principal des Services français.
[Traduction]
Ensemble, nous aimerions discuter avec vous de la production télévisuelle au Canada et des succès du Fonds canadien de télévision dans l'édification d'une industrie indépendante capable de produire des émissions canadiennes.
Dans un premier temps, permettez-moi de vous expliquer brièvement ce que représente le FCT pour le radiodiffuseur public national du Canada.
Je constate que, pour vous pencher sur la question du FCT, vous avez remis à plus tard l'examen du mandat de CBC/Radio-Canada. Il nous tarde de comparaître de nouveau devant ce comité lorsque cet examen sera en cours, car toutes ces questions sont liées.
Un des aspects fondamentaux de notre mandat consiste à offrir une programmation canadienne aux Canadiens. L'automne dernier, lors d'une autre comparution devant ce comité, nous avions fait valoir que les recettes publicitaires sont un des piliers de notre financement. Les crédits que nous obtenons de l'État, et plus particulièrement le financement supplémentaire de 60 millions de dollars que nous avons reçu à chacune des six dernières années au titre de la programmation, en sont en deuxième. Le troisième pilier de notre financement est le Fonds canadien de télévision. L'élimination de l'un ou l'autre de ces trois piliers aurait essentiellement pour effet de retirer à CBC/Radio-Canada la capacité de s'acquitter de son mandat.
Pensez aux émissions comme The Rick Mercer Report,
[Français]
Et Dieu créa... Laflaque, Rumeurs, et
[Traduction]
Little Mosque on the Prairie. Nous sommes le seul radiodiffuseur à offrir autant d'émissions canadiennes, parce que nous sommes le seul à disposer de l'espace nécessaire aux heures de grande écoute pour diffuser ces émissions au moment où la plupart des Canadiens sont à l'écoute.
J'ajouterais cependant que nous n'avons pas le monopole du contenu canadien et que nous ne souhaitons pas non plus l'avoir. Voilà pourquoi l'existence d'un organisme de financement indépendant est si crucial à la santé du système canadien de radiodiffusion.
Vous avez devant vous deux diagrammes représentant la grille des télédiffuseurs canadiens en soirée, un pour le marché anglophone, l'autre pour le marché francophone. Les émissions canadiennes y figurent en rouge. Les émissions canadiennes financées par le FCT sont indiquées en vert. Il saute aux yeux que le retrait de ces dernières émissions de la grille horaire créerait de nombreux trous. Quelles émissions pourraient combler ce vide? D'autres émissions américaines?
Récemment, certains observateurs ont annoncé la mort du FCT, déclarant que de toute manière, personne n'écoute les émissions qu'il sert à produire. Or, rien n'est plus éloigné de la réalité. Les parts d'auditoire des émissions produites grâce au financement du FCT sont au contraire à la hausse dans toutes les catégories. Sur le marché de la télévision de langue anglaise, leur part a progressé, passant de 32 p. 100 en 2003 à 34 p. 100 en 2005. En ce qui concerne la télévision de langue française, leur part a grimpé, passant de 32 p. 100 à 56 p. 100 au cours de la même période.
Toutes les émissions financées par le FCT sont-elles des succès qui se mesurent uniquement en termes d'auditoire? Sûrement pas. Comme toutes les émissions de télévision, certaines connaissent du succès, d'autres sont des échecs. Pour chaque succès de cote d'écoute comme Little Mosque on the Prairie ou Les Bougon, d'autres émissions, comme René Lévesque ouOctober 1970, attirent des auditoires plus restreints. Ces émissions sont-elles pour autant moins importantes? Notre objectif à CBC/Radio-Canada n'est pas d'obtenir systématiquement la part d'auditoire la plus importante, mais plutôt de présenter aux Canadiens des émissions canadiennes significatives.
Ce qui m'amène à l'enveloppe du FCT. Trente-sept pour cent de cette enveloppe est alloué, non pas à CBC Television ou à la Télévision de Radio-Canada, mais bien à des producteurs indépendants qui réalisent des émissions que nos deux réseaux s'engagent à diffuser. Si l'on aborde la question sous un autre angle, disons qu'environ les deux tiers de l'enveloppe du Fonds canadien de télévision vont à des émissions qui sont diffusées sur des réseaux commerciaux privés. Il y a récemment eu beaucoup de confusion au sujet de l'enveloppe allouée à CBC/Radio-Canada, et je tiens donc à m'y attarder quelques instants.
