:
Honorables députés, bonjour. Je reviens devant vous cet après-midi pour faire brièvement le point sur les activités des Forces canadiennes en Afghanistan au cours des dernières semaines. Au fil de ma présentation, je vous parlerai surtout des activités des FC et il me fera plaisir de répondre à vos questions à la fin, dans la mesure du possible. Par contre en ce qui a trait aux activités des autres ministères présents en Afghanistan, les ministères concernés sont probablement les mieux placés pour répondre aux questions que vous pourriez avoir.
[Français]
L'insurrection des talibans demeure principalement concentrée dans l'est et le sud du pays.
[Traduction]
Depuis quelques mois, dans la province de Kandahar, où sont les troupes canadiennes, les talibans essaient de rétablir une présence forte à l’ouest des districts de Jari et de Panjwai et à l’ouest de la ville de Kandahar. On soupçonne qu’ils essaient également de regagner leur capacité de défendre les secteurs où ils sont maintenant présents. Les attaques récentes des talibans laissent entrevoir la stratégie qu’ils adopteront au cours de l’hiver. Je pense notamment aux attaques au moyen d’EEI — des engins explosifs improvisés —, aux embuscades contre des convois se déplaçant sur les routes principales, aux attaques directes contre des troupes canadiennes protégeant les activités de construction de la Route Summit et les personnes qui y travaillent — je reparlerai de la Route Summit dans un moment — et au meurtre de plusieurs politiciens et fonctionnaires importants à Kandahar. Nous croyons que les talibans ont pour objectifs, dans un premier temps, d’empêcher toute activité significative de reconstruction et toute aide humanitaire. Les attaques des talibans dans le district de Jari, en particulier, découragent encore de nombreux Afghans de réintégrer leur logis et ralentissent ou entravent la reconstruction.
Deuxièmement, les talibans vont essayer d’empêcher toute interaction significative entre les troupes canadiennes sur le terrain et la population locale, en faisant obstacle notamment à l’organisation de chouras avec les dirigeants locaux et en nous forçant à nous concentrer sur la protection des forces et à réduire nos activités de sensibilisation.
[Français]
Troisièmement, ils vont tenter de miner l'impression d'amélioration de la sécurité dans la ville de Kandahar à la suite de l'opération Méduse en effectuant des attaques suicides contre les véhicules voyageant dans la ville, en tuant plus de leaders locaux et en continuant à faire des campagnes d'intimidation et des menaces dans toute la ville.
[Traduction]
Ailleurs, dans de nombreuses régions rurales où la présence des talibans est forte, ils tenteront au cours de l’hiver de consolider leur emprise sur la population, afin de contrer toute tentative d’étendre l’influence du gouvernement de l’Afghanistan. Les conditions météorologiques d’hiver des prochains mois, dans la région de la ville de Kandahar et le long de l’autoroute 1 pourraient cependant ralentir les activités des talibans.
La diapositive suivante vous donne un aperçu des activités des insurgés contre les forces de la coalition au cours des deux dernières semaines. Vous remarquerez que les talibans ont réduit leurs activités, dans notre secteur du moins, comparativement à la fin de l’été et au début de l’automne, alors qu’ils étaient beaucoup plus actifs.
Comme le montre cette diapositive, les talibans utilisent des types d’attaque passablement variés. Notre position défensive des derniers temps les a forcé à utiliser des attaques de tir indirect, par exemple des attaques à la roquette et au mortier, pour nous prendre à partie. Les talibans possèdent toujours les connaissances et la capacité nécessaires pour organiser des attaques au moyen d’engins explosifs improvisés, mais on dirait qu’ils ont renoncé à nous attaquer directement au moyen d’armes légères et de grenades propulsées par fusée. Peut-être veulent-ils éviter d’être coincés au sol par notre groupement tactique, dont la manœuvrabilité et la puissance de feu sont redoutables.
Certes, notre présence dans la province de Kandahar est essentielle, si l’on souhaite que la situation s’améliore en Afghanistan. Une approche axée sur la stabilité et la patience témoignera de la détermination de la communauté internationale à obtenir des résultats positifs. Nous sommes en Afghanistan pour appuyer les autorités afghanes et nous sommes résolus à les aider à gagner la confiance de la population, de façon à ce qu’un état fonctionnel puisse être établi et que le règne de terreur imposé par les talibans puisse être neutralisé. Nous espérons certainement que toutes les activités des talibans aillent en décroissant et que les talibans nous aident à appuyer les autorités afghanes élues. C’est certainement notre objectif.
La diapositive suivante montre la situation actuelle de la FIAS. Le commandant de la FIAS continue de concentrer ses efforts opérationnels sur l’atteinte des conditions nécessaires à l’établissement et à l’expansion des zones de développement afghanes. C’est la priorité du général Richards, et de tous les commandants des commandements régionaux, qui font tout en leur pouvoir pour que cela se concrétise.
Laissez-moi prendre quelques minutes pour vous expliquer un peu le concept des zones de développement afghanes. L’établissement d’une zone de développement afghane — ou ZDA — est une bonne occasion de promouvoir à la fois la sécurité, la gouvernance et le développement d’une manière rapide et entièrement coordonnée. Les ZDA sont des régions suffisamment sécuritaires pour qu’y soient déployés des efforts de reconstruction.
La priorité du commandant du Commandement régional Sud est d’établir la ZDA de la ville de Kandahar. À cette fin, il faut déterminer les secteurs où le développement peut être optimisé grâce au maintien de la sécurité. Nous allons encourager la gouvernance afghane à accorder la priorité aux initiatives et aux projets de développement, et à entreprendre et à mener à bien de telles initiatives et de tels projets, afin de changer le cours actuel des choses. Nous espérons créer un besoin, c’est-à-dire stimuler l’intérêt d’autres communautés afin qu’elles adoptent le concept.
