:
Merci, monsieur le président. Mesdames et messieurs les députés,
[Traduction]
Bonjour.
Quel honneur pour moi de comparaître devant vous pour discuter de ma nomination à titre de commissaire aux langues officielles.
Bien que j'ai déjà assisté à plusieurs réunions de ce comité, c'est la première fois que j'occupe ce siège. Ça me rappelle la fois où j'avais comparu devant un comité de travail de quartier qui participait à la planification du réaménagement urbain du quartier Treffan Court à Toronto. Je voulais l'approbation du comité pour écrire un livre sur le processus. Étant très conscient des tensions entre les propriétaires, les locataires et les gens d'affaires, j'étais très nerveux. J'ai fait mon exposé. Le comité a donné son approbation. J'ai écrit le livre. Mais après la réunion, un des propriétaires a dit à un travailleur communautaire « S'il écrit comme il parle, ça ne fera pas un très bon livre ».
C'est un honneur particulier que d'être pris en considération pour le poste de commissaire aux langues officielles. J'ai suivi la carrière des commissaires précédents, j'ai lu leurs rapports. J'ai assisté à leurs conférences de presse et à leurs comparutions devant comité, j'ai rencontré la plupart d'entre eux, j'ai interviewé plusieurs d'entre eux dans le cadre de mon propre travail, et j'ai beaucoup de respect pour chacun d'eux. Il s'agit d'un poste stimulant et important.
Je vais me présenter. Je suis né à Ottawa et je suis déménagé à Toronto à l'adolescence avec ma famille. Je suis titulaire d'un baccalauréat et d'une maîtrise en histoire de l'Université de Toronto. Je suis devenu journaliste en 1968, et j'ai pris quelques pauses pour voyager, étudier ou écrire des livres. Depuis, j'ai travaillé au Toronto Star, au Globe and Mail, à la revue Maclean's et à The Gazette -- à Toronto, à Montréal, à Québec, à Washington et à Ottawa.
Pendant une bonne partie de ma carrière, j'ai écrit sur le Québec pour le reste du Canada et, sur le reste du Canada pour le Québec, dans une chronique du Devoir de 1995 à 2000. Mais essentiellement, cette carrière a été rendue possible grâce à une expérience que j'ai vécue lorsque j'étais un étudiant unilingue anglais à l'université. En 1965, je suis allé travailler à un site archéologie à Fort Lennox sur l'Île aux Noix sur la rivière Richelieu, au sud de Montréal. Cet été là, j'ai non seulement appris le français, mais j'ai aussi découvert que je ne connaissais ni ne comprenais grand-chose sur mon propre pays. J'ai développé un vif intérêt et une profonde affection pour le Québec, affection que je ressens toujours aujourd'hui.
Fait paradoxal, cette expérience m'a aussi aidé à comprendre la difficulté que présente l'apprentissage d'une langue seconde et, du même coup, un aspect de l'expérience que vivent les immigrants, puisque l'apprentissage d'une autre langue et d'une autre culture fait en sorte que nous compatissons davantage avec ceux qui viennent d'autres pays.
À un moment donné, un autre étudiant m'a dit « Tu es très différent en français et en anglais ». « Bien sûr que je suis différent », ai-je répondu, « Je suis stupide, je m'exprime mal et je n'ai aucun sens de l'humour. »
[Français]
Depuis ce temps-là, j'ai toujours pensé qu'au lieu d'être contradictoire, comme le prétendent certains, la dualité linguistique et la diversité culturelle sont profondément liées. Je dirais même que sans la reconnaissance, consciente ou inconsciente, que le Canada comprend deux communautés linguistiques, l'idée même du multiculturalisme serait difficilement acceptée.
Malgré ce lien intime qui existe entre la dualité linguistique et la diversité culturelle, il me semble que c'est un lien qui est toujours mal compris.
Dans mon esprit, une des tâches importantes du prochain commissaire sera de continuer d'expliquer ce rapport important, non seulement pour les communautés linguistiques majoritaires, mais pour les communautés minoritaires aussi. Les communautés francophones sont maintenant des communautés d'accueil pour l'immigration tout autant que les communautés anglophones.