Premièrement, cette enveloppe tient compte du fait que CBC/Radio-Canada est le seul radiodiffuseur à avoir « l'espace » nécessaire pour présenter surtout des émissions canadiennes, au moment où les Canadiens regardent la télévision, c'est-à-dire aux heures de grande écoute, ce qui correspond à l'un des principaux objectifs du Fonds.
La stabilité de cette enveloppe nous donne aussi la capacité de planifier à long terme les produits canadiens qui seront diffusés sur nos ondes. Cette enveloppe tient aussi compte de la nature différente du mandat d'un radiodiffuseur public. Un radiodiffuseur public ne peut en effet se contenter d'offrir des émissions qui attireront les auditoires les plus importants en livrant concurrence aux radiodiffuseurs privés, mais doit plutôt présenter des émissions canadiennes de qualité supérieure comme son mandat l'exige.
Des émissions comme St. Urbain's Horseman, The Englishman's Boy, Barney's Version, qui font toutes partie de la série d'adaptations littéraires de From Page to Stage,
[Français]
et des émissions comme Minuit, le soir, Grande Ourse et Les hauts et les bas de Sophie Paquin.
La décision de réserver une partie du fonds aux émissions diffusées à CBC et à Radio-Canada n'est pas nouvelle. En fait, cette enveloppe correspondant à 37 p. 100 du fonds tient compte de la proportion moyenne de productions indépendantes financées par le fonds et diffusées à CBC et à Radio-Canada ces dix dernières années. À la création du fonds en 1996, 50 p. 100 de l'argent était réservé à des émissions destinées au radiodiffuseur public.
[Traduction]
La semaine dernière, une ancienne ministre du Patrimoine canadien a écrit dans Le Journal de Montréal et dans le Ottawa Sun pour affirmer qu'au moment de la création du FCT, elle avait envisagé de verser directement la contribution de l'État — 100 millions de dollars — à CBC/Radio-Canada. En lieu et place, la décision a été prise de réserver 50 p. 100 du Fonds au radiodiffuseur public de manière à s'assurer que celui-ci travaille en collaboration avec des producteurs indépendants. Et c'est ce que nous avons fait. CBC Television a délaissé le modèle mettant l'accent sur la production interne d'émissions, d'où l'essor actuel des producteurs indépendants de notre pays.
Je tiens aussi à soulever un dernier point: même si les données les plus récentes du FCT sont antérieures à l'attribution des enveloppes formelles, il est clair que les efforts de CBC et de Radio-Canada pour aller chercher des auditoires pour leurs émissions canadiennes sont fructueux. Prenons par exemple la catégorie des dramatiques canadiennes. CBC Television diffusait environ la moitié des émissions produites grâce au FCT par des producteurs indépendants et pourtant, elle générait les deux tiers de l'auditoire total des dramatiques financées par le FCT. En d'autres termes, il est rentable d'investir une partie du Fonds dans les projets de CBC et de Radio-Canada, car celles-ci savent comment conquérir les auditoires canadiens.
Je suis convaincu que vous comprenez maintenant pourquoi j'affirmais tout à l'heure que le FCT est l'un des piliers du financement de CBC/Radio-Canada. Si cette source de financement disparaît, il en ira de même des émissions produites au moyen de cet argent. Par ailleurs, quelles raisons aurait-on d'abolir un outil qui fonctionne si bien?
L'objectif du FCT est de préserver et de développer la culture et l'identité canadiennes. De par sa taille réduite, le marché canadien ne peut pas, dans des conditions commerciales normales, soutenir le coût élevé d'une télévision de qualité. Sans l'appui fourni par le FCT, il y aurait très peu de programmation télévisuelle canadienne pour mettre en valeur des expériences, des sensibilités et des perspectives canadiennes et pour promouvoir des artistes, des auteurs et des réalisateurs canadiens. Au Canada anglais plus précisément, nous aurions un public diverti presque exclusivement par des thèmes, des expériences et des vedettes issus d'autres pays, principalement des États-Unis.
[Français]
Du côté français, le fonds permet de maintenir l'équilibre public-privé de même que la diversité de l'offre télévisuelle, que ce soit en matière de dramatiques, de documentaires ou d'émissions pour enfants, conformément à l'esprit de la Loi sur la radiodiffusion.
