:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis le major-général Mike Ward, chef du Développement des forces. Mon rôle, au nom du sous-ministre et du chef d'état-major de la Défense, consiste à harmoniser, synchroniser et intégrer les activités de développement des forces de la Marine, de l'Armée de terre et de la Force aérienne, ainsi que les fonctions remplies par les sous-ministres adjoints du MDN.
[Traduction]
Le développement des Forces représente l'activité consistant à concevoir et à reconcevoir en permanence la structure des Forces armées afin que celles-ci soient mieux équipées pour la prochaine guerre que pour la dernière. Cela comprend l'analyse des politiques gouvernementales sur la défense et sur l'environnement de sécurité, y compris dans l'avenir, dans la mesure où nous pouvons en prédire les principaux éléments. Cette analyse sert à définir des scénarios futurs possibles où il serait nécessaire de recourir à la force militaire ou aux compétences militaires dans le cadre d'interventions humanitaires, par exemple. En fonction de ces scénarios, nous mettons à l'essai nos forces et notre équipement afin de déterminer quels changements pourraient être nécessaires au fur et à mesure que nous remplaçons celui-ci ou que nous le modernisons à des étapes clés de sa vie utile.
En fin de compte, nous mettons ensemble tous les résultats afin d'élaborer un plan à long terme qui établit nos priorités de développement sur une période donnée. Voilà qui définit nos besoins en matière d'équipement qui guident nos activités d'acquisition, et nous travaillons de très près avec d'autres ministères du gouvernement et avec nos alliés de façon à assurer un bon échange de connaissances et d'information sur nos expériences respectives, ce qui nous permettra ensuite d'être convaincus de la justesse de nos résultats et de nos recommandations.
De concert avec chacun des services et des sous-ministres délégués, je consacre mon énergie à la question des capacités qu'il convient de développer. Ces capacités permettront aux Forces canadiennes de fournir une puissance militaire efficace et pertinente. Il s'agit, entre autres, de systèmes de commandement et de contrôle et de forces d'opérations spéciales au niveau national, de même que les capacités essentielles, telles que les navires, les véhicules de combat, et les aéronefs dans chacun des services.
L'activité correspondant au développement des forces repose sur la notion de capacités. Bien que nous soyons présents aujourd'hui afin de vous renseigner sur le processus d'acquisition de la Défense nationale, il importe de comprendre que le processus d'acquisition vise en dernier lieu à permettre à un élément de la force de faire un certain travail ou de mener à bien une mission.
Ces capacités doivent être équilibrées et, par conséquent, elles supposent du personnel hautement qualifié et bien entraîné, de l'équipement moderne, et un état de préparation adéquat pour mener à bien une mission, comme vous avez pu vous-même le constater lors de votre récente visite en Afghanistan où travaille notre force opérationnelle.
À cet égard, je précise qu'un char de combat principal ne constitue pas en soi une capacité. C'est seulement lorsqu'il est utilisé par une équipe bien entraînée et bien préparée à remplir sa mission qu'on peut dire qu'il fait partie de notre arsenal. Une frégate de patrouille amarrée au quai ne constitue pas non plus en soi une capacité. Par contre, le navire canadien de Sa Majesté Ottawa qui termine une période d'opérations de six mois dans le golfe Persique avec son équipage complet et six mois d'entraînement et de préparation, constitue une capacité militaire complète qui nous permet de mener à bien différentes missions.
[Français]
La clé du succès en matière de développement des forces est de pouvoir établir un plan à long terme qui tient compte: du contexte de la sécurité avec lequel le Canada doit composer et dans lequel nous devons mettre nos forces au point; des méthodes que nous pouvons utiliser pour employer nos forces en vue d'écarter les menaces lancées au Canada, que ce soit chez nous ou à l'étranger; des principales exigences que les forces et le matériel doivent satisfaire pour être pertinents et décisifs; des circonstances financières dans lesquelles un plan devient économique, justifiable et réalisable.
La réussite en matière de développement des forces et de planification stratégique permet de clarifier les options de développement et d'acquisition de capacités.
[Traduction]
J'ai la responsabilité précise de travailler en étroite collaboration avec le sous-ministre délégué chargé des Politiques et de lui fournir des conseils militaires sur l'élaboration d'un plan relatif à nos capacités de défense à long terme qui définit la façon dont nous administrerons nos forces militaires sur 20 ans. « Administrer » signifie dans ce contexte les investissements à faire en vue de moderniser, de recapitaliser ou de remplacer ces capacités, navires, aéronefs et systèmes de combat qui permettent, ou non, de répondre à nos besoins.