Essentiellement, la façon d’établir une ZDA est la suivante. Premièrement, les forces de sécurité tentent de déloger les insurgés de la zone visée. Deuxièmement, elles maintiennent leur présence afin d’assurer la sécurité des projets de développement en instaurant un climat de sécurité avec l’aide de l’armée nationale afghane, de la police auxiliaire nationale afghane et de la FIAS, et en faisant la promotion de la présence de l’EPR. L’EPR et les autres organismes de développement se concertent ensuite pour l’attribution de fonds aux fins des projets importants non seulement sur le plan économique, mais également sur le plan social, par exemple ponts, routes, puits et cliniques. La FIAS offre une capacité d’intervention rapide afin de protéger ces ZDA contre la reprise des attaques des insurgés. Finalement, la FIAS continue de contribuer à la coordination de l’ensemble des activités du gouvernement — synchronisation des donateurs dans le cadre de la stratégie à long terme du gouvernement en matière de développement.
Si vous vous demandiez à quoi travaillaient nos troupes, vous avez maintenant la réponse. Les ZDA sont la priorité de nos troupes et celle du général Richards. Pour illustrer leur travail de la manière la plus simple possible, je dirais que nous tentons en quelque sorte, actuellement, de reproduire dans le reste du pays la situation dans laquelle se trouve Kaboul. Kaboul est l’exemple parfait d’une ZDA où la situation est sécurisée grâce à notre collaboration. C’est exactement la situation que nous voulons étendre à tout le pays et nous sommes déterminés à déployer les efforts nécessaires dans la province de Kandahar, et plus particulièrement dans la ville de Kandahar.
[Français]
Cette diapositive décrit l'évolution de la structure de commandement canadien, le Commandement régional Sud afghan, au cours de la durée de la mission. La FIAS a pris le contrôle du Commandement régional Sud de l'opération Enduring Freedom avec la mise en oeuvre de l'étape 3 du plan d'expansion de l'OTAN. De février à août 2006, le Canada a commandé le Commandement régional Sud.
[Traduction]
Le 1er novembre 2006 — il n’y a pas si longtemps — la structure de commande du Commandement régional Sud de la FIAS a été modifiée lorsque la responsabilité du commandement est passée du Canada aux Pays-Bas. La Force opérationnelle interarmées en Afghanistan en a profité pour réorganiser le commandement et la structure de contrôle afin de placer le commandement, l’objectif et les efforts sous les ordres d’un seul commandant canadien. La personne choisie à cette fin est le nouveau brigadier-général Tim Grant. Il est en poste depuis environ deux semaines — soit depuis le 1er novembre — et c’est maintenant lui le commandant du contingent canadien. Comme vous le savez, le major-général néerlandais Ton van Loon est maintenant à la tête du quartier général du Commandement régional Sud. Le commandement relève des Pays-Bas. Le major-général van Loon compte sur un Canadien — un colonel — au poste de chef d’état-major et d’autres Canadiens travaillent également à ce quartier général.
Au sein du Commandement régional Sud, le changement qui a fait des Pays-Bas la nation responsable s’est passé sans heurts. Au sein de la Force opérationnelle Uruzgan, c’est-à-dire l’équipe néerlandaise-australienne, les opérations cadre, les activités de construction de la base et les opérations de sécurité suivent leur cours. Le peloton continue de patrouiller les environs de Dehrawoud et de Tirin Kot afin d’établir une ZDA dans cette province. Pour ce qui est de la Force opérationnelle Helmand, les Britanniques poursuivent leurs activités dans la province de Helmand afin de prévenir l’infiltration d’insurgés. La Force opérationnelle Zaboul, composée de collègues américains et roumains, continue ses patrouilles cadres, et conserve ses fonctions d’escorte de convois sur l’autoroute 1. On lui a par ailleurs officiellement confié la responsabilité de la ZDA de Qalat dans cette province.
Au cours des dernières semaines, il n’y a eu aucun changement significatif à la disposition des forces du Groupement tactique du 1 RCR. Le commandant du Groupement tactique du 1 RCR consacre toujours la plus grande partie de ses efforts, en collaboration avec ses partenaires de la Force de sécurité nationale afghane, au maintien de la sécurité dans le secteur de Jari et de Panjwai, afin de contribuer à l’établissement de la ZDA de Kandahar. Fait à souligner, le 3 novembre, un premier groupe de 41 personnes ont obtenu leur diplôme afin de joindre les rangs de la police auxiliaire nationale afghane — la PANA; il est prévu que ces candidats soient affectés à la région de Panjwai Jari.
L’EPR a procédé à l’ouverture de l’école intermédiaire de Cham-e-Dinkkar, située en face du Centre de développement provincial, à Bazaar-e-Panjwayi. Par ailleurs, l’EPR a accueilli plusieurs visiteurs de marque, dont le chef de l’état-major de l’Armée de terre, le président de l’ACDI, le sous-greffier du Conseil privé et l’ambassadeur canadien aux ÉAU.
L’équipe de liaison et de mentorat des observateurs, qui compte quelque 64 membres, a continué son programme de formation et a maintenu ses fonctions de liaison entre les groupements tactiques et les bataillons afghans, appelés les kandaks, et déployés dans la région Jari–Panjwai.
L’EPR a maintenant mené à terme 18 des 35 projets prévus. Elle a appuyé la distribution de vivres, d’eau, de couvertures et de tentes dans toute la région de Panjwai. Le financement du MDN à cet égard, sous la forme d’un fonds d’urgence du commandant — FUC — a été augmenté et dépasse maintenant les trois millions de dollars, ce qui marque une très bonne tendance. C’est vrai, ce montant est différent de celui dont je vous parlais la dernière fois que j’ai comparu devant vous, mais compte tenu que de plus en plus de projets sont requis, sur le terrain — et d’ailleurs ces projets sont certainement analysés ici —, il est normal que davantage d’argent soit affecté, dans la mesure où les projets sont intéressants. Je le répète, je crois que c’est là une tendance positive, puisqu’il s’agit d’efforts de reconstruction.
Les colis de nourriture familiaux sont conçus pour fournir 2 000 calories par jour à six personnes pendant un mois. Voilà la taille des colis de nourriture que nous distribuons; et nous avons distribué plus de 10 000 de ces colis. Le général Gauthier vous a déjà donné cette information quand il a comparu devant vous la semaine dernière.