Grâce au fonds, il y a maintenant au Canada une très dynamique industrie de production télévisuelle qui procure du travail à plus de 16 000 personnes et génère 2 300 heures d'émissions canadiennes diffusées aux heures de grande écoute.
[Traduction]
Il est donc approprié, monsieur le président, d'affirmer que le FCT est un élément central du financement de la programmation canadienne. Pourtant, le Fonds est-il parfait? Même les représentants du FCT vous ont affirmé la semaine dernière que les modalités de fonctionnement du Fonds pouvaient être améliorées. En réponse à l'examen du vérificateur général et aux examens ministériels, le conseil d'administration du FCT continue donc de travailler à l'amélioration de la gestion et des objectifs du Fonds. Et tous les membres du conseil d'administration participent à cet effort collectif.
Nous estimons que la crise actuelle au FCT a été déclenchée par deux entreprises déclarant qu'elles refuseraient de verser leur contribution au FCT. Il s'agit ici de règles qui avaient reçu l'assentiment de l'ensemble de l'industrie qui, en contrepartie d'une augmentation des tarifs du câble, avait accepté de doubler ses cotisations au FCT.
[Français]
Nous sommes très reconnaissants envers le gouvernement canadien, qui a fait preuve de leadership et renouvelé sa contribution au fonds pour les deux prochaines années. Par ce geste, le gouvernement garantit la stabilité de son enveloppe et démontre son engagement envers le fonds. Nous sommes également d'accord avec la ministre Oda, qui déclarait au début de la semaine que tous les intervenants du système de radiodiffusion devaient suivre les règles et respecter leurs obligations. Le contraire aurait des effets dévastateurs sur l'industrie.
Face à la menace de mesures réglementaires par Ie CRTC, Quebecor a maintenant annoncé qu'elle reprendrait ses paiements mensuels. Et c'est bien ainsi. II faut toutefois garantir la stabilité du fonds pour I'avenir.
[Traduction]
Je dirais simplement qu'étant donné l'importance du FCT pour le système de radiodiffusion, il est essentiel que CBC/Radio-Canada ainsi que les producteurs indépendants participent à toute discussion engagée par le CRTC sur la réglementation concernant le soutien à la production canadienne et la possibilité pour les Canadiens de profiter de ces productions aux heures de grande écoute.
Nous répondrons maintenant avec plaisir à vos questions. Merci, monsieur le président.
Je suis heureuse que vous ayez apporté des précisions à tout ce que l'on entend, surtout relativement au financement qui, nous dit-on, est accordé à Radio-Canada, alors qu'il va en réalité aux producteurs indépendants par le biais de Radio-Canada, puisque vous avez des créneaux réservés à cette fin. C'est une précision très importante.
J'aurais pu vous demander moi aussi si la ministre allait appliquer la réglementation du CRTC, mais je m'abstiendrai puisque tout le monde a déjà posé cette même question.
Il s'agit ici de survivre au jour le jour, de maintenir le financement jusqu'à la prochaine menace. Quand viendra la prochaine menace? L'année prochaine? Nous ne faisons ici que gagner du temps, finalement. Avez-vous des suggestions quant à...
D'emblée, je ne pense même pas qu'il faille discuter de l'intervention éventuelle de la ministre. Je crois comprendre que ces deux entreprises ont l'obligation juridique de verser ces cotisations, puisqu'elles ont accepté le marché sous réserve d'augmenter leurs tarifs d'abonnement et de pouvoir investir dans leur infrastructure. Quand vous signez un contrat, vous concluez une entente. Vous ne pouvez pas revenir sur votre parole.
Ce qu'il faut retenir de cette situation, c'est qu'elle risque de se reproduire. Comment résoudre ce problème de façon définitive? Comment nous assurer que ce fonds prospère continue d'exister, à la fois pour les émissions pour enfants, comme nous l'ont dit les radiodiffuseurs des émissions pour enfants et, bien entendu, les émissions pour adultes?
Je vais vous dire ce que j'en pense: je crois que CBC/Radio-Canada est une institution extraordinairement importante pour les Canadiens. Parmi les pays qui se sont démarqués par une programmation télévisuelle et une production cinématographique excellente, on pense au Royaume-Uni, et à l'excellente BBC, à l'Afrique du Sud, dont la télévision et la production cinématographique commencent à prendre leur place en Afrique, et à la South African Broadcasting Corporation. Je pense également à l'Australie qui tient bec et ongles à son organisme de radiodiffusion publique.
