Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je tiens d'abord à vous remercier de me donner l'occasion de m'exprimer sur le rôle qu'a joué le Pakistan et qui est un important élément de la mission globale dans ce pays.
Ce rôle déterminant doit se poursuivre. Le Pakistan doit continuer d'aider l'OTAN et le Canada à atteindre leurs objectifs en Afghanistan. Le comité est bien avisé de se pencher sur cette question maintenant, étant donné que la communauté internationale demande de plus en plus au Pakistan de participer à la stratégie pour l'Afghanistan. Les Canadiens en conviendront, j'en suis sûr.
Il en a beaucoup été question ces derniers temps, dans les cercles publics et privés. Après plus de 30 ans d'agitation et de guerre civile, il est temps que l'Afghanistan réintègre le concert des nations en tant qu'État démocratique stable, sûr et autonome qui ne doit jamais plus redevenir un repaire pour des groupes terroristes. C'est un objectif à long terme qui donne tout leur sens à nos activités d'édification du pays, activités qui entrent dans trois grandes catégories selon l'objectif visé, à savoir: contribuer à stabiliser le pays; contribuer à renforcer la gouvernance pour la rendre responsable et représentative; contribuer à réduire la pauvreté et à améliorer la vie des Afghans.
Monsieur le président, les Canadiens sont en Afghanistan pour défendre les intérêts nationaux du Canada en luttant contre la menace du terrorisme international. Le Canada et ses partenaires internationaux ont les moyens et je dirais même l'obligation morale d'aider l'Afghanistan à se rebâtir afin que ses habitants puissent vivre à l'abri de l'oppression et de la violence et ne plus connaître les conditions exécrables qui régnaient sous le régime des talibans.
Après son élection, notre nouveau gouvernement a clairement fait savoir que nous défendons les valeurs fondamentales canadiennes: la liberté, la démocratie, la primauté du droit et le respect des droits de la personne. Nous faisons notre travail à titre de partenaire responsable de l'OTAN et d'acteur sur la scène mondiale pour défendre ces valeurs. Nous défendons ces principes et ces valeurs en même temps que nous apportons une aide humanitaire et un soutien à cette région.
Nos efforts rapportent déjà. L'Accord de Bonn de décembre 2001, auquel ont souscrit des intérêts afghans très divers, a défini la première phase d'un effort national visant la reconstruction et la consolidation du pays. Cet accord a permis de dresser les grandes lignes d'un plan d'action général et un calendrier en vue de l'instauration d'un nouvel État afghan démocratique. L'Accord de Bonn a mené à la création d'une nouvelle constitution et à la tenue réussie d'élections présidentielles, parlementaires et provinciales où le taux de participation a été élevé. Plus de 60 p. 100 des électeurs inscrits ont exercé leur droit de vote, dont près de la moitié étaient des femmes, ce qui, je m'empresse de le préciser, était du jamais vu dans ce pays.
Monsieur le président, les Afghans ont fait preuve d'une remarquable détermination en participant, souvent sous la menace de violences, à ces élections historiques. Ce faisant, ils ont clairement indiqué leur intention de donner une nouvelle orientation à leur pays par le biais du processus démocratique. Les élections sont, certes, importantes, mais la démocratie est le chemin le plus sûr et le plus rapide vers une stabilité durable.
[Français]
Maintenant que les étapes énoncées dans l'Accord de Bonn ont été franchies, une nouvelle feuille de route de cinq ans, le Pacte pour l'Afghanistan, a fait l'objet d'une entente en janvier dernier entre le gouvernement afghan et 60 autres pays. Le pacte guidera, au cours des cinq prochaines années, nos efforts communs en vue de la réalisation de la nouvelle phase de redressement de l'Afghanistan. Le pacte est une stratégie quinquennale complète comportant des objectifs à atteindre en matière de sécurité, de gouvernance et de développement, objectifs que le gouvernement afghan et ses partenaires internationaux ont convenu de poursuivre de concert.
[Traduction]
C'est pourquoi, monsieur le président, le Canada a mobilisé des éléments des Forces canadiennes, du ministère des Affaires étrangères, de l'Agence canadienne de développement international et de la Gendarmerie royale du Canada pour qu'ils participent à une démarche pangouvernementale visant à réaliser les objectifs du Pacte. En unissant nos efforts, nous favorisons: l'instauration d'un climat stable et sûr en Afghanistan; le renforcement des capacités de gouvernance de ce pays; la réforme du secteur de la sécurité en Afghanistan, y compris le travail de police et les contrôles à la frontière.
L'objectif global de ces activités est, bien entendu, de créer un contexte propice à nos efforts de reconstruction. En rassemblant ce que le Canada a de mieux à offrir, nous apportons beaucoup aux efforts internationaux de reconstruction et de stabilisation en Afghanistan. Mais il reste encore beaucoup à faire.
La mise en oeuvre du Pacte pour l'Afghanistan et la réalisation des objectifs que nous nous sommes fixés avec le gouvernement de l'Afghanistan et nos partenaires internationaux représenteront un énorme défi dont nous ne pourrions échapper sans en payer un prix tout aussi énorme. Certains disent que c'est le grand défi de notre époque et que les futures générations de notre pays considéreront que ce moment de notre histoire a été décisif.
L'édification d'un pays étant un processus complexe, seuls des efforts concertés et soutenus de la part de l'ensemble des acteurs seront garants de notre réussite. Le Canada et l'OTAN reconnaissent depuis longtemps la nature régionale de l'exercice d'édification que nous avons entrepris de mener à bien en Afghanistan. La tenue, l'an dernier, d'une Conférence sur la coopération économique régionale en Afghanistan, la CCERA, a permis de faire porter l'accent sur la reconstruction de l'économie afghane et sur l'instauration de la stabilité en Afghanistan.