[Français]
Quatre visites médicales des villages ont été organisées conjointement avec le groupe tactique au sein de la province de Kandahar au cours des six dernières semaines. Plus de 2 000 Afghans ont reçu des soins médicaux de base ainsi que des médicaments dans les régions éloignées de Panjwaii et de Mienishin.
De concert avec le ministre de la Santé afghan, des médecins et des dentistes locaux ont prodigué des soins aux gens de ces régions. En plus des médicaments, des outils, des effets scolaires, de la nourriture, des couvertures, des jouets, des tapis et des appareils radio ont été distribués.
L'équipe de reconstruction provinciale a fourni plus de 100 trousses de diagnostic à l'école de soins infirmiers Mirwais, dans la ville de Kandahar, où des étudiants et des étudiantes en soins infirmiers ont débuté leurs études récemment, soit en octobre 2006.
[Traduction]
À la diapositive suivante, je veux vous faire remarquer la croissance de la police auxiliaire nationale afghane dans la province de Kandahar. Encore une fois, ce progrès peut paraître négligeable, mais nous espérons que des développements plus importants suivront dans l’avenir.
La diapositive qui suit vous donne un bon aperçu du genre de soutien qu’apporte l’EPR et du genre de travail qu’elle accomplit; l’engagement des leaders principaux, ou chouras, envers les dirigeants locaux; le nombre de colis et de chariots de nourriture que nous avons distribués au cours de la dernière semaine — et vous verrez les totaux cumulatifs dans la colonne de droite; le nombre de colis d’articles non alimentaires distribués — par exemple des couvertures, et autres articles; et le nombre partiel de personnes qui reçoivent de la formation en vue de joindre les rangs de la police auxiliaire nationale afghane — la sélection et le mentorat de ces personnes, par la GRC et notre propre police militaire canadienne sont des éléments cruciaux de la formation que les candidats reçoivent.
Des progrès ont été réalisés en ce qui concerne les listes de dommages établies dans le cadre des chouras tenues dans les villages. En fait, pas cette semaine précisément, mais mentionnons qu’il y a 227 réclamations. En pareils cas, les agents de la COCIM sortent et se promènent dans la province de Kandahar et parlent aux dirigeants locaux et aux aînés dans les tribus et les divers villages.
Les patrouilles de la force d’intervention rapide sont réparties par l’EPR afin d’aider les autorités afghanes, et vous pouvez constater le nombre de patrouilles de sécurisation que nous effectuons pour procurer un certain confort à nos homologues locaux dans la province de Kandahar, de par notre présence. Vous avez donc un bon aperçu de ce qui a été accompli, du moins au cours de la dernière semaine, et j’espère pouvoir vous informer des derniers développements à cet égard régulièrement, quand je viens vous rencontrer.
J’avais prévu ici une diapositive entière pour vous parler de la Route Summit, mais je crois que le général Gauthier vous a déjà décrit le projet quand il est comparu devant vous, récemment. Alors je crois que je vais passer rapidement. Je mentionnerai seulement que les efforts déployés jusqu’à maintenant visent l’identification des donateurs et toute la planification de l’infrastructure. La flèche que vous voyez indique l’endroit où arrivera la route, dans la ville de Kandahar, soit juste un peu plus à droite sur la diapositive. La reconnaissance et le déminage du sol sont déjà en cours, même que les travaux sont passablement avancés.
Nous espérons tous qu’il y aura des progrès dans les semaines à venir. Je sais que le général Leslie était sur le chantier de la Route Summit la semaine dernière. Au cours des derniers jours, il a plu abondamment en Afghanistan. En certains endroits, des inondations rendent la route presque impraticable. Par ailleurs, vous avez certainement lu dans les journaux les articles traitant des problèmes que nous éprouvons dans le désert à cause de la poudre de talc. Tout cela a fait en sorte que nous n’avons pratiquement pas travaillé cette semaine, mais nous croyons tout de même que la route sera complétée dans les semaines qui viennent.
La Route Summit est un bon exemple de grand projet d’investissement qui peut changer la vie des habitants des communautés locales, puisqu’elle rendra possible le transfert de marchandises entre Kandahar et les communautés de Jari Panjwai et réduira le temps de transport, grâce à sa chaussée revêtue. Ce sera certainement notre priorité au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
J’ai pensé que vous aimeriez la prochaine diapositive. Vous y trouvez de l’information sur la répartition actuelle de l’effectif des Forces canadiennes en Afghanistan, effectif d’un peu plus de 2 400 membres. Vous voyez que la plus grande partie des troupes est affectée à Kandahar et à l’appui des forces en présence à Kandahar et que le reste est à Kaboul.
En terminant, je crois que vous serez heureux d’apprendre que le Nyala, ou RG-31, est entièrement opérationnel en Afghanistan et est utilisé par les Forces canadiennes. La caisse du RG-31 résiste aux mines et ses côtés sont légèrement blindés. Sa caisse en acier protège les occupants des tirs de fusil mais, avant tout, des mines et des EEI. Le RG-31 est un gros véhicule. Il ressemble à un VUS, mais en comparaison le G-Wagon a l’air minuscule.
Comme je l’ai mentionné précédemment, les talibans ont montré qu’ils n’hésiteraient pas à utiliser des engins explosifs improvisés contre les forces de la coalition et qu’ils ont les connaissances nécessaires pour le faire. Nous avons dû nous adapter afin de poursuivre l’initiative et de protéger nos troupes, en augmentant la flotte de RG-31.
Il est impossible d’être entièrement à l’abri des dommages causés par les explosions, puisqu’il est toujours possible de concevoir des engins explosifs plus puissants. Toutefois, nous croyons avoir réduit notre vulnérabilité. Encore une fois, le dossier des RG-31 est un bon exemple où nous avons réagi rapidement; les soldats de première ligne ont pu obtenir quelques véhicules de plus pour faire leur travail dans une plus grande sécurité.