Si je peux m'interrompre, je pense qu'on a déjà des exemples d'immigrants qui sont venus au Canada et qui se sont joints à une communauté linguistique ou une autre. Ils sont devenus non seulement compétents mais élégants dans l'autre langue officielle. On a des exemples ici, au sein de ce comité et au Parlement. Je pense que pour tous ceux qui voient une contradiction, ce sont des exemples vivants.
[Traduction]
Depuis que ma candidature a été proposée, on m'a souvent demandé de présenter ma vision du poste de commissaire. Il me semblait que je devais attendre de vous rencontre pour le faire.
Le point le plus important pour moi est de croire en l'importance de la dualité linguistique au Canada. Je crois que c'est là une caractéristique centrale et fondamentale de notre pays.
Comme vous le savez, le commissaire a six rôles ou fonctions à jouer pour veiller au respect de la Loi sur les langues officielles: un rôle de promotion et d'éducation, un rôle de surveillance en matière de répercussion des initiatives du gouvernement, un rôle de liaison auprès des communautés minoritaires, un rôle de protecteur du citoyen lorsqu'il s'occupe des plaintes, un rôle de vérificateur auprès de la fonction publique et un rôle d'intervention judiciaire.
Dernièrement, j'ai décrit le rôle du commissaire comme étant « en partie celui d'un meneur et en partie celui d'un emmerdeur » -- et en examinant de plus près ces six rôles, je constate que trois tombent dans la première catégorie, et trois dans la deuxième. Ces rôles sont en outre liés entre eux. Plus le commissaire réussit à bien jouer son rôle en matière de promotion, d'éducation, de surveillance et de liaison, moins il reçoit de plaintes et doit intenter de poursuites.
[Français]
Le commissaire est un agent du Parlement, et cela devient particulièrement important maintenant à cause des amendements à la loi. Ces amendements n'ont pas été un geste du gouvernement, qu'il s'agisse du gouvernement actuel ou du gouvernement précédent. C'est grâce à vous, les parlementaires, que cette loi a été amendée pour la première fois depuis 1988. C'était un travail de longue haleine, et je vous en félicite.
Le printemps dernier, j'ai été impressionné d'entendre la ministre Josée Verner exprimer devant ce comité son engagement et celui de son gouvernement à l'égard de ces changements. Vous savez mieux que moi que ces amendements donnent aux communautés minoritaires des instruments très importants leur permettant d'exiger que le gouvernement tienne compte de leurs intérêts. Je pense que la première priorité du prochain commissaire sera de veiller à ce que la mise en oeuvre de la partie VII de la loi soit un succès.
Malheureusement, il y a un concept qui manque quand on parle de la gouvernance en français. Le terme en anglais est public service, tandis qu'en français, on parle de fonction publique. Le concept de service, à mon avis, est très important. L'appareil de l'État devrait servir les citoyens et non pas simplement fonctionner. Si le citoyen n'est pas servi dans la langue officielle de son choix, un lien important entre ce citoyen et l'État est brisé.
Je me trouve aujourd'hui dans une situation assez particulière. Il y a six mois, j'ai publié un livre sur la politique linguistique qui s'appelle Sorry, I Don' t Speak French. Mon but, en écrivant ce livre, était de rappeler aux Canadiens anglais que la question linguistique continuait d'être d'une importance primordiale pour le pays.
Permettez-moi de partager avec vous quelques points saillants que je voulais souligner dans mon livre et qui font partie de ma perception de la dualité linguistique au Canada.
D'abord, j'ai constaté que la politique linguistique n'existait pas pour protéger ou même promouvoir le bilinguisme, même si son succès est impossible sans qu'un certain nombre de personnes soient bilingues. Elle existe pour protéger les unilingues et des communautés. Il y a 4 millions de francophones unilingues au Canada et 20 millions d'anglophones unilingues.