Les réunions de la CCERA rassemblent des représentants du Canada, de l'Afghanistan et des pays voisins, ainsi que des représentants des pays du G8 et des grandes organisations internationales. Elles ont pour but d'élaborer des plans de coopération régionale et de promouvoir le développement économique et la sécurité en Afghanistan et dans l'ensemble de cette région. Soit dit en passant, monsieur le président, mon collègue, le secrétaire parlementaire des Affaires étrangères, M. Deepak Obhrai, revient tout juste de représenter le Canada à la deuxième édition de cette conférence qui s'est tenue la semaine dernière à New Delhi.
Nous reconnaissons l'importance de mécanismes multilatéraux comme la CCERA, mais nous estimons aussi qu'il faut traiter bon nombre des problèmes auxquels nous avons à faire face comme les problèmes qui se posent entre l'Afghanistan et ses voisins immédiats. C'est en reconnaissant ce fait que la Commission tripartite a été mise sur pied en juin 2003. La Commission est un groupe de représentants militaires et diplomatiques du Pakistan, de l'Afghanistan et de l'OTAN qui se réunissent tous les deux mois environ pour prendre des mesures destinées à améliorer la coopération en matière de sécurité entre les différents acteurs. La dix-neuvième réunion de la Commission tripartite vient de prendre fin à Kaboul le 12 novembre. Parmi les questions dont discute actuellement la Commission, mentionnons: la sécurité de la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan dont nous allons sûrement parler davantage ici; l'amélioration de l'échange de renseignements militaires entre les parties; l'élaboration de contre-mesures plus efficaces pour lutter contre les engins improvisés; et enfin, le renforcement de la coopération opérationnelle entre l'OTAN et les forces de sécurité afghanes.
Par la mise sur pied de la Commission tripartie, nous reconnaissons le fait que la solution à bon nombre des problèmes que nous avons à surmonter en Afghanistan ne sera pas trouvée uniquement à l'intérieur des frontières afghanes. Et le rôle à part entière que joue le Pakistan dans la Commission est une reconnaissance du fait que parmi les voisins de l'Afghanistan, c'est le Pakistan le plus d'important. C'est pour de multiples raisons qu'il en est ainsi, mais, d'une manière ou d'une autre, elles nous ramènent toutes au fait que la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan n'est pas contrôlée ou surveillée autant qu'elle le devrait. Vous avez souvent entendu les qualificatifs « poreuse » et « transparente » pour la décrire.
Malgré les nombreux efforts déployés, il demeure que près de 40 millions de Pachtounes vivent le long de cette frontière et c'est parmi ces tribus pachtounes que les insurgés talibans qui attaquent nos troupes trouvent la majorité de leur appui — ce n'est pas la seule raison, mais c'est la principale. De plus, on estime qu'environ 30 000 Pachtounes franchissent quotidiennement la frontière sans obstacle.
Si vous me le permettez, monsieur le président, et pour replacer le tout dans son contexte historique, je rappellerai que cette frontière a été officiellement tracée en 1893 par le gouvernement britannique de l'époque — en fait par le gouvernement des Indes — et par le Royaume de l'Afghanistan. Celle-ci a été traitée comme une frontière internationale, mais qui n'a toutefois jamais été reconnue par l'Afghanistan qui la conteste depuis ce moment-là.
Monsieur le président, nous reconnaissons les efforts considérables que le Pakistan a déployés pour essayer de freiner l'infiltration d'éléments pakistanais en Afghanistan à partir de sa frontière. Il reste cependant encore beaucoup à faire. Il a été question d'ériger des clôtures, de poser des mines, ce à quoi nous nous sommes opposés, et d'assurer une surveillance aérienne. Je reviendrai sur ce sujet également, mais il faut savoir que le Pakistan a déployé 90 000 soldats pour surveiller sa frontière avec l'Afghanistan et environ 800 d'entre eux ont trouvé la mort dans des combats contre les insurgés depuis 2002 — nous croyons néanmoins que le gouvernement du président Moucharraf peut et doit faire davantage. Et, monsieur le président, le Canada est prêt à aider.
Comme je l'ai dit au premier ministre Aziz du Pakistan lors de la récente conférence internationale sur le micro-crédit à Halifax, le Canada entretient avec son pays une « amitié stratégique » fondée sur un large éventail d'intérêts mutuels. Bien que les inquiétudes concernant la sécurité soient la première raison de notre engagement, nous sommes conscients qu'il y a des limites à ce que la coopération militaire à elle seule ne peut nous permettre de réussir.
Le Canada a fait beaucoup ces dernières années pour aider le Pakistan en dehors du domaine de la sécurité. Par exemple, l'Agence canadienne de développement international contribue beaucoup aux efforts de développement du Pakistan, notamment par le truchement d'un programme novateur par lequel 132 millions de dollars de créances dues au Canada seront échangées contre des dépenses en éducation. Nous espérons que grâce à cette initiative, le gouvernement du Pakistan sera mieux en mesure de renforcer et d'étendre le système d'enseignement public, ce qui devrait, en théorie, mettre fin aux situations qui ne laissent aux parents d'autre choix que d'envoyer leurs enfants dans des madrassas non reconnues pour qu'ils puissent fréquenter l'école. Nous avons, malheureusement, constaté que ces madrassas sont souvent des centres de recrutement pour les extrémistes.
[Français]
Le Canada a en outre contribué généreusement aux secours et au travail de reconstruction après le tremblement de terre qui a secoué le Pakistan en octobre 2005. Le mois dernier, à l'occasion du premier anniversaire du tremblement de terre, la ministre responsable de l'aide internationale, , a annoncé le versement de 40 millions de dollars de plus en aide à la reconstruction. Le Canada a versé au total plus de 130 millions de dollars.