Monsieur le président, c’est ainsi que se termine mon exposé.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je suis heureux de pouvoir rencontrer le comité aujourd'hui. Au nom de nos soldats, je vous remercie de votre intérêt et de votre appui à l'égard de l'Armée de terre.
Il est important pour nos soldats de savoir qu'au nom de tous les Canadiens, les députés les appuient dans leur travail, qui est essentiel.
[Traduction]
La grande partie de nos opérations actuelles portent sur notre mission en Afghanistan. Donc, en guise d’introduction, je vous parlerai brièvement, principalement dans la langue de Molière, de certains enjeux qui en découlent. Par la suite, il me fera plaisir de répondre à vos questions.
[Français]
Le rôle de l'Armée de terre consiste à produire des forces terrestres efficaces au combat, prêtes à être déployées en fonction des décisions du gouvernement ou du chef d'état-major de la Défense. De façon régulière, nous analysons attentivement nos engagements et nous effectuons des simulations pour chaque force opérationnelle que nous prévoyons déployer.
Monsieur le président, nous sommes assurés de respecter les exigences de notre mission jusqu'à 2009. Notre planification et notre système de l'état de préparation géré nous ont même permis de répondre aux demandes supplémentaires qui nous ont été adressées dans la foulée des améliorations à la force opérationnelle en Afghanistan annoncées à la mi-septembre.
Je tiens également à souligner qu'il ne nous est pas facile de satisfaire aux exigences de notre mission. Les membres du comité doivent savoir que pendant un certain nombre d'années, l'Armée de terre a maintenu un rythme opérationnel extrême en disposant d'un nombre de soldats totalement insuffisant. Nous sommes donc très heureux de pouvoir augmenter les effectifs de l'Armée de terre et attendons avec impatience le jour où nos soldats auront une vie où les déploiements, les diverses tâches à accomplir, l'entraînement et le temps passé en famille seront partagés de façon plus équilibrée. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faudra des années avant que l'Armée de terre ne se relève totalement de cette longue période au cours de laquelle elle a dû, en tout temps et avec des effectifs sérieusement réduits, répondre aux demandes de rotation continuelle à l'étranger tout en assumant ses obligations ici, au pays.
Monsieur le président, je vous parlerai maintenant plus en détail de certains enjeux liés au personnel. Bien que nous puissions respecter nos engagements en matière de déploiement, nous n'arrivons pas à augmenter nos effectifs assez rapidement, ce qui nous cause un certain stress. Nous en sommes donc à mettre en oeuvre des solutions qui permettront de combler le vide avant que les recrues n'aient été intégrées aux forces de campagne.
Une des situations où la pression est particulièrement palpable est celle que vivent nos sous-officiers supérieurs. Ces hommes et ces femmes sont le fer de lance de l'Armée de terre. Nous leur demandons de mener nos soldats dans le cadre d'opérations, de les entraîner dans les écoles de combat et d'exécuter diverses tâches importantes, même s'ils ne sont tout simplement pas assez nombreux.
Paradoxalement, l'augmentation des effectifs de l'Armée de terre amplifie le problème. Nous aurons ainsi besoin d'un nombre plus grand encore de ces soldats hautement qualifiés pour entraîner les recrues au fur et à mesure que celles-ci intégreront leurs unités et suivront des cours de spécialisation. Nous avons donc cerné un certain nombre de domaines où des civils contractuels peuvent donner des cours élémentaires, libérant ainsi des sous-officiers et des soldats pour des tâches plus exigeantes. Ces changements sont effectués dans le cadre d'un programme très efficace appelé le Programme d'amélioration de la capacité d'instruction.
À titre d'exemple, des civils peuvent aussi bien que des sous-officiers dispenser l'entraînement aux soldats devant manoeuvrer des véhicules sur les rues. Ils peuvent également enseigner les compétences élémentaires requises pour les opérations en montagne, certaines parties de notre formation en communications, de même que le fonctionnement de la tourelle d'un véhicule blindé léger, par exemple.
En outre, nous avons présentement besoin de figurants pour jouer le rôle de civils afghans lors d'exercices au Centre canadien d'entraînement aux manoeuvres à Wainwright, en Alberta.
[Traduction]
Il s’agit d’un programme unique où des Canadiens jouent le rôle bien connu de civils afghans, en reproduisant les conditions que nos soldats auront à affronter outre-mer.
[Français]
Il est alors possible de remplacer les soldats auxquels nous ferions normalement appel pour jouer le rôle de citoyens afghans par des civils canadiens embauchés par contrat. J'insiste sur le fait que nous ne demandons pas à des civils d'enseigner les techniques de combat. Ces techniques sont toujours dispensées par des membres compétents de l'Armée de terre.
Monsieur le président, nous utilisons également davantage les réservistes de l'Armée de terre. Ainsi, dans le cadre du programme appelé Bassin d'instructeurs pour l'instruction individuelle, nous embauchons des réservistes de classe B pour donner une partie de l'instruction individuelle. Ce programme devrait permettre de libérer quelque 400 membres de la force régulière, lesquels pourront être affectés à d'autres tâches au cours de l'année à venir.
De plus, nous avons récemment été autorisés à embaucher un autre groupe d'environ 1 000 à 1 500 réservistes de classe B à temps partiel et à temps complet. Il ne sera pas facile d'en intéresser autant à servir avec nous à temps plein parce que nombre d'entre eux ont des emplois exigeants dans le civil et parce que d'autres préfèrent servir à temps partiel uniquement. Mais si nous réussissons à en intégrer un nombre suffisant, nous remédierons en partie à notre pénurie de personnel actuelle.
Nous devons également composer avec le fait que notre tableau d'effectifs de temps de paix ne correspond pas aux structures que nous déployons dans le cadre d'opérations comme celle que nous menons en Afghanistan.