La loi existe pour garantir que les 7 millions de francophones, et plus particulièrement les 4 millions de francophones unilingues, reçoivent du gouvernement fédéral des services aussi bons et efficaces que ceux reçus par les 20 millions d'anglophones unilingues et la minorité anglophone du Québec. La loi n'existe pas pour forcer des gens à apprendre une autre langue ou pour créer un pays où tout le monde est bilingue.
Souvent, on parle de la politique linguistique comme d'un rêve irréaliste ou irréalisable. Si je croyais cela, je ne serais pas ici aujourd'hui. Dans mon livre, j'ai essayé de transmettre un message qui pourrait vous sembler banal, c'est-à-dire que l'anglais et le français sont des langues canadiennes. Le français n'est ni un code privé ni la propriété privée des Québécois. La langue française, tout comme la langue anglaise, appartient à tous les Canadiens. C'est un héritage et un atout.
[Traduction]
Au cours des deux dernières années, j'ai parlé des langues, des droits linguistiques et de l'histoire des lois linguistiques dans divers endroits au pays, de Vancouver à Halifax, soit dans le cadre de conférences, d'entrevues ou de lignes ouvertes à la radio. Je peux ainsi témoigner de ce qu'un récent sondage du Commissariat aux langues officielles nous a confirmé: l'appui à la dualité linguistique au Canada est énorme. On se préoccupe de l'accès au programme d'immersion et de l'efficacité de la réglementation fédérale, et très peu de gens s'opposent maintenant aux objectifs en matière de dualité linguistique.
En plus des modifications à apporter à la loi, le prochain commissaire aura d'autres défis plus grands encore à relever. L'immigration est en train de changer le visage de nos villes et il faudra constamment rappeler aux nouveaux arrivants l'importance de la dualité linguistique. L'immigration, la diversité culturelle et les changements économiques et technologiques ont toujours été présents au Canada -- pas seulement depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur les langues officielles, mais depuis le tout début de notre histoire.
Le prochain commissaire devra composer avec ces changements, tout comme l'ont fait les commissaires précédents. La question fondamentale demeure toutefois, à mon avis, celle que le regretté André Laurendeau et le regretté Davidson Dunton ont posée au début des audiences publiques de la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme qui se sont tenues il y a près de 40 ans: « Les Canadiens anglais et les Canadiens français peuvent-ils vivre ensemble et le souhaitent-ils? » Je crois qu'il est indispensable d'avoir une politique sur les langues officielles qui donne des résultats si la réponse à ces deux questions demeure affirmative.
Merci. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Monsieur Fraser, bonjour.
M. Graham Fraser: Bonjour.
M. Pablo Rodriguez: Merci d'être ici avec nous. D'entrée de jeu, je dois dire que j'ai beaucoup de respect pour ce que vous avez fait au cours des années, tant à titre de journaliste qu'à titre d'auteur, puisque j'ai eu la chance de lire votre livre sur une plage du Mexique.
C'était très intéressant, monsieur le président. D'ailleurs, je suggère à tous les membres du comité de se procurer une copie de ce livre.
Je fais de la promotion pour vous.
Il faut dire que vous avez de grands souliers à chausser. Vous êtes sûrement d'accord que Dyane Adam, la commissaire aux langues officielles, a été très présente, très soucieuse du dossier et très proactive à l'égard des langues officielles. En outre, d'après ce que je sais, je suis personnellement convaincu que vous saurez bien remplir ce rôle et en accomplir les tâches.
J'ai deux questions à vous poser, la première étant d'ordre général. Vous avez un peu parlé des six éléments qui composent le rôle du commissaire. Lorsque vous arriverez à votre bureau demain matin, quelle sera votre priorité? Que ferez-vous?
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Merci, monsieur le président.
Félicitations, monsieur Fraser. Je vous remercie d'être ici. Je suis personnellement très contente que vous ayez été nommé. Je pense que nous allons vraiment bénéficier des services, dans le bon sens du terme, de quelqu'un qui est tout à fait dédié à la cause des langues officielles. Je pense que c'est ce qui est important.