[Traduction]
Par delà ces efforts, nous nous estimons privilégiés d'avoir une relation suffisamment bien établie avec le Pakistan pour faire la promotion des valeurs canadiennes auprès du gouvernement Moucharraf, notamment le respect des droits de la personne, la démocratie et la saine gouvernance, ainsi que les objectifs de non-prolifération, de contrôle des armements et de désarmement.
Dans nos relations bilatérales, nous avons toujours préconisé une séparation plus nette entre le pouvoir politique et le pouvoir militaire au Pakistan et un renforcement de l'adhésion de ce pays aux principes démocratiques. Le président Moucharraf s'est engagé à tenir des élections libres et démocratiques en 2007 et nous avons d'ailleurs déjà travaillé avec le Pakistan dans le passé pour pousser ce pays à adhérer davantage à de véritables principes démocratiques. bien que nous n'ayons pas toujours été du même avis sur ces questions, le gouvernement pakistanais n'a jamais refusé de discuter de ces questions délicates avec nous. C'est vrai de la rencontre que j'ai eue avec le premier ministre du Pakistan, il y a quelques semaines à peine.
En fait, l'engagement politique et militaire du Canada avec le Pakistan n'a jamais été aussi grand qu'aujourd'hui. En mars dernier, le premier ministre Harper et le ministre de la Défense O'Connor ont effectué une visite au Pakistan, et le ministre O'Connor y est retourné en septembre. À ces deux occasions, nous avons tenu à rappeler au gouvernement pakistanais l'importance de notre mission de sécurité et de développement en Afghanistan ainsi que l'importance que nous attachons à la collaboration du Pakistan. Nous avons également fait part au gouvernement pakistanais de nos inquiétudes face aux activités des insurgé en territoire pakistanais. Le premier ministre pakistanais Aziz et moi-même avons d'ailleurs discuté de ces questions plus tôt ce mois-ci, lors de notre rencontre à Halifax. J'avais eu des entretiens semblables avec le président Moucharraf lors de son passage à l'Assemblée générale des Nations Unies, à New York, le mois dernier.
Le Canada, tout comme ses alliés, continue d'encourager le Pakistan à multiplier ses efforts pour empêcher les insurgés de traverser la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan. Plus précisément, nous avons demandé au Pakistan de s'appliquer: à rechercher et à arrêter les talibans les plus influents au Pakistan; à renforcer la sécurité à la frontière; à signer, ratifier et appliquer les principales conventions et résolutions des Nations Unies contre le terrorisme; à adopter des lois plus sévères pour contrer le blanchiment d'argent, les faire respecter ces lois et à former les policiers à la lutte contre la narcotrafic; à empêcher les insurgés d'exploiter les camps de réfugiés au Pakistan. Nous croyons qu'il s'agit là d'objectifs réalistes que le Pakistan peut atteindre soit seul soit avec de l'aide, et qui pourront contribuer à ce que les buts poursuivis par la communauté internationale en Afghanistan soient atteints.
Monsieur le président, je crois que vous constaterez à la lecture des retranscriptions, que le ministre de la Défense nationale, qui a témoigné devant vous, a également parlé d'autres mesures destinées à redonner confiance à tout le monde, notamment grâce à l'échange d'officiers de liaison — parce que je pense que cette proposition a été suivie d'effets — les Pakistanais ayant un officier de liaison en Afghanistan et un des nôtres étant détaché au sein de l'armée pakistanaise.
Nous demandons au Pakistan de faire davantage, mais je suis conscient que nous pouvons nous aussi améliorer notre façon de collaborer avec ce pays. Nous nous employons, de concert avec les forces de sécurité et de police pakistanaises, à accroître la capacité de ce pays de s'attaquer aux divers problèmes touchant la gestion de sa frontière. Nous nous efforçons également de bonifier les ententes de liaison entre les forces canadiennes basées en Afghanistan et les Forces armées pakistanaises. Et, parce que nous sommes convaincus que la sécurité n'est pas uniquement une affaire de menaces militaires, nous cherchons des façons novatrices de mieux exploiter nos outils d'aide au développement pour améliorer les conditions de vie de part et d'autre de la frontière pakistano-afghane. De cette façon, nous espérons donner aux jeunes qui sont les plus susceptibles de prêter l'oreille à la propagande des insurgés, une raison de rejeter leur appel à adhérer à leur cause.
[Français]
Je peux vous donner deux exemples concrets d'autres types d'activités en cours de planification.
[Traduction]
La capacité des forces de sécurité pakistanaises dans les régions frontalières est restreinte, surtout en raison des difficultés énormes posées par le terrain accidenté. Le personnel militaire est éparpillé et manque souvent d'équipement convenable, notamment en matière de technologie des communications. Ce manque de capacité explique une certaine anarchie dans les régions frontalières et nuit aux efforts accomplis par le gouvernement pour empêcher les insurgés de franchir la frontière.
Grâce au Fonds pour la paix et la sécurité mondiales et au Programme d'aide au renforcement des capacités antiterroristes, administrés par mon ministère, nous comptons accroître la capacité des forces de sécurité pakistanaises. Parmi les projets au stade de la planification, mentionnons: un cours de renforcement des capacités de la politique pakistanaise dont l'objectif est de faire travailler des formateurs de la GRC avec le Pakistan pour améliorer la formation professionnelle du personnel de sécurité et d'application de la loi en poste le long de la frontière et ailleurs; la fourniture d'équipement de communications approprié aux autorités pakistanaises compétentes afin: d'aider à sécuriser la frontière pakistano-afghane et de réagir aux menaces — c'est-à-dire de repérer et d'intercepter les contrebandiers et les insurgés qui franchissent la frontière.
Il ne s'agit que de quelques exemples de notre action, puisque nous continuons de travailler à la fois avec le Pakistan et nos alliés de l'OTAN pour chercher de nouvelles possibilités de collaboration.
Monsieur le président, j'aimerais en terminant vous redire à quel point j'apprécie le travail que votre comité accomplit et vous féliciter de reconnaître l'importance du rôle que joue le Pakistan dans la réalisation des objectifs du Canada et de ses alliés en Afghanistan. Nous faisons face, dans cette région, à des problèmes complexes auxquels il n'existe pas de solution facile. Mais j'ai confiance que nous pourrons travailler de concert avec le Pakistan et la communauté internationale pour résoudre les problèmes qui se posent. Pour paraphraser mon collègue, le ministre O'Connor, je dirai que nous apprécions ce que fait le Pakistan, mais que nous savons qu'il peut faire davantage.
Merci du temps que vous m'avez consacré. Je serai maintenant heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur Dosanjh, pour cette question.
Comme vous avez été ministre de la Défense durant une grande partie de la période dont vous venez de parler, j'ai l'impression que vous partagez mes frustrations.
Tout d'abord, je ne suis absolument pas venu excuser le Pakistan. En fait, chaque fois que nous en avons eu l'occasion, dans des tribunes privées ou publiques comme celle-ci, nous avons ouvertement encouragé le Pakistan à améliorer ses efforts, pour ne pas dire que nous l'avons exigé. Nous lui demandons d'intervenir davantage dans les domaines que vous avez mentionnés et dont j'ai parlé en introduction, nous exigeons qu'il redouble d'efforts à la frontière et qu'ils fassent véritablement la chasse aux insurgés talibans, aux responsables comme aux simples exécutants.
Je ne suis pas ici pour présenter des excuses au nom de qui que ce soit. Je suis ici pour vous expliquer ce que mon gouvernement fait. Je vous dirai que nous intervenons régulièrement, souvent et directement auprès des hauts responsables pakistanais et que nous entendons continuer ainsi.
Je trouve ironique que, d'un côté, votre parti nous blâme d'agir de la sorte et d'intervenir aussi directement auprès des Pakistanais, et que d'un autre côté il nous critique parce que nous n'agissons pas de la même façon auprès d'autres pays. Vous exigez même que nous agissions à l'identique. Votre discours n'est pas cohérent. Il faut tenir la même ligne de conduite avec tous les pays. Chaque fois que nous aurons l'occasion de rencontrer des hauts responsables et que nous pourrons faire passer ce genre de message bien senti, nous le ferons.
Nous sommes au fait des réalités les plus évidentes que vous venez de décrire avec des effets de manches, je veux parler des allées et venues des responsables talibans. C'est pour cela que nous insistons auprès des Pakistanais: nous voulons qu'ils agissent, qu'ils améliorent la sécurité à la frontière et qu'ils soient plus francs dans leur collaboration avec les Nations Unies. C'est le message que nous avons adressé au président Moucharraf quand nous l'avons rencontré à New York.
Aucune de ces solutions n'est évidente sans la pleine participation du Pakistan. Il s'agit d'un pays souverain, tout comme le nôtre. Tout ce que nous pouvons faire, c'est d'insister auprès des Pakistanais, avec tout le respect qu'on leur doit, pour qu'ils agissent dans le sens souhaité.
Personnellement, j'estime que c'est par l'application de ces mesures à la frontière que nous parviendrons, le plus directement qui soit, à réaliser nos objectifs mutuels consistant à endiguer le flot d'insurgés.
Or, comme vous le savez fort bien, les Pachtounes traversent cette frontière dans les deux sens non pas depuis des centaines, mais bien depuis des milliers d'années. Ce n'est certainement pas quelque chose que nous pouvons stopper du jour au lendemain.
Considérez la durée de notre mission, soit cinq ans, par rapport au temps qui s'est écoulé depuis que ces gens-là ont commencé à franchir la frontière.
:
Merci, monsieur Bachand, pour votre question. Je vais commencer par répondre à votre dernière question.
Je n'étais pas là lorsqu'il y a eu cet échange avec M. Musharraf, mais j'ai lu le rapport. C'est une question qui était chargée d'émotion pour lui, car elle affecte profondément son pays. Je pense que sa réflexion était plutôt émotive, car il a dit que le Pakistan avait perdu plus de 800 soldats dans le conflit, plus particulièrement à la frontière.
[Traduction]
La question de la frontière, la fameuse ligne Durand ou Durant, n'est pas un problème récent pour le Pakistan et l'Afghanistan, puisqu'il est vieux de plusieurs siècles. D'après ce que j'ai cru comprendre, il est aggravé par la nature du relief.
Bien qu'aucun pays de l'OTAN en particulier n'ait pour tâche de s'attaquer à ce problème de la frontière, nous nous intéressons de plus en plus à la façon dont nous pourrions aider le Pakistan à faire davantage pour contrôler les mouvements à la frontière, surtout dans le cas des insurgés.
J'estime que le Canada est en mesure d'offrir une compétence non négligeable sur ce plan. J'ai proposé au Premier ministre de lui donner un coup de main quand je l'ai rencontré à Halifax. À l'époque, il parlait davantage de surveillance aérienne et d'une augmentation du nombre des patrouilles.
Le Pakistan a amassé un nombre impressionnant de soldats à la frontière. Malheureusement, compte tenu de l'ampleur de la tâche et du type de relief, il n'existe pas d'autre solution que est celle consistant à concentrer davantage de troupes à la frontière, à miser sur les communications en améliorant la téléphonie par satellite qui permet d'obtenir une meilleure réception aux différents postes de contrôle. J'estime qu'il existe des solutions originales permettant d'éviter de poser des mines terrestres, comme l'érection de barrages pour bloquer le franchissement de certaines zones connues pour être fréquentées par les insurgés. Nous collaborons avec d'autres pays, avec nos alliés de l'OTAN et avec le gouvernement pakistanais pour essayer d'endiguer ce flux en direction de l'Afghanistan.
Et puis, il faut composer avec la dynamique politique. Comme je le disais, l'Afghanistan ne reconnaît pas l'emplacement de la frontière.
Quant à votre question au sujet du service secret pakistanais, il faut dire qu'elle est délicate et j'ai déjà entendu le président Moucharraf essayer d'y répondre. Il a dit que tout cela était le fait d'agents de l'ancien service secret.
[Français]
Ce sont les membres de l'ancien service secret, et non ceux du service secret actuel, qui ont participé à ces activités.
[Traduction]
Il a également reconnu que les insurgés bénéficient peut-être de l'aide de certains de ces agents. Il n'a rien dit quant à l'identité de ces gens-là, et c'est peut-être là que nous allons devoir insister davantage pour l'amener à comprendre qu'il faut les arrêter, si possible.
En revanche, je n'ai personnellement eu vent d'aucune preuve directe indiquant qu'il s'agirait de membres de l'actuel service secret ou d'un autre organisme du gouvernement pakistanais, mais il est possible que le ministre O'Connor qui est la personne idoine pour ce genre de question, n'ait en main une preuve établissant un tel lien entre l'actuel service secret et les insurgés. Moucharraf, lui, le nie. L'OTAN et les autres pays le suivent de près et font pression sur lui à cet égard, mais à ce que je sache, nous n'avons aucune preuve allant dans ce sens.
Je peux vous garantir que notre commissariat à Islamabad et notre ambassade à Kaboul surveillent en permanence ce qui se passe sur le terrain et sont à l'afflux du moindre signe susceptible d'indiquer que le gouvernement pakistanais est partie à l'insurrection.
:
Je vous remercie du vif intérêt que vous portez à la participation de la Force aérienne aux opérations de soutien des Forces canadiennes en Afghanistan, et je vous remercie de m'avoir invité à vous entretenir de notre importante contribution à la campagne contre le terrorisme et à l'instauration d'une nouvelle démocratie dans cette région du monde.
[Français]
Je vous remercie du vif intérêt que vous portez à la participation de la Force aérienne aux opérations de soutien des Forces canadiennes en Afghanistan. Je vous remercie de m'avoir invité à m'entretenir, en cette occasion avec vous aujourd'hui, de notre importante contribution à la campagne contre le terrorisme et à l'instauration d'une nouvelle démocratie dans cette région du monde.
[Traduction]
D'entrée de jeu, j'aimerais souligner le travail extraordinaire qu'accomplit notre Armée de terre en Afghanistan. Même si tous les services des Forces canadiennes font leur part dans ce pays, c'est bel et bien l'Armée de terre qui porte le fardeau le plus lourd au cours de cette opération.
Aujourd'hui, j'entends centrer mes propos sur trois volets de notre apport à cette opération. D'abord, la liaison vitale qu'assure la Force aérienne aux Canadiens à l'oeuvre en Afghanistan. Deuxièmement, les opérations tactiques sur le théâtre de l'Afghanistan, qui ont trait notamment au réapprovisionnement et aux véhicules aériens sans pilote servant aux renseignements, à la surveillance et à la reconnaissance. Troisièmement, d'autres contributions marquantes faites par des membres de la Force aérienne à l'appui de l'OTAN, du gouvernement de l'Afghanistan et au sein de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan.
[Français]
Ici, au Canada, comme vous le savez, la Force aérienne concentre ses activités sur la priorité absolue du Canada en matière de défense: celle de protéger sans faille le Canada d'abord.
[Traduction]
Défendre notre vaste espace aérien ou patrouiller les plus longues côtes au monde; secourir rapidement les Canadiens en détresse grâce à notre réseau de recherche et de sauvetage ou apporter notre concours à d'autres ministères; être prêts à affronter des menaces visant des Canadiens, voilà la première mission des FC et de la Force aérienne.
Par ailleurs, la Force aérienne continue de participer à beaucoup d'autres opérations dans le monde, y compris à l'opération actuelle des Forces canadiennes en Afghanistan. Dans ce pays, en collaboration avec l'Armée de terre, nous nous efforçons d'instaurer des conditions de sécurité physique et matérielle qui favorisent l'épanouissement de la démocratie.
Maintenant, permettez-moi de revenir à mon premier volet: la liaison vitale assurée par la Force aérienne au profit de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan.
[Français]
La Force aérienne du Canada participe à la campagne contre le terrorisme depuis 2002, en soutenant en permanence les opérations menées par les Forces canadiennes en Afghanistan et dans cette région.
[Traduction]
Aujourd'hui, notre transport aérien stratégique franchit la distance considérable séparant le Canada et l'Asie du Sud-Ouest, soit la moitié du globe.
En incluant nos opérations de transport aérien tactique entre notre zone d'étape au camp Mirage et Kandahar, la Force aérienne procure une liaison vitale aux militaires canadiens en mission en Afghanistan. Pour qu'un pont aérien soit efficace, il faut s'y consacrer totalement, car le succès même de la mission dans ce pays en dépend, comme l'a souvent rappelé le Général Hillier.
Au cours des douze derniers mois, dans son appui à la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan, le Canada a eu recours à plus de 550 chalks en transport aérien stratégique, ce qui représente le déplacement de milliers de personnes et de tonnes de matériel jusqu'au théâtre des opérations.
Notre flotte de cinq CC-150 Polaris d'Airbus a servi avant tout à transporter du personnel et du petit fret sur palettes. Cependant, la plus grande partie — presque 75 p. 100 — du transport aérien stratégique a été impartie, notamment à l'US Air Force qui a fourni des C-17.
Le matériel et le personnel sont d'abord amenés par voie aérienne au camp Mirage, principale base aérienne du Canada dans la région. C'est également à partir de ce camp qu'est administré le personnel à son arrivée en Afghanistan ainsi qu'à son départ pour le domicile ou en congé de repos et de récupération.
Ce camp est commandé par un lieutenant-colonel de la Force aérienne canadienne et est occupé presque uniquement par les membres de celle-ci. Des milliers d'entre eux ont discrètement servi à ce camp depuis sa mise sur pied en 2002.
À l'heure actuelle, le gros du personnel de soutien qui s'y trouve provient du 17e Escadron de soutien de mission, récemment formé et émanant de la 17e Escadre de Winnipeg au Manitoba. La mise sur pied des escadrons de soutien de mission s'inscrit dans la transformation continuelle de la Force aérienne en une force expéditionnaire davantage axée sur les effets.
En ce moment, le 14e Escadron de soutien de mission, qui provient de la 14e Escadre de Greenwood, Nouvelle-Écosse, s'entraîne en vue de son affectation au camp Mirage, prévue pour bientôt.
Compte tenu des risques aériens en théâtre d'opérations, le CC-130 Hercules demeure la seule plate-forme permettant d'amener du personnel en Afghanistan à partir de notre zone d'étape, le camp Mirage. Le Hercules, dont la taille n'est que le tiers ou le quart de celle des aéronefs de transport stratégique, est l'appareil de travail de la flotte de mobilité aérienne. Ces aéronefs ont effectué plus de 500 vols en Afghanistan au cours des douze derniers mois.
Ce qui m'amène à mon deuxième volet: les opérations tactiques de la Force aérienne en théâtre.
Des équipages d'aéronef et du personnel de soutien réalisent des opérations aériennes avec le CC-130 Hercules d'un bout à l'autre de l'Afghanistan pour y soutenir directement les Forces canadiennes. Que ce soit en déplaçant des militaires de Kandahar à Kaboul ou en parachutant jusqu'à 14 500 kilogrammes de ravitaillements par vol aux soldats disséminés dans tout le pays, ils y jouent un rôle tout fait déterminant.
[Français]
Ces équipages et ce personnel sont devenus un instrument clé pour les commandants, puisqu'ils approvisionnent nos soldats dans une vaste partie de l'Afghanistan, dont le réseau routier est soit déficient ou détruit par les talibans.
[Traduction]
Ces militaires, en plus de soutenir nos soldats canadiens, contribuent à transporter du personnel et du ravitaillement pour des forces étrangères, notamment celles des Pays-Bas, du Royaume-Uni et des États-Unis. Et d'autres pays font leur éloge pour ce qui est de leur exactitude et leur efficacité, particulièrement pour le largage d'approvisionnements en zones dangereuses et hostiles.
De plus, la Force aérienne est chargée de produire et de fournir des véhicules aériens sans pilote — des UAV — à la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan. Des militaires de la force aérienne et de l'Armée de terre, intégrés au sein d'une unité tactique UAV, apportent aux commandants sur le terrain un précieux soutien dans les domaines du renseignement, de la surveillance et de la reconnaissance. Il a été établi que les renseignements ainsi obtenus étaient d'une importance cruciale pour le succès tactique des soldats au sol, donnant à ceux-ci une idée plus précise de leur situation et contribuant ainsi directement à réduire les risques qu'ils courent en effectuant leurs missions.
Enfin, je tiens à souligner d'autres contributions marquantes de certains membres de la Force aérienne en Afghanistan.
Certains membres de la Force aérienne, hommes ou femmes, sont très actifs à des postes clés au quartier général de la FIAS, à Kaboul. En fait c'est mon ancien bras droit, un général de la Force aérienne du Canada, le Major-Général Angus Watt qui est le commandant adjoint de la FIAS et qui prend en charge la mission de cette force quand son commandant s'absente du théâtre des opérations.
D'autres militaires de la Force aérienne du Canada, dont certains de mon quartier général, ont assisté le gouvernement afghan à Kaboul, à titre de membres de l'Équipe consultative stratégique du Canada.
On a constitué cette équipe sous la direction du Général Hillier à la demande du président Karzaï pour venir en aide au gouvernement de l'Afghanistan à deux égards: la planification stratégique et le renforcement de ses capacités. Cette équipe, qui compte dix-sept membres, oeuvre directement au sein du gouvernement central de ce pays et elle est actuellement dirigée par un officier de la Force aérienne, le colonel Don Dixon.
[Français]
En outre, des membres du génie de l'air et d'autres spécialistes de la Force aérienne font partie de diverses unités remplissant des fonctions cruciales dans le secteur d'opérations canadien, à Kandahar et aux environs.
[Traduction]
À titre de commandant du Commandement aérien et de Chef d'état-major de la Force aérienne, j'ai pour rôle de mettre sur pied des forces aériennes aptes au combat et prêtes au déploiement et à l'emploi. Ce rôle m'oblige à former du personnel et à lui fournir l'équipement nécessaire pour accomplir les tâches qu'on attend de lui. Voilà pourquoi nous faisons tant d'efforts en vue d'acquérir une flotte de 4 aéronefs de transport stratégique C-17 et de remplacer la flotte de transport tactique de hercules par sa version plus moderne.
En plus de constituer des forces aptes au combat pour les opérations en cours, nous dressons et revoyons constamment nos plans d'urgence, afin que la Force aérienne soit toujours en état de fournir davantage de ressources au moment et dans la mesure où cela serait nécessaire.
En conclusion, je tiens à rappeler que sans le pont aérien — cette liaison vitale entre nos bases canadiennes et le camp Mirage, puis Kandahar et Kaboul — la mission ne pourrait pas être un succès. Les missions d'une valeur inappréciable réalisées sur place par les hommes et les femmes de la Force aérienne font partie intégrante des opérations menées par les Forces canadiennes en Afghanistan. Je vous l'affirme, vous pouvez être très fiers de ce qu'ils font au nom de notre pays et de tous les Canadiens, parfois dans des conditions dangereuses et difficiles. C'est le message que je répéterai à nos troupes à l'occasion de ma prochaine visite, dans deux semaines environ.
Monsieur le président et messieurs dames membres du comité, je serai heureux de répondre à toutes les questions que vous voudrez bien me poser à la suite des propos de mon collègue, le Chef d'état-major de la Force maritime, le Vice-amiral Drew Robertson.
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Monsieur le président, madame et messieurs les membres du comité, merci de nous avoir donné à tous deux l'occasion de prendre la parole devant vous.
J'ai l'intention de me concentrer sur trois domaines.
[Français]
Premièrement, je parlerai de ce que votre Marine fait pour appuyer les opérations des Forces canadiennes en Afghanistan; deuxièmement, de ce que votre Marine fait pour répondre aux obligations du Canada en matière de défense et sécurité maritime; et troisièmement, de l'état de préparation des Forces maritimes du Canada.
[Traduction]
Commençons par l'Afghanistan. Tous les jours, les hommes et les femmes qui servent sous le drapeau canadien en Afghanistan me rendent tout à la fois fier et humble. Je suis fier de leurs compétences, et cela quel que soit le métier auquel on pense, et je suis fier de l'efficacité dont notre armée fait preuve dans une situation complexe, qui évolue en permanence, face à un adversaire tenace. Je suis humble quand je songe aux actes de courage altruistes et à la détermination de nos militaires dans l'exécution de cette mission.
[Français]
Monsieur le président, l'expérience de l'Afghanistan démontre à quel point les opérations modernes sont devenues complexes et nous ont obligés à adopter de nouvelles voies de réflexion afin de tirer le maximum des capacités de nos Forces canadiennes.
[Traduction]
Je peux vous assurer que notre marine intervient partout où cela lui est possible et qu'elle va continuer à agir ainsi. Ce faisant, de nombreux officiers de marine, de la force régulière et de la réserve, se retrouvent au sein de l'équipe de conseillers stratégiques dont le général Lucas vous a parlé tout à l'heure. Nous avons détaché du personnel d'état-major auprès du Combined Forces Command-Afghanistan dirigé par les Américains pour contribuer au transfert de commandement entre les forces américaines et les forces de l'OTAN qui a eu lieu un peu plus tôt cette année. Nous avons déployé un vaste éventail de personnel sur le théâtre des opérations — policiers militaires, médecins, spécialistes du fret, plongeurs, techniciens des approvisionnements et autres — et nous en avons envoyé d'autres à Wainwright pour contribuer à l'entraînement qui se poursuit là-bas. Nous avons aussi dépêché sur le théâtre des opérations nos plongeurs de combat spécialisés en déminage pour repérer et désamorcer sous l'eau d'éventuels explosifs improvisés. On leur a confié ce travail essentiel et très dangereux parce qu'ils ont été formés pour cela.
Monsieur le président, nos militaires en Afghanistan méritent qu'on mette à leur disposition des moyens techniques novateurs afin d'assurer leur protection. Depuis un certain temps déjà, les spécialistes techniques et opérationnels de la Marine assistent le Chef d'état-major de l'Armée de terre afin de déterminer dans quelle mesure il serait possible de déployer à terre le système de défense rapproché Phalanx, ou CIWS, dont vous avez entendu parler. Il s'agit en fait d'un canon Gatling, équipant nos escorteurs et nos frégates, dont la puissance de tir est impressionnante et qui fait office de moyen de défense ultime contre les missiles anti-navires. Le CIWS permet effectivement de détruire les missiles dans les dernières secondes qui précèdent l'impact. La question est de savoir s'il est possible d'en employer quelques-uns à terre pour défendre certaines installations contre des tirs de mortiers ou de roquettes. On ne sait pas encore si cela sera possible, mais ce projet montre bien la détermination commune des états-majors de la Marine et de l'Armée de terre à régler les défis qui se posent en Afghanistan.
La campagne contre le terrorisme dépasse largement les limites du théâtre des opérations, monsieur le président, et notre Marine joue un rôle sur ce plan, tout comme elle le fait depuis octobre 2001 quand le Canada a envoyé un groupe opérationnel naval ainsi que des patrouilleurs maritimes dans la mer d'Oman pour défendre l'US Navy et les Marines qui avaient pris Kandahar aux talibans.
[Français]
Au-delà de la campagne contre le terrorisme, le pays fait face à d'autres problèmes de défense et de sécurité, mais je sais que votre comité en est bien conscient, surtout dans le contexte des événements récents comme ceux survenus au Liban et en Iran, en passant par la péninsule coréenne.
En notre qualité de marins, nous comprenons que la libre utilisation des mers, de laquelle notre prospérité économique dépend, est aussi honorable. Plusieurs voudraient l'exploiter afin de nous causer grand tort.
[Traduction]
Cela étant, notre première priorité consiste à défendre la nation. C'est pour cela que, dans le cadre de la transformation en cours des Forces canadiennes, la Marine a pris les rênes en main pour mettre sur pied une force opérationnelle interarmées dans l'Atlantique et dans le Pacifique afin d'appuyer le commandement Canada. Cette structure consiste à nous assurer que nous pourrons déployer les forces maritimes appropriées, au bon endroit et au bon moment, afin d'affirmer notre souveraineté.
Monsieur le président, notre sécurité intérieure commence au large des côtes de pays étrangers. Prenez, par exemple, le travail effectué par le NCSM Fredericton, qui a été déployé pendant près de deux mois, au printemps dernier, au large de la côte occidentale africaine. Ce navire a participé à une opération secrète de lutte au narcotrafic qui a permis de démanteler un réseau de trafiquants dans l'est de Montréal. L'opération a porté fruit et elle a permis d'intercepter 23 tonnes de chargement de drogue valant près d'un quart de milliard de dollars sur le marché. Comme je le disais, tout cela s'est déroulé dans le golfe de Guinée, très loin de nos côtes.
La GRC n'aurait pas tenté cette opération si elle n'avait pas été certaine de la capacité du NCSM Fredericton de voir sans être vu et de déployer une force écrasante à bref préavis, si cela avait été nécessaire. Bien que tout cela se soit produit très loin de nos côtes, la mission a directement contribué à la sécurité des Canadiennes et des Canadiens tout en permettant de démanteler un réseau de trafiquants de drogue qui s'approvisionnait sans doute dans les champs de pavot de l'Afghanistan.
Monsieur le président, c'est toujours parce que la sécurité maritime nationale et internationale débute loin de nos eaux que le NCSM Ottawa a été déployé dans la mer d'Oman auprès de la force de coalition. L'Ottawa est le 20e bâtiment que nous déployons dans la région depuis le 11 septembre 2001, depuis le lancement de l'opération Apollo devenue depuis opération Altair. La présence de ce bâtiment sur place souligne l'intérêt que le Canada continue de porter à la région; il a pour mission: d'interdire toute activité illégale en mer, y compris les activités terroristes; de promouvoir les objectifs du Canada en matière de prévention de la prolifération des armes de destruction de masse; de rassurer nos alliés régionaux et nos partenaires dans le dossier de la sécurité; de dissuader tous ceux qui voudraient s'en prendre à nos intérêts et de nous préparer à d'éventuelles opérations de suivi, advenant que la dissuasion ne porte pas fruit.
C'est parce que les opérations de sécurité maritime éloignées sont importantes que le NCSM Iroquois est en train de croiser en Méditerrané en tant que navire amiral du premier groupe d'intervention rapide en mer de l'OTAN. Ce groupe, dans le cadre de l'opération Active Endeavour, effectue actuellement des missions de lutte contre le terrorisme et contre la prolifération. Cela fait neuf mois qu'il a été placé sous le commandement d'un canadien, le commodore Denis Rouleau, preuve que le Canada est reconnu par les autres marines, petites et grandes, pour sa capacité d'exercer un leadership maritime à l'échelle internationale.
C'est aussi pour cela que notre groupe opérationnel naval de la côte ouest vient juste de terminer une mission auprès du groupement tactique américain qui se préparait à un déploiement opérationnel d'envergure prévu dans les mois à venir. C'est pour la même raison que, le week-end dernier, les Forces canadiennes ont mené à bien un exercice tactique au large de la Caroline du Nord. Celui;-ci-ci consistait à déterminer dans quelle mesure le Canada pourrait disposer d'une capacité expéditionnaire maritime. Ce faisant, un groupe opérationnel naval canado-américain, placé sous commandement canadien, a reçu pour mission d'assurer la sécurité de la force d'intervention contre tous les types de menace auxquels le Canada pourrait, dans l'avenir, être exposé dans des eaux littorales faisant l'objet d'une dispute ailleurs dans le monde. Cette situation a été illustrée de façon dramatique par la récente attaque aux missiles que le Hezbollah a lancée contre une frégate israélienne, en juillet dernier, et qui a eu des effets dévastateurs.
La semaine dernière, nous avions 2 600 marins en mer dans le Pacifique, dans l'Atlantique, dans la Méditerrané et dans la mer d'Oman. Voilà qui donne une idée de notre capacité à contribuer en permanence à la sécurité maritime internationale et à offrir des solutions crédibles à toute éventualité imprévue dans le monde, notamment dans le cadre d'opérations conjointes des forces aériennes le long du littoral, si besoin était.
Passons très brièvement à la question de l'état de préparation. Si nous sommes parvenus à accomplir autant ces dernières années, c'est grâce au travail de gestion et de surveillance des ressources qui a fait l'objet d'une approche échelonnée en matière de préparation. Toutefois, je pense que nous ne sommes pas arrivés au bout de ce qui peut être fait. Si nous ne parvenons pas à régler les problèmes qui se posent à nous sur le plan de l'état de préparation, comme pour la Marine, la situation risque de s'aggraver dans la phase de modernisation et de renouvellement de la flotte, et nous risquons de perdre le bénéfice d'une partie du travail accompli dans le passé.
L'appui du gouvernement au programme d'acquisition des navires de soutien interarmées marque un tournant décisif dans le sens de la reconstitution de la flotte du Canada. Ce projet devrait entrer sous peu dans une nouvelle phase; deux équipes parachèveront les propositions de financement relatives à la conception et à la construction de ces navires ce qui, je m'empresse de le dire, constitue une excellente nouvelle pour la Marine. Le défi auquel je suis confronté et qui attend mes successeurs, consiste à améliorer l'état de préparation du restant de la flotte afin de maximiser notre investissement dans nos navires et dans nos équipages.
[Français]
Face au défi de maintenir les Forces canadiennes polyvalentes et aptes au combat, nous apprécions l'appui de ce comité et de tous les parlementaires.
[Traduction]
Pour terminer, monsieur le président, permettez-moi de rassurer le comité sur le fait que votre Marine contribue à la mission en Afghanistan et se tient prête à apporter son soutien ailleurs, dans la limite de ses moyens, pour continuer de garantir la sécurité maritime du Canada, ici et ailleurs dans le monde, en collaboration avec nos alliés.
Encore une fois, merci de nous avoir invités à rencontrer votre comité. Nous sommes à présent tous deux prêts à répondre à vos questions.