[Traduction]
Nous devons également composer avec le fait que notre tableau d’effectifs de temps de paix ne correspond pas aux structures que nous déployons dans le cadre d’opérations comme celles que nous menons en Afghanistan. À titre d’exemple, une compagnie d’infanterie au Canada compte normalement de 100 à 110 soldats alors que les compagnies au cœur des opérations comptent facilement entre 145 et 150 soldats. Cela signifie que, lorsque nous formons une compagnie pour être déployée, nous devons souvent prendre des soldats au sein de deux compagnies, ce qui modifie considérablement la structure établie des bataillons et des brigades.
J’ai demandé que soient restructurés les effectifs de temps de paix que nous avons au Canada, afin de les adapter aux opérations. La structure régulière de nos forces de campagne reposera désormais sur trois brigades et neuf, peut-être dix, groupements tactiques d’infanterie. Ces brigades et groupements tactiques seront organisés, entraînés, équipés au fur et à mesure qu’ils seront déployés dans le cadre d’opérations.
Incidemment, après sa rotation en Afghanistan l’an prochain, le 2e bataillon du Royal Canadian Regiment sera désigné comme groupement tactique permanent dans le cadre d’un essai de cinq ans. Je viens tout juste de les voir en exercice à Wainwright. Ils se préparent aux tâches qui les attendent en février.
La restructuration visant à refléter la situation de nos forces dans le cadre de nos opérations prendra un certain temps, mais nous enclenchons le processus dès maintenant. En fait, nous avons déjà commencé il y a quelques mois.
Le problème que je viens de soulever est principalement d’ordre structurel. Toutefois, il peut s’amplifier si, en voulant constituer une compagnie destinée à l’Afghanistan, nous devons recruter des membres au sein de compagnies dont les effectifs sont à leur minimum ou grandement réduits. C’est parfois le cas aujourd’hui et ce problème ne sera résolu qu’avec l’arrivée de recrues dans le cadre de l’expansion de l’armée de terre. Des recrues ont déjà commencé à joindre nos rangs.
Les membres du comité doivent savoir que l’armée de terre continue de faire l’objet d’une transformation majeure qui lui permettra de relever les défis de ce siècle. Cependant, à cause des demandes intenses en matière d’opérations d’entraînement, certains volets de la transformation risquent d’être ralentis ou différés; certaines exigences ou missions pourraient aussi être retardées. En conséquence, j’ai demandé que l’on s’occupe des exigences opérationnelles en priorité.
Pour résumer la situation, monsieur le président, nous n’allons ménager aucun effort pour respecter nos engagements opérationnels jusqu’en 2009 et au-delà. Malheureusement, il m’est impossible d’augmenter les effectifs de l’armée de terre suffisamment rapidement pour régler tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés et qui nous causent des tensions. Je suis disposé à discuter certains détails avec vous.
Nos problèmes actuels s’atténueront au fur et à mesure que nos effectifs augmenteront. Contrairement à certains commandants des forces terrestres précédents, je peux vous regarder dans les yeux et vous affirmer que nos effectifs s’accroissent. Nous appliquons présentement des solutions créatives qui nous aideront à atteindre le point où tous nos besoins en matière de personnel seront satisfaits sans devoir recourir à des solutions temporaires ou à des mesures provisoires spéciales comme celle que j’ai déjà mentionnée, soit l’embauche de 1 000 à 1 500 réservistes au cours des prochaines années.
Pour terminer, je vous parlerai brièvement des questions d’équipement. Le mode d’acquisition d’équipement que nous utilisions au cours de la guerre froide — par exemple, il pouvait s’écouler 15 ans ou plus entre le moment où un besoin était identifié et celui où l’équipement entrait en service — est révolu. Dans le contexte stratégique d’aujourd’hui, la rapidité et la souplesse sont des éléments primordiaux. Vous serez heureux d’apprendre que nous avons obtenu un succès remarquable en Afghanistan et même au pays, à cet égard.
Plusieurs exemples me viennent à l’esprit mais comme je suis dans l’artillerie, je vous parlerai des pièces d’artillerie légère M-77 acquises et mises en service. Entre l’identification des besoins et l’utilisation contre les ennemis, il s’est écoulé un délai de quatre mois. Il y a d’autres exemples, bien sûr — les petits véhicules aériens sans pilotes, utilisés pour du travail de reconnaissance, et les véhicules de patrouille blindés auxquels a fait référence le général Howard.
Ceci dit, nous devons bien entendu être prudents pour nous assurer que nos achats combleront les besoins de l’armée pendant plusieurs années. S’il nous arrive trop souvent de faire des achats à la hâte, nous risquons d’obtenir ce qui est disponible plutôt que des produits qui répondent à nos besoins précis pour les prochaines décennies. Mais dans les cas où nous avons décelé des besoins pressants, nous sommes maintenant beaucoup plus efficaces pour mettre en service de l’équipement sur le terrain rapidement, grâce aux officiers supérieurs, aux employés civils, aux membres du gouvernement et de l’opposition et même de toute la collectivité qui participent au processus afin de répondre aux besoins de nos soldats et de leur assurer des niveaux de protection et de sécurité améliorés.
Monsieur le président, j’aimerais rappeler au comité que tout ce que nous avons fait, tout ce que nous faisons, c’est de préparer les soldats à la réussite. Nous sommes très fiers de leur comportement en Afghanistan. Ils s’acquittent de la mission avec beaucoup de courage et de compétence, de façon à ce que les citoyens afghans puissent reconstruire leur vie, leurs collectivités, et leur pays après toutes ces années de guerre et de régime brutal des talibans. Je suis persuadé que nous pouvons compter sur vous pour appuyer ces jeunes Canadiens remarquables, qui se comportent avec grande distinction et dont le travail est salué par la communauté internationale.
Merci, monsieur. Il me fera maintenant plaisir de répondre à toutes vos questions.