Ce plan revêt une importance critique pour ce qui est de s'assurer que nous maintenons un niveau élevé d'efficacité opérationnelle tout en réussissant à gérer efficacement nos ressources humaines et nos flottes. Je travaille main dans la main avec le chef des Programmes afin de m'assurer que nous avons les ressources et les crédits nécessaires pour mettre en oeuvre le plan de défense, de même qu'avec le sous-ministre adjoint du Matériel, afin de m'assurer que nous pourrons répondre à ces besoins dans un délai qui garantit un niveau élevé d'efficacité opérationnelle pour nos forces.
Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions sur le processus de développement des forces.
Merci beaucoup.
:
Bonjour. Les tâches que j'accomplis au nom du vice-chef sont essentiellement de trois ordres: j'administre le Programme des services de la Défense; je supervise les activités de gestion du rendement et la préparation des rapports destinés au gouvernement pour le MDN, et je coordonne diverses activités relatives aux capacités et ressources stratégiques entre le MDN et d'autres partenaires internationaux de sécurité, comme l'OTAN et le NORAD.
[Français]
Le Programme des services de la Défense regroupe l'ensemble des activités et projets qui sont approuvés par le ministère et qui sont considérés comme essentiels à la prestation de services abordables et efficaces au gouvernement du Canada et dans la population canadienne. Je m'occupe de l'affectation des ressources nécessaires pour atteindre les objectifs du ministère. Il pourrait donc s'agir du personnel, des immobilisations ou des avoirs financiers.
En ce qui concerne le Programme des services de la Défense, mon organisation pose les questions « Quelle est la meilleure façon de combler un besoin en matière de ressources? » et « Avons-nous les moyens nécessaires? », et elle fournit les réponses. À cette fin, je dispose d'un personnel qui analyse tous les aspects d'une proposition de projet, notamment le caractère immédiat du besoin opérationnel, les lacunes au niveau des capacités, les contraintes financières, les délais d'exécution, les obligations contractuelles, et ainsi de suite. Ce personnel m'aide à établir les priorités du Programme des services de la Défense et à coordonner les approbations à la fois du ministère et du Conseil du Trésor concernant le pouvoir de dépenser.
Pour gérer le Programme des services de la Défense, je reçois également un soutien et des avis horizontaux en matière de décision, c'est-à-dire à l'échelle du ministère à mon niveau, du Conseil de gestion du programme, que je supervise au nom du vice-chef d'état-major de la Défense et qui fait partie du troisième palier de la structure de gouvernance approuvée du ministère. Ce conseil se concentre sur un horizon de planification de un à quatre ans et s'intéresse surtout à l'affectation et à la gestion des ressources en cours d'exercice, ainsi qu'aux répercussions financières correspondantes. Le conseil recommande également des modifications au programme pour les exercices ultérieurs et les soumet à l'approbation du vice-chef d'état-major de la Défense et du sous-ministre.
[Traduction]
Ma division est également chargée de l'application du cadre interne de gestion du rendement à l'échelle du ministère. En cherchant à remplir ce mandat, nous contribuons au développement et à la mise en oeuvre du processus de régie ministérielle afin de répondre à divers rapports exigés par des autorités internes et externes, tels que le plan sur les plans et les priorités, etc.
Dans le cadre de nos activités, nous recueillons des données à l'échelle du ministère sur une vaste gamme de questions allant de la performance opérationnelle à la taille précise de notre effectif, en passant par la planification des immobilisations. Ces données sont ensuite incorporées dans les rapports que nous préparons, tels que le rapport sur le rendement ministériel, le rapport sur les plans et les priorités, le cadre de responsabilisation de gestion, et l'architecture des activités de programme, de concert avec le Conseil du Trésor.
La responsabilité de gérer et de coordonner l'ensemble des questions liées aux capacités et aux ressources stratégiques de nature sécuritaire liées à l'OTAN, au Partenariat pour la paix, au NORAD, et aux autres ministères fédéraux et ONG, et à dispenser des conseils à ce sujet, fait également partie de mon mandat en ma qualité de chef des Programmes. Généralement, nous facilitons les relations entre le MDN et ces organismes en réagissant aux problèmes et aux demandes de programmes et de ressources au sein du ministère et en influençant l'élaboration des solutions à cet égard.