Je pense que c'est la clé. De tous les pays, le nôtre vit un défi unique, puisque nous sommes voisins d'un très gros producteur de films et d'émissions de télévision. C'est pourquoi il nous faut des solutions uniques pour nous assurer de conserver notre propre radiodiffusion publique et faire en sorte qu'elle soit d'aussi bonne qualité que celle du Royaume-Uni, de l'Afrique du Sud et de l'Australie.
Pour éviter que l'on se pose les mêmes questions dans deux ans, avez-vous des solutions permanentes et à long terme à ce problème? Ce sont de petits combats, parce qu'ils ne permettent pas de résoudre quoi que ce soit; ils nous permettent simplement de survivre. Que faut-il faire pour être puissants et dynamiques? Avez-vous des solutions à nous proposer?
:
Merci. Il est parfois utile de rappeler le contexte historique de la création de ce fonds.
Autrefois, lorsque les câblodiffuseurs voulaient améliorer leur infrastructure en capital, que ce soit pour augmenter leur capacité de transmission, pour améliorer leur équipement ou pour autre chose, ils s'adressaient au CRTC en disant: « Voici ce que nous voulons faire. Si vous nous accordez votre approbation, veuillez également approuver une augmentation du tarif de l'abonnement de base au câble pour en assurer le financement. » Le Conseil était toujours d'accord. Il était entendu qu'une fois les améliorations payées, le tarif d'abonnement au câble devait impérativement diminuer.
Vers 1993, lorsque tous les tarifs de l'abonnement de base au câble étaient censés diminuer, les câblodiffuseurs sont retournés devant le Conseil et ont dit: « Écoutez, nous avons une bonne idée. Au lieu de restituer cet argent aux abonnés du câble, pourquoi ne pas nous laisser le conserver, quitte à ce que nous le partagions à parts égales? Nous conserverons 50 p. 100 du montant dont l'abonnement aurait dû diminuer, et l'autre moitié sera versée dans le Fonds ».
Le Conseil a trouvé que c'était une bonne idée. Au départ, l'intégralité du montant devait être restituée aux abonnés. Grâce à la moitié du montant conservée par les câblodiffuseurs, ces derniers ont sans doute pu empocher de 750 millions à un milliard de dollars qu'ils auraient dû normalement restituer. Et l'autre moitié du montant versée dans le Fonds n'a jamais été à eux de toute façon.
Une fois l'entente conclue, le Conseil a décidé qu'il allait la consacrer dans un règlement. Il a donc pris le règlement, qui s'applique depuis un certain temps déjà. Les règlements du CRTC ont force de loi.
J'en reviens donc à votre question: quelle est la meilleure solution à plus long terme? C'est d'insister pour que tout le monde respecte ses obligations découlant de la réglementation et de la loi. Si chacun le fait, on évitera ces phénomènes en dents de scie imputables à ceux qui prétendent être autorisés à retirer leur argent, alors qu'en fait, ils sont obligés de le verser.
Encore une fois, soyez les bienvenus devant le comité. Vous êtes bien sûr des témoins très importants.
Je voudrais faire un commentaire d'ordre éditorial. En politique, lorsque quelque chose ne va pas, l'opposition en fait toujours le reproche au ministre. Lorsque les choses vont bien, j'estime qu'il faut lui en rendre grâce, et j'espère qu'on lui en rendra grâce.
Compte tenu des outils dont elle dispose et des contraintes législatives qui limitent ses pouvoirs, j'espère que les gens d'en face reconnaîtront qu'on a fait le point très rapidement sur cette situation d'urgence, qui est en voie de résolution. La ministre reconnaît tout à fait les défis qu'elle a encore à relever et elle va continuer d'agir en ce sens.
Monsieur Rabinovitch, vous avez remarqué les propos et les mesures prises par M. von Finckenstein, ainsi que la demande formulée directement par la ministre à Shaw et à Vidéotron, qui sont autant d'éléments de solutions.
Je considère que l'historique des événements tels que le présente M.Stursberg est certainement exact et qu'il n'est pas inutile que nous en tenions compte, mais quand on connaît le monde des affaires, on sait que les profits réalisés l'année dernière ne vont pas au-delà de l'année dernière. Ils serviront peut-être à regarder vers l'avant, mais ce n'est cependant pas un principe reconnu dans le monde des affaires. Pour l'entreprise, les profits réalisés l'année dernière n'ont pas la même valeur que pour le citoyen ordinaire.