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En tout premier lieu, je n’étais pas le commandant de l’Armée de terre à l’époque où la décision de prolonger la mission a été prise. Ma tâche est de recruter les soldats, par l’entremise du chef du personnel militaire; de leur inculquer la culture de l’armée; de les entraîner; de les équiper avec l’aide d’un grand nombre de personnes partout au pays; de m’assurer qu’ils reflètent l’armée et l’éthos des Forces canadiennes; de superviser leurs activités de formation; puis, à certaines étapes de leur processus, de leur faire voir froidement et sans détour s’ils sont prêts ou non à servir leur pays et à faire ce que le gouvernement du Canada leur demande de faire. Pour y arriver, nous disposons d’un système sur l’état de préparation géré par l’armée qui est extrêmement complexe, comme vous pouvez vous y attendre ou l’imaginer, pour une organisation qui compte environ 45 000 membres répartis entre les réguliers, les réservistes et bientôt les Rangers canadiens.
L’engrenage qui nous pousse en fait à fournir des groupements tactiques, selon des cycles de déploiement de six mois, est entré en action il y a de nombreuses années et est appelé à se perpétuer dans l’avenir. La cause du stress que vit l’Armée de terre est la taille de l’engagement: le nombre réel de soldats qu’elle envoie outre-mer, et la mission qui leur est confiée.
Si je mets du temps à répondre à votre question, bien entendu, c’est parce qu’elle touche trois questions complexes qui s’entremêlent.
En ce qui concerne le nombre de soldats que nous envoyons outre-mer pour s’acquitter d’activités précises — et bien entendu le général Howard vous en a déjà parlé et vous en savez beaucoup plus que moi à ce sujet — comme la sécurité, le développement, et le renforcement des capacités, eh bien nous envoyons plus de troupes qui s’acquitteront de la sécurité, du développement et du renforcement des capacités que par le passé. En ce qui concerne les chiffres et la capacité de maintenir et de fournir ces forces, environ la moitié de l’effectif de l’armée est actuellement composé de réservistes. J’ai rendu visite à de nombreuses brigades de réserve, à de nombreuses unités de réserve. Ces jeunes réservistes font preuve d’un enthousiasme accru à l’idée de se joindre à nous dans l’excellent travail que nous accomplissons non seulement en Afghanistan mais aussi au pays.
En ce qui concerne le nombre réduit d’engins explosifs improvisés utilisés pendant les attaques, leur fabrication repose sur une technologie assez rudimentaire, et évidemment la campagne est ravagée par maintenant près de 30 années de guerre tragique. En effet, si vous vous penchez sur l’histoire de ce pays au cours des deux derniers millénaires, rares sont les périodes où cette partie du monde, à la croisée des chemins d’un empire, n’était pas victime de situations incroyablement tragiques. Il leur faut des jeunes hommes en colère pour opérer ces roquettes, ces obus, ces mines qui sont enfouis sous les routes, transportés dans des véhicules, ou placés dans des forteresses aux murs de boue situées en bordure des routes de transit.
L’opération Méduse a résulté en l’élimination d’un nombre important de personnes qui prenaient part à des activités à proximité de Kandahar. L’une des raisons pour lesquelles nous avons constaté un nombre moins élevé d’attaques à court terme est que les forces de l’opposition ont essentiellement reçu un dur coup. Cela ne veut pas dire, par contre, qu’elles ne sont plus aptes au combat. Je crois qu’au cours des prochaines semaines et des prochains mois, il est possible que le nombre d’attaques augmente.
En ce qui concerne la zone de développement afghane, il s’agit d’une idée, d’une intention qui s’est d’abord manifestée parmi les partenaires de l’OTAN. Je sais qu’en 2003, quand j’étais le commandant de la mission canadienne à Kaboul et que je parlais de ces questions avec M. Brahimi, le représentant spécial du secrétaire général à ce moment-là et sans doute l’un des grands hommes de ce monde… À cette époque, l’idée qui avait été formulée essentiellement était celle d’une bulle d’activités de développement en-dessous de celle de l’EPR. Par exemple, en Afghanistan, nous avons une EPR — équipe provinciale de reconstruction — et vous savez qu’elle se trouve à Kandahar. Dans la province même, il y aurait cinq ou six secteurs propices à des travaux de développement. Donc l’idée à toujours existé. Je ne l’avais pas vue exprimée clairement de manière cohérente jusqu’à ce qu’elle le soit il y a cinq ou six mois.
Une activité comme celle-là est déjà en cours dans les provinces de Gardez, de Badakhchan, de Mazar e Charif, de Hirat, de Helmand, de Khost, et maintenant de Kandahar. Je serais d’accord pour dire qu’il s’agit d’un signe positif. Cela offre un secteur précis où concentrer les travaux de reconstruction. Évidemment, gardez toutefois à l’esprit que les véritables reconstructeurs ne sont pas les soldats. Ce sont les personnes extraordinaires de l’ACDI et des différentes organisations internationales comme l’Organisation mondiale de la santé et les Nations Unies.
Monsieur, ai-je répondu à vos trois questions?
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Vous avez tout à fait raison, et je vais y revenir à la fin. Je dois répondre aux questions dans l’ordre dans lequel elles sont posées, je pense. Et si je ne le fais pas, je suis sûr que vous allez me rappeler à l’ordre.
Donc, utilisons-nous nos ressources au maximum? Oui, nous le faisons. Pouvons-nous atteindre l’objectif? Je crois que oui. Si j’ai tort, je vais vous le dire dans quelques mois. Je crois fermement que les forces de Réserve vont répondre à l’appel et vont nous permettre de passer cette période de transition parce qu’au même moment où nous menons toutes ces opérations au Canada et à l’étranger, nous voulons accroître nos effectifs.
Auparavant, lorsque mon père était soldat, il fallait probablement compter de 30 à 90 jours pour donner aux soldats les compétences nécessaires pour partir à la guerre. Aujourd’hui, en raison de la complexité des activités que nous menons, ça prend beaucoup plus de temps. Donc, au même moment où nous essayons d’accroître nos effectifs, nous devons envoyer des sous-officiers et des officiers à l’étranger pour diriger les jeunes hommes et les jeunes femmes dont ils ont la responsabilité. Et, soit dit en passant, nous avons besoin de ces sous-officiers et de ces officiers pour former les recrues. Voilà pourquoi nous devons faire preuve d’un peu de créativité pour confier aux industries civiles certaines des activités plus courantes que les soldats n’ont pas à faire.