Vous avez mentionné dans votre présentation que vous aviez appris le français, ce qui vous a permis de comprendre ce que vivent les gens qui immigrent, qui viennent ici d'un autre pays. En effet, c'est ce rapport qui est important quand on veut apprendre une deuxième langue.
Vous avez parlé aussi de votre affection pour le Québec, que j'ai moi-même développée. Nous partageons donc cette affection. Je pense qu'il est aussi important de faire ressortir à quel point la langue n'est pas différente de la culture. Quand on parle de langue, on parle d'une manière intrinsèque de culture et tout. On ne comprend pas beaucoup. C'est important pour moi, parce que ce que charrie la langue, au fond, c'est ce qui nous fait agir.
Par exemple, vous avez relevé les termes « service public », en anglais, et « fonction publique », en français. C'est une différence fondamentale dans ce qu'on entend par ces termes. Dans le rapport entre les deux langues et entre les deux communautés, vous serez à même de faire ressortir ces éléments. Comment traduire correctement cela? Ce ne sont pas seulement les mots, mais ce que cela sous-entend.
Vous avez abordé aussi le multiculturalisme en disant qu'il était difficilement accepté. Je pense que c'est par méconnaissance. J'aimerais bien que vous nous parliez de votre conception du multiculturalisme et surtout que vous nous expliquiez un peu comment vous comprenez les deux concepts, soit la dualité linguistique et la diversité culturelle, dans le contexte canadien.
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Depuis une quarantaine d'années, les communautés francophones hors Québec et le Québec ont été transformés, non seulement psychologiquement mais économiquement, d'un statut de minorité en société intégrante.
Je pense qu'on vit actuellement dans une situation où un immigrant qui arrive au Canada a le choix véritable de s'intégrer dans une communauté francophone, évidemment au Québec, ou de faire comme ce qu'on a vu à Toronto, par exemple, où il y a de plus en plus de francophones qui arrivent d'autres pays et qui envoient leurs enfants à l'école française.
Pour la première fois, les communautés minoritaires hors Québec qui se sont toujours définies comme des communautés traditionnellement canadiennes-françaises font face à des arrivants d'autres pays, d'autres cultures. Cela représente un certain défi, pour des communautés qui se sont toujours définies comme autonomes, hermétiques d'une certaine façon, que d'ouvrir leurs institutions, leurs écoles à des gens qui ne sont pas des descendants de la colonie française. C'est un changement qui se produit au Québec depuis l'avènement de la Loi 101, dans les années 1970, et maintenant, c'est un défi auquel les communautés minoritaires dans le reste du pays font face.
Je sais que la communauté acadienne a fait des démarches pour encourager les immigrants à venir au Nouveau-Brunswick. Maintenant qu'on a un réseau d'écoles françaises non seulement au Québec mais à la grandeur du pays, le défi est d'accueillir ces francophones qui arrivent d'autres pays.
Une chose qui m'a toujours frappé, c'est qu'avec les changements à la loi linguistique au Québec, cette province a réussi en 25 ans à faire ce que l'Amérique anglophone a pris 150 ans à faire, c'est-à-dire accepter que leur langue soit parlée par d'autres, avec un accent.
Quand je suis venu au Québec dans les années 1960, aussitôt qu'on entendait mon accent, on me parlait en anglais. Maintenant, on tient pour acquis qu'on peut parler français avec un accent. On accepte que le français soit une langue publique, et non seulement le code privé d'une minorité. Je pense que c'est une évolution très importante de la société, et elle n'est pas limitée au Québec.
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Monsieur Fraser, je veux d'abord vous remercier d'être venu au comité aujourd'hui. J'aimerais aborder avec vous une question très particulière.
Je suis avocat depuis plus de 33 ans dans la province de Québec, où j'ai encore un bureau. À l'heure actuelle, la question de la langue devant les tribunaux est un des problèmes auquel on fait face bien souvent. Vous savez que notre gouvernement, même si les gens de l'autre côté ne le croient pas, a pris un engagement inébranlable en matière de langues officielles, et je vais vous dire pourquoi.
Le 22 juin dernier, j'ai appuyé un projet de loi d'une très grande importance, surtout pour les accusés ou, si vous préférez, les prévenus. Dorénavant, devant un tribunal, et le juge et le jury devront comprendre la langue officielle de l'accusé. Dieu sait que nous avons eu des problèmes, que ce soit de l'anglais vers le français ou l'inverse, selon l'endroit où l'accusation avait lieu. On a décidé de changer l'approche face au droit le plus inaliénable, soit celui d'être jugé dans sa langue. Quand il y a un juge et un jury, c'est un facteur important. Ceux qui connaissent le domaine savent qu'il s'agit habituellement d'actes criminels graves, soit des meurtres ou pire encore. Il est normal qu'un l'individu s'apprêtant à purger une peine de 25 ans en prison sache que le jury a bien compris son ou ses motifs, sa défense, etc. C'est peut-être le point le plus important. Je comprends que la santé et la sécurité soient importantes, mais se faire condamner à 25 ans de prison sans savoir si le jury ou même le juge a bien compris, c'est terrifiant.
On a décidé, le 22 juin dernier, de proposer un changement à cette loi. C'est ce qu'on appelle le droit pénal du Canada. J'aimerais aborder ce sujet avec vous. J'aimerais savoir si vous avez pris connaissance de ce projet de loi. Je pense qu'être jugé dans sa langue est un droit fondamental. Le gouvernement conservateur a décidé de déposer un projet de loi à cet effet.
Vous sentez-vous à l'aise en pensant que pendant les 100 ans où ils ont été au pouvoir, ces gens n'ont même pas prétendu avoir un juge ou un jury parlant la langue de l'accusé? Il y a eu des cas graves, au Manitoba comme au Québec, du fait que le jury ne parlait pas la langue de l'accusé. Les gens du Manitoba en savent quelque chose. Pendant 100 ans, ces gens ont été au pouvoir, et c'est la première fois que nous assistons à un changement aussi important dans ce domaine. Ce n'est qu'un paragraphe, mais il va changer bien des choses pour ceux qui traversent le Canada, posent un geste répréhensible et sont accusés. Ils auront au moins la chance d'être jugés dans leur langue.
Bref, j'aimerais savoir si vous connaissez ce projet de loi et, le cas échéant, ce que vous en pensez.
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Il est sûr que je vais commencer par répondre à votre deuxième question.
Comme anglophone au Québec, je n'ai jamais ressenti la frustration que d'autres ont ressentie. La seule frustration que j'ai un peu ressentie était d'entendre un refrain de la majorité francophone voulant que ce soit en raison de la générosité de la majorité que les institutions anglophones au Québec existaient. Historiquement, pour des raisons évidentes que je n'ai pas besoin de vous répéter, ce sont des institutions qui ont été bâties, créées et maintenues par la communauté anglophone.
En regardant récemment à la télévision une émission biographique sur René Lévesque, j'ai été content de voir à quel point on a souligné, au début de la création du Parti québécois, que M. Lévesque avait défendu le système d'éducation anglophone au Québec. Il a toujours mis sa carrière en jeu pour la défense des droits de la minorité anglophone.
Il est vrai que souvent quand on fait la comparaison entre la situation de la minorité anglophone au Québec et les minorités dans le reste du Canada, on fait la comparaison entre Montréal et Sudbury, ou Montréal et Saint-Boniface. Je pense que ce ne sont pas des comparaisons appropriées. Avec 600 000 personnes, une certaine autosuffisance économique est possible. L'autofinancement est possible; cette communauté a une force économique évidente. On ne peut pas s'attendre à ce que les communautés minoritaires hors Québec jouissent de la même force économique ou sociale que la minorité anglophone de Montréal.
Toutefois, les comparaisons deviennent plus justes dans le cas de Québec ou de Sherbrooke, par exemple. Quand j'étais à Québec, il y avait de très bonnes écoles pour mes enfants. J'ai un fils qui a reçu toute son éducation en français et un autre qui, pour des raisons diverses, a profité des écoles anglaises à Québec. On était très contents. Il y avait une communauté qui avait des ressources de communauté minoritaire à Québec. Je connais des gens qui vivent à Québec comme anglophones depuis des générations et qui continuent d'y vivre et d'y revenir. Ils ont des ressources en santé, en éducation, un journal et un poste de télévision. Pour moi, c'est donc la comparaison qu'on devrait faire quand on fait une analyse des besoins des communautés minoritaires. Souvent, la comparaison que l'on fait avec la minorité anglophone au Québec, c'est avec Montréal. Je ne pense pas que cela soit approprié.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue au comité, monsieur Fraser. Je vous souhaite tout le succès possible dans votre nouveau poste.
Je voudrais d'abord souligner le fait que je viens d'Acadie, de Moncton, et que je suis anglophone. Quand je suis arrivé à Ottawa, j'ai été étonné de constater que le niveau de bilinguisme qu'on y trouvait était inférieur à celui que l'on trouve à Moncton. Cela m'inquiète, parce qu'il s'agit de la capitale du pays.
En passant, je voudrais vous suggérer d'encourager les politiciens locaux à adopter une politique de bilinguisme. Si on peut le faire à Moncton — et on connaît l'histoire des réactions causées par la question du bilinguisme dans la vie publique —, on peut le faire à Ottawa, c'est sûr. C'était un commentaire, et non une question.
Ma question porte sur l'impact du projet de loi S-3. Je n'étais pas ici à l'époque, mais je sais que l'adoption du projet de loi S-3 a été très importante, non seulement parce que le Parti conservateur a décidé au dernier moment d'adopter une position favorable au bilinguisme, mais aussi parce que ce projet de loi est très important pour la qualité des services bilingues partout au pays.
Je me permets de citer vos propos, que vous avez écrit quand vous étiez journaliste, puisque les propos des journalistes sont toujours conformes à la vérité, comme chacun le sait. Au mois de décembre dernier, vous avez écrit ce qui suit dans le Toronto Star:
[Traduction]
S-3 exige que le gouvernement fédéral fasse la promotion des minorités francophones hors Québec et des minorités anglophones au Québec et donne à ces dernières le droit de poursuivre le gouvernement fédéral s'il ne prend pas leurs intérêts en considération.
[Français]
Nous avons appris cette semaine que le Programme de contestation judiciaire serait annulé. En me préparant pour cette réunion, je me suis rappelé ces mots et je me suis demandé si l'abolition du Programme de contestation judiciaire allait priver le public de ressources en ce sens.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur Fraser. Je suis heureux d'appuyer votre nomination.
J'ai deux brèves questions. Premièrement, je n'ai pas eu la chance de lire votre livre Sorry, I Don't Speak French, mais je viens d'une province où l'on m'a beaucoup dit: « Sorry, I don't want you to speak French ».
Il y a moins de 25 ans, on a incendié l'édifice de la Société franco-manitobaine, on a menacé la vie du directeur et de sa famille. Ce n'est pas si lointain, 25 ans!
Par contre, les choses ont beaucoup changé. Une certaine conscientisation s'est produite, entre autres grâce aux programmes d'immersion et aux programmes de Canadian Parents for French. La raison pour laquelle je parle de cela est que je pense aussi que le commissaire aux langues officielles à un rôle à jouer dans cette conscientisation.
On peut avoir un commissaire assez sédentaire qui surveille un peu le gouvernement ou on peut avoir quelqu'un qui circulera dans le pays et qui parlera aux minorités de leurs droits et, aux majorités, du respect de ces droits et de l'importance de parler les deux langues officielles.
Dans votre rôle, êtes-vous limité à certaines choses, ou si vous avez une certaine latitude pour faire la promotion des langues officielles, et non pas seulement rester ici et surveiller le gouvernement?