Monsieur Rabinovitch, étant donné que nous voulons regarder vers l'avenir et qu'il a été question, ici en comité et ailleurs, de la possibilité d'exiger le respect du règlement, on peut donc parler dans ce dossier de la carotte et du bâton. Comme vous êtes l'un des principaux utilisateurs du FCT, pouvez-vous nous dire quelle devrait être votre attitude à l'avenir, car il se peut que le gant de velours couvre un poing de fer. À votre avis, quelle devrait être l'attitude de CBC à l'avenir quant à la recherche d'une solution à plus long terme?
:
Tout d'abord, monsieur Abbott, je voudrais en profiter pour rappeler ce que j'ai dit dans mon intervention liminaire et pour rendre grâce à la ministre. J'estime qu'elle a agit très rapidement et de façon non équivoque en avançant les 200 millions de dollars, soit 100 millions par année au cours des deux prochaines années, ce qui indique très clairement que cette partie du financement est stabilisée et que le gouvernement a l'intention de préserver une forme de financement de l'industrie de la production indépendante. On ne pourra donc pas dire que je n'ai pas rendu grâce à la ministre.
J'estime que ce fonds a été constitué en tant que partenariat entre les câblodiffuseurs, les entreprises de distribution de radiodiffusion, qui diffusent par satellite, les producteurs indépendants — c'est principalement à leur intention que le fonds a pris une telle expansion — et les télédiffuseurs.
J'estime que CBC joue un rôle tout à fait unique, grâce à l'espace dont nous disposons pour présenter des émissions au moment où les téléspectateurs sont prêts à les regarder. Nous ne les présentons pas en concurrence avec un match de hockey présenté le samedi soir à 22 heures. Nous pouvons les présenter à 21 heures le mercredi, lorsque les gens regardent la télévision, et donner à une émission canadienne la chance de rejoindre un vaste auditoire. Nous pouvons aussi présenter d'autres types d'émissions, par exemple des documentaires, aux heures de grande écoute.
Je pense que la solution réside dans la poursuite du débat. Il faut que tous les partenaires se réunissent autour d'une table et parlent des problèmes qui se posent, des améliorations à apporter et de la répartition du montant du fonds si l'on veut que la situation s'améliore.
Mais par ailleurs, évitons de perdre de vue, au cours du débat, les objectifs d'une programmation canadienne de qualité et de la variété de la programmation que nous voulons proposer aux Canadiens aux heures où ils regardent la télévision. Si l'on réunit tous ces éléments, nous sommes prêts, à CBC-Radio-Canada, à participer activement à la discussion avec nos différents partenaires. Et c'est également la raison pour laquelle nous sommes favorables à une révision de notre mandat. Nous sommes une institution publique et nous sommes convaincus qu'il faudrait réviser périodiquement notre mandat pour vérifier le type d'émissions que nous proposons, la mesure dans laquelle nous faisons appel aux différentes technologies, etc.
L'une des principales questions soulevées par Quebecor concerne l'état d'avancement du fonds quant à la reconnaissance des nouvelles formes de diffusion. À CBC, nous nous plaisons à dire que nous sommes agnostiques quant à la plate-forme utilisée. Peu importe le support par lequel les gens reçoivent nos émissions; nous voulons simplement qu'ils puissent les regarder. Dans la mesure où on peut écouter des émissions de radio sur un iPod, nous disposons soudain d'une génération toute nouvelle d'auditeurs de 18 à 35 ans, qui vont écouter certaines émissions de radio au moment qu'ils choisiront eux-mêmes.
Il en va de même en ce qui concerne le FCT. Nous voulons l'utiliser pour créer une programmation canadienne de qualité dans les différents genres, et nous voulons participer à ce débat.
:
Je dirais simplement que j'ai été le président du fonds pendant quatre ans. Je pense que j'y ai eu le mandat le plus long, mais j'ai survécu.
À l'heure actuelle, il y a quatre administrateurs représentant les câblodiffuseurs et les sociétés de communication par satellite. En fait, lorsque j'étais président du fonds, j'étais président aussi de l'Association canadienne de télévision par câble. Depuis la création du fonds jusqu'à tout récemment, dans la plupart des cas, le conseil est en fait présidé par quelqu'un de la télévision par câble. Shaw elle-même a un représentant depuis au moins 2000, si je ne me trompe.