S'agissant d'acquisitions, il est évident que mes tâches s'inscrivent dans un ensemble d'activités beaucoup plus important. Je travaille en étroite collaboration à la fois avec le chef du Développement des Forces, pour tout ce qui touche les demandes, et le sous-ministre adjoint du Matériel, afin de remplir efficacement le mandat du ministère, qui consiste à donner à nos troupes les outils qu'il leur faut pour garantir le succès de leurs opérations.
Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je suis ravi d'avoir aujourd'hui l'occasion de vous renseigner sur le processus d'acquisition au ministère de la Défense et de répondre à vos questions à ce sujet, étant donné que ce sont des activités dont j'ai la principale responsabilité au ministère de la Défense nationale.
[Français]
Je suis sous-ministre adjoint au matériel au ministère de la Défense nationale depuis presque deux ans. Pendant les 30 années précédentes, j'ai été officier dans les Forces canadiennes.
[Traduction]
Au terme de ma carrière en tant que Commandant des forces terrestres, Secteur de l'Ouest, j'ai travaillé pendant trois ans à titre de conseiller adjoint sur la politique étrangère auprès du premier ministre, entre 1999 et 2002, avant d'intégrer la fonction publique fédérale à titre de sous-ministre adjoint au ministère des Travaux publics, où mes tâches comprenaient la passation de marchés relatifs aux biens immeubles et aux services de TI pour les ministères fédéraux.
Je suis revenu au MDN au début 2004 à titre de sous-ministre adjoint de la Gestion de l'information, et depuis presque deux ans, je suis sous-ministre adjoint chargé du Matériel.
J'ai moi-même témoigné du succès remporté par nos soldats en Afghanistan, comme vous-même l'avez fait récemment. Il ne fait aucun doute que cette opération a exigé de lourds sacrifices, mais il y a eu des progrès, et il ne fait aucun doute que l'Afghanistan est maintenant sur la bonne voie.
Pour moi, cela prouve en définitive la nécessité de garantir que les Forces canadiennes disposent du matériel qu'il leur faut pour mener à bien le travail extrêmement exigeant que nous leur demandons d'accomplir. Et elles ont besoin de ce matériel en temps opportun. Elles ne peuvent attendre que le processus d'acquisition arrive à terme surtout que, par le passé, ce processus a duré en moyenne 15 ans. Ainsi nous prenons différentes initiatives en vue de modifier ce processus, et je voudrais justement vous parler aujourd'hui de trois de ces initiatives.
Premièrement, nous sommes en train d'établir un processus concurrentiel axé sur le rendement et le meilleur rapport qualité-prix dans le cadre duquel nous définissons des critères obligatoires généraux de haut niveau et demandons aux industries concernées de nous proposer des solutions; deuxièmement, nous voulons nous assurer de n'avoir qu'un seul point de responsabilité relativement au processus d'acquisition axé sur la performance, de sorte qu'un seul entrepreneur principal soit chargé non seulement de fournir le matériel requis mais aussi d'assurer l'efficacité à long terme de son fonctionnement; et troisièmement, dans la mesure du possible, nous cherchons à acquérir des équipements standard qui ont fait leurs preuves et sont disponibles dans le commerce, au lieu d'opter pour des technologies en développement qui présentent davantage de risques et qu'il faut attendre plus longtemps.
Toutes ces initiatives visent à améliorer l'actuel système d'acquisition sans pour autant contourner les règles et procédures établies par le Conseil du Trésor et le Parlement. Le processus d'approbation ministériel et interministériel, de même que les mesures de contrôle et de surveillance, restent inchangés. Les principes fondamentaux de l'équité et de la transparence n'ont pas changé et continuent d'être la clé de voûte de nos pratiques en matière d'approvisionnement.
[Français]
L'approvisionnement de la Défense nationale suivait auparavant un processus long et d'une grande complexité. Plusieurs organisations étaient impliquées.
[Traduction]
Il reste que, dans une large mesure, c'est le ministère lui-même qui est la cause des retards et des complications qui ont affligé le processus jusqu'à présent. Nous avons passé des années à élaborer de longs devis descriptifs fort détaillés et complexes comptant des dizaines de milliers de pages, souvent assortis de centaines d'exigences obligatoires qui donnaient lieu à des réponses tout aussi longues et complexes.