En ce qui concerne les Jeux Olympiques, le gouvernement a annoncé — ou est sur le point d’annoncer ou a déjà fait part de ses intentions — le concept de bataillon territorial que nous allons utiliser pour la première fois dans l’Ouest. Il s’agit de grouper les unités de Réserve dans ce qu’un officier de la force régulière appellerait des équivalents de groupes de bataillon, et la croissance de la Réserve sera axée sur l’Ouest. L’objectif que je viens tout juste de donner à tous mes subordonnés de l’armée — les commandants de secteur et de brigade — est que les forces de Réserve seront concentrées sur les opérations nationales, en appui aux forces régulières qui servent à l’étranger; les membres de la force régulière seront affectés principalement aux opérations internationales, permettant aux forces de Réserve de servir ici. Bien sûr, il va y avoir beaucoup de chevauchements, comme il y en a toujours eu dans le passé.
En ce qui concerne l’aspect sécurité des Jeux Olympiques, c’est la GRC qui a la responsabilité d’en faire la planification détaillée — et nous y participons à titre d’auxiliaire, si vous voulez. Le commandement canadien a toujours été disponible; on a affecté certaines personnes à cette activité à plein temps. Les chiffres indicatifs — et pardonnez-moi si je ne vous les donne pas tout de suite — sont importants, mais si vous regardez les fonctions que ces soldats seront appelés à exécuter, ce ne sont certainement pas des batailles ou des escarmouches sur le front pour protéger les Jeux Olympiques, veuillez me croire! Donc, la formation que nous devons donner à ces soldats est beaucoup moins intensive que pour les soldats que nous envoyons dans les opérations de combat à l’étranger. Pour chaque soldat que nous formons ici, il y en a habituellement deux autres qui aident à cette formation ou qui préparent l’équipement. Ça en prend beaucoup moins pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques.
Donc est-ce que je pense que nous pouvons y arriver? Oui, je le pense.
Pour ce qui est la troisième partie, dans laquelle vous avez cité mon commentaire d’il y a quelques années, lorsque je disais que chaque fois que l’on tue un jeune homme en colère, d’autres surgissent pour le venger, c’est une vérité historique. En tant que soldat professionnel qui a participé à des opérations de combat, la dernière chose qu’on veut faire, c’est de tuer quelqu’un. Cela étant dit, nous sommes formés, durant toute notre vie professionnelle, à appliquer une force mortelle, s’il le faut. Et quand ces jeunes hommes en colère se vengent, par exemple, sur deux fillettes qui vont à l’école, dont j’ai vu le corps décapité le long de la route, parce qu’elles avaient eu la témérité de vouloir s’instruire, si vous pouvez intercepter ces jeunes hommes en colère avant qu’ils ne tuent ces jeunes femmes, et que vous leur offrez le choix de se rendre et qu’ils refusent, vos choix à vous sont alors limités. Parfois, malheureusement, il n’y a pas de choix. Nous sommes là pour protéger les faibles et les innocents, et nous sommes disposés à ce que nos soldats fassent cela. Ils sont prêts à s’interposer entre l’ennemi et ceux que nous sommes chargés de protéger, et oui, parfois, cela veut dire qu’il faut tuer quelqu’un. C’est une mesure de dernier recours, mais nous sommes des soldats.
Nous comptons actuellement environ 65 chars Leopard en état de marche. Il y a environ 20 châssis de char actuellement déployés outre-mer. Ils sont en bon état. J’aurai un problème de durabilité au cours des deux ou trois prochaines années. Il ne fait aucun doute que l’armée a besoin d’un système d’armes à feu directes bien protégées. Nous avons envoyé un blindé additionnel et apporté d’autres améliorations à ces chars, certaines sont en train de se faire au moment où on se parle. Dès que ces améliorations seront terminées et que les blindés seront ajoutés, les chars participeront à l’opération.
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Merci, monsieur le président.
Félicitations, général, pour le rôle que vous avez joué dans la planification et dans l’entraînement des meilleurs soldats du monde, un exploit qui n’en est que plus remarquable quand on sait à quel point les Forces canadiennes étaient rouillées après une décennie de négligence par le gouvernement antérieur.
La fourniture à nos troupes de l’équipement dont elles ont besoin est bien engagée; mes questions se rapportent donc plutôt à la façon dont nous prenons soin de nos troupes. Comme vous le savez, le tempo a été rapide, en particulier pour la deuxième brigade. Cette base connaît aussi une croissance spectaculaire avec la mise sur pieds du Régiment d'opérations spéciales du Canada, la reconstitution des régiments dégarnis et, nous l’espérons, le déplacement de la Deuxième Force opérationnelle interarmées (FOI 2).
L’infrastructure et les services médicaux devraient donc être soumis à une demande encore plus intense. Compte tenu que la BFC de Petawawa risquait d’être abandonnée progressivement au milieu des années 1990, il ne nous reste qu’un certain nombre de bâtiments de la Seconde Guerre mondiale. Quand le comité s’est rendu à la base le mois dernier, nous avons vu que l’éclatement d’une conduite avait causé un important effondrement non loin d’une ligne de chemin de fer. Quelques mètres plus loin et cela aurait coûté aux forces un million de dollars par jour. Trop attendre pour améliorer l’infrastructure peut coûter vraiment très cher. Cela peut représenter une jolie somme.
La clinique de la base, où les soldats sont traités perd sa fonctionnalité sans compter la rareté des praticiens en santé mentale. Ils disposent maintenant d’une clinique médicale dans une région et d’une clinique de santé mentale dans une autre.