Au cours des ans, la question, comme le disaient Sylvain et Bob, tourne autour de la capacité pour le fonds de traiter de problèmes et de s'ajuster au fur et à mesure. La conversation que nous avons actuellement porte sur certains sujets importants mais ce n'est pas la première fois que le fonds traverse une crise majeure. Quand j'étais président, l'année précédente, il y avait eu un problème terrible de manque à gagner de 30 millions de dollars. Le fonds s'était littéralement écroulé. Il y avait une controverse énorme quant à la façon dont certains montants avaient été attribués, le premier arrivé étant en fait le premier servi. On ne savait pas trop quels objectifs culturels on servait.
Les membres du conseil, dont les câblodistributeurs, les producteurs indépendants, les radiodiffuseurs et la SRC, se sont tous réunis pour restructurer totalement le mode d'opération du conseil. Nous avons adopté la règle du caractère distinctif afin de nous assurer que le financement ne viserait que des programmes distinctement canadiens. Nous avons restructuré la façon dont étaient organisés les fonds afin d'essayer de diriger l'argent vers les programmes qui avaient le plus de chance de réussir.
Il y a environ deux ans, il y a eu pas mal de controverses à propos de ce fonds et de sa structure. À l'époque, il y avait deux conseils et deux administrations et l'on s'inquiétait beaucoup de questions de gouvernance, de conflit, etc. Ces derniers temps, le fonds a réussi à régler ses problèmes. Il y a maintenant un seul conseil et une seule administration et il y a des lignes directrices très strictes en matière de conflit.
En ma connaissance, les Shaw ont participé à toutes ces conversations. Le secteur de la câblodistribution a participé à tous les pourparlers que je viens de décrire. Je crois que tout le monde a convenu à l'unanimité des changements qui ont été apportés.
Ce que l'on constate depuis que le fonds existe, qui a maintenant en fait quelque 10 ans, c'est qu'à au moins deux occasions, il a réussi à apporter des améliorations majeures à son mode d'opération. Le secteur de la câblodistribution a été un participant important à cet égard et a contribué avec enthousiasme aux solutions qui ont été trouvées.
:
Je vais répondre à la demande de louanges de M. Abbott.
Je reconnais que le gouvernement a prévu 100 millions de dollars par an pour deux ans, alors que l'ancien gouvernement ne le faisait qu'année après année. Le mérite en effet des félicitations à ce sujet. J'attendrai toutefois de voir une augmentation proportionnelle à la capacité financière dont jouit maintenant le gouvernement pour me réjouir davantage. Il serait en effet louable de voir en matière culturelle le genre d'investissements que l'on a faits dans d'autres secteurs, connaissant la capacité financière du gouvernement.
Quant à la deuxième partie, si je suis bien d'accord avec M. Rabinovitch sur le fait que la se renseigne, la réalité est que quel que soit le pouvoir qu'elle a exercé, juste avant de comparaître devant le comité mardi, pour insister pour que ces sociétés versent leurs contributions, elle aurait pu y recourir avant, car elle savait qu'il y avait un problème. Elle savait que ces sociétés devaient payer. Elle l'a dit. Elle a dit qu'elle attendait que le CRTC le dise mais, en définitive, quels que soient les pouvoirs qui lui ont permis de le faire mardi, elle aurait pu les exercer il y a deux mois. Cela aurait peut-être atténué quelque peu la crise.
Vous voyez donc que j'ai des sentiments un peu mitigés quant aux louanges que l'on me demande.
Cela dit, j'ai beaucoup apprécié les explications qui ont été données. Quant à savoir si l'argent va directement à la SRC ou dans quelle mesure nous parlons là de l'argent du contribuable, je crois que la position a été suffisamment bien expliquée, que le comité a été suffisamment informé et je ne poserai pas de question particulière à ce sujet.
J'aurais toutefois voulu répondre à l'invitation de M. Abbott quant aux interventions de la . Là encore, toutefois, j'espère qu'étant donné la capacité financière dont a hérité le gouvernement canadien, nous allons voir une augmentation sensible des budgets octroyés à la culture dans le contexte du FTC, du radiodiffuseur public. Nous pouvons espérer qu'au cours de l'examen de la radiodiffusion publique que nous allons entreprendre, c'est le genre de choses que nous dira le gouvernement.
Merci beaucoup d'être venu informer le comité de ce sujet très important.