Par le passé, nous avons refusé un produit éprouvé, disponible dans le commerce, qui répondait 90 p. 100 de nos critères, préférant nous engager dans des activités de développement, de personnalisation et de canadianisation qui se sont révélées coûteuses à la fois en temps et sur le plan financier. Ces activités ont été extrêmement longues et onéreuses, à la fois pour le gouvernement et les industries, et évidemment pour les contribuables. Souvent cela a donné comme résultat un groupe de soumissionnaires dont tous étaient jugés incapables de respecter les exigences, de telle sorte que l'ensemble du processus devenait un échec et donnait lieu à des mois et, dans certains cas, des années de retard, ce qui générait des dépenses importantes et inutiles à la fois pour les contribuables et pour les industries concernées. Nous avons préféré mettre l'accent sur le processus, plutôt que sur les résultats, c'est-à-dire des équipements sécuritaires et efficaces sur le plan opérationnel que nous puissions donner à nos troupes dans un délai raisonnable; or 15 ans n'est pas un délai raisonnable. Il fallait donc absolument changer les choses.
Pour ce qui est de créer un processus axé sur la performance et le meilleur rapport qualité-prix, nous n'avons évidemment pas besoin de dire à des entreprises comme Sikorsky ou Lockhee Martin comment construire un hélicoptère. Ces dernières savent construire des aéronefs. Par contre, nous devons leur dire, en termes généraux, quelles sont les capacités que nous souhaitons donner à nos soldats en matière de performance de haut niveau, et leur laisser le soin d'élaborer leurs propres solutions, si une solution existe. Voilà donc ce que nous avons fait pour les projets de transport aérien stratégique et tactique ainsi que pour les hélicoptères de tonnage moyen-lourd. Pour chaque projet, nous avons fourni aux acteurs de l'industrie des exigences de performance de haut niveau en les invitant à proposer des solutions, et nous avons ensuite évalué ces solutions en fonction des besoins de performance de haut niveau de nos troupes.
Dans chaque cas, le processus mis en place était juste à l'égard de tous les vendeurs, était ouvert à quiconque souhaitait proposer une solution, et était transparent pour les contribuables. Les approbations ministérielles et gouvernementales, y compris celles du Cabinet, étaient du même niveau à chaque fois. Ce nouveau processus a donc le potentiel de nous permettre d'obtenir des équipements des années plus tôt que par le passé. À présent, nous envisageons de passer à un processus axé sur le rendement et le meilleur rapport qualité-prix pour nos principales acquisitions.
Je voudrais apporter deux autres précisions à cet égard. Pour nous, il y a des options: premièrement, les équipements standard et, deuxièmement, les équipements conçus sur mesure. Si vous permettez, j'aimerais parler brièvement des équipements standard. Dans la mesure du possible, nous préférons acquérir des équipements standard éprouvés. Dans la plupart des cas, une pièce d'équipement existante qui répond à 90 p. 100 de nos critères constitue la solution la plus prudente et efficace. Dans certains cas, comme, par exemple, le remplacement de notre flotte vieillissante d'avions tactiques Hercules — d'ailleurs, nous avons dû immobiliser en permanence quatre avions sur les 32 que nous possédons, et d'autres encore le seront sous peu — le caractère urgent de nos besoins signifie que nous ne pouvons absolument pas nous permettre d'attendre que des technologies en voie de développement aboutissent.
Ce qui est peut-être encore plus important, c'est que l'acquisition d'une technologie existante qui a fait ses preuves réduit de beaucoup les risques liés à cette acquisition. Nous connaissons sa performance d'usage. Nous l'avons vu, elle a été évaluée et elle a fait ses preuves. De plus, le coût d'acquisition est beaucoup plus sûr, puisque nous le connaissons. Nous avons pu le constater chez nos alliés et nous savons ce que paie l'industrie. Les dates de livraison peuvent être définies avec précision, et les frais de mise en service sont connus et prévisibles.
Les projets reposent sur la solution des équipements standard et éprouvés définissent les exigences obligatoires de haut niveau en fonction de la performance d'usage — à l'aide de termes tels que la protection, la mobilité, la portée, etc. — et comprennent souvent des paramètres clés liés à la sécurité, à l'accréditation et à la livraison.
Ces exigences font l'objet d'un avis public qui est fourni à l'industrie et dans le cadre duquel on invite les acteurs industriels à proposer des solutions et, bien souvent, à nous fournir leur produit, afin que nous puissions l'évaluer en fonction des critères obligatoires. Dans la mesure du possible, nous insistons sur la nécessité de pouvoir tirer les canons, piloter les aéronefs et faire des essais destructifs sur les véhicules pour que nous sachions s'ils sont à même de résister aux dispositifs explosifs de circonstance et que nous confirmions que ces derniers remplissent les exigences opérationnelles des forces, avant que nous ne les achetions.
Par exemple, quand vous essayez une belle Camaro rouge neuve, cela vous permet de vous assurer qu'elle répond à vos attentes — remarquez, je ne pense pas qu'elles continuent d'être fabriquées. En tout cas, cela permet un processus beaucoup plus sûr.
[Français]
S'il existe une seule compagnie capable de satisfaire à nos exigences, on peut gagner un temps considérable en négociant directement avec elle.
[Traduction]
Les risques liés au coût sont minimes, et nous maintenant une position de négociation ferme, étant donné que nous possédons des solides informations sur les prix réels pratiqués sur le marché et, grâce à nos alliés, les coûts d'entretien.
[Français]
S'il existe plusieurs compagnies capables de satisfaire à nos exigences, on fait un appel d'offres, et le processus d'évaluation des soumissions suit son cours.
[Traduction]
Par contre, il arrive qu'on soit bien obligé d'opter pour les achats sur commande, notamment pour de nouvelles catégories de navires et pour certains véhicules de combat. Le projet des navires de soutien interarmées est un exemple d'un processus d'acquisition sur commande.
Nous reconnaissons que ce processus présente davantage de risques, mais on peut les atténuer en exigeant que l'entrepreneur principal soit responsable non seulement de la partie acquisition ou production, mais aussi de l'entretien de l'équipement de même que des services de soutien à long terme.
Le fait d'insister sur la qualité de la construction permet de réduire les coûts d'entretien et de cycle de vie. En donnant une pondération plus élevée au prix des services de soutien qu'au prix d'acquisition, nous motivons et récompensons le constructeur qui investit dans un produit de grande qualité et qui sait que l'entretien de l'équipement coûtera moins cher. Je vous donne l'exemple des moteurs d'un navire. Si nous incitons le soumissionnaire à mettre des moteurs de qualité exceptionnelle dans son navire, le prix qu'il proposera pour les services de soutien sera bien inférieur, puisqu'il saura qu'il ne sera pas nécessaire de les réparer tous les jours et, de même, les coûts à long terme seront inférieurs pour le ministère tout au long du cycle de vie de ce navire.
Don, le message est fort simple: miser sur la qualité, la performance, et la fiabilité, c'est avantageux pour le soumissionnaire. Le coût global de l'acquisition des équipements est inférieur pour le contribuable, le produit choisi présente le meilleur rapport qualité-prix, et les soldats ont accès à de meilleurs équipements qui sont plus fiables.
[Français]
Avant de terminer mon exposé, permettez-moi de prendre quelques instants pour tirer au clair une idée fausse mais populaire concernant les acquisitions majeures que nous avons faites récemment. Sachez que pas un seul de ces processus n'était exclusif. Il s'agit chaque fois d'un processus concurrentiel.
[Traduction]
Le MDN, avec le soutien de nos collègues des Travaux publics et des Services gouvernementaux, a recours aux contrats du type fournisseur unique pour combler des besoins opérationnels urgents dans le contexte d'opérations déjà en cours, comme, par exemple, l'obusier léger M777, que vous avez peut-être vu ou dont on vous a peut-être parlé en Afghanistan, et qui a été d'une importance critique pour assurer la protection de nos troupes, ou encore, dans des cas où le service ou l'objet dont nous avons besoin fait l'objet de droits de propriété intellectuelle. Par exemple, peut-être ai-je besoin d'acheter à General Dynamics des pièces détachées pour les VBL, étant donné que cette entreprise fabrique les pièces détachées et est titulaire de droits de propriété intellectuelle relatifs aux VBL.
Il convient de noter que nous visons un processus concurrentiel dans tous les cas. Cependant, pour certaines capacités, il peut y avoir une seule solution, et c'est là une réalité que nous ne pouvons éviter. Comme je vous l'ai déjà dit, s'il n'existe qu'une seule entreprise en mesure de remplir les exigences, nous pourrons gagner beaucoup de temps en négociant directement avec elle. Si plusieurs entreprises sont à même de remplir les exigences, à ce moment-là, comme je viens de vous l'expliquer, nous lançons une demande de propositions officielle qui est suivie du processus d'évaluation normal.
Dans tous les cas, nous visons à choisir le produit qui offre le meilleur rapport qualité-prix pour la Couronne. Il n'est tout simplement pas vrai de dire que le fait de négocier avec un fournisseur unique finit par donner lieu à des coûts d'acquisition plus élevés. Nous avons une très bonne idée des prix pratiqués sur le marché pour des équipements standard, comme le C-17 ou l'hélicoptère Chinook, et nous n'accepterions jamais de conclure un contrat avec un fournisseur si nous estimions que nous n'avions pas obtenu le meilleur rapport qualité-prix.
[Français]
En résumé, les mesures prises par mon organisation, avec mes collègues de Travaux publics Canada, et par le ministère de la Défense nationale sont des solutions pragmatiques et efficaces qui permettent de rationaliser le processus d'acquisition de défense.
[Traduction]
En conséquence, il n'est pas nécessaire de remanier le système de fond en comble, pas plus qu'il n'est nécessaire de créer de nouveaux organismes. Je vous fais remarquer à cet égard que le centre des services de soutien de Travaux publics et l'équipe menée par M. Williston sont déjà pleinement intégrés dans l'équipe d'acquisition du ministère de la Défense nationale, et le sont depuis des années.
Au MDN et au sein du système actuel, la mise en application du modèle d'acquisition axé sur la performance et le meilleur rapport qualité-prix a déjà porté ses fruits. Sept mois après l'approbation de l'énoncé des besoins opérationnels, nous avions déjà adjugé un contrat pour les équipements de transport aérien stratégique. Ce processus a été équitable et transparent, et les Forces canadiennes recevront leurs premiers aéronefs cet été, à peine un an après que le gouvernement a annoncé sa décision d'aller de l'avant.
Je devrais également ajouter, à titre d'information, que cette acquisition a pu se faire en grande partie grâce au dévouement et au professionnalisme des membres civils et militaires de mon service, ainsi que du personnel de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, d'Industrie Canada et du Secrétariat du Conseil du Trésor.
Nous avons encore à relever une multiplicité de défis, mais il ne s'agit pas d'obstacles insurmontables. Nous travaillons fort avec nos collègues dans l'ensemble des ministères afin de résoudre le problème que pose le Règlement américain sur le trafic d'armes international, de concert avec nos homologues américains. Le maintien et la consolidation d'une capacité professionnelle de gestion des projets constituent également l'une de mes grandes priorités. Un processus plus efficace et rationalisé porte déjà ses fruits.
[Français]
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé.
Nous serons ravis de répondre à vos questions.
Monsieur Ross, Général Ward, et Général Hincke, merci infiniment de votre présence parmi nous aujourd'hui, et merci pour le travail que vous accomplissez au nom des membres des Forces canadiennes et du Canada.
Vous avez une tâche fort difficile, dont vous ne nous avez donné que les grandes lignes, et nous comprenons tous très bien à quel point ce travail est complexe. Je ne vous envie pas parce qu'il doit vous arriver de passer bien des nuits blanches.
Premièrement, j'ai quatre questions à poser au sujet de l'approvisionnement, et si vous n'êtes pas en mesure d'y répondre aujourd'hui, peut-être pourriez-vous nous faire parvenir les réponses par la suite. Ce serait grandement apprécié.
Quand vous vous réunissez avec vos collègues des Travaux publics, du Conseil du Trésor et de l'Industrie, vous devez vous dire qu'il doit y avoir une meilleure façon de travailler. Donc, dans l'ensemble, si nous voulons rationaliser tout le processus d'acquisition — et, dans un monde idéal, nous pourrions décider de remanier le système de fond en comble — je me demande si vous avez songé à un modèle et, tout particulièrement, si vous avez examiné les modèles suisse et australien en vue d'adopter ce que vous considérez comme les pratiques exemplaires du monde entier, peut-être pourriez-vous nous l'expliquer, pour que nous en parlions dans notre rapport final? Ce serait bien utile, puisqu'il s'agit de trouver des façons d'accélérer le processus pour que vous puissiez travailler aussi rapidement et aussi efficacement que possible, comme vous essayez déjà de le faire. Donc, je vais en rester là pour ce point-là.
Mes trois vraies questions sont les suivantes: d'abord, s'agissant du remplacement de l'aéronef de recherche et de sauvetage à voilure fixe, on m'a fait savoir que l'énoncé des besoins opérationnels a été modifié pour prévoir une vitesse de vol minimale de 140 noeuds.
Dans ma province de la Colombie-Britannique, où les opérations de ratissage par enveloppement sont très importantes, je crois savoir que la vitesse optimale pour la recherche à vue se situe entre 70 et 120 noeuds. Pourriez-vous donc nous expliquer pour quelles raisons la vitesse minimale a été augmenté à 140 noeuds dans l'EBO ce qui, à mon avis, risque de compromettre la sécurité de nos techniciens de même que la capacité de l'aéronef de faire ce qu'il est censé faire, notamment quand il s'agit d'opérations de ratissage par enveloppement?
Deuxièmement, quand nous nous demandions s'il valait mieux obtenir une capacité de transport aérien stratégique ou tactique, nous avons conclu que la location d'appareils de transport aérien tactique — c'est-à-dire les Globemasters aux États-Unis — permettrait d'économiser 400 millions de dollars aux contribuables canadiens. Pourquoi n'avons-nous pas décidé d'acheter des appareils qui puissent remplacer les Hercules et de louer les Globemasters aux États-Unis, ce qui nous aurait permis d'avoir les C-17 ici sur place? Les Américains étaient favorables à l'idée, et c'était une décision responsable pour le contribuable. Pourquoi n'avons-nous pas agi ainsi?
Et, enfin, les restrictions du règlement ITAR s'appliquent-elles aux employés à la fois du MDN et de l'industrie?
Je vous remercie.
:
Je vais essayer de vous donner des exemples. Je vais même vous citer un très vieux exemple qui s'est soldé par un processus axé sur la performance.
Dans les années 1980, nous essayions d'acheter un système de défense antiaérienne à basse altitude pour nos forces en Allemagne. Nos ingénieurs avaient essayé de rédiger un devis descriptif pour la construction d'un système de défense antiaérienne comprenant des missiles, des canons, un système de commandement et de contrôle, et un système de communications — sans succès.
Il y avait beaucoup de compagnies dans le monde qui fabriquaient des missiles de défense aérienne, des canons, etc.
En 1985, le nouveau directeur de projet a dit: Demandons simplement à l'industrie de nous proposer un système permettant de défendre une brigade en Allemagne. Pour la première fois — et à l'époque, j'étais un très jeune major, posté pour la première fois au quartier-général de la Défense à l'étranger — nous avons énoncé ce en quoi consistaient nos besoins opérationnels: abattre tant d'aéronefs en tant de minutes, de jour et de nuit, dans la zone de la brigade installée en Allemagne.
Nous avons reçu 13 propositions complètes de la part de différents acteurs industriels. Ces propositions ont été évaluées principalement en fonction de l'efficacité opérationnelle, des retombées industrielles et régionales, du prix, et des services de soutien. Le critère d'efficacité opérationnelle avait une pondération plus élevée que n'importe quel autre élément.
Eh bien, tout ce processus — c'est-à-dire à partir du moment où nous avons laissé tomber les bases techniques et le travail de conception que nous avions tenté de faire nous-mêmes qui avait duré environ huit ans — jusqu'au moment où nous avons adopté un système axé sur la performance, a duré deux ans et le produit a été livré un an plus tard.
Selon moi, ce système constitue encore l'un des meilleurs du monde. Nous connaissons maintenant des problèmes d'entretien, 20 ans plus tard, mais le système fonctionne encore.
Nous n'avons plus refait l'expérience, à la suite du projet de défense antiaérienne à basse altitude, dans les 20 années qui ont suivi. Nous recommençons à présent pour le transport aérien tactique.
Nous l'avons fait avec Nyala afin d'acquérir les véhicules blindés pour l'Afghanistan, par exemple. Nous avons dit à l'industrie: voici nos besoins de haut niveau; nous avons besoin de ce matériel de toute urgence.
Par conséquent, le calendrier de livraison constituait une exigence de performance clé. Le fait est qu'une seule compagnie, celle d'Afrique du Sud, les produisait à l'époque. Ces véhicules ne se produisaient pas ailleurs.
Nous avons donc obtenu 75 Nyala en un an, ce qui nous permis de sauver la vie de nos soldats.
Il y a de nombreux exemples de ce genre. Nous avons un bon vieux exemple, mais à mon avis, il y en a encore beaucoup de nouveaux qui s'annoncent.