Tout au long de la semaine dans notre circonscription, comme Laurie, j’ai eu l’occasion de parler avec des soldats, en particulier avec un soldat qui a reçu une balle dans la tête alors qu’il se trouvait en Afghanistan. Nos soldats ont entendu des histoires de ce genre le jour du Souvenir. Ce brave jeune homme a raconté comment il n’a jamais perdu conscience et que dès qu’il a été touché, il savait qu’il avait perdu la vue d’un œil, mais la seule chose à laquelle il pouvait penser, c’était s’il allait pouvoir demeurer dans les forces armées ou s’il allait être renvoyé. Ce soldat a découvert que grâce à un traitement, il pourra demeurer dans les forces. Il a dit que son traitement était parmi les meilleurs et n’a pas de mots assez forts pour louanger les médecins qui ont travaillé sur son cas.
À Edmonton, quand j’ai rencontré des soldats blessés en Afghanistan, leur principale préoccupation était d’avoir assez de temps pour guérir afin de pouvoir retourner au service actif complet.
Le facteur limitant, en particulier à la base de Petawawa, semble être le manque d’officiers de sélection du personnel. Comme vous le savez, les officiers de sélection du personnel de la base (OSPB) s’occupent non seulement des évaluations postdéploiement pour s’occuper d’avance de problèmes comme le syndrome de stress post-traumatique, mais ils administrent aussi des tests d’aptitude pour les forces spéciales par exemple, une composante fondamentale de la mise sur pied d’une force. La mise sur pied d’une force est l’un des deux objectifs des Forces canadiennes à l’heure actuelle. Compte tenu des rotations consécutives, le seul OSPB qui travaille à l’heure actuelle à Petawawa n’arrive réellement pas à s’acquitter de la charge de travail accumulée en temps opportun.
Général, je sollicite votre engagement. Maintenant que vous avez une idée de ce que sont ces problèmes sur le terrain, dont vous n’aviez peut-être pas entendu parler, je vous demande de voir à ce que les personnes dont vous avez le commandement et qui sont chargées de mettre le personnel approprié en place pour les soins de nos soldats, et aussi celles qui sont responsables de l’entretien de l’infrastructure de la base, n’accumulent pas plus de retard pour prévenir une crise future. Nous avons besoin d’un financement adéquat réservé à cette fin.
Dès la fin de novembre, environ 300 membres du secteur du Québec seront envoyés en Afghanistan avec le 1er Bataillon du Royal Canadian Regiment. En août de l'année prochaine, environ 2 300 personnes, en vaste majorité francophones, seront déployées en Afghanistan pour assurer le succès de ce pays.
[Traduction]
C’est moi qui ai décidé d’envoyer les soldats du SQFT. Ils sont excellents. Ils seront basés dans un groupe-bataillon du Royal 22e Régiment. Ils sont parmi les meilleurs soldats que j’ai vus dans ma carrière. Ce sont les prochains à partir.
À l’heure actuelle, on assemble le groupe-bataillon. Ils iront aux États-Unis pour s’entraîner un peu dans des conditions désertiques, ce que nous ne pouvons pas faire au Canada au cours de l’hiver. Puis ils se rendront à Wainwright, où ils se concentreront sur le développement, la sécurité, les opérations de combat et l’entraînement des forces indigènes. Ils partiront en congé et seront ensuite déployés dans la région de la mission où ils s’acquitteront brillamment de leur tâche.
En ce qui concerne les leçons,
[Français]
nous avons une équipe qui est maintenant en Afghanistan afin de comprendre toutes les leçons apprises sur le terrain. Cette équipe
[Traduction]
est avec les compagnies avancées du groupement tactique.
[Français]
Chaque jour, les membres de cette équipe discutent avec les adjudants, les adjudants-chefs et les officiers pour déterminer quelles sont les leçons du jour.
[Traduction]
Quand ils en auront fini avec ces leçons, ils seront ramenés à notre centre des leçons retenues à Kingston.
[Français]
Au bout d'environ deux semaines, ils envoient la réponse à Wainwright ou a Gagetown, qui sont respectivement nos centres d'entraînement collectif et individuel. Il y a environ 10 jours, j'étais en Afghanistan. De là, je suis allé directement à Wainwright.
[Traduction]
Quand je suis arrivé à Wainwright, les leçons de diverses attaques faisaient déjà l’objet de discussions par le personnel de la formation concernant l’impact qu’elles allaient avoir sur la façon dont ils allaient préparer le prochain groupe de soldats.
[Français]
Vous avez parlé des interventions dirigées par le général Howard. Je ne suis pas tout à fait un expert, puisque je n'ai pas fait ce genre de choses depuis des années. Comme je le disais, je ne suis revenu qu'il y a une semaine.
[Traduction]
À l’échelle locale, les enfants saluent et sourient aux soldats canadiens qui passent. Les regarder distribuer des paquets d’aliments est remarquable. Les Afghans sont un peuple très fier, et ils sont reconnaissants vis-à-vis de ceux qui les aident. Les commandants afghans ne tarissent pas d’éloges et de manifestations de soutien pour les Canadiens aux côtés desquels ils combattent. Il y a des liens qui sont littéralement forgés dans le sang.
En parlant à certains civils afghans, j’ai appris qu’ils s’inquiétaient parce qu’ils voulaient voir des signes manifestes de progrès. L’Afghanistan comporte 34 provinces et 30 millions d’habitants et (c’est là mon jugement) je dirais que dans la grande majorité des provinces, dans 20 à 25 d’entre elles peut-être, les conditions sont bien meilleures que lorsque j’étais à Kaboul en 2003. Les conditions sont beaucoup plus problématiques dans cinq ou six autres provinces, et l’une d’elles est manifestement Kandahar. Alors, quand le général Richards et le président Karzai disent que l’année prochaine sera décisive pour l’Afghanistan, je suis enclin à les écouter très attentivement.
La bonne nouvelle, c’est que des quatre ou six millions — et je pense que le chiffre est de six millions — de jeunes enfants qui vont maintenant à l’école, 40 p. 100 sont des jeunes filles, et cela est tout à fait remarquable. Il est vraisemblable que l’avenir de ce pays dépendra de ces jeunes filles instruites, qui sauront imposer un certain ordre dans ce qui a été une société guerrière très tribale. Toutefois, c’est là un problème